Action universitaire - avril 2003

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universitaire universitaire l’Action LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE N°225 avril 2003 2 Euros l’Action L’action universitaire - page 1 UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - + 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33 Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 51358 - dépôt légal deuxième trimestre 2003 Entretien avec Jean Lemière Quel avenir pour les IUT 96% des chefs d’entreprises se félicitent des formations dispen- sées dans les IUT. Pourtant des inquiétudes grandissent sur la disparition des IUT. Selon vous, quelles sont les raisons pour le maintien des IUT ? Les IUT et leurs DUT sont forte- ment reconnus par le monde pro- fessionnel. A côté des BTS, ils occupent une place particulière : ils proposent une formation très liée à l’entreprise et bénéficient de la compétence des enseignants universitaires et du second degré. Ils permettent, selon les aspira- tions des diplômés, soit une insertion professionnelle deux ans après le bac, soit une excellente poursuite d’études en école d’in- génieurs, de gestion, de commer- ce, en IUP, en licence profession- nelle, en MST ou en formation complémentaire. Or, aujourd’hui il serait question de les transformer. Pourquoi vou- loir à tout prix changer une for- mation qui a fait toutes ses preu- ves ? Certes, les programmes d’é- tudes sont importants, entraînant un rythme soutenu pendant les deux années de formation. Pourtant, c’est cette mobilisation des esprits, conjuguée à un enca- drement pédagogique fort, qui permet d’entrer dans l’entreprise avec des acquis que l’expérience professionnelle viendra enrichir. C’est aussi cette dynamique de travail qui permet de poursuivre un cursus dans les formations supérieures sans difficultés. L’alignement sur le modèle licen- ce / master / doctorat, qui risque d’entériner la disparition des IUT, est une erreur. La référence à un modèle européen masque une réalité : les étudiants titulaires d’un DUT ont un niveau supé- rieur à leurs homologues anglais ou allemands. Penser en nombre d’années n’a donc pas de sens. C’est le niveau de formation qui compte, c’est la pédagogie des IUT qui doit primer. Les ECTS favora- bles aux formations des autres pays européens cachent, dans un souci d’harmonisation, des diffé- rences fondamentales dans le contenu des enseignements, dans la manière d’enseigner et dans le type de relations entretenues avec les entreprises. Par ailleurs transformer les DUT en bac +3 serait une erreur majeure, au coût important, et qui allongerait la durée des études en brisant un rythme qui constitue une réelle dynamique. La place des DUT, cycle de deux ans, se trouve à côté des BTS, des DEUG et des classes préparatoi- res. L’autre force des DUT vient du fait qu’il s’agit de diplômes natio- naux. L’échec relatif des licences professionnelles régionales, voire « locales », mal reconnues en dehors de leur bassin de forma- tion est un exemple à méditer avant de détruire ce qui a réussi : un modèle français qui permet de réunir dans une équipe pédago- gique des universitaires, des pro-

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AU 225

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❚ LE JOURNAL DE L’UNION NATIONALE INTER-UNIVERSITAIRE ❚ N°225 ❚ avril 2003 ❚ 2 Euros ❚

l’Action

L’action universitaire - page 1

UNI - LA DROITE UNIVERSITAIRE - 8, rue de Musset - 75016 Paris - + 01.45.25.34.65 - fax. : 01.45.25.51.33Directeur de la publication : J. Rougeot - CPPAP 51358 - dépôt légal deuxième trimestre 2003

❚ Entretien avec Jean Lemière

Quel avenir pour les IUT 96% des chefs d’entreprises sefélicitent des formations dispen-sées dans les IUT. Pourtant desinquiétudes grandissent sur ladisparition des IUT. Selon vous,quelles sont les raisons pour lemaintien des IUT ?

Les IUT et leurs DUT sont forte-ment reconnus par le monde pro-fessionnel. A côté des BTS, ilsoccupent une place particulière :ils proposent une formation trèsliée à l’entreprise et bénéficientde la compétence des enseignantsuniversitaires et du second degré.Ils permettent, selon les aspira-tions des diplômés, soit uneinsertion professionnelle deux ansaprès le bac, soit une excellentepoursuite d’études en école d’in-génieurs, de gestion, de commer-ce, en IUP, en licence profession-nelle, en MST ou en formationcomplémentaire.

Or, aujourd’hui il serait questionde les transformer. Pourquoi vou-loir à tout prix changer une for-mation qui a fait toutes ses preu-ves ? Certes, les programmes d’é-tudes sont importants, entraînantun rythme soutenu pendant lesdeux années de formation.Pourtant, c’est cette mobilisation

des esprits, conjuguée à un enca-drement pédagogique fort, quipermet d’entrer dans l’entrepriseavec des acquis que l’expérienceprofessionnelle viendra enrichir.

C’est aussi cette dynamique detravail qui permet de poursuivreun cursus dans les formationssupérieures sans difficultés.

L’alignement sur le modèle licen-ce / master / doctorat, qui risqued’entériner la disparition des IUT,est une erreur. La référence à unmodèle européen masque uneréalité : les étudiants titulairesd’un DUT ont un niveau supé-rieur à leurs homologues anglais

ou allemands. Penser en nombred’années n’a donc pas de sens.C’est le niveau de formation quicompte, c’est la pédagogie des IUTqui doit primer. Les ECTS favora-bles aux formations des autrespays européens cachent, dans unsouci d’harmonisation, des diffé-rences fondamentales dans lecontenu des enseignements, dansla manière d’enseigner et dans letype de relations entretenues avecles entreprises.Par ailleurs transformer les DUTen bac +3 serait une erreurmajeure, au coût important, et quiallongerait la durée des études enbrisant un rythme qui constitueune réelle dynamique.La place des DUT, cycle de deuxans, se trouve à côté des BTS, desDEUG et des classes préparatoi-res.

L’autre force des DUT vient dufait qu’il s’agit de diplômes natio-naux. L’échec relatif des licencesprofessionnelles régionales, voire« locales », mal reconnues endehors de leur bassin de forma-tion est un exemple à méditeravant de détruire ce qui a réussi :un modèle français qui permet deréunir dans une équipe pédago-gique des universitaires, des pro-

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fesseurs du second degré et desintervenants issus du monde del’entreprise.

Les titulaires de DUT sont de plusen plus nombreux à vouloir pour-suivre leur cursus.Selon quelles modalités, d’aprèsvous, la création d’une filière tech-nologique permettrait-elle derépondre à cette attente ?

La poursuite des études après leDUT est variable selon les dépar-tements de formation et oscilleentre 45 et 65 %. Elle est totale-ment légitime. Les étudiants desIUT réussissent très bien en écoled’ingénieurs ou de commerce,dans la filière comptable, en MSTetc. Ils sortent d’ailleurs souventmajor de promotion.

En terme d’organisation générale,il faut conserver le socle Bac + 2: DEUG, DUT, BTS, classes prépa-ratoires. Ensuite, les licences clas-siques, technologiques ou profes-sionnelles, les formations spéciali-sées de niveau bac + 3 ou l’inté-gration dans une école d’ingé-nieurs, de commerce, de gestionou d’un IUP.

A l’horizon 2005/2006, des cen-taines de milliers de techniciens,de cadres et d’ingénieurs issus desgénérations du baby boom vontpartir en retraite. Actuellement, eten particulier pour ce qui est desformations technologiques indus-trielles, nous sommes incapablesde pallier la totalité de ces départs.C’est un véritable défi qui estlancé à notre Nation. Nos forma-tions technologiques industriellesattirent trop peu d’étudiants.Donc, avant de parler de filièretechnologique, il faut lancer unvéritable plan pour les formationstechnologiques industrielles surune durée de 3 ou 4 ans avec à

mi-parcours, , un bilan pourapprécier la réussite ou l’échec desobjectifs. Il faut par ailleurs agirdirectement sur l’orientation desétudiants, offrir de véritablesbourses technologiques supplé-mentaires à leur arrivée en DUT,BTS, DEUG et classes préparatoi-res. Il faut aussi trouver desmoyens similaires pour renforcerl’attractivité des IUP et des écolesd’ingénieurs concernés.

C’est une action volontariste quirequiert un travail avec les chefsd’entreprise, les proviseurs delycées, les directeurs d’IUT, lesconseillers d’orientation. Dès lapremière année de ce plan, desactions de communication doiventêtre entreprises en direction del’ensemble des élèves.

En particulier, les jeunes femmesdoivent savoir qu’il n’y a plusdans l’industrie de métiers réser-vés aux hommes. Compte-tenu deleur réussite indéniable dans lesystème éducatif, elles peuventprétendre à une carrière réussiedans l’entreprise industrielle. Auxchefs d’entreprise de répondre parle principe « à responsabilitéégale, salaire égal et promotionégale ».

Les IUT sont connus pour les rela-tions qu’ils entretiennent avec letissu économique local. Ces lienssont-ils source de valeur ajoutéeen terme de pédagogie?

Les IUT proposent à leurs étu-diants des stages mais aussi beau-coup d’actions en direction deleur environnement économiquelocal : études commerciales, étu-des techniques, études financièresetc.

Ce contact avec la société réelle estessentiel dans la formation. Les

soutenances auxquelles participele commanditaire de l’étude (chefd’entreprise, responsable de col-lectivité territoriale, présidentd’association) sont un véritableexercice pédagogique qui prépareà la vie professionnelle.

Considérez-vous comme essentielle statut d’autonomie des IUT visà vis des universités ?

Le modèle des IUT a déjà essaimédans l’université (IUP, licencesprofessionnelles). L’une des rai-sons de la réussite des IUT tient àleur autonomie d’action garantiepar l’article 33. Le directeur d’IUT,ordonnateur principal des dépen-ses et des recettes, met cette auto-nomie et sa réactivité au servicedes décisions prises par le conseild’administration et le conseil dedirection.

Le fléchage des moyens attribuéspar le ministère entraîne uneresponsabilisation de la gestion del’institut. Les IUT sont des unités àdimension humaine et responsa-bles de leur destin. Ils pratiquent,pour mieux connaitre l’efficacitéde leur formation, l’audit perma-nent : origine des étudiants, leurréussite, les raisons de leur echec,leur devenir après le DUT, l’adé-quation des unités de programmeavec l’entreprise etc.

Ces interrogations constantes per-mettent de se remettre en cause etde s’adapter aux nouveaux étu-diants qui ne sont plus ceux desannées soixante-dix et à l’entrepri-se qui, elle aussi, change.

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Action IUT

Commander le nouveaunuméro d’Action IUT.

Par courrier à Action IUT, 8, rue de Musset, 75016 Paris

Communiqué de presseRéforme LMD

L’UNI appel à la vigilance. Le ministre, après avoir fixé les objectifs en matière d’harmonisation euro-péenne, a décidé de laisser une large part à l’expérimentation dans la miseen oeuvre de la réforme. C’est dans cet esprit que le CNESER du 31 mars2003 a auditionné trois Présidents d’Université sur leur projet d’applica-tion de cette réforme.

L’UNI (Droite Universitaire) avait déjà exprimé ses craintes quant à l’ap-plication de la réforme à l’occasion de la communication de la CPU endate du 20 février dernier. Leurs propositions témoignaient d’une incom-préhension notoire des aspirations étudiantes et risquent de conduire àun moule unique universitaire. Les IUT, notamment, perdraient leur spé-cificité basée en grande partie sur leur autonomie, alors que c’est celamême que plébiscitent étudiants et chefs d’entreprises.

L’UNI n’a pas été plus rassurée par les exposés des Présidentsd’Université lors du CNESER. Ils laissent présager une complexificationnotoire des offres de formation, alors que les étudiants attendent de laréforme LMD une clarification des formations. De plus, l’UNI s’inquiètedes démarches très hétérogènes adoptées par les Présidents d’Universitéconcernant l’application de la réforme.

Enfin, l’UNI met en garde contre une « secondarisation » de l’Universitéqui, sous couvert d’un tronc commun élargi, consisterait à faire del’Université une continuation directe du lycée, repoussant indéfinimentune spécialisation.

C’est la raison pour laquelle l’UNI a, hier, déposé une motion (ci-jointe),examinée tardivement et rejetée, demandant une plus grande vigilance duCNESER quant à l’application de la réforme LMD dans les Universités etla mise en place d’un comité national de pilotage pour en assurer la cohé-rence

Nom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code Postal : . . . . . . . . . . Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Tél. : . . . . . . . . . .

Profession : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Etablissement : . . . . . . . . . . . . . . . . . .

❏ désire s’abonner à l’Action universitaire 38 euros (un an)❏ désire souscrire un abonnement de soutien à partir de 230 euros : . . . .

❏ désire soutenir financièrement l’UNI et verse : ❏ 300 euros ❏ 500 euros ❏ 1.000 euros ❏ . . . . . . . euros❏ déclare adhérer à l’UNI 35 euros (lycéens 5 euros, étudiants 10 euros, membre bienfaiteur 100 euros, cotisation de soutien à partir de 200 euros)

Date et signature :

8, rue de Musset75016 Paris

✆ 01.45.25.34.65fax : 01.45.25.51.33

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Quelles opportunités après un DUT ?

Le DUT est un diplôme à forte valeur ajoutée professionnelle qui permet à son titulaire aussi bien une inser-tion professionnelle rapide qu’une poursuite d’études.

La vie active à bac +2

Pour ceux dont le choix se portera sur l’insertion professionnelle après l’obtention de leur diplôme, le pre-mier emploi ne devrait pas trop se faire attendre. Pour 56% des chefs d’entreprises, le DUT est le diplômele mieux adapté au monde de l’entreprise.De « fortes connaissances techniques, une grande facilité d’adaptation et une forte aptitude à évoluer au seinde l’entreprise» sont les qualités reconnues aux diplômés d’IUT.Néanmoins, les débouchés sont plus nombreux pour le titulaire d’un DUT du secteur industriel que pourcelui d’un DUT du secteur tertiaire.

La poursuite d’études

60 à 70% des étudiants d’IUT poursuivent leurs études après l’obtention du DUT. Mais la situation est dif-férente entre les titulaires d’un DUT du secteur secondaire de ceux du secteur tertiaire. Si les premiers setournent en priorité vers la vie active certains font le choix d’une année de spécialisation voire d’une écoled’ingénieurs. Les seconds privilégient au contraire la poursuite d’études en faculté ou en écoles.

- La licence professionnelleLa licence professionnelle répond à des besoins nouveaux de compétences et de connaissances du monde del’entreprise. Ce diplôme est très lié à un bassin industriel et d’emploi local, ce qui constitue un atout.

- Les DNTS Le Diplôme National de Technologie Spécialisé (DNTS), qui avait été créé en 1995 à l’initiative de l’UNI,dispense une formation en un an par alternance sur la base d’un projet en entreprise.

- Les diplômes post-DUTLes diplômes post-DUT sont une phase de transition entre les études et le monde du travail. Cette année despécialisation (on en compte près de 1 300 en France) apporte surtout un “plus” pour l’accès à l’emploi dansla mesure où elle donne une double compétence.

- L’université15 à 18% des diplômés d’IUT décident de poursuivre leurs études à l’université. Leurs choix se portent plusparticulièrement sur des filières professionnalisantes tels que les IUP, MST ou MSG, entre autres. En effet, peusont les étudiants qui s’orientent vers des études générales théoriques.

- Les écoles d’ingénieurs et de commerceDe plus en plus d’écoles, qu’elles soient d’ingénieurs pour les titulaires d’un DUT secondaire ou de commer-ce pour les titulaires d’un DUT tertiaire, développent des admissions parallèles très prisées.