Acte I : Lui - excerpts.numilog.comexcerpts.numilog.com/books/9782365405584.pdf · mon père est...

10
Acte I : Lui Dante se vautre sur son clic-clac et rejette la tête en arrière. Il contemple le plafond et les diverses auréoles d’humidité en lâchant un soupir agacé. Son studio miteux lui sort par les yeux, surtout quand il pense à la maison où il pourrait vivre. Où il aurait le droit de vivre, d’ailleurs. Mais il y aurait trop de risques d’y croiser son frère et sa copine. Sarah est agréable à mater, mais elle l’a déjà castré une fois et lui a bousillé le pied une autre… et il tient à garder intactes toutes les parties de son anatomie. Quant à Sandro… mieux vaut ne pas trop le fréquenter. Il réveille en lui des instincts de vengeance qu’il cherche à étouffer parce que se faire arrêter pour fratricide n’est pas son but dans la vie… Ouais… non, en fait il ne cherche pas du tout à étouffer ses pulsions mais disons que Sarah n’étant pas spécialement réceptive à ses avances, il n’a aucune chance d’atteindre son frère à travers elle. Alors il attend. Leur relation dure depuis presque deux ans mais il reste convaincu que ça périclitera tôt ou tard. Et il peut être patient. Il se lève en soupirant, décidément, il tient plus du petit vieux que du trentenaire célibataire en ce moment. Mais ce soir, encore, il a fait son boulot sans aucune motivation. La preuve en est qu’il peut rester dans ce ridicule slip brillant face à des nanas en chaleur sans que quoi que ce soit d’embarrassant ne se produise. Il entre dans la minuscule salle de bain, une salle d’eau pour être exact, et prend une douche brûlante. Il pue la gonzesse après avoir été tripoté par toutes ces mains parfumées et manucurées. Il passe ensuite un vieux pantalon de pyjama et déplie son canapé-lit. Trois petits coups discrets retentissent sur la porte d’entrée. Merde ! Ce n’est vraiment pas le moment de lui rendre visite, il est près de deux heures du matin et il bosse le lendemain après-midi ! Il décide d’ignorer son visiteur nocturne et termine de préparer son lit. Mais les coups se répètent, plus forts, accompagnés d’une voix féminine. 12

Transcript of Acte I : Lui - excerpts.numilog.comexcerpts.numilog.com/books/9782365405584.pdf · mon père est...

Acte I : Lui

Dante se vautre sur son clic-clac et rejette la tête en arrière. Il contemple le plafond et les diverses auréoles d’humidité en lâchant un soupir agacé. Son studio miteux lui sort par les yeux, surtout quand il pense à la maison où il pourrait vivre. Où il aurait le droit de vivre, d’ailleurs. Mais il y aurait trop de risques d’y croiser son frère et sa copine. Sarah est agréable à mater, mais elle l’a déjà castré une fois et lui a bousillé le pied une autre… et il tient à garder intactes toutes les parties de son anatomie. Quant à Sandro… mieux vaut ne pas trop le fréquenter. Il réveille en lui des instincts de vengeance qu’il cherche à étouffer parce que se faire arrêter pour fratricide n’est pas son but dans la vie… Ouais… non, en fait il ne cherche pas du tout à étouffer ses pulsions mais disons que Sarah n’étant pas spécialement réceptive à ses avances, il n’a aucune chance d’atteindre son frère à travers elle. Alors il attend. Leur relation dure depuis presque deux ans mais il reste convaincu que ça périclitera tôt ou tard. Et il peut être patient. Il se lève en soupirant, décidément, il tient plus du petit vieux que du trentenaire célibataire en ce moment.

Mais ce soir, encore, il a fait son boulot sans aucune motivation. La preuve en est qu’il peut rester dans ce ridicule slip brillant face à des nanas en chaleur sans que quoi que ce soit d’embarrassant ne se produise.

Il entre dans la minuscule salle de bain, une salle d’eau pour être exact, et prend une douche brûlante. Il pue la gonzesse après avoir été tripoté par toutes ces mains parfumées et manucurées. Il passe ensuite un vieux pantalon de pyjama et déplie son canapé-lit. Trois petits coups discrets retentissent sur la porte d’entrée. Merde ! Ce n’est vraiment pas le moment de lui rendre visite, il est près de deux heures du matin et il bosse le lendemain après-midi ! Il décide d’ignorer son visiteur nocturne et termine de préparer son lit. Mais les coups se répètent, plus forts, accompagnés d’une voix féminine.

12

— Dante…Il reconnaît cette voix et reste interdit quelques secondes. Il a rêvé,

il ne voit que ça…— Dante, je sais que tu es là, je t’entends ! C’est Lola !Et merde… Il se dirige d’un pas traînant jusqu’à l’entrée et ouvre

à la petite sœur de son ex.— Salut ! chantonne-t-elle en entrant, deux grosses valises dans

les mains.— Qu’est-ce que tu fous là ? lui demande Dante en refermant.— Moi aussi je suis contente de te voir ex-futur-beau-frère ! dit-

elle en posant ses bagages au milieu du studio.— Lola, il est deux heures du mat’, sérieusement, tu veux quoi ?

insiste-t-il en contournant l’intruse pour terminer de faire son lit.Comme elle ne répond plus, il s’interrompt et lui fait face.— C’est quoi l’histoire, cette fois ?— J’ai fait une boulette… murmure-t-elle en tortillant ses mains

comme une petite fille prise en pleine bêtise.Dante soupire, s’assoit sur le lit et tapote l’espace à côté de lui.

Lola n’a que deux ans de moins que sa grande sœur, celle qu’il a failli épouser avant que son frère Sandro ne se la fasse… Mais elle a plus l’air d’une adolescente de dix-sept ans que d’une adulte de presque trente ans. Toutes les années où il était en couple avec Carmen, il l’avait vue se fourrer dans des situations plus catastrophiques les unes que les autres. Et il avait dû l’en tirer à plusieurs reprises. Si elle débarque ce soir chez lui, c’est qu’elle est sacrément dans la merde.

Elle s’installe à côté de lui et éclate en sanglots. Il soupire, encore, et passe un bras autour de ses épaules. Elle se précipite contre lui et il lève les yeux au ciel. Ce n’est pas qu’il soit vraiment un enfoiré de première comme tout le monde le pense… Mais il aimerait vraiment dormir. Ouais, il doit l’être un peu, finalement…

— Et si tu me racontais ça demain ? propose-t-il. Je suppose que tu n’as nulle part où dormir, donc on se couche et on en parle après une bonne nuit de sommeil, je suis claqué…

13

Elle relève la tête vers lui et il se retient de rire face à la morve qui menace de lui couler dans la bouche, ses yeux bouffis et ses lèvres tremblotantes. Ce ne serait pas très solidaire… Il ne peut retenir un petit sourire et s’allonge pour le masquer.

— Allez, couche-toi !— Heu… dans ton lit ? demande-t-elle en reniflant.— Je suis pas du genre gentleman à te proposer de dormir sur le

tapis pour préserver ta pudeur. T’es venue chez moi, j’habite dans un studio, tu pensais quoi ? Que j’allais te laisser les clefs et me tirer ?

— Non, non… je… Ok…— Ne t’en fais pas, reprend-il, tu n’es pas mon type, je suis

fatigué et tu es bien trop jeune pour moi. Éteins quand tu te couches, merci.

Sur ce, il lui tourne le dos et quelques secondes après, elle entend les ronflements délicats et distingués de celui qu’elle devrait appeler « son sauveur » pour lui avoir épargné une nuit à l’hôtel.

★★★★★

Une bonne odeur de café lui chatouille les narines, mais elle est accompagnée d’un horrible son. Dante ouvre un œil et se remémore les événements de la nuit. Il se redresse sur un coude et observe Lola qui danse, en chantant (d’où l’horrible son) devant la fenêtre. Cette fille ne devrait pas avoir le droit de chanter, surtout pas au réveil.

— Lola ! crie-t-il pour qu’elle l’entende malgré ses écouteurs.— Girls, just wanna have fu-un ! Ouhouh girls just…Dante se lève et lui met une tape derrière la tête. Elle se retourne

et lui lance un regard noir. Littéralement noir. Elle aurait oublié de se démaquiller que ça ne l’étonnerait pas.

— Quoi ? crache-t-elle sans cesser ses mouvements.— Tu chantes faux, contente-toi de danser, et encore…Il va se servir une tasse de café et retourne se vautrer dans le lit.

14

— Je ne chante pas faux, se défend-elle. C’est juste que je ne m’entends pas avec les écouteurs… De rien pour le café ! ajoute-t-elle en posant son lecteur MP3 sur la table basse.

Elle se penche et ramasse quelque chose. Un sourire triomphant est plaqué sur son visage quand elle se relève et agite le slip en skaï doré qu’elle a trouvé par terre.

— Tu as quelque chose à me dire, Dante ? demande-t-elle en arborant une moue faussement choquée.

— Ouais : ferme-la ! Je suis en train d’émerger… répond-il sans lever les yeux.

Elle s’allonge à ses côtés et lui met l’objet du délit sous le nez.— Putain, mais ça va pas être possible toi et moi dans ce studio !

lâche-t-il en lui arrachant son « uniforme » des mains et l’envoyant à l’autre bout de la pièce.

— T’es un gigolo ? insiste-t-elle.— Je suis gogo-dancer, c’est pas la même chose, précise-t-il en se

rallongeant.Lola s’assied en tailleur et l’observe intensément.— Sérieusement ? demande-t-elle en plissant les yeux. Et ton

boulot d’aide-soignant ?— C’est toujours d’actualité. Mais c’était un mi-temps, j’avais

besoin de pognon, un travail en vaut un autre… s’exaspère-t-il, déjà las de la présence de son ex-belle-sœur, enfin… presque ex-belle-sœur.

— Je peux voir ?— T’es pas bien ? s’écrie-t-il. — Ok, je déconne… dit-elle en levant les mains, paumes vers lui,

pour manifester son « innocence ».— Et si tu me disais pourquoi tu es venue sonner à deux plombes

chez un type que tu n’as pas vu depuis des années ? lance-t-il avant de terminer son café.

— J’ai couché avec Antoine Beaumont.— T’as fait quoi ? hurle Dante en se levant et mettant une distance

de sécurité entre lui et Lola, comme si elle était contagieuse.

15

Elle hausse les épaules sans le quitter des yeux. Toujours aussi insolente cette gamine ! Putain, elle a couché avec l’associé de son père ! Il a au moins le double de son âge, c’est écœurant ! Ok, Dante, t’es pas une nana, tu t’en tapes de tout ça…

— Il est toujours marié ? demande-t-il en croisant les bras sur son torse.

— Toujours… murmure-t-elle.— C’est encore l’associé de ton père ? — Oui… Enfin, plus pour longtemps… répond-elle plus

doucement.— Laisse-moi deviner… L’affaire s’est ébruitée ?— On va dire que j’ai gaffé…— Merde, Dolorès ! Ta mère a dû péter les plombs !— On dirait mon père, tu m’appelles pas comme ça d’habitude,

fait-elle remarquer.— Essaie pas de changer de sujet !— Ok… Ma mère m’a mise à la porte, Carmen ne me parle plus,

mon père est fâché avec son associé et sa femme a demandé le divorce, lâche-t-elle d’une traite, comme si le dire le plus vite possible allait réduire les conséquences désastreuses de son acte.

— Putain, t’as bien réussi ton coup… dit-il en s’asseyant. On donnerait ton nom à une tornade dévastatrice, ça ne m’étonnerait même pas…

— Pour ma défense…— Sans déconner, Lola, laisse tomber la défense… Je vois pas

comment tu pourrais te sortir de cette situation…— Non, mais oh ! Je ne suis pas la seule ! Faut être deux pour

avoir une relation sexuelle ! se récrie-t-elle.Dante frémit en l’imaginant avec le vieux pervers qui fait –faisait-

office d’associé à son avocat de père. Lola est une petite chose fragile et délicate, un peu folle, oui, mais qu’est-ce qu’elle foutait dans le pieu de ce vieux dégueulasse ? Elle doit mesurer à peine 1,60 m, c’est un tout petit gabarit, il est sûr qu’elle trouve ses fringues au rayon adolescentes. Elle a un visage fin, de grands yeux noisette et

16

une coupe de cheveux à la Amélie Poulain qui lui donne l’air encore plus juvénile. Alors que l’associé est… brrr… Il chasse l’image de ces deux connaissances au lit et reporte son attention sur Lola.

— Le prends pas mal, miss, mais t’as pas des amis chez qui squatter ? On s’était plus vus depuis…

Il laisse sa phrase en suspens, qu’elle termine pour lui.— Depuis le mariage, je sais.— Et puis, merde ! T’as rien trouvé de mieux que de venir me

réveiller au beau milieu de la nuit pour t’aider après ce que j’ai traversé ? Sérieusement, Lola ! J’ai été à la place du cocu, tu fais chier ! s’emporte-t-il.

Elle se met à pleurer silencieusement et il regrette aussitôt de s’en prendre à elle pour ce que sa sœur lui a fait subir. Il l’attire contre lui et lui tapote la tête comme on le ferait avec un enfant qui vient de s’écorcher le genou après une chute de vélo. Cette fille est une enfant. Et une calamité. Mais il ne peut pas la laisser tomber, ils ont fait partie de la même famille, ou tout comme, pendant des années… Autant il peut jouer le connard de service avec toutes les nanas qu’il croise, comme ça aucune ne s’attache à lui, autant Lola le connaît trop pour savoir qu’il n’est pas vraiment un sale con. Mais à force de jouer à l’enfoiré, il commence à en avoir certains réflexes…

— Bon, ok. Tu peux rester, capitule-t-il. Mais tu vois bien que c’est minuscule ici, alors va falloir que tu te reprennes en main rapidement, on va pas se supporter sinon.

— Je sais, renifle-t-elle. Merci, Dante…— T’as un boulot en ce moment ?Elle secoue la tête et il sent un peu de morve sur sa peau. Putain,

elle le tue ! Il n’a pas l’âme d’une baby-sitter !— Qu’est-ce que tu fais de ta vie, alors ? insiste-t-il.— Rien, répond-elle en haussant les épaules.— T’as bientôt trente ans, Lola, c’est quand tu veux que tu te

réveilles…— J’étais bien chez mes parents… gémit-elle.— Ouais, et jusqu’à quand tu comptais vivre à leurs crochets ?

17

— Je vois pas où est le souci ? Ils ont les moyens ! proteste-t-elle en mettant un peu d’espace entre eux.

— Grandis un peu ! s’impatiente-t-il.Il se lève et regarde l’heure sur son téléphone portable. Il

commence sa tournée dans deux heures. Il ne va pas pouvoir endurer sa présence plus longtemps. Il n’aime pas son côté petite enfant gâtée à qui on a l’habitude de tout passer. Il n’aime pas non plus qu’elle se pose en victime alors qu’elle est la cause de toute cette merde. Mais il ne peut pas la foutre à la porte, alors il va dans la salle de bain, décidé à se tirer de chez lui le plus vite possible.

★★★★★

— Dante, mon petit ?Il se retourne et adresse un sourire à Hortense. Cette vieille bique

va encore lui faire le coup du stylo…— J’ai fait tomber mon étui à lunettes, auriez-vous l’obligeance

de le ramasser pour moi avant de partir ? Vous m’éviteriez un exercice physique dont je me passerais bien…

Ah, aujourd’hui c’est son étui… C’est bien, elle casse la monotonie… Du haut de ses quatre-vingt-trois ans, elle minaude. Il secoue la tête mais lui offre malgré tout la vision qu’elle espère, comme à chaque fois qu’elle lui joue la scène du « je suis trop vieille pour me baisser ». Il lui tourne le dos, se penche en avant et l’entend discrètement claquer la langue quand il la sait en train de mater son cul. Ça l’amuse plus qu’autre chose, il n’y a pas de mal à regarder. Du moment qu’elle n’essaie plus de le toucher, comme elle avait tenté de le faire les premiers temps où il venait s’occuper de son mari alité !

Il a terminé ses visites et va pouvoir rentrer pour se poser deux minutes. Ce soir, il doit assurer une fête pour un club de bridge. Des vieilles encore… et les cougars, c’est vraiment pas son truc ! Mais bon, ça paye bien et elles laissent toujours quelques billets en plus dans son slip… Dante sourit en repensant à Lola débusquant sa tenue

18

de travail sous la table basse. Il sait que c’est ridicule, mais on prend l’argent où il est si on ne veut pas se retrouver à la rue…

Il vérifie que tout est en ordre pour la nuit du mari d’Hortense et s’en va.

Il entre dans son petit studio et découvre Lola, en sous-vêtements, vautrée sur le lit à plat ventre, avec un magazine. Elle n’a pas fait le lit de la journée, donc… De la vaisselle est entassée sur la table basse, c’est le bordel. Il prend une seconde pour se calmer, il n’a pas envie de jouer au père rabat-joie, ce n’est pas son boulot.

Quand il ferme la porte un peu plus brutalement qu’il ne l’aurait voulu, Lola se retourne et lui sourit, comme si elle n’était pas à moitié nue sur son lit. Quand une nana se retrouve dans son pieu, c’est pas pour bouquiner en général… Il avale difficilement sa salive en réalisant que la petite sœur de son ex est bien gaulée, mine de rien. Elle est menue et il les préfère avec plus de formes, mais elle n’a pas à avoir honte des petits seins qui remplissent ce qui doit être un bonnet B. Un petit 80B, estime-t-il. Elle se racle la gorge et il reporte son attention sur son visage. Elle penche la tête sur le côté mais son expression reste neutre.

— T’as oublié de prendre des fringues quand on t’a foutue à la porte ? demande-t-il en lui tournant le dos.

Il fait mine de chercher quelque chose à boire dans le frigo, essayant de contrôler l’érection totalement déplacée qui s’est déclenchée pendant qu’il analysait la poitrine de Lola. Il l’entend bouger dans son dos et le froissement d’un tissu lui donne à penser qu’elle a décidé de s’habiller. Il se retourne, craignant à la fois de la découvrir complètement nue ou habillée. Elle est vêtue décemment. Il ne sait pas s’il est soulagé ou déçu et ça commence à le gonfler parce que ce n’est qu’une petite fille capricieuse qu’il héberge le temps qu’elle se trouve un autre endroit où aller.

— T’as appelé tes copines, ou quelqu’un ? demande-t-il un peu trop sèchement.

— Non… Mais je pensais que je pourrais rester quelques jours…

19

— Règle numéro un : tu te fringues, merde ! On n’est pas un couple, j’ai pas envie de te voir à moitié à poil sur mon lit quand je rentre du taf, ok ?

— Désolée, je pensais que tu finissais plus tard.Elle n’a pas l’air désolée du tout, ce qui agace un peu plus Dante

qui se souvient à quel point il la trouvait allumeuse quand il sortait avec sa sœur. Maintenant qu’il y pense, elle avait même essayé de le draguer une ou deux fois avant de voir que c’était sérieux avec Carmen. Elle a un peu de conscience… c’est déjà ça. Mais il se rappelle aussi de la raison pour laquelle elle est ici. Et puis non, en fait, c’est une allumeuse sans aucun scrupule.

— Règle numéro deux : tu bouges ton cul pour faire autre chose que danser parce que je suis pas ta putain de bonne !

Il s’énerve, Dante mon gars… zen… Il ferme les yeux et soupire (décidément, c’est son nouveau truc, il vieillit…)

— Ok, désolé, j’ai un rythme de folie en ce moment. Tu…Il s’interrompt en réalisant qu’elle pleure, encore. Merde !

Consoler les damoiselles en détresse, ça fait un bail que c’est plus son truc. Il n’est pas du genre à rassurer les gonzesses, toutes des traînées finalement… Surtout qu’elle partage le même code génétique que la femme qu’il a trouvée emboitée à son frangin le matin des noces, dans la salle de bain… Bref, il secoue la tête et va prendre sa douche, il ne lui reste plus longtemps avant d’aller faire le gigolo… enfin, le gogo-dancer…

Quand il retourne dans la pièce principale, affublé de son uniforme de flic, Lola n’a pas bougé d’un pouce. Elle lève la tête et l’observe de son expression neutre habituelle. Ben merde, s’il ne l’émoustille pas ne serait-ce qu’un peu, c’est pas gagné pour ce soir ! Allez, Dante, mon grand, tu sais qu’elles bavent toutes devant toi !

— T’as combien de costumes différents ? lui demande-t-elle sans le quitter des yeux.

— Quelques-uns, pourquoi ?— Comme ça…

20

— Sérieusement, Lola, je te demande pas de faire la femme de ménage mais range au moins ton bordel. Je sais que chez toi t’as l’habitude d’avoir du personnel qui s’occupe de tout mais ici c’est pas comme ça que je fais, ok ? Je trouve déjà ça assez glauque que la sœur de mon ex squatte mon studio et dorme dans mon pieu, fais un effort. Bon, j’y vais.

Cette gonzesse est vraiment agaçante de ne presque jamais répliquer quand il lui parle. Il a l’impression d’avoir une ado je-m’en-foutiste sous les yeux. Mais putain, s’il voulait des gosses, il en aurait !

★★★★★

21