Accueil n° 175

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Abandon et sentiment d’abandon - juin 2015

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Ce numéro a été tiré à 7 600 exemplaires. ACCUEIL - revue trimestrielle - ENFANCE & FAMILLES D’ADOPTION - 221 rue La Fayette - 75010 PARIS.

Tél. : 01 40 05 57 70 - Site Internet : <www.adoptionefa.org> Directrice de la publication : Nathalie Parent - Rédactrice en chef : Claire Tridon.

Comité de rédaction : Frédérique Le Floch, Geneviève Miral, Janice Peyré, Aubeline Vinay. Secrétariat de rédaction : Frédérique Le Floch - Conception maquette : Geneviève Miral, Jacques Chabot - Maquette : Frédéric Flosi

Routage : Hervé Bullier - Imprimerie : Chevillon imprimeur, 26 boulevard Kennedy - 89100 SENS Dépôt légal : JUIN 2015 - Commission paritaire N° 0617 G 82257

Fédération Nationale des Associations de Foyers Adoptifs - La Fédération est reconnue d’utilité publique par décret du 5 novembre 1984.La reproduction d’articles ou de témoignages extraits de ce numéro est soumise à l’accord préalable d’Enfance & Familles d’Adoption.

/Couvertures, p. 3, 13, 30, 31 : Jacques Chabot et Geneviève Miral/p. 3, 8 : © B. Peskine/ p. 6 : © [Pavel Strezhnev] 123RF/p. 10 : Bernard Gagnon/CC BY-SA 3.0/p. 14 : © Janice Peyré/ p. 22 : © [KimsCreativeHub] Shutterstock/p. 26, 27 : © Stéphanie Augusseau/ p. 36 : © /[Amathieu] Fotolia/p. 38 : ©Yann Nascimbene/ p.47 : © Michèle Camus/ p. 48 : CC BY

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> Sommaire n° 175

DOSSIER

RUBRIQUES

LIRE, ÉCOUTER, VOIR

4 Éditorial – Nathalie Parent

5 Actus8 Entretien avec… Brigitte Peskine

Abandon et sentiment d'abandon 13 Un mot que l’on évite – Janice Peyré et Claire Tridon14 Penser l'abandon au singulier pluriel – Sitara Chamot et Daria Michel Scotti18 Sur les terres de l'historien – Entretien avec Ivan Jablonka21 Une réalité partagée ? – Témoignage22 Le bébé et l'abandon – Myriam Szejer26 Mon souvenir d'enfance – Témoignage27 Sentiment d'abandon et adoption – Dr Maurice Berger30 Mama fugiti – Témoignage31 L'abandon, comment l'entendre ? – Blandine Hamon35 Quand l'adoption génère l'abandon – Janice Peyré36 Le penser, le dire – Échange entre des adoptés38 Autour du sentiment d'abandon – Entretien avec Pascale Lemare41 La goutte d'huile dans la cuillère – Andrés Viret43 Pour aller plus loin

44 À l’international : La mission de l'adoption internationale – Odile Roussel

47 Santé/Vie de famille> Fil rouge : les pratiques psychocorporelles – Michèle Camus > Adoption et scolarité : première victoire institutionnelle en Italie – Anna Guerrieri

52 Chronique juridique : La déclaration judiciaire d’abandon, « résurrection » ou « enterrement » ? – Pascale Salvage

54 En France : Né sous X : retrouver, être retrouvé, et après ? – Janice Peyré

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> Éditorial

Fatigue, lassitude, colère, un mélange de tous ces sentiments à la lecturedu texte relatif à la protection de l’enfance, toujours en discussion àl’Assemblée nationale au moment où je rédige cet édito. Même sensation àl’écoute des diverses interventions et autres débats. L’impression d’êtreDon Quichotte en train de se battre contre des moulins à vent.

La proposition de loi « Dini – Meunier » sur la protection de l’enfant étaitdéjà bien en deçà de l’espoir que nous avions mis dans le projet de loiFamille, quelques articles seulement concernaient l’adoption, ils avaient aumoins le mérite d’exister. Mais il n’en reste pas grand-chose dans la petiteloi (texte transmis à l’Assemblée nationale).Drôle de sensation que celle de parler, d’exposer, d’expliquer, de défendre,

d’argumenter devant les uns et les autres, et parfois de convaincre. Sensation d’être enfinentendu, compris  : un amendement est alors déposé et l’on retient son souffle en croisant lesdoigts pour qu’il soit voté. Puis, en quelques secondes, il est balayé, oublié, supprimé, comme s’iln’avait jamais existé.Et il ne reste plus qu’à remettre l’ouvrage sur le métier et recommencer, sans se lasser, sans sedécourager car, derrière nos revendications, ce sont des enfants qui attendent, ce sont eux pourlesquels nous avons le devoir de nous battre.Depuis des années, nous ne cessons de réclamer une véritable réforme de l’adoption pour quechaque enfant qui en a besoin puisse avoir des parents pour la vie.Est-ce trop demander à l’État que de s’occuper comme il le doit de ces enfants ? Est-ce unique-ment un vœu pieux que d’exiger qu’un bilan d’adoptabilité soit obligatoire pour tous les enfantspupilles de l’État ? Est-ce extraordinaire de vouloir pour eux des parents en capacité de répondreà leurs besoins, qui soient préparés, accompagnés ? Est-ce jeter l’argent public par la fenêtre quede créer, comme cela existe pour l’adoption internationale, une « autorité centrale » en capacitéde venir en soutien aux services adoption dans les départements ? Est-ce ahurissant de vouloirconstruire pour eux des projets de vie adaptés à leur situation ? Sommes-nous des extraterrestresà vouloir sécuriser le statut des enfants pupilles de l’État pour leur permettre de grandir sereine-ment dans leur famille ?Les questionnements sont sans fin et les réponses bien trop souvent absentes.

Aurons-nous un jour une vraie réforme de l’adoption qui prendra en considération toutes les pro-blématiques, et non des rustines (modification ou ajout d’un article par-ci ou par-là) mises les unesà côté ou au-dessus des autres, sans réflexion d’ensemble, mais en réaction à un événement, àune idée, à une idéologie ?

Nathalie Parent

Présidente d’Enfance & Familles d’AdoptionMembre du Conseil national d’accès aux origines personnelles

Loi sur la protection de l’enfant :L’adoption la grande oubliée

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Accueil n° 1756

> Actus

Sujet rarement exploré, la parentalité des personnes adoptées se trouve pourtant souvent au cœur de leurs questionnements.Devenir parent est toujours un grand bouleversement et implique une réflexion et des remaniements sensibles et personnels. Qu’en est-il pour les adoptés ? Comment envisage-t-on, vit-on sa maternité ou sa paternité quand on a été adopté ? Quellesquestions, quelles émotions, cette parentalité afait émerger ou ressurgir ? Est-elle un élémentdéclencheur d’une recherche d’origine ? Modifie-t-elle ou fait-elle évoluer le ressenti

des personnes adoptées à l’égard de leurs parentsde naissance, de leursparents adoptifs ?Ce numéro fera une largeplace à la parole desadoptés et s’appuieraaussi sur l’expérience et la réflexion de professionnels.

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Quand les adoptés deviennent parents

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Délivrance des actes de naissance d’origine en OhioLe 20 mars 2015, l’État de l’Ohio(USA) délivrait, lors d’une cérémonieofficielle, les premiers actes de nais-sance d’origine à des adoptés âgésde plus de 18 ans. Une période transitionnelle d’un anavait permis aux parents de nais-sance qui le souhaitaient de s’oppo-ser à la communication de leur nom.Ceux n’ayant pas fait cette démarchene peuvent plus s’opposer à cettecommunication.

Duvet prend des couleursFanny la lapine esttriste, elle qui voudraittant un bébé n’arrivepas à en avoir. Mais un jour, Pistache a

une idée : Si on allait chercher un bébé« donné », un de ces bébés dont lesparents ne peuvent pas s’occuper ?Nouveau format et nouvelles illustra-tions très colorées d’Amélie Dufour pour un grand classique jeunesse sur l’adoption. Une famille pour Duvetd’Anne-Marie Chapouton et AmélieDufour, Bayard jeunesse.

Nathalie Parent nommée au CNAOPNathalie Parent, présidented’EFA, représentera les familles

adoptives au sein du Conseilnational pour l’accès aux origines

personnelles. Le Conseil, renouvelé enmars 2015, sera présidé par André Nutte, reconduit au poste de président (arrêté du16 mars 2015 paru au JO du 31 mars 2015).

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> Dossier

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C’est un mot que l’on évite comme s’il irradiait lasouffrance et la solitude, un événement que notresociété cherche à escamoter tant il est impensableque les «  belles  » histoires d’adoption se fondentsur une rupture initiale. Car, pour être adopté, il fautavoir été abandonné : une réalité douloureusementtangible à laquelle se heurtent les adoptés. Quelsque soient les mots employés, qu’ils en atténuentou aggravent la violence, quel que soit le regardporté sur ce geste, la filiation a été rompue, l’enfanta été, brutalement, ou au terme de ruptures succes-sives, séparé de sa mère de naissance.Il ne s’agit pas pour autant d’accréditer une histoirestéréotypée. L’abandon représente un vasteensemble de réalités différentes qu’il est importantde saisir en fonction de leurs ancrages historiqueset socioculturels, nous rappellent Daria Michel Scottiet Sitara Chamot. Entre les silencieux de l’histoireauxquels Ivan Jablonka veut redonner visibilité, lesenfants confiés en Polynésie, les nourrissons néssous X ou déposés dans les boîtes à bébé, quel estle dénominateur commun ? Des adoptés adultes ontaccepté d’aborder ensemble cette question sensi-ble, convoquant leurs souvenirs, ce qu’on leur a ditet leur ressenti, ils font apparaître combien il estdifficile de caractériser les circonstances parfoiscomplexes qui ont précédé leur adoption et de direl’abandon, tous, en revanche, évoquent la blessurede cet abandon.

La séparation précoce d’un nouveau-né d’avec samère de naissance entraîne un traumatisme senso-riel qui laissera des traces émotionnelles, corporelleset psychiques, des traces sans souvenir, nous ditMyriam Szejer. Verbaliser l’abandon, raconter aubébé ce qui lui est arrivé l’aidera, plus tard, à bâtir

son histoire. L’abandon tardif, nous rappelle MauriceBerger, s’inscrit le plus souvent au terme d’unparcours chaotique marqué par la négligence.Confrontés à cette expérience de discontinuité, deruptures multiples, les enfants éprouvent des senti-ments d’esseulement qu’il est difficile de se repré-senter, une absence d’espoir accompagnée d’unesensation de dévastation interne.

La posture des parents adoptifs joue un rôle déter-minant. Ils doivent d’abord accepter la réalité de cetabandon et être en capacité de s’y confronter. Lesnon-dits ont un effet dévastateur. Reconnaître,entendre, écouter chez l’enfant la colère, la tris-tesse, la peur d’être abandonné ou rejeté autorisel’expression de ces émotions et les rend légitimes.En accueillant le ressenti de l’enfant, on lui permetde construire pas à pas son histoire, de lier les fils deson histoire.

Moïse, Œdipe, le petit Poucet, dans les mythes et lescontes, l’enfant abandonné est promis à un destinexceptionnel. Ces histoires représentent de façonmétaphorique la force qu’il faut avoir pour surmon-ter la terrible expérience de l’abandon. Elles nousfont comprendre à quel point la construction d’unenarration qui s’articule autour de la double expé-rience de l’abandon et de l’adoption pourra permet-tre d’entretenir avec l’abandon une relation pacifiéequi n’entrave pas la capacité à créer des liens, à vivresa vie. Andrés Viret en témoigne : Je suis intimementpersuadé que toute personne souffrant du senti-ment d’abandon peut se reconstruire et avoir unevie à la hauteur de ses attentes.

Janice Peyré et Claire Tridon

Un mot que l’on évite

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> Dossier

La séparation entre un enfant et ses parents de naissance préexiste toujours àl'adoption, qu'elle soit simple, plénière, coutumière, intrafamiliale ou prévue dans lecadre d'une GPA. Cependant, l'expérience de ce qu'il est commun de définir par le termed’abandon représente une réalité multiple, non seulement psychologique, individuelle ouinterpersonnelle, mais aussi tributaire d'un contexte social et culturel qui lui confère uneforme et une signification partagées. Comment l'éclairage du collectif colore-t-il lesvécus singuliers et marque-t-il la destinée des enfants « abandoptés » ?

Par ce néologisme signifiant et à partir d’une his-toire qui l’a conduit de Colombie en Suisse, AndrèsViret nous rappelle l’indissociabilité de l’adoptionet de l’abandon. Comme une monnaie à doubleface, les liens adoptifs se créent sur la trace desliens défaits qui ont rendu cettemesure à la fois nécessaire à laprotection de l’enfant et favora-ble à une nouvelle famille. D’unpoint de vue juridique, l’abandon est le fait dedélaisser, de négliger ou de se séparer volontaire-ment d’une personne ou de renoncer à un droit.Lorsqu’il est utilisé pour qualifier la séparation del’enfant adopté et de son ou ses parents de nais-sance, il représente un vaste ensemble de réalitésdifférentes qu’il est important de saisir en fonctionde leurs ancrages historiques et socioculturels  :peut être « abandopté » un enfant mis au ban deson groupe d’appartenance au nom d’un interditsocial, un orphelin, un bébé volé dans le contexted’un abus de pouvoir, un enfant placé, oublié eninstitution, confié à un membre de son groupe ou à

une famille d’accueil par ses parents de naissanceet/ou sur décision d’un tiers, un enfant « donné »selon une pratique coutumière pour signifier unealliance inter ou intra-groupe, un enfant «  par-tagé  », issu d’une gestation pour autrui, d’une

union homoparentale impli-quant un don de gamètes etune pluri-parentalité génétique,ou encore un enfant issu d’une

adoption ouverte, d’une Kafala, d’une adoptionsimple ou d’un accouchement anonyme, dit nais-sance « sous X ».Les possibilités de définir le sens des séparationsqui ont préexisté à l’adoption ne cessent de semultiplier et de se redéfinir en fonction de l’évolu-tion socio-historique, au-delà des trajectoires indi-viduelles. Celles-ci permettent de comprendre lesraisons plus profondes qui empêchent certainsparents de le rester pour l’enfant dont ils se sépa-rent. Bien qu’elles ne puissent être soumises à unquelconque déterminisme social, ces raisonsintimes, parfois inconscientes, sont aussi tributaires

Penser l'abandon au « singulier pluriel » : variations culturelles autourd'un thème universel

Des situations diversesqui conduisent à l’adoption

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Accueil n° 17536

> Dossier

B.  : Moi, je n’ai pas l’impression d’avoir été aban-donné. Quand j’ai découvert l’histoire vraie, cen’était pas un abandon. Ma famille biologique m’adit : Non, il y a eu un vol ! Tu as été volé.Il y a eu un abandon de ma mère, mais elle a été pla-cée en hôpital psychiatrique de force par sesparents qui ont tout fait pour me mettre en orpheli-nat, mes parents, eux, ont été « shuntés ». Ils consi-dèrent cela comme un vol, donc. C’est pour ça quec’est important l’histoire parce que pendant 30 ans,j’ai pensé avoir été abandonné mais je me suisaperçu que ce n’était pas ça.

J. : Quand on est enfant, on ne saisit pas forcémentla portée de ce qu’on nous dit, de cette notion-là. Audépart, on m’a dit : T’es adoptée. OK, je suis adoptée,sauf qu’un jour, le fait de comprendre que pour avoirété adopté, il faut d’abord avoir été abandonné, c’estun sacré cap et c’est difficile à assumer. J’ai du mal,forcément, à mettre des paroles très justes sur cesujet-là, il y a peut-être un peu trop d’affects. Je medis qu’à un moment, on m’a laissée quelque part,quelqu’un m’a laissée et je me suis retrouvée « touteseule ». Concrètement, ce n’était pas forcément çamais, pour ma mère, l’acte juridique c’est bien unabandon, c’est comme ça que ça s’appelle. Pourtantje veux penser que ma mère l’a fait pour des raisonsque je ne connais pas, mais dans l’idée de me donnerautre chose, la possibilité d’être adoptée. C’estencore difficile aujourd’hui d’en parler.

Le penser, le direÉchanges entre des adoptés

Dans le numéro 174 de la revue Accueil,des adoptés adultes échangeaient sur lesquestions d’appartenance et d'identité. Aucours de la même rencontre, ils ont abordéla question sensible de l'abandon.

L.  : Je trouve que ton sentiment est vraimentlégitime et c’est normal que tu aies beaucoupd’affects. Il n’y a pas d’adoption sans abandon,l’abandon c’est un acte. Et quelles qu’en soientles raisons, cet acte laisse des séquelles ennous. Pour moi  : oui, j’ai été abandonnée – j’aitoujours su pourquoi – même si c’est soi-disantpour avoir une vie meilleure, ça laisse des tracesqui sont là toute la vie, à des degrés plus oumoins importants. Je trouve que les consé-quences de l’abandon, on n’en parle pas sou-vent. Je sais que ça infiltre encore ma vie dansles choix, dans les modes de relation. Peut-êtreque c’est en sourdine, mais quand on en prendconscience et qu’on se dit : Aujourd’hui, je peuxcomprendre, je peux donner sens aux diffé-rents événements de ma vie, c’est éclairé à tra-vers cette blessure d’abandon. Je trouve que çafait un peu froid dans le dos. La force du combatdes adoptés, c’est qu’on a toujours le choix  :soit on décide de rester dans l’idée que l’onest victimes de notre abandon, soit on dit  :Aujourd’hui, on est arrivé là, il y a eu toutes cesblessures, toute notre ignorance par rapport àcette blessure-là, qu’est-ce qu’on en fait ?Je crois qu’il ne faut pas nier les conséquencesde l’abandon. Même si beaucoup de psycho-logues disent qu’il ne faut pas tout relier àl’abandon, à ce que nous avons vécu. Ça laissevraiment des traces !

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> À l’international

Pour les couples ou les célibataires ayant un désird’enfant, s’engager dans le parcours de l’adoptioninternationale consiste à se lancer dans une aven-ture dont ils ne connaissent ni la durée ni l’issue.Une aventure généralement longue, incertaine,faite de hauts et de bas, de démarches administra-tives ingrates, de longues attentes et de coupsd’accélérateurs aussi brutaux qu’imprévisibles,une aventure qui peut se termi-ner avec l’arrivée d’un enfant –et c’est alors le début d’uneautre aventure, celle de laparentalité – ou pas  ! Il fautsavoir qu’aujourd’hui, un peumoins de 20 000 agréments sont en cours de vali-dité et qu’en 2014, 1 069 visas d’adoption ont étédélivrés (à rapprocher du nombre des adoptionsnationales, de l’ordre de 700 à 800 par an). Lenombre d’adoptions internationales, qui reculemaintenant depuis quatre années consécutives,était en baisse de 20 % entre 2013 et 2014.

L’adoption est un double pari : un pari sur l’enfantet sa capacité à s’intégrer dans une famille aprèsun parcours de vie souvent chaotique et un parisur le(s) parent(s) adoptif(s) et leur capacité àconstruire cette famille et à bien vivre la parenta-

lité adoptive. Mais un pari encadré par autant degarde-fous que possible : la convention de La Hayesur la protection des enfants et la coopération enmatière d’adoption internationale du 29 mai 1993(CLH) pose les principes juridiques et éthiques del’adoption internationale, en particulier larecherche de l’intérêt supérieur de l’enfant, le prin-cipe de subsidiarité (priorité à l’adoption nationale

et aux solutions permettant degarder l’enfant dans son pays denaissance), l’établissement del’adoptabilité de l’enfant, l’éva-luation des capacités des candi-dats à l’adoption à accueillir un

enfant, l’accompagnement de la démarche d’adop-tion par des organismes agréés à but non lucratif.Ces principes sont d’autant plus importants que lasituation de l’adoption internationale est devenueplus « tendue ».Dans ce parcours que certains qualifient parfoisde «  parcours du combattant  », où la solidité duprojet des candidats à l’adoption et de leur motiva-tion est effectivement mise à l’épreuve, ces der-niers rencontrent, à un moment ou un autre, laMission de l’adoption internationale (MAI) – que j’ail’honneur et le plaisir de diriger depuis l’automne2014. La MAI – appelée en d’autres temps SAI –

Lors du conseil des ministres du 1er octobre 2014,Mme Odile Roussel a été nommée ambassadricechargée de l’adoption internationale et, à ce titre,dirige la Mission de l’adoption internationale. Ellenous présente un panorama des différentes activitésde cette institution, dont le rôle est de veiller à la

sécurité juridique et éthique des procédures d’adoption, assurant ainsi l’applicationdes principes de la convention de La Haye que la France a ratifiée en 1998.

La Mission de l’adoptioninternationale

L’adoption : « un pari »encadré de règles

juridiques et éthiques dans l’intérêt de l’enfant

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