Lecture analytique nol : La tirade des nez, Àcte I, scène 4 des vers 311 à 364.

Introduction : voir le couns photocopié où I* tirade a été presentée dans I'acte.Vie et oeuvre deI'auteur. Evoquer le personnage de Cyrano. L'acte I est un acte d'exposition qui présente lespersonnages, l'époque, l'intrigue. Cet acte se déroule en 1640 à l'hôtel de Bourgogne qui est une sallede theâte, le personnage de Cyrano n'apparaît qu'à la scène 4 : elle nous permet de le decouvrir. Ils'oppose dans cette scène à Valvert : la tirade des nez lui permet de lui montrer qu'il a peu de repartie.C'est aussi le monde du théâtre qui est évoqué au cours de cet acte. Comment cette tirade permet-elle de mettre en valeur le personnage de Cyrano ? Nous veffons dans une première partie le portraitd'un personnage complexe puis dans un seconde partie nous étudierons le comique dans cette scène.

I. Le personnage de Cvrano :1. Un oortr4l§n acüon:

Le portrait fait par ses amis à Ia scène 2 est confirmé et développé par les propos de Cyrano et sonattitude. Ce portrait vers 101 notammerrt est fidèle.l*nezest placé au vers 4 à la rime et sera Ie sujet de la tirade, car iI est Ia cause des moqueries, lespeetateur peut se rendre compte de cette description physique confirrnée.De plus, le vers 101 signalait qu'il faisait des vers « rimeur », la versification de cette tirade est trèstravaillee, des catégories littéraires et esthetiques nous sont données << emphatique » au vers 27,« lyrique » au vers 31, « dramatique » au vers 29. Le terme << bretteur >» présent dans ce vers est aussiconfirmé, Cyrano fait une joute verbale pour le moment avant de se battre en duel réellement. Le mot<< physicien » est ici repris par le mot « atome »» du vers 46, enfrn, Cyrano est un être cultivé, coillmoon le voit par la réference à Aristophane* au vers 22 , à la tragedie de Théophile de Viau Pvrame etThisbé et il fait preuve dans ses références d'imitation et d'auto dérision « en parodiant ». II avait étéau*si question d'esprit et de répartie ee que les mots « verve » et « invention » précisent ici.Beaucoup d'éléments du portrait sont donc présents.En outre, la tirade de Cyrano peut s'adresser à plusieurs destinataires ( c'est ce que l'on appelle ladouble énonciation) : à Valvert qui vient d'avoir une replique plate et ridicule, Cyrano s'adresse à lui« jeune homme en le dévalorisant. Il est vicomte. Il s'adresse aussi à Roxene dont il est amoureux, ellesuit cette joute depuis sa loge où elle est apparue à la scène 2. Cyrano veut se mettre en avant pour elle,il a du panache, de I'esprit, sa laideur ne doit ernpêcher la jeune femme de tomber amoureuse de lui. Ilcherche à séduire la précieuse, les images de la « conque » et du « triton >> le prouvent, les allusions authéâtre de de Viau aussi (en vogue chez les précieux). Il s'adresse enfrn aux autres spectateurs sur scènevenus pour voir la pièce La Clorise évoquée dans la didascalie.

L'enjeu de cette tirade est de transformer un appendice grotesque,le nez; en image sublimepour donner une image positive de lui-même. C'est un succès car Roxane est admirative (II, 6) etChristian également ( IL 10).2. f,e théâtre dans le théâtre :Par cette tirade, Cyrano devient ecteur, il se met en scène. Après avoir interrompu Ia représentation deLa Clorise, et chassé Montfleury, il prend la place de cet acteur pour jouer lui-même en quelque sorte.Mais il remplace cette pièce dans un registre différent : La Clorise est une pastorale avec des bergers etdes amoureux à la campagner la tirade de Cyrano est une dérision, un détournement d'un appendiceridicule. Cyrano, cofilme on l'apprend au yers 249 n'aime pas la pièce de Baro. De plus, cette tirade faitréférence au theâtre avec Aristophane par exemple et la pièce precieuse. Dans le discourg le théâtre estprésent et c'est-ce que souhaite Cyrano, se mettre en avant en tant qu'acteur et devenir le centre, ils'adresse donc au public aisé << devant ces nobles galeries » et aux spectateurs reels ( c'est-ce que l'onappelle la double destination). Cyrano monopolise la parole, il se lance dans une tirade de plus de 50vers et fait une variation sur un thème , eelui de son nez et il est captble de jouer différentspersonnages comme l'indique le gérondif « en variant )) au vers 3 avec la diérese. Il affirme sa valeuren tant qu'acteur en soulignant ses capacités d'improvisation « par exernple, tenez >» au vers 3. Cetteimprovisation est ce que l'on appelle un morceau de bravoure*, la tirade sera récitée avec brio parI'acteur où Ie présentatif « voilà » Bu vers 43 indique ce qui va suivre. C'est Cyrano lui.même auteur,

acteur et metteur en scène qui souligne sa tirade et non plus le personnage qui parle, le tiret du vers 43annonce qu'il délaisse les rôles tenus pour en revenir à la confrontation active avec Valvert.Cyrano est aussi metteur en scène : il va indiquer la manière de jouer les repliques des différentsinterlocuteurs imaginaires qui s'adresse à lui pour lui parler de son fiez. << monsieur » au( vers 4,11,15,22,33,39 et << l'ami » au vers 25. Cette tirade est propice à une mise en scène, à des gestes pour mimer,pour mettre en valeur les propos. Les didascalies internes, au total 20, indiquent de quel ton on doitprononcer la Éplique « prevenant >> << respectueux >», CSrrano annonce le ton puis joue la replique. Ilexiste une cohérence entre le ton indiqué et les propos tenus : des éléments de la replique reprennent lethème annoncé par la didascalie. C'est le cas pour « curieux )) au vers 10, l'interlocuteur ignore ce quepeut être le nez de Cyrano et cherche à savoir « de quoi sert »> est une question, rcnforcée par leshypothèses exprimées par la conjonction de coordination « ou » « écritoire » ou « boîte à ciseaux >>. Demême pour « militaire » au vers 37, I'ordre pour le combat est marqué par l'impératif « pointez »» et pourle ton « descriptif » au vers 8, on note la présence de présentatifs « c'est r>, des termes de géographie etdegéologie«pic»«cap»«péninsule»«roc>>.Lamiseenscènerespectel'espritdecequiestdit.

3. Un duel verbal.;Cyrano est un bretteur : ceüe tirade se veut être une réponse à Valvert. A la réplique ridicule du vicomtes'oppose l'abondance de latirade de Cyrano : il semble passer en revue toutes les possibilités de réponse.Cela souligne la richesse de son esprit pour mieux faire ressortir la pauweté de celui de Valvert. A << unpeu court » repond « bien des choses >>, les points de susponsion du vers 2 laissent deviner lespotentialités de son esprit. A la tirade des nez succède l'altercation plus directe « voilà >r au vers 43indique le changement, on note la présence de << vous » aux vers 43,44,46 et 47 . Iæ champ lexical del'esprit avec les mots << lettres » << esprit » « invention » « verve » accuse directement Valvert destupidité. En effet, ces termes ne s'appliquent pas au vicomte ce que montre le chiasme (( verve »« esprit », l'utilisation de la négation « vous n'en eûtes jamais >> renforcée par l'adverbe « jamais » etla négation restrictive » vous rt'avez que » indiquent le manque d'esprit de Valvert. Le mot << lettres »>

est employé avec deux sens différents ( syllepse ) : il désigne la culture et les lettres de l'alphabet auxvers 46 et 47 ( à citer ). Cyrano proGre aussi des insultes comme on le voit avec le superlatif placé àla césure « ô le plus lamentable des êtres »» et << sot )) au vers 45, cæla semble indiquer le mépris deCyrano qui s'adresse à Valvert par les deux points indiqués au vers 47. Mais Cyrano men&ce : il utilisel'irréel du passé (( vous m'auriez dit » << eussiez-vous r> << si vous aviez >> ( une condition) pour l'opposerau présent des actions que Cl,rano va faire « je... sers » au vers 53, « je ne me permets pas (( au vers54. Au vers 48 << d'ailleurs » rejette aussitôt la possibilité que Valvert ait de I'esprit. Il le menace ausside ne pas le laisser parler, l'hyperbole exprime le fait que Cyrano est d'un tempérament vif et qu'il nese laisse pas insulter « le quarU De la moitié du commencement d'une >r : il est réactif. L'omniprésencede « je »» dans ce prlssage montre que Cyrano domine le duel, 3 occurrences de « je »» sont placées auvers 53. Valvert est l'homme que de Guiche veut faire épouser à Roxane, la victoire de Cyrano est ainsiune manière de montrer qu'il ne craint ni l'homme de main, ni son protecteur. Cetûe joute annonce Ieduel qui aura lieu sur scène.Cependant, conformément au caractère du personnoge, cette tirade propose aussi l'utilisation d'unregistre comique qui permet d'ut I toutes lesfacettes du personnage de Cyrano,

rI. Le resistre comique:

1. Une tirade structr+rée :

Cyrano fait les demandes et les réponses en même temps : il annonce le ton employé et fait lesrepliques adéquates ( citer un exemple). Il exclut son interlocuteur lui confisque la parole, il crée uninterlocuteur plus spirituel, cela donne un effet de dialogue comme si une autre personne intervenait.Avec les deux points et les guillemets. De plus, sur le plan de la syntaxe, on note une répétitionrythmique d'une structurp grammaticale : un adjectif annonce le ton ( sauf pour le dernière variation),ces adjecüfs sont très variés. De même dans les modes : exclamatif « admiratif » « emphatique »« dramatique >>, interrogatif « curizux » « lyrique » << naïf >» et imperatif « prévenant >> « tendre »»

« militaire r». Les 20 tons presentés sont très variés : ils qualifient des registres « lyrique >>, tragique avec« Pyrame »>, des registres de langue « campagnard » et font allusion à des comportements « agressif »« re§pectueux »> <t prévenant ». Quant la métrique, des rimes structurënt le passage : un mouvement

jusqu'au ton « pédant >> où les rimes suivies sont à cheval sur des énoncés diffirents constitués endistiques la plupart du temps sauf pour << gracieux >> « truculent » et « pédant ». La rime relie les unitésentre elles. Puis, un second mouvement où les rimes assurent la cohésion du distique ou bien l'énoncéne s'étale que sur un vers. La tirade est structurée par les sonorités : rimes intérieures « hé, ardé »(( nez » « pointez » << voulez » aux vers 35 à 38 et assonances en [i] aux vers 4A et 42, allitérations en

[p] et en [k] aux vers 5 à 10.

2. La stratêgie du rire :Diftrents comiques sont placés ici : Ie comique de mots avec le néologisme ridicule formé de plusieursnoms d'animaux au vers 23, hippocampe éléphant chameau. Des termes campagnards avec laprononciation et la syntaxe adéquate « ardé >» << c'est-y »> << nanain >r << queuqu' »> << ben ». Cela renvoieau comique traditionnel, présent notamment dans les comédies de Molière notamment *. Il considèreses répliques comme de « folles plaisanteries » qui vont provoquer la joie et le rire, les propos sontexuberants et afiichent une certaine légèreté. Læ comique de caractère : diftrents traits de lapsychologie sont mis en avant avec «naîf»> << ourieux»> et <<pedant»». Enfin, on peut llenser aucomique de gestes, on voit mal un acteur statique en jouant cette tirade , la mise en scène doit en effettenir compte du visuel. Ensuite, le nez fait rire aussi : Ia puissance de l'imagination est telle que Cyranoassocie son nez à des images telles que l'hyperbole et la métaphore , l'exagération appuie sur l'aspecthors norme de ce nez avec l'accumulation et la gradation« pic » « cap )) (fioc )) « péninsule »>, mises envaleur par le fait que Cyrano se reprend avec « que dis-je » qui accentue la gradation. De même « aucunvent << et « tout entier )) au vers 2l-28. La métaphore est présente et permet une création poétique autourde cet appendice : il devient un nez baroque à l'image de son époque , c'est un nez protéiforme, capablede prendre des aspects complètement diftrents , le réferents sont empruntés à diftrents domaines: lavie quotidienne « écritoire » « boîte à ciseaux >r « cheminée », aux quatre éléments , l'air pour le ton« empathique << , Ia teme pour le ton « descriptif », l'eau pour le ton « dramatique » avec << la merRouge » et le feu pour le ton « truculent ». Le caractère surprenant de ces associations provoque le rire.Cyrano a la capacité de rire de lui-même qui est la principale qualité de l'humour.3. L'émotion derrière le rire:L'évocation de la tragedie de de Viau pour finir montre que I'amour entre Cymno et Roxane seraimpossible comme dans la tragédie, les deux protagonistes meurent. L'évocation d'un visage défiguré<< traits » « détruit l'harmonie r», la personnification du nez et la honte devant ce qu'il a causé << enrougit >>, l'accusation portée « le traître » et la laideur du nez concourent au rire tout en faisant réfléchirle spectateur sur cette difformité handicapante. Mais la prÉsence du terme « sanglot » au vers 40 placéà la rime annonce le thème de la tristesse et de la douleur. Le rire est ici une manière d'éniter desouffrir et de révéler de façon masquée que ce nez est un objet de souffrance : on se moque de soiavant les autres << Je me les sers moi-même.../ mais je ne permets pas qu'un autre me les serve »> auxvers 53 et 54. Cette interprétation pathétique a souvent été occultée par les metteurs en scène.

Conclusion:Nous avons donc vu que la tirade possède une utilité dramaturgique, elle n'est ni supprimable nidéplaçable, elle occupe un rôle majeur dans l'acte d'exposition elle permet au personnage principal dele mettre en valeur et de faire oublier sa laideur grâce au langage, c'est notre premier contact avec lehéros et le spectateur est conquis : il peut ainsi avérer au personnage pour le reste de la pièce. Nouspouvons rapprocher cette tirade de celle des "}.üon merei" de l'acte II, toutes les deux définissent bien lepersonage de Cyrano.NB : les termes désignés par un astérisque sont à définir par vos soins ( voir cours).

COMMENTAIRE DE LA TIRADE DE CYRANO DE BERGERAC. II. 8.

Problématique: Quei statut Cyrano revendique-t- il pour le poète dans la société de son temps'?

I. Le nefus de [a compromission:

A. L'expression du refus:

un refus catégorique et plein d'ironie: Cyrano fait lui-même les questions ( 12 en tout) et

les réponses, toujours identiques, «non, merci.>> ( 8 en tout). Comique de I'anaphore,

souvent mise en valeur en début de vers. Un rejet vers 16-17 pour varier. Les 3 derniers, v.24, indiquent une position définitive sur laquelle il ne reviendra pas. La compromission,

certes, ne gêne pas les autres auteurs mais ce style de vie ne lui convient pas du tout. Qu'onle sache!

Une accumulation d'infinitifs ( environ l8), souvent placés en début de vers, qui

représentent autant de comportements avilissants mais nécessaires pour réussir. Ce sont

les contraintes que les écrivains à succès de son temps sont tenus d'accepter et qu'ilobserve régulièrement.

Ces verbes évoquent souvent des actions humiliantes: v.l1-12-13, images qui suggèrent laservilité. On pense aux expressions familières: se mettre à plat ventre devant un supérieur,

se mettre à genoux, faire des courbettes, attifudes qui sont celles du courtisan, pas de

I'homme libre. « Déjeuner d'un crapaud» rappelle avaler des couleuvres, c'est-à-dire toutaccepter sans protester, ce qui est indigne et méprisable.

B. Le mépris des poètes protéeés et soumis:

ils représentent une très grande majorité: « corlme ils font tous». Cyrano insiste sur sa

différence et sur son cas personnel qui est unique.

Ils sont ambitieux, ils veulent « grimper, monter haut »: , ils cherchent la sécurité, assurée

par " le protecteur ", le confort matériel et le succès. On pense, entre autres, à Molièresoutenu par Monsieur et La Fontaine par Fouquet.

Ils ne sont pas heureux: ils vivent dans la crainte, " être terrorisé", " avoir peur, être blême",sont les sentiments de celui qui est soumis à la tyrannie de I'opinion, celle des protecteurs

et des journaux corrme le Mercure François. On note le décalage entre I'hyperbole "être

terrorisé" et "vagues gazettes", des journaux sans importance, décalage donc entre I'effet et

la cause. Les expressions" chaque jour", "sans cesse" montrent que la contrainte est

permanente. D'autre part, ils doivent sacrifier leur plaisir personnel à l'utilité: " travailler àse construire un nom sur un sonnet" alors qu'ils préËreraient " en faire d'autres", " faire une

visite" au lieu d'écrire "un poème".

S'ils réussisent, c'est en trompant: ils grimpent " par ruse" et non " par force", ils n'ont pas

de talent. Ils mentent aussi, en ne découvrant " du talent qu'au mazettes"- L'important est

de " se faire présenter", c'est-à- dire acquérir des relations'

La comparaison avec le lierre est très dévaiorisante car cette plante seule ne peut exister.

Le poète obscur profîte de la notoriété d'un homme puissant. En contrepartie, il a des

obligations envers lui. L'expression " léchant l'écorce" fait penser à lécher les pieds, ce qui

est déshonorant.

C. Le mépris pour les mécène

* ils sont puissants, " financiers" ou "ministre": ils représentent donc le pouvoir politique et

celui de l'argent. Leur puissance semble solide, allusion au "chêne", symbole de

robustesse et de longévité, et au "tilleul". Satire du ministre: son sourire sinistre évoque

sa supériorité, le mal qu'il peut faire autres et dont il s'amuse. Le" bouffon" s'efforce de le

distraire et de le flatter. L'adverbe" enfln" suggère tous les efforts qu'il faut fournir pour le

faire seulement sourire et qui n'en valent pas la peine.

- S'attacher un poète flatte I'orgueil du protecteur , accroît son prestige: en effet le poète est

obligé de " dédier des vers aux financiers". Le poète a donc besoin du protecteur et le

protecteur du Poète.

Atx yeux de Cyrano, tout cela est vil. Il utilise un ton provocateur, très polémique. Il est

certain que ce geffe de propos lui apporte beaucoup d'ennemis parmi ses contemporains.

- En refusant l'aide des puissants, il les nargue

ii. E uéloge de I'indépendance:

mis en évidence par les points de suspension placés après " mais".

A. Antithèse avec la 1ère Partie:

- le seutr point comrnun est la reprise du mêrne procédé, l'énurnération Ces inirnitifs( environ

15). Cyrano énonce ici toutes ies situations agréables dont le poète protégé ne peut jouir.

Ces verbes s'enchaînent avec fluidité et lyrisme et l'on ne retrouve pas le ri,'thme heurté des

"non, merci".

- Les phrases interrogatives laissent place aux exclamations qui expriment I'enthousiasme et

le plaisir de la liberté.

- " quand il vogs plaît" s'oppose à " chaque j our" et " sans cesse". Cyrano est un épicurien, il

profite de I'instant et de ses envies. " Travailler sans souci de gloire ou de fortune..."

s'oppose à " Travailler à se construire un nom...."? En effet Cyrano , conttairement aux

autres, ne cherche ni à gagner de l'argent ni à avoir du succès. " se dire: mon petit...-"

s'oppose à " se dire sans cesse...". " N'écrire jamais rien ...." s'oppose à "rédiger des

plaCetS". " IêVer" S'OppOSe à "CalCUler". " Chanter, rife" S'OppOSent à "aVOif peuf".

- Lacomparaison avec le lien"e est reprise en fin de tirade, qui est ainsi parfaitement

bouclée: Cyrano refuse d'être le lierre rampant'

- " pour un oui pour un non", les négations "n'écrire jamais...", ne pas être obligé...' insistent

sur la liberté totale.

" methe son feutre de travers" exprime le plaisir de se marginaliser, de refuser les codes

sociaux.

B. L'expression du bonheur:

. lesv.24-25 chantent I'insouciance et le plaisir d'être.

Le poète est celü qui rêve, pense même à un voyage " dans la lune", il est détaché des

contingences matérielles.

Sa liberté est totale: avec son " oeil qui regarde bien", il observe le monde qui I'entoure, ses

contemporains et leurs travers; avec sa " voix qü vibre", il s'exprime librement et dénonce

ce qu'il veut. Il est maître de lui et se sent exister. Cyrano est bien héros romantique exalté,

épris d'idéal et de liberté, refusant le moindre compromis.

L'image du " jardin" évoque aussi un bonheur simple mais très authentique.

C. Le réalisme et la modestie de ses ambitions:

Cyrano est à la fois orgueilleux et modeste: il souhaite " monter", " triompher", mais " tout

seul".. " pas ...bien haut" s'oppose à " tout seul".

v.32,1lutilise lui- même I'adjectif "modeste", vers 35, I'expression "un peu". Mais ce "perr"

aura à ses yetrx beaucoup plus de valeur que ce que les autres obtiennent.

Les pronoms " soi" v.32, "toi" v.34, "soi-même" v.37 montrent qu'il ne veut être redevable

à personne, tout le "mérite " sera uniquement porn lü. Il n'aura " rien à rendre à César".

Allusion au jardinier qui récolte les fruits de son travail et seulement de son travail et sait

s'en satisfaire. I1 sait se contenter aussi "des feuilles"-

Il est lucide: le triomphe peut n'être dû qu'au hasard mais il accepte cette situation.

Cette attitude est très digne et courageuse.

CONCLUSION:

Le statut du poète revendiqué ici est en total décalage avec les pratiques de son temps.

Cyrano affirme ainsi sa marginalité.

Dans ce passage, il se montre poète génial, esprit indépendant, batailleur, " grande gueule".

C'est un personnage doté d'une grande personnlité, plein de panache et attachant.

Cependant sa verve satirique lui coûtera cher car il terminera sa vie dans une pauvreté

extrême et mourra, victime d'un accident provoqué par ses ennemis.

Lecture analytique no5, Acte v, scène 6 : étude du dénouement.

Edmond Rostand écrit en lgg]_un drame romantique, reprenant rà re genredramaturgique de prédilecti,or * Xx è*;;;";ïiî rri," de Hugo, Dumas, Vigny etMusset' cyranp-dê Bergerac ;;ii."*u dès sa representation un triomphe au théâtreest une « comédie heroique » mettant ", ,"err" t" i"-rro*uge éponyme amoureux desa cousine Roxane' Poète' breueur, amateur de berËs phrases et de Âots garants, avecpanache et bravoure, cyrano ,u

"ea", ,u ptu"" ,, o.îlr.grrrrstian qui uiÀl .t est aiméde Roxane: il est l.:y l,_qr. q*ôy.*o Ë.ririj, ..Iîore r* une frotubérance nasare

|T:,:,îiHïî: Yîïîffi*leurt au siège d'Anas et Roxane décide arors decouvent, cvrano ndère o *1",i;iïL1J', i:ir* îi,H î#ff :,#,r,,'u TrT rsamedi Ià où cyrano qui s'est aii o" no,nuÀ*-Jinl-i, liuéraires reçoit une poutresur la tête : , arrivg uu .o.rr.ntJ.rré .ü;;;;H; morr et Roxané découvre quec'est son cousin qui rui e"rivait'a"._rig*ï,"-"rî.. [r"rr", ,orr, i",

"**téristiquesde ce dénouement ? Nous etudierons tout d,abora tà trrome de la mort, puis nousanalyserons en quoi Cyrano ur"àu r"gistre pathétique.

La mort est dans cette scène décrite 9. Pt"l double, elle est à la fois une ennemie

i:ri,t#::.mais c'est u'.ti t'offorr,nité d" f;;;;per à ses propres compasnons,Tout d'abord, la mort est une ennemie : en effet, la révération qui a eu lieuprécédemment laisse Roxane ptJ.*r9 sur scène ,nuir-t.tt.-ci n,intervilnt que deuxfois dans notre extrait : au i"ri-îssq,.,, pràr*.. le nom de cyrano avec uneponctuation expressive « cyrano lrJ au ,"rr)szi po* poser une question << c,est? »' cvrano esr donc .n,o'*J à. ày"u1r. F o*,ïi"u, d" ses amis Le Brer etRagueneau qui eux aussi sont au second pt* r't. teios est seul face à Ia mort. Ilprononce donc un monorogue tant les ;rt "" ;;;;.g.s sont muets (et doncdiscrets). n s'adresse arors à ru rraàrt.et l,attend'à" oàa r"rre avec courage. Lesdidascalies montrent sa force de caractère, aooquii eisi araiuri par un accident « selève brusquement» «se raidit» «il tire r;epe.,,=oil Ë. son épée» «, frappe sonépée »"' Tous ces verbes d'action Lontreni*. e.r.rgi" hors du commun qui donneune idée très précise de la déterm;;g, ar-p*o*us!'l-o* d" son duer uu"ôbMort.Il Ia voit de prus corlme une ennemie qu,ir ari-*,îü*e et son caractère gasconreprend le dessus, il Ia désign" uu., r.. f-r;; p"rïà*"r « ere » aux vers 2551,2ss2,2ss4,zsss. p[" semuie *J; le ïon ;;;;üur venir à bout de ce héroscoriace' EIIe est représenrée ro,i"iu-â*..a,*" àii;;;. cornme on le voit par resimages « botté de marbre, o g*ieâe plomb r, ,, *,o,r, ï. mettrezà bas » qui sont despersonnifications et la mort

"tt egui.*ent évoquée comme une rédemption avec lesmots << Dieu » et « mon.salut ». Le"groupe nominar au ve.szss5 « ra camarde » figurela Morr sous les trairs d'un rqrJ"ri.. ii veut "Àbu.i.;;Morr comme on re voit parson jeu d'épée qu'il-« agite »'pour faire banièr, .#;;lje er _rui. cet objet fait partie

ff :nir,.i],ne t,abanào*. qu. â.ii, g yn ,, iefË..r,e.r,appe de ses mains »>,

connaission.;,;;i;,Jiiï::trrHî::{hifl:îï,,jliiî:îf rï:fîilË

i!ii#ïîï,',î"iii;Jiflff,",','i;f'rester rucide et ironique o".go* grinsante «

héroi'sme. il;, *;ri l,attend. e >»' cette remarque est en adéquation u*" ,o,

Ensuite' cyrano rencontre d'autres éléments qui vont le trouver au seuil de la tombe

:-,r'r*î:*,i@:',:îH:d:::"t ffii:Ii te,,es que,e Mensonge,,esdurant route sa vie sé ;éf"rJ; ;rc ses armes .onoJîruïi,A::iii:f?;ïil,,î;, :ïqui a joué en sa aia1"r. f"irJno"*.-.b" .;î,it* gr*a handicap « mon nez ))cornme il I'évoque lui-même uu ,.., ;,\;.;î.il;,j. et s,en sert comàe on .a vu àt'acte I' scène.+' , t".,,l* r"riar.**;;i;;ii""r. tort., : Ia sonise, celre qui nefiffi":lï#'ï ï:*:friiiet I'appareni;'î;: ces maux ,oni-àz.ig,és par requi éxprim"-iu ,u.prise ici. L. o:11 1' vers 2560, précédés o. r'i"il.jJJtion « Ah ! »indissociabr.,rusouË;,*'rr'".,ffii,i:ïiiJ.àlË:î..,"f

ff ,î;fï"1f îruroie au vers 2s63. c"u" i"tirniË p.er.rt" ;;ilïrd".:l *" p.o"i*iie entre eux :cyrano I'a côtoyée rumr*..rr. 1*, ,";i;.ï;x- érémenti végétaux viennenrensuite svmboliser d'ug:

: ir sr"ir. .tlu ,i.àrî. ïre raurier,

"iiüou, pour Iedeuxième « ra rose ». n perd torrt face a .* a.î" erements ma; ;ï provoquecolnme on le voit par I'impératif « anachez t , auà, zsar.piiiii'n" ,",,ure pas,i#:'i*.iîî,i,î:'[[f i:ïîj: jr;ï*irr*11Ë;i,ï.i".,u,rapiàce

ËHî:*fl :ïï;ïLT:'îïtr§,;;,i3ç,,r;ï,,#f [ï:#î,:îiî*ti:tcyrano est donc pra: ato*i,

",î}n*,".i;;;.t-iet" huut". Mais il monfte aussidans ses dernières parores ,u rrrri*ique et son don pour Ies mots.Cyrano est aussi un poète dans une scène pathétique.En premier rieu, ir s'est vant?;;T* ùrg j"'r, pièce de faire preuve de beaucoupd'esprit' ses repliqu.t .o.ri ro"'r-,riir. uu.. L. ;il; étudiée et un choix de motsopporruns' Ainsi, ses phrases ro*irul.,

", dul;;il'îâi," ot uit font mouche mêmesi eles paraissenr ae.àrru", ;;;;; zsqg,islô,iiii)Nz et 2571Eues exprimentdes souhaits de faire u at-iJË'#r. en soritaiü i.rii*o montrenr son hésitationnon pa§ dues à la perte de ta vervL lnais a ,u üËr}ïqui Ie fait souffrir. La morr re

trouve chaussé et ganté de marièrer r"*à., *;;#;î:, comme on re voit aux vers2s5t et 2ss2. un_ vocaburui.. *àiioratif intervi;;ü;; de.même puisqu,, évoquel'espoir au vers 25_17, r. u""r1j "î vers 255g, ru Àioi.l_er ramour uu ,àr, 2566, rapureté au vers 2s70. Le rire.rt u*ri prer"rtlr.,Ë* irur. cyrano pourrait être unpersonnage de tragédie par sa nobresse de rargage ;; I;;", qu,1 utlise ici, entre lesexclamatives et les q.r..iiorr. rrreioiquo « que aîtes-uàu, 2... c,est inutile i...le saisli:iîf,l:Ë#îfJ: j:flî"ïJ",.îiiffi

J:;::1i1"Js:,adesonbagageEnfin' si cvrano se.rir de râ rri"n, , n,.n Àr"iuJîoin, que cene scène met sadisparition en vareur, il est abattu uit., qr. dans àutsia pièce 1 combattait mêmequand ir était ef,Êacé urr. Roxur. fri "*.*pre. pour re spectateur, sa fin est prochepuisque ce dernier-a assisté a son Jrria* ,

ju-piiùîriafu. bien présente, on anendavec angoisse sa chute co*me on Ie voitp* Ë.;;;r"îr., « un grand frisson » demême que Ie silence au vers 255r etr. ,h*ài*;;; vers 257r. L,interventionsimilaire de Roxane-et de Le Breitri*,.* ra t"neu, q.i,i_ptiqr" cette exposition àla mort au vers 2554' ru ptJttï*'îu.tt.- de RaguenËâu est ere aussi du registrepathétique, on retrouve urrri .. pathétique dans sa i"r"ni! ,rerile de rester en vie, et ilrefuse de pactiser avec renn"iri uu--* rs 2562.t r*.. des questions rhétoriquesmontoant sa rucidité

3y vers 2ss6. c'est alors * ri"iiî"îme fatigué et bressé qui neIaisse pas prace à ra faibres*ïrrrniri Lrrr. -il;üËî. ,., compagnons comme

on le voit at]x vers 2549 et2550. L'impératif et l'adverbe de négation s,inscriventdans un pathétique.qui conduit te puuti"à souhaiter vJi'r". ,orff.-ces se terminer.L'épée est le seul élément qui trou"" gré à ses y"u, fà. qu,elre symborise tout cequi fut lui, courage et bataiile et ses seurs souti.rr'ront. r,épée et l,arbre, cyranotrouve en des éléments la force qui lui faut, les il"; ffi"ins ne lui apportent pas cesoutien, il n'a pas besoin d'eux. Le héros est soritaire comme on re voit parl'omniprésence de « Je » dans cette ,.0r. ur* ,.r, iii'irss2,2554,2s64...). Enfin, repathétique rebondit une dernière fois dans les o"u* i.-ières didascalies lors dudernier échange avec Roxane. Elle est ce,e qui l,a à..o.pugré ors des quinzedernières années de son existen"L ., qu,it a aimée en secret. Le fait de Ia:::ffiiiiïifÏï:,il: uttime sursaut dà cet amour ouseoa,t qui luia aii.ai.. r.

La disparition de cyrano marque le terme de la pièce, cette scène de dénouement est àla fois intense et ecrite avec interrsi,é-.;r effet, on ."o"r* ici les caractéristiques dece ÿpe de scène : ra rapidité et ra_comprétude. i,r;;;;; li"r, lu morr est intervenue,et I'intrigue amoureuse est résolue, àc,n. si eile rui.r" ie l,amertume auprès despersonnages vivants. on peut comparer ceffe scène au dénouement de Ruy Blas, rehéros disparaît au moment où son amour est partagé et pourrait se concrétiser. commedans le drame hugolien, la pièce r. .râ, .ri* ,*t iÂp"rtant << merci » pour l,un et« mon panache » pour notre texte.