Merci d’être venusCompagnie Volpinex

Théâtre d’objets

Primaires : CP-CM2Durée 65 mn

Représentations scolairesLundi 4 mars - 9h45 et 14h00Mardi 5 mars - 9h45 Mer 6 mars - 9:45Jeu 7 mars - 9:45 et 14:00

Représentation tout publicMardi 5 mars 19h00

Au TDB

D'après « Les sept voyages de Sindbad le Marin »Extrait des « Mille et une Nuits »

Le spectacleL’histoireC’est celle de Sinbad le marin, un des contes des Mille et une Nuits. Ses sept voyages occupent précisément les nuits 69 à 90. Au XVIIIe siècle, c’est Antoine Galland, un traducteur français, qui permet aux non-arabophones de découvrir les contes des Mille et Une Nuits. Il deviendra l’auteur des célèbres Ali Baba et les quarante voleurs et Aladin et la lampe merveilleuse. Des contes issus d’une double culture donc, puisqu’écrits par un français imprégné de culture orientale. Durant ses voyages dans les mers de l’est de l’Afrique et du sud de l’Asie, Sinbad vit de nombreuses aventures fantastiques. Les aventures sont basées, d’une part, sur de véritables expériences de marins de l’océan Indien et, d’autre part, sur d’anciens textes de sources diverses (dont L’Odyssée d’Homère) ainsi que de nombreuses légendes perses et indiennes.

La mise en scène

Elle, stricte et pincée, et lui, débraillé et foutraque !Ce duo improbable, qui n’a d’assorti que les costumes, nous emmène sur les traces de Shéhérazade et les Mille et Une Nuits.Pas peu fiers, Marie-Carole et Jean-Frédéric ouvrent une à une sept valises pour en dévoiler le contenu : les sept voyages de Sindbad le Marin, bricolés selon un procédé différent à chaque fois.Pour chacune des valises et chacun des voyages, l’histoire est racontée différemment. C’est une palette de multiples formes assimilées au théâtre d’objets qui va naître sous les yeux du spectateur : théâtre de papier, d’ombres, d’objets figuratifs ou détournés, minuscules fèves en porcelaine filmées et projetées sur grand écran... Les deux acolytes ne reculent devant rien pour maintenir le public en haleine car l’enjeu est de taille.Comme Schéhérazade qui promet à la fin de chaque histoire que la prochaine sera plus étonnante et plus surprenante que la précédente, les techniques utilisées rivalisent d’inventivité pour chaque récit. De voyage en voyage, on retrouve les rayures bleues comme un code couleur qui caractérise le personnage de Sindbad le Marin.

Les intentions "La compagnie Volpinex, toujours friande de ‘’ bidouille ‘’ d’objets et de mixage de techniques dans un univers décalé, élargit ici son champ d’action en explorant le jeu clownesque.Le spectacle est drôle et le ton léger, mais le propos, au-delà du plaisir des yeux et du rire, est double.D’abord un clin d’œil au questionnement actuel sur la nécessité de la Culture. Avec humour et légèreté, osons le parallèle entre la position délicate de Shéhérazade qui s’improvise conteuse le couteau sous la gorge, et celle des artistes face au besoin vital de convaincre. Mais le choix d’une histoire qui se passe à Bagdad n’est pas innocent : le propos essentiel du spectacle a trait AUX cultures et à l’importance de pouvoir encore longtemps écrire ce mot au pluriel.À l’heure où se distille lentement mais sûrement le poison de l’intolérance, nous voulons mettre en avant le lien qui existe entre les cultures, occidentale et moyen-orientale, et replacer l’humain au centre des débats.

Quant à Sindbad il est loin d’être un personnage lisse. Héros ou anti-héros ?S’il se sort miraculeusement du pétrin à chaque fois, c’est souvent grâce à une absence totale de scrupules pour sauver sa peau au détriment de celle de ses camarades.Pourtant, partout où il va, il finit par susciter l’admiration des autochtones qui voient en lui un héros total. Ceux-ci, notamment les puissants, le couvrent de cadeaux pour le remercier d’être venu jusqu’à eux.

Ce personnage ouvre donc des perspectives de réflexion sur les conditions de la réussite, et les critères sur lesquels on se base pour trouver un parcours de vie admirable et enviable. Chez Sindbad, la soif de pouvoir et d’argent est grande. Elle suscite chez les deux conteurs du spectacle des sentiments opposés : admiration pour l’une, scepticisme pour l’autre. Cette divergence d’opinion nourrit le jeu clownesque." La Cie Volpinex

Conversation avec Marielle Gautheron et Fred Ladoué

Pouvez-vous présenter le spectacle en quelques mots ?C’est un spectacle de théâtre d’objets et autres “formes assimilées”. Nos deux personnages présentent de manière humoristique 7 formes différentes de théâtre pour raconter les 7 voyages de Sindbad le Marin.

Quel(s) est (sont) le(s) thème(s) abordé(s) ? Les histoires de Sinbad sont un prétexte pour décliner ces différentes formes. Nous avions envie de montrer au public ce qu’est le théâtre d’objets, mais aussi d’autres formes comme le théâtre d’ombres, de papier, la captation vidéo en direct et encore d’autres choses qu’on a inventées. Mais il nous permet également de parler des liens historiques entre les cultures occidentale et orientale car c’est un thème qui nous tient à coeur.

Qu’évoque pour vous le titre du spectacle ? Nous avions choisi ce titre à cause d’une blague que l’on fait au début du spectacle (vous la découvrirez le jour J, surprise !). Puis finalement, au cours de l’écriture du spectacle il a pris plusieurs sens auxquels nous n’avions pas pensé avant : l’importance du partage, de l’ouverture, être attentif à ce que les autres peuvent nous apporter, mais également la nécessité de la présence d’un public pour que le théâtre puisse exister.

Pouvez-vous nous présenter brièvement les personnages ?Il y a des personnages joués par des comédiens (nous !) et d’autres représentés par des objets ou des figures.Nos deux personnages, Marie-Carole et Jean-Frédéric, animent la fête de la paroisse avec ce spectacle qu’ils ont préparé ensemble avec les moyens du bord. Ils racontent l’histoire de Schéhérazade qui raconte à son époux le Sultan l’histoire de Sindbad. Celui-ci est un marin qui est devenu riche et puissant grâce à ses 7 voyages au cours desquels il a vécu des choses extraordinaires et incroyables. Il a toujours beaucoup de chance et fait tout pour s’en sortir sans aucune pitié pour ses camarades, son but étant de s’enrichir un maximum.

Quel est le dispositif scénique ?Sur la scène côté cour (à droite) il y a 7 valises empilées de la plus grande à la plus petite, une pour chaque voyage. Il y a également une table au centre, et côté jardin (à gauche) 3 guéridons avec des objets orientaux (service à thé, plateaux, lampe...).

Pouvez-vous nous décrire le processus de création de ce spectacle ? Nous avons commencé à travailler sur ce spectacle en 2014 dans le cadre d’une résidence en collège. A l’époque, nous avions choisi plusieurs contes traditionnels (Barbe Bleue, Le Petit Poucet, La Belle au Bois Dormant, etc…) pour les décliner sous différentes formes. Puis les attentats de Paris en 2015 nous ont bouleversé et nous nous sommes sentis un peu bloqués dans l’écriture. Il y avait comme une impossibilité de continuer à travailler sur un spectacle aussi “léger” sur le fond, nous avions envie

de dire autre chose… Alors nous nous sommes intéressés aux contes des Mille et Une Nuits et nous nous sommes rendus compte qu’ils étaient un excellent moyen de parler de paix entre les peuples puisqu’ils sont le fruit d’un travail mélangeant deux cultures (ça aussi vous le découvrirez au début du spectacle). Les 7 voyages de Sindbad le Marin nous offraient un fil conducteur parfait pour notre idée de florilège de formes différentes. Et le fait de choisir un conte oriental permet à Marielle de faire à la fin du spectacle ce qui lui tenait à cœur… Ha haa, que de suspense ! ;-)

Pourquoi avoir fait le choix de travailler sur une pièce en direction du « jeune public » et que signifie ce terme pour vous ?En fait nous n’avons pas choisi de nous adresser au jeune public. Il y a beaucoup de second degré dans ce spectacle, ce qui fait qu’il s’adresse aussi bien aux adultes qu’aux enfants. En général on n’aime pas trop mettre les choses dans des cases. On adore entendre dire à la sortie du spectacle que tout le monde s’est régalé, les parents, les enfants et même les grands-parents. Pour nous, le public idéal est un public familial parce que tout le monde ne réagit pas de la même façon au même moment et ça amène une ambiance vraiment très vivante qui nous donne la pêche ! Après tout, les adultes sont des enfants devenus grands ! Et souvent ils nous disent qu’avec nos spectacles ils retrouvent quelque chose de l’enfance et ça les rend joyeux. C’est peut-être ça que nous évoque le terme “jeune public”: un public qui aime être jeune, quel que soit son âge !

La distribution Ecriture, jeu, manipulation : Marielle Gautheron, Fred LadouéRegard extérieur : Siegrid Bordier (Cie Le Bestiaire à Pampilles), Béla Czuppon (Cie Les Perles de Verre)Scénographie, construction : Didier Mahieu

La Compagnie Volpinex :http://www.volpinex.com

La presse en parle…

" TT "Avec l'impertinence, l'invention et la drôlerie qui la caractérisent, la compagnie Volpinex réalise une étonnante fresque visuelle. Un exercice de style intelligent et joyeusement inattendu." (Télérama 24/10/18)

"Dans "Merci d'être Venus", Fred Ladoué et Marielle Gautheron déploient leur génie de la bricole et leur humour impertinent. On rit beaucoup, et au-delà de ce plaisir on redécouvre la richesse de ces contes orientaux et l'importance de continuer à regarder vers d'autres cultures." (Midi Libre 04/01/17)

Les pistes pédagogiques Avant le spectacle- Construire des hypothèses

¤ A partir des propos des comédiens : peut-on imaginer le spectacle qu’ils vont proposer ? Que laisse percevoir leurs réponses ? Quels sont les objectifs du spectacle ?

¤ A partir des vidéos proposées par la compagnie.https://www.youtube.com/watch?v=2M8isiR4CHAhttps://www.youtube.com/watch?time_continue=8&v=2_mvZIri2HgEn particulier à partir e la première vidéo : Quel spectacle ? Pourquoi ces objets ? Quel rôle pour cette « table » ?

¤ A partir du texte des Mille et une nuits : Imaginer comment représenter ces histoires sur une scène, avec deux comédiens seulement.

Pour aborder l’œuvre en cycle 3 :-Histoire de Sinbad le marin, Gallimard, Folio junior, 1999-Livre « Sindbad le marin » adapté par Gérard Hubert Richou aux éditions SED -Dossier 1001 nuits de www.ecoledeslettres.fr © L’École des lettres des collèges 2005-2006, n° 6-7

-Se préparer à se concentrer, regarder, entendre, sentir¤ Avec les images du spectacle :

Quels sont les objets qui peuvent servir ? A quoi peuvent-ils servir ?

¤ Assister à un spectacle, c’est aussi aller à la rencontre de certains comportements spécifiques :Comment se comporter avant le spectacle ? (Arriver au théâtre, avoir son billet, se placer dans la salle, attendre que le spectacle commence, etc.)Comment se comporter pendant le spectacle ? (Peut-on parler à son voisin ? à quel moment ? de quelle manière ? peut-on réagir ? comment ? etc.)Comment se comporter à la fin du spectacle ? (Le salut des artistes, les applaudissements, comment réagir ? qu’est-ce qu’un « bis » ou un « rappel », etc.)Comment se comporter après le spectacle ? (Sortir de la salle, se rassembler dans le hall, etc.)

Après le spectacle-Revenir sur les hypothèses établies avant le spectacle

¤ Retour sur l’apport des objets :A quoi ont-ils servi ? Etait-il facile de comprendre ce qu’ils représentaient ? Pourquoi ? Comment l’objet permet de passer d’un personnage à un autre, comment il peut devenir illusion et support d’imaginaire (cf les jeux d’enfants). En Particulier pour le personnage de Sinbad…

De voyage en voyage, on retrouve les rayures bleues comme un code couleur qui caractérise le personnage de Sindbad le Marin :

Des pistes pour aller plus loin

Les techniques utilisées

Introduction : Craie sur tableau (valise) noir(e). L’histoire de Shéhérazade et du prince.

1er voyage : Tangrams animés sur tableau magnétique.

2ème voyage : Théâtre de papier traditionnel.

3ème voyage : Théâtre d’ombres.

4ème voyage : Théâtre d’objets détournés.

5ème voyage : Théâtre d’objets figuratifs (poupées, jouets).

6ème voyage : Fèves minuscules filmées et projetées sur écran.

7ème voyage : Tableaux de fils fluorescents éclairés en lumière noire.

Le théâtre d’objet

« L'objet a cessé d'être un accessoire de la scène, il est devenu le concurrent de l'acteur. » (Tadeusz Kantor, Leçons de Milan, 1990)

« Faire du théâtre en rencontrant les restes. » (Michel Deutsch, « Dans la marge », 1999)

Théâtre d’objet et théâtre de marionnettesPour parler du Théâtre d’objet il faut d’abord remonter à ses origines: la marionnette, Lorsque l’on évoque les marionnettes, il vient à l’esprit de la plupart des gens les techniques traditionnelles pratiquées en Europe: Guignol en premier lieu, les marionnettes à fils, Polichinelle, etc. On oublie ou on ignore souvent les formes contemporaines et celles venues de l’étranger: le Bunraku japonais, le théâtre d’ombres et les innombrables variations des techniques traditionnelles. Les marionnettes sont en pleine évolution, elles sont incroyablement variées, elles combinent, aujourd´hui, toute sorte de techniques et ne cessent de surprendre un public toujours plus vaste pour qui les marionnettes ne représente plus cet art désuet et strictement réservé aux enfants.Le théâtre d’objet est un des avatars modernes de la marionnette. Il consiste à utiliser des objets de la vie courante et à les faire vivre comme on le ferait avec des marionnettes. En effet, les objets que créent les hommes ont tous quelque reste de l’humanité qui les a engendrés. La symétrie par exemple se retrouve aussi bien dans le corps humain que dans un robinet, une chaise et même un arbre ou les nervures qui structurent ses feuilles. L’usage qu’en fait l’homme aussi définit l’objet et le munir de manettes par exemple, c’est y laisser l’empreinte humaine. Ainsi, si l’on observe avec attention un robinet on peut lui trouver une physionomie, un masque et une sorte de personnalité. Reste ensuite à trouver un thème qui convienne au genre d’objets que l’on utilise et qui, tout en les justifiant, leur donne matière à jouer.

« Depuis une trentaine d'années, à partir du champ de la marionnette : ce mode de recherche a été l'occasion de réelles avancées théoriques, mais aussi, souvent au début, de disputes âpres et d'incompréhensions. Parce qu'ils usaient d'objets, objecteurs et marionnettistes se retrouvaient dans les mêmes festivals ; mais les marionnettistes renvoyaient les objecteurs vers le théâtre d'acteurs, tandis que ces derniers les trouvaient «Jeune Public». Or nul ne songe plus aujourd'hui à nier le lien avec la marionnette. Certains des créateurs du théâtre d'objet en viennent, et en conviennent ; la filiation est (tout) simplement, indirecte, tortueuse, voire incestueuse. «Avec le temps qui est passé», déclare Christian Carrignon, «il nous semble maintenant que la marionnette et le théâtre d'objet ont un point commun : c'est dans la distance que le comédien entretient avec son univers. Ils ont «l'effet d'étrangeté» en commun, voilà la vraie rencontre. Et non la manipulation d'objets, trop propre à la marionnette. La marionnette et le théâtre d'objet sont cousins germains. Ils se croyaient sœur aînée et frère cadet !». Jean-Luc Mattéoli

Un théâtre politique ?

Jean-Luc Matttéoli, chercheur qui a travaillé sur l'objet au théâtre, explique que la naissance du théâtre d’objet s'est faite dans et contre l'invasion des objets de la société de consommation. Elle a eu lieu, pour Christian

Carrignon, dans le contexte d'une Europe envahie par les objets made in China. Il s'agissait pour les artistes de lutter contre la tyrannie de cette vague montante d'objets, selon l'expression de Roland Schön - autre artiste français de Théâtre d'objet. Cela passe par un art "pauvre" : face à la profusion à outrance, choisir d'enchanter le monde avec "rien" ou du moins pas grand-chose, comme l'explique Christian Carrignon. En parallèle de l'excès, le Théâtre d'objet combat l'obsolescence de plus en plus rapide des marchandises, très vite mises au rebut. Il entreprend donc de donner une seconde vie à ces objets manufacturés produits en masse et délaissés par les consommateurs. Il les fait sortir de leur logique utilitaire pour les faire entrer dans une logique poétique où leur pouvoir d'évocation se déploie.

Le Théâtre d'objet s'empare ainsi des objets quotidiens, "trop usés par le regard", selon les mots de Christian Carrignon : des objets que l'on ne "voit" plus à force de les voir. En les détournant de leur rôle habituel, en les rendant à l'inutile, il cherche à les faire "voir" à nouveau et autrement.Mais le choix de l'objet manufacturé ou quotidien va bien au-delà. Tout droit extrait du réel, ce type d'objet est porteur d'une mémoire collective et personnelle très forte. Il va ainsi évoquer des souvenirs personnels (le jouet de l’enfance, le moulin à café chez la grand-mère, etc.) ou convoquer des éléments partagés par tous : une publicité connue, une période historique déterminée ou encore une connotation ancrée dans l'inconscient collectif. Parce qu'il est reconnaissable par tout le monde, l'objet parle de nous. Christian Carrignon évoque quelque chose d'intime, un sentiment de familiarité attendrissant. Même si l'objet a été reproduit à des millions d'exemplaires, il parle "à nous" et de nous.

Un théâtre d’objet sans objet.Aujourd'hui l'on peut, paradoxalement, faire du Théâtre d’objet sans objet, par exemple en manipulant de la matière. C'est ce que propose Simon Moers, avec le spectacle Sous la neige qui tombe (2010). Il met en scène un conte chinois grâce à des grains de sable et de semoule.Extrait vidéo :https://www.artsdelamarionnette.eu/audiovisuel/sous-la-neige-qui-tombe-solo-de-simon-moers-a-lesnam/La matière manipulée est utilisée sous un aspect brut. Dans le Théâtre d'objet, la plupart du temps, l'objet n’est pas retravaillé. Il n’est pas spécifiquement élaboré pour le spectacle. Il lui préexiste et y est réemployé sous sa forme originelle. Toutes les formes de théâtre qui utilisent des objets mais les assemblent pour former des figures autres sont plus proches de la marionnette.Dans Le Poids d’un fantôme, Damien Bouvet utilise ainsi le papier brut, s’en couvre, le froisse, le coupe et l’histoire apparaît.

Le pouvoir de suggestion"Moins de personnification et plus d'abstraction", propose Christian Carrignon. Le Théâtre d'objet employant de la matière pousse au plus loin ce principe. Il s’agit de suggérer ou d'évoquer. Une large place est laissée à l'imagination du spectateur, sollicitée plus fortement que devant un acteur ou une marionnette. Pour faire fonctionner cette suggestion, il est nécessaire de mettre en place des codes. Ainsi la tenue du manipulateur, la voix, l’attitude sont des indices qui vont donner un sens et un rôle aux objets. La couleur blanche du papier de Damien Bouvet est, déjà, la mise en place d’un code, celui de la blancheur du fantôme. Ainsi le spectateur n’est pas victime d’une illusion mais, comme il saisit les codes qui lui sont proposés, il devient complice du manipulateur avec une parfaite lucidité. Parfois le spectateur peut être plongé uniquement dans la situation imaginaire mais ce n’est toujours qu’un temps qui s’intègre dans un va-et-vient avec le réel car l’objet garde toujours sa part de réel. Le spectateur du théâtre d’objet voit donc toujours deux choses en même temps.C’est pourquoi, afin de maintenir l’équilibre entre la fiction et le réel, le manipulateur est visible dans le Théâtre d’objet. Il est aussi comédien, interprète, conteur et accessoire de l’objet. Il vient « charger » en signification l’objet. Il peut partager avec l’objet l’incarnation d’un personnage alternativement ou simultanément ou bien encore devenir, avec son corps un espace, un décor pour l’objet. A la manière de l’objet, celui qui l’accompagne, ‘’l’objecteur’’ selon le terme de Roland Schön, peut tout incarner.

Sources :Le Théâtre d’objet, A la recherche du théâtre d’objet, Christian Carrignon, Jean-Luc Mattéoli ,Themaa, Paris, 2010.

Revue Agôn, n°4, 2011, Le théâtre d’objet, mode d’emploi.

Une vidéo de Christian Carignon : Théâtre d'objet : mode d'emploi, Théâtre de Cuisine :https://www.youtube.com/watch?v=9Iy42gxQb24