Abrégé de l'Histoire d'Italie Depuis La Chute de l'Empire Romain Jusqu'en 1864

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 Zeller, Jules (1820-....). Abrégé de l'histoire d'Italie depuis la chute de l'Empire romain jusqu'en 1864. 1865. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n° 78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence  2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code de la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected] .

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Zeller, Jules (1820-....). Abrégé de l'histoire d'Italie depuis la chute de l'Empire romain jusqu'en 1864. 1865.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :*La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.*La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service.

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HISTOIRE

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PARIS. IMPRIMERIE GÉNÉRALE DR CH. LAHURK RuedëF!eurus,9 9

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DEPUISLACHUTEDEL'EMPIREROMAINJUSQU'ENi864

ABRËGE

DE L'HISTOIRE

D'ITALIE

DEUXtÈME EDtTMN

PARISLIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET C''

BOCLtVtRDSAMT-CBMtjUN,H'

1865Droitde tftdnttion réservé

1C(~lVt.l~`

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AVANT-PROPOS.

Lorsquenous avons publié la

première édition d'unabrégé/Se'l'histpire italienne, l'Italieétait encore une expressiongéographique. Dix années se sont passées depuis, et ce

[ mot cruel d'un célèbre homme d'État autrichien, a reçu desévénements un heureux et étonnant démenti. Aujourd'huititalio existe.

Depuis la chute de l'Empire romain, il s'était bien formé,des Alpesau golfe de Tarente, une nation. Cette nation avaitconservésans altération la foi qu'elle semblait avoir reçue particulièrement en dépôt. EÛeavait créé une langue et des plus belles, une littérature et des plus originales, un art etdes plus brillants. Mais, au milieu de la plus grandemobilitédes événements,et sons le joug de dominationssuccessives,elle n'avait pu ni conquérir son indépendance ni constituer sonunité.

Tour à tour, gothique, lombarde, franque, allemande, es- pagnole,autrichienne, elle n'avait jamais été elle-même. Elle

avait essayé toutes les formes possibles de gouvernement,royauté, théocratie, république, et elle était presque toujoursretombéedansl'anarchie ouledespotisme.Dixannées etl'aidede sa soeur et de sa voisinetonte-puissante, la France, ont

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!t AVANT-PROPOS.

enfin fait d'elle l'Italie. C'est l'fBuvre de ces dix dernièresannées que nous avons cru devoir ajouter, dans un dernier chapitre, à cette nouvelleédition.

Cet abrégé, qui est peut-être l'annonce d'une histoire beau-coup plus considérable, est ainsi le seul livre, en France età l'étranger, qui présente la suite entière des destinées del'Italie moderne.La nouvelledivisionque nousavonsadoptée,dans cette édition complétement refondue, nous parait mar-quer beaucoup plus nettement les différentes étapes de cettehistoire. En jetant un simple coup d'œil sur la table on voit par quelles phases différentes l'Italie a dû passer pour arriver à ce qu'elle est aujourd'hui.

Le spectacle auquel nous avons assisté, en Italie, depuis

douze ans, n'a pas été sans influence sur les remaniementsquenousavons fait subir à cette nouvelleédition. C'estquandtune nation est dans l'une de ces crises dont peut dépendreya destinée, que la vue du présent aide singulièrement à l'in- tJtelligencedu passé.

Nous avons en le bonheur, dans l'intervalle de cesdeuxéditions,de voir réaliser quelques-uns desvœuxque nousfor-mions pour l'Italie en terminant pour la première fois cette

t histoire. C'était en 1852; fItalie sortait d'nne crise révolu-

tionnaire qui lui avait peu pronté. Les anciens gouverne-ments avaient été restaurés sans être corrigés. si l'on en_

t <(~ t BxcepteIePiémont.L'Autriche alors victorieuse était encore~<y* ~TT~ilan/aVenise, à Bologne; et les événements avaientk amené une armée françaiseà Rome pour y protéger la per-

sonne du Saint-Père.< On ne saurait se !edissimuler, écrivions-nous en avril

1852 à la dernière pagede ce livre qui s'arrêtait alors à cette

date, c enfacede l'Autriche, l'Italie ne peut rien seule. Mais« il y a encore à Rome un drapeau qui porte dans ses plis detrop grands souvenirs pour n'être point toujours un signed'indépendanceet de liberté en même temps qu'une garan-

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AVANT-PROPOS. III

tie de puissance et d'ordre. Que tes Italiens mettent en !nileur confiance;~1ne la trompera point. LaFrance pour qui ¡tonte possessionau delàdes Alpesserait un affaiblissementne demande rien à l'Italie, si ce n'est l'oubli de rivalités }

<séculaires, la sagesse

des espérances

et de la conduite,

l'es- < prit d'union et l'amélioration des mœurs publiques qui la j~~

< rendront dignede reprendre son rang parmi les nations.A Magenta et à Soiférino, la France a plus fait pour l'Ita-

lie que celle-ci ne pouvait peut-être l'espérer; et elle ne M arien demandé qui dut réellement lui coûter. L'Italie, de soncoté, a donné des exemples de résolution et de sagesse,d'u-nion et d'esprit politique, qui s'étaient jusque-là rarementrencontrés dans son histoire.

La fortune extraordinaire du nouveau royaume d'Italie atellement surpris ses plus anciens et plus dévouésamis qu'ils f craignent cependant toujours de voir les hommes ou les cir-constances compromettre des résultats d'autant plus beauxqu'ils étaient moins espérés.Rien ne peut les rassurer que lemaintien de l'alliance étroite conclue sur les champs deba- ·tailleentre l'Italie etla France. Cettealliance seule peut ache-ver,.si la fortune sourit toujours à cette œuvre, ce qui a été

commencé; et si la fortune, dont l'Italie surtout a connu lescaprices, ne lui souriait plus, seule encore, même au milieude la ruine de plus grandes espérances, elle peut garantir atla péninsule le premier des biens ponr toute nation l'in-tdépendance, f"

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CARTES, PLANS ET GRAVURES

CONTENUS DANS L'HISTOIRE D'tTAUE.

CARTES.

Italie sous tes Lombards. 48ttalieauxv'siëcte. 248Italie au temps de l'Empire français. 425Italie en tS52. M8

PLANS.

Le Golfe deNaptMette Vésuve. 4MMilan et Gênes.477Florence et Rome. 500Venise et ses bgnnes. 604

GRAVURES.Église Saint-Marc.tMLeBaptistère, le Dôme, la Tour penchée. tMLe Cannpft-Santo.tM

tCh~teau Saint-Ange.304' i

Eglise Saint-Pierre.3'3Cathedra!e de llilan. 41î

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ABRÉGÉDE

L'HISTOIREMÂUE.

INTRODUCTION.HTAUE A LA FIN BU QUATMÈME MÈCLE

DE NOTRE ÈRE (398)'.

Déchéance politique de l'Italie, du sénat et de Rome. Organisationsavante et décadence. Affaissement des caractères; ruine du senti-ment religieux, de la littérature et des arts. L'armée, l'Eglise, la papauté.

t)t<et<<nMettUM~te ie MtaUe, <t-t<t et <e mw~.A la fin du quatrième siècle,où cette histoire commence,

les vicesqui minaientl'empire romain au dedans,les dangersqui l'entouraient au dehors, avaientun caractère plus mena-çant, à Rome et dans l'Italie, que dans les antres provinces.Ce peuple romain qui avait, sous la république, dompté etgouverné tant de nations, était tombé, à la mort du grandThéodose, dans l'abâtardissementle plus complet; et l'Italie,

<.Yojr. pour lesbutoire*généralesdeFtutie DeoiM,J!<-K)~.<w<~<lie;LeoetBotH,//M<<Mf<d'ltaliedepuisles~w<Mr<<«n~ty)M~M*anosjoursiSitmondi,~f«M~M<«attMnM;<McollectionsdeMurttori,Ftntuui,etc.Pour cechapitre ptrticutittementSaTi~ny,~M<o<r<~xdroitAmMM,etKtrtMe~t), ~<x<~<f/it~«n~ Ma ff<tK<-«.ComuttM pour ta coMMmUonde l'empireMas Dioctétien et Contbntin, dans notre collection. Dutuy, ~/M<e<fe~!c«M<M;Zeller, les t'm~r<t<M romains, cn~f~r~ <<~wr<f«<<

HtST.B'tTAUE. 1

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INTRODUCTION.2

après avoir versé sa robuste population, de l'Atlas au Rhin etau Danube, du Tigre et de l'Eupbrate à l'océan Atlantique,maintenant amollie etdépeuplée, attendait avec euroi l'inva-sion des barbares qu'elle n'avait pu soumettre.

Depuis plusieurs siècles tout annonçait cette déchéance. La

péninsule avait

perdu de bonne heure Je

privilége de

produireet de nommer les empereurs. L'~spag~ $vec Trajan etAdrien, ta G~ule avec Antonin, l'Afrique MecSévère, la Syrieavec Caracalla, la Pannonie avec Décius et Aurétien, l'Arabieavec Philippe, la Dalmatie avec Dioclétien, avaientconquissuccessivement l'honneur de donner des maîtres à l'Italie etau monde. Depuis Antonin, deux Italiens à peine avaient pris place dans la nombreuse suite désempereurs.

Ces maîtres étrangers ménageaient peu te vieil orgueil ro-

main. Sous la république, la jouissance des droits de la cité

conquérante, n'avait guère dépassé les limites do la pénin-sule. Sous l'empire déjà, Claude, un des premiers Césars,avait admis la Gaule entière au partage le Syrien Caracalla,d'un trait de plume, accorda à tous sessujets les droits ducitoyen quand il n'y avait plus de droits, et fit descendrel'Italie au niveau des provinces qu'elle avait réduites. La puissance du sénat romain avait étéfrappée dans la mêmemesure. Auguste lui avait déjà fait sa part bien petite Adrienlui enleva les restes de son autoritélégislative Gallien inter-dit à ses membres l'honneur de commander les armées; Con-stantin, dans sa nouvelle organisation monarchique, lui ôtatoute influence sur l'administration généra)e de l'empire etle réduisit à n'être plus guère qu'un corps municipal.

Cependant, jusqu'à Dioclétien et Constantin, Rome etl'Italie étaient restées le centre de l'empire. Mais le premier, par l'établissement de sa tétrarchie, relâcha tous les liens quiunissaient les provinces à l'Italie, et, au sein de la péninsulemême, snscita une rivale à Rome dans la ville de Milan, ré-sidence de l'Auguste d'Occident; Je second, en fondant Con-stantinople, éleva une seconde Home et acheva de briser tous les rapports de l'Italie avec l'Orient. La scission dumonde romain, ainsi préparée, fut consommée définitivement par le partage de l'empire, après Théodoso. L'Italie n'était

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INTRODUCTION.4

d'Aqnilée tout le commercedu Nord avecl'Orient; lagrande provincede Ligurie, qui allait de l'Adige à Gênes, traversée par l'Oglio,l'Adda, le Tessin, baignée par les lacsde Garda,de Côme et Majeur, s'étendait sur les deux rives du courssupérieur du Pô et voyaits'éleverdans ce parada italien, qui

gardait encore

quelque féconditéau milieu de

l'appauvrisse-ment général, la nouvellerivale de Rome, Milan; enfin, endeçàdu Pô, jusqu'aux premières crêtes des Apennins,l'Emi-lie, moins riche et moinsvaste, renfermant dans son sein lesvillesde Plaisance et de Parme, était comme chargéede dé-fendre l'entrée de la péninsule même, les déniés des monts,et le coursdu Rubicon, ruisseau autrefoissacré.

Au centre la chaine nue et sauvagedesApennins,en s'en-gageant dans la Péninsule, séparait la Flaminie, tournée versl'Adriatique où se baignaitRavenne, bientôt le dernier asiledes empereurs, de FËtrune, qui communiquait par FArnoavec la Méditerranée occidentale.Rome, qui avaitun préfet particulier, était comme flanquée de trois anciennes et ro- bustes provinces la Sabinequi se cachaitsousle nom adoucide la Valérie, le Picénum et le Samnium, qni n'avaient plusconservé d'eux-mêmesque leur nom. Une partie de ces pro-vinces désignée quelquefois sous le nom de Suburbicaire,était particulièrement liée à Rome dont elle formait le dio-cèse. On avait fait à la vieillessede Rome comme une cou-ronne de ces premières conquêtes qui furent l'origine de sa prodigieuse fortune. Au midi, la Campanie, avec ses an-cienneslimites, avait vu s'accroitre et s'embellir Naples, qui paraissait déjà dominer la Sicile, heureuse si elle n'avaiténervédavantage encore ses habitants en ajoutant aux délicesde son climattoutes les délicatessesde la civilisation.A l'ex-trémité de laPéninsule, le Bruttium, joint à la Lucanie avecCosenza pour capitale, à l'ouest du golfe de Tarente, et laCalabre réunie à l'Apulie, avec Lucérie pour chef-lieu, àl'orient, regardaient, la première, verslAfrique dentelle avait presque le climat, l'autre, vers la Grèceaveclaquelle elle en-tretenait d'ass* activescommunications.

Au sein des provinceslesvilles avaient conservéleur con-stitutionmunicipale; Rome toujours vénérée, mais en ruine,

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L'ITALIE A LA FIN DU IV* SIÈCLE DE NOTRE ÈRE. 5

avait ses consuls, mais sans puissance et son antique sé-nat bien dégénéré. L'ordre des cunales composé des plusriches(ordodecurionum), formait dans chaqueautre cité unecurieou sénatchargé du soin des intérêts locaux et du choixdesduumvirs ou desgua<uorotr<qui rendaient la justice en

premièreinstance, et du curator ou censor qui administraitles biens et revenusde la cité. Pour la protectionspécialedesintérêts du peuple qui n'avait point accèsdans la curie, un<M/ctMCur était élu par la masse des citoyensmoins aisés, etassezsouventgroupés selon leurs métiers en différentes cor- porations.

Cetteorganisationsavante ne conjurait pas les misères quele despotismeimpérial avait multipliées en Italie plus encorequedans le reste de l'empire. L'agriculture avait péri com-

plètement dans un des pays les plus fertiles de l'Europe.Déjà,.sousla république, lesgrands propriétaires, voyantdansleurs esclaves de mauvais cultivateurs, et trouvant tropcoûteuxle travail des hommes libres, avaient converti leursterreslabourables en vastes prairies. Vespasien et Titus, enenlevantauxcolonies, bourgs et villagesles pâturages et boiscommuns, achevèrent d'un coup la ruine de tous les petits propriétaires, qui, faute de cette ressource, cessèrent de con-tinuer la culture, vendirent leurs terres, ou se firent colons

des plus riches.Tant quel'Italie jouit du privilégede l'exemption de l'im- pôt, que les empereurs y répandirent l'or des provinceset lesesclavesfaits prisonnniers sur l'ennemi, une prospérité facticecachacescausesde ruine. Mais lorsque la capitation, l'in-diction, l'or lustral et conMMtre pesèrent aussi sur l'Italiedéchue et que les provincesse disputèrent les esclaves prissur les barbares, la misère, la dépopulations'accrurent dansune proportion enrayante. Les grands propriétaires, à leur tour, les sénateurs

surtout, qui ne

pouvaient avoir de fonds

et d'immeublesqu'en Italie, furent frappés; et la petite pro- priété écraséeacheva de disparaitre. Dans les villes,le corpsdescuriales, épuisé par la responsabilité des impôts qui pe-saient sur lui, non-seulement no put entretenir les monu-ments,lesmurailles, les aqueducs des cités, mais tomba sous

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6 MtRODMtMN.

le poidsdee charges qui s'augmentaient tons tes jours, et vitees membres cherchef à sortir de la curie pour seréfugier aumoins parmi tes colons.Lescampagnes voyaient s'opérer unmouvementcontraire les petits possesseurs ruines se réfu-giaient dans tes villes comptant sur tes distributions, cepen-dant plus rares, de pain etd'huile.Autroisième siècledéjà le mal était si grand que plusieursempereurs avaient senti la nécessité d'y remédier. Auréiienavait tenté de repeupler la Toscane et la Ligurie. Valenti-nien, en 370, établit des barbares sur les rives du Pô pour en cultiver les rives. Gratien, un peu plus tard, transplantades Goths, des Taifales et des Huns, entre Parme et Reg-gio, qui, selon saint Ambroise, n'étaient plus que des ruineset des cadavresde cités (tot semiruta urMum cadavera). Ho-

norius sera bientôt obligé d'exempter de l'impôt cinq centmille journaux de terre devenus stériles dans la fertile'Cam- panie. Le fiscrecule devant les ruines qu'il a faites.

A<<M<Mt)<t<)t< <M e<Mwe<ttM) Mttme <tt <tem<ttte)t< M~t<tettt~de la )tt<éMtt«fe et <e<t arta.

L'affaissement des caractères, la démoralisation, avaientsuivinaturellement l'abaissement politiqueet la misère géné-rale les soldats,les défenseurs de l'Italie, étaient, ainsi queles empereurs, commele produit de l'importation étrangère.L'Italie n'enfantait plus ni généraux, ni légionnaires. Lessénateurs, les clurissimes, les per/<;<~fm«, après s'être plaints d'être éloignésdes commandementsmilitaires, avaientfini par tenir à honneur cette exemption qui les dispensaitdu courage. Avides des charges civiles, si lucratives, ilscroyaient déroger en paraissant dans les armées. Depuisprèsde deux siècles, l'Italie n'avait pas fourni un seul officierre-

marquable. Les empereurs, après avoir pris les généraux parmi les provinciaux,les choisissaientmaintenant parmi les barbares; Théodose connaît le commandement général destroupes d'Occidentà Stilicon,Vandale d'origine. Tels géné-raux, telles armées; les légions n'étaient elles-mêmes depuislongtemps remplies que d'étrangers, de barbares, à défaut

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L'ITALIE A LA FIN DU Ï~' SIÈCLE DE NOTRE ÈRE. 7

de nationaux Le peuple des grandes villes italiennes fuyait je servicemilitaire, regardé autrefois comme le privilége des propriétaires. Les descendants des Romains se coupaient lesdoigts pour y échapper. La défense du sol sacré était remiseforcément a des barbares soldes, frères de ceuxqui le me-naçaient.

Après tout, si les Italiens ne combattaient plus, c'est qu'ilsn'avaient, pour ainsi dire, plus ni patrie, ni religion. L'Italieavait cessé d'être la terre nourricièrequi autrefois formaittant de fortes générations. La religion, celle du moins qu'ilsétaient habitués à considérer comme nationale, qui se rat-tachait à tout leur passé glorieux, celle dont les temples etles images couvraient encore le sol, disparaissait pour faire placo à une autre foi venue de l'Otient; celle-ci s'imposaitirrésistiblement à eux, il est vrai, mais sans étouffer un restede sympathie pour de vieilles et chères croyances ils ne sesentaient plus païens, mais ils ne s'abandonnaient pas sansréserve et sans regret a une religion qui les subjuguait sansles retremper encore.

Ainsi, le sénat romain Venaitd'envoyer quatre ambassadesà Théodose pour obtenir la restauration de l'autel et de lastatué de la Victoire dans le temple où il s'assemblait; et ilavait falln tout le zèle ardent et là persistance de l'arche-vêque de Mi!an, Ambroisé, pour vaincre dans l'esprit del'empereur l'éloquence toute païenne du sénateur Symmaque.Théodose, armé du glaive de la loi put proscrire les sacri-fices, fermer les temples, dissoudre les coUéges des prêtres païens les plus zélés d'entre les chrétiens, à la suite dequelques moines, se précipitèrent sur lestemples pour abat-tre, sans respect pour l'art, ces sanctuaires des vieilles su- perstitions. Les Italiens ne défendirent ni leurs anciens prêtres, ni leurs idoles; quelques membres du vieux coDégedes pontifes quittèrent même leurs ornements païens pour revêtir la robe blanche des néophytes; et le peuple remplitquelques-uns de ces temples, convertis en églises chré-tiennes, comme le Panthéon à Rome.. Néanmoins, dansl'esprit de beaucoup, la fortune de l'Italie semblait con-damnée avec ses anciens dieux ;et quand un nouveau

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INTRODUCTION.8

malheur arrivait, ceuxqui, avec Zosimoydénonçaientl'aban-don de la vieillereligioncommela causedu mal, étaient plusnombreux que ceux qui, sur la foi de saint Augustin et deSalvien, regardaient l'invasion des barbares et la chute del'empire comme un châtiment providentiel des crimes des

païens.Les lettres et les arts étaient tombés avec la liberté, lagrandeur et la religion de la vieille Italie la péniasule étaitdevenue tributaire des contrées voisines pour les dons del'esprit comme pour lesbesoins du corpset les maiesvertusducœur. Augustin était venu d'Afrique enseigner larhétoriquedans la patrie de Cicéron et de Pline. C'étaitun Grec, Clau-dien, qui retronvait, et en le rabaissant, l'art de Virgile etde Lucain pour chanter les dernières victoires de Rome sur les

barbares; il fallait un

Égyptien, Macrobe, pour recueillir

avec un pieux respect, qu'on n'était pas en droit d'attendrede lui, lessecrets du foyer romain et du culte eBacédes dieux pénates. Ambroise,archevêque de Milan, et Paulin de Nôle,venus jeunes il est vrai en Italie, étaient nés en Gaule. Unsoldat né à Antioche, Ammien Marcellin, était le seul enfinqui se servit de la langue dégénérée aussi de Tite Live pour raconter quelquefoisavecindignation et douleur les misèresde l'empire. Les citoyensopulents, parés des noms barbaresde Raburrus et de Tarrasius

pour imposer au

vulgaire, vêtus

de robes flottantesde soieet de pourpre, avaient assez à fairede pratiquer l'usure ou de donner des festins dans leurs mai-sons de campagne de Puteoli et de Caiète ils n'entraientmême plus dans leurs bibliothèques qui restaient ferméescommedes tombeaux où le jour ne pénétrait jamais. Et le peuple, n'a-t-il pas sa journée bien remplie? Dès le matin,il vase plonger dans les vastes bassins desThermes, il courtrecevoir le pain et le lard de la distribution gratuite; alors bien repu, sanstravail, il s'asseoit aucirque pour suivre pen-dant des heures entières le char qui porte lacouleur préféréeou pour parler encoredes combats regrettés des gladiateursle soir a aussisonemploi, c'est le momentréservé aux plai-sirs de la taverne.

De l'art il n'en faut (plus parler. Les Romains dégradent

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L'ITAUE A LA FIN DU IV SIËCLE DE NOTRE ÈRE. 9

eux-mêmesles vieuxmonumentsdateur gloire pour y puiser les matériaux de leurs nouvelles demeures. Les sénateursfontencore couler leurs statues en or ou en bronze pour éter-niser leur nullité vaniteuse. Mais quand il s'agit d'élever unarcde triompheà un empereur victorieux,on dépouille l'arc

deTrajan de ses bas-reliefs et de ses colonnes.

)L'<tr<B<e, M!~U<e, la )~tpM<é.

Deux institutions seulement avaientquelque vie en Italie,l'armée et l'Église mais elles étaient peu propres à soutenir l'ancien ordre de choses. Un maitre général de la milice,ayantsous ses ordres un ma!tre de la cavalerie,un maitre del'infanterie et des ducs et comtes chargés de surveiller les

frontières et de défendre les provinces,commandait l'arméeencore fortement organisée; mais les cadres étaient remplis par des barbares au service de l'empire. Avecles moeursetles coutumesde tous les peuples représentés 3ans les arméesromaines, l'indiscipline et le caprice naturels à ces barbares pénétraientdans les armées. Accoutumésà suivre le chef deguerre qui leur promettait le plus de butin, ces mercenairess'attachaient moins a l'empereur qu'au maitre de la milice,souventau général barbare qui les commandait. Braves, ai-

mantla guerre, mais

plus encore les

jouissances que leur

offrait la civilisation corrompue des provinces romaines,n'ayantde romain que le nom, ilsétaient prêts moins encoreà défendrel'Italie contre les autres barbares, qu'à se joindreà eux pour s'en assurer la possession.

L'Ëgiisen'avait pasun attachement beaucoup plus profond pour un ordre de choses sorti tout entier du paganisme; enItalie, comme partout, elle voyaitdans les barbares deshom-mes à convertir plutôt que des ennemis à combattre; elle se

disposaitnon à sauver l'Italie, mais à adoucir l'orgueil et la

férocitédesvainqueurs, les misèresde~vaincus,et à préparer leur union dans la commune patrie du christianisme.

Dans l'Italie, d'ailleurs, l'Église était moins active,moinsfécondeen grands caractèresqu'en d'autres contrées,dans laGaule, par exemple. Si là aussi elle jouissait d'importantes

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INTRODUCTION.10

immunités, si leséveque! a Rome, à Milan, à Aquilée, &Pa-vie, à Ravenne, élus ~/en~UM du peuple, commençaientà devenir les personnages les plus importants do la nation,comme dans le reste de l'empire, il est remarquable cepen-dant que parmi les nombreux conciles qui furent tenus à la.

fin du quatrième siècle et au commencement ducinquième,on en voit beaucoup s'assembler enAfrique, en Gaule, enOrient, et très-peu en Italie. Saint Ambroise, le tout-puis-sant et ardentéveque de Milan, grand en Italie, était loind'avoir une influence aussi considérable dans l'Eglise quesaint Jérôme de Bethléem et saint Augustin d'Hippone. Aprèssa mort, arrivée en 397, saint Paulin de Note soutint seul en-core et faiblement la gloire de l'Église d'Italie.

On ne voyait point dans la péninsule l'ardeur que mettaient

l'Afrique et la Gaule à soutenir les discussions théologiques,alors le seul symptôme véritable de vie. En face de saintAmbroise, seul sur la brèche, et comme sous sa main, dansMilan, l'arianismequi s'attaquait à la divinité même de Jésus-Christ, levait audacieusement la tête contre l'orthodoxie.Le siège de Rome excitait, il est vrai, par son importanceet par ses richesses, en 366, l'ambition d'Ursin et de Damase.A la suite d'une lutte, deux mille morts jonchèrent le pavédes églises. Les antiques destinées de la ville éternelle, latradition de la mort des

apôtres Pierre et

Paul, et la

dignitéde Patriarche, dont le pape était seul revêtu en Occident, ten-daient cependant déjà &donner a Romeune sorte desuprématiesur les autres Églises, quoique ses illustres titulaires ne sem- blassent pas encore bien ardents à en accroitre et à en étendreles prérogatives. Cependant Gratien, par une loi de 381,accordaitau papede Rome le pouvoir de décider des difficultéssurvenuesentre les antresévoques; et,dansla même année,!econcile de Constantinople, en donnant le premier rang au

siège de cette

capitale de l'Orient,

après celui de Rome, re-

connaissait implicitement la suprématie romaine; les évoquesde Rome n'osaient, il est vrai, encore agir avec autorité. En404, par exemple/quand l'Église tout entière fut troublée par la déposition de Chrysostome à Constantinople, le pape Inno-cent hésita longtemps à se prononcer, empêché, dit-il, dans

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L'ITALIE A LA FIN DU IV SIÈCLE DR NOTRE JÈRE. Il

une de seslettres, par des personnages puissants; et il n'é- pargna point au courageux éveque de Byzancela mort dansl'exil maisl'ambition du saint-siége s'éveillera bientôt, ellese fera sa place dans la péninsule et en Occident; elle som-meille encoreet semble

partager la

langueur qui frappaitalors

toutes les institutions del'Italie; mais on devine déjà que cen'est pas pour longtemps.

Ainsi, doublement épuisée, sous la république, par leshéroïques effortsd'une ambition qui voulait tout soumettre;sousl'empire, par un despotismeplus pesant parce qu'il était plus proche, l'Italie, après l'épreuve d'une puissance exces-siveet d'une oppression sans exemple, était moins capableencore que lé reste des provinces de résister aux barbares

qu'un instinct secret

poussaitde

préférence dans ses

campa-gneset sur sa capitale. Pour se relever, elle devait commen-cer avec le christianisme des destinées nouvelles bien diffé-rentes de cellesqu'elle avaitconnues dansl'antiquité. C'estlàl'histoire que nous avonsà raconter.

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LIVRE L

CHUTEDEMTAUEROMAINE(39S-476)'.

HonoriasetStiHcon;l'empire perdu(395-398).PrisedeRome par A)anc(4t0).ConstantiusetAétius;Ya!entiniensaintLéonde'TantAttifaetGenséric;seconde prisedeRome(4H-455).Lesder-niersempereurs;lesbarbaresRicimer etOdoacre(4&5-M6).

B[<meW<MetOtUtewn!t emptte perdu(«Mt«8).AprèslamortdeThéodose,l'empiremit prèsd'unsiëc!e

às'écrouler dansla péninsuletantilfutdifficileencorederenverser lecolosse.Le premier personnagedumondero-main, partagéentredeuxentants,l'Orientà Arcadius,l'Oc-cidentàHonorius,étaitalorsun barbare,leVandaleStili-con.C'étaitàluiqu'étaitremisen395lesortdel'Italieaumomentoùlagrandeinvasiondesbarbareslamenaçacommelerestedel'empire.RevêtudutitredeMMffregénérâtd'unemilicequicomp-tait plusd'étrangersquedenationauxdanssonsein,épouxdelaniècemêmedeThéodose,la belleetadroiteSérëne,Stiliconavaitétéchargédelatutelled'Honoriusetdeiarégencedel'Occident, peut-êtremêmedusoindesdeuxempereursetdesdeuxempires.Il s'assured'abordenhommede précautiondu pouvoir militaire.TandisqueSé-<.Yoy.Gibbon,/<<o«~~f~t<Atf«ff<&~t~fm~MMde/m~wen~M/a;LeXtindeTittemont,//<f~~</M~/n~<-r<«M;AmédéeThietry,ThftM</<-/'AMfo<r<<wMt)MaMnnyfttf/nc jt~f~;Joroand~,.~M~tdesCotA~;Atch- bach,C«fA'tA«</<f MfgcfAco.

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CHUTEDE L'ITALIE ROMAINE(395-476). 13

rêne, à Milan, s'empare de l'esprit du jeune Honorins,auqnel elle donne sa fille et qu'elle domine longtemps, ilmetla main snr l'armée rassembléedans la haute Italie; et,en la partageant entre les deuxempereurs, il a soin de gar-der pour Honorius, c'est-à-dire pour lui-même, les troupesles plus braves et les mieuxdisciplinées.Habile etambitieux, pleind'énergie et d'astuce, soupçonneux et vindicatif,il avaitlesqualités et les défautsqu'une si haute fortune, au milieud'un monde civiliséet corrompu, devait développer dans un barbare. Le sort de l'Italie et de l'empire était attaché ansoin de son intérêt personnel et de son ambition jalousele jeune Honorius, faible de corps et imbécile d'esprit,n'avaitd'antre souci que celui d'élever des poulets pour son plaisir.

Le noble désir de gouverner et de défendre l'Occidentetl'Orient, portait Stilicon à vouloir exercer dans tout l'em- pirele pouvoir que lui avaitlaissé Théodose. Il sentait quel'unité du commandement était une conditionde salut pour toutle monde romain, et il regardait Arcadius et son mi-nistre commeincapables de contenir la nation barbare alorsla plus redoutable, celledes Visigothsqui avaitdéjà franchi leDanube. Sous prétextede conduire lui-même à Arcadius lestroupes de l'Orient, qu'il avait composées des plus faibles

et des plus turbulentes, il se dirigea d'abord sur Constan-tinople, pour se rendre maître aussi du pouvoir en Orientau nom d'Arcadius. D fut arrêté par un ordre de cet em- pereur qui prétendit laisser le pouvoir à son propre mi-nistre Rufin. L'année suivante(396), il profitade l'invasion prévuedes Goths dans l'Attique et dans le Péloponnèsepour chercher à acquérir des droits à la faveur d'Arcadius en le.défendant. Il débarqua avecune armée, près des ruines deCorin9, dans l'intention de couper la retraite au chef des

Visigoths,Alaric, qui venaitde piller Argos et Sparte; il leresserrait déjà et l'enveloppait sur les monts Pholoé, auxfrontières de l'Ëlide, et espérait le forcer bientôt par lafamine,lorsque Alaric, profitantde la négligencede quel-quessoldats, traversa les retranchements romainset regagna,à marches forcées,le nord de la Grèce.

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LIVRE I.14

Après cet échec du ministre d'Occident, ArcadinsdéclaraStilicon ennemi publie et dpnna à A!anc le gouvernementae la province d'Illyrie orientale~avec )e titre de maître dela milice. C'était détourner le danger qui menaçaitineesMm-mentla Grècesur l'Italie, dont Alaricdevenaitla redoutaMevoisin.

t le redoutable

Alaric, chef d'un vaillant peuple depuis longtempsernu~dansl'empire, avait som la main plusieurs des grandes ma-nufacturesimpériales ou l'on fabriquaitles armes nécessairesauxsoldats, dans les villesde Margus, de Ratiaria, de NaiK sus et de Thessalonique; il leur commanda une quantitéconsidérable de lances et d'épées, de casques et de bou~-cliers et il parcourut les bords du Danube pour ramasser tous les débris épars de ce peuple visigoth qui, fuyant de-vant les Huns, avait)

vingt-cinq ans

auparavant, demandé

asile dansl'empire à l'empereur Valons.Stiliconne se trouva pas prêt, lorsque, en 403, Alariose

présenta auxAlpes juliennes. Son activité suppléa au défautde préparatifs. L'empereur Honohus, qui n'avait eu jusque'laquele gouvernementde sa basse-cour, promit de tenir dansMilan l'ordre fut donné aux troupes qui gardaient le Rhin,à celles même de laGrande-Bretagne,de se diriger sur l'Ita-lie. Stilicontraversa lui-même lesAlpescouvertesde neige, pour ramasser des auxiliaires parmi les tribus alIemaniqneStHonoriusne tint pas sa promesse. Quand l'ennemi eut passéle Mincio, l'Oglio et l'Adda, il s'enfuit de Milan, fut at-teint et forcé de se jeter dans Asti que les Goths assiégè-rent. Mais Stilicon tombe tout à coup des Alpes, franchitl'Adda, traverse le campennemi pour rassurer Asti, concen-tre sestroupes qui arrivaient de tous côtés par les Alpes, re- jette les Gothsau delàdu Pô, et les resserre dans leur camp près de Pollentia. Le jour de la fête de Pâques, ennn aumomentoù, sans inquiétude, grâce à la solennité, ils célé- braient le service divin, il les fait attaquer à l'improviste par un chef païen, nomméSaûl. Le combat engagé, il ac-court avec sestroupes fraîches, force le camp et y prend lafemmemême d'Alaric au milieu du butin. Le chef des Gothsessayavainement de réparer son échec en se jetant à travers

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CHUTE DE L'ITALIE ROMAINE (395-476). 15

les Apennins, pour faire une pointe sur Rome par la Tos-cane il trouva partout devant lui son ennemi victorieux etdanssa retraite il reçutencoreunerude leçon près de Vérone, par la prise de laquelle il voulait assurer son retour et savengeance..

hoHonorius alla célébrer à Romeun magnifique triomphe enl'honneur des victoires gagnées par Stilicon; mais en trans" portant sa résidencedans la villede Ravenne, bâtie sur pilo-tis auxbords de l'Adriatique et entourée d'impraticables ma-rais, il se hâta de démentir la rassurante inscription quidéclarait sur l'arc triomphal la nation des Goths à jamaisdomptée Gelarumnottonemin omne ~UMMdamitam.

Trois ans après, en 406, commençait la grande invasiondel'empire par toutes lés races que les Huns poussaient sur lesfrontières. Les Vandales, les Suèves, les Alains, les Bur*gondes passaient le Rhin, limite de la Gaule; et une grandecohuede barbares de toutes nations, sous la conduited'unchef nommé Radagaise, franchissait le Danube et paraissaitsur les Alpes. Stilicon dut abandonner la Gaule. Il composarapidement une armée d'un corps d'Alains qui lui étaientattachés,d'esclavesà qui il fallut promettre la liberté et deux piècesd'or, enfin de Goths et de Huns, bandes mercenaires,qui erraient sur la frontière. Le torrent descenditd'abord

les Alpes rhétiques, passa le P& et franchit les Apenninssansrésistance mais, en Toscane, Stilicon, avec une habi-leté et une persévérancequi rappelaient la tactiquede César,enfermales Barbares par des forts et des murs de circonval-lations, sur le plateau de Foesuie, et les y détruisit par lefer et la faim. Radagaise, obligé de se rendre, fut décapité,et le reste de ses compagnons vendus à vil prix commeesclaves.

La péninsule était sauvée pour la seconde fois, mais l'em-

pire était perdu. La Grande-Bretagne, après le départ deslégions, reprit son indépendance qu'elle devait si mal dé-fendre. La Gaule et l'Espagne abandonnées, couvertes de barbares, se jetèrent dans les bras d'un usurpateur, Con-stantin, pour avoirun chefcontre l'étranger; etl'/ta/M, selonla belle expression de Montesquieu, devint /r<M<t)ere.

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LIVRE ï.16

Prise de Même )~*f At<urte (<).

L'empereur Honorius livra ce qu'un barbare avait défendu.Stilicon, sans doute pour prendre de tous cotés ses précau-tions, négociaitavec Alaricet, au grand mécontentementdes

légionsromaines, favorisaitles auxiliaires qu'il fallait d'ail-leurs ménager pour les servicesqu'ils avaient rendus et ceuxqu7ilspouvaient rendre encore. Las do la tutelle du maîtrede la milice, et deSérène qui lui avaitfait encore épouser sasecondefille après la mort de la première, Honorius s'avisade s'enrayer de mesures prises plutôt pour la sûreté del'Italie que contre sa personne. Un de sesfavoris,Olympius,augmenta ses craintes en prêtant à Stilicon le projet defaire couronner son fils Enchairo, et de livrer l'Italie aux

étrangers. Il n'en fallut pas davantage pour porter Honoriusà se défaire de son ministre, non en souverain, mais en con-spirateur. Tous les officiersde l'armée, partisans de Stilicon,sont massacrés le héros barbare, justement célébré par le poèteClaudien,est surpris traîtreusement par JeGoth Sarus;il se réfugie à Ravenne, et y reçoit la mort d'un officier du palais; enfin, par une atrocité lâche et insensée que rienn'explique, un ordre d'Honorius livre an massacreet au pil-lage de ses légions romaines, les femmes, les enfants et les

biens que les mercenaires avaient déposés en otages dans laPéninsule.(Jetait livrer l'Italie. Plus de trente mille mercenaires al-

térés de vengeance appelèrent Alaric, qui n'attendait qu'uneoccasion.Le roi des Goths franchit cette fois sans difficultél'Adige,le Pô au milieu de la désorganisation complète del'armée romaine; il ramassetous les auxiliaires furieux,laissedecôtél'empereur tremblant dans Ravenne.et, comme pousse par une forceirrésistible, arrive par la voienaminienne sousles murs do la ville étemelle

(4t0).Rome, quoique déchue déjà et commençantà voir tomber en ruine quelques-uns de ses monuments, était encore lacité reine. EUe comptait plus do dix-sept cents palais res- plendissants de luxé, et dont quelques-nns étaient, selonl'expressiondu poète, commodos villes au sein dela grande

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CHUTE DE L'ITALIE ROMAINE(395-476). 17

2

ville. Une population de plus de douze cent mille âmes yétait renfermée. Alaric environna de postesnombreux l'en-ceintedes mnrs, masqua les douze portes principales et in-terceptala navigationdu Tibre. Les Romains,au lieu de sedéfendre, demandèrent d'abord la mort de Sérène, nièce du

grandThéodose, veuvede Stilicon, qui fut lâchement livrée par le sénat; puis ils s'adressèrent à quelques magicienstoscansqui, avec l'agrément du préfet Pompéianus, préten-dirent par des sortilègesattirer la foudre sur les barbares:Enfin la famine et la peste ayant commencé à décimer la population les sénateurs abandonnés par Hononus, en-voyèrent une ambassade au barbare. Alaricdemandait d'a- bord tout l'or et tout l'argent des Romains. Il cherchait&réduire cette fouleau désespoir; car, plus f~er&eestMrree,

disait-il, p<tn!CH;c/<t/ntM;</mord. Cependant il voulut es-sayer nn momentdo jouer le rôle de Stilicon, créer un nou-yelempereur et se faire nommer par lui maître de la milice.

C'était le rêve de tous les barbares de se trouver à la têtedesforcesde l'empire, pour le raffermir etledominer. Alaricfitrevêtir de la pourpre par le sénat, un certain Attale il sesouciait peu de paraître le second, s'il était réellement le premier. Le peuple romain, celui de Milan, et une partie del'Italie, reconnurent le nouvel empereur et son maitre de la

milice.Après tout, les

Visigoths, adoucis

par un

long séjour dans les provincesromaines, n'étaient pas plus gênants pour l'Italie que les mercenairesqui l'avaient défendue.Mais lesRomainstrouvèrent mauvaisqu'Alaric, arien, en accordantsesfaveurs, ne tint' point compte des exclusions portées par Honorius contre les païens et les hérétiques. Puis Attale prétendit faire le maitre et voulut trahir les barbares.

Exaspéré de toutes ces difncultés, Alaricn'écouta plus quesacolère il fitdégrader Attate, et revint sous les murs de

Rome,résoluà en finir. Un grand nombre d'esclavesse réfu-

gièrentd'avancedans son camp. Ceuxqui étaient restés dansla villeouvrirent,dans la nuit du 24août,la porteSalarienne.Lesbarbares se précipitent,avidesde sangetdo butin, sur les pasdes esclavesdéchaînés qui donnent l'exemple du sac etdesvengeances.Au milieude cetteépouvantablecatastrophe,

HtST.D'ITALIE

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LIVRE I.18le feu consume plusieurs monuments publics et particuliers,entre autres le paraisde Salluste. Tous les habitants qui ré-sistent sont massacrés, nombre de femmes, de celles mêmequi étaient consacréesa l'Eglise, outragées; les palais pillés;les statues des anciens dieuxou des empereurs~ fondues on

brisées l'or, l'argent,les

chefs-d'œuvre~la soie et la

pourpreentassés sur les chariotsdes Goths; une foule decaptifs, tor-turés, mis à rançon, vendusou gardés comme esclaves. tesGoths, selon l'ordre d'Alaric, ne s'arrêtent que devant leséglises de Saint-Pierre et de Saint-Paul, où se pressât! lafoule des fugitifscommedans un inviolableasile. Ainsi, l'anonzecent soixante-quatrièmede sa fondation,<ont&o~oao,se*Ion l'impitoyable expressionde saintJérôme, qui voyaittou- jours dans Rome, commela plupart des chrétiens, le centredu vieuxmonde

pa!eh. Elle est

pr~e, s'écriait'it, du fond de

sa solitude de Bethléem, cellequi prit toutfuntucr~.Au bout de six jours Alaric arracha ses Goths à la famine

qui les menaçaitau milieu de Home saccagée et les conduisitavecleurs dépouillesvers le midi de l'Italie. II avait le projetd'aller mettre sesrichessesen sûreté dans la Sicile, et de ré-tablir avecles siens dans cette contrée fertile arrivé en Ca-labre, il y fut frappé d'une maladie qui l'emporta dans la petite ville de Cosenza.Les eaux du Busentin détournées deleur lit, pour que le corpsd'Alarie y fût enterré, et renduesensuite à leur cours naturel, dérobèrent à la postérité latombe du barbare.

tM*<<<m«'Met A~<t<Mtv*'Mt«t~ett MW!tMttàtt~m <<ttM<AttU« et «etuKrtet ttttoxde ~rtee de Btwtme(étt.M~

Ataulf, beau-frère d'Alaric, fut proclamé chef ou roi de lanation qui était maintenant maîtresse de l'Italie. Avecmoinsd'audace barbare, celui-ci avait une plus grande intelligence politique de l'état del'empire. Aprèsla malheureuse tentativefaite par son prédécesseur,il n'avait d'autre but que d'obte-nir pour lui et son armée un établissement solide dans une bonne province. De son coté, le nouveau ministre d'Hono-rius, Constantius,hommede courageet de prudence, compre-

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CHUTE DE L'ITALIE ROMAINE (395-476). 19

nait l'impossibilité de détruire les barbares, et no songeaitqu'à les faire passer aux extrémités, pour sauver le centre, età les établir dans les plaines, pour rester maitre des monta-gnes et pouvoir les surveiller. Placidie, sœur d'Honorius,femme belle et ambitieuse qui était restée prisonnière d'Ala-ric dans le sac de Rome, et qui avait touché le cteur d'Ataulf,facilita la négociation entre la cour impériale et les Goths.Sur la proposition de Constantius, Ataulf évacua la péninsule,en 412, épousa Placidie à Marseille, débarrassa la Gaule desusurpateurs qui y contestaient l'autorité romaine, et mourut peu de temps après.

Cet événement fit triompher la politique de Constantius.Il obtint la main de PIacidie, et devint un instant tout-puis-

sant. En Italie, il diminua pendant cinq ans le tribut des provinces de Campanie, de Toscane, de Samnium, d'Apulieet de Calabre, tant l'épuisement était grand il repeuplaRome, en y assurant par des distributions gratuites la sub-sistance de la population affamée des environs. Hors d'Italie,il châtia la révolte du comte d'Afrique, IIéraclien, pour s'assu-rer des vivres; il confirma, après l'établissement de Wallia,chef des Goths en Aquitaine, celui des Burgondes, dans la Se-quanaise, entre la Saône et le Jura; il souffrit celui des Francs

dans le pays de Tongres, et laissa les populations armoricai-nes proclamer leur indépendance. Toute son ambition, puis-qu'il fallait renoncer à la domination de l'Occident, était degarder l'Italie intacte et puissante, en préparant insensible-ment et avec ordre le démembrement de l'empire. Il méritaitet il obtint, après la naissance de Valentinien, son fils, qu'Ho-norius, sans héritier, l'associât à l'empire, avec le titre d'Au-guste pour lui, et d'Augusta pour sa femme PIacidie. L'Italieeût été heureuse de trouver toujours un homme qui sut si bien

faire, à son protit, la

part du feu. Mais sa

mort, en

421, et

celle d'IIonorius, 423, la replongèrent dans de nouveauxdésordres.

L'héritier désigne d'Honorius, Yaleniinien III, était alorsavec sa mère Placidie à Constantinople. Jean, premier secré-taire ou primicierde l'empereur, essaya de revêtir la pourpre,en s'appuyant sur les mercenaires.L'empereur d'Oriettt,

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LIVRE J.20

Théodose, envoya une armée avec le jeune Valentinien 111.Jean chargea en vain un certain Aétius. officier romain d'origine barbare, qui avait longtemps vécu chez les Huns,d'aller lui recruter une armée en Germanie. Surpris danssa capitale, l'usurpateur fut livré à la risée du peuple et

décapité. Valentinien prit le trône Sous la tutelle de samère, Placidie,ennn devenue impératrice, et cédaà Théo-dose, en retour de ses services, l'Illyrie' occidentale, dontl'abandon découvrit ainsi une des frontières de l'Italie.Aétius arriva quand tout était fini mais sessoixante mi!Ie barbares lui valurent une bonneréception. Placidie lentcomteet lui donnapresque le pouvoirqu'avait euConstantins.

La conduite de ce barbare, qui pouvait à son gré puiser dans !eréservoir de troupes de la Germanie,montra quel che-

min les barbares, même alliés de Rome, avaient faitdepuisStilicon. Jaloux de la faveur du comted'Afrique, Boniface, ilsut brouiller avecsa souveraine un serviteur fidèlequi pour se.sauver introduisit en Afrique les Vandales, déjà maîtresd'une partie de l'Espagne. En vain Boniface reconnut sonerreur, essaya de repousser les barbares, ~t défendit avecacharnement la ville d'Hippono, où mourut t'éveque saintAugustin.Quandil revintannoncer à Romeet à l'Italie qu'ellesavaient perdu leur province nourricière (431), il retrouva

encore sonimplacableennemi.Aétius

l'attaqueavecses

ndèlesHuns, lui livre bataille et le blesse mortellement; déclaréennemi public par Placidie, il s'en inquiète peu, se retireavecles siens en Pannonie,sous. la protection duroi des Huns,Rugila, et en revient bientôt avec une armée pins nombreuseencore imposer ses servicesl'impératrice.

Nommé cette foismaître général de lamilice,décorémême par quelques écrivainsdu temps, du titre de duc et généraldMRomainsdel'Occident,tout-puissant enfinà la cour de Ra-

venne, Aétiusvoulut bien défendre

l'empire, etlefitaveccou-

rage et habileté, maiscommesa chose,et en netenant compteque de son intérêt. Le Vandale Genséric, maitre de Car-thage, inquiétait de ses vaisseaux la Sicile et les côtes del'Italie; il lui fit concéder l'Afrique commeà nn ancien allié,malgré les plaintes de Rome. En Italie il renforçales gami-

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CHUTE DE L'ITALIE ROMAINE(395-476). 21

sons, pour avoir plus de mercenaires soussa mam.En Gaule,il occupâtes passagesdu Rhône et de la Loire, contint dansles limites qui leur avaient été assignées,les Visigoths et lesBurgondes,et repoussa lesFrancs au delà de la Somme,maismoins pour faire respecter l'empire que pour défendre sasituation. L'invasion d'Attila en Gaule en 451, menaçait saïbrtune en même temps que l'État. Ce fut là surtout qu'il semontragrand.

Le farouche roi des Huns, après avoir longtemps tenuConstantinopiedans la crainte, réclamait de Valentinien lamain d'Honoria, sasœur, dontilavaitdéjàl'anneau, et commedot, la moitié de l'empire. A la nouvelle que les innom- brables hordes des Huns et de leurs alliés avaient franchi leRhin, Aétius rassembla tous les barbares déjà établis dans

la Gaule, les Burgondes, les Visigoths, les Francs. A leur têteil alla chercher Attila qu'Orléansavait arrêté, et l'attei-gnit dans les plaines de la Champagneoù it remporta sur luila célèbre victoiredes champs Catalanniques.

Mais l'année suivante lorsque Attila,altéré de vengeance, passale Danube et les Alpes,pour se jeter sur l'Italie, Aétiusne fut pas aussi heureux. D n'avait plus les barbares de laGaule qui ne défendaientque leurs possessions;il ne pouvaitrien obtenir desItaliens, incapablesde s'armer, et ne comptait pasassezdeses Sdèlesmercenaires.Aqui!ée,longtempsdéfen-dueaveccouragepar des Gothsauxiliaires,tombala premièredevant Attila; elle fut prise et rasée. Les habitants de laVénétie, enrayés, se réfugièrent aveccequ'ils pouvaientem- porter, sur les bords de l'Adriatique, au milieu de ces la-gunesd'où sortit plus tard Venise imagede l'Italie nouvelle,qui ne devaitrenaître que des désastres et des ruines del'an-cienne1A Milan, le roi des Huns ordonnade conformer auxcirconstances présentes, un tableau où les chefs des Scythes

étaient prosternés devant un

empereur romain; et il se fit

peindre lui-même ayant l'empereur et les Romains à ses pieds. Tout celaannonçait à Rome un sort terrible. Valenti-nien ne se croyait plus en sûreté, mêmeà Ravenne; à Romele sénat et le peuple enrayésde l'éloignementd'Aétius trem- blaient. Ils furent sauvés par une interventiontoutenouvelle.

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LIVRE I.22

Les premierspersonnages du sénat et l'évequede Rome,LéonI", avaientétéchargésd'apaiser lebarbare. LéonI",par ses qualités personnellesautantque par ladignitédesonsiège,

jouissait alors d'un grand crédit en Occident; déjà, commearchidiacre de l'Église romaine, il avait été chargé par l'em-

pereur de terminer une querelle survenue en Gaule entre le patrice Aétius et le préfet du prétoire Albinus. Au momentoù l'autorité politique de l'empire allait s'amoindrissant tousles jours, il avait soutenu, étendu dans plusieurs occasions,l'autorité spirituelle du siège de Rome. Il avait transporté, par exemple, d'Arles à Vienne la dignité métropolitaine, etobtenu, à ce sujet, un rescrit de l'empereur Valentinien quiengageaitl'Église, dans l'intérêt de la paix, reconnaître sonchef universel. Tune enim demum ~cc/MtarMm pax ubique

Mrt'a&ttMf,si rectorem ~m<ma~no~cof unt'MMt/<M.En 451,le concilede Chalcédoine reconnaissait implicitementla su- prématie de l'évoquede Rome au-dessusdetouteslesEglises.L'autorité des pontifesde Rome semblait croître en propor-tionde la décadencedu pouvoir des empereursromains.

Le moment était favorable pour agir sur l'imaginationd'Attila. Le climat meurtrier de l'Italie commençaità déci-mer les Huns. Aétiusapprochaità la tête d'un renfort envoyé par l'empereur d'Orient, Marcien. Frappé de l'aspect véné-

rable du souverain pontife des chrétiens, déjà respecté detous; enrayé par le souvenir d'Alaric, qui n'avait pas survéculongtempsau sacde la ville éternelle, Attila se laissadésar-mer par la promessed'un tribut et se retira au delà du Da-nube où il mourut bientôt. L'Italie, dans la faiblesse del'empire, fut pour la première foisredevabledesonsalut peut-être à la papauté, 452. Elle la sauvadu barbare qui effrayaitla barbarie même.

YalentinienIII crut alors pouvoir faire le maître. Les em-

pereurs voyaient bien

queleurs chefs dela milice

ne sauvaientl'empire que pour le garder. Aétius, par ses mercenaires dé-vouéset ses relations avecles barbares, effrayaitValentiniencommeautrefois Stilicon avait effrayé Honorius. Importuné par les demandesdu sauveur de la Gaule, qui voulait pour sonSis, Gaudentius, une fillede l'empereur ValentinienIII,

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CHUTE DE L'ITALIE ROMAINE (395-476). 23cette/entTne/<!MettMen~e(semi-vir amens), tua Aétiusde sa propremain et précipita les dernières convulsionsoù s'éteignit l'empire.

Onvit alors commentl'empereur et le sénat entendaientle gouvernementet la défensede l'Italie.Valentinien, tont àsescriminels

plaisirs,attiredans un

piège pour la déshonorer,l'épouse du plus illustre des sénateurs, Maxime. Celui-ci,oubliant la patrie pour venger sa femme, morte de honte,assassinel'empereur, prendviolemmentson trône et sa veuveEudoxie,qui met le comble&cettesuite de crimes et de ven~geances, en appelant, contre son nouvel époux, le barbareGenséric, et en lui livrant Rome(455). En présence du Van-daledébarqué à Ostie,le peupleromain n'a que le couragedetuer, an milieu d'une émeute, son nouvelempereur Maxime.Saint Léon ne peut arrêter l'arien Genséric aussi facilementque le roi desHuns, barbarequi n'adorait que son épée. On prometseulementauxhabitants la viesauve. Rome estencore(455)livrée au sac et au pillage, cettefois, pendant quatorze

jours et quatorze nuits. Les églisesn'obtiennent pas plus derespect que les temples païens. La voûtede bronze doré duCapitoleest enlevée.Les dépouillesde Jérusalem, apportées àRome par Titus, passent à Carthage; l'impératrice et sesfilles,un grand nombre de noblesfamilles suiventles vain-queurs en Afrique.

<<Wtw tMj~teMt)) )« bortttu~ ~et–ef et(<m.<~<).

Romeet l'Italie ne furent plus alorsque le jouet des roisoudeschefs barbares, jusqu'au moment oueiles en devinrentla proie. Le roi desVisigothsétablisdans le midi de laGaule,ThéodoricII, 6t élire et couronner insolemmentempereur, par une assemblée desdéputés de la province siégeant àArles,Avitus,rhéteur, tout fait simple(tottMstm~toMM), pour le rôle qu'on lui imposait. Les Romains, mécontentsd'avoir pour empereur un Gaulois, envoyé par un étranger,n'osaients'en défaire..Mais le chef destronpes mercenairesenItalie, le SueveRicimer, sans avoir l'audace ou l'habileté

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LIVRE I.24

d'être le maitre, voulaitau moinsdisposer del'empire commeAétius. I! chassa de RomeAvitus, qui n'eut quele temps d'yfaire prononcer son panégyrique par SidoineApollinaire; et,après avoirlaissél'empire vacant pendantdixmois, il fit élireenfin

par le sénat et le

peuple, Majorien, officierromain dis-

tingué, danslequel il espérait trouver une créature docile.Celui-ci apparut comme pour jeter un dernier éclat sur

l'empire, dont il cherchavainementa arrêter lachute.N'ayantguère plus que l'Italie à défendre, il le fit avecvigueur.Il dé-livra la Campanie des incursions de Genséric. II défit lesAllemandsdans les Alpes, et contintlesBurgondes et les Vi-sigoths, auxquelsil donna leRhône pour limitedans laGaule.

La remise de tons les arrérages dus au fiscsoulageauninstant les provincesdel'Italie. Le rétablissementdela chargede défenseur, quelques adoucissementsapportés à la tristeconditiondes curiales, ramenèrent dans les villes un peu deviemunicipale; l'interdiction de porter une main profane sur les anciens monuments, que les Romains modernes dégra-daient pour en tirer les matériaux de leurs nouveUes de-meures, arrêta un instant la ruine de tons les chefs-d'eeuvre.Quelqueslois tentèrent de ïemédier à la décadence pins irré- parable des mœurs. Général habile avanttout,Majorien s'ap- prêtait à conduire nne expédition en Afrique, pour rendre àl'Italie les grains de cette fertile contrée. Il avaitdéjà dirigéles barbares mercenaires d'Italie, un grand nombre de nou-vellesrecrues barbares vers l'Espagne,lorsque ses vaisseaux,rassemblés à Carthagène, furent surpris, brûlés ou coulés àfonddans le port par Gensénc.

Ce revers perdit Majorien et l'empire aveclui. Ricimer profila (t61) deson insuccès pour fairerévolter les troupes,lemit à mort et donna la pourpre à un hommeobscur et inca- pable, Libius Sévérus. De Stiliconà Aétius, d'Aétius à Rici-mer on mesure rigoureusement la déchéancede l'empire.Pour obtenir des secours de l'empereur d'Orient, Léon leThrace, contreles Vandales,Ricimer tueLibiusSévérus(468)'et reçoit de la main de Léon, comme empereur, le sénateur Anthémius. Menacéalors par Genséric,il abandonne Anthé-mius, bienqu'il eût épousé sa Elle, pour un certain Olybrius,

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CHUTE DE L'ITALIE ROMAINE(395-476). 25

que lui donne Cartbage. Anthémius ne veut point céder la place;il est assiégé dans Rome; la ville est prise; Ricimer,Anthémiuset Olybrius périssent au milieu d'un nouveau pil-lage,d'autant plus terrible que les esclaves et la populacedêcha!néamêlent leurs vengeanceset leur avidité à celledessoldatsvainqueurs.

li né s'agissait plus maintenant de savoir quel empe-reur mais quel chef de bandes allait être le maître. Malgrél'envoifait par la cour d'Orient d'un nouvel empereur, unancien secrétaire d'Attila, Oreste, parvenu depuis à la têtedesarmées de l'empire, mit enfin de côté les scrupulesquiavaientarrêté son prédécesseur et fit proclamer son proprefilsRomulusAugustule.Mais lebarbare ne compritpastoutela portée de la révolutionqu'il faisait.Les mercenaires ruges,tnrcilinges, hérules, qui étaient sous ses ordres, las aussid'être seulement lesdéfenseurssoldésde l'Italie, voulaient, àl'exemple de leur chef, en devenir les vrais possesseursCommeles Visigoths et les Burgondes, qui avaient pris desétablissements dans la Gaule, ils demandèrent le tiers desterres de la péninsule; Oreste le leur refusa; ils trouvèrentaisémentun chef plus logique et plus hardi.

Un Ruge, Odoacre,enrôlé dans la milice et commandantd'un corpsd'Hérules, promit aux mécontents de les satisfaires'ilsvoulaient le suivre. A leur tête il prit Oreste dans Pavie,le tua, puis relégua dansune maisondecampagne,à Luculla-num, Romulus Augustule, ce dernier César qui, par unesortpdedérision du hasard, réunissait les nomsdu fondateur de Rome et du fondateur de l'empire. A Rome, le sénat lui-même,sur l'ordre de l'audacieux barbare, proclama lafin del'ancien ordre de choses. Dans~ine lettre, adressée à l'empe-reurd'Orient, les sénateurs déclarèrent qu'un seul souverainsuffisait pour remplir désormais de sa majesté l'Occidentet

l'Orient, et qu'il était inutile de prolonger la successionim- périale enItalie; en conséquence, ils supplièrent Zénon, aunom de la république, d'accorder à Odoacre le titre de pa-trice et le gouvernementdu diocèsed'Italie.

Il ne manquait à l'abaissement du sénat que d'ensevelir lui-mêmela vieille gloirede Romeet de rédiger ainsi l'acte

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LIVRE I. CHUTE pE L'ITALIE ROMAINE.26d'abdicationdel'Italie, tombéedurang dema!tressedu mondeà celuid'un~simplediocèse. C'était proclamer au reste un faitdepuislongtempsaccompli. Depuis la mort de Théodoseunesuitede barbaresavaientexercéle pouvoirdontilsavaientlaisséle titre à des fantômes. La suppression du nom d'empired'Occidentne futqu'une conséquenceà peine remarquée dela disparitiondelachoseelle-même,etiln'en resta plus qu'unsouvenir vaguemais glorieux dans l'esprit des Italiens et detousles peuples nouveauxnésde ses débris.

Ce souvenir, cependant, ne sera pas sans puissance.Les peuplesde l'Occident,longtempsaccoutumés!t recevoir aveccrainte et respect cequi vientde Rome, sont commedisposésd'avanceà l'obéissance toute spirituelle que l'évoquede cetteville exigera bientôt d'eux. Rome païenne laissait l'héritage

de sa suprématieà Rome chrétienne. De leur coté, les Ita-liens, dans leur misère, invoqueront plus d'une fois commeune protectionet un espoir ce nom de César, synonyme deleur prospérité et de leur grandeur. En dépit de l'abdicationdu sénat, il semble qu'il y ait un grand videà combler dansl'Occident.

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LIVRE IL

L'ITALIE GOTHIQUE (476*8~2)'.

Règned'Odoacre;invasiondes Ostrogoths(47<r490). EtaNisMmentdesOstrogothsThéodoricleGrand(490-526). DécadencedesGothsetconquête

grecque;BélisaireetTotila(&26-552).

mè~ne d 0~~<~ae)re~toTtMtondes Ostrogoths (<9<t.4«).

La révolution qui mit fin à l'empire d'Occident en 476, etsoumit l'Italie au barbare Odoacre et à ses mercenaires, n'é-taitque l'établissement définitif d'étrangers qui défendaientdepuis longtemps la péninsule, et exigeaient pour eux ce quiavait été accordé à des armées plus étrangères encore, enGaule et en

Espagne. Par là,

cependant, tout lien fut rompu

entre l'Italie et le reste de l'Occident, entre le passé et le présent; la péninsule recommença une vie nouvelle, une vieà part au milieu du démembrement de l'ancien empire.

Odoacre ne semblait point tout à faitdépourvu des talentsnécessaires pour faire du débris d'un empire un royaume puissant et libre. Il renvoya à l'empereur Zénon les orne-ments impériaux, satisfait de conserver la réalité de la puis-sance, sous le titre modeste de patrice. Selon la promessefaiteaux barbares, le tiers des terres, des maisons, des esclavesdes riches, leur fut partagé; des bandes de mercenaires arri-véesaprès coup, eurent même part aux dépouilles. Odoacre

1.Voy.duBonre, //u<otf<A ?'A<o<A)fMleCrand,toi <f/<; thnto,C<Mt«tMdes0«~c<AufA«t~t<A~;JotnMd~M< du Cf< Procope,&Bellogo<A«&.

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LIVRE H.28

s'eSbrça de mettre autant d'ordrequ'il était possibledans cetacte dedépossession des anciens habitants. I! conserva l'admi-nistration civile, qui continua à être exercée sous ses ordres par un préfet du prétoire. Les soldats et les compagnonsd'Odoacre formèrent seulement en Italie comme une garni-son militaire, dont on avait payéla solde, une fois pour toutes, par une large concession de terres.

Le barbare montra en tout, au dedans comme au dehors, lamême fermeté. A la suite d'une émeute à laquelle avaitdonné lieu le choix du pape à Rome, il défendit de procéder désormais à une élection sans son aveu. Assez fort pour se borner dans ses désirs, il céda la Provence aux Goths établisdans la Gante il recouvra sur Genséric l'ancien grenier deRome, la Sicile, mais à la condition d'un tribut. II échout

cependant dans le projet de fonder une domination puissanteet durable en Italie, comme semblaient alors faire les Visi-goths en Espagne. Ses mercenaires, recrutés dans toutes lesnations, étaient trop peu nombreux et formaientun corpstrophétérogène. Les Italiens, qui voyaient en eux des spoliateurs,et dans leur chef unarien, un hérétique, étaient plutôt dis- posés à le trahir qu'à faire cause commune avec eux. EnEnOdoacre, qui connaissait les ressources du despotisme impé-rial, continua à son profit toutes les exigences du fisc, et la

population de l'Italie diminua encore maintenant

qu'elle était

privée des blés de l'Afrique. Le pape Gélase rapporte qu'il yavait alors des contrées, dans l'Emilie et la Toscane, où l'onrencontrait à peine un homme.

Le roi Odoacre ne put défendre sa conquête lorsqu'unenouvelle nation de barbares se présenta en 489 sur la fron-tière des Alpes. C'était le second ban de la vaillante et vaga- bonde nation des Goths, arrivant non plus pour passer commeun torrent ainsi qu'avaient fait les Visigoths, mais pour s'éta- blir. Soumis quelque temps

par Attila, les Ostrogoths, après

la mort de celui-ci, s'étaient nxés dans la Pannonie, avec leconsentement de l'empereur d'Orient dont, selon l'occurrence,ils défendaient ou ravageaient les provinces. Après avoir obéià leurs trois chefs, Wladimir, Widemir et Théodemir, ilss'étaient enfin réunis sous unseul, le jeune et vaillant Théo-

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L'ITALIE GOTHIQUE(476-552). 29

doric,de la race des Amales, qui avait été longtempsretenuenotageà la cour d'Orient. Adoptécomme son fils d'armes par l'empereur d'Orient, Zénon,Théodoric s'était enfinlassédes intrigues des Grecs et avait obtenu de Constantinoplel'autorisationde faire rentrer l'Italie sous ses lois, en y éta-

blissantson

peuple. Il arrivait

maintenant à la tète de deuxcentmille barbares, émigrant avec chariots, femmes,enfantsetrichesses,c'est-à-dire à la tête de tout un mondenouveau(lotonu<yr<!n<ein /<a~ammundo).'

Odoacreopposad'abord, dans les Alpes, le roides GépidesArdaricà la marche des Ostrogoths. Cette avant-gardeécra-sée,non sans peine, il ne put lui-même tenir sur l'Isonzo, et prèsdeVérone perditun combatdécisif. Ijaurent etÉpiphane,évoquesdeMilan et dePavie, firent leur soumissionaux nou-veanxarrivants.Odoacretint encoreavecsesbarbares toutl'hi-yer au milieu descampagnesde la Ligurie. MaisThéodoric,ayantreçu, au printemps,,des secours envoyésde Gaule par sonallié le roi desVisigoths,livra à son adversaireune der-nière bataille sur l'Adda. Il fut d'abord repoussé jusqu'aux portesde son camp; les reproches de son énergique mère lerenvoyèrentau combat. D rallia alors les siens par des pro-diges d'audace, et poussa,l'épée dans les reins, son ennemivaincu jusque dans Ravenne.

La domination de l'Italie dépendait de la possession

decetteville, que défendaient les deux petits fleuvesdu Roncoetdu Montone, un lacassezconsidérableet une forêtde pins.Pendantle siège, qui duralongtemps, Théodoric soumit Ri-mini,Plaisance, Mantoue, pour isoler Ravenne. L'évoquedela ville, Jean, prévoyant enfin une catastrophe, s'entremitcommefaisaient alors tous les personnages ecclésiastiquesdel'empire, et parvint àconclure un traité par lequel OdoacreetThéodoricdevaientgarder chacunle titre de roi, et leurs sol-dats, goths et hérules, entrer en partage dela terre italienne.Mais, au bout de peu de temps, l'impossibilité d'un pareilaccommodementéclata. Théodoric sortit violemment, et par un crime, de cette position fausse. Il invita Odoacre à un banquet et le poignarda, tandis que sur son ordre les princi- pauxchefsennemis étaient saisis et tuésen trahison dans le

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LIVRE II.30

reste de l'Italie. La péninsule passa ainsi des Hérnles merce-naires aux Ostrogoths~etd'Odoacreà Théodoric.

)~<*tU<~N«mt<)M)<)K<)re~o<t)t!tt<«t*rte le <tn<M<)(4W~.t*<~

Les Ostrogoths étaient un peuple encore barbare, que lechristianisme, porté au milieu d'eux par des missionnai-res ariens, n'avait guère adouci.Ils ne connaissaientrien dela culture de la terre; dernièrement ils avaient rainé laThrace, en coupant le bras droit à tons les habitants decette province en état de tenir la charrue. Par son séjour à la cour deConstantinople-,leur chef Théodoric seul joi-

gnait à la robuste

conshtution de sa race, et aux exer-cicesd'une rude jeunesse, une éducation plus civiliséequi lerendait familier avec lesmœurs et les lois du monde romain, bien qu'il n'eût pas encore tout h fait dépouilléle barbare,Ënnodins, son panégyriste,vante la mobile expressionde sonvisage,caressant dans la joie, terrible dans la colère,et pro-mettant à son gré laguerre ou la paix.Avecses rudescompa-gnons, Théodoric avait amené en Italie le lettré grec Arté-midore. Il semblait propre présider à la création d'unenation

nouvelle, par le

mélange des

Ostrogoths et des Ita-

liens, comme cela eut lieu entre les Gallo-Romains et lesFrancs, sons le roi Clovis.

Théodoric l'essaya. Se considérant comme l'héritier, leconservateur des institutions impériales en Italie, il n'y vintrien changer; il prit seulement pour lui l'autorité, et pour ses compagnons des terres, en guise de solde, commeavaittait Odoacre. Un lot proportionné à la naissance, au rangdans l'armée, aux esclaveset aux têtes do bétai!, futassignéh chaque barbare sur les propriétés des riches italiens, et lesfit ainsi citoyensintéressés de l'Italie. Le chef desOstrogoths,en chargeant quelques Romains, entre autres Libérius, de ladistribution de ces domaines, essaya do déguiser autant que possible cette spoliation, qui ne s'acheva point sans quelquedésordre. Dans un premier instant de colère, il avait vouludépouiller tous les soldatsqui avaient servi dans l'armée d'O-

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doacrè; maisil revint sur cette décision, grâce à l'interces-siond'Ëpiphane; les anciensmercenairesse confondirent peuapendanscettearmée d'occupation,qni,avecle restedes riches propriétaires~ exploita le sol italien cultivé par d'anciens

colonsou de nouveauxcaptifs,dont la condition se rapprocha bientôtde celle des serfs.A part cela, le roi Théodoric s'efforçade conserverle vieil

edince politique et civil de l'empire. H garda toutes les au-ciennesdignité~ et les confia à des Romains; il fit préfet du prétoire,Libérius, qui avait défendu contre lui Césène, tantqu'il avait espéré pour Odoacre; il confia le gouverne-mentdu midi de l'Italie au magistrat Cassiodore,et prit pour secrétairele filsde celui-ci, qui rédigea en stylepompeuxles

missiveset les ordonnancesdu barbare. Les charges de pa-trice, de questeur, de ma!tre des offices, le trésor public et privé, tous les ressorts de l'administration romaine et lesimpôtsfurentmaintenus dans leur intégrité.A Rome, te con-sulat,le sénat furent rétablis, quoique tenus dans la mêmemutité politique qu'auparavant. L'organisationmunicipalefutconservée.

Arien, Théodoric respecta le culte des Italiens; il admitmêmedanssa faveur Ëpiphane, de Pavie, Laurent, déMilan,et

envoyaune

fois, au

premier, une somme

d'argent considé-

rable, pour racheter des captifs qui avaient été faits par lesBurgondessur son diocèse. Sous lui, l'évêque de Rome vit plutôtaugmenter que décroitre sa puissance.Il devintauprèsduroi l'intermédiaire du clergé catholique,non-seulementdel'Italie, mais des autres pays où Théodoric étendit bientôtsoninQuence il obtint même de lui la levéede l'interdiction portéepar Odoacrecontre l'élection du pape, sansla permis-siondu souveraintemporel. Grâceà ce bonaccord, tes immu-nitésde

l'Eglise forent conservées mais les clercsrestèrent

soumisen général à la juridiction séculière; et les juifs, pro-tégésaussi, purent réparer leurs synagogues.I~esloissévèrescontre les païens et les sorciers furent seules strictementmaintenues.

Désireuxde rattacher son œuvre au passé,Théodoric de-manda et obtint d'Anasthase les insignes impériaux dédai-

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LIVREH.32gneusementrenvoyésà Constantinople par Odoacre.Il prit la pourpre, l'habit romain, la chlamyde,la chaussure peinte, etfitadopter le costumeromain à ses principauxofficiers, ponr entraîner le restedela nation.Afin de ne point paraître entrer en rivalité avecl'empire d'Orient, il se contentadu titre deroi, et consentità soumettre chaque année, à la confirmationde la cour de Constantinople,l'élection du consulimpuissantde Rome; mais il eut soin de concentrer, entre ses mains etdans cellesde sa nation, toute l'autorité politique et la forcemilitaire. Il était le premier magistrat des Romains commele premier chefde l'armée barbare. Hconnrma,danslesvilles,l'élection desdéfenseurs; il nommait lui-même,dans les pro-vinces et dans les cités, les comtes goths ou romains, qui joignaient un véritable pouvoir civil à leur commandementmilitaire; enfin il distribuait, dansles diBérentesgarnisonsde FItalie et les postes desfrontières, la vaillantearméequ'ilavait dotée d'une si riche conquête.

Sous lui, l'Italie parut partagée en deux peuples l'un deGoths adonnés au métier des armes, l'autre de Romainsvouésà l'exercice des magistratures civiles et aux pacifiquesoccupations.Les conquérantscantonnés dans leurs fiefsmi-litaires, entretinrent leur goût pour les exercicesdes armes, par exemple aux jeux de l'école militaire de Ravenne, et ilstinrent soigneusement leurs enfants éloignés des lieux oùl'on enseignait les lettres et lesarts, commes'ils nevoulaient pas que leurs filsapprissent à trembler sous la férule d'unRomain. Les anciens habitants, au contraire, depuis long-temps déshabitués de la vie du soldat, continuèrent à fré-quenter leurs écoles, et ne songèrent qu'à remplir les fonc-tions administrativeset civiles. Cette séparation, cependant,ne fut point un effetde la volonté de Théodoric, qui auraitainsi assignéà chacune des deux nations sa part dans la vie publique. Loin de là, le roi accueillit avec faveur, dans son

armée, quelques comtes romains, entre autres ServatusetCyprien. An contraire, il fitdonner une éducation toute ro-maine à sa fille Amalasonthe, à son neveu Théodat; il fitentrer quelques-uns de ses barbares dans le sénat et les es-saya aux charges civiles; mais il ne réussit pas à fondre des

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L'ITAHB GQTHtQUE (476-552). 33

mœurs et des coutumes profondément dissemblables, à se-couer le relâchement des Romains et à arracher les Goths àleur rudesse barbare.

Il fallait a deux peuples si divers, des tribunaux et des jugesdinérents. Les Romains conservèrent leurs anciennes formes

judiciaires, les Goths furent

jugés par nn comte

goth. Seule-

ment dans les procès entre Romains et Goths, le comte bar- bare s'adjoignait un magistrat italien pour juger l'affaire, précaution qui n'empêchait pas que les intérêts des Romainsne fussent souvent sacrifiés à ceux de leurs maîtres. Théo-doric fit tousses efforts pour effacer ces distinctions; il renditnn édit qui dut servir de règle aux Goths et aux Romains, etqui tenta d'amener la fusion des mœurs par celle dès lois; itabolit la coutume barbare dos duels judiciaires, de la compo-tttton, des épreuves, et assujettit les Goths a maintes formesempruntées au code théodosien. Théodoric fit plus par la plume élégante de sonsecrétaire, il invita à la concorde Gothset Romains Vous êtes rassemblés sous le même empire,leur dit-il que vos cœurs soient unis! Les Goths doivent ai-mer les Romains comme leurs voisins et leurs frères, etles Romains doivent chérir les Goths comme leurs défen-seurs. »

Pendant presque toute sa vie au moins, Théodoric voila par sa prudence et sa fermeté les défauts d'un état de choseauquel letemps seul pouvait porter remède. Il se fitlui-mêmeillusion au point de dire le 7!omatMtmf/e le Goth, le Go//tsuit le Romain. Fort au moins de cet accord apparent, il pritune honorable place au milieu des rois barbares qui s'étaient partagé les provinces de l'empire d'Occident démembré; ilexerça même sur eux, par ses alliances et par ses armes, unesorte de puissant arbitrage. H obtint en mariage la maind'Audeflède, soeur du puissant roi des Francs, Clovis; ildonna lui-même sa sœur au roi des Vandales, sa nièce au

roi des Thuringiens, une de ses filles au roi des Visigoths,Alaric II, une autre au fils du roi des Burgondes. Les pro-vinces de Norique et de Pannonie qui servaient de frontièreà l'Italie, étaient toujours remuantes depuis que des bar- bares les avaient occupées en y détruisant tous les vestiges de

mST.B'tTADE. 3

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UVREJT.34

la domination romaine. Théorie ccntiat pas populationsturbulentes; il battit et tua dans le Norique un roi des Rugesqui avaitété d'abord son allié. II enleva la Pannpnie au Gé- pideTrasaric, qu'appuyait indirectementl'empereur d'OrientAnastase; et, par ces victoires, il assura ~l'Italie le rempart

des Alpeset duDanube. Au delà même de ceBecyo, il pro-tégea les Alamans contre les Françs; an del~des Alpes,il profita des dissensions des Burgondes et de leurs guerresavec Clovis, pour s'emparer du passage des Alpes grec-ques.

Ainsirespecta ou craint de tous ses voisins, qu'il sur-veillaitde Vérone, sa villede prédilection, Théodonc assuraà l'Italie un repos dont elle n'avait pas joui deputslongtempset dont elle profita pour relever ses ruines. Le dessèchement

des marais Pontins fut

essayé sous son

patronage. Les côtesde l'Adriatique, depuis llstne jusque Ravenne, devinrentune nouvelleCampanie. Des ordonnances de Théodonc sur l'agriculture et l'exportation assurèrent la subsistance del'Italie. Le cursus, on la poste publique rétablie, raviva lesrelations en même temps qu'elle assura la prompteexécutiondes ordres royaux transmis par des messagers qui portaientle nom de ~<M<MM.L'afflnencedo la foire annuelle de Saint-Cyprien en Lncanie montra la prospérité nouvellede cette

province qui avait failli devenir un désert.

La visiteque Théodoricfit à Rome, en l'année 500, estl'image fidèlede toute sa conduite; il y fit son entrée, suivides personnages illustres des deux nations gothique et ro-maine, et fut reçu par le savantBoëce, préfet de Rome, à tatête du sénat, et par le pape à la tête de son clergé. AuCapi-tole, il montra la plus grande déférenceenvers lessénateurs,qui lui votèrent une statue d'or. Il traita le peuple commece peuple voulait l'être il lui fit donner deux cent mille me-sures de farine, et constitua un fonds pour lui assurer desdistributions annuelles. La population romaine crut avoir retrouvé son empereur, quand Théodoric présida aux com- bats de bêtes dans l'enceinte du Colysée. La conduite du roienvers le clergé fut encore plus habile. Tout arien qu'il était,il déposa sur le tombeau de saint Pierre une otirandeconsi-

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35L'ITALIE GOTHIQUE (476-552).

dérable. Un schisme était près d'éclater dans Romea t'occa~siond'une élection pour le saint-siége.Les deux partis avaientété plusieurs fois sur le point d'en venir aux mains; Théo-doricimposala tranquiHité à la ville, remit la décision de laquerelle à l'Ëglise et ordonna la réunion d'un synode d'é-

véquesqui releva Symmaque des accusations portées contrelui et !e proclama seul pape légitime. Appréciateur desmo-numents de la vieille Rome, qu'il put encore admirer danslesthéâtres de Pompée et de MarceUns, dans ses thermes etdans ses temples, it les mit sons lagarde d'un architecte par-ticulier, fitdéfense aux citoyensde les dégrader, affecta auxfraisde leur réparation le produit des douanes du port Lu-crin, et donna lui-même chaque année deux cents livres d'or et vingt-cinq mille briques pour leur entretien. Ces soins

réparateurs s'étendirent an delà de l'enceinte de Rome, àRavenne,à Pane, à Napleset dans quelques autres villes oùforent restaurés on construits des églises, des aqueducs, des bains et des portiques à Vérone surtout où s'éleva un palais,le plus ancien et le plus authentique monumentde l'architec-ture des Goths.

Une occasion s'offrit bientôt Théodoric de prouver auloinquelle était sa puissance. Aprèsavoir essayé de prévenir laguerre entre les Francs et les Visigoths, il fut obligé de

prendre sonssa

protection toute une nation de

frères, lorsqueAlaricII eut été tué à la bataille de Poitiers. Son généralIbbas battit le fils ainé de Clovis, près d'Arles. En vain l'em- pereur Anastase,allié de Clovis,essaya-t-it de faire diversionen jetant une armée en Italie; mille petits bâtiments légers,équipésà temps par les soins du préfet du prétoire Abun-dantius, garantirent les côtes de la péninsule. Théodoriccon-servala Septimanie aux Visigoths, prit pour lui la provinced'Arlesoù il établit le préfet Libérius, et, maintenant Ama-!aricsur le trône des Visigothsen Espagne, étendit son auto-rité sur les deux branches réunies de la nation gothique, duDanube au détroit deGibraltar.

L'Italie, unie sous ja domination d'une nation puissanteet d'un homme de génie, recouvrait avec sa prospérité !a première place en Occident; œuvre brillante, mais qui

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LIVRE H.36

cachait des vices dont la première occasion fit éclater lestristes conséquences! Les deux cent mille barbares, maîtresde l'Italie, fiers de leur force, supportaient difficilement lerespect qui leur était ordonné pour les vaincus, et lesimpôtsqu'ils devaient payer comme eux à leur chef commun. Malgré

les nombreuses lois portées contre les Goths qui violaient les propriétés des Romains, ce crime se renouvelait souvent, etThéodoric avait besoin de rappeler qu'il n'était point af-franchi lui-même de l'impôt, pour y plier ses compagnons.De leur côte, les Romains n'oubliaient point, malgré tous lesménagements, qu'un barbare, un arien les avait conquis etles tenait sous le joug d'une sorte d'aristocratie militaire.Théodoric, d'ailleurs, en conservant tonte l'administration politique et civile des Romains, n'avait fait que continuer

les traditions du despotisme impérial, d'autant plus odieuxaux anciens habitants qu'il était exercé par un étranger.La religion fut la pierre d'achoppement où vint se briser la

fortune des Goths et le nouveau royaume d'Italie. Théodoricavait professé par la bouche de Cassiodore que le souverainn'avait point d'empire sur la religion, parce qu'on ne pouvaitforcer la croyance et il avait fait respecter scrupuleusementla liberté de chacun. Mais un châtiment inOigé à quelquesorthodoxes exaltés, pour des violences exercées contre les juifsà Rome et à

Ravenne, répandit le mécontentement

parmiles catholiques. Dans toutes les églises les prédicateurs criè-rent à la persécution. La défiance se glissa peu à peu dansl'âme de Théodoric, et réveilla le barbare dans le roi d'Italie.Le port des armes fut interdit aux Italiens; les sénateurssoupçonnés de relations secrètes avecla cour de Byzance fu-rent étroitement surveillés.

Théodoric, arien consciencieux, trouvait dans les circon-stances des raisons de craindre pour la doctrine dant il étaitalors le seul représentant considérable. Il avait vu Clovis chas-ser avec les Visigoths l'arianisme de la Gaule; les Burgondesvenaient d'abandonner leur vieille foi. Sous l'influence ducélèbre Benoît de Nursie, qui allait fonder le couvent duMont-Cassin, et sous celle du nouveau pape Jean, esprit ar-dent, l'orthodoxie devenait plus jalouse. Rome enfin, tournait

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L'ITALIE GOTHIQUE'(476-552). 37

ses regards avec p!us de complaisance vers l'empereur ortho-doxede Constantinople.

Théodoric savait comment on faisait servir la religion auxdesseins de la politique. Il s'était toujours tenu en garde con-tre l'ambition de

Constantinople. Un édit

porté par l'empe-reur Justin contre ses sujets ariens, sans en exempter mêmeles Goths auxiliaires, éveilla encore plus les regrets et les es- pérances des Italiens, mais excita au plus haut degré la co-lère du roi. Il fit partir en toute hâte pour Constantinople le pape et quatre sénateurs pour obtenir le retrait de l'édit, et,sur le refus de Justin, menaça par représailles, d'interdire leculte orthodoxe en Italie. Si quelques vceuxavaient été for-més déjà pour le rétablissement de l'autorité impériale dansla péninsule, les menaces de persécution les rendirent plusardents. Lorsque Théodoric apprit que le pape Jean, sansrien obtenir de Justin, le couronnait une seconde fois solen-nellement à Constantinople, il se crut trahi. Le sénateur AI- binus fut accusé en plein sénat d'avoir espéré la liberté deRome, et entretenu au nom ducorps tout entier une cor-respondance coupable avec Justin comme il se défendait,le personnage le plus illustre de l'Italie, Boëce, qui avaitécrit récemment son livre de la Trinité contre les ariens,se leva pour réclamer sa part du crime d'Albinus. SiAlbinus est coupable, dit-il, je le suis avec tout le sénat ro-main.

Théodoric n'avait pas ménagé sa faveur à Boëce. Deuxans auparavant il avait fait élire dans une même année sesdeux fils consuls. Cette opposition lui parut ajouter l'ingrati-tude au crime; il fit saisir l'illustre sénateur, comme cou- pable d'avoir adressé àl'empereur Justin une requête pour la délivrance de l'Italie il obtint sa condamnation du sénattremblant, et le jeta dans la tour de Pavie où celui-ci écrivit

son beau livre </ela CftMO/a~tOHde la philosophie. Peut-êtreest-ce sur la lecture du premier deschapitres de cet ouvrage,que Théodoric tira crueUement Boëce de sa prison pour lelivrer au supplice do la roue. Peu de temps après, Symmaque, beau-père de la victime, éprouva le même sort pour n'avoir pas su contenir sa douleur; et le pape Jean, au moment où

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38 UVRE H.

il revenaitde Constantinople,fut jeté dans une prison où ilmourut.

La colèredu barbare contintlesItaliens; mais l'oeuvredeThéodoric fut perdue. Lui-même, triste d'avoir tout compro-mis, tourmenté par le remords, poursuivi par de sanglantesimages, it succomba peu de temps après à un accèsde fièvreardente (526), et sa mort fut le signal de la décadencede sonroyaume. On voit encore à Ravenne le tombeau qu'il s'étaitfait construire de son vivant, et dont le dôme énorme etmassif, fait d'une seule pierre d'Istrie, suffit pour prouver que rien, dans l'architecture des Goths, ne lui méritait l'hon-neur de donner son nom hcet art ogivalqui a couvert de seschefs-d'ceuvrel'Europe du moyen âge.

Be<«enee <tM Gotbs. et «HttfuCte )t*~<*qae; Méttsatreet ~ottta (S«t SM).

Aprèsla mort du grand Théodoric, les Visigothsd'Espagneese séparèrent d'abord des Ostrogothssous leur roi Amalaric.Amalasonthefilledu grand roi, veuved'Eutharic prince gothdela race desAmales, tutrice de son filsâgé de dixans, Atha-laric, n'eut à soutenir qu'en Italie l'ceuvredu conquérant. Latâche était déjà assez lourde. Les grands officiersde la cour

au lit de mort du roi avaient juré fidélité à sa fille et à son petit-fils. Au premier moment les émissaires d'Amatasonthefirent reconnaitre son autorité partout. Avec une prudencequi rappelait celle de son père, et témoignait des conseilsdeCassiodore,cette femme belle et savante ménagea d'abordl'empereur d'Orient, dont elle fitgraver l'image sur sesmon-naies, avecle nom seul de son fils; elle rendit leur patri-moine aux enfants de Boëce et de Symmaque, et confia les premières charges civilesauxRomains elle continua à pro-

téger les anciens habitants contre les violences do ses com-

patriotes, donna à son fils l'instruction qu'elle avait reçueelle-même, et montra qu'elle aurait maintenu ce qu'avaitfondé son père, si une femme l'avait pu à cette époque barbare.

Mais la puissante volontéde Théodoricn'était plus là. Las

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de protéger les Italiens, les barbares'voulaient les opprimer,depuis qu'ils n'étaient plus contenus; les Romains et leclergéorthodoxe,au contraire, tournaient avec plus de har-diesseleurs regards versConstantinople, en voyantl'autoritéauxmains d'une femme. ]~a première occasionde trouble

naquitdansle pataisde Ravenne. La reine Amalasontheavaitquelque peine a plier sonfilsaux nécessitésde l'éducationro-maine elle frappaun jour au visage le jeune roi les sei-gneursgoths mécontentsde voir leur chef élevédans les artsdesRomains, l'arrachèrent à sa mère pour en faire un véri-tableroi barbare, et le confièrentàdesguerriers. La mortdu

jeune Athalaric, victime des excès que lui permirent sesnouveauxmaitres, compliqua la situation déjà très-tendue(53&).

Amalasonthene croyait point la maxime barbare que lalance ne devait point tomberen quenouille faite pour la filledeThéodoric ellevoulait continuer de régner. Un neveudugrandThéodoric, Théodat, disciplede Platon, barbare civi-liséqui n'avait pris des mœurs romaines que les vices, con-voitaitla successioud'Amalaric et traitait aussi avec la cour d'Orient.Entourée de piéges, Amalasonthe offrit à Théodatle partage de son trône Théodat accepta, puis enferma lafillede Théodoric dans une ile du lac Bolséna; enfin commeelle

implorait la

protection de

Justinien, empereur d'Orient,il la fit étrangler dans un bain. C'était l'occasion qu'atten-dait la cour d'Orient. Justinien avait alors l'apparence dela puissance; décidé à arracher l'Italie aux Goths commeilvenaitd'arracher l'Afrique aux Vandales, il ordonna à songénéralBélisairede passer avecses mercenaires en SicileetenItalie.

LesGoths ne pouvaientcompter que sur eux-mêmes. Lesancienshabitants voyaient approcher avec joie celui qui lesdélivreraitde la dominationde

spoliateurs barbares et héré-

tiques les Siciliens se rendirent .à la première sommation.Ala nouvelleque Bélisaire approchait, le disciple de Platonabandonnala partie pour une honnête pension et la permis-sionde vivreen philosophedans la Grèce. Bélisaire, débar-quésans peine a Reggio, se dirigea sur Naples, au milieu

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LIVRE II.40des peuples joyeux du Brutium, de la Lucanie et de la Cam- panie. Huit cents Goths et les juifs, très-nombreux dans Naples, opposèrent seuls une vive résistance. Mais Béiisair~fit pénétrer ses soldats par un aqueduc, dans la ville et tout

le midi de la péninsule reconnut ses lois (536). 'Quelquesmois après enfin, le général de Justinien était reçu a Romeavec enthousiasme, par un peuple qui espérait regagner les blés de la Sicile et de l'Afrique, et qni acclamait dans lemaitre de Bélisaire un souverain orthodoxe.

A voir ainsi commencer la latte il semblait que les Gothsne dussent pas tenir longtemps ils trouvèrent cependantdans leur courage assez de ressource ponr lutter dix-huit ans.A ia place de Théodat, tué dans sa fuite par un Goth qui

avait une injure personnelle à venger, ils élurent Vitigès. Ce-lui-ci épousa la fille d'Amalasonthe, abandonna la Gaule os-trogothique aux Francs, afin de prévenir une autre guerredue Justinien suscitait contre lui, et, après avoir rassemblédes garnisons lesplusétoignées touslesconquérantsdei'tta!ie,revint sur le midi par la voie Flamitiienne et le pont Milvius.Bélisaire avait fait d'immenses préparatifs de défense, arméles habitants pauvres, réparé les fortifications, transformé pour la première fois le tombeau d'Adrien(plus tard le châ-teau

Saint-Ange) en

citadelle il animait tout de sa

présence.Vitigès établit les Goths dans sept camps fortifiés autour deRome et livra plusieurs assauts inutiles. Pendant un an (538)les Ostrogoths s'obstinèrent à l'attaque, malgré les ravagesque faisait parmi eux l'air déjà pestilentiel des environs deRome, et Bélisaire à la défense, en dépit des Romainsquicommençaient à trouver un peu dures les souffrances de lafamine. Enfin un secours de quatre mille mercenaires, amené par la femme de Bélisaire, Antonina, découragea les Ostro-goths. Ils se mirent en retraite vers le nord.

L'arrivée de cent mille barbares francsqui s'annonçaient par la ruine de la grande ville de Milan, pouvait changer leschances de la lutte; ils étaient courtisés à la fois par lesGrecs et les Goths. Mais leur chef, Théodebert, bat in-distinctement les Goths et les Grecs, brute les moissons,ruine toutes les villes où il entre, et se retire avec une armée

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décimée par la faim et la peste, après avoir fait plus de malà la cause de Vitigès qu'à celle de Justinien (539).

Cet ouragan passé, Bélisaire resserre peu à peu les Gothsdans Ravenne. Justinien, las de la longueur de la guerre, était

prêt à abandonner anx Goths la Ligurie au delà du Pô, maisson général persiste; il met à profit les ouvertures de quel-questraîtres qui offraient de le reconnaître comme roi d'Italie,fait pénétrer des vaisseaux dans le port, des soldats dans lesfaubourgs, et prend possession de la ville, malgré le déses- poir des femmes des Goths qui crachaient au visage de leursmaris, à la vue du petit nombre et de la petite taille des vain-queurs. Vitigès captif, le reste des Goths en garnison dansles différentes provinces d'Italie fit sa soumission, croyanttout sauver en

changeant seulement de

roi mais Bélisaire

leur annonça alors qu'il avait travaillé pour son maitre etnon pour lui-même; et laissant derrière lui dix générauxgrecs pour achever son oeuvre, il.crut pouvoir aller conduirele roi des Goths aux pieds de l'empereur Justinien et lui an-noncer que la péninsule faisait de nouveau partie de l'em- pire (540) il n'en était pas encore ainsi.

Quelques milliers de Goths déterminés, enfermés dansPavie, refusèrent d'obéir en apprenant qu'ils étaient trahis;

.ils se donnèrent pour chef Totiia, neveu du dernier roi,Celui-ci profite de la division des généraux grecs qui n'étaientoccupés qu'à faire leur main, disperse vingt mille ennemis près de Faenza, reprend Naples, la Pouille, la Calabre etaprès avoir ainsi privé Home des blés du midi de l'Italie,revient sur elle. Le système fiscal de l'empire appliquéde nouveau à l'Italie par Justinien, et la conduite de sesdix généraux avaient suffi déjà pour faire regretter lesGoths.

Béiisaire qui revint alors ne put empêcher Totila de forcer la porte Asinaire; le barbare pénétra dans la ville, mit au pillage les maisons des riches citoyens, et fit démolir un tiersde ces murailles qui l'avaient si longtemps arrêté; il n'aurait pas épargné les plus beaux monuments, sans une lettre deBélisaire. Il laissa dumoins la ville presque déserte, emmenaaveclui les sénateurs et les riches citoyens qu'il dissémina

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LIVRE ll. L'ITALIE GOTHIQUE(476-552).42

dans différentes forteresses de la Campanieet s'établit sur lemont Gargano(547).

Bélisaire prit possession de ces ruines, y jetà une faiblegarnison, et nt relever les murailles de manière à résister àun assaut; mais quand il descendit au midi pour enleverla

Lncanie et la Campanieà Toti!a, il échoua faute de troupessnfHsantes, et découragé se fit rappeler à Constantinople.Totila rentra dans Rome, la fortifia cette fois,et y rappela lesénat et le peuple (549).H passadans la Sicile, qu'il rattachaà l'Italie, etfit attaquer par ses vaisseauxles côtesdel'Ëpire.Les villes deRavenne et d'Ancone restaient seulesau pouvoir des Grecs. Totila promettait plus encore. En rétablissant legouvernementde Théodoric, il voulait l'améliorer par l'ob-servation de la plus rigoureuse justice. Du temps deThéo-

dat, disait-il, nous avions la puissance,mais la justice nousmanquait. Honorons notre victoire par notre vertu. La for-tune de la guerre suit les mœurs des combattants. Il n'eut pas le temps de tenir ces promesses. L'Italie devait bientôt passer sous d'autres dominateurs.

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LIV&Ë ÏÏL

MTAUE BYZANTINB ET LOitBARDE

L'eunuque Narsèsfondel'exarchat(&52-568).LesLombardset leur roiAthoin(aM-5~5). Lestrentesixduchéslombards(5~5-M4).Theodetinde,saintGrégoireleGrand(5S4-6M). Rotharis:consti-tutionettégtstationdesLombards(62(H!5?). Décadencelombarde*.et byzantine;originedu pouvoirtemporeldes papes. Grégoire!ïetGrégoireU!(n5.i50).

H/etUMMtae !~raèt< fonde t eMrehat (tSt.JMM).

La-puissancegothique en Italie avait jeté seulement avecTotilaundernier éclat. Elle avait de bien faibles racines dansla péninsule puisqu'il avaitsuffid'un premier choc de l'em-

pire byzantin pour l'ébranler. Un second choc la renversa.Le pape Vigile, organe des orthodoxes et des anciens habi-tants, s'adressa donouveauà Justinien qui cette foisleur en-voyaun homme capable d'achever les Goths.

L'eunuque Narsès cachait une âme énergique dans uncorpsgrêle et mutilé; il augmenta les troupes qu'on lui avaitconfiéesde cinq mille Lombards, trois mille Hérules, deuxmilleHuns et quatre mille Perses qui avaient à leur tête leneveumême de leur roi.Ce fut par lenordqu'il pénétra avecces

forcesbarbares en Italie en jetant des ponts de bateauxauxembouchuresde la Piave, de la Brenta, de l'Adige et duPô. Aprèss'être reposé à peine quelques jours dans Ravenne

4.Voï.Lto.~u«M~<f/fah<<"Tot.tPaulUttcre,t'hbtorttndtt Lem-tards,etAnMtMe,le biNieth<t*ire.

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LIVRE m.44

il se dirige droit sur R~me. Les Goths l'attendaient entreTagina et les sépulcres desGaulois,sur le champ de batailleoù Décius s'était autrefoisdévoué pour Rome en combattant.Totila, avant l'action, fait admirer des deux armées soaadresse à dirigerson cheval etmanier sa lance. Plus desumille Goths tombent autour de lui; il périt lui-même un desderniers, percé par la lance dun.chef gépide (552). Rometombe au pouvoir du vainqueur. Téias que les Goths avaientencore reconnu pour roi, enfermésur le mont Lactaire avecles siens, chercheà s'ouvrir un passage à travers l'armée de Narsès. Au moment où il échangeson bouclier couvert déjàde douze javelines, il est percé d'un coup mortel; ses com- pagnons, après avoir continué le combat jusqu'au soir, ca- pitulent (553). Aligem, son frère, assiégé dans Cnmes,se~défendait encore, quand plus de quatre-vingt mille Ala-mansconduits par deuxFrancs, Leuthar et Buccelin, qneles Goths avaientappelés, descendirent encore une fois desAlpes (554).

Narsès concentra ses troupessur différents points fortifiéset laissa passer le torrent qui serépandit en faisantdes ruines jusqu'aux extrémitésde l'Italie. Aligern lui-même fut te)!e-ment enrayé à la vue do ces barbares, qu'il traita avecle gé-néral de l'empire d'Orient. Heureusement cette invasionse

consumad*e)Ie-méme.Arrivés en Campaniedansla saisondesvendanges, les Francs et les Alamans se livrèrent à de telsexcès d'intempérance, que la dyssenterie les 6t périr par milliers. Leuthar se détacha alors avec les siens du corps deBuccelin pour aller mettre sesrichessesen sûreté au delà desAlpeset mourut sur les bordsdulac Benacus. Narsès eut bonmarché du reste sur les bords du lacVulturne. Il disposasonarmée en un vaste demi-cercle, étendant sa cavalerie, sesarchers et ses frondeurs sur les deux ailes. Les Germains,

qui n'avaient pas de cavalerie, s'avancèrent en formant lecoin, enfoncèrent le centre des Grecs,mais furent enveloppésde tous côtés par la cavalerieennemie. Leur pttite hache onframée et leur redoutable angon leur furent de peu de se-cours contre les flècheset les pierres qui les frappaientdeloin. Les Hérules de Narsès décidèrent la victoire en faisant

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L'ITALIE BYZANTINEET LOMBARDE. 45

unecharge à fond dans cette masse en désordre. Les histo-riensgrecs assurent que de toute cette invasion, cinq Ger-mainsà peine repassèrent les Alpes.

Narsès n'eut plus qu'à recueillir les fruits de sss victoires;la

vainqueur entra

triomphant dans

Rome; l'Italie devint

une province de l'empire d'Orient, et fut gouvernée par celuiqui l'avait reconquise sous le titre d'exarque ou de pa-uiee(554).

Vingt années de guerres, pendant lesquelles les Goths, lesGrecs,les Francs et les Alamans s'étaientdisputé la péninsulearecacharnement, avaient mis l'Italie plus bas encore quenel'avait trouvée Théodoric. La ville de Milan seule avait perdu trois cent mille habitants, et dans le Picénnm cin-

quantemille étaient morts de faim. LesGoths, qui s'étaient

établisavec leurs richesses, leurs femmes et leurs enfantsdansla péninsule, l'avaient d'abordrepeuplée, puis traitée,conservéecomme leur propriété. Les Grecs, venus seulement ponr soumettre, avaient enlevé tout ce qu'ils pouvaient em- porter de richesses, et, en détruisant les Goths, ne les avaient pasremplacés. Les généraux avaient donnél'exemple de la plusodieuse rapacité. Les barbares francs et alamans avaienttait pis encore. Narsès, pendant quinze ans qu'il remplit les fonctions

d'exarque, répara quelques-uns de ces maux. D'abord il mitl'Italieà couvert de toute tentative nouvehe et lui assura la paix. Le domaine de Théodoric, les possessions des Gothsretournèrent au nsc, sauf quelques terres laissées à ceuxquiavaientfait une prompte soumission. Lestroupes astreintes àunediscipline assez rigoureuse, les fortifications de Milan etcellesde plusieurs autres villes relevées, ajoutèrent encore àla sécurité de la péninsule. Le nouveau gouvernement fut presque entièrement militaire. L'exarque eut la principaloautorité; le préfet du prétoire lui fut soumis.Xarsès jouit d'une autorité presque sans contrôle pendanttoutlerègne de Justinien. Au dehors, saréputation d'hahi!eté,sesliaisons avec les barbares le firentrespecter des nationsvoisines,que la péninsule, malgré ses ruines, tentait encore.A la mort de Justinien (565) les difficultés commencèrent,

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MVUEnî.46L'impératrice Sophie, femme de Justin 11, était l'ennemie particulière de l'exarque. Quelques mécontentsdéclarèrentqu'ils avaient été plus heureux dans la servitude des Gothsque sons le despotismedel'eunuque grec. Narsès fut disgra-cié, et un nouvel exarque, Longin, envoyéà sa place. OnM.sure

que l'impératrice ajoutaa !a lettredé

destitution envoyaà Narsès une insulte quiarrachaà celui-ciquelques mcnac<$.Longin, en transférant sa résidenceà Ravenne, et en annon-çant dans l'administration civile et judiciaire quelques ré-formes assezmal vues, fit bientôt repentir les Romains. Le pape Jean III alla exprimer à Narsès, à Naples, les regretsdes Italiens, et dolà partit pour Constantinopleafinde reven-diquer les privilégesde Rome méconnus par Longin. Nar~ent la consolationde revenir loger auCapitoleet d'y mourir;mais avec le

regret de

laisseraprèsluiun exarqueincapable,les troupes mécontentes, et les Italiens divisés. Fâcheusecirconstances,au moment oùla péninsule étaitmenacéed'uneinvasion plus redoutable encoreque celles qu'elle avait déjàsubies et que l'empire byzantin était incapabled'arrêter.

Les )L<nnb*rd«et leur roi Athetn(<KafKt).Le peuple des Lombardsou Langobards, qui se présenhit

en 568 aux dé61ës des Alpes orientales, n'avait point étéadouci commeles Ostrogothsau contactde la civilisationro-maine. Les barbares qui suivaient Alboin à laconquêteetM pillage de l'Italie, n'étaient pas très-différents de ceux qmPaul Diacre nous dépeint sous la conduitede la prophétestGambara, sortant do la Scandinavie pour commencer leunlongues migrations. Après avoir si souvent changé de de-meures, ils étaient constitués plutôt commeune armée quecomme une nation. Ils marchaient sousla conduitede donou commandants de mille hommes, de centeniers ou ~ftJ-da/<M,selon l'expression lombarde, et de dizeniers, qui com- posaient ce qu'on appelait les compagnonsparticuliers ougasindesdn roi héréditaire.

La guerre était encoretouteleur existence,et ils la faisaienten vrais barbares. Narsès qui avait enrôlé quelques-un!

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L'ITALIE BYZANTINE ET LOMBARDE. 47

d'entreeux, durant sa lutte contre les Goths, les renvoyaeffrayéde leurs excès. Ils nourrissaient depuis longtempstontrales Gépides une vieille haine, accrue encore depuisleur établissements auprès d'eux, en Pannonie. Le roiAlboinn'y mit fin que lorsqu'il eut tué de sa propre mainleur roi Cun}mond.D se fitune coupe de son crâne, et con-traignitsa belle etroyale fille, Rosamunde,à !erecevoir pour ~poux,en enrôlant dans son année les débris des Gépides.Le christianisme d'Arius ne changea guère ces sectateursd'Odin;encoreattachésà devieillessuperstitionsqui sentaientI)magiela plus sauvage.

1/invasiond'un pareil peuple eut nn caractère terrible.Alboinnevenait point commeThéodoricconquérir la pénin-saleau nomde l'empire romain, moins encore pour en con-

serverou enrelever lesvieilles institutions politiques. Il aban-donnaitlaPannonie à ses alliéslesAvares.Maconditionqu'elleluiserait rendue s'il ne réussissait pas dans son entreprise;maisil était décidé à tout pour l'échanger contre un climat plus beau et des terres plus fertiles. Ignorant des ressorts del'administrationimpénale, plein de mépris pour les Romains,Unedevaitménager ni leschosesni les hommes. UnnombreMMidéraMede Bulgares, dé Suëves, vingt mi~e Saxons,tous païenset plus sauvages,s'il était possible, que les Lom-

bards, ajoutaient encore à la terreur que répandait par Mancel'armée d'invasion. Cette fois, c'était bien à une spo-liationet à uneservitude complètesqu'il fallaits'attendre.

Longin,l'exarque, avait laissé les provincesfrontières dansl'abandon; tout s'enfuit lorsque les premières bandes des-tendirentles Alpes, pillant et massacrant. Le patriarche d'A-qui)éecherchaun asiledans l'ile de Grado; Padoue, Mantoueopposèrentseulesune vive résistance, et restèrent quelquetempsindépendantes; maisen moinsd'un an toute laVénétiefut

conquiseou plutôt ravagée. Alboin y laissa un de ses ga-sindes,son neveuGisulf,avecun certain nombredeguerriers;cefutle premier duc du Frioul.

L'année suivante(569), Alboinentra dans la Ligurie l'ar-chevêquede Mitan, avecles plus riches bourgeois de la ville,s'enfuit aGênes.Cet exemplefut imité dans lesautres grandes

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LIVRE III.48

villes; Pavie senle, protégée par le Tessin et le Pô, défendue par de solides fortifications, soutint un siège de trois ans.Pendant qu'une partie des siens en formait le blocus, Alboinrépandit ses guerriers dans la Toscane, dans la vaHée dnTibre. Une partie de l'Émilie, Ravenne et la Pentapole,

Rome enfin échappèrent à ses armes, et prirent un

accrois-sement considérable par le grand nombre d'habitants desautres provinces qui s'y refugièrent. Mais Alhoin laissa anmoins dans Spolète, entre Ravenne et Rome, un duc qui de-vait être comme une menace suspendue sur ces deux villes.

De retour devant Pavie qui succomba enfin en 572, le sau-vage vainqueur voulait faire massacrer tous les habitants dela ville et la raser, pour effrayer ceux qui résistaient encoreau nord, à Gênes et dans les villes de la Vénétie. Son cheval broncha au moment où il

y faisait son entrée c'était un signe

menaçant; il épargna la ville, en fit sa capitale et prit sa ré-sidence dans le palais qu'y avait fait bâtir Théodoric. Cepen-dant le présage s'accomplit. Alboin célébrait sa victoire dan!un grand banquet, et buvait à ses succès dans le crâne de Cn-nimond. Il invite sa femme Rosamunde à lui faire raison envidant la même coupe. Rosamunde obéit à son seigneur;mais quelques jours après, de concert avecHelmilchis, pqrte- bouclier de son mari (573), elle le fait assassiner par un deses gasindes. Elle espérait obtenir la couronne pour son com- plice mais elle fut obligée de fuir avec lui devant la colèredes compagnons d'Alboin, auprès de l'exarque de Ravenne;elle y mourut, forcée d'achever la coupe de poison qu'elleavait servie à Hetmitchis, dont elle voulait se défaire pour épouser Longin, amoureux de ses trésors.

Les <<ren<e«<xdnettéa lombard.. (~N.a6M).

Les chefs lombards élurent un nouveau roi pour achever l'oeuvre commencée. Ce brave, nommé Kteph, inaugura bril-lamment son règne: il resserra Ravenne par la prise deRimini, bâtit une forteresse 1~ou devait s'étever plus tar-iImola, et conduisit ses guerriers jusque dans le midi ou ilétablit un duc dans Bénévent, pour poursuivre la conquête

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L'ITALIE BYZANTINE ET LOMBARDE. 49

contre Naples, Amal6,laCalabreetIeBrutium, restés au pou-voir des Grecs. Maîtres des points importants, ils dépossédè-rentalorsles propriétaires romains dans le pays conquis, soitenles massacrant,soit en les chassant du pays. Peu satisfaitsdela large part ques'étaient faite autrefois les Hérules et les

Ostrogoths,ils

prirent tout ce

qu'ils purent; ce

qui resta des

anciens habitants fut réduit à l'état de colons ou de tribu-taires. L'avidité des conquérants était tellequ'après la mortdeKleph, tué en 575 par un de ses fidèles, les ducs encou-ragés par la jeunesse de son fils ne lui donnèrent point desuccesseur, et se partagèrent les domaines royaux; maiscette faute les empêcha d'achever dans le premier momentdela terreur la conquêtede toute la péninsule.

Au nombre de trente-six, les principauxchefss'établirentavecleur suite de guerriers, non

pas dans des châteaux ou

desmétairies isolées, comme les autres barbares, en Gaule,enEspagneet en Afrique, mais dans les villes les plus im- portantes, à Pavie, à Bergame, &Brescia; etc.; et là, ils con-tinuèrent, chacun pour soiet en détail, 1'ceuvrede la spolia-tion.Ademeuredans les palaisetles plus splendides maisons,Usenlèvent aux habitants des cités le droit d'administrer leursaffaires, comme à ceuxde la campagne la libre pro- priétéde leurs biens. Des guerriers de moindre importance,maisnon de moindre avidité,se répandent dans les plus pe-tites villes et les villages. Toute viemunicipale et toute pro- priété personnellesont enlevéesauxvaincus, devenuslejouetd'une tyrannie capricieuse. La population émigre dans lesilesvoisines. Le désert se fait dans les villes, où les monu-numentset les murailles se dégradent, et dans lescampagnes,oùles landes reparaissent. « Envérité, peut s'écrier bientôtsaintGrégoire, le pays que nous habitons n'annonce pas seu-lementla findu monde,il la réalise.

En divisantcependantleur action,les barbares affaiblirentleur puissanceet se mirent en péril. Au midi, le duc de Bé-néventéchoua au siégede la ville de Naples, et ne réussitque contre le monastère du mont Cas$in, fondé par Benoîtde Nursie, en 529, et qui grandissait depuis au milieu desruinesde l'Italie. Au nord, en 577, d'autres Lombards qui

)))ST.tt')TAUE. 4

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LIVRE 111.50

passèrentlesAlpesoccidentalesdanste royaumedeBurgondiefurent complétementdéfaits par le général du roi Gonthran,Mummolus. Au centre, le duc de Spolète, qui s'était avancéun peu trop près de Rome, fut repoussé par un corpsd'arméeque l'empereur d'Orient avaitenvoyéà Ostie sur la demande

du pape. Bientôt l'empereur Tibère contracta alliance avecles Francs austrasiens dans le dessein d'arrêter les ravagesde barbares qui s'attaquaient à tous, et il songea a pousser aussi contre eux les Avares. Ces menaces du dehors, et lamisère ou toutescestyrannies particulières réduisaientl'Italiefirent sentir aux Lombardsla nécessitéde concentrer de nou-veaules forcesde la nation entre les mains d'un seul chef.

tM~tthMte; tthtt <t~<*tre le <tr<m<tewt.tt~Mhte<MtTerttjt(tM.<t)t<t). ~1

En 684, les ducs portèrent leur choix sur lejËls de KIephAutharis, et lui restituèrent tous les domaines dont ils s'é-taient emparés. Celui-ci se montra digne de ca~honneur. Le pape Pélage II conspirait; un gasinde du roi lombard, de-vait soulever les Italiens; les Francs de Childebert, sur la promesse d'une sommede cinquantemille pièces d'or, et uneannée impériale débarquée dans l'exarchat~ s'apprêtaient àenvahirla

Lombardie; Autharis

empêchahabilement la

jonc-tion des Francset des Grecs, rejeta les premiers au delà desAlpes, reprit aux autres Parme et Plaisance qu'ils avaientenlevéset; dans une course hardie, s'avança jusqu'au fonddela Calabre; où touchant Sërement de sa lance une colonneélevée près de Reggio, sur le bord de la ~nor,il jura de fixer a cettelimite de l'Italie, la limite de son royaume. Cet heu-reux début étendit au loin sa réputation. Il alla déguisé enmessager demander en mariage la belle Théodelinde, filledeGaribald, duc des Bavarois; il osa lui toucher furtivement lamain en lui rendant la coupe de l'hospitalité, et se fit recon-naitre, quand il prit congé, à la manière dont il planta deloin sa hache dans ta chêne. De crainte d'être donnée à unroi franc, Théodelinde s'échappa de la cour de son père, etvint partager la couronne de ce vaillantchef.

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L'ITALIE BYZANTINEET LOMBARDE. 51

Le plus grand servicerendu par Autharis aux Lombardsfutd'affermir leur conquêteen la régularisant, en fixant lesdroitsdes vainqueurs et des vaincus. Les conquérants for-mèrent une aristocratie territoriale soumiseà la même hié~rarchiequ'ils avaientobservéelorsqu'ils n'étaient qu'un corpsd'année. Ils

jouirent seuls du

privilége dela liberté comme

decelui de la propriété. Les anciens habitants, partagés danslesvilles par corpsde métiers, et dans les campagnes par domaines,réduits hla conditiond'aMtMounon libres, durentà leurs maîtres une part de leur travail, quine fut jamais bienCxée pour les artisans, maisqui pour les colonséquivalutautiers des produits. Le roi envoyadans sesdomaines des offi-ciersou gastaldes pour administrer ses biens, percevoir sesrevenuset rendre la justice a ses sujets romains. Les ducssuivirent cet exemple dans leurs possessions particulières.L'assujettissementdes ancienshabitants qui n'eurent plus au-dessous d'eux que leurs esclaves, fut consommé en mêmetempsque leur spoliation. Une nouvelle constitution socialecommença les débris de l'organisation romaine achevèrentdedisparaître pour laisser voir les premières bases del'édificeféodaldu moyen âge.

La mort prématurée d'Autharis, en 591, eût compromiscesrésultats sans les mérites de sa veuve Théodelinde. Lesducslombards, que la mâle beauté de celle-ci avait séduits,voulurent qu'elle choisitson nouvelépoux parmi eux et le fitroi. Dansun banquet, après avoir vidé la coupe de l'hospi-talité, elle l'offrit avec sa main au duc de Turin, Agiluif,Thuringien de naissance, qui résolut de tourner toutes sesforcescontre l'exarchat pour réunir l'Italie entière soussa loi.

Cetteconquête paraissait facile. L'empereur d'Orient avaitessayéde resserrer entre les mains de l'exarque le gouver-mentmilitaire et politiquedes provincesitaliennes restées enson pouvoir. Le duc de Naples, celui de Sicile, les tribunsoncomtes militaires résidant à Rome, à Venise, à Gaëte, àGêneset dans d'autres petitesvilles, avaient été mis sous sesordresimmédiats. Maisl'éparpillement de ces provincessé- paréesles unes desautres _par la conquête lombarde, en em- pêchant Ravennede communiquer immédiatement avec Ve-

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LIVRE 1M.52

nise, RomeavecRavenne, et NaplesavecRome, anéantissaitréellement son autorité.

Cefut alors qu'avecle pape saint Grégoireapparuten Italieune puissancesur laquelle on ne comptait pas. Descendantde la noble familleAnicia,celui-ci ajoutait à la distinctiondela naissance les avantagesdu corps etde l'esprit. A moinsdetrente ans il était nommé préfet de Rome. Mais au bout dequelques mois il abandonnait les honneurs et le soin deschosesmondaines pour se retirer dans un cloître, et ne s'y oc-cuper que des chosesde Dieu. Sa réputation ne lui permit pas de garder cetteobscurité. Envoyéà Constantinople,versl'an 579, commesecrétaire, puis, commeapocrisiaire,il ren-dit de grands services au saint-siége dans ses rapports avecl'empire et dans ses luttes contre les Lombards. En 590, leclergé, le sénat et le peuple l'élevèrent d'une communevoixau souverain pontificat. Il parvint pendant trois jours à sesoustraire à cet honneur; contraint enfinde le subir, il l'ac-cepta en se promettant d'en remplir avec persévérance eténergie tous les devoirs. Mais telle était déjà la complicationdes affaires auxquelles le saint-siége devait pourvoir, queGrégoire doutaitlui-mêmesi l'épiscopatétaitFo~ced'un pM-teur desâmes ou celuid'un prince temporel.

La positiondo Rome, simple ville del'exarchatau-dessousde Constantinople,capitale del'empire, faisait courirquelquedanger à la suprématie que les synodesde Constantinopleetde Chalcédoine avaient reconnue au saint-siége. Grégoireexerça hardiment ses droits de chef de l'Eglise, en s'ap- puyant sur les recueils des canons, édits et décrets publiésrécemment par Denisle Petit, contemporainetamide Cassio-dore. L'archevêquede Constantinopleprenaitle titred'évoquéoecuménique; Grégoire combattit cette prétention. En Italieil fit sentir avec énergie les droits patriarcaux qu'il possédaitdans le diocèse des dix provincesméridionales de la péain-sule, et profitade l'exil de l'évoque de Milan qu'il secourutgénéreusement à Gènes de sesdeniers, pour les étendre dansles sept provincesdu.diocèse du nord.L'évoque de Ravennemême avait rêvé une certaine indépendance pourla résidencede l'exarque; il fut obligé de piier devantGrégoire.

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L'ITALIE BYZANTINE ET LOMBAHDE. 53

Les immenses possessions de l'Ëglisode Rome, dans lesenvirons de la ville, dans le midi de l'Italie, en Illyrie, enGaule et en Sicile, la surveillance que les lois de Justinienavaientrecommandée aux évêques sur les magistrats, les cir-constancesenfin donnaient encore au saint-siège, dans uneautre sphère, une grande importance. Abandonnée par l'em- pereur d'Orient, qui libérait les provinces d'Afrique de l'o- bligation de fournir à sa subsistance, et qui négligeait de luienvoyer les secours d'hommes et d'argent dontelle avait si grand besoin, Rome n'avait rien à attendre de lui contre les Lom- bards. Grégoire employa les ressources du saint-siége à l'ap- provisionnement et à la protection de la ville. Les ducs oucomtesgrecs épuisaient les autres cités ou les provinces quel'empereur pressurait quand il ne les abandonnait pas. Gré-goire les défendit à la cour de Byzance même, contre dedésastreuses exigences. Grâce à ses talents et à ses vertus,il prit enfin en Italie une position politique de jour en jour plus dessinée.

Ce fut contre cette autorité morale et politique que vintse heurter le puissant roi des Lombards. Attaqué dans Rome,Grégoire reçut vivement le roi Agilulf; il partagea avec lesmaîtres de la milice le soin de la guerre, assura la paye destroupes, fort négligée par l'empereur, et força les clercs,dans un temps où chaque jour amenait son danger, de prendre eux-mêmes les armes; les fuyards de toutes lesrégions voisines affluèrent à Rome sous l'égide du saint-siége, qui racheta de ses propres deniers les captifs des Lom- bards.

Agilulf s'arrêta plutôt encore par respect que par lassitude.Celuiqui avait fait la guerre négocia lui-même un traité aunom do Rome. En vainl'exarque se plaignit amèrement decette usurpation, et l'empereur Maurice gourmanda ce qu'il

appelait la simplicité de Grégoire. Le pape maintint avecforce son droit; l'exarque ratifia le traité; Grégoire refusacependant de signer, préférant avec une sagesse profonde, lerôle d'arbitre de la paix à celui de partie contractante. Lesaint-siége avait sauvé du mêmecoup l'orthodoxie et l'exar-chat. La papauté et l'église, refuge de la population opprimée

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MVM in.54

on menacéed'une doubletyrannie faisaient pour la premièrefois une allianceétroite ave<a nationalité italienne.

Ce grand pape entra des lors en rapports fréquents avec leroi lombard et surtout avec la reine Théodelinde, chrétienneorthodoxe, qui avait vu la précédente guerreavec peine. Celui

quienvoyaitdes missionnairespour convertir lesAngto-Saxon!dans la Grande-Bretagne,qui décidait l'arien Reccarède, roides Visigoths,à renoncer à t'hérésie, ne pouvait négliger decombattre l'arianisme en Italie. Secondé par une reine quiavaitdéjàélevé pour les catholiques la basilique de Monzaenl'honneur de saint Jean-Baptiste, il travailla activementaramener les Lombards à l'orthodoxie. La conversion fit detels progrès que le roi Agilulf permit de baptiser et d'élever son fils selonles rites de Rome.

Théodetinde travailla encore avec plus d'ardeur après lamort d'Agilulf (615), à la conversiondes Lombards lorsquetoujours puissante et respectée elle exerçale pouvoir au nomde son fils. Le clergé catholiqueobtint peu h peu la préémi-nence sur le clergé arien. Ses églises se relevèrent; ses do-maines lui furent rendus et mêmeagrandis. Le monastèredeBobbio, fondé par saint Colomban,devint un des plus richesde l'Occident. Enfin, sons cette virile mais douce main defemme, qui obtenait plus du sentiment chevaleresque des

Lombards que n'eût fait un

homme, les mœurs des conqué-rants commencèrentà se polir, et la conditiondes anciens ha- bitants devint plus supportable.

tMOMM~t t<MM<M<t~M tt MetttttttMt <<~(<H<~JK),

La mort de saint Grégoire et celle de Théodelinde, arri-vées à peu de distance l'une de l'autre (620-625),arrêtèrentun instant cettefélicitérelative.Mais

après la minorité turbu-

lente du filsde Théodelinde, sa fille Gundebergo, renouve-lant l'exemple de sa mère, accorda samain et la couronne defer à Rotharis, duc de Brescia(636) et rétablit ainsi les af-faires. Celui-cirenferma strictement dans les occupationsin-térieures du palais une femmequi avait l'ambition de Théo-

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L'ITALIE BYZANTINEET LOMBARDE. 55delinde sans en avoir les qualités, et reprit le cours inter-rompu des victoireset de l'organisation lombardes. Rothariss'empara sans peine de la villeet des cotes de Gênes, de laLunigianeet de tout le littoral de l'ouest, depuis les fron-tièresdu royaumede Burgundie jusqu'à laToscane.

L'œuvre la plus importantede son règne fat la promulga-tion des coutumes et usages de la nation, rédigés par lesgrandsdans d.nérentes réunions tenues à Pavie, et ratifiésenassemblée solennelle comme corps de droit en 644 par le ptMp/cfidèleet Farm~e/br<un~edes Lombards. Législationterritorialeet non personnellecommeles autres lois barbares,quis'imposaà tous lesanciens habitants compris comme lesLombardssous le nom de sujets du roi, et ne fit exceptionque pour quelques villes qui tenaient de leur capitulationune positionà part 1La première loi de Rotharis prononce la peine de mortnon-seulementcontre ceuxqui attentent à la vie du roi, maiscontre ceuxqui prendront même les armes sans permissiondans la résidence royale. Des six premiers rois lombards,quatre avaient péri de mort violente. Chezles Lombards, ]eroireprésentela nation; son autorité n'y est limitée que par lesgrandesassembléesdePavie, qui traitent les questions de paixet de gnerre et discutent leslois. Hcommandelesarmées, promulgueles décrets et rend la justice. La paix publiqueest mise sous sa protection; il prononcela peine de mortcontrelestrattres, lestransfuges et les rebelles, à moins qu'ilne leur permette de racheter leur vie au prixde neuf centssousd'or. Une partie de l'amende prononcée contre les cou- pables lui appartient. Il a de plus la tutelle, oumundtUtK,des femmes et enfants privés de leurs tuteurs naturels oumundwald, la possessiondes terrains et des esclaves sansmattre,l'héritage des affranchismorts sans enfants, et la moi-

tiéde celuides hommeslibres qui ne laissent que des fillesoudes enfants naturels.Une cour véritable (curtis regia) relève l'éclat de la puis-sanceroyale. Le maréchal(marpa/tM),le chambellan, le ma-

jordomeen sont les premiers serviteurs. Ils sont à la tête deces~<MtndM,c'est-à-dire de ces fidèles du roi, attachésà sa

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LIVRE m.56

fortune, à son service, et à ce titre en possession de certains priviléges; ils surveillentlescomtesenvoyésdans lesdomainesdu roi, les gastaldes et les sculdahis chargés de commander et de juger les Lombardset les Romains, et de lever les

impôts royaux.Au-dessous des rois viennent les ducs résidant chacnn aucentre d'nno grande villecomme le roi dans Pavie, exerçantaussi dans leur duché la puissancemilitaire et judiciaire. Ilsne forment point une noblesse de naissance ayant desdroits particuliers, maisils sont par le rang, la dignité, la puissance,les premiers des Lombards après le roi. Dans une monar-chie, où l'hérédité est l'exception au lieu d'être la règle, lesrois tiennent leur pouvoir de leur choixou au moins de leur approbation. Les hommeslibres choisissentet le roi instituele nouveau duc. Lesgasindes royaux ou ducaux forment en-suite la classe la plus élevéedes Lombards par leur impor-tance et leur richesse.

Les hommes libres, fHan~tMKHertou exercitaim, formentle fond du peuple et de l'armée des Langobards. Ils doiventtous le servicemilitaire. Seuls ils sont admis dans l'armée.L'homme libre est mattre dans sa maison, qui se composedes membres de sa famille, de ses serviteurs et de ses es-claves. Il a sur eux tous le droit de tutelle ou MtMndtMMt.Maislui, il est amund, c'est-à-dire sans patron. Les femmes lom- bardes libres ne peuvent jamais jouir de cet état. Filles, ellessont sous le mundium du père, ou à défaut du père, souscelui de l'oncle on du frère légitime femmes, sous le fnun-dium du mari; veuves,sous celui du plus proche héritier deleur mari, ou, en rendant à celui-ci la moitié de leur dot,sous le mundium de leurs parents consanguins. Le jeuneLombard, pour contracter mariage avec une fille libre, estobligé de payer an père la meta ou prix du mHndtunt, sans

préjudice du morgengabou don du lendemain.La puissance du mundwald est grande sur les femmes etles filles, moindre sur les mâles. 11 peut tuer sa femme sur- prise en adultère, tuer sa nue ou la vendre comme esclavehors du royaume, si elle s'est abaissée jusqu'à un esclave.Mais il ne peut, duvivant même de ses fils, transmettre ses

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L'ITALIE BYZANTINE ET LOMBARDE. 57

biensà un autre, à moinsqu'il n'ait été frappé par eux ouqu'ilsne l'aient déshonoré dans leur belle-mère. Les filles,moinsheureuses, ne succèdent même point & tout l'héritagedu père à défaut d'héritiers mâ!es elles n'ont droitqu'a la

moitiéet le roi recueille le reste. La femme est encore tenuedans un état d'infériorité et d'inégalité très-grande commecheztous les peuples barbares.

Le Lombard libre est en outre sur !a terred'Italie, commele mundwald, le protecteur et le hjattre de tous les ancienshabitants, colons ou esclavesqui lui ont été donnés en par-tagedans ses domaines, gens d'industrie et de métier qui lui.sontéchus, avec le butin des villes. Le code de Rotharis tracenneséparation nette entre le mundwald et ceuxqui lui sont

soumis,et

qui prennent, selon leur

degré de

servitude, lenom

d'aldies,ou celui d'esclaves.Les aldies jouissent d'une certaine liberté, mais ils restent

toujourssous la puissance du mundwald, dont ils sont comme!es affranchisou les fils adoptifs. Ils possèdent, mais à la con-ditiond'une redevance on de services; ils peuvent transmettreleur héritage; mais s ils meurent sans enfants, le mundwaldreprend ses droits. Le mariage peut avoir lieu entre les per-sonnesde condition libre et les aldies; mais, dans ce cas, lesenfantssuivent la condition du père, et non celle du conjointdela classe la plus élevée.

Les esclaves sont dans une position bien plus misérable. Ilsne possèdent rien en propre. Le loi ne reconnaît point de ma-riageentre eux et les personnes libres. La femme libre quisemarie avec un esclave expose celui-ci à la peine de mort, etellemême à être tuée ou vendue par ses parents. L'esclavea la perspective de l'affranchissement, dans lequel on dis-tinguedeux degrés. Le plus haut degré confère seul la libertéentière, et fait cesser toute espèce de mtfndtMtH,sauf celui dumarisur la femme. Le second contère la condition mitoyenned'aldie. Cette coutume de l'affranchissement, la plus humainedu codelombard, est la seule voie laissée à la fusion des Lom- bardset des Romains, à l'adoucissement du conquérant et àl'amélioration du sort des vaincus. C'est par là que s'opéreralemétange des populations, de leurs coutumeset de leurs lois.

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UVRB M.58

L'échellede la Compositionon to/Mf~M qui existait chezles Lombards, comme chez tous les Germains, pour racheter les offenseset mettre un terme aux querellesqu'entraînait hvengeancedu sang versé, constatela plus profonde inégalitédes classeset des personnes. CetcAtn/eMdû, commeon sait,à l'oBënsé on à son

héritier, s'élève

pour le meurtre d'ax

Lombard libre jusqu'à neuf cents sous; pour celui d'unefemme libre jusqu'à six cents; il va ensuite en diminuanUàtravers les différentsdegrés desaldies, jusqu'au dernier degréde l'esclavage.Par exemple, l'insulte faite à une Lombardelibre est passible d'une amende de cinq cents sous. Lescoup!donnesà une esclave,mêmeenceinte, jusqu'à la faire avorter,sont rachetés par une amende de trois sous. L'adultère entre personnes lombardes libres n'admet point de whergeld. Lamort est la seule

punition de l'homme et de la femme adul-

tères. Mais l'homme libre en commettantle même crime avecune aldie, n'encourt qu'une peinede quarante sous, et avetune esclave,devingt sous seulement.

Les formesde la justice rendue par les ducs, gastaldese!autres, assistésordinairement d'échevins, les moyens de con-nattre la vérité serments des coadjuteurs,épreuves par l'eauet lefou,dueljudiciaire, ne présentent rien chezlesLombard:qui les distinguedes coutumes des autres peuples barbares.

C'était beaucoup que la société lombarde eût assez con-scienced'oUe-méme pour se donner des lois. La fougue des passionsétait cependant encore trop grande chez ce peuple, pour queceslois fussentsévèrement gardées et assurassenth paix à l'Italie, à défaut de la prospérité qu'un tel régime ne pouvaitlui donner.

<~eea<eatehHMb~r<teet tymtmUae) ertttxc du pouvoirtemporel<M ptt~pH!tH~ftre M et <t'~f<re M)[(NM~«).

La première loi lombarde portait la peine de mort contreceuxqui attentaient à la vie du roi. De Rotharis à Luitprand,au milieu de luttes intestines, affreuses, qui présententl'exemplele plus frappant de cette énergie personnelle et sau-vage, de cette tradition héréditaire de la vengeanceque les

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L'ITALIE BYZANTINE ET LOMBARDE. 59

Lombardsinoculèrentà l'Italie, dix rois se succédèrent ra- pidement portés par les différentesfactionset pour la plupartassassinés,de 653 à 7Ï2.

Dansces temps ou les empereursd'Orient se succédaientmr le trône de Constantinople avecla même rapidité etau

milieu des mêmes catastrophes,l'Italie byzantine ne fut pas beaucoupplus heureuse. De cescésars, atteint de la maniethéologique,l'un, Constant, enlevale pape Martin pour luiimposer soutype ou formulaire,l'envoyamourir à Chersonetim jour, dans une visiteà Rome, pilla jusqu'à l'or qui cou-mit !e toit du Panthéon. Un antre, Justinien II, excitauneémeuteà Rome en voulant faire enlever également le papeSergius(692).

En face d'une cour toujours portée à l'hérésie et a la vio"

knce,la conquêtede l'Italie par la royauté lombarde pouvaittirele prixde grands ménagements pour Rome, et d'uu sin-(ere attachement à l'orthodoxie. Mais l'anarchie lombardetentaitencore moins les habitants de l'exarchat que le despo-tismecorrompude Byzance.Préoccupésdesintérêts dela foi,ettons les jours plus indisposéscontre l'Exarque on contrelesducsdépositairesde son pouvoir, ils se serraient plus vo-lontiersautour de leur chef spirituel, que ce fût le pape àRome,le patriarche de Grado à Venise, ou l'archevêque a

Rayonne.L'Église, en effet,au milieu des malheurs dutemps,devenaiten Italie commedans le reste de l'Occidentle refuge"etle recours des anciennes populationsfoulées par les con-férants.

Onen vit un premier et grand exemple lors des troublesexcitésdans l'exarchat par l'entreprise tentée en 692 par l'empereur Justinien II contrele pape Sergius et contrela foides populations.

Leducde Rome parvint cettefois encore à maintenir dans(etteville l'autorité de son

maitre; mais dans les !!esvéni-

tiennes, peuplées par ceux quiavaient fuidevantAttila etdéjàimportantes,les tribuns militaires, le patriarche de Grado,conseilléssans doute par le pape Sergius, les hommes puis-ants et le peuple, réunis dans l'tte d'Héraclée, investirentPaulutiusAnafestus de la dignitéducale, avec une autorité

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LIVRE H!.60

suprême dans toute l'étendue dos Des; ce fut le premier pasvers une indépendance complète. La foi religieuse qui, en l'ab-sence de tout patriotisme, devenait alors le plus puissant mo- bile des âmes, engendrait la liberté en Italie. Entre la royautélombarde qui ne parvenait point à s'affermir dans la pénin-sule, et le despotisme décrépit de Byzance, les populationss'alliaient avect'Kgtise pour fonder quelque chose de nouveau.

L'avénement de Luitprand à Pavie, de Léon l'Isaurien enOrient, et de Grégoire II au saint-siége, amena enfin unecrise depuis longtemps prévue dans les destinées de Rome etde l'Italie vers le commencement du huitième siècle.

Ce fut la proscription du culte des images, par l'empereur Léon l'Isaurien, dans toutes les provinces del'empire d'Orient,dans la péninsule qui en fut l'occasion.

Les images des saints étaient déjà très-chères aux Italiens.La peinture et la statuaire religieuses, quoique dans un tempsde décadence, occupaient un grand nombre d'artistes et sur.tout de moines. Le nouveau pape, Grégoire II, était un hommeen qui se confondaient le zèle religieux et l'ambition mon-daine. Il soutenait les Romains de ses ressources, à la suited'une inondation du Tibre, rachetait Cumesà prix d'argent,des mains des Lombards, qui l'avaientsurprise, et rétablissaitle monastère du mont Cassin qu'ils avaient ruiné. Il envoyaitle missionnaire Boniface porter dans la Germanie la religionet la domination romaines, et essayait de ramener le patriar-che deConstantinople à l'esprit de concorde. Enfin il possé-dait en Italie, par son activité et ses bienfaits l'autorité dontavait joni avant lui le grand pape contemporain de Théode-linde.

Lorsque l'exarque de la cour d'Orient,Paulus, voulut faireexécuter l'édit iconoclaste de Léon, les Romains s'armèrentan nom du pape, chef naturel de cette révolte religieuse. Pan-

lus fut obligé de se retirer. Ce succès fut aussitôt, pour lesItaliens de l'exarchat, le signal de l'affranchissement. Lesvilles de la Pentapole se donnèrent des ducs indépendant!,comme les Vénitiens. Les habitants de Ravenne massacrèrentl'exarque Paul. Plusieurs villes,entre autres Bologne, sedon-nèrent à Luitprand, à la condition de garder leurs lois, ce

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L'ITALIE BYZANTINE ET LOMBARDE. 61

qui leur fat accordé contrairement à la coutume lombarde.L'exarchat parut tomber en dissolution. Rome, Ravenneavaient imité Venise qui la première avait donné l'exemple desecouer le joug byzantin. La vieille nationalité italienne, entreks Lombards et les Byzantins également haïs, se réveillait.

Mais c'était le moment même ou le roi Luitprand rendaitauroyaume lombard la paix et la puissance. Ses additions aucodede Rotharis témoignaient du désir d'approprier davan-tage les coutumes lombardes à la nature et aux vieilles insti-tutions du pays. L'abaissement du taux de la composition,l'affranchissement facilité, les Oiesappelées à succéder, à dé-fautdesfrères, à la totalité de l'héritage paternel, la substitu-donde peines nouvelles à l'esclavage dans certains cas, étaientlessignes non équivoques d'un adoucissement des moeursger-maniques. L'orthodoxie du roi ne laissait rien à désirer. IltonCrmaitausaint-siége la possession doses domainesdanslesAlpescottiennes. Il poursuivait avec rigueur, parmi les Lom- bards, les derniers restes du paganisme, les magiciens et lessorciers, les sacrinces aux pieds des arbres et les prières aux borddes sources; il prêtait 1 appuide son brastemporel aux prescriptions ecclésiastiques et couvrait le sol de tant de fon-dations pieuses, que les artistes de Come (ma~t~rt Comacini)ne suffisaient point à élever les basiliques pour le culte, et les

doltres pour les congrégations. Sous l'empire d'une foi com-mune, le mélange des populatiens devenait plus actif; les af-franchissements, les mariages entre Lombards et Romains, semultipliaient; la langue germanique et l'italienne se péné-traient l'une l'autre; les anciens habitantsreprenaient, par l'ascendant des lumières et de l'habileté pratique, ce qu'ilsavaientdu céder d'abord à la supériorité physique de leursvainqueurs.

Le moment semblait donc venu pour Luitprand de réunir,

presque sans violence, l'Italie tout entière sous la domina-tion lombarde. Variant avec assez d'habileté ses moyens, il prit d'assaut Ravenne, entra par composition dans d'autresvillesde laPentapole, et fit don aux apôtres Pierre et Pauldu territoire de Sutri, pour amener doucement Rome sous saloi.Maisles Italiens du centre jusquelà soustraits àla domina-

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UVRS ÏU.M

ne voulaient plus seulement changer de maîtreL'ambition du saint-siége avait grandi d'ailleurs natarelle.ment avec ses forces, et celui dont l'autorité spirituelle com.mençaità s'étendre sur tout l'Occidentne pouvaitêtre tentéd'échanger l'empereur lointain et faible de Constantinoplecontre un roi

résidant aux

portes mêmes de

Rome) et chef

d'une nation à peine convertie. Souveraind'un empire spiri.tael, qui s'agrandissait chaquejour, après l'expérience qa'i!venait de faire, le pape croyait bon d'en assurer l'indépen-dance et la darée par la possessiond'nne souverainetétern- porelle, et n'était pas disposéà partager le pouvoir que !e<Romains lui avaient décerné, en mêmetemps que le titredef~f< de la RépubliquefonMttM.

On vit donc Grégoire TIinaugurer cette politique d'équi-libre devenue

depuis tonte pontificaleet italienne, et

qui con-

siste à trouver la libertédansl'antagonisme de deuxmaîtreAson instigation, le seconddogedes Vénitiens, Unus, atta-quaRavenne, s'en empara, et y rétablit l'exarque Entyehim;leducde Spo!ète,etBénévent, remuèrent égalementsousi'a~torité de Luitprand. Cette audacefaillit coûter cher au saint.siége. Luitprand, furieux, se rapprocha de l'exarque Euty-chius, battit Spolétains et Bénéventins et revint à Rome,devantlaquelle il campa. Le pape, après avoirdemandéinu-tilement des secours au chef des Francs, Charles Marteloccupé de tenir tête aux Sarrasins en Gaule, fut obligédes'humilier. Il préféra la ctémencedu roi orthodoxeà celle del'exarque hérétique, se rendit de sa personnedansle campdeLuitprand, et obtint la retraite desLombards, qui n'inquié-tèrent plus Rome jusqu'à sa mort, en 731.

Son successeur, Grégoire III, Syrien de naissance, chaqui le zèle et l'ambition étaient soutenus par un caractètt passionné, et servis par un esorit de ruse tout oriental, pour-suivit l'oeuvre de l'indépendance romaine avec aussi peu desuccès.D'une égale hardiesse contre ses ennemis spirituehet temporels, il fit, en dépit desattaques de Léon l'Isaurien,excommunier tous les iconoclastes par un concilede quatre-vingt-treize évoques,tenu dansl'église de saint Pierre pen-dant une maladie assezgravede Luitprand, il fit soulever d<

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L'ITALIE BYZANTINE ET LOMBARDE. 63

nouveaule duché de Spolète etcelui de Bénévent.Luitprand,revenuà la santé, reparut sous les murs de Rome, où sesravagesrappelèrentles premierstempsde la fureur lombarde.GrégoireIII, éperdu, écrivit à Charles Martella lettre la plus pressanteet la plus flatteuse pour son ambition; l'apôtre dela Germanie, Boniface,offritde sa part, au duc des Francs,le titre de patrice des RomaiM, mals sans pouvoir encoreYarmer contre Luitprand, qui avaitadopté son filsPépin.

Le successeur de Grégoire III (741), Zacharie, Grec denaissance,fit beaucoup plus par sa prudence et sa politique, ponr l'avenir du saint-siége. li obtint deLuitprand la paix etmêmela restitution des terres qui avaient été prises à sonÉglise.A soninstigation,le ctergé lombard, aprèsla mort deLaitprand(744), éloigna du tr&neHildebraad. dont les aMé-tMentsne promettaient point la paix et Ct élire à sa placeRatchis,duc de Frioul, guerrier pieux et docile à la voixdes prëtre&.Enfin, en décidant d'un mot au delà des Alpesl'élé-vationau trône des Francs du Sts de Chariot Marte!, Pépin,enle faisant sacrer roi de la main de Boniface, Zacharie as-atra pour les mauvais jours une protection au saint-siége.Grandservicet si ses successeurs étaient assez forts et assezhabiles pour ne pasle payer de leur indépendanceet de celledel'Itallet Ne fallait-il, en effet, secouer le joug bytantin,etse soustraire à la domination lombarde que pour tomber sousune troisième puissanceî

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LIVRE IV.

L tTAME FRANQUE'.

Pépin; la donation (?5MT:). –Char!emagne (~3); rétablissement<)<

1

l'empire d'Occident; Léon tu (800). L'empereur Lothaire; Eu-gène et Grégoire IV (814-843). L'empereur Louis H; les p~paLéon tY et Nicotas 1"

(845-874). Chute de la

royauté cartom

gienne (8Ï4-888).1

fét* <*m*t~m (t<t~-«<).

Les anciennes populations et l'Église avaient, au milieu dthuitième siècle, usé la domination lombarde comme un sièdeauparavant la domination gothique. Mais comme il leur avaitfallu les Byzantins contre les Goths, il leur fallait contre lesLombards un secours étranger.

Le roi Ratchis, en changeant sa couronne pour la tonsure, précipita ta crise qui menaçait depuis longtemps l'Italie. Solsuccesseur, Astolphe (750), était moins docile aux inspira-tions du clergé. La domination grecque tombait d'elle-mêmedans la péninsule il ne crut pas que ses débris dussentaller aux mains d'un prêtre. Il se jeta sur l'Istrie et la Pen-tapole, reprit Ravenne, força le dernier exarque Eutychins~às'enfuir dans la ville de Naples, et menaça Rome qui l'empê-chait de mettre la main sur les territoires encore indépendants

du midi de l'Italie.1. Voir pour cechapitre Lebret,/y~M'«~fM/«; AMitatelehiMiotM-

raire, DeM<MTtcnt.~«f~; ~V<tHO~~~<tn<;DeP~rtoontaul,//Mf<Mrf~/« fon~m~M~< ~o<K~ttf<M<' par C~tr/~<tM~«~,<<du fa«fM~"<onto««'</«t/UMttMftftallemande.

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L'ITALIE FRANQUt;. 65

5

Le pape n'avait pour se défendre que le duc de Rome,chef decorporations de soldats assez mal disciplinés qui fai-saient!a seule force militaire de la ville. Les Romains détes-taientles Lombards. Etienne II chercha d'abord à arrêter As-tolphe par des Hatteries et par des présents, tactique qui, sous

Zacharie, avait réussiauprès des prédécesseurs du roi lom- bard. Astolphe écouta les flatteries, reçut les présents, et n'enréclama pas moins la suzeraineté de Rome avec un sou d'or par chaque tête de Romain. Il fallait user des dernièresressources. Après avoir cherché encore à se rapprocher deConstantinople, Etienne, en face d'Astolphe frémissant detolère, mais qui n'osa l'arrêter, partit pour la Gaule, escortéde deux Francs, t'évoque de Metz Rodegang et le ducAntchar. Séparée de l'Orient, la papauté tournait ses yeux

ïers l'Occident..L'ccuvre entreprise en Gaule par les premiers Carlovingiensétaitdéjà presque accomplie. La royauté franqne était main-tenant dans des mainsviriles, et ladomination mérovingienne,tombée en ruines sons les débiles successeurs deDagobert, sereconstruisait peu à peu des Pyrénées aux frontières de laBohême, sous l'habile et énergique direction d'une familleMuvette, et l'on pourrait presque dire d'une nouvelle race deFrancs, les Austrasiens. Ces Francs avaient toujours été re-

gardés comme les fils ainés de t'ËgHse. Rome depuis saintGrégoire le Grand correspondait avec leurs chefs. C'était verseux qu'accourait Étienne. Pépin, qu'il sacra solennellementroides Francs, et qu'il nomma patrice de Rome, s'empressade répondre à ses demandes de secours, et mit aussitôt enmouvement son armée vers les Alpes.

La première foisqu'il pénétra en Italie par le passage deFénestrelle (754), Pépin se contenta de faire abandonner auroi lombard ses récentes conquêtes. Rappelé une seconde fois

par une nouvelle tentative

d'Astolphe sur Rome

(755), it lui

fit jurer solennellement de laisser en.paix les anciennes pro-vinces de l'exarchat. Des envoyés de la cour de Constanti-noplese trouvaient là Ils réclamèrent ces provinces au nomdeleur maîtte le pape Etienne les demanda au nom de saintPierre et de saint Paul. Pépin, usant librement de son droit do

HjSr.O'tTAUE.

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LIVRE IV.66

conquête,abandonna,s'il faut en croirequelquesécrivainsec-clésiastiques,aux apôtresPierre et Paul, Rome, les provincesd'Emilie, de Flaminie et le Pentapole. Lesroisbarbares, cemdesFrancs surtout,s'étaient toujours montrés généreuxenversles églises. Il était naturel que Pépin fit à la première des

églises la donation d'un

pays qu'il ne

pouvait encore

gou-verner, et où il conservaitle titre de patrice, c'est-à-dire unesorte de suzeraineté.Le saint-siége obtenait ce qu'il désiraitet cequi, dans cestempsde violence, lui étaitnécessaire pour assurer son indépendance. II avait fait un grand pas dansItvoiede la souverainetétemporelle.

Mais, après la mort d'Astolphe, qui ne laissait pas d'en-fants (756), de nouvelles difficultésentre lesaint-siégoet lesLombards s'élevèrent.

Le nouveau roi, Didier, poursuivit son but par un nouveaumoyen. Depuisque le saint-siége joignait à sa suprême auto-rité spirituelte, une puissancepolitiqueconsidérable,l'électiondes papes était l'objet de brigues et de luttes d'autant plusardentes qu'elles se compliquaient de l'ambition des plus puissantes familles de Rome et de la rivalité des factions by-zantine, lombarde et franque.Après la mort du pape PaulI",un riche baron romain, le duc de Népi, se jeta dans la villede Rome et fitviolemment consacrer pape son propre frère,au grand scandalede la plupart des Romains. Aussitôt,Di-dier, sous prétextede chasser l'intrus, Et pénétrer dans laville quelques Lombards, et, au milieu du trouble, tira ducloitre un certainPhilippus, pour avoir un papeà sa dévotion.Il n'y réussit pas. Le primicier de l'Eglise fut assezhabile pour jouer le roi, et,malgréles deuxautres compétiteurs,faireélire Etienne III, pape entièrement opposé aux Lombards.

Obligéd'en revenir aux hostilités ouvertes, Didier don)~sesdeuxfillesà Charleset àCarloman,filsdePépindeFrance, pour détacher du pape les deux princes; se croyant sûr de

ce côté, il occupaalors militairement Faenza, Ferrare, blo-qua Ravenne et pensa tenir l'exarchat. Mais l'alliance sur laquelle il avait cru bâtir sa fortune, amena justement saruine et celle du royaumelombard. Charlesrépudia bientôtlafemmeque le papelui représentait comme issue d'un peuple

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L'ITALIE FRANQUE. 67

delépreux, et, après la mort de son frère Carloman,dépouillalesfils de sa veuve. Doublement blessé comme père et commeroi, Didier recueillit à sa cour tous les ennemis du roi franc,entre autres-le vieux duc des Aquitains, Hunald, et marchasur Rome pour forcer le pape à sacrer les fils de Carlo-

man,les neveux de l'usurpateur. C'était une déclaration deguerre au roi des Francs. Une puissance nouvelle et la plusredoutable de l'Occident allait venir en ennemie dans la pé-ninsule.

~t~tMH~me(~<)t)r«aMtf«tta<te~t ye~tte~~e~eat;~<m BM (««).

Aprèsd'inutiles propositions de paix, Charles rassembla les

Francs dans un

champ de mai et leur proposa de le venger de son ennemi et de défendre le pape son aUié. Didier avaitfortifiéle pas de Suze. Un diacre envoyé par l'archevêque deRayonne, alors partisan zété du pape, indiqua au roi desFrancs un sentier inconnu et non gardé, pour tourner les<brt!ncatiouset l'armée de Didier. Les deux villes de Pavie etde Vérone pouvaient seules résister. Didier se renferma avecHunald dans Pavie, et son fils Adelchis, avec les fils deCarloman, dans Vérone (773).

Charles fit b!oqner

ces deux villes,

et alla visiter Rome.Reçu avec enthousiasme par le pape, le clergé et le peupleanmilieu des so!ennités de la fête de Pâques, il prit le titrede patrice et confirma cette fois solennellement la donation dePépin par un titre authentique qui, il est vrai, n'a jamais été produit. Le pape devenait seigneur et propriétaire de villes etde terres comme t'étaient alors tant d'autres évoques, maissans repousser la souveraineté de son protecteur. Charle-magnede retour au Nord reçut d'abord la soumission de Vé-rone, après ia fuite d'Adelchis en Grèce. Dans Pavie, Hunatdvoulaitrésister jusque !a dernière extrémité. JI fut tapidépar lesfemmes, qui ouvrirent les portes. Charles prit le titre deroid'Italie, reçut le serment de fidélité des ducs lombards etemmena Didier et ses neveux en Gaule (774). Ainsi périt, pour avoir voulu mettrela main sur Rome, lesecond royaume

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LIVREIV.68

essayé par les barbares avec lui tomba aussi l'indépen-dancede la péninsule.

La condition des Lombards eût été assez douce si, pour conserver leurs lois et leurs domaines, ils s'étaient résignésà la perte de lenr indépendance; mais les ducs de Frioul, deSpolète, de Bénévent,rappelèrent de Constantinople le filsde leur roi, Adelchis, qui, au mois de mars 776, pendantune expéditionde Charlescontreles Saxons,débarqua sur lescôtes d'Italie. Cettetentative ajouta la perte de la itber:é àcelle de l'indépendance. Vainqueur des Saxons, Charles bat-tit les ducs, chassaAdelchis, et cette foisabolit la constitutionet les lois lombardes,divisales anciens duchéset les confiaIlautant de comtes, la plupart Francs, qui devaient gouverner en son nom et à son profit(777).

L'ordre et l'unité ne furent pas d'abord pour l'Italie !e prix de la domination étrangère. Les comtes francs eurentquelque peine à faire accepter leur autorité. Au centre del'Italie, l'archevêque de Ravenne, jaloux d'imiter le pape etde se faire aussi un domainetemporel, prit possessionde Fer-rare, Bologne, de quelquesaulres villesencore, et y installades ducs et des magistratsen son nom. Le duchéde Béné-vent, protégépar sa positionméndionale,*conservason indé- pendance. Les Vénitiens défendirent les délimitations quiavaient été Exéesentre eux et les Lombards. L'empire Grecgarda les duchés de Naples, d'Amalfi et une partie de laCalabre avec Otranteet Reggio.

En 799, un événement qui eut lieu à Rome fit faire unnouveau pasà l'Italie dans la dépendance.

Aumilieu d'une procession, une troupe de séditieux se jeta sur le pape, le précipita de son cheval, et après avoir essayéde le mutiler, le traîna au monastère de Saint-Syl-vestre. Délivré par ses. partisans, Léon se rendit à Paderborn

en Germanie pour demander vengeance à

Charles; et le roides Francs mit sa protectionau prix de la couronneimpérialede l'Occident.

L'empire romainétait toujoms resté comme un souvenir de forceet de grandeur dans l'imagination des peuples. Lenouveaumaitre del'Occidentalors, endemandantsonrétablis~

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L'ITALIE FRANQUE. 69

sement au saint-siége, faisait consacrer son autorité politiqueenEurope. En conférant Je titre d'empereur à celui qui con-vertissait les païens et repoussait les infidèles, le saint-siégede son côté assurait son autorité religieuse. L'alliance de ces

deux pouvoirs suprêmes unissait, consolidait peut-être la nou-reUe société fondée par le christianisme et les barbares enOccident. L'Italie en redevenait encore une fois comme lecentre moral.

Sept évoques et trois comtes avec une forte escorte rame-nèrent d'abord le pape a Rome, et jetèrent en prison ses en-nemis. Charlemagne vint ensuite lui-même, singulièrementgrandi depuis sa dernière apparition, par tant de victoiresremportées sur les Sarrasins, les Saxons,. les Slaves, les

Avares, maître d'un État

qui s'étendait de l'Oder à

l'Êbre,etdela mer de Sicile à la Baltique. Le pape Léon jura devantlui sur la biblequ'il était innocent. Quelques jours après,c'était la fête de Noët de l'an 800, Charlemagne, son filsPépin, roi d'Italie, ses filles, un grand nombre de seigneursfrancsetd'évëques étaient réunis dans la basilique de Saint-Pierre au moment du sacrifice, le pape s'approcha du puis-santmonarque et lui posa sur la tête une couronne d'or, ens'écriant F<eet victoire à Charles ~MOM~, grand et paci-fiqueempereur des Romains, couronne par la main de Dieu!

Le roi franc n'avait été jusque-là que le défenseur det'Egtise romaine, librement choisi parte pape; il remplaçaitdésormaisl'empereur d'Orient, définitivement dépossédé deses droits de souveraineté sur l'Italie, sur Rome et sur sonévoque. La papauté qui avait déployé toutes les ressources dela politique pour échapper à la domination des souverainsgrecsetlombards appelaitet consacrait ette-mêmeson maître.L'Italie, simple annexe d'un empire fondé par un barbare,devait à ses anciens souvenirs de conserver comme en dépôtla pourpre impériale; mais ne serait-ce pas pour elle commela toison d'or des anciens, l'objet de l'ambition de tous, la proie des plus hardis, legage précieux d'une grandeur passée,sonorgueil et son matheur?

La domination franque ne fut point d'abord désavanta-geuse à l'Italie. Mis en possession des provinces transalpines

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L'ITALIE FRASQUE. 71

Les soins du roi d'Italie s'étendirent comme ceux de son père avec complaisance jusque sur les lettres. Le célèbreAlcuinenvoya, sur sa prière, dix moines instruits au Mont-Cassin un moine irlandais vint à Pavie ranimer les lettres

éteintes, sur les bords du

Pô, dans la

patrie de

Yirgite. Pavie,

Turin, Vérone, eurent des écoles fréquentées par de nom- breux élèves; et une certaine activité intellectuelle se réveilla.Claude de Turin répandit en Italie l'hérésie espagnole deFélix d'Urge! et déploya quelque force dans sa lutte avec lecélèbre Dungal, appelé du monastère de Saint-Denis à Pavie,etavec les évoques italiens Etienne et saint Paulin d'Aqui!ée.Charlemagne fit à Adalbert; archevêque de Milan, l'honneur de lui commander un livre sur le sacrement du baptême.Les Lombards trouvèrent un historien dans Paul Warnefried,diacred'Aquilée, un de leurs descendants. C'est au mouve-mentimprimé par Charlemagne que l'Italie dut un peu plustard, Anastase, le savant et crédule bibliothécaire de FËgHseromaine; Luitprand, spirituel et curieux historien Landolfo,Baif narrateur, le chantre anonyme de la lutte de Guy et deBérenger; et Rosweda, la muse c!o!trée, digne interprète desdouleurs et des joies de la romanesque impératrice Adélhaïde.Dans ce moment rapide de renaissance s'élevèrent les nefs dela vieille basilique de Saint-Ambroise à Milan et !e beaucloitrequi lui sert de vestibule. Tant une étincelle suffit sur cetteterre féconde de l'Italie pour ranimer le feu sacré 1

t.e<nperewr ~<~t~tm~fe~Ena~oe t< et ttrëgttre tt(8t<.tt4Z).

La mort de Charlemagneen 814, et l'avénement à l'empireda faible Louis le Débonnaire au trône d'Occident, changèrentla situation de t'Itatie.

Arrachée à l'anarchie lombarde et restaurée par les Francs,l'Italie pouvait concevoir l'espérance de se détacher de l'em- pireet de former un état indépendant sous un petit-fils deCharlemagne. Le jeune Bernard, fils de Pépin, récemmentmort, petit-fils de Charlemagne, était devenu son roi et pouvaitservir ses projets dans le démembrement déjà prévu

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LIVRE IV.72

de l'empire élevé par un grand homme, mort réellement sanssuccesseur. Adalhard et Wafa, conseillers de Bernard, firentaisément accepter ce rôle au jeune roi. L'oeuvre de Charle.magne, malgré la mollesse de son successeur, ne pouvait ce. pendant pas tomber tout d'un coup. Louis !e Débonnaireforça Bernard à lui prêter serment de fidélité. Il lui retirasMconseillers et fit sévèrement surveiller sa conduite. Le saint-siége d'ailleurs ne parut pas vouloir encore se séparer del'empire. Le pape Etienne IV s'empressa de faire prêter par les Romains serment de iidélité àl'empereur.

Mais le fameux décretimpérial de la diète d'Aix-Ia-Cha- pelle (817), qui, du vivant de Louis le Débonnaire, partage:l'empire entre ses fils, et associal'aîné Lothaire au pouvoir su- prême en lui donnant l'expectative de Italie, après la mort deson père, condamnait Bernard à une déchéance à jour fixeetl'Italie à descendre d'un degré dans !a servitude.L'archevêquede ~h)an, t'évoque de Vérone, le comte de Brescia, d'autres prélats et grands seigneurs, encouragèrent Bernard à la ré-sistance. Le petit-fils de Charlemagne, se faisant roi natio-nal, rassembla des troupes et occupa les passages desAlpes. Mais les Italiens, à l'approche de l'armée impénale,ne le soutinreut pas. Bernard, obligé de se confier à laclémence de Louis le -Débonnaire, subit un aureux supplicedont il mourut; les principaux conseillers du roi furent pu-ni~; les prélats chassés de leur siège et les seigneurs dé-capités (818).

Louis le Débonnaire gouverna dès lors l'Italie et dominale saint-siége par son fils ainé L'othaire, bientôt (823) empe-reur. Le pape Pasca) I", élu en 8t7, s'excusa de n'avoir pasattendu le consentement impéna). Lothaire profita avec ha- bileté des troublesqui suivirent sa mort pour assurer la pa- pauté à Eugène II, et réformer l'Etat romain. » Neuf foo-

slilulions célebres garantirent réfection régulière des papes,la bonne administration de la justice, et l'exécution des loisen vigueur dans le centre de 1 Italie. Les limites' de l'autoritéimpériale et pontificale furent fixées; le pape jura Sdéiité àl'empereur, ainsi que le clergé et le peuple romain, sauf lafoi promise aux papes; tout pape fut déclaré intrus qui ne

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L'ITALIE FRANQUE. 73

serait pas élu canoniquement et ne prêterait pas, en présencedn peuple et de l'envoyé de l'empereur, un serment sem- blableà celui qu'avait prêté Eugène.

Lothaire fut même soutenu par les Italiens, quand il serévoltacontre son père, e~ tenta de son vivant de gouverner tontl'empire. La pensée de la domination flattait, encore plusquecelle del'indépendance, un peuple mêlé qui, après plu-sieursinvasions successives, se connaissait mal lui-même, etmettaitses souvenirs avant ses intérêts. Le pape Grégoire IV,en833, passa donc en Gaule pour appuyer les prétentionsduroi italien à tout l'empire, et menaça d'excommunicationles évêques gallo-francs du parti de Eouis le Débonnaire.Maisla rivalité de ses frères et l'indignation générale quirengeaLouis le Débonnaire des prétentions de ses fils, ren-

royèrent encore une fois Lothaire en Italie; et il ne dut laconservationde son ftatqu'à l'intervention de l'archevêqueAngiibertde Mi)au, personnage alors tout-puissant etauquelestdû le bel autel de l'église Saint-Ambroise qui s'y élèvesur quatre colonnes de porphyre.

Le sang des Italiens et desAquitains, versé à.flots en S4!,dansles plaines de Fontanet, en Bourgogne, pour soutenir les prétentions de Lothaire sur ses frères, après la mort du Dé- bonnaire, fut encore une preuve nouvelle mais désastreuse

de la communauté d'intérêt et d'ambition du fils aine deLouisle Débonnaire et de son peuple. Lothaire, avec le titrod'empereur singulièrementamoindri et ia péninsule italienne,n'obtintque le territoire de la Gaulecompris en.re lesAlpesetle cours du Hhin à l'orient, et le cours du Rhône, de laSaôneet de la Meuse, à l'occident; l'Italie, épuisée par lesfréquentes convocations de t'Heerbann (service militaire), par les impôts que nécessitait l'ambition de son maitre, re-tombade ses prétentions impériales à l'état de province cn-davéedans la

domination d'un

homme, et se perdit un ins-tantdans laLotharingie (8M).

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LIVREIV.74

~MtfttWNf tt~X M) t« t* 'V et Ktt~fM t"(tt4t~M).

Cet abaissement del'empire et du maitre de l'Italie ren-dirent le courage à la papauté qui était devenue comme la

première puissance politique de l'Italie, sous Charlemagne,en même temps que la première puissance morale de l'Oc.cident. Au commencement de l'année 844, le pape Sergiusse fit introniser à Rome sans la confirmation impériale.Mais un nouvel ennemi, les Sarrasins, était apparu cesbar. bares, maitres de la Sicile, moins Syracuse et de la ville deBari dans la péninsule, pénétrant jusqu'à la capitale de lachrétienté, pillaient l'église Saint-Pierre hors des murs. C'é-tait une raison pour les deux pouvoirs de ne pas se di-

viser.Envoyé par Lothaire, avec le titre de roi, en Italie, l'ainédes fils del'empereur, Louis, fit d'abord reviser l'élection deSergius par une réunion de vingt-trois évoques italiens, quele pape une fois reconnuréprimanda, il est vrai, vivement pour cette hardiesse. Il marcha ensuite à la tête des Lombardscontre les Sarrasins, et les refoula jusqu'à Gaëte mais bien-tôt une partie de son armée périt dans une embuscade. Romeeût été en grand danger, et la capitale du c/tn'~tanMme fûtdevenue

peut-être une

bourgade nta/tome~te, si le

papeLéon IV n'eût saisi l'autorité d'une main énergique, dansRome, et n'eût sauvé avec elle la civilisation chrétienne. NéRomain, il consacra les trésors de l'Église et ses propres ri-chesses à élever de fortes murailles autour de ce que l'on ap- pela depuis la cité Léonine; il arma les Romains; il appelales Italiens de Napleset de Gaëte à la défense d'Ostie, animalui-même les combattants de sa présence, et vit fuir les Sar-rasins. C'était le second pape qui sauvait Rome des barbares.

Devenu empereur après

la mort de Lothaire,

n'ayant ce- pendant que l'Italie, 855, Louis II, plus raisonnable que ses prédécesseurs, se borna à bien gouverner, à bien défendre la part qui lui était échue; et si un royaume italien eût pu vivrealors, cet homme prudent et énergique l'eût constitué sansdoute. Il fixa les conditions du service militaire imposé aux

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L'ITALIE FRANQUE. 75

tt!saux des comtes et des gastaldes, aussi bienqu'à ceux descoques et des abbés.

Tont à ses devoirs de roi et de chrétien, il vint assiéger le postedes Sarrasins à Bari et l'emporta (870); mais il put s'a- percevoir le premier que les rois carlovingiens détachés del'empire en décadence avaient aussi peu de force que les re- jetonsd'un arbre puissant déjà frappé de mort.

Louis II se trouva en face de la papauté et de la féodalitéitaliennequi, là comme partout, avait grandi à l'ombre det'empire. Le successeur de Léon IV, Nicolas I", était ce poissantpape qui luttait avec le patriarche Photius en Orient,Kec le tout-puissant archevêque de Reims, Hincmar, enFrance, qui convertissait le roi desBulgares, Bogoris, et, le premier, forçait un souverainqui voulait divorcer, un frère

même de Louis II, à reprendre sa femme et soumettait ainsiles rois mêmes aux prescriptions chrétiennes. Le premier,cefier pape ne voulut point admettre l'autorité de Louis IIà Romeet dans les villes de la donation carlovingienne. AMnexemple, les ducs de Bénévent et de Naples au midi,deFrioul, de Spolète, de Brescia, au nord; les archevêquesonévêques de Milan, de Pavie, de Ravenne, de Parme, quis'étaient enrichis de larges concessions territoriales, d'immu-nités, visèrent aussi à l'indépendance. Les moindres petits

barons profitaient même des excursions des Sarrasins pour éleverdes châteaux, des forteresses, qui devenaient blemotl'asilede la révolte et même le repaire de leurs brigandages.

Louis II, après le triomphe même de Bari, fit une tristeépreuvede son impuissance. Il se reposait avec sa femme,sousla sauvegarde des lois de l'hospitalité, à Bénévent, avecunefaible suite. Le duc Adelchis, poussé peut-être par l'em- pereur grec, certainement par le duc de Spolète, le fit atta-quer et jeter dans une tour, et ne le relâcha que sur la pro-messe

de ne rien entreprendre contre lui. Il était menacé du

sortqu'eut plus tard un autre carlovingien en France, Charlesle Simple. Le duc deSpolète, chassé de ses domaines, payacher cette trahison. Mais Louis II douta de l'avenir de laroyauté italienne. Il remporta encore une brillante victoire près de Capoue, sur un chef de pirates sarrasins, et revint

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LIVRE IV.76

mourir quelque temps après plein de tristesse dans la villedeBrescia (874). L'archevêque de Milan alla processionnelle-ment arracher le corps de l'empereur déjà enterré dans l'é-glise de Santa-Mana à l'évêque de Brescia, pour l'inhumer dans la royale église de Saint-Ambroise. On rivalisait ponr rendre des honneurs an roi mort à la condition de ne le pointrespecter vivant.

Chute de la relaté e<*r)*Tta~)emtte(eW4.a~8).

Après Louis II, l'imagination des secs chroniqueurs dec<temps prend une teinte plus sombre. L'année même de samort, ainsi qu'ils le rapportent, est accompagnée de prodtgMeffrayants. Une nuée de sautereHes s'abat sur les pays de Vi-

cence, de Brescia, de Crémone, de Lodi, de Milan, et dévoretoute la campagne. Le jour de Pâques, on aperçoit dans plu-sieurs endroits et sur les arbres les traces d'une ptuie deterre ou de cendre. Enfin une comète achève de jeter letrouble dans les cœurs.

Quoique Louis II eut désigné Louis, fils du Débonnaire,déjà roi de Germanie, son oncle, pour son successeur auroyaume d'Italie et à l'empire, le pape Jean VIII appela lefrère de celui-ci, roi de France, Charles le Chauve, aimant

mieux un empereur fait de sa main. L'archevêque de Mitan

de son côtéconvoqua les principaux évêques et seigneursd'Italie, qui, réunis en diète solennelle à Pavie,se partagèrent.eux-mêmes entre les deux candidats. La royauté devenait le

jouet des factions. Alors commença l'anarchie annoncée par tant de tristes présages, et au milieu de laquelle ie royaumecarlovingien tomba en dissolution.

Charles de France arrivé !e premier à Rome reçut l'empirecomme un prient du pontife, et se soumit à l'élection de ladiète de Pavie. Roi

impuissant en France, dominé

par les

évêques et dépouillé par les seigneurs, il fut encore plusimpuissant comme empereur. Les Sarrasins poussèrent denouveau leurs ravages jusqu'à Comacchio. Impérieusementappelé par Jean VIII, Charles le Chauve descendit une se-conde fois les Alpes, au moment où Carloman, fils de Louis

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L'ITAUE FRANQUE.. 77

bGermanique et roi de Bavière, arrivait de son coté pour mprendre l'Italie. Les deux Carlovingiens, en apprenant ré-aproquement leur arrivée, s'enfuirent chacun par un passageepposédes Alpes. La mort de Charles le Chauve, au pied duMont-Cenis(877), décida seule Carloman à revenir sur ses passefaire déclarer roi, mais elle ne termina pas la guerre.

En vain les Sarrasins, sur les entrefaites, pénétrèrent jus-quesousles murs de Rome. Jean VIII, partisan des Françaisttout ptix, promit aux Sarrasins un tribut annuel de vingt-daq mille marcs et passa en France pour y chercher Louis leBègue,fils de Charles le Chauve. Convaincu de l'incapacitédeson protégé, mais opiniâtre dans son opposition aux Ger-mainsqui favorisaient les prétentions du prélat lombard, ilfoulaitfaire roi le comte de Provence, Boson, époux de la Nede Louis II. Mais l'archevêque de Milan, rival du pape,le plus puissant des personnages ecclésiastiques de cetemps,tmpêcha les seigneurs et évêques de la Lombardie de serendreà la diète qui devait l'élire. Boson fut obligé de seconsoler,en faisant ériger ses domaines de France en royaumedeBourgogne.

Ala mort de Carloman, même rivalité. Jean VIII voulaitréunir les évoques italiens dans un concile à Rome pour di-riger l'élection. Le prélat milanais, dévoué à la cour de Ger-

manie, prétendit que le titre de roi d'Italie étant distinct decelnid'empereur; si le pape avait droit sur le second, l'ar-thevequede Milan avait seul droit sur le premier. Charles leGros,roi de Souabe, appuya bientôt ces paroles d'une arméeet se fit couronner roi d'Italie à Pavie. La rivalité du nordetdu midi commençait à s'accuser nettement. Le pape exas- pérésongea un instant à reconnaître le patriarche Photius pour invoquer la protection de l'empereur d'Orient. Attaquéaitmidi par les Sarrasins, qui avaient même fait alliance avec

lesducsde Naples et de Capoue, cerné de tous côtés, il con-sentitenfin à proclamer et à sacrer empereur à Rome le pro-tégédu Milanais, Charles le Gros (881~.

Mais le pape, les ducs, les évoques, après une semblableanarchie,' nelivraient plus qu'une autorité ruinée à un sou-ïera)nétranger. En vain Charles le Gros réunit à l'Italie la

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LIVRE IV. L'ITAIJE FRANQUE.78

Germanie, la France, et fut un instant reconnu souveraindetoutes les contrées qui avaient obéi à Charlemagne, la pé-ninsule ne lui fut pas plus soumise que le reste de l'empire.Il fut aussi impuissant à la défendre contreles Sarrasins, quela France contre les Northmans et la Germanie contre !t<Slaves. L'empire mourut entre ses mains, et les Italiem,honteux d'une impuissancequ'ils avaient faite, déposèrent,il'exempledes autres peuples, le dernier descendant de celuiqui avait détruit le royaume lombard et soumis la papauté.

Ce que l'Italie a souffert, depuis la mort de Charlema.gne, disait la sentence de dépositionrédigée par les comteset les prélats réunis endiète, < aucune langue ne le sauraitdire. Ce n'était rien encore auprès de ce que les Italien!n'eurent bientôt àreprocher qu'à eux-mêmes.

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LIVRE V.

LTTAUE FEODALp (888-862).

ttteodatitéitalienne.-La couronnedefer; lacouronneimpériale;latitreen proieauxfactions. Théodora;Hermengardeet ldarozie(90593?). Décadencede la royautéitalienne(932-950). OthonleGrandfondela dominationallemande(9aM76).

!m M<tMMéKttUttme.

Lachute déSnitivede l'empire, qui, un siècle auparavant,avaitdominétouslespeuples chrétiensd'Occident, découvraittaItalie,commedans le reste de l'Europe au dixièmesiècle,m monde nouveau,le monde féodalavec la diversité de sesformes,de ses coutumes, et la variété de ses personnages. Il

nedatait point de la veille dans la péninsule, pas plus quedansle reste de l'ancien empire; il y avaitmême jeté de plusneiHes,de plus profondes racinesque partout ailleurs, ett'est peut-êtreà cette circonstance que l'Italie doitd'en avoir étédélivréesi tard. Sans compter les éléments que l'ItalieantiqueeUe-mémeavait légués à cesystème, il n'était pasun peupleenvahisseur, Hérule, Goth, Grec, Lombard, Franc,quin'eût contribué pour sa part au mélange bizarre de cesmœurs et de cesinstitutions, au développementde cet esprit

d'indépendance personnelle et de dominationlocalequi fait lefonddu régimeféodal. La conquête et la souverainetécarlo-ïingienne elle-même en avaient plutôt protégé qu'arrêté les progrès;et, quand l'empire tomba sousl'effort detant d'inté-tetsdivers, les petitsgouvernementslocauxapparurent d'au-

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LIVREV.80tant plus nombreux et plus ennemis, qu'un plus grand nom- bre de conquêtes s'étaient superposées les unes aux autres,sans qu'aucune d'elles eût jamais embrassé la péninsute toutentière.

D'abord, ce pays, autrefois assujetti à la plus complète uni.

formité par l'esprit niveleur de la cité romaine, a perdu touteunité de caractère et de mœurs. Au nord, où les Lombardset les Francs avaient surtout séjourné, dominent les habitudesgermaines; dans le centre de l'Italie, l'esprit romain s'est plus énergiquement défendu à l'abri de la puissance et desimmunités du saint-siége; au midi, le duché de Bénévent K convertit plutôt à la forme grecque qu'il n'amène les cités etles provinces grecques à la forme lombarde. Les Lom- bards ont plus d'affinité avec les habitants d'au delà des

Alpes, dont Boson, nouveau roi de Bourgogne, vient de faireses sujets, qu'avec les habitants de Rome ou ceux des fron-tières méridionales du duché deSpolète; et ils n'en ont pointdu tout avec les Grecs de l'Italie méridionale, qui vont encore prendre de leurs rapports avec les Sarrasins une teinte presqueafricaine. Ce n'est pas tout. La variété des formes politiquescomplique encore la diversité des mœurs. Les ducs et lescomtes puissants, qui datent de la conquête lombarde oufranque et l'emportent sur tous les autres seigneurs devenus

leurs vavassins ou

capitaines; les

personnages ecclésiastique!,qui ont profité de l'importance de leur siège et d'immuuitMconsidérables, pour ajouter à feur autorité spirituelle unegrande influence politique et un domainesouverain; quelquesvilles enfinqui doivent à leur nombreuse population ou à descirconstances favorables la conservation de leurs institutionsmunicipales, forment les élements principaux de cette agré-gation sociale qui s'appelle la féodahté.

Au nord, dans la Lom~ardie, les deux plus puissants sei-

gneurs sont le

marquis d'Ivrée,

chargé de la défense

desAlpesoccidentales, et le duc de Frioul, dont les domaines s'étenden'des Alpes juliennes à l'Adiré, et qui descendait d'une fille deLouis le Débonnaire. L'archevêque de Milan, les évêques dePavie, de Vérone, de Turin, possèdent les sièges les plus im- portants de la contrée. A l'abri de leur autorité, ces quatre

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L'ITALIE FÉODALE (888-962). 81

nUes jouissent d'une certaine indépendance. Mais il n'y aencorede véritable liberté qu'à Venise et à Gênes. La pre-mière,sousla protectionde saint Marc, dont elle vientd'aller chercher les restesà Alexandrie,commenceà soumettre dans~Adriatiqueles Istriotes etles Dalmates la seconde,mise aftbri des barbares par lesmontagnesarides qui l'entourent,!'e!ancede son port vaste et sûr à la poursuite des vaisseauxdesSarrasins.

Dans l'Italie centrale, le marquis de Toscane règne sur cette belle province, où l'on voitdéjà grandir Florence dontmetradition fait de Charlemagnelesecondfondateur.Le ducdeSpolëto domine au contraire dans l'Ombrie. Le saint-sége à Rome et dans les environs,s'appuyant sur le vaguesouvenirdes donations des rois francs, qu'on faisait déjà re-

monter jusqu'à Constantin, espère recouvrer l'indépendanceqn'ita perdue en livrant l'Italie aux Francs,'s'il ne s'abîmedavantageau milieu des factionsdes barons romains; mais ilToitavec peine l'archevêque de Ravennerêver le même pou-voiren Romagne. <

Aumidi, l'ancien duché lombard de Bénévent, qui avaitr&istéaux successeurs d'Alboin et à ceux de Charlemagne,est encore puissant, bien qu'affaibli par l'affranchissementdesdeux petitsduchés de Salerne et de Capoue. S'il n'y a pas là

de puissantsévoquescomme au nord, on y rencontre l'abbédn Mont-Cassin. Le duc de Naples, quelquefois en mêmetempsévoquede la même ville, prétend relever toujours del'empired'Orient, pour n'avoir à obéir à personne et possèderéellementdans la Calabre les districts qu'un empereur vadécorerdu titre de Thème de Lombardie. A l'abri de cettetouverainetédérisoire de l'Orient, la liberté aussi se développedans Gaëte et dans Amalfi, gouvernées par des ducs et desconsulssoumis à l'élection populaire. C'est même le temps dela

prospérité de cette dernière ville descendue récemment des

rochersde la Scala au golfe de Salerne, sur la colline plantéed'orangers qui regarde le temple de Pœstum. Elle possèdedéjà presque tout le golfe avec File d'Ischia, envoie ses vais-seaux,établit des comptoirs dans tous les ports de la Méditer-fanée, et rédige le premier code de navigation en Europe.

HfST.t)')TAUF. G

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LIVRE V.82

Ses doges tournent surtout leurs forcesmaritimes contre lesSarrasins qui, établis encore à Tarente et sur le Gariglianocommeune coloniemilitaire, et toujours prêts à attaquer toutcequi portele nomde chrétien, mettentle combleà la variéttet au désordre du midi de l'Italie.

t<t tMrMUM) <e tef; la e«u~))ne hM~fMet «<H<ea proie <~t MtettoM.

Au-dessusde ces ducs, de cesmarquis, de cesévoques,decesrépubliques, il y avait cependant un objet do toutes lesambitions, la couronne de fer, laisséeà Pavie par les Lom- bards. Une royauté nationale était dans l'intérêt de l'Italie.Lescorsaires sarrasins toujours redoutabless'étaient emparésde

Fraxinet dans les Alpes occidentales; les Hongrois com.

mençaient à se montrer sur le haut des Alpes orientalesquiavaientintroduit déjà tant d'envahisseurs.

Les seigneurset évêquesdela Lombardie, qui avaient plusde souvenirs nationaux que ceux du reste de la péninsule, nevoulurent pas laisser tomber le trône avecles Carlovingiens.Réunis en diète, ils choisirent pour roi l'un d'eux, le duc deFrioul, Bérenger,descendantde Charlemagne par une ElledeLouis le Débonnaire et le puissant archevêquede Milanlai

posa sur la tête la couronne de

fer.Mais le maintien de la royauté était en Italie plus difficilequ'ailleurs. Outre la féodalitéqu'il lui fallaitdompter au-des-sousd'elle, il yavait au-dessusl'empire suspenducommeunetentation et une menace, et à côtéle saint-siége qni craignaitd'échanger la domination spirituelle du monde contre uneservitudetemporelle. Le choixd'un Lombard, sa consécration par l'archevêque de Milan, mécontentèrent tout d'abord lesItaliens du centre et le saint-siége. Le successeur de saintGrégoire le Grand et de Nicolas

I", le

pape qui donnait la

couronneimpériale, devait-il laisser disposer de l'Italie sansson consentement? t ÉtienneV opposa&Bérenger, Guidodocde Spolète, maitre d'une partie du Bénéventin. Une guerreterrible commençaentre le midi et le nord. LesItaliens, selonleur habitude, no se firent pas faute d'appeler l'étranger tou-

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L'ITALIE FEODALE(888-962). 83

jours dangereux pour l'indépendancenationale. An milieudecedéchainement des intérêts personnels, de ces guerres sans but et sans fin, la royauté nationale ne fut pas seulecompro-mise,mais encore lecaractère italien. La plus effroyablecor-ruption atteignit la chaire de saint Pierre on vit dans toutesles classes la bassessele disputer à la férocité, la perfidie semêler au crime, la débauche à la trahison; tous les vices,enfin,se réunirent pour mériter à ce temps le nom de Siècledefer (Secolodi /erro), et laisser dans les mœurs péninsu-lairesquelques empreintes difficilesà effacer.

Bérenger s'appuyait sur les ADemandsGuido sur les Fran-çais.Le premier allait jusqu'à faire hommage de sa couronnean plus puissant des héritiers de l'empire carlovingien,Arnulphe,roide Germanie.Guidoreçut cependant le premier nnsecoursdeseigneurs français il gagna aveceuxune grande bataille sur les bords de la Trebbia et se fit couronner roi àPavie.Le pape Étienne, heureux de cetriompheet croyantluidonner plus de pouvoir, le couronna empereur à Rome, titre pleinde péril que Charlemagneavaitlaissé là et qu'un roid'I-talie eût dû laisser tomber dans l'oubli Lui-même, Guidosacrifiaittoutà ses protecteurs il portait gravéssur sonsceauimpérial, ces mots 7!eno);o<<oregni FranccrMH),commes'ilavaitvoulu, par son règne, renouveler seulement la domina-tionfrançaise.Il compromit.safortune, en forçant, en 892, lenouveau'pape, Formose, à couronner son fils Lambert pour mettre le comble à la fortune de sa famille. Formose ne vou-lait pas d'un maitre; il rappela Bérenger qui revintcettefoisavec Arnulphe en Italie, et rentra triomphant dans Pavie,tandis que le malheureux Guido mourut d'une hémorragiesur les bords du Taro (894). Mais le roi de Germanie pré-tenditse faire payer ses services.La couronne impériale étaitvacante; il se fit couronner empereur par Formose et jurer fidélité par le peuple romain, sauf la foi due au pape. Pour n'avoir pas voulu s'accorder sur le roi national, les Italiensavaientrelevél'empire au profitd'un Allemand,qui il estvrairetournamourir bientôt dans son pays de la maladie qui avaitdéjàdéciméson armée.

Instruits suffisamment ds ce qu'on gagne à appeler l'é-

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LIVKEV.84

franger, Bérenger et Lambert fils do Guido firent alliance etconclurent un traité de partage à Pavie; a l'un le nord àl'autre le midi; ils scellèrent la paix du sang de leursennemis. A Rome, le nouveau pape, Étienne VI, porté par la faction des Spotétains, signala sa haine contre là faction

allemande; il fit déterrer, juger, décapiter et jeter dans leTibre le cadavre du pape Formose, partisan d'Arnutphe.Resté seul roi, en 897, par la mort de Lambert, Bérenger

ne fut pas plus heureux qu'auparavant. Les Sarrasins, alliésd'Anastase, à la fois duc et évêque de Naples, qui partageaitavec eux !e butin fait sur les chrétiens, apparaissaient de non-veau sous les murs de Rome. Les Hongrois, pour ta premièrefois, s'avancèrent en 9u0 jusqu'aux portes de Mitan, en rava-geant pendant plusieurs mois les villes, les couvents et les

églises de la Lombardie. La féodalité italienne fut encore pinsfuneste au roi. Ada bert II, marquis de Toscane, te plus puis-sant prince de l'Itabedu centre, proposa la couronne d'Itatieet la couronne impériale au roi de Provence, Louis, fils de ceBoson qui avait appris cependant ceque valaient les couronnesen Italie. Bérenger s'enfuit en Allemagne. Mais l'ingratitudedu nouveau roi envers Adalbert, qu'il trouvait trop puissant,le perdit. Le marquis de Toscane, véritable faiseur de rois,rappela Bérenger qu'il avait contribué à chasser. Berthe, saseconde

femme, fille de la fameuse Waldrade de Lorraine,

plus dangereuse encore, multiplia la défection parmi les par-tisans de Louis, par des moyens dont l'emploi devait bientôtdevenir fréquent dans sa famille et dans les affaires de l'Italie.Louis, obligé de jurer de ne plus revenir dans la péninsule,viola son serment plusieurs années après, obtint d'abordquelques succès à la faveur d'une maladie de Bérenger; mais,surpris bientôt dans Vérone, et puni de son parjure par la perte de la vue, il laissa désormais le trône à son rival qui(905). éprouvé

par tant de malheurs, abandonna à Ada]bert

le centre do l'Italie, pour régner au moins en paix dans laLombardie.

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LIVREV.86encore à un autre. Il ouvreles dé6!és des Alpes auxHongrois(924). La villede Pavie est mise à feu et à sang, tout le nordde l'Italie pris à rançon. Au milieu de ces ruines Bérenger n'excite plus que l'horreur. Un traître comblé de ses bienfaits,déjà pardonné après une première tentative d'assassinat, letue d'un coup de poignard(924).Rodolphe, malgré les leçons précédentes, se croyait sûr d'ajouter la couronne d Italie à celle de Bourgognetransjn-rane maisHermengarde,à la mortdeson mari le ducd'Ivrée,offre encore sa main à un prince ultramontain, à son proprefrère utérin, filsdu premier mari de sa mère Berthe, Hugues,usurpateur de Provence, détache de Rodolphe tous ses vas-saux, par lesmoyensdontsamère s'étaitservieautrefoiscontreLouis, fils de Boson, et le réduit lui-même à venir implorer sa grâce à ses pieds, au prix de son royaume.Mais Hugues de Provence surpassait ces femmes hardiesen ambition et en perEdie. ArrivéenItalie, couronnéà Milan,au lieu de s'acquitter envers Hermengarde de la dette de re-connaissance, il conçoitl'idée d'épouser Marozie qui perd

justement son second épouxGuido, a6n de gagner ainsi laToscane, Rome, et peut-être la couronne impériale. Maroziene saurait s'y refuser. H fallait se débarrasser d'un frère deGuido, qui réclamait la Toscane, etde l'ambitieuse Hermen-

garde. Hugues ne craint pas de déshonorer sa mère; il jettedes doutessur la naissancede Lambert, d'Hermengarde, quiavait tant fait pour t'étever au trône, tous deux issus du se-cond mariage de Berthe avec Adalbert. Lambert défend envain son honneur dans l'épreuve du combat où il terrasselechampion qui lui est opposé.Hugues le fait prendre et priver dela vue, donne la Toscanea Bosonune de sescréatures, re-lègue Hermengarde loin de !a cour, et épouse Marozie,dansla capitale de la chrétienté (932).

Le dixièmesiècleest par

excellencecelui de l'anarchie po-litique et morale, maisnul pays n'y fut témoin de ce que vi-

rent alors l'Italie et le Vatican.

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L'ITALIE FËODALE(888-962). 87

<M«<emee <)ela My<~M ttmUtMte (M«M).

La couronne impériale et la royauté d'Italie allaient être le prixdu crime. L'excès de la honte souleva enfin les Romainstontre ce gouvernement de prostituées.

Le roi Hugues, en frappant an visage un 61sdu premier litdeMarozie, Albéric, pour lui avoir renversé l'aiguière sur lesmains,leur donne l'occasion et le chef qu'ils cherchaient. AI- beric, furieux de cet outrage, se met à leur tête et assiége samère Marozie et son nouvel époux dans le château Saint-Ange.Hugues s'évade par une fenêtre aumoyen d'une corde;Marozie perd, avec le château, l'autorité dont elle avait fait una scandaleux usage. Les Romains se voient débarrassés à lafoisdu joug d'une femme, de celui d'un pape indigne et d'un

roiétranger. Albéric y substitue, il est vrai, le sien pendantvingtans qu'il nomme les papes, sous le titre de patrice et deronsul,en faisant dusaint-siége le véritable patrimoine de samaison.

Après cet échec, Hugues déshonora par sa faiblesse, sesdésordres et ses crimes laroyauté italienne, déjà si compro-mise.Il laissa laProvence à son ancien compétiteur Rodolphequiréunit ainsi ce qu'on appelait les deuxBourgognes. Dansleroyaume qui lui restait, toutes les dignités furent prodi- ptées à ses créatures et aux membres de sa famille, aux dé- pens des nationaux qu'il soupçonnait d'appeler l'étranger.Hn'eut qu'une idée nationale qu'il exécuta en ambitieux vul-gaire. De concert avec le pape Marin II, et la ville de Gènes,ilconduisit une expédition contre les Sarrasins de Fraxinet.Lesforbans, attaqués par terre et par mer, virent leurs vais-seaux brûlés ou coulés à fond et furent poursuivis à traverslesmontagnes jusque dans leurs derniers retranchements.Mais au lieu de les exterminer, Hugues les transplanta des

rochers de Fraxinet, qui furent bientôt occupés par de nou-veaux bandits, dans lesmontagnes du Frioul pour s'en fairedesdéfenseurs contre les mécontents du dedans et les ennemisdndehors (940). Ce dernier trait le perdit.

Un Bérenger, marquis divrée, persécuté par Hugues, avaittrouvérefuge en Allemagne d'abord chez le duc de Souabe,

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puis à !à cour du puissant roi Othon. Les souverains alle-mands se souvenaienttoujours que Arnulphe avait porté lacouronne impériale et aimaient avoir la main en Italie.En 945, Bérenger descenden Italie avec quelques chevaliersallemands. Manassès, évoque de Pavie, livre le premier seschâteaux qui commandaientles déElés, dans l'espoir de l'ar-chevêché de Mitan. L'évêquedeModèneen fait autant. Aban-donné de tous, Hugues abdique afin de laisser au moinslacouronne à son fils Lothaire. Ce jeune homme était aimé àcause de ses vertus et à causede safemme,la belleAdélhaïde,filledu roi RodolpheII. Bérenger, soit pour se donner l'ap- parence du désintéressement, soit pour pouvoir s'assurer lestrésors que le roi était sur le point d'emporter, consent à cetarrangement, à laconditiond'avoirla dispositionde touteslesdignités, c'est-à-dire la réalité de la puissance.Mais bientôt,Hugues ne se sentant pasen sûreté dansson ancien royaume,s'enfuit en Provence, où il termine sa vie sous un habit demoine; et Lothaire, qui ne se méfiait point de celui qui luidevait la vie, s'affaiblittout à coup, languit et meurt en 950.La couronne d'Italie était encorele prix d'un crime.

Bérenger II, pour légitimer une usurpation, voulait faireépouser à son filsla jeune veuvede Lothaire. Mais il échoMcontre la volontéd'une femme. Enfermée dans une tour du

lac Garda par Bérenger qui voulaitla réduire à forcede mau-vaistraitements, Adélhaide s'échappa avec l'aide d'un prêtredévoué, se réfugiaau château de Canossa, et de la implorala protection du puissant roi de Germanie, Othon I".

Il semblait qne chaque grande révolution de la péninsuledût être amenée par les passionsd'une femme. Au temps dela décadence del'empire d'Occident, Honoria et Eudo~ieavaient hâté sa chute en appelant l'une Attila, l'autre Gen-séric Amalasonthe avait opposéla première Justinien aux

Ostrogoths. Romasunde faillit arrêter l'établissement de la puissance lombarde; Théodelindel'affermit; Théodora, Her-mengarde, Marozie,avaient compromisle saint-siége devenuleur jouet, et de crime en crime avaient avili la royauté ita-lienne essayée sur les ruines de l'empire carlovingien.Adé-lhaïde fut la première cause delachutedénnitive de laroyauté

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L'ITALIE FÉODALE (888-962). 89

nationaleet de l'établissement de la domination allemandedansla péninsule.

«t*n le <tr<nt<tende la d<mttn<ttemallemande (<t~ «*).

Otton le Grand, roi de Germanie, était alors le plus puis-ant des souverains nés de la dissolution de l'empire carlovin-gien.Respecté des vassaux qu'il avait domptés, vainqueur deses voisins. Danois, Slaves, Hongrois, protecteur, presquerégentde France par ses deux soeurs, femmes et mères desroiset des ducs de la France, il pouvait rêver la reconstitutiondel'empire autrefois élevé par Charlemagne. La conquête del'Italieétait !e premier pas dans cette voie. Adëthaide ne pa-raissait pas seule y inviter le puissant roi germain, mais la péninsule elle-même.

Les Lombards ne voulaient plus pour roi du meurtrier deLothaire. Les Milanais ne pouvaient lui pardonner de leur imposer l'archevêque Manassès. Tous, ducs, comtes, sei-gneurs, évoques, héritiers dans leurs domaines desdépouillesde la royauté, convertis à la glissante politique pratiquéedéjà par le saint-siége, pensaient jouir d'une liberté pluscomplète sous un souverain qui ne résiderait point en Italie,et commençaient à préférer un roi étranger à un roi natio-

nal. Illusion dangereuse et sujette à de bien terribfes mé-comptestOtton le Grand n'eut pas beaucoup de peine à conquérir

une contrée qui s'onrait d'eUe-même. Lorsqu'il descenditlesAlpes en 951, tout le clergé, ayant en tête Manassès lui-même, se précipita à sa rencontre. Il pénétra sans obstacle jusqu'à Pavie, où il mit sonépée aux pieds d'Adéihatde et la prit pour épouse. Bérenger II en fut quitte !a première fois pour tenir d'Otton sa couronne en fief et lui céder les marches

de Vérone et d'Aquilée, c'est-à-dire les portes de la pénin-sule mais bientôt il se perdit en irritant l'Eglise par ses atta-quescontre les évoques de Milan, de Ravenne et le saint-siégemême.

Le fils de cet Atbéric qui pendant vingt-deux ans avaitdominé la papauté et Rome, Octavien, d'abord sénateur et

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prince de Rome, puis pape sonsle nom de Jean XII, achevace qu'Adéihaideavait commencé; en appelant une secondefois Otton le Grand, il donna le dernier coup à la royautéitalienne déjà si compromise. Les seigneursitaliens, vassamde Bérenger, envoyés snr l'Adige pour en défendre le pas-sage, au lien de combattre pour leur roi, exigèrent son abdi-cation an profitde son filsAdalbert, puis, snr sonrefus, pas-sèrent du côtéd Otton.Le roi de Germanieentra envainqueur à Milan où il fut proclaméroi, tandisque Bérenger s'enfermadans un de ses châteaux forts. La royauté italienne s'étaitdéshonorée, personnene la défendit. Delà, Otton se'dirigeasupRome. Qu'était-cealors que le saint-siége arrivé commeun fief de familleentre les mains du filsd'A!béne? Jean XIIet les Romains reçurent le nouveau vainqueur comme ils

avaient autrefois accueilliCharlemagne. Otton le Grand fatcouronné empereur à son tour avec la même solennité, le 9février 962. Il s'engagea à maintenir les donations précé-demment faitesau saint-siége par Charlemagne;de leur part,les Romains promirent de no point élire le pape sans la pré-sence des envoyés de l'empereur et de recevoir dans leursmurs les représentants de son pouvoir.

L'alliance tentée par Charlemagne entre le saint-siége etl'empire fnt ainsi renouvelée après plus d'un siècle et demi.

Encore une foisl'Église transmit à un roi du Nord lesdroitsde l'empire romain, et le nouvel empereur garantit au saint-siége son pouvoir temporel sur Rome et sa dominationspi-rituelle sur l'Occident. Il était temps pour la papauté. L'O-rient profitant de son abaissement venait de se détacher d'elle à la suite de l'affairede Photius; Romene lui obéissait plus; encore un peu de honte, et l'Occident lui échappait.Mais l'Italie ne tombait-elle pas sous une nouvelle domina-tion étrangère?'1

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LIVRE VI.

t.TTAL!EMPEMALE ET PONTIFICALE(962 U37).

Mempereurssaxons. OttonM letribunCrescentiusSylvestre!t j9!3-t004). HenrileSaint; t'épiscopattemportt(t002-t024). Lesempereursfranconiens;révolution politiqueetréformeecclésiastique(tOM-t(M)!).GrégoireVU; premièreluttedusacerdoceetdel'em- pire(t048-t08o). L'héritagedeMathilde;leconcordatdeWorms;chutedet'épiscopattemporel(lOSa-im).

~e« exttM~m' «n<~<.

Letitre d'empereur exerçait toujours sur les imaginationsitaliennesle prestige d'un grand souvenir.Tous, cependant,Romainset Italiens, pape, ducs, évoquesou villes libres,

comptaient bien jouir d'une indépendancecomplète sous nneidolequ'ils encenseraient de loin. N'avaient-ils pas déjà usé biend'autres dominateurs étrangers? Lecouronnementd'Ot-tonle Grand fut cependant le commencementd'une domi-utionqui dura deux siècleset qui donna lieu entre le saint-siégeet l'empire, l'Italie et l'Allemagne,à la plus grande ett la plus universellelutte de l'époquedu moyen âge.

Avantmême d'avoir forcé dans sa dernière retraite le der-Bier roi, Otton avait déjà montré aux Italiens qu'il prenait

ausérieuxle titre d'empereur. A peine Otton avait-il eu ledostourné que Jean XII, accusé par lesRomains et pressen-tantdéjà un maitre trop puissant dans le roi de Germanie,intriguaiten faveur du roi déchu.Lenouvelempereur marchasnr Rome,assemblaun concile et donna,en vertude son pou-toirimpénaL le premier exemple de faire déposer un pape.

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Jean XII le méritait sans doute mais les Romains furent me-contents qu'Otton eût désigné lui-même son successeur; Ujrappelèrent la pape déchu et firent cause commune a~K Bérenger toujours indompté. Otton châtia sévèrement cettemobilité italienne qu'il ne comprenait pas, envoya BérengHtinir ses jours à Bamberg, en Allemagne, restaura son papeLéon YIII dans son pouvoir, déposa tous les évoques et comtesqui s'étaient montrés ses ennemis et se mit en devoir d'affer-mir son pouvoir dans la péninsule. Le duché de Vérone etd{Friou) donné à son frère, lemarquisat de Montfprrat à son gen-dre Almaran, celui de Modène et Reggio à un seigneur italiendévoué, Albert A~zon la confirmation et l'augmentation sur-tout des immunités accordées aux saints patrons des villes,c'est-à-dire aux évoques, donnèrent à son autorité des fonde-ments solides. Otton le Grand mit le comble à sa puissance enfaisant couronner comme son successeur, en 967, son fils etcelui d'Adéihatde, Otton II. Il ne lui manquait que le midi del'Italie; sur le refusque lui fitl'empereur Nicéphore d'un:de ses filles pour son fils aine, il ravagea le territoire grecjas-qu'à ce que Jean Zimiscès, après Nicéphore, lui eût accordésa fille Théophanie, c'est-à-dire des droits sur le reste dela péninsule. L'Italie avait trouvé un maitre et non uneidole.

Cette dominationcependant tenait évidemment à la pn~sance et même à la présence du maitre. La longue absence dusuccesseur d'Otton le Grand, Otton II, persuada aisémentaux Italiens qu'ils pouvaient se rendre ce joug léger. Le papeavait repris son pouvoir temporel et sa considération. Don-nant l'exemple de renoncer ausystème byzantin des troupessoldées, il inféodait ses propres domaines pour défendre son pouvoir et dompter lesautres vassaux des environs de Home;dans les villes, il nommait les comtes chargés de rendre la

justice. Malgré son opposition, l'archevêque de Ravenne l'i-mitait dans la Romagne. Les prélats de la Lombardie, deMilan, de Parme, de Bergame, Verceil, Crémone se faisaientégalement autour d'eux des vassaux dans lescampagnes etimposaient leurs. prévôts ou vicomtes aux bourgeois dans lesvilles. A leur exemple, les seigneurs laïques, même les non-

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tttles créatures d'Otton le Grand, le marquis de Vérone,seigneur tout allemand, qui unissait l'Italie à la Carinthie,HKi bien que l'ancien marquis d'Ivrée, qui avait conservélesdéfilés des Alpes occidenta!es le marquis de Montferrat,

par Otton, celui de Modène et de Reggio, aus bien que

rh~ntier du duché de Toscane, affectaientl'indépendance destMecs ducs lombards ou car!ovingiens.Lecourt séjour d'Otton II en Italie, après sept années d'ab-

sence,confirma lesespérances de la féodalité laique et eccté-sMtique.Couronné à Pavie, le jeune empereur octroya à la~tpart des évêques de Lombardie, le droit d'entourer leursnUesde murs, et de recevoir tous les services militaires, pres-tttionsen nature et taxes pour entretenir les ponts et les rou-ta dansleurs diocèses. Après avoir maintenu un pape de sonchoixà

Rome, il

parut moins

occnpé de faire sentir son

pou- Niren Italieque de faire valoir ses réclamations sur le midil'Italie qu'il prétendait tenir en dot de sa femme.Quelques Italiens furent favorables à ses projets. La ville

dePise,déj~tla plus commerçante de la Toscane, au milieuJodeltafertilisé de l'Arno, mit volontiers à son service sesmmbreuses et agiles galères. Pandolphe Tête de Fer, quimit réuni sous son pouvoir l'ancien duché de Bénévent, joi-~it ses troupes aux siennes. Otton s'empara d'abord aisé-mentde Tarente et s'avança dans la Calabre ultérieure. Maisilfut battu à Basentello par les Grecs et les Sarrasins réunis,ettombaentre les mains d'un pirate grec. Celui-ci ne voulait

rendre à l'impératrice que sur une forte rançon. L'empe-Kcr se jeta à la mer, atteignit le rivage à force de bras etmourut peu de jours après des suites de cette imprudence,M983.

*M<mM~ le trtbnm trMtetttn<t< ttyhMtre M (<et«W4).

La minorité du jeune Otton III, longtemps menacée enAUemagne, n'était pas faite pour rendre plus gênante ladomination allemande. Les Italiens mirent à profit ces cir-ttnstancesfavorables.

A Rome, quelques barons et le peuple reprochaient au

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LIVREVI.9~

saint-siége d'avoir appelé l'étranger. Pour échapper à sado.mination,ils rivaient de constituer la capitalede la chrétiëntten république. Cenométait toujours reste cher aux Romain!;leurs préfets et leurs tribuns, croyaient-ils, annuleraientle pouvoir du saint-siége. Un certain Crescentius, qui passttt pour un petit-fils de Théodora, leur avait alors inspiré cesidées. Après s'être emparé du châteauSaint-Ange, il priteneffet la dignité de patrice et consuldo la cité, et tint le papeJean XV éloignéde Rome jusqu'à cequ'il se fût soumisàsonautorité et à sa constitutionmunicipale. C'était le tempso!t,)àVenise, le doge Urséolo11,se faisait prêter hommage parlesvillesde Trieste, de Tran, Spalatro, Raguseen Dalmatie,et,avecles vaisseauxréunis decesvilles,assaillait etdomptaitles Narentins. Politique habile, qui lui soumit

presque toutela

côteorientalede l'Adriatique, en mêmetemps qn elle Imposirespectan marquis de Vérone son voisin.

L'arrivée d'Otton III, en 996, rappela a l'Italie son étatdesujette.

Élevé sous les yeux de sa mère et de sa grand'mëfe, meGrecqueet une Italienne, instruit par l'homme le plussavantde son siècle, Gerbert, ancienmoined'Aurillac, qui avaiteht-dié aux universités arabes d'Espagne, Otton III rêvait unerestauration réelle du vieil empire romain, que son précep-teur lui avait appris à connaitre, etses deux mères à ambi-tionner. Commedans ses lectures, il en voulait voir le centreen Italie, dans le pays d'AdéIhaïde, et la capitale dans Rome;ce jeune homme, fut, selon l'habitude, reçu avec enthon-siasme par les Italiens. Il désigna lui-même pour papeMseigneur allemand, Bruno, son cousin, qui prit le nomdeGrégoire V, et reçut la couronnede sa main, au milieudestransports d'une populationivre de joie.

Tout dévoué aux idées de son maître et voyant<famf~-

!ema<~M~ bras du christianisme, le pape proclama,en lesa-crant, que si le couronnementsanctionnait seul son autorité,le choixdes Allemandsliait en mêmetempsl'Italie et Rome;commesi la possessionde la péninsule était la garantiedo pacte d'alliancedesdeux pouvoirs.C'étaitflatter à la foisl'or-gueil de l'Italien et choquer ses idéesd'indépendance, cha-

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touiller ses souvenirs et blesser ses intérêts. Le roi des Ger-mainsne devenait empereur qu'au contact du sol glorieuxdeRome.Le couronner, c'était couronner l'Italie. Mais cettegloirerayonnait sur la tête d'un étranger, d'un barbare cet

honneur cachait la servitude. Contradiction déplorable, quiest aumoyenâge le nœud de ce douloureux mystère de l'his-toireitalienne, dont le pape et l'empereur sont les deux prin-cipaux personnages, et Romele théâtre.

Le mal fut senti la première foismême que fut prononcéelaformulequi consacrait ce singulier droit public. OttoniQ prenaitaussi son titre au sérieux; s'il accordait quelques pri-vilègesà des seigneurs et à des évëques,il prononçaitsouve-minementsur une querelle entre le pape et Févêquede Ra-

Ttnne, ainsi

que sur bien d'autres encore. Les Romains

comprirentles premiers qu'ils étaient dupes de l'alliancedu papeetdeCésar; on se soulevacontre le papeétranger imposé par l'étranger. Crescentiusreparut dans Rome et chassa Gré-goireV. Résolu cette foisd'assurer à sa patrie la liberté et àhu-mêmele pouvoir, ce tribun entama des négociationsavecquelquesambassadeurs grecs venusen Italie, pour remettreRomeavecl'ancien exarchat sousla domination de la cour deConstantinop!e,et lui assurer le fantôme d'empereur qu'il&tlaità son

orgueil et à sa liberté.

Ce projet reçut un commencementd'exécution. Excommu-nie par Grégoire V, Crescentiusremplaçacelui-ci parunGrecquiavait suivi l'impératrice Théophanie en Occident,et quiétaitalors évoquede Plaisance. Encouragé par les ambassa-deursgrecs, le peuple romain proclama dans Rome, lerétablissementde l'empire de Byzânce. Le brusque retour d'Otton III déconcerta tout (998). Un grand nombre de baronsromains, se rappelant les vengeances exercées précé-demmentdans de pareilles circonstances par Otton I", s'en-fuirentà TivoH.Le pape grec, livré par le peuple lui-même,fat promené sur un âne à travers les rues deRome, levisagetournévers la queue de l'animal, et envoyéensuite à un hor-riblesupplice. Crescentiusfait prisonnier, après quelque ré-sistance,dans le château Saint-Ange, apprit aux Romainsdu haut d'un gibet de soixante et dix pieds, qu'il y avait

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LIVRE VI.95

plus de déception que de gloire dans Ja domination alle.mande.

L'autorité impériale se fit alors sentir dans tonte la pénin.sule, comme au temps d'Otton le Gfrand. Un Hugo, de râMallemande, fidèle serviteur des Ottons,fut investi de laToscane.Le

puissant marquis d'Ivrée, Arduin, qui avait vaincu et tué

l'évèque de Verceil, son rival, fut mis au ban del'empire.L'ancien précepteur d'Otton, déjà archevêque de Ravenne,devint pape, sous le nom deSylvestre II. Cet homme, l'undes plus savants et des plus distingués de cette époque, tout enréformant quelques-uns des abus de la cour de Rome, son-geait, avec Otton, à enlever le midi de la péninsule aux Grecset à réunir toute l'Italie sons la domination impériaie. Dansson imagination ardente, il formait le ptemier le projet d'ar-racher les peuples chrétiens à leurs discordes, et de les rën.nir dans une de ces saintes expéditions connues plus tard sonsle nom de croisade. L'accord du pape et de l'empereur danscette grande entreprise eût comme consacré l'empire aux yemde toute la chrétienté.

Mais Otton III et Sylvestre II n'étaient pour les Italiensque des étrangers. L'an 1002, le jeune empereur mourut àCivita Castellana, empoisonné, dit-on, par la veuve de Cres-centius, Stéphanie, devenue sa maîtresse; et l'année d'après,'le pape, haï des Romains qui l'accusaient d'avoir donné sonâme au diable pour avoir la science, suivit son élève dans latombe, victime aussi, selon l'annaliste saxon, d'un breuvagecomposé par l'implacable veuve du tribun de Rome.

Henri te «atnt t ~toeeput temporel (<«* MM).

Les AHemands avaient choisi pour succéder à Otton 111mort sans enfants Henri II, de race saxonne il est vrai, mais parent fort éteigne dudernier empereur. Le pacte d'obéissancequi liait les Italiens à Otton le Grand et à ses fils, paraissaitannuté par l'extinction de la descendance directe du grandhomme.

Arduin, marquis d'Ivrée, le même qui avait eu des démêlesavec Otton III, convoqua une diète de prélats et de seigneurs

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italiens&Pavie. C'étaitan des seigneurs les pins puissantsdel'Italie; il dominait dans lyrée, Suse, Verceil, et jusqu'auxarêtesdes montagnesde la Savoie.Ses partisans setrouvèrenten Nombre à Pavie, ville d'ajUenrs tonte patriotique; il fut proclaméroi, mais le marquisallemand, de Vérone, le ËlsdAxM,le protecteur d'Adelhaîde~Thédald,qmayatt obtenud'OttonU, Modène, Mantoue et Reggio.ennnsurtout Ï'ar-<hevéquede la villede Milan, rival decelle dePavie, procla-mèrent Henri H, roi de Lpmbardie, dans une assembléederigueurs et de prélats réunis àRoncaglia, etdécidèrentl'em- pereuràdescendreentialie. r Devant des forces supérieures, Arduin s'enfuit dans leschâteauxforts desesmontagnes. Laville de Payie el~e-mëmeonvritses portes au vainqueur (1003). Maisle jour du cou-ronnement,les Pavesansinsultés par quelques Allpmands~serévoltèrent; un combats'engagea dans les rnes. L'empereur MSiégédans son palais se sauva àJta faveur d'un incendie,BMisen se cassantla jambe. Arduin redescendit de ses mpp-tagneset achevade rejeter l'empereur audol&desAlpes, par le lac Majeur.'

Pendant l'absence de dix ans que fit l'empereur germain,l'Italie avecdeux souverainscouronnés n'ent réellement pas

deroi. Ardnui persécutases adversaires plutôt qu'il ne régna;ARome, les comtesde Tusculum, partisans des Allemandsetles successeursde Crescentiuss'arrachèrent la nominationdes papes.

Henri II ne termina ces troubles qu'en 1015. Après avoir forcéArduin à s'enfermer dans un couvent, et dispersé laRomelès restes de la factionde Crescentins,il tenta d'assurer sonautorité, en même temps que la paix, en poussant jus-qu'àses dernièresconséquencesla politique desOttons. Connu

toussenomd'Henri le

Saint, qui lui a été conféré

par le

~~rgé a!~emand~etitalien, il ne se montra pas moins géné-reux envers l*ËgUseen deçàqu'an delà des Alpes. La néces-tito dese rattacher les évequesdu parti d'Arduin, et d'accor- perdes pT~ntég~Jégaux à ceuxqui lui étaient restés iidèies,faisah e~.Ita~e~cnacte politique de ce qui était chezlui uninst~ct et une habitude pieuse. Il fit desévoquesle contre-

JttST.i~TAUE. 7

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LIVRE VI.98

poidsdes seigneurs laïques, le ferme appui de l'empire, et porta là puissanceépiscopalëa sonapogée dànXla péninsule.

Grâce &se'y nombreuseschartes, les droits de battre mon-naie, debannirles vassaux,de rendre injustice hauteet basse,de percevoirles douanes, péages, etc., tombent déEnitive-ment entre les

mainsdes évoques. Dans

les campagnes, par le moyendecàpitainés qu'ils chargeaient de rendre la justiceet de'commandér les chè~àiiërs,ils nnissent par remplacer les anciens comtes, dont leressort avaitété autrefois le mem6que la circonscriptiondiocésaine et l'image du saint, patronde la cité (corpm Mnctum),étovée d'abord sëutement sur te:limites de la banlieue que les évêquëscouvraient de ieur im-munité, est victorieusement portéeaux bornesdd diocèse.Laféodalité ecclésiastique r6mplacè"presquëlà féùdantélaïque.Lés

empereurs croienttenir plus sûrement les éveqUMpuis-

quTIs les investissent par la crosse et l'anneau, aussi bienque fort souventle pape lui-même.

Il appartenait &Henri le Saint d'arracher le midi de l'I-talie auxGrecs schismàtiqueSet aux Sarrasins inndèles. Une

petite république, la ville de Pisé, semblait tracer son devoir an souverain de l'Italie; elleattaquait les Sarrasins et leur enlevait une première fois, de concert avec Gehes, l'ile deSardaigne. Henri 11,eu 102!~prit Trôia aux GrecsenApulieet soumit Capoue. Heût peut-être fait davantage, aSenni etgloriné son autorité et celle des éveques par la soumissiondusud; mais la peste mit fin h sonexpédition, et quelquetempsaprès la mort mit fin a ses projets, en 1024.

M~ M~tfMM <tr<meM*te'Mt t~'ehtt~~ p<tt«~)M ~<tf'Bteef~~Mt)~nt}(t«*<

L'avénement d'une nouvelle dynastie en Allemagnecelledes Franconiens avec Conrad II le Salique, parut d'abord nechanger rien à l'étatdechosesfondé par les empereurssaxons.Le parti italien, chercha vainement àappeler à Pavie le roideFrance Robert; Hëribert, archevêquedeMilan, serenditàConstanceaccompagnédesseigneurs et prélats deson parti,et prêta serment d'hommage et de fidélité au nouvelempereur.

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Conrad, favorisé par lui et par l'Ëglise, vit, en 10~7,ta phi- part des villes acquitter les droits ordinaires d'entretien, dérentes et de logements (/c~rMm, parafa. man~tonaftcum),etreçutà Milan et à Rome,d'Henbertet deJean XIX, les cou-ronnesditalie et del'empire. Les deux seulesvilles de Favie

de Ràvenne, ainsiquele marquis dé Toscane,avaient osérefuser le sermentd'obéissance; à son retour l'empereur en-tra à Ravenne, condamnaPavie rebâtir le palais impérialquechaque grande ville devait entretenir pour le passage deFempereur et dépouillale ducReinier dolaToscane en faveur deRoniface, pettt-nIsd'Azzon. Lesgrâcesne furent pasépar-gnéesauxévoques 16 patriarche d'Aquuëe reçut les droits de Nuerainetësur prest~ùetout le Frioul,.anx dépensdumarquisde Vérone, singttllërement amoindri. L'archevêquede Mi-

tan exerça même les droits du souverain absent

dans !aÏtOmbardie.Ëa 1032, quand Conradvoulut recueillir, malgré le comtedeChampagne Eudes, la successiondu royaume de Rourgo- j~he,Héribert, archevêquede Milan, et Roniiace, marqnisdeToscane,l'aidèrent dans nne conquêtequi avait pour résultatd'entourer p!us complètementencore l'Italie des possessionsimpériales, et d'intercepter ses communicationsavec les roisonles puissantsfeudatairesfrançais dontdernièrement encoreelleavait

imploré la

protection.L'empire àuemand,en mettant une puissancetemporelle siconsidérable entre les mains del'épiscopat Italien, avaitcependantdépassé son bût. Les évoques tout-puissants, fai-saient peser leur pouvoir sur les chevaliersencore libres descampagnesqu'ilsvoulaientréduire en vasselage,et sur les gros bourgeoisdescitésauxquetsi!snevoulaientlaisseraucun droit.Rapprochés par une communeoppression, les nobles encorelibres des campagnes firentaltiance avec les gros bourgeoisdescitéscontreles capitaineset le petit peupledes villes, ordi-itairementsoutiendesévoques.

La lutte la plus importante ou lamoins inconnue, cellequicaractériselemieuxcette oppositiond'intérêts, eut lieu danslavi)!ede~ïi!an. L'archevêque Héribert, homme d'ailleurs fier ethardi, marchait a la tête des évoques lombards a la con-

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100 LIVRE VI.

quête de la tonte-puissance. Il <utbatte parles gros bour-geon deMilan lignés avecquelques petitsseigneurs tonte laLpmbardie lut en combustion.Onappela de toutes parts l'em- pereur.

C'étaitalors le recours universel. Conrad, arrivé (t03$) en

Italie, ne se montra point aussi favorable&l'archevêquequ'oneût pu le penser.II. compritqu'il étaitgrandementtempsd'ar-rêter les usurpationsdesévoqueset de mettreun contre-poids

la puissance de l'épiscopat s'il no voulaitcompromettreladomination allemande. Héribert ne manquait ni d'habileténid'audace. Il donnaà sa causeune couleur nationale; serviteur jusque-là intéressé de l'étranger, il répandit la haine de ladomination tudesque parmi les capitaines et !e petit peupledes viHes.Conrad, avec autant d'adresse, convoquaune diètedans

Pavie, la rivale de Milan; il somma Hénbert de venir

yrépondre aux accusationsportées contrelui par quelques-unsde ses yavassenrs;et, sur son refus, il le fitsaisir avecquel-ques autres évoques.Pour sauver la dominationaUemande,ilfit une révolution.Par unactesolennel, rendu en pleinediète,il déc!arales fiefsdes vassauxou vavassauxirrévocables, im-médiats et héréditaires. Tout possesseur defief pouvaitdésor-maisles transmettre àsesenfants, n'en serait déchuquesur un jugement prononcé par ses pairs, et jouirait de ses biensfrancs, en pleine et entière indépendance. C'était détruire la puissance des évêqnes et des grands vassaux, soustraire la petite noblesseet la grosse bourgeoisie, lescapitainesmêmeavides d'indépendance, à tour domination, et les ranger toussous l'immédiate protection de l'empire. Conrad II, morten 1039,n'eut pas le temps d'achever danslesfaits,cetterévo-lution maisil avaitdonnétebranle à un mouvementquidevaitagiter bien longtempsla péninsule.

Les vassaux inférieurs et les habitants des villes avaient, pour la première fois, révéléleur existence, et compté pour quelquechosedansles luttes de l'Italie. Unvifdésir de libertéagitait commeun courant électrique lescouchesinférieuresdela société péninsulaire. Dans leur lutte contrel'épiscopatdeuxclassesqui avaient paru ennemies se rapprochèrent lés petitsvassaux faisaient cause communeavec lesgrosbourgeois, les

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capitainesfrayaientaveclesgens de petits métiers et demincelabeurquiles soutenaient. Lesclassesse mêlaient là noblesse!e faisait octroyer dans mainte villele droit de bourgeoisie;quelques bourgeois acquéraient des fiefsnobles dans la ban-lieue,fusionsujette à

mécompte,jamais complète, quirenfer-

mait en elle-même des éléments hostiles; mais qui endéEnitivedevait tourner à l'anranchissement commun.

Cependant, la rivalitéqui avaitéclatéen mêmetemps entrelesdeux premières villes de la Lombardië, entre Milan etPavie, décelaitdéj& à la naissance mêmede ce mouvementcequ'ilavait d'incomplet et de défectueux. Hmanquait d'ho-mogénéitéet d'ensemble; il était entièrement local, égoïste,tùjet aux rivalités, aux contradictions, aux entraves quel'intérêt pouvait susciter entre deux villes voisines. Le goûtdeterrou! dominait dans cette révolution communale, mor-celée comme l'était elle-même la terre et la nationalitéitaliennes.L'archevêque Héribert cherchaà profiter de l'avénement deHenri111, en Allemagne, pour conjurer l'orage qu'il avaitdéchaînéet qu'il ne prévoyait pas si terrible. Il se hâta de re-eonnaitrele nouveausouverain, fit des propositionsde paix àsesennemis, et desconcessions11ses bourgeois.

Mais la lutte qui venait de s'engager avait fait ressortir la

fausse positionde l'épiscopat italien. Personnages politiques,lesévoquesavaient tout à faitoubliéleur caractère chefs d'nn parti,onlesavaitvuscombattre,vaincreet péhrsur leséhampsde bataille.Choisis,la plupart du temps, par les empereurs,non parmi les plus pieuxet les plus instruits, mais parmi les pluspuissants ou les plus riches, parmi ceux qui pouvaientfendre les meilleurs services, jeter le plus d'éclat ou même'quelquefois payer leur électionau suzerain par les présentsles plusconsidérables. ils menaient un train tout laïque, in-

stallaientle goût de la guerre et de la chasse, du luxe et des plaisirsdans les palais épiscopaux,et, qui plus est, entrete-.naient,nourrissaient à l'ombre du sanctuaire, et malgré lescanonsde l'Église, leurs concubineset leurs bâtards.

Les évoquesn'avaient vu d'abord s'élever contre eux quedes intérêts politiques; une opposition plus dangereuse

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LIVREVI.loaébranle bientôt~au nom du principe chrétien, leur puissancetemp~relfe. Des voix sévères, celles d'un Pierre Lombard,d'un Ij~anfranc,sortent dufond des monastères, dénoncentlerelâchement de ladisciplineet la confusiondo tons tes prin-cipes commelacause de tout le mal.L'ambition des

évoques,à les en croire, a tqnt fait; de 1~, la noimnationaux bénénces par les empereurs, c'est-a-d~re la~motue;de 1~,la vio)ationdu célibat, les mauvaisesmœurs, tes rivalités, la corruptionqui n'avait pas épargne même le saint-siége. Pierre ttamien,dans d'éloquentes Invectivescontre le mal dont périssait l'E-glise, dans de sympathiques exhortations à revenir au bien,demande énergiquement une réforme. Il tant, a l'entendre,revenir a la rigidité, à la simplicité, voire même à la pau-vreté des premiers jours, ou restituer au moinsaux prêtreset au peuple l'élection desévoques. C'était une voie nouvellequi s'ouvrait tout à coup en Italie à l'indépendance. Une ré-volution politique se compliquait tout à coupd'une réformeecclésiastique.En ramenant !a règle les évêques devenusseigneurs temporels, on sapait leur puissance et par contrecelle dol'empereur allemand.

Les premiers troublesqui éclatent alors a Milan et à Romeont ce double caractère. A Milan, la haute noblesse et le petit peuple, après la mort d'Héribert, déclament contreles mœurs de Guidp, qui n'était pas plus mauvais que ses prédécesseurs, mais qui devait son siége à l'empereur, et prononcent le nom de M/brme. A Rome, le parti national,fortiEé par la recrudescence de Fesprit religieux, chaiseen6n Beno!t tX, cet adolescentqui étalait sur le saint-siégeune cruauté et des vices prématurés, et met sa place Syl-vestre III. Le scandale, il est vrai, n'en est pas diminuéet ce qui se passe à Rome montre à quel degré d'anarchiela révolutionecclésiastique et politique amène les événe-

ments. L'adolescent Benoit IXrevient bientôt moins pour re- prendre sonsiège que pour entirer profitet envendreunepartà l'archiprêtrejean Gratien, quiprend le nomdeGrégoireVI;la capitale de la chrétienté compteà la fois trois papes, sié-geant l'un à Saint-Jean deLatran, l'autre a Sainte-MarieMajeure, etle troisième &Saint-Pierre du Vatican tous trois

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Mlançant l'anathèine et se partageant tes reyen~u~.dusamt-siége,Jamais la présencede ~empereur n'avait paru a né-MMaire.Henri III, le plus puissant des empereurs,avait soumissesvassauxallemands, laïques etclercs,à !a plusrude discipline.][.arévolution d'Italie manquait évidemmentde direction etd'ensemble.Il eut beaujeu. L'archevêque Guido, son anciensecrétaire,est unposéauxMilanais; les seigneurs et les villes jtom~ardes~sontcontenus. A Rome, les trois papes simoma-qnessontdéposa au conciledeSutri, un Allemand, l'évoquet~Bamberg, est élu spus le nomde Clémenttî. Au midi de

{Italie, le ducdelïénévent, les pnncesde dapdne.Iesdacsde

Naples,de Gaëte,d'AmalS, de nouveauxconquérants même

dans ces contrées, s'empressent de prêter hommage a unhommesi puissant.Depuis que dans les premières années du xi*siècle, qua-

rante pèlerins normands de retour de Jérusalem avaient,chenunfaisant, délivrédes Sarrasins la villede Salerne pour prixde la rançon oBerteaux inSdëles, les aventuriersde cetteration hahue à Bairer les facilesconquêtes, s'étaient multi- pliésdans le midi de l'Italie, sous prétexte de pèlerinage aumontCassin et au mont Gargan. Guerroyant tantôt contrelesGrecs

pour le comptedu duc de Capoue,tantôt contre lesSarrasins pour celui des Grecs, après avoir bien étudié le pays,ses rivalités, ses faiblesses,ils avaientfini par travailler pour eux-mêmes. Un certain Drengot, le premier, avait prislavilled'Ayersa; puis, Guillaume Bras de Fer, Drogon etUmfroy, tous trois Ets de Tancrède de Hautevil!e, gentil-homme normand, pauvre de biens, riche d'enfants, avaientavecquelquesl~énévent!nsculbutéles soldatsducatapan grec,Maniacès,et pris MelS, Venouse,Tram, Cannes, en un mot

presque toute la PouiMe.Us étaient réun!s alors sous Guil-

laume Bras de Per et prétendaient ne reconnaître aucunmaitre. Mais ils se gardèrent bien, comme les Italiens, derésister au puissant Henri III, et pour avoir même un titrelégal, ils se hâtèrent de fairehommagedé cequ'ils avaientconquisa l'empereur allemand annde s'autoriser de lui con-tré l'empereur grec.

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LIVREVI.Ï<~ 1Lt pietéde l'empereur acheva ce qu'avait commencé son

énergie. ChréHeitisincère, II détestait la simonie, quoiqu'ilDepartagentpas sûr !e célibatdes prêtresséculiersles opinionsdes moines. Saconvictionse trouva d'accord avec son ambi-tion, lorsqu'il s'autorisa des troubles, des scandalesauxquelsavait donnélieu le droit d'élection

au saint-siége et à l'épis-

copàt, pour se réserver le choixdu pape et des autres évoquesde sesEtats; mais il eut soin de designer toujours les plusdigneset d'éviter scrupuleusementtout reproche de simonie,Du fond de l'Allemagne, il donna pour successeur à Ctë*ment II, matgrë une tentative contraire, l'ëveque de Brixen,Damas H; et, après la mort de celui-ci,' peut-être victimedela haine des Romàms,son propre cousin,TéVeque de Toul,Léon IX. Il pourvut demêmeà tousie~s bénëSces de l'Italie:mais il fit usage de ce pouvoir dans l'intérêt des mœurs, etseconda, poussamême les papes et lesëvêquesdans cette voiede réforme qui commençaità devenir nn besoin impérieux.La pacificationde l'Italie et le rétablissement de la disciplinedans le clergé consacraientla dominationde l'empire sur la péninsule et l'église, lorsqu'un moinevint l'ébranler encoreen donnant unedirection plus haute et un chefa la révolution politique et ecclésiastiquequi agitait la péninsule.

Léon IX, pape désigné par l'empereur, avait amené del'abbaye deCluny, pour conseiller, un moine nommé HiMe- brand, fils d'un forgeron de Soana, en Toscane. Celai-ciavait jeté des doutes dans l'esprit dn nouveau pontife sur lavaliditéde son élection, et avait obtenu de lui qu'il se soumitde nouveauan choix et à la confirmationdu peuple romain.Homme pieux et de bon vouloir, pénétré des doctrines dePierre Damien fort en honneur dans les monastères, maistout dévouéà l'empereur, Léon IX, après ce premier acted'audace, se contentade rechercher activement en Allemagneet enItalieles ecclésiastiquesqui devaient !eUr élévationà lasimonie, pour les punir d'une pénitencede quarante jours, et

ttfé~ttre vm; première httte <tt tXteenttee f <e ttttp)fe <(t<MS-««). <

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mêmeles révoquer et de rappeler le clergé sécuHer, par sesordonnanceset ses menaces,a t'ôbservation du célibat.

Le moine Hildebrand eut bientôt d'autres visées. PrêtremMëreet hardi, patrtote jaloux,il regardait comme un escla-ngela domination exercéeà la fois par l'empire sur le sacer-t)CBet par i'AHemagne sur la péninsule. L'abolition de laagonie, le rétablissement des bonnes moeurs, ne lui parais-aient point possibles tant que le saint-sîége dépendrait deFe&pire,au pouvoir d'un prince aujourd'hui pieux et demain&sb!u.Il croyaitne pouvoir affranchir l'Italie de l'étranger,F~Usede l'empire; qu'en leur arrachant la disposition desh!chés.Devenu puissant à lacour pontificale par la forcedea parole et l'austérité dé ses mœurs, il éonçutle desseinftecompur ce double affranchissement par une réforme ec-

d~iastique, etil consacra àcette oeuvreune imagination ar- jeMe,une conviction profondeet un caractère capablede tout{casser à l'extrême.

Hildebrand commençad'abord l'exécution de ses desseinsnéeune prudence et une fertilité de ressourcesétonnantes entm hommequi avaitvécu jusque-là dans un monastère. Sous prétextede défendre les droits impériaux, itproSta de la pre-mièreoccasion pour relever le crédit politique du saint-siégeenItalie. Les Normands,nouveauxvassauxde l'empire, com-

mençaientà piller

sans vergogne

les terres de l'abbé du montCassinet même celles du saint-siége. Appelé par les habi-tantsde Bénévent, Léon IX, à l'instigation d'Hildebrand en-nhit le midi avec cinq centschevaliersallemands envoyés par t'empereur et des hommeslevéssur sesdomaines. Il est battuetfait prisonnier par les Normandsà Civitelladansla Capita-mte,mais il trouve dans sa défaite ce qu'il cherchait par unetietoire(1053). Prêts à jurer tout serment, à reconnaitretout!Merain, pourvu qu'ils gardent le pays, Richard d'Aversaet

Umfroyde

Pouille, alors chefs des Normands, consentent

àrecevoir cequ'ils possédaientcommeun fief desaintPierre;ilsaidentmême le pape às'emparer de Bénévent, que luicèdet'emperenr en échange de quelques domaines et redevancesandelàdes Alpes.Voilàledomainetemporeldu papeagrandiilcomptede nouveaux vassaux.

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LIVREVt.106A la mort de Léon ]&, en 1Q54,HUdebran~tente un coup

plus hardi il demande lui-même a l'empereur pour papeet pbt~entVictor U, son plus opiniâtre adversaire, dontit ftit bientôt son. plusardent soutien. Henri111avait deuxennemisimplacables: Gottfried, de basseLorraine,. en Allemagne; MItalie, Bonitace, marquis de Toscane, autrefois.serviteur deétrangers, maintenant !eur ennemi.Henri ni avait dépomiMle premier et rayait exilé en Italie; s~ n'avait pas tromel'occasionde faire sentir sa puissai~cean second, j~lne luiet.chait pas ses dénances. Un moine audacieux, instmmettd'Hildebfand, aprèsla mortde Btoniface,mane sa veuveËettrix Gottfried, son frère, et relevéainsien Itaue un,rivaitCésar battn en AUemagne. C'était trop à la fois. Henri H! parait en Italie, fait prisonnière et garde Béatrix, exUesetmari en Flandre, renvoie le moine au monastère du montCassin, et emmène le pape Victor II en Allemagne.

Mais la mort d'Henri III laisse lechamp libre aHilde- brand. On le voit alors agir avec autant d'impëtuositë quHavait d'abord procédéaveccirconspection..H proSte desem- barras de l'impératrice Agnès,fortoccupéeà défendreson'Cbmineur contre les vassauxallemands, pour obtenir !e vicariatde l'Italie à Gottfried, tout à l'heure dépouilléde ses biens,etfaire le moine Frédéric, papesons te nomd'Ëtienne IX.

Ennemi personnelde la maison franconienne, appuyésale marquis de Toscaneet sur les Normands,vassauxdu saint-siége, celui-ci excommunietout prêtre marié qui ne renvem point sa femme, lance t'anathème contre les simoniaques,et, par les moines, milice dévouéedu saint-siége, soulève!t peuple contre les évêques, qui devaientleur puissanceM'em- pire et qui le soutenaient. C'était prendre hardiment ennuitet lier l'une à l'autre la cause de la réforme de !'Ëg)iseetcolledel'indépendance italienne.La guerre recommencedans

l'ardente ville de Milan, où les ennemis de l'évêque Guidf chassentles prêtres dissolus ou partisans des Allemandsetveulent chasser l'archevêquelui-même.

H est vrai les comtes de Tusculum pron~ent d'abord del'absence d'Hitdebrand, alors en Allemagne, pour fairedon-ner la tiare à un des leurs. Mais Hildebrand indispose l'im-

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L'ITALIE IMPÉRIALE ET PONTIFICALE (962-1137). 107

~tnce contre le nonv~an pape, élevé, disait-il, sans leamsentementimpérial fait casser cette élection, et toujoursttrdi et heureux, obtient de l'impératrice Agnes, pour pape,F~que de Florence, ancien protégé et partisan de6ottfrièd,

Bitirquisde

Toscane, sous te nom de Nicolas11. Ï~onté an

~ttican par ta protectionallemande, mais snr !e choixd'Hil-~brand, celui-ci fitun grand pas. îl fallait, pour soustratrefîtaueet l'Église &la domination impériale, fonder l'Indé-t~adancedu saint-siége. tjne constitution rendue par t~ico-~n décrèteque désormaisles curés cardinaux attachésauxfisses do Romeauraientseulsle droitd'étiré le pape, MU/,entait vaguementla bulle, t'/t0!)n~r et !efMpec<dus au f(M

Ce décret ne lésait passeulementl'autorité impériale~maisk peuple romain, c'est-à-dire les factionsqui perdaient toute{Urtà l'élection du pape. Une révolte éc)àtaà Rome. Le papetppelaà son secours contreles nobles romainsles Normandstes vassaux,qui continrent les comtesde Tusculum.A lamort de NicolasIt, en 106l, Hitdebrand p6r<ela lutte

tttplus vif de là question.Poussé, par lui, le nouveaucollège<!escardmauxs'empressed'étiré T'évêquede Lucques, un des pertisans les phis ardents de la réforme, qui prend le nom(l'AlexandreII. Deleur côté,les nobles romains,l'archevêque~eMi!an, lesévêquesdePavie, dePlaisance, etc., obtiennentde!acour impériate, mécontente de n'avoir point été con-mhée, l'évoque de Parme, Honorins II. Les partis segron- pentnettement autour des deux papes, et !e schisme se des-tine.Alexandren, !epaped'HiIdebrand,éluparles cardinaux,comptepour partisans les hommesde la disciplinerigoureuse,ceuxqui voulaientdeuxgrandeschoses,là réforme des mœursdel'Église etl'indépendancedel'Italie Pierre Dàmien, Lan-trancde Pavie, le clergé régulier, depuis longtempsrival du

clergé séculier, le memt peuple, qut demandait là moralitédansle sanctuaire, etles petits vassauxet les bourgeois, en-nemisde l'épiscopat, depuis que les évoquesétaient devenusdesseigneurs féodaux. Honorius ÎI, le pape de l'empereur,à pour Ïu! la noblesseromaine, la plupart des prélats lom- bards, la haute noblesse dont les fils arrivaient aux préla-

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UVREVLt08tares. Schismeà lafoisreligieuxet politique1 Hildebranddansl'état de là sociétéitalienne, arrivait droit à l'affranchissementde la péninsule, ensoustrayant au pouvoir des Allemandslesaint-siége et l'épiscopat, éléments dominantsde l'Italie. Ltnoblesse italienne et la bourgeoisiemunicipale, derrière Hu-debrahd, brisaient, en soutenant ses doctrines, la puissante politique conCée parles empereurs saxons aux êveques. hlutte fut viveà Rome. Les comtes de Tusculum intronisèrentd'abord Honorius 11 et battirent les Normands; mais bien-tôt ils forent battus à leur tour par GottfriedducdeToscane.Honorius, prisonnier deux ans dans le château Saint-Ange,fut heureux de pouvoir s'échapper sain et sauf et de cédala place à Alexandre. La victoire d'Hildebrand parut com- plète et fut couronnée en 1073 par son élévationau pontiEatsous lenom de GrégoireVU.Le nouveau pape, âgé alors desoixanteans, après avoir dej~ pendant vingt ans, dirigé les affaires,était encouragé par lescirconstances, qui secondaientson énergie et son ambition.1dévoilaaussitôt toutes les conséquencesdu vastesystèmequ'ilavaitconçu. Quoiqu'il eût demandé par politique la connrnM-tiondel'empereur Henri IV, on vitdès ses premières paro.Met ses premiers actes, que cen'était pas seulement l'indépen-dancequ'il voulait pour le saint-siégeet l'Italie, maisla domi-

nation politique aussi bien que religieuse de la chrétientétout entière. L'interdiction formelle portée en plein concileà tout prince laïc, d'investir d'un bénéSce ecclésiastique, et3tout clerc, de recevoir d'un laïc un fief ecclésiastique,le rap- pel à l'observance du célibat n'étaient que la continuationdécequ'avaient faitses prédécesseurs.Mais ces desseins avaientcrû avecses succès.Il s'élançaitmaintenant hors de l'Italie,etrêvait de faire dans toutela chrétientéla même révolution.Enrevendiquant partout et pour lui seul la nomination auxéve-

chés et aux abbayes, vraies puissances politiques et féodales,il devenait le maitre du tiers desterres de l'Occident, et com-mandait à l'empereur et aux rois affaiblis. CharlemagneetOtton le Grand en vertu de leur puissancepolitique s'étaientsubordonné la papauté, et avaient mis l'Église dans l'Ëtat;lui, au nom do l'autorité morale, il soumettaittous les sonye-

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nnns,il mettait l'État dans l'Eglise, et fondait une théoc''atieitcerdotaleet féodate, du sommetdelaquellele représeptant

Dieu sur la terre disposait en maître absolu des corpset des consciences. < Quoi? disait-il dans son hardi etmystiquelangage, une dignité créée par les hommes dn

aMe,ne sera pas soumiseà cette autre dignitéque !oDieuMM-puissanta créée pour!uirendrehommageetparpitié pour te inonde.Ëh te filsde ceDieu, Dieu et hommetout ensem- ble, siégeant à h droite de son père, n'a-t-il pas préféré à(etteroyauté temporelle le sacerdocede la croix? Qui doncdouteraitque les prêtres sont au-dessus des rois?Les pre-nuerssont les rois du Christ, les seconds sont avecle prince~ténèbres, roi dës fils de l'orgueil.

Les vastes projets de Grégoire VII apparurent dans ses

ptëmiersactes. Il ne se contenta

pasd'interdire

à l'empereur HenriIV et au roi de France Philippe I" l'investiture auxdignitésecclésiastiques,il prétendit se faire arbitre entre le pfemier et ses vassauxde Saxe révoltés; il traita leseconddetpansacrilége pour quelquesexactionscommisessur des mar-thandslombards en passagesur ses terres. Il ne consentit àtttprder an conquérant de l'Angleterre Guillaumesa réforme~aclergé anglo-saxonqu'à la conditionde nommer lui-mêmekaévêqueset de recevoirdechacunle denier deSaint-Pierre.Hréclamala suzerainetédes royaumesde Hongrie,de Dane-mrk et d'Espagne conquis sur les païens ou sur les infidèles~)r<a~r<fcede Dieu.L'Italie qu'il avait paru vouloiraffranchir fattraitée comme sa première vassale elle devait payer lagloirede posséder le pape par une obéissanceexemplaire.Dansh n)le de Milan, rivale de Rome, Grégoire VII nomma unMqne à sa,dévotion,Atto, qu'il appuyaavecdes seconrs desoldats.Dans la Toscane, il cassa le mariage de la fille deBéatrix,héritière de ce duché, Mathilde, dont le mari ne pa-raissait pas disposéà suivre aussiaveuglémentqueson pèrele parti pontiScal grâce à l'ascendant qu'il prit sur elle, une pieuseet fervente princesse devint la force, le salut du saint-aegean xi*siècle,commeThéodoraetMarozieen avaientfaitlahonteau x*.A Home,le préfet impérial Censio,qui voulaitsauvegarder les droits de son maitre, fut excommunié.Dans

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LIVRE VI,MO

ritalieméridionale, Robert Guiscard,maitredesdernières pos-sessîons des Grecs, ëi,par son frère Rogër~dePaIerme,enlevaaux Sarrasins eQSicile, se parait du jdtréde duc de Sicileetdonnait Celaide comteAson trère, sanssonger a les réclamer de là générosité toujoufSun peu onéreuse du poptife. Gré-goire Vil le déclara excommuniédans Unconcileromain, e}envoya desrenMtts au prince de Càpono, Rtchard, pip!docHe ponr l'àîdèr s'emparer des possession~de son ccm-Dâtriote.

Cedespotismenabiie et hardi, quine ménageait même pMses amiset brisait !e lendemainles instruments de !ave!t!e, provoqua la résistance, surtout en Ita!i6. Le pape était pÎMredouté de Ïoîh que de près, commeil arrive souventa toc) pouvoirfondé sur l'opinionet nonsur làforce.ARomemême,le préfet Censio, dans nno émeute, arracha Grégoire d'uneéghse et le retintquelque temps pnsonnier~A Mi!an, !esci-toyenschassèrent son protégéAttb,quiexerçaitunevraietyran-nie dans ta ville, et demandèrent un archevêque!tSenriiy,qui leur envoya nnnoble deCastigUone.

Ce fut le commencementde la lutte entre le sacerdoce0l'empire. Déjhdes paroles aigre§avaient été échangées entr~l'empereur et le pape, a proposde l'interdictton formellefaits par Grégoireauxprinces!alcsdedonnerl'investiture desbén~ncesecclésiastiques.Bientôt, Grégoirenevoyant dansHenriÏyqu'un prince despote, dissolu, et un caractère faible, le Mità comparaîtredevant un concile a Rome, pour répondre dtcrime desimonie. Si ce premier acte était couronné de succ~,c'en était fait del'indépendance de tout pouvoir temporel dansla chrétienté, et principalement do) autorité impériale enItalie ou le pape disposerait de toutes les dignités et 6e6d'église. Henri IV, jeune et fougueux, crut pouvoir rendre aa pape guerre pour guerre, fit attaquer par deux concilesde prélats tenus dans les villesde Wprms et de Pavie, la légiti-

mité de l'élection de Grégoire VIÏ, et sommacelui-ci par anenvoyéde déposer la tiare. C'était tropou trop peu. Le mes-sager faillit être déchiré à Rome, !e pape le sauva mais,lelendemain, plus hardi que sonadversaire, l'égliseétant pleinede monde, et la grande comtesse Mathilde présente, apr~

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L'ITALIE IMPÉRIALE ET PONTIFICALE(962-H37). Mt

t'être solennellement purgé par serment, des accusations portéescontrelui, le papeprononçal'excbmmùmcatibhduroiH~nriIV, puis donna te premier exempted6déclarer nn sou-dain déchude ses droits au trône et de délier sessujets duMttnentdeSdéIMLIlnëdisposait~plusseulement des dignitéset~ésîastiques,mais des tëmpo~Iles. Les trônes relevaient~loi,et ilotait etdistribaait!escôarônnés,se!on ies maximes(6t<~nnesdans ses lettrés: Tôatë ptiissancedev~t s'indiner Jt~ntM, parceûa'M était iniaiHiMë,saint et omnipotenttCr Mutela terre par ta'grâce de l'Apôtre.î/enetdëla première sentencedo déposition qui eût été

pM~e par nn pape contre nn souverain, ënt un plein succèsatAUemagne'ou ià foi était grande/et le mécontentementcintréHëhriIVgenërât. L'empereur n'obtint de sesvassaux,<i~décidésa procéder a unenouvelié éiectioh, qu'un déMJ'unan pourfatre sà~paixavecie pontife.Lorsque, abandonnédetous,!e màtheurëuxroi descendit les Alpes presque seul, pour demandergrâce, ses partisans l'archevêque de Milan,)'ttthevequë de Rayonne, et presque tous leurs sûnragants~méprisaient !ëSanathëmésdela papauté, coururent du-de-nMde !ni. I! y avait la desélémentsde résistance. Henri IV,Mnrbésous l'ànatheme, n'osa les employer; il alla en pé-xitentau châleaùde Cànossa. Admis sur les instances de latointesse Màthilde,moinsinuexiMeque le moine couronné,<h)tsla seconde enceinte du château, il attendit à jenn, lest~asnus dans la neigé, pendant trois jours; lequatrième, ilht ën6nreçu par le pape, relevéde l'excommunication,maistthtoyé pour ce qui regardait sa couronne devant la dièteDemande.Le lendemain, Grégoire VII l'écrasa de tonte la' puissancede sa foi; au milieu de la messede réconciliation,ilbrisal'hostie endeux, adjura Dieu en en prënantune partie,d~lelairemourirSùr-le-champs'il était coupabledés crimes<!ontil était accusé,et proposa avec l'antre moitié le même

:tnneut &Henri, qui recula épouvanté de cette terriMe preuve du jugement de Dieu.Le pouvoir du saint-siége semblaita son apogée. La com-tesseMàthilde, subjuguée par tant de grandeur, institua!*Ëguseromaine héritière de tous ses biens. Grégoire, après

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LIVREVI.112

avoiryu~sespiedsIeSIsdeHenn III, unsuecesseurd'OthMet de Charlemagno,ne put se défendred'âne certaine exa)t<.tion. En 1078, dans un concile,il, déclara excommuniésetdestitués tous les archevêqueset évoquesitaliens du partideHenri IV; il disposadoleurs dignitésen faveur d'autres ecd~-sia.5tiques,et exigeade ceux-ciun véritable sermentde vasa.lité qu'il avait déjà obtenu du patriarche d'Aquilée. Hlançade nouveaul'anathème contreRobert (~niscard,qui s'empanitdes dernières possessionslombardes,Salerne, Amalfi,et atta.quait mêmeBénévent;contre Richard qni.détachédel'alliancedn pape. bloquait Naples. Rien no devait plus se passer en Italie sans la permission du pape, dès quil réunirait a patrimoinedu saint-siégoles MensdelacomtesseMathilde,hdispositionde tous les ëvechéset la suzerainetédu midideh

péninsule. Maître de l'Italie, il l'était peut-être du monde.Mais au moment où il se croyaitvainqueur, Grégoire VUvit se lever devant lui d'autres adversaires. Les événementsmènent leshommesles plus grandsquandceux-ci même sem- blent les mener. La guerre du sacerdoceet de l'empire, tontesces fréquentes compétitionsd'évëques, les uns nommés parle pape et les autres par le roi, avaient appris auxvilles de hLombardie à méconnaîtrel'autorité sacerdotalesujette à tantde contestations.Les échevinsdes troisétats libres, descapi-

tâines, des vavasseurs, des francs-bourgeois, après s'être

d'abord fait la guerre sous le drapeaude tel ou tel prélat, d: papeon de l'empereur, commençaienta songer à eux-mêmes; partout ils instituaient en commun un collège,une magistra-ture urbaine, qui administraient librement la cité et son ter-ritoire. La liberté des villescroissaità la faveur dela guerredu sacerdoceet de l'empire.

Henri IV, relevédeson humiliationde Canossaen Allema-gne, compritleparti qu'il pouvaittirer de cefaitnouveau.Son

Bts, envoyéd'abord

par lui, encourageala liberté des villes,

sigua ou confirmatoutes les chartes communalesqu'elles lui présentèrent, même aux dépens desévoques.En 1081,il des-cendit lui-même en Italie, décidécettefoisàsoulever lesvillescontre le saint-siége, et menant aveclui un anti-pape créé<bsa propre main, ClémentIII.

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jL'ITALIE IMPÉRIALE ET PONTIFICALE (962-1137). ng

~ST ~isenLombardie, p~r cesmunicipalités enR~h T~ Milan sonarchevêque, en dépitdelarchevêquede la faction4u pape, et reçut de~mains~acouronnede fer. En Toscane, dans les Ëtats mêmesde la~use MatMde, Rseenrichiepar

son commet, dëconque en Sardine, Lucqnes et Sienne désireux<~d obtenir des pnvuëges, se dëchrèrpnt en sa iavenre!~orMèrent sa marche sur Rome. ~nret

h~r~ î~° ~communication lancée sur Normands, et laMsa & GniscardIaYiHedeBënëYentl'in-~te d~.

~;?' t~scard, ypyant son ambition gênëe en-~N'~ 'contre Fempire byzanu~ .laquait

~.rs N~phore Botomate, et, maigre cinquante mille Grecs,

prenaitDuraMo,;qm ne devait être pourlui oue ta defd~C..stantmople Henri IV, dont l.ann~ avaitd-Sorde~de!Mtée par 1 ëpidëime, formabientôt le blocus de Rome avec~recrues envoyées parles viUesitaliennes; et toute la no-M~ des environs,qm jurait de réduireGrégoire. Le comte

Capoue, Jordan, S!s de Hichard, en haine de RobertSMscatd,se joignit à l'empereur. Le peuple, pressé par la&mme,commençaa murmurer. Endépit des~attaq~s du~ors

et desmécontentements du dedans,!epontifecontenant<~excitantles Romains,résista deux années en rehouveiantrtnathèmecontre ses ennemis. Mais aucundes rois chrétiens

~ssés par ses prétentions ne par!a même en saS~

leConquérant,qui paraissaitson plus Cdè!e~é, éhit alors en querelle aveclui. Ennn,la cité Léonineh'mbala première avecl'église Saiht.Pierre au pouvoir desAllemands, puis lequartier de Latranqui fut livré par le peu-~e. Le pontife put voir du châteauSaint-Ange son rival,<1~ < .tM.~o suu nva),Q~e~, consacré dans l'église Saint-Jean de Latran, et le~cu de

CanossacouroMé empereur au Vatican. Il jeta versRobertGuiscardun long cri de desespoir Le Normand quitta Durazzo, où ilchargea son nis Bohé-mondde continuer ses conquêtes, Jbat.itJordan envoyé au-~devantde lui pour l'arrêter et marcha avec vingt milletommessur Rome. Henri, dont la plupart des partisans s'é-msï. D*tTAUB. 8

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UVRÈVI.H4taientdeja dispersas, n'osat'arrêter. Le Normand tira Ûr~-goire du château Sàint-ÂBgo;niais it l'emmenaaMaterne,seconduisant moins èhvé!nt ehHMrAtenrûu'envà~naQeur.ti*ambïtieui cônqtiéramf,dont les p~jets embrassaientd~Ï'îtàtie et l'Onent,ne comptait pas retacher son captif samfaire chèrement payer sea services. Grégoire, ~ctime d'une poutiqi~ qui n'avait sa garder anctinménagement deYÈnu proie d'un Normand rusé, vit avecdouleur qu'if n'avait ira-vàuMque pour la ubertë desvilleset pour la gt~ndëur d'inavëntnfiër.il mourutd'éptusëmën~et dechàgrïn, îe 2~m~10~5,en prononçant ces mots, dernière expression de sonénergiqueet profondeconviction < ~'ài aimé îâ jasMceethdFmiquite,c'est pourquoi je mëùrs~dansl'oxtii 1/ttalie elte-memeavait tue ta théocratie tùmàine. "1

tt.'MtK~e <te tttttt~ftet te e~mett~t <e ~rt~tt iw)mt~<et<t<tet~tte«tMMt(*we~T<nm).

Apresquelquesannées detnomphe pourla cause impénate,ravénementd'Ùrbainli, en Ï088, relévaIesaint-siége.L'âmed'Hildebrandsemblaitavoir passédansson succossenr.OHigt pendant quelque temps de vivre desdonscharitables de son parti, il renouvelanéanmoins)esbuues <!ugrand pape contreses ennemis et contre l'investiturelaïque; habite aussi &~aireservir tes combinaisonsde la politique au succèsde ses in~-rets, il restaura par un mariage la puissancede Mathttde,enfaisant épouser àcettechaste et obéissanteSite dusaint-siége.malgré sa répugnanceet sesquarante-cinq ans, !e jeune Weude'Bayiëre,Iep!u8irr~concitiaMeennemidettenri<

C'était recommencer la guerre; Henri ÏV, décidé puntf MathiÏde, !n~prit Mantoue qui ne se rendit qu'au bout deonzemois, Parme et Plaisance; et, fidèle sa nouvelle poli-tique, confirmaaux habitantstous les droitsetimmunitésob-tenusdéjadu parti contraire.Menacée jusque dans ta Toscane

set conjurée par ses sujets enrayés, !a grande amie do Gré-goireVIÎ était prête a consentir pour prix ~e tarestitution deses placer &reconnaitreClément pour vrai pape. Une assem- blée d'évéques do son parti l'y autorisait l'esprit monastique

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L'ITALIE IMPÉRIALE ET PONTIFICALE (962-1137). 115

tint encore porter secoursàl'oeuvrechancelante d'Hi!debrand.Un moine, l'ermite Jean, connudans toute l'Italie pour sessaintesaustérités, s'opposaausentimentdosévêques, remontalecouragede la grande comtesseet l'envoyadéfendreet sau~

verCanossa.Urbain II ent le temps dé frapper un grand coup. II pro- posalà royauté d'Italie an fils même de Henri IV, Conrad,homme ambitieux et dévot, qui était adoré des villes lom- bardes, dont il avait le premierfavorisé et eonSrméTaliberté.Celles-ci, décidéesà poursuivre l'oeuvrede leur aSranchisse-ment sonstous lësdrapeanx,lereconnurent. En vainHenriIV,soupçonnantces projets, fit arrêter son Bis; Mathilde le dé-livra, le conduisit à Milan, le fitcouronner roi, et lui donna

pburépouse la fillede Roger,le frère même de Robert Guis-eard qui, après la mort de celui-ci enGrèce, était maitremaintenantde presquetout le midi.Contre son fils soutenu par le papeet par Mathilde, par les

VïUeslombardes et par les Normands, Henri FVn'avait pinstien à faire. Un événement plus européen qu'italien, la pre-mièrecroisade, achevade le décourager.La vue de toutescesarméessoulevéesà la parole du pontife, et prêtes au besoint traiter l'ennemi du pàpecommôl'ennemidu Cbnst, désarma

Henri IV. Celui-là était bien le chef de la chrétienté qui jetaitl'Europe sur l'Asie, et rendait àl'islamismeau onzièmesiècleIt guerre qu'il lui avait faite au huitième. UrbainII, susci-tant et dirigeant la guerre sainte, dépassait GrégoireVII. Le. partithéocratique essayade poursuivre sa victoireà la faveur du prestige nouveau dont la papauté était environnée. Lagrandecomtesse Mathilde avait consenti,dansunmomentdedétresse,&épouser Welf de Bavière elle refusa maintenantde révoquer en sa faveur la donation précédemment faite à

l'Église de Rome et

bientôt même, au milieu

d'aigres et

scandaleuses récriminations qui portèrent quelque atteintesinonà sa vertu au moinsà sa pudeur, elle 6t prononcerpar le pape un divorce facilementacceptépar celuiqui ne perdaitqu'une épousedéjà vieilleet toujours impérieuse. A la mortd'Urbain, Mathilde imposa la papauté à Pascal II, homme paisible, qui eût préféré l'obscurité. Mainesse tyrannique du

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LIVRB VI.ne

saint-siégeaprès enavoirété l'humbleservante, elle n'attendit pas la mort de Conrad pour briser le fantôme de royautéqu'eue n'avait créé que pour vaincre l'empereur Conrad,

pour ne s'être point montré assezdocile, se vit abandonné, etfinit, dévoré de remords, ses jours à Florence sons son om-

brageuse protection, peut-être même par le poison. Toutlien entre l'empereur et l'Italie était brisé. La comtesseMathitde ne laissa pas même en paix chez lui le vieilennemides papes. Elle contribuaa soulever contre Henri IVle seconddeses fils, et à conduirele malheureux, dépouilléde la couronne et des ornementsimpériaux par les parricidesmains~e son filsHenri V, dans la ville de Liège, où la cen-sure ecclésiastique refusa longtempsla sépulture à sesrestes.

Ni le sacerdoceni l'empire, cependant, ne devaient rester victorieux. La

querellen'était

déjà plus là. Avecle

tempsles

évêqaes schismatiques avaient disparu. Les municipalitésavaient presque toutes,au milieu delàlutte, obtenucequ'ellesdésiraient. Venise, Gênes, Pisé, n'étaient plus seulesen pos-session d'une liberté puissante que l'extension de leur com-merceagrandissait chaque jour. Presque toutes lesvillesdelaLombardie: Milan, Pavie, Lodi, Corné, Brescia, Bergame,Crémone,Mantoue, Parme, Modène, Vérone, quelques-unesde la Toscane, Lucques, Sienne, Areno, jouissaient desmêmes droits, arrachés de gré oude forceaux

évoquesetcon-

firmés par les empereurs. La puissance ppitiiquedesévêques,déjà ébranlée par les empereurs, avait été consommée par le.saint-siége lui-même.

Lesquestionsdenavigation,dechemins,de péage, de com-merce, passionnaient maintenant les villes devenues libres beaucoup plus que les questionsreligieuses ou politiquessur les droits du pape ou de l'empereur. Quand Henri V des-cendit en Italie, l'an 1110, pour revendiquer commeson père,qu'il avait renversé, le droit d'investiture, les Milanais fai-saient la guerre aux habitants de Lodi pour frapper le com-mercede cettevilla située plusprès du Pu,c'est-à-dire près del'arrivage de toutes les marchandises;et cettequerelle divisaitla Lombardie; elle laissa passer l'empereur sans s'inquiéter de ses desseins. Dansles Étatsde Mathilde,Lucques, Sienne,

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H8 LIVRE VI. L'ITAUEIMPEMALE ET PONTIFICALE.

qui confiait l'élection ecclésiastique aux chapitres, assistesde représentants des deux pouvoirs,et accordait l'investituredu sceptre à l'empereur, et celle de ta crosseau pape. Aprèsune si longue guerre, l'objet dudifférend était partagé. Res.tait l'affairé de l'héritage de la comtesseMathilde. Henri V

mourut (1125) sans avoir pu la terminer;QuàndLothairede Supptimbôurg,successeur dudernier desempereurs tranconiens, arriva en Italie (1133),le parti impé-naliste et noble desFràngipani avait choisi pour papeInno-éent II, noble romain; la faction contraire, théocratique et populaire, 'AnacletII. Couronné (1133) à Saint-Jean de La-tran par son pape Innocent II, Lothaire s6 hâta de conclureaveclu!, pour les biens de Mathilde, un accord facHité par la lassitude générale. Lothaire eût en tonte franchiseles fiefsde

Mathilde, et consentit à ne

posséder ses Mensallodianx

qu'à la conditionde prêter serment de fidélité ansaint-siége;singulier compromis qui ne terminait rien tout en laissantYapparence de la victoire ansaint-siége et le pront l'em- pire, Lothaire devenait donc l'homme lige, !è vassaldu pape pour ces domaines.Le papeconstataôrguelllensementce qu'ilgagnaitpar la deviseinscrite au basdu tableau pour perpétuer la mémoire de cet événement Rex Aomofil pap~. Il essayamême de lui donner une portée plus générale en insinuant

que l'empereur, non le seigneur toscan, était détenu son

vassal. Maisil netrompa personne: le suzerain nefut pas plus puissant que !e vassal; à qui ces concessionsan saint-siégevalurent le mépris de l'Allemagne. 1/ambition du saint<siège et celle de l'empire aux prises dans la péninsule,ts'étaient compromises l'une l'antre et comme abîmées aumilieu du mouvementgénéral de l'indépendanceitalienne. Lanation avait grandi à l'ombre de ces deux fers croisés an-dessus dés Alpés et des Apennins, par les pouvoirs spirituelet temporel, par le pape et parl'emperenr 1

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ï~YMT~1MTAMEGUELFE<:TGÏBEUBTE(ii37i&SO)

U p~ntnsu!e a<i contthence~tnt du douïiethe siècle. Une f&M!<)tioat Rome un disalple dt saint Bernard et un ducipie d'Abaihrd (1137-

)t52), FrMénc 8arber<)u~e et AIe~ndre t'I (~M-tl6S),)igue lombarde; trêve de Venise et paii de Constance (n6M)83).Réunion de hSicifeetde t'etnpire; Henri Yt(ti83-H96) !bno-tlrit m; Guettes et Gibetfhs; Càtharins et P~tatiM (U9~2t8).Ffe'i6ric n et Grégoire IX (t:20~H4)). Innocent ÏV; chute de ladomination ~en)Mde (t~t2&9).

]K ptmhMttie w «mumeneetnent ~tm <<Ktztème ettcte.

'Unei ërë nbnveHë avait semMé poindre avec !e douzième

Siècle pourl'Italie. Cette terre, éprenne par t&ntde vicissi-tndes, arrivée d'abord a hn état d'épnisecient comptet, aprë&des effortsexagérés, puis remuée, sillonnée eh tous sens par les invasions des barbares et les dominations étrangërës,avait repristout a ieoùpnnëfécondité d'autant plus mervei!-!eus6du'ettë éclataitsur totts!ës pointsa fois et sonstontes!6s formes,~vët; le pouvoir impériat et pontin('attoute t'an-cienne constitution ettiit tombée. Les'ducs, les margraves,lesComtes,les éveqnes,lesabbés, avaientvufondreentre léurs

tnains.presquetontesuzerainetéet

toute juridiction.La

grandeVctrpèar éé chitpttre:Phntot~t,~?'yeM<~t«t~ft~ox~~KMmer,Ces-

<t)tt«~r ~oA<)Mf<m~«,Ghnnone,.4<<'ft<'civile ~f< bMpnd<Bt~Mnconrt,7/M«)<r<la SicilejoMjla </omtfM<Mndu ~orotottf~t.les/'<«~~)o)tf{~Barontus,~xn~~~ff/MM~(tf</flurter,Histoire<r/nnof</)<Ill.

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LIVRE VU.120

comtesseMathilde, dernière image de cetteféodalité,laissaiten mourant le principe nouveau envahir aussi son héritage,où Henri Welf deBavière,investide la Toscane par Lothaire,mais résidant toujoursen Allemagne, était incapablede l'ar-rêter. Les deux seuls débris qui restassent de cette vieille

Italie, le comtede Manrienne, qui, par mariageavec l'héri-tière du marquis de Sase, avait réuni les deux versants desAlpes, la Savoieet le Piémont, etle marquis de Montferrat,d'origine allemande,avaient beaucoup à faire eux-mêmes, le premier avecles villesde Turin, Vercéit et Ivréo, le secondaveccelles d'Astietde Chiéri.

Sur les ruines de cette constitution féodale et despo-tique, essayée an nord et au centre de l'Italie par lesFrancs et les Germains, se développait l'indépendance tout

italienne, toute nationale des petits nobles, capitaines ouvassaux dans les campagnes, et de la bourgeoisiedans lescités. Au midi, par un contraste étrange, s'élevait à la suited'une conquête venueencore de France, une monarchie féo-dale sur les débris de la vieille indépendance de petitsduchés et de petites cités. Monarchie normande ou répu- bliques lombardes étaientcependant pleines de jeunesse,d'avenir, et animéesd'un esprit nouveau. Les descendantsdeTancrède de Hauteville, en imposant à l'ancienne Sicile età l'ancienne

Grande Grèce des institutions monarchiquesetféodales, quirappelaientla cour de France, mettaient en rap- port le midi de 1Italie avecla civilisation de la France mé-ridionale ils attirèrent auprès d'eux les troubadours de lalangue d'oo, et, sous le soufflede la littérature provençalenaquit la poésie sicilienne, premier germe d'une littératurequi promettait encore plus de chaleur et de vie. L'intérêt ma-tériel, les besoins particuliers du commerce,n'étaient paslesseuls mobilesqui poussaient les citésdans la voiede l'affran-chissement. Les nouvelles

répubtiquos relevaient du droit

municipal romain, dont l'étude prenait un essor nouveauàBologneet dans d'autres cités, et des doctrines politiquesdé-duites par le républicain Arnaud de Brescia, des théories philosophiques de son maitre, le théologien scolastiqueAbailard.

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L'ITALIE GUELFE ET GIBELINE (1137-1250). 121

Depuis que les plus hardis et les plusheureux descendantsd~ NormandTancrèdede Hauteville,à savoir: Robert Guis-ttrd et son frère Roger, avaientl'un, réuniles dernières pos-sessionsgrecques du midi de l'Italie celles des Lombards;l'autre

pris en

Sicile, sur les

Sarrasins~Palerme et

Catano,tettebrillante conquêtefaiteaujourle jour était devenueuneMtssantemonarchie. Le fils de Roger 1" qu'on avait appelélegrandcomtede Sicile, Roger II, avait par l'extinction de.sfilsde Guiscard hérité des deux rives du Phare. Maître de

Sicile, de la Fouille, de la Calabre, réunissant NaplesàPalerme,il avait pris dans cette dernière ville le titre deroiet obtenula copfirmation du pape Anaclet. Vainementt'empereur Lothaire et le pape Innocent II voulurent-ilslechâtier de son 'audace. Innocent II lança l'anathèmecontrele tyran sicilien, conduisit au Midi quelques troupesimportâteset Mutevales comtes de Capoueet de Naples,tesrépubliques d'AmaIS et de Salerne contre leur nou-teanmaitre. Roger II Ct prisonnier Innocent, l'obligea àterër l'anathème et à le consacrer roi, en même temps qu'ildomptales comteset les républiques rebellés. Il était temps ponr lui d'achever de consolider, avec l'esprit méthodique et!e génieadministratif de ses compatriotes, l'oeuvre de spo-))4tionet d'astuce toute normande commencée par ses an-titres.0 paraissait difficilede ramener à l'unité, sous une race<<rangère,ce nouveauroyaumediviséen deux portions par undétroit,entrecoupé de montagnes, morcelé en territoires sinriés, ici mété do Grecset de Lombards, là de Sarrasins etde Grecs,avec dos institutions féodaleset municipales, desmoeurschrétiennes et mahométanes. Féodalité et municipa-litéstout avaitrésisté. Amalfi,lagrande républiquecommer-çantedu dixième siècle, deux fois attaquée au milieu des

troubles par la jalousie des Pisans qui se faisaient les auxi-liairesd'un roi contre une rivale, vit son port forcé(1135) ettesriches magasins pillés pendant trois jours; elle ne s'enreleva jamais;Capoue fut détruite avec une telle furie qu'ilneresta plus dela ville des délicesque des pans de murs etlesruines d'un amphithéâtre.

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LIVRE VU.122

Unefoismaître cependant, Roger ne fut pas moinshabileau gouvernementqu'il avait été ardent àlavictoire. Hne de. pouilla point les barons de leurs Sefs/ ni tes villesde Ieur<mstitutions. H subordonna iont à une hiérarchie de digni-taires et defonctionnaires, qui fitdu pouvoir royalte centreet le sommet de l'Etat. D plaça, sons la surveillance de sonchancelier, dans les provinces,desytMt~M, dans les vilte~dés taM~, chargés d~ rendre la justice et d'assurer l'exéca.tion des droits régaliens. Dans chaque district, un tarcn fatmis a la tête de la petite noblesse féodale des chéva~ers, ettous les barons eux-mêmes soumis a un conn~aMeroyalcharge d'assurer avec eux le service militaire. De grand!officiers, unchâmbeUàn,un màrechai, un protonota~e, unsénéchal, donnërent à sa cour te relief des grandes coun

d'A!!emàgùeou de France.

&râcea t'activitéqu'it impriiM partout, il créa une marine qui excitaÏajatonsie de Denise,ëpouvantaByzance,et sur lacote d'Afrique, Tnpoii,Hipponeet Tonis. H transplanta et gënëratisa dans ses États le mû.rieret l'industrie des versa sole. Couvertde la daîmatique, portant ta crosse et l'anneauavec rautorisation du pape,i!ilcouvrit te sol, et principalement ~a!erme, sa capitale,'demagniSquesÔgUses,tout en pratiquant une impartialité rare pour le temps et endéployantun luxe qui empruntait que!-que

chosede !a vieille civilisationdes Grecs et de ta jennt prospérité des Arabes. Sa mère Adélaïde, née marquise de

Montferrat, ce paysvoisinde !aJE~oyence,avaitdéjà par gottattire autour d'e!!emamts)ong!eurs ettroubadours deFrance,Roger ~par politique tes y attacha, et ce fnt de !ë, setoq Dante et Pétrarque, que le courant de !à poésie se répanditdans tout le resta do.r~tatie (pe)'cmneMtffa~Mt~ac ~MW!W!tMM<).

`_

Les républiquesitaliennes encoretout entièresa !a!utte de

l'affranchissement ou du commerce n'en

étaient point am

arts du luxe, et. dans !e romaine derinteHigence, neculti-vaientque la scienceéristtquë du droit, ouune théologie maempruntait des causes particulières a titane un caractèretout politique. C'était aux souvenirs toujours vivantsdudroitromain, puissammentréveillésBologne par l'enseignement

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L'ITALIE GUELFE ET GIBELINE (H37-i250). 123

lucélèbreImerius', et à l'inunence promptement conquise par lesdocteurs en droit, dans des municipalités avides deKmvor des armes légales d'atfranchissement,que la plupart~villes devaient leurs nouvellesinstitutions. 1

Là première magistrature républicaine des villes, celle des

tMMUls,chargésdu pouvoir exécutif et judiciaire, empruntaitsmnbtnet ses attributs à la république romaine. Ces magis-(Htsétaientsoumis partout à l'électiondescitoyens, et nom-ti<!en général tous les deux ans; leur nombre n'était pasitHôùtle même.H dépendait ordinairement du nombre deMtrdërson de porter que comptait là ville. A Milan, il ya~t douzeconsuls pour six quartiers; à Gênes six, a MaB-t)jte cinq,a Ftorence quatre, a Bergame douze, a Pistoie

titq,à Pisé six. Le nombre des consulsvaria d'une époqueà

fautre,maisleur pouvoir était & peu prës le même partout;ih&iministralentla commune, ils commandaientles citoyenstfm&s'Ms jugeaient. Gènes donna la première l'exemple déBûcher du consulat la puissance judiciaire, qui d'ailleurst~tehait peUt-êtreaussi dans d'autres villes, commePisé,Heséchevins, vice-comtesou juges. Laissant le pouvoir po-t)iti(faeaux ancienscansuls nonimésdes lor6eon~x de <!<Wt-B~M,elle investit du droit de juger, au commencementdu<6dMmèsiècle, d'autres magistrats, qui prirent le nom de&~t(<<«fMp<aMb.

ÏA puissance déâ consuls, qui était égaleà l'IndépendanceMviUes,avait pour mesurele degréd'autorité ou d'innuenceetfelë$ prélats, comme dans les villes lombardes et à Pisé,mtës comtes, commedans lés villes de Toscane, avaientaiMregardé an milieu de leur défaite. Ils n'avaient passeulstMtela responsabilité.Ils étaientordinairement assistés d'uncertainnombred'hommeshonorablesou instruits dans les toia«désignésdans les chroniques sous les noms de boni ~otKt-

<M, juris et m<M'MMt pe~t, MpttntM, <~n~ta<orM,qui leur fMnaiëntune sorte de conseil particulier et souvent secret,!Msle nom généralement admis dé credenjM(eredentia). A

<.M.<!e8*viptt,dansMO~u«M<ï~<<~< r~M"' t" '<" 4<tm~les prenïMd, l'autoritécoptinuedudroitde~astinten~enMie, JM-fMOMtemetiette.

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124 UVRËVJI.

Gênes, cette assemblée, qui était intermittente, s'appelaitlecoM~ffeteorrecteMr~detott.

Dans un gouvernement dont la base était l'élection, l'as-semblée générale des citoyenslibres,. ou paWeMMMt.réMie

par quartiers, au son de la cloche du beffroi, sur la

place publique, était seule souveraineet juge en dernier res~MtCe corps, détibérant en temps de paix, servait de cadremilitaire, en temps de guerre- Au moment du danger, ilsdivisait en autant de compagnies qu'il y avaitde quartier!,chacuneayant son gonfalonier et son capitaine. Tous lesa.toyens devenantalors soldats, plaçaient au milieu d'euxSMun cafocctotramé par quatre boeufset surmonté d'un ant<t,l'étendard de la commune, le palladiumdeleur liberté, etihmarchaient ensemble à l'ennemi.

Veniseseulesoustraite, grâce aseslagunes, auxrévoIntioMdu reste de l'Italie, avait une constitution particulière etd'origine toute grecque. Le patriarche de.Grado, déËnitiït-ment vaincu dans ses prétentions par celui d'Aquilée, dé-«- pouillé de tous ses biens, obligé do transporter sa résideMtà Venise et d'y vivre d'une sorte d'aumônefaite par la ville,n'avait pu y prendre !a position politique des antres préht!italiens. Le dogeou l'ancien ducy était toujoursresté le pre-mier magistrat et longtemps le plus puissant. A partir <honzièmesiècle,on limita cependantsonautorité pour diminnttl'ardeur des factions qui se disputaient cette dignité supé-rieùre. Le doge décidémentsoumis h l'élection fut désomusassistéde six conseillers formant la Mt~nBurte,dans l'ei~M-tion des lois, aidé dans l'exercice de la puissancejudidait* par un corps de juges nommé ~uaran~, et obligé danslescasgravesde prendre l'avis du conseil des plus notablesci-toyens ou pregadi. La république de Venise tournait d~ 1l'aristocratie.

Il faudrait se garder de croire d'ailleurs que toutes ces pe-tites républiques fussent autant de démocraties. Les petitsartisans, journaliers, ouvriers, étaient en général exclusducorpsdes citoyens; celui-ci comprenait au contraire un cer-tain nombre de nobles des campagnes,vavassauxou mêmescapKautMqui avaient pris le droit de cité, soit pour abriter

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1/iTAUE GUELFE ET GÏBEUNE (1137-1250). 125

leur indépendancesous la protectiond'une association puis-ante, soit pour trouver dans les magistratures de la cité aatitlaireleur ambition. La plupart du temps, les fonctions<<consulset celtes de capitaines dans les compagnies leur

paientconSées,à cause de leur habileté dans le

métier desttiSeaet de leur nombreuse suite.Les nobles des châteaux, dans les montagnes voisines de6~es, s'étaient de tout temps associésà la défense de cetteti!)e contreles Sarrasins, et à ses entreprises commercialesai Mmétamorphosaientassezsouventenexpéditionsmari-Miesetmêmeen pirateries. LesSpinola,les Ddrià,les Negri~tj~Serra, remplissaient la plupartdn temps les magistra-tfttsrépublicaines de Gènes. De même,et pour des raisonsotnMaMes,à

Pisé, on

voyait briller dans l'administration dé

ttCté,les Visconti, les Orlandi et les Sismondi. Quelques-Mt avaient bâti des palais, pris des intérêts dans les entre-~t&escommerciales et accepté le gouvernement des MesonMnptoirsqui dépendaient de la répubuque. v.Dtns les villes de la Lombardie, c'était le besoin'de set~ter contre tes prélats qui avait réuni les petits vassauxt<Neset les bourgeois. Les premiers avaient presque tou~ jotrscommandé les secondsdansla lutte commune. En re-mehe,ils y avaient obtenu des honneurs, la permission d'ytardes châteauxforts et des tours, et ils y jouaient le pre-iMrrôle. La présence dans la 'mêmeville de la noblesse ett!t bdurgeoisedevait être bientôtla causede fatales dissen-WM.Le grand danger pour l'indépendance et la durée desMMellesrépubliques n'était cependant pas encorelà mais'hascea jalousies mesquines de commerce,dans ces ardentesmttitésqui y avaient~ris naissance,enmêmetemps que leur liberté..

Lescroisadesqui avaientdonné un élannouveau aux trois<i!!esdeVenise, de Pise etde Gênes,avaientété pourcelles-ci

première occasion de guerre. Elles avaient suivi avecHdenr le mouvement qui entrainait leschrétiens contre lesKttatenrsde Mahomet, plutôt par amour de la puissanceet

commerceque par ferveur religieuse. Toutes trois puis-santesdéjà par leur domination Venisesur les villesmari-

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LIVRE VII.t26

times de l'Illyrie; Pise sur ses voisinesmoins favoriséesdaMaremnies} Gènes sur celles des deuxrivières, ellesavais!mis en mer un grand nombre de vaisseaux pour transporteles croiséeet établir descomptoirsen Asie.

Venise qni sous son dogeVital Michiéli avait équipéd

centsvaisseaux,prétenditau monopoledu commercedel'Asie;et dès la première expéditionlivra bataille auxPisans, mr)tcotesde Rhodes~avant d'arriver en terre sainte. Les Pi partis avec leur évoqueDaimbert, qui devint patriarcheCésarée, ne l'abandonnèrent pas sans combat; avec les (M.Bois,ilsse fitent même céder un quartier dans les deuxtiitede Laodicée et d'Antioche, des l'année UM. Mais Béa.douin II, roi de Jérusalem) décida la fortune en faveur daVénitiens; il leur accorda le tiers desvilles de Tyr etd'~

calonet, dans chacunedesautres villesdu royàumOtun

qwtiers une égtise< une placer un bain, un fbnr et un moulin,avecunecomplèteindépendance. i

Les' Pisanset les Génoischerehèrent des dédommageM<B<!dans la Méditerranée occidentale on ïes Sarrasins leuoBraient encore une proie;'mais la rivalité les arma bieaf ies uns contre les autres. Pisé, déjà mahresse de la 8M-daigne~et des iles Majorque et Minorqne, prises sur les Stt~rasins en 1115, convoitaitaussi la possessionde !â Corseque

GrégoireVII avait

revendiquée pour le

saint*siégé UrbainIf

la lui avait déjà donnée en fief, et Gélasen, Pisan d'origine,avait connrmé l'investiture en déclarant les évequesde Corsesuffragantsde l'église métropoMtainede Pise: Gênes, vonhttavoiraussi une ile de re!achedans la Méditerranée, la dispottà sa rivale en H t9. Le pape CalixteIÏ an concilede Romt,1123,essayaen vainde mettre d'accordleurs deuxrépubliqueset leurs deux évêques. L'archevêque de Pise, défendant opi-niâtrement les droits de sa patrie et les siens, alla jn!<pmenacer le

pape du refus d'obédience. Le

pape InnocentD,

en H33, parvint cependantà les réconcilier; il érigea l'ég)i!<de Gènes en archevêché pour qu'elle fût l'égale de ceite<Pisé, et lui subordonna les deux év6chésdes deux rittèreseteslamoitiéde ceux de la Corse,tandis que ceux de laSarda'~Mrestèrent entièrement soumisM'égHsede Pisé.

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L'ITALIE GUELFE ET GIBELINE(1137-1250). 127Les rivalités des villessituéesau milieu desterres n'étaient

j~smomsardentes; M'Ian n'avait ces&éde poursuivre Lodicâpres en avoir disperseles habitants dans quatre bourgs,Mme,qu'après avoir détruit ses ~prfset assujeft!sa munici-~ité. Une foisseulement/en 1117, les villes lombarde?tnient

paru comprendrel'horreur et

le danger decesguerres~rjcides. Sous l'impression de quelques phénomènes, detMmMementsde terre~ de pluies desang, de tonnerres.sou-~~s, les députésdes pnnctpales yUlesde Lombardiese(~embÏërent dans une plamevotsine~de MUan~sousta pré-~ncé de leurs prêtais et de leurs consuls, ~n présence d'un~cple immenso, po~ aviser auxmoyensdetatre cesser toutes(~quÈre!~es.~[ais cette untque réunion ne para!~ pas ayoir

grands résultats; ta présence desaint ~emard Mdan,& 1135,ma!gré un succès

mon~entané, n'eut

pas un ciTet~asduraNo; ce!mqTnterminait tes schismes dans la chré-~nté fut impuissant à éteindreles hainesde deux villes.

mt« ~.MthMt tt ~<M<tt ~~t~~ <é MH.Kt~-Mt~~et ~n~ioet~te<Att)Mtf< (MtKftttt);

.Cette renaissance de la liberté municipale fut !'ocoasioAfm des plus curieux événements do cette révolution cem-

t~aie en Italie, Un moine italien, Arnaud de

Brescia, dis-

aptedu Breton Abailard,avaittiré lesconséquences pratiquer %sdoctrines théologiquesdu célèbre dialecticiende Sainte-Cenevtève.De retour en Italie, H avait commencéd'abordÇrescia.sa patrie, puis dans les villes !ombardes, à prêcher toptre !a puissance poiitique et territoriale de l'Elise; ilomtestaitaux clercs le pouvoir de posséder des nets, auxtîeques les droits régaliens, aux moines la propriété. L'au"tontesur les ~meset la d!me des fruits dela terre devaient{tre leur seule part. Il distinguait le temporel du spirituel,commeson maitre avait essayé, sous les formes del'école, de<M'nguer ta raison de. la foi; il séparait Je gouvernementlaiquedes intérêts du gouvernementecclésiastiquedes con-Mienccs,et voulait aNranchirle premier du joug du second,Mmmeson maitre Abailard avait cherché a~ranchir la

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UVRE Vit.!29

logique de la théologie. Sa parole ardente apportait unsecours et une sanctiona l'anranchissement des vassauxetdesvilles du pouvoir des éveques; elte Battaitleur aviditéen leur montrant une proiedans le reste des possessionscléricates;<Rome, où Arnaud alla prêcher, en 1138, elle Et unerévoln-tion.La communede Rome n'avait encore pu suivre, malgrésesétemelles agitations, l'élan des antres cités italiennes, camede sa dépendance tonte spéciale de l'empereur et du saint-siége. Aucune institution régulière, malgré quelques essaisn'avait pris naissancesur les ruines dé ses anciennes institu-tions. Le gouvernement de la cité était toujours livré amfactionsde la noblessequi y régnaient arbitrairement, tantôtau nom de l'empereur, tantôt au nomdu pape. Impériale!&nhom de l'empéreur,tanwt ~ùnÓIÍï pa pàJMi..'ImpérialeSoù papistes, cesfactionsne visaientqu'a faire un papeouan préfet à leur dévotion,'pour mettie énsüÏte' ~Íi14e les préfet à leur dévotion, pour mettre ensuite au piltage !e!fiefs, les dignitéset les bénénces deRomeet desenvirons.

Arnaud de Bresciaapporta quelque chosede nouveau: iltonna contre le gouvernement des prêtres, contre leurs ri-chesses, et proposa de rendre a Rome sa liberté et sa gran-deur en y rétabjissant la république. Cela Convenaità toutesles factionsqui pouvaientse partager les biensdu saint-siége;il ne fut bientôt plus question que de rétablir l'ancienne con-

stitution. Le pape Innocent II, menacé dans son pouvoir,rassembla un concile à Latran (H 39), fulmina contre cettehérésie politique et condamna son auteur à sortir d'Italie.L'exil d'Arnaud, qui se cacha pendant quelque temps enFrance et en Suisse, poursuivi par les anathèmes de saintBernard, ne fit que retarder l'explosion. Elle eut lieu àla première occasion.L'an H4t, nobles et peuple coururent anCapitoleet y installèrent une commission de gouvernementsous le nom glorieuxde sénat. La vieille formule, les quatrelettres sacramentelles S. P.

Q. R.

reparurent dans les actes.

Le pouvoir politique du pape fat anéanti; on crut à une èrenouvelle, et on data de l'an de la rénovation du sacré sénat(Aen<watton<<wo ~<M~«na<u<anno).

Innocent JI mourut de donienr (t 14â). Sous son succès*senr Lucius 11, les Romains firent- un pas de plus; ils rem-

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L'ITALIE GUELFF ET GJBEUNE (1137-1250). 129

rent le préfetpar un patrice à la nominationdescitoyens,

gèrentle nombre des sénateurs àcinqnante-sil et divisèrent

Romeen seizequartiers ou <'«M!tmilitairementorganisas. Lanominationde Jordano, père du défunt anti-pape Anaclet,~mme patrice, apprit au pape ce qu'il devaitattendre de la

évolution.A la tête de ses partisans et de ses prêtres, le papemnlutchasserlesénat du Capitole; il en fut précipiteà coups~pierres et resta sur la place. Les cardinauxrépondirent àte meurtreen élevant an saint-siége Eugène III, discipledet~mtBernard (H 45).Mais les npMeset le peuplerappelèrent~maud de Brescia qui rentra dans Rome à la tête de deuxmilleSuisses, et t'élève de saint Bernard fut obligéde fuir enFrance devant l'élève victorieuxd'Abailard.La révolution parut achevée par la présencedu tribun; on

tssiégea,on démolit les tours des

nobles, partisans du

pape;les barons, ses ennemis devinrent les défenseursde la répu-Mique entièrement restaurée avec son sénat, son ordreéquestreet ses plébéiens. La voix d'Arnaud parut avoir res-snscitétout d'une piècela vieilleconstitutionenseveliesous la poussièredes siècles; peu s'en fallut qu'on ne crût voir serelever aussi la puissancede Rome enterrée sous les pas des barbares.Eugène III, pour rentrer dansla ville,demanda lui-mêmeà prêter serment de fidélité à la constitutionrépubli-aine.

Ainsila révolutionmunicipale de Romecomplétait, conEr-maitla révolution itatienne. Dans toute la péninsule, moinsleroyaume de Naples, depuis Rome jusqu'à la dernière pe-~tecité, le gouvernementrépublicain prévalait. La noblessetetrouvait~eureuse d'être comprise danscette organisation.Toutavait concouruà ce résultat, la force desarmes, la pros- périténée du commerce, le prestigedes souvenirset la puis-Mnce des idées. Saint Bernard se résignait lui-même à la positionfaite au pape et écrivait à son disciple Eugène delaisserlà les Romains,ce peuple récalcitrant (durx cervicis),et d'échanger Romecontre le monde (urbempro orbeMma-tam).Restaitl'empereur..

Depuisquinzeans une nouvelledynastie, celledesSouabesoudes Hohenstauffenavait commencé en Allemagne. Mais

)HST.H')TAUE. 9

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LIVRE VU.130

son premier souverain n'avait pas encore mis le pied danslà péninsulenominativement soumiseà l'empire, lorsque lecélèbre Frédéric I*' Barberousse monta sur le tfOno, H5S.Tout invitait le nouveauCésar à faire acte d'autorité én Italie.Le pape, les prélats, quelques seigneurs, mécontents de tt

tournure que prenaient les choses dans la péninsule, desvilles même opprimées par !ënrs voisines le suppliaient de passer les Alpes. La plupart des Italiens étaientdisposésàMën accueitur, sinon à désirer sa présence. Encore tout pleins, malgré leurs penséesd'affranchissement,d'un respectsuperstitieux pour le nommagiqued'empereur, presque au:arespectable pour eux queceluide république, ils prétendaientallier les droits de ~eû~liberté avec leurs devoirsd'obéissanceet d'hommage envers leur souverain uttramontain. Milan, la

plus indépendante desvilles lombardes, ne contestait pointlesdroits suzerains dû César féodalSurl'Italie; les Romainsàamilieu du délire d'imagination qni présidait a la rénovationde l'ancienne république, agissaient pour la plus grande gloirede l'empereur qui allait emprunter da rétabtissement d'nasénat libre et indépendant, un éclat tout nouveau.Arnaud deBrescia lui-même trouvait moyen d'accorderdans ses projetscomme dans ses souvenirs l'indépendancede la république,avec l'autorité d'un empereur, investi non plus par le saint-

siége,mais par Romeelle-même.Quand le jeune empereur apparut à la descentedes Alpesdans les plaines de ltoncaglia en H54,I'ImUe fut à ses pieds et le reconnutcommesouverain et comme jugé. Chacunvint prêter les serments et offrirles présents d'usage; devantlui furent portéesles querelles des villes entre elles, des pré-lats contre les villes, du nouveau pape Adrien IV contreArnaud de Brescia.

Frédéric venait réclamer la couronne impériale; il reçutles

envoyés de la

république romaine et ceux

du papeAdrien IV, resserré dans la cité Léonine. Ceux d'Adrienonràient à l'empereur le couronnement dans la basiliquedeSaint-Pierre, pour prix de la soumissionde Rome, de l'abo-lition de larépublique et de la punition d'Arnaudde Brescia.Les députésdes Romains, Voulaientcouronner l'empereur au

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LIVRE VII.132

Naples, la Sicile et les autres Mes,il revendiquait tout. Hn'avait encorerestauré que l'empire; lorsqu'il ievint avecunearmée plus nombreuse que la première fois, en 1158, ilvoulut rétablir !e royaume d'Italie. A la tête d'un grandnombre de princes et de chevaliersallemands, de toutes lesmilicesdesvillesennemiesde

Milan, la

grande commune

libre,et du petit nombre de seigneurs lombards restés indépen-dants, il se dirigea droit sur la capitale de la Lombardie.Brescia, enrayée, paya rançon. L'Adda, dont les Milanaisavaient brute les ponts, fut franchi à lanage; Lodi, la victimede Milan, se releva par l'ordre de l'empereur, aquatre millesde son ancienemplacement,et Milan bientôt cemëè capitula;elle consentità payer neuf mille marcs d'argent, et restituaàl'empereur tous les droits régaliens, à la condition de con-server sesconsulsastreints seulement àl'hommage.

Le droit devaitachever ce qu'avaitcommencele fer. Solen-nellement couronné roi des Lombards à Monza, l'empereur assembla à Roncagliaune grande diète de prélats, seigneurset consulsdes villes, pour y déterminer les droits et les de-voirs réciproques de l'empereur et du roi d'Italie et des citéslombardes. Les plus célèbres jurisconsultes du temps, Bul-gare surnommé Fouc~ d'or, Martin copia ~um, Jacob etHugo, tous quatre professeurs à Bologne, furent les lumièresde l'assemblée; le droit romain, enseigné alors avecune ar-deur toute nouvelle,était l'autorité à laquelle tousrecouraientd'autant plus volontiers que chacun y rencontrait ce qu'il yvoulaittrouver.

L'archevêque de Milan le premier, an ouvrant la diète,livra au nom du clergé les libertés italiennes; il déclartselon le droit impérial que la volontéde l'empereur était laloi du peuple. Après lui, les juristes et les consuls, délibé-rant en présence de la majesté impériale et sous la pressionde la victoire, ne firent que développer juridiquement cetteloi; ils adjugèrent à l'empereur tous les droits régalienssnr les marquisats, comtéset villes; ils proscrivirent toute guerre privée, établirent en faveur de Frédéric un impôt de capita-tion, et lui reconnurent le droit d'élire les consuls des citésavec l'assentiment du peuple, à cette seule réserve près que

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L'ITALIE GUELFE ET GIBELINE(1137-1850). 133

telles-là pourraient continuer à jouir de leurs priviléges, quiexhiberaientleurs titres.

L'application de cette théorie nouvelle du pouvoir impé-rialfut encore plus violente que sa déclaration même. Fré-déricreprit snr la villede Milan les territoires de Monza, destomtesde Martesana et de Seprio. Il fit détruire les fortifi-cationsde Plaisance et de Crème, qui avaient été ses enne-mies il réclama la suzeraineté de la Sardaigne et de la Corsemr les Pisans et les Génois, les domaines de l'héritage deMathildeen tonte propriété, et l'exercice de tous les droitst~galiensdans les États de l'Egtise. Enfin, pour représenter a personneet faire valoir sesdroits, il institua dans les villes,sousle nom de podestats, des officiersimpénaux investis de))!e!nspouvoirs.Cette dernière mesure, qui rendait le despotisme impérialtoujours présent en Italie, souleva les résistances; les villestNnvaientla liberté dans le droit romain commel'empereur y trouvaitle despotisme. Les Milanais refusèrent au podestattedroit de nommer les consuls, et le chassèrent. Les GénoisMvoulurent pas même recevoir les magistrats impériaux, et« mirenten état de défense. Frédéric divisa les rebelles pour m avoir plus facilement raison. Il traita avec les Génois,qa'il voulait d'ailleurs ménager pour ses projets ultérieurs

contrela Sicile, et se contenta d'exiger d'eux un faible tri-hit. Maisil mit au ban de l'empire (H 59) la ville de Milan,t~tede l'hydre, et celles de Brescia, Plaisance et Crème.Crème,la première assiégée, résista pendant six mois, bien pe l'empereur fit mettre au-devant de ses machines les««gesvivantsde la malheureuseville.

La mort d'Adrien envenima encore la guerre. Les cardi-Mnximpérialistes élurent Victor III. Les amis de l'indépen-dancechoisirent Alexandre III. La querelle politique se

compliquad'un schisme. Frédéric voulut frapper tous sestdversairesdans Milan. Cette ville, assiégéedès 1160, dé- ployaun héroïsme antique. Elle résistaavecavantageà toutesles milices italiennes des villes restées plus Sdèles à leur 6uine particulière qu'à la causegénérale de l'Italie. Elle bravamêmedeux ans encore l'armée féodaleallemande descendue

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134 UVR~ VII.

des Alpes 90 secoursde son empereur. Maasen U6? les Mi-lanais codèrent à !a faim qui seule put dompter leur courage.Gontraints de se rendre à discrétion, ces héros, divisésencent détachements, la cordeau cou, la croix aux mains, dé- posèrent leurs drapeaux aux pieds de l'empereur, brisèrent

leur carroccio, symbole de la liberté, et n'obtinrent que lavie. Ils durent, sous huit jours, quitter leur belle ville, quifut Itvrée à la vengeanceintéressée de Lodi, de Payie, et descomtesde Seprio et de Martesana. Us subirent le sort qu'ilsavaientimposé à Lodi. et furent dispersés dans quatre bonr.gades ouvertes a tout venant.

Cette exécution imposa partout la sentence des docteur.Bergame,Plaisance, Bologne,etc., nrent leur soumission.Lesnouveaux officiers impériaux ou podestats, presque tous dp

rudes seigneurs allemands, furent institués dansla plupartdes yiUes.t/jempereur iasta!!a son pape dans Rome, ordonmà (~eneset à Pisé de cesser leurs longues guerres, fit roid?Sardaigne, en dépit de leurs prétentions, un certain PoriM,

juge d'Arborée, et donna pour vicaire impériat la Lotn- bardte l'archevêque même de Cologne. L'Ïtatie put mesurer à que} degré de servitude ses divisions intestines r~'en}fait tomber..

Perdue par la discorde, l'Italie se releva par )'nnion. Les

Milanais, dispersés dans tontes les

vi)les, avaient excité

par-tout la pitié et 1~ressentimentcontre leur vainqueur. Meo~cées un jour ou l'autre d'un sort semblable, Vérone, Yi-cence, Padoue, Trévise, préférant, selon l'expression dachroniqueur, la mort àlaservitude, ouvrirent les premiëre$aux républiques italiennes )avoiequi devaitles sauver. I~nrsconsuls formèrent une ligue défensive contre le despotismeallemand. Frédéricconvoqualesmilices des vi!lesimpériales,Mais il s'aperçut aisément, leur,smpl!es dispositions,qn'i)ne pouvait plus battre l'Italie avec les Italiens, et i)

repas~les monts (H6~) pour aller cherch.erles Allemands.Son absence fut mise pron~. ~e pape A!exandre 111,à

la tête d'une petite armée de ~ormand~ e~ d'Italiens~ rentMI~ome, en 1165, et fut bien reçu par le sén<t, qmvoyatt

i~C~tenant en lui ledéfenseur deses priviléges contre l'anti-

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ptpe de Frédéric. Venise était restée jusqu'alors indifférenteMXanair~s de l'Italie qui n'atfectaient point son commerceavecl'Orient; menacée maintenant par l'accroissement pro-digieuxdt<la puissanceimpériale, elle reconnutAlexandrem~taccordases secoursaux quatre viDesde la marche Véro- paise,qui chassèrent leurs podestats. Toute l'Italie, ayant à

tête le pape, parut levéecontre l'empereur. Les deux puis-sancesétaient encoreaux prises; mais c'était moins cettefoislalutte du spiritue! contre le temporel que celle de l'indé- pendanceitalienne contrela dominationallemande.

De retour seulement en 1166 à la tête d'une armée, Fré-déric se tint en garde même contre les villes qui avaienttoujourssuivi son parti; !1appela à lui le marquis de Mont-ferrat,dont il augmenta le pouvoir, et les comteset les capi-taines,qu'il s'efforçade détacher desrépubliques; il ne logea plusdésormais que dans les châteaux forts. Pour dominer la péninsule, les empereurs saxons avaient favorisé les viHescontre la féodalité. Maintenant les Souabes favorisaient laModalitécontre les villes. Frédéric marcha d'abord contreRome,afin d'y terminer le schisme qui était le nœud de laquestion.A force de ménager les seigneurs de la RomagneMde la foscape, il parvint sans obstacle sous les murs deRome, jeta sur ellesesvoisinsde Rivoli, deTusculum, e'em- parade la cité Léonine, et installa son pape au Vatican, tan-disqu'AlexandreIII s'enfuit de ville en ville,

Mais la révolteéclata tout à coup derrière lui; les dépn<ésdeBergame, Brescia, Mantoue, Ferrare, Crémone se réu-nirent au monastère de Puntido et s'y conjurèrent. Au mo-!nent même où l'empereur prenait Rome, les murailles deMilan étaient relevées et les exilésrappelés.Le climatvint à pointprêter main.forte aux contédérés.La Sevrémaremnanedumois d'août s'abattit sur l'armée de Frédéric et enlevales

hommes par milliers,sans respectmême pour les noblestêtes.Arrivéau milieudesmorts etdesmourants,etgrâceseulementta secours du comte de Montferrat, dans la villede Pavie,l'empereur crut en imposer aux rebelles en mettant touteslesvillesde la Lombardieau ban de l'empire. Cetactedéterminalemouvement; Plaisance, Parme, Bologneentrèrent dans la

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UVRE Vil.136

confédération,qni prit le nomde ligne lombarde. On renou-vela le sermentde ne faire ni paixni trêve avec l'empereur,ni avec sa femme, ni avecson fils, de s'entr'aider et de sedéfendre mutuellement jusqu'à ce qu'on eût reconquis les bonnes coutumesde Henri V. L'Italie se levaitenfin une

fois, presque nnanime, pour la liberté 1 Menacéde tontes parts,l'empereur eut beaucoup de peine à s'échapper à travers lesAlpes, gardées par ses ennemis, et courut péril de la vieàSuse.

B* U<~c)«xt*)r<!ct <<<Te <e Vemtte et t*~ <e C~n<tt<Mtte(««-«e<).

Le départ

de l'empereur

fut le signal

d'une explosiongé-nérale. Le mouvement commencédans la marche véronaise

se répandit dans tout le Nord. Les villes de Novare, Verceil,Como, Asti et Tortone entrèrent dans la ligne. Quelquesnobles, le comte de Seprio, le marquis ObizzoMalaspinaluioffrirentleurs épées. Il y avait aussi un beau rôle à jouer pour la noblesse; elle pouvaitse mettre, dans cettelutte de l'indé- pendance, à la tête de la bourgeoisie et les classes au lieude livrer la patrie à l'empire par leurs rivalités, se réconci-liaient dans la liberté commune. L'Église donnait

l'exemple.Alexandre III, de retour, prêchait dans la Lombardie unevraie croisadedel'indépendance.On put croire un instantquela'domination allemande allait tomber sons un effort com-mun. Au confluent du Tanaro et de la Bormidaune nouvelleville, bâtie en commun ponr tenir en respect l'impérialePavie et le marquis de Montferrat, fut mise sons l'invocationdu pape avec le nom d'Alexandrie. Un collègede recteurs, placés à la tête de !a confédération, donna plus d'unité et deforce au gouvernement général de la ligne; quelques po~M-tat,c,qui étaient denoblesseitalienne,s'offrirenteux-mêmesàdéfendre les villesqu'ils avaient gouvernées au nom de l'em- pereur. D'autres cités chassèrent ceux qui restèrent fidèles,et, retournant contreFrédéricl'épée suspendue sur elles, con-fièrent leur défenseà des potestats nommés par elles-mêmes.Enfin, les villes même de la Romagne, Ravenne, Ri-

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t/jTAUE GUELFB ET GtBEUNE (1137-1250). 137

eini, etc., entrèrent dans la ligue libératrice qui embrassa~esquetoutel'italie.

Laissé commevicaire impérial en Italie, l'archevêque deH'yence, Christian, ne put lutter contre ce mouvement.Mtis,après six ans de répit, en l'année 1174, les villeslom-ttudesapprirent par l'incendie de Suse l'arrivée de l'empe-ttor.Heureusement la ville nouvelle d'Alexandrie, fortinéei tégèrementet avec tant de hâte que les Allemandsl'appe-MentAlexandrie de la paille, arrêta Frédéric, le marquis deMontferratet les Pavesans pendant quatre mois et donna leMtpsà la confédération de rassembler son armée. Lorsquefempereur,obligéde brûler son camp, se dirigea sur Pavie,&<eHnole Moine, puissant seigneur du Frioul et Anselme

<eDoara, Lembard, choisis pour commander l'armée de laEgae,gardaient le Tessin avec des forces supérieures. Ilst'avaientqu'à engager le combat; l'empereur était probable-mai perdu. Maisles Italiens, malgré leur haine contreFré-«nc,respectaientencoreen luile souverainféodalde l'Italie,lesuccesseurdes Césars; ils ne prétendaient faire qu'une{terre défensive. Frédéric s'étant bien gardé d'attaquer,fuméelombarde laissa passer, l'arme an bras, son légitimeseigneur qui alla se reposer à Pavie.

Touchéde ce respect et frappé du caractère de la résis-tmce,Frédéric se montra plus traitable. Une trêve fut si- pée pour eutrer en négociation; on convintde s'en remettre ponr la conclusiond'une bonne paixà des arbitres, en réser-rantseulement les droits du saint-empire et de la sainte-%Kse.Les deux armées, qui avaient été sur le point de(embattro,furent licenciées. On ne put cependant encoret'uranger; il fallut une bataille pour trancher la question politiqueet religieuse.

Frédéric, en sommant ses vassauxallemands de soutenir saquerelle,éprouva un premier et grave désappointement.Lechefde la maisonde Wetf,en Allemagne,Henri le Lion,B~eontentque Frédéric e&tracheté de son onclede Bavièreh plupart de ses droits sur la Toscane, refusa à l'empereur )eservicede sesvassaux,et, pour la première fois,rendit ainsiIlmaisonet son nom chers auxItaliens. L'empereur avecses

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UVREVII.Jt38seuls vassaux duRhin et desPays-Bas, ses auxiliairesitaliensde Pavieet du Montferrat, marcha néanmoinscontrel'arméedes confédérés promptement réformée près de L°gnMo(89 mai 1176).LesAllemandseurent d abordle dessus et p~nétrèrent assez prèsdu carrocciode Milan porté au milieude

l'armée mais deux compagnies lombardes sousle nomdecoAor~de la mort, avaient juré de mourir plutôt que dere.culer d'un pas et de laisser toucher le saint étendard. Celles.ci après avoir invoqué Dieu et saint Ambroise, chargèrentles Allemandsavectant d'impétuosité qu'elles les mirentMfuite et les précipitèrent dans le Tessin; l'empereur culbutalaissa son bouclier au pouvoir des vainqueurs, et neréparâtque quelques jours après à Pavieoù on le croyaitmort.

Frédéricsongeasérieusementcette foisà terminer la guem

aux meilleures conditions

possibles. Avant tout il

chercha1traiter avec le pape pour mettre la religion hors du débtt.Alexandred<!c!arad'abord qu'il ne voulait point séparer tointérêts de ceux des villes alliées et du roi de Sicile, nuitassurer aussi une juste indépendance aux républiques dinord et au royaumedu midi. Frédéric, en obtenant un traitéséparé desvillesdela Toscane envers lesquellesil se montatrës-généreux, commençaà l'ébrantor. La villede Venisehtchoisie commeterrain neutre pour rendez-vousdes ambasM-deurs du

pape, de

l'empereur et des États italiens. Tournée

tout entière du côté de l'Orient auquel elle avait prétea<hlongtemps appartenir, subordonnant tout aux intérêts dosacommerce,Veniseétaitla plusdésintéresséedanslaquestim.Elle consentit recevoir les plénipotentiaires dans ses man,mais à la conditionexpresse de n'être pas comprise dansletraité, do crainte de conférer à l'empereur l'ombre mêmed'un droit.

La pape AlexandreIII et les envoyésdes principalesviDesfurent reçus au monastèreSaint-Nicolas du Lido.Frédéricsetenait seulement près de là à Césène, pour ne point peser sur le congrèspar sa présence. La situation réciproquedes viUset de l'empereur était le plusdifficileà régler. Les Italiensnecontestaient pointà Frédéric ses droits impériauxsur l'Itatit;mais chaque ville voulait maintenir tous les priviléges

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UVRB VIL140

devait faire foi. Mais, en retour, tontes les villesconfédérée! juraient d'aider l'empereur à conserver ses droits sur la péninsule, de livrer passage à lui et à son cortége à traversl'Italie pour prendre sa couronne, de lui fournir les otpfM,les ~M, de réparer les routes et les ponts sur son passage;.enfin tous les citoyens de quinze à soixante et dix ans de-vaient lui prêter serment de fidélité qui serait renouvelétousles dix ans.

Cette paix, avantageuse pour les villes lombardes, n'assu-rait pas l'indépendance de l'Italie; elle ne résolvait rien défi-nitivement. Les villes seules qui avaient fait résistanceyétaient comprises;c'étaient Crémone,Milan, Lodi, Bergame,Ferrare, Brescia, Mantoue, Vérone, Vicence, Bologne, Ra-venne, Rimini, Modène, Reggio, Parme, Plaisance, Bobbio,Tortone, Alexandrie, Verceil et Novare. Encore, ces villesn'avaient-elles stipulé que des libertés civiles, locales; ellesavaientabandonné àl'empereur le domaine politiquedeIlh-lie, et promis de lui en faciliter toujours la prise de posses-sion. Réservefuneste 1 en poursuivantla liberté sansla natio-nalité, l'anranchis'ement des villes sans celui de l'Italie, ellesavaient fait une chosecontradictoire, scelléleur liberté parti-culière et la servitude commune. <L'épée de l'Allemagnerestait suspenduesur l'Italie, le sceptre de César du haut desAlpesen tenait la poignée.

~)m<<M<de la KteHeet de te~h~t tKmrt Vt (MM ttW~

L'Italie ne tarda point à s'apercevoir que la liberté Ioc<!esans l'indépendancecommune était précaire. Aprèsla mortdn brillant Roger II, le royaume normand du midi, formé d'élé-ments si divers,avait continué à prospérer malgré la tyrannieefféminéeet cruelle de GuillaumeI" le Mauvais, prompte-ment réparée d'ailleurs par le règne de GuillaumeII le Bon,cevéritableâge d'or de la Sicile,s'il en faut croire les poètesméridionauxet la tradition populaire.

Quelleautorité ne devait pas prendre en Italie la maisonde Hohenstauffen, si elle devenait maîtresse de ce beanroyaumedont les fondateurs avaient été les protégés et plus

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uvM vn.t48

nier roi, puiste ~îs de celui-ci, tentèrent dé résister. Ï/empe-renr Henri VI, en ÏÏ95, avecde grandes forcesdé terre etde mer, emporta Gâëte, Naples et SaternC,tandis que Met.sine, Syracuse, Païenne, eapitalërent devant Ïes flottesfour-nies par tes 6éno~ et les Fisans, et le nïs dé BaroëroM!<

devint, en

<tépitdn

pape, maître du

royaumefonde

pour ser-1

vir d'appui aosaiat-stpge contre l'empire.Fier, ambition~ comme Mn père, mai~ pms crUël ét p!M

avideencore, Henri VI net se donna pas longtemps )â peuMde dissimuler h) but lé plus é!éTéqu'il avait pourshM Non.seoiement, au mépris de ses promesses,il remsaait~Gëno~anxPisans, qui l'avaient aMé~!es privHeges qa'tMeQr aM promis, et enleva à so!t Bocveaaxsujets, ndNes ôtf prëîat~ce qa'i!s possMaiOit, mats il se mit ejt devoir d'ëtet-dreson pouvoir sur toute la péninsule. Il s'eSorca de rele-ver la féodalitéhîqne pour s'en faire nn instrument coatn!les villes. Déjà Frédéric Barberoassë, en 1 !84, avait conMà h maisond'Esté, maîtresse de châteaux hâtis snf la rianMchaine des montsEnganéecs, levicariatde Mifan etd~eGêne<.Henri VI chercha à s'attacher les seigneurs de Romanodotf les forteressescouvraient les sommetsdesderniers prolonge-méats des Alpes tyroliennes, pour tenir en respect les villesde la Marche Véronaie; il favorisa les châtelains desdeux versants de l'Apennin contre les vines de la Ro-magne et de la Toscane. Dans l'Italie centrale, il fit davan-tage encore contre la papauté qt'it voulait rejeter dansRome où le sénat et Je peuple imposaient alors à Célestinniune sorte de charte qui le dépouillaiten réalité du pouvoir temporel. Il étabtitduc de Toscane son propre frèrePhilippede SouaDC,nt duc de Romagne son sénéchal Markwald,etressuscitale marquisat de Spolèteen faveurd'un autre de se:serviteurs, da nom de Conrad Luzenhard.

Si Henri VI eut vécu plus longtemps, et n'avait pas com- promis son œuvre par sa cruauté, il eût peut-être réussi.Tout fut remis en question par sa mort prématurée, à la-quelle sa femme Constance ne fut peut-être pas étrangëre(i t97), etsurtout par l'exaltationd'un papeénergique, hardi,décidé à tout tenter pour arracher la papauté et l'Italie au

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L'ITALIE GUELFE ET GIBELINE (1137-1250). 143

~nt qui les menaçait. Innocent III (H96) de la noNe fa-iBiUeromaine dèsSignia.

~Meemt Mt ) tttteMett et «ttethu); t<(««.«**).

et f*tort)M

Citait le temps où nn célèbre docteur, Gérohus, entre-mit te règne de la paix universelle dans t'étabtissemënt«la théocratie romaine. Les avantages que Dante van-UÎtptustard dans la tnonarc/tK temporelle des empereurs,il léstrônyait, tni, dans la monarchie spirituelle des papes.ItfiôcëntIII était l'homme qu'il fallait ponr tenter deréaliser cédéutopiesacerdotale.

Desles premiers jonrs d6son règne, il agitcomme en non-

ïetnGrégoire VII. Il prêcha une croisade pour rendre au

sthK-tiégele prestige des temps d'Urbain 11 par ses ana-thèmes,tt forçale roi de Francé à reprendre sa femmeÏnge- b<itg6et les rois de Castilleet de Portugal à faire la paixenMedesMaures; il excommunia en Norvégenn roi nsurpa-teur,enAragonun roi fauxmonnayeur. En Allemagne,deux pHtces puissantssedisputaientl'empire, Philippe de Souabe,Mrëde Henri VI, duc de Toscane, et 0)hon de Brnnswick,dttedeSaxe,de la famille guelfe il revendiqua le jugementdecette

question. Dans l'Italie où il voulait

régner, la reine

Constance,morte peu de temps après son mari, lui !ëgna laMd!edeson fils Frédéric, âgé de deux ans. C'étaitmettre lerc~utnedu Midi entre ses mains; mais, avanttout, il fallait<<remaigredans Rome, qui avait repoussé l'autorité de ses processeurs. Le pontife profita d'abord de la haine de ta(omtMnocontrel'empiré pour se faire prêter serment par le préfetimpérial; ensuite il parvint à force d'argent à ron-tttser le premier sénateur, un certain Carus-Homo, et à ob-tenir de son successeur un serment, sinon de vassalité,aumoinsde respect et de Cdétité.Ranermi, quoique pas encoreMitre à Rome, il souleva au nom de la liberté, contre les<!acsde Romagne et de Spolète, les villes de l'Ombrie et delaMarche,tournant contrel'empire l'arme qui avait ébranlélesacerdoce.En Sicile, au nom de son pupille, Frédéric, il

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UVRR \f.144

maltraita le parti allemand, et appuya l'autorité du jeune roisur le parti national. Enfin, pour mieux garantir l'indépen-dance du saint-siége et de l'Italie, il se déclaraen Allemagne,en faveur du guelfe Othon de Brunswick, contre PhilippedeSouabelegibelin', et obtintdu premier, en retour, la poss~sion du duché de

Rome,les marches

d'Ancône, de

Spolèteet

la partie méridionalede laToscane, d'Aquapendente à Mm-ténascone. Philippe de Souabe était encore maitre de tootl'héritage de la comtesseMathilde;le papeemployacontreluila tactique qui lui avait déjàréussi contre ses partisans. Asaainstigation, toutes les millesde Toscane réunies par députe!,sauf Pise, à San-Miniato, sous la présidence de deuxcardi-Ttaux,formèrent une ligue particulière et jurèrent de nere-connaitreaucun empereur sans le consentementde la courdeRome.

Une entreprise extraordinaire,quoiqu'il ne l'eût pasconçue,tournait encore à la gloire d'Innocent III. Les croisésdeFrance et d'Italie, qu'il avaitlevés par sa puissante paroleaacommencementde son pontificat,étaient rassemblés àVenise,quand le doge Dandolo, créancier âpre et exigeant, aprèslesavoir conduits au siège et à la prise de Zara, les débarqmtout-a-coup sous les murs de Constantinople et emportahvieille capitalede l'Empire byzantin. Un empire latin s'élendans les murs de la cité de Constantin. Le doge Dandoloajouta à ses titres de duc de Venise et de Dalmatie, celnid~seigneur d'un quart et demi de l'empire romain La répa- blique prit pour elle deuxfaubourgs de Constantinople,l'iiede Crète, Corfou, Modon et Coron que les Génois avaientvoulu saisir; elle autorisa ses citoyens à s'emparer à leunfrais et profitsdu reste des Meset des côtes, à la chargeseu-lement d'en faire hommageà la république, et vitavecorgueilun Dandolo, duc de Gallipoli; un Sanudo, duc de Naxos;un Navaglieri, comtede Lemnos, tous petits bourgeois devecM

t. ConraddeHdh<'nsMuf!fn,Mipxcr deWHt//n~«t,~<nt«é On«nptreuf,ConraddedeBaïière,tu)eont«t*detitre.D~n*t)tayantquefMdtu

rivaux<etiïrerent,te fn de~attre dMtmperiauïfHt/f<M~p«, tf)ni<«rivaux se livrèrent, le rri de guerre des Impériaux fiat lpribl'vgen, celuidesBa~rott C' deux faction!, qui se parta~rcnt )'A))emagne, pa!!tf~eo Italie, où (eaWtihhnpen.partitaMde t'antorité tmperia'e, dtT'nrfnt InGibelina, tandia que les Wttf!, ~rUsanadu pape, devenaient les Guttff.

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1/iTAUE GUELFE ET OÎBELINE (1137-t250). 145

pinces sur les débris d'un grand empire. Pour sa part,InnocentIII, qui avait d'ahotd anathématisé une croisadedé-tournéedeson but, s'applaudissaitd'en recueillir les bénéfices,et croyait déjà à l'extinction déSnitive du schisme et à la(&mionde l'Ëglise grecque à la latine.~Ce puissant pape, dont les bras s'étendaient si loin, ne put~pendant, comme il l'eût voulu, réunir toute l'Italie en unMol parti, pour en faire l'instrument de ses vastesdesseins.

Onsait que la bourgeoisiedes villes avait été heureuse detrouver dans les nobles accoutumésà la guerre, et toujourst&ompagnésd'une suite asseznombreuse, des auxiliaires et<(emedes chefs contrel'empereur. L'armée lombarde, quiIcunqnità Legnano, avait ëté commandée par Eccelino leMoineetAnselme de Doara. Les villes avaienttémoigneleur mtonnaissanceà la noblesseen lui prodiguant les magistra-ttfes, surtout celle de podestat, qui était devenue presque~nérale dans les cités mêmeles plus puissantes, à Milan<tbU85, &Gènesdès 1191.Jusque-là rien de mieux cettettion de la noblesse et de la bourgeoisie pouvaitassurerl'in-dépendancedesvilles. Mais bientôt la charge de podestat étaitd<renuel'objet de l'ardente ambition des familles puissantes.Bi possession de ce pouvoir elles voulaient s'y maintenir; privéesde ce titre elles voulaient le reconquérir. Pour le

prder ou le ressaisir elles étaient prêtes à embrasser contre,!e<villesle parti de l'empereur depuis que celui-ci favorisaitlanoblesse.

Lescités avaient en vain cherché à conjurer, par les con-ditionsqu'elles imposaient aux podestats, les dangers quetette charge faisait courir à leur indépendance et à leur teeurité.Elles ne choisissaient jamais pour podestatun gen-tilhommedomicilié dansla ville, y ayant ses parents et sesintérêts.Ses pouvoirs étaieut de courte durée le podestat

<t*itastreint, à son entrée encharge, à un sermentde fidélitéà la constitution,et à sa sortie de charge au jugement d'untyndicat pour les faits de son administration. Quelquefoistnême, pour tenir en équilibre les différentesfamillesnoblesquidominaientdans leurs murs, les villes partageaient entreeUesl'élection à la magistrature du podestat. Mais le peuple

nfST.O'iTADK. !))

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HV~Vïl.t45des cités tni-meme n'était pas qni menacésen hapt par noblesse, les bpurgepis t'éfa~nt e~ s par les gen~(te pet)~métiers, qui commençaient à réclamer dans ~'ét&Rtipna~magistratures la part dont ils avaient été jusqu'ici presque partout exclus. On conçoit te parti que ta noiptesse ponva;}tirer de ces divisions, tantôt en excitantl'inimité ~es

petitesgens contre les gros bourgeois, tantôt en défendant ceux-cicontre les premiefs; enfin, en se rendant partout et toujot~nëce!saire.

Au moment où le pape Innocent opposa,te guelfeOthonÎV au gibelin Philippe de Sioua~e,t'paHe se trpuva~ profondémentdivisée,bien qu*)ts'agit de son indëpendan<;e.On ne vit passeulement, d'un côté, tes viUessonsle draper guetb et la haute noblesse sous ledrapeau gibelin. y a~attdivision dans le son des viUesmêmes et entre les npb!M,Le triomphe d'Othon IV, appelé au trône par le pape et pules guelfes italiens, en m~me temps héritier, comme en;- pereur, de la politique gibeline, semblait deypir tout MB.cilier. Il s'en pattait lui-même il se croyaitappeléà apaiser,au profit de son autorité, tes rivalités et tes haines. 'Font,d'abord, parut répondre à ses espérances.Dans ta marchedeVérone, où Jesdeu! factions se chassaient successivementdeVicence,de Padoue et de Ferrare, EccetinQle Moineet Apod'Este, mandés devant lui, après s'être renvoya, ep sa pré-sence, les accusations les plus odieuses,cédèrent en6n à sesinstances et parurent se réconcilier. Mais à Rome, l'incon!- patibilité éclata. Couronnésolennellement parte pape Inno-cent III, Othon voulait mettre le comble à cette (Buvre<}eréconciliationdesItaliens, et de restauration du pouvoir imp4-rial, en revendiquantsesdroits sur l'héritage de la comtesMMathilde, et en arrachant l'Italie au jeune Frédéric, fils deConstance.En cela il ne faisait que pousser à l'extrêmet~<conséquences de lalutte commencéeentre tes deux familles.

Mais ce n'était point le compte du pape Innocent III, qoivoyait la papauté et l'Italie victimes d'un éternel cerclevi-cieux,sur le point d'être remises par un guelfe dans le péntqu'il avait cm conjurer en renversant un Gibelin.

Ce pape énergique était alorsenhardi par sessuccèstempu-

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L'ITALIE GUELFE BT GIBELINE (1137-1250). ~7Mhetspirituelsdans toute ta chrétienté. Après ta réaoion det'~g'isagrecque, il jetait contre tes A'mohadesles roisd'ps-~gne, attrefois rivaux, maintenant réunis; il précipitait lettordde la France sur fe midi pour éteindre dans le sangl'hérésie des Albigeois; en Angleterre, le roi Jean, entoura~'ennemis, lui faisait hommage de sa couronne. Guerrescontretes Grecs, contre tes Maures, contre tes hérétiquescontreses adversairesmême it transformaittout en croisadetLt foiétait sonlevier; par ses mandats, nouvelle forme d'ë-t~tion,it disposaitde tonteslesdignités ecc!é<iastiqnes; pour ~tever les peuples, it organisait, son$ t'Itatien Franco~tt'A~ise et sous l'Espagnol Dominique, les mitices pontiu.Miesdes ordres mendiants. La pensée romaine inspirait etMi)dui{aittout; te règne de la théocratie semblait arHvé. LetMttre du monde ne

pouvait sonfrnr de

rivât en Italie. ARomeune première lutte s'engagea entre' les Romains et tesAttemands.Othon, cherchant à relever partont le parti alle-~nd, disposa pour un des siens, du duchédeSpolète. Inno-centIII 6t épouser à fQn pupille, Frédéric II, une tille duroid'Aragon, pour lui donner un appui. Quand l'empereur,enSn,franchit ledernier pas, envahit t'Aputie et marcha sur Naptes,Innocent III n'hésita pas un instant it tançat'ana-thèmecontre celui qu'it avait fait empereur; it releva la fa-millequ'il avait renversée, it présema aux vassauxallemandslefilsde Henri VI, le gibelin Frédéric pour empereur, enexigeantseulement de lui la promessede laisser la Sicile à~on61~au berceau, et de ne jamais réunir sur sa tête la cou-ronne de l'empire et cette de Païenne. L'indépendanceduMint-siége)la liberté de l'Italie, le saint du principe guelfeétaientà ce prix.

1 prmeipe guelfeCerevirementde la politique ponti6cale, en mettant à une

nouvelleépreuvel'esprit cependant mobile des Italiens, jetale phis grand désarroi parmi ceux qui s'appelaient déjàguelfeset gibelins,et qui, se trouvant placésentre leur dra-

peau et leur principe, ne savaient plus distinguer l'un del'autre.Tandis que l'empereur Othon ~Vabandonnait l'Italie pour conserver l'Allemagne, où le jeune Frédéric lé pour-suivit bientôt, la guerre éclata parmi lescités et les seigneurs

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LIVREVH.t48de la péninsule.Plus Edèles an nom qu'au principe de leur action, lesMilanais et une partie des villesqui avaientcom- battu pour la liberté de l'Italie, sous le drapeau du saint-siége tenu par Alexandre III, se refusèrent, en dépit desinjonctionsdu pape Innocent, à reconnaître le petit-fih de

celui qui avaitfait raser leurs villes; Pavie,Parme etles villestoujours dévouéesà l'empire contre le saint-siége, embras-sèrent cettefoisla cause du pape, servie par ungibelin. Dansla Toscaneseulement, et dans la Romagne, les viUessemon-trèrent plusconséquentes Spolète, Florence et les villesdela ligue guelfe, en vertu du ferment prêté à Innocent DI,abandonnèrent Othon IV pour le jeune Frédéric, malgrélesnobles.desApennins et la villede Pise toujoursdévouéeam personneset aux principes gibelins. Parmi les seigneurs pins

généralement Mêles an

principe qu'au drapeau, le

marquisAzzod'Este, aida le gibelin Frédéric, devenu le représentantdu parti guelfe, contre Eccelinole Moine, resté dans le partide l'empire. L'alliance conclue au nom dn même drapeau,mais avecdes principes différents,d'une part entre Eccelinoetla lignemilanaise, de l'antre, entre Azzod'Este et la ligue pavésane, ne fut pas l'exemple le moinsétrange decette con-fusiondes personnes et deschoses, des mots et des idées.

L'incertitude des esprits et le trouble des idées faisaientla part trop belle auxrivalités particulièresdesnobles,&lahainedes bourgeoisdesvilles contreceux-ci,et à la jalousiedesgensde petits métiers contre les gros bourgeois, pour que la lattene s'introduisit pasau sein du même parti, de la même cité,de la même famille.Mais cequi mit le combleli laconfusion,ce fut à cemomentmême la naissancede l'hérésie des calha-rins et des palarins, frères desAlbigeois,et contre lesquelsInnocent III déchaina ses milices nouvellesde saint Françoisd'Assiseetde saint Dominique. L'excommunicationalla frap- per dans tous les rangs, mais principalement, au milieu desfamillesnoblesoudescités, ceuxque leur oppositionà la poli-tique du saint-siège faisait accuser plutôt que les autres detolérance on même d'affection pour tes hérétiques.

Au milieu de cetteguerre de tous les instants et sur tousles points à la fois, le parti pontifical l'emporta en Italie,

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LIVRE VH.tM

à la fortune de la famille gibeline et del'empire. Mais Azzod'Este et les villestombardes attaqueront, maigreles exhorta-tions mêmesdu pape, le roi des Romains,Henri, et les sei-gneurs allemandsqui se rendaient à la diète. La parole d'undesmoinesrépandus alors de tous côtes pour servir les inté-

rêts de la foi et ceuxde la politique pontificale,frère Jean deVicence, parut seule un instant assez puissante pour fairecesser la lutte, il allait préchant partout sur ce texte Jet'OtMdonnema pan?, je t)OM$laisse ma paix. Son éloquencetoucha les seigneursde Romano, d'Este, les citoyensdesvillesde Vicenceet Vérone; il réunit, en 1223, àPaquara, une as-semblée considérable de prélats, de seigneurs, de bourgeoisde la marche, et leur Et jurer une paix générale qui dût êtrecimentée par le mariage d'une Romanoavecun d'Este; maisl'ambition et le fanatisme

gâtèrent promptementce

succès;le

moine s'étant laissé faire seigneur et podestat de Vérone,commença par offrir en un jour nn holocautede soixantehéré-tiques pour célébrer la paix, et prétendit imposer à ces deuxvillesla disciplined'un couvent ou au moinsd'un ordre mili-taire, le tout au profit du parti guelfe. Les Véronaisappelè-rent lesPadouans; Jean de Vicence marcha contre eux, futdéfait et pris. Misen liberté seulement sur l'ordre du pape,ilEnitobscurémentses jours à Bologne.

Toute la politique

et tous les sermonsdu monde ne pou-vaientconjurer la lutte de Grégoire IX etde FrJdéric II. Il y

avait dans ces personnages plus que deuxintérêts, il y avaitdeux principesen présence. Le vieuxGrégoireIX ne caressaitd'autre pensée que la croisadecontre les infidèles, l'extirpa-tion de l'hérésie et la domination de l'Église. Toujours en-touré de.moines mendiauts, franciscains et dominicains, ilfaisait rassembler et publier nn recueilcanonique des loisetordonnancesde l'Eglise pour maintenir son autorité tempo-relle, en mêmetempsqu'il s'efforçaitde défendrel'orthodoxie.L'empereur FrédéricII, aucontraire,dansses palaisde Naples,et de laTrilingue àPalerme, au milieude poétes,d'artistes, defavorites,d'astrologues,de légistes, de Sarrasins, raillait lesvieillescroyances, bravait les moeurs chrétienneset méditaitlerenversementde la théocratie romaine.

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L'ITALIE GUELFE ET GIBELINE (H37-t250). 153

Le plus dangereux était que cet esprit nouveause répan-daitdu midi an nord et, sons différentes formes, semblait prendre possessionde la péninsule. Les Romano en particu-lierétaient véhémentementsoupçonnésde favoriserles héré-tiquescatharins et patarins, comme Frédéric favorisaitlesSarrasins.Grégoire IX pressaun jour vainementEccelinoIIIetAlhéric de !ni livrer leur père, Eccelino le Moine, retirécependantdans un couvent,mais fortsuspectd'hérésie. Ecce-lino111 partageait, mais avec plus de haine et deférocité,lescepticismede l'empereur, son grand ami, son modèle enmainteschoses.Après tant de luttes religieuses,nulle part lesfoudres pontificalesn'inspiraient moins decrainte, et ne ren-contraient plus de railleries qu'en Italie. Les municipalitésdesvilles,et Rome la première, poursuivaientcommeFrédé-rictous les priviléges du clergé, et entraient en lutte aveclai pour le soumettre auximpôts et à la justice communedestribunauxlaïques. A Parme, dans une guerre à ce sujet entreles bourgeois et l'évoque, une loi condamna à être enterrédansle fumier, quiconqueserepentirait au lit de mortd'avoir faitoppositionà l'Eglise.

La lutte entre le sacerdoceet l'empire, l'Italie et l'Allema-gne,éclataenfindans toutesa fureur, quand, par un retour àh vieille politique italienne, Henri, roi des Romains, fut

pousséà la révoltecontre son père. Reconnaissantà cecoupli maindu saint-siége,Frédéric, en 1834, lança d'abord Ec-eelinodo Romano et les Sarrasins sur les villesde la Lom- bardieet de la Romagne qui avaient reconnu Henri. Puis,vainqueur de sonfils, il revintlui-même en 1237,décidéà enËDir.n rencontra k la tête de ses Allemands, de ses partisansitalienset de ses Sarrazins, sur l'Oglio, l'armée do la liguemilanaise près de Cortenuova.Ce devait être une bataille dé-cisivecomme celle de Legnano. Malgré le dévouementde la

compagniedes forts(socK/ade' /cr/t), le carrocciomilanaisfut prissur un monceaude cadavres; dixmille Lombards portéslierre oufaits prisonniers, et parmi eux le podestatlui-même,PierreTiepolo, filsdu dogede Venise.Le vainqueur, comme pour insulter au saint-siége, envoya avec une lettre pom- peusele carrocciode Milan au sénat et au peuple de Rome.

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uvttEVn.154Frédéric II cfat pouvoir disposet de iltâUe. En 1838,il

donna sa nlle Salvaggia6n mariage à EccelinoIII, maigreniaintenant de la marche véronaise il fit épouser a undeMtfils, Enzio, Adelasia, riche héritière de Strdaigne, et luicon-féra le titre dé toi de ce pays. En Sicile,il fit expulser tous

les dominicainset franciscainsqui conspiraientcontrélui,lenune contribution sur !eclergé et interdit tôùMco:Binuni~tion entre ses sujets et !ê taint-siëge. Lui seul, disait-i!, pttla voixde ses légistes,était le maitré, il était là loi vivantestitterre (dnfma~a <~terris).

GrégoireIX ne Mtnbt pas au moinssanscombat; il frapptde l'anathème cet impie) ce ~ton~rt, déjà eh marche mtRome. H déclara l'empereur déchttde sa couronneimpérit!tet la proposaà Robertd'Artois, frèredu roideFrance.LouisH

porta au pape le dernier coup. II refusa pour son frère, etécrivitdesévèresadmonestationsau pontife, quivolait avecl'empereur fouler tous les rois à ses pieds. Le couragetuvieillard tenta de mettre la chrétienté entre lui et son advet-saire it convoqua pour la fin de l'année 124t, dans l'ëgtiMde Saint-Jean de Latran un concilegénéral. Gènes,oùfurentenvoyésdeuxlégats, mit ses flottesà la dispositiondes prélatsqui se dirigeaient en foulevers son port. Mais Frédéric blo-qua Rome, joignit ses flottes à celtes de Pise et attaquala

flottequi portait le concile, près de Melorià. LesGénoisfurentcomplètementdéfaits. Vingt-deux bâtiments avecleurs paMt-gers, dont deux cardinaux, une fouled'évêques, d'abbés, dedéputés des villes lombardes tombèrent au pouvoir du vain-queur. L'empereur fit conduire les prélats &Pisé et les chat-gea de chaines d'argent. Jamais aBront plus sanglant n'artitété fait au saint-siége;la bataille maritime de Meloriaache-vait ce que celle de Cortenuoya avait commencé. GrégdMlança encorel'excommunicationetmgurut peu de tempsaptt<à l'âge

de cent ans (1241).

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L'ITALIE GUELFE ETMBËUNE {H37-1250). 1~6tmm~emt BV < et~te <e *mthmt~m <tUMtt*m<e

(*«<.«**).

Pendant un interrègne pontificalde près de deuxans, Fré~dlricfat tdut-puis!ant an midi et aa centre de l'Italie sinondansle nord. Mais l'étection de SihibaMo Fiei'chi, sous lé)f6md'Innocent IV, changea(1243)la face des anatres.8iniba!do Fieschi était ùn caractèrefier, un profondcano-iihte,un homme d'énergie et de ressources. Encore ami déRédéric, la veille de l'élection, il était le lendemain même~n ennemi déclaré, comme l'avait prévu l'empereur. LesMongolsmenaçaient alors non-seulement l'empire latin etarasaient, mais la chrétienté tout entière le pape ne perdit pointde vue néanmoinsles intérêts politiques du saint-siégé.Aprèsquelques commencements de négociations au succèsde-quellesaucun des deux partis n'avaient point foi, it s'en-tetdit av~c le podestatde Gênes prévenu de tout, s'échappadé Rome.s'embarqua Il CivitaVecchia,et, reçu avecenthou-aiMïnedans le port de sa ville natale, ne s'arrêta que danshvil)e Itbre de Lyon, o!t il convoqua pour l'année 1245letOnciIeque Grégoire IX n'avait pu rassembler.

Unconcile,en effet, paraissait bien nécessaire.L'empereur latinBaudouin II y vintimplorer le secours du pape pour son

Mnpiredéjà en ruine destemplietsvinrent dépeindrele triste«Atdes coloniessyriennes. Innocent IV songeasurtout à saqneretle Détruisonsd'abord le dragon, disait-il, les ser- pentsseront bientôt écrasés.

Lanouvellede l'évasiondu pape et de la réunion du con-tue,oùl'on ne comptacependantque cent quarante membres,frappaFrédéric commeun coup de foudre. Il ènvoya,pour sedéfendrecontre les accusationsd'hérésie, d'impiété et d'al-liancessacrilégesavecles Sarrasins,sonchancelier Pierre des

Vignes,et son grand justicier Thaddéede Suessa; le premier Mtut, le second vengea son maitre par d'éloquentes paroleset promit de sa part de partir à là tête des chrétiens contrelesMongols; il obtint d'abord un sursis; mais Frédéric re-fnsade comparaitre dans une assemblée où l'attendait unecondamnationcertaine; et, en son absence, malgréles larmes

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UVRE VII.156

de Thaddée, sans consulter leconcile,sans recueillir lesvoix,le pape Innocent IV, au milieu d'un silence plein d'effroi,déclara Frédéric II impie, sacrilège et parjure, déchu desescouronnes d'empire, de Jérusalem et de Sicile, et sessujets,déliés du serment de ndélité, appelés en Allemagneà choi-sir un nouvel empereur. Jour de colère, de tribulationsetde douleurs, s'écria Thaddée, réjouissez-vous, hérétique;'races de païens, soyezsatisfaites!Sarrasins et Mongols,faitesvosinvasions sans crainte et sans pitié J'ai fait mon de-voir, reprit le papo, le resteest à Dieu.

Frédéric II jura que sa couronnene tomberait quedansdesflotsde sang La fureur desdeuxennemis, en effet,épouvantala chrétienté. DeTurin, l'empereur voulut s'élancer sur Lyon pour y saisir le pape. Il en appela à tous les rois de lachré-

tienté. < Si je péris, leur dit-il, c'en est fait de vous. Inno-cent IV prêcha une croisade contre l'excommunié, ordonnala fonte des vases et desclochesdes églises, déchainases moi-nes sur l'Italie pour ranimer larésistancedes villeslombardes.et dans la Sicile pour introduire la révolution communale

jusque dans le royaumede prédilectionde Frédéric.L'empereur maintint quelquetemps la Lombardie par Ec-

celino, la Romagne et la Toscane par ses deux fils naturels,le royaumede Naples par lui-même. Mais en 1247la villede

Parme tomba aux mainsdu parti guelfe. L'empereur cherchaen vain à reprendre cette placeimportante qui mettait en rap- port toutes les villesguelfes.Il s'y obstina un an, et fit bâtir aux portes mêmes de Parme la ville de Vittoria pour prouver que lesiège ne serait jamais levé. Le cardinal légat Grégoire,qui défendait la ville, surprit Vittoria pendant une courteab-sence de Frédéric, la livra aux flammes, prit Thaddée deSuessa, qui fut coupéen morceaux,et poursuivit l'empereur

jusqu'à Borgo San Donnino. Presque toute la contrée, rede-

vintguelfe. Un échec plus graveencore suivit celui-cidansla

Romagne; le cardinal OttavianoUbaldini,de Bologne, centrede ses opérations, pressait Modène et Reggio. Le jeune En-zio, à la tête de quinzemillegibelins, marcha au secoursdeces deuxvilles, rencontrales milices bolonaisesnon loind'O-liveto, fut battu, mis en fuite, trahi dans sa retraite par une

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L'ITALIE GUELFE ET GIBELINE (1137-1250). 157

bouclede ses beaux cheveux blonds, et ramené prisonnier àBorgne où on refasa opiniâtrement de le rendre à sun père(t249).

Ceconpatteignit profondémentFrédéric II. HvoyaittonslessienstombéscommeThaddéede Suessa et Enzio, ou traitrescommePierre desVignes,qui, privéde la vue par son ordre,M brisa la tête contre la muraille. II songea à se soumettreetoffrit d'abdiquer l'empire, d'aller mourir en terre sainte;ilconsentaità ce que l'Allemagneet la Sicile fussentdivisées,maisau moins entre ses enfantslégitimes. Innocent poursui-vaitl'anéantissement de cette race de vipères, et la conquêtedela Sicile; il futinexorable. L'empereur, brisé, malade dtfureur,appela de nouveauxSarrasins d'Afrique pour se ven-ger sur Rome; il faillit s'adresser aux Mongols; Eccelinoré-

panditdestorrents de sang pour lui donner la main; mais lamortsubite de l'empereur à Fiorenzuola, dansla Capitanate(13décembre 1250),épargna à l'Italie une dernière lutte quieûtatteint le paroxysmede la fureur et dn délire. Elle an-nonçaen même tempsla chute de la domination allemandeetde l'autorité impériale en Italie.

Le fils de Frédéric II, ConradIV, roi des Romains,avaittropà faire d'abord contre les anticésarsqui lui étaient op- posés,enAllemagne, pour songer à l'Italie. Au midi de la pé-ninsule,un fils de Frédéric II, Manfred, prince de Tarente,déclaré par le testamentde son père vice-roides Deux-Sicilesenl'absence de Conrad, était de naissance illégitimeet âgéseulementde vingtans.

InnocentIV revint en triompheen Italie (i25t), les Génoisconmrentau-devant de lenr concitoyen. L'ovation de Milansurpassaencore cellede Gênes. La multitude, rangée sur le passagedu pontife, couvrit la route jusqu'à dix mille pashorsdesmurs. Innocent crut le moment venn de rétablir la do-

minationdu saint-siégedans toute la péninsule. Il tint cour plénièredans la capitalede la Lombardie, revendiquala pro- priétéentière du royaumede Sicile, prononça entre les fac-tions,nomma de sa propre autorité le podestat de Milan, etlançal'excommunicationcontre Eccelino. Rome, il est vrai,nelui fit pas un si bon accueil; lasse comme la plupart des

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MVREVH.158

autres républiques de h turbulence des nobles, elle avaitc<)~66le pouvoir pour trois aus pn Polonais du non) deBrancaleone, qui ne l'avaitacceptéque commeune dictature.Ce rude sénateur, qui ne souurait pas un déliteans le punir,qni rasait les maisonsfortifiéesdesgentilshommesau moin-dre

prétexte, et laissaun souvenir cher ao~Rpmains, ne com-

prit pas qu'Innocent IV voulût faire ses conditions avantd'entrer dans laviHe.Sons préfère qu'il était malséantà un pape d'errer sans feu pi lieu, il enlevaInnocent, l'amenadansHome bon gré mal gré, ~'ysurveilla et le tint en bride toutcomme un autre.

1/arrivée et lés rapidessuccèsdu jeune Conrad IV, vain-queur de sescompeUteursaUemands, Nrentcraindre un ins-tant que tout ne fut pas encore nui par la mort de Frédéne.Débarque sur les uottes de la Sicile et de Pis~, au pied domont Gargano, Conradn'eut qu'à se présenter sur un terrai bien prépare par Manfred pour se faire reconna!tre partout. Naples fut emportée d'assaut, et Conrad 6t mettre un morseu cheval de bronze, symbolede l'antique Parthénope. MMla mort prématurée de ce jeune homme mit soudainementunterme à la lutte qui recommençait.Jt ne laissait pour héritier qu'un enfant, le jeune Conradin. Les grands vassauxalle-mands ne tinrent point comptede ce dernier rejeton légitimede Frédéric II; ils offrirentlacouronneimpériale à des étran-gers, à un Richardde Cornouailles, à un Alphonsede CM-tille, qui ne mirent jamaiste pied dans leur empire; et ainsidonnèrent lieu à ce grand interrègne, qui ne permit plusil'Allemagne, pour longtemps,de peser sur l'Italie. L'empinallemand, cou~meépuisé après tant de luttes, tombait poor ainsi dire de lui-mêmeet affranchissait la péninsule de toattdomination étrangère. Heureuse l'Italie s'il l'avait égalementdélivréede toute discordet

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LIVRE VIII.

t~tAtJCEMOtWARCHÏQM)6tR~PMtMCApfJE.

ClémentIV; conquête de Naples par Chartes d'Anjpu (<!6t MM).

LesY~presstCtHpnnes (t2S?-t285). Bonihc~

VU!; la

papauté en

France (t294-t303). Aristocratie et d~mocMUe, querettes intes-titiM;coC)Mer<:e, Miences, )e'tre<,arts; t)ante()290-t3tO).–L'Jta)tettm ëfpefedrt et Mn< ptpet tombe sous tes ty~an* (t3t0-<343). Let~e Pttrarque et te tribun !<ico!asBtenïi (tM?).– La peste de t34~t; }ej)iMt6de <350; Boctacc. Jean Visconti; Clément tV et Inno-ttnt Vt; guerre de SapienM; Charles de Luxembourg (t3M-t356).

Btrnabo Visconti Atborno~ Catherine de Sienne ()356-t3~8).

La ch~te de J%dyqastie sou~be et de la domination alle-

numde,en Italie, commençait pour la péninsule une

périodenouvelle,cellede l'indépendance. Ëtait-eUe as~ezbien Ctns-titoée pour se défendre?

Laligne lombardeconclue entre les villesn'avait pas mal- bcureusementsurvécula lutte; et une autre constitution,néedudanger, ce}tedes podestats, au contraire, était restéetoute paissante. Un grand nombre de seigneurslui devaientleur fortunedans les villes, et c'étaient plus guère disposesht'abanfiRnner malgré les réclamationsdes bourgeoisen faveur dateursvieiHeslibertés. Ainsi Eccelinodominsutmaintenantenmaitre Padoue, à.Vicpnce, à Vérone; A)Mric,sonfrère,à Trévise; le marquis d'Esté, à Ferrare. La ville de Milan,Jli première des républiques lombardes, en 12<)t,lasse il estvrai de))actions de la noblesse, avaitnommé eapt/atne du ptMp~,avecdo pleinspou'oirs, un puissant seigneur, Pagano

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160 LIVRE VIII.

délia Torre, qui l'avait sauvéed'une mine complète aprèsladéfaite de Cortenuova.Dans !aRomagne enfin,lesManfredi,les Malatesti apparaissaientdéjà à la têtedes villesde Faenaet de Rimini. Les villes de la Toscane seules conservaientencore sans atteinte cette liberté qu'elles avaient conquiseaprèsles autreset qu'elles devaientconserver plus longtemps.Au midi, le royaume créé par le saint-siége, organisé par tes empereurssonabesdesdenxcôtés dnPhare,étaitnneantrecausede discordes. Seul Etat monarchiquedansla péninsule,il était en oppositionnaturelle avec toutes les cités libres.Vassal des papes, il excitait leur haine et leur ambition;ceuvred'aventuriers heureux jetés sur la route de la Pales-tine, il était le rêve de tous les chercheursd'aventures, unappât permanent pour l'étranger.

Le devoir du saint-siége edt peut-être été de chercheràconstituer l'unité de la péninsule en dépitde tousces élémentsdiscordants, pour mettre sa puissanceet la liberté de l'Italieà l'abri de nouvellesentreprises. Mais la papauté victorieuxavaitgardé toute son ambition en Italie, et n'avait plus à sonservice la même puissancemorale. En renversantl'empire,elle s'était affaiblieau lieu de se fortifier. Le vainqueur'deFrédéric II, InnocentIV, qui voulait disputer le royaumedamidi à Manfred, mourut assiégépar sonennemidans Napies,

poursuivide visions

terribles, an milieu descardinaux saisis

de crainte (1256).Alexandre IV Et encore une plus triste épreuve de sa fai-

blesse. Attaquant à la fois ses deux ennemis, il envoya dan!le royaume de Naples le cardinal OttavianoUbaldini, unathée quise vantaitd'avoir <~afn<Me/OMper<fm<MK!îH< pour ks <ytMttM,s'il enauat<une; au nord, il excommuniaEece-lino, comme véhémentement suspect de paulicianisme, et prêcha contre lui une croisadeoù s'enro)ërentungrand nom- bre de guelfes. Manfred crut pouvoir braver la ligue forméecontrelui par un excèsd'audace. Il forçaà un traité hontenile cardinal Ubaldini, qui mit peut-être encore une fois sonâmeen danger pour lefilsdeFrédéric II; delà, il passaenSi-cile,et sefitsacrer roi à Palerme (ta&8).DanslaLombardie,Eccelino désarma onze mille Padouans qu'il avait dans son

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 161

armée, tua les uns, jeta les autres dans des prisons où il leslaissa périr, et envahit laLombardie pour mettre tontes lestillesguelfes sous sa domination, en soutenant les seigneursMtguerreavec le peuple et ensuite écraser le pape; il se pro-afettàitdans son orgueil de faire des actions aussi grandes

ace celles de Charlemagne. Mais Martino délia Torre, décorédutitre d'ancten(anzMno) et seigneur du peuple à Milan, semitla tête des milices lombardes pour aller au-devant dumonstre.Eccelino se vit subitement entouré de tous cotés; cefdtcomme un soulèvement général non pins contre celui quiétaitrejeté hors de l'Église par l'ànathème, mais contre celuiquis'était mis hors de l'humanité par ses crimes atroces. Danstêt instant suprême, Albéric, son frère, quimarchait avec lescroisés,revint par orgueil féodal combattre à ses côtés, pour sauver sa maison ou

périr avec elle.

Attaqué au

pont de Cas-

tanp(1259) par où il voulaitopérer sa retraite, Eccelino vitcommencer la défection avec le combatmême pour l'arrêter,ildonna de sa personne, fut blessé à la jambe, et continuaicombattre jusqu'à ce qu'il tomba, frappé d'un coup de hache&la tête, au pouvoir de ses ennemis. Prisonnier, il ne laissa pasa sesvainqueurs la joie de l'envoyer au supplice, et dé-thira ses plaies, satisfait du moins d'une mort dont il était leseulexécuteur. Son frère Albéric, moins heureux, fut écarteléà Trévise, après avoir assisté au supplice de ses filségorgés,desa femme et de ses filles brûlées vives (1260).

Mais la papauté, frappée par l'élévation de Manfred à laroyautéde Sicile, ne profita guère delà chute d'Ëccelino. UnMartino della Scala devint podestat de Vérone; MartinodellaTorre, plus puissant que jamais à Milan, prit à sa soldelemarquis de Palavicino, à qui toutes tes villes guelfes ougibetiaes, Pavie, Brescia, Alexandrie offraient à l'envi lachargede podestat, pour les nombreux soldats dont il pouvaitdisposer. Les seigneurs les plus riches et les plus puissantsdela Lombardie, en se rangeant sous le drapeau pontifical etguelfe,n'avaient travaillé que pour eux-mêmes. AlexandroIV, plus faible encore qu'auparavant, repoussé rudement deRome par Brancaleone, et poursuivi par celui-ci d'Anagni etde Viterbe jusque dans Assise, où la protection du tombeau

HtST.D'ITAUE. Ht

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LIVRE VIII.162

récent mais déjà vénéré de saint François ne lui suffit point,resta livré sans défense à l'ambition du roi de Sicile.

Manfred, aimé comme son père, dont il était l'image,donna en effet des secours à tous les bannis gibelins de JtToscane pour rentrer à Florence. L'un d'eux, Farinata degliUberti, y ajonta la perfidie; il attira hors de Florence toutesles corporations, tous les arts, jusque sur la colline de Monte.Aperti, en promettant de leur livrer nne porte de Sienne;mais il les attendait là; à la tête des Allemands, des exilésetdes Siennois, il en Et ce grand carnage qui, selon le poète,teignit en rouge les eaux de l'Arbia.

< Lo strazio, e'I grande scempioChe fece l' Arbia colorata in rosso. ·

Florence, vaincue par cette ruse infernale, retomba au pouvoir des gibelins, qui proclamèrent Manfred protecteur dela ville. Uberti, du moins, sauva sa patrie des Allemands etdes Siennois qui voulaient la détruire (1260).

Manfred mit le comble a sa puissance en prenant ponr rendre, malgré les efforts du pape, le fils du roi d'Aragon, eten se faisant nommer sénateur de Rome dangereuse dignitéentre les mains de cette famille incrédule, fort soupçonnée de paulicianisme et protectrice de ces Sarrasins de Lucera et de

~ocera qui, campés aux portes de Rome, étaient prêts à fon-dre surelle au premier signe d'un chrétien peu scrupuleux! Les principales villes de !'Ita)ie, au reste, désintéressées de cesquerelles, prêtaient bien plus d'attention à une révolution quis'accomplissait en Orient. L'empire latin, fondation de laquatrième croisade, tombait alors sous les coups des Grecs.Michel Patéotogue, favorisé par les Génois, rentrait dansConstantinople, d'où s'échappait le dernier empereur latin,Baudouin II. Gènes, pour prix de ses services, se faisait céder

le faubourg de Galata dans la capitale et File de Chio. Venises'efforçait, soit en traitant avec le nouvel empereur, soit encombattant les Génois, de conserver les débris des conquêtesde sondoge, Dandolo. Pise enfin profitait de l'embarras et dudésordre de tous pour accroitre son commerce.

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 163

tM~emt <V! e~t~tte <e M~~ttw ~<f tt<ttte< < A~*M««<-««).

prbain ~V, successeur dinnocent, réfugié à Civita-Vec-<M'<POW°e P~ rester dans une ville au pouvoir de sone)Bemi, reprit }a vieille politique du saint-siege et appelal'étranger;au risque de compromettre encore l'Italie, it ser~MMntà offrir un souverain, dans lequel il pût espérer trouver an vassal orthodoxe et obéissant, le royaume deStoJe.

1~ France semMaîtalors, sons la main desaint ~ouis, s'ac-tfo;treen fprceet eu dignité de tout ce que perdait l'empired'Anemagne.Urbain IV offrit l'hëritage de Manfredd'abord

) MintLouis, puis, sur lerefus dece)ui-q, sonfrèreQuartes,mate d'Aojou et du Maine, épouxde Béatru, comtesse deProyence.~e choix de ce dernier oBrait tous les avantagesqu'onespérait, commetous les périls qu'on en pouvaitcrain-dra Pleindezèle pour l'Église qui l'appelait, il croyaitaccom- pUruneceuvresainte; maisanimé aussi d'une ambitionsansm~ure,il voyaitle triomphe de la foi dans le sien propre, ettt religion pouvait devenir l'instrument consciencieuxde sa peMque.Le traité fut concludéjà avecune sorte dedéfiance

par le

pape et sous des

garanties qui montraient toutes lestj)p~epsions du saint-siége. Chartes d'Anjou recevait enfief du saint-siége, pour lui et ses descendantsdirects, à laconditionde l'hommage et d'un tribut annuel de huit millemcesd'or, le royaume delà et deçà le Phare, à l'exceptiondeBénéventetde son territoire, cédésau pape. Il s'engageaitentretenir trois cents cavaliers pour le servicedel'Église, àteréunir jamais à ceroyaumelacouronneimpériale,laLom- bîrdieou laToscane, et à conserver toutes les immunitésdudergë;il consentait à sa déchéance s'il n'observait

pointtontescesconditions(1263).Chaquepasde Charlesd'Anjou vers son but fut suivi parle

saint-siégeavec presque autant d'inquiétude que d'espérance.L'Italie,enrayée de la puissancede Manfred, se livra avecmoinsde déSauceque le saint-siége. Montferrat, en rapportsf~qoentsde voisinageavecla Provence, ouvrit tous tes pas-

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UVRE \'m.164

sages des Alpes, quand Béatrix elle-même,la fière et coaM-gensefemmede Charlesd'Anjou,ayant àses côtés son gendre,Robert de Béthune, et Traissignies;sonconnétable, entraenItalie à la tète d'une brillante armée de vingt mille hommes(1265). Le seigneur de Milan délia Torre la conduisit à tra-

vers le Milanais jusqu'à l'Oglio,oùle marquis Obizzo d'Esteet le comte Saint-Boniface vinrent la prendre et la condoi-sirent Sur les terres dusaint-siége.

L'entente devint plus complèteaussi de la part du pontifelorsqu'àla placed'Urbain montasur le trôneun pape français,Clément IV, tout dévouéà lamaison de France dont il avaitété le ministre (1265). Charless'embarqua alors à Marseilleavecmille chevaliers pour se rendre MXbouches du Tibret< prendre le commandement de son armée 'à Rome. Battt

d'une aSrense tempête, il n'échappa qu'avec peine à la flotteennemie, et entra comme par miracle sur nne barque dM!Rome; mais il y fat reçu avecle plus grand enthousiasme;Clément IV lança l'excommunicationsur Manfredet lessiens,donnaà l'expédition toute la couleur d'une croisade, ordonMla levée d'un décimesur le clergé et, dans le besoin d'argentoù était Charles d'Anjou, donnahypothèque anx banquiende Pisé, de Florence et de Gènes sur les basiliques M-maines.

Couronné roi de Sicile par quatre cardinaux,

résohilenvoyer son ennemi en enfer où à se faire mettre en paradM,'Charlesd'Anjou se dirigeaalorssur les frontièresdu royaumede Naplesà la tête de son armée, augmentée de quatre centsémigrés guelfesde Florence, et de quatre mille BolonaisM-trainés par les prédicationsd'un évêque. La trahison ëctaif-cit les rangs de l'armée de Manfred. Le comte de Case~livrate passagedu Garigliano; l'ardeur française emporutelecouvent fortiné du mont Cassin. Manfred se replia souslesmurs de Bénévent, et offritla bataiUesur les bords duGâter!dans la plaine de Grandella, quoiqu'il eût pu épuiser peat-être son ennemi par une guerre de détails (~6février t!66).LesAttemandset lesSarrasins eurent d'abord ledessus; mMCharlesd'Anjou, combattant desexcommuniés,des inndète!,crut pouvoir donner l'ordre, considéré alors commedéto}~

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UVRE VIII.166

l'exclusionde tout noble. Charlesd'Anjou, proclaméseigneMde t'Iorence (Mot-dix ans détruisit le porto.Pisano pour MYenger de h ntis gibeline des vilteÈde Toscane. TriÊte vic-toire pour la démocratiquet'!ôrënc6 elle frappai Pisé Maennemie extérieure et lès nobles ses adversairesdu dedant;mais elle tombait sous un maitrë

étranger (126~).Lè pape Qément IV, malgré sondévouementa ta maisotdeFrance, s'effraya; maisttàdangercommdjtdes rettéit eàeo~quelquetemps. Les bannisgibetinfidilroyanine de~ap!e&,d<Toscane, de Lombardie, selonta mneste habitude des e!u&de tousles partis, avaienta teur tour cherche nn appui aude-hors pour relever leur fortune. Lànciaet Capece,nobleshapo.litains, des envoyés de Pisé étaient parvenus a persuader Mdernier descendant légitime des Mohehstàun'ëh,Contadin,dévenir r~ctamërson

héritagede Sicile.Ce

jeune hoihmedeseiM

ans, dépouillé par ses onctes dé ses biens patrihtotiânx e8Bavière, délaissé par sà mère, qui s'était remariée, d'ài!!ènt< brave, héroïque, n'ayant pour toutami qu~unorphelin,jeuntcommelui, dépouillé commetu!, Frédéric d'AntiTche,avaitcédé facilement ali tentation. On te vit bientôt descendre têtAlpes à là tête d'une armée de dix mitte hommes soldés ptf les gibelins, et traverser ta Lombardie, tandis queLanciàêtCapeces'embarquaient sur des vaisseaux pisans pour àiter soulever la Sicile.

Tout parut un instant réussir an jeune honunë dont l'hé-roique confiance attendrissait l'itàhe. Aomë se déclara pontRonradin.La Sicile en feu, la ville sarràsine de Lncera Mii-levée, mirent le pape et Charles entre denx ennemis. Qe-ment enrayé fulmina l'anathème contre le pëth-nis de Fré-déric II; il ne marchanda plus avec Charles, le nomnMvicaire impérial en Italie, et le pressa d'aller réprimer lesSarrasins de Lucera, qu'il craignait avant tout. Corradino,commel'appelaient tesItaliens dans leur tendreenthousiasme,entra dans Rome sous des arcs de triomphe élevésa ~impro-viste au milieud'une population ivre de joie, il fut conduit par un chœur de jeunes filles jusqu'au Capitole. Ctément,touten répétant qu'on « menait 1agneau à !a boucherie,' n'éttit point entièrement raMuré.

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET REPUBLICAINE. t67

Tandis que Charles d'Anjou pressait Lucera, le jeuneContadin,dans l'intention de tourner la forte position du jhHgManô,se jeta par la voie Valeria dans les Abrnues à~t~te de ses troupes allemandes, italiennes et espagnoles)

ponr regagner Lucera, y faire sa

jonction avecles Sarrasins

Mniàrcher de ta sur Nap!es. Mais la rapidité de Charlesa'Anjoudéjoue cette tactique en trois jours,à la tête def<Utede sestroupes, il fait vingt-cinq milles et vient présen-ta !â bataille à son adversaire dans la plaine de Palenta, à~!qnë distance du petit village de Tag!iàcoMo.Son arméeaaittrès-inférieureennombre. LeconnétaMedeChampagne~È4fd de Saint-Và!èry, y supplée par là ruse. Il se caché~iiMtun p!i du tetrain, masqué ttàr une colline, avec Charlesd'Aüjouet les meiuëurs chevauërs de l'àtmée. Placé là en~nbn~càde,il laisse Conrâdin et les ei6hs battre et dii-persetlesdeux premières iignes de t'armée angevine, puis s'étanceM(ttà conp quandl'ennemie victorieux et fatigué, commen-tât se reposerot<apitier. I! en eut bon marché don En-~ae fut pris, Cottf~n et son ami Frédéric)mis en fuite,Ment faits prisonniers, et livrésa Charlesd'Anjou. (23 aoûtf~.)

Charlesfit de la victoireun usage odieüx. Le jeune Con-t<<unet FrédéHc comparurentdevant une cour d6 justice~inposéëde syhdicsdu royaume des Dëux-SicHo;dé barons pH~ëntanxet de jurisconsultes, présidée par le vainqueur.Aotnsésde révolte contre !e roi de S!ci!eet contre ià sainte~Mseromame, ilsfurent condainnésà mort sut lerotè d'un<?]jiigë.Ontehr annonçaI~nr sort commeilsétaientoccupésJouer tranquillement aux échecs. <Quelleaffreusenouvelle

p~rmà pauvre mère) '< secontenta de dire le jeune Con=rMin.Le lendemain,à~res avoir protestéà haute voit contreMsentence,quilui futtae par un scribe, il donnaun dernier

tlahtassemënt& son fidèle Frédéric et demanda pour toute pac~de porter !e premier sa tête sur lé billot et de ne pasétrëtémoindu supplicedes compagnons dosa mauvaisefor-Mfe.Sa mort courageuse St une telle impressio!t sur lésehèvaliersfrançaisquelegendre même du roi sejetaFépée àlamain sur le scribe qui avaitosé, lui vilain, prononcer la

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LIVRE VlU.168

sentence c d'un si gentilseigneur. Le duc Charlesd'Anjou,trouvaque songendre avaitagi en bonchevalier,maisn'enfit pas moins exécuter tous ceux qui avaient pris part à larévolte.

Cette défaite mit le comble à la puissancedu nouveauroide Naples. A Rome, Charles prit !a dignité de sénatenr,condamnacent trente barons, convaincusde félonie,à avoir une jambe coupée, puis, se ravisant, par met~eMrcomo~ordonnade les transférer dansune baraque de bois Maquetteil fitmettre le feu. Dans la Toscane, la ville de Sienne fatimposée à onzecentsdrachmes pour avoir ouvertses portesConradin. En Lombardie tout se soumit. D'un bout à l'antrede l'Italie, desAlpesau golfede Tarente, Charlesd'Anjou,

sous !e nomde rot, de vicaire impérial, ou de pact/!ca«ur,domina par lui-même ou par les guelfes.Père de deuxfils, dont l'un avait épouséla fille uniquedo

roi de Hongrie, l'autre l'héritière de la principautéd'Achaïe;de deux filles,l'une mariée au filsda~cjde Flandre, l'autreau roi titulaire deThessa!onique,hériner nominalde l'empirelatin tombé; époux lui-même en secondesnoces d'une filledu duc de Bourgogne, ayant la main partout, le conquérantde Naples et de la Sicile formait des projets gigantesques.Maître

déjà des côtes de

l'Albanie, de

Corfou, dontil s'était

emparé sur la veuvede Manfred, restée prisonnière suzerainde l'Achaie et de la Morée, il n'avait plus qu'à diriger sur Byzancecontre Paléologuela flottequ'il rassemblaità grandsfrais dans le port de Brindes; etil rétablissaitnon plus le petitempire latin des Baudouin, mais l'ancien empire d'Orientavecl'Italie commeannexe; la soumissionde toute la pénin-sule aprèsla conquêtede Naples n'était que le premier degréde sa graudeur. En réalisant ce rêve, depuis longtempscaressé, Charles accomplissaitune œuvre tonte chrétienneil éteignait un schisme,il réunissait, choselongtempsdésirée,l'Église grecque à la latine et opposaitune barrière puissanteaux progrès tous les jours plus menaçants des Turcs. En tra-vaillant pour sa grandeur, il faisaitles affairesdu saint-siégeet celles de la chrétienté.

Mais quoi! la papauté n'aurait-elle détruit la maisonde

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. iC9

Hohenstauffen,l'empire d'Occident, que pour élever an-dessusd'elle la maisond'Anjou et l'empire d'Orient? L'Italie pese serait-ello soustraite à la dépendance des successeursgermaniques de Charlemagne que pour tomber sous celle

cessuccesseursangevinsdeConstanhn~je danger futaperçu, mQuandCharles d'Anjou, réun!~e~i269, une diète à Cré-mone pour se faire nommer seigneur dés villeslombardesetdevenir ainsi le chef du parti guelfe, Milan, Bergame,Alexandrie,Bologne, ainsi que le seigneur de Montferrat,aimèrentmieux avoir le roi de Sicile pour ami que pour sei-gneur. Congé, encoreun peu plus tard, d'ajourner ses pro- jets pour accompagner son frère saint Louis daM une croi-ade(!270), Charlestrouva au moins un dédommagementà

Mretarden détournantàson profit cette expéditionsur TunisArrivésur la plageafricaine au moment où le roi de Francemouraitcomme martyr, il ne poussa la guerre contre lesMauresque pour leur arracher un traité qui assurait auxthrétiensdes franchisesde commercedans leurs ports, et ob-tenir du sultan le tribut déj~ payé à ses prédécesseurslesroisnormands.

Cefutdans le saint-siége que l'ambition de Charlesd'An- jourencontra le plusd'obstacles.

Aprèsnn

intervallede

deux ans, l'autorité du tfoc/eur~cra-

phique,saint Bonaventure, qui fit enfermer séparément lescttdinauxdans leur palais de Viterbe, et l'impatience du peuple,qui enleva la toiture du palais pour hâter la fin duconclave,arrachèrent enEn l'élection de GrégoireX. Ce saintetenthousiastevieillard,qui n'avait d'autres penséesque de préparer une grande croisade par la réconciliation généraledetoute la chrétienté, fut bien loin de goûter les projets deCharlesd'Anjoulorsqu'il revint de Jérusalem, où il était aumomentde son élection. En

Toscane, il leval'interdit

qui pe- Nitdepuislongtempssur la gibeline cité dePise, il convoquaFlorence les chefsdes guelfeset desgibelins pour leur faire

jarer une paix qui aurait permis aux derniers de rentrer dansleur patrie, si Charles d'Anjou ne lesavait fait avertir qu'ilsrisqueraientleur vie en franchissant les portes de la ville. Ilauraitvoulu fairedisparaître ces noms de guelfeset de gibe-

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LIVRE VIII.t70

Uns, empruntés, disait-il, a l'étranger et qui déchiraientencore11'alieaprès avoir perdu tdi~Ms!gti!6cat!dn.

En Altemàghe,Grégo!rèX mit (t~) Ba au grand intër.règne et obtint des prêtais et vassaux germainsl'étectionda&ôdo!phede Habsbourg, qui renouait !a chaîneinterrompe

des césars, te saintvt~s de cetteconceptionidëa!~de ta sociétédu moyen âgé qni commençait&s~enàhèr piec~& pièce, croyaitla restauration du sàini empire juste, néces-saire; elle entrait dans ses projets, qni n'allaient à rien demoinsqu'à rétaN!r l'noité de l'Ëiirope ponr~la jeter snr l'Asie, et a reconquérir cette chère Jémsa!em~n'i! avait promis de ne pas onbtier. Rien pour atteindre ce but né Mcoûtait, !es p!nsvieiUes,les pins profondes dissideaces de-vaientdispàrahre &sa voit et se fendre dans te vaste sein

l'ÉgItse. En

~74, dans un concile tenu a

î~oii, il

s'âpphû-dissait d'obtenir sansnne goutté de aan~ chrétien, dé Miche!i*a!éolognean Moins, là réconciliation des dënx Eglises qitëCharles d'Anjouvoulait poursnivre les àrtnes a là inain, eti!I)se croyaitau momentde réaMser ses désirsen voyantdessOù~vérains telsqueRodolphède Habsbourg, Phi!ippède fraNceet Charlesd'Anjou y prendre la croix; tni-méme rêvait demettrea~la tête de la sainte expédition, lorsqu'il courut enrentrant en Italio, dans la ville d'Arè~o (<2t6).

~ambinon de Charlesd'Anjou pouvait

encore trouver soncompte aux projets de croisade de CtrégoiréX, mais ellen'eut aucune prisé sur là politique tout itaUenMde son snc-cesseur, Nicolas 111.Ce noble romain, dé là fàniilte de~Orsim, tout occupéd'établir entre les Etats itauëae, an(trontdu,saint-siégé,uhe sojrtèd'équilibre qui ~ui faire échec &M puissancede Charles d'Anjou, opposad'abord l'nn à l'autrele nouvelempereur et le roi de Sicitë. Il 6t renoncer le pre-mier a tonte prétentionsur !à Sicile, a toute suiëraineté snr ia Provence; le secondauï titres de sénàtëM dé Rome et dévicaire de i'êmpiro. fortinànt lé saint-sié~ë entre ces dent puissances,il sefitgarantit par l'empereur !à possessionatoU presque nomihate des États du saint.sMge; il nomma séna-teur de Rome son neveu, Bértold Orsini, déjà comtedeRomagne, et un autre dé ses parents, Latino, ~a~ a /<

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L'ITALIEMONARCHIQUEET REPUBLICAINE 171dMSlltahe centrale. Sa politique dans le reste de la pénin- pue,dégageedetoute préférence entre tes guelfes et les gibe-has,n'ayant d autre but que d'assurer la puissancedu saint-~~°~°"' l'indépendancede i'Ital.e. tendaitmêmettTaibur ies guelfes qm prêtaient p!ttsd'appui a la dynastiehgevine qu'au

saint-siége, et a

ibrtiSër les gibelins qui ne paient co&pter sUr l'empereur. Le frère dé saiht Louis~S~°. dierchaK uneasseim~grë consolation

~hëMt de Maried'Antiôche, dernière hêritiëre des roit~aleshneet notn~ pbnrce!â Fdd~ ~Y~M~ Ntoaronne de Godëirotde Bouillon.

qui fit snr lé saint-siëëè était Nthonimë duh grahd seits; ce que ià foi de son prëdeces-~àitt.nt~~ potitiquë atàit pour but 00 te réaliser.

a~i qhe c'en

é~t faitdu saint

empire, ëtnë

revendiquait~E P~nuons d'un ~tre temp~ son ambti!dn~tfu ëtoufrèr les ~iëux partis, et de constituer là puissanceM?~ ~nt-slegè entre ta monarchiemeridiona!e et të~KMbUque~dunord, pônr assure!-leur êquiMbtedu dedat~ttieùr servir de protection âu dehors. Idée simp!e et JusteTueût pu garautir l'indépendance pëninsutairen~U°~ f~~ntàUe 1 Onentne pou~ient luiêtre apurés qu6 par Jesaint-a~6, le roi de SicHeaccouruthViterbë, fOt~ tes

portes du

tonda~, enlevatrois desc&rdinaujtqui lui étaient le «inshos-et ëmpottad'avant infection d'un FrâlicaiSqui devaitM~tretoutdëYoué,Martin tV. En eBet,le roi Chartes fut in-~id6 nouteau par sa créature de la dignité de sénateur deRomeetrecouvratoute ta puissancedontil avaitdéjajoni pré-tMenunenteh Italie. H acheva ses derniers préparatifs. Ïevà~contribution forcée,r~sètnb!à toussesvaisseaux,dirigea<esso!dab aux ports de Manfredohia,de Tarent et d6Mndeâ, n attendant p!us qu'un bon vent pour

prendre a !à

Mtedequinte m!Uehënunes et de cent vingtgalères la routeBosphore.Mais, en s'assurant dti concoursde la papauté? rot de Sicue avait oublié de gagner t'aBectiondeson peuple.

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LIVRE VIII.172

i~tt Vé~fttt <tMMemme« ehttte Oe ttmWMt O'Attjo*(«M-mM).

Les rigueurs par lesquelles Charles d'Anjou avait essayéd'anermir sa conquête avaient souvent dépassé le but. Larégularité que son gouvernement apportait surtout dansl'exécution des mesures fiscales inventées par les rois nor-mands, avait répandu partout la haine de sa domination,mais particulièrement dans la Sicile. La royale Palerme queles rois normands et souabes s'étaient plu à orner de sp!en-dides monuments n'avait pas vu sans dépit sonrang passer àla ville continentalede Naples, qui semblait Charles d'An- jou un~capitale plus appropriée à sa puissanceen Italie et &ses vastes desseins; le reste de l'île, laissé en proie à desagents, qui traitaient avec rudesse et insolenceune popula.tion dont ils ne comprenaient pas les mœurs et dans laquelleils ne voyaient que des patarins, ressentait doublement le poids d'une tyrannie de seconde main. Une fermentationsourde et mal étoufféechez ce peuple sombre et concentré,mais susceptible et fier, aurait pu avertir Charles d'Anjou.Il ne vit rien.ou ne voulutrien voir.

Quelques nobles, cependant, un certain Jean de Procida,médecin, autrefois serviteur de Frédéric II et.de Manfred,maintenant réfugié auprès de don Pèdre III, roi d'Aragonetde sa femme Constance; un Alaimo da Lentini, resté enSicile sous la domination étrangère, cherchaient,dans lecasd'une éruption que le mécontentement rendait inévitable, àassurer à leur patrie le secours d'un roi intéressé par sonam- bition et par ses liens de famille à en prendre la défense.Jean de Procida surtout n'avait rien négligédepuis qu'il avaitété outragépar un seigneur français. Il avait, pendant quatreans, parcouru, déguisé en franciscain, l'Espagne, l'Italie, h

Sicile, la Grèce. Hs'était vu au momentde réunir le pape Nicolas,Paléologneet don Pèdre, contre sonennemi. Il avaitenfin décidéà agir le dernier qui avait recueilli le gant jeté,disait-on, de l'échafaud par le malheureux Conradin. DonPèdre III d'Aragon était sur de tous les chefs du parti gi- belin monté sur une flotte lentement rassemblée a Port-

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LIVREVULÎ74terrible nouvelle, sa chute ne fut ni lente, ni ménagée pasà pas. Laflottequ'ilavaitdestinée la conquêtedel'Orientvint se briser contre l'héroïsme de Messine, où commandaitAlaimodaLentini, et où les daMtM po~ren< <ur MtUfN)~la

cA<tM? la

pierre. Le roi

d'Aragon, qui était aux

aguetssuri~ cote d'Afrique, fit voilevers Palerme, y futreçucommeun sauveur et couronné. Son amiral, Roger de Loria, dirigesur ledétroit, forçala flottede Charlesd'Anjou, dontles grosvaisseaux ne pouvaient manœuvrer, ëlever le s)égede Mes-sine, la poursuivit jusqu'au port de Catona, pr~ vingt-nettf galères et fitmettre le feu aux autre?, an grand désespoir dçCharlesd'Anjou, qn~du rivagecontemplala ruine de sa Oott~et de ses espérances, en rongeant b~tQnqu'il tenait à lamain,

Les résQhttiqns du' frère de saint Louis, frappé de cetcoupsredoublésà la fin d'une carrière glorieuse, furent ceUe~d'un repentir tard)f et d'un désespoir furieux il laissa à son

~SIs,Charles le Boiteux, le gouvernement de l'Apulie et de !aCaîabrB, pour y promulguer une réforme du royaume, et dé-6a son riva! avecune troupe de cent cavaliers françaiscontrecent aragonais, à un combat singulier qui ne put avoirfieo.Martin IV déclaraPierre déchu de sacouronne, qu'il offritauroi de France. Mais Pierre arrêta lui-même dans les Pyré-nées le roi de France, et rendit ainsi inutile la flotte qu'onavait rassemblée dans les ports de la Provence pour agir d9concert avec t'armée d'invasion. De Sicile, où il avait Jaissésa femmeConstancecommerégente, l'amiral Roger de Loriacomprenant que l'Aragon n'avait plus besoin d'être défendu par mer fit voile en tonte hâte vers l'Italie, présenta la bataille dans la baie de Naples au prince de Saterne, avantl'arrivée de son père qui le suivait de près, la gagna et 6tmême le prince prisonnier. En entrant le lendemain dans Naples, Charlesd'Anjou apprit la défait))!de sa Dette, capti-vité de son fils, et, frappépar ce dernier revers(t 285),expira bientôt en espérant que « Dieuferait miséricorde à cebu quiavait toujours pensé pins au bien de l'JËghse qu'au Rien propre.

La mort même de don Pèdre qui laissa l'Aragon à sonfils

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175L'ITALIE MONAi)CHIQUE ET RÉPUBLICAINE.

t!né, Alphonse,et la Scilo au second, Jayme, ne rétablit point les affaires de la maison d'Anjou. Par la législationqu'il promulgua sous le nom de Capitulaires, Capitolid'Ono-fto, le pape ï~onorius réussit seulement à conserver Na- ples,l'Apulie et la Calabre à Charles le Boiteux. Don Jaymefitde son côté,en S~c~Ie, pour n'étre point en retard de géné-fMité,des concessionsaux barons et au clergé, qui lui assu-mèrentla ~délité de ses nouveaux sujets. Un traité intervint,LaSicilefut pour longtemps séparéedu royaumede Naples;et, par cette scission, l'Itatie fut soustraite à l'inuuence decetteroyautédu midi, comme el!e l'avait été précédemment par la mort de Frédéric H &ce}Iede l'empire du nord.

La papauté, debout aumiUeudes()ébrisd'un empireqn'eUeavaitrenverséet d'un royaumequ'elle n'avait plus a cramdre,semblaitseulecapabled'exercer alors une inSnence prépondé-nnte dans la péninsule divisée. Chose étrange! le saint-ttëgese trouva aus$idéchu au milieu des ruines qu'il avaitfaites,Les papes, sans puissance à Rome depuisla révotutioncommuna!e,élus tantôt à Viterbe, tantôt à Assise, appelés,thassés,rappelés tour à tour par la villeéternelle, n'avaient plusd'autorité politique enItalie, que commesoutiens ouad-rersaires,tantôt des empereurs, tantôt des rois de Naples; ilsdevaienttoute leur influenceauxintérêts etaux partisdontils

Mfaisaientleschefson les défenseurs,non à leur propreforcematérielleou morale qui se perdait dans la lutte. Dès que leMMt-siégen'eut plus rien à combattre ou à défendre, il s'af-hi:sa au milieu de l'indiS'érence commune, ou s'avilit dansd'étroitesetmesquinesluttes; impuissant à rien entreprendredegrand, n'ayant plus à sauver l'Italie de l'empire ou de Naples,ne pouvant la sauver d'elle-même, il trouva bientôtlaSntragique de BonifaceVIII 1

Mon)f*fe V<M; )< p<)~mté en ~nuMe (««.<W«).

Le pontificatdeBonifaceVIII montra que ie saint-siége en~t<itarrivé à un point où il n'avait ptusqu'à se compromettreetà se perdre en se jetant encoreau milieu de ces luttes sans principes.Ce pape, qui avait arraché son abdication, moitié

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LIVRE VU!t?6

par intimidation, moitié par ruse,?8é!estin V, moinevision-naire et ne sachant rien des choses dé la terre, voulaitinter-venir dans tes affaires des rois de France, d'Angleterre,d'Ecosse et de Hongrie. Cependantle sujet principal de saquerelle avec le premier de ces souverains, Philippe le Bel,attesta ladéchéancede la papauté.H n'interdit pas à ce princelaïque làdroit d'investiture il lui défendit seulementd'exiger du clergéla dime ou font autre impôt. Le saint-siége en effets'était consoléde ses échecs politiques en levant forcetribut:sur le clergé annates, y~rcM, McpectattMM,etc.; il ne vonlait point partager; et la question de domination se trounitchangée en une question d'argent.

Dans l'Italiecependant, Boniface prétendit davantage; ilvoulut être le maitre. L'excommunication et la dépositionfrappèrent les deuxcardinauxPierre etJacques Colonna,mai.

tres alors de Rome et ses ennemis. Une croisade, prêchéemême contre tonte cette famille, la dépouilla des châteauxetdomainesqu'elle possédaitaux environsde Rome. La meMttde i'anathème suspendue sur don Jayme, devenu aussi roid'Aragon après la mort de sonfrère, et sursamère Constance,que l'âge rendait plus docile, força le premier, par le traitéd'Anagni (1295), à renoncer à la Sicile, en retour de la snM-raineté de la Corseet de la Sardaigne, qui appartenaient tmGénois et aux Pisans. Le papene fit pas long à s'apercevoir

qu'il ne

snffisait plus d'avoir l'ambition de Grégoire YIIet

d'Innocent III. La réponse de Philippe le Bel fut dure;i)coupa lesvivresau saint-siége, en interdisant l'exportationdel'argent monnayé hors de ses États. Les Colonna, chassaaltèrent semer partout lahaineet ladénancecontre le nnuye!* pontife. Les Siciliens, en dépit des anathèmes pontificanï,refusèrent de retomber sousla dominationangevine, et pri-rent pour roi le frère de don Jayme, Frédéric, dont lenomleur rappelait un souvenir cher.

Mais l'an 1300exaltal'imagination

du pape.

HavaitdëcrMle grand partfottséculaire pour ceuxqui visiteraient, pendantcetteannée, les tombeauxdes apôtres Pierre et Paut; etdeMcent millechrétiens vinrent chercher cetterémissiondesdettesdu cie!. Bbniface n'y tint pas, il se crut tout-puissant. Ont<ie

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 177

vit paraître dans les mes dé Rome ceintde la couronneett~vétude la pourpre impérialequ'il contestait~ Ath?~<t'An-

<nchp. Deuxhérauts le précédaient, portant t'énee, !e seèvree!!eglobe; et disant <il n'y a pas d'antre roi des Romains i ~«~

~e le souverain

pontife on

encore: <r

il y a ici deux épêes ~f Pi"rr(t, tu voMici ton successeur, et vous, ô Christ, votrencaire.j*Le maitre dn monde ne ménagea plus rien. I! manda enItalieCharles de Valois,frère da roi de France, Philippe leBel,et le créa capitainedn patrimoinéde Saint-Pierre, paci6-Mtëurde la Toscane, vicaire impérial de Lombardie, pour <<aNir la paix, c'est'a-dire son autorité dans l'Italie, et chas-:er de Sicile Frédéricl'Aragonais. Les promessesne lui coû-Crent

pas ponr décider Chades~e-ïalots, il se fitfortd~ lui

Mreepohse~rhéhtiere de~'empire latin, Catherinede Flan-dre, et, a défaut e cette couronne encore a conquenr,Tui promitsonappui auprèsdes électeursallemands pour cellederempired'Occident.

Entré à Florence diviséealors par les factions des noirs ef dtsthtn&T,à la tête d'un assezgrandnombre degens d'armes,gficeseulement, dit Dante, à l'arme dont se servit Judas,Ctarlesde Valois y laissa pour longtemps la discorde et lahime.'Pousg~pa~-IfLpape,il sedéclara pour les premiers, lesitissacourir sus à leurs ennemis,enlever leurs filles, brûler !tOK maisons, porta contre une centainede famillesdu partiMmeunesentence d'exil oùfurent enveloppésle poèteDante,' 6'stomme pEMM~~L<H~,etle père de Pétrarque. L'unanimitédé$,Sicilienscontre le joug angevin~et la valeur de leur nou-Teanroi,Frédéric, ne laissèrent pas une carrière si facilean. ~t '< protégédeBonifacedans la Sicile; battu dans piusieurs ren-'t

t~\ttontresauca~ Or!apdoet Fatconara, il futheureux queFré-"~nc vou!ut bien renoncer au titre de roi de S~i!e, tout en

t prdant t'e entière avec le nom de roi de7~tN~C!{(1302), tatbst'tutiondo titre inventée pour sauver rameur-propre deCharlesde Nap!eset !a vanitédusaint-siége, qui ne voulaitja-mais paraitre céder,

Boni~acoVIII ne gagna à tout !e mouvement qu'il sVtaitdonnéqoo IIIhaine ou au moins le mécontentement(lesIta-

"tST.D'tT.U-t! t~

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H8 LIVREVIO.

liens; et il s'en aperçut bienquandle roi deFrance, PhilippeleJBeJt.h~pé~éjà de uem bulleset près d'être excommamé,

~6t mettre ? main sur 1man sem mêmede la pépinsule.Guillaume d~ogaret, un des prinapaux eoCMilIers ~r*France, avaitdécidésonmaître a terminer sa lutte a~ectesamt-

t siége par un coup hardie et s~Ôtaitchargede t'M~ntion. Âf.rivé en Italie, sous prétexte de traiter avec le pape, il e<trejoint par les Colonna, reçoit de l'argent des Ftorentms, pénètre en toscane et machine tout, a loisir, au châteaudeStaggia.Le pape était a'Anagni. H préparatt contrei'~ili~le Bel une bulle de déposition. Unmatm, Guillaume de No-garet avec SeiarraColonnaetquelques seigneursuosenviro~t,surprend les poEtesde tavilleauxcris de j)for<au pape t~tK <6rotdc France/ Tandis que ses*cardinauxfuient, te pape, ra-chetant son amh~ttdtrpar son~nq~ie, reçoit ses ennemishtiare en tête, lada&tatM~aysurIe~épauIes~etrefuse i'àbdic&-tion qu'on lui demandela menace a la bouche et le gantent presque sur son visage. Voilama tête, répondl'énergiquevieillard, trahi, commeJésus-Christ, s'u me faut monmaussi, je mourrai pape. ~ogaret et Ciolouna,pour le rédnire,le gardent àvue pendant trois jours, jusqu'à ceque te penpted'Anagni,d'abordsimplespectateur,le délivre en chassantcesétrangers qui avaient fini par se conduire iusolemmeptdtMla ville. BonifaceVTli, après ces scènesviolentes qui avalentaltéré sa santé et peut-être sa raison, rentra a ~ome MM

/~tT[u'on montrât plus de joie pour sa délivrance qu'on n'aHit~U~ montré d'indignation pour sa captivité et peu de tempsapr~s

mourut au mitieudel'indifféreucegénérale de i~tauë.tnsttf~ ~t sentiment devant une nn 'aussi tragique, et qui montra pif!

encore que l'outrage même d'Anagni la chutedelamonardut.jU~~théocratique rêvée au moyenâge par la papauté

~Vt Après le pontincat deBenoîtXÏ, qui mourut peut-êtreem-t po'sonné~Ies cardinaux enfermés depuis neuf mois par les

habitants de Pérôuse ne pouvaienttomber d'accord. Le cat<ii-nal-évêque d'Ostie parvint enfin à décider les cardinauxda parti italien à présenter troiscandidats parmi lesquelslesMr-diuauxdu parti françaisseraienttenusdechoisir le pape.T'rfmcandidats ennemis du roi de Franco furent~uésignés; mais

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179L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE.

Philippe!o Be!, prévenu temps, fit de t'nn deox, Bertrandde Gotti. archevêquedéBordeaux,son ptnsardëat advereàirë,~esclave ébéi~aùt, en Idi assttraat Mtitre (!305); Le itOM~~d p~pé, Cten~eittV,dprès avoir protMi~<(t<ttce<)ti'oaIAi<!e!!nàadN,~eatc~droMerâ L~oif et SxàMa~ejodr en France~&NHcomment laTeHt~Ië.là loH~aè~B~t~. qelledé~a&u-'~.ÂMIè p!~ Biaitqaa~ItaUe apre~remperejtr. Ce~ê-~tp~ià~, dit DâDtè,~né !e césar tudesqtï6tentât là co-!6redivine pour avoir reftt~e d'enfO~rchetlésar~6~ deI'lMti&,tëttëbête féroces!rebéUea l'éperon, et permit qite cejaraind6l'einpiredevnitun désert; < CiëmëntV, '<ce pasteur 8ân~toi, venudét'Occident,pînscoupabiëqnëlés p!nssinioniàqùes,a!!a,noûveaa~a~, ~oa~an noavëlAnfio~ûs, abriter !aMdetir de <eSâctiôMsou~ià Drotectiôndtt peïit-6i&da bou-

HtërdePàr~acitfe N0cet arb~ë cpapab!egtti tiuit &toutelaterré chrétienne et !a péninsule,péndaûtqneiqné temps,n'eut ptnSàn-dessnsd'éUeqùèI'omDr<gde~tiehx puissance~qni l'avaieBt si sonveat fatiguée de !et;rs mtermihâbtestombais.

ttte ~t <~t)Mtnt<!e, ~efeUf* tn<e~«ite< eotumMree,<ttte<tetft, tt«nM, ~rta; B*m<è (««*-<*<&)

IIsemble, quela doublechute de la pa{taùtéet del'Empiren'était pasfàite pourèiciterlacolëredupoètenationaldeFiMlie,deceluiqui aimait et détendait la liberté Commeun guelfe, etqnis'élevaiten vraigibelin contre la puissancetëmport:!)edusaint.siége.La péninsulé,en ëBet,àvàK déptbyëpendantdeuxsiècles,toates !es ressources de ia potitiquèla plus mobile etdu courage!e plus persévérant, pour conquérir la iiberté, en poussantran contret'auirotepapeetï'emporsur. Maintenant, par la ruine dé tous deux, e!!e était en possessiondu bientant

désiré; et la liberté

s'épanouissait dans la

péninsulesous

les formesles plus libres et les plus opposées.Aunord,lé principe aristocratique tend & prévaloir mémo

danslés anciennesrépubliques, maissahsiesdominer encore.

<.AUatton1 b prétendueoriginedèsCtr~ieM,Dtntt ÛWt<fo.w~tf.

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4 UVRSVin.180Otton Visconti,ancien chef du. parti gibelin, déBnitivementvainqueur, après la chute de Charles d'Anjou, en 1287,faitélire son 6!sMatteo capitainedu peuple àMilan, et en 1290à NovareetaVerceil. Le titredevicaireimpénal qu'il obtienten 1294 de l'empereur Adolphede Nassau avec le consente-

ment du peup!e~~nnonce*snfnsammeBMa*natnredu pouvoir qu'il ambitionnait*Cependant~en 1302, le peuple méconteNt~rce encore Matteo à seDémettre du pouvoir.

Dans l'ancienne marche de Frioul, Albuino della Scala,était tout-puissant à Vérone, mais Azzo d'Este, seigneur deFerrare, Modène, Reggio, perd pendant treizeans, en 1308,l'autorité dont ses ancêtres avaient joui dans ces villes, Les bourgeoisiesdtfNord, lassessouventde l'anarchie, consentent parfdS a* préférer"~ IsrHberté une dictature qui soumet la

turbulente noblesse âTaTofCUJJimune.Mail quandles sei-gneurs font passer leur propreintérêt avant celuidetous, ellessavent encore les rappeler à leur devoir.

A Venise, après une tentative faite par le peuple pour re- prendre le droit d'élire son doge, Gradenigo, chef du partiaristocratique, par nue suite do décrets habilement ménagés,enlève au peuple toute part a l'électiondu grand conseil, res-treint l'éligibilité aux familles nobles des conseillers alorsen exercice, et achève ainsi de constituer le gouvernement

aristocratique par une révolution connue dans l'histoire de

.Venise sous le nom de Clôturedu grand conseil(~erra~a<MMM~MrcwMM~to),1297.L'hérédité du sénat proclamée,un peu plus tard, l'inscriptionau livre d'or et l'établissement duconseil des Dix ne furent que les conséquencesde cette pre-mière mesure.

Dans la Toscane,la liberté populaire se développe,au con-traire avec toutesses ressources et tous ses orages. L'annéeméme de la révoltede la Sicile(1282)est signalée à Florence

par la fondationdu

gouvernement démocratique. On établit

que désormaislespneM~~MarM, c'est-à-dire les premiersdechaque profession, reconnus tels par élection, fonneront unconseil exécutifouMt~tMMWe,renouvelé tous les deux moisetdépositaire de la toute-puissance.Logésdans'Io palais pubhc,ils doiventvivreensemble,manger à la même table aux frais

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 181

del'État. Ils sontles mandataires de tout le peuple, de tonsles popo/aHtde la ville. On ne voulaitd'abord admettre dansle conseilque les prieurs des arts m<<Mr~, juges, notaires, banquiers,médecins,merciers, fourreurs, drapiers; mais lesartt ftt'H<ur~,teinturiers, cardeurs, lavenrs, forgerons, tail-leursde pierre, réclamèrent et furent admis, quoiqu'on mi-norité il y eut à peu près égalité politique entre la grosse bourgeoisieet la petite, le poptdumcf<M!MMet le popM~Mtnm<HU<Mm,le peuple noble et le peuple artisan, i popotanttto&~tet i Mttncrtartifici. L'inégalité est décrétée seulementcontreles vrais nobles, contre les seigneurs ceuxdont l'es- prit turbulentavait si souvent bonleversé et ensanglanté lacité.IlssontdéclarésinéHgiblesauxfonctionsde laseigneurie,tcmmene faisant partied'aucune des professionsactives,d'au-cun des arts, et n'ont d'autres ressources, pour reprendreleursdroits, que de se desanoMtr,c'est-à-dire de se faire im-matriculerdans quelque corpsde métier. La même révolutiona lien l'annéesuivante à Sienne, où est établie sur le mêmemodèle~tMt~neMrtedes tMU/OMfe~MMr~de la c~mmMneet~ttpfHp/e,et un peu plus :ard à Lucques, à Pistoie, à Pise, à&AreHO,dans la plupart des villes voisines de Florence etmêmeà Gènes. Rompre net avecla noblesse semblait aux

nUestoscanesle plus sûr moyen d'échapper au sort dont les podestatsmenaçaientdéjà les héroïques villeslombardes.Quelquetemps après, à Florence, nngentilhommedu nom

deGiaaodella Bella, p~ssédans le parti populaire, affermitcettenouvelleconstitution.Nommé prieur desarts, et décidéà porter un remède radical aux maux que les incorrigiblesmœursde la noblesseinfligeaientà sa patrie, il prive trente-septfamillesnobles du droit de se faire immatriculer danslescorpsde métiers, et propose une loi qui enlevait ce droit

~pM/oc/oàtoute familledans laquelleun crime serait constatédansl'espacede dix ans. Une nouvelle organisationmilitairedescitoyensde Florence divisés en vingt compagnies,ayantthacaneà sa tête un gonfalonier, et relevanttontesd'un ~<M!-falonier supérieur élu par la Mt<yn<Mhe,met en même tempsentrelesmains du gouvernement les moyensde faire respec-ter la nouvelle constitution. Tontes les lois de Giano della

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LIVREVUI.182

J~ella passppt, mw non sans une vive opposidpnde la p~des nob'es, dont lui-même est victime.Quelque tepps 4pr~<,en etTet,âne émeuteaya~tédaté contre lui, et remué dansville toutes lesvieiltes passions, te tribun, pour conjurerLtguarre Nvi'e, s'exile < an grand dommage de Florence,~dit ViUani, qui ie regardecomme <nn franc et loyal citoyen,toujours prêt &sacrifier .son intérêt particulier au bien p~r

blic..(t894.)Les nvalites d'intérêt, continuent diviser d'aiUeurscen~

que leurs prmcipes poUtiquesm~messemblaient rapprocher.Les deux repnbHquMde ~enes et de Pue, après tant <~combats inutiles à proposde la Cor8e et de laSardaign~avaient mis en6n chacuneen présence presdel'Mede Me!orM,en 1284, une Mottede pins de cent vaisseaux pour en Enir,avectoutes leurs forces,dans unedemiÈre action. Battus par une réserve de trente vaisseauxcachés derhëre l'ile de Me!o-ria, et qui donnent au milieu du combat, les Pisans perdent plus d!9quarante vaisseaux,cinq mille morts et onze nuUe prisonniers, c'est-à-dire toutes !enrs ressources et presqueleur poputation, tout citoyen s'étant fait soldatdans cette oc-ca~pu décisive. Le matheurdo Pise est commele signaidopné à tqutes les villesguelfes.Florence, Lucques, Sienne,Pistoie, Yolterra fopt aUianceavec Gènes pour achever !<malheureuse cité. Pise, dans l'imminence du danger, croittrouver son sa)nt dans la dictature d'nn de ses nobles;triste resspurjMdont le comte Ugolin lui montre tous !e<dangers.

pelui-ci était uu guelfequ~avait, de touttemps, ménagéet pratiqué les gibelins; on le suspectait de suivre son inté~tdans !es discordes pu l'abaissement de la république, et pnl'accnsait m!6med'avoir donnéle signalde la fuitea la bâtaitde Metoria. LesPisans néanmoins aveuglés par le danger et

crpyant qu'il pourrait seul traiter avec l'ennemi, le nommpntcapitaine du peup)e ponr dix ans. Il obtient, en enet, ceque uul sa place n'e~t obtenu la rupture de l'aUiancedMvilles toscanesavec Oénes, par de grands sacri~ces de châ-teaux et deterritoires, ilestvrai. Mais onle voit bientôt cher-cher a se perpétuer et à s'affermir au pouvoir; il empêchela

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L'ITALIE MONARCHIQUEET RÉPUBLICAINE. 183

B~Men Itberté des pnMnnîers de Melona, en y mettant des«éditions repoussées même par ceux-ci; il exile tous ceux

M font ombrage, sans distinction de parti, et exercelaMo$odieusetyrannie jusqu'à assassiner desa mainleneveude

rttcheveque Roger, son ennemi. Mais

guelfes et

gibelins,tommandés par rarcheveqne, se soulèvent,en 1288,assiègentM)tyrandans le château dplà seigneurie, l'y {ont prisonnier Bandant~'incendie,et Ïe jettentdans la tour auxSept-Cheminss%Mcquatrede ses Sfset petits-BIs.L'archevequetrouvemoyentfattirerht pitié sur le vaincu par un crime plus odieuxquelatftMsohet ia tyrimnie. Il jette dans l'Arnoles cle&de la pri-iiometlaissesansnourrttmreÏe père et les enfantsmourir'en-semblemoins (~inanitionqae de dou!eur, dans cette tour de

it~aim, qui vit unerëatité

p}ushorrible

que tontes les ima-

~nationsde l'enfer de Dante.Pisé ne se sauva de cedanger que pour retomberdans celuidontUgolinl'avait tiré. Les villesguelfes, Gènes, Florence,Lotques,toute la Toscane, moins Arezzo,où s'étaient retiréstesgibelinsde Florence, s'apprêteront à venger Ugolin. Là!n)terecommença,toujours malheureuse pourPIse. Les Aré-tmsot les réfugiés de Florence furent battus a Campaldino~mscette journée mcMede <<tT<t<r et d'a/~rMM où ngnreDante.Pisé se vit enlever l'ile d'Elbe par Doria et fut me-BAcée jusque~ans son port. Larépubliquegibelinene se sauvaqu'enappelant à sonaide un hommede guerre célèbre en cetemps-là,Guido de Montefeltro. seigneur de la Romagne.Ceini-ci,après avoir réorganisé Pisé, parvint à arracher auxttUesguelfes, en 1293, une paix qui restitua à peu près à la~pabftqueses anciennes frontières au prixde grands privilé-~s de commerceaccordés aux Florentins, mais qui ne late)eyapasd'un coup irréparable.

Àl'abri de ces formes variées d'une indépendance tumul-h~nse,mais forte et fécondeet malgré ces luttes intestinest~hiipatteint un degré do prospérité et decivilisationqui faitMtonnemente~l'envie du monde du moyenâge; elle devientMcentre,l'entrepôt du commercedel'Orient et del'Occident,lefoyer des{unuèreset desarts. Jetée au milieu de la Médi-terranée,elle relie non-seulement tous ses rivages par son

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LIVRE VIII.Ï84

commerce, mais les contrées les plus éloignées du levant etdu couchant, du midi et du septentrion. Chaqueville se jetteà son tour dans cette carrière du commerce pour y recueillir les richesses et la gloire.

Pise venait d'être frappée par la bataille de Meloria, il estvrai; elle avait perdu la Corse, et ne possédait plus que hSardaigne. Mais avant de subir le sort qu'elle-même avaitinfligé à Amalfi, elle avait monopolisé le commerce de la Pa-lestine, de l'Afrique et de l'Espagne. Maintenant Venise etGènes atteignent l'apogée de leur puissance, bien que la pre-mière tombe sous le joug d'une aristocratie d'ailleurs rude pour elle-même et soigneuse des intérêts du peuple, et qnela seconde commence à aliéner sa liberté entre les mains de podestats ou de seigneurs étrangers, pour échapper aux riva-

lités des Doria et desSpinola. Venise, maitresse de l'Adria-tique, d'une partie des i!es et des côtes de la Grèce, de plu-sieurs points du littoral en Asie et de l'ilede Candie, entretientà la fin du treizième siècle trois cents gros navires et qua-rante-cinq galères, toujours complètement armés et unnombredouble de vaisseaux marchands; ses flottes sont montées par trente-cinq mille marins; ses seules constructions navalesoccupent dix mille ouvriers. Sans négliger Constantinople etla mer Noire, elle fréquente principalement l'Egypte et

Alexandrie; mais son ambition jette plus loin lesyeux; etMarco Polo, son célèbre voyageur, en pénétrant jusqu'aufond de l'Asie, indique à son activité de nouvelles contrées.Gènes, qui n'était pas moins riche en navires, exploite, avecles côtes de l'Espagne et de la France, celtes de l'Asie Mi-neure, les Dardanelles où elle a à Constantinople le faubourgde Fera, et la mer Noire an fond delaquelle sa colonie deCaua prend le nom de reine de la Crimée. Les soieries de laChine, les épices, les bois de teinture, les pierreries del'Inde,les

parfums de

l'Arabie, les

tissus de

Damas, le sucre du

Levant, l'or et les plumes d'Afrique sont les principauxobjets que les deuxrépubliques marchandes répandent danstoute l'Europe, et font pénétrer même par le Hhin jusqu'auxPays-Bas, en Angleterre, en Suède et en Danemark.

Les villes de l'intérieur ne sont pas en retard sur celles de

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L'ITALIE MONARCHIQUEET RÉPUBLICAINE. 185

6te. Les manufactures y sont très-actives, surtout ceiïes8~!aine et même ce!!es de soie. L'ordre des Humiliés entembardiea gagnéd'immensesrichesses en introduisantdans~Daysl'industrie de !a laine. Mitan est la reine de )a Lom-~rdie par sa population et son industrie. En 1288, elleComptait,scionGiulini, treize millemaisons, six mille Mn-Ht{nes,quatre centsfours à boulangers,cent cinquante hôtel-!tties, et près de deux cent mille habitants. Les fabriques(farmures,de harnais, de selles, de draps fins, y étaienttrès-nombreuses.D'autres villesla suivent quoique de loin.En1300,il se fabrique à Vérone vingt mille pièces de drap paran.Florence, au dire de Villani, est la plus prospèredestillesde la Toscane. Elle comptevingt-cinq mille hommesen<htde porter les armes; quatre-vingt-dix mille habitantsdansFlorencemême, et quatre-vingt mille dans le territoiredelaville. II ya cent dix.églisesen comptant celles des fau- bonrgs,deux cents tissages de laine qui occupaient trentemilleouvriers et expédiaient quatre-vingt mille pièces dedrapd'une valeur de douzemille sequins. Pise perd un peu;

Sienne,qui expédie beaucoup pour le Levant, ia taxe de~tfe Hvres, payée pour chaque piècede drap exportée, esttfferméesix cents sequins.Un système hydraulique, fortementconçu et rigoureuse-Btntappliqué, dans la Lombard~eet ia Toscane; une distri- bationsalutaire des eaux dans les valléesdu 1~ te terrasse-i~nt régulier du bassin en amphithéâtre de l'Arno, sitHpraMeà la vigne, au figuier, à l'olivier; l'exploitationdela terre par desmétayers, substituée presque partout au ser-"86,grâce aux affranchissementsfaits par les bourgeois destiUesdevenus propriétaires, et même par quelques nobles ou prélatsdésireuxdes'attacher leshabitants de leurs domaines,font marcher l'agriculture du même pas que l'industrie. Le

plusconsidérabledes travauxdecanalisation entrepris à cetteépoque,le Naviglio Grande qui conduit les eaux du Tessin àMilan,est achevéà la fin du treizièmesiècle.

Entrepôt du commerce continental, l'Italie est aussi de-rennecommelecentre du mouvementfinancier de l'Europe.Ltcourde Rome, qui percevaitdes fondsdu monde entier,

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UVREVIU.186

avait donné l'exemple de faire voyagsr les valeurs par unesorte de commerce de banque, et avait bientôt trouvédesimitateurs; les lettres de change circulaientdéjà en Italiedèsle commencementdu douzième siècle. Le systèmedu crédit public avait été découvert et appliqué par l'établissementde~f<M!<tou banques d'Etat à Venise dès 1156, un peu plustard, maissur une plusgrande échelleà Gênes dansla banquedeSaint-George età Florence. Les Lombardsne méritent plusseuls que leur nomdeviennesynonymede celuide banquiers

ÉGLISE SAINT-MARC.

ou de prêteurs. Les Florentins, les Génois,les Lucquoises-comptentdans tontes les grandes villesd'Europeau treizièmeet au quatorzièmesiècle; plus d'un prince devient le débiteur

d'une petite république italienne etleconseilde banqued'unede ces cités peut à son gré favoriser ou rendre impossiMetles projets de croisade oude conquêted'un grand souverain.

Le tribut de cette prospérité est noblement payé au chris-tianisme par l'élévation de grands édifices religieux. L'églisetoute byzantinede Saint-Marc, avec son prodigieux portique

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L'ITALIE MONARCHIQUEET RÉPUBLICAINE. 187

tomposéde deux rangées d'arcs voûtas et cintrés, soutenus~tr des colonnettes, et ses cinq dômes surmontés de croix pecques,avait été achevéedès l'année 107t. Depuislachute

Constantinople,les fameuxchevauxde Néron occupentletMueude la galerie qui sépare les deuxparties du portique.Lthaute tour ou Campanile, en facedo la basilique, sort deterreen 1141, et permet bientôt au dogede Venise de con-templerl'Adriatique, son épouse, » dans toute sa majesté.Ledômede Pisé, œuvrede Buschettode Dulychium, premier t~pede l'ordre toscan, commencé en 1063 et orné des dé-

LE BAPTISTÈRE, LE DÔME, LA TOUR PEXCnËE.

pouilles de l'antiquité grecque et romaine qui composent presqueentièrement les cinq colonnades superposées de son beau portail était achevé à la fin du onzième siècle. En 1152,lavillegibeline jette les fondements de son baptistère, admi-

rtb!e composite où les colonnesgrecques supportent avec p&cel'arcade romaine, où la coupole byzantine surmontéed'un saint Jean-Baptiste de bronze, sort majestueusementd'une broderie toutegothique; la fameuse tour, avec ses deuxcentsept colonnes do marbre b!anc et son inclinaison hors dela perpendiculaire, bâtie en H74, achève sur la même place

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LIVRE YIÏLJ88

cetteadmirable trilogie, objetdel'étonnementgénéral.En6aen 1878,on commencesur les dessinsde Jean dePisé, ponr recueitur dignement lesrestesdesgrands hommesde la petiterépublique ensevelissous une terre apportéedes environsde

Jérusalem, la vaste et curieuse

galerie du

Campe~onM.La

naissance et la mort chrétiennes. Pise avaitvoulu les con-sacrer dignement.Le célèbreartiste en inscrivantl'ogivedaule pleincintre, donne au champconsacréune douceetsereinetristesse. Les illustres morts trouventdans les deuxOrcagna,les dignes interprètes de leur vie glorieuse et tourmentée.

LE C.mPO S.t~TO

Florence,née plus tardivement pour lesarts comme pour laliberté, atteint bientôt ses devancières. A la fin du treizièmesiècle,Arnolfodi Lapo, descendude lamontagned'Assise,oùil avaitélevéla belle ëghse desfranciscains,me!eencore plushardiment l'ogive et la rosaceà l'ordre toscandans les élisesde Santa Croce et de Santa Maria del Fiore, surmontée de- puis par Brunet!e*chide ce dômeque Michel Angene devait pas dédaigner d'emprunter pour en couronner la mère detoutes!es%g!ises.Le campanileélevé un peu plus tard porteencore plus l'empreinte de l'invasion gothique, venue à la

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. t89atitedela dominationallemande. Au seizièmesiècle,il éton-MitCharles-Quintaccoutumea la richesse des architecturestnbe et flamande. Ces temples offrent un digne asile au«MisdeCimabuë, qui affranchit!a peinture de la manièreMditionneHédes

Byzantins,et du

Giotto, qui ajoute la

grâce~l'expression à la sévérité du dessin de son maitre.Dansun autre ordre de faits,l'Italie était toujoursla source

of~utaledes seulesgrandes sciences connues au moyen ôgeJedroitet la théologie. Les quatre fameux docteurs de Bo-Mgne,quenous avonstrouvés en possession de la célébritéau tempsde Frédéric Barberousse, ont laissédes successeursdignesd'eux, et qui font longtemps autorité dans l'Europeettitre.Accurse,né à Florenceen 1182,discipled'Azzo, pro-h~enr &Bologne, dou~ d'une mémoire prodigieuse avaittteMinidans sa.Crandc Glosetontes les remarques, toutesinobservations faites par ses prédécesseurs; il est pendanttmtle treizième siècle l'idole des jurisconsultes, malgré lestnears où l'entraine souvent son peu de connaissancede latit~ratureaocienne. BientôtBarthole, né en 13t 3, professeur ~]Mee,éclaircit par des Coinmentaires plus développéslesGtcsesd'Accurse, et, dans un traité iotituté Du Couuentf-~a<«'J<:la Tyrannie, signale la pente où se laissaitglisser ttpttne.

Au onzième siècle, Lanfranc, né à Pàvie en t005, plustt~ archevêquede Cantornéry; Pierre Damien,né en 1001;H~tAnselme,né à Aoste en 1034, successeurde Lanfranc,Mtientréellementles premiers fondé la sciencede la scolas-tique,enappliquant le raisonnement à démontrer tes chosesdela foi, et la science à appuyer l'autorité de l'Eglise. Au~oolièmeet au treizièmesiècle encore, l'inspiration italienneMéfient,renouvelle cette science à double tranchant aussi"tite pour bâtir la cité ecclésiastiquedu moyenâge que pour «Mer la Jérusalem céleste faite à l'image de la première.Pierrele Lombard, né en 1164 près de Novare, donne à lathéologieles plus solides et les plus profondes assisesdansMalivreintitulé ~eMaîtredessentences,tout entier fortifiéde propositionsextraites des Pères. Saint Bonaventure, néent22t, surnomméle dbc<e«r MrapAf<y«<,voyantle souve-

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LIVRE VIII.190

rain bien dans l'union avecDieu, et lavérité dans la contem- plation du divin Être, surmonte l'édiSce comme d'unemystiquecouronne. Saint Thomasd'Àquin,né en 1245,coor-donne, cimente le tout avec la logique sévère d'Àristote,d'après le système complet et vigoureuxqu'il laisse danssaSomme

théologique. Une seule

tentative, celle de Jean

deParme, avait menacé l'unité et la continuité catholiquedasystème; sa voixavait été promptement étouffée;il fut obligé par Martin IV de déposer le généralat des franciscains.

Dn'y a pasau moyenâge jusqu'à lamédecinequine prenneson essor en*Italie pour dominer de l!t l'Europe entière.L'Ecole de Salerne, déjà célèbre au neuvièmesiècle,érigéeen Académie par Roger de Sicile, et confirmée par FrédéricBarbérousse, délivredes licenceset desdtp~nM non-senle-ment

pour l'Italie, mais

pour tous lés

paysvoisins,et lafleur

de la sagessede l'école salernitainé, ~u~d/lbsm«fK;M)j'fom-tur, composéepour la première fois par un poëtemédecin pour un roi d'Angleterre, fait autorité partout.

C'est dans la péninsule aussi que nait la première unedes grandes littératures modernes. Il n'y avait pas encore bien longtemps que Guillaume de Pouille rimait en latinlesexploits de Guiscard; le chapelain Donizon, la piété de)ïcomtesse Mathilde, et Mussato, les crimes d'Eccelino. Ai

jubilé de l'an 1300,Villani a l'idée d'écrire l'histoire, pour la gloire de Florence sa patrie, qui s'élèvetandis que Romeest sur sondéclin,et depuis, il s'acquitte de cette tâchearetune intelligencedes choseset unegravitéde style qui décèlentl'étude des modèleset la pratique de la vie politique.

Enfin la poésie italienne abandonne les voies frayéespMles poëtessiciliens et les troubadours-lombards,imitateursdeceux de la Provence. Brunetto Latini, Guido Cavalcanti,Florentins, savants et poètes à la fois, ouvrent la voie.L'instant de la maturité était anivé; Dante Alighieri rthèleàl'Italie sa langue nationale, vulgaire, sa ~a<c c~tfffM,et laisse dans un poème immortel l'expression la pluscom- plète et la plus vraie de cette époque tourmsntée et féconde.La profondeur mystique de saint Bonaventuro et la dialec-tique ardue de saint Thomas d'Aquin, la haine et l'amour,!c

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 191

(ddeguerre de l'homme de parti etle soupir du troubadour,h théologieet là politique, l'orthodoxied'un moine à 1'égarddela doctrine de l'Église et le libre penser d'un patarin àF~ard de ses membres, l'attachement d'un guelfe pour lalibertéet celuid'un gibelin pour l'ordre, le cielet la terre, lemondeet Florence semblent se mêler, se confondrea l'envidansla Comédiedivine, comme pour nous livrer lesecret del'Italieavec celui de l'exilé florentinet de l'amant de Béatnxtransngurée.

Cen'est pas cependantsans un sentiment obscur mais réelMsi des choses que le poète, frappé d'une tristesse infinie pMl'abaissementdel'empire et du saint-siége, ensevelit pour ainsidire cette vivanteépopée italienne dans les cerclesdel'autremonde, du Parada et de ITn/er. Au sein de la pros- péritépublique,pante, éclairé par leschagrins et l'amertumedel'exil, met le doigt sur les germes d'une décadence pré-nuttorée.L'empereur etle pape avaient, il ëst vrai, déchirélé pinssouventl'Italie, mais ils étaient pour elle aussi un prin-tiped'union et de grandeur. C'était sous leur égide que la péninsuleavait parfois trouvé quelque unité, et pu se croireencore,dans son orgueil traditionnel, la ma!tresse des peu- ples.Dante n'avait pas assezd'admiration pour tout ce quiavait porté le titre d'empereur, pour Auguste, Justinien,Charlemagne,ces bras du Christ, qui avaient réformé lesIon, protégél'Église et donné la paixau monde. Mon siège,monsiège, s'écriait aussi saint Pierre par la bouche du poète, mon siège est vacant devant le filsde Dieu, et n'est plusqu'un cloaque de sang et de pourriture. L'Italie, eneffet,erre comme égarée depuis qu'elle n'a plus les deux pôlesentre lesquels elle avait si longtemps oscillé. Mise enfacede ses divisions, elle s'y livre sans mesure, abrite sesintérêtset ses passionssousles vieuxnomsde guelfeet de gi-

belin,triste héritage de haine laissé par le pape et l'empereur. Nobles puissants dansles campagneset riches bourgeoisdanslesvilles,se disputent trop souvent le pouvoir sous desdra- peauxqui ne trompent plus personne. Que les gibelins, ditDantelui-même, prennent une autre enseigne; ce ri'est passuivrel'empire que se séparer de la justice, et il implore la

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LIVRE VI!Î.192

présencedeCésar < Viensvoir, dit-il, hommeoublieux,viensvoir les factionsse déchirer dans les vi~es, les Monaldestbiet les Fitippeschi,tes Montecchietles Càpuletti,deux nomsimmortalisa aussi par un antre poéte, comme les typesde

ces passionsde toutgenre qui déchirentla péninsule. Tele<!en effetl'état de l'Italie. L'hostilité du principe anstocratiqotet du principe démocratique menace déj~une indépendan<e

plutôt tolérée par l'empire qne conquisesui lui. Elle estle principal obstacle à l'établissement de l'unité à l'abri delaquelle seulement pourrait se développer le sentiment na-tiohal.

La liberté municipale même n'est pas établie sur un ter-rain moins mouvàut; c'est encore par un acte de leur librevolonté et

pour leur

plus grande tranqnHHtéque les

citf;lombardes commencentà se donner des maires. Mais il estdangereux pour la liberté de jouer avecla servitude, et lesservices de la tyrannie sont rarement gratuits. L'ItaHe, ditDante, est pleine de tyrans, et tout manantqui intrigue e~ pris pour un héros Dans les villes toscanes, l'exclusion portée contre les nobles indique plus dedéHanceque de forteréelle. La jalousie de la grosse bourgeoisie contre les gensde petit métier, la servitude dans laquelle les citoyensdesvilles tiennent les habitants de la

campagne; les hostitit~

continuelles des riches contre les pauvres, du peuple ~r<ncontre le peuplemaigre (pra'~um inler populumcrassum<(

populum macrum), des citadins contre lès métayers rendentimpossiblel'affermissementde la liberté, regardée commeun privilége et non comme un droit. Aprèsles révolutions,onfait des réformes, dira plus tard Machiavel, non dans nnintérêt générât, mais pour l'affermissementet la sécuritéd'un parti. Onregarde la proscription en masse de toute uneclasse, noble,grasseoumaigre, commele seul moyend'éviter une guerre d'extermination, et on perpétue ainsi la guerre;les bandesd'exilés(fuoruscili) errent par toutela péninsn!e,épiant l'occasionde rentrer dans leur patrie, invoquantl'étranger pour apprendre de lui l'art du retour. L'instabilitéde ces institutions, si frêles que ce qu'on avait ()Menactobre n'arrive pas à la mi-novembre, fait ressembler les

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L'ITAUE MONARCHIQUE HT HËPUBUCAINH. 193

~pttbiiqnesà ces maladesqui, ne pouvanttrouver de repos,agitent sur leur couchede douleur. Italie, s'écrie le poëte,tjbitationde douleur, vaisseausansnocher dans une anrense~pête, ta n'es plus la maîtresse des peuples, mais un lieu~prostitution. Ceuxqui viventdans tes contréesse font une

)[<terreimplacable; ceux que les mêmes remparts protégent« rongent l'un l'autre. Cherche, misérable, autour de tesmes,et vois si une seule de tes provincesjouit de la paix. »

H<*Me<Mt<Me«t~)re<tMte<<MMM~t~M <«)tte t~tMlee tyr~Bt(tZi~.t~Z).

Riend'étonaant qu'au milieu de ces querelles et dans l'ar-<mr de la lutte, les partis tournent encore les yeux vers le

papeet vers

l'empereur sinon dans

l'espoir de trouver le no-dier qui puisse les tirer de !a tempête, au moins par désir deninereleurs adversaires. Les noms de guelfe et de gibelint~nt perdu leur sens primitif couvrent des rivalités mes-qdnes. Maisles papes,du fondde leur retraite fixée,en 1309,it Avignon,les empereurs perdus dansl'océan de la féodalité

t tSemande,ne peuvent plus exercer qu'une intervention plusmeiNe qn'uti!e et l'histoire de FItatie pendant plus d'unatde,n'est plusqu'une suite dorévolutionset decontre-révo-Mons

qui se

propagent d'un bout à l'autre de ia

péninsule, à

dMqneapparition d'un pape ou d'un empereur, à chaqueMnementqui dép!ace!eshommes et les forcesdu pays; tristehmet reOuxoù doivents'abimer cesdeuxnouvelleset fragilesMm;netes,la liberté et l'indépendance1

11y avaiten Italie, dans {'oppositionde la monarchie na- politainedu midi et des nombreuses répnbnqnes du centre ettt nord,une première grande causede désordre. Depuis !athnsktion du saint-siége en France, le roi de Nap!es.Robert,successeur de Charles II, on 1309, était le por~on-Mgedominantde!a péninsute son appui faisait le triomphe~tmotrsdans !a Toscane,desguelfesdans )a Lombardie, envamot,des aristocraties bourgeoisescontre la noblesse. Les pbc!iDs,c'et-t-a-dire,à Milan, lesViscontiét leurs nombreuxclients,à Bologne, !esLambertazïi, à Florence, les blancs,

MST.D'tTALtE. t~

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LIVRE VMI.t94

variétéde gibelins, s'adressaient alors comme exilés, comme/u<M*M~<t<t, pour obtenir des secourscontre leurs ennemieiCésar leur ancien protecteur. L'an 1310, par un rappro-chementsingulier, le pape ClémentY et l'empereur s'enten-dirent contre le roi de Naples, qui avait pris la placedusaint-siége à la tête des guelfes.

Après une absence de cinquante-sixans, un nouveaucésar,le jeune Henri VII de Luxembourg, descendles Alpes pMle mont Genis,favorisé parAmédée V, duc de Savoie,donthmaison commençait h se mêler plus activement des aSairad'Ita!ie il avait une faible escorted'hommes d'armes etart provision plus petite encore d'écns, mais il était en revancheflanqué des légatsde ClémentV. Le papeet l'empereur, don.nant l'exempte de l'union, voûtaient, disaient-ils, étonBettoute discorde. Cette exhibition pacifique, orthodoxe,d'mcésar jeune et chevaleresque, réveilledaus toute leur candeur les vieillesillusions de l'Italie, et ouvre un instant lescœanà l'espoir et à la concorde. Le poète Dante salue le premier le revenant, et le conjure, dans son livre de r~/nt/edMpo~voir (de~MarcAta), au nom de la raison, aunom de la foietde l'humanité, de donner la paixà l'Italie et au monde, ? prenant pour lui la toute-puissance. La noblesselombardese précipite au-devant du jeune homme, promettantde luifaire

faire le tour de l'Italie, l'oiselsur te poing; la populationdesvilles remue au cri de Vivail popolo les émigrés de tctt parti et de toute commune arrivent et grossissentle cort~timpérial.

Le jeune empereur reçoit à Milan la couronne de fer,Mmilieu de la joie générale, dans l'église de Saint-Ambroise.Il récompense la fidélité d'Amédée de Savoieen le cr~Mt prince d'empire, ce qui lui fait faire un premier pas damla péninsule. Il.promet de ne faire aucune différenceentre

les guelfes et les gibelins, ordonne partout la réconcilia-tion, la rentrée des exilés, et remplaceles vicairesde Robertde Naples par des vicairesimpériaux. La ville de Gènes,lasse desquerelles de ses famillesnobles, se donneàlui pour vingtans et reçoit nn podestatde sa main. Cependantl'ilh)-sion et l'accord sont de courte durée. Henri VII ayantrendu

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LIVRE VIH.196

Lucres et battit l'ainedes61sdn roiRobert, chefdestronpe!guelfes de Toscane, près de -Montetatini(1315). DanshLombardie, Matteo Visconti, le vrai chef des gibelins, <MStégalement les lieutenants de Robert. Mais l'ambition et l'é-goïsmecommencentàsefaire jour dans ces lattes oùla libertéseule avaitautrefois fait battre les coeurs.Hugues de laFag.giuola n'avait délivré Lucques et Pise de Robert de Naplesque pour chercher à les asservir. Ce premier essaidedespo-tisme ne réussit point en Toscane. Les Lucquoischassentk filsde Hugues Faggiuola sort de Pise pour secourir sonfit!;les Pisans lui ferment leurs portes. Dans la Lombardie,aicontraire, Matteo Visconti profite de ses succès pour s'em- parer de Pavie, Tortone, Alexandrie, et commencerà fairedesa seigneurie un Ëtat véritable. Seigneur de Milan depuisla mort de l'archevêque son oncle qui y avait déjà exercék pouvoir temporel, il est le véritable fondateur dela fortunedesa maison. Investi dn vicariat impérial de la Lombardie,i!domine dans toute la vallée moyenne dn Pô. On l'appelitMatteo le Grand.

Le pape Jean XXU, sorti ehnn, en 1316, de la difSd!<électiondn conclave,tente, avecl'alliancede Robert de Napleset les sommesénormes quele Saint-siëgeamassait àAvignon,de reprendre aussi du pouvoir en rendant l'avantage M!

guelfes. Hommeambitieux, théologienpédant qui se fit acte-ser d'hérésie et ne se corrigea jamais du péché d'avarice,ildéclare Robert de Naplesvicaireimpérialen Italie, et eMon~munie Matteo Visconti, qui ne voulait point renoncer ~«titre qu'il tenait de Henri VII. Le seigneur du Milanais, poMtoute réponse,met le siège devant la ville de Gènes, alorsM pouvoir de la factionguelfe, afin d'y ramener les DoriaetlesSpinola (1318). Robert, à la tête de vingt-cinq vaisseau!,!t

jette dans la ville; les guelfes génois, commetous lesautres

Italiens, préférant la victoire de la faction à la libertédeh patrie, le nomment seigneur de Gènes pour dixans. Lesd&tinées des factionsse débattent pendant dix mois à ce si~emémorable. Toute l'Italie prend parti. Visconti et les gibe-lins, rappelés cependant par les hostilités des guelfesdeBrescia, se lassent les premiers et lèventlesiège.

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 197

Encouragé par ce succès, Jean XXII envoie nn légat, Ber-trand duPoiet, et un prince français, Philippe de Valois, déjàme!éaux affaires italiennes, pour reprendre l'offensive. Vis-tùntienferme Philippe entre le Pô et le Tessin et force le

ttttnr roi de France à signer un traité honteux. Mais, pour-auviensuite par des craintes superstitieuses, errant d'églisetnég!ise, il rend bientôt l'espoir à JeanXXII en transmettant,Je Mnvivant, son autorité à son fils Galéas, a6n de mourir en ptixavec l'Église (1322). Le légat du Poïets'empare d'une partiede la Lombardie.

A défaut du seigneur de Milan, le drapeau gibelin fut ce- pendant tenu en Lombardie et en Toscane par CastruccioCMtracaniet Cane della Scala.

Celui-ci, le

plus généreux des chefs

gibelins, qui recueillait

Danteà sa cour, avait été mis jnsque-ià dans l'ombre par MatteoVisconti. Il prit alors le premier rang. Petit-fils de ceMastinodella Scala qui avait recueilli l'héritage sanglant desRomano dans la marche de Frioul, maitre de Vérone, Vi-tecce,Trévise, il en avait la puissance. I! arrêta le légat danslaRomagne, de concert avec lemarquis Azzo d'Este, rétabiidmsFerrare en 1317, et battit mêmeIesBo!onais, quijouaient peu près dans la Romagne le rôle de Florence dans la Tos-

eme. L'heureuxseigneur

de Vérone y gagna

.le surnom de6nmd,qui avait appartenu à Matteo Visconti (1324).

Dans la Toscane, Castruccio Castracani avait appris dans denombreuses aventores à traders l'Europe à connaitre leshommeset les choses. Il mit son expérience au service de sonqbition- Chargé du gouvernement de la ville de Lucques, ilMchercha qu'à soumettre à son autorité les vi!!es gibelinesdela Toscane, sons prétexte de les défendre. Après avoir Mioaédeux fois contre la Sère Pise, le tyran de Lucquestournases entreprises contre les villes guelfes de la Toscane,espérant plus de la reconnaissance des gibeHns s'il battaitd'abordleurs ennemis. Après avoir acheté Pistoie d'un petitMigneur qui l'avait volée à un abbé, il attaqua la républi-quede Florence par le val de Nievole et le val d'Arno infé-rieur; lui prit plusieurs châteaux, et la pressa si bien quelesFlorentins, en 1325, prirent pour capitaine un certain

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HVRE VHI<t98

Raymond de Cardone. Cet homme de guerre, qui ne voyaitdans le métier des armes qu'une occasion de gain, sous pr<-texte de menerles Florentins à l'ennemi, lesfit passerpen-dant les chaleurs de l'été par les marais de Bientina, afindeleur délivrer à bon compteun plus grand nombre de congés.CastruccioCastracanin'eut pasgrand'peineà battre près d'AltoPosciocettearméedécimée par ladésertion ils'emparamem)du carroccioBorentin,et vint par bravadecélébrer unecouru jusque sous les murs de Florence (t327). Dante le disait bien Tout manant qui intrigue est pris pour un héros.CastruccioCastracani, dont Machiavela cru plus tard devoir célébrer l'habileté, ne recueillit cependant pas' de cette nt-toire les fruits qu'il an attendait. A bout de moyens, il ap- pela à son tour l'empereur Louisde Bavière.

Arrivé en Italie en 1327, l'empereur d'Allemagne parutagir comme il fallait pour dégoûter à jamais les Italiens,guelfes et gibelins même, de tonte intervention impériale.Couronné solennellementà Milan, en présencedes princesOBdes ambassadeurs d'une partie de l'Italie, le césar tudesquemontra bientôt qu~iln'était venu que pour lever en Italie lestributs qu'il ne trouvait pasen Allemagne. If fit saisir Ga)eMVisconti, seigneur de Milan, commecoupabled'avoir trahilacause des gibelins; il s'empara de ses forteresses, de sestroupes, et le fit jeter dans les/bur~ de Monza,affreuses pri-sonsque celui-ciavait fait bâtir lui-même et ou l'on ne po<]-vait se tenir ni debout ni couché. En Toscane, sur le conseilde CastruccioCastracani,qu'ilfit duc deLucqueset de la Im-nigiane, il assiégeaPise, la ville fidèle par excellence,quis'était ruinée pour les césars transalpins, y mit garnison,enoctroya la seigneurie à sa propre femme, et lui imposaunecontributionde guerrede centcinquantemille florins.ARome(1328), reçu par les Colonna,il se vengeades excommunica-

tions portéescontra lui par Jean XXII en le déposantcommeun hérétique, et se fit couronner par un antipape avecl'appuide Castruccio,qui, nommé sénateur de Rome et comte pata-tin de Saint-Jean de Latran, porta devant lui pendantla céré-moniel'épéoimpériale. Il voulaitmarcher delà sur leroyaumede Naplescontre le roi Robert qui avait fait son fils seigneur

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 199

))eFlorence. Mais la mort de Castruccio le mit dans l'impossi-~t<téde pousser plus ayant. Insulté par les soldats de Robert jtKqnedans Ostie, hué par le peuple de Rome, il fioit sonopédition comme il l'avait commencée, par des actes de ra- pMitéet d'ingratitude. A son retour dans la Lombardie, Azzo~isconti, rentré dans Milan après la mort de Galéas, moitié p~r force, moitié par capitulation, ferma les portes de latilleà un empereur devenu odieux à tous, fit la paix avec le ptpe, dont il accepta le titre de vicaire pontifical, et inquiétaLoais jusqu'à Trente, d'ou celui-ci repassa honteusement enAllemagne(1329).

La conduite de Jean XXII et de Louis de Bavière n'acheva pMseulement la ruine du sacerdoce et del'empire, elle dé-moralisa complètement la péninsule; et dans des luttes où

touts'aflàissa, les marchés substitués aux combats, les vie-toiresde l'argent remplaçant celles de l'héroïsme, montrèrenta)f6samment dequelles hauteurs on était descendu.Aprèsla retraite de l'empereur Louis de Bavière, Florence, quicommençaità avoir plus de confiance dans l'or que dans lefer,acheta le beau val de Nievole, d'où Castruccio lui avaitMosétantd'inquiétude. Pise revenue, et pour cause, de safidélitéà l'empire, chassa de ses murs la garnison impérialeenla payant grassement. A Mantoue, un Louis de Gonzague

pour venger une injure personnelle fit passer la seigneurie delaville, des gibelins aux guelfes, en s'en emparant,. et com-mençaainsi la fortune de sa maison..Si l'Italie, après avoir perdu toutes ses illusions au sujet de

l'empireet du saint-siége, conservait encore quelque espoir dansla chevalerie, cette sentimentale expression d'un mondequiapprochait de sa En, l'apparition de Jean de Bohême, en1330,le lui fit perdre encore. Ce brillant et généreux cheva-lier, fils d'empereur et roi de Bohême, qui parcourait les

tours del'Europe en redresseur de torts et en pacificateur,trait beaucoup à faire dans la péninsule. L'enthousiasmequ'excitason arrivée parmi les Italiens, toujours prêts à s'é- prendre de toute nouveauté, parut d'abord devoir lui rendretout facile. En vrai chevalier, il mettait son entreprise sonsl'invocation du saint.siége, et prétendait tout pacifier, tout

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UVRE~t!200accorder. On se livrait à lui sans défiance et sans honte.DDn'était point à craindre commeun empereur, et c'étaitle plus brave et le plus noble étranger qu'on pût prendre pour sei-gnenr.

Jean se méprit cependant en

s'imaginant que les Italiens

l'appelaient sérieusement comme un pacificateur.En rappe-lant indifféremment tous les exilés, guelfeset gibélins, eacherchant à s'entendre avec les Scala et le légat du Poiet,avec les Viscontiet le vieuxroi de Naples, il mécontentatoatlemonde.Il voulaitréconcilier les partis; il y réussit, maiscefut en les réunissant contre lui-même. Florence fit alliance,en 1332, avecles seigneurs lombards, contre lui. Une aita-que générale eut lieu sur tous les pointsà la fois. Jean deBohême, étonné de ce changement subit, courut à Parme,à Bologne, à Lucques; mais bientôt las de cette étrangeversatilité, suspect même au légat du pape, pour lequet Ns'était compromis,il terminaen brocanteur son rôledecheva-lier redresseur de torts, vendit Parme auxRossi, ReggioaMFogliani, Crémone à un autre (1333) et abandonnale iégttdu Poiet qui fut obligé de déposer ses pouvoirsà Bologne.

L'alliance des petits despotes et des petites républiques,l'union du principe aristocratique et du principe démocrati-que n'étaient pasdurables.

MastinodellaScala croyaitpouvoir comme son pèresuccé'der aux projets qu'avait formés Mattéo Visconti en Itaiie;infidèlele premier au traité d'alliance, il garda Lucques, anlieu de la livrer à ses alliés; il excita les nobles de Pise àreprendre le gouvernement au peuple, et tenta de former contre Florence, avecles exités,une ligue gibeline. Florenceeffrayée réunit, en 1336, la ville de Venise, Obizzod'Esté,Louis de Gonzagueet AzzoVisconti,ad dMo~attonemetrui-naM, pour la désolationet la ruine de ce voisindangerem.Elle mit chezelle le pouvoir auxmainsd'un grand juge dicta-torial, nommé coHMn;a~ur, Jacques d'Agobbio, qui fit deson pouvoir un usage que souvent on trouva trop rude.

Mastino dellaScalane put tenir tête à cette ligue formida- ble. Les Vénitienss'emparèrent de Trévise; Vi~contirepritBrescia. Mastinorecula, et offrit de céder ce qu'on lui avait

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pris. Les Florentins, malheureux dans tontes leurs entre.- prises, furent seuls à ne pas profiter des revers de Mastino.lisacquirent, il est vrai, et fort cher, la seigneurie d'Arezzo;mis Venise, satisfaite des premières acquisitions faites audehorsde ses lagunes sur le continent, traita bientôt avecMastino,et se Et assurer ]a libre navigation du Pô. Pour Flo-rence,elle n'eut pas même Lucques; Pise la luidisputa àMBtour, livra bataille à son armée sous les murs mêmes delavilleen litige, fut victorieuse, et en resta maîtresse (134ï).

Florence se vengea des échecs de son ambition sur sa pro-M liberté. La servitude semblait, pour toutes les villes, leMaier refuge contre les dissensions et l'anarchie, ou la con-séquencenaturelle de la décadence de leur esprit militaire etdeleur coutume d'enrôler des volontaires étrangers chargesdeles défendre. En 337, Taddéo de Pépoli, l'homme le plusnAe de l'Italie, avait fini par séduire la garde allemande,mtretenue par la ville de Bologne il s'empara, avec son aide,du palais publie, suspendit les assemblées générales, et obtinttthne d'être reconnu par le pape en lui payant un tribut an-tMl de huit mille livres. Deux ans plus tard, en 1339, aKces, las d'une constitution qui donnait aux nobles, repré-KBtés par deux capitaines, le pouvoir de le persécuter, et

disait sans autorité l'Abbé,magistrat particulièrement chargédesadéfense, le peuple institua, au milieu d'une révolte, unemgistrature unique et plus puissante en faveur de SimonBoManera,son premier doge; c'était au moins une institutiontttionaie, régulière, dont l'autorité sut souvent maintenir lesMons.

Le peuple de Florence, à son tour, attribuant ses revers au~&ntd'unité de son gouvernement, nomma, en 1342, capi-ttinede la justice et général de ses armées, un certain Gaul-

fierdeBrienne, duc d'Athènes, in par/t&tM. Cet aventurier pleind'ambition et de ruse, Français, né à Athènes, était un~ees habiles entrepreneurs detyrannies qui trouvaient alorstropaisément dans les désordres de !a péninsuleà exercer leur industrie.H ruina par ses artifices le crédit du gouvernement'i<'Mconfiéa ce qu'on appelait la grasse bourgeoisie; il pro-aut~la noblesse de la combler d'honneurs, au peuple maigre

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 203

M t~'<e ~«nu~te e<le Mttm Mettm*tttMMt(tt~t).

Aumilieu de ces désordres, la ville de Rome avait encoreeseendn plus bas les degrés de l'anarchie. Toujours sons

Mtorité nominale des papes, qui choisissaient'le sénateur,mis sans avoir an moins les avantages de leur présence,hMne~sans gouvernement réel, était en proie aux factionsM Colonnaet des Orsini. Ceux-ci, retranchés dans le Co-ts~eou dans les antres ruines de la grandeur romaine,

livraient des combatsacharnés, et ne s'entendaient qaeoar piller les habitants, déshonorer leurs femmes, dé-)6ciUer les églises et rançonner les pèlerins. Le sénateur,tpréfet et les caporioni ou chefs de quartier n'y pouvaientMB.

Après]a chute de la papauté et de l'empire, et dans la dé-faillancede laliberté, il fallait un mobile bien puissant pour trrMherl'Italie à ses misères. Sur la foid'une idole nouvelle p'Hss'étaient pris &adorer, sur la foi' del'art qui semblait)tar rendre, dans les régions de l'idéal, tout ce qu'ils per-~tientdans le monderéel, les Italiens s'efforcèrentun instantf&happer a la décadence qui les menaçait. Dante, aussitôtt~s samort, en t32t, avait trouvé la viequ'il avait cher-tMede son vivant, » l'immortalité < chez ceux qui appelle-tmtsontemps letemps antique.

Vita tra coloroChequestotempochiamerannoantico.Jt

Son poëme,avidement dévoré dans tonte l'Italie, malgré et peut-êtreàcause de Fâpreté d'un frnit si fortement acide,m~nait déjà l'objet d'une sorte de vénérationreligieuse: Detoute part on entreprenait de l'expliquer et de le commenter commeun livre national et sacré. Visconti rassemblait leshommesles plus savants de l'Italie, deux théologiens, deux philosopheset deux antiquaires, pour interpréter le texteMra)ique.Florence, honteuse d'avoir forcéson plus illustreotoyenà monter et à descendre l'escalier de l'étranger, ·tedemandaitles saintes reliques au seigneur de Ravenne, daMenta,en attendant qu'elle fondâtune chaire exclusivement

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LIVRE VIII.204

consacrée à la lecture et au commentaire de ta divine Co-m~M.

Jalouse de ne plus se faire accuser de barbarie etd'ingra-titude, l'Italie tout entière se mettait aux pieds du successeur de Dante, et traitait à l'égal d'un empereur ce roi d'une non.velle patrie. Fils d'un Florentin exité, nourrissant deux pas.sions idéales, l'une pour l'ancienne gloire de Rome, l'antre pour une noble dame d'Avignon, Laure, femme du syndic,Hugues de Sade, Pétrarque, par ses hexamètres latins, où ilcélébrait l'antique maitresse du monde, et par ses can~oMmodernes, où il chantait la dame de ses pensées, avait ébranlévivement les deux cordes du souvenir et de l'amour, toujoursvibrantes au fond de toute âme italienne. Nobles, peuple, pape, roi ou prince le comblaient d'honneurs à l'envi. Lacour d'Avignon le choyait, malgré lesreproches violents qu'ililadressait aux papes pour avoir < échangé la splendide reinedu monde contre une boueuse ville de la Gaule. Le roi de Naples, sur ses vieux jours, tout à une science un peu pé-dante, au milieu de son palais rempli de savants, enthou-siaste deVirgile, auquel il élevait un tombeau sur le Pausi-lippe, l'avait proclamé poëte par excellence. Visconti, dansune fête solennelle, lui avait fait prendre rang an milieu des princes. Florence le faisait supplier, par un jeune hommedegrande espérance, Boccace, d'honorer la patrie de son retour.Un orfévre de Bergame, pour le posséder une nuit dans Mmaison, fa'sait décorer une chambre et dorer un lit qni nedevait servir que cette seule fois. On rivalisait pour offriràce souverain d'un nouveau genre le ftwe et le ~<e qu'onaccordait maintenant si parcim'jniousement à l'empereur. An

jour de Pâques de l'année 1341, enfin, le peuple de Romeavait décerné d'enthousiasme au poète ce qu'il marchandaitaux césars; et Pétrarque, couvert du manteau de pourpre,monté au Capitole, avait reçu la couronne de laurier desmains du sénateur, au milieu des cris de < Vivele Capitoleetle poète

Ce fut unsimple Romain, le fils d'un porteur d'eau, disci- ple de Pétrarque, qui tenta de relever Rome et l'Italie par cet enthousiasme de l'idéal qui avait éclaté avec tant de viva-

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 205

(tt~ancouronnementdu poéte. NicolasRienzi, à Rome, avaitconquisl'estime des savants par sa profondeconnaissancedel'tntiquité,et l'admiration du peuple de Rome par l'élo-qnenceaveclaquelleil interprétait les monuments de la puis-:Mteet de la liberté républicaines que les Romains, danstsar insoucieuseservitude, ne connaissaient plus. Envoyéenambassadeà Avignon, il avaitété nommé vicaire apostolique ptr ClémentVI. Bient6t, mécontentqne !e pape ne consentit pointà revenir à Rome, aigri par lemeurtre d'un frère vic-timedela vengeanced'un noble, il renouvelle, avec quelquesdi~érences,l'entreprise deCrescentiusetd'Arnaud deBrescia.A forcede remettre souslesyeuxdesRomains les souvenirs

<nn6antiquitéquerendait plusréelle et plus vivanteàRomelespectacled'une grandeur en ruine, mais encore imposante,Rienzi parvientàexciter,chezun peuple facile à émouvoir,lahontede l'état présent, et l'enthousiasme du passé. Al'enten-dre,ilsuffisait derestituer & Romelesvieillesformesdugouver-nementdeshéros de Tite-Live, ce qu'il appelait le ~onÉtat, pourluirendre sa prospérité et sa grandeur, A la différencedeCrescentius,ce n'était point pour les nobles, mais pour le peuplequ'il voulait changer les institutions romaines. A ladifférenced'Arnaud de Brescia, il faisait sa part aux nécessi-té présentes,à l'autorité pontificaledans ses projets de res-

taurationdémocratique. Il se montrait souvent accompagnéd'anlégatdu papequand il réunissait le peuple autour de luim Capitole,sur le montAventiù, ou en facede quelque mo-numentqu'il savait faire parler ponr le besoin de sa cause.Enfin,le 19 mai 1347,aprèsavoir entendu ia messe à Saint-Jeande Latran, il convoquele peuple au Capitole et y mar-thelui-même tout armé. Le légat du pape était près de luides jeunesgens portant des étendards et des branches de lau-rier l'entouraient. Il harangue le peuple du haut du grand

escalierencore assez bienconservé; il évoquela vieilleRometoutentière; le peuple tout d'une voix demande !e &!<cnoStato,et proclame Rienzitribun, pour l'établir.

Le nouveau maitre de Rome commença par réprimer laturbulenceet les crimes de la noblesse soutenu d'abord par l'enthousiasmede tous, et trouvant de dociles instruments

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LIVRE VIH.M6

dans les treizeMpoWoMtnommésdans lesdiSérentsquartiende la ville, il s'empata des portes, fit pendre quelques bn.gands, imposa assez aux Or~ini, aux Colonna, aux Saveili pour les forcer à venir jurer la paix sur l'Ëvangiie. I) an-nonçal'organisation de milicesurbaines et d'une forcenavalesur les

côtes, âne bonne et

prompte justice, l'établissement

de greniers publics dans la ville pour y entretenir l'abon.dance, et de nombreuses aumônes pour les pauvres, lesveuveset les orphelins de ceux qui mourraient en défendantla patrie.

L'entreprise de Nicolas Rienzi, accueillie en Italie commeelle était exécutéeà Rome avec cet enthousiasme ré:roMti{que Pétrarque avait contribué à faire naître, parutun instantcouronnéed'un plein succès. Les petits seigneurs de Viterbe,d'Orvieto, d'un grand nombre de petites villes voisines, prê-tèrent hommageau tribun de liberté, de paix et de justice,an libérateur illustre de la sainte république romaine. Flo-rence. Sienne, Pérouse lui envoyèrent dessoldats, les villesde la Romagne des députés, Gaéte six mille florins dot;Pétrarque, l'arbitre de l'opinion, encouragea de sesapplau-dissements« le chevalier qui honorait l'Italie entière, etsalua une ère nouvelle de vérité, de paix, de justice et deliberté. Nicolas Rienzi mit bientôt ses projets à la hantentde sa renommée; il ne parla plus que de l'extirpationdetoute tyrannie, et de la réconciliation de toute la sainteItalie dans une indépendance complète. Sescourriers, pot-teurs d'une baguette argentée aux armes du peuple de Rome,du papeetdu tribun, parcoururent toute la péninsule. Il vou-lait réunir à Rome un congrès de toutes les villes d'Itatie, pour aviser aux moyens.d'y organiser la paix et la libertégénérales. Les Scala les d'Este et les Pépoli ne leur firent pas très-bon accueil; mais ailleurs ils furent bien retns;Lucchino Visconti, successeur d'Azzo, et la république deVenise lui offrirent leur alliance. Louis de Hongrie, Jeannede Naples se disputèrent la sienne.

Mais un mouvement qui ne reposait que sur une certaineexaltationdes esprits, et se personnifiait dans un tribun anti-quaire, ne pouvaitaccomplir rien de vraiment solideet dnn-

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LIVREVH!.208de s'échapper, par un triste et tendre respect, sans doute, pour de nobles mais impuissantes illusions dont on avaitsondétout le vide

~M<ede <«S et le jaMté de tttKt ) Mw««cc

La chute parut d'autant plus profonde quand on retombadans la réalité de ces hauteurs de l'idéal. Rome fut en proieà une anarchie plus violente qu'auparavant. A Florence,lanoblesse, le peuple gras et le peuple maigre s'entre-dêchi-rèrent et firent succéder les constitutions aux constitutions.En Lombardie,LucbinoViscontireprit Tortone et Alexandriequi avaient échappé à sa famille. Jeanne de Naples, aprèsledépart de Louis de Hongrie, qui était un instant resté maitre

du royaume,fut rappelée par les barons et rentra dans saca- pitale avec son ancien amant pour époux et une sentenced'absolution délivrée par le pape en échangede la villed'A-vignon(1348). EnEn une peste affreuse, à laquelle Boccaceafait donner le nom de peste de F!oren~e, pour l'avoir admi-rablement décrite, comme Thucydide, dans l'antiquité, avaitillustré la pested'Athènes, vint mettre le comble aux manxde l'Italie. Elle emporta Luchino Visconti, Jean Villaniet bien d'autres. Les effets produits par cefléau,qui enlevatrois

personnes sur cinq, furent encore plus déplorables que leiléau lui-même. Les âmes y perdirent tout ressort et se réfu-gièrent dans un égoïsme honteux ou dans une folle licence.Descendudes hauteurs du symbolismereligieux et passionnéde Dante, ou de l'enthousiasme idéal de Pétrarque, l'art,dans le Décaméronde Boccace,fut mis au service d'un épi-curisme élégant qui glissait volontiers jusqu'à l'obscénité,etne servit plus qu'h distraire les imaginationsdu spectacledeleurs maux et de l'universelle décadence.

Le pape ClémentVI

essayavainementde relever les

âmes,en l'année 1350, par la publication d'un jubilé. Une mer-veilleuse et innombrable multitude de pèlerins, selon Mat-téo Villani, qui porte leur nombre à douze cent mille, ac-courutde toutes les contréesde l'Europe où la peste sévissaitencore, et se succédaaux saintes basiliques. Toutes lesmai-

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L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 209

)OMdeRome, transforméesen hôtelleries, ne sufErent point~héberger les étrangers, qui campèrent dans les rues. Arédhibitiondu saint suaire do Christdans l'église de Saint-Pierre,oncompta plusieursfois jusqu'à six, douze personnes(«Minéesoufoulées aux pieds. Mais en Italie, l'effet moraldecetteexpiationfut petit. Ony savaitqu'à Avignon,depuisJemXXII, il se faisaitcommerced'abbayes, d'ëvechés,d'in-Jdgences le légat du pape, pendant toute l'année du pèle-tiMge,avait augmenté les impôts des Romains, et ceux-ci,aMMtl'exemple qui leur étaitdonné, avaientcherchéà s'in-demniser en interdisant aux étrangers l'importation destarées dans la viHe,'aEnde vendre les leurs à un plus haut~tix.Le lubilé ne fut, pour l'Italie, qu'une spéculationdontJeresteœ~a chrétienté.fit les frais.

téta vtaeentt, etémeht v< et ttme~ettt vt. «nenre<e tMtptenz*.thaHtf de ~tuemb~m-~«a*W.«t<t).Aussiaprès la tentative malheureuse de Rienz~ la peste

de1348et le jubilé de 1350, les villes d'Italie marchèrent phnrapidement vers leur asservissement politique.

Onne vit plus seulementquelques cités tomber isolémenttomde petits usurpateurs. Parmi lesseigneurs, les plus puis-ttntt prétendirent maintenant se tailler aux dépens de lattbertéde petitsEtats dans la péninsule; heureuse après touttdie-ci,s'i!s avaient pu fonderdes établissements assezforts pour sauver l'indépendance commune après avoir détruit lesiibertés particulières1 Maislà aussi les ambitions rivales setMnvèrenten présence. La papauté avec Clément VI voulutmettreà proSt les bénéScesconsidérables qu'elle avait faits, pour faire rentrer les villes de la Romagne sous sa domina-tion.D'un'autre côté, Jean Visconti, d'abord archevêquede

Milan, puis devenu sonseigneur par la mort de sonfrère Lu-thino,en 1349, s'avisa de faire servir ses deux pouvoirsàttgrandissementde sa maison, défendant la croix avecsonépée,et son épée aveclacroix, commeil aimait à le répéter enfaisant porter l'une et l'autre devant lui. Le saiut-siégeetYittontise trouvèrent en rivalité. Visconti acheta Bologne

BIST.C'tTAUE. t4

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2t0 UVRNVUh

des Pépoli, qui la trahirent honteusement après l'avoir MM* pée, etobtintmême,enmenaçant,la ratificationdumarché par ClémentVI, moyennantune redevancede douzemille uorins.

L'imprudence deVeniseet de Gènes,sentescapablesencorede défendre, avecFlorence;le principe républicaindevantles progrès du despotisme, ne favorisait que trop cesentreprisesde la tyrannie. LesGénois,après avoirfortinéPéra à Constan.tinople, GaffaenCrimée,avaientfait l'occasionbellelajatoa-sie de Venise; en indisposantcontre leur despotismecommer-ciall'empereur d'Orient CantacnzèneetlesTartares deCrimée.Les deux républiques se cherchaient encore snr tonteslesmers et conjuraient leur ruine. En 13M, le Génois PaganiMDoria avait battu l'amiral vénitien'Pisani, près dtiGalIipdidans le Bosphore. L'année suivante,,ûne victoirarcp Pisani,qui se vengea glorieusement en vue de Cagliari,*je&tesGé-nois dans un tel découragement, qu'a~oMu~,dit Villani,comme des femmes pcMretMM,ils offrirent la seigneuriedeGènes et des deux rivières à Jean Visconti, dans l'espoir defrapper Venise avecl'aide de ce puissant seigneur.

L'an 1354, en eBet, Paganino Doria, avec une nouvelleflotte que les richesses du podestat avaient aidé à équiper,alla chercher les Vénitiens dans le golfe de SapienzaenMorée, y détruisit leur flotte et fit leur amiral prisonnier.Des désordres civils, rares à Venise depuis l'établissementdu conseil des Dix, affaiblirent encore plus l'aristocratiqotrépublique. Le doge Marino Faliéro, vieillard fier et ja-loux, humilié de l'impuissance du premier magistrat dehrépublique, aigri d'ailleurs par un outrage personnel, voolut profiter de la défaite essuyée par une noblesse tyrannique pour renverser le conseil des Dix et la constitution. Lacon-spiration fut découverteà temps; la têtedu doge, jugé secrè-tement par les Dix, assistésde vingt seigneurs, rouladuhaut

de l'escalier des Géants devant le peuple consterné. Le non-veau doge, Gradenigo, craignant quelque éclat du méconten-tement populaire, se hâta de faire la paixavecGènes,depayer les frais de la guerre, et de renoncer pour les Vénitiensaucommercede la mer Noire (sept. 1355).

Jean Viscontiattaquait déjà les seigneursàleur tour, qnu~

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L'ITALIE MONARCHIQUEET RÉPUBLICAINE. 211

lenouveau pape, InnocentVI, effraye, envoyasonlégatAlbor-Mzen Italie ponr recouvrer ou défendre les États de l'Église,etencourageal'empereur CharlesIV à passer en Italie.

L'EspagnolAlbornozétait le plushabileetleplusdéterminé

deslégatsquele saint-siégeeût encoreenvoyéen Italie. Favo-MÔencore par lamort de Jean Visconti,il arriva à Romeavecsonancien tribun NicolasRienzi. Gelui-ci, depuis sa fuite deRome,s'était retiré d'abord au milieudes/a<tM//t desApen-nins, puis avait été proposer nn projet de réforme univer-<eHeà CharlesIV, qui venaitde le livrer à la cour d'Avignon.LesRomains éoururent au-devantde celui dont la mémoireleur était encorerestée si chère. Le légat le nommasénateur, b décoradu titre de chevalier, mais se servit de lui pour ré-

tablir la tranquiflité et mettre à Rome un nouvel

impôt sur

lesvinset sur le sel. L'ancien tribun devenu l'instrument du!tint-siége, celui qui avait promis autrefois l'assistance auxnécessiteuxde Rome, créateur de nouvelles taxes, perdit tont(redit.Le peuple, a la première occasion,se souleva.NicolasRienziessayade parler, mais son éloquencefut impuissante;obligéde fuir sous un déguisement au milieu de son palaisenflammes,il fut bientôt atteint, reconnu,trainé jusqu'au basdu Capitole par des furieux et mis h mort (1354); exemple

hppantde la

périlleuse impuissancede

l'imaginationdansles

entreprises politiques, en facede l'intelligenceréelleet prati-qaedes choses, mais qui ne désabusa pasencore Pétrarque,l'amidu tribun, toujours prêt, comme ses compatriotes, àMiner une lueur d'espérance dans tout événementnouveau.

Lorsquesur ces entrefaites Charles de Luxembourg, le filsdeJean de Bohême, entra en Italie, en l'année 1355, Pé-trarque l'accueillit comme Dante avait autrefois accueilliHenriVII. a Le diadème, l'empire, une gloire immortelle,récriaiti), lui étaient assurés; la route du ciel lui était ou-rerte;l'Italie, Rome, tête de l'univers, le luigarantissaient,ense précipitantau-devant de lui et en chantant avecVirgile

VenistitandemtuaqueexpectataparentiYicititer durum pietas.»

L'historien Villani plus positif nous montra, dans un récit

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LIVREVU!.212

qui ne manquepasd'ironie, le cotévrai des choses L'empe-reur descenditles A)pes, monte sur un roussin, au milieuIldegensdésarméscommeun marchand presséd'aller enibire.'Messire Barnabo, un desneveuxde Jean Visconti,le reçutàla tête de sixmille chevauxet de dix mille piétons,etl'escortasi étroitement jusqu'à Monza, où il le fit couronner, quel'empereur ne fut pasfâckéd'échapper à cette prison cour-toise. Reçu avecun empressement plus sincère par Pise, et par les seigneursgibelins des Apennins,il ne cédacependant pasaux sollicitationsde leur haine contre Florence, et aimamieux vendre la paix à la villeguelfe. A Rome, où il restaquelques jours en pèlerin, occupéà faire ses dévotionsaaisaints lieux, il ne parut commeempereur qu'à la journée dncouronnement. A son retour en Toscane, il réussit à exciter à Pise une émeute qui fit passer le gouvernement des mainsdu parti démocratiquedes Bergolini,attachés à Florenceetàla paix, dans celles de Raspanti, toujours fidèlesaux vieilles passions gibelines. Mais il échouadans ses projets d'arracher Lucques à la domination de Pise. Lesfactions dePise seré-concilièrent pour la défendre; Charles IV rentra en Alle-magne par la Lombardie, au milieu des villes qui lui fer-maient leurs portes (1356), et Pétrarque désabusé s'en pritdans sa douleur à la papauté, qu'il sollicitait aussivainement

de rentrer à Rome. Il fuit, s'écria-t-il, le césar, seul, sansescorte. Les délices de l'Italie lui font horreur. Il dit, pour se justifier, qu'il a juré de rester à Romeun seul jour. 0 jonr d'opprobre serment déplorable1 Le pape, qui a renoncéàRome, ne veut pas mêmequ'un autre s'y arrête. IDusionsnaturelles après tout et qui n'étaient que celles de l'Italieinvoquant dansses discordesun principe d'unité.

Mmrnxhe~t«<m<t~Atbofn<m;«thertne de <ttenM(<asa.<a*o).

Pétrarque dépensait un enthousiasme inutile. Le tempsn'était plus auxgrandes luttes de principe; il ne s'agissait plus ni du pape, ni de l'empereur. H n'y avait en présenceque des ambitions vulgaires et des rivaiités mesquines.Le

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LIVREvm.ai4

armée, Malatesta, seigneur de la Romagne. contre les deuxcondottieridéjà an pied de ses murailles, mais moins pour la protéger que pour t'asservir. Florence repoussacependanttons ses ennemiset déjoua toutes les intrigues; maisPise, alaquelle elleimposala paix(1364),paya plus cher les secoursinefficacesde Barnabo, et tomba sous le joug d'un GiovanniAgnelle, marchanddiplomate, proclamé doge par les soldatsde Visconti sur la promessed'exercer le pouvoir an profitdatyran milanais.

Depuis deuxans, nn pape doué d'heureuses qualités étaitenfin sorti du conclave(t362). Pétrarque lui-même, désabuséde la liberté et del'empire, se tournait entièrement versUrbain V. La volonté de Dieu, lui écrivait-ii, se déclaradans votre élection avec une telle évidence qu'elle éclairemême les aveugles; le Christ, notre Dieu, nousregarde enfinen pitié, il vientmettre tm terme à ces mauxqui depuis tantd'années nous accablent. Albomozcomptant sur les qua-lités du papepour relever tout à fait l'autorité dusaint-siége,le rappela en Italie, lui prépara nn palais à Viterbe, etsomma les villesde Gènes, de Venise, de Pisé, ainsiquelareine Jeanne de Naples, d'envoyer des vaisseauxen Provence pour servir d'escorte ausaint-père. Urbain V, après avoir relâché à Gènes,débarqua, en 1367. à Corneto.Reçu parle!députés des Romains, qui vinrent lui offrir les clefsdu châ-teau Saint-Ange et le reconnaître pour seigneur, il vouluttirer parti du premier effet produit par sa présence pour for-mer contre les Viscontiune grande ligue. Il y fit entrer lareine de Naples, qui venait de prendre nn nouvel épotn,Jacques d'Aragon; le roi de Hongrie, et même l'empereur d'Allemagne, Charles IV. Les deux Visconti, Barnabo sur-tout, commençaientà faire horreur à l'Italie. Cedernier avaitrendu une ordonnancedétaillée par laquelleil faisait, dela

peine capitale, une torture quotidienne de quarante jours.Pendant laseconde peste qui ravagea l'Italie, il s'était retirédans une maison de chasse an milieu d'une forêt, et avaitfait planter des poteaux à deux milles à la ronde pour me-nacer de mortquiconque franchirait la limitequ'il avaittra-cée autour de lui. On pouvait espérer exciter contre les

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L'ITALIE MONARCHIQUE BT RÉPUBLICAINE. 2t&

Viscontiun soulèvement pareil à celni qui avait précipitélachutedes Romano. Mais les Visconti, tout en maintenanthnrs sujets dans l'obéissance par la crainte des supplices,'tïtient, grâce à leurs richesses, la main dans le reste deITtalie,où ils soldaient des tra!(res et tenaient à leur discré-

tiontous les capitainesde compagnie. D'ailleurs, l'empereur ChartesIV, sur lequelon comptaitsurtout, montra encorele~htslâche égoYsmeet la plus honteuse incapacité.

Entréen Lombardie en 1368, il licencia son armée pour mesommeconsidérable payée par les Visconti. Dans la Tos-cane,il se montrait prêt à confirmer à Agnello son titre dedoge,lorsque les Pisans chassèrent celui-ci. Les honneursqu'UrbainV lui prodigua à Rome ne lui inspirèrent pas plusde grandeur et de courage, Charles IV fut toujours le mar-

(Aand/bratnque nous avait déjà dépeint Villani. Au retour,Sienne,il se trouva tout à coupséparé de sagarde, entouré par desbarricades et pris respectueusement par la faim. Piseluifermases portes. Il fut encore heureux de lui vendre la paixet de trouver aussi à tirer deux cent mille florins deLacquespour prix de sa liberté; bien précieux, mais peudurable,quand on est réduit à l'acheter au lieu de le con-quérir 1

Le paperesta livré sans défenseà lavengeancede Bamabo,

quilançale chef de compagnie,Jean Hawkwood,contre lui.Envain Urbain V fulmina l'excommunication Barnabo litManger le parcheminde la bulle au légat pontifical. Albornozn'était plus là; effrayéd'une lutte avecun homme qui se pré-tendait pape, empereur et roi sur son territoire et déclaraitM<MmêmetmpuMMntà faire quelquechosequ'il ne voudrait pat,Urbain Vquitta la partie et retourna mourir à Avignon(t370).< II a déserté sa noble tâche, s'écria Pétrarque, pour prouver qu'il est difficile, pou de commencer de grandes en-

treprises,mais

d'y persévérer. Si le Christ ne se lève

pour sa

propredéfense,c'en est fait.Il était besoin d'une telle intervention les légats laissés

par le papedans les principales villes ramenées à la soumis-sionde l'Église, a Bologneet à Pérouse, compromirent toutel'œuvred'Albornoz.Pour la plupart d'origine française, en-

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UVREViH.216

tourésd'étrangers tout occupésà ramasserde l'argent, aulieude se liguer avec les seigneurs ennemis des Visconti etavecles villeslibres de la Toscane, ils firent trêve avec les pre-miers et se tournèrent contre Florence. Les Florentins, indi-gnés, formèrent une commissionde huit membres, nommésles huit

deFa

guerre, pour se venger des légats, conclurentune ligue avec Sienne, Lucques et Pise, et traitèrent, deleur côté aussi, avec Visconti pour arracher la Romagneàl'Eglise.

Barnabo, arbitre de tous, n'eutqu'à laisser faire; une ar-mée considérable, rassemblée par la ligue avec un drapeausur lequelétait écrit en lettres d'or le mot Z.<~r~/ passalesApennins et appela toutes les villessoumises par Albornozàla révolte (1376).En dix jours, quatre-vingts villes ou bonr-gades secouèrent le

joug des légats, se constituèrent en

répo- plique et rappelèrent leurs anciens seigneurs. Le 20 mars,sous la conduite de Taddeo des Azzoguidi,le légat fut chassade Bologne, legonfalon du peuplearboré sur lagrande place,douze an~tant et un gonfalonier de justice nommés ponr administrer la république. Les sénateurs de Rome et lesça- porioni reçurent de Florence l'étendard de la liberté eten-trèrent dans la ligue. En vain les Florentins, cités devantleconsistoire, furent frappés d'interdit et d'anathème; ils for-cèrent les prêtres à rouvrir les égliseset à célébrer les offices.Les légats, furieux, déchaînèrent les compagniessur la Ro-magne et yautorisèrent toutes les horreurs. Le cardinal-~gt!Robert de Genève, arrivé en Italie à la tête de la compagniedes Bretons, la plus féroce de toutes celles de France, traitshorriblement la ville de Césène, et au milieu du sac eicihlui-même au meurtre et à l'incendie. Barnabo se crut au mo-ment de saisir la couronne d'Italie au milieu de l'anarchie.Une sainte, Catherine de Sienne, fut arrachée à ses extases par ces sanglantesréalités, et demanda grâce pour i'Itaiie.Elle écrivitau pape pour le conjurer de rétablir non passadomination, mais la paix en Italie. Dieudéfend, lui disait-elle, d'avoir tant égard à la grandeur et seigneurie tempo-relles il vous oblige surtout à racheter les âmes et hfaire pour la paixtout cequi sera possible. Grégoire XI, succes-

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4L'ITALIE MONARCHIQUE ET RÉPUBLICAINE. 2t7

«or d'Urbain V, crut devoir intervenir en personne; il con-toquaun congrès pour la pacificationde la péninsule à Sar- Nae,etvint à Rome en 1378,maisseulement pour y mourir.Stmortamena le grand schismeà la place de la captivitédeBabylonesans remédier à l'anarchie.

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LIVRE IX.

MTAUEANARCniQtJE.

Le grand schisme()378); UrbainV!et OémentVII. Révolution!t Napleset à Florence;guerredeChiozza(t3?8-t384). Jean Galéas,ducdeMitan,décadence politiqueet morate(t385-t40?).–Disso)utiMmomentanéeduduchÊdeMitan;agrandissementdeVeniseetdeFioreMt(H09);conci!edoPise; Ladislas(t4M-t4t4).–BracciodeMontonet<etSforzaAttendolo;le papeMartinVet ta reineJeanneU <t4U-)4M).

Philippe-Mariereconstituele duchédeMi!an;te condottiereCtf-magnola(1420-1431). Nouveauschisme; Angevinset Aragontu;guerresde PhiUppe-Marie(1432-1447). FrançoisSforza;CosmedeMédicis;StefanoPorcaro(1447-1453).

Le grand athtame (<oa); frb~tt VM et ttément Vt<

Libertà dolce et disiato bene!Mal conosciuto a chi talor no'I perde.

<'Liberté! bien précieux et désiré, qu'on n'apprécie quelorsqu'on l'a perdu

Tel est le commencement d'une des dernières odes com- posées par Pétrarque quelques années avant qu'il mourût,en t374, au milieu de la plus effroyable anarchie. Le poéteavait fini dans un complet découragement, ne croyant plusqu'à la science et rendant le dernier soupir sur le grecd'Homère. De tontes ses anciennesespérances it n'avait, enmourant, rien conservé. La liberté n'était maintenant pour lui qu'un regret amer. Il ne comptait plus sur l'efficacitédela présence du pape en Italie, ni même sur son retour. Iln'avait plus connance dans cette race tudesque, qu'un désir

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L'TAME ANARCÏUQUE. 219

MMgtede l'Italie obstinée contre son propre bien appelaita dépitdes barrières élevées par la nature. Il n'invoquaitBtintenantque la pitié du roi du ciel en faveur de ce beau

de cette chère patrie, dont la parole ne pouvait plus périr les blessures < celui-làseul, écrivait-il, était capableladoucir les cœurs, et d'arrêter le sang qui coulait à flotstNSl'épéede l'étranger. » Ntalie cependant espéra encore quelque chose du réta-

Nissementde la papauté à 'Rome après la mort de Gré-are XI, en t378. L'élection du pape était redevenueune[teMiontoute nationale. Il s'agissait d'arracher le centre det péninsuleaux légats impitoyables et aux compagniesra-ece!.Les Romains profitèrentde l'obligation où étaientlesttdinaux de tenir le conclave dans le lieu où le dernier xiatifeétait mort, pour demander un pape romain ou touta moinsitalien. Les seizecardinaux, dontonzeétaientFran-{tit,cherchèrent en vain à retarder l'élection le peuple en-nMtleur palais en menaçant defaire leurs <~M plus rouges p<f<ur~chapeaux. L'évéqne de Bari, Italien, sujet du roideNaples,mais qui avait passé presque toute sa vie enFrance,fut élu (8 avril). On espérait que ce choix satisferaittMtesles exigences. Mais Urbain VI, an lieu de travailler M<ménagement à la conciliation des intérêts, se montra

Italienà outrance, maltraitant les cardinaux français, mena-(tntde faire une promotion qui les annulât tout à fait dans'ktMrécoHége.Ceux-ci se retirèrent cinq moisaprèsl'étection<tMla villed'Anagni; etlà, sûrs de l'appui du roi de France<)dela reine de Naples, entourés d'unecompagnie d'aven-tuiersfrançais, ils déclarèrent la nomination de l'évoquedeM nulle, le saint-siége vacant,et élurent le cardinalRobert<eGenève,homme puissant par ses alliances, magnifiqueet belliqueux,qui prit le nom de Oément VII. Celui-ci, re-

tatHlià Naples par-la reine Jeanne, sa protectrice, espérait bienrenverser son rival. Mais le peuple napolitain, attachéàUrbainVI, son compatriote, se souleva et chassa le papehuçais,qui consomma le schisme en fixantsa résidenceàATignon.La restauration du pouvoir pontifical, commencée jarAlbornoz,compromisepar leslégatsfrançais,futajournée

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LIVRE IX.azo

à la captivité de Babylone succéda le grand schisme qui devaitdurerencore plus longtemps; et an même instantdes querellesnaquirent partout, entre les factions à Florence, entre Gèneset Venise, snr mer, entre deux compétiteurs dans le royaumede Naples.

m~TttmttoMit Naples et t M*rc<ce ~nerrc <tt t M<tM«(<an«-t~e<).

La guerre précédemment faite par Florence à l'Eglise avaitrendu aux gibelins et à la famille des Ricci, principalementdans la commission des huit de la guerre, unoinfluence qu'ilsétaient décidés à ne plus perdre. Après la paix, privés detonte participation au pouvoir par les guelfes et les Albizzi, encore

maitres du gouvernement régulier, ils résolurent de profiter de l'arrivée de Silvestro de Médicis(mai 1378) à la chargede gonfalonier pour se relever; ils pouvaient compter sur lesarts mineurs jaloux des arts majeurs, dont les membres com- posaient presque toute la seigneurie, et sur la partie la plus pauvre de la population, les ciompi, dontles métiers inférietutne formaient pas de corporations particulières, mais étaientsubordonnés à d'autres arts, comme par exemple les teintu-riers, les tisserands et les cardeurs rattachés aux drapiers dam

le grand art de la laine.Silvestro de Médicis, riche citoyen des arts mineurs etassez ambitieux, proposa une loi destinée à protéger le peuplecontre les grands, et à rendre leurs droits politiques auxRictisur le refus des prieurs et du grand conseil; il fit appeler le peuple aux armes du balcon de la seigneurie, et, sons lapres-sion de l'émeute, une taHe, on commission spéciale, fut cr~e pour satisfaire à ses désirs. Mais le mouvement ne s'arreh pas la; les ciompi, mécontents d'avoir servi seulement d'in-

struments aux familles

puissantes, demandèrent

que lesarts

mineurs fournissent les magistrats de la seigneurie danshmême proportion que les arts majeurs, et que trois non-velles corporations, formées des gens de petit métier quin'avaient pas encore trouvé place parmi les arts, fassentrevêtues des mêmes droits politiques; puis ils se répandi-

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1/ITAUE ANARCHIQUE. 221

rent en tumulte dans la ville, brûlant les maisons de leurstherMires, entre autres celle des Albizzi, tout en élevantdei! gibetspour y pendre les voleurs, jusqu'à ce que la sei-gneurieeût promis de faire adopter leurs demandes par leconseilcommun. Médicis admettait !a réclamation des artsMineurs,mais non celle des ciompi ou compères. Quand ils'tgitde délibérer sur ces demander quelques membres dutonseilne se rendirent pas à la séance, d'autres s'enfuirent,d'autres refusèrent opiniâtrement. Les exigences du peupleMgmentèrent; il demanda qu'aucun membre du populo mi-MMne fût poursuivi avant deux ans pour une dette moindrede-cinquanteflorins, que la banque de Florence (il monte) neMmt plus la rente mais remboursât le capital, de manière àee quela dette de l'Ëtat fût amortieen douze ans. Médicis lui-

mêmefut enrayé, la plus grande agitation était dans la ville;il crutqu'il fallait faire quelque exemple pour en finir; mais,!anouvelleque la seigneurie. avait fait mettre à la torture

ende leurs chefs, les ciompi se rendirent en armes devant ie~)~Iais,le 23 juillet, aux cris de Wt'a el popolo. Médicis aban-donnala seigneurie, qui voulut résister, mais appela vaine-mentles compagnies des différents quartiers. Les ciompi,maîtresde la place, entrèrent violemment dans le palais, etnommèrentgonfalonier l'un d'eux, un cardeur de laine, Mi-

thelLando, qui s'était emparé du gonfalon de l'État, et piedsCM,à peine vêtu, avait !e premier forcé les portes.Le cardeur de laine se trouvait être un homme d'énergie et

de sens; il constitua un nouveau gouvernement, une sei-gneuriecomposée, selon le vœu du peuple, de neuf membres,troisdes arts majeurs, trois des mineurs,- trois du petit peuple(</eMapMe m<HU<a)et se montra décidé à rétablir l'ordre et le règne de la loi. Mais les ciompi ne se mon-tèrent point satisfaits de ces conquêtes toutes politiques. Ils

engèrent, avec menaces, l'adoption des mesures financières

qu'ilsavaient proposées. Michel Lando leur représenta quec'étaitattenter à la dignité du gouvernement qu'ils avaienttonstitué,et promit d'examiner consciencieusement leurs de-mandes;il n'obtint rien par la raison; alors, se mettant à latêtedesarts m~MM et mineurs, il dispersa les ciompi par la

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UVREIX.8M

~brce. Le cardenr de laine eut voulu maintenir la constitn.tion qu'il avait fait respecter; mais, détesté des ar~ ma/tur<sur lesquels il avait pris le palais de la seigneurie, regardécommeun traitre par les ciompicontre lesquels il l'avaitdé-fendu, soutenu faiblement par les arts mineurs, qui auraientvoulutenir les uns et lesautres en équilibre, il ne put empe-cher ceux dont il dépendait maintenant d'abuser de leur succès. Ils chassèrent de la seigneurie les trois prieurs desciompi, firent une constitution tout en faveur des arts mi-neure, qui devaientfournir cinq prieurs sur neuf, etexclurentles ciompi de toute magistrature politique. Michel Landelui-même, frappé par la victoire remportée sur les siens,rit passer son autorité aux Alberti, aux Médicis, aux gibelins,aux arts mineurs,qui prontèrent seuls de la révolution;dé-couragé, il quitta noblement sa chargeet fut reconduit arttles apparences de la reconnaissance par les officiersde laMi-gneurie dans sa modestedemeure, où l'ingratitude ne denh pas cependant le laisser en paix.

La guerre, qui avait éclaté la même année entre les demcités maritimes de Gènes et de Venise, arriva pendant lesdeux années suivantes, 1379et 1380, à nn degré d'animositéqui semblaitdevoir amener la ruine de l'une ou je l'autre.

Louis Fiescoattaqué, en 1378, par Vettor Pisani au mi-lieud'un orage,envued'Actium, éprouvale premier un échttassezconsidérable. L'année suivante, LucienDoriaentradansl'Adriatique et livra bataille à Pisani, devant Pola; il futta<dès le commencement du combat, mais les Génois le Yec-gèrent en détruisant presque entièrement la flottevénitienne.Le sénat, qui avaitimposé à Pisani l'ordre de combattre,)tfit jeter en prison pour avoir été vaincu. Cette rigueur nereleva pas la république. Pierre Doria, successeurdeLucien,emporta la ville et le portdeChiozzaqui commandentunedes

nombreuses ouvertures de la longnediguede sableou a~tn,entre la lagune et la mer. Venise n'avait plus qu'une flotte,alors dans le Levant, sous le commandement de Zéno. Ellesongeaità traiter mêmeà transporter le siège du gouverne-ment dans t'ile~'d<t ~Candie.La dureté des ennemis, quin<voulaient point .entendreparler de négociations avantd'i-

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L'ITALIE ANARCHIQUE. 233

~ir mis un freinaux chevauxde Saint-Marc, rendit lecou-ttgeaux patriciens. Ils firent à la république le sacrificede~or orgueil

Yettor Pisani fat délivré et mis à la tête de la défenseMtionate.La seigneurieoffritd'inscrire sur le livre dor. lestt~nte plébéiens qui feraient les plus grands sacrificesà la pttno. Un marchand pelletier paya mille soldats, un apo-ÙUtairearma un navire; trente galères sortirent bientôt des(tMux.Vettor Pisani, en dépit de deuxémeutes, résista cinq moisdans les lagunesjusque ce qu'au 1" janvier 1830 Zéno~Tintdu Levantavecsa Sotte. Les Génois à leur tonr forentM~gés dans Chiozza.Tous les secours envoyés de Gênestestèrentinuïites. En juin, comme ils cherchaient a s'é-tbitpper sur des bateaux, pour rejoindre une flotte amenée pul'amiral MaruSb,ils furent surpris et oMtgésde serendre~~crétion. Lesdeux républiques, cependant, épuisées par cettelutte à outrance, en vinrent, l'année suivante, à faire la paixde Turin sous la médiation du duc de Savoie. Mais telt;tl'avantaged'en gouvernementfort que Venise,obligée ce- pendantde renoncer à ses possessionscontinentales, se releva pfomptementaprès avoir vu la ruine de si près, tandis queGènes,qui avaitmanquéseulement une victoirecomplète, seKmi(dilficilementdes effortsqu'elle avait faits pour vaincre~9 était déj!t en proie aux longues et dangereuses rivalitésdesambitieusesfamilles desAdorni etnesFrégosi qui avaientremplacécelles des Doria et des Fieschi, des Spinola et desGrimaldi,récemmentexiléessous prétextede rendre le calmeM'Ëtat.

A Naples,la reine Jeanne s'était compromisevis-à-visde<msen poussantau schisme par l'élection de ClémentVII, eten prenant ouvertementcelui-ci sous sa protection. Excom-muniée par Urbain VI, menacée par son peup!e,'iombée plusqpedans le mépris, dansle ridicule, par son troisième ma-riageavecOthonde Brunswick, elle se jeta dans les bras delaFrance et appela pour son fils et successeur Louis, ducd'Anjou,afinde greffer une nouvelle branche angevine sur le trônedégénérédu frère de saint Louis. Urbain VI ne vou-ait pasavoir pour voisinun roi ennemi il s'adressa en Hon-

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L'tTALiEANAHCmoUH. 225dedeux femmessoutenues, l'une par le pape italien, l'autre par le pape français.Au miti~u dececonflitEtdes excommu-nicationsqui atteignaient les uns et lesautres, la plupart deslirons napolitains refusèrent l'obéissanceaux deux préten-dants,et le royaume, plongé dans la plus profonde anarchie,CMMd'exercer aucune influence sur le reste de la pé-amsaJe.

~MMttixMM veut ténutr tTKaUeee)Ma*<~))thKMw~q <tee)t<etttet*tt<t<t<teet tn<Mr«te(«M <4<M).

Les seigneurs de Milan, an Nord, avaient beau jen. LeMnxBarnabo, traîtreusement attiré dans un piège, avait ététMassinë par son neveu, Jean Gaiéasqui, ayant rétabli l'n-

nitédela seigneurie du Milanais (1385), reprit les projets deDominationgénérale de ses prédécesseurs. C'était un tyrandecomplexionà la fois lâche et ambitieuse, mais d'une mé-thtnceté profondémenthabile. H avait pris à sa solde la com- ptgaiede Saint-George, la plus redoutable alors de tontes,maisqui lui rendit moins de services encore qu'une politi-queastucieusequi savait mettre tout à profit pour atteindreMnbnt.

Dansl'onest de ia Lombardie, ce tyran gouvernait déjà !eMontferratcommetuteur du

jeune marquis; à l'est il tenait

dmssa dépendanceAlbertd'Este à Ferraro et Louis de Gon-a~neà Mantoue, en les poussant à descrimes odieuxqui neleur JaiMaientd'autre refuge que sa protection.Dans la mar-chedeVéroneil détruisit l'un par l'autre les Scala et tes Car-!<re.Venise vit à regret, mais trop tard, se dresser la cou-kntredes Visconti en facedu lion du Saint-Marc; AmédéeleRouge,comte de Savoie, plus Français qu'Italien, Gênesen proieà ses factions, restaient seuls indépendants du tyran(basle nord de la

péninsule.LaLombardieainsidomptée, Jean Galéasattaquala Roma- pteet laToscane. MaisFlorence enrayéeentra résolumentenlite.Elle prit à sa solde Jean Hawkwoodet donna de l'argentàFrançoisCarrare dépouiHéqui alla chercher des alliés enAllemagne,rentra dans Padoue par lelitde la Brenta (1390),

HtST.D'tTAU)!. 15

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LIVRE IX.226

reprit toutes ses forteresses, et força Galéas à rappeler sestroupes pour maintenir dans l'obéissance Vérone prête àsesoulever. L'année suivante, avec l'argent de Florence, lecomted'Armagnac, un condottiere, attaqua le Milanais par l'ouest, et Jean Hawkwood pénétra par l'est avec François~Jarrare. Mais cette fois, Jacques del Verme, chef de cettecompagnie italienne de Saint-George qui joignait à la bra-voure ordinaire aux condottieri une discipline et une tacti-que entièrement inconnues aux autres compagnies, battitettua Armagnacqui s'était avanceaSMXimprudemment jusqueAlexandrie; bientôt revenu en faced'Hawkwood,il rompit!Mdigues de l'AdIge et resserra son adversaire au milieu d'un pays inondésur une étroite chausséed'où il nesetira quepar des prodigesde hardiesse et de courage.

Malgréces derniers succès, Jean Galéas rendit Padoae 1Carrare (1392), espérant davantagedesesintrigues quedesesarmes. Pendant la paix, en effet, et à son instigation, ton!ceux du parti guelfefurent massacrésdans la ville de Sienneou exilés à Pise, Pierre Gambacorta, chef du parti républi-cain, fut égorgé avecsa famille par Jacob d'Appiano, sonse-crétaire, devenu l'agent de Jean Galéas. Une conspiratimmenaçamême à Florence la puissancedes arts majeurs. En1396enfin, le titre de duc acheté de l'empereur Wences!M

parle tyran lombard, donna à un pouvoir auquel la trans-missionhéréditaire n'avait pas encore enlevéla tache de soaorigine, un caractère de légitimité qui le rendit plus dange-reux. Le diplôme qui l'instituait duc de Milan et comtedePavie, en comprenant dans la charte d'investiture vingt-suvillesavecleur territoire jusqu'aux lagunes de Venise, c'est-à-dire toutes celles qui, plus de deux siècles auparavant,avaient signélaglorieuseligue lombarde, annonça aux autrescités le sort qui les attendait.

A Gènes,

oùdixrévolution~

s'étaient succédéet dix dogessupplautésen moins de quatre ads, Antoniotto Adornone

sauvasa pa~te~qu'ed lui pertuadant de se donner au toideFrance Cbariet VLqui la fit administrer par unvicaire.Flo-

~euce ne se résignait point encore à en venir là; elle battitdeux condottieri du duc de Milan à Governolo, prèsde

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UVHE tX.928

tionale et chrétienne de Danteet dePétrarque auxrecherchesde l'érudition classique et païenne encore Jean de Ravennee~e Grec Chrysolorasne faisaient-ilsque frayer laborieuse.ment la voieaux enthousiastesérudits do siècle suivant.Dansles arts, les noms de Cimabue et dn Giotto remplacés par

ceux de leurs obscurs élèves Taddéo di Gaddo, GiottinoiFlorence, Lorenzo et Lorenzottoà Sienne, prouvaient quela peinture n'avançait pas. L'église et la sacristie de San Mi-cheli, œuvre de l'Arc~gnuolo, s'élevait à Florence, à côtédeschefs-d'œuvre du treizième siècle,mais sans tes égaler.Dn'y avaitqu'à Milan où Jean Galéas tentât de laisser desa puissance un monument durable dans la cathédrate de cettevillequi fut commencée en 1346,maisqui n'étant pasencoreachevée aujourd'hui, parait comme porter la peine de ce

baptême de la

tyrannie.Les Italiens ne pouvaientmême chercher dans la religionl'oubli deces misères. L'année 1400ne leur apporta pointhconsolationd'un jubilé. Qui aurait eu confiance aux indal-genceado deux papes s'anathématisant l'un l'autre? A défMtd'un jubité officiellementannoncé par le saint-siége, le sen-timent religieux éclata de lui-même dans les démonstrationsdésordonnéesdes pent~th blancs qui parcoururent proees-sionnellementl'Italie, surtout lesvillesde Gênes, Pise, Lne-ques et Florence, dans les années 1399et t400, comme pour appeler les peupleset les cités à la réconciliation et à la péni-tence, s'ils voulaient échapper à la tyrannie et à la mort.I< pestene permit pas cependant que la liberté italienne tom- bât entièrement sous une aussi méprisable tyrannie quecellede Jean Galéas c'eût été acheter trop cher une unité politi-que condamnéed'avance à périr. Après avoir désolé lesré- publiques, elle frappa Jean Galéas en 1402 au milieudela solitude de Marignan où il se croyait à l'abri de sesat-teintes.

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L'ITALIE ANARCHIQUE. 990ZZ?

tttftttrf* tM*«te*<*m<e <ht <<Mte <e Mt)<M* m~r<m<i~tfe<aen<<e vetthe et <te M~remee (<4«)< e«Mtte <e M<M- ~nUthM(t4«.<~«).

Une puissance

élevée par ia violence et la perfidie survittMementà.son fondateur. La mort deJean Galéas faillit en-t~tner la dissolutiondu nouveauduché de Milan; en vain il!HiUtrecommandéà tous sescondottieri, ses jeunes enfants,~an-Marie,ducdeMitan;PhiHppe-Marie, ducdePavie;Ga-Met-Marie, enfant naturel, seigneur de Pise; les capitaines&songèrent qu'à eux-mêmes,ets'enrô)èrent au servicedesennemisdes Visconti ou s'enrichirent de leurs d~pout!tes.~ioMAtbëric de Barbiano passa à la solde des Florentins,(3)ar!esMalatesta de Rimini a celle du pape, del Verme àteUede Venise; les autres ne combattirent les villesqui ser~voîtërentque pour s'y emparer de la tyrannie, comme àAlexandrie,à Parme, à Brescia. La veuve du tyran, Cathe-rine,en essayant de se sauver par la cruauté dont son épouxM avait donné l'exemple, se perdit tout à fait. Le peuplede Milan exaspéré se souleva; elle mourut en prison ettes deux fils, à Milan et à Pavie, ne gardèrent les titresdeduc et de comte que sous le bon plaisir d'hommes deguerreambitieux qui se supplantèrent l'un l'autre au milieudes plus affreux désordres, et firent de l'ancien duché deMilanune foulede petites tyrannies éphémères.

L'aristocratiqueVenise et la démocratique Florence saisi-rentcette occasion pour établir en Italie un. peud'ordre etd*nnitéau profit du principe libérât elles tinrent malheu-renMmenttrop de compte de leur ambition. Venise ne vou-hit plus avoir à craindre un puissant voisinage; elle n'em- peeha pas seulement son ancien ennemi François Carrare,déjàmaitre de Vérone, de réunir les anciennes possessionsde<Scalaaux siennes elleassiégeaceseigneur dans Pad"ue,leforçaà se rendre par trahison, le fit décapiter, ne trouvant pasde prison plussûre pour le retenir que la tombe, et restamaîtressede tout le payscompris entre la Piave, les mon-tagnes,le lac Garda, le Pô et les Lagunes, moins le Man-tonan.Venise laissa d'abord leur constitution aux villes de

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LIVRE !X.230

Padoue, Vérone, Vicence mais elle ne les respecta paslong-temps, sanssonger qu'une'bonne et forte allianceeût mietu:valu qu'une domination contrée. Ftoreace, }e$Albimtoujoursdominants délivrèrentSienne et guerroyèrent contreles petits seigneurs desApennins. Enfin ils tournèrent touteleur attention

sur Pise,non

pourla délivrer,mais

pour lasou-

mettre. Gabriel Visconti, peuaimé des Pisans, venditla cita.delle aux Florentins. Cela n'eut pas suffi pour réduire lesPisans, si Jean Gambacorta,exité, ne fût rentré dans la villesous prétexte de rétablir son parti. Aprèsavoir faitsesaffairescommedéfenseur du peuple, il vendit également sa patrie(1406). Triste fin d'une républiqnequi avait jeté tantd'éclat;mémorable exemplede la liberté se dévorant eUe-mémeen présence de la tyrannie prête à la saisir! En Italie, les répu- bliques regardaient la vie politique comme une lutte, la li- berté commeune conquête, ne se croyaient indépendantesque lorsqu'elles étaient maîtresses, et n'estimaient la victoireque lorsqu'elle leur procurait la domination; ellesne s'aper-cevaient pasqne par les triomphes d'une liberté égoïste,vio-lente et usurpatrice elles préparaient elles-mêmesl'asservis-sement commun. Il fallutdépeupler, ruiner Pise, pour hsoumettre lorsque l'herbe commença à pousser dans lesrues, on put compter sur son obéissance.

Venise et Florence firent au moins un noble usagede leur influence nouvelle en cherchant à terminer le schisme quiéternisait lesdiscordes.En 1406, un Vénitien, GrégoireXII,avait étédonné pour successeurà Innocent VII par les cardi-naux italiensavecla seule mission d'abdiquer. Lesdeuxrépo- bliques insistèrent fortementauprès du nouveau pape italien,comme le roi de France auprès du pape d'Avignon, Be-noit XIII, pourles pousser tousdeuxen dépit de leur mauvaisvouloir à une abdicationcommune. Mais un nouveau prince,Ladislas de Naples, fils de Charles III de Duras, parvenuaprès une longue lutte à chasser les princes d'Anjoudu midide l'Italie, avait pris pour devise ces mots Aut Cesar, autnt/tt<,et il commençaitmarcher par tous les moyens&son but. En 1408 il s'empara de Rome et de quelquesvillesvoi-sines par la trahisond'un Orsini,et persuadant a GrégoireXll

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UVM IX.2M

distas qni leur livra Tortoae. Ils faillirent avoir à s'en repen-tir. Le roi de Naples acheta le surlendemain les troupesdeMontone, et s'empara sur le pape, trompé par un traité, dela villede Rome (1413),d'une partie duterritoire del'Ëg!ise,

et, avec quinzemille hommes,envahit de nouveaula Toseane<

Florence allait avoir à faire Jaguerre sur de nouveauxfraissile roi n'eût succombésubitement à une maladie, suite desesdébauches(l<d4).

t~< <ef e~~tteMteW~Mteete<et«m<<xeet Mur~ A«t<<<)ole t*~e m~tth*V et ht fetme«<HMte« («« t«0).

L'avénement de Jeanne II, reine laide et impudique,livréeà des scandalesqui ne laissaient point de place à l'am- bition. et la réunion du concile jie Constancequi, pour réta- blir décidément l'ordre dans t'Egtise, commença par déposer les trois papes rivaux, promettaient un peu de paixà l'Italie.Dansla Lombardie, Philippe-Marie, par la mort desonfrère,réunissait de nouveauMilan à Pavie. Venise,décidémenthéri-tière du commercede Gênes,défendait Négrepont et Candie,attaqués par le sultan turc Mahomet I". Florence, après tantd'agitations, jouissait en paix de la prospérité que lui assuraitl'administration de deux honnêtes citoyens, Maso AlbizzietUssano, assezéclairéset libéraux pour admettre bientôt an partagedu pouvoird~sadversaireslongtempsrepoussés,entreautres Jean de Médicis.

Les condottierioccupèrent la scène; les qnerelles s'apai-saient, ils crurent le moment venu de travailler pour enï.Les États de t'ÉgIise étaient làsans maitre. Les ManfrediàFaenza, les Ordelaffi à Forli, les Malatesta à Rimini entenaient déjà chacun un morceau. Parmi ces chefs, déniétaient au premier rang, Braccio et Sforza, qui différaient

autant par leur oigine que par leur tactique militaire. Le premier, gentilhomme de Pérouso, à la tête de petits corpsqu'il s'était efforcéde rendre maniables et mobiles, harceiaitles ennemis avectoutesles ruses et tous les piègesde la poli-tique italienne transportés dans l'art mililaire; le second,

brave paysan, qui avait quitté la bêche pour l'épée, remar-

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L'ITALIE ANARCHIQUE. 233

qatbie par sa forceherculéenne, avait su donner de la soli-ditéetde l'aplomb à ses fortescompagnies it attaquait d'en-sembleses adversaires et emportait la victoire par masses.BtMciooccupaitet gouvernaitBologne, qu'un pape lui avait

donnéen

dépôt. Sforzatenait

garnison dans Rome et dans un

mnd nombrede châteauxdes Étatsdel'Égliseetdu royaumede Naples.Bracciode Montone, le premier, rendit leur li- bertéaux Bolonais pour attaquer Pérouse, sa patrie, d'ou ilavaitété exilé fort jeune, y entra (!4t6), et en fit le centred'une principauté qu'il arrondit des villesde Rieti, Narni etMires.Le paysan de Cottignôlaavait des visées plus ambi-tieuses.Maitre de Rome, il voulait être grand connétable delacour de Naples pour mieux réaliser~es plans. Il jeta sans

rergognesa glorieuse

épéean milieu des honteuses querelles

delareine Jeanne et de son nouvelépoux, Jacques de Bour- bon,qui ne prétendait pas jouer le secondrôle commeépouxetcommeroi; il se déclara pour la reine et épousa la sœur dePandolfelloAlopo,un de ses favoris, qui lui apporta uneimmensefortune. Il faillit la payer cher. Jeté en prison par Jttqnesde Bourbon, privé de ses dignités et de ses biensdmsleroyaume, il apprit encore que Braccio de Montone,oubliantla courtoisiedéj!ten usage entre les chefs de guerre,attaquaitses domaines dans les États del'Église, et mettait:Ntsfaçonla main sur la ville des papes où il nomma unsénateur.Sforzase tira de cette situation critique cependant;HMcitaune émeute dans Naples du fondde sa prison, se fitdélivrer et contraignit Jacques à rendre à Jeanne Il le trôneetlalibertéde choisir un nouveau favori. Ce servicelui valutlatitrede grand connétable du royaume; il marcha aussitôtsur Rome, pénétra dans le château Saint-Ange, grâce à und«cardinauxqui le défendait, et chassa son rival de la villee&ilnommalui-même le sénateur.

L'arrivéedu pape Martin Vdéfinitivementélu par le con-olede Constance, pour terminer le schisme (!M8), coupatonrtàcettesingulière lutte de deux chefs de bande au sujet,delacapitale de la chrétienté. Au moment où l'unité ten-daità se rétablir dans l'Église, il eût été singulier qu'uneondottierehéritât des dépouilles temporellesdu saint-siége.

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LIVRE IX.234

Accueilliavecempressement par )~république de Florenceqni croyait de son intérêt et de ce!(n de Mtatie d'aider lesaint-siégeà reconquérir les États pontificaux, Martin VtM. ptoya une adresse qui eut un plein succès. II jeta d'abordSforzasur Braccio,et neconfirmaà ce dernier, battu, la p<~

session de ses fiefs

qu'& la condition

qu'il lui

soumettraitdenouveauBologne;il appela en Italie le jeune Louis III d'An. jou contrela reine Jeanne pour faire diversionetdonnam~me pour auxiliaire à celui-ci Sforza, qu'il détacha de la reine par quelques concessions de territoire. Jeanne, toujoursenquête d'un protecteur, appela et adopta Alphonse V, roid'Aragon; l'arrivée de celui-ci, qui acheta Braccioavech principauté do Capoue, força Louis III et Sforzad'abandon-ner leurs projets. Maille pape atteignit son but; il parvint~àrentrer dans Romeà la faveur de cette diversionet

commençal'oeuvrede la restauration du pouvoir pontifical en Italie. La politique du chef de l'Eglise avait brisé l'épée des dénicondottieri.

~MU~e ~MWe <feeMM«<M to ~nett~ <~ «tt~m!te eMM)t«)tre <)t<t$"et~ («Kp ~4~<).

Mais, en mêmetemps que la papauté, se trouva restauréeaussi la puissance de Philippe-Marie Visconti, héritier decette politiqueconstante dans la perfidie et le crime qui pa-raissait comme l'apanage de sa famille. Un condottiere,François Carmagnolaétait aussi l'instrument de cette restau-ration il lui avait successivement reconquistoutes les villeset châteaux précédemment distraits de sa succession, jusqn~Plaisance, dont il enleva tous les habitants et qu'i) laissa pendant une année dans une solitude qui effraya son ancieamaitre. Maintenantteint du sangde safemme,BéatrixTenda,qu'il avait fait décapiter commeadottère pour se débarrasser du fardeau de la reconnaissance, Philippe-Marie, ce tyranfilaid qu'il craignaitde se montrer aux hommes et %u jour, sitimide qu'il tremblait au bruit du tonnerre, recommençait par des entreprises sur Gènes à menacer l'indépendance df l'Italie. Abandonnés par Florence qui voulaitles forcer à loi

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L'ITALIE ANARCHIQUE. 235

hfrer Livourne,les Génois étaient obligésde proclamer sei- jtenr le tyran milanais aux mêmesconditionsqu'autrefois le

deFrance, et de recevoir de sa main pour doge son capi-tttne,FrançoisCarmagnola(1421). Deux ans après (1423),) tyranchargea au nord Carmagnola de conquérir la val-<eLévantine; au centre, il fit prendre dans la Romagne~e!a et Forli, par Angede la Pergola; an midi enfin, il en-totasur une flotte génoise le condottiereGuido Torello auittonrsde Jeanne contre son ancien a!)~é,Alphonsed'Ara- jM,etvitau moins dans cetteguerre périr Sforzaet Braeciot!on grandavantage.

LesFlorentins agirent alors comme aux jours des grandslégers; ils instituèrent une commissiondes Dixdéjà guerre,trentalliance avec le roi d'Aragon et appelèrent tous les(oadottieriqui avaient servi sous Sforza ou Braecio. Bat~s pu<ont,sur terre et sur mer, dans six engagements succes-Msifs,ils songèrent &Venise, .qui venait de s'assurer duFnoniet de la partie de i'Istrie dépendante du patriarcat.Ott~péehors de la péninsn!e contre les vassaux du roi deHongrie,Venise ne paraissait point disposéeà engager uneMOTeHelutte contre le duc de Milan. En vainl'ambassadeur forentin,me!ant les reproches à la menace, dit au grandtonseit Votrelenteur, en sacrifiantGènes,a faitPhDippe

de Lombardie; en nous sacriuant, vous allez le rendrefc<<f7/a~; prenez garde, s'il faut nous soumettre, queMa~nele fassionsempereur. Le sénat ne céda qu'aux in-tttncesde Carmagnolaqui abandonnait le servicedu ducdeMUM.

D'abordbien traité par Philippe-Marie, adopté par lui et~enn songendre, le condottiereCarmagnolaavait vu peu à pMsoncrédit baisser et ses servicesméconnus d'un mattreombrageux.Il jura de se venger, vint offrir ses servicesàVeniseet décida le doge Foscari et la république à faire'!)iMceavecFlorence, le duc de Savoie,le ducde Ferrare et!eroid'Aragon(1426).

Pourrésister à cette ligne formidable,Philippe-Marie ras-smtbhautourde lui tous les condottieri renommés, CharlesMalatesta, NicolasPiccinino et le jeune FrançoisSforza. qui

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LIVRE JX.236

ne paraissait pas devoir être inférieur à son père. Mais Flo.rence fournit des sommes considérables aux alliés: ellemitsons le nom de cadastre un impôt sur le revenu de sesci-toyens, et Carmagnolafit passer la victoirede son côte. Tan-dis

que les Vénitiens br&tèrent près de Crémone, après m

combat acharné, une flotte équipée sur le Pô par le ducdeMi!an, le célèbre condottiere s'empara deBrescia et desmterritoire, et dent complètementà Macalo l'armée milanaisdivisée par les jalousies de ses chefs (t437). Philippe-Mariedemanda la paix (1428); il céda aux Vénitiens la limitedel'Adda, et de plus le Brescian et leBergamasqne, et promità Florence de ne point se mêler de la Toscane;en réalité,an'attendait qu'une occasionde se venger.

L'année suivanteen effet,commeMartin V excitait par ssexactionsla révolte de Bologne, et que Florence attaquaitLucques, il reprit les hostilités. Un de ses condottieri, Picd-nino, défit en 1430, sur les bords du Serchio, les Florentinsqui avaient vouludétournerle fleuvesur lesmurailles deL~qnes pour y entrer à sa suite par la brèche. En 1431, Stomencore plusheureux, assaillit Carmagnola près de 8oncino,M prit seizecents hommes, le suivit sur les bords du Pô, o&Hallait couvrir uneflottevénitiennequi s'avançaitsur CrémoM,le trompa en feignantde lui otTrirla bataille, et fit passer tmt partie de ses soldats sur la flotte milanaise, qui détruisitM partie celledes Vénitiens.

Carmagnola fut la seule victimede cette défaite; les den procurateurs vénitiens qui l'accompagnaientsans cesselete-naient pour suspect depuis que Carmagnola,après la victoirede Macalo,avait,par unecourtoisiehabitueDeaux condott!en,rendu la liberté à tous ses prisonniers. Le condottiereartit plus d'une fois blessé la noblesse vénitienne. C'étaiett,avait-il dit, des superbes dans ta guerre et des lâches dansh

paix. Le conseildes Dix, après la bataille de Crémone,en)voir une trahison o~t il n'y avait qu'une faute; il maixhCarmagnolasous prétexted'arrêter aveclui un plan de cam- pagne, le 6t recevoir avec honneur aux portes du palais<hdoge, puis saisir, mettre à la torture et décapiter sur la placeSaint-Marc, un bâillon dans la bouche,sans qu'on produisit

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1.'ITALIE ANARCHIQUE. 237

jamaisrien pour expliquer cette perfideet mystérieuseexëcu-ttpn(143a).

tt*Tt<m <«M<mte < Am~ettM et Atm<*m<tt< ))~Mnre<<e ~MU~~e ~MWe (t4M t~4<).

Ma!gréles chancesque pouvaitlui offrir la mort d'un aussittJontabIeennemi,le dac de Milan signa à Ferrare un traité<epaixavec Venise et Florence. Il espérait tirer meilleur Mttides événementsqui s ent alors en Italie

Le pape Eugène IV, successeur de Martin V, obligé deMserouvrir à Bâtele concileconvoquépar son prédécesseur,était bientôtentré en lutte ouverteaveccetteassemblée,quileMèmtitalors de comparaître devant elle, et le menaçait de

<Mposition.A

Florence, après la mort de Maso des~Albizziet

<<tJeande Médicisqui avaient fait régner longtemps la con-tenteentre les partis aristocratique et démocratique,Renaud<MAlbizzi(t432) avait fait jeter Cosmede Médicis dans latHtr del'Horloge, et fait prononcer par une t'aMecontre lui etM principauxamis une sentence d'exil (tM3). Maisl'annéeayante la seigneurie, disposée plus favorablement pour lesMHicis, provoquasur ta demande des nombreux clientsdeCosme,uneautre taHequi rappelait t'exilé pour envoyer à sa p!tteRenaud et les siens; et

Cosme,rentré

triomphalement,Mtevaitles titres de &!cn/a<<<ur du peupleet de p~rede lapa-trie.Enfindans le royaume de Naples la mort de Jeanne IItenaitune guerre de successionque sescapricesavaientdéjà p~paréede son vivant. Les Napolitains se déclaraient pour Renéd'Anjou,le plus proche héritier de Louis III, mort ré-cemmenten Calabre, tandis que AlphonseV, roi d'Aragonetde Sicile,venait réclamer la successionet mettre le siègedevantla villede Gaëte.

La péninsule était juste dans l'état où pouvaitla désirer Phihppe'Mano.La vipère milanaise aimait et trouvait profitMreserpenter sa politique perfideet venimeuse au milieu<!f l'anarchie.Philippe-Marie envoyadansles Étatsde t'ËgtiseFMn;oisSforzaet Forte Braccio,qui sous prétexte d'exécuter les arrêtsduconcile,forcèrent Eugène IV à se retirer à Fto-

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Ll~RE ÏX.238

rence; il fit partir de Gènes pour agir de concert avec Ra~d'Anjou, l'amiral Blaise d'Assereto qui Et prisonnier lerad'AragoDavecses deux frères et les ramena en triompheiMi)att(1435). Florence seule arrêta te tyrân~ Copinede M~dicisse

liguant avec Neri

Càppoh!,habite

capitaine et adn~

politique, exila tous sesennemis, prit à sasolde Sforza,leré-conciliamême avecle pape, et, grâceà ce condottiere, fites.suyer a Piccinino, la défaite de Bàrga qui changea touth

plan de Philippe-Marie (i437).Toutàcoupcelui-cirend la libertéauroi d'Aragon,luifour.

nit des secoure pour rétablir sesaffairesaux dépens deRen~conclut une trêve de dix ans avec Sforza et les Florentins<ttourne toutes ses forcescontre les Etats de t'élise où il Mt.lève Bologne, et contre Venise à qui il cherche à enleverleterritoire précédemment cédé au dei) de l'Adda. Ce renr~ment tourne contre lui. Les Génois avaient, par une vieiBthaine contre les Catalans, embrassé avec enthousiasmehguerre contre Alphonse qui leur avait pris la Sardaignettavait aidé Visconti à les soumettre tout récemment. QM~ils saventViscontiréconciliéavecl'Aragonais,ils sesouIèveM,chassent leur gouverneur, la garnison milanaise et se metH«en liberté. D'un autre côt~ à la nouvelle que Piccmino,)< plus fidèle des condottieri de Visconti, presse étroitemeMBrescia, couvre de soldatsle territoire de Vérone et isoledtcontinent Venise qui commençaità désespérer, Florencede-vinetous les desseins de.Visconti; elle reprend à son serriftSforxa, tenu d'ai)teurs par son traité avecle pape à garantitlesEtats de l'Église, et recommencela guerre (1439)tanditque René d'Anjou, récemment arrivé dans la ville de Naples,et Alphonse, débarqué de nouveau sur les côtes du royanmt,en viennent aussi aux mains. Le renouvellement du schismmet te comble à la confusion.Eugène IV, déclaré contumace par les pères de Bâle, convoque à Ferrare, puis à Florent(1439) un concilerival; tandis qu'il yrassemble des prélitiromains et italiens, et, devantl'empereur d'Orient Patéo!ogatet desdéputés du clergégrec, yfait déclarer après unelongatet savante discussionthéologiquela réunion des deux Ëg!ise<,les pèresdeBàle prononcentsadépositionet élèventà sa p)aM

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L'ITALIE ANARCHIQUE. 239

F~lixV. Les puissances belligérantesen Italie prennent partitthmleur intérêt dans le nouveau schisme le duc de Milan

Alphonsed'Aragon pour Félix Y Venise,Florence, René~njou pour Eugène IV.

LesdeuxcondottieriSforzaet Piccinino furent chargessur-Mtde trancher la querelle politique et religieuse. Le pre-euer,conduisitson armée par les montagnesau centre même~opérations de Piccinino, le battit,annorddulacde Garda,etrepritVéroneun instant tombéeau pouvoir de son ennemi.Metinino,l'année suivante (t4~0)~ essaya vainementd'arra-ther sonadversaire de la Lombardie en se jetant sur la Tos-tMte.Cosmeet Neri Capponifecommandèrentà Sforzade ne~Mabandonnerladéfensedu territoire vénitien, reçurent Pic-

tt~moavec une nouvelle armée de condottieri

soudoyés par ~républiqueet par le pape, et le forcèrentà rebrousser che-minaprès l'engagement -d'Anghiari, où les soldats desdeux~t0sse ménagèrent du reste au point que, selon Machiavel,it n'yentqu'un homme de tué après un engagement dedixhenres.Déjà on répandait plus d'argent que de sang dans les pttrres italiennes la diversion de Piccinino n'empêcha pashM;ois Sforzade chasser les Milanaisdu territoire vénitientt<!emenacer bientôt celui de Vir~nti.

Pressé par

François Sforzaet par

les exigences

de ses pro- pe capitainesqui voulaient proHter de sa détresse pour ved-

(trechèrementleurs services, le duc de Milan croit se tirer tMored'embarras par un de ces brusques retours qui lui~ttienthabituels.Il désarmeSforzaenlui donnanten mariage NEueBlanche avec les seigneuries de Crémoneet de Pon-tremoli)et le fait arbitre entre lui et les deux républiques.Sforzaleur dicte la paix de Capriana (1441).Mais commetou-

jours,PhtIippe-Marie~en traitant, a dissimulé une arrière-txcséede vengeance,et sous la paix cache une guerre nou-telle.Il n'a fait entrer Sforzadans sa familleet ne l'a accabléde biensque pour le mieux perdre. Sous prétextede faire safortune,il envoieson nouveau gendre dans le midi où Al- phonse pressevivementdans Naplesle roi René, puis, aussitôtqu'ille voit éloigné, il se déclare en faveur d'Alphonse, luienvoiedessecours,et se réconcilieavecle pape, auquel il of-

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LIVRE IX.240

fre de rendre la marche d'Ancône, pour accabler sougendresousune liguedes princes italiens (1442).

Cefut la fortune du grand Sfbrza. Le filsdu paysandeCot~tignola n'était pas le premier des condottieriqui eût rêvédefaire servir ses talentset sa puissancemilitaire à la fonda'tM

d'une principauté particulière en Italie. Déjà seigneur d'Aa-côneau centre, de Crémone et de Pontremoli au nord, pos.sessenr de fiefsnombreuxà Naples, il approchaitdu but pixqu'aucun de ses prédécesseurs. Attaqué de tous côtés,m~ par la perfidieet la trahison qui se glisfaient jusque dans<Mcamp, il résotut de ne plus se mettre à la merci d'autrui,etmontra qu'il était digne de tenir la place d'un des printttconjurés contre lui. Forcé d'abandonner !a causede Re<)<d'Anjou qui perdit bientôt Napleset son royaume, dépouiMde ses fiefs dans le

midi,il concentretontes ses forcesdansh

marche on il est poursuivipar Alphonseet par Piccinino,etse défend par des prodigesd'énergie, d'habileté et d'audatt.Deux de ses lieutenants le trahissent pour passer N<ennemi; il les rends suspects à Alphonse. Piccinino<<ses deux fils entrent un instant dans la Marche; il favoriseiBologneune révolte des Bentivoglioqui se mettent àja t0tde la république. Infatigable, mêmedans l'hiver, il surpreidà Monte Lauro le condottierePiccinino, puis ses deux filsiMont' Olmo(1444), et par ces deux victoires fait mourirdechagrin le premier capitainedes Visconti. Cependant Veniseet Florenceencouragées,recommencentalors contrePhilippe-Marie l'ancienneguerre un instantsuspendue. Attaqué jnsqatdans ses États par lestroupesdesdeux républiques, Philippe-Marie se rejeta dans les bras de son gendre, et l'appelaà M*secours en lui promettantpour le décidersa successionmême.François Sforza, avecl'assentimentde Cosmede Médicis,M* banquier depuis longtemps en relation avec lui, se metniten route pour secourir son beau-père, lorsque la mort si-multanée de Philippe-Marie et d'Eugène IV fit tourner leschoses tout à fait à son proSt (1447).

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241L'ITALIE ANARCHIQUE.

MMt~« )MMW*t C««tt de m«<th; wte<MK ~ortturw(<t«W.t«*).

"L'é!ectionde NicolasV par les cardinauxsiégeantà Rome

terminale schisme.FélixVfit un acte

~e soumission,et tout

~fétextefut enlevé aux ambitions qui prétendaient se satis-ttire aux dépens des États de I'ise. En Lombardie, l'ou-~turo de la successiondePhiHppe-Marie, mortsanshéritier )J~time,tourna toute l'attention de ce côté.~edne de Milanavaitfait quatre testamentscontradictoires.

j~phonseV, roi de Naples, s'appuyant sur un de ces testa-nts, le duc d'Orléans sur les droits de ValentineVi~conti~~ée à son père, François Sforza sur ceux de sa femme,apprêtaient à se disputer cette succession.Quatre citoyensttjjanais,dont un Trivutzioet un Lampugnani, pensèrentquetfpeupterentrait dansses droitsau milieu de ceconflit; ils letMlevèrentetrétabiirent !a république. Mais cette forme de~overnement dura peu dans la capitale de la Lombardie.Tîntes les cités voisines, Pavie, Lodi, Parme, Tortone;n!entimité la métropole,au grand déplaisir de celle-ci qui pfétendaitlestenir sous le joug en redevenantlibre. Venise, jtMsi jalousedela républiquemi!anaisequedu seigneur qu'ellet~tp!acait,ne voyait dans les difficultésd'un gouvernement.BMveauqu'une occasionfavorable pour s'agrandir encore aud~ de l'Adda, et continuaitses agressionsen s'emparant deaisance. Obligés dès les premiers jours de leur indépen-dtncede contenir.lesuns et de se défendre contre les autres,!~tMilanaiss'exposèrent à un autre danger en traitant avecSonaet sa brillante armée.Ce puissant condottiereconsentit à se mettre au servicede

«Mdont il avait voulufaire ses sujets dans l'espoir d'arriver ptr cemoyenmêmeà son but. DépouiUéde tout cequ'il pos-<<daitdansle domaine pontificalet aumidi, maitreseulementdeCrémoneet de Pontremoli au nord, n'ayant plus aucun prttettede s'immiscer dans lesaffairesde i'Êgiise, il ne pou-Ttitse faire une principautéqu'en Lombardie. Sonnom seulmaintintdansla fidélitéquelques villes prêtes àsedétacherdeMilan;d'autres, comme Pavie, préférèrent se donner à lui

HfST.D'iTAUE. )(i

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MVRErx.242que de retourner ta métropole, et il lesaccepta. Un de salieutenants repoussaquelques troupes françaisesdu ducd'Or-léans qui voulaiententrer dans le Milanais; lui-même assié.gea Plaisance, la pressa vivement malgré tes tentatives dedéfense d'un condottierede Venise, la prit et lalivra à un sacdont ellenes'est jamais bien relevée. Milan commençantaMméfier desesintentions,profitades premièresdéfaitesde Veni~ pour entameravecelledesnégociations. Sforzafut assez puis-sant pourles rompreet continualaguerre. Ït enlevaauxVéni-tiens'tout ce qu'ils possédaient sur la rive droite de l'Addt, br&taleur flotte sur le Pô près de CassalMaggiore, et rem- porta sur eux en septembre 1448 une dernière victoiretCaravaggio,ouilnt presque toute tenr armée prisonniëre.Les Vénitiens étaient complètement découragés; il leur offrit alors la paix en son nom, .leur confirma la ?<?-session de Brescia avec le Bergamasque et leur promitCrème et la Ghiara d'Adda, à condition qu'ils l'aideraientà conquérir Milan contre laquelle il se tournait main-tenant.

La nouvellerépublique se vit dans le plus grand danger; parmi les condottierià sa solde, plusieurs abandonnèrentMtservice pour s'attachera ta fortune d'unsoldat heureux parmilés villes,Plaisance,Tortone, Alexandriealtèrentelles-mêmesau-devant du sort qui les attendait Milan s'adressaau ducde

Savoie, aux Florentins, an pape. Le duc deSavoieIpi envoytquelques soldats, mais pas assez pour le sauver. Le nonrett pape NicolasVétait toutoccupéde restaurer le pouvoir ponti-fical dans les murs de Rome aux dépens de la commune.semblait de l'intérêt de Florence de favoriserl'aSermissemeetd'une nouvellerépublique en Italie. Mais cette ville n'ét~ plus libre de pratiquerla politiquequ'ette avait précédemmeetsuivie. Cosmede Méjicis, après avoir dominé la répnMiqatde concert avec Neri Capponi, était parvenu à neutraliser k

crédit de son allié, et gouvernait maintenant seul et pres<p<sans contrôle. Lié avec le condottiereauquel il avaitsouventfourni de l'argent, Cosmedisposades Florentins en sa faveur,et lut fit encore passer des sommes considérables sousnua pour assurer l'exécutionde ses desseins. L'argent et le fer,le

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MTAHE ANA~CHIQDE.

{tbd'nnfoulonet ceiotd'ua paysan, a'unirept pour porter der!)iercoup!t!atibert6.

Lessacrificesetle couragedes Milanaisfurent insnfpsapta,S~rza battit les troupesdu duc de Savoie, et réduisit bient~Milanà ses muraiUes;Vepise se ravisa, maistrop tard 4ta penséed'avoir on voisin aussi puissant que Sforza; elle voti"~t taireconclureune paix qui accordait&larépubHquem)!a~!i;Mele territoirecomprisentre l'Addaet leTésin, et àSfor~a,~ptdes plus grandes villes f'e ta Lombardie avecleurs pro~mees. Lecondottierefeignit d'accéder a cesconditions, retiraquelquetemps ses troupes pour laisser les Milanaisépuiser tears provisionsen ensemençant leurs terres, puis revint sur tM pas, intercepta touslesconvoisdevivres,et serra la villedea prèsque le peuple aHamés'empara du palaispublic,ouvrit!M portesau vainqueur, et le laissa prendre sur l'autel de latttMdratede Milan la couronne ducale, le sceptre et l'épée,symbolesde sa digniténouveMe(!450).

Veniseessaya encore de protester contre le fait accompli;elles'allia avecle roi de Naples, Alphonse, jusque-là son en-cemi,avecle duc de Savoie et le marquis deMontferrat pour toctre-balancer i'étroite union de Sforza et de Florence, quichangeaittoute la situation de l'Italie. Une double campa-gnedu duc de Calabre, en Toscane, et de Piccinino, au ser-

ncedesVénitiens,dans le Milanais, tourna Ma confusiondesennemisdu nouveau duc de Milan; la liberté lombarde futdécidémentcomprimée sous une nouvelle maison ducale,Mmmecelle dela Toscane, escomptée par lebanquier du con-dottiere.L'empereur Frédéric III, le dernier des césars alle-mandscouronnésà Rome, forcéde traverserl'Italie commeunsimpleparticulier pour aller recevoirà Liv~urneson épouse,HonoredePortugal, et Rometacouronne impériate(i452), putconstater que l'Italie n'avait repoussé le joug étranger

descésars que pour tomber sous celuide petits tyrans indi-~es.La liberté rendit son dernier soupir l'année suivanteavec

StephanoPorcaro là où elle avait jeté son premier cri avecArnauldde Brescia.Gentilhommeromain de bonne famille,StefanoPorcaro, après avoir cherché deux fois à persuader

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LIVRE IX. L'ITALIE ANARCHIQUE.m

aux Romainsde ressaisir le gouvernementde la villeretombéan pouvoirdu papedepuisla fin du schisme,revint tontàcoupde Bologneou il était exitéen 1453avecquatre centscompa-gnons pour convoquer le peuple au rétablissement do la ré- publique romaine. Saisi, avec les conjurés, dans la maisonde ton frère, encore revêtu de la pourpre sénatoriale, il fat pendu le lendemain, lui neuvième, sans autre forme de pro-cès triste fin d'un homme gënërenx dont quelqu'un, ditMachiavel,a pu louer l'intention, dont tous ont blâmé le ju-gement!

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LIVRE X.346

Dans lesdernières républiques, le nom survivait encore àlichose,maisia libertéen était également bannie.

A Venise,le redoutable conseildes Dixse resserrait encoredans le tribunal secret des trois tn~uMt~Mr~<fEta<. étaMen

145% et dèslors une

policeingénieuse et hardie dansK<

moyens, prompte et terrible dans ses répressions, assnrait partout l'ordre et l'obéissance une in~mesurveillanceet unemême terreur pesaient sur toute la hiérarchie administrauTe,depuis !e doge, les Dixet le sénat jusqu'aux recteurs des pro.vinees, aux généraux et aut ambassadeurs, sans excepter lesecret tribunal qui était la pierre triangulairede tout lesys-tème, et qui avait pris ses précautions contre lui-même. LedogeFoscari, depuis trente-quatre ansà latête de la républi-que, mais pour sa gloire et ses services jalouséde la noblessè,était alors la première victimede ceredoublementde mét!aM<aristocratique.Son fils,misà la torture et exitésur une vagtM

'dénonciation, venait de se faire prendre en détaut par le con-mil, pour obtenir, a Faide d'uh nouveau procèset de tortnrt!nouvelles, de mourir au moins dans sa patrie après avoirem- brassé son vieux père et ses enfants. Le tribunal, malgréhconduitestoïque du doge au milieu de ses malheurs, ne pou-vait lui pardonner même la complicitéde soncoeur,et le forçad'abdiquer, presque aux portesdu tombeau Foscari mouftitéh entendant les clochesqui annonçaient l'installation de sotsuccesseur.

A Florence, la mort de Nert Cappont, en ~455, assuraitla puissancede Cosmede Médicis. Elle était déjàsi bien établitqu'il ne jugeait plus nécessairede provoquer la création rëY<t-lutionnaire d'une balit pouttemplir des nomsde seà partisaii!leà 6oursesdu scrutin. Tous les magistrats entrant eu chargese trouvaient être ses clients.

La ville de Gênes ne conservait plus guère que la IIbet~dechangerses maîtres. RaphaëtAdorno,en !444, avait achet<la première d~utté de !a république, en rend.<ntsa patMtributaire du roi de Naples, Alphonse. Pierre Fregoso, Yaia-queur delagardé napolitaine de cedoge, 6h t450, mais bien-tot attaqué parÀtphonse, allait dans sa détresse implorer tt protectiondu roi dé France.

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L'ITALIE PMNC1ÈRË(1453-1493). 247

Ainsi, au milieu duquinzièmesiècle, apparaissait une Ita-toute ùouveHo;!a p~pinsutè fêtait plus ni guelfeni gi- j~ioe, ni pontificale,ni impériale elle était princière. Les~~tï chefs de la chrétienté étaient oubliés, les deux sectes

brisées ladictaturedes

princesaragonais, Médicisou

Sforza,remplaçaittout; l'intérêt politique des petits États fondés par «H primait toutes les questions.

eM)tt<te)Me<<Mmt <te t~ fttMUtXMMtee.

tes lettres et les arts vinrent alors consoler l'Italie de la~rtë de la liberté. C'est alors que l'étude de l'antiquité quitrait adouci les derniers jours de Pétrarque, que Jean deRMenneet Chrysolorasavaient poursuivieau milieu des plustaisantesmisères du quatorzième siècle, devint l'objet d'unenthousiasme passionné. Poggio Bracciotini, né en 1380,LeonardoBruni l'Arétin, en 1369, l'un secrétaire du saint-t~ge pendant plus d'un demi-siècle, l'autre de la républiquedé Florence,tous deuxélèvesde Jean de Ravenne et deChry-soloras,avaient propagé cette passionduquinzièmesiècle par leur ardente recherche des manuscrits anciens, à traversl'Rirope. Le concile de Florence, qui amena en Italie lethétenr Georgo de Trébisonde, le platonicien GemistiusPlétho,et Bessarion, évêque de Nicée, bientôt fait cardinal pours'être rallié à l'Église romaine,la rendit presque géné-nIe.Lessouverainsdel'Italie n'avaientrien àcraindredecettetetivitéde la pensée tournée tout entière à une science quiversaitl'oubli et dont ils savaient comprimer les écarts etlestémérités. Aussi les vit-on tous à l'envi consacrer leursrevenusà la fondation d'établissements scientifiques, à lacréationde bibliothèques, se disputer les savants, les combler d'honneurs,de bienfaits, et mettre leur luxe dans la protec-ttoadeslettres et des arts.

Eugène IV avait déjà rétabli l'université romaine. Nico-hsV, fils d'un pauvre médecinde Sarzane, qui devait toutesafortuneà son zèle pour les lettres, envoyait de tous côtéstessavants à la découverte des manuscrits; il s'entoura decopistes,de traducteurs grecs et latins; il fit passer de la

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LIVRE X.248

langue grecque dans la latine, parmi les auteurs sacr~,Eusèbe de Césarée~Basile, Grégoire de Nazianze, Chrya).stome, parmi les profanes, tous les historiensgrecs,,et en6afondala bibliothèque du Vatican où il rassemblait déjà cinq mille volumes.

Cosme de Médicisfaisaitservir à l'acquisition des mam-scrits les plus précieuxses lointaines relations de commerce;il s'attacha les Grecs Démétrius Chatcondyle, Jean Argy-ropyle, AndroniscosGallistos, Constantin et Théodore Ln-caris il acheta la bibliothèquede Niccolo Niccoli, qu'il pl~tdans le monastère des dominicains~et fonda cellequi jouit plus tard d'une réputation si bien méritée sous le nomdeJtMJtc~o-Zattre~tenne.C'était à Florence, auprès de Cosme,que revenaient toujours les savantsles pins distingués,aprèsavoir

reçu l'hospitalité d'autres villes et d'autres

princes;nulle part ils n'étaient aussi délicatement honorés, malgrélarivalité dont ils étaient l'objet. Léonard l'Arétin, Poggio,Joccupèrent successivementla charge de chancelier de ta ré- publique. Filelfolui-même, savant discuteur et vindicatif,qui paya un spadassin pour assassiner Cosme, et professaà Ve-nise, à Constantinople,à Naples, à Milan; à Rome, sansfa-voir jamais se tenir nulle part, finit ses jours à Florence.Cosmede Médicis fit plus que de recueillir les savants,ilembrassa le cnltede Platon, transporté de Grèce en Italie par le vieux Gemistius Ptetho. et il fit élever exprès le jeune Marsile Ficin, pour traduire, expliquer le philosophegrec, et commencer cette école platonicienne qui devaitdétrôner l'école philosophique du moyen âge, et son dieuAristote.

AlphonseI", sansdéployer toute la munificencede Cosme,mérita aussi par sa libéralité le nom de ~/a~fMntme.Soussa protectionLaurent Vatta, AntonioBeccadelli, de Palerme,etPontanus relevèrent l'académienapolitaine depuislongtempstombée en discrédit; les deux premiers payèrent le zèleéclairé de ce monarque et de son successeur en se faisantleurs historiographes. Le condottiere François Sforza, itMilan le marquis de Gonzague, à Mantoue, élèvede Vic-torin de Fettre; Nicolas et son fils Lionel, à Ferrare, ce

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L'ITALIE PNNCIÈRE (t453-i493). 249

omier poète lui-même, les Montefeltri à Urbin, suivaient~trainement général.

Ceretour à l'antiquité dans la littérature eut sur les artsne influenceque les plus distingués d'entre les princestliens, Cosme surtout, ne manquèrent pas de favoriser.

OMteIlocommençaà sculpter d'après l'antique; il recueillittt9c!esencoiragements et les secours de Cosmetous lesttMMde chefs-d'œuvredepuis longtemps onb)iés,et ramenaMarts du dessin à la netteté et à la noblessedes formes.tûneDeschitira de l'oubli les ordres de l'ancienne architM-)Mëgrecque; il fit passer les lignes des capricesde l'ogiveàtrente de l'angle droit ou de l'arcade, substitua le dômetMMiaau cône gothique, et prépara une révolution dans'trehitecture. Dans la voie tracée par le premier, le Ma-

attio,rappeléd'exil par Cosme, perfectionnadans la peinturettair-pbscur,arrondit et harmonisa les formes le profondAAngeiieode Fiesoletravailla davantage l'expression et la jtpiooomie. Brunelteschi trouvait un émule dans Michel- NMMichellozzi;Cosmede Médicis, avecce tact exquis etcesentimentde l'art qui ne l'abandonnait jamais, employathennd'eux selon sesaptitudes à bâtir, le secondson palaisteFlorencenomme aujourd'hui palais Riccardi,ses maisonsde campagnede Carreggi et de Fiesole, le premier l'église

Stint-Laurent,l'abbaye de Fiesole et le couvent de Saint-MtKquile préparaient à une oeuvre plus grande. Enfin,tas un travail qui tient de l'architecte et du sculpteur,Corne,en mettant en adjudication les portes de l'églisede$an-Giovanui,donna occasion à Ghiberti d'achever cethtt~'œuvre que Michel-Ange jugeait digne d'orner l'en-tradu paradis.

<~r<))m<m< de !W<t)ttM et Jean de Calabre, 4

~te tt (<4t4 <4<t~

Lesprincesitalienssauraient-ils entretenir laconcordeentretmcommel'enthousiasme des lettres et des arts parmi leursMjtts, pour défendre contre l'étranger l'indépendance deHitliequ'ils avaienta«servio?La paix intérieure était la pre-

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L'ITALIE PRINCtÈRË(1453-1493). 251

~thtt pape en !458, sons le noin de Pie 11,tenta vaine-itMt d'arrêter lëa hostilités; il reconnut Ferdinand par un~té qui assurait au saint-siégela possessionde Bénévent,~te payement d'un tribut annuel. Le nouveau roi trâvaiUà~)tre lui-même il mécontenta par ses exactions et ses

totales lea barons napolitainsqui invitèrentJean de Calabrét~Mer de Gênes dans le midi de titane.Le n)s de Rêne, arrivé avec les vaisseaux et l'argent des

Mnois,reçu avec enthonsianne par les seigneursde la Cam~~nië et des AbrnMes, s'empara d'abord des principalesnUesde la Pouille, et dé6t Ferdinand dans une première batailleà Samo (1460), près de Nola. L'Italie tout entièrefntagitée par l'attente d'un grand changement. Venise, quiriait eu plusieurs foisà combattre les vaisseauxd'Alphonse

dansl'Adriatique, Florencemême étaient prêtes à embrasser S parti des Angevins.Sforzacependant fitappel à la vieilletMti~de Cosme, obtint la neutralité des deux républiques ettNroyases deux frères au secoursde Ferdinand. Pie II, detJMcôté, désireux avant tout d'éviter une révolution, sed&t~raouvertement pour l'Aragonais, et lui envoyaMonte-MtMavec une armée. Piccinino, condottiere au servicede~an de Calabre, battit d'abord ses adversaires près de Sant~biano mais une sédition, excitée à Gênes par le duc de

Milan,Ct

perdre cette ville aux

Angevins.Le contre-coupse

Stressentirau midi où Ferdinand, secouru par le héros alba-ttis, Scanderbeg, vainquit complétement à Troia (1462)J~ande Càlabre qui ne put que prolonger deux ans encore6it6lutte inutile.

Le pape Pie Iî essaya alors d'entrainer l'Italie avec lathrétieaté dans une croisade qu'il rêvait depuis le jour deionexaltation.Venise, attaquéedanssa possessionde Morée,eBrayeede voir flotter de l'autre cotéde l'Adriatique, l'éten-darddu

croissant, venait de recommencerla

guerre contre

lesTurcs, soutenue par le Hongrois Mathias Corvin et par l'AlbanaisScanderbeg. Pie II, dont les émissaires parcou-raienttoute l'Europe, offritle commandementde la croisadeauducde Bourgogne, annonçaqu'il se mettrait lui-même atatêtede la sainto expéditionet fixale rendez-vousa Ancône

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LIVRE X.25~

pour l'année 1564. Le sénat doVenise forçason vieuxdogeMocenigo s'embarquer avecdix galères pour aller prendrele pontife. Mais le duc de Bourgognene parut point. Pie 11tAncône ne trouva qu'une multitude en désordre, atfaméeetsansarmes, qui s'en retourna en voyantquele pontifen'avaita lui offrir que des indulgences; lui-même, saisi de découra-gement, n'ayant à entreprendreavecMocenigoqu'une guerrede vieillards, mourut de douleur. Le temps de la reconnais-sance n'était pas favorable à la croisade. Il ne fallait point parler d'une guerre offensiveà l'Italie désunie par l'ambitionde ses princes.

M<tt M t t~ttfMt de Mé<Uet< <t*MM «tM-Mt(*<«.«).

Cette mort et celle do Cosmede. Médicis, qui arriva lamêmeannée, portèrent un nouveaucoupà l'union de l'Italie.Paul II, éluà la conditionde poursuivre la guerre contrelesTurcs, abjura promptementce qu'il avait signé et laissaVe-nise seule aux prise aveceux. A Florence, après la mortdeCosme,le Poggioou la Montagne, ainsi appelé de la collineoù s'élevait le palais de LuccaPitti, c'est-à-dire le parti desrépublicains, tenta de reprendre le dessus. Mais le chefdela Plaine (il piano), Pierre, fils de Cosmecorrompit LuccaPitti, qui venait d'enfouir sa fortune dans les magnificen-ces de ce palais inachevé destiné à être plus tard le séjoar des souverains de la Toscane. Une <'o<Mcréée violemmentexila tousses ennemis, et institua une commissionde cinq membres chargés de choisir tous les deux mois le gon-falonier et les prieurs. Pierre laissa alors l'administrationentre les mains de ses clients; et Florence, entre la libertéet la servitude, ne put empêcher François Sforza de s'em-

parer, en 1465, de Gènes, qui n'était restée libre qu'enirela venue et la fuite de son archevêque Paul Ftégoso, entHcomme un pirate dans son port et sorti de ses murs commeun brigand.

II semblait que chacun des nouveaux personnages que lamort appelait à disposer alors des destinées de l'Italie, pril

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L'ITALIE PRÏNCÏËRE(1453-1493). 253

;,tâche de faire regretter son prédécesseur. Ferdinand de!&ptes,après s'être vengé de ses ennemis par l'assassinatda prince de Tarente, du condottiere Piccinino, du duc deSaessa,accablait son peuple d'impôts, et faisait marchandise~etout dans son royaume, pour satisfaire une avaricedont

.t9trougison père le Jfa~nantmc. Paul Il était plus soucieuxd(tte faire admirer du peuple romain comme un nouvelAarondans ses ornements pontificaux,que de protéger lessnautsdont il dispersa même assezdurement les innocentesfanions à Rome, et plus occupéde poursuivre les MalatestidtcslaRomagne, et de jeter Jean Huniade sur les hussitesqtiede s'opposer aux progrès des Turcs. Le condottierecou-ronné,en mourantl'an1466,fit placeMilan au tyran Galéas.Sortisons un déguisementde France où il était occupéà dé-

fendreLouisXIcontre les seigneursrévottés, épouxde BonnedeSavoie, beUe-sœnrde ceroi, accuséde la mort de sa mèredontl'énergique présence d'esprit lui avait conservé !e pou-wir, Galéas Sforza substituait le faste à la grandeur, latyrannieà l'autorité dans le gouvernement, l'esprit de tra-ttt!erie àla prudencedans la politique,la licenceà la réservedansla vie privée; il abusait en fils de parvenu, avec incon-tinenceet cruauté, de la fortune et de l'autorité conquises par ton père.

Seuleactiveau milieu de cet égoïste affaissement,Venise, par sa morgue aristocratique et ses préoccupations étroite-mentcommerciales, perdaitles bén~Sces de ses efforts mut-lipliés.Aulieu de déployer toutes ses forcescontre lesTurcs,etde négliger des intérêts ou des injures secondaires, elledéputaitJetransit dequelquesmarchandises à Trieste, pour-Mivait par le fer et le feu une réparation du grand maîtredeschevaliers de Rhodes, et pendant ce temps-là, laissait périr Scanderbeg, perdait l'isthme de Corinthe, fuyaitdevantuneflotte

turque dans les

Dardanelles, et

voyait en

1470,te<Osmanlisemporter d'assaut Négrepont.

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UVRSX.2&4

MfM~t et <<tUttt <<e')~t~ <e~~«t<<e t~ «tMftmtte~,Mthm et MtMftfe (<«o.<4«

L'avénement de Laurent de MédtCts, reconnu presquesans obstacle,avec son frère Julien, comme chefs du gon-yemement (1469), rompit ~'uniforme succession de Mt princes incapables ou méchants, dans )es différentsÉtatsid'Italie.

Doué d'heureuses qualités, élevéavecsoin par ChristopheLandinp, professeurd'éloquencelatine, et par le GrecArgy-ropyle, compagnondu platomcienMarsile Ficin et du jeune poète Ange Politien, Laurent de Médicis,savant et poèteioi-même, commençadès les premiersjours à exercer le pouvoir pn amiéclairé des lettres et des arts. I) ré!ab)it t'universitelatine

de Pise. A

Florence, il fondaracjdémie grecque; il~tdisposer les vastes jardins du couventde Saint-Marc ponr recevoir les nouvelles acquisitions d'antiques, ajoutas à }tcollection de Cosme, et donna à Bertatdo, élève de Do~natello, la surintendance de cet étabtissement qui devint bientôt, sousle nom de J~M~umFlorentinum, une académiedes beaux-arts. Partageant l'enthousiasmedeson ami MarsileFicin pour Platon, il institua nne fêteanniversaire en l'hon-neur du philosophegrec, et il l'inaugura lui-même en com<

posant un

dialogue en l'honneur de la nouvello

doctrine,connue sousle nom d'ahercazione.Mais celui qui ne trouvait de plaisir, même dans sesheores

sérieuses, que sous les fraîches ombres de Carreggi oudeCaSagiolosacrifiaittrop aisémentle loisir de l'heure présenteaux soucisd'une prévoyanceque devaitcependantlui imposer an temps gros d'embarras et de périls. Sous le coupde la prise de Négrepont, il renouvelaavec le pape Paul II et letÉtats de l'Italje, en 147t, la ligue conclue à Lodi, en 1454,

pour la défensecommune. Mais il oublia aussi

promptement,dans la compagoie des trois poètes Pulci, ou dans les entre-tiensd'Ange Politien, les sévèresdevoirsque lui imposaitcetengagement. Venise, abandonnée de l'Italie, fut obligéederechercher l'alliance du conquérant de l'Asie, Ussun Cassan,contreles Turcs, et réduite a exercer desravagesinutilesdans

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!~TAL!E PMNCtÈRB (1453-1493). ~5&

hC~ne, l'Ionie et l'iode Cos. B)!e ne fut heureuse qu'enHypreoù ette avait marie ta C!)ed'un riche négociant, Ca- j~nne Cornaro, au roi Jacques de Lusignan ruine. A la~rt de celui-ci, en 1473, elle se porta commetutrice de~therine qu'eUe avait déclarée fille de Saint-Marc, et mit~tniisondans tontesles citadellesde l'ite.~ambition tonte temporelleetlenépotismescandaleuxd'un~veau pape, Sixte IV, de la famillede !a Rovëre, jetèrent~japnyeHescausesde discordeet de faiblesseen Italie. Non~<ent de prodiguer les grâcesspirituel à ses neveux aPMrreRiario, qui mourut bientôt de ses excès, le cardinalat~Saint-Sixte, l'archevêché de Florence et le patriarcat deCMMtantinopIe;à Julien de la Rovôrenn grand nombre deMinces dans les Étatsromains; il créa ducd'Imola Jérôme

;UMto, préfet de Rome, Léonard de laRbvère, et chargea letudinalsoldat, Julien de la Rovère, de saccager Spo!ète, deMadré Lodi et Citt~ di Castello.Il maria ses deuxneveuxijtt~nesaux fillesdu duc d'Urbin et du roi de Naples. Si t'onM pouvaitMarner le pape de vonloir ramener à t'unité du pMToir les États de l'Egtise, cette création de petits princes'<<essairementéphémères,cetteardeur guerroyante, enItalie,fan pape qui refusait d'envoyer sa flotte contre les Turcs,~Yaientexciter t'étonnement et la crainte. Les deux villesde

Venise,de Florence et

le duc de

Milan, eETrayésde l'union«roitede SixteIV, de Ferdinand et dn nouveauduc d'Urbin,tM~oitiererenommé,formèrentune ligue particulière (1474);la confédérationdeLodi, qu'onavaitdeuxfois jurée,et quetttprogrèsdesTurcsrendaient tous les jours plusnécessaires,fatrompue.Riend'étonnantqueles peuplesitaliens, trahis par ~faib!esseou i'égoïsme de leurssouverains, regrettassent letterincede leur liberté qui allait peut-être entrainer la pertedeleur indépendance. Leurs regrets et leur mécontentementMs'exprimèrent cependant

que par des

conspirationsou

desMtssinats isolés qui restèrent sans résultat, et prouvèrenttropclairement que les gouvernés étaient tombésaussi basqueles gouvernants. Dans l'espacede deux ans, cinq tenta-!'ïesde cette sorte eurent lieu.

L'an ;476, à Ferrare, Nicolas, fils du marquis Lionne!,

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LIVRE X.256

tenta de remplacer son onde. Hercule I", qui avait reçu leduché des maint de son frère Borso. Il entra en effet dansla villeavecquelques exileset des soldats fournis par le dacde Mantoue et par Galéas. Mais le peuple ne voulut même paschanger de maître; Nicolassurpris par sononcle, bientôt

de retour, fut

décapitéavec

vingt-cinq deses

compagnons.A Gênes, le peuple était fort mécontent de la dominationde Galéasqui violaittontesles conditionsauxquellesFrançoisSforzaavait étéacceptécommeseigneur, et ne prenait aucunsoin de la prospérité de la ville. Il n'avait ni protestécontrela prise de possessionde Famagouste en Chypre, par lesVé-nitiens, ni tenté de sauver la célèbre colonie génoisede hmer Noire, Gaffa, tombée l'année précédente au pouvoir deMahomet II. Un certainJérôme Gentilerassembla, une nuit,un

grand nombre de

gens armés,

s'empara de tontesies

portes, et appela les citoyensa la liberté; il fut accueilliarecindifférence par le peuple, et le conseil de la ville lui rem- boursa ses frais d'émeute pour lui faire abandonner l'entre- prise. Gênes, elle-même,la ville inconstante par excellence,recula cette fois devantun changement.

A Milan, trois jeunes gens, Jérôme Olgiati, Charles Yis-conti et André Lampugnani, formèrent le projet de venger les Milanais victimesdansleur honneur, leur fortune ou leur vie, de l'incontinence et de la tyrannie rapace et soupçon-neuse de Galéas. Olgiati,le plus ardent et le plus riche,avaiteu une scenr violemment déshonorée et mise à mort par letyran. Après avoir été prier dans sa basilique le grand saintAmbroise, patron de la ville, de protéger une entreprisequ'ils croyaient sainte, puisqu'elle avait pour but la libertéd'un peuple et la mort d'un monstre, les trois jeunes gensattendirent Galéas, le lundi de Noël (t476), dans la cathé-drale, le frappèrent de trois coups mortels, et s'élancèrenthors des portes ponr appeler la foule à la liberté. Mais lesgardesdu duc atteignirent et tuèrent sur place Lampugnaoiet Visconti. Le dernier, Ogliati,leur échappa, maisle peuplerecula devant lui d'épouvanté, son père même lui ferma samaison; saisi en6n, il fut mis à la torture, condamnéêtretenaillé, coupé en morceaux, et mourut en croyantappeler

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L'ITALIE PMNCtÈRE (1453-1493). 2&7

tar lui une gloire étemelle. Crime inntite Le jeune JeanÛtMasSforza fat reconnu sons la régence de sa mère et de~mministre CeccoSimonetta en dépit même de l'opposition jjtioasedes onclesdu jeune duc.obligésdes'exiler après avoir ~até aussi de soulever le peuple.

AFlorence, la riche famille des Pazzi, banquiers, voyait~rtout avec jalousie l'heureuse usurpation des Médicis. Un

~membres de cettemaison avait été privé, par une mesurearbitraire,de l'héritage des Borromée. Tous étaient rigou- posémentéloignesde l'exercice des magistratures. FrançoisIftai, banquier du pape à Rome, le plus irascible de la fa-tuUo,n'eut pas de peine à faire partager ses ressentiments àSateIV et à Jér6me Riario, qui ne pouvaient pardonner àeurent d'avoir fait échouer leurs projets sur Città di Cas-<d!o.Ferdinand de Naples, étroitement lié avec le pape, nefut pas plusdifficileà entraîner, et des troupesfurent rassem-LMessons différents prétextes par le pape et le roi sur lesfrontièresdu territoire toscan.Tout étant préparé, l'exécutionhtËxée an 26 avril 1478, jour où une messesotenneHecélé-h'ëeen l'honneur du nouveaucardinal, Raphaël Riario, pro-mettaitde réunir les deux frères et de faire sortir un grandtoncoursde monde. Deux clercs, Antoine de Voherra et NienneBagnoni, François Pazzi et quelques autres s'étaientdurgés d'assassiner Laurent et Julien dans la cathédralem~me,au momentde l'élévation. Au signal donné alors par tt<cloches,l'archevêque de Pisé, Salviati, devait s'emparer du palais public à la tête d'hommes armés, et Jacob Pazzi,ameuterle peuplepour achever la révolution.

Dansl'église de Santa Reparata, où se jouait l'acte princi- paldu complot,François Pazzi ne manquapasJulien dont iltétait chargé. Mais Antoine de Volterra en posantla main<ar t'épaule de Laurent, mit sa victimeen garde. Laurent,tprèsavoir paré la première atteinte avec son manteau, tira

Yépée,mitles assassins en fuite et se réfugiadans la sacristieo&ses amisse rangèrent autour de lui. Au palais de la sei-gneurie,le gonfalonier César Petrncci, soupçonnantquelquethosequand Salviati se présenta, le fit arrêter, ferma les porteset prit comme dans un piège la plupart des conjurés

H)ST.D'tTAU< Ii

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258 UVtUSX.qui avaientdéjà pénétré dans le palais. Dansles rues, JacobPàai, au lieu dé décider le peuple à reconquérir une libertéqaet dit Machiavel)CMne ccntMtMat<~tM,fut accueilliieonpsde pierres. A la nouvellede t'assassinât de Julien etdn péril de Laurent, la foulefurieuse parcourut la tille en accla.

mant le

blasondésMédicis Po~' Palle! et demanda le

sup- plice des conspirateurs ou s'en chargea elle-même. La sei.~nenrie fit pendre aux fenêtres mêmes du palaisSalviatioMtses habits d'archetëqne; le peuple mit en pièces et trahn par Jambeanxdans les rues les corps des assassinsde Jn!imet plusieurs antres conjurés qui furent arrachés de leursmaisons.-Le sent résultat de cette tentative fut l'anermi!-sement du pouvoir de Laurent &Florenceet là rupture d'une pau intérieure de douze ans dans la péninsule.

ew~«<t lie tttxte av eMttreMoremee,ferMtte et vembt(<~te.«ë~).

Le pape et le roi de Naples poursüivirent par une guerreouverte ce que*le poignard des conspirateurs leur avait re-fusé. Sixte IV jeta l'interdit sur Florence; Frédéric de Mon-tefeltro, duc d'Urbin, à la tête de troupes fournies par lesaint-siégeet par Ferdinand, entra dans !aToscane. Florence,trahie d'abord par le duc Hercule d'Este, qu'elle avaitmis'ila tête de ses troupes, s'adressa à la régentede Milan, Bonnede Savoie, et aux Vénitiens. Les Vénitiens qui voyaient,sutl'autre rive de l'Adriatique, Croia succomber, Scutari subir de terribles assauts, et les Turcs sur les bords de l'Isonio,gardèrent toutes leurs forces pour eux-mêmes.Afind'occuper la régente de Milan, Ferdinand excita Prosper Adornoàsoulever Gênes, et Sixte IV, donnant un funeste exemple,détermina, aunom de la religion, les Suissesdu canton d'Urià attaquer le Milanais.

Les Génois, sous le commandement de San Severino,réussirent à vaincrel'armée milanaise commandée par bfor-tinp, au pied du fortdes ~eMa?JumfaHT, et restaurèrent dansleurs murs ta libertéque la violente rivalité dé Baptiste Fre-gosoet Prosper Adoroone permit pasde rendre plusdurable.

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L'ITALIE PRïNCtÈRË(1453-1493). 2S&

tttis dansla vaMéëdu Tessin deux cents Suisses, laisses ha!drntM par dit milleconfédérés,apprirent auxItaliens quelst<dontab!esvoisins ils avaient an delà des Alpes. L'Italie~tit retenue à ses plus mauvais jours; on se battit sur tous

!? points à la fois; la peste désolaVenise et Florence. Les~u-es.uéanpms terrible, passèrent l'Isonzo et allumèrentJttque sur lès bords dela Piave; des incendiesdont les Ye-tMenstoyaient de !ears lagdaésles taeut's sinistres. Ceut-ci

déciderontà traiter) et cédèrent Mpahte, Modbnet Coron<tsultan après une guerre de quinze ans (Jt479).Le pape~t alors a <a soldede nouveaux Condottieri,San Severinn,Sona et excita une révotution, &M))àninenie, éa favorisantFttnbittonde Ludovicle More contre son neveu pour enlever t'tUiancode ce duché la

république son ennemie. Tout lui

tMsit. Les Florentins furent défaits au Poggio Impériale;Movic Sforza, surnommé le More, maitre de quelques châ-ttitMdu Milanais, se fitappeler à Milan par les ennemis deCéewSimonettai enferma le vieux ministre et ses créaturestdmmecoupables, disait-il d'aVbit'trahi les intérêts de laMisondes Sforza, et déclara Jean Galéas majeur, quoiqu'ilt't&tque douze ans, pour mettre fin a la régence de la dn-th&sseet rester maître du gouvernement (t480).

lie sàint-si~ge, là duché de Milan, le royaume

de Na-))!«étaient alors unis contre Florence. Laurent de Mé-tcis, qui soupçonnait quelque mésintelligence entre le})i{)eet le roi de Naples, s'embarqua à Livourne peut-aller MmTer lui-même Ferdinand. Sa présence, son insinuantehbitetéet aussi le lâche etimpolitiqueabandon qu'il fit de.h pétiterépublique voisine de Sienne au duc de Caiabro,dMdèrentle roi à la paix. Le pape n'en persistait pas moins

ses projets, quand le 28 juillet 1480;l'amiral de Maho-MtIî, Achmetûiedik, débarqua dans le royaume de Nazies j~ d'Otrante, la prit d'assaut et y massacra douze millechrétiens.C'était assez. Le roi de Naples rappela son fils delaToscane pour défendre ses États, et l'opiniâtre Sixte IV,devantcette lerrible leçon, consentit à rëconcitier Florence'reclesaint-siége.

Lamort de Mahomet II et la reprise d'Otrante, en 1481,

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MVREX.260n'eurent pas plutôt laissé respirer les Italiens que le paperetourna, mais par desvoiesnouvelles, a son projet de for-mer à son neveu favori, Jérôme Riario, une principautéenItalie. Après avoir dépouillé la familie des Ordelaffide la principauté de Forli et en avoir investi Jérôme Riario, il en-voyacelui-ci comploter avecles Vénitiens la ruine du ducdeFerrare, Herculed'Este. Les Vénitiens voulaientalorsgarder le monopoledu sel provenant des lagunes, que le dueleur disputait. Il fut,convenu que la république s'empareraitdeModèneet de Reggio; Jérôme, de Ferrare. L'Italie fut denouveau divisée; Gènes elle marquis de Montferratsedéda.rèrent pour te pape et les Vénitiens; le roi de Naples, lednc de Milan, les Florentins, pour le duc de Ferrare. Unenouvelleguerre générale déchira encorela péninsule.

Elle commençafavorablement pour Veniseet pour le saint-siége. Robert de San Severino, pris au service de la répu- blique, manœuvra si habilement qu'il enleva les principauxchâteaux forts qui couvraientFerrare et vint mettre le siègedevant cetteville. Robert Malatesti, seigneur de Rimini,gé-néral du pape, battit a Campo-Mortole duc de Calabre,quiavaitenvahi les États de l'Eglise. Mais les deux vainqueursse disputaient déjà la proieavantde l'avoir abattue. Le papese méfiant desVénitiens, qui n'eussent point en effet aiméJérôme Riario pour voisin, les abandonna tout à couppour se faire admettre dans la ligue opposée et se retournacontreeux. Ce brusque revirement ne lui réussit pas. Il eut beaulancer l'excommunicationcontre Venise, le conseil des Duempêcha son clergé de publier la bulle; la républiquetintferme contre tonte l'Italie; elle envoya ses flottess'emparer de Gallipoliet de Policastro sur les côtes de Naples, et, ren-dant an papela pareille, fit à Bagnolo, avecFerdinand et lesdues de Milan et de Ferrare, une paix avantageuseà laquelleelle gagna la Polésine de Rovigoet la mort de SixteIV, tué

par ledépit (1484).

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L'ITALIE PMNCIÈRE (1453-1493). 26t

fxtM* <e )~Mtfe*t éthtt <tt<t*)~eMf <e la ett~thMttt*"<<f<<<te t!Mtt«MMr<)e(t4a<«*t).

L'exaltation du pape Innocent VIII parut d'abord opérer tentementune conversionnouvelledans les partis au lieu de

terminer la guerre. Les barons napolitains dont les vieux privitégestombaient l'un après l'autre sous le despotismede~rdinand, avaient vn avec peine se perdre, par le rappro-thementde SixteIV et de leur roi, l'occasiond'une révolte.Lenouveau pontife, s'en prenant à Ferdinand des dernierstthecsdu saint-siége, ranimal'espoir des barons qui s'assem-Mtrentà Mein pour organiser leur ligue et firent de pressan-te ouverturesà René II. Maisl'intervention deLaurent, donttentela politique consistaità maintenir la paix et l'équilibredt8

puissanceset

qui se mettait

toujours du côté où il fallait

tMiener la balance,conjura l'orage. Il se déclara pour Fer-diiMnd,entraina Ludovicle More,etmenaçale pape d'exciter h révoltedans ses États. La perfidie deFerdinand fitle reste.Dobtintla paix du pape en promettant de prêter hommage,de payer tribut et d'amnistier tons ses barons (1486);deuxmois après, il fit saisir, enfermer et décapiter,ans que le pape réclamât, tous ceux dont il avait eu à se plaindre.

Laurentse trouvaalors l'arbitre de l'Italie. Florence étaitàa discrétion.Ferdinand lui devaitde la reconnaissance;Lu-doricle Morene pouvait compter que sur lui dans les projetsd'usurpationqu'il nourrissait au préjudice de son neveu,mtriéà une fille de Ferdinand. Innocent VIII se livra a luiMotentier, heureux d'obtenir un fille de Laurent pour sonSbFrançoisCibo.Laurent ne fit pas de cette belle positionl'usage qu'on eût

poattendre de son esprit distingué. Afin de s'emparer deStnane et de Pietra Santa dans la Lunigiane, il aviva leshtinesdes Fregosi et des Adorni à Gênes, et fit retomber cettevillesous la domination de Ludovicle More, qui pour la garder sanscontestation consentit à la tenir en fief du roideFranceCharles VIII. Intéressé &ne laisser voir à Flo-rencequeles dangersde la liberté, il encouragea les factions

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LIVRE X.Ma

danslarépublique de Sienne, qu'il livra par une révointton~àune oligarchietyrannique. Il n~ pqt empocher lesVénitiens,en t490, de soumettre déSnitivement ri!e de Chypre, où ilsobligèrent Catherine Cornaro d'abdiquer; mais il les snr-veillade près sur le continent. Dans la Romagne, il se fitsoupçonner de conduire contre Jérôme Riario, dncd'imola etde Forli, le poignard de sa femme Catherine Sfona, et celuide FrancescaBentivogliocontreMantredi, seigneur deFaenza,qui passa sous la protection de Florence. Politique égontedans son but, peu scrupuleusedans ses moyens, qui se pro- posaitla findangereused'étouffer l'esprit public sous un des- potisme adouci par un sensuel repos, et tempéré par les jouissancesdes lettres et des arts 1

Le culte de l'esprit dans la littérature et celni de la formedans les arts, telle fut en enet ]a grande affaire que Laurent poursuivitet encouragea autour de lui. Retiré tout à faitdansses maisons de plaisance, de P oggiola Sano, de CareggietdeFiesole, it laissa bientôt à s es clients l'administration desaffaires de l'État, et abaudonna entièrement !a directiondesa maisoncommerciale, après avoir liquidé, grâceà nneban-queroutesimniée de la république, qui sauva sa propre for-tune. Entouré alors de lettrés et d'artistes, il put à loisir sacnEer aux muses; il composa ses S'h'M (famour, son poèmed'Ambra; il écouta la lecture du ~or~anfe J/a~ior~,de Louis Puici, premier es~aid'une épopéehëroique où unegrandeur demi-burlesque le dispute à l'impiété d'une m-cantation religieuse. Sous son active surveillance s'élevèrentun hôpital à Volterra, un château à Firenzuola, une forte-resse au Poggio Imperiale; ses églisess'ornèrent de quelques peintures pieusesde CosmeRoseHai ses palaiss'embellirenten plus grand nombre des chefs-d'œuvre païens de Palla-suolo,de Ghirlandaio, de LuoaSignorelli sousses yeùxcom-mencèrentdans sonécoledes beaux-artsMichel-Angeet Tor-

rigiano. Loi-mêqM encouragea, fêta, chanta cette pléiadede poètes et d'artistes dans des fêtes magiques dont FrançoisGranaccbi était ledécorateur.

Tous les princes italiens suivirentl'exemple de Laurent.Innocent VIII, qui laissait tomber Rome, par la vénalitédela

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L'ITALIE PRINCIÈRE (1453-t 493). aea

jMticeet l'insouciance de l'administration, dans un état de$itère et de brigandage qui n'avait pas d'exempte, rassem-Hacependant les débris de l'académieromaine violemment~tpersée par Paul II. Avecl'approbation du pape le théâtre~«en, par la représentation de quelques piècesde Térence

~de Plante, obtint droit de

bourgeoisiemêmeà la cour

pon-«tate. Le roi Ferdinand, perfideéternel pour les barons,<tdtdoux pour ses poètes, qui lui restèrent aussi seuls Sdè-ttt,pour Cariteo, et surtout pour Sannazar, auteur du poème pMtoralde l'Arcadit. Le sombreLudovicle More lui-même,tocrmentéd'ambition, trouvale temps de raviver l'université<ttPavie,d'entretenir à sacour les historiens Mérula et Tris-tt) Caleo,le poète lauréat Bellincioni,et encourageales dé- batsde l'architecte Bramante et du peintre Léonard de Vinci.Ah cour d'Hercule V de Ferrare, le

Boiardo, gouverneur <tReggio,jxtait son ardeur guerrière et chevaleresquedansitj!o~an~amoureux, où l'idéal de la valeur et de l'amour eeinbledéjà l'objet d'une fantastique extravagance. Enfinde«Me provincede Romagne, toujours si fécondeen condottieriden petits tyrans, sortait le seigneur Pic de la Mirandole~msoutenaitdes thèses à Romeen toute langue et sur toutesdioses, parcourait l'Europe en chevalier errant de l'érudi-ttM,s'égarait sur la foi d'un vieuxmanuscrit hébraïque danslesmystères de la Kabale, encourait l'accusation d'hérésie,&iMit pénitence devant le saint tribunal, et, désabusé de sesamoursintellectuelles et de sesscientifiquesagitations, Snis-aitdans un cloitre.

Cetéclat des lettres et des arts reflétaitune prospérité ma-t<neUe,reste de l'ancienne liberté qu'un despotismenaissant«d'ailleurs intéressé à l'entretenir n'avait pas encoreétouffée.Htalie était toujours le centre du commerce de la Méditer-rmëeet le pays le. plus riche en manufactures de l'Europe.Venise par ses traités, Florence par l'habileté de ses agents,Mientconservéà peu près intactesleurs relations commer-QtJesavecl'Orient, malgré la catastrophede Constantinople.Lesmanufactures de soie, de laine, de lin, de pelleteries,fMploitationdes marbres de Carrare, des fonderies de Ma"Hmmes,les fabriques d'alun, de soufre. de bitume étaient

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LIVRE X.264

encore en pleine activité. Le système de culture par desmétayers,si supérieur pour cetteépoqueà ce qui avaitlieadansle reste de l'Europe, assurait à l'Italie une fertilitéaug-mentée encoreen Lombardie par les travauxhydrauliquesdeLouis le More, en Toscane par les précautions prises contrelesinondationset les eaux

stagnantesqui désolentencoreau-

jourd'hui des contrées autrefois fécondes. L'Italien, le plusriche, le plus heureux, le plus civitisédes peupleseuropéens, pouvaittraiter de barbares les autres nations toujours prèlesà admirer ses villes splendides, ou à s'asseoir dans ses sa-vantesécoles.

Sous ces brillants dehors il n'était cependant pas difficilede surprendre les signes d'une décadence précoce. La pro-spérité matérielle de l'Italie n'était due qu'à une activitédontl'élan était déjà épuisé. Comme les condottieri se battaient pour gagner leur solde et non pour l'honneur de vaincre,ten'était plus l'amour des entreprises, mais la soif du gainqnianimait le commerce; commela chute de la liberté avait en-trainé le véritableespritmilitaire, la protectionmêmeéclairéedu despotisme ne pouvait remplacer l'essor spontané del'activité libre. Dans le domainede l'esprit et des arts, l'en-thousiasme de la science ne soulevait que la poussièreda passé, ne remuait qu'une lettre morte le soufflede la poésieabandonnant les régionssacréeson les agitations de la place publique, n'animait plus que les rêves fantasques d'une che-valerie héroïque, critique moqueuse et hardie des vieuxtemps féodaux, ou que les voluptés trop réelles d'une éner-vante oisiveté. La sculpture et la peinture retournaientàforced'imitation jusqu'à l'antiquité païenne, jusqu'à la fabledans leurs compositionsde fantaisie, et ne craignaient pasde mêlerdans leurs œuvres,aux sujets pieux, les souvenirsdu préseut le plus profane.Le sentiment religieux manquâtauxarts. La liberté manquait à la vie publique. Danslarainedes vieillesinstitutions, dans l'affaiblissementdes anciennescroyances, dans l'affaissement des caractères, il n'y avait plus rien de réellement grand, rien de profond dans lescréationsde cette multiplefécondité.

Inutile d'ajouter que la décadence des mœurs était la

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L'ITALIE PRINCIÈRE(1453-1493). 265

emseet t'eBet de tout le reste. La vie privée des prin-(tpanx personnages du temps, de Ferdinand, de Laurent,

Sixte IV et d'Innocent VIII, les monstruosités de JeanS~Mas,les fréquentsdramesdes petits châteaux de la Ro- jStgneen disent assez. L'élection du pape Alexandre VI

Borgia,par un conclave

qu'avait acheté la simonie la

plusttrontëe, fut une dernière preuve de cette corruption.Un moinedominicain,JérômeSavonarole,natifde Ferrare,

fuppédes symptômesde décadenceet des périls de l'Italie,entrepritde la sauver par une double réforme politique etreligieuse.Il voulait rendre an clergé la pureté desmœurs,an peuplela cherté, auxlettres, aux arts le sentiment reli-gieux.L'asservissementde l'Italie était pour lui un outrage àfamorale,le paganismede l'érudition et des arts un outrageauchristianisme. La

corruption de l'Eglise et les désordres

JMmceursappelaient danssa penséeun châtimentexemplaire,tne vengeancede Dieu. Ce fut de Florence même, la vraiecapitalede l'Italie à cetteépoque, qu'il espéra faire partir laréforme.Là, d'abord dans le jardin de Saint-Marc, sousungrandrosier de Damas, puis sous les vastes arcadesde la ca-tMdraIe, prédicateur tribun, il commença à agiter cette populationamollie par larichesse, oublieuse de la liberté, etconvertie par lescharmesdelascience et de l'art auxmystèreset auxentraînements de la mythologiepaïenne. On se pressaenfouleautour de sa chaire; mais Laurent, celui qu'il accu-Mitd'avoir enchanté les âmes pour les asservir, était là lesamisdes Médicis jetaient enraillant sur les sectateurs, encoremes du moine, le nom de pM~nont. En vain le dominicainse faisant prophète annonçait les plus grands malheurs.'Peuple uorentin.s'écriait-i), tu le sais; quand ie peuplehébreu faisait bien, tout lui réussissait; quand il se livraitaumal,Dieu déchaînaitsur lui un uéau. Florence, qu'as-tufait?Qu'as-tu commis?Veux-tuque je te le dise la mesurettt pleine, ta malice est au comble; le uéau est sur toi LesFlorentinssortaient effrayés mais non convaincus. QuandLaurentfut près de rendre t'&mo,le moine essaya sa puis-sancesur le moribond. Il l'adjura, dit-on, de restituer le bienmalacquis,de rendreà Florence sa liberté, mettant son

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UVRE X. ï/n-AUB PMKCÏ&RE(1453-~93).266absolution à ce prix Laurent refusa, et le moine, commeun

autre Salvien, voyantdans de nouveaux barbares les instru-ments de Dieu, s~cn&quelques jours après en parlant an

peuple < Letemps estarrivé un homme viendra qui en-Mbira ritalie, en quelques semaines, sans tirer '6p~.M

passera les monts commeautrefois Cyras N~c auptt Do-minus ChristomeoCyro,et les rochers et les fortstomberontdevanttoi. »

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LIVRE XI.

L'ITALIE DE LA RENAISSANCE.

Italie se livre eMc-meme.–Expédition de Charles VIII; chute des M<dic)s(t4M-t4M).–Conquête du Milanais par LouisXII; Alexandie VI

et César Borgia (t498-to03).–Jutes Il tiguc de Cambrai; guerrede t'indfpendance (lM)3-t5)3). Le pape Léon X et son siècle; Ma-tignan; lettres et arts ()5)3-t5?i). -Adrien VI; tjataiHe de la Bico-que (t5?t-t523). Ciment \'h; bataille de Paue; prise de Rome;Charles-Quint couronné empereur et roi a,Bo)ogne()5M-t5M).– Chute de Florence érigée en duché pour les Médicis ()529-)536).PauUU et Jutes tU la domination espagnole; la renaissance proscrite(!536-t555).–Paut !V; dem<:re lutte; le duché de Parme et de P!ai-sance; traité de Cateau-Cambresis (t555-t559). Asservissement des princes italiens; Pie V, Grégoire XH!; restauration catholique ()559-<Hï).–Misère de la péninsule; les bravi et les brigands (t5?2-t6M).

t. Mtttte t)t Ut~e eUe nt<«tf

Absorbée dans ses discordes intestines, éblouie par la pro-spérité de son commerce et l'éclat de sa civilisation, l'Italie àla fin du quinzième siècle ne s'était point aperçue que lesnations voisines sortaient de t'anarchie et de la faiblesse dumoyen âge. Le roi de France, vainqueur des Anglais et de laféodalité, était devenu le chef d'un Etat puissant, dont !a<ron-

u~retongeait les Alpes occidentales, Ferdinand le

Catholique,roi d'Aragon, réunissait par son mariage avec la Castillane babe!!e, presque toute l'Espagne et la soumettait à une dure

duciptine. L'empereur d'Allemagne, dans ses Etats hérédi,ttires d'Autriche, prenait nne position plus dangereuse que jamais sur les Alpes orientales. On ne croyait encore en

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UVREXÏ.268

t~t'cmc~«

Italie avoir à redouterque lesTurcs, et on ne parvenaitmême pas à s'unir contre eux.

Al'avënement du nouveau pape Alexandre VI Borgia, en1492~ les souverains de l'Italie cherchèrent à renouveler encore la comédie ordinaire d'une solennelle confédérationcontre les

infidèles; le

patronage de cet

homme, l'ambition

deLudovicleMore, qui n'avait d'antre but que d'usurper leduché de Milansur sonneveu Sancéà lafilleduroide Naples,n'étaient point de bon augure. Pierre de Médicis,filsainédeLaurent, et Ferdinand de Naples, en s'unissant contre cesdeux ambitions, déterminèrent une crise qu'on pouvaitpré-voir depuis longtemps. Contrecette alliance Ludovicle Moreappela l'étranger. En échange d'un diplômeducal, il donnad'abord sa fille~mt, avecune riche dot, au nouvelempe-reur d'Allemagne, Maximilien sans Argent. Mais bientôt iltrouva mieux ou pis. Le roi de France Charles VIII, héritier des droitsde lamaisond'Anjou sur Naples, méditait une ei- pédition en Italie. Pour s'assurer le nord, Ludovic promitdelui livrer le midi de l'Italie. Ainsi les princes aprèsavoir per- pétué les divisionsde la péninsule finissaient par la livrer.

On ne pouvaitchoisirun plus mauvaismoment pour intro-duire l'étranger. Partout les Italiens, las de leurs gouverne-ments, cherchaientun changement et, comme dit Comines,commençaientà prendre cœur et à désirer ncuM~e~s. Les barons napolitains, décimés par Ferdinand, attendaientuneoccasionde se venger. Dansla Toscane, Pierre de Médick,élégant cavalier, joueur de paume intrépide, mais politiquemaladroit, augmentaitles partisansde Savonarole,lesFrat«-chi, en laissant trop paraître la main dumaitre au milieu desfêteset des plaisirs qu'il donnaità Florence. Dans les Étatsde l'Eglise, oncomptaitsur le bras français pourdébarrasser Romeet l'Eglise d'un pape qui se montrait à ses vassauxforttyrannique et fort exigeant.Venise, dont l'intervention puis-sante et désintéresséeeût pu être d'une grandentitité, restaà l'écart dans son ambition importune et impétueuse, cro-yant avoir toujoursle vent en poupe, et ne se faisant jamaisfaute de gagner auxdépensde chacun, même de l'Italie.

Un~poëteseul donna un avertissement inutile Nobles

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L'ITALIE DB LA RENAISSANCE. 271

(~t décembre 1494),le duo de Galabre~abandonné de ionsX$condottieri,sortit par la porte Saint-Sébastien les canons{nmcaisfurent braqués sur le château Saint-Ange. Alexan-? VI se tira cependant du danger il gagna quelques con-tttUersdu.roi, lui livra comme otages le frère de Bajazet~

I~em,qui mourut

bientôt) et son

propre fils, César

Borgia,mis'enfuit promptement) pour obtenir le prompt départ du j~bonnairechevalier.

A Naples, Alphonse Il se condamnant lui-même, abdiqua~couronne et remit~ mais trop tard, la défense à son fils~rdinand Iï, prince plus populaire. Ce généreux jeune~mmon'eut pas même 1 occasiondecombattre. Tandis qu'ilSemblait son armée à San Germano pour défendre la fron-dere, Naples et Caponese soulevèrent; quand il revint, aprèsMMr apaisé cette sédition, les chefs de son armée étaient~M!<sà l'ennemi, leurs troupesdébandées; il n'eut pins qu'àMfdans File d'Ischia. Charles VIII, quatre mois et dix-neuf jeersaprès son départ, entra triomphalement dans Nap!eS)Bâchantsur les fleurs jetées par les habitants. Il prit sa ré-a~enceau Castel Capouano, et foudroyade son artillerie letMteauNeuf et le château de l'Œuf qui résistaient encore.Charlesse fit alors couronner roi de Naples, de Jérusalem,topereur d'Orient; il se montra couvertde la pourpre impé-mie,le sceptre dans une main et le globe d'or dans l'autre.Atonssescompagnons,il distribua les fiefs,leschâteaux;lesMieset riches héritières, et aux dames donna forcebeaux~tisirset passe-temps, force beauxtournois, où il était tou- joursdes premiers tenants et des mieux faisants. Et déjà,tar la rive orientale de l'Adriatique, les Grecs, ses futursiujets,achetaient des armes et l'appelaient.

Mais la conclusion du roman avait déjà désenchanté lesMiensdu héros. Le paladin, vude près, ne valait pascelui

la légende. Après les guerres courtoises et les passes~'trmesdes condottieri, on trouvait un peu rude la manière~eCharlesVIII. Au premier combatdeRapalto, Louis d'Or-léansn'avait pas épargné un seul prisonnier; à Fh iMano,àt'entréede la Toscane, au mont Fortino, sur la frontièredeXtp!es,Charles VIII avait fait passer au fil de l'épéé non-

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272 UVRE XI.

seulementles soldats, mais tons les habitants. Ses compa.gnonsétaient moins avenants encore; au dire même de Co-mines, « on avait espéré trouver dans les Français toutesainteté,foi et bonté; ce n'était quedésordre, pillerieset<M. bauches.'»

Les Italiens d'ailleurs n'attendaient plus

rien des Français;etvoyaientaveceffroileurs garnisonsà Asti, à Gênes, àPue,

à CivitaVecchia, sur tons les pointsles plus importants.AFlorence, les sectateurs de Savonaroleétaient définitivementvainqueurs des Gris on partisans des Médicis et même desmauvais ccntpa~notM ou enra~, qui flottaient entre les projets absolusdes Médicis et les idéesdémocratiquesdeSt-vonarole; ils avaient décrété la formation d'un grand conseilcomposéde tous ceux qui pouvaient justifier, en remontant

jusqu'à trois générations, du titre de citoyen, avec missiond'étiré les magistrats et de contrôler toutes les mesures dehseigneurie. Savonarolese croyait au moment d'imposer a hmotte et païenne Florence les règlesd'un couventde talques,et voulait maintenant en faire autant à Pise et à Sienne,quis'étaient mises sous la protection française.Au centre, itn'yavait pas à compter sur Alexandre VI. Au nord, LudovicleMore, assuré du duché de Milan, était l'ennemi naturel d'en prince qui avait son royaume sur les Alpes, sa conquêteMmidi de la péninsule, et qui était le parent, le protectear naturel du duc d'Orléans entêté dans ses prétentions sur le Milanais.

Au dehors de la péninsule, le césar Maximilien qui necroyait pas les droits impériaux périmés en Italie, le roid'Espagne, Ferdinand le Catholique, de la maisond'Aragon,enrayés tous deux de l'agrandissement subit d'un voisin,ttlésés dans leurs propres prétentions, étaient disposésà aider l'Italie à se débarrasser de l'hôte incommode qu'elle awaitappeté. Venise crut que le moment était venu de faire ses

affairesau milieu de la confusiongénérale; elle réunit dansune ligue les souverains étrangers et les princes italiens pour arracher Charles VIII au royaumede Naples, et introduitencore, par une autre porte, cettede l'intervention, les étran-gers dans la péninsute.

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LiVRB XI.274

de ces combats que les Italiens, frappés de la furia /ratt«~,devaientencoreappeler, par an souvenir de leurs poëtes,ka batailles de géants.

`

La victoirede Fomoue(6 juillet 1495) n'eut, il est vni, pasplus de résultat que si elleeût étéremportée sur le traîtreGanelon de la légende. Hors d'état de délivrer le duc d'Or-

léans dans Novare, et pressé de repasser les Alpes, Our-les VIII, nevoulant même pas accepter le secours de vingtmille Suissesqui descendaient déjà de leurs montagnes,6tavec Ludovicle More un traité par tequeli! lui restituait !{o-vare, et recevaitson hommage pour la ville de Gènes.A.midi, le lendemain m~me dé la bataille de Fornoue, le roi,détrôné par Charles VIII, Ferdinand rentra dans la villede Naples, accueilliavec les acclamationsqui avaient salué M-gùèrc le conquérant. Soutenu des secours de Veniseet des

troupes de Ferdinand le Catholique, il ne lui fallut paslong-temps pourchasser les Français desdeux châteauxde Naples,et resserrer dans Atetta Gilbert deMontpensier~qui mouratde la peste, et a Groppolile sire d'Aubigny, qui eut au moisl'honneur de ramener en France ses deuxmille lances(1496~l'avènement de Frédéric, le prince le plus aimé des Napoli-tains, âpresla mort de Ferdinand, dans la mêmeannée, para!affermir cette prompte restauration.

L'Italie cependant n'en fut pas quitte à si bon compte; b

marche triomphale d'un conquérant avait rompu l'andméquilibre maintenq avectant de peine entre lesËtats italiens;de nouveaux germes de haine et de division mettaient am prises les souverains entre eux, et les sujets avecles souTe-rains. LudovicleMore contenaitavec peine ses sujets, le papeses vassaux. Ce fut en Toscane surtout qu'on vit les dénivieux principesaux prises.

Seule alliée des Français dans lesquels elle persistaitlvoir les anciens protecteurs du parti guelfe, seule république

démocratiqueen

présencede tant de

souverainsitaliens,Flo-

rence ameuta encore contre elle tous ses voisins en voulantreprendre Pise. Le moine tribun qui faisait un publicanto-da-fé des joyaux et des poèmes,qui, du haut de sa chaireor-ganisait parmi les jeunes gens, car <M~t<t«arJ<~<atef)<<tun

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M6L'ITALIE DE LA RENAISSANCE.

CMHMe pierre, une milieueongréganistë pour faire la policedesmœurs et des opinions,rendit; par l'enthousiasme, &Flo-rencequelques-uns de sesanciens jours de gloire, Il contintle'pape, qu'Hne ménageai pointdans sestnvpc~tivos,repoussaPierre de Médicis, Venise et le duc de Milan, l'empereur Malimilienlui-même, qui vint faire son entrée dans Pisé envrai prince gibelin, et y remplaçales lis dé là France par lesMmesde l'empire.

Maisle tempéramentde Florencene pouvait s'accommoder longtempsd'une constance et d'un régime qui n'étaient pasdans reg habitudes. Les trahisons commencèrent bientôt.AlexandreVI, qui ne pardonnait point a Sàvonaroleses har-diesses, pronta habilementde cettecirconstance;il accusa Ba-Yonaroted'hérésie pour quelques prôpOHtidnshasardéesdans~es improvisations,et lui interdit la prédication. Les ennemis~tumoine, les partisans des Médicis, les libertins, les ar~o-Maf<,reprirent Courage. Florence se lassa de soutenir la pierre et d'attendre les secours de Charles VIII toujours prédits,jamais envoyés.Savonarolese roidit contret'attaque,d<c!ara,sur la foi d'une révélation, qu'il était relevé de lasentenced'un juge corrompu, et continua à prêcher. Un-frère~el'ordre des augustins, rivaux des dominicains,François deXeuitle,offrit de prouver par l'épreuve du feu la fausseté delamissionde Savonarole.Un sectateur du dominicainacceptatedéS. Le surlendemain,avec~assentiment de la seigneurie,eten présencede toute!avilleassemblée, deux bûchers entre

jtesflammesdesquelsles deux frères devaient passer, s'élevè-rentsur la place publique. Aumomentde l'épreuve, les fran-ciscainsne voulurent pas permettre au champion de Savo-Mroled'entrer dans les flammes avec le saint sacrement; ledominicainrefusa deserisquer sans là protectionde sonDieu.Ladiscussionse prolongea au milieu de l'impatience et descris des Florentins. Enfin, un orage survint, qui dispersaacteurset spectateurs. Mais le lendemain le peuple se croyantJoué,assiégea Ilcoupsde pierres le couventdes dominicains.Aumilieu du tumulte, une nouvelle balie ordonna l'arresta-tton et le jugement du moine, et déposa ou proscrivit ses partisans.Savonarole,condamné,fut publiquement brute dans

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LIVRE XI.a?6

cetteville quil'avait adoré,moins pour nes'être passauvélui-même, que pour n'avoir passauvéFlorence par un miracle.

e<a*«tê<e *t ~UoMtto t<nr <d< xmt! AttMtm*~ Vtet <:<«*f m~~ht (t«e.<)~<).

D était temps de suspendre ]e jeu, les Italiens le conti-nuèrent. En France, Louis XII, successeur de CharlesVIII, prenait alors les titres de dnc de Milan et deroi de Naples.Il voulait, en effet, commehéritier des Visconti, faim valoir ses prétentions sur le Milanais. An lieu de se réunir contrele nouvelagresseur, les Italiens lui facilitèrentencorela tâche.Venisequi avait été l'âme de la liguecontre CharlesVHI, lereconnut commeduc de Milan, et s'engagea à attaquer Lu-dovicle Moreavec six mille hommes, sur la promessedelaville de Crémone et de la Ghiara d'Adda. Alexandre Vf, jusque-là adversaire assez décidé des Français, se laissadésarmer par la cession faite à son fils César Borgia, duduché de Valentinois,avec promessede secours pour l'aideràse faire une principauté dans la Romagne.La lutte ne fut pas longue. Louis XII, en homme habile,

mit à la tête devingt-cinq millegendarmes, français,suisses,et gascons, un Italien, Jacques Trivulce, condottiere,guelfeexité et ennemi juré de Ludovicle More (1499).Les guelfes,!e parti de la liberté, le reçurent avec transport. Le con-dottiere San Séverine, chargé de défendre la forte positiond'Alexandrie,abandonna son armée. Enrayé, le More envoyaordre à Gajazzo,qu'il avait opposé à la république, d'aller prendre le commandement d'Alexandrie, et ouvrit ainsi àl'orient le pays aux Vénitiens, qui s'avancèrent jusqu'à Lodi.Une révolte du peuple de Milan, qui tuâ en pleine place publiquele trésorier du duc, achevaleMore. Il mit unegar-nison d'élite dans la chadetie de Milan, nt partir ses enfantset sestrésors sous bonne escorte pour l'Allemagne, et les alla bientôt rejoindre à Inspruck dans les États de l'empereur Maximilien. Une députationde Milanaisvint offrirà Trivulceles clefsde la ville. Le commandant de la forteresse aban-donna son poste pour une somme d'argent. Les Gasconsde

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 277

LouisXII renversèrent àcoupsde flèchesune statue équestrede l'usurpateur, à laquelle Léonard de Vinci, auteur de laSainteCène,avait travaillé douze ans. Le roi de France vintfaire son entréetriomphale à Milan, y ihstalta un nouveaugouvernement,et y reçut les ambassadeurs des principaux~tats italiens, des seigneurs de Ferrare, de Mantoue, deBologne et des Florentins, avec lesquels ils prépara unealliancecontre Naples.

Le mauvais choix que Louis XII fit d'abord de celuiquiavaitconquisle Milanais pour le gouverner, faillit le lui faire perdre. JacquesTrivulce fit des mécontentsen gouvernantcommeun chef de parti. Le More, qui guettait les événe-ments, revint à la tête de dix mille Suisses, et surprit Tri-vwce,qui fut obligéde sortir de Milan, où on était déj~ lasdesFrançais. Mais Louis XII envoyaà son secours la Tré-mouille,avecsixmille fantassinsfrançaiset dixmille Suisses.Les hallebardiers hetvétiens qui faisaient la principale forcedesdeux armées, allaient s'entr'égorger ponr les querellesd'autrui, lorsqu'un ordre de la diète helvétique,ou peut-êtrel'argent de Louis XII, fit déserter l'armée du duc de Milau, près de Novare ()500). Le More, qui cherchaità s'échapper Musun costumede cordelier, fut vendu par un soldat d'Uriet envoyéen France, où i! mourut au château de Loches.

LouisXII, mieuxavisé cette fois,donna pour gouverneur auMilanais,lecardinalGeorged'Amboise,homme plusmodéré,qu'il fit assister d'une sorte de parlement national, et une partiede la valléedn Pô passa sous ladomination étrangère.LesItaliens apprirent encoreque les Suisses,en se retirant,s'étaient emparés de la ville de Bellinzona,une des portes del'Italie, qu'ils voulaient tenir ouverte pour se rendre à leur grédans la péninsule.

Cette premièreleçonne fut pas comprisedu reste de l'Ita-

lie. Dans les États de l'Église, à côtéde quelques villes quiavaient conservé on recouvré une sorte de gouvernementmunicipal, comme Ancône et Spolète,.une foule de petitstyrans se partageaient tont le pays et spécialementla Ro-magne,les Montefeltri à Urbin, les Vitelli a Citta di Cas-telle,les de la Rovère à Senigaglia, les Baglionià Pérouse,

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LIVRE XI.a?8

les Sbrza à Pesaro, les Riario à Imola et !t Forli, les,Benti-ïoglio à Bologne,sanscompter aux environsmêmesde RomeleaOrsinietIes Colonna,maîtres de nombreux châteauxdansla campagne commedans la villemême. Dans la Toscane, laguerre de Pise continuait à entretenir la division I!t où Flo-

rence avait dominé pendant un siècle. Pise cherchaità recon-quérir son indépendance avec l'opiniâtreté intrépide qu'elleavaitautrefois déployéepour la conserver.

Louis XII s'attacha le pape AlexandreVI et la républiqueflorentine en fournissantdes secoursau premier pour rétablir son autorité dans la Romagne, à la seconde pour soumettrePise, tout en prenant soin cependant d'empêcher l'un etl'autre de devenir trop puissants. Alexandre VI en tira meil-leur parti que Florence. Le fils du pape. César Borgia, après

avoir été nommé cardinal sans être prêtre, se fitcondottieredès qu'il eut été créé duc, et prit le commandement destroupes qu'il put réunir et de cellesquelui fournit Louis XII, pour se faire une principauté de la dépouillede tousles petitstyransde la Romagne. Ce César Borgia était un homme beauet robuste, capable d'abattre d'un seul coup de son sabre latête d'un taureau, et de persuader tout cequ'il voulait par les enchantements de sa parole, ~ais plus débauché encorequ'il n'était éloquentet plus perfidequ'il n'était fort. Habituéà se faire un

jouet de ce

qu'il y a de

plus sacré, et

un moyende ce qu'il y a de plus odieux, il était fait pour dompter ce~maîtres en crimes et en trahisons, qui pullulaient dans la rudeet sauvagecontréedela Romagne. Dès qu'il fut assuré de la protectionde Louis XII, il se mit à l'œuvre avec une activitéinouïe; il s'empara d Imolasur Riario, s'allia avecles Orsini pour chasser Sforza de Pesaro et, par une suite de per6-dies, resta maître dela Romagnequeson père érigea pour luien duché, du consentementdu conclavesubitement gagnépar une création doublementlucrativede douzecardinaux

(1500).Florence au contraire ne put rien contre Pise malgré sesauxiliaires français. Les Pisans surent, comme ils l'avaientfait déjà une première fois, exciter là compassionet la géné-rosité des Français, qui n'eurent pas le cœur de combattreces bravescitoyens.

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 279

Sur de l'Italie, le roi de France pour s'assurer sans coupf~rir du royaume de Naples et ne pas exciter la jalousie du plus puissant de ses voisins, avait fait avec Ferdinandle Ca-dx)!iqueun traité de partage, qui lui accordait Naples, la terre jeLabour et les Abruzzesavec le titre de roi, et laissait

tommeduché

indépendant au roi

d'Espagne la Fouille et la

(~iabre.Tandis que l'armée française commandée par d'Au-Mgnyet suivie par César Borgia et Pierre de Médicis, par-hitde Rome pour envahir la frontière, Gonsalvede Cordoue,~nëral de Ferdinand, débarqua dans la Calabre une arméeMmme pour venir au secours du roi de Naples. Le malheu-rMxFrédéric, aimé desessujets, mais à latête d'un royaume<Mmanteleet décourage, n'espérait qu'en Gonsalvede Cor- jone,et lui livrait toutes les places de la Calabre pour Mpayer sesopérations. En voyantles Français pénétrer dansCapoue,y égorger sept mille habitants et menacer Naples, ilinyoquale secours de Gonsalve.Ce fut alors seulement qu'ilappritle traité de Grenade et la trahison dont il était victime.Plusirrité contre untraitre que contre un ennemi,il livra auxFrtnçaisle châteauNeuf à Naples,se retira d'abord dans l'iledischia, puis se remit au roi Louis XÏI qui l'envoyaterminer tes joursen France _avec titre de duc d'Anjou. Le seul poètequi eût jeté un cri patriotique au commencementde ces pterresdonna un rare exemple de ndélité à son protecteur;St~nazar accompagna dans son exil le prince détrôné, et sur !e$bords de la Loire lui fit encore entendre un doux échodela patrie perdue(t50t).

La possessioncommunedu royaumede Naplespar deuxrois jdpnxl'un de l'autre était difnclle; une contestations'éleva bientôtentre leduc de Nemours, vice-roi pour Louis XII) etGonsalvede Cordoue, au sujet de l'impôt payé par les trou- peauxqui passaientau printemps des plainesde laPouille sur k!hauteursde l'Abruzze. On en vint aux mainsdans la Basi-

iittte; le ducde Nemours plus prêt à la guerre chassa lesEspagnolsde la Calabre et resserra Gonsalve dans Bar-ktta (1502). Le roi de France croyait tenir déjà l'Italie,«immedans un étau, entre la domination françaisedu nord etcelledu midi.

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MVREX1.280Mais en payant l'alliance de la papauté Louis XII avait

rendnan saint-siégeplus de puissance politiquequ'il ne con-venait à sesdesseins.Après la guerre, Césaravait repris sonœuvreavecun redoublement de rusé etd'énergie. Il avait priéle ducd'Urbin, Guid'Ubaldo, delui prêter seshommeset ses

canons pour attaquer Camerino, et lui avait

justement prisUrbin avecses propres armes. Maintenant il emportaitCame-nno dontil condamnaità mort le seigneur avecses deux 6k,et faisait attaquersousmain la ville de Florence parVitetti, etles Bentivoglioà Bologne par la factiondes Marescotti.Tonsles voisinsd'AlexandreVI pressaient Louis XII, à Asti, dedébarrasser l'Italie de cette criminelle engeance espagnole.César sentant le péril se rendit en toute hâte auprès du roi,gagna lecardinal d'Amboise, en promettant de lui assurer la

tiare, et fascina Louis XII

qui lui

prêta encore trois cents

lancesavecautorisationde continuer sesconquêtes même sur ses alliés.

Les Florentins effrayéssacrifièrent an danger leurs viemsentiments démocratiques; ils fortiSèrent le pouvoir exécutif ennommantgonfalonier &vie tevieuxSoderini, et envoyèrentauprès de César Borgia, comme ambassadeur et commesur-veillant, son jeune compatrioteMachiavel.A leur instigation,les Orsini, les Vitelli, les Baglioni, les Bentivoglios'unirenta la Magione contre leur cruel ennemi, et rétablirent pmd'Ubaldo dans Urbin. César dans cette circonstance déployatontes sesressources. Cet homme fougueuxqui faisait assassi-ner sur les marchesdu palais le secondmari de sa sœur Lu-crezia qui tuait lai-même sous le mantean pontifical, nnfavori d'Alexandre VI, savait aussi se contenir quand il lefallaitet prendre son temps pour vaincre cequ'on n'a pasfaità l'heurede midi, disait-il, sefera le soir. Il entamadesnégociationsavec ses ennemis; il trompa Machiavel et lesFlorentins, rassembla en silenceune armée, reprit denouveauUrbin, Senigaglia où s'étaient réunis Oliverotto de Fermo,Vitelli et Paul Orsini, qu'il y fit massacrer, emporta CittadiCastello,et chassamêmedePérouse lesBaglionisesennemis.Les Borgiaétaient tout-puissants (1503).

Le roideFrance, de nouveauinquiet, voulut arrêter le fils

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 281

dn pape.Mais l'impénétrable César Borgia (Mer~tMtmo,ditMachiavel),setourna alors contre les Français. Ferdinand leCatholique,aprèsavoir trompé Louis XII par un semblantdetraité,venaitd'envoyer de nouveaux renforts à GonsalvedeCordone,qui battait successivementd'Anbigny à Seminara et

Jeducde Nemours à Céngnoles. C'était le moment de fairerolte-face.Le saint-siége aimait mieux voir le midi de l'Italietm Espagnols qu'aux Français déjà maîtres du nord. César «munençaà entrer en négociationsavecFerdinand le Catho-liqae,reçnt soussa protectionPise tropvivement pressée par !esFlorentins, et, entre Gonsalvede CordonedéjamaUre de Napleset la TrémoniUesur les Apennins,se fit marchander par les deuxadversaires.Au milieu de la guerre sérieusequ'il prévoyait,il convoitaitdéjà commeune proie facileles deux

républiquesde

Bologne et de Florence. En cas de mort de

son père, il avaittout préparé pour rester maitre du conclaveet porter à la papauté une de ses créatures. AutCœsar,autnihi!, répétait-il plus fréquemment que jamais dans soninsatiableambition.

Unemaladiequ'il n'avait pas prévue,à la mort de son père,tnifit perdre (17ao&t)le bénéfice de toutes ses précautions.Heureuxde pouvoir se maintenir dans le Vatican et dans leBorgo,il vit tous ses ennemis rentrer dans Rome, et les sei-

meurs des environs recouvrer leurs châteaux,

excepté dans

ht Romagne;le conclavelui échappa, et étu), pour avoir letempsde se reconnaître, malgréla présence de l'armée fran-cise retenue à dessein par l'ambitiondn cardinal d'Amboise,unvieillardaux portes du tombeau, le vertueux Pie III, quilaissaaller les choses. Quandl'armée française fut partie par lesfrontièresdu royaume de Naples,lescardinaux purent faireunchoixsérieux dans la personnede Juliende la Rovère,sousle nomdeJules II (31octobre).

~utett M; U<ne de c<mthr<tt; t~terre de Hm«)ttnthMMe(<tWt.««).

L'exaltationde Jules II, signaléedèssa jeunesse par sonhumeur belliqueuse, ses talents politiques et son ambition,

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UVRE XI.2M

était commel'avènementd'une nouvelle puissance aumomentoù la papauté se trouvait restaurée dansla péninsule. Le noa-veau pape cependant, assezmaitre de lui pour contenir sonardeur et pour cacher ses desseins, ne parut d'abordoccupéque dereprendre sur César Borgia les territoires dont celui.ci voulait maintenant déponiHert'Ëgtise romaine, et il gardaune stricte neutralité entre les Français et les Espagnols. I!recueillit les débris de t'armée française battue comptétementsur les bords du Garigliano, mais sans se montrer hostileàFerdinand; il favorisa,autant qu'il était en lui, la conclusiond'une trêve. puis de traités qni, donnant au moinsla paixàla péninsule, assuraient à Louis XII l'investiture impériale duMilanais,et accordaientlesdroitsdesdeuxmaisonsdeFranceetd'AragonsurleroyaumedeNaples parunepromessedemariageentre unefilledeLouis XII et un des petits-filsde Ferdinand.

La paix dura quatre ans(150~-1508).Jules II en sut lemieux profiter; il obtint la reddition des forteressesde César Borgia,qui se livra entre les mains de Ferdinand le Cathoti-que, etfut retenu par lui dans uue étroite prison. Il engageale dernier des Montefeltri à reconnaître pour son successeur Gui d'Ubatdo dela Rovère, chassaPaul Baglionede Pérouseen pénétrant tout seul dans la ville, et, avecl'aide même desVénitienset desFrançais qui s'en repentirent promptemcnt,s'empara sur Jean Bentivogliode la ville deBologne, où it 6t

élever sa statue par Michel-Ange.Désireuxsurtout de conte*nir lesFrançais et les Espagnols les uns par les autres, il em- pêchaFerdinand le Catholiquede marcher en personnecontrela Lombardie et suscita contre Louis XII la révolte de Gènesque le roi fut obligéd'emporter d'assaut et de contenir par laconstructiondu fort de la Lanterne.

Jusque-là la politique du nouveau papeétait avantageuseàl'Italie, quand Jules II, par une imprudente ambition, entradansun complotdes puissancescontreVenise. L'habile poli-tique de cette aristocratique cité, qui mettaità profittouteslesoccasions pour augmenter sonterritoire en Italie, lui avaitfait beaucoupd'ennemis; chacunde ses voisinscroyaitavoir à luiadresser des réclamations, à exercer sur ellequelques repri-ses. Jules II avait vuavec colère les Vénitiens s'emparer sur

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 283

B~t dea villes de Bimini, Faenza, Césene, et regrettaitt)~ telles de Cerviaet deRavenne, perduesdepuispluslong-t~ps par lesaint-siége. Maximilien, ponr assurer sonvoyagetRome, réclamaitVérone, Padoue, Trévise, c'est-à dire leFnout,le passagede toute les armées impériales en Italie

MBdantte

moyen&ge.Ferdinandle

Catholiqueregrettaitcinq tiitesmaritimes du royaumede Naples, abandonnées par testBtfensrois&larépublique pour prixde sesservices.Louis XIIMrepentait d'avoir cédé sur le Milanais Crémone et laGhiarrad'Adda. Il n'y avait pas enfin jusqu'au petit duc deFenarequi ne crut avoir quelquechoseà revendiquer.ToutesMtambitions, sons le patronage du pape, se coalisèrent àCuabrai,en 1508, pour la ruine de Venise, commeusurpa-trMt,tyrannique et provocatricede discordes.

Uneseule vil!e,

la république

de Florence, pouvait

s'inté-resserten Italie, au sortde Venise.Le roi de France et le roif&pagne, pour détourner son attentioni lui vendirent enfin,M prixde cent cinquantemille ducats, la malheureuse Piseqti,n'ayant plusni armesni vivres,fut bientôt obligée d'ou~nir ses portes après une lutte de quatorze ans, et retourna àrmcienneservitude(allacatenaanttco).

Abandonnéede tous, la république de Venise lutta contrett!tenfédérés de Cambraiavec les immenses ressourcesquesarichessesmettaient à sa disposition, et surtout aveccette<Mrgieet cette Opiniâtretéqu'elle avait mises &faire sa for-tme.Le 27 avril 1509)le pape Jules II lança l'interdit contrett<magistrats,ses citoyenset ses défenseurs commeennemisduhomchrétien. Le 9 mai, Louis XII passa l'Adda, se jetaentreles armées*vénitiennes, commandées par Pitigliano etfAMano,qui n'étaient point d'accord, et atteignit le second pft$de la digue d'Agnadello(14 mai). Abandonné par soncollègue,l'Alviano s'efforçade mettre à profit l'avantageduterrain,et se battit héroïquement avec ses troupes; mais la présenceduroi dans l'arméefrançaisefitmerveille l'Alvianofutblessé et pris, le reste de ses troupes mis en fuite.LouisXII se hâta de recueillir les fruits de sa victoire;Cara-nggio,Bergame, Brescia~Crémone tombèrent en quelques

joursentre ses mains.

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LIVRE XI.284

Plu habile encore dans la défaiteque dans!a!ntte, Veni~fit retirer aussitôt tontes sestroupes dans les lagunes, et <Mttdu serment de fidélitétontesles villessoumises.C'étaitré~ver tontes ses forcesan salut de la capitale, et épargner a Mtanciens sujets les maux de la défense, ponr ne leur laisMtsentir

queceuxd'nn

joug étranger.En

peu de

temps,François-Marie de la Rovère, due d'Urbin, s'empara, presquesaa:coup férir, de Cervia,Rimini, Faenza et Rayonne. Alphonsed'Este, ducde Ferrare, mitlamain surla PolésinedeRovige;Ferdinand, sur les villesmaritimes de son royaume.AdéfMde Maximilien, toujours fort empêché quand il s'agissaitdemettre une armée sur pied, quelques-uns de ses fendatairaentrèrent dans les villesde Beltune,Trieste, Trévise, quiar-

borèrent d'elles-mêmes le drapeauautrichien.Venise attendait ses ennemis à la curée. Après avoir ac-

complivirilement son grand sacrifice,elle négocia aveccouqui paraissaient avoirle plus de droits, avec l'empereur etk pape, et envoya,dans le Pô, contre le duc de Ferrare, nuflottequi fut brûlée par la faute de son chef. Maximilienre-fusa de traiter, et vint avecune forte armée mettre le si~tdevantPadoue où s'était réfugiéel'armée vénitienneavectOMles paysans des environs; mais la ville résista. Pour le papeJules II, qui avait atteint le but personnel qu'il poursuimtdans la ligue, il saisit la première occasionde finir la guerreavecune puissanceitalienne, et accorda(2 février 1510)l'ab-solutionVenise dès qu'elle lui eut abandonné toutessescoB-quêtes. H croyait le moment venu de dévoiler hardimentses projets qui n'allaient à rien moins qu'à l'expulsion des bar- bares. Maitre maintenant d'un État quifait de lui le premier prince italien, a)!iéde Venisequ'il eût combattue, il réclame,sur le duc de Ferrare, Modène et Reggio comme ancienne! possessionsde l'Église. La prise de deux villesn'est passaseul but. Il attaque plutôt, dans le duc de Ferrare, l'alliéle

plus dévouédes Français que le détenteur de son domaiM.Déjà, avantdes'en prendre à Louis XII, il l'isole. Ferdinandinvesti, comme au moyen âge, du royaumede Naples,romptl'alliance de Cantbrai. Maximilien,flatté tous les jours da-vantagedans ses prétentions impériales en Italie, chancelle;

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 285

MainimitiécontreVenise le retient seule encore. Le cardinalMathieuSchinner travaille les Suisses. Jnles 11va jusqu'àtorcher l'alliance du nouveauroid'Angleterre,Henri VU!C~nune Hotte pontiScaIesoulèveGênescontre les Français.Jeliende la Rovère, disposant en maitre de l'Italie, et re-mttnt

l'Europe par ses

intrigues,commencecontre les Fran-

(tauneguerre d'indépendance.LouisXII ne pouvait plus se méprendre sur les intentions

dapape.Il obtient d'unconcited'évêquesfrançaisl'autorisa-tionderepousser la force par la force. Jules II, de son cote,

!Mclefsdesaint Pierredans leTibre,etsaisitCépéedemmtfmt.Tandisque Venisereprend Vicenceet attaque Vérone,il rients'établir lui-même dans la ville de Bologne,et jette!<r laRomagne ferraraise le duc d'Urbin, qui s'empare deModène.Le général français,Chaumont, marche contre son~Mrtier-général;Jules II dénonce son attaque comme untatngeà sa sainteté,arme lesmilices bolonaises jusqu'à l'ar-m~edes secoursde Venise, sort alors de la ville,meten per-iemele siège devant la Mirandole, et, malgré une embus-t~edu chevalier Bayard et lesrigueurs de la saison,y entre p)rh brèche (20 février t5tl).

Maisderrière Ini une faction soulevéeà.Bologne rappelleiMBentivogIio,et brise sa statue, œuvre de Michel-Ange.~cardinal de Pavie, qu'il avaitlaissé dans la ville, s'enfuit;!t<htcd'Urbin, dans un moment de colère, assassinele car-<Mlau milieu de ses gardes. De retour à Rome, tantôtmnbre,tantôtmenaçant, Jules II fut encore abattu par uneB<!tdiequi le laissa pour mort quelques heures; mais en prenant que Louis XII et Maximilien convoquaient unm'euegénéral à Pise pour y réformer l'Église dans son chef «danssesmembres, il se releva plus terrible que jamais.

Sesadversaires avaient fait une faute en transportant lahtte sur le terrain spirituel.Jules Une parla plus seulementa nomde l'Italie, maisaunom du tatholicisme attaquédansa personne. Comme chef de la chrétienté, il renouvela ses*~ociationsavecFerdinand leCatholique, avec Henri VIII~Angleterre,avecles Suissesqu'il honora du titre de défcn-!<arsdusaint-siége, et les amena à conclure à Venise, pour

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LtVRE Xï.M6

sa défense,une «Mn~cH~u<.L'interdit fat lancésur Pise etk)cardinauxdissidents, et un antre concile convoquéà Saint.Jean de Latran pour le commencement de l'année suivante.Commet'avait prévu Machiavel, la flamme ~~eoa jM~u'axciel. Raymond de Cardone, à la tête des troupes espagnoles

du royatimede Naples, vint se joindre aux troupes pontifi-caleset mettre le s)ége devant Bologne. Enfin seize milleSuisses, levés par le cardinal de Sion, MatMen Schinner,descendirentles Alpesdans le Milanais.

Le roi Louis XII résista d'abord àcetteattaqueformidable,grâceà la vaillanteépéed'un héros. Le jeune GastondePoil,âgé à peine de vingt-deux ans, rejette les Suissesdanstennmontagnesen décembre 1511, délivre en janvier suivantBc-logne, assiégée par le pape et Raymond de Cardone,reprendle 20 février la ville de Brescia

qu'il punit de son

hérmqMrésistance par un massacreet un pillage de deux jours, rept-rait en mars dans la Romagne, attire Raymond de Cardoneen livrant deux assauts à Ravenne, et remporte sur luih plus sanglante victoire de toute la guerre (11 avril !&).C'en était fait de Jules TI peut-être, si Gastonemportéàh poursuite des fuyards par la /urte /fat!catM, n'avait été tn<au milieude ses triomphée par un soldat espagnol.

A cette nouvelle, Jules II, qui avait été sur le pointde

traiter, rompit tontes

négociations; il détermina Maximitit:

à entrer dansia~atnMligue, dispersa le conciliabuledePise,ouvrit le concile de Latran, s'y fit conseiller la poursuitedela guerre et la poussavivement. Vingt miUeSuissessejeU-rent dans la Lombardie pour y rétablir un fils de LudovicleMore, tandis que Ferdinand le Catholique et Henri Vins'apprêtèrent à envahir la France même. Le successeur deGaston de Foix, la Palisse, obligé d'abandonner la Romagnedevant l'armée de Raymondde CardoneraUiéeet augmentéede nouveauxrenforts, se trouva pris entre deux armées,etn'eut que le temps de laisser quelques garnisons dans les places fortes, pour évacuer Milan.

L'armée de la M{n!eliguedétruisit sur ses pas l'oeuvredela dominationfrançaise. Le ducd'Urbin rentra dansBologne.Alphonsed'Esté, voyantsesËtatsenvahis.aHademandergr~t

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 987

~a pape et lut à peine protégé par un sauf-conduit. Maximi-MenSforza,fils de Ludovic,rentra dans Milanet futreintégredths son doché, condition de reconnaître la suzeraineté deempereur, de céderau pape Parme et Plaisance, aux Véni-gensce que les Français leur avaient pris, et aux Suissesla

Vaseline.A

Gènes, GianoFregoso, envoyé par le pape, pé-m!tradans le port, chassa lesFrançais, se fit proclamer doge, pHtle fort de la Lanterne,,et fit réconnattre par les, alliés larépubliquede Gènes(21juin 1512). Les Français n'avaient phs un ponce de terre en Italie.La chute dp}$répub}toupde F~renpe fut 1$dern~re con-séquence de l'expulsion des Français. Les deux Médicis,JtUMnetJean, frères de Pierre, tués en combattant lesFran-cs, offraient de bien payer leur restauration. Raymondde

Caîaone,à la tête de

cinq miUe

piétons espagnols, marcha

mr Florence. Le gonfalonier se défendit par des paroles plu-tôt qu'avecdes armes et de l'argent; l'EspagnolemportaPratod'assautet y fit le carnage le plus atroce. Quelques jeunesgensriches et dissolusde la jSoct~ des jardins de ~ucceMdï, profitantde la terreur répandue par cette nouvelle, s'empa-~rent de la seigneurie,forcèrent Boderini&fuir, et ouvrirentles portes. Reçus d'abord comme citoyens, Julien et Jeantgirent promptement comme maîtres, et créèrent une baliequileur rendit le pouvoir échappé&leur famille depuis dix-huitans (f sept. 15t8).

Jules II se laissa aller à toute l'exaltation du triomphe. Ilcommanda&Michel-Angeun tombeau, monumentvéritable,<Alesttatues de saint Paul etde Moïselui paraissaient seulesdignesde protéger ses cendres; il se fit remettre par Bra-manteles plans de l'église Saint-Pierre, qui devait élever àdeuxcents piedsdans les airs le dôme du Panthéon d'Agrippa.Vainqueur des Français, il se croyait le maitre de l'Italie.Déjà,par un nouveau revirement politique, il promettait sonconcoursà Maximilien pour commencer avecluicontreVenisel'eïpn!siopdesEspagnolsdu royaumede Naples. Cet empirere<tauré,il ne le craignait pas. Il ne mettait point de scra-~ntesa proclamer l'ancienne loi impériale, à déterrer, a ra-nimer cevieuxdroit oublié depuis quatre siècles. Encouragé

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LIVREXLSM par la faiblesse connuede MaximUien, il pensait ne relever qu'un fantômequ'il dominerait aisément,et l'Italie, ecrivait'ilà son frère le cardinal, allait enfin n'avoir qu'un seulmaîtrele pape, lorsqu'il mourut subitement (21 février 15t3) à !<suite de ses fatigues grand homme sous la tiare, s'il n'avaitsacrifié souvent le

pontife à

l'Italien, l'Italien au

souveraintemporel, et s'il n'avait compliqué ses plans de chimèresd'wt autre dge,,qui «wnârent OM<M<nm$n<dMwnt-M~tet de l'Italie!1

t~e~~mXett~m~h~tmM~~Mt(tttz.tttt).

< ttth««tf<<

Autrefois,ditMachiavelen parlant dm pouvoir temporel<hsaint-siége

&l'époqueoùnous sommes

arrivés,iln'étaitsi

petit baron quineméprisât la puissancepontificale aujourd'hui unroi de France a du respect pour elle. Les cardinaux, pour mettre le combleà la restauration pontificalecommencée puJules n, luidonnèrent pour successeur le maitredeFlorence,Jean de Médicis,qui prit le nom de LéonX(t t mars15t3).C'était mettre entre les mains du nouveau papetout le centrede l'Italie. Mais le Sis du maynt/tçue Laurent, l'élève adulédu philosopheMarsileFicin etdu poétePolitien, n'avait nilahaute ambition ni la mâle énergie de son prédécesseur.

Louis XII renvoyait alors la Trémouilte en Italie et trai-tait pour la reprise du Milanais avecles Vénitiens, désireude se venger du saint-siége après s'être relevés par sonappui. LéonX resserra d'abord son allianceavecMaximilien,Henri VIII d'Ang!eterreet Ferdinandie CathouqueaMatines.LesSuissesàsasoldeau nombrededixmille descendirentfontà coupdes Alpes, livrèrent bataille à la Trémouille prèsde

Novare, enlevèrentl'artillerie de front à traversune grêle de boulets, abordèrent les Français l'épée à la mainet les expul-sèrent avec perte de huit mille hommes (6 juin).

Encouragé par le succès, Léon X parut suivre la politiquede Jules II. Il fit attaquer la France et jeta sur VenisesonaHiéel'empereur Maximilien et les Espagnols. Mais le butauquel il sacrifiaitune puissance italienne fut bien moins

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 289

~eté. Il avait donne t'arme et Plaisance à son frère, Julien;Emrentsonneveu,filsde Pierre, était pourvudéfinitivement~Ftorence. Il voulait auxdépens de Venise pourvoiras~tres neveux. Le territoire vénitien fut de nouveau envahit~mmeautempsda la ligne de Cambrai Raymond de Car-~e conduisitsou armée jusqu'au bord deslagunes, et en-Myades boulets jusque sur le couventdeSan Secondo. Bar-~!emy d'Alviano fut oMtgéde s'enfermer dans Padoue.Affligéecependant par un incendiequi consumaun de ses plust~hes quartiers, abandonnée par Louis XII qui cédait enTpymtles Allemands à Guinegate, les Espagnols dans laGpyenne,lesSnisses dans la Bourgogne,Veniseeût succombé p~tt-etre à ce dernier ressentiment de ta liguede Cambrai,a François1*%monté sur le trône (janvier 151b), n'était venu

~délivrer.Le jeune roi s'était relevéen attirant dans son alliance lef~i d'AngleterreHenri VIII et !e maîtredesPays-Bas Charles~Autriche, petit-fils de Maximilien. Léon X et ses aliiés or- jonnërentaux Suisses et àquelques Espagnols, commandés. par Prosper Colonna,d'occuper les passages du mont Cenistt dumont Genèvre, par où débouchaientordinairement lestnn~esde France. Leur étonnement fut grand lorsqu'ils ap- prirentque François I" s'était frayé unevoie par d'imprati-cables

passages, à travers le col d'Argentières, avaitsurprisProsperColonnaàViUefrancheets'avancaitàIatetede trentemt!ehommes. Cetteinvasionsubite bouleversatout leur plandedéfense.Raymond de Cardone, surveiUésur l'Adda et leM par Barthélemy d'Alviano, étaitcoupédes Suisses. Ceux-ciseulset obligés de se replier sur Milan n'étaient pas éloi-gnésde traiter et sedisposaient déjàà abandonner le Mila-nais pour soixante mille ducats. L'arrivée de vingt mille delenrscompatriotesleur rendit nn instant courage.Excités par lecardinalMatthieu

Schinner, ils voulurent faire

coup dou- ble,enlever l'argent qu'on leur conduisaitàBuffaloro et atta-quer l'armée française campée à Marignan, entre Milan etPkisance. Ils trouvèrent l'argent en sûreté et l'armée fran-çaiserangée en bataille. Sans se déconcerter ilsacceptè-tent les.conséquencesde leur mauvaisefoi et de leur rapa-B!ST.D'rTALK. ]9

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LIVRE XI.290

cité. C'était deux heures avant la nuit (!3 septembre). LesSuisses se jetèrent comme à l'ordinaire, piques baissées sur l'artillerie que défendait le roi de France en personne; ellefut plusieurs fois prise et reprise. Après avoir combattu pen-dant quatre heures à la clarté de la lune, les deuxarmées en-gagées l'une dans l'autre posèrent les armes de lassitude.François 1*~ passa la nuit sur l'aBut d'un canon, le chevalier Bayardeutgrand'peine a se dégager d'un groupe d'ennemis.Le lendemain les Suisses recommencèrent l'attaque avecannouveaucourage mais ils étaient partout repoussés, lorsqu'ibentendirent derrière eux le cri de San Marcodes Vénitiens.Craignantd'être enfermés entre deuxarmées, ils reformèrentleurs bataillons et reprirent en bon ordre le chemin de leursmontagnes'.Ils laissaient douzemille morts enItalie.

La victoire de Marignan eut d'immenses résultats. Fran-çoisI" reprit tout le Milanais dont leduc, MaximilienSforia,fut envoyéen France, et recouvraGênesdont le doge prit letitre de gouverneur pour la France. Le vainqueur dicta la paix à songré et avecassez de modération.LesSuissesaban-donnèrent tousleurs bailliages italiens dans les Alpes, recon-nurent François I" comme ducde Milan et firent avecluientraité appelé paix perpétuelle, par lequel ils s'engageaientàlui fournir, à lui et à ses successeurs, tous les soldats qu'ils pourraient solder. Le pape Léon X, selon son expressionmême, se jeta dans les bras du roi à Bologne, et renonçaàParme et à Plaisance, à la seule conditionde faire ce qnl!voudrait dans la Romagne et la Marche pour ses parent.Maximilienlui-même, le dernier à renoncerà ses prétentionscommele plus incapable de les faire valoir, adhéra aussi antraité et cessa les hostilités contre la république de Venise,qui recouvrason ancien territoire, moins Crémone et quel-ques petitsterritoires gardés par les Français.

Guéri d'une

haute ambition

qui n'était point à

sa taille,LéonX retourna à la politique de famille et aux loisirs déli-catsqu'il aimait.

Julien était mort en 5!R Laurent avait une position poli-tique suffisante, dans Florence; mais Jules de MédicisetHippolyte; autres neveux du pape, fils naturels des famea!

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L'ITALIE DB LA RENAISSANCE. Mt

tarent et Julien, étaient encoreà pourvoir. Le ducd'Urbin1«u! grand feudataire encore indépendant, en fit les frais.LéonX t'attaqua à l'improviste,s'empara de sa capitale, etteréduisit à se retirer à Mantoue avec son artillerie et sa bi-

ttiothèque. Quelques cardinauxse refusèrent à consacrercetttte de népotisme; l'un deux surtout, Alphonse Petrucci,<!ontles deux frères avaient aussi été expulsésde Sienne par te pape, exprima plus haut son mécontentement, et forma j~ent-étreavec quelques antres, Riario, Sodérini, Sauli, lecomplotd'empoisonner Léon X. Le pape, averti ou soupçon-i&nx,attira Alphonse Petmcci à'Rome avec un sauf-conduit,}efitarrêter avec sescompliceset juger. Des scènes violenteseurentlieu au seinduconsistoire pour obtenirla dégradationde

tmq cardinaux, qui furent soumisa la

torture; AlphonsePe-

tnicci,malgré les prières de ses collègues. fut condamné àmortet étranglé, les antres jetés en prison ou taxés à desMcendesénormes. Mais la résistanceque Léon X rencontrafttttelleque, pour forcerla main à son conseil et peut-~tret<Msirefaire ses financesépuisées, il créa en une fois trenteetun cardinauxqui ne lui marchandèrent pas*ta nominationde Mnneveu au duché d'Urbin.

Ledévouementde LéonX à lacause de la renaissancecou-tnt cesviolences. La littérature et les arts ne

pouvaient plus pt~refleurir qu'au pieddu Vatican. Les guerres du Milanaisetde Naples, les révolutionsde Florence, les violentescata-strophesd'Urbin, la cour deFerrare entre l'ambition françaiseet l'ambition.pontiScale,Veniseenfin minée sur terre par laliguede Cambrai, sur mer par l'arrivée des Portugais auxIndes,ne laissaient plus un asile auxétudes et aux travauxdeli paix.Léon X s'enbrça de réunir à Rome, comme en unttisceau,les savants, les lettrés, les artistes, et mit à leur dispositiontontes les ressources et tous les encouragements.C'étaitassez que le vainqueur de Marignan eût emmené enFrance,comme un trophée, Léonard de Vinci et le Pri-matice.

Sonsla protection du pape, Lascaris et Marc Musuro avec<tiï jeunes Hettènes, fondèrent,à Rome, un cottége et uneimprimerie pour l'enseignementet la propagation de la litté-

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UVM XI.B98rature grecque. L'université latine, relevée, compta plus decent professeurs des plus remarquables de toute l'Italie. Bé-roaldele jeune, mis à la tête dela bibliothèque vaticane,ras-sembla les plus rares manuscrits.

Celui qui eut la gloire de donner son nom à son siècle nefit cependant que réveiller cegoût pour l'érudition antiqueqnitransforma trop souvent la littérature en un art d'imitationservile; il encouragea ces productions admirables dans hforme, mais au fondsuperficiellesetfrivoles quisignalentâneépoque de faiblesse morale. Dans les innombrables exem- plaires des originaux anciens, on apprit à connaitre le véri-table Aristote. On secoua, grâce à la lecture de Platon éditéà Venise. l'autorité de l'oracle du moyen âge; mais on necréa point une philosophie. On emprunta des historiens an-ciens l'art de grouper les faits et de les couper par des dit-cours de convention à la manière de Tite Live l'Italie netrouva ni son Hérodote ni son Tacite. On découvrit la géo-graphie dans Ptolémée, la botanique dans Dioscoride,la mé-decinedans Galien et dans Hippocrate ces sciencesne firentaucun progrès~.On s'ingéma surtoutà jeter l'inspiration poé-tique dans lemoule antique, mais il n'y eut pointd'élan spon-tané, point d indépendance, point d'originalité; tout au ptt!cesqualités se firent-elles jour dans des œuvrescomiqueset

légères qui contrastaient avec la gravité des circonstances;rien ne naquit, comme au temps de Dante, des profondeundu génie et de la nationalité de l'Italie.

Le cicéronienBembo,le grand prêtre de ce culte pour l'an-tiquité païenne, le favori de Léon X, plus tard cardinalson!Paul III, réduisit ini-mêmeen précepteset en théorie cepen-chant pour l'imitation. Il prétendait avoir trouvé, dansune phrase de Cicéron, le secret de communiquer aux lettreslaseuleviequi leur fût encore permise. Paul Jove, qui commen-

çait déjà à écrire, se préoccupaitplus de calquer la manièrede Tite Hve quede présenter letableau véritablede son tempset de laisser une leçon à la postérité.

Dans l'épopée~le poëte virgilien Vida, qui avait charmaLéon X et ses contemporains par son poème didactiquesur ~M~e/MM,restadans la CAfM<M!dcou il voulaitcélébrer lare-

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 293

novationdu monde par la foi, au-dessous de cequ'il avait étéencélébrant un jeu en vogue.Le Trissin manqua d'inspira-tiondans son poème de f/MHe de/twee, qui pouvait of-Mr alorstant d'intérêt, etil put s'écrieravec douleur: < Mau-ditsoit le

jour et l'heure où

je prisla

plume et n'ai

paschanté

Roland »Siamaladettal'ora e il giornoquando

Presila penna,enoncantaid'OrIando

Roland1 tel était le seul héros qui suscitât encore les vrais poètes.L'année même où le roi-héros, qui se faisaitarmer thevalier par Bayard, gagnait, auxdépens de l'Italie, la ba-taillede Marignali, l'Ai-ioste publiait cechef-d'œuvre d'ima-ginationet de grâce qu'il appela l'Orlando furioso, et il neréussissaitqu'en se riant de lui-même et de son héros mais,eavérité,quelqueadmirationqu'on ait pour une veinesi richeetsiharmonieuse, quandon pense au temps oul'Ariosteima-ginaittoutes cesféerieschevaleresqueset badines, onest tentéderépéter les parolesdu cardinal Hippolyted'Este plus préoc-mpé du sort de sa patrie: Eh! messire Arioste, où avez-wus pris tant de balivernes? »Dans la tragédie,leTrissin, avecsa .~op/tont~e,obtint plusd'applaudissementsde ses contemporains qu'avec son TtaMsMera<o,mais il ne se recommanda pas davantageà la pos-tenté. Dansla comédieseulement, en dépit du cadre forcé-mentemprunté à Plaute, la couleur, l'esprit dutemps percè-rent,mais avecune vivacitétrop licencieuse,danslaCa&Ht~rtodeBibbiena, le cardinal,et dans la ~andfa~ore du politiqueMachiavel.

Lesesprits et les caractères les plus fortement trempés selaissaientaller eux-mêmesà cet abaissement continu de la penséesousl'empire dela formeantique, à ce découragementdescœurs sous celui de la domination étrangère. Unesprituniverselet puissant, qui eût pu être le premier dans tonslesgenres,Machiavel, n'avait encore essayé son génieque danstes plus légères productions secrétaire du conseildesDt~cde b guerre à Florence, chargé d'ambassade auprès de César Borgia,du roi de France, du saint-siége, il s'était contenté

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Mt LIVRE XI.

jusqu'alors de rivaliseravecAristophanedans la Mandragore,avec Plaute dansla Clilia, avec Lucien dans l'~«no d*0ro,avecBoccacedans son conte de JS~pA~or.Soutien longtempsardent du gouvernement républicainàFlorence, surprisdansune conspiration contreles Médicis rétablis par Jules II, et

~app)iquéà la torture sans laisser échapper un aveu, il selassa enfin de l'inaction et de la misère, et débuta dans se:oeuvres politiques par un acte de désespoir dont il fit unchef-d'œuvre Prince. Décidé à parler aux hommes lelangage qui convenaità leurs actesde chaquejour, etdésiremd'obtenir de Laurent, gouverneur de Florence, de remuer auntûMMune pierre, il réduisit en théorie, dans un stylofroidetexpéditif comme elle, cette politique d'égoïsme et de cruautéqni faisait de la perfidie un art, de l'assassinat un moyen,et

qui immolait au but tous les sentiments de l'humanité et ton-tes les notions de l'honnête livre condamnable entre tons,maisqui accuseautant le siècle pour lequelil fut composéquela main qui l'a écritLe premier châtimentde Machiavelfutd'avoir trop réussi. Il inspira tant de crainte auxtyranset auxgouvernementslibres, que les uns et les autres n'osèrent l'em- ployer. La postérité en a inBigéun autre à son nom.

Lecaractère du pape Léon X était l'expression trop fidèlede son temps pour qu'il put lui-même essayer de retremper le

génie italien.

Quoiqu'il fût d'un caractère doux et

géné-reux,il s'emparait dePérouse sur Paul Baglione, de plusieursautres petites villessur des petits seigneurs par des moyensquilemontraient commeun discipleassezfidèledeMachiavel.Quoiqu'il ne manquât pas d'accorder auxgravesétudeset anilettres sérieuses la protection qu'elles étaient en droit d'at-tendre de lui, son goût personnel, ses encouragementsles plus spontanés étaient pour toutes ces œuvres élégantesetlégères, plus faites pour récréer les loisirs d'une nation que

pour en fortifierle

génie. Il faisait

plusd'honneur auxcomé-

dies de Bibbiena et de Machiavel, représentées, malgréleur licence, devant les cardinaux, qu'au poèmede la Christiade,commandé par lui-même, et à l'Introduction de PaulJovequ'il mettait cependant à côté de Tito Live. Parmi les hom-mes qui l'approchaient, Bemboétait plus écoutéque Sadolet,t,

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L'ITALIEDE LA RENAISSANCE. 295

etl'enjoué Bibbiena plus encore que Bembo, qui finit par trouver la cour pontificaletrop frivole pour ea gravité. Qu'at-tendreaprès tout de celuiqui donnait cinq centssequins pour Meépigramme, qui délivraitle diplômed'archipoëteà nn detes bouffons,et faisaitmonter au Capitolennsot versificateur dansune cérémonieoù les farcesdu carnavalse mêlaient à la ppmped'un triomphe! Pasquin lui-même, dans les railleriesqu'ilse permettaitdu haut de son piédestaldu Capitole, s'é-taitrarement montré aussi légèrement cruel que le souverain pontife.

Le goût de Léon X dans les arts ne serait pas non plus àftbri de tout reproche, si sa main n'avait eu un bonheur inouï.Il néglige Michel-Ange, l'artiste préféré de Jnles II,:oitqu'ilnecomprenne point cegénie original et terrible, soit

qn'ilne puisse souBrir en lui le républicaindeFlorence. Il ne ptûte pas le vénérable et consciencieuxLéonard de Vinci.Toutesses faveurs sont pour le jeune peintre d'Urbin, Ra- phaël,que Bramante avait déjà présenté à Jules II. Encoreleméconnaît-ild'abord, en le chargeant de continuer l'égliseSaint-Pierre.La décorationdes salles du Vatican,confiéeauEbdel'écolereligieusede l'Ombrie, perfectionné par l'étudedescontours de l'école florentine, permet enfin au grand ar-tiae de s'immortaliser par ses chefs-d'œuvre de la 2VafM/t-

guralion, de la dispute du Saint-Sacrement et de f~co~e<f~Mn«.LéonX était né dans un temps de luttes religieuses et po-

litiquesqui n'était point fait pour son génie sceptique etdélicat.Au fondde l'Allemagne, le moine augustin Luther (1517)commenceà attaquer la suprématie pontificale,à sa- per les bases de l'unité catholique; et les peuples,lasdes in-tolérablesabus qu'on n'était jamais parvenuà réformer dansfËglise, peu édiCés par la cour de Rome, cynique avecAlexandre

VI, belliqueuseavecJules n, païenneavecLéonX,se précipitentvers ces nouveautés. Léon ne voyantlà qu'une pMr<Mede fnotnM,n'y prend pas garde d'abord, il ne s'inté-retsequ'aux discussionsdes savants.En 1519, pour combled'embarras, Charles, roi d'Espagne, de Naples, et maitredesPays-Bas, est élu empereur d'Allemagne, sous le nom

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LIVRE XI.296

de Charles-Quint. S'il menace l'Europe, il menace plusen-core l'Italie. Jules II avait rêve de relever la papauté damoyen âge; et voici que l'empire se relève, comme antemps des Hohenstauffen,menaçantl'indépendancedu saint-siége et de la péninsule, par ses prétentions sur le Milanaiset par la possession même de Naples. La tâche du vainqueur des hérétiques d'AIbi, de l'adversaire de Frédéric II, la mis-sion du grand Innocent III incombeà l'hôte amolli des jar-dins de Malliana.

Machiavelcomprendlagrandeur du danger; il essayed'ar-racher le pape à ses longs entretiens, aux douxloisirs de lachasse et de la pèche. Dfaut, lui dit-il, montrer à l'Italieson rédempteur. Avecquel amour, avec quelle soif de ven-geance il sera accueilli par toutes ces provincesqui ont tantsouffert de l'inondation étrangère? Quel peuple lui dénientl'obéissance,quel Italien lui refusera l'hommage? Cebarbareempire est à tous odieux, c'est lemoment de prendre unerésolution courageuse. LéonX,aprèsavoirtraitétrop légère-ment l'affaire de Luther, en est'eBrayé outre mesure. Aumo-ment où il fallaitse garder de l'empereur, il se jette dansses bras. D'abord il s'était opposéde tontes ses forcesà une canodidature dont le succèsétait si dangereux pour le saint-siégeet l'Italie. Charles-Quint élu, il suspend la vieilleloi qui in-

terdisait la réunionde la couronne impériale et du trône de Naples, pour obtenir la condamnation de Luther à Worms;et il s'allie mêmeavecle nouvelempereur-roi pourchasserlesFrançais du Milanais et y ramener un Sforza.Il livre l'indé- pendancede l'Italie pour sauver l'unité de l'Église. Fauxcal-cul L'empereur était politiquement intéressé au maintiendela foi; et s'il était impuissanta étouSerun schismequele papeeût plutôt conjuré par d'opportunes concessions,l'Italie de-venait à coup sûr esclave, et le saint-siége dépendant, sans

aucunecompensation.Jules II n'avait voulurelever qu'un fan-tômedans Maximiiien,Léon X rend à l'Italie un maitre dansCharles-Quint.

Satisfait de la promessede Parme et de Plaisance pour priïde sacoopération,se réservantlechimériqueespoir de chasser Charles-Quint lui-même, après avoir chassé avec lui les

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 897

Français,le pape prépara avec la plus grande activité cetteguerresi funeste à l'Italie. H fomenta lui-même un soulè-tement parmitesMilanais; Jutes do Médicis,maître alors deFtorence,attaqua Gènes; le marquis de Pescaire et Prosper Colonna,à la tête d'une arméecomposéed'Italiens, d'Espa-gnols,d'Allemands et de Suisses, entrèrent sur le territoired~Parme,tandisque le vieilennemides Français, le cardinaldeSion,Matthieu-Schinner, à la tête des Suisses, descenditlésAlpes. Abandonné de François I" que Charles-Quint oc-otpaitsur le Rhin et tes Pyrénées, n'ayant pas l'argent né-cessaire pour solderses Suisses,secondéseulement deVeniseMdu duo de Ferrare, le gouverneur du Milanais, Lautrec, perditParme, la ligne de l'Adda, et fut un matin, le 19 no-tembre,surpris en trahison dans Milan par l'armée enne-mie.D n'eut que le iempt de s'échapper sur le territoireïénitien,et laissa la capitaledu Milanais, Plaisance et ParmeM pouvoir des armées du pape et de l'empereur. Léon Xmourut(1" décembre)au milieu de la joie d'un triomphequidevaitcoûter si cher à l'Italie.

A<rtettV<!<Kt<ttUe<etmMte<t~)te(«tM-<Mtj.

Cette mort porta un nouveau coup à l'Italie. Le conclave

hu-même,sous le coup deconspirationsforméesà Florence,àUrbinet à Péronse, poussa à l'excèsla politique de Léon X,etélevaan pontificatAdrien d'Utrecht, l'ancien précepteur deCharles-Quint (janvier 1522).Adrien VI, d'origine fla-mandeet absolument étranger à l'Italie, était, par la gravitédeson esprit et l'austérité de ses moeurs, la critique vivantedeLéonX, maisce choixétait en mêmetempscommelasanc-tionde la politiquedu dernier pontife.

Pendant l'absence du pape, encore à Utrecbt au momentdeson

élection, Prosper Colonna, poursuivant seul la guerreaunom de son maitre, malgré la rentrée du duc de Ferraredanssa capitale et de Lautrec dans le Milanais, tenait bondansla positionde la Bicoque, où il s'était fortifié.Les Suis-sesdeLautrec firent bientôt l'occasion belle au général espa-gnolen demandantimpérieusementargent, congéou bataille.

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UVREXI.298Lautrec les conduisit (mai 15M) sur la Bicoque. Arrivés enface del'ennemi, ils attendirentà peine qne toute l'armée fnten ligne, se précipitèrent pour enlever l'artillerie espagnole par un chemincreux, oùils forent broyéssans pouvoir se dé.fendre et essuyèrent une défaite complète. Lautrec ne pou-vant plus tenir la campagne repassa en France. Gênesetles dernières villes qui étaient au pouvoir des Français, serendirent aux impériaux. L'Italie put juger les bénéEee;de cette guerre, que Léon X croyait avoir entreprise ponr son salut et que sa mort avait laisséeà la charge des Espa-gnols.

Prosper Colonnafit bientôt sentir quelui seulavaitvaincn:le commercede la riche ville de Gênes fut frappé pour long-temps un descendantdesSforza,François, fut ramené dam

le duché de Milan, mais sans en recevoir l'investiture; in-strument de Prosper Colonna,il ne put même protéger sessujets contre les exactions et les pilleries des chefs et dessoldatsrépandus dans son duché. Prosper Colonna n'éconases plaintes que lorsque le Milanais ruiné ne put plu~nour-rir ses troupes; il passa alors dans les Etats de l'Eglise, oùil permit à ses soldats les mêmes excès. On réclama; le vice-roi de Naples, Lannoy, frappa des taxes sur tous les États pour l'entretien destroupes espagnoles et impériales vingt

mille ducats par mois sur le duché de Milan, quinze millesur Florence, huit mille sur Gênes, cinq mille sur Sienne,quatre mille sur Lucques. Les Espagnols faisaient payer tl'Italie le prixde son asservissement.

AdrienVI n'était pas homme à remédier à ces maux. Ce pape intègre faisait passer le pontife avant le souverain.Dèssonarrivée, il rendit ses domainesau duc de Ferrare, moinsModène et Reggio,son duché d'Urbin à Françoisde la Ro-vère, et tenta de faire la paix entre les deux rivaux, ponr tourner

leurs armes contre

les Turcs, quivenaientde prendreRhodes,et pour travailler à laréformede lacour pontificaleetdel'Eglise. Les Italiens prirent son abnégation politique ponf de la trahison, son zèleroligieux.pour del'envie, son austéritémême pour de la barbarie. Ils crurent voir l'étranger en personne intronisé dans le sanctuaire même de l'Italie, et ils

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 299

tet'appelèrent pins que te pontife barbare, il 6or&Qfo~H«/

Persuadé bientôt par la pratique des affaires que le pon-tt!esouverainne pouvait rester étranger à la politique, etet&ayédes obstacles qu'il rencontrait partout, Adrien VI~'obandonnatout entier à son ancien élève, et fit prêter, le31tout 1523.,à Rome, par tous les États italiens, le sermentdedéfendrel'Italie, c'est-à-dire de la conserver à l'empereur Charles-Quint.La mort de ce pape honnête mais faible, ar-nr~ele jour même où le Français Bonnivet passa le Tessin,ht saluéeà Rome avec une joie indécente que la personnedu papene méritait pas.

CMMMtt VM! t<t<<tUte <e

~vie; prise <e <t<xtC

(tt«.«<W).Le conclave lui-même parut prendre courage et revenir

icr la politique impériale en donnant_pour successeur àAdrienVI, Jules de Médicis,qui prit le nomdeClément VII.Cdui-cis'était toujours montré l'ami de l'empereur-roi; ilMUtjetéLéon X dans son alliance, et pousséau saint-siégeAdrienVI. Mais Médicis était Italien, maître de la répn- bliquede Florence, doublement intéressé à l'indépendancedela péninsule. On pouvait espérer qu'il verrait l'abime oùMlianceimpérialemenaçait de jeter le saint-siége et l'Italie.

Dansles premiers jours de son pontificat. Clément VIIrestafidèleà la politique qu'il avait conseilléecomme car-dinal.Satisfait d'assurer le gouvernementde Florence à ses jeanes parents, Hippolyte et Alexandre,il continuaàsoutenir ChtrIes-Quintde ses troupes et de son argent.

Mais les nouveaux revers des Français commencèrent àluiouvrirles yeux. Le vice-roi de Naples, Lannoy, succes-

KttrdeCotonna, avec de nouveaux renforts, le connétabledeBourbon, passé sous les drapeaux de l'empereur, avecMcentslansquenets, battirent Bonnivetà Biagrasso,BayardàRebecco,et les rejetèrent sur la Sesia. Blessé lui-même,Bonnivetlaissale commandement à Bayard, qui protégealaretraite jusqu'à ce qu'il tombât mortellement atteint; les

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300 UVRB XI.

villes d'Alexandrie, de Lodi, tes seules qui restassentencore an roi de France, ouvrirent leurs portes aux al-liés (1524).

Cette victoire était trop complète; L'empereur-roi, sur leconseil de Bourbon, passait déjà les Alpes pour attaquer FrançoisI" chez lui et conquérir la Provence. ClémentVUcommençaà revirer. Pour la première foisil parla de pauàChartes-Quint, comme il convenait, disait-il, au père com-mMn des /Me/M.La prompte apparition sur les Alpes deFrançois1~, vainqueur sur son territoire, rejeta le papeettes États italiens, sinon dans le parti de l'empereur, aamoins dans l'indécision. En voyantle roi deFrance descendreles Alpes, entrer dans Milan derrière t'armée de Charles-Qoint désorganisée, et mettre le siége devantPavie, le papeet les Vénitiens, incertains, conclurent avec François I" Mtraité de neutralité qui garantit leur territoire. Seuls, lesIta-liens du parti de la liberté, le duc de Ferrare, les volontairesguelfesde la Toscane, se joignirent au duc d'Albany, qu:,tla tête de dix mille gens d'armes français, se dirigeait dej~sur Naples; à l'approche de celui-ci, le parti angevinremuadans les Abruzzes.Mais le connétable de Bourbon redescen-dit bientôt les Alpes avec un renfort de lansquenets, raitHLannoy et marcha sur les lignes de siége de François I".

Le roi était obligéde livrer bataille entre l'armée ennemieet la ville de Pavie, commandée par un homme déterminé,Antonio deLeyva. Tous les généraux étaient d'avis qu'il le~tsoncamp. Bonnivet persuada au roi qu'il ne devait pas rece-ler, et François Maissa les ennemiss'emparer des plusavan-tageusespositions. Le 25 février (1525), it engageale combtt pour ne pas lever le siége. Son artillerie fit d'abord mer-veille, mais bientôt il la masqua en se jetant à la têtedesagendarmerie au milieu de l'armée ennemie; les arquebusiers

espagnolsle

reçurent avecun feu nourri

quijeta le désordre

parmi les siens. Au milieu du combat, Antonio de Leyvaftune sortie, les Suisses soldés lâchèrent pied pour la premièrefois; toutl'effort du combat se porta autour du toi qui, aprèsavoir vu tomber sa plus brillante noblesse, fut obligéderemettre son épée et de se constituer prisonnier entre les

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L'ITALIEDE LA RENAISSANCE. 301

tMinsde Lannoy.La France perdit son roi, l'Italie beaucoup ptns,<aliberté.

Tandis que la reine-mère, régente de France, traitait deh rançonde son filstransporté en Espagne, les générauxdeCharles-Quintmirent le

paysà la discrétionde leurs

troupes~a'ilsne payaient pas. ClémentVJI et Veniseoffrirent vingtittilledncats pour qu'on retirât les troupes de leur territoire;!esgénérauxreçurent l'argent sans satisfaireaux conditions pmnnses, levèrent de nouvelles contributions sur tous les]&atsindépendants, autorisèrent toutes les déprédations &tiilan, à Pavie, à Panne et à Plaisance, et frappèrent sur Veniseune nouveUetaxe de centmille ducats.'L'excès du mal ranima cependantune dernière étincelledo

patriotismedans l'Italie sur le point de succomber. Clé-mentVII, le duc de Ferrare, Sforza, la république de Veniseserapprochèrent. L'occasion était favorable; les souverainsdel'Europe sentaient la nécessité de rétablir l'équitibre dé-rmgé par la victoirede Pavie. Lannoy et Bourbon, à la cour deMadrid, se disputaient les remerchnents de l'empereur.Malheureusementles souverains de l'Italie ne surent queconspirer.Le chancelier du duc de Milan, Morone, qui avaitle p!nscontribué à l'expulsion des Français, conçutle planducomplot.Le commandant des troupes de Charles-Quint,enItalie, était alors Pescaire, né Italien quoique d'originecatalane,dévoré d'ambition et de plus jaloux de LannoyetdeBourbon. Le chancelier Morone lui proposa de disperser !estroupesdans les places du Milanais pour les laisser sur- ptendre par les Italiens déjà en armes. Oément VII, suzeraindnroyaumede Naples, le déliait de tout serment de fidélitéenversCharles-Quint et le couronnerait lui-même roi. Les puissancesétrangères, la France, l'Angleterre, promettaientleur appui. Sforza deviendrait réellement duc de Milan, et

l'Italieserait indépendante et débarrassée des barbares. C'é-taitune conspirationuniversellecontre l'empiredans la pénin-!a!e.Pescaire, que Morone tenait cependant pour le pluseme!et le plus faux des générauxde Charles-Quint, écoutatoutesles ouvertures, débattit les conditions, le plan et ba-lança peut-être; puis il prévint son maitre, se fit dévoiler

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302 LIVRE XI.

tous les fils de la conspiration, jeta enfin le masque, saKhMorone, s'empara de la capitale du Milanais, et vouluts'as.snref même de la citadellede Milan. François Sforza résistt pour la première fois; il s'enferma avec huit cents hommesdans la forteresse et

fit féu snr les

Espagnols.Il fallaitcombattre; Clément VII lui-même s'y résolut.Ala mort de Pescaire, qu'on regarda commeun châtimentdesa trahison, une ligue Mm/c,sons la protection du pape, futsignéeentre tous les Ëtats italiens et le roi de France, sortide Madrid, ponr la délivrancede la péninsule (mai t526).

Cette fois, disait Giberd, conseiller du pape, il ne s'apt pasd'une petite vengeance, cetteguerre vadécider de la dé-livranceou de l'esclavagede l'Italie. Nos descendantsregret-teront de n'avoir

pas técn de notre

temps ponr jouir de cet

honneur.Décevantesillusions, quela plus affreuse réalité détruisit

promptement! Les Milanais, poussésà bout par lesexcèsdela soldatesque espagnole et comptant sur les secours de hligue, se soulevèrent ponr soutenir leur duc, assiégédanslacitadelle. Mais le duc d'Urbin à la tête des tronpes véni-tiennes, et Gnido de Rongoni, à la tête des troupes pontiS-cales, sons prétexte d'attendre des secours des Suisses, res-tèrent l'un sur l'Adda, l'autre sur le Pô. Les Milanaisfurentécrasés.Le connétable de Bourbon, revenu d'Espagne avecdes troupes et de l'argent, acheva de bloquer la citadelle,et contraignitFrançois Sforzaà capituler le 24 juillet.'

Le mois suivant, Clément VII tenta de reprendre l'occa-sion perdue en dirigeant snr GênesAndré Doria, ennemidel'empereur, avec onze galères et le duc d'Urbin avecunearmée. Mais le levain desvieillesdiscordes fermentait encoreau sein d'une ligne dont l'indépendanceétait !e but. Lesaint-siége et Venise se regardaient toujoursavec déHance.Le dacd'Urbin, François-Marie, se rappelait trop qu'un Médiei!l'avait dépouillé; un servile esprit d'imitation classiqueseglissait enfin jusque dans cette guerre de la liberté et para-lysaitanssilescourages etla tactiquemilitaire. Le ducd'Urbintenait& passerpour un Fabius Cuncta/or; il nes'attachait qn'~éviter une action et croyait en temporisant avoir raison da

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L'ITAIJE DE LA RENAISSANCE. 303

connétablede Bourbon, cet autre Annibal. Pour appuyer lalotte qui assiégeaitGênes il se contenta de bloquer et de prendreCrémone. Pendant ce temps, le vice-roide Naples,Lannoy,arriva avec une nouveDearmée dans le midide la

péninsule,et au nord, l'AllemandGeorges Frandsberg fran-(Httes Alpes àla tête de treizemille lansquenets.Le pape retomba dans le découragement.François I" mal-

~féses promesses oubliait l'Italie; !e trésor pontifical étaitapaisé;testributs de la chrétientédiviséecommençaientàluimnquer. LesColonnaprofitaient de laguerre pour commettreannom del'empereur mille excèsdans la campagnede Romeet dansRomemême. EntreLannoydansleroyaumedeNaples,Bourbonet Frundsberg dans le Milanais, le pape en passa

par oùvoulut l'ambassadeur de

Charles-Qnint, et licenciases

troupes.Assiégéde funestes pressentiments, il semblait von-Mr ne laisser Rome que son prestige pour toute défense.Mais,au nord, Bourbon n'était plus maître de ses soldats;aprèsavoir dévoré le Milanais, ils voulaient une autre proieEtorenceonRome. Ceux quiétaient nouvellement arrivés,~trtontsous la conduite du luthérien George Frnndsberg, joignaientà l'avidité du soldat la fureur du sectaire; ilscroyaientfaire œuvre sainte en portant le fer et le feu danstesmurs de ce

qu'ils appelaient la sacrilége Basent. Ces

hmdessansdiscipline et sansvivres, n'écoutant plus rien, semMinant,tuant leurs officiers,et menaçantle connétablelui-a~me, passèrent le Pô, s'abattirent dans les campagnes dePlaisanceet de Parme, et entraînèrent Bourbon au delà desApennins.Le ducd'Urbin'par rancuneou plutôt par couar-disecomme l'assuraient les Italiens, suivit seulement à dis-hneecettecohue férocequ'il eat peut-être pu disperser.

Le pape s'aperçut trop tard que le seul prestige de Romeneserait point une défense contre ces furieux. Il vendit troischapeauxde cardinaux, arma la jeunesse, le peuple et les bourgeois,éleva à la hâtequelques retranchements du cotéduBorgo mais Bourbon donna l'ordre de monter à l'assaut(6mai 1527), et courut lui-même aux retranchements aumilieudes feuxnourris de l'armée romaine. I) tomba un des premiersfrappé d'une balle que Benvenuto Cellini se vanta

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LIVREXï.304d'avoir tirée; mais ses soldatseurent raisonen une henredesdéfenseurs de Rome maldisciplinés sousleurs caporioni lesmurs furent escaladés; Clément VII en prière, au Vaticans'enfait par la longue galerie de la cité Léonine an châtessSaint-Ange, les vainqueurs au nombre de plus de trentemille

hommes se précipitèrent dansla ville, massacrèrentàcoupsde hallebardes et de piques ceuxqui avaient les armesà la main, puis s'emparèrent des ponts qui menaientauTranstévère pour s'assurer le pillage de toute la riche et'sainte cité.

CHATEAUSAttiT-ANCE.<F Autemps de la chutede l'empire fromain, et du sacdesGothset des Vandales,Rome ne souffritrien de plus agréai.Hommes et choses,femmeset enfants, biens publics, prM:et sacrés, furent pris à discrétion par les barbares lescouventsfurent forcés,les religieuses viblentées, Jes autebdépouillés, les tombeaux profanés, ia bibliothèque du Va-tican saccagée, les chefs-d'œuvre deMichel-Ange et deRaphaél souillés, déchirés comme les monuments de l'ido-latrie.

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L'ITALIE M LA RENAISSANCE. 305

ttat~tmt t~u~tm* e)<t~e)re<tf et Mt Mtt~~f «*«).

pe fut le préinde de la chute et de la ruine de l'Italie.Commes'il y avaitencore place pour une espérance dansce

p~nddésastre, Florence chassa les Médicis, rétablit le gon-wnement républicain, et se rendit maîtresse de Livournettdo Pise. Le dnc de Ferrare s'assura de Modène; Venise,MRavenne;les petitstyrans reparurent danslaRomsgne.Deux souverains étrangers, François I", Henri VIII, in-

~ressésà arrêter l'agrandissement de Charles-Quintetmisen<kroir de venger le sacde Rome, conclurent, il est vrai, unet~ue,ala6nde 1527, pour délivrer le papeet arracher l'Italie}tsesoppresseurs. Lautrec, général déjà si malheureuxdans

i< péninsule,fut mis la tête

d'nne nouvelle annéeirancaiseftm;ral André Doria, homme d'énergie et d'expérience, pttsadu papean servicede la France. Le commencementdehjcampagne parut heureux Lautrec s'empara d'Alexandrie,{WL)semportaPaviequ'il livra au pillage pour venger la dé-Mjtede 1525; André Doria attaqua le port de Gènes, et fitconnaître par la ville le gouvernement français. Le papet~ssit a s'échapper duchâteau Saint-Ange et se réfugiasous~protection de la ligne.

~ïais Lautrec ne combattait

que pour son maître. Il se

jeta~s la péninsule (10 février 1528), entra dans le royaume Naples ou il s'empara de Barlette. et assiégea par terre Ntptes, bloquéesur mer par André Doria. François 1" setfoyantdéj!tsûr de Naples, ne ménagea rien pour ruiner Gênes,cette clefde l'Italie qu'il était si difficile de garder;iltravaillaà lui susciterune rivale dans Savone.AlorsDoria,Génoisavanttout, après avoir fait des remontrances qui netirent pointécoutées,offritsesservicesà l'empereur. La mer redevenantlibre, Naples fut ravitaillée. Lautrec bientôttthmé lui-même succombaà la peste. Le marquis de Sa-lacesqui prit le commandement des débris de l'armée fut"Migéde capituler dans Aversa. Les Espagnolsrentrèrentdanstontes les places du royaume de Naples. André Doria,ausside retour à Gènes, en chassa le gouverneur français,

HMT.D'MAU& 20

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LIVREXI. 1306

comblale port deSavoneet donna soush protectionde l'em pereur une nouvelleconstitution aristocratique à sa patrie.Tout fntSni.

ClémentVII se résigna le premier, ilconsentit,an pmde

quelques villes,àla restauration du

pouvoir impérial enItalie

L'empereur n'eut qu'à débarquer à Gênes sur tes gattmd'André Doria, pour recueillir les fruits de sa victoire dé-sormais définitive. L'Italie, ruinée par quarante années~guerres et de ravages, ne pouvait plus rien pour sa dëfeMt;la majeure partie des paysans, s'il en faut croirela lettred'mcontemporain, e<aten~morts soit defaim, soitde poste,soitautrement. Charles-Quint,arrivé à Bologne(15S9),y mM&ClémentVU, et dicta ses lois à la péninsute. Venisedut r~tituer an pape Ravenneet Cervia, an royaume de Napleslesvillesqu'elle possédaitsur lesrivagesde l'Adriatique, et payer trois cent mille ducats. Florence dut recevoir tes Médiciset payer une somme plus forte encore. François Sforza,tropchétif pour pouvoir vivrelongtemps, fut laissé en possessiondu duché de Milan, qui devaitrevenir à l'empereur à samott.Alphonsed'Esté se reconnut feudataire del'empire pour Fer-rare, etde l'tglise pour Modène et Reggio.Frédéncde 6<X)-zague échangea son titre de marquis de Mantoue contrecelui deduc, et prêta hommage.Le dnc Charles m deSavoie,et lemarquis de Montferrat, jusqu'alors dévouésà la FraMt,vinrent d'eux-mêmes à Bolognese ranger sous la protectionde l'empereur-roi.

Tout étant ainsi réglé, le 22 février et le 24 mai,Clé-ment VII, dans la ville de Bologne, posa les deux couronnesd'Italie et de l'empire sur le front de Charles-Quint. LaM-taaration impénale et pontificale fut complète la vieillealliance du sacerdoceet del'empire denouveau proclamée;etl'Italie, tenue dans une dépendancetoute féodato, relevasoit

du pape, soit de l'empereur, sacrifiée comme toujoursl'union des deux pouvoirs. Pour renouer complétementhtradition du moyen âge, CtémentVII annonça la prédicatio"d'une croisade contre l'invasion mahométane, et l'empereMdéc!arala guerre à l'hérésie allemande.

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. -3u7

etmte <e M~re~ee ét~g~e em <tttM ~<*r tew Mc<Uetit(tMW.tMf~.

Il fallait exécuter maintenant la sentence contre Florence.

CtémentVII lança par elle les

bandes férocesde

l'Espagne.La république n'était pas en état derésister. Déjàsecrète-mentattaquédans son principe par les partisansdesMédicis,legouvernementrépublicainétait encore disputé par les ar-M~M~fouenragés, et les piagnoniou pleurards. L'approchedudanger, le souvenir de Savonarole, rappelé par quelquesmoines,le fit passer, au moment décisif,aux mains des pia-gnonhLe gonfalonier Nicolas Cappodi, chef des arrabbiati,futremplacé par Batthasar Carducci,un vrai piagnone. Dansuneheure

d'enthousiasme,le

peuple proclama,sur une mo-

tiondu gonfalonier Carducci, le Christ, roi perpétuel de larépubliquedeFlorence. Une commissiondes Dixde laguerrerequit pour la défensede la patrie, la gardedu palais et de laconstitution,composéede trois cents jeunes nobles, la gardeurbaine de quatre mille hommes, et l'ordinanza de Ma-chiavel.On y joignit les restes des bandes noires; Michel-Angese chargea de diriger la défense des fortifications;onconfiale commandementde toutes les troupes au condottiereMalatesta de Baglione, général expérimente, man impie,~TM~,MuMMde MCM;et pour montrer qu'on était résolu àrepousser l'attaque par tous les moyens, on ra~a les maisonsdecampagneet lesbois de plaisance qui pouvaient gêner ladéfense.

Ceseffortsd'un patriotisme tardif et local furent inutiles.Le prince d'Orange établit son campsous les murs de Flo-renceau Piano à Mepoli;Ferdinand deGonzague,sur la rivedroitede l'Amo, occupaPrato. De vigoureuses sorties, leshardiestentativesde François Ferruccio qui fut fait prison-nier,tout couvert de mortelles blessures à Gravignana, neservirentque d'épisodeshéroïques à la chutedela liberté. LecondottiereBaglionequi vendait le peuple,la ville, etle sangdesF~M'en<MM<MM~à MK'c,se voyantsuspecté, livra décidé-mentun bastion à l'ennemi et pointa son artillerie contre taYi)le.LesFlorentins, pour éviter les horreurs du pillage,s'en-

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UVR8XI. ·308

gagèrent à payer quatre-vingt mille écus et a recevoir le:Médicis à la condition qu'on leur garantit l'amnistie et laliberté. Mais aussitôt les exités rentrèrent quelques parti-sans des Médicis,Vettori, Guicciardini l'historien, Valori etPhilippe Strozzi,firent créer par un dernier parlement une balie,qui condamnaà mort ou à l'exil les ennemisd'Alexandrede Médicis, et permit à celui-ci, prodamé due de Florence par Charles-Quint, de rentrer sansconditiondans la villedeCosmeet de Laurent. L'année suivante,la ~t~n~urte, legon-falonier étaient supprimés; le parlement remplacé par unsénat de quarante-huit oMttna<t,et Alexandre déclaré dac perpétuel et héréditaire par le nouveaugouvernement.

Ce fut le signal de la chute de tout cequi restait de libertédans la Toscane. A Lucques, sousla menace des arquebusesespagnoles,une oligarchiedévouéeà Charles-Quintfutinvestiedu pouvoir. A Sienne, Ferdinand de Gonzagneintima amhabitants l'ordre de rappeler les exilés, de reconstituerlement des Neufet de prendre pour capitainede leurs troupes,AlphonsePiccolomini, vendu auxEspagnols.L'empereur,deretour en Italie à la fin de l'année t532, sanctionnaà Bolognetoutes les conditionsnouvellesd'asservissement,et imposaàchaqueÉtat une sommedestinée à l'entretien d'une forceré-gulière qui fut mise sous le commandement d'Antonio de

Leyva, gouverneur de.Milan. L'Italie payait elle-même lesfrais d'une servitudequi devait durer un siècleet demi1

M<tt m* et «tte* ttt la <tM<tm*«<m e<t~<<t«te t* ttM~<terMe;e)Mt<e<ttttenne(MMMMJ

L'avénement dm pape Paul III (1534) acheva la soumis-sion de l'Italie. Ce pontifeparaissait persuadé que la restau-ration de la foicatholique et la réforme de l'Église étaient

les meilleursmoyensde rendre au saint-siége son indépen-dance et son pouvoir, et par là mêmeà l'Italie sa liberté. Ilne fut d'abord occupéqae de relever le pape avant le princetemporel; il iit entrer an conclavel'onctueux Gontarini,l'as-cétique Caraffa,le docte Sadolet, le patriotique Giberti; ilopéra quelques réformesdans la rote, la chancellerie, la pé-

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LIVRE XI.310

bannis sur le territoire de la Mirandole pour rentrer à Flo-rence et restaurer la liberté. Les piagnonis'agitèrent, eneon-rageant les nobles à tenter quelque chose. Mais tes ministresdu duc, Gnicciardini,Vettori et tesautres serendirent maitresdela situation ils pesèrent sur les délibérations dn sénatetfirent donner pour successeur à Alexandre, Cosme de Mé-dicis, fils de Jean des bandes noires, descendant d'un frèrede Cosme,le Père de la patrie. Rien ne fut changé, si cen'est le nom du maitre. Philippe Strozzi trouva déjà tont- puissantle nouveauduc reconnu par Charles-Quint, futdéfait par son générai Vitelli, et jeté en prison où il se donna lamort en demandant un vengeur.

Le pape Paul III, acheva de tout apaiser en ménageantentre l'empereur etFrançois hNiceune trêve qui devait durer dix ans. Ces dix ans servirent surtout à l'affermissementdela dominationespagnole.

Le duc de Guasto, nommé gouverneur de Milan, et donPedro de Tolède, vice-roi de Naples, commencèrentà trans-former en nn gouvernement régulier ce qui n'avait été jusque-la qu'une occupationviolente. Le duc de Guastofor-tifia lacapitale, y achevacette citadelle qu'on regarda long-tempscomme la plus parfaite de l'Europe, et fit de Corne,Lodi, Novare, Alexandrie, autant de placesfortes. Onzecom- pagniesde gens d'armes, huit de cavaleries légères, quinzemille hommesd'infanterie espagnolefurent entretenus mêmeen temps de paix. Charles-Quint réunit l'autorité militaire eti'autonté civile dans les mains du gouverneur. Un sénatnommé par le roi fut la seule limiteopposéeà son pouvoir.

Dans le royaume de Naples, les vice-rois avaient rem- placéle ban féodal par une forcerégulière. Une maisonmi-litaire de cent gentilshommestant espagnols qu'italiens, cinq compagnies de gendarmes espagnols, onze d'italiens, dix

mille hommesd'infanterie, dont six mille Espagnols, en toutvingt-quatre mille hommes formèrent l'armée ordinaire duvice-roi. Don Pedro de Tolède appuya ces ressources mili-taires d'un système politique plus efficace encore. Il s'aidacontre le pape, son suzerain, de l'esprit d'indépendancedneterg~ napolitain, contre le clergé du pouvoir du saint-

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L'ITALIE DE LA ,RENAISSANCE. 311

a~; il combla les noblesattirés à Naples d'honneurs, quiHtf'rent l'objet des jalousies bourgeoises; il conféra auxtottrgeoisune part de puissance judiciaire qui les exposa àh hainede la noblesse. En contenant tous ces éléments der&mtanceles uns

par les autres, il tes sonmit à une forte

H~rarchiede fonctionnaires administratifs et judiciaires,tHitiéespagnols et moitié italiens, dépendants tons d'une bpte cour appetée Santa Chiara; et it transmit ainsi à sessa~esseursune autorité telle qu'ils purent élever le chiffredesimpôtsà une sommeconsidérable pour l'époque.

L'empereur vint lui-même fréquemment en Italie pour ptMder à cette organisation décisive qui mettait le sceauàfttservissementde la péninsule. En 1540, il investit solen-Bdiementson 61s,Philippe, du duché de Milan, comme pour tmoncerqu'il ne le céderait jamais.

Al'exempledu maitre, les princes italiens rendirent aussikar pouvoir plus absolu dans leurs États. Le saint-siége,sousClémentVII, avait déjàsaisila ville d'Ancônelongtempsi)x!ëpendante,et latenait en respectaumoyend'une citadelleMtiesur la hauteur qui dominela place. Paul III, pour être phssûr des Etats de l'Eglise, les livra à ses créatures; ildonnaà son propre fils Pierre-Louis, gonfalonier de l'Eglise,lesduchésde Nepi et de Castro, et l'envoya châtier rude-mentla ville de Pérousé qui avait méconnu son autorité. Anerence,le jeune duc Cosmedésabusacruellement ceuxqui)')tMientélevé dans l'espoir de gouverner sous son nom; iltthraà lui toute l'autorité, dirigea arbitrairement les dé-HMrationsdu sénat, la justice, les finances, et fut assez paissant pour se passer des troupes espagnoles et en armer pMtr son propre compte.

Le pape Paul III, dont le neveu Ottavioavait épouséMar- pterite,fille naturelle de Charles-Quint, parut mettre aussi

a puissancespirituelle au servicede l'empereur. Sous l'em- pire d'uneforte réaction de l'esprit catholique,on commençaitàcroireque la renaissance des lettres, l'étude de l'antiquité profane,étaient la source desdésordresdont l'Eglise souffraitalors.Paul III ne se contenta pas de fonder en 1540,sur la propositiond'Ignace de Loyolaet de François-Xavier,l'ordre

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LIVRE XI.3ta

des jésuitea, destiné à combattre pattont l'hérésie, et à raffer-mir la foi; en 1543,il ressuscita la vieilleinquisitiondomini-cainéet lacentralisa à Rome par l'établissementd'un tribnmdsnpénenr et universeldont il canna la présidenceà l'inflexibleCaraSa. Dès ce jour, le plusinoffensifexamendes chosesdela foi fut intérdit. Le cardinal Contarini fut commedisgraciaTout ce qui sentait la nouveauté fht snrveitlé, proscrit.Etl'anneelSM, Caraffainterditl'impression d'aucun livreancienon moderne sanssa permission; l'année suivante parut le pre-mier /tM~cqui contenaitsoixanteet dixouvrages,et la persé-cution et la terreur se répandirent dans tonte la péninsnïe

Tonte la littérature s'en ressentit. L'historien Paul Jowmit sa p!umevénale la discrétiondes oppresseurs de son pays. Guicciardini, complicede l'asservissementde F!orente,laissa, des luttes de l'ambition, de l'intérêt, de la haine,del'envie où s'abima sa patrie, nn tableau effrayantde nettetémais où ne trouvent leur place ni le regret ni la plainte.

Les poètes évitèrent tout sujet sérieux et traitèrent lesautres avec la plus grande froidenr. La baguette magiquede)'Arioste,e!!e-même, perdit tonte sa puissance. A la ptacedaRoland /uttcua'; Bernard' Tasso écrit Amadis de Cau&.Bemi chante les angniiies, le chardon, la peste; Fraca~er une maladie honteuse. Dans les arts on étève p!n<de forte-resseset de palais particuliers qne d'égtises et de monument! publics. La grande sculpture descend aux détails de l'orne-mentation l'art qui avaitanimé les murailles du Vaticanserabaisse aux proportions dn portrait. Sangallo élèveà Romele palais Famèse, et. les citadellesde Civita Vecchia,d'An*cône, de Florence, de Pérouse. Galéas Alezziouvre à Geoe!!a rue Neuve, et bâtit ces beaux palais des GrimaHi, desSauti, des Banchi où ne s'abritent plus la forceet l'indépen-dance mais l'opulente oisiveté. Benvenuto Cellini le ptmfantasque des caractères dn temps, an lien de s'immortaliser par quelquegrande cenvredontil était bien capable,dépenseson talent à des ouvragesd'orfèvrerie qui lui rapportentda-vantage,et le Titien ne consacresa merveilleuse scienceducolorisetde l'expression qu~ représenter les grands person-nagesde sontemps. Pour tout dire, en nn mot, nn effrontéet

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 3t3

eyniquevalet, t'ignobleArétin, devient à beauxdeniers comp-acts l'arbitre du goût et le dispensateur de la gloire, se faitredouter des souverainscommeun fléau, et décorer par sescompatriotesda nom de divin!

Umseul homme,qui survivaità toutes les gloiresdn com-ttencement de ce siècle, Michel-Ange, proteste par sasombretristesse autant que par son talent contre cette déca-dence.A soixante-deuxans il entreprend, sur la demande du pape,d'achever le couronnement deSaint-Pierre, et com-

ËGUSE S.UNT-MERM

mencesa fameuse page du Jugement dernier; maintes foiscependant,au milieumême de son ouvrage, il se sent gagné par le déconragemeni; il s'enferme des mois entiers sansvoir personne;il passedes jours sans manger;il a sans cesse présentà la pensée cesmotsqu'il grave au bas d'nno statuedela

Nuit Il estdouxde dormir, plus douxencored'êtrede pierre, pendant!erègne du malet de la honte »Gratom'&'I sonnoe piùl' esser di sasso,Mentreche il dannoe lavergognadura. ·

Le saint-siége avecPaul III n'avait cependant pas encore

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ÏJVRE XI.314

perdu tonte ambition temporelle. Quand la guerre recom.mença entre Charles-Quint et français I" à proposde l'as..sassinat d'un ambassadeur, envoyé par ce dernier à la Porteottomane, il eut avec l'empereur une entrevue a Busseto,en 1543, et chercha à obtenir quelque agrandissementde luiou quelque territoire pour ses neveux. Pour aider la bonnevolonté impériale, les Farnèse, dépassant les intentions du pape, se mirent en rapport avec les nombreux émigrés, avecles mécontents de Milan, de Naples, de Gènes. Tandis queles flottesfrançaise et turque assiégeaient Nice, et que le dncd'Enghien, dans le Piémont, remportait sur Guasto la vic-toire de Cérisoles (1544),Pierre-Louis Farnèse, gouverneur pontificalà Plaisance, poussale réfugié florentinPierre Strozzisur Milan.

La paix de Crespy qui survint peu de temps après évita peut-être alors une rupture. Un rapprocbement complet parut avoir lieu entre le pape et l'empereur. La grossessedeMarguerite, filleIllégitimede Charles-Quint, époused'OttavioFarnèse, en était la cause.Le papePaul III consentità ouvrir à Trente un concile pour rétablir, avec l'autorité impériale,l'unité religieuse et politique en Allemagne et en Italie.Charles-Quint en signe d'alliance laissait le pape investir socfils, Pierre-Louis, du duché de Parme et de Plaisance des-

tiné à protéger au nord les États de l'Église. Les premièresséances du concilede Trente (1545)parurent mettre le sceauà la cordiale entente de Paul III et de Charies-Quint. Sousl'impulsion de l'inquisiteur Caraffa et du jésuite Lainez, les pères maintinrent l'autorité de la tradition catholique, con-damnèrentles nouveautés,sommèrentles dissidentsde rentrer dans le giron de l'Église et l'empereur, fort del'appui moralet politique du saint-siége, partit pour ramener l'Allemagneaussi à la soumissionimpériale et pontificale.

Le succès complet de Charles-Quint au delà des Alpesrompit cependant cette union si bien cimentée. L'Allemagne protestante entièrement domptée, toute espérance était per-due pour le saint-siége et pour l'Italie. Paul III rappela toutd'un coup ses troupes de l'arméeimpériale, et transportadeTrente à Bolognele concilequi voulait maintenant réformer

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UVRE XI.316

sance et Parme commebiens immédiatsde i'ËgMse,et enieraParme àOttavio.Maisc'était enacted'hostilitéindirect; etunedernière douleur l'attendait. Ottaviorefusad'obéir, ets'enten-ditavecFerdinand de Gonzaguepour rester maitre decequ'ilappelait son patrimoine. Le cardinal AlexandreFarnèse loi-même, qui conduisaittontes les affairesda saint-siége, étaitd'accord avecle rebeUe.Paul III, frappé de stnpenr et pleinde colère, ent une explicationterrible avec Alexandre,etmourut quetques jours après (t 549.)

L'avénement dn pape Jules III, pontifeami dnrepos, quinégligeait les anaires ponr la constructionde sonmagnifiqoe jardin, la ft~na di papa Giulio, n'était pas favorableà nnelutte d'indépendance.

Jules III rappelaleconcile a Trente(1550), et rendit Parme

à Ottavio. Celui-ci, pour arracher Plaisance à Ferdinand deGonzague,invoqual'appui du nouveauroi de France,HenriII.Seul, en Italie, il croyait pouvoir ce que le pape Pan! inn'avait pas osé. Il reçut dans Parme une garnison française,commandée par de Thermes, et appela aux armes tous!e! bannis et les mécontents, qui aidèrent Sienne à chasser Mendozaet la garnison espagnole.Mais Jules III s'emportacontre Ottavio,c cemisérable ver de terre qui osaitse révol-ter en même temps contre nn pape et un empereur; Fer-

dinand de Gonzagueet le pape envahirent ensemble le terri-toire de Parme; le duc de Florence, Cosme I", déclara laguerre aux Siennois.Parme fut laissée àOttavio;maisSiennefut la dernière victimede cettelutte de l'indépendance. Tan-disque les Français pénétraient dansle Piémont et y prenaientVerceil et Ivrée, cette villeappela dans ses murs le Françaisde Thermes. Grâce à lui, eUese défendit pendant toute l'an-née 1554.Mais quand, en t554, Pierre Strozzil'eut remplacéavectous les exi!ésetquelquesFrançais, CosmedeMédicisM

ménagea plusrien pour écraser le

filsde son vieilennemi.Un condottiere féroce, serviteur de l'étranger, pris à sasolde, Jean-Jacques deMédicis,faitmarquisde Marignanp~r Charles-Quint, bloquaSienneà la tête de troupes espagnole;et allemandes, ravagea impitoyablement les environs, et 6td'un pays jadis couvertd'habitations et d'une culture f)on!-

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 3t7

iMte,la triste Maremme d'aujourd'hui. Pierre Stroza tenta)meentreprisesurFiorenceetfutbattu&Lucignano. Biaise deMonttuc.avec quelques tronpes françaises, essaya encore de prolonger la résistance. Après avoir perdu vingt mille habi-Mnts

par le fer ou la faim, Sienne capitula enfinle 17avril,

tt se mit sons la protection espagnole, en demandant uneamsutationlibre pour tonte concession(1555).

ft~t <v ~enttère tnMe te <<te<té de iMtntte et de ~tmt<Mntee )1tt« ~e<t«« 1 traité <e <~<<Mm etMttte~t* (<tM MM)

L'avènement de Paul IV et l'abdication de Charles-Qaint(1556) offraientà l'Italie une meilleure occasion.Lettrdinal Caraffa, grand inquisiteur, était un de ceux quitrient imprimé à la cour pontificalecette direction vigou-tMse,destinée à raSermir le catholicisme ébranlé. Hommefane natureardente, emportée,qu'aiguisaitencorel'ascétismemonacalil apporta lamême impétuosité dans les anairespo-titumes. Né en 1476, il avait vul'Italie encorelibre du quin-a<mesiëc!e.Il comparait l'Italie de cette époque&'un instru-mentmerveilleusementd'accord,dontlesquatre cordesétaientRome,Milan, Naples et Venise, et il n'avait pas assez deMtêdictionscontre Alphonse et Louis le More, ces âmesmalheureuseset perdues qui, par leurs divisions, avaient dé-ttuit cetteadmirable harmonie. Charles-Quint, en déposanth touronneimpériale, n'avait pu la poser sur la tête de sonfilsPhilippeII. Le pape n'avait doncen facede lui qu'un roietnonun empereur (1556).

A peinecouronnétà Saint-Pierre, Paul IV remua l'Europe poir délivrer l'Italie; il arrêta les cardinaux partisansde l'Es- ppe, attaquaouvertementle vice-roi de Naples,et en6nconcluttïecle roi de France, Henri II, cette alliance devant laquellePaulIII avait toujours reculé. Le roi d'Espagne se défendittvecautantde résolution qu'eût fait un César. Le duc d'Albeenvahitavec les Espagnols le territoire pontifical; Paul IVtpt avec l'énergie d'un pape du moyen âge; il déclaraPhilippeII déchu de son royaume de Naples, qu'il offrit auducdeGuiseet auxFrançais ilnommaleducd'Este, Hercule,

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LIVRE XI.318

son généralissimeet tenta de soulever l'Italie contre cenou-veau maître. A Rome on le vit armer et passer en revueh population assis souvent à table des heures entières, bunntavec une ardeur fiévreuse le man~M-~tMfrade Naples, il se

répandait en invectivescontre ses ennemis, contre Cosme(h

Médicis,cefilsdu diable,contrelesEspagnols, cesschismati-ques, cesdamnés deDieu,cettesemencede juifs et de fM«M!véritablelie du mottde. ·

Philippe II, à la nouvelle de l'approche du duc de Gniseà la tête de quinze mille hommes, fit quelques concessionaux Italiens pour les diviser; il rendit la ville de Plaisance,moinsla citadelleàFarnèse, dont le duché fut ainsi constitnt.TI livra à Cosme de Médicis la ville de Sienne que ceici-dvisait depuis longtemps. Cefut son salut en Italie. Tenu aéchec par Hercule d'Este, le gouverneur du Milanais htobligé de laisser d'abord passer le dnc de Guise, qui franchitle Tronto pour assiéger Civitella. Mais le duc d'Albe lere- poussa,reporta laguerre sur le territoire pontifical,et manJHsur Rome.La grande victoire de Saint-Quentin, remporta par Philippe II sur les Français, porta un coup encore plusterrible auxespérancesdu papeet del'Italie. Le duc de Guisedéclara qu'aucune torce humaine nel'empêcherait de voler àla défendede sa patrie. Inébranlable jusqu'au dernier m<~ment, le pape ne céda que lorsqu'il vit les Romains eni-mêmes prêts à ouvrir aux Espagnols les portes de Rome,et pour éviter à la capitale du monde chrétien une prise d'e-saut et un nouveau pillage.

Frappé par cesrevers, le papese retourna impétueusementcontre les instruments mêmes de sa politiquemondaine; ilne pensa plus qu'au gouvernementspirituel del'Église, etfitre-tomber sur les ennemis de la foi le mal qu'il n'avait pu faireà ceuxde l'Italie.

Le sort de la péninsule fut déSoitivementréf:!é,à la saittdu traite de Cateau-Cambrésis(1~59), qui rétablit la paixen-tre l'Espagne et laFrance. Philippe II laissa dénnitivemeEtPlaisance,moinslacitadelle,àOttavio,Sienne et son territoinà Cosme1~de Médicis, mais en s'y réservant, pour le tenir dansunesorte dedépendance,les portsd'Orbitello, Tétamont,

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 319

Portoferraro,que l'on appela les~r&M~M.Le duc de Savoie,-Plulibert-Emmanue!,recouvrala Bresse,le Bugey,laSavoie,~e Piémont,à l'exception de Turin, Pignerole et Villeneuve,quifurent retenues par le roi de France, et de Verceilet

d'Asti,retenues par le

roi d'Espagne, jusqu'à ce que la ques-tion d'hérédité mise en avant par le roi de France eût étérésolue.Par là, la dominationaustro-espagnolefntinébranla- blementaffermieau nord et au midide la péninsule; le saint-tMge,qui avait espéré partager la domination de l'Italie, setrouvacondamné à l'impuissance; les ducs de Florence, de p<rmeet de Ferrare, furent tenus dans la dépendance, et la jfrontièremême de l'Italie resta auxmains desétrangers.

.Ce qui avait été commencé en 1530 aux conférencesde

jBolognese trouva achevéen

1559,dans une

petite ville de

,Flandre;et l'Italie, sousle joug de l'empereur Ferdinand, etdu roi catholique Philippe n, l'un suzerain du Milanais etdes petits duchés voisins, l'autre, duc de Milan et roi de Naples,tomba comme anéantie sons le poids d'une doubletervitude.

Lespectacleque donnèrent les habitantsde Romeet le con-dtve, après la mort du dernier des papes guelfes, montracombienle malheur avait aigri et abaissé les âmes. Le peuplemmainarracha de leurs piédestaux et brisa lâchement les«atuesqu'il avait élevéesà Paul IV dans la première joie detonavénement. Le conclave, par un de ces brusques retoursqa'onest si souvent à même de constater, contre la politiquemivie par le pape décédé, porta au saint-siége Pie IV, papedoux,mondain et attaché auxétrangers par son frère le due deMarignan,dévouéà CosmeI" et àPhilippe II. Unenouvelle phasecommençaà partir decette époquepour l'Italie; ellener~asta plus à la servitude; elle s'y résigna, elles'y précipita.Sonbrillant génie même qui s'était égaré dans les sentiersglissantsdç la renaissance, expia le scepticisme païen qu'ilavaitcontractédans les rigueurs de la pénitence et quelque-foisles petitessesde la superstition,

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UVRE XI.3X0

Afe~rttMttttmt 4« )~hMt<; Me tv, Me w, tHfttw~e Xtu;M~<<Mf)t<tMt «ttttU~tte <mm* <e<t <e«t« et <« <~<< (tttw-«M).'Le nouveau papePie IV donnal'eiempte de la résignation;

toutoccupéd'embellir Rome où ilconstruisitla Por<<t-P<a,etfit percer la rue de Montecavallo, et de protéger les côtescontreles pirates barbaresques, par tes fortificationsd'Anconeet de dvita-Vecchia, il n'ont d'autre bat que la paii, danssesrelations avecles puissancesétrangères. SoUicité par l'amba~sadenr de Savoie, d'aider son maitre à recouvrer Gendredevenue protestante Où en sommes-nqus,lui dit-il, poar qu'on vienneme taire de pareilles propositions? C'est la paixqu'ilme faut avant tout. H était convaincuquele saint-siégene pouvaitse maintenir longtempssans l'appui des princes,etchérissait surtout ceux qui régnaient sur l'Italie. n pensanainstant à conférer à Cosme le titre de roi il aurait voululefaire au moinsarchiduc. Il ne refusa rien à Philippe II, sonvassal, pour le royaume de Napleset il laissa même opposer la formalitéde l'e.ce~ua<ur à ses propres décrets.

Le saint-siége regagna,il est vrai,au spirituel cequ'il per-dit au temporel. Dans les dernières sessions du conciledeTrente, qu'il eutla gloirede rouvrir en 1563,le pape Pie IV,

par les concessions politiques faitesau prince, conjura lesré~formesreligieusesqu'on paraissaitdisposéà lui arracher. Encessantd'invoquer ses droits sur les couronnes, il obtintqu'on ne parlât plus de réformer l'Église dans son chef. Leconcile,au lieu de s'éleverau-dessusde lui, s'abaissa devantson autorité. Non-seulement on maintint la tradition, ledogme dans toute sa rigueur; mais on releva, on étenditle pouvoir du saint-siége sur toute la catholicité. Le paperestaseul juge des changements àopérer dans la discipline, infail-lible dans les chosesde la

foi, interprète suprêmedescanons,chef incontestédes évoques et Rome put se consoler dela perte déSnitived'une partie de l'Europe, en voyant sa puis-sance donblée dans les nations catholiquesdu midi, quiseresserrèrent religieusement autour d'elle.

Lessouverainslaiques de l'Italie n'eurent pointcette com-

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L'ITALIE DE LA RENAISSANCE. 321

nensatioo.CosmeI" de Médicis put en tonte liberté contenir parla terreur ses sujets de Florence et de Sienne encorefré-missanteLe duc de Savoie, PhilibertrEmmannel, qui avaitdonnéla victoireà Philippe II sur le roi de France &Saint-

Quentin, parvint à

recouvrer, à la faveur des

troubles de la

grance, toutes ses villes du Piémont. Mais il n'obtint pas pha du roi d'Espagne que du pape les secoursqu'il désirait pour soumettreGenève.

Le ducde Parme et Plaisance, Ottavio, appartenait à l'Es- ptgne par sa femmeMarguerite, longtemps gouvernantedesPtys-Bas,etparson6IsAlexandre, élevéparsamèredans destmtimentstoutespagnols,et, plus tard, généralde PhilippeII.

AFerrare,leducHerculeavait partagélesprojets dePaulIV;a femmeavaitété véhémentement

soupçonnéede calvinisme.

Lenrnts,AlphonseII,n'épargnarien pour faireoublierle mau-nis renom de ses parentsaux cours de Vienne et de Madrid.n exilasa propre mère. Il demanda en grâce pour épouseune princesse autrichienne, l'archiduchesse Barbara. Cestttiancesétaient moinsun honneur fait aux petits princes ita*liensqu'une garantie prise contre eux. Fières et dédai-gneuses,s'asseyant an foyer des princes italiens comme par dmitde conquête,et persuadéesqu'elles descendaient jusqu'à<M,ces archiduchesses firent ordinairement de leur épouxkar premier sujet, et rendirent toujours présents l'oeil et lesceptrede l'étranger au sein des petits gouvernementsqui settoyaientlibres.

La présencede Philibert deSavoie,d'Alphonsede Ferrare,deGuillaumede Gonzague!a dièted'Augsbourg,convoquéeen1566contre les Turcs, les dépenses faites par ces princes poury faire acte de dévouement, témoignèrent suffisammentqu'ilsn'étaient plus que lesvassauxde l'empire.

Sousle pape Pie V( 1566)s'acheval'œnwede larestaurationutholique et de l'asservissement de la péninsule. Ce saint,maisinflexiblevieillard, dont le peuple admirait la tête tou-

joursnue, la longue barbe blanche et le visagerayonnantde pieté,fit admettre dans tous les États italiens l'inquisitionro*maine,et surveilla sévèrement~ foiet les mœurs.Lesévêquesfurentastreints à la résidence, les moines et les nonnes à une

t~ST.C'tTAUE. ï)

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LIVRE XI.322

sévère réclusion. Le collegium~ermanteum, fondé parles jésuites, devintune pépinière de prêtres ponr l'Italie et FAUe- jmtgne. Les <tbMdispMdrent en partie, les Scandalesdimi.nttërent dans Rome. DescardinauxrecocunàndaNes par leur piété donn~fent lé ton à la cour tomâitte. Tiëpolô, ambMN.

deur de Venise,rendait un

peu plus tard à la ville sainte

cetémoignage: Rome s'efforce à sortir de la déconsidéranonou elle était tombée; elle est devenue plus chrétienne daMsesmœurs et dans sa manière de vivre.»

En Loïnbardie, l'archevêquedo Milan, Chartes Borromée,digne émule de Pie Y, né se contenta pas de réformer leséglises et le clergé, les mômes et les religieuses; il restrei*gnit les divertissements publiôt) veilla sur ta sainteté desmariages et sur la conduitegénérale des laïques; appela,àl'aidé de ses décrets

reugieh~,le secoursde la force

militaire,et le gouverneur de Milan plia sous l'ascendant d'un ïe!e pur dé toute ambition politique.

Cette reforme, tout ecclésiastique et disC!plma!re,n'eutmalheureusement rien de pratique ni de viril. On rétablitleculte sans retremper les caractères; on ràifermit là foi sanscorriger les moeurs; on dompta la pensée sans relever lesâmes. Une seule action grande sortit de cette époque. Pie Ydétermina une ligue contreles Turcs entre les États italienset

l'Espagne; sous la conduitede don

Juan, les vaisseauxd~

Venise, de Gènes, de la Toscane,de Naples et des Étatsdel'Eglise remportèrent la glorieusevictoirede Lépante(1571):< II futun homme envoyédeDieu, nommé Jean, puts'écner Pie V dans sonenthousiasme.Grégoire XIII accomplitencoreune oeuvreeuropéenne par sa réforme du calendrier. Ma!sàcôtéquels scandales et quelle bassesse 1

Les MédiciSdonnèrent les plus tristes exemples.Desra-meurseffroyablescouraient sur la mort subito et rapprochéededeux des fils de Cosme. On assurait

que l'un d'eux, Jean,

avait dans une partie de chasse assassiné, par jalousie, sonfrère Garzia, et queCosmeavait immolé le fratricide dansle.

bras de sa mèrequelques jours après. Letroisième,François, bien que marié à l'archiduchesse Jeanne, entretenait publi-quement avec Bianca capello une liaison que semblaient

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323L'ITALIE DE LA RENAISSANCE.

aiguillonner chaque jour de nouveauxscandales; et Cosmeassouvissaitan fonddeson palais defougueuses passionsirri-téesencore p~ruhesombremélancolie. Tout cela n~empecha

pas le papeMe Vde conférer a Cosme,on ne sait trùp deque! droit, te titre de grand-duc, en 1569; et cet acte fit voir Jusqu'où étaient descendus les priMes italiens. Les autreslAetitssouverainedont la vie n'était pas fort exemplaire semontrèrentfort jaloux.Le duc de Ferrare et le duc de Savoie protestèrent auprès des cûuMde Madrid et de Vienne, et prétendirentgarder le droit de préséance que le pape venait j~nside changer. Bstenaient a rester au moins les premierst~tQi les esclaves. Néanmoins François, successeur deCosïne,obtintde l'empereur et duroi d'Espagne la conSrma-tiondu titre degrand-duc, et, marié avecBianca CapeUode-

vutt, pour ~esmanières, un vrai prince espagnol.Toute itidépendancefut aussi proscrite de la littérature etdesarts. Les académiesde Rome, dé Naples, de Modene se~Ispeîserent. Toutcequi avait 6ut l'admirationdu siècle pré-~dent, on le tmt pour paganisme. Un profond philosophe,~iôrdano Bruno, erra longtemps poursuivi par les inquisi-teurs jusqu'à cequ*enSn U tomba au pouvoir de Rome etJ&it par le feu. L'étude de l'antiquité même fut presqueabandonnée Aide Manuce, a Rome,ne rencontra pas une

diaune d'élevés qui consentissent a lire encore les poètesgrecset latins. La cour classique de Ferrare même, où bril-

laient les deuxMéats~n duc, Lucrexia, épouse du ducd'Ur- bin, et surtout la famoaM Ëiéonore si douée d'abord etdepuissi fatale au Tasse, eut grand'peine a défendre sesdélassements de prédilection contre la proscription géné-rale.

La religion tint la plume et lé pinceau, presque sans rivale.Le jésuite Bellarmin défendit avec un grand appareil de

science,qui n~estpastoujours il est vraide très-bon aloi, des prétentions pontincalesrenouveléesdu moyenâge. Baroniusécrivitsessavantesannales; l'histoire politique se tut, ou eûtmieuxfait de ne point parler. L'épopée héroïque tombée si basavecQironle Courtois, ne se relevaque par le sentimentchrétien, dans la J~rMM~Md~tUt' du Tasse; et un peu

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324 LIVRE XI.

plus tard l'indépendance d'esprit du poète eut presque autantde part à sesmalheurs que la hardiesse de sesdésirs.

Dans les arts, les disciplesde Raphaël tombèrentdansl'af-fectation, ceux de Michel-Ange dans l'extraordinaire. Let

Carrache, à

Bologne,animèrent seuls la toile

par un idéal

chrétien tout nouveau, Louis dans sa Focatfon de saint JVa-thieu, Auguste dans son saint J~'cmc, Annibal dan son Ecuhomo. Les Madones,les Wer~Mse multiplièrent; eUescou-vrirent les murs deséglises,envahirent les places publiques,et devinrent l'ornement ordinaire des foyers mêmeles plus pauvres. Enfin la musique religieuse naquit avecPalestrinacomme pour célébrer dignement la restauration catho-lique.

Malgré tous ces dehors, la réforme religieuse et moralen'arriva pas au fond desâmes. Les princes qui appuyaientles décrets pontificauxne se les apphquaient point à em-mêmes. Ceuxqui accusaient tout haut les Médicis,suivaienttout bas leurs exemples.Le peuple contractaceshabitudesdedévotionétroite et extérieure qui furent encorelongtempsi'nndes traits de son caractère; il apprit à accommoder Irréligionavecle vice; et la moralité n'en devenait pas meilleure. Le paganisme était vaincu, le christianisme restauré, mais pointoù il avait surtout besoinde l'être, dans les moaurs.

Ntftfe <e la péttbMtde te< tttttt et t«t tH~*m<<««*a't«4).

La perte de la liberté ne fnt point compenséeen Italie par la prospérité matérielle. L'administration pontificale avaitd'abord eu d'heureux effets dans un pays livré autrefoisauxcapricesd'une foulede petits tyrans. La 'Romagne,la Marcheassez doucementgouvernées par les légats avaient joui d'unecertaine prospérité; le lin de Faenza, le chanvrede Pérouse,le vin de Montenasconeétaient très-recherchés; mais bientôtles impôtsmis sur les personnes, les !biens, le commerce, pour remplacer les revenus de la chrétienté perdus, tarirenttoutes cesressources. La villed'Ancône,entre autres, frappéed'un impôt sur les entrées perdit cette foule de marchands

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L'ITALIEDE LA RENAISSANCE. 325

pecs, turcs, arméniens et antres, qu'on voyait affluer danston port, et ne sereleva jamais de ce coup.

FrançoisdeMédicis, prince tont espagnol,se séparait com- plètementdu peuple; à la manière de Philippe U, il ne vécut plusqu'au milieu decourtisans, de favorisqui commencèrentaformer une noblessedans cet Etat jadis tout démocratique;maisil laissadépérir par sa négtigence tous les élémentsd'ordreet de prospérité dela Toscane. La ville de LivourneMtdogagnaquelque développement,grâceaux privilégescom-merciauxqu'il lui accorda; mais le reste du pays devintdésertauprès de ce qu'il avait été sous Cosme I". Pise, denagt-deux mille âmes, tomba à huit mille; et en 1575 uneconjurationfaillitrenverser ce tyran voluptueux qui ne son-

geaitpas même au lendemain.Dans le Milanais, où les gouverneursavaientrespecté lesdébrisdes ancienneslibertés, on rencontrait encore quelqueactivité.On recherchait les armes et les broderies de Milan;lesmétiersà laine étaient très-occupés à Cômeet dans la ca- pitale les travauxde canalisationcontinuaient; Milan passait pour la plus populeuseville de l'Italie et renfermait jusqu'àtroiscent cinquante mille habitants. Mais à Naples leseligenceset la vénalité de l'administration tarirent toutes

lessourcesde la prospérité tandis qu'en Lombardie de ri-chesfamilles, les Marignani, les Sforze, les Serboni, lesBorromée,lesTrivnke étalaient un luxe princier, la noblessenapolitaine,promptement ruinée par la vie de cour, se retiradansses châteauxet vécut enopprimant ses paysans.La bour-geoisieelle-même écrasée par les impôts et surtout par les«priéesdes vice-roisfut atteinte et ruinée. On poursuivit lesmalheureuxcontribuables au point d'enlever les toits desmaisons pour en vendreles matériaux, lorsque tous les meu-

blesavaient été saisis. Les villes tombèrent en décadence;tonteune provincedésolée, la Calabre, ne fut plus traverséequ'encaravanes.

Danstoute la péninsule le brigandage s'organisa, commeaMgrandes époquesde misère. Les mécontents,les bannis,les gensruinés et les mauvaissujets se réunirent par bandessousla conduitede chefs hardis et aventureux, et exercèrent

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326 LIVRE XI. L'ITALIE DE LA RENAISSANCE.

de sanglantesrepresaUtes.LesgorgesdesApennins,les petitschâteauxqui s'y étevaient, devinrent16 retugade ces tannttou &andt<$qui remplaçaienttes condottieri;et furent commela dernière et sauvage protestation de Findépendàtce na-

tionale. Le peuple, loin de les mépriser, lesappelâtes t~apt.Les grands, des princes, des cardinauxmême, altèrent sou-vent chercher chez eu~ les hommes de n~aindont ils avaient besoin pour exercer leurs vengeancesonmêmesatisfaireleurscupidités.

Marco Bemardide Coseï~à, dans la Catàbre; pierre Léo.nello de Spolèté, dans la Marche; Alphonse PiocolomM,seigneur de Monte Marciaho et de noble famil!e, dans lesApennins, devinrent !a terreur de la péninsule. n fallut une

véritable expédition militaire desFspagno!s pour détruiMMarco Bernardi et sa bande. Alphonse PiccolominidansI~Ëtats de l'ËgUse enlevait des châteaux et mêmede petitesvilles; le pape Grégoire XIII augmenta ses forcesmilitaireset donna au cardinal Sforza tes pouvoirsles plus étendos pour débarrasser !e patrimoine de Saint-Pierre dece brigan-dage. Grégoire XIII ne put Cependantdésarmer Picco!ominiqu'en lui accordantsa grâce et la restitutionde ses biens..

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MTRE XïL

ï/tTALï~msPAN~A~nrMt~OENN~(i884i700)

Sitte-Quintet Ferdinand t**(16~.t590). Le ptpe Clément V!U lemoineCampanella (1590-1695) Le pape Paul Y; Char!es-mma-aupt I" (t605-t6t8). Don Pedre de ToMde et le duc d'Ossuna;conspirationde Venise; !aYaMe!iie(t6!8-t6M).–LepapeUrhamVnt;la succession de Mantoue maison de Gonzague-Nevers (t6?6-t63i). –Ëtat matériel et moral; sciences, lettres et arts. Innocent Ï)Masanietto;lutte de la France et de l'Espagne en Italie (t635-163?.

Alexandre VII et Clément IX; Charles-Emmanuel II et Ferdi-nand Il (1659-1616). Innocent Xt révolte de Messine bombarde-mentde Gênes; affaire et ruine de Casale (tôM-HOO).

tMxte-~tthttet WwthMUt<t" (tta<-«WW).Ala findu seizièmesiècle, après la demiëre résistance du

saint-siégeet des républiques, îa péninsule était tombéedansle plus complet découragement. Deux hommes d'énergieessayèrentde la relever sur le seuil du dix-septième siècle,etdela mettre à même de profiter do la restauration de laFrance,sa protectrice naturelle, depuis qu'elle était tombéesonsle joug de l'Espagne Sixte-Quint, souverain pontife,etFerdinandI"

grand-duc de Toscane.

Félix Peretti, d'une pauvre familleslave réfugiée à Mon-tdto, avaitété élevéà la rude école de l'indigence; il avaitdanssa jeunesse gardé les pourceaux. Distingué par un mé-

1.VoyezBolla,Hiuoire~te; Ptru, ~«fo<f<~~<u~, ttMte,llù-~tre~< ~MM~

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LIVRE XU.328

lange assezrare d'érudition théologiqueetde savoir-faire ad-ministratif que relevaient encore on esprit décide et uncaractèreferme, il était âgéde soixante-quatre ans, et atteintde quelquesinfirmités, lorsqu'il fut é!evéa la papauté(1584).Cet honneur parut l'avoir rajeuni, retrempé; c'est ce quitfait dire que le lendemain de son exaltationil jeta loin de luises béquilles. Le premier depuis longtemps,il comprit quele pape, souveraintemporel, ne pouvait s'absorber exclusive.ment dans ses devoirs religieux, sans mettre en danger sa puissance spirituelle même il entreprit d'abord de détruiftle brigandageet de relever lès financesdu saint-siége.

Des les premiers jours, les mesures les plus énergiquesfurent prises contre les brigands. Onmit à prix la têtedeleurs chefs; on rendit leurs parents responsableset solidaire;de tous leurs méfaits. Le saint-père trouva bons tons lesmoyens employés contre eux; il n'y eut à espérer dé luiaucune pitié. c Tantque je vivrai, avait-ildit, le jour mêmede soncouronnement,tout criminelsubira sa peine capitale.'àAu boutde deuxans les ambassadeursfélicitèreut le papesur la sécurité des routes du domaine pontifical.

Grégoire XIII avait mangé, au dire de Sixte-Quint, lesrevenus de trois pontifes les siens,ceux de son prédéces-seur et ceux de son successeur. Sixte-Quint fit des écono-mies considérables sur les dépenses de la chambre pontiS-cale. En peu de temps il eut payéses dettes, et put mettreannuellement de coté un million d'écus en or, réserve qu'ddestina à parer auxgrands événements,commeune croisade,une famineou une invasion du domainede Saint-Pierre.

L'excédant ordinaire des recettes fut employé par lui1embellir Rome. Depuis que Sixte IV avait joint encore lesdeux rives du Tibre par le pont de Travertino, qui portetoujours sonnom, la partie basse de la ville avait été entière-

ment renouvelée au delà du fleuves'élevaientles merveillesdu Vatican,le Belvédère, les Loges,le palais Chigi; en deçila chancelleriede ~ules II, les palaisFarnèse et Orsini. Maisles collinesde la ville haute étaient toujours abandonnées;l'églisede Sainte-Marie des Anges, le palais des Conserva-teurs, sur le Capitolin,n'y attiraient pas les habitants. Sixte-

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1 L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE(1584-1700). 329

Qoint, pour repeupler ces belles et célèbres collines, ytmenal'eau, dont elles manquaient, par des travaux qui ri-niisent avec ceux des Romains. H fit venir de vingt-deuxmiUessur le Capitolin et le Quirinal, iantAt sous terre,hNt&tsur des

aqueducs,cetteaqua /Mtee

qui donne en

vingt-matreheures vingt mille cinq cent trente-sept mètres cubesd'eauet entretient ving-sept fontaines; il perça un grandnombrede mes, facilita les communications entre la hauteriUeet la basse, etdoubla pour ainsi dire la ville de Rome.

L'anctenmoine franciscainfaisait aussi de la réactioncon-trele paganismedans l'art, et était heureux de célébrer danstesœuvresle triomphe de la foi chrétienne. TIsurmontaitd'nnecroix le bel obélisque que l'architecte Fontana élevaKMtant de peine et de bonheur sur la place Saint-Pierre;il précipitaitde leurs colonnesles statues de Trajan et d'An-tonin pour y faire monter saint Pierre et saint Paul; il dé-truisait pour bâtir ses églisesou réaliser ses plans les monu-mentsde l'antiquité, le beau temple de Sévère même; et ilhillit sacrifier àce vandalisme chrétien l'admirable tombeaudecaciliaMetella; mais, avanttout, cet esprit positif se pro- posaittoujours un but d'utilité publique, et Rome se relevaréellementsous son pontificat.

Lamort du grand-duc de Florence, François, fut aussi fa-ToraNeà la Toscane que cellede Grégoire XIII auxÉtats del'Eglise.

¡Hommeéclairé, de sens pratique et de résolution, Ferdi-

nandI" répara les misères causées par la négligencedeFrançois.La prospérité de Livourne fut entretenue; la villedePise relevée par l'ouverture d'un canal qui la fit commu-niqueravecLivourne, au pointqueles Génoisassistèrentbien-tôtaux foires qui y furent tenues tous les ans. Le coursdel'Arnoreçut une direction plus avantageuse; ons'occupade

dessécher les terrains inondés, et onreprit le projet derepeu- pler la Maremme, en facilitant l'écoulement des eaux et enarrètantles débordementsdu lac Fuccechio. Enfin Ferdinandentretint une marine militaire assez considérable pour aller relancerles barbaresques jusque Bone.

Le pape Sixte-Quint et Ferdinand étaient faits pour s'en-

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UVMXÏI.330

tendre. Leur politique extérieure comment à trahir plusd'indépendancevis-à-vis del'étranger. Sixte-Quintpoursuivit jusque sur te territoire desEspagnols,tes brlgand$qui étaientquelquefois protégés pat eux. Ferdinand congédia tous les

Espagnols que François avait

pris sa

solde, et

confiasesforteresses aux Italiens dont il n'avait pas &se mener. Tousdeuxentretinrent de bonsrapports avecla république deVe-nise; le pape aimait particulièrement cette ville,qui l'avaitaidéa détrmreles brigands, 11assurait souventc~u'ït verseraitvolontiersson sang pour elle. »Ilsse rattachèrent encorelesGonzague de Mantoue et Qeue~, ï~enacée par QharIes-Em-manuel 1**de Sâvoie, qui espérait tout obtenir de l'Espagneen se faisant son pins zélé partisan.

C'était déjà

un foyer de résistance. Mais il fallait tronvef du secours au dehors. La France, depuis vingt-cinq ansen j proie aux horteurs d'une guerre religieuse, qui paralysaittoute sa politique extérieure, se débattait encore avec peinesons les eBbrtset les intrigues de Philippe Il. FerdinandetVenise favorisèrent autant qu'ils purent la restauration d'na pouvoir fort et national. La république devinant la premièreoù était l'avenir, eut le couragedereconnaître HenriIV avanttous les autres Etats. Ferdinandaprès elle entra en relationsd'amitié avec le nouveau roi; tandis que le duc de Savoies'emparait sur lui de Barcelonnette et d'Antibos, il se jettsur le château d'If et y mit bonne garnison.

Sixte-Quint hésitait; il menaçaitd'abord derompre aveclarépublique, pour laquelle il avait promis do verser son sang;il reçut enfin M. de Luxembourg, envoyé de Henri IV,enaudience particulière. L'ambassadeur d'Espagne, Olivarès,ré-clama, menaça; Sixte-Quint s'emporta contre une semblablehardiesse. Philippe II poussa de nouveaules bandits snrleterritoire pontifical, et interceptalesconvoischargésde grainsque Ferdinand faisait venir pour l'approvisionnement delaToscane. Sixte-Quint alla jusqu'à parler d'excommunicatioBcontre le catholique roi d'Espagne. Cethommeénergiquere-culacependantdevant une aussi grandetâche,et mourutdans-l'indécisiou,le 7 août 1590, poursuivilâchement par les ma-lédictionsdu peuple, qui brisa sesstatues, et décidaqu'onne

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L'ITALIE mSPANO-AUTNCHIENNE(1584-1700). 331

~cernerait désormais pins <;ethônae~r aux pontifesavants.~tait ëvitttr ao moinsles dangers de Ferreur on de rtpgra-~tode, épargner a Rome les satnmates de l'idolatrîede lattiMeetdes acto-da-fé dutëtidemain

t~ ttt~e ~]K<<M-tttVB~t te «t~e <~Mt~MteU<t(<~«.«~).

Le parti desMédicison des Français etceluidesEspagnolsMdisputèrent l'élection; après deux papes éphémères, lettfdinal Aldobrandino, créature de Sixte-~uint, beaucoup)nomsdévou6auxEspagnols.fut enfinélu le20janvier (1592),etpritle nom de ClémentVCM.

C'étaitunevictoire pour l'Italie. L'abjuration deHenri IV,

centrée à Paris en 1594 en fut

une autre; on la

célébrata péninsule conune an événementnational. Le pape nerésistaplusaux instancesdu grand-duc de Florence. En vain!epartiespagnolquitta Rome avecles cardinauxqui le diri-geaient,on vain le duc de 8essa, ambassadeur de PhilippeII,

jetales bandits des Abruzzcssur les terres de l'Église. Sou-tenn par les Vénitiens, par le duc deToscane, par l'empereur hi-meme, auquel les Italiens fournissaient dessecourscontrelesTurcs, le pape passa outre il déclara, dans nne cérémo-mèsolenuelte

(8 septembre 1595)Henri IV réconcilié avec

l'Églisecatholique,et rétablit ainsi entre les puissancesortho-<toïesun équilibre favorable à sa propre indépendanceet àt'tBranchissementde l'Italie.

La péninsule s'aperçut bientôt en effet qu'elle avaittrouvétontfol'Espagne un puissant appui. Alphonse II, duc de~étrare, de Modène et de Reggio, mort en 1597,avaitlaissésonhéritage à don César son cousin, à défaut d'héritier di-rect. Clément VIII réclama, comme fief du saint-siége, la<il!ede Ferrare, lança l'excommunicationcontre don César,qni prétendait à toute la succession,et fit un emprunt pour appnyer d'une armée les foudresspirituelles.

Les chances ne paraissaient pas favorables d'abord ausdnt-siége. La cour d'Espagne, qui croyait avoir se plain-dredeClémentVIII était fort mal disposée.Le grand-duc deToscane, beau-frère de don César, abandonnait cette fois le1

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1 L'ITALIE HISPANO-AUTMCMIEKNE (1584-1700). 333

tairede son petit État. Ferdinand de Toscane, trop heureuxdevoir monter sur le trône de France Marie de Médicis, n'a-nit pas tenu longtemps rigueur à Henri IV. Au nord et aumidide l'Italie, les Milanais et les Napolitains eux-mêmes

tommencaientà s'agiter sous le joug de fer de l'Espagne.Il n'y eut alors qu'une tentative dans le royaume de Na- ptes,et ce fut une de ces révoltes isolées,étranges et folles,a fréquentesdans la péninsule, et que le malheur seul ex- plique.

Th Cam Ua r d 'ilUndominicain, Thomas Campanella, penseur profond s'iln'eûtétéencore plus grand rêveur, s'arracha tout à coup àset élucubrations philosophiques et à ses songes pour ap- peler,nouveau Savonarole, ses compatriotesà la liberté. H

croyait,sur la foide

l'Apocalypse,que le

dix-septième siècle

d~nitêtre en Italie le signal d'un cataclysmeoù s'abîmeraitta dominationespagnole,et il forma le projet ~e fonder unesortede république ihéocratique universelle. II commençad'abord par soulever la Calabre, sa patrie; des moines, non-seulementdominicains,mais franciscainsetaugustins, entrai-nés par son éloquence, se mirent à prêcher les doctrines dunmvelenvoyéde Dieu, et soufflèrent sur les cendres maléteintesdes factions napolitaines. Plusieurs évoquesmême

et quelques barons, suivirent les moines; une armée, recru-

Meen partie de bandits, sortit de la Calabre. Le comte deLemos,vice-roi dé Naples, en eut bientôt raison. Les mal-heureuxqui furent saisis périrent dans d'affreux supplices.ThomasCampanella,qu'on regarda commefou, fut jeté dansm cachot, où il resta vingt-sept ans, et passa de la rêveried'âne république universelle à celle d'un universel saint-empire.

Cettetentative suffit pour mettre sur ses gardesle gouver-nementespagnol déjà plein de méfiance. Philippe III, àRome,excitale cardinal Farnèse, chefde sa faction, contrele pape; les garnisons des présides de Toscane furent aug-mentées le gouverneur de Milan, Fuentes, rassembla destroupespoureffrayer toute la péninsule. TIeût peut-être faitdavantagesi le roi d'Espagne, Philippe III et son ministre,le duc de Lerme, satisfaits de maintenir leur domination,

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LIVREXU.334n'eussent mis tous tours soins à éviter une interventiondeHenri IV au delàdes Alpes.

ttt~e IP~tdV ttM~ftM EXMMMM~ttt" (t~«(t.~et<t}.

LamortdeClémentV! 601605, ralentit encoredayant~tte mouvementtout français. Le cardinal Borghëse, PaulY,élu en dehorsde touteCombinaison politique,préoccupé pres-que exclusivementdes prérogatives de sbh autoritéspiritueUt,indisposa contre lui tons les États d'Italie par son ardeaquelquefoisintempérantea soutenir sesdroits.

On consentit d abord presque partout à faite des Conces-sions àun pape que l'expériencerendrait sans douté plusttt:.table. G~nesrévoqua une ordonnance an'etle avait port&Contre des assembléesréellement politiques des jésuites.Ï<duc de Savoie abandonna ses droits sur la nominationM.gieuse de p!&sienrs béheBces. te vice-roidé NapÏos fit <~mander l'absolution pour le président du conseit qui Mitexécuté uneordonnancer&yalecontraire aux prétentions pM.ncaîesdansie royaume.

Mais, à Venise,lacourde Romeet leConseildesDix étaiMaux prises sur tontes choses sur les frontières désdeuxter-ritoires, sut les imites des juridictions temporelle et spin.

iuelle, sur les rapports de commerce et !à dîme. Leti!mdangereux, c'est que ces conJuitsCxprimaietitün antagomaNde théorie beaucoup plus grave. Le Vénitien fra Paolo Samdéfendaitalorsavec beaûcoap descience et d'ardeur lesdK&!aïques de t~Etàtcontretesprétehttons Soutenues par léeu-dinàt Betlanain, en laveur du pouvoir spirituel: et le dogenouveau, LéonardDonato,était le disctpiede ce célëbrejn-risconsulte. Le pape éclata enfin à propos do deux ecclésias-tiques coupables, arrêtés par la jusdce Séculière il !m{t

l'excommunication et l'interdit sur la république. Le s&mordonna son ndèle dergéde ne point tenir compte descen-sures et de continuersesfonctions. Les jésuiteset lescapucimseuls désobéirentet furent bannis. Paul V, horsde lui, fitdes préparatifs de guerre, la république augmenta ses troupes;les deux adversaires cherchèrent des secours, le pape an-

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L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE (1584-1700). 335

p~s du roi d'Espace, le conseildes Dixauprès du roi deFrance..Les gouverneurs espagnols, en Italie, poussaient phi-i~pein la guerre; te parti protestant, en France, sollici-taitHenri ÏV de t'entreprendre. Les deux rois fuient plus~S~es.François de Castro et le cardinalde Joyeuse, envoyésenItalie parvinrent a tout accorder, en t607, par un com- promis.doge livraà l'envoyéfrançais, et par considération pour le roi de France, les deuxecclésiastiques conpaMes;Mis ~1nerenonça a aucun des droits de l'Etat, et maintintimpulsiondes jésuites et des capucins.Ï~ mort da grand-duc t'erdinand, qui n*ent point dansS~mp Mun successeur digne de lui, fut encore une perteM)tr l'Italie. Le ducdeSavoie, Charles-Emmanuel, pratiqua~seule

vraie politiquenationale; le Ëts du général de Phi-lippeII se posa méjmehardiment en prince italien, en ad-

mtsairede l'Espagne; En 1609,il embrassa avec ardeur les p!~etsque formait le roi ~HenriÎV, l'année même qui pré-tédasa mort A la tête de ses propres troupes et de renfortstmenés par LesdiguieMS,il jrevaitdéjà de s'emparer du ~ti-hnaiset de le réunu-a ses possessionshéréditairesérigées enm~tume.Un projet de confédérationitalienne était dans lesWtonsde la diplomatiefrançaise. Mais la mort de Henri IV

~1 abandonde

la régente,Mar!ede

Médicis,firent toutman-<Mr~il refusaitencoredo désarmer. <Mes armées piémon-)f!es,disait-u, sont la sauvegardeactuellede l'Italie. Naplestt Milanappartiennentau roi trés-catholique; les embarrasde Venisese multiplient; la Toscane est soumise et comme~égée dans ses possessions;le pape ne se décide pour per-<Mne~Gênes, par sa proximité de Barcelone, reçoit en quel-ques jours les ordres de Madrid. Si je désarme, il n'y aura ptnsdansla péninsule d'hommes libres et généreux; elle netcnuendra

que des traîtres et des esclaves.. Il fallut l'in-

'enentiondu pape, de Venise, de Cosme II, pour obtenir deCharles-Emmanuel qu'il envoyâtau moins son fils Phi-tihertfairequelques soumissionsau roi Philippe, en'I'annéet6H.

Alamort de François deMantoue, qui n'avaitsurvécu que

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uVNs XII.336

quelques moisà son père Vincent, en 1612,CharIes-Enuna.nuel tenta encore quelque chose. François n'avait de safemme Marguerite de Savoie, fille de Charles-Emmanuel,qu'une filleAgdede troisans, et laissait sa successionsonfrère le cardinal Ferdinand. Charles-Emmanuel I" rëctamtcomme fief féminin, au nom de sa petite fille, le Montfemtavecla villede Casât, et, en 1613, occupahardiment la plusgrande partie du territoire qu'il réclamait. Il eut d'abordtoutle monde contre lui l'empereur Ferdinand évoqua l'athirtà son tribunal, le gouverneur de Milan et Cosmede Toscanemirent leurs troupes en mouvement; Venise et la Framtmême lui firent de vivesremontrances. H fit tête à tons;ilrappela son ambassadeur de Venise,rejeta la médiation dehFrance et du pape, reçut vigoureusement le gouverneur du

MilanaisMendozaà Verceil, à Asti,attaqua Novare(l6t4), etvit revenir bientôt a lui ses alliés naturels.La république de Venise, mécontente que la cour d*&-

pagne eût protégé les Uscoques, pirates illyriens, à qui eBtfaisait la guerre. fit alliance avec le duc de Savoie,luifournit un subside de cinquante mille scudi par mois,etentraina la régentede France, enrayée de l'union de l'empe-reur et dePhilippe 111.Lesdiguiëres, gouverneur du DM- phiné, passales Alpeset occupale Montferrat. VeniseenjSh

quatre miUeSuissesdans le canton protestant desGrisons.Leduc de Savoieet la république firent alliance avecles Pa~Bas. Oncrut un instant àune guerre générale. Le gouverneur de Milan avait ses troupes sur le territoire de Venise et sacelui du duc de Savoie; le vice-roide Naples bloquait arecsa flotte le golfede Venise; Cosme II de Toscane, envoyaitsesarmées sur le Pô, travers les Ëtats de l'Église etduducde Modène.

Le pape Paul V, qui voyaitdéjà les M&~an~ et lesA~-

<«j;u&! prêts à se ruer sur

l'Italie, adjura les

partis de

poser les armes, et parvint à tout pacifier. Le roi d'Espagne, Phi-lippe III, redoutait particulièrement la guerre. La régentede France cherchait à l'éviter. Deux accommodementsqoi prirent lenom de paixde Madrid (i 618),conjurèrent l'orage.Le duc de Savoie retira ses troupes du Moutferrat, maisen

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1 L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE(1584-17001. 337

MST.n'tTAUB. 22

~servant ses droits sur lesquels l'empereur dut prononcer.Veniserendit Gradisca,dontelles'était emparée, mais obtint

supplicedes pins terribles des forbans dont elle avait voulumugerl'Adriatique.

PH.e tIe 1relWeet le Ihe -a_fI-B~t fè~te <e t*tè<<e et te <« «ttXHMMt; e~M~ttmttwn<e Vemhfe; «MM <e t* VttKeUtte («<<H«t).

t<es représentants de la puissance espagnole en Italie, legonverneur de Milan et le vice-roido Naples fort désireuxdeMfaire nne réputation aux dépens de la péninsule, entrai-Mientsouvent leur gouvernement plus loin que celui-ci nevoulait,et se trouvaient toujours mécontents, quand la paixrompaitleur attente. DonPedro de Tolède et le duc d'Ossuna

cherchèrent & prendre une revanche sur Veniseen t6t8.Tout en rejetant les circonstancesromanesques du récit deStint-ReaI,on ne peut nier qu'une tentative dangereusen'aitSefaitecontrel'indépendancede la république. UnFrançais,an service de Venise, Jacques-Pierre, homme de main etcorsairetrès-expérimenté, forma avec quelques autres, le projetde soulever plusieurs régiments, de se saisir de l'ar-senalet de renverser la république; l'ambassadeur espagnolBedmar,le gouverneur de Milan et le vice-roi de Naplesn'y étaient point étrangers. Mais quelques conjurés eurentl'imprudencede se vanter de l'appui espagnol. Un beau ma-un, le conseil des Dix, par suite de ces indiscrétions sans(tonte,fit arrêter et mettre a mort plusieurs coupables; l'am- bMsadeur Bedmar sortit de la ville, leconseildesDixordonnaderendregrâce à Dieu, qui avait sauvé la république, et ob-tintla révocation du gouverneur de Milan, donPedro.

Cetéchecfaillit pousser levice-roide Napies, d'Ossuna, àlarévolte il craignait le sort de don Pëdre on le vit aSecter

tout&coup dans son gouvernement de singulières allures ponr un vice-roi d'Espagne. Il se faisait le protecteur du petit peuple contre les nobles; il abolissait la taxe du painetd'autres impôtsqui pesaient sur le pauvre, et faisait pendreles barons, sans cérémonie, comme d'autres citoyens. Les bzzaronile portaient aux nues. EnEn il soudoya des troupes

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MVMSXU.338

étrangères,des Français, des Wallons, séquestrâtes biensde)riches et sonda m~meVenise et le gouvernement franca~(1619).Quand on M parlait de l'envol d'un nouveau gouter-nenr c Je le recevrai, disait-il, avecvingt mille hommes.Cependant le cardinalBorgia,nommégouverneur, n'eut quas'emparer par surprise du, Caste}nuoyo Haples pour biretaire toute cette jactance (1620). D'Ossona a'embarqua pour l'Espagne, fut magnifiquement reçu d'abord par le roi et par son ministre, et, peu de temps après, jeté dans tne prison ou il mourut~rotnptëment, dit-oh, d'une attaque d'4. poplexie.

L'Italie ne rut user a proposde l'union et de là protectionde la France que dans t'aBaire de la Valteline encorelaFrance fit-elle là principale besogne.

Au commencementde la guerre allemande de Trente ans,en t681, tes Espagnols du gouverneur de Milan et tes Alle-mandsde l'archiduché d'Autriche avaientoccupécette vallée,sous prétexte de secourir leurs coreligionnaires révolte!contre les Grisons. Les deux branches de là maison austro-espagnole se donnaient la main. Le toi d'Espagne pouvaitfaire passer des troupes en Allemagneau secours de l'empe-reur, et l'empéreur en Italie au secours du roi. C'était undanger terrible pour l'Europe même; Marie de Médtti;appuya les représentations du duc de Savoie,de Venise,danouveau pape Grégoire'XV, qui se rappela alors ses devoind'Italien au milieu de ses préoccupationsreligieuses. La Tos-cane seule, livrée alors par la mort de Cosme H à l'archi-duchesseChristine, sa mère, et à l'archiduchesse Madeleine,sa veuve, tutrice du jeune Ferdinand, abandonna la causecommune.

La maisond'Autriche fut obligéede reculer. Une conven-tion faiteentre les puissances mit provisoirementla Valteline

en dép&tentre les mains du pape (t622), et on négocia. A hmortde Grégoire XV, l'empereur et le roi d'Espagne espérè-rent reprendre le terrain perdu. Mais !oconclave, justementeffrayé,porta au saint-siége Urbain VIII (Matteo Barberini),esprit actif et tout politique comme il n'en avait pas paradepuisquelque tempssur le saint-sidgo.L'entrée auministère

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L'ITALIEmSPANO~ÀUTMCHIENNE(1584-1700).3~9Eraneaisdn cardinal de Richelieu fat encore plu deosives.§oas cette ïtMdovigônr~se, où prit de protnptes mesures pour garantit là Y~lteMjtede l'ambMoù antrichtënne.

Le marq~s de C<Bnvres,en t624, occttpà brnsqaèineht !aV~teUae.ÏUcheUeuconcitit(i6Ë5) avecl'Espagne la p~u déMfQMh,qui rendait lé canton dé la Valteune att Grisonsit lui a~arait la !iberté de son culte et l'élection de sesiMgistrats.

)~t~t~~mtt<)MWMt~~BtfttM<~)ttrt))eet,~Mee<~ ~M~t '~<<M~ tMMffW-Wet~~ (t<$$t$).

Le pape Urbain VM était àus$i bon prince italien queMCveMtin pontife. Ses acte~ étaient ceux d'un homme quiredite de grands projets politiques il entourait de nouveauxrempartsle cMteau Saint-Ange, élevait nne muraiUesur leMonteCavallo,un arsenal sur les terrains de la bibliothèquedâYaticatt, une màtm<:tCtcred'armes à Tivoli; il creusait un portà Citiitâ-Vecchia et rassemblait de nombreuses troupes.Mmort prochaine dn dnc de Mantone, Vincent II, à la findet627, paraissait une circonstance favorable à l'indepen-danceitalienne. Celui-ci allait laisser pour son plus prochehMder le chef de la branche des Gonzagne établie enR~Nce,Charles, duc de Nevers. Un prince tout Françaisd'on~meet d'éducation devaite<resalue avecespoir par lesItaliens,auxquels il assurait l'appui de la France. Le papefitMturen secret auprès du duc mourant le jeune duc de Ne-Mfs, pour prendre possessiondu duché, et cherchaà garantir encoredavantage ses droitsen lui faisant épouser une petite-filled'un des derniers ducs, François IV. Il semblait quel'empereur et le roi d'Espagne, qui n'avaient point été con-saltês,eussent seuls à se plaindre. On vittrop clairement quelaservitude n'avait point guéri l'Italie de ses divisionset desesrivalités. Les États italiens restèrent ou hostileson indif-férentsacette,affairecapitale.

Ledncde Guastalla et le duc de Savoie réclamèrent l'unMantoueet l'autre le Montferrat. Le grand-duc de Toscane,FerdinandII, et Édouard, duc deParme, depuis 1622,flottè-

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UVRB XII.340

rent irrésolus entre l'Autriche et la France. A Modène,AI. phonsem tombait, après la mort de son épouse, dans unenoire mélancolie, en attendant qu'il se retirât chezles capu-çinset laissât sa successionà sonfilsFrançois. Dans larépu- blique de Venise, la suite de longues querelles entre les

Con~rMtMet les Zénistu, entre la bourgeoisie et lanoblesse,cinq correcteurs, nommés contrel'institution du fameuxcon-seildes Dix(1628), mettaient desbornes à ce pouvoir promptet secret qui, depuis plusieurs siècles,assurait, mais &un pritterrible, la tranquillité publique.

Le pape Urbain Vin fittout pour arracher les Italiens àleurs rivalités; mais l'intempérant duc de Savoie, cherchaitencorequerelle à Gênes. Il complotaitavecle chef du peuple,Vachero, homme perdu de viceset capable de tout, le ren-

versement du sénat et le massacre des nobles. Au bout decette conspiration, Vachero voyaitla couronne de doge, etleduc de Savoiela possessionmémo de Gênes. La conspirationfut découverte, Vachero pendu, et Gêneséleva contre le ducde Savoie cette quatrième enceintede murailles qui s'étenddans un espace de huit milles du phare a la vallée deBisagno.

L'intervention de Richelieu, au commencement de 1629, parut seule favorableà l'indépendanceitalienne. L'apparitionde Louis XIII sur les

Alpes décidale

pape et

Venise, jusque-là indiBérente.Le duc de Savoielui-même, battu à Suse par les Français, fut forcéde faire causecommune aveclesconfé-dérés contre l'Autriche et de revenir à sa politique naturelle.Maisen se contentant de débloquer Casale, Louis XIII exposaà une grande catastrophe l'Italie, laissée sans défense.

L'empereur, irrité, envoyaenItalie, par l'Adda et l'Oglio,une armée de trente-cinq mille hommes. C'était ce qu'il yavait de plus remuant et de plus avide parmi ces férocessol-dats

que produisait la

guerre de Trente ans. < Onmontrera

auxItaliens, disait-on à Vienne, qu'il y a encore un empe-reur. Depuis sept ans, ajoutait le champion du catholi-cismeen Allemagne, Ferdinand n, Rome n'a pas été sacca-gée. Venise n'était pas moins menacée; l'ambassadeur espagnolprononçaitsur elle le de~!tf<test C~a~o. Char!

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L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE(1584-1700). 341

Emmanuel,en retournant à la maison d'Autriche aussi facile-lement qu'il l'avait abandonnée, consentit tacitement à laleçonqu'on méditait, et qu'il ne prévoyait pas si terrible.

Richelieuen personne, avec une année conduite par Bas-tompierre et Schomberg, essaya en vain de détourner leeonp;le duc de Savoie l'arrêta aux sièges de Saluéeset dePignerol(1630); etl'armée allemande, arrivéesous les mursdeMantoue, la pritd'assautle 18 juillet et la mitasac; ellenet'en releva jamais. Charles-Emmanuel,cceurvraimentitalien,maisesprit intempérant et fantasque, mourut de douleur, bissant sa successiona sonfilsVictpr-Amédée.

L'empereur et te roi d'Espagne; apaisés par cette cruelleUnsfaction,consentirent, en 1631, à la paucde Chierasco.Dansl'état ou ils rayaient mis, ils crurent pouvoir laisser auFrançaisCharlesde Neversson héritage, en détachant seule-mentquelques indemnités pour lés ducs de Savoie et deGnastalla.La maisonde Gonzagne-Neversprit possessionduduchéau milieu du deuil du pays. Le Mantouan avait ététellementdésolé par les Allemandset par la peste, le nouveauduclui-mêmeétait dans une telle détresse, qu'il fallut em- prunter des troupes à Venise pour occuper les placesfortes.

Lacatastrophe terrible de Mantoue achevade décourager lesItaliens. Urbain VIII lui-même ne songea plus qu'à satis-fairesonambition personnelle. En 1633,a la mort de Fran-çois-Marie,ducd'Urbin,' en vertu d'un certain droit de <?<?-lulionalors fort en usage, il envahit le petit duché. En vainledncde Toscane réctama au nom de safemme, Victoria;lesmesuresavaient été si bien prises, que les sept villeset lesMuanteet dix châteauxdu duché furent occupésen un clind'œit.Le pape neconsentità laisser à Victoriaque les bienstHodiaux,et, pour affermir sa conquête, conserva tous les

phvitégesdes villeset châteaux, et laissa vivre Saint-Martinmêmede sa vieilleet innocente liberté. La péninsule retombadansl'indifférenceet l'atonie du siècle précédent.

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UVREXH.~aMmt MMMtttt et NttMH) t«~t<e<*< <«tt«t et <~t<t

Il n'y eut guère alors non plus de prospénté matérietteonmorale qm p&tconsoler l'Italie de tant defaiblesse ou d'agi-tations sternes, Venise taisait encore presque seule le cQm-merce du Levant. Ferdinand II entretenait pendant sonrè.gne l'apiculture et l'industrie de la Toscane. Sons lui, onfabriquait chaque année à Florence pour trois millions d'éemd'étoSesde soie, de tissus d'or, d'argent etde serge. Lesdue;de Savoie commençaient à faire de leur petit Etat une puis-sance toute militaire et italienne. Gênes conservait encorelecommerce des c~tesde l'Espagne et ceim de l'A&ique.

La capitale des JÊtàts de l'élise avait encore tous lesdehors de la grandeur et même d'une prospénté croissante,Chaque pape mettait sa gtoire éterniser son nom dajHun nouveau monument. Une noblesse ancienne, nombreuse, brillante, y rivalisaitde luxeet d'edat les SaveUi,les Conti,les Ôrsini, les Colonna, les Gaetani. Depuis que les papesavaient cessé de créer des principautés à leurs neveux, pour leur faire~partager leur puissance et leur prodiguer les reve-nus de rEglise, une noblesse nouvelle, les Aldobrandini,lesBorghèse, les Ludovisii, les Barberini, surpassaient encorel'ancienne en opulenceet même en nerté.

Mais à comparer aux siècles précédents, quelle décadence)1Venise, supplantéepar les Portugais, n'avait plus le monopoledu commerce des Indes; bravée en face même desLagunes par les Uscoques; elle n'était plus la reine de l'Adriatique. bans laToscane,si Florencebrillait encore, qu'étaient devenn!Pise, Arezzo, Lucques,PIstoie? ARome, à l'avénementd'Ur- bain VIIÎ, la dette s'élevait déj&à dix-huit millions de scudi;elle atteignait, à la fin de son règne, trente millions, sommeénorme pour le temps; et une population écraséed'impôtset

misérable, des villesruinées, des campagnes négligées,com-mençaient à faire un triste contraste avec réctat desmaison: princières. Des notes des ambassadeurs vénitiens, en 1621,constatent déjà cet état de décadence, qui depuis ne s'est jamais arrêtée. Bologne, Ferrare, devaient encore quelqueéclatà leurs palais, Ancône à un reste de commerceavecla

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1L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE (1584-1700). 3M

Turquie, mais les antres villes étaient tombées bien bas;t'armacalliva commençaità faire de la campagnede Romeimdéserf.

La domination espagnoleavait fait pis encore. Elle avait

~téré l'humeur

nationale, les coutumes

traditionnelles de

l'Italien.La noblessecommençaà se tenir a part les titres,tt<Mdédaignés auparavant, furent vivement recherchés ettppréciés.L'aristocratie n'eut plus aucun intérêt dans les en-treprisesde l'industrie et du commerce; le noble Italien, pre-!Xntquelque chosede l'hidalgo, se para de titres sonores etle frayaplus avecse$métayers qu'il avait traités autrefois entrai chef de famille.Les règles d'une étiquette mesquine et pointilleuseentravèrent tous les rapports sociaux; les que-rellesde

préséanceentre les divers souverains,et entre les

noblesà la mêmecour, devinrent les plusconsidérablesques-tions politiques.Les mœurs de toute la nation s'en ressenti-rai. Une frivolitéuniverselle brisa tous les ressorts de l'es- pritet du caractère. Ce qu'il y a de plus national, la passionetle plaisir même, perdirent de leur originalité native. L'ar-<t}pr et la jalousie, qui poussaient si souvent l'amour enîttiie jusqu'à l'héroismeou jusqu'au crime, s'éteignirent dans!<froidet mélancoliquepersonnage de Sigisbée.

Lessciences,la littératureet les artsrépondirent ndèloment~eetétat social.Les deux princes les plus éclairésdu temps,Ferdinandde Toscane et Charles-Emmanuel, essayèrent defonderdes académies; mais elles n'étaient occupées,selonlaspirituelleexpressiond'un contemporain, celle de la Cruscamême,qu'a ccnocWtfles lances en fuseaux. La littérature perdittoute généralité, toute unité, toute force,commela pé-ninsule elle ne fut plus animée, commeau temps de DanteetdePétrarque, d'un soufne national la langue écrite elle-!nêmeabandonnala grande tradition; les patois reprirent ledessuscomme les municipalités; les poètes populaires nethantèrent plus que dans l'idiome provincial; le théâtre del'~M~nttc futabandonné pour les tréteaux de la rue.

Quelquesfaitstémoignent suffisammentde cette décadencegénérale.En Toscane, l'emploi de la méthode d'observation,tppuqnée principalement par Galilée à l'astronomie, par

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LIVRE XII.344

Torricelli à la physique, excita les craintes d'an pouvoir effrayédetout; Galilée, pour avoir essayéde populariserdansquelques dialoguesses découvertes sur le mouvementde ro-tation dé la terre autourdu soleil,fut mandéen 1633à Rome,devant le tribunal du

saint-office, obligé de se rétracter et

condamné à une prison perpétuelle. Il ne dut qu'à l'interven-tion du duc de Toscane, son élève, l'adoucissement de u peine.

A plus forte raison la littérature s'éloigna-t-elle de tontsujet profond et sérieux. Le temps des épopées, des grandeshistoires, était passé. Un certain Boccalinifaisait entendretl'Italie quelques bonnes vérités, dans ses commentaires à hfaçon de Machiavelsur les histoires de Tacite: SiI'Ita!ie,dit-il, considérait

quelle est cette

paixdont elle se vante,etit

reconnaîtrait aisément que ce poison de l'oisiveté n'est pasmoins déplorable pour elle que la guerre et les maux deMvoisins. Mais un peu plus loin, en croyant louer sa patrie,il met le doigt sur la véritable plaie, sur cette politiquedefaiblesseet d'illusion dont elleexpiait alors la funeste habi-leté. c Cesont, dit-il, d'habiles marchands que les Italien!,en ce qui concerne leur servitude et ils en tranquent avectant d'artifices,qu'en s'accoutrant d'un haut-de-chausse à hsévillane, ils donnenta croire que les voilà devenus de bonsEspagnols, commeils se font prendre pour d'excellentsFrM-çais en se mettant au col une fraisedeCambrai. Maislorsqueenfinon veut en venir auxrésultats, ils vousmontrent plusdedents que n'en ont cinquante bottes de scies~ L'illusionestdans les derniers mots, la vérité est frappante dans les pre-miers.

A part ce Boccalini,les auteurs du dix-septième siècle,re- poussant loin de leur pensée ces véritésdangereuses, faisaientde la littérature un jeu d'esprit, du styleune affaired'harmo-nie et d'images. La pensée n'arrivait plus au jour que tra-vaillée,déEgurée,sous la formed'une pointe. L'idée, le con-cept (eonceMt)n'était pins qu'un jeu de mots. Guarini, dansson P<MhHfulo, drame pastoraldélayéen sixmille vers, avaitouvert la voieà la findu siècle précédent. Marini, le grandcorrupteur du goût italien, dépensadans son poémed'~</<MW

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1L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE (1584-1700). 345

toutes les ressources d'une imagination sans vergogne, ettmttel'intempéranced'an esprit sansmesure. AlexandreTos-toni,dansh&ccAta Mptta (le Seau enlevé),ne trouvaqu'unetMUèreà plaisanteries souvent bouffonnes.François Braccio-M, dans SchernodegliDei(laMoqueriedesDieux),tramadansla boue de la Toscanetes dieux de l'Olympe, sans ga-hntir des éclaboussuresl'Église catholique.La poésie se sen-tantépuisée,faute d'aliments, appelala musique à son aide,ttdevintcommesa servante dans l'opéra, seule créationori-~tiale peut-être du dix-septième siècle; encore l'opéra neht-il guère,avecRanucci et ApostoloZeno, qu'un art dansfehfance.

Legénie des Italiens ne se fit jour, danscetriste siècledes«ternit, que là où onJnilaissa la licence,dans les époquesde carnavalet dans la Com<ato<feM'arte, ce véritable car-B<ralde l'art dramatique. A Rome, à Venise, à Milan, à Naples,les fêtesde la folie prirent alorsun grand développe-mentet atteignirent leur perfection. Quand sonnait enfin latonrtetrêve de ce long jeûne de la liberté, l'imagination ita-lienne,avectoutes ses ressources,avectoute sa vivacité, pre-naitune éclatanterevanche.Quelques-unsde ces personnagesquisurvécurentau carnavalconstituèrent même la CoMedtO(MFarte, ou comédie populaire, et des types ambulants,Pantalon,le naif marchand Balanzoni, le procureur; Spa-ïiento,le capitan espagnol Brighella, l'intrigant, et les cé-lèbresArlequin et Pohchmelle, conservèrent souvent le pri-Tiléged'une originalité tous les jours plus rare..Dansles arts plastiques, les artistes, grâce à une profonde

connaissancede la pratique, laissèrent encore d'étonnantes productions,quoique d'un ordre inférieur. Hommes de mainavanttout, faisant facilementetvite, ils suppléèrentà l'inspi-ration par la recherche, et s'écartèrent de la simplicité pour tomber dans le mauvais goût. Bernini, architecte, peintre,!<alpteur,comme avait été Michel-Angeau siècle précédent,entourala place Saint-Pierre decette merveilleuse colonnadequifaitun sidigne,vestibuleà la première églisedu monde;maisil nuisit considérablementà l'effet.intérieur de la cou- poleen yélevantun lourd maître-autel composéde colonnes

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MVREXII.346torsessurchargées de franges, de festons, de volutes, et quiest commeun petit temple dans le gran~. Après lui Boro-mini, dans rarchitecture, commençaà briser les lignes, à bouleverser, àsuperposer les ordrescommedans Saint-Jeude Latran et dans la iacadede Sainte-Agnes.

Dans la pointure, on voyait finir alors lesgrands artistetreligieux suscites par la recrudescencecatholiquede la Endusiècle précèdent,les Carrache, le Dominiquin,le Guido.Apre!la /udKAdu premier et les Apdiresdu second, le Guerchin, peintre d'humeur pacifique et bon croyant, suivit cette voiedansson ~oar. sonsaint JJrdnt~ son~nttoncta~tOM.Maisltmépris de la règle et de la tradition, la libre allure, la fan-taisie, la touche facile et expéditivesurtout, ~furentle carM-tëre généraldesescontemporainsetdeses successeurs.Michel-

Ange-Caravagedonna plus particulièrementdans le bizarre,l'Albano danel'afféterie, le ohevalier d'Arpino dans t'idéal;un peu plus tard Salvator Rosa, peintre et poète, dans le fM-tastique Giordanodans le gigantesque tous cependantavecune incontestablehabileté.

«uM~ent X 'HtMfMtcUe txKe de la ~Mmee et de t e«pa<ttem t[«Ue (««.i<«).

Le cardinalde Richelieu, en i635, tâcha d'arracher déci.dément l'Italie à son apathie, et de l'enlever à la dominationespagnole.Il avaitdompté al'inteneur la noblesseet le parti protestant; il prenait maintenant la conduitede la guerredeTrente ans et entrait en lutte contre la maison aus~ro-esM-gnole. La délivrance de l'Italie était le coup le plus sensillequ'il pût lui porter. Il voulut former une ligue de tous lesEtats mdépendantscontre l'Espagne. Malheureusement .Ur- bain VIII était encoredans le plus grand découragement;ettous

les princesitaliens, persuadés quela France n'avait quedesvues Intéressées, ne songèrent au milieu de la lutte qu'~leurs petites haines et aux objets de leur mesquine avidité.

Richelieu, pour la conquête du Milanais, ne put réunir, par le traité de Rivoli, que les ducsd~ Savoie, de Parme etde Mantoue. Le gouverneur du Milanais.Tnarquis de Léga'

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L'ITALIE msPANO-AUTMCmENNE (1584-1700). 347

n'eut qu'à mettre le pied (t§37) sur le territoire de Plai.tt~ce pour désarmer le faible Edouard de Parme. L'année{ttivan~la mort le débarrassa de ses deux autres ennemis,CtuurtesI" de Gonzague,duc de Mantoue, et Yictor-Àmédée~eSavoie.La veuve du premier, Marie, ne cherchant qu'aMSMer à son fils une successionsi contestée, se mit immé-~ttement sous la protection de la cour de Madrid; la se-~onde,Christine, princesse toute Française, eut assez à faired4défendreson filscontre ses deux frèrea, Thomas et Mau-nee,l'unsoldatau servicedel'Espagne, l'autre cardiualdévouéU'Antnche.

Lemarquis daLéganès, ainsi favorisé, envahitle Piémontetmarchaau-devant de l'armée française, conduite par leardmatlaValette. La duchessedeSavoiefit au moins preuve j'nn grand courage assiégée dans Turin par ses deuxfrèresqui avaient déjà saisi Ivrée; prise entre les EspagnolsettesFrançais, elle refusades secoursde ses ennemis et desesamis, pour ne pointcompromettre l'avenir de son fils(1639).La tentative de Léganès sur Casale, dans le Man-tonan(1640), secoua un instant l'indinérenee de l'Italie.Le papeet Venise menacèrent d'envahir le Milanais; le gé-neni français d'Hartcourt en profita; il prit Chiari etdélivraTurin et Casale. Mais c'était tout ce que voulaient

UrbainVIII et'la république; ils cessèrent ensuite d'appuyer ~France. ·Le pape trouva plus urgent de se saisir do Castro snr le

ducde Panne, pour garantir ses créances.Edouard,,excom-munié pour sesréclamations, envahit le territoire de Rome etn'eut pas de peine à réunir contre le pape les Médicis, lesd'ÈsteetVenise. Rome fut assiégéeauxapplaudissementsdosEipagnots,qui ne pardonnaient point à Urbain ses velléitésd'indépendance,et le péril fut si gran~que~e-pape toucha

*Mréserves amassées par Sixte-Quint au château Saint-Ange~ieM).Legouvernementfrançais parvint à terminer cesdivisions,

aussifunestesM'Itatie qu'à ses propresintérêts. En 1643,il fitla paixontrela duchesserégente de Savoiejetses deuxfrères,quireçurent en apanage les deuxvilles de Nice et d'Ivrée.

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LIVRE xn.348

En 1644, il obtint du pape l'absolution du duc dePanne, 1la conditionque celui-ci donnerait de bonnes garanties à sacréanciers.C'était nn acheminement vers une ligue génêrahcontreI'Aùtriche lamortd'Urbain VIII la fitencoreéchonër.Le parti espagnol parvint à porter au saint-sidge Innocenta(PamBli),dont le premier soin fut de faire rendre gorgeMiBarberini, partisans français, et de les jeter en exil. Le car.dinal Mazarin, successeur de Richelieu, fut obngé commecelui-cid'user de violence pour pousser les Italiens contreleEspagnols. U n'avait plus rien à gagner au nord, ou lePiémont était tout à fait débarrassé~destroupes de Légan~t;uneflotte française,arméeàMarseille, vint agir sur le centre.Le grand-duc de Toscane, toujours porté pour l'Espagne,htforcé de signer un traité de neutralité; le pape, sous lesmêmesmenaces, rappela les Barberini et donna un chapeaude cardinal à la maison d'Esté, bien disposéepour la France.L'île d'Elbe, Piombino et Porto-Lpngone, dans les Présida,furent arrachés aux'Espagnols.

Deux révoltes, qui éclateront tout à coup(16~7) contrehmonarchieespagnole, faillirent encore l'ébranlée

Philippe IV, tenu en haleine par la France était obligé<!< beaucoupdemander à ses sujets; les vice-rois, pour se faire bien venir, mettaient taxes sur taxes en SicHëet à Naples.Bientôt le mécontentement fut général; et comme on comp-tait sur les secours de la Franco, on s'enhardit à passer d, blâme à la révolte. Paierie d'abord, toujours la premièrequand il s'agit de secouer la dominationétrangère, se sou-leva. Le peuple assiégea les hôtels de la douaneet de la mon-naie, brûla les registres, et, sous un certain Giusepped'Alesio, batteur d'or, résolut d'établir un gouvernementpo- pulairh, et de soulever le reste de l'ile. D'autres mouvement!eurent lieu à Catane, à Termini, à Àgrigente; mais Messine

refusa de prendre part au soulèvementqni fut bientôt cerotdans Palerme. Giuseppe d'ailleurs renié déjà par quelques-uns des siens dont if comprimait les violences,et catomnM parles Espagnolsqui l'accusaient deliaisonsaveclesFrantai!,fut mis à mort par ceux qu'il avait conduits contre leursmaitres.

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L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE(I58&-I700). 349

A Napleslesoulèvementalla pins loin. La Sicileétait heu-reusesous ses vice-roM, en comparaison du royaume deîftples. Tout était taxé depuis longtemps, la viande,le vin,le poisson,la farine. La roue et le gibet faisaient justice des

plusrécalcitrants, et les cadavres des suppliciés coupés en

mt~ceauxétaient encore doués aux portes de la ville pour servir d'exemple. Le nouveau vice-roi, duc d'Arcos, non-tenlement augmenta les gabelles, mais imposa aussi lesfruitset les légumes qui avaient été oubliés. Quand on luireprésentala misère des habitants < Qu'ils vendent leursinp&eset leurs filles, dit-il, et qu'ils payent !eur~ dettes.Lemécontentement passades bourgeois à quelquesmembres<hclergéet de la noblesse; il descendit jusqu'auxlazzaronienx-memes,obligés de renoncer à leur douceindolence pour NhsEurele~sc; et des rixes avecles agents du vice-roi écla-tèrent presque chaque jour, au commencement de l'an-née1647.

Parmiles agitateursonremarquait Genoxino,employédes-titué, un frère carme, et surtout un pêcheur, ThomasAniellod'Amalfi. Ce dernier ne s'était lait connajtre d'abordquepar les bons mots dont il assaisonnait dans les rues !eJeMtde sa pèche; mais'depuis que sa jeune femmeavaitétécondamnéeà une forte amende pour avoir passé en fraudeun

basremplide farine, il se mêlait à tous les groupes et pous-saità l'émeute; une première fois, sous couleur d'un jeuforten vogue, Mazaniello, Comme on l'appelait familiè-rement,rassembla une bande de jeunes lazzaroni, armés deroseauxet de harpons, et les fit dé6!er devant le palais durice-roien adressant des railleries et des défisaux nobles.Le jeudevint bientôt plus sérieux.

Le 7 juillet t64?, un marchand de figues appréhendé par lesagentsdu fisc jetait ses fruits dans la poussière pour ne

pas payer l'impôt; la foule commençaità s'ameuter; Maza-nielloarrive avec une troupe armée de bâtons, chasse lescollecteurs,aux cris de "~ve le roid'Espagne,, mort augouverneur et va pilier le bureau desreceveurs et brûler lesregistres; t'e~o s'interpose pour apaiser le tumulte; le peuplele repousse à coupsde pierres au cri de t'tM ~Vaxa-

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Liv~Ë~n.~50niello. Le vice-roi, arrivé sur le théâtre des événetnents,esta son t6nr menacé, poursuivi dans l'église de Saiqt'Fran~de Paule etobligéde promettre dé diminuer lesimpôts. Mtihil s'enfuit pendantla nmtdans le Castel-Nnovôet t~-ànsfon~tl'émeute én résolution. 6enov!n6 fait remarquer que penphrévolté est peuple pendu s'il ne s'assùfe l'impunité. La b~.geoisie se Jointau peuple pouf redemander les bonnes Mt.tûmesdu temps de Charles-Quint. Mazaniëlloàtme ses b~des, ouvreles prisons, attaque les Espagnols<se rend maitftde la ville, et resserre étroitement dans son châteaule~wd'Arcos. Soua pretéxte de traiter aveclé chef du mouvemet~le duc de Montaleone et son frëre ;Cafa.fra~ penëtr~ren~avaindans la villeà la tête de trois cents bandits, attaqu~re*!Mazaniello, tirèrent sur lui et le manquèrent; le peophfurieux pendit Carana qni s'était laissé prendre et nommMazaniellocapitaine général. Les brillantes promessesn'<-girent pas davantage sur le pécheur, qui refusa au prixdedeux cent mille ducatsde se séparer de ses Mres. TIorganisala ville par quartiers ayant chacun son capitaine chassalesnoblesqui ne voulurent pas s'enrôler et fit arborer partoutun drapeau avecl'image de saint Janvier, du roi d'Espagnëttetles armes du peuple, pour témoigner'de son respect pour hreligion et leroi en mêmetemps quedes volontés populaires'.

Le duc d'Arcos futobligéde cederj le 13 juillet, il propeade rétablir toutes 'les immunités reconnues au temps deCharles-Quint, et d'accorder au peuple des sunrages égamtceux de la noblesse dans la nomination aux magistrahtte!municipales; le pécheur d'Amalfi, investi des pleins pou-voirsdu très-fidèle peuple.de Naples,.vétu d'un riche costunespagnol que l'archevêque l'obligea d'endosser, se rendit~tchevalau milieu de l'enthousiasme des lazzàroni, auprèschvice-roi, pour dresser le traité. Avantd'entrer dans techaten

il recommanda au peuple de garder ses armes, de mettrek feuau château sil tardait trop à se montrer, et de lui fairebgrâced'un~M-~fa~'Ms'il ne revènàit pas.~Le traité signé,3

<. Voir t'hittoire déïe)opp<ede Mas-Aniellodans no* ~pMo~M</Mj)Ma-)oM<t'/<* <'A<«o<r< a'~a~e.. )qua d~ 1'Ï6lo;red'

t

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1 L'ITALIE msPANO-AOTËiCttIENNE (1584-1700). 35t

le rappprtà, le lut, le cothmenta lui-même au milieu d'une(érémoni~solenhelle devant les portes de la cathédrale. LéJMomeréguler de capit~ihe général lui fut délivrécomme~tfanti~dutffaité il retusa cependant le collier d'or de troismilleducatsqui y était joint, résolu à redevenir

pêcheur tonnne devant, aussitOtque la ratification serait arrivéefpyg&e. Muscettesuccessionrapide d'événements, ce brusque potage d'une pauvreté honnête et gaie à la richesse, et de lar~tOltea untriomphe inouï, peut-être quoique breuvage, s'iltîntencroire la tradition populaire, altérèrent promptementttrtMon du capitaine généra! Exposéauxtentations et auxMeries perfides de qtlelques-uas, aux résistances et à la jt!oMiedesautres, condamné&l'exercice d'un pouvoirqui nehi convenait pas, il se montra tout a coupviolent dans ses pressions, 6er dans se&exigences, extrav~tgantdans toute satoMaite, et le peuple même s'éloigna de lui. Frappé da-TNttageencore par cet abandon, Mazaniello secomportacommeun insensé; il jetait des poignées desequins à la mer et s'écriait Je suis le monarque universel et je no suis pasoMi. C'étaitlà où on l'attendait. Quelquesassassinssurpri-rentlemalheureuxcommeil venait de recevoirla communiondms!e couventdel Carminé ils le tuèrent à coups d'arque-l~e et portèrent sa tête au palais du vice-roi, au milieu des~p!andissementsou de l'indiSérence de ce peuple quelques}onMencoreauparavant ivre de sa personne,

M<Mnie!Iomott, }evice-roi eut le tort de croire tout fini;lerétablissementde lajaxe du pain rappela bientôt au peupletehi qu'il avait perdu. La foule enmassese portaau lien m-9meoùl'on avait jeté le corpsdo celui qu'elle avaitidolâtré;eBel'entira,le promena parla ville,forçaleclergé,lestroupes,lesgensdu vice-roil'accompagner, etchantadignementl'ave

FaWaqu'il avait demandé.Le bruit se répanditmémo que laToitdeMaxanieUos'était fait entendre, et que sa main avaitMniensignede remercîments. Au sortir de la cérémonieonse portacontrele palaisdu vice-roi;la bourgeoisiedonna cettefois pour chef au mouvement, François Toralto, seigneur populaireet plus expérimenté. Le vice-roi'gagna du temps

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MVRBXU.358

tusqu'à l'arrivée de don Juan. Celui-cin'obtint pas davantageen tournant ses canons contre la ville. Les Espagnols furentdeux fois repoussés,et les Napolitains résolurent de secouer tout à fait le joug de Philippe IV. François Toralto, quine paraissait pas assezdécidé, fut tué. Un armurier, Gennaro

Annese, qui s'était distingué dans la défensede la ville,futnommé capitainegénéral. Les emblèmesespagnols furen;arrachés, la république proclamée; Annes~appela la révolteles autres villesd'Italie, et convoqualeurs députés à Naples pour y prendre des résolutionscommunes, et imiter l'exemplerécent des Hollandais.

Ce mouvement arrivait ï souhait pour seconder les des.seins de la France. Mazarin était déjà parvenu à entrainer le pape dans son parti, en gagnant sa belle-sœur Olympia

Maidalchina, qui gouvernait alors

despotiquement la

cour pontificale.Il décidale duc de Modène parla promessed'msubside et de quelquessecours contre le gouverneur de Mi-lan. En Savoie,ou la duchesseévitaitde trop secompromettrevis-à-vis de l'Espagne, il chercha à assurer l'influence in prince Thomas qui lui était maintenantdévouée enfin,uenvoyades secours aux Napolitainset leur fitagréer commechef le duc de Guise, dont la famille avait toujours or des prétentions sur le royaume de-Naples.

Henri de Guise,

déclarégénéral'de

la république royalede Naples se rendit au milieu des Napolitains, assezmal accom-

pagné, mais annonçant l'arrivée de nombreuses troupesfrançaises. C'était le moment où Mazarin faisait avecl'empe-reur d'Allemagne la paix deWestphalië. La cour de Madridrestait seule en face de cette ligue formidable. Rien cepen-dant ne réussit; l'ambition et la jalousie divisaient lesen-nemis de l'Espagne. Les nobles à Naples s'étaient prononce!contre le mouvement, en haine d'Annese. Guise ne travail-lait que pour gagner la couronne de Naples; l'ambassadeur français, qui s'en doutait, ne lui prétait qu'un faible appui,Gennaro Annese se dénait et de'Guise et de l'ambassadeur,qui cherchaient a s'appnyer sur la noblesse; plutôt quedevoir succomber )a république sousleurs intrigues, il penchaitretourner à l'Espagne. Mazarin, enfin, au momento{<il

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L'ITALIE HÏ8PAKO-AUTRÏCBIENNE (!564-1700). 353

HIST. D'ITALIE. 23

attrait pu tourner toute son attention vers les affairesd'Italie,tit éclater la guerre civilede la~~onde.Le comteOgnate, nomm vice-roi 5la place du duc d'Ar-

mit habilement à proStlesdivisionsdel'ennemi. Il gagna

par desconcessionsGennaro Annese et son parti, battit dans

me sortie le ducde Guiseauquel Annesefermales portesdeville, et, une foismaitre du fort Torrione del Carmine, neménaget plus rien. Il rétablit en enet, à quelques adoucisse-mentsprès, ledespotismetraditionneldel'Espagne, prononça,t~tigrél'amnistie,un grandnombre de confiscationset d'exé-tationsdont Gennaro Annese fut victimelui-même, et reçutmement Thomas de Savoie, arrive pour soutenir le monve-tMntquandtout était fini.

Toute la conspiration contre l'Espagne fut frappée, par tehtre-coup,dans lereste dela péninsule. Le duc de Modène,François,qui avait d'abord attaqué le gouverneur de Milan,Demandala paix, et reçut garnison espagnole'.A Rome, uneMtredona Olympia, épousede Camillo, filsde Maidalchiua,nvalede sa belle-mère, ramena dans le parti espagnol un papetoujours prêt à subir un joug singulier, surtout à lacour pontificale. Dans la Savoie, Christine, en dépit deThomas,assura le pouvoir à son filsmajenr, Charles-Emma-nnelII; le duc Ferdinand de Toscane aida les Espagnols àreprendre Piombino et Porto-Longone, en échange de latille de Pontrémoliqu'il convoitaitdepuis longtemps (1651).Eofinle gouverneur de Milan, Caracena, en t653, entratnadécidémentCharlesII, de Mantoue, dans le parti espagnol,et s'emparaaveclui de l'importante place de Ca'ate toujoursoccupéepar unegarnison française.

Mazarin ne put agir en liberté contre l'Espagne que lors-<p'Hfutdélivréde la guerre dela Fronde. En 1654,OlympiaMaidalchina, plutôt, il est vrai, par haine contresa belle-fille

quepar amour pour les Français, ourdit de nouvellesin-trigueset reprit le pouvoir. En 1656, Guise, à la tête dequelquesvaisseauxrassemblésdans la Provence, surprit Cas-ttllamare, et tenta d'emporter Naples. Mais les victoiresdeTurenne,dans lesPays-Bas espagnols,firent bien plus,sinon poor renverser la domination espagnole, au moins pour ré-

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UVRE XII.354

tabMr l'influence française dans la péninsule. En t658,Mazarin protégeale dueFrançoisdeModène,avecune arméemise sonslesordres de Thomas de Savoie,contre le gouver-neur de Milan, le due de Mahtoue et t'empereur lui-même.En 1659, à la paix des Pyrénées, it fit rendre au duc deSavoie, VerceH;il obtintle pardon du duc de Modène, régtaentre les Farnëse et le saint-siége l'aifaire toujours pendantede Castro, et éxigeanue amnistie pour les dêtit~ politiquesdans le royaumede captes. Ï/Itatie, part ces faiblescon-cessions, ne gagna pas plus cependant ànx trâités qu'à laguerre.

slelnaie~e ~11 ~1 ClEl~en· I=; CI~Ier>sa~11nE1 IlAté«-*re VM et tMtttMtt Mt; <:tafte~B*mMm<Mt Met tt)f<tmM< M< ewenre <e <:M<te («K~*«t)

A la mort de Mazarin, tout était prêt pour donner, avetLouis XIV; un grand règne à la France. Celle-ci n'avaitmême plus besoin de l'Italie pour être puissante. C'était undanger pour la péninsule. Les souverains de l'Italie ne pa-rurent pas s'apercevoir des changements qui se préparaienten Europe.

A la mort d'Innocent X, en 1656,un nouveau parti formédes cardinaux qui ne voulaient écouter que leur conscience,

l'escadron t-ofant,commeon l'appelait, en se portant tant&td'un côté tantôt de l'autre, força les partis espagnols etfrançais à renoncer a leurs prétentions et fit élire le cardinalChigi, recommandable par sa vertu et son mérite, qui pritle nom d'AlexandreVII.

Le nouveau pape parut d'abord marcher dans la voieqnelui indiquait suffisammentson élection. Il interdit à ses ne-veux do venir à Rome, il prit pour secrétaire l'historien,tout romain, du concilede Trente, Pallavicini, aussi ennemi

de l'ambition temporelle des papes que défenseur ardent de

la suprématie spirituelle du saint-siége. Il laissa le soinde:aSaires temporellesà laccn~atton d'Ffa< et fixalescondi-tions d'entrée et d'avancement dans les fonctions publiques.Mais bientôt il démentitles premières espérancesqu'il avaitfaitconcevoir; il combla ses parents de biens et laissa son

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L'ITALIE msPANO-AUTNCmENNE (1564-1700). 355

proprefrère s'enrichir en vendantla justice dans le Borgo.L'austère Patlaviciui interrompit la biographie du pape &lavuedes scandalesdont il avait d'abotd espère la Ba, et uneopiniontrès-défavoraMeau gouvernementecdéamstiquecom-

mençaà se

répandre en Italie.

1La dette de l'Éiat, toujours augmentée par les emprunts,s'élevaà cinquante-deux millionsd'écus, l'administration fut plusmauvaiseque jamais et la misère croissante.Les plaintesmontèrent jusqu'au saint-siége Cesont là des Oéaux,très'!&int père, dit le cardinal Sacchetti en s'adressant aAlexandreVII, t pires queles plaies desHébreux en Egypte.Des peuples qui n'ont pas été conquis par l'épée, mais qui~ontvenus sous l'autorité dusaint-siége, par des dooa'ioMdo

princes du

par une soumission volontaire, sont traités

plusinhumainementque les esclaves en Syrie ou en Afrique.Cesont de ces choses qu'on ne peut voir saps verser deslarmes. L'esprit catholique, réveillé par le danger à la findn seizième siècle à la cour de Rome, semblait lui-mêmeentrainéavec le reste à la fin du dix-septième. Pallavicini,le dernier successeur des Baronius et des Bellarmin, mou-rut négligé; les travaux théologiquesfurent suspendus; après&iro!amode Narni, on n'entendit plus à Rome de bons pré-dicateurs.

Une faute du pape Alexandre VII acheva au dehors ladéconsidération politique du saint-siége. Contrarié dans sesdesseinssur Castro, par la paixdesPyrénées, AlexandreVIIaffichait un tel ressentiment contre l'ambassadeur français,ducde Créqui~que la garde corse du pape, en 1663,se crutautoriséeà faire insulte au représentant de Louis XIV, pro-tecteur naturel alors du saiut-siége. Le grand roi demandaimpérieusementréparation, et les vaines parades de résis-tance du pape, qui rassembla dos soldats et en passa lui*mêmela revuesur le Monte-Mano, ne firent que rendre sonhumiliation plus profonde. Le grand-duc de Toscanerappelale papeau sentiment de la réatité par de tristes et sévères paroles. Alexandre VII fut obligéde licencier sa garde, dofairedes excusesà l'ambassadeur, et d'élever une colonneensouvenir de la réparation. Un contemporain put dire avec

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356 uvMxn.

raison, que le saint-siége,sans un miracle patent, ne serelè-verait point de cotte faute et decechâtiment.

Sons le pacifiqueduc de Toscane, Ferdinand II, Florencereprit quelque prospérité; il y attira, par ses brillantes fêtes,tous les personnages de marque, etsa cour devintune véri-table écoledé galanterie, où l'on se donna rendez-vous pour y goûter les plaisirsdélicats et y apprendre les belles ma-nières. Ferdinand rendit encore à la Toscaneun service plussérieux Florence, qui avait été le berceau des lettresmodernesauseizièmesiëc!e,devint le berceau dessciencesaudix-septième. Les sciences mathématiques et physiquesfurent cultivées avec autant d'enthousiasme que l'avait été précédemment la littérature. Toricelli, le disciple chéri deGalilée, fit les premières expériences fondamentales pour l'étude des liquides et des gaz; Borelli réduisit les élémentsdel'ancienne géométrieà deux cents propositions, et toucha presque lavraie théorie des comètes; Viviani étudia la résis-tance et la mesure des solides. Le grand-ducde Toscanelui-même et son frère le cardinal Léopoldinventèrent et perfec-tionnèrent des instruments pour l'étude des phénomènesnaturels. Ils mettaient à la disposition des savants un localdans le palaisPitti, et les réunissaient en sociétésous le nomd'Académie<MCtnMnto.Cette louableimpulsion, donnée par Ferdinand aux sciences, n'était peut-être pas alors le plus pressant, surtout le seul besoin de l'Italie. Il chercha cepen-dant aussi à assurer une puissantealliance à son fils Cosme,en lui faisant épouser une princesse française, Marguerite-Louise, filleduduc d'Orléans.

Le duc de Savoie, Charles-Emmanuel II, fidèle amexemplesdeses prédécesseurs,donnaà seseffortsun caractère plus politique.Il continuaà tenir une fortearmée sur pied.Il jeta à Turin les plans de ces utiles, maisquelquefoismo-

notones monuments qui annonçaient la capitale d'un Ëtatréservé à de plus hautes destinées; il centralisal'administra-tion de son duché, et, pour en réunir les deux parties, com-mença à faire percer ce beau chemin de la Cro~e, qui mènede Lyon à Turin par les Échelles.

La république de Venise montra à cette époquequetoute

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L'ITALIE HISPANO-AUTMCHïENNE (1564-1700). 357

puissance,tont héroïsme n'étaient pas éteints chezelle, maisdans une guerre particulière, qui lui ûta tont pouvoir desonger aux intérêts générauxde la péninsule. Attaquée danstontesses colonies, dans l'Adriatique, dans la Dalmatie, par lesTurcs, qui voulaient isoler Candie, elle en était venue àdemander au papela dtmédes biensecclésiastiques,à vendrelestitres de noblesse etl'entrée augrand conseil(1663).Tonsles citoyens firent leur devoir; laïques et religieux, hommeset femmes,offrirent au trésor les troisquarts deleurs bijoux,deleur vaisselled'or et d'argent. Les Morosini et lesMocenigoajoutèrent à ces sacrifices,à ces dévouements,toutes les res-sources de l'habileté et du courage; à Naxos, à Chio, àLemnos, à Cos, dans les Dardanelles, au golfe de Lépante, partout dansces parages,sur terre et sur mer, le sangchrétienet lesangmusulman furent versésà flots.Veniseeut peut-êtreaccomplicontre les Ottomansles plus grands desseins, si elleavait pu compter sur le reste de la chrétienté; mais secouruefaiblement, et presque toujours en secret, même par le papeet l'Autriche, elle commençait à sentir qu'elle ne sauveraitqueson honneur.

Après la mort d'Alexandre VII, Clément IX, hommed'excellentesintentions, quoiquemanquant un peu d'énergie,élu par l'influence del'McaJroHlofant (1667), tenta defaire,de la lutte particulière des Vénitiens contre les Turcs, uneaffairenationale, chrétienne même.

Cent trente mille scudi furent envoyésà la république deVenise par le trésor pontifical. Sur les pressantes invitationsdu pape, le grand-duc de Toscane,les ducs de Savoieet deModène,Lucques, firent passer de l'argent, de~ munitionsetdes soldats à Candie. Clément IX supplia toutes les coursdela chrétienté de tenter quelque chose en faveur de Ve-nise mais il n'obtint que du roi de France, et encore

sous pavillon pontifical, l'envoi d'une flotte insuffisante.Le 27 septembre 1669,la ville de Candie capitula et Venisefitla paix. La chute de cette ville chrétienne porta un coupterrible au pape. Il mourut trois jours après en avoir reçu laJMUveIle.

Cette guerre de Candie, comme l'insurrection de Maza-

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1 uvtmm.358

nieUo,ne fut qa'un glorieux épisode dans !a terne stéri!itédu du*<eptièmesiècle.Aprèsde longuesdiscussionsentre lesOhif:!et les Barberini, unvieillard doquatre-vingts ans, 04-ment X, élu après le désistement des deux partis, donnadenouveaul'exemple de prodiguer ses faveurs et les biens de

i'JËguseà ses neveux. Le duc de Mantoue, Charles IV, qniavaitsuccédéà son père en 1665,héritier desvices de sa fa-mille, continuaà dissiper l'argent de sesÉtatsen fêtes, perdit, par l'excès de la débauche, l'espoir d'avoir des enfants, etréveilla les prétentions et les intrigues de la maison d'Au-triche sur le Montferrat. Après la mort de Ferdinand. II,Cosmein était loin d'avoir les mêmes talents. Ennemi deslettres, étroitement dëvôt, il rompit avec les habitudeslibéralesde son père; un faste excessifet une piété exagérée

changèrent tout le caractère de sa cour. L'académie <M

C)menMse dispersa. Le mariage, que le nouveau ducCosmeIII avait contracté avec Marguerite-Louise, fille duducd'Orléans, ne réussit point. La Cèreet élégante princessene cachait point son mépris pour son époux et pour sa cou-ronne ducale. Cosme,méEant, jaloux, rendait encore sesre-grets plus amères. On envint à une rupture éclatante; pour mettre finà des discordesqui cessaientd'être domestiques,lagrande-duchessequitta la Toscane et alla s'enfermer dans uncouventà

Montmartre; fâcheusecause de dissentiment entre

lacour de Florence et la cour de France 1

tMtee~t M) té~Ko de Me~tae; ~«tt~r~emext <t<mM)t~tttre et ttthte Casale («t4.<W<Mt).

Les circonstances extérieures sollicitaient cependant detemps en temps davantagel'attention des souverains de la péninsote. Sous le règne du moribond Charles II, dernier descendantde

Charles-Quint, la monarchie

espagnole tom-

bait visiblement endécadence; à chaque grand traité de paix,depuis 1648, elle perdait une de ses provinces. La dés-organisation intérieure était encore plus grande. La Francede LouisXIV, au contraire, couvraitl'Europe de son ombre.Elleétait si grande,même,que lesautres souverainsdu conti-

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L'ITALIE HtSPANO-AUT~Ç~ENNE (t 564-1700). 359

BttBtse lignaientalors contre elte (!674) pour lui arracher laSoUaude. Lesma!tres de l'Italie ne surent profiter ni de lagrandeur de ta France, ni de l'affaiblissementde l'Espagne;~nte de s'entendre et de se décider tempspour l'une ou pour l'autre, afin d'en obtenir quelque chose, ils furent

victimesde toutes deux.Le nouveau pape Innocent XI (1675), homme austère etintègre, donna au gouvernementintérieur des Etats pontifi-caux une direction hardie et heureuse. It renonça complète-ment au népotisme et abolit un grand nomBre de places quin'avaientétécrééesque pour le besoindes titulaires; il rétaMitl'équitibre des finances à la veille d'une banqueroute. Maisdans sa politique extérieure, fidèleau parti qui l'avait élevé,ilaggravales difficultésde la cour de Rome et du gouverne-

ment français. Les autres ambassadeurs

étrangers avaientrenoncé, Rome,au droit d'acte quiétait une grande sourced'abus. Il poussa trop vivementun souverain qui prétendaitservir d'exemple auxautres et non les imiter.

Louis XIV trouva toute l'Italie soumise à l'influenceaustro-espagnole,quand il voulut la soulever. L'occasionétait belle,cependant: les Messinois, pour défendreleurs vieux privilégescontre leur vice-roi, étaient en pleine révolte depuis 1674.Maîtresde leur villedont ils avaientchassé les Espagnols, ilsleur

opposaient une

vigoureuse résistance. Louis XIV tenta

vainement de rendre l'Italie solidaire de ce mouvementl'envoi,en 1675et en 1676, d'une flotteconsidérable sous leçommandementde Duquesne, trente millions dépensés danscette entreprise, la promesse faite aux Siciliensdeles laisser libresde se choisir tel roi nationalqu'ils voudraient, enfin lestrois victoiresde Stromboli,d'Agosta et de Palerme, n'y fi-rent rien. L'Italie resta neutre ou hostile, comme le pape.CosmeIII ne voulait plus rien avoir àdémêler aveccettecour qu'ilconnaissait trop

par sa femmeMarguerite-Louise.

Aprèsla mort de Charles-Emmanuel II, la Savoie était gouvernée par une femme sous la minorité de Victor-Amédée n.LouisXIV finit par abandonnerla courageusecité aux ressen-timents et aux vengeancesde l'Espagne, sans rien stipuler pour elle à la paixde Nimègue, signée en 1678.

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UVKË XII.360L'Italie ne sut pasdavantageopposer l'Autriche auxressen-

timents de la France. En 1679, Louis XIV, profitant descraintes que la maison d'Autriche inspirait à CharlesIV deMantoue, entamait des négociationsavec lui pour se faireli-vrer l'importante place de Casale.Lecabinet autrichien, pour défendrel'Espagne et rendre quelque vie politique à l'Italie, proposa auxEtats italiensde former une ligue. Il.ne fut pointécoute. Le pape resta comme auparavant brouillé avecLouis XIV, à propos du droit de franchise et de quelquesautres difficultésecclésiastiques,mais sans rien éntreprendrecontre lui. Le jeune duc de Savoie, Victor-Amédée et leduc de Toscane se laissèrent fasciner par Louis XIV. Leduc de Modène comme celui de Mantoue, oubliait les inté-rêts de l'Italie dans les plaisirs publics et secrets de l'opéra,qui faisait alors fureur en Italie. Venise ne songeait qu'à prendre une revanche sur les Turcs ottomans. L'Italie en-dormie, vit sans s'émouvoir le duc de Mantone autoriser le générât français Catinat à mettre garnison dans la cita-dette de Casale(1681). Les princesrenoncèrent mêmeà user de cette vieille politique de bascule dont, après tout, la pé-ninsule avait toujours été la victime. Arrivés au dernier degré de l'affaissement, ils parurentvouloir attendre le der-nier coup !ans s'inquiéter s'ils le recevraient de la France on

de l'Espagne.Gênes et le saint-siégeseuls, ostensiblement Sdè!esà l'Es- pagne, portèrent la peinede la neutralité desantres États. LesGénoischerchaientà gêner l'approvisionnementdelacitadellede Casale. Louis XIV demanda des explications, et, sur lerefusdu sénat, envoyacontrela républiquelemarqnis deSei-gnelay. La "otte française vint se ranger devant le port deGênes, et pendant quatre jours fit pleuvoir sur la ville unegrêle de boulets, jusqu'à ce que le doge consentit à aller im-

plorer à Versaillesla clémenceroyale(1684).Innocent XI, menacé dans sa puissance spirituelle par ladéclaration de 1682sur les libertés de l'Église gallicane, necédait pas un pouce même sur le droitd'asile. Louis XIVen-voyal'ambassadeur marquis de Lavardin prendre possessionde l'hôtel de l'ambassade, à la tête d'une troupe arm~e,

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LIVRE XII.3M

Toscane;le pnMt) Eugènepressa Casaleet Etvivreses bandesaux dépens du pays. Les princes italiens ne bougèrent p~.Tons les Beauxà la foisre décha!nèrent sur t'Itahecommeaux plas mauvais jours, sans les toucher davantage. Le Vésnre,l'Etoa surtout jetèrent, cotnmeen sinistre présage,destorrentsde feu; plusieurs tremblements de terre désolèrent danshmême année la Sicile,la Toscane, les États de t'Élise. Plu.sieurs princesmoumrept subitement FrançoisU de Modène, pour !aissersonduchëàRenaud d'Este; RaunccioUdeParme,après deux de ses fils, ponr faire place à François; le ducdeSavoie, Victor-Amédée, tomba malade des fatigues de laguerre; l'héritier du grand-duc de Toscane, des fatiguesdu plaisir à Venise. Les bandits sortirent de leurs retraites dansles montagnes et se montrèrent 'hardiment dan!;les plainesetsur les grandesroutes,commeles animauxmalfaisantsaprèsun orage. En6n, pour achever l'éditieationde l'Italie, l'em- pereur d'Allemagne et le roi de France, las de se battrecomme sur un cadavre, terminèrent de ce coté leur différendam dépens de la péninsute. Ils sacrinèrent cequi ne leur ap- parteuait pas, et détruisirent d'un commun accord la forte-resse et les remparts de la placeCasale, principal objetdalitige, et l'une des meilleures p'aces fortes du pays (1695).C'était après Mantoue, la secondevillequi tombait dansces

agitations stériles.La paix suivit de près ces misères de la findudix-septièmeMècle.Le duc de Savoiesigna, en 1696, avecLouisXIV,unaccommodement particulier, quele traité de Riswick,signél'année suivante entre toutes les puissances, convertiten une pacificationgénérale. Leroi de France rendit auducde SavoiesesËtatsa peuprès intacts, etchoisitsafille atnéepoursonpetit-fils, le duc de Bourgogne~l'empereur retira sestroupesaprèsavoir, il est vrai, fait payer leur retraite commeleur arrivée.La

guerre de Venise et des

Turcs se

termina aussi, en 1699,et assezheureusement pour la république, qui répara en par-tie la perte de Candie, par des acquisitionsen Morée.L<siècle parut se clore paciEquement.Le pape InnocentXII,avant de descendreaveclui dansla tombe, eut la consolationdecélébrer un jubilé de concordeetde conciliation.Paix bien

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L'ITALIE HISPANO-AUTRICHIENNE (t56&-1700). 363

tttfsongerecependant pour la malhenreuseItalie E'!e était a jtïeiiïedela mortdu roid'Espsgne, qui ouvrait la vastesuc-tMaonde Charles-Quint, et qui livrait ses plus belles pro-tittescomme nn legs à d'avides compétiteurs, comme pour atonser encore une fois

Montesquieu à

l'appeler le cara-

t~rail desambitiotn ~tra~

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LIVRE XÏH.

MTAUB ATDTMCaiENNE ET BOURBOMIE!tNE(1700-1789).

Le Milanais et le royaume de Naples passent à l'Autriche (HOt-HH)Création du

royaume de

Sardaigne (1714-1721). Le duchéde

Parme supprimé, Naples passe à un Bourbon, la Toscane à un Htk- bourg (H20-H35). Gênes et Saint-Marin (1735-1138). Gatmde la succession d'Autriche; le duché de Parme rétabli le royaumesarde agrandi (1740-U48).–Essais de régénération faits parqueta princes. Le jansénisme et la philosophie française LéopoldTanucci; Firmian; Charles-Emmanuel (tï40-n69).–Venise, Moo,Rome en dehors du mouvement; Clément XH!; Benott XIV; ah~i-tion des jésuites (t769-m4).–Défauts de la régénération italienne;Joseph Il; Ferdinand !V; Yictor-Amédée Il; Pie VI (m4-H89).

Le Mtt*m<tt< et le t~ytMUtte <te !)Ht)~te<tt~'xeat t'Atttrttte(tt<H tW<4)

Le dix-septième siècle a été pour l'Italie le temps dn plus profond découragement et des attermoiements indeEnis.L'ec*gourdissement est complet et comme voisin de lamort. Entrelamonarchie espagnole agonisant avecCharlesII, et la Franceambiiieuse et arrogante sous Louis XIV, la péninsule n'oseconcevoir une pensée, former un projet, faire un mouvement,de crainte de rencontrer la mort an lieu de la dëlivrMM.

Plongée dans une sorte de sommeil léthargique à peine troc- blé par quelques convulsions internes, et par les lésions sourent profondes du fer étranger, elle se plait et s'endurcit dauscetteimmobile insensibilité si contraire àsanature, mais si conformeà son malheur. Au commencement du dix-huitième siècle,l'Italie fut violemment arrachée de sonapathique indUTëreoM;

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 365

jttévénementsvinrent lai poser plusieursfoiscoupsur coup,(t,qnoiqu'elle fit, le problème de sa destinée. Mais soitim-tMsance,soit défaut d'énergie, en tout cas,faute d'union etfMtorddela part de ses princes,ellene sut pas résoudre elle-aimela question redoutable, et presque sans elle, mais sur-Mtcontreelle,l'étranger encorelui octroyason sort tout fait.Son poèted'alors, Filicaia, put regretter justement de la voir Mmted'un fer qui n'était pas le sien, combattre avec le bras

nationsétrangères pour rester, victorieuse ou vaincue,toajonrsesclave!

Delnontuo ferrocintaPugnare, colbracchiodei stranieregentiPer servirosempre,o vincitriceovinta!

longtempsdéjà avant la mort du dernier descendant di-re~deChartes-Quint, Charles II, la diplomatie européenneMitessayédedisposer de la péninsule en tant qu'annexe delamonarchieespagnole. Des traités secrets avaient adjugéit Milanaiset le royaume de Naples, tantôt un prince ba-nrois,tantôt à un Autrichien, tantôt à un Français. Les sou-nrtinsde l'Italie n'avaient pasété consuttés à ce sujet, moinstMorebien entendu les provinces qui étaient aacrinées aux besoinsdel'équilibre européen.

Ledernier testament de Charles II (mort en novembreHOO),qui maintint l'intégrité de la monarchie espagnole, ettttnsportases domaines italiens avec tout le reste à un petit-!hdeLouis XIV, le duc d'Anjou, ne fut point mal accueilli<)Mla péninsule. Le pape Innocent XII avaiteu desseinde ptrer aux périls de l'avenir en faisant une ligue des princesMens, destinée a prévenir les invasions de l'étranger. Sonsuccesseur,Clément XI (Albani), renonça à cette Idée illoua publiquementLouis XIV d'avoir acceptéla succession,ttécrivitune lettre de félicitationsau nouveauchefde Jamo-Mrchieespagnole, Philippe V, bien qu'il retardât, commetaierain,de l'investir du royaumede Naples. Avec le pape,k grand-ducde Toscane, le duc de Savoie, les petits ducs~eParme et de Modène, et les trois républiques, Venise,Mnes,Lucques, reconnurent la domination du Bourbon. Ce

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LÎVREXHt.366qui plaisait surtout auxItaliens, c'est que cela leurparaissaitrésoudre la question sanssecousse,et de plus simpli6er en-tore la positionpolitiqué de l'Italie. Rien n'était changé ne prince français prenaitlà placed'un Espagnol; e), puisqn'eafaisait litière de l'indépendance, on y gagnait même, l'antt-gonismede la France et de l'Espagne se trouvant par là ter*miné, et le repos de ia péninsule assuré peut-être 1

C'étaituneillusion l'empereur Léopoldréclamaen fâTettîde l'arcbiduc Charles, prétendant aux couronnes d'Espagne.Le duc de Mantone, Ferdinand, décida la lutté par une M.cheté. Prévoyant la guerre, et sachant que sa capitale,comme positionmilitaire, serait un des principaux objets du débat,il la livraà LouisXIV pour soixante mille scudiqui devaient bientôt passer entre les mains des courtisanes vénitiennes.Cefut le signaldeshostilitésdont l'Italie fut encore le thfatre.Les Bourbons paraissaient d'abord beaucoupplus à mêmede s'assurer la successionespagnole eh Italie que les Hab4- bourgs. Le seuldes princesItaHensqui eût pris parti, Victor-Amédêe,s'étaitdéclaré pour laFrance,avect'arnëre-pensée,i)estvrai, de poursuivreavanttoutses intérêts.Assuré partaitses derrières, Catinat, déjà mattre duMilanais, put prendre possessionde Mantoue et de !aligne de l'Adige. L'échecqu'ilessuya à Carpi, ceux de Chiari et Crémone, o!t Villeroi,sonsuccesseur,fut surpris et fait prisonnier; la conspirationdesmarquisdePescaireet d'Avaloscontrelevice-roidePhilippeYà Naples, n'ébranlèrent pas la puissancedesBourbons(t70t,1702). Le nouveauroi d'Espagne, Philippe V, raffermittout

par sa présence.Aux fêtesde Pâques de la même année,ilfut reçu avec acclamation à Naples, y remplaça le vice-roi,diminua les impôtset combla la noblesse de faveurs. A Li-vonmè,où il investitlegrand-ducdela principautédeSienne,en le traita commele vrai souverain après sa courtevisitek

son beau-père, le duc de Savoie,&Acqui, il entra triompha-lementà Rti!an, le 18 mai, tandis que le duc de Vendôme battit Eugène à Luzzara, ravitaiHa Mantoue et reprit une partie des positions précédemment perdues.

Le ducde Savoie, Victor-AmédéeII, crut cependantqn'i!avait, sinon pour l'Italie, au moins pour lut, dans cette

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L'ITALIE AUTRICmBNNE BT BOURBONIENNE. 367

t~nde guerre, nne occasionde se relever. Sa maisona'étaitdej~agrandie an nord, en allant de l'un à l'antre des grandstivanxqui se disputaient la péninsule. Tout a coup il passat l'empereur sur la promesse dn Montferrat et de plusieurs

thtresvilles. Vendôme, persuadé qu'il ne pouvait longtempstenir lé Milanais avec un ennemi derrière lui, se retournatrusquement contre le déft;ctionna'r6,à marches forcées, ets'emparad'Asti et d'Aoste, tandis que la Fenillade conquitlaSavoieet prit Verrue, après un siège de six m"is (t704).Mais,derrière lui, les impériauxoccupèrentle Mantouan, leModenais,le Parmesan, levèrent des contributionsen Italie,etmenacèrentmême Mitan.Vendômevoulut an moins sedé-dommager aux dépens du duc de Savoie il mit le siége jetant Turin en 1705. Le

prince Eugène descendit subite-

mentlesAlpes, tourna l'Adige, lé Mincio, l'Oglio, rencontraVendômesur l'Adda, et perdit an pont de Cassanotrois millehbtntnes,mais sauva Turin.

L'année suivante les Français étaient bien décidesà mettrelamain sur cette ville. Vendôme, après avoir repoussé duMilanaisi'armée autrichienne,alors privéed'Eugène, gardaitl'Adige.Louis XIV fitd'immenses préparatifs. Soixantemillehommes,sous le commandementde la Feuillade, cent qua-HBtecanons,quatre-vingts mortiers, investirentTurin. Maisle princeEugène, revenu à la tête de ses troupes, traversaàcdaciensementlePô prèsde son embouchure,et le remontaencore par la rive droite.Martin et le duc d'Ortéans, envoyésith place de Vendôme, rétrogradèrent avec lenteur par larivegaucheau lieu de le prévenir, et lui permirentdedonner lamain au duc de Savoie,avant que ia Feuillade eût achevé~investissementde la place. Attaqués dans leurs retranche-tnentsinachevés, les Français perdirent l'avantagedu nom- breet éprouvèrent une déroute complète; le duc d'Orléanstie put même effectuer sa retraite sur Casale pour couvrir leMilanais.L'armée française,découtagée, se jeta à la déban-dadesur la route de France, laissant le Piémont au duc deSavoie,et le reste del'Italie à l'Autriche.

Leduc de Savoierentra dansChivasso,Ivrée, Verme, Asti,etordonna d'élever sur la montagne du Snperga l'église que

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LIVREXIH.368dans sa détresse il avait fait vœu de bâtir à la Vierge.Le prince Eugène n'éprouvapas plus de résistancedans leMi):.nais; il entra dans Novare, Pavie, Come, Alexandrie, Tor-tone,et vit venir bientôt même les députés de la noblesseetdu peuple de Milan, qui lui préparèrent un vrai triomphe.Legénéral français isoléreçut de Louis XIV la permissiondesigner (1707) une capitulation particulière, et revint libre-ment en France en cédant Mantoue, Crémone et le châteaude Milan.

Il n'y eut plus qu'à se partager les dépouilles. L'empereur Joseph 1**investit sonfrère l'archiduc Charles du duchédeMilan, et en détacha Alexandrie, Valenza, la Valveziaet laLomelline, ponr dédommager Victor-Amédée de ses pertesdans la Savoie. Il déclara le duc de Mantone, Ferdinand-

Charles, allié des Français, déchu de ses États; adjugeaCasaleet le Montferrat au duc de Savoie,et réunit Mantoneau Milanais. Enfin le général autrichien Daun reçut ordrede marcher sur le royaume de Naples.

Cene fut point une conquête; la population tendit les brasaux envahisseurs.Après la prise de Capoue et d'Aversa,tom- bées sans coup férir, des députés portèrent au général autri-chien les clefsde Naples pour l'archiduc, et ne demandèrentque les priviléges du temps de Charles-Quint. Le peuple brisa les statues de bronzede Philippe V,et les jeta à lamer.De Naples. une flotte partit en 1708, pourCagliari, etdéter-mina la fuite du vice-roibourbonien de la Sardaigne. L'em- pereur, bien plus entreprenant que ne l'avaient jamais étéles roisd'Espagne, surprit mêmedans les présidesde ToscaneSan Stefano, Orbitello; et, se croyant l'arbitre de toute la péninsule, somma le duc de Parme et Plaisance devenir re-cevoir à Milan l'investiture de son duché; en6n il s'emparade Commacciodans les États de l'Église.

Le papesortit,

maistroptard, de sonindiHerence.II protestacontre la violationde son territoire, levades troupes,fut battu,

résista jusqu'au dernier moment et ne se résigna à recon-naitre pour roicatholiqueCharlesd'Autriche, que le 15 jan-vier 1709, à onze heures du soir, eu voyant les Impériaux,commeautemps de Bourbon, presque aux portesde Rome:

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L'ITALIE AUTRICHIENNEET BOURBONIENNE. 369

L'Italie, ponr s'être abandonnée elle-même, fut livrée~ommela rançon del'équilibre européen, quandon 6t la paixa Utrecht, en 1713. L'avénement de l'archiduc Charles àt'empire,en 1711, après la mort de Joseph I", reportait sur

l'Autriche les craintes inspirées d'abord

&l'Europe par la

maisonde Bourbon. Ce qu'on voulait maintenant,c'était em- pécher la maison d'Autriche de réunir, commeau tempsdeCharles-Quint,l'empire allemand à la couronned'Espagne.Ony parvinten lui livrant la Péninsule. Le pape lui-même,quiavait des prétentions sur des pays dont on disposait,n'eut pointà donner son avis. Onadjugea à l'empereur cequi avaitappartenuà l'Espagne, le Milanais, Naples et la Sardaigne,sa la Sicile, qui fut donnée a Victor-Amédeeavec le titrederoi, convoité

longtemps par ses ancêtres. Victor-AmédeeII

se Matade prendre son titre nouveau. D transmit à son filsceluide duc de Savoie, et alla recevoir solennellement lacouronnede Sicile, à Palerme, des mains de l'archevêque. Ilcroyaitavoir beaucoupobtenu, pour lui-même et pour l'Italie, par1aformation d'un royaume italien qui tenait une partiedes Alpeset de la mer. Mais l'empereur, avant d'accepter

Rastadt, en 1714, le traité d'Utrecht, eut bien soin de prendreencore ses garanties; il se fit assurer la possessiondes présides dans la Toscaneet confirmer celleduMantonan,quidisparut du nombre desÉtats libres. CharlesVI tint ainsil'Italie, au dix-huitième siècle, dans une dépendance plusétroite que Charles-Quint au seizième, et la Péninsule ne pgna a la guerre que d'avoir un roi national avec Victor-AmédéeII, et de passer, du despotisme épuiséet lointain del'Espagne,sonsl'empire de l'Autriche, encoretoute-puissanteettoujours à sa porte.

€'r<W«w* <t* )~y<MmM) de tMU~mt~me ~mr Vtetwr-AMté~e«<<-««).

Victor-AmédéeII, le plus puissant des souverainsde t'Ita-lie, éprouva combien cette nouvelle royauté, qu'il devaitànneinfluenceétrangère, était précaire.

En l'année 1717, le ministre de l'Espagne, cardinal Atb~-HtST.D'tTAHE. 24

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UVMBXin.370

ruai, hommed'âne ambition hôMde proportion a~eclesres-sources de la monarchie de Philippe V, résolut dé remettreen question ce que les traités de Rastadt et d'Utreeht avaientdécidé. L'empereur Charles VI et h république de Veniseétaient depuis deux ans aux prises avec l'empire ottomanCharles VI pour les frontières de la Hongrie, la républiqueau sujet de la Morée. Venise perdait presque toute la pres-qa*!legrecquequ'elle avait récemment conquise, et se défen-dait avecquelque peine dans l'Adriatique et sur les côtesdela Dalmatie. La paixprécédente avait laissé des mécontente-ments et donnait lieu à des difucnités d'exécution. Le papeClément XI ne pouvait oublier qu'on avait disposésans Maaveu de la Sicile et de la Sardaigne, qu'il regardait toujoursCommefiefs du saint-siége il était engagé dans Une.Inttetrès-vive avec le nouveau roi de Sicile, Victor-Amédée,tasujet des limites des deux puissances; enfin les Sici!ieM,après avoir vu Victor-Amédée quitter Palerme, n6 faisaient pas de différenceentre ce maitre italien et un maitre étranger,et les Sardes trouvaient les Allemands plus rapaces encoreque les Espagnols.

Tout à coup, en août i7l7, le cardinal Albéroni jette sur les côtesde la Sardaigne une flotte rassemblée sous préteitede secourir Venise contre les Turcs, et s'empare de l'ileenmoins de deuxmois; l'année suivante, encouragé par ce pre-mier succès, il envoieune autre flotte en Sicile devant Pa-lerme pour maintenir, disait-il, les priviléges de file violés par le duc de Savoie; il soulève Palerme, Catane, et prenddans Messine le vice-roi de Victor-Amédée. L'empereur,effrayé, se h&tade conclure avecla Porte ottomane la paixdePassarovitz, dont Venise, sonalliée, fitles frais par l'abandondelaMorée (1718), et se plaignit de l'agression d'Albéronidevant les puissances signataires du traité d'Utreeht. Cehtune occasion pour la triple alliance de la France, de l'An-gleterre, de l'Autriche, de river les fers de la péninsule.

Les Espagnols furent sommés de rider les deux îles, quidevinrent l'objet d'un échange entre l'empereur CharlesYIet Victor-Amédée; l'Autriche réunit les deux parties dnroyaume des Deux~SIcite' en deçà et au delà du phare, pocf

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 371

pouvoir détendre plus aisément l'Ile sitôt tombéeau pouvoir desEspagnols.Victor-Amédée JI échangeale titre de roi deSicilecontreceluide Sardaigne, qu'il était aussi plusà mêmedegarder contreles attaques du dehors. LesEspagnolscédè-

rentdevantlesflottes et les armées de la ligne. Après la re- prisede Messine héroïquement défendue, le reste de l'ile 6tta soumissionsur devaguespromesses; et le traitéde la qua-druple alliance reçut sa pleine exécution par la chuted'Albe-~oni,en 1720.Palerme fut snnreiilée par une forte citadelleélevéesur une hauteur voisine. Victor-Amédée H reçut,selonla formetraditionnelle, devantles chefsdestroisordres,ledomainede l'ile de Sardaigne, et ~nra le maintien de seslibertéset priviléges. L'empereur nommaun vice-roien Si-

tile, commeit nomma un

gouverneur Mitan, un vice-roi à

Naples;et l'entreprise d'Albéroni n'eut d'autre résultat qued'affermirladominationautrichienne en Italie et d'affaiblir lenouveauroyaume italien, par un échange évidemmentdés-avantageux pour les intérêts de toute la péninsule,mais non pour ceuxde la maisonde Savoie.

Le <)ttM <e ~enme tmj~~ttt~, !)f)t~te« t<MM)et <m m«)**m,h* T*o«Mte nm ~)tt~MM< «*<* <Mt\

La successionde l'Espagne en Italie était & peine déSniti-tement rëgtée, que celles du duché de Parme et Plaisancett du grand-duchéde Toscane excitèrent les convoitiseset lesintrigues.LesFarnèse et les Médicisapprochaientde leur an.

François, dnc de Parme, n'avait pour héritier qu'un frère,Antoine,âgé de quarante-cinq ans, monstrueusementobèse,quine promettait ni longue vie ni postérité,et nne fille, Eli-sabeth,mariée au roi d'Espagne Philippe V. Le duché devaitrevenirà Élisabeth, cela ne tarait pas un doute, et l'empe-renr d'Allemagne était prêt à reconnaître les droits de donCarlus,un de sesfils; seulement, pour contenir lesBourbons,qui rentraient ainsi indirectement en Italie, il prétendait re"cevoir de don Carlos l'hommageféodaldepuislongtempsprêtéau pape, et cette prétention blessait à la foisle roi d'Espagneet lesaint~siége.

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372 LIVRE XIII.

La successionde Toscane était encore plus litigieuse. JeanGaston, successeur de Cosme III, en 1723, était assezâgé,séparé de sa femme et sans enfants. Deuxhéritiers se pré-sentaient une sœur de Gaston, mais tout à fait étrangère,mariée à l'électeur palatin, d'ailleurs sans protection, et hmême Élisabeth Farnèse, qui comptaitmoinssur sa parenté,assezéloignéeavecles Médicis, que sur l'appui de l'Espagne.Mais ces deux titres étaient contestables; le duché de Tos-cane, selon les termes de laconcession, n'avait été donnéamMédicis que de mâle en mate; et, dans Florence, qui croyaitrentrer bientôtlégitimementdans son ancienneindépendance,les uns songeaientà rétablir la république, les antres voulaientau moins choisir leur nouveau ma!tre.

Les puissancesqui avaient l'habitude de disposer de l'Italiecomme d'une propriété, n'admettaient naturellement pointcette prétention de la Toscane à l'indépendance; mais, d'ac-cord en cela, l'Autriche et l'Espagne l'étaient moins sur la prise de possession Philippe Vvoulaitfaire succéder à Gas-ton, en vertu de son propre droit, et, en toute indépendance,un des fils de sa femme, le même don Carlosà qui ParmeetPlaisance étaient déjà destinées.'L'empereur, qui revendi-quait aussi la suzeraineté sur le grand-duché, ne consentaità y souffrir un Bourbon qu'avec le frein féodalde l'investi-

ture. La vieille rivalité de la maison de Habsbourg et delamaison de Bourbon renaissait en Italie sousune formenou-velle et la Péninsule, après avoir souffertde l'Union del'An-triche et de l'Espagne, souffraitmaintenant de leur désunion.Le duc Gaston, fort indifférent entre ces prétendants, ne de-mandait qu'à mourir en paix, et à clore sans plus de soucisladynastie des Médicis.

Il ne le put. La mort du vieil et impotent Antoine deParme, en 1730, mit déjà aux prises les Habsbourgset lesBourbons.

L'empereur donna ordre au gouverneur de Milan d'entrer dans le duché de Parme et Plaisance pour assurer ses droitsde suzerain. Le roid'Espagne, de son côté, envoya sixmutehommesdetroupes, avecson filsdon Carlos,dans laToscane,tousdeux endépit du pape Clément XII et de Jean Gaston,

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L'ITALIE AUTRICHIENNE BT BOURBONIENNE. 373

qui ne voulaient point qu'on disposât de leur propriété sansleur aven. On s'arrangea d'abord sanscoupférir à leurs dé- pens.Don Carlos, voyantdéj!tParme et Plaisance au pouvoir desImpériaux, consentit à prêter hommage pour ce duché.L'empereur, en 1732, de son coté, permit à don Carlos dedébarquer Livourne à la tête de ses six mille Espagnols;et,a un mois de distance, celui-ci reçut à Florence, commemrimcehéréditaire, l'hommage jusque-la prêté au dernier Médicis,et prêta, commeduc de Parme et dePlaisance, ser-mentde fidélitéà l'Empire.

La question de suzeraineté dans la Toscane était encore pendante.Un événement bien éloigné, l'élection d'un roi dePologne,ne permit pas qu'elle reçût une solution aussi paci-6qoe.Le cardinal Fleury, ministre de LouisXV, jeté, par féchecde son candidat,dansune guerre presque européenne,résolutd'en profiter pour soulever l'Italie contre l'Autriche.Selonla coutume, il fit briller à ses yeux l'indépendance.L'ambitiond'Etisabeth et de don Carlos ne laissait pas dedoutesur la coopération de l'Espagne. Le pape était mécon-tent on pouvait compter sur son assentiment. Il fallait en-traînerle roi de Sardaigne; la chosene fut pas difficile.

Deuxans auparavant, ce royaume avait changé de souve-rain.Victor'Amédée U, soit par mécomptepolitique, soit par faiblessedomestique, avait abdiqué en faveur de son fiisCharles-EmmanuelIII. Le jeune souverainétait ambitieux.Ilfutconvenuentre les alliés que donCarloséchangeraitParmeetla Toscane, laissées à son frère Philippe, contre les Deux-Siciles,dont il serait investi lui-même aux dépens de l'Au-triche et que le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel, s'a-grandiraitdu Milanais en abandonnant la Savoieà la France.LaPéninsule, débarrassée des Autrichiens, recouvrerait unesorted'indépendance sous des princes étrangers, mais libres.

Au commencement de l'année 1733,on résolut d'agir; aunord,Villars et Charles-Emmanuel envahirent le Milanais ets'enemparèrent promptementsur Daun, obligéde se concen-trerdans Mantoue pour y attendre desrenforts. Aumidi, donCarlos,après avoir chasséle duc de Modène de sesdomaines,se jeta, à travers les États del'Église, sur le royaume de Na-

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LIVRE XNÏ.37<t

pies. Sa marche ne fut qu'un triomphe. Les Napolitainsle proclamèrent solennellement roi dosDenx'SItiles le tO mai.CapoueetGaëte, ou le vice-roi voulaitse défendre, capitulè-rent. De Naples, l'année suivante,don Carlos, à !a têted'uneCotte

considérable,'Etvoi)e vers Palerme et

y hit couronnaavecla même faciHtéet la mêmeallégresse(1734).Mais les Autrichiens avaient, pendant ce temps, repoussé

deux fois le générât français et le roi de Sardaigne Parmeet à Guastalla.Charles-Emmanuel, craignant d'être enfermaentre les Bourbons d'Italie et ceux de France, traitait sousmain avecla maisond'Autriche. Enfin, malgréles- promessesfaites par Louis XV, l'indépendance italienne n'était pasle but de la guerre; le cardinal Fleury,quine voulait pointdonner le Milanaisà

Chartes-Emmanuel, dithinua

prumpte-ment ses prétentions en Italie quand it fat certain d'obtenir quelque chose ponf la France. Le traité de Vienne, qui ne parut guère, dans la péninsule, en rapport avec le succèsdéla guerre, no consacra rien moins que l'indépendance ita-lienne (1735).

L'empereur d'Allemagne laissa à don Carlosle royaumedes Deux-Sici!esa~ecles présides de Toscane; mais il con-serva le Milanais et échangea lesvilles de Novare et de Tor-

tone, cédéesà Charles-Emmanuel contre celles de Parme et

de Plaisance, au mépris des réclamationsde ClémentXII,La successiondes Médicis, au grand étonnement des Tos-cans, fut adjugée au duc Francois-Etienne de Lorraine, gen-dre de l'empereur Charles VI, en échange de son duchéhéréditaire qu'il abandonnait à StanislasLeckzinski, ex-roide Pologne, et, après la mort de celui-ci, à la Ftance..Ainsiun nouvel Etat italien, le duché de Parme et de Plaisance, périssait au profit de lAutriche; la considération politiquedu saint-siégeétait encore atteinte; la Toscanetombait entreles mainsd'un prince autrichien. Pour toute compensation,le roi de Sardaigne obtenait deux villes; Naples et la Sicileréunies,devenaientcependant l'apanaged'un roisinon italienau moins national. C'était quelque chose cependant que lemidi de l'Italie cessâtd'appartenir en propre à l'étranger.

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L'ITAHE AUTRICHIENNE NT BOURBONIENNE. 375

<~ew el tOtht.tM~m (HWt*.tWM)<

L'Italie n'avait pasgagné beaucoup en dignité et en indé- pendance.Le roi de Sardaigne, tombé tout à fait sons l'in*Caenceautrichienne, se tint pour honore, en 1737,d'obtenir pour épouse une soenr du grand-duc désigne, François-Etienne.Tandis que les Napolitainset les Siciliens MinaientMeère nouvelledans un roi qui résidait chezeux, tes Tos-tas, à la mort de Jean Gaston, virent avec douleur sixmille Allemands, prendre possession du grand-duché aunomde François-Ëtienne. La venue du grand-duc et de sonépouseMarie-Thérëse, en 1737, produisit une impressionsemblable,moins triste encore, cependant, que leur promptdépart.Il fallaitse résigner à n'avoir plus de prince résident, plusde cour, maisun simple fondéde pouvoirs.La république de Gènes avait demandé précédemment lesttcours de l'Autriche contreles Corsesrévoltés; elles'adressa«aintenant au cabinet françaiscontre nn aventurier hardi,le baron Théodore de Neuhoff, qui s'était fait fort de dé!i-Tter et de défendre les insulaires. Déclaré roi par la grâcedela <rM*Mtn<cTrinilé el l'électiondestt'orteu~ libéra-«ur<e<~rM de la patrie, celui.ci ne c~da que devant lesmenacesde Louis XV et le débarquement du comte deBoifsieuxà la tête d'une escadre. Maillebois, successeur deBoiMieux,soumit, après son départ, toute la Corse elt uneMulecampagne, en 1739, et les Génois purent déjà prévoir la perted'une ile qu'ils no pouvaient pas défendre.Dana les États de t'Ëgtise, la même année, le cardinalA!béronimontra par une entreprise ridicule la déchéance politiquedu saint-siége. Le grand ministre qui avait voulu bouleverser l'équitibre européen, chargé d'une légationdansla Romagne, profita de quelques troubles intérieurs dansSaint-Marin pour surprendre la ville avecquelquessbires;il prétendait mettre fin à l'exittence de cette vieilleet inno-tente petite république. ClémentXII, plus eensé, désavouason belliqueux légat après avoir perdu la souveraineté deParme et de Plaisance, il dédaigna de prendre celle deSaint-Marin; et la petite république, survivant comme par

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MVREXHi.376dérision sur le mont Tilanus, avecson conseildesSoixante,ses deux Copt<aM!Met son Arningo populaire, put porter

jusqu'à nos jours ce mélancolique souvenir d'uneantiqueliberté.

ttxtfte <<e )~ tMtetttottm <~A<tftete; te <t(eM <e tt~nttefet*hMt te t~~Mte <MM~e *~Mm<t (*W4W <W4e)

La mort de Charles VI, en 1740, pouvait amener dansla péninsule la chute de toute domination étrangère. La mo-narchie autrichienne, entourée d'ennemis, entre les mainsd'une femme, Marie-Thérèse, semblait à la veille de périr.Tandis que chaque puissances'apprêtait à en saisir un lam- beau, la reine d'Espagne, Élisabeth, réclama Parme etPlai-sance pour son fils donPhilippe, Charles-Emmanuel 111,1eMilanais pour lui-même. L'action combinée des Bourbonsd'Espagne et de Naples avecle roi de Sardaigne, sousla protection de la France, pouvait rejeter pour toujours lesAutrichiensau delà desAlpes. On chercha encore à entraîner le saint-siége et Venise. C'était, disait-on, l'occasion on ja-maisd'expulser totalementles étrangers de la péninsule lecardinal Albéroni, mieuxinspiré cettefois, parla d'une lignedesÉtats italiens.

Mais, en 1740même, était monté sur le saint-siége Be-noit XIV (Lambertini) homme aimable et plein de bonté,il sacrifiait toute sa politique au culte des lettres, commeBenoîtXIIII,,un deses prédécesseurs, à ses dévotieuses pra-tiques, et le gouvernementvénitien était toujours décidéde- puis la'paix de Passsrovitz à vivre en se faisant oublier; ilsrépondirent à toutes les offres qu'ils n'avaient pas d'autres penséesquela prospérité de leurs peuples. On pouvaitencoreagir sans eux. Mortemar, à la tête des troupes napolitaineset espagnoles,envahit le Parmesan, et recueillit le ducdeModène, jeté dans le parti des Bourbons par la brutalitédugouverneur de Milan comte Traun.

Charles-Emmanuel III fittoutmanquer. Il craignaitautantlesBourbonsque les Habsbourgsdans la péninsule, etn'es- pérait pas obtenir des premiers le Milanais, s'il lesaidaità

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L'ITALIE AUTRICHIENNEET BOURBONIENNE. 377

demparer de'la Toscane, de Parme et de Plaisance. Fidèlet !a politique qu'il avaitdéj!t suivie,il se fitmarchanderquel-quetemps pour gagner à coupsûr; et, après avoir négociétïec tesBourbons, il traita tout d'un coup avecMario-Thé-tése, et s'engagea à défendre le Milanais, Parme et Plai-

,ttnce sur la promesse d'une nouvelle cession de territoire(1742).Il voulait manger l'artichaud, ainsi qu'il le disait,ittuUeà feuille.Sans le roi de Sardaigne t'affranchissementde l'Italie était

impossible.Charles-Emmanuel joignit ses troupes à cellesdesAutrichiens, dans le Parmesan et le Modenais, tandisqu'uneflottede l'Angleterre alliée à l'Autriche vint se ran-~r devent Naples et força donCarlosà rappeler sestroupes(!743).Le prince autrichien Lobkowitzcompromit ce succès par trop d'ambition; en 1744 il traversales Etats del'Eglise ponr enlever Naplesau Bourbon Charles. Forcé de sortir deh neutralité, Charles attaqua LobkowitzaVeUetn, le cul-tmta,et ramena jusqu'à Bologneles Autrichiens.

Des le printemps de l'année suivante les Bourbons réso-hrentde pousser vivementles Autrichiens et les Piémontais.L'Espagnoldon Philippe et le Français Maillebois, passantenmars 1745, sur le territoire de Gênescette foisgagné, dé-

bouchèrent par le col de la Bocchetta dans le Montferrat,étendirentleur droite vers Parme et se joignirent auxEspa-gnolset aux Napolitains de Gages, qui venaient de des-cendreles Apennins. Le CisdeMaillebois attira à lui les Au-triebiens; Philippe tomba sur les Piémonlais, les écrasa àIhssignanoet les rejeta dans les Aloos. Les Autrichiens,menacésd'être pris entre deux armées, évacuerontAlexan-Me, Milan, et se retirèrent derrière le Miucio.Après cesuc-tesdécisif, la cour de France proposale Milanais à Charles-

Emmanuel elle ne demanda pour don

Philippe que ParmeetPlaisance, pour elle-même que quelques points dans lesAlpes.Mais il ne voulut rien entendre, Marie-Thérèseen proEta; débarrassée en 1746de la guerre avecla Prusse,elle pouvait disposer d'une partie de ses'troupes. Elle en-myaLitchtenstein avec trente mille hommes.au secoursdesAutrichiensretranchés sur leMincio. Devant ce déploiement

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378 UVR~xm.de foreea,don Philippe, MaiUeboiset GageaMecdes troupesdécimées par la matadie et l'indiscipline se perdirent par leurs discordes. A Plaisance, H&forent complètement battus, perdirent dôme mille hommestnés Qu pris, et sanss'arrêter

repaa~rent le Var

(1749). Genêt elle-même, etTrayéedu

compte qu'on allait lui demander, oublia que la vilte étaitimprenable et o~fit sea ponet en stiputaat pe~e descon-ditions.

L'It<!M, faillit encore payer les frais de la guerre par lachuted'noe de ses répuMiqaes. Les Autrichiens avaient im' posé Gênes à cinquante millions, piUé sa banque, d6vast6ses palais. Le doge, le sénat, le grand etle petit conseUsdetnobles pliaient sous le bâton autrichien tandis qa'on s'empa.rait déjà des deux rivières. Mais, à la suite d'une rixe entredes enfants et que!qneacaporaux de t'année d'occupation,lequartier populeux de Portoria se souleva tout entier, ut t'e*meute se répandit dans toute la viUe. Le doge, les collégesdes nobles essayèrenten vain d'intervenir femmes enfants,vieillards, tatquee, prêtres, se mirent de la partie au sondes coups rapides et fiévreuxdu tocsin Les Autrichiens re.tranchés dan*les trois rues de l'~tta Wcfefurent inassacréa;un mortier transporté a bras d'hommes sur une hauteur qui paraissait inaccessible, plongea sur les Autrichiens réu-nis dans la place Doria; le cordonnier Bava, le valet d'<~ berge Jean Carbone conduisaientle peuple a l'attaque. Encinq jours la ville fut reprise, et Jean Carbone alla re-mettre les clefsdes portesau doge en,le priant de les mieMgarder.

Tout l'effort de la guerre se concentra sur Gênes (1747);les Autrichiens bloquèrent la ville avec une flotte anglaise..Louis XV envoyaau secours de la république des officiersfrançais, puis le duc de Bouflers. Les intrépides Génois,avecleurs barques, se jouèrent des vaisseauxanglais sur cettemer, qui n'avait pasde tecrot pour ses enfants. BouMerssemultiplia sur les fortifications 1ilmourut de fatigue, et futencore bien remplacé par le duc de Richelieu. Cette résis-tance héroïque, qui fit honneur à toute l'Italie, persuada&Marie-Thérèse que c'était assez de garder le Milanais. Le

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 379

tftité d'Aix-Ia-Chapelte, en 1748, termina la guerre de lataceessiond'Autriche en Italie.

Don Carlos fut confirmédans la Sicile, François de Lor*n~ne, empereur et épouxde Marie-Thérèse, dans la Tos'

tjtne, mais à la conaition que le duché ne serait pointuni àl'Autriche, et qu'un archiduc indépendant en serait bientôtinvesti.Marie-Thérèse gardale Milanais en cédanta Charles.Emmanuelle haut Novarais et Vigevano, et à don PhilippePanne, Plaisance et Guàstalta. Huit années de guerren'étaientcependant pas entièrement inutiles le roi de Sar-d<igno,s'agrandissait encore un duché indépendant étaitn6<onstitné;une dynastiede Bourbons, adversaire naturelle je l'Autriche, s'affermissait au midi; une sorte d'indépen-dtnceétait

garantieà la Toscane. L'Italie devait ces amélio~tttions à la politique indépendante, quoique égoïste, du roideSardaigne; à l'initiative de ses nouveauxsouverainsde lamaisonde Bourbon, à l'héroïsme de Gênes autant qu'àr<ppuide la France et de l'Espagne; C'était beaucoup pour elle; au milieu des convulsions de la première moitié dudiï-huitiëmesiècle, d'être sortie du tombeau de la monar-<Meespagnole, et d'avoir gagné des souverainsà elle, bienqneétrangerset Imposés par l'étranger. Le premier résultatdeces

changements pour la

péninsule fut un commencement

dérégénérationdont elle avaitgrand besoin.

Bo«tt«<ter<~n<MtM<m~Mat<ur<)mett<tefj<rtMea.L'état dans lequel était l'Italie au sortir des mains agoni-

!tntesde la dynastie de Charles-Quint avait vivement im- pfessionéses nouveauxsouverains. Il montrait ce que peutMre, pour le malheur d'un pays, une dominationétrangère,

<{'une

songe qu'à recueillir au

jour le

jour les fruits do la

Mnquête,sans se soucier même d'assurer ceux du lende-main.

Depuis un siècle et demi les gouverneurs du Milanais etde Naples, et, à leur exemple, les souverainsindépendants,égoistesou oppresseurs, sauf de raresexceptions, avaientlaissése perpétuer les anciensabus on en avaient fait naitre

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LIVRE- xm.380

de nouveaux. La noblesse et le clergé, particulièrement,avaientété laissés en possessionde leurs vieux droits sur hchasse, la pèche les moulins, les fours, la justice même, etétaient devraisinstruments dedomination. Delà, lasituationla

plus étrange. Des

législations, des coutumes ancienneset

contradictoires qui, remontant dans le midi aux Normands,aux Hohenstaufen, aux Angevins,on survivantau nord dansBologne, Florence, Pise, Sienne, aux institutions républi-

caines perdues,formaientun inextricablechaosoù l'arbitrairetrouvait merveilleusementson compte. Les franchises et !e$

juridictions féodaleset cléricales entravaient ou faussaienth justiceetl'administration; les impôtsn'étaient pointlesmêmesde paysà pays, de personne à personne; le pouvoir se faisaitsentir partout inégalement, mais partout oppresseur. EnSnle pouvoir du saint-siége, bien plus engagé dans les Insht)i.tions politiques en Italie que partout ailleurs, venait brocher sur le tout.

Dans les campagnesles droits de primogéniture, de main-morte, les Sdéicommis, le libre pacage, condamnaientlaterre à la stérilité dans les villes les vieux statuts des cor. porations et les monopolesrécents étonnaient tout commerceet toute industrie. On ne trouvait presque plus de produitsnaturels dans la contrée la plus fertile de l'Europe, moinsencore de produits manufacturés dans des villesqui avaientautrefois couvert les marchés de l'Europe de leurs exporta-tions et le mauvais état des routes surchargées de péagene permettait point de transit à cette péninsule, admirablementsituée, qui avaitau moyen âge servi de lien entre l'Europeetle Levant. Le désert s'était fait dans ses campagnes; laPouille rappelait les temps de la décadencede l'empire ro.main. Dans le royaume de Naples les pâturages royauxt'e-tendaient de cinquante milles en longueur sur une largeur de trois à quinzemilles. La maremme gagnait les côtesdelaMéditerranée dans la Toscane et dans les Ëtats de l'Ëgtise.

La plupart des villes de l'Italie centrale et méridionaleétaient dépeuplées, les palais déserts; les maisons tombaienten ruine et ne se réparaient point. La littérature et les artsmême,qui avaientrésisté jusque-là, avaientsuivi le sortcom-

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 381

mun; aucun nom ne mérite d'échapper à l'oubli à la findudix-septièmeet au commencementdu dix-huitièmesiècle.

Avantque le sort del'Italie fât définitivementréglé, quel-qMSnouveauxsouverains,sans être assurésencorede garder

!eor conquête, cherchèrent à la mériter

par des réformes et

desaméliorationsutiles.LeBourbonCharles de Naples, conseillé par son ministre

'hnncei, prit l'initiative. L'administrationdesfinancesetcelledela justice furent entièrement refondues. Une magistrature~CMMMnM paya l'arriéré des dettes et réalisa une augmenta-tionde trois millions de recettes. Le nombre des crimes,desempoisonnementsdiminua; les juifs attirés par des privilégesavivèrent les transactions les côtes se mirent à l'abri desrivagesdesBarbaresques; des lazaretset un collégenautiquetarentfondés. Dans la Sicile particulièrement Charles rem- phcal'assemblée féodaledes étatsgénéraux, /M«OMbras deh Sicile, par une junte presque exclusivementcomposéedeSiciliens.H commanda à Pascal Cirilloun codequi devaitedairer le chaos des lois napolitaines. Charles pouvaitavecen juste orgueil, à la fin de son règne, énumérer les servicesqn'i)avait rendus au paysdans le décret par lequel il insti-tntit l'ordre de Saint-Janvier, comme pour en reporter lemériteau patron de son royaume. Le palais de Caserte, Névé par l'architecte Vanvitelliaveclesdébris de Capoueetde Pouzzoles,deux autres à Capo-di-Monte et à Portici, lethéâtredeSaint-Charles,le plusvastedu monde, et l'hospicedes pauvres (l'Albergo), étaient déjà les signes extérieuresd'uneincontestable renaissance.

Dans le duché de Parme et de Plaisance, un certain Du-tittot.Français d'origine, rendit à don Philippe les mêmesMrvicesqueTanucci au roi Charles. Sous son administrationdenouvellesroutes furent percées, l'industrie se ravivadans<n paysqui avait tant souffertdela guerre. Bien plus, Parmedevintà cetteépoque commel'Athènes de l'Italie. Les règle-mentsde l'Université furent revus, une académiedes beaux-arts, une bibliothèque, créées, et non-seulement des géniesnationauxcommele poète Parini, le savant Rossi, Bodoni,téièbre éditeur, mais des étranger~, le philosopheCondillaç

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UVRJ8XHI.3M

et l'historien MHIot,tinrent faire honneur à cette brillante etlibérale hospitalité.

Les étrangers enx-memes coderont au besoin de relever l'Italie. François 1' comme duc de Toscane, avait envoyédans ce payale comtede Richenconrt pour réparer avec lessénateurs Rucellai et Pompée Neri, les désordes desdemienMëdicis; commeempereur, à Milan, il fit reprendre cestrt.vauxhydrauliques dont la suspensionest pour la LombardieUnemenace de mort.

Le saint-siége,malgré l'impuissance à laquelle le condam.naient les souverains catholiques maitres de l'Italie, saintl'exemple général. Clément XI enrichit prodigieusementla bibliothèque dn Vatican, par l'acquisidon des manuscrit!orientaux d'Abraham Ecchelensis; il n'oublia pas mêmelacollectiond'antiques du Capitole.Sonsuccesseur,l'aimableetdouxBenottXIV,renditles relationsdu saint-siëge plus facilesavecles États italiens, pour pouvoir se livrer sans embarrasà ses goût délicatset relevés. Quatre académies pour lesan.tiquités romaines et ohëtiennes, l'histoire ecclésiastiqueetledroit canonique furent fondéesà Rome; des chaires de chi-mie et de mathématiques au coltégode la Sapience,une de peinture et une de sculpture au Capitole. La bibliothèqueOttobuoni enrichit celledu Vatican.

Au milieu dn dix-huitième siècle déj&les travauxde l'e!- prit témoignaient d'une sorte de renaissance italienne. Au plus fort de la lutte dont l'Italie avait été le théâtre, J. B.Vico, dans sa Se{cMe<nouwMe,cherchait les lois historiquesdu développementde l'humanité; et le sentiment des tristesretours de son paysde la liberté à la servitude, l'empêchaitseul peut-être de briser le cercle infranchissable dans lequelil enferma l'histoire. Giannone avait dé~ publié l'~MtofrtcfUtkdu royaume de Naples; Muratori laissait un véritablemonument d'érudition pour l'histoire de toute la péDinso!e;Fabroni commençait h écrire ses Viesdes /«!<tftM<~tM(M,qui ne manquent ni de science ni de goût Denina animait(Vune pensée philosophique ses Révolutions, et un jésuite,libre penseur, Bettinelli, correspondant de Voltaire, allait

jusqu'à écriresur le passé de son pays un livre intitulé/M~

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L'ITALIEAUTNCBIBNNBETBOURBONIENNE.383fM~ <~rrtalfe.H pënintnieMmMaitpar l'histoirerepren-dfeeonsciencûd'e!te-ni6n)6.

Dansles lettres proprementdites,les d6nx pluse~Ïêbtts paëteslyriqueet dramâdouëdutemps,FfugotuetMétastase,

Maieatencoresouvent1afféterie,la Mdondancedn siècle p~e~dent.C6peadat)tle premier avait parfois,dam le vers~MOMtMotH,un monvetûeat,uncoÏOMqoi etieseht pMdoitquelquechosede durables'il avaitteacoatréde grandsM-Jets et Métastasesavaitvarier le plaisir chérides Italiens~Vecunerichessed'inventionetd'harmoniequ'atteignaitseniehmnsiqnedePergolèse.EnnaA~gafotti,dansses~«a~sur dessujetsgraves,ApostoloZenodanssestragédieshistori-quesimitéesdeRacine,Mafféidanssestravauxcritiqueset

dansKatragédiedei~ropemontrèrentde loin un but plus< et plus sëtienx.

<ejO)M~)*ot* <tt ht )~Mtt& 'WHt~ttttet M<t~M <-< t~m-Mt t ttMtt~m t ehMte~<«mtt)t)tf) (<<t*Wf)

L'avènementdé nouveaux princes, la paix de quarante ansdontjouit l'Italie, favorisèrent pendant la seconde moitiédndix-huitièmesiècle cette régénération de la péninsule qui sui-

vitlachute de la dominationespagnole.En 1759, Charles de Naples, en devenant roi d'Espagne par la mort de son père, laissa sa première couronne à Ferdi-nand IV, son second fils qui, encore jeune, resta souslatutelle de Tanucci.Après la mort de don Philippe de Parme(t?65), Dutillot conserva aussi l'autorité sous Ferdinand,encoremineur. Les deuxministres réformateurs furent plus puissantsque jamais. Dans !a Toscane,la même année, Je jeune Pierre-Léopold I* investi du grand-duché par son

p~reFrançois, était un

prince pénétré de l'amour du bien et

pleinde bonne volonté pour t'accomplir.A la faveurdu pacledefamilleconclu(1761) entre tons les

Bourbonsde France, d'Espagneet d'Italie, la péninsule s'ou-vrittout entière aux idées françaises. Là où l'inquisitionromaineet espagnole avaitrégné si longtemps, pénétrèrenttout àcoup et en mêmetemps, avec la littérature, le jansé-

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UVRBXÏN.?4

nisme da dix-septièmesièctoet la philosophie du dix-huitie-me. Rien n'était plus menaçât pour l'Italie tQnt ecclésiasti-que et féodalede la domination espagnole. Imprégnées del'esprit français,les nouvellescoursne se contentèrent pasdefavoriser la propagation des idéesvenues du pays qui en dé-frayaitalorstoute l'Europe; sousleur inspiration ces princestentèrent des réformes destinées à changer, à renouveler complétementla péninsule.

En Toscane, sous le nouveaugrand-duc Léopold, qui fai-sait réimprimer, sousla date de Londres,leslivres italiensmisà l'index, etqui régénéra les universitésde Pise etdeSienne,l'administration publique, la justice,l'agriculture et lecom-merce, furent l'objet de soins attentifs. Les magistraturesinutiles, les juridictions particulières, les tribunaux privilé-giés disparurent. Les lois devinrent uniformes pour toutleduché; Joseph Vemaccini et Michel Ciani se chargèrent derédiger un codeqne continua plus tard Lampridi. L'unité destaxes, l'abaissement des douanes particulières, la restrictiondes Bdéicommis,l'autorisation d'encloreles propriétés, l'abo-lition de plusieurs monopolessur le tabac, l'eau-de-vie, lefer, etc., opérèrent une révolutioncomplète. On n'eût plusassez des terrains cultivables; le val de Nievole et celuideChiana, une grande partie de la capitainerie de Pietra-Santa,qui étaient insalubres, furent desséchés et peuplés par desétrangers venus principalement de la Romagne. Ximenès etFantoni, mathématicienscélèbres,très-versés dans la sciencede l'hydraulique, s'occupèrent du dessèchement des ma-remmes, et vainquirent la nature au moins dans celledeSienne.

II y avait plus à faire encore dans le royaume de Naples.Tanucci réhabilita Giannone,frappé d'une sentence d'exil,etfavorisa,dansla capitale, l'enseignement libéral du droitsous

la directionde GaetanoArgento. Le ministre ne pouvaitson-ger de suite à détruire la constitutionféodale. Il restreignitau moinsles privilégesdes barons,et leur enlevaentre autresle droit de justice; plus courageuxcontre la puissance ecclé-siastique qui s'appuyait sur un personnel de plus de centcinquante mille prêtres de toutordre, c'est-à-dire sur le vtng-

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385L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE,

lièmeà peu près de la population, il abolit les dimes ecdé-siastiques, arrêta l'envahissement des biens demainmorte,restreignit la juridiction ecclésiastique, et soumit les bullesdusaint-siégeà la sanctionroyale.

A Parme et à Plaisance, Millotet Mablyécrivaient pour le jeuneFerdinand le Coursdhistoire universelleet lesDiscourstur r~ude def/tMtotre,etlui enseignaientà savoir limiter sonMtoritéet à respecter les droits des peuples. En attendantqu'il pût appliquer ces maximes, Dutillot, tout-puissant,augmentales revenus de l'infant de quinzecent millelivres,innitales priviléges de mainmorte et les appels à la cour deRome,et refusa le tribut réclamé par le saint-stége pourl'in-Testiture.

Dans le Milanais, le gouverneur Firmian, qui protégeaith naturaliste Valtisnieri et le comte philosophe Verri contrelespréjuges populaires, embellit Milan, réunit cette ville par m canal au Tessin et à l'Adda, et dégagea de ses entraveslecommercedes grains. Laprovince qui ne comptaiten 1749qneneuf cent mille habitants en avait onze cent trente milleen 1770. Joseph II, dans une visiteen Lombardie en 1769,semontra animé d'un esprit plus libéral encore. II créa unemagistraturesuprême, la Cornerai, où siégèrentles juriscon-tuhesCarli, Beccaria et Pierre Verri. Dacheva de restaurer

h grande université de Pavie, où brillèrent bientôt les célè- bresSpallanzani, Tissot, Frank, Brambilla dans les sciencesnaturelles, Nani dans le droit et Volta dans la physique.

Le roi de Sardaigne, Charles-Emmanuel 11, porta dansYadministrationcet esprit qui lui faisait protéger contre lacensure les Révolutionsd'Italie de Denina. I! réforma tesmonnaies,attaquales restesde l'influenceféodaleet ecclésias-tique, et fit publier le CodexcaroHotM, pour ramener toutesus provincesà l'unité de législation.

Le génie

italien qui

nefait pas

défaut aux époques

les plusttérilesne manqua pasdo*répondreà tant d'encouragements;

ilapportason contingentdans ce sièclede sciences pratiqueset positives.Galvani de Bologne et Volta de Corne, à forced'essais et d'expériences sur l'éiectricité, firent faire un pasimmenseàla physique. A l'exempledesFrançais, les Italiens

tUST.B'tTAUE.

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LIVRE XM.386

portèrent tous leurs etfortasur les problèmes de philosophieet d'économiesociale. Plusieurs d'entre eux atteignirent d'unTtOndle premier rang Génovesi, à Naples, posa le principedo la libre circulation des produits et réforma quelquespré.

jugés en agriculture; l'abbé Galiani de foggia étudia avecsnece~leCrédit public. Deuxhommessurtout Erent une vén-table révolution. En facedel'inquisition et de tribunaux o&sévissaiefntl'arbitraire et le capnee sons le nom de justice,B~iMària,dans son te)!t livre Desdélits et des pettt< disUn-gna le légistateur du juge, à côté du juge demanda lejnry,humanisa la procédure et posa les limites du droit de punir.Dans le pays des traditions et des ruines historiques, Filan-gieri de Naples,.dans sa &:tfneede la législation, recherchaet rencontra heureusement quelquefoisles principes absolus

des meilleures lois politiques,civileset économiques.Si la littérature n'atteignit point la même hauteur, elleneSt point entièrement défaut. Au moment où le conscienciemTiraboschi, dans son llistoire M~erafrC)rappelait à la mé-moire de ses contemporainstout ce que l'Italie avait produitde chets-d~Euvre, où Fabroni faisait la biographie de seshommescélèbres, deux hommesmirent le pied sur un terrainoù l'Italie ne s'était encore aventurée que sur les pas desan.ciens. Goldoni porta la Commedia(Mfarte des tréteaux surle

théâtre, arracha le dialogueà l'improvisation desacteurs, dé. barbouilla ses personnages, et chercha à peindre la sociétéitalienne Gozxt,tout en voulantconserver le type originaletlagaieté bouffonnades masques italiens, changea leur carac-tère il les jeta dans un monde d'aventures romanesques,d'enchantements, de féerie, et trouva ainsi le genre nouveau

de la tragi-comédie.

Vttthte, <:ttteM, tt*<t*e en ~eh<tM <M tment<NMent ) ttt~t*t*t X«<t <t<t*tt XtV! *t<Uttwt <e0 Jé<*t<« (<tM~~<)Kt).

Chf~eétonnante) !es plus anciens États de lItalie, ceuxqui afMMt encore contervé une ombre d'indépendance, snr qui l'étranger n'avait pas mis la main, ne parurent guère

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 387

participer à cette renaisMXtce politique et morale. Venise,~nes, lesaint-siege~restèrent a peupr~sdansl'engourdisse-mentdosiècle précédent.

Depuis que la pMx de Passarowitzavait réduit la reine de

~Adr~atique ~ce qn'etle devait conserver jusque sa chute,

p'~st-a-dtre en Ïtatie, au territoire borné par fAdda, dansÏ'Adnatiquea l'tstne, )a Dahnatieet une partie derAmaaic;dM)s!aïoertotMeBo~~ Corfpu, <MpbaIoB!e,T'heaM,Zante,t~! Strophades et C~rigo, te gonvememeat c'avait d'autre<ouctque de copserver à tout pru ta pan au ded~s <ettidehors,~aotiqmt~ de Ja coostit~lion~}'<ei!des o<wM!/ew~, b liberté et ~i)ité des pî~sirs assurateptla paix intérieure.Upe politique extérieure d'egouape et d'isotetoent, pleine decorruption et de faux-fuyants, qui faisait monter la dette pu-Mique jusqu'à deux cents mUtions, et laissait tes cadres deJ'armee vides et tes chantiers de marine déserts, asserttnssi à la république paix au dehors, mais en sacrifiantl'tvenir au douxloisir de l'henre présente.

A Gênes, la constitution, bien que favorable Ja noblesse,cnTraitle livre d'or à bourgeoisie, et était loio de compri-mer dans le pe))p~etoat e!an commeon )'a vu en ~747. Gènes bissa cependant échapper de ses majms}'i!ede Corsequ'eMe possédaitdepuis près de six siècles. Les babitants de l'flea~ent proBtedes malheurs des Génois, assiégés par l'Au-triche, pour serevotter, et la république épuiséen'avait pu lesContenir qu'en faisantoccuper quelques pointsdel')le par desgarnisonsfrançaises. Les Corses indignes résolurent de serendre tout fait indépendants ils constituèrent ungouver-nementet prirent pour chef Pascal Paoli, homme de tête etdecœur. Leur premier acte d'hostilité fut dirigé contre ceuxdontilsavaientsecouele joug; ilss'emparèrent sur euxde l'iledeCapraia.Gèness'adressa encore à la France, qui cette foisMarchandasessecours; et la république, pourse venger desesthcienssujets et recouvrer Capraia, consentit à céder entoute propriétéàLousXV une conquêtequi lui avaitcoûtétant d'ef'fortsau moyenâgeet qui attestait son anciennegloire (t 768).L'annéeauivante,le lieutenantgénéral de Vauxbattit etchassaPaoli,occupatoute la Corseen exécution du traité, et détacha

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LIVRE XH!.388

de h péninsule italique une !!e qui lui servait de boulevardet de point de relâchement dans la Méditerranéeoccidentale. Napoléon y vit le jour à ce moment, tout juste a temps pour être né Français (15août 1769).

Le saint-siégene fut pas seulement étranger aux innova-tions du temps, il y devint hostile. L'esprit de rétbrmeqnis'attaquait à Naples, à Florence, à Milan aux institutionsdumoyen âge, n'épargnait pas la constitution du clergé. Enrayéde cette tendance, le conclavedonna pour successeur au pa.cifique Benoît XIV, le courageuxVénitien ClémentXIII, en1758. Mais le grand-dnc Léopold, l'empereur Joseph II,méditaient des projets bien autrement redoutables ponr l'Église. Clément XIII, qui avait pris la tiare avecla résolu-tion de ne point reculer, vit battre en brèche la forteresse

avancéedu saint-aiége, l'ordre des jésuites, n ne put les dé-fendre même enItalie; Tanucci et Dutillot, malgré sesexhor-tations et ses prières (en 1768),jetèrent sansfaçonles jésuitessur le territoire pontificalabsolument comme avaient fait lesministres deFrance, d'Espagne etdePortugal, ChoisenI,d'A-randa et Pombal. ClémentRIII se roidit quand it vit leducdeParme, vassal émancipédu saint-siége, imposerles ecclésias-tiques deson duché, et interdire au pape de donner lesbénë6-cesà d'autres qu'a desindigènes. Il réclama nërement, comme pape et commesuzerain; déclara cesactestéméraires et lançal'excommunicationcontre tous ceuxqui y avaient participé.

Cette revendication hardie d'un pouvoir déchu prouva ansaint-siége que les temps étaient bien changés. Ferdinand protesta au nom de son indépendance et trouvaun vigoureuxappui. Choiseul, Tanucci, pour réduire le saint-siége,firentsaisir Avignon, Bénévent, Pontecorvo. Le due de Parme fitun pas de plus et abolit l'inquisition dans ses États; les plusfaibles s'enhardirent de l'impuissance du saint-père. La ré-

publique de Venise se rallia auxréformes; elle interdit lesdonations d'immeubles. au clergé et mit des entraves auxvœux monastiques. François III de Modène lui-même sortitde son obscurité pour prendre part à la campagne; il abolitquelques immunitésecclésiastiques; il aurait volontiersre-vendiquéFerrare si l'on ne l'avait arrêté. Le pape au milieu

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 389

deces agitationsmourut de douleur en 1769.L'inCuencedes princes, les dangersde la résistance, l'esprit du temps obtin-rent du conclavel'exaltation dn pacifique et doux LaurentGanganeIIi,qui prit le nom de ClémentXIV.

Le nouveau pape, nourri de la méditation de l'Écriture

sainte, était l'hommede la paixet del'union tout en lui étaitharmonie il ne fit point lire au commencementde son pon-tificat la bnlle in ca~MDomini, et suspendit le monitoirelancé contre le duc de Parme. Ce qu'on voulait surtout ob-tenir du saint-siége,l'abolition des jésuites, il l'accorda,maisavecdignité cependant et à son heure. Une commission futchargéede fouiller les archives de la propagande, de peser le pour et le contreet de donner son avis. Enfin le 21 juit-let 1773 Inspiré, dit-il, par le saint Esprit, et obéissant

an devoir de ramener l'union dans l'Église, Clément XIVabolit et détruit l'ordre des jésuites, sesfonctions, ses mai-.tons, ses instituts; ainsi le saint-siége sous le plus modéréetle plus tolérant des papesfut atteint dansses plus ambitieu-ses prétentions.

t<tf<Ht<<<<et*f<<<~M<t*m«*MeMet<«e~m;)fer«)Mm< nr V<e<Mf-A*tt«e m ~te Vt (ttW~WN*).

La direction politique des affaires de l'Italie passa entreles mains de l'Autriche sans rien changer à la marche deschoses. Un archiduc, Ferdinand, en épousantl'héritière duduché de Modène, commençaune nouveUedynastie autri-chiennedansla péninsule. Une filledeMarie-Thérèse, Marie-Amélie,épousede l'infant de Parme, Ferdinand, éloigna leFrançaisDutillot pour faire place, en 1773,à Llano, dont lafaveurne dura pas non plus. A Naples,en 1776, la nouveUeépousedu roi, Caroline,autre fille de Marie-Thérèse, lors-

qu'elleeut donnéun fils au roi et fut entrée dans le

conseil,remplaçaTanncci par le marquis de la Sambuccaet le che-

famille récemment conclu par les Bourbons. L'empereur JosephII, mattre sans contrôleaprès la mort de sa mère,tint la péninsule dans sa main.

vaher écossaisActon, qui arrachèrent la Sicile au pacte de

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LIVRE X!390

L'Italie, loin d'être arrêtée par cesnouveauxchangements,fut comme précipitée dans lavoie oh elle était déjà engagée.Il faut le dire cependant, tes maîtres dol'Italie adoptèrentmoins ce qui était utile a leurs peuples que ce qui était favo-rable à leur pouvoir. Bs eurent plus à cceur de réformer lesinstitutions

ecclésiastiques que de réformer les institutions

politiques. En déclamantceÊtreledespotismeclérical. ils nesongèrent souventqu'à anermiflë lear. Ils sévirentcontre lesabus do l'Église, abolis à leur proEt, et ils épargnèrent lesdéfauts on les abus de lëar propre gouvernement.

Dans un pays ou la société reposait surtout sur l'intimealliancede l'Eglise et de l'Etat, il ne pouvaitmanquer cepen-dant de se rencontrer quelque réststance. Après la mortsubite et étrange de Clément XÏV, Pie VI dut principale-ment son électionau contraste que

présentaient son caractère

et ses principes avec ceuxde son prédécesseur. Homme élo-quent,esprit positif, caractère résolu, il gémissaitde la misèreoù l'absente d'industrie et de commerce, la ruine de l'agri-culture, l'accroissement de la dette avaient jeté les Étatsromains. En même temps qu'il augmenta le musée î*io-Cle-mentino et fit élever l'élégante sacristie de Saint-Pierre, iltenta que!qu9< reformef. d$Ml'adminittratMO U s'occupad'assainif IcBtMrM Po)MinsenfttiMBtMhever le canal 8isto.Mais il était résoin à s'opposer vivement aux réformes quiavaientl'Eglise pour objet, et queles souverains poursuivaient

justement avecle plus d'ardeur.C'était en vain que des hommes instruits et impartiaux, le

NapolitainMelcbior Delphico,les VénitiensOrtës et Nani, l6Piémontais Vasco, dans des ouvragesd'économie, tentaientde porter l'Attention des princes sur des besoins aussi pres-sants. Joseph II s'occupait, surtout en Lombardie, de dimi-nuer le nombre des religieux, et de soumettre le reste &l'évêque diocésain; il voulait nommer l'archevêque de Milanet tousles évoques,changer son gré les circonscriptionsdesdiocèses, régulariter. les revenus de l'Église, augmenter lenombre descures, et~re élever les prêtres à sa guise. Dansl'administration, il çhërjchattvolontiers a concentrer dans sesmains tout le pouvoir. Mais il n'ajoutait presque rien à la

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 391

prospéritéque la Lombardie devaitau comteFirmian, et nes'occupait pas de relever les ruines que la domina~onespa-gnoleavait laissées dans l'industrie et lecommerce.Dans le royaume de Naples, la grandeaffairedu règne deFerdinand IV fut de se soustraire au tribut de la haquenéeetdes sixmille ducats dus au saint-siége.Hcrut avoir beau-coupgagnéen ne payantles six mille ducats qu'en 1777, aux&ttnt~p<~rM, pour effacer au moinstoutetrace d'hommage.Sambuccaet Actonosèrent encore moinsque Tanucci contreles priviléges féodaux. Quelques réformes dans l'armée, laconstructionde plusieurs grosvaisseauxdeligne, d'heureusesinnovationsdans le corps d'instruction de la marine, dus auchevalier Acton, et la fondation d'une colonieSan Leuççio pour l'éducation du ver à soie et la fabrication du ~r<Mde, Naples,furent les seuls bienfaits de leur administration, bienmoinsfécondequecelle de leur prédécesseur.Dans la Sicile,Caraccioli,qui y fut envoyé avec le titre de vice-roi, eut lecouraged'abolir l'inquisition. Mais il n'osa attaquer la féo-dahtédans ses possessions territoriales, et cette!le, écrasée par destaxes de tout genre, parcourue par des brigands oudes pirates, était encore si souventmenacéededisette, que lesrévoltesy étaient plus fréquentes que partout ai'Ieurs.

De tous les souverains, le grand-duc de Toscane, dont lesMinss'étaient d'abord étendus à toutes les branches de l'ad-ministration, semblait, vers la findu siècle, le plus exclusi-vement préoccupédes matièresecclésiastiques.Hallait jusqu'àrédiger !e programme des concours pour les cures; il inter-dtsattcertaines dévotionsou pratiques, et certains livres de piété; plus semblableen cela un disciplede Jansétnus qu'auchef d'un État.

Lenouveauroi de Sardaigne seul, Victor-AmédéeHI (de- puis 1773), ne suivait pas les errements des autres souve-

rains maisil tombait dans d'autres défauts. Catholiquezélé,Hrenvoyatous les ministres de Charles-Emmanuel,qui avaitcependanttoujours ménagé dans ses innovationsla cour deRome,et interdit à la jeunesse d'aller étudier à l'universitédePavie, qu'il regardait commeinfectéede jansénisme.Mais,quoiqu'il reconnût et dotât l'Académiedes sciences,fonda-

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L'ITALIE AUTRICHIENNE ET BOURBONIENNE. 393

Enfin,quoique les idéesdn dix-huitièmesiècleeussent péné-tré l'Italie et suscité quelques écrivains et quelques poétessérieux,il n'y avait encore chez elle ni esprit public ni viri-lité politique. La péninsule était encore le pays auxquatre-

vingtmille moines, la terre d'adoption des sigisbéoset des bandits.Les gouvernementsn'avaient pas renoncéà l'inqui-sition politique en renversantl'inquisition religieuse. On nerencontrait plus l'élan démocratiquedesrépubliquesdestrei-sièmeet quatorzièmesiècles,ni la tyrannie brillantedesaris-tocratiesdu quinzièmeet du seizième.TIy avait encorel'an-ciennedivision, l'ancienneruse, et le despotismede plus.

Un sentiment profond,vivacechez les Italiens, les empê-thaitde reconnaitre même les meilleures intentionsde leurssouverains.Ces

princes réformateurs n'étaient

pas nés des

entraillesde l'Italie, ils avaient été imposés par l'étranger; àchaque génération il semblait qu'ils prissent soin, par denouvellesalliances, de retremper leur sang étranger; leursidées,leurs principes, commeleur origine, étaient ultramon-tains.Pour l'Italien, qui avait le sentiment vagued'un passétout plein d'indépendance et de grandeur, les mieux inten-tionnésde ses souverainsn'étaient que des podestats, desty-rans et l'Italie, à la fin du siècle, malgré les incontestables bienfaits

qu'elle en avaitreçus, saluait son

poète tragiquena-

tional,dansAlfieri,dans celuiqui animait sesœuvresdessou-venirsde la patrie indépendanteetd'un sentiment d'austéritéetdegrandeur républicaines; elle l'entendait avec plaisir, enfacedu meilleur des princes,s'il m'avaitété Autrichien et un peu janséniste, Léopold, stigmatiser le sceptre du septen-trion,inexorable et dur qui pesaitsur la languemême

Borealscettro,inesorabile,onro.'Italie! s'écriait-il, à quelle infâme servitude te voilà

réduite pour n'avoir pas été à fond délivrée des Gothst Talangueelle-même a perdu son indépendance et sa pureté

Italia! a quaiti menainfamistretteIl non esserdaiGotiappiendisgombra1Ti sonle ignudevociancointerdette.

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LIVREXÏV.MTAUE RENJBUCAJKtE ET NAPOLEOMMENNE

(t789-i8t8)'.

ï,*J<atiefaible et divisée; les souverains et lés peuples. Guerre de la

tépubtique française sur les Alpes; insurrections des Italiens (HM-n9à). –Ppnaparte; républiques transpadane et cispadane (H96).Arcole, Rivoli paix de Campo-Formip; les républiques ligurienneet cisalpine; chute de Venise (!79~).–MpuMiques romaine, parthé-nopéenne et toscane; là péninsule r~puMicaine (HP8). Rapidedes-truction des républiques italiennes par les anciens souverains; réac-tions sanglantes (U99). Marengo; traite de Lunéville; Pie V)t etFerdinand restaurés; tes répubiiques cisalpine et ligurienne rétabties(1800-1802). Le royaume d'Italie; Naples, la Toscane, Lucques,Guastaita, donnés à des parents de l'empereur; Italie papoléonienne(1802*1808). Le gouvernement temporel du saint-siege; apogéede

ta puissance impériate en Italie; le roi de Rome (1808-1812). Re-vers de Napoléon; discordes des Italiens, d'Eugène et de Murat; oc-casion d'mdépendanee perdue; restauration (1812-1815).

t.'MttU~ MMe et <M~e leu ««TM~tmo et <«* t<M)~e~

f Déchire les vëtemects de l'opprobre, prends le casque,endosse lacuirasse, et, réveillée d'un long sommeil, courssur les Alpes à la défense et aux triomphes. Ces paroles,

qu'écrivait Fantoni dans une ode à l'Italie à la fin du dix-

huitième siècle, recevaient de la révolution française nn

à-propos terrible et saisissant. Le grand débat entre la nation

<. VoyezBotta, ~<on«<f7te<Mdal 1789<t«8<t JtM~~r~ <&'~<foM<M, par Montholon.

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1 1,'tTAUE RÉPUBLICAINEET NAPOI~ONIENNE. 395etla royauté de France, qui allait s'élever enEurope à lahtutenr d'une lutte de la liberté contrel'absolutisme, devait poter encore une foisen Italie l'éternelle question entre l'in-<Kpendancenationaleetl'oppression étrangère. Tous les prin-Opessur lesquels reposait l'équilibre intérieur et extérieur desEta~ allaient

être ébranlés. Destemps venaient pour la p~nmsnieOùl'énergie, l'union et la sagesse étaient de mise.Malheureusement l'Italie n'étaitguère préparée à se tenir lahauteur des grands événementsqui se préparaient.La nation ne pouvait rien par elle-même. Une chose lui

manquaitaprès trois sièclesde servitude, le caractèreet l'es- pritpublic. Dans les hantes classes de la société, le poéteP<nmflagellait avec raison la vie oisive et galante de l'aris-teeraheitalienne. Le nombre des nobles que le comte PaulYerrtrassemblait danssaMc~e connuesous

lenomdeIlCo~e,(entredes idées et des doctrines nouveltes, n'était pas très-m~dérable. L'éducation publique de la bourgeoisie était un peuplus avancée. Encore le philosophe Beccaria se ptai-!Mit-iIque, dans une vihe de cent vingt mille âmes ilyedtà peine vingt mille personnes désireusesde s'instruire ettsposéesà sacrifier à la vérité et à la vertu.. Dans les cam- pées l'ignorance étaitgénérale, l'indiSérence etl'abjectionmmplètes.Les masses avaient été rebelles même aux ré-formestentées par les souverains.

Excepté dans les royaumes de Sardaigne et de Naples,feq)nt et lés habitudes militaires ne se rencontraient pasavantage dans la péninsule. Les souverains avaient craintdedonner des armes à la nation. La république de Venise, N)facedes fortificationset de l'arsenal que l'Autriche faisaitm~trmre dans le port de Trieste, n'entretenait plus qu'uneMMamede bâtiments de guerre en mer et vingt toujours enta~er. Deux mille hommes de troupes étrangères for-cent tonte sa défense. Gènes,

qui s'était bien

fortiSée,'Migréun événementrécent, n'entretenait que quinze centsMmmes.Le duché de Modène n'en avait pas davantage;Pame, à peine la moitié, et Lucques, deux cents. Les deux phtsconsidérables États de l'Italie centrale, le saint.siégeetla Toscane ne pouvaient pas mettre en ligne dix mille

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LIVRE XtV.396

hommes. Dans la Lombardie, soumise à l'étranger, les jeunes gens fuyaient le recrutement. Le gouvernement au-trichien, pour occuper les citadelles, n'avait pu rassembler que quatre mille hommes parmi les malfaiteurs ou lesreprisde justice. L'armée du roi de Naples même, qui montaitàquatorze mille hommes, était fort mal recrutée, ptus maldisciplinée encore. Celledu roi de Sardaigne, de vingt-cinq mille hommes, et mieux organisée, n'avait que des génémmet des'officiersinhabiles etignorants.

C'était aux princes à suppléer par l'habileté et la prudencede leur conduite à ce qui manquait à leurs peuples. En réa-lité, l'exemple de la révolutionfrançaise devait être peucon-tagieux dans leurs États. Ils avaient'satisfait par leurs ré-formes ta partie éclairée de la nation, et n'avaient rien àcraindre des masses, plutôt hostilesque favorables au mm-vement français. En revenant sur les choses faites malà propos, en portant leur attention sur ce qu'ils avaient né-gligé, en développant ce qu'ils avaient heureusement com-mencé, ils pouvaient être tranquilles chez eux, et traiter librement avec la révolution française, isolée en Europeet prête à faire des sacrifices pour avoir desalliés.

Malheureusement l'Autriche pesait sur la péninsule. Ef-frayés des conséquencesque la révolutionfrançaise tirait des

principes qu'ils avaienteux-mêmesinvoqués,lesHabsbourgs,au lieu de mettre plus de mesure dans leur application,seretournèrent tout à coup contre ce qu'ils avaient fait, rerin-rent sur leurs réformes, bonnes ou mauvaises, et entrainè-rent par leur exemple les autres souverains péninsulaires.Amesure que la révolution prit possessionde la France, ceux-ci se groupèrent davantageautour de l'Autriche. Le grand-duc Léopold, devenu empereur en 1790, maria son secondfils Ferdinand, à qui il laissa la Toscane, à Louise-Amélie,

fille du roi de Naples. Son aine François, qui devait bientôtlui succéder à l'empire, donna sa fille Marie-Clémentineil'héritier présomptif du Bourbon napolitain, et épousatm-même en secondesnocesMarie-Thérèse, une autre desfillesde Ferdinand IV. Enfinun autre archiducdevint ducdeMo-dène par son mariage avecla dernière héritière de la mai-

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L'ITALIE RÉPUBLICAINE BT NAPOLÉONIENNE. 397

son d'Esté. Tons ces princes autrichiens parurent encore bien plus unis par la communauté des idéesque par les liensdusang. Léopolddémentit souventcommeempereur ce qu'ilavaitfaitcommegrand-duc; les autres regardèrent le roi deSardaigne, qui avait résisté à leur entraînement, commele plus sagede tous, et ik l'imitèrent, le surpassèrent mêmedansses résistances, au risque de mécontenter ceux qu'ilsavaient jusque-là flattés, et de tromper les espérances qu'ilsavaientfait naitre.

Des mouvementsexcités par quelques nobles et par les bourgeoisdans la Savoie, à Turin, a Milan et à Naples, aulieud'avertir les princes, achevèrent de les effrayer. Ils seMtoumèrent avec impétuosité contre tout ce qu'ils avaient jnsque-laiàvorisé, et un divorce funeste commençadans lanation.Les souverains chercheront leur appui dans la no- blesse, entêtéedes priviléges qu'ils avaient d'abord attaqués,et dans la masse de la population, qu'ils avaient méprisée pour son ignorance. La partie la plus généreuse et la plusédairée de la noblesse et de la bourgeoisie se détacha d'eux*·an contraire, et commençaà attendre de la France sa déli-vranceet son salut.

Victor-Amédéem, toujours le plus résolu, proposa, dèslafinde 1791, à tons les princesitaliens, de former une li-gnecontreleurs peuplesetcontre la France.Marie-Caroline,li femmedu roi de Naples, Ferdinand, fit après un voyageaVienne, de secrets préparatifs, et surveilla rudement danssesÉtats les logesdes maçons, foyers d'agitation politique.Lenouveauduc de Toscane revintsur plusieurs des réformesdeLéopold, tout en annonçant l'intention de rester en paix.Le pape Pie VI lança l'excommunication contre l'assembléefrançaisequi détruisait une partie des constitutions de l'Ë-g!ise;cependant, dans le livre HesDroits deFAoMWte,tenta-

tire de transaction entre des principes ennemis, il prit parti pour la liberté contre le despotisme, fit du christianisme lefondementde tons les droits, et tenta moinsd'arrêter le tor-rentque de le détourner au profit de la religion. Seules lesrépub!iquesde Veniseet de Gènes, où le patriciat était ce- pendantidentiËé avec l'Ëtat, mais oh étaient grandes aussi

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U~M! XIV.398

lesdëSancescontrel'Aùtncheetle roi deSardane, paru.rent, maigreleur nentraïité, pemchpr versla France.

<MMM <e~t<t~"f BfMt~tUttO~MtA~MthM'M~'Mtttt<<«tt<oMBtM(«<K~M<H.).

Telles étaient les dispositions de ta péninsule lorsqueladéclaration de guerre faite en 1?9~ par t'emperenr Ffancoità la révolutionfrançaise, jeta l'Italie dans 1lutt?. ~'ambas-sadeur françaisSémonville proposavaineptent Yic~or-Aat~-dée in la cessionde tout cequi serait conquis sur Ïe?Autn-chiens en Lombardie, Il fut reconduit, sacs être entendu,àla frontière. Ytctor.Amédée envoyadix miUehommes son)!

Lazzari dans la Savoie et huit mille sons Curten daascomtéde Nice pour menacer peut-être le territoire ennemi.La reine Marie-CaroUnemit ses troupes en monvement,etfit appareiller sesnavires. La guerre coaunença, et l'Italie

fut ainsi entraînée par ses souverains contre la r~yotntion,dont elle pouvait peut-être attendre son mdépendancp.

Dès les premières hostilités éclata la divisionqui estaitentre les souverains et leurs peuples. Dans t'armée deSardaigne les soldats étaient fort mat disposes ponr leaM

officiers, de famiHesnobles. Les troupesdu général La~zan,attaquées par les Français dans les gorges de Mians, McM-rent pied desles premiers engagements; les habitants dehSavoie coururent avec enthousiasme au-devant des troupesfrançaises, qui occupèrent facilement Cbambéry et presquetout le reste de la province. Dans le comté d~ Nice, Curtens'enfuit avecla même précipitation, et laissa le générai fran-çais Anselme et l'amiral Truguet s'emparer de Nice, Ville-franche et Oneille. Au midi'de l'Italie, quand l'amiral La-touche vint avec

une Sotte

française se

ranger devant

Naplea,les francs-maçonssaluèrent avec transport l'étendard de laliberté, se mirent en rapport avec les Français, et transfor-mèrent les loges en clubs. Ferdinand fut obligéde promettrela neutralité et de reconnaître le gouvernement français. Ledécret de la Con~/ttto~ qui réunit à la fin de l'année la ~Sa-voieet le comtéde Niceà la France, punit Victor-Amédéede

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L'ITALIE RÉPUBLICAINE ET NAPOLÉONIENNE. 399

soninitiative, en lui enlevantla partie de ses Ëtats qui luiétaitlà moinsdévouée.

Des le débat de la guerre, les maîtres de l'Italie parentse convaincre qu'ils n'auraient pas seulement contre eux leslançais. L'empereur François fit descendredes Alpes danslavalléedu Pô de nouvelles troupes pour contenir le Mila*miset appuyer Victor-Amédéelit. Marie-Caroline, à l'inté-tieur institua contre les francs-maçonsune junte de conspi-ration, qui dressa des échafauds; au dehors elle demandanheBoite anglaise dans la Méditerranée, et s'engageaa en-voyer dans la haute Italie six mille hommes; le pape en fitautant.Il y avait une partie de la population, la plus igno~htnte, sur laquelle les princes pouvaient encore compter !bn'épargnèrent rien pour la tourner contre toutes les idées&tncaiseset contre les classeséclairéesqui les partageaient.le caractère terrible des événements qui s'accomplissaientatorsen France, en 1793, prêtait à des accusationsintéres-ses. Elles portèrent leur fruit à Rome au commencementdecetteannée. L'ambassadeur français BasviUequi voulait ar- borer à son hôtel les armes de la république, fut assaillietassassiné par la populace romaine, au mépris du droit desgens.Les Corses, qui étaient à peine rattachés à !aFrance,te soulevèrentaussi à l'instigation de l'Autriche et de l'An-gleterresous Pascal Paoli.

Toute l'Italie cependant ne suivit pas. Le grand-duc deToscane,le premier, reconnutla république française. Les<!enr républiques de Veniseetde Gènes, sollicitéesd'un côté par l'Autriche et l'Angleterre contre la France, de l'autreMr des citoyensardents partisans des idées nouve)!es, gar-rent strictement la neutralité, mais sans savoirla rendrerespectable par la levée d'une forcemilitaire imposante. Dansunelutte de cette importance, c'était se livrer imprudem-m<htau vainqueur. En 1793 les flottes du roi de Naples etcellesde l'Angleterre surprirent d'abord en France Toulon,quifat, il est vrai, bientôt repris a !a fin de l'année (21 dé-cembre).Mais l'année suivante, le général Dumas occupalemontCenis, le petit Saint-Bernard, et fit une tentative sur Aoste;le généra! Dumerbion violant le territoire de Gènes,

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LIVRE XIV.400

tourna, par les sources du Tanaro, la forteresseduSaorgio,qui tenait les Français en échec, occupalé col de Tende, etresta maître de toute la crête des Alpes, des sources de laStura à cellesde la Doria Baltea (juin 1794).

Cet événementcausa une grande sensation en Italie. Une

conspiration eut lieu à Turin même contre le

roi. En Sar.daigne, le peuple demanda la réunion des États, et forçalevice-roi, assiégédans son palais, à s'enfuir. A Naples, letloges desfrancs-maçonss'agitèrent plus que jamais. Mane-Caroline établit contre euxune junte d'inquisition avec des pouvoirs extraordinaires, et procéda avec la plus odieuseri-gueur.

Les souverains de l'Italie firentde nouveauxeffortscontrela France en 1795; Victor-Amédéeet Ferdinand de Naples

imposèrent les nobles, mirent à contribution les ornement

des églises, et ordonnèrent des levées extraordinaires detroupes. Le pape Pie VI lui-même fit sa revue des ports dela côteet visitales soldatsdesgarnisons. Le roi de Sardaigne,cependant, avec 10,000Autrichiens, futbattu à Cairo (15sep-tembre), rejeté sur la Bormida, et perdit Vado, qui assurala position de l'armée française dans la rivière de Gènes.Ferdinand de Toscane et Venise reconnurent publiquement,tà la fin de l'année, la république française. Une conspira-tion fut tramée à Palerme pour ériger la Sicile en républi-que. La paix déjà conclue avecla France par la Prusse etl'Espagne ne fit pas encore réfléchir les princes italiens. Leroide Sardaigne refusades mains de la France, avec la ga-rantie de l'Espagne, la provincedu Milanais, pour prixdalibre passagede nos armées. Il resta fidèleàl'Autriche, ainsique le pape et Naples, et fit ainsi de la péninsule commele prixde la lutte.

~MMt~ ft~nM~ptett <n«~*<<me t< e<<t~tM<<me(«N~Le Dtref~u'e posait maintenant porter presque toutes ses

forcesenitahe.Déjà, sur ses ordres, Schérer, mal surveiné & C~vaparles

P!ëmontais, avait tourné raïïe gauche des Autrichiens !t

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BIST.D'iTAUB. 26

Loano,et l'avait rejetée sur Acqui(24 novembre t795). Undes plus vieux et des plus habiles généraux de l'Autriche,Beanlieu, fut chargéde chasser les Français du sommetdesAlpeset de la rivièrede Gènes.Au printemps de 1796, il di-tjgeaen personneson aile gauche sur le col de la Bocchettà,établitson centre aux sourcesde la Bormida, et envoyasadroiteles Piémontais, commandés par Colli, sur les Alpes,yoccupéespar les Français. Mais t'armée française d'Italieavaitalors à sa tête l'homme dont le génie militaire allait pendantvingtans éNonir et fasciner le monde, Bonaparte.Enquelques jours, il enfonça le centre autrichien à Monte-BOtte, battit la droite à Millésime, la gauche à Dégo, achevadeséparer CoIIide )Beaulieu et, s'attachant à la poursuiteda premier, tandis que le secondbattait en retraite vers Mi-hn, le défit encore à Mondovi, et arriva a Cherasco, à dixËeue~deTurin (21avril).

La proclamationlancée par Je jeune vainqueur émut en-core plus lltaiie que ses rapides succès. Peuples d'îtatie,dit-il, l'armée françaisevient rompre vos chaines; le peuplefrançaisest ami de tous les peuples, venez au-devant de lui.Vospropriétés, vos usages, votre religion seront respectés;nousferonsla guerre en ennemisgénéreux et seulementauxtyransqui voustiennent asservis. C'étaitdonc la liberté,l'indépendanceque la révolutionfrançaiseapportait à l'Italie.Unvainqueur généreux, un compatriote presque, le garan-tissaitala péninsule.Les princesitaliens, le clergé ne furent pluscapables d'arrêter la nation italienne. Elle se précipitaavecenthousiasmeau-devant de Bonaparte et des Français,etassuraleurs rapides succès.

Les Piémontais Bonafous et Renxa excitèrent à Albe unmouvementrépublicain,qui menaça bientôt tout le royaume,et Victor-Amédéedemanda et obtint la paix par la remise

des places d'Alexandrieet de Coni pendant la guerre. Bo-naparte n'eut qu'à entrer dans le territoire de Parme et dePlaisance, où les Italiens remuaient déjà. Les ducs Ferdi-nanddeParme, Herculede Modènes'engagèrent, le premier à payer deuxmillions, à fournir des chevaux,des grains, et àenvoyervingttableaux au musée de Paris; le second, qui

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UVRNXIV.408s'était même enfui à Venise, payer juMn'à smmiUtqns,I<e pape et Ferdmaitd, ayant assezde contenir tenys peuplât, strésignèrent à la défensive.

L'Autricheétait isolée. Après avçir passélePô MaiMnttet forcéainsi Beaulien abandonner la ligne dnTessin,

naparte luienlovt encore celle

de l'Adda an rude

combatd<Lodi (10 mai) et resta maître de tout le Milanajtsjusqu'auMincio. Les Milanais surtout accueillirent les Francaitcommedes libérateurs. Ils se Nattaientde l'espoir d'être pb-cesà la tête de l'amon italienne. Une congregatMn d'Etatcomposéedes partisans des idées françaises fut établiedamh vitlq, et une garde nationale organisée. Les vingtmillionsde ffancs que Bonaparte leva sur la Lompardie n'excitereo)même pas nn grand mnrmore, si cen'est &~avie. Oules

paysansdes environs, sourdement excités, p~nëtrerent

p~massacrer la garnison française. La ville livrée aux soldats pendantune nuit, apprit que Bonapartene laisseraitimpunieaucune émeute.

Une nouvelle proclamationde Bonaparte publiée à Milan,couvritce premier discordet propagea dans toute la pénin-sule l'enthousiasme ressenti par les Milanais. Que les peuples soient tranquilles, disait-il; nous sommes les amisdes peuples Rétablir le Capitole, réveiller le peuple rom~u

après des siècles de servitude; tel sera le fruit de nos vit-

toires. Quelquesvillesdu territoire vénitien, lassesdu jongde l'aristocratique république, invitaient elles-mêmes lesFrançais à violer la neutralité du territoire vénitien. BoM. parte occupaBergame, prit Brescia, culbuta BeaulieusurleMincio, entra dans Vérone et Legnano qui lui assuraienthligne de l'Adige, et commençale blocusde M~toue,

Avantde rejeter les Autrichiens au delà des Alpes,Bom- parte acheva d'embraser la péninsule. On l'appelait damt'Umilie, dans les États de l'Église, à Naples. Il entra à Bo-logne, qu'il déclara libre et républicaine, et poussasur Li-vourne, occupéepar une flotte britannique, une divisionq<is'empara des propriétés anglaiseset occupales forts.Ceten-couragement sufut. Dans le duché de Modène, Reggio b première se déclara indépendante et envoya des députesà

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Milan pour commencer à fonder avecles Transpadans l'unitéitalique;Massa et Carram,!tt Lunigitne~ aulvirentton exem- ple; Modeneenna, entraînée parles patriotes, prononçaladéchéancedu duo; et Ferrare se détacha des Ëtats del'Eglise ponr se joindre Bologne.Les deux souverains du midi et

<htcentredurent

céder devant cette redoutable

propagandeilsdemandèrent ta paix. Ferdinand retira sestroupes de lacoalitionet fermases ports aux Anglais; le pape obtint unarmisticeen cédant Bologne,Ferrare, la citadelled'Ancône,HDgtet un millions, cent tableaux et cinq cents manuscrits.

Bonaparte, sûr dumidi del'Italie, put recevoir l'AutrichienWurmser qui descendit par l'Adige au mois de juillet avec~iiante mille hommes. En quelques semaines il lerejeta audelàde l'Adige, par les batailles de Lonato et de Castiglione,

!e coupadu

Tyrol, le mit en déroute à Bassano

près de la

Brenta,et le força à s'enfermer en désespéré avecles débrisdesonarmée dans la citadelle de Mantoue. On pouvaitdéjàsonger à organiser la liberté en Italie.

t~egénéral français institua à Milan un concigliodi stato,enattendant l'établissement d'une république transpadane,etmitsur pied une légionlombarde de trois mille cinq centshommes qui fut eonEée au commandement de Lahos. Endéçàdu Pô, sur sa recommandation,les députés desquatrevillesde Bologne Ferrare, Modène et Reggio, proclamèrentlenr union dans larépublique cispadane et, pour premièremesurede sûreté, décrétèrent la formation d'une légion ita-lienne de trois mille hommes. Victor-Amédée, menacé de perdre la Sardaigne, fut obligé d'accorder aux habitants laconvocationrégulière des cortès et la nomination de natio-nauxà toutes les chargesde l'État. Son successeurCharles-Emmanuel IV, monté sur le trône à la fin même de cetteinnée si féconde en événements, se rattacha sans arrière- penséeà la politique française.La Corse~attaquée, du por~deLivourne,fut arrachée aux Anglais; enfin Gènes, jusque-làdansune neutralité douteuse, embrassa ouvertement,malgrélesmenacesdesAnglais,le parti de la France, lui donnadeuxmillionset lui en prêta autant jusqu'à la paixgénérale.

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LIVRE XIV.M'a

At~tte, MwwU, paix <e f«-t)~W~'ttt*< )«< ~~Mt~ttMUttartemmo et ett-t~t~e; e~ttte <e Vemtoo (ttM).

Un dernier effort de l'Autriche empêcha le pape etVenisede suivrel'exemple généra!, et ce fut pour leur malheur.Le

général Alvinzi,à lafinde 1796,descendit par le Frioul pour délivrer Wurmser; Bonaparte,matgrël'infénorite dn nombre-et la position la plus critique, le repoussa d'abord à Ar-cole(15-17 aov.), puisle battitcomplétementà Rivoli(14jan-vier 1797),enfinrejeta les débris de l'année autrichienneaudelà de la Piave, et reçut la capitulationdu brave Wurmser dans Mantone.

Pendant que Bonaparte poussait son avant-garde sur lesAlpes juliennes pour aUer chercher la paix dans Vienne,

Victor, Matête d'une

division,d t au centre de

l'Italie;trois légions de l'infanterie lombarde, trois de la cispadaneen faisaient partie; pour la première fois le parti de la révo-lution et celui de la tradition italienne se.trouvèrent aux prises sur les bords du Senio. Les soldatsdu pape ne tinrent pas un instant, Victor traversa la Romagne, s'empara d'An-cône et arriva jusqu'à Tolentino où la conr pontificalede-manda la paix, an prix de trente millions, de l'abandon deBologne, de Ferrare, d'Ancôneet de la Romagne(19 février).

Dans les États de Veniseles partisans

des Français seren.dent maîtres des villesdeBergame, Brescia et Crème,sur les provéditeurs et y proclament la liberté. Mais le sénat re.trouve quelque énergie en face de ses sujets révoltés; i!ilarme dix mille Esclavons, quatre mille Italiens, soulèveetenrégimente les sauvages paysans des montagnes, ennemisdes Français et des novateurs. Le soulèvement du Tyrol etl'arrivée d'une division autrichienne sur l'Adige, l'enhar-dissent encore. Persuadé que les Français qui marchaientsur Vienne allaient être coupéset détruits, il signe un traitésecret avec l'Autriche et commence à agir. Brescia, Ber-game sont attaqués; le 15 avril, Vérone, au milieu d'un sou-lèvement, tombe au pouvoir des paysans et des Esclavons.LesFrançais surpris sont égorgésdans les rues, dans les h&- pitaux, quatre cents sont jetés dans l'Adige; ce sont les

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LIVRE XIV.406

tous les habitants du territoire génois, conféra &deux con-seilsle pouvoir législatif, à un doge et à un sénat de doutemembres le pouvoir exécutif de la nouvellerépublique, qci prit le nomde ligurienne.

Là conduite de Bonaparte à Milan inspira encore plus deconfiance à Venise. Le général français n'avait cessé derappeler aux amis de l'indépendance, que leurs discordesd'autrefois avaient fait tout leur malheur, qu'il fallait s'ar-mer et s'unir Il fit alors davantage il engagea les Cis- padans et les Transpadans à se fondre en une seule répu- blique dite cisalpine,et promit d'y adjoindre encore les paysde Mantone, Bergame,Brescia et Crème, de sortequ'elle ettl'Adige pout limite et quatre millionsd'habitants sous sa pto-tection. Les députés et les gardes nationales des différentevillesdu nord célébrèrent dans le lazaret de Milan la fédé-ration des peuples italiens. Une constitution modelée satcelle que la France avaitalors, avec deux conseils législatif!et un directoire de cinq membres, futadoptée par la nouvellerépublique. Bonapartenomma lui-même les cinq directeurs:Serbelloni, Alessandri, Moscati Paradisi, Costabili, et lesâida àorganiser l'administration, l'armée et les finances.

Faire aussi du territoire de Venise une république sur !<

même modèle était le vœu du Directoire, Bonaparte en avaitreçul'ordre. Levainqueur ne remplit pasles vuesde songou-vernement le traité de Campo-Formio (17 octobre) fitre-connaître la république cisalpine, qui était son oeuvre,maisil sacrifiaVenise, qui fut cédée avec l'Istrie, la Dalmatieetle Frioul, à la maisond'Autriche, et l'Italie put apprendrequeles bienfaitsdel'étranger ont toujoursquelque chosed'incom- plet et d'amer. Le dernier jour de Venise fut douloureuxeldigne. La municipalité révolutionnaire qui avait pris legoc-

vernement après la chute de l'aristocratie, refusa l'offrequilui fut faite de songer à ses intérêts dans la ruine commune;elle ensevelit'elle-mêmel'indépendance de sa patrie et re{B)les Autrichiensle 19 janvier 1798.

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LIVRE XIV.408

réuni sur le Forum, déclarale gouvernementpontificalaboliet proclamala république romaine; Envain le pape protesta,il fat transporté dans la Toscane. Dés commissairesfrançais promulguèrent pour Rome,Ancôneet les territoires romains,une constitution tonte française, avec les noms romains de

consuls, sénat, tribuns; et la péninsule compta un nouveaugouvernementrévolutionnaire.C'était une violationdu traité de Campo-Formio.L'empe-

reur d'Allemagne et le roi de Naples reprirent les armes.L'occasionleur semblait favorable. Charles-Emmanuel, in-quiété par les Liguriens et les Cisalpins, qui soutenaient lesrévoltésde ses États, était déjà las de sa situation nouvelle.Dans la péninsule, même républicaine, on commençaità sen-tir la prépondérance française autant que la liberté. Le gou-vernement

cisalpin ayant refusé un traité

proposé par le Di-

rectoire, aux termes duquel il devaitrecevoir vingt-cinq milleFrançais dans ses places, et payer dix millions,Berthier avaitexpulséles récalcitrants et imposéle traité. Enfin,l'introduc-tion si brusque d'une liberté nouvelle,l'établissement d'insti-tutions tout à fait exotiqueset mal grefféessur les coutumeset les traditions nationales, causaient plus d'un froissementet d'un malaise.

Le roi de Naples Ferdinand, le premier, ordonna subite-ment une levée de

quarante mille

hommes, s'assura des se-

cours de l'Angleterre, et en novembre, entra sur le.territoireromain aveccinquante mille hommes, commandés par legé-néral autrichien Mack. Les troupes françaises, commandée! par Championnet, étaient dispersées; le roi de Naplesfitsonentrée à Rome le 29et détruisit le gouvernementrépublicain.Son succèsfut de peu durée. Le Directoire,demanda à Char-les-Emmanuel le secours de ses Piémontais et, sur ses hési-tations, ordonna à Joubert, chef de l'armée d'Italie, d'entrer dans le Piémont. Une partie des villescompriméespar le roiouvrit ses portes; les soldats piémontais passèrent dans lesrangs français; Charles-Emmanuel, sur la sommationde Jon- bert, abdiqua et se réfugiaen Sardaigne. La chutedu dernier gouvernementmonarchiquedu nord payad'abord.l'attaque duroi de Naplescontre la république romaine.

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Sûr de ne plus être inquiéta sur ses derrières, Cham- pionnetrevint sur le roi de Naples. L'année decelui-ci, ras-temblée à la hâte, était toutindisciplinée.Parmiles officiers,lesuns, attachés à la cour, étaient sans habileté, les antres,ayantquelque instruction, étaient imbus desidéesfrançaises.Ferdinand, abandonna Rome, qui fut reprise, repassa lesfrontièresde sonroyaumeet rentra dans sa capitale.Accueilli par les murmures de la noblesseet de la bourgeoisie, voyanttomberau pouvoir de l'ennemi les forteressesde Pescara etdeGaëte, it abandonna lâchement la partie et s'embarqua luiet sa famillesur la flotte anglaise avec ses trésors, en char-geantde la défensePignatelli, nomméviee*roi,etl'AutrichienMack.Le premier demandaune trêve qu'il obtint au prix dedeuxmillions; le second, dont les soldats désertaient enmasse,dont les officiersétaientd'accordavec les républicains,conclutun armistice,et s'enfuit bientôt dans lecampfrançais.Leslazzaroni seuls, voulurent se défendre et commencèrentassezsingulièrement par le pillage de plusieurs maisons et lemeurtre de quelques patriotes. Les républicains, aidés de la bourgeoisieeffrayée, appelèrentles Français et s'emparèrentdufort Saint-Elme. Aprèsun combatde trois jours, livré par lesFrançaiset les républicainsauxlazzaroni,Championnetnelenr fit poser les armes qu'en promettant de faire respecter saintJanvier. Le lendemain 22 février, il entra dans la ville;il y fut reçu avec joie par les lazzaroni mêmes, quand il eutMsistéau miracle du patron de Naples, etétablit dans la villenngouvernement provisoirequi proclama, le 23 janvier t799,larépubliquepar~~nop~nne.

Des anciens souverains de la péninsule, il ne restait plusquele grand-duc de Toscane, Ferdinand La dénonciationfaiteà la France d'une nouvellecoalitionfut le signal de sathnte. On ne pouvait compter entièrement sur le grand-duc

deToscane, toujours neutre depuis le commencementde laguerre.Le 25 mars, Berthier entra sur son territoire, lui si-gnifiade quitter le pays, entra dans Florence et y installacomme partoutun gouvernement provisoireaux tendancesré- publicaines.Depuis les Alpes et l'Adige jusqu'au golfe deTarente,les troupes françaises et les institutions républicai-

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UVM XIV.410meacOovMientla p<niBmle:Le DiMCtoifeCKy*itMoir atteintsonbat.

tM~Me <e<tme*~m <e<t té~tt~~eo <<<tUot<M<t t*~ te* **ete«o~~TttmtiM fémeMMM )mmtt*m~e~ (t«K).

Cependant, à la veille d'une lutte solennelle, l'Italie n'é-tait pas tout entière; corps et âme, avec la France. EUen'en portait que les trois couleurs. La révolution n'était qu'à hsurface. L'aristocratie et les paysans protestaient contre lenouvelétat de choses et tournaient lesyeux vers les ancienssouverains; les institutions nouvellesne se soutenaient qu'a-vecl'appui déjà suspect etredoutédél'étranger.

Le gouvernement provisoire de la république parthéno- péenne, sonsl'inspiration de Championnet,avait pns d'abordd'heureuses résolutions. L'abolition des Cdéicommis, des biens communaux,des juridictions baronniales, corvées,dl-mes, etc., lui avait mérité l'approbation de la bourgeoisieetdes villes,mais bientôt l'établissement d'une taxe de guerre,l'éloignement del'ancienne armée et deshommesd'armesdes barons, fit des mécontents. Championnetfat obligé d'ordon-ner le désarmement général du pays conquis.La discordedesvainqueurs, le renvoi du commissaireFaypoult par Cham-

pionnet, la destitution de Championnetet son remplacement par Macdonald,les exactionsdes soldatsIrancais, achevèrentde dépopulariser le nouvel établissementrépublicain. Les prédicationsdu cardinalRuBbdanslesCalabressuffirent pour grouper autour de lui sa célèbre armée de la MtMe./iM.Des brigands dans la terre de Labour, dans les AbruzZes,entreautres le célèbre Fra-Diavolo, réunirent les bandits avecles paysans, et soulevèrent toutes lescampagnescontre les Fran-çais et contre les républicains.

A Rome,après

le départ

destroupes de Ferdinand, on était parvenu à établir un gouvernement républicain régulier;

mais les Romains chargés du gouvernement se montraient bien neufs dans les fonctions politiques, le peuple avait en-core peu de respect pour une loiqui ce lui paraissait pointentouréedu prestige de là foi.Desémeuteséclataientà-Civita-

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Veaphiaet le brigandage s'organisait dans les Apennins.Dans le midi de l'Italie, la masse de la. nation confondaitdansune même haine les institutions républicaineset la do-mination étrangère. Au nord on savait les distinguer, maiscelan'était pas plus favorableà l'union, si nécessaire alors,de la France et del'Italie.La république françaiseavait pesé nn peu lourdement sur ta filleaînée, la républiquecisalpine.Les ambassadeursfran-çaisqui s'y succédèrent,avaienttrois foischangéla formedugouvernementrépublicain,et ne pouvaientréprimer les excèsdesagents, commissairesou fournisseurs, qui, s'enrichissantauxdépens des Français et des Italiens, rendaient les protec-teursodieuxaux protégés. En face des ennemis de la liberténationale qui regrettaient encore le joug de l'Autriche, et

des partisans forc<*sde la France, il s'était formé un partinouveaudit ~a<t<n.Ses chefsétaient Pino, Lahoz,Teuillié etBirague ses soldats se recrutaient dans la Sociétédesrayons.Leur but était de rester affranchisde l'Autriche, mais sansdépendredes Français, et d'assurer l'indépendancede l'Italie par l'union des classes, sous la protection d'un patriciat ré- publicain,et par la coopérationde tous les États de la pénin-suleréunie contre tout étranger. Idée patriotique sans doute,maisqueles circonstancesrendaient alors inopportune!

LesaUiéseurent beau jeu au milieu de cesdivisionset enl'absencede Bonaparte, alors en Égypte. En 1799, l'Autri-chienKray et le Russe Souvarovn'eurent qu'a paraitre sur lesAlpes, les Anglais en Sicile, les Russes et les Turcs dansleroyaumede Naples. Schérer.chefde t'arméed'Italie, battu par Kray, à Magnano sur l'Adige (5 avril), abandonna leMincie,et se réfugia derrière l'Adda. Moreau, qui lui suc-céda, perdit à son tour, contreSouvarov,la bataille du pontdeCassano(27 avril),évacuaMilan, passa le Pô et prit posi-

tionentre Valenzaet Alexandrie.Au midi, Macdonald, battiten retraite devant les sanfédistes, les Anglais et les Russes,et, ralliant les troupes françaisesde la Toscane et des Étatsromains pour regagner les Alpes, laissa seulement quelquesrégimentsà Naples, à Florence et à Rome.

Aprèsson départ, les gouvernementsrévolutionnairesita-

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UVRE XIV.412

liens ne tinrent pas longtemps. Les républicains de Naples,retranchés dans les forts quandles lazzaroni se soulevèrentàla première apparitition dn cardinal Rutfo et des sanfédistes,ne codèrent que sur la foi d'une honorable capitulation, quifut MentOtviolée triste préinde de la restauration des Bour- bons napolitains. Dans la Toscane, le gouvernement provi-soire, récemment établi par les Français, tomba tout seul.L'autorité du grand-duc Ferdinand fut rétablie a Florencele 16juin,.

Dansla république cisalpineil y avait encoreune forcena-tionale capable d'influer sur les événements. Lahoz laissaMacdonald sans secoursrejoindre Moreau'dans les Alpesci-salpines, au prix du rude combat de la Trebbia (17 juin) ilse jeta dans les marchesducentre pour yréunir, avecles bandes,une armée italienne, entièrement indépendante, qui délivre-rait successivementla péninsule des Français et des Autri-chiens projet tout à fait désastreux. A Novi(15 aoùt), Son-varov rejeta entièrement Moreau et l'armée française dansla rivière de Gènes l'Italie fut livrée à ses nouveauxvain-queurs et punie de ses hésitationsetde ses fauxcalculs.

Aprèsla capitulation de Garnier dans Romeet de Monnier dans Ancône, la réaction fut maîtresse d'un bout à l'autrede l'Italie. Elle sévit avec fureur. A Milan, les Autrichiens

envoyèrentune foule de prisonniers traîner les barqnes aux bouches du Cattaro. A Naples, la vengeanceen délire parut prendre à tâche de dépeupler le royaume; après avoir laisséles sanfédistesdonner, aux dépens des jacobins, des specta-clesdecannibalessur la placede Naples,on procédarégulière-ment en quelques jours cent dix personnes furent décapitées,et des plus notables, trente mille jetées dans les cachots.A Rome aussi le nombre des incarcérations fut grand et lesexcèsde la populace nombreux. Pendant que le conclaveras-

semblé à Venise donnait pour successeur à Pie VI, mort aumois d'août t799. Pie VII (Chiaramonti), le gouvernementnapolitain s'organisait provisoirement à Rome. L'empereur ne cachait pas lui-même sa pensée de rester maître comme par droit de conquête du Piémont et des légationsromaines;le roi de Sardaigne n'était pas plus rappelé de son !!e que

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1 L'ITAUE RËPOBUCAtNE NT NAPOLÉONLBNNE. 413

Ke VUn'était invité à prendre possessionde l'JÊtatecclésias-tique.L'empereur d'Allemagne, les deux Ferdinand de Na- ples et de-Toscane, comme ses vassaux, se disposaient àrendreenfincomplet l'asservissementde la péninsule.

))Mfem<*tnttte <e ~méttUe ) Me v« et Wer«m*« )r<tMm«<tet* trét<tU<)*Mt<~f<meetU<<u<eMe WMttMtew(<a~a«).

Le vainqueur d'Arcole et de Rivoli,maitre de la France, par le 18 brumaire, en paixavecl'empereur de Russie, sauvala péninsulede cette chute d'autant plus affreusequ'elle sui-vaitles plus brillantes espérances.

An mois de mai. Mélas s'apprêtait à passer le Var pour envahir la Provence; Masséna, bloqué avec les dernièrestroupesfrançaisesdans Gènes, allait serendre. Tout à coup,Bonapartedescend le grand Saint-Bernard, passe avec sonartillerieetses bagages sons le feu du fortdeBard, entredansMilan et y proclame de nouveau la république, au milieud'une joie qui tient du délire. Mêlas ramèneen tonte hâte sestronpesversle Pô, espérantencore avoir raison de cette au-dace.Mais Bonaparte reprend le commandement de son ar-mée,et, dans les plainesde Marengo, le tO juin, achève cequele passagedu Saint-Bernard avait commencé les Fran-çaisrentrent dans Gènes; l'empereur François, frappé d'é- pouvante,demande un armistice pour traiter de la paix; et laFranceredevient encore l'arbitre des destinéesitaliennes.

La France de. 1800n'était plus celle des années précé-dentes.Le premier consulBonaparte n'arrivait pas en Italieaveclesidées et les projets de la Conventionet du Directoire,etn'acceptaitque sous bénéfice d'inventaire ce qui avait étéfaitdepuis le traité de~Campo-Formio. On s'en aperçut bientôt.Le papePie VII, en rentrant dans Rome le 3 juillet, yreçutlesoffresd'amitié du vainqueur de Marengo. Dans laréorganisationde la républiqueligurienne et de la républiquecisalpine,Bonaparte ordonna de respecter les croyances reli-gieusesdu peuple italien, et s'efforça plutôt de se rattacher

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UVR83HV.414

les hautes classes favorables l'Autriche, que de Qatter le~ passions populairesqui avaient d'abord accueilli b France.En tout, Bonaparte paraissait prendre à t&ched'opérer unetransaction de principes dans la pénintule, de réconeiHet par des concessionsréciproques l'ancien régime et le nou-

veau.L'Autriche ne M résignait pas encore a cette tevolutiotmitigée. Elle dénonçal'armistice en novembre t8QO; Tos-cane et Naples remuèrent encore. Mais le général francaiïHmne s'empara, sur les Autrichiens, de la ligne du Mincioet de l'Adige, Macdonalddescenditsur leurs derrières par~Splugen et les conpade leur retraite. Pendant ce temps-les républicains de la Cisalpine, de la Ligurie, les exilés d< Naples entrèrent dans la Toscane, occupèrent Florence et

suffirent pour maintenir le pays. La reine de Naples envoyaen vain Roger Dumasà la tête de seize mille Napolitainsascentre; le général françaisMiollis, aidéde Pino, général de!Cisalpins, battit, près de Sienne, Roger Dumas,qui se rejetadans les États de l'Eglise; et Murat, appelé par Pie VII loi-même, les fit rentrer tousdans le royaumede Naples.

Cessuccèsamenèrent les traités de Lunéville, de Madridet de Florence, qui réglèrent, en 1801, le sort de la pénin-sule. Le pape fut réintégré dans les États de l'Église. Il dntrecevoir seulement

garnison française dans Anene. Lesré.

publiques cisalpineet liguriennefurent reconnuescomme par le traité de Campo-Formio. Le roi de Naplesferma ses port!aux Anglais, cédaà la Franceles présides et Piombino,reçutgarnison dans Otrante, Brindes, et prononça une amnistiedans ses États pour tous les délits politiques.Leducde Parmtet Plaisancerenoncaà sonduchéen faveur dela France; mai!son fils reçut, en dédommagement, la Toscane, érigéee*royaume d'Ëtrurie, aussi avec garnison française dans Li-vourne.

Ce n'était ni la liberté ni l'indépendanceque quelquesIta-liens avaient rêvées.L'Italie cependantpouvaits'estimer heu-reuse. Le nouveau royaume d'Ëtrurie était érigé en faveur d'un prince italien. Dansle royaumede Naples, un freinéhitmis aux vengeancesdu roi. Le pape, qui rentrait à Rome,

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L'ITALIE RËPUBUCAtNt: PT NAPOI~ONIENNE. 415

~)t~aMs~u~tanime desme}l!eare6intentions: Soye~bonschré-~en~ et vouaaérez d'exce!îents démocrates, disait-il, pour tpNMMMder la religion~l'esprit de sontemps; il commençaiteon pontiCcaten publiant une amntstict réformait la cour de

~0!Met s'efforçaitde

établir Ie~ pnanees, te commerce etriedustjrie.Enën, FAutrMhe<e re~gtHHt ne posséder pla~aM h Vécëtie, ot deajt républiques prenaient rang parmi lesSt« earopéeBs;l'pne.sortont formée dela plus grande par-tiedu nord de la péninsule, comptant cinq millions d'habi-tMft t[Mtr%-vingtsmillions de revenupt quarante nuUesol-dtM)était nn État respectable.

La péninsule payait ces avantages, it est vrai, en tombant<Bquelquesotte dans la dépendancede la France. Des gar- jM.temtCratcaiMS

occupaient, en effet, tons les

points impor-t<attde la côte~ Otrante, Tarente, Brindes, Ancône, Ia-Murne. Le général français Mnrat installa comme nn vassalhjenne Louis de Parme dans le royaume d'Ëtrune. D endevintréellementle maitre, lorsque Louis mort, son filsmi-aenr,Charlea~Louis,succéda sous la tutelle de sa mère.

En 1808, la république cisalpinecherchait à consoliderson pMtvemement.Bonaparte lui persuadad'envoyer dans la villedeLyon, à moitié route de Paris et deMilan, une assemMéedequatre cents notables; et sa nouveUeconstitution naquitsur uneterre française, sous l'inspiration des hommes d'Etatdnconsul, an milieu de troupes et de revues brillantes, en pr<MBcemême dulibérateur et duvainqueur. Elle fut l'imagefidèlede celle que Bonaparte lui-même avait donnée à laFrance.Un président et un vice'président, une consulted'Étatinveltisdu pouvoir exécutif,un corps législatif de cent cin-quantemembres, nn tribunal de censure chargé de la sur-veillanceet du maintiende laconstitution,formèrent les prin-cipauxressorts du gouvernement trois collégesélectorauxserecrutantenx-memes: un de grands propriétaires, un de let-tré*et de clercs, un de négociants, servirent d'organes à lasouveraineté publique. Enfin, on proposala présidence de larépubliqueà Bonaparte, à défaut d'un ItaHen) assez accré-dité,assezgrand par ses services, assez dégagé de l'espritlocal.»Bonaparte accepta, et nomma Mein vice-président.

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LIVREXIV.416Al'exempledes Cisalpins, la république ligurienne, celle

de Lucques, remanièrent leur constitution dans le mêmesens. On laissale choix du premier dogede la répnNiqne li-gnrienne à Bonaparte. Il désignaJérôme Durazzo, fitrelever la statue d'André Doria, ancien législateur de Gènes, et en

acceptaune pour lui-même à Sarzane, comme pour nnir lestemps anciens et modernes. A Lucques, nn collège dodo<ue«Mtottt et nn gonfalonier couvrirent aussi de noms antiquesdes chosestontes nouvelles.

Bonaparte pouvait.oser, quand la péninsule a~ait ainsi au-devant de lui. A la fin de 1802, il décréta la réunion dénni-tive dessix départements du Piémont au territoire français,et Victor-Emmanuel, successeur de Charles-Emmanuel, par l'abdication de celui-ci,dut se résigner à l'ile de Sardaigne;

l'Italie vit sa frontière occidentale au pouvoir de la France,commel'orientale était déjà au pouvoir de l'Autriche; et Hoù elle paraissait libre, elle n'était plus que la protégéede taFrance.

Cettedépendancefut loin d'être sans compensation. Avecl'influenceou la domination française, s'introduisirent dansla mesure et la discrétion qu'imposait le pouvoir de Bona- parte, ces principes de liberté et d'égalité civile, vraies et lé-gitimes conquêtes de la révolution française. Sous l'adminis-tration la

plus régulière et la

plus rationnelle dont eût

jouidepuis longtemps la péninsule, se développa une prospéradont on avait perdu le secret. MeM, à Milan, quoique stmostentation,tint état de prince et ranima le luxe; le ministredes finances améliorales revenus publics, au point que. m~gré le tribut annuel qu'il fallait payer à la France, les caissesétaient pleines et les payements faciles. Une armée tout ita-lienne s'organisa, dont les légions devaient marcher de pair avec les brigades françaises.

Debeauxmonuments furent les signes extérieurs de cetterenaissance. Sur l'ancien emplacementdes murs du châteaude Milan, s'élevale forum B<MMpar<c;on travailla à lacathé-drale de Milan avecune telle rapidité, qu'on en fit plus dansl'espacede quelques années que depuis plusieurs siècles; etce chef-d'œuvre auquel ont contribué avec tant d'harmonie

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L'ITALIE RÉPUBLICAINE ET NAPOLÉONIENNE. 4t7

tousles tempset tous les styles,fut enfinterminé. Lesétudes,{'instruction publique, firent de notables progrès, mais prin-cipalementdans la pratique. L'université de Pavie fut rou-rerte et dotée, ainsi que les académieset colléges du Pié-mont.Tandis que Franconi etA!uehfinissaient, en délirant,

l'undeshymnes révolutionnaires, etl'autre des imprécationscontrela France, Vincent Monti, abbé et membre de l'Aca-~mie desArcades,refléta la mobilitédes événements et desimpressionsde l'Italie. Après avoir chanté le triomphe des

CATBËDRAU! DE MILAN

Brutus, en 1797, et le retour d'~trec, en 1798, il célébraavecla même pompe rA!exandre et le Charlemagne moderne.Mais, comme si l'Italie devait enfanter, à chaque époque, unhommeextraordinaire, ce fut alors que le grand Canova res-

suscitales merveilles do la statuaire antique.

HIST. D'ITALIE. 27

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HVXK XtV.418

B~ f~y~mtM <t tt«Uc t !<*tt«< t~t«mt, t,M<~<tetf, <HMtf<<U<<emm<< <« t* )e<Mftfe<ur ) ttttUe m))t<M<mtem)tt«<M<'<-te<Mt).

La protection féconde de la France demandaitcependant àêtre exercée avec une certaine discrétion. Si les plus raison-nables des Italiens pensaient que leur paysne pouvait encorese régénérer et se défendre seul, il en était d'autres qui pro-testaient an nom de l'unité et de l'indépendance. Bonaparteles poursuivit comme desinsensés, comme des amis du désor-dre. A Rimini, à Brescia, à Bologne, en < 803,quelques mou-vements excités en faveur de la liberté contre la prépondérantefrançaise furent réprimés avec la dernière sévérité. C'étaientlà au moins des symptômes dont il fallait tenir compte.

Le nouvel empereur des Français, Napoléon, sacré à Paris parle pape Pie VII, 1804,ne le fit point. Le vice-présiaentderépublique cisalpine, Me!zi, et ses principaux magistrat!~Marescalchi, Paradisi, Salimbeni, etc., lui offrirent !ae6a-ronne des anciens rois lombards. Ilaccepta ce qu'il h'armt pas peu contribué à faire demander. On stipula seulementque les deux couronnes seraient distinctes, que Napoléon sentles réunirait sur sa tète, et que le royaume passerait ensuiteà un enfant mâle, ou à un fils adoptif de l'empereur, pqnntqu'il fût Français ou Italien. Le 16 mai 1805, au milieu desfêtes les plus brillantes, Napoléon prit lui-même, sur l'antdde Milan, sa nouvelle couronne. Les Italiens entendirent avetétonnement répéter cette vieille devise Dieu me l'a ~<Mtn~,~are à qui la touche! et; quelques jours, après le nouveauroiouvrit en personne le corps législatif, etdésigna pour vice-roison filsadoptif Eugène Beauharnais.

Ce n'était là encore qu'un changement politique, mal Mseulement de quelques républicains assez peu nombreux.

Cette dépendance du royaume d'Italie n'étaitque temporaire.Une avenir de liberté et de puissance pouvait être assuré Mnouveau royaume. Mais ce ne fut pas tout. A Milan même,le doge de (jènes et les principaux magistrats de la républiqueligurienne vinrent demander à Napoléon de réunir à l'em- pire cette Ligurie, premier théâtre de ses victoires. L'em-

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L'ITALIE RÉPUBLICAINE ET NAPOLÉONIENNE. 4i9

pereur alla à Gènes(juin), y fut reçu avecdes fêtesqui sem- Nêrënt un troisièmecouronnement,et formadelà république~troisdépartements et la vingt-huitième division militaire.Lai-même; enfin, de son propre mouvement,réunit, par undécretdu 21 juillet Parme etPlaisanceà la vingt-huitièmedivisionmilitaire, etérigeala principautédePiombino, réunieit !àrépublique de Lucques, en un duchéqu'il donneàPascalBacciocchi,marié à une de sessœurs.

Depuisla première foisque j'ai paru dans ces contrées,dit Napoléon dans ses Mémoires, j'ai toujours.eu l'idée deeréer indépendante et libre la nation italienne. Les réu-nions à l'empire des diverses parties de la péninsule n'é-taient que temporaires; elles n'avaient pour but que de

rompreles barrières qui séparaient les peuples, et d'accé-lérer leur éducation pour opérer ensuite leur fusion j'auraisrendul'indépendance et l'unité à l'Italie presque entière. »Sitelleétait l'intention future de Napoléon, en faveur d'un paysqu'il aimait et dont il parlait la langue, ses actes don-naientau moins prise à de funestesinterprétations.Dans la troisième coalition formée, en t805, par les

puissanceseuropéennes contre Napoléon, à l'occasionde cesusurpationsmêmes, l'Autriche tenta de profiter des fautesde

la France.En massant des troupes dans les États vénitiens,ttue ne manqua pas d'envoyer dans le reste de la péninsuledes émissairesqui promirent de sa part la liberté. On répan-ditle bruit que l'indépendance de l'Italie était la base denégociationsentre la Russie et l'Autriche; que ces puissancesroulaientformer du Piémont, de Gènes, du Milanais, de laYénétie,un royaume cisalpin en faveur de la maison deSavoie,maintenant expulsée de la péninsule. Mais la fasci-nationexercée par Napoléon sur les Italiens, qui croyaient

d'ailleursla fortune de la

France et celle de l'Italie étroite-

mentliées, était encoretropgrande. Le roi de Naples,Ferdi-nand,en accueillant au midi de l'Italie, malgré son traité deneutralité,les Anglais et les Russes,acheva de les édi6er. Lalibertéainsi présentée ne tenta personne. La trahison du roide Napleset l'attaque de l'Autriche achevèrent seulementdelivrer l'Italie à la France et à Napoléon.

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LIVRE XIV.MO

Les Italiens contribuèrent eux-mêmes activement au ré-sultat. Tandis que Napoléon pénétra au cœur de l'Autricheet gagna la bataille d'AusterIitz(t805),Masséna joignit à sescinquante mille Français seize mille Italiens pour culbuter l'archiducJean à Caldieroet le

rejeter sur le

Tagliamento.Ce fut avec une légion italienne que Gouvion-Saint-Cyr,der-rière Masséaa, bloqua la ville de Venise. Eugène, à la têted'une armée lombarde, tint tête à Ferdinand de Napleset aux Anglo-Russes. Napoléon et l'Italie partagèrent lesfruits de la victoire au traité de Presbourg. L'Autriche cédaau royaumed'Italie Venise,avecla Dalmatie et l'Albanie,et perdit la péninsule avec la couronne du saint-empire. Unordre de Napoléon, quelques jours plus tard, enleva Naplesà Marie-Caroline, pour en faire don à un de ses parents.

Au commencement de janvier 1806, Joseph Bonaparte,frère de l'empereur, et Masséna, à la tête de cinquante millehommes, se dirigèrent sur le royaume de Naples, précédade cette formidable proclamationde l'empereur La dyna~tie de Naples a cessé de régner. Les Anglaiset les Russess'étaientdéj~rembarqués. Le roi, la reine, toute la cour s'en-fuirent à Palerme. Rien n'arrêta l'armée d'invasion; Josephentra dans Naples le 25 février. Les villes de Gaëte et Pes-cara, dans les Abruzzes,furent bloquées et bientôt réduites;Saint-Cyr se dirigea sur Tarente, et Reynier dans la Calabre, pour poursuivre les dernières résistances. Enfin le 30 man,Joseph Bonaparte fut proclamé roi de Naples, et reconm par les premiers personnages du royaume, par le chef dessanfédistes,Ruffo lui-même.

Ces changements étaient très-avantageux à la péninsnk.Le royaumed'Italie embrassait maintenant une étenduedtvingt-huit mille lieues carrées et comptait près de sept mit-lions d'habitants. Par Venise et l'Albanie, il était maitre de

la mer Adriatique et pouvaitfaire respecter le pavillonitaliMsur toutes ses côtes. Le royaumede Naples se trouvait enSnrattaché au nouveau systèmepolitique de l'Italie. Ce paysderoutine despotiqueet féodale,commençaà jouir d'un gouver-nement, sinon libre, au moins rationnel et régulier. Lesja-ridictionset les priviléges féodauxfurent supprimés, le Coda

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L'ITALIE REPUBLICAINE ET NAPOLÉONIENNE. 421

Napoléon devint la loi du pays et remplaça ces législationsmultiples et informes, restes de la barbarie. La même uni-fmnité fut établie dans les finances; les corvées, services,taxesde tontes sortes cédèrent la place à un impôt foncier unique et sansexemptions; enfin on organisa l'instruction publique Naples s'embellit, une voie s'ouvrit conduisant deh me de Tolède à Capo di Monte et les rues furent éclairées.

Dans les différents séjours que fit Napoléon en Italie en1807et 1808, on ne peut le nier, il s'occupa avec intérêt etactivité du bien-être général de la péninsule. Il assura lescommunications des Italiens au delà des monts par les magni-fiques routes qu'il fit ouvrir à travers leSimplon, le montCenis, le mont Genèvre et le col de Tende. Il s'efforçarelever l'esprit militaire par l'établissement de la conscription, de hâter la fusion des peuples en les soumettant à un&même administration et aux mêmes lois.

Napoléon usa cependant aussi de sa puissance sans ména-gement pour les susceptibilités de l'Italie. Les souverains yfurent à sa dévotion.Eugène, par devoir autant que,par dé-vouement, était son premier serviteur. Le roi de Naples, Jo-<eph,s'était pris d'affection pour son nouveau royaume etvoulaity rester; mais Napoléon avait besoin de lui enEspa-gne, il leremplaça, en 1808, par Joachim Murat. Ildisposaenfin de l'Italie comme de saconquête et la partagea entreus parents ou la prit pour lui-même. Parme et Plaisance fu-rent déSnitivement réunis à la France la principauté deLacques s'augmenta de Massa et Carrare; le prince Borghèsedevintgouverneur du Piémontet de Gènes sa femme, Pauline,Meurde l'empereur, reçut le duché reconstitué de Guastalla.La Toscane fut enfin enlevée au jeune Charles-Louis pour être réunie à la France.

Il est vrai que des bienfaits suivirent tous ces changements.

En Toscane, une junte de r~or~antMtton introduisit les insti-tutions administratives et judiciaires de la France, importades chèvres à fin duvet dans les environs de Sienne, déve-loppa l'industrie et le commerce de la paille d'Italie, desalbâtres, des coraux, de la soie, établit une chambre decommerceà Livourne, ouvrit ourépara les routes d'Arezzo à

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UVRE XIV.4M

Rimini, de Florence à Bologne, de Sienne à Pérouse. Maitl'Italie n'en était pas moins, elle le sentait, l'humble satellitede la France, ses souverains les vassaux de l'empereur, sonterritoire comme le patrimoine de famille du vainqueur.

11y avait encore moins de liberté à espérer pour elle que

d'indépendance. Despote envers les rois ses vassaux, l'empe-reur voulait que ceux-ci le fussent envers leurs sujets. Dn'admettait aucune résistance à sa volonté, aucune garantiecontre son pouvoir. L'acte du fils de la révolution, passé em- pereur. qui choqua le plus les Italiens, ce fut la constitution,en faveur de généraux ou d'administrateurs français, de dix-huit grands fiefs dans les royaumes de Naples, d'Italie et lesÉtats de l'Église.

En présence de ces usurpations de fantaisie, sans prétexteet sans

excuse, rien d'étonnant

que le sentiment italien com-

mençât à protester au moment même où la puissance de Napoléon et la prépondérance de la France dans la péninsuleétaient à leur apogée. Dans les Calabres et dans les gorgesdes Apennins, les paysans, par instinct national autantque par ignorance, faisaient au roi français une guerre de parti-sans, redoutable sous d'audacieux bandits soldés par desennemis. Une opposition plus formidable au sein des villeset dans la population éclairée s'organisa dès cette époqMdans la èharbonnerie, entée sur les mystères de la franc-maçonnerie, que ravivait unesprit politique de liberté natio-nale. Mais ce fut contre le saint-siége, que vinrent échouer en Italie la puissance et la popularité de Napoléon et de liFrance.

Le ~«tTt'Tttfent temporel da Mt<n<«<é~e«tt<ttt tt~e~e <tla ~MMMe Impériale ~n M«MeIe roi de ttMM (<M~<e«).

Le pape était seul souverain libre et soustrait à l'omnipo-tence de Napotéon~ans la péninsule. La liberté italiennen'avait plus d'autre asileque le Vatican. Quoique Napoléonet Pie VII se fussent unis dans le concordat pour rétablir lecatholicisme en France, il s'en fallait de beaucoup que leur

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L'ITALIE BÉPUBUCAINE ET NAPOLÉONIENNE. 4:3

entente fin complète. Sanscompter les difficultés ecclésias-ttqnesnées. du concordat même, tout en Italie était aux deuxtouverains une occasion de conflit, et tous les deux mettaientde l'acrimonie, l'un dans son ambition, l'autre dans sarésistance. Pie VII n'avait cessé de réclamer les légationsrattachées au royaume ditalio. H refusait encore de recon-aattre à Naples la nouvelledynastie desBonaparte, et de fer-mer ses ports aux Anglais, éternels ennemis de la France.En vain Napoléon fit valoir son nouveau titre « VotreSainteté est souveraine de Rome, disait-il au pape, mais j'ensais l'empereur. Le souverain pontife, répondit le pape,n'a jamais reconnu et ne reconnaît point de puissance supé-nenre a !a sienne. Aucunempereur n'a le moindre droit sur Rome,l'empereur de Rome n'existe point.La péninsule prit une vive part à cette lutte du pape et de

l'empereur qui cachait encore unequestion d'indépendance.Le premier décret qui amena l'occupation de Rome, en 1808, par unepetite armée, et la déclaration que les provinces d'An-e6ne, d'Urbin et de Camerino étaient réunies au royaume

'ditalie, firent déjà une profonde impression. La consciencecatholiquedes Italiens s'émut vivement de voir le pape commeretenu prisonnier dans le châteauSaint-Ange et les cardi-nauxenlevés, transportés, dispersés dans leurs diocèses. Mais

leur patriotisme fut peut-être encore plus blessé de voir en la personnedu pape le dernier prince indépendant de la pénin-mtefrappé et dépouillé, ses soldats enrôlés dans l'armée fran-(tise, ses magistrats et ses prêtres même, obligés de prêter sermentde fidélité.

Engagé alors dans une lutte plus terrible que jamais contrel'Europe coalisée une quatrième fois contre lui en 1809, Napoléonne pouvait guère ménager non plus le saint-siége.Levice-roi d'Italie, attaqué par l'archiduc Ferdinand, défen-

daitavec peine les lignes de la Brenta et de la Piave. Aumidi,des vaisseaux anglais débarquaient sur diBérents pointsdela côte de Naples douze mille Siciliens, et un fils même deFerdinand IV et de Caroline, pour rallier les forces des roya-listes et des carbonari contre Murat. Pie VII, opiniâtre etopprimé, paraissait faire cause commune avec les ennemis

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LIVREXIV.424de l'empereur. Entre Essling et Wagram, Napoléon signa(17 mat) un décret qni achevait la déchéance da pontife.

Chartemagne, mon auguste prédécesseur, disait-il, en con-cédant certains domaines auxévoques de Rome, ne !es leur avait donnes qu'à titre de fiefs, et sansque Rome cessât defaire partie de soh empire. En conséquence, il réclamasur le pape la possession de ses domaines, et déclara Romeville libre et impériale. La bulle d'excommunication préparéeen réponse à cedécret par te pape, contre ceux qui porteraientatteinte aux possessions et immunités ecclésiastiques, n'eut pas le temps de paraître. Sur l'ordre de Miollis qui occupaitRome, le pape fut enlevé dans le Quirinal, mis dans unevoi-ture fermée et transporté à travers la Toscane et le Piémont,à Savone, où il fut traité avec honneur et respect, mais taisttsans liberté et sans puissance. Le bruit de la victoire deWa-gram et la paix qui suivit couvrirent tout. Le 17 février 1810, Napoléon put réunir à l'empire, par un décret, te territoire deRome et de Spolète, et déclarer Rome seconde ville de l'em- pire. L'œuvre de Napoléon en Italie brilla d'un dernier éclat.

Le beau royaume d'Italie renfermait maintenant près deonze millions d'habitants; il comptait treize régiments d'in.fanterie, six de cavalerie, deux d'artillerie touscomposad'Italiens; les places de Mantoue, Venise, Peschiera, Le-

gnano~ Palma Nova, contenaient un immense matériel pré- paré par des Italiens. J'ai réparé, disait Napoléon, le malque j'avais d'abord fait aux Vénitiens à Campo-Formio etàLunéviUe j'ai purgé aussi le centre de l'Italie des vicesdel'administration des prêtres. D'un bout à l'autre de la pé-ninsule régnait une activité dont on était depuis longtempsdésaccoutumé. Au moyen de la conscription, l'Italie étaitarmée, des Alpes au golfe de Tarente. Murat parvint lui-même a mettre au moins trente mille hommes sur pied dam

le royaume de Naples. Venise, déclarée port franc, bâtit ponr la défense de son port agrandi etde ses lagunes, les forts Mal-ghera et Brondolo; Gènes, aussi fortifiée denouveau, fut aug-montée d'un arsenal deconstruction, et entretint deuxvaisseanide soixante-quatre canons, deux frégates, quatre corvettes.

On ne pensait pas seulement à la guerre. L'arc du Sim-

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L'ITALIE REPUBLICAINE ET NAPOLÉONIENNE. 425

plons'éleva à Milan; le canalde Pavie réunit le lacde (Mmeà l'Adriatique. A Naples,à côté des écoles nouvellesde gé-nie et d'artillerie fut créé un jardin botanique. A Rome Napotéoninstitua un fonds pour encourager les industrielset les

agriculteurs il releva le

collégede la

propagandesur

lequelil fondaitdesdesseinstout particuliers; il pritsoin, là,tomme dans toute l'Italie, de conserverles monuments pré-cieuxdes arts dont il avaitdisposéd'abord en faveur de laFrance. L'Italie dut à l'intervention 'deCanova plus d'uneheureuserestitution:

En sê rappelant tous ces bienfaits et d'autres encore, on peut aisément croire que Napoléon s'était proposé, ainsiqu'ill'a dit, derégénérer la grande patrie italienne. Lenom de roi de Rome qu'il donnait à son 61s, était, il l'aassuré, un acheminement vers ces desseins. Il attendaitimpatiemmentle moment de le mener à Rome, de le cou-ronnèrroi d'Italie et de proclamer l'indépendancede la belle péninsnie sons la régence du prince Eugène. On pouvaitcependantvoir aussi là un nouveau pas de l'empereur dansl'exécutionde son rêve favori, la restauration del'empire deCharlemagne*.Tandis que l'avenir était à peine entrevu onsentait la dépendance présente. Le nom de roi de Romedonnéà un enfant flattait peu les Italiens, et n'eSaçait pasceluidu pontife souverain. On oubliait les bienfaits, on ne,voyaitque la servitude.

La littérature commençaità exprimer ce malaise italienMns la domination française. Le fier et indépendant UgoFoscolo,dans ses Tombeaux et ses tragédies, conquéraittontesles sympathiessur le mobilecourtisan Monti, et à côtédelui, Hippolyte Pindemonte exaltait dans son ~t'mtmu~ ledéfenseur de l'indépendance nationale.

*t~tf<t de tm~tttn t «t«tr<e<t <M< ttttttMf, « Btt~è*e et de)t))Mtt; <e«m<*m «mdé~exdotee ~ef<tM<~ )re<t<«t<tt~m(<a*t.<ett).

L'Italie, n'étant point unie tout entière et de cœur Na- poléon, ne le soutint pas énergiquement et sans arrière-

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LIVRE XÏV.426

pensée,quandl'heure desrevers fut arrivée. En t'aimée t8t2,le prince Eugène, et Murat avaient conduit les légions ita-liennes a la suite de Napoléon dans la triste campagnedeRussie; et le quatrième corps de la grande armée avaitcou.vert de ses cadavresles champs de bataille de la Moscowaet

deMalojaroslavetz.Quand Eugène et Joachim, après la dé-sastreuse retraite, revinrent en Italie (1813) pour y rassem- bler, sur l'ordre del'empereur, lestroupes qui devaient,aveccellesdé la France, relever enAllemagnela gloire de Napo-léon compromiseen Russie, ou au moinsdéfendresoncenvreen deçà des Alpes, ils trouvèrent la péninsule bien changée.L'Italie avait a pleurer un grand nombre de sesenfantsmortsloin d'elle pour une cause qu'elle ne comprenait pas. Desvingt-sept mille hommes sortis d'Italie, Eugène ,n'en avait

ramené que trois cent trente-trois.Les plaintes contre la domination et l'administration fran-çaises se manifestaient hautement. Le blocus continental,sévèrement observé dans la péninsule; imposait des gênesetdes privations qui paraissaient plus duresqu'auparavant; lesentiment de l'indépendancenationale se révélaitmaintenantque la gloire française avait reçu une atteinte. Les anciensrépublicainsdunorddel'Italie, lescarbonari aumidirelevaientla tête; les partisans de l'ancien régime, les nobles non ral-

liés, les habitants des

campagnes, reprenaient courage; lord

Bentinck, ambassadeur anglais, de la Sicileoù il était placé, profitait habilement de tout et exaltait les sentiments d'in-dépendancecomma plus propres à pousser les peuplesà d'é-nergiques déterminations. Dans une lutte suprême, où l'ab-négationétait peut-être demise, les Italiens commencèrentàsonger à eux-mêmes.

Malheureusement ils n'y songèrent point tous de la mêmefaçon. Ils voulaient profiter des désastres de la France pour se séparer d'elle, et rejeter sa domination. Mais les unscroyaientque leur retour sous les anciens souverainsdontilsobtiendraient aisément des constitutions, serait la plus sûregarantie de leur bonheur; les autres formaient le projetdese détacher seulement de la France, mais de garder les sou-verains françaisque la guerre leur avait donnésen se sauvant

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L'ITAME RËPUBUCAINB ET NAPOLÉONIENNE. 427

tveceux; un troisième parti enfin, qui s'intitulait celui desItaliens purs,ne voulantentendre parler ni des Autrichiens,nides Français, ni des anciens princes, ni des nouveaux ilformait.le projet de sauver l'Italie par ses seules forces enipstituantun gouvernement tout national.

I! n'y avaitguère de chance alors pour les Italiens, qu'enfaisantcause commune avec leurs souverains français. MaisEugèneet le roi de Naplesétaient incapablesde s'entendre.Le premier n'avait jamais eu confiancedans les Italiens; illes prit en déSanceen voyantleurs dispositions,se serra plusque jamais auxcôtés de l'empereur, et, en 18t3, porta toutessesforcesfrançaises et italiennes sur la Piave, pour tenir enrespectles Autrichiens. Joachim, avait ressenti parfois avecimpatiencele joug du maitre; il ouvrit déjà, en 1813, lesoreillesauxflatteries des carbonari, qui pensèrent un instant pouvoircompter sur lui. Bentinck se fit fort de lui faire con-server sa fortune par les puissances,dans le naufrage mêmedecelle de Napotéon. Murat cependant crut encore de sondevoir et de son intérêt de soutenir les derniers efforts del'empereur, en 1813, et à la fin de cette année, il partageales périls de la campagne d'Allemagne et de la bataille deLeipsick.

Cette dernière défaite et l'invasion du territoire françaisdansles premiers mois de l'année !814, détachaient entiè-rementla cause de l'Italie de celle de la France. Souverainset peuples devaient maintenant songer à se pourvoir eux-mêmes.Us défendaient encore la France en se sauvant; onysongea, mais sans résolution et surtout sans accord. Levice-roiEugène, quand il vit l'impossibilité de sauver l'em- pereur en se sacrifiant, refusa d'abandonner la péninsuleavecles légions de l'Italie, comme l'ordonnait Napoléon, etannonçala résolution de défendreson royaume et son peuple

contreles alliés; mais il agit avec hésitation et sans élan. nrestatout Français au lieu de se faire Italien; il disgracialesdeux généraux Zucchi et Pino, au lieu de chercher à selesattacheraet parut craindre d'exciter chez les Lombards lesentimentde l'indépendance nationale. Murat, qui se sépara plus promptement de l'empereur et traita même, au com-

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LIVRE XIV.428

mencement de 18t4, Avec l'Autriche et'l'Angleterre, tintaussi & distance plusieurs généraux italiens; il se déna en-core plus des Napolitains, des carbonari surtout, qui vou-laient lui imposer une constitution; il les fit poursuivre et

pendre, dans les Calabres, commedes brigands; les Itatiem,ainsi tenus &l'écart, conspirèrent, les uns pour les ancienssouverains, les autres pour l'établissement de république;gardiennes de l'indépendance.

Les deux rois, enfin, ne furent pas d'accord. Eugène ne pouvait pardonner à Murât d'avoir abandonné l'empereur trop tôt; Murât songeait à devenir roi de toute l'Italie, aulieu de borner ses désirs à garder Naples. Ils voulaientsesauver chacunauxdépens l'un de l'autre.

An moment de l'action, ces divisions paralysèrent tout.

Tandis que le vice-roi Eugène se concentra à Vérone pour défendre l'Adige contre l'année autrichienne conduite par Bellegarde, Murat lança un manifeste contre lui, occupaen-suite Rome, Ancône, Bologne, et gêna ainsi toutes les opé-rations de celui qu'il eût dû soutenir. Les Italiens, au liend'appuyer les deux rois, firent tout pour les décourager.Lesanciennes bandes des sanfédistes, et quelques carbonariquivoulaient une constitution à tout prix, essayèrent de procla-mer les Bourbons dans la Calabre. Dans l'armée même de

Murat, quinzegénéraux, dont te

plus ardent était Guillaume

Pepe, conspirèrent pour lui imposer une constitution.Onle-vait le drapeau del'indépendanceitalienne dans les légations,on tramait des conspirations républicaines et autrichiennesàMilan.

Eugène essaya de rallier les ccenrset les volontés par un peu d'énergie et quelques combats heureuxsur le Mincio;Murat les rendit inutiles en donnant la main à Bellegarde par Bologne, et perdit tout. Bantinck, sur lequel il avait

compté, débarqua alors, avec

sept mille Sicilienset Anglais,

en Toscane, et, malgré ses représentations, déclara cette province soustraite à l'administration française, ~'empara deGènes et occupaainsi, entre les deux rois français, tous les points importants de la péninsule.

Eugène et Murat: divisés,mis entre des alliés hostileson

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4M LTVREXIV.Marie-Louise; l'héritière des anciens Bourbons de Parmeétant dédommagéeaux dépensée Lùcques, érigée en pnn*cipanté. Le 16 juillet, François IV, sous !a protection des baïonnettes autrichiennes, rentra a Modène et à Reggio, etobtint

aussi, pour sa

mère, la restitution de Massa Carrant.

Le 17 septembre, !o grand-duc Ferdinand arriva dans laToscane, où un gouvernement provisoire, établi en sonnom,lui avaitdéjà préparé les voies.Il n'y eut pas jusqu'au princede Monaco qui ne fit' reprendre possessionde sa principauté par un secrétaire anglais, tandis que l'innocente républiquede Saint-Marin réorganisa son aringo.

Quelquesmois après la chute del'empereur, l'édificequ'ilavait péniblementconstruit pendant quinze ans, était tombécommeun château de cartes. Les libéraux et les républicains,dupes de leurs calculs, victimes de leurs divisions, voyaientune domination qui n'enchainait pas l'avenir remplacée par un despotismesans espoir; le plus ardent ennemi des Fran-çais, le poëte Ugo Foscdio, s'exila de son plein gré devantles Autrichiens, et jura de ne plus remettre le pied sur le solesclavede l'Italie.

Murat resta seul d'abord debout, mais peu de temps. Me-nacé au dedans par les partisans des Bourbons qui rappe-laient Ferdinand, et par les carbonari qui demandaient uneconstitution, au dehors, par Ferdinand IV, et même, sonsmain, par les Autrichiens, il ne pouvaitdurer. Quand Napo-léon, en février 1815, quitta l'île d'Elbe pour tenter encorela fortune en France, Joachim rentra à la tête de l'arméedans les légations et occupaAncône et Bologne, en prenantcette fois pour drapeau l'indépendance italienne. Mais quel-quesvolontairesde la Romagneaccoururent seuls au-devantde lui. La Lombardie ne répondit à l'appel que par uneconspirationmilitaire qui compromit ses généraux. Aprèsle

combat indécis du Panaro, une défaite complète essuyéeàMacerata et les nouvelles désastreuses de France ne lais-sèrent plus d'espoir à Murât. Rentré dans le royaumeavecquelques Cdèles,il signa le traité de Casaîenza par lequelilabandonna son royaume; les Autrichiens y rappelèrent Fer-dinand IV, le dernier des anciens souverains de la péninsute;

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1 L'ITALIE RÉPUBLICAINE ET NAPOLÉONIENNE. 431

et le,traité, sorti du congrèsde Vienne, clos à la finde l'an-née, consacra les derniers événements qui restauraient lesanciens princes et l'ancien régime dans la péninsule. Unetentativeaventureuse de Joachim n'y changea rien. Jeté par une tempête avec quelques-uns de ses compagnons seule-ment, près du bourg de Pizzo, il fut saisi, maltraité par leshabitants, et, sur les ordres impitoyablesdu roi restauré, tuétommeun bandit.

Des conquêtes faites par les Français et des États fondés par Napoléonen Italie, il ne resta plus rien; l'ancien ordredechoses parut entièrement rétabli. La révolutionfrançaiseetla main d'un grand hommen'avaient cependant pas remuéïtinement la péninsule. On avait entrevu la possibilité del'indépendance.Des germes fécondsd'idées et d'institutionsMtrouvaient déposés dans le sol. Le souvenir du royaumed'Italiechez les uns, celui des républiques cisalpine et ligu-rienne chez les autres, étaient encore une espérance. Lesidéesde liberté et d'égalité civileavaient pour toujours ruinédansl'opinion éclairée les priviléges du vieux régune; l'in-dolenceitalienne ne survivait pasà une guerre de vingtans.LesPiémontais et les Romagnolsse rappelaient avecorgueilqne Napoléonles tenait pour d'excellentssoldats; touscomp-taient,sur les champsde bataille de l'Europe, de nobles vic-times,tombées, sinon pour la cause de la patrie, au moins pour celle de la liberté générale, représentée, malgré les ap- parences, par un grand homme. Soumis quelque tempsauxmêmesinstitutions politiques, réunis dans la même égalitécivile,rapprochés dans les mêmes brigades, les Italiens sen-taientencore qu'ils pouvaient former une nation. Enfin, audedans,avaient commencé à se développer le caractère etI'e!nritpublic qui manquaient à la péninsule vingt-cinq ans

auparavant;au dehors, l'Italie pouvaitencore jeter les yeuxavecamour, avec regrets, vers cette France qu'elle avaitac-cueillietrop vite, et trop vite abandonnée, mais qui étaitencorecomme vivante dans son sein. Souvenirs glorieux1chèresespérancest laissés par la révolution française pour &ireletourment ou l'émulation de la péninsule.

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LIVREXV.

MTAUE DE LA BESTAURATION (i8tK-t846)

Rétablissementcompletde l'ancienrégime()815-t820). Oppositiondet8M;insurrectionsdet)Bt; défaitesde Rietiet de Novare.

Réactionssanglantes(1823-1830).Insurrectionsde1831et )8M;le mémorandumdescinqpuissances;redit ducardinalBernetti;oc-cupationd'Amené. Charles-Albert,FerdinandU,LéopoldII,Gré-goireXVI;la jeuneItalie (1833-1845).–Statistiquedela population,desforcesde terreet demer,ducommerce,de.l'industrie,dei'ia-struction publique,etc.(1840-1845).Recrudescencelibéraleet ré-volutionnaireen Italie;insurrectionsde Riminiet de la Calabre(1843-1846).

mé«tMtmt<Memt eMt~'et de F<Mtt<em rétttte (tNtt <8<W)

Le désappointement tpt grand, lorsque, après vmgt-cmq années de bouleversements et de guerres, l'Itatie se tronnretombée, par les traités de Vienne, au-dessous de l'état obla révolution françaisel'avait surprise.

En 1789, l'Autriche n'avait, dans la péninsule, queleMi-lanais, séparé de ses États héréditaires par les évechés<hTyrol et les républiques de Venise et des Grisons. Mainte-nant, par la réunion de la Lombardie aux États véni<!eM,elle possédait sous sa main un royaume de cinq millionsd'habitants et de quatre-vingt-quatre millions de revenu;elk menaçait le Piémont par le Tessin, et l'Italie centrale par lesgarnisons qu'elle avaitdroit d'entretenir à Ferrare, PlaisaDMet Commacchio.LesdeuxÉtats libres, qui rappelaient encorela vieille et glorieuse Italie, les républiques de Gêneset<!<

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L'ÏTAUE DE LA RESTAURATION(1815-1820). 433

Venise,avaientdispara. Dans le reste de la péninsule, les princesautrichiens de Toscane, de Modèneet de Parme n'é-taientque les vassauxde la puissancedominante; les autres,le pape, le roi de Naples, le roi de Sardaigne plus indé- pendants, en apparence,'mais restaurés par ses secours et

ne pouvant se soutenir que par elle, lui étaient plus que jamais liés par la reconnaissanceet la communauté des in-térêts.

On pouvait espérer au moins que l'empereur d'Autricheet les souverainsrestaurés, accommodantles intérêts de'leur domination avec tes besoins nouveaux du siècle, garanti-raient ces principes sages de liberté et d'égalité civile qui

jouissaientdéjà depuis vingt ans, comme du droit de bour-geoisiedans le monde social. II n'en fut rien. L'ancien ré-

gimerevint à

peu près en entier avec les anciens

souverains,quelquefoismême on rétrograda au delà du dix-huitièmesiècle.Des institutions de Joseph II, de Léopold I", de Ta-nacci,furent condamnées comme la cause et le commence-mentde tout le mal.

L'empereur d'Autriche donna l'exemple. Le 16avril 1815,nne proclamationdu maréchal Bellegarde, chef des troupesd'occupationà Milan, annonça que les provincesitaliennesdel'Autriche, formaient un État particulier sons le nom de

royaumelombarde-vénitien. L'établissement d'un vice-roi

résidantsix mois à Milan et six mois à Venise; l'institutiond'unecour et de ses grands officiers; l'obligation pour toutnouveauroi de prendre !a couronnede fer; la division duroyaumeen deux gouvernements avec Venise et Milan pour chefs-lieux;la subdivision des gouvernementsen provinces,des provincesen districts, et de ceux-cien communes,firentd'abordespérer aux Lombards qu'ils conserveraient unesorted'indépendance sous un prince autrichien. Ils forent promptementdétrompés. L'archiduc Antoine, nommé d'a- bordvice-roien 1816, n'ayant pas voulu soumettre son ad-ministrationau contrôlede Vienne, fut remplacé par l'archi-ducReinier, qui se montra plus docile.

Aveclui, toutes les institutions qui, sous la dominationfraacaise, étaient au moins une promesse d'indépendance,

H!ST.D'tTAUB. 28

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION (1815-1820). 435

avant la révolution rendit aux barons, au clergé, presquetous les anciens priviléges, et ne conserva guère dé la domi-nation française que le système des impôts, sans préjudice dequelques anciennes taxes aussi rétablies.

Le roi de Sardaigne, Victor-Emmanuel I", à peine rentré

dans le Piémont, proclama, sans ambages, par son premier <Hit,que les États sardes étaient replacés dans la situationoù ils se trouvaient en 1790. Enconséquence, il ouvrit etfeuilleta l'almanachroyal de 1793, et rétablit l'administra-tion, la justice, les lois, emplois, titres et fonctions en l'état.Il n'eut d'autre soinque d'étendre et d'approprier à la villede Gènes et à son territoire, privés de tout" liberté, le sys-tème général, et couronna son œuvre en livrant l'éducationaux jésuites et en instituant des oblats de la sainte Vierge,

prêtres séculiers

qui faisaient vœu

spécial d'obéissance au pontife. En Toscane, à Modène, à Parme, même restaura-tion à Florence, on ferma les écoles d'art.

A Naples, l'œuvre demandait plus d'adresse, Murat, avantde déposer sa couronne, avait obtenu des promesses, en fa-veur des principaux chefs de son armée, et quelques garan-ties pour le royaume. La Sicile jouissait encore de la consti-tution qu'elle avait obtenue par l'Angleterre en 1812. Obligéde conserver leur grade aux généraux et officiers de Murât,Ferdinand prodigua au moins les faveurs et les avancementsà ses fidèles de Sicile. Pour ne garder des lois françaisesque ce qui lui plaisait, it les fit refondre dans un code napo-litain.

En 18t6, plus hardi, il se débarrassa de la constitutiongênante de la Sicile, déclara réunie l'administration des pro-vincesen deçà et an delà du Phare, et prit le titre de roi duroyaume unt des Deux-Siciles; et comme il ne devait plusconvoquer le parlement sicilien, il décréta permanent et int-muable le quantum d'impôt voté par la dernière session par-'lementaire, en 1813. Son ministre de la police, Canosa, tinttête auxcar~onart, qui commençaient à s'agiter, en leur oppo-sant une secte d'ultra-royalistes, les calderari (chaudron-niers). En en vint aux mains dans plusieurs endroits; laguerre civile fut imminente. Le danger parut tel, que les

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LIVRE XV.436

puissances signatairesdu traité de Vienne furent obligéesderéclamer le renvoidu ministre, et de faire passer quelquestroupes autrichiennesdans le royaume. Ferdinand I" (IV)ne prit sa revanche que par le concordat de i8t9 avecRome,dans lequel il parvint à se soustraire au tribut de la haque-

nëe, mais

rendit à

l'Église sa

censure, une

partie de se<

biens, de ses redevances et de ses droits, abolisdepuis prèsd'un siècle.

Wpt*MMt <e <~«t ttMMM~eettMM <te MM ) <Mf)~te««e Utett et <e NtTtre.

Cette restauration n'eut pas lieu sans quelque résistance.L'expression en fut d'abordtimide. Dansla Lombardie, quel.

ques nobles

avaient, par amour de la

liberté, favorisé la

chute de la domination française, entre autres Confalonieri,Porro, Arrivabene; ils firent d'assez vives remontrancesangouvernementautrichien. Dansle royaumede Naples, les gé-néraux et officiersqu'on appelait, en souvenir du dernier roi,les inurafMM,entre autres Guillaume Pepe, essayèrent dedéfendre quelques-unesdes institutions napoléoniennes.

A défaut de tribune publique et de presse libre, la luttecommençadansles lettres. L'école romantique, enoppositionavecla littératureclassique, soutenue par les vieux partisansde l'Autriche,devint une véritable protestationlibérale et na-tionale.

Manzoni,le premier de tous, dans ses hymnes sacrés, s'ef-forçade retremper, de purifier aux sources de la grâce, cetamour de la liberté que la philosophie et larévolutionavaientinspiré à l'Italie. On saisit avec plus d'empressement encorequ'il ne l'avait peut-être cherché,lesallusions politiquesdansson Carmagnola,où les Italiens sont aux prises avec les Ita-liens dans son~a~/f/tt,où leroyaume lombardd'Italie tombesous l'épée de l'empereur Charlemagne. Le poéte lyhqneBerchet, moinstimoré, anima ses odesd'un amour passionné pour l'Italie. Silvio Pellico, dans son ~M/enuodi J~M~'a;mit en actionla haine de ladomination étrangère. Encorein-connu, le jeune Leopardi adressa à AngeloMai, qui venait

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION(1815-1820). 437

de retrouver la république de Cicéron, une canzone tontefrémissantede douleur et de colère.

La littérature se partagea en deux camps. Silviofonda, en1818,la revue littéraire Conciliateur,contre la Bibliothè-queitalienne, revue atMtro-tnt/anatM,qui défendait les théo-riesclassiqueset méritait les sympathies autrichiennes. LenobleConfalonieri,le jurisconsulte Romagnosi, tous les nou-veauxécrivains en vogue, y concentrèrent si puissammentleursefforts,que le gouvernementautrichien comprit bientôtledanger, interdit la représentation d'~u/t~nto, et supprima<<Conciliateur,qui ne vécutqu'une année.

Chassée de la littérature, l'oppositionse réfugiadans lessociétéssecrètes. La charbonnerie,mystifiée par la maisond'Autricheet lesanciens souverains, s'était faite bonapartisteetfrançaise.Elle couvrait tonte la péninsule,soit par ses pro- pres ventes, soit par ses liaisons avecles autres sociétés se-crètesdesadelchi,des adelfiet des apo/<M'N!<nt.Le principalfoyer était dans le royaume de Naples; tous les muratins,nombreuxdans l'armée, y étaient atniiés, et des communesentières,dans la Calabre, étaient organiséesen ventes; maisilrayonnaiten Romagne, en Lombardie, en Piémont, et lesvoyagesmystérieux,les correspondancesoccultessillonnaientetenlaçaienttoute la péninsule.

ll ne fallut, en 1820,que la nouvellede la révolutionespa-gnoleet la proclamation d'une constitution à Madrid pour tlinmerl'incendie. GuillaumePepe, général muratin, liéavecquelquesministres, afElié a la haute venle, organisateur desmilices,guettait l'occasion favorable de forcer la main à laconret croyait pouvoir compter même sur le fils du roi. Aumilieud'ordres et de contre-ordres, le monvementéclata toutà coupau moisde juillet 1820,à Nolaet à Avellino, aux crisde: Vivele roi et ~aconstitution! poussés par les carbonari et

lessoldats.Guillaume Pepe, alors à Naples, s'échappa sousle coupd'une arrestation, entraina quelques régiments, serendità son quartier général et demanda une conbtitution.Ferdinandenvoyacontre lui Cara~osa celui-ci était à moitiégagné.La révolution fit aus~itût son explosion à Naples.Abandonnéde tous, le roi fut obligéde proclamer la consti-

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LIVREXV.438tution d'Espagne; il nomma GuillaumePepe général en chef de toutes les forces du royaume-uni, composa un nouveauministère, une junte pour l'établissement de la constitution,et nomma son Eis vicaire général pour aviser à l'exécution deses décrets. Guillaume

Pepe entra en

triomphe dans la viller

de Naples à la tête de l'armée constitutionnelle, au milieud'une population ivre d'enthousiasme; le roi et le vicaire gé-néral prêtèrent serment à la constitution, et convoquèrent le parlement; la révolution était achevéesans unegoutte dé sang, presque sans désordre.

L'Italie tout entière en fut émue; t!n Lômbardie, le comteConfalonieri, Porro, Pallavicini, etc., se concertèrent snr les moyens de soustraire la patrie à la domination autri-chienne. Là où iln'y avait point d'année nationale, il ne pou-vait être question d'insurrection; on tourna les yeux versTurin. L'armée piémontaise s'enhardissait ainsi que les so-ciétés par l'exemple de Naples. Un des princes du sang, le prince de Savoie-Carignan, avait toujours paru favoriser les pensées d'émancipation. On pouvait espérer en lui, on le luifit comprendre. Il ne s'agissait derien moinsque dé réunir laLombardie an Piémont, et de reconstituer le royaumed'Italie. Les Lombards et les Piémontais voulurent cependantvoir la révolutionnapolitaine à l'oeuvre.

Quelques dissentiments parurent d'abord l'entraver. Tan-dis que toutes les villes, dans un élan unanime, élisaient leursdéputés pour le parlement de Naples, Palerme qui voulait un parlement sicilien, avait tué le prince de la Cattolica et mas-sacré les Napolitains. Mais le nouveau gouvernement ne reçut point favorablement les envoyés de la nouvelle junte instituéeà Palerme. Toute l'ile n'avait pas suivi le mouvement de lacapitale. Florestan Pepe, frère du général en chef, envoyédans l'ile, à la tête decinq mille hommes, circonscrivit le

mouvement dans Palerme, et parvint à forcer la.junte àaccepter la capitulation, qui laissait au parlement de Naples,composé des députés des deux parties du royaume, à résoudrela question. Le roi de' Naples ouvrit le parlement au t" oc-tobre, et jura de nouveau la constitution. Tout paraissait en bonne voie.

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION (1815-1820). 439i

Mais il fallaitcompter avec la sainte-auiance. Un congrèsdes puissances s'était réuni à Laybach pour aviser au moyend'étouffer la révélation. Le roi Ferdinand, invité à s'y rendreMdécidait à partir, en laissant au prince royal tous les droitsde la souveraineté. En son

absence, le

parlement napolitain,composéde gens honnêtes mais sans énergie, prit des résolu-tions tardives ou mal conçues, craignant avant tout, par tropde hardiesse, d'indisposer l'Autriche, et ne se mettant pointendéfense contre elle. Tout à coup, le 28 janvier 1821, le roiFerdinand, adressa du congrès de Laybach, à son peuple, unelettre menaçante. Il revenait, disait-il, avec l'aide de ses ma-gnanimes alliés, détruire un gouvernement qui lui avait étéimposé par des moyens criminels, et promettait d'octroyer

bientôt, à son

gré, à ses deux

royaumes, des institutions

stables et libérales. Le 6février, en effet, le général Frimont,après avoir adressé une proclamation aux Napolitains, passale Pô à la tête de quarante mille Autrichiens.

L'Italie ne. pouvait rester indifférente à cette lutte. Leroyaume lombard-vénitien frémissait et implorait l'appui duPiémont; le comte Confalonieri était en correspondance activeavecle prince Charles-Albert. Celui-ci s'entourait de tous lesreprésentants de la /e<~ra<ton tienne, mais il hésitait. LeH janvier, il avait encore laissé sabrer, dans la salle de l'uni-versité de Turin, des rassemblements d'étudiants. Le 10 fé-vrier cependant, à la nouvelle que Frimont avait passé le Pô,l'insurrection éclate sur plusieurs points à la fois, à Alexandrie,à Asti, à P~gnero~, aux cris de Cuerreà f~utWc~e, vive laconstitution! Les comtes Palma, Lisio et Santa Posa. étaient àla tête du mouvement. Turin hésite d'abord mais la citadelleestsaisie par nn hardi coup de main. Santa Rosa, à la tête del'armée, entraine la population, et adresse au roi une som-mation constitutionnelle ferme et respectueuse. Décidé à ne point affronter l'Autriche et à ne trahir ses sujets Victor-Emmanuelabdiqua en faveur de son frère Charles-Féiix, alorsàModène, et institua régent en son absence Charles-Albert, 9qui proclama solennellement la constitution et institua une

jnnte provisoire. La révolution de Piémont éclatait un peu tard pour appuyer celle do Naples. Tout dépendait cependant

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LIVRE XV.440

encore des premières rencontres des Autrichiens et des Na- politains.

A Naples, le régent, malgré une lettre de son père, avait juré de se défendre; le parlement avait accepté la guerre;mais on y, était mal préparé. Les vétérans revinrent, il est

vrai, sous les drapeaux; les jeunes gens, poussés par leursmères, leurs femmes, s'armèrent. Mais l'enthousiasme nesuffisait pas. Carascpsa put occuper, avec une armée sérieuse,la route de Naples entre Gaëte et lesApennins; mais ilhésitait; Guillaume Pepe avait dans les Abruues des mili-ciem pleins d'ardeur, mais mal instruits et plus mal disciplinaencore; les fortifications étaient en mauvais état; le régent etle ministre de la guerre Coletta n'avaient point assuré lesmunitions et les approvisionnements. Guillaume Pepe voyant

Frimont diriger toutes ses forces contre lui, ne voulut pointl'attendre dans l'état où il était; il s'avança, le 7 mars, sur Rieti et fut battu. Ce premier échec démoralisa compléte-ment les miliciens; Pepe les vit s'enfuir par toutes les routes,et se rabattit sur Salerne, en apprenant que Carascosa, sansmême voir l'ennemi, avait reculé jusqu'à San Germano.

L'échec de Rietifrappa aussi la révolution de Piémont et laconspiration lombarde. Sommé par les constitutionnels demarcher contre les Autrichiens, arrêté par les ordres de

Charles-Félix, Charles-Albert, le 20

mars, nomma Santa

Rosa ministre de la guerre, et passa, pendant la nuit, ancamp autrichien. La eon/iM<!ra~MM!ttaHettnc de Milan, quiavait préparé une junte de gouvernement, une garde natio-nale, et n'attendait qu'un mot de Charles-Albert pour sedéclarer, ne bougea pas. Santa Rosa, resté seul responsablede la révolution piémontaise, ne voulut pas tomber sans avoir fait un effort. Pendant qu'il contenait les carabiniers royauxà Turin, il envoya les généraux Ferrero, Marzoni et Saint-Marsan au-devant de l'armée

austro-piémontaise de Rubna et

la Tour à Novare. Mais, le 9 avril, l'armée constitutionnelleétait en déroute, vatncue par le nombre, après avoir fait bonne contenance pendant quelques heures.

Ces deux échecs furent promptement suivis de la restaura-tion du pouvoir absolu un moment ébranlé.

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LtVRE XV.442

méaett~m*<mme'<MK«t(te«-<a<*).

Au congrès de Vérone tenu en 1823, les grandes puis-sances absolues prirent des résolutions propres à assurer pour longtemps l'asservissement de la péninsule. Un système ri-goureux d'oppression et de répression contre toute pensâtmême de liberté et de changement, fut appliqué des Alpes axgolfe de Tarente. Le cabinet de Vienne resserra les chainetde l'administration bureaucratique du Lombard-Vénitien, et perfectionna encore sa police tràcassière. Toute initiative fatenlevée aux communes; dans l'organisation judiciaire l'avocatlui-même devint un fonctionnaire le plus souvent muet oa

parlant à huis clos; l'enseignement se réduisit à unappren.tissage mécanique; la littérature, méprisée, fut regardée avec

défiance on même poursuivie; on- interdit les associationsd'une nature quelconque et les voyages, aux hommes influents;un espionnage présent en tous lieux, à toute heure et suind'effets terribles rendit les Lombards suspects les uns amantres, et fit prendre la politique en horreur dans les familles.Le gouvernement autrichien, au moins, âdmit dans le codecivil la plupart des résultats de la révolution, et assura au populations un certain bien-être.

Les autres souverains y mirent moins de ménagement;Charles-Félix rétablit la corvée, livra l'instruction primaireaux frères ignorantins, et rendit, en 1826, un décret qui in-terdisait l'enseignement de t'écriture et de la lecture auxenfants de parents qui ne pouvaient justifier d'un revenu dequinze cents livres. Dans le royaume de Naples le vieux Fer-dinand, roi depuis 1759 et sous la jeunesse duquel avait agiTanueci, passa ses dernières années à exercer des rigueur qui rappelaient celles de sa femme Marie-Caroline, en 1799.L'année même de sa mort, en t826, il instituait deux com-

missions militaires pour en finir plus promptement avec lescrimes de haute trahison dont i) se voyait sans cesse entouré.Son successeur, François I", débuta par le licenciement dela garde nationale et l'enrôlement de volontaires suisses quiarrivèrent au moment où partaient les Autrichiens.

Léopold II, duc de Toscane, et Charles-Louis, duc de

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L'ITALIE DE LA RESTAUhATJON (1815-1820). 4M

Lacques,successeurs de Ferdinand et de Marie-Louise, en1824,se signalèrent seuls par des réformes opportunes.

Cefutdans les États du pape que, par une étrange aber-Muon,l'oppression et larépression eurent le moins de me-

atre. LéonXII (dellaGenga), élu en t883, n'observa point!es ménagementsde son prédécesseur Pie VIÎ. La restriction, puisl'abolition des congrégationsde gouvernement; là des-Mettohdes tribunaux de districts, le rétablissement de la jdtMictionépiscopalesur les àSairesciviles,la facultéillimitéedefairedésndéieommis, decréerdes majorats et desbiensdoc~nmorte, l'abolition de la commissionde vaccine, la res-titutiondu droit d'asile aux églises, le rétablissement duMa dans les tribunaux, les curies, les écoles, la persécu-

tiondes

juifs, furent les

prémices du nouveau

gouverne-ment.Cettefougueuseréaction ranima les carbonari et suscitade

sonvellessociétéssecrètes les barnabistes dans les Deux-Si-ciles,les pe/erttt bianchi dans les États de l'Ëgtise. Les troisMresCappozolisoulevèrent en 1828 les deuxcommunesdeBoscoetMontforte. DelCaretto, envoyécontreeux,les battit,fitexécuter vingt individus, en condamnaà la prisonquinze perpétuité, cinquante à terme, rasa Bosco et éleva à sa

placeune colonne

pour servir

d'épouvantail à la contrée. Le

gouvernement pontifical opposa aux pèlerins blancs la liguedessanfédistes,qui avait ses chefsdans le sacré collége, lanoblesseet le haut clergé. La lutte d'abord sourdedes deuxMtiétésdégénéra en une anarchie véritable où les brigandsnemanquèrent pas de faire leur partie. A Frosinone et àFaenzale mal fut au comble. On exécutales pèlerins tfancï ttémoinTarghini, et on se contenta d'emprisonner les bri- pnds, entre autres le fameux Gasparone. Les cardinauxPaUottaet Rivarolase signalèrent par leur crnanté. Le der-nier, à Faenza, en un an, condamna comme carbonaritrentenobles, cent cinquante-six propriétaires et négociants,deux prêtres, soixante-quatorzeemployés, trente-huit mili-hires, soixante-deux médecins, avocats, ingénieurs, etc.,deaxcentquarante-six ouvriers, en tout cinq cent huit per-sonnes;deux furent exécutées, deux cents misesauxgalères,

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UVtMBXV.444 plusieurs pour crime de non-révélation. L'année mêmeotil publia le dix-neuvième jubile, Mou XII faisait bâtir une prison d'inquisition promptement remplie. En t828 uncoupde pistoletfut tiré sur le cardinal Rivarola. Les arrestatiorase multiplièrent à tel point qu'il fallut transformer en prisomles vieuxcouventset les vastes palais. Onfit pendre cinq per sonnes enuna fois.

Parmi les tristes époques de l'Italie, il y en a peu d'auaidouloureuses. La littérature n'est plus elle-même qu'mx plainte étouffée. maiséloquente encore. En face de la réac-tion austro-pontificale, Manzoni, l'ancien collaborateur <hConciliateur, essayede rappeler timidementdans les FMHM&qu'entre le seigneuret le peuple, le maître et l'esclave,k prêtre avait été souventautrefois le charitable et couragemmédiateur. Au fond du Spielberg, SilvioPellico amassecestrésors de douleur et de résignation chrétienne qui loi oxtinspiré ses Prisons où la victime pardonne même an boar-reau. En 1828, le faux bruit de la mort du martyr rametoutes les blessures del'Italie. Mais on nerépète qu'à voix basse ces strophes de deuil On attend encore le chantqm plut tant à l'Italie, et Silvion'est plus. :8

Ancors' aspettail cantoChe piacquea Italia tanto.E Silvio nonè piùf

Plus sombre, Leopardi trainant une vie maladive entrel'érudition et les infirmités, arrive à undésespoir plus rédet plus motivéque celui de Byron. Les plus douces joiesdecette vieet les plus consolantes perspectivesde l'autre, il eovient à tout repousser. Ameschéries, dit-il aux filsdecette Italie née pour surpasser les nations dans la bonne fo~tune et dans la mauvaise; à tous ceux qui étaient morts Mns bénéSce

pour e!te Ames

chéries, bien

que votre calamitésoit infinie, apaisez-vous,et que cela vous serve de reconfortque vousn'en aurez aucun, ni danscetâge, ni dans tessui-vants.Reposezau sein de votre afflictionsans mesure, 6 lesvrais 61~de celledont lesuprême malheur ne voitquelevûmcapable de l'égaler.

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION (1815-1820). 445

t~XrTffthM <f tf)t< et <e<*t<e MtétMf**<<Mt)t~)t«< «M~t~t) ~t~me<tt «tx~xtKm < A<M<ttt.

Lt révolutionfrançaisede 1830 surprit la péninsule danscette

léthargie. Quelques souverains nouveaux

prenaient<!prsen main les affaires.Ferdinand n à Naples, en succé-dantà'son pèrele 10 décembre 1830, promit, soit crainte,soit parolede joyeux avénement, de guérir les MeMUfMdu peyt.Aprèsie court règne de Pie VIII, ie conclaveétut pour

rempiacer Grégoire XVI (8 février t831). C'était un sa-ïMtreligieux de l'ordre des Cama)dn!es,un homme d'une pMtésincère, maisun esprit faible incertain, et tout à fait~trmger et hostile àl'esprit desontemps. Un mois plustard,CharIes-Fëtixsuccédaiten Sardaigne le chefde la nouveDe

branchede Savoie-Carignan, Charles-Albert, le même quitïtit d'abord partagé puis abandonné la tentatived'indépen-<hncefaite en 1821.

Lecontre-coupde la révolution de juillet se fit sentir snr-tootdans tes États du souverainie plushostile auxdésirs se-oetsde iltalie.

Les villes de Bologne, de la Romagne, de Modène, deParme, pleines d'agitation depuis la nouvetle révomtion,étaienten fréquentes communications. Un prince, le ducFronçaisde Modène, ami du chef du parti libéral, CiroMe-Dotti,paraissaitencoretremper dans le complot; ce fut jus-tementcequi lui ôta tout ensemble au moment de l'explo-don.Le comité bolonais,se déSant de Menotti, refusa de sedédarer!e même jour que lui, 3février. Menotti donna seullesignal,se, vit trahi par le duc, entouré dans sa maisonMecsescompliceset fut prisonnier.Mais !elendemain, 4, latiMedeBolognerépondit par un succèsà ce premier échecie pro!égatfut obligé de s'enfuir. Un gouvernement provi-soire,sous la présidencede Bevitacqua, déclaraaboli le pou-voir pontificaldans la ville et la provincede Bologne, et ar- boMles couleursitaliennes.

Lesoulèvementse propageaalors comme une trainée de pondredans tout le centre de l'Italie. Le duc de Modène,pniaqueur !è 3, fut obligé de s'enfuir !e 5de sa capitale,

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LIVREXV.446mais en emmenant avec lui l'infortunéMenotti. Le 7, àFer-rare, les troupes papales furent ref6n!eesdans la citadeHt:le 10, l'agitatidn gagna Parme; le là, la duchesseMarie.Louisefut obligée de partir pour.Plaisance escortée de cmcents soldats. A la nn de février, dans les légations,

saro, Urbin, Fano, Fossombrone, Senigag!ia, Osimp,s'<.taientdëclarées. Le 12février, Rome, où l'on arrêtait ptf jour cinquante personnes et Ancône, pourvue d'une fottf garnison, paraissaient prêtes à prendre part au mouvement.Le colonel Sercognoni, envoyé par le gouvernement proti-soire de Bologne, entraina Ancône le 17. Grégoire X~,dont l'avénement était siétrangement accueilli, envoya Mvain à Bologne le cardinal Benvenuti; celui-ci fut arrêtéetconduit prisonnier à Bologne. L'Ombrie imita alors la Re-

magne Pérouse, Spolète, Foligno, Terni, Narni, nreEt

leur adhésion. Le 4 mars, les députés de toutes les viiïes !M-levées, réunies à Bologne, proclamèrent le Statut constitution.nel provisoire des proutncM-utttM t~tennM. Un gouverne-ment exécutif central pour le nouvel État fut constitué, m<l'avocat Vicini pour président, et Mamiani, pourprincipalministre.

Mais l'initiative bolonaise s'arrêta là. Le nouveau gourer.nement français sorti de la révolution, avait proclamé le prb-

cipe de la non-intervention. Le ministère révolutionnaire M

pensa qu'à consolider son œuvre par la modération mémeet à profiter des bénéfices de ce principe. Les jeunes geMdes villes, pleins d'impatience voulaient commencer hguerre de propagande dans les Ëtats voisins; les payMNmême offraient leurs bras. Le gouvernement de Bologne Mvoulut point donner prétexte aux Autrichiens d'envahir Jelégations; il arrêta la propagande, amortit l'élan des CM pagnes, contint les jeunes gens. Mais il fut trompé dans M)attente.

Fidèle, peut-être à l'excès, à ses déclarations, le roidesFrançais Louis-Philippe fit disperser des rassemblements <)<réfugiés qui menaçaient la Savoie, et empêcha Pepe de s'em- barquer à Marseille pour Naples. Le cabinet autnchia).moins scrupuleux,.et agissant dans la péninsule comme che

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UVREXV.448mation de municipalitésélectivesdans les villesetcommnnetet de conseils provinciaux permanents pour l'administratif des légations; création d'un consei) d'Ëtat central, compoi<des personnagesles plus recommandableschoisis par le poa-tife, et chargécommeconr suprême de toutes les branchesdel'administfation civile et militaire, et de la surveillancedeladette publique; tels étaient les principaux pointssur lesquelsle mémorandum attirait l'attention du gouvernement ponti.fical. Le cardinal Bernetti annonçaque les vœux des puis-sancesseraient satisfaits; il parla délire nouvelleque la sol.ticitude deSaSainteté allait préparer aux États romains.

Les troupes autrichiennes n'eurent pas plutôt quittéelégations que ces promessesfurent violées. L'édit du 5juilletdétruisit toutes les espérances il n'accordait point l'élection

aux conseils provinciaux; il réservait au gouverneur de h provincede valider les délibérations de cesconseils; il nedi-sait pas un mot de l'admissibilité des laïques.aux fonctiom publiques, ni de la créatiou d'un conseil d'État, et conser-vait tous les abus dans l'ordre judiciaire.

Des pétitions signées par desconseilsmunicipaux,denom- breuses députations vinrent à Rome, et pacifiquement, ap- porter les plaintes réitérées des provinces. Le gouvernement pontiScal y répondit en envoyantle cardinal Albani dansles

légationsà la tête des bandessanfédistes. On tenta encorederésister: la présence de deux jeunes Bonaparte excitaitlescourages; des rencontres sanglantes eurent lieu en jan-vier 1832à Césène et à Forli, où les soldatsdu cardinalseconduisirent odieusement.Le cabinet autrichien en prit octt-sion de faire occuper de nouveauBologne. Le gouvernementfrançais, pour faire faceauxcirconstanceset arrêter les réac-tions, riposta par l'occupation d'Ancône, mais sans grandréstQ!at.Le saint-siége procédaavecrigueur contre les mé-contentset ne revint

pas sur l'édit du 5

juillet. La villed'An-

cône, qui adressa au légat une solennelle remontrance, fntexcommuniée et plusieurs conseillers de la province deBologneayant donné leur démission,un édit du 10 avriiEtsavoir qu'aucune démissionne serait acceptée, et que lesdé-libérations des conseils seraient valables, quel que fût le

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION(t815-1820). 4M

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nombredes conseillers présents. Enfin, le saint-siégelicenciatoutegatde urbaine; et, confessant son impuissance et sesdêSances,prit à sa solde une année de cinq mille Suisses.L'pccnpationd'Anc&nene fut qu'une impuissante protesta-

tionqui dura jusqu'en 1838.ttmHe~~MheW, ~et«m*m< tt, ~<~<t< mt, <tr<e~e XVt!

~Je-mettftHe (<a«.~a«).

La révolution de 1830 et l'insurrection de la. Romagnen'eurent d'antre résultat que d'étendre encore le'systèmed'oppressionappliquédepuis 1815.

L'Autricheaugmentases troupes dans la Lombardie, ren-dit plus sévèrestoutes les peines portées contre les délits poli-tiques,et abolit, dans le code, une grande partie des dispo-sitions libérales de Joseph II et de Marie-Thérèse. Letaint-siégeet le duc de Modène organisèrent lessanfédistesencorpsde volontaires, avec une solde assurée et des.privi-lèges.Un régimede commissionsmilitaires, tribunaux d'ex-ception,où lesmêmes hommes dénonçaient et jugeaient, oùl'accuséacceptaitsondéfenseur de la main de son juge, pesatar toute la Romagne, particulièrement sur Bologne, Fer-rare,Anconeet Fermo.

On prit contrela penséemême les précautions les plusmi-nutieuses les universités de Turin et de Bologne furent fer-mées;des professeurs, des médecins de l'université de Mo-dène se virent condamnés aux galères, pour conversationsavecdessuspects.Dans le Lombard-Vénitien, les pièces les plusinnocentes effrayaient, telles que l'Esther d'JEn~tft eth Gismondade SilvioPellico, rendu cependantà la liberté,résignéet repenti.

L'Italie désormaisne put protester par la presseet par les

conspirationsqu'au dehors, et cette protestation de l'exil pritancaractère plus révolutionnaire qu'auparavant. Le libéra-lismeconstitutionnel qui avait éclaté dans les conspirationsde1821et de1831était vaincu, découragé.Ungrand nombrede jeunes Italiens ou d'exilés étaient venusétudier en France.Msy puisèrent dans les rangs de l'opposition des principes

tMST.D'tMUB

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450 MVRBXV.républicains. Un,jeune homme,Bis d'un profêseeuf dé mé-déciné à l'nnivéMHédt Gènes,Mazzihi, tbndà à MàtMiUe,avec plusieursréfugiés, eh 1832,le journal èt IAtociété det<tJeWtè7M~; il ? sépara du carbonarismeconstitutlûnne!déla restauration, rompitavecl'aristocratie, avecUroyâuté~arecla papauté, avec le passé, et vit, dans l'établissement d'unerépublique anitaire, le zaoyenradieal et unique de rendreàl'Italie la liberté et t'independance: Pendant deuxans, cette propagande mystérieusement répandue par les numérosdn journal dans toute ~ttàtie, éteh<ut,multiplia, eiaUa la con-spiration nouvelle.Eh1833, l'Italie parutd'un bout à l'antrtsur un volcan. Trois complotsfurent découverts,run tràm~entre autres à Naplespat les fils dngénéral Honssàroll; treize personnes furent msilléës à Palerme treiiéoiEciersou bour-

geois dansles Ëtats sardes; le chevalier Ricci, garde d'hon-neur du duc de Modëne, fut exécuté. Le Spielbérg s'ouvrit pour de nouveauxsuspectsdu Lombard-Vénitien. Excités plîces rigueurs, l'exilé Mazzini et le général polbnàis RamO'rino, avec quelques réfugiés Italiens et polonais, partiraitde Gènes, en 1834,avecïa résolution de soulever la Savoir et le Piémont. Arrivés à Annemasse, après des éitoits in-croyables, ils n'avaient réuni que huit cents hommes. Ramo-rino abandonna le premier sescompagnonsavant d'avoir m

l'ennemi; en une journée, Mazzinivit échouer les résultat!d'une propagande de deux années, et, pour quelque temps,un silence complet succédadans là péninsule à cette courteet stérile agitation.

Quelquesgouvernementssurent au moins en profiter pour conjurer de nouveauxoragespar des réformestimidesencore,mais qui réalisèrent çà et là quelques progrès.

Le roi Charles-Albertdonnal'exemple.Eh 1836,il détruisit,dans l'ile de Sardaigne, toute juridiction féodale, déchargM

les paysansde la corvée pour l'exploitation et letransportdasel des salines royales,et établit desconseilsgénérauxet mu-nicipauxà la nomination du roi, mais jouissant d'une cer-taine liberté. En 1837, un code fut publié pour toute hmonarchie, qui reproduisit à peu près tous les principes<hdroit français.Cependant,une protection inefficacedes cubes

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1/tTALïE DE LA MSTAURATION (t815-1820). 451

dissidents,une.certaineexagérationdelà puizsahM paternelle,âne grande sevéritë contre tes déserteurs, la consécrationd'âne partiedes privilègesde tanoblesseet du eterge~l'égalitécivileléaéé et) plusieurs points, l'&moviMlit~des juges, le

secretde la procédure, laissèrent encorehdésirer. EnSn, enl'année 1842, l'administration des provinces de terre fetmefatentièrement rëguhntëe par une nouvelledivisiondes in*.tendancesgénérales on pbeiectnMsen trois c!asses l'Tutin,ChaniMry, Gènes; 2" Alexandrie, Cuneoi Nice, Novare;3' Annecy,Casa!, Ivrée, Saluées,Savone, Verceil.

Cessoins administratifsne f&Mnt pas tes seuls qui hono-rèrent !e règne de Charles-Albert. Un pont jeté sur le tor-~rentdè~Usses, fit communiquer AnnecyavecOenëve Gènes

futfortinee; nn bâtiment de

guerre y mit à

la voile pour faitele tour du monde ttne sociëtéd'agricuiture, fondéesouslesauspicesde Chartes-Albert, s'occupade propager l'ensei-gnementagricole,de fonder dés fermes modèles, et de favo-riser, par tous tesmoyens, tes progrèsde la culture dans les belles vallées de la Savoie et du Piémont. Ce qui est plusextraordinaire,Cbarlès-Albertaccomplitcesreformes, réalisaces progrès,sans s'obérer, avecnn budget anime!de soixante-dixà quatre-vingtsmiUionset des impôts dont la moyennene s'étevah

pas, par individu, à

plus de

dix-sept francs

par an.Le grand-duc Léopotd de Toscane et celui de Lucques

avaienttoujours montré un esprit assezlibéra!. Léopotd11fa-vorisal'université de Pise, fondaune écoled'agriculture, unefermemodèle, supprima le bagne de Pise, commenta descheminsde fer de Florence a Pise, de Pise à Livourne, re- pritt'oeuvr6sécutauredu dessèchementdesMaremmes, abolitmêmela peinedemort, etmalgré tes plaintesdeGrégoireXVI,fetmal'entrée de ses États aux jésuites. LaToscane, par lesntŒurS polieset pacifiquesde ses habitants, autant que par la beauté de son climat, attira une foule d'étrangers. Le petit princede Lucques alla jusqu'à établir une garde nationaledanssesÉtats.

Habile a discerner ce qu'il cuvait permettre et ce qu'ildevaitconcéder, le cabinet autrichien affichala prétention de

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LIVREXV.45:réaliser, dans le Lombard-Vénitien, les pins grands progrèscompatiblesavecsadomination. En 1838,le joar ou il vint sefaire couronner solennellement roi du Lombard-Vénitien àMonza,le nouvelempereur Ferdinand prononçaune amnistiegénérale, flatta l'aristocratie lombarde par la création d'unegarde noble, et annonça quelques mesures heureuses. L'in-stitut de Milan fut rétabli, un nouveaufondé à Venise;; lesdeux universités de Padoue et de Pavie obtinrent quelquesfaveurs. On forma le projet d'un chemin de fer qui devaitrelier Milan, Mantoue, Vérone, Venise, et qui est aujour-d'hui achevé; un pont fntconstruit pour rattacher Veniseà laterre ferme.

Dans la plupart des États, les sciences positives,l'industriecessèrent au moinsd'inspirer les mêmesdéEances.La nations'y adonna avecun certain entrainement. Pendant plusieursannées, depuis 1838,les congrès scientifiquesse succédèrentavecrapidité dans les principales villes, à Turin, Pise, Flo-rence, Padoue, Lucques, etc. Les plus intéressantesquestionssur l'établissement d'écoles industrielles, l'amélioration dusort des ouvriers, la réforme des prisons, la propagationdel'enseignement dans les basses classes, l'abaissement desdouanes, l'association des libraires ou l'établissement d'unefoire pour les livres, commecelle de Leipsick en Allemagne,y furent posées et debattues avec autant de savoir que dezèle.

DeuxÉtats seulement ne jouirent ni dela paix, ni du pro-grès lent mais réel du reste de la péninsule; le royaumedesDeux-SicHeset le territoire romain surtout.

Ferdinand II ne tint point tout ce qu'il avait promis le jour de sonavénement. Une émeute assez grave ayant éclatéà Syracuse(1837) à l'époque du choléra, il fit fusiller cin-quante-cinq personnes et proSta promptementde l'occasion

pour achever de fondre les deux administrations des pro-vinces, en deçàet an delà du phare. La Sicile n'eut même plus sa constitution particulière, ses magistrats nationaux, sacommissionreprésentative à Naples. Cette unité administra-tive eût pu être au moins un bienfait; on en fitun Héau.Fer-dinand ne songea qu'à étendre la Sicile le monopole du

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L'tTAUE DE LA RESTAURATION(1815-1820). 453

tabacet du sel, le timbre et la conscription.H laissal'îlesansrontes, sans instruction primaire, et la soumit à un régimede commissionsmilitaires, de tribunaux d'exception et dedélation, qui lui fit regretter encore davantage sa vieille

constitution.Le roi prit nn peu plus soin des provinces napolitaines.En 1842, la taxe sur les livres fut diminuée de cinq pour cent. Naples s'embellit; nn port militaire fut creusé à Castel-lamare. Une chaire d'agriculture s'ouvrit à l'université de Naples,des agriculteurs instruits furent envoyésdans diffé-rentescommunes; l'immense <at?oHeredela Pouille fut atta-qué maisl'essentiel fnt négligé.

Le papeGrégoire XVIfit encoremoinsd'améliorations dansses

États, malgré les recommandationsde

plusieursdes

puis-sancesqui avaient signé !e mémorandum. En 1836,il revintmêmesur les concessions faites en 183Ï a la villede Bolo-gne,et y détruisit l'élément laïqueintroduit daus l'adminis-tration.Pendanttont sonrègneil n'ent pasnninstantde repos;illui fallut chaque année prononcer des sentencesde mort,d'exil,de galères et de prison. Ami des arts et de la science,itfit reconstruire la basilique de Saint-Paul hors desmurs,.créaun jardin botanique, nn muséeétrusque, fonda,dans lesdernièresannées, une école d'agriculture, deux écolesgra-tuitesa Rome;mais il ne voulut point entendre parler del'établissementde télégraphes,decheminsde fer, d'industrieà grand'peine il autorisa nn service de vapenr sur le Tibre.Hdéfendità ses savantsd'assisterauxcongrèsscientifiquesdel'Italie; il augmenta les privilégesdu clergé, de la noblesse,et laissatomber les finances dans un état qui rappelait les plusdéplorablesjours du gouvernementpontifical.

MtM)t<t<(xe<e la ~t)~<tt<t«M,<« f*fe« «e terre et <e ~et,<«eMtMttrte,de t txttrftetttm~ttU~ne, ete.(tM~tMt).

L'Italie, sinon sous le rapport politique, au moinssons lerapportmoral etmatériel, avaitdoncréaliséquelques progrès,versl'an 1840,si l'on en excepte les Etats de l'Église et laSicile.Partout, cependant, elle éta!tloin de suivre, même à

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45t UVM! XV.

distance, les principales nations de l'Europe, et on. pouvaittatcore constater, dans son état matériel et moral, plus delacunes que de progrès.

Sa population, ses revenus, ses années, sa marine, s'é-taient légèrement augmentés.

La populationtotale de l'Italie s'élevait a'près de 24 mil-lions ainsi répartis Lombard'Vénitien, 5 600000;; Napleset Sicile,8 500000; Sardaigne, 4 500000 Ëg!ise,2 700000;Toscane, 1500000; Parme, 465000 Modène, 400000Lucques, 140000; Saint-Marin, 7800; Monaco, 7000.

Ses revenus se montaient à400millions Lombard-Véni.tien, 150millions, Naples et Sicile, 115millions, Sardaigne,80 millions,Église,40 millions,Toscane,21 mitlions,Parme,7-millions, Modène, & millions, Lucques, Saint-Marin,

Monaco.,1500000 francs.Le Lombard-Vénitien et la Sardaigne supportaient assezaisément leurs charges. Les communes de la Lombardietrouvaient même encore 80 millionsemployer pour destra-vauxd'utilité publique; et le roi de Sardaigne, en t84S, avait50 millionsde réserveà consacrer àdes entreprisesde cheminde fer. Mais les États de l'Église et Naples souffraient de lalourdeur des taxes et de leur mauvaiserépartition, ce quin'empêchaitpas ie saint-siége d'être en proie à un déBcit.qui

atteignait le chiffrede ses revenus.Les forcesmilitaires de la péninsule pouvaient atteindre260 000 hommes de troupes réglées. Sardaigne, 60 000 sol-dats, 40 000 de réserve, 10 000 miliciens; Lombard-Véni-tien, 60 000soldats NaplesetSicile, 60000; ËgUse, 16000;Toscane,8000; Modène, 7700; Parme, 1800; Lucques, 750soldats, 2000gardes nationaux; Saint-Marin, 40 soldats,900gardesnationaux.Parmi cestroupes, cependant, 15 000 Suis-ses servaientdans les troupes du pape et de Naples; 60 000

Italiens étaient enlevés au Lombard-Vénitien

pour s'ins-

truire et servir loin de leur patrie. Les deux seules arméesnationates et sérieuses étaient ceHosde la Sardaigne et de Naples, la première surtout.

La manne .de l'État comptait à peu près 200 navires;40 000 marins Lombard-Vénitien, 8 vaisseaux, tOjfré-

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION (1815-1820). 455

gttep, 4 vapeurs,74 petits bâtiment, 20 000 marins; Napleset Sicile, vaisseaux,5 frégates,2 vapeurs, 43 petits bâti-taents, 10000 ma~ns; Toscane, Eglise, quelques petits bâtiments, plusieurs vapeurs,

La statistique mdustrielte et commerciale n'était pas tropdéfavorableà certains pays, quoiqu'elle répondit peu à la fé-toad)té,au mouvementqui ayaitcaractérisé l'Italie àl'époquede sa grande prospérité mais pour d'autres les résultatsétaientdéptorab)es.

En l'année 1841, le mouvement commercial sur la côte~nitienne était en exportation 157vaisseauxde longcours,v~eur 5000000 fr., et 1320 vaisseaux caboteurs, valeur 16000000fr.; en importation, 3059 vaisseauxde long coursougros caboteurs, valeur 000 000 fr., et 953 petits cabo-

teurs, valeur 5 000000fr. Ije mouvement de Trieste étaitencorebien plus favorable importation, 868 gros vaisseaux,Mteur 700<)Q000fr., et3323caboteurs,valeur 25 000000fr.;exportation,valeur 40 000000fr.(gros bâtiments), et autant a peuprès en caboteurs. Cettecontrée était, il est vrai, la plusfavorisée.

Dansle royaumede Naples, l'importation dans les provin-cesen deçàdu phare ne représentait, en 1839,qu'une sommede45000000 fr., et l'exportationde 43 000000 fr. Dans lesdifférents

ports du

royaume, on

comptait seulement à l'entrée

2407vaisseauxde toute grandeur, à la sortie 2372. Dans les provincesau delà du phare, l'exportation n'atteignait que23000000 fr.; l'importation allait ~42 000 000fr. Le nom- bredes bâtiments était de 938 sortants et de 1569entrants.Lemouvementmaritime de la Toscane n'était pas non pluscequ'il devrait être; 548 bâtiments à Livourne, 245 al'ited'Elbe.L'importation était encoreassezconsidérable,mais lecommercen'était pas en rapport avec;le développementd'ex- portationque comportaitla féconditéde ce beau pays.

LesEtats de l'Ëgiise étaient encore plus mal partagés; ilsnecomptaientguère sur la ccteoccidentalequ'un mouvementde 169 petits bâtiments, et sur l'Adriatique de 1065; l'im- portationreprésentait en général la sommede 92 000 000fr.,etl'exportation31 000 000fr. seulement.

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LIVRE XV.456

Un phénomène plus singulier était la diminution assezno-table du mouvement commercialdans la ville de Gènes, seul port considérabled'un des États tes mieux organisés.De 1827&*t835la recette de la douane avait diminué de 6254 016fr.&S636471 fr. En l'année 1819 le nombre des bâtiment!sardes venant dans !e port s'élevait à 6225, celui des bâti.ments étrangers a1117; en 1838,!e nombre était réduit ponr les premiers a 1826,et pour les secondsà 958 bâtiments.

Dans tous les pays, il était a.remarquer que l'importationl'emportait de beaucoup sur l'exportation. Cependant l'Italieabonde en richesses végétales et minérales. Les élément!d'industrie ne manquent pas non plus à la péninsule; ils pro-duisent annuellement 12000 000 de livres de soie brute.Dans le Lombard-Vénitien, seulement, il y avait, vers 1840,320 manufactures de soie, et plus de 3000 métiers à la Jae-qnart; dans la Toscane plus de 200 manufactures, dont unetenue par un certain Matteoni entretenait 800 métiers; damle royaume de Sardaigne, principalement a Gênes,on comp-tait 590 métiers.

Après les manufactures de soie, celles de laine, de coton,de papier, sont les plus nombreuses et les plus importantes.Dans leLombard-Vénitien,il y avait 292 fabriques d'étoffes,de cotonet de laine, 548 de draps; dans la Toscane, 97 fa-

briques de papier et 112d'étoBes de laine. Dans le royaumede Sardaigne, 312 fabriques de coton, 62 de laine. Dansleroyaume de Naples le nombre des manufactures s'était aug-menté depuis 1824,mais faiblement; parmi les autres indus-tries on peut compter celle des pailles tressées en Toscane,des joyaux de corail à Napleset à Gènes.

Les États de l'Ëgtise étaient, sousle rapport de l'industrie,les plus arriérés. 394 fabriques de tous genres, n'occupant pas 6310 ouvriers, vivaient !t peineà Rome; les manufac-tures de soie de

Bologne, de

Pérouse, étaient fort infé-

rieures cellesde laine à Spolète et à Pergola, en mauvaisétat le gouvernement romain les avait encouragées d'abord par des primes, mais celles-ci furent bientôt supprimées.Desindustries autrefois florissantes, celle des voiles à Bolo-gne, qui occupait 1200 ouvriers, les fabriques de soie de

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION(1815-1820). 457

Rimini, qui occupaient 1000 métiers, étaient entièrementtombées.

Ainsi, le Lombard-Vénitien, grâce à la conservation del'ancienneorganisation communale, à la multitude de sesrivières,de ses travauxd'irrigation, jouissait d'une prospé-ritésuffisante par rapport à son état politique. Le Piémontavaitfait enagriculturequelques progrès, si Gènesavaitbeau-coupperdu de ses relations commerciales et de son impor-tancedans la Méditerranée. Mais la Toscane n'avait pointtontela féconditédont elleavait joui au moyen âge; ses an-tienstravauxde terrassement tombaient en ruine, sa produc-tionavaitdiminué, l'activitéindustrielle et commerciale destillesdeFlorence et dePise n'était pascomparableà cequ'elleavaitété autemps de leur splendeur la Maremme était bienloind'être vaincue. Dans le royaume-uni des Deux-SiciIes,c'étaitbien pis. L'Ile, l'ancien grenier de l'Italie, était ré-duiteà un état misérab!e sans le soufre, cet or de la Sicile,dontle gouvernement avait fait un monopole, elle eût été presque sans commerce. Les campagnes des environs deRome,malsaineset désolées, privées d'arbres et de culture,offraientseulesunaspect plus triste.

Cequi paralysaitla richessenaturelle de l'Italie et l'acti-ïité deshabitants, c'était l'excès de la protection, la rareté

descapitauxet des voies de communication, la division desÉtats,la multiplicitédes douanes particulières, la variétédes poids,mesures et monnaies. Les communications au dehorsetàl'intérieur étaient difficiles;lesAlpes percéessnr biendes pointsétaient cependantencoreun obstacle.L'Italie possède beaucoupde ports et de bons ports les forêtsdesAlpeset desApennins peuventlui assurer une bonne marine cependant, presquetoutes ses productions étaient expédiées sous pavil-lonétranger dans les contréeslointaines. Les voies de terre

Ment encorerares ou en mauvaisétat, surtout dans lesÉtatsdel'Église, Napleset la Sicile; les voiesde fer étaient encoreuneexception.En6n la péninsule était la terre classique delacontrebande; l'ancien bandit s'était fait contrebandier. litrouvaitdos éléments nombreux de succèsdans sonaudace,dansles accidents physiques du pays, dans la lourdeur des

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HYRB XV,458

~Mee,dMs muittp~té même dQu~ne$et dans bconnivencedes employés fortmal rétribués.

En 1843, l'établissement d'an tarif uniforme sur tout lecours du Pô parut indiquer que l'Autriche et le Piémontvc<t-laient entrer dans une nouvellevoie. L'idée d'une associatiop

douanière, d'un zoliverein,germa un instant en Italie. Lasusceptibilité bieo naturelle des autres Ët~ts vis~-vis <<el'Autriche, qui possèdela plusriche et la plus puissantepar-lie de la péninsule, la fit abandonner. On craignit de payer d'un assefdssement completla rMçon de quelquesavantage!matériels.

La statistique morale de l'Italie vers 1840et 1845 préien.tait aussi quelques progrès, mais encore plus de lacunes. Lenombre des crimes et délits n'avait pas beaucoup diminué.B

avait suivi à peu prèsla progression de la population, un peaau-dessous dans la Lombardie et 1~Toscane, au-dessusdansles Etats de l'Église et le royaumede tapies. 14enombredescrimes contre les personnes, des assassinats, habitude tradi-tionnelle dans la péninsule, avait peut-être légèrement dimi-nué maisles attentats contre la propriété, les délits, avaientsuivi plutôt une échelle de progression. Les crimes rest~impunis, faute d'en connaitre l'auteur, étaient toujours tr~-considérables; le despotisme du gouvernement, l'arbitraut

de la justice, entretenaient ce préjugé qui considère le sim-

ple témoignage devant les tribunaux comme une dénon-ciation.

Le royaume Lombard-Vénitien paraissait surtout en pre-mière ligne sous le rapport de l'instruction publique onJcomptait en t84t, pour l'instruction primaire, plus de 100écoles principales, et à peu près 3700 écoles ordinaires poules garçons, et 1700 pour les filles; cependant le tiers desgarçons et les deux tiers des filles en âge d'apprendre àlireet à écrirene

jouissaient pas encore de ce bienfait. L'iusunc-

tion secondaire,divisée en ~t/fnna~Mcomprenant six apnéesd'études, et en <yc~Mcomprenant deux années, comptaità peu près 6000 écoliers dans les établissementsde l'Etat, et2300dans lesétablissements privés. Les deux universités<hPavie et de Padoue comptaientpeu près chacune 1500élu-

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION(1815-1820). 459

diants; l'instruction primaire était gratuite là où les com-nnmesavalent pu ~iré tes fr~is d'établissement d'âne école.Malheureusementla dénance du gouvernement central, enMaatà l'enseignement toute liberté, toute originalité, para-

fait tant

d'institutions, depuis les nniversités, où les

pro.fttsenrsnommas par le gouvernement enseignaient sur destMtesexpédiesde Vienne, jusqu'aux écoles primaires, où lesdevoirsdessujets enversleur souverainétaientcomparés danslecatéchismeautrichien ceux d'esclaves/Me<Menvers leur M~e.

En t840, une nouvelle ordonnance sur l'instruction pu- bliqueavait fait faire un grand pas au royaume de Sardaigne,quicompta bientôt près de 300 établissementsassezimper"Matsd'instruction publique un plan d'éttides plus libéralfatadopté,une part plus grande faite àl'étëmeDt laïque, laloid'ignorancede t8M tomba en désuétude; cependant il yMtit beaucoup à regretter pour l'enseignement primaire, jtMcipaIementdansl'ile de Sardaigne,

Maisla Toscane, le royaume de Naples, les Etats de l'U-~tite,malgré quelques tentatives, faisaient encore honte àl'Europecivilisée. A coté des deux universités de Pise et deSemé, qui comptaient 650 élevés, des écotes secondairesMMtûorissantesaussi, la Toscane, sur 284000 enfants enigede fréquenter les écoles, n'en comptait en 1843 queM300 jouissantde l'enseignement primaire. Outre 1'univer-Mtéet quelques établissements à Naples, le royaume neMtnptaitencoreen 1840que 4 lycées, Salerne, Catanzaro,Bth,Aquila. Sur 100habitants, en 1836, au dire de l'inten-dut dela provincede Molise, on en trouvait un sachantlire.OMtsIaSicile c'était encore pis. Le roi Ferdinand avait enfinent840 ordonné l'établissement d'une universitéà Palerme.Dansles États de l'Église, outre les .grands établissements

miversitairesde Rome et de Bologne, on netrouvaitd'écoles publiquesque dans les grandes villes, à Pérouse, Spolète,Aneône,etc. Dansles campagnes, l'ignorance de la lecture yétaitgénérale. ARome même, il y avait encoredesquartiersoùl'enseignement primaire était insuffisant, et on pouvaitMuerà25surt00lonombredeceux quine savaient paslire.

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LIVRE XV.460

m«m<ttte)tte MMMHe et )réT~<ttM*<<re em MmUe;1t)M<tMretM*M <e mtmtmt et <e )ht t*M~e (t<Kt *e«).

Une pareille'situation ne pouvait manquer de préoccuper en Italie les espritséclaireset tes cœurs généreux. Ces pro-grès lents, mais sensibles; ceslacunes, bien plus grandesen-core, reportaient les imaginationsitaliennes sur la situanor politique de leur patrie, mais sans les rapprocher davantagesur les moyensde remédier au mal.

Quelques-uns, effrayésde l'ascendant de l'Autriche, quireprésentait jusqu'à un certain point le progrèsmatériel, son.geaient à opposer dans le papele principe guelfe au nouvelempire autrichien; d'autres s'éloignaient avec horreur d'un pouvoir qui avait toutesles rigueurs et tous les vices du des-

potisme, et qui laissaitses peuplesdans le plus misérableétatmatériel et moral. Ici, on prétendait ne plaider les droits del'Italie que par la parole, et n'avoir gain de cause qu'a fortede patience et de résignation; là on ne prenait conseilquedndésespoir, on était prêt à tout tenter.

Des esprits distingués et des écrivains brillants représen-taient ce mouvement plein d'effervescence; le professeur Montanelli demandait que Léopold II ajoutât à la douceurdeson gouvernementle bienfait d'institutions constitutionnelles

et libérales. Un philosophed'un profondmysticisme,M. 6io- berti, en t843, dans son livre Det primato morate e civilede</r 7<a<Mnt,voulaitréconcilier l'Église avec la liberté pour faire pénétrer l'esprit politiqueet nationaldans les masses.Ilne voyait de salut pour l'Italie que dans l'unité spirituelle,dans une confédérationd'États ayant le pape pour présidentet arbitre; et dans le livre intitulé LeJésuite, il prétendaitarracher le saint-siégeà ses vieux errements, et ramener tesouverain pontificataux besoins du siècle. Le comte Balbo,dans

ses Speranzed*7<a<Mt,cherchait au dedansà réconcilier les princes avec le libéralisme, en attendant de leur géné-rosité les constitutions qu'on avait voulu leur arracher. Andehors, il mettait sonespoir dans les institutions militairesduPiémont, et la réconciliationdes peuples avecleurs princes;il convoitaitla Lombardie pour la maison de Savoie,maisil

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION(1815-1820). 461

~titrésigné à attendre que l'Autriche eût l'occasion de sedédommager en Turquie. Moins mystique que Gioberti, etmoins politique que Balbo, esprit indépendant et modère,M<miani,exilé depuis 1831, tentait de relever le couragede!~tcompatriotesen répandant les principesd'une philosophiequiétait un compromisentre la raison et le sentiment, la<aenceet la foi.

Deux poètes, tirailleurs plus hardis et plus aventureux,tttaquaieutaà la foisguelfeset gibelins; NIcouui,dans sa tra-~tdied'~ttMt~ de .Br~~ta, exaltait le premier tribun deHtalie,l'ennemi des papes, le fondateur du principe républi-oin, brûlé à Rome dans un moment de trêve, par le papeAdrienIV et l'empereur Frédéric Barberousse. L'anonymettxcan,Philippe Giusti, dans ses chanta, dans ses vers clan-

destins,demandait k Dante s'il regrettait encore que César ett abandonné les jardins de l'empire. Si l'Italie estMïte, répondait-il à ine, que veulent ces arméesquiveillent sur elle nuit et jour! Est-ce pour empêcher lesmortsde se réveiller que l'Allemagne envoie ses soldatsamper en Italie? Est-ce qne les ossements de nos pèresépouvantentl'héritier des Césars? Plus hardis encore, lesmmitésdes exilésà Malte et à Londres, réveillaient la JeutMMte.Mazziniformulaitdécidémentson programmereligieux,

politiqueet social. Il remplaçait le catholicisme par unesortede théophilanthropie dont D~u et le peuple étaient lesdeuxtermes; il prétendait reconstituer l'Italie par l'nnité eth centralisation, dans une république indivisible et démo-ttttique,dontRomeserait lecentre. AprèslaRomedesCésarsetlaRome des papes, il annonçait l'avénement de la Romeda peuple.

Quelques bruits de guerre entre la France etl'Europe,m t840,provoquèrentca et là desexplosions.En 1841,Iavi)Ie

d'Aquila,dans le

royaume de

Naples, vit

cinquante de ses

enfantsenvoyésen prison, quatre fusillés. En 1843, l'effer-meence était générale dans les États romains et les Deux-Siciles.Au moment de l'action, les Calabres restèrent immo- biles. Quelques jeunes gens des plus hardis de Bolognemarchèrentau combat malgré le contre-ordre, et furent

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U~M XV.Ma

réprimés par les c~tfabiniers pontiScauX.Les troupes suisstsdans la Romagne, les garnitons antrichiëhheëàRovigo etaFerràre, furent renforcées. Les frères Bandiera, en t844,fils d'un amiral autrichien, avec quelques marias italiens,tentèrent de secourit tes .Catabres, échouèrent encore, et payèrent leur entreprise de leur tête.Les persécutions de la police obligèrent les citoyens les plusrecommandablesa s'enfuit' et a se cacher dans les Apen-nins, retraite ordinaire des bandits. Traqués comme des bêtes fauves, et en assezgrand nombre, ils prirent le partidésespéré de s'etnparer dé Rimini et d'adresser à FEaropeune solennelle protestation, dans laquelle ils se contentaientdedénoncer, avecdouleur, l'oubli dû mémorandum de 1831,comme la cause de tout le mal. Ce manifeste ne sauva pas plus cesmalheureux que la prise dé Runini: chassésde lenr conquête, obligésde s'enfuir sur le territoire de Toscane,ik furent livrés aux vengeances pontificalespar le grand-duc,obligéde céder auxexigencesdolà diplomatie.

Le pape Grégoire put terminer sonrègne en paix; la dé-fense courageuse, quoique inutile, de quelques pauvresreli-gieuses martyrisées par le czar releva seule ses derniers jours. La plaie de l'Italie paraissait cependant appeler p!a!énergiquement que jamais le remède; M. d'AxegMo,noble

piémontais, dans ses Mttmt cati di A(Mnagno,prenait en1846 la défense des insurgés de la Romagne, dont il avaitsondé les plaies pendant un voyagede plusieurs mois. C'é-taient, disait-il, des hommes qui n'avaient plus un coindeterre où poser le pied, qui étaient toujours à la veillede perdre la liberté ou la vie. Tel qu'il est, disait le véné-rable CinoCapponien mai 1846,le gouvernement romainne peut régir l'Etat, parce qu'il est réduit par la nécessitédesanature à craindre toute réforme, à empêcher tonte amétiort-

tion. Dans l'état actuel, on dirait que la justice est en lutteavecla religion. »Tel était en 1846 l'état de l'Italie. Les souverains ne

faisaient pas assez ou ne faisaient tien pour leurs peuples.I~aterreur était à peu près le seul ressort du gouvernement.Dans la nation, l'aristocratie et la haute bourgeoisieressen-

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L'ITALIE DE LA RESTAURATION(1815-1820). 463

taient vivementleur infériorité et leur servitude. Ellessouf-fraientde voir l'étranger regarder leur payscommeun muséehistorique, et une terre de délassement et de convalescence;ilne leur suffisait point que l'Italie régnât dans la musique

par ses maestriet ses virtuoses. Elles se rencontraient dans

la pensée d'unir toutes les forces vives du pays, la reli-gion,les princes et tes peuples~de le: retremper par la con-cordeet la confiance, pour les tourner vers le double but delaliberté et de l'indépendance. Aigries par l'oppression et lamisère, dans tes États de Rome et dans les Deux-Siciles,et partout plus développéesqu'a l'époquede la première révolu,tion,les masses avaient moins de confiance dans leurs sou-verains,moins de foidans la modérationet la patience; ellesécoutaient plus volontiers les conseils qui leur venaientdel'exilet qui les poussaient contre leurs maîtres; mais ellesétaientaussi travaillées d'un besoin vague d'indépendance;sans s'en rendre compte, elles désiraient, elles attendaient~netquechose. Ainsi l'Italie émigfée n'était point complète-mentd'accord avec l'Italie restée chexelle, les hautes classesavecles masses; le libéralismeet le radicalismese disputaientenfacedu despotismevivant.Cependanttontescesidées)toutestes passionsdiversesaussi bien que les vieilles rivalités pro-ïmciates,commentaient à se fondre dans tin sentiment très-tif; la haine de l'Autrichien, le véritable et lé seul maître dela péninsule. Le libéral et le démocrate, aussi bien que lePiémontàiset le Toscan, le Itomngnolon te Sicilien, se ren-tontraientdans le même désir de soustraire lé pays à l'etn* pereur on aux princes qui, par leur conduite, n'étaient que!es protégés et ses instruments. Le sentiment italien, na-tional,couvrait, absorbait tonsles autres. Ce fut au milieu detéscirconstancesque le pape Pie IX parut.

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LIVRE XVL

MTAME RÉVOLUTIONNAIRE*.

PieIX;lesréformes(juin1846-octobre1841). Lesconstitutions(oc-tobre184?-t8mars1848). Insurrectionà Milan(tï-25 mars).Guerred'indépendance;Charles-Albert;réactionnapolitainedu 15mai; batailledeCustozM(Ï5mars-8août). LesrépubliquesàVe-nise,à Rome,à Florence;assassinatde Rossi;fuite du pape(sept.1848-février 1849). Nouvelleguerre; bataillede Novare;prisedeRome;chutedeVenise(mars-aodt1849).

Me M; les tréttrxM~ (J<~ <M<~e~t)re <e«~

Ce fut avec une anxiété plus grande encore que de con-tume,

que la foule recueillie sur la

place du Qninnat, vit le

14 juin clore et murer devantelle les portes du conclave.On peutle dire, l'Italie et l'Europe étaient dans la même attente.Les membres du sacré collége, la plupart étrangers amaffaires et nommés par Grégoire XVI, comprendraient-ik tonte l'étendue de leurs devoirs? L'ambassadeur françaisRossi,Italien exilé comme Muratin en 1819, et depuisci-toyen de Genève, professeur à Paris, enfin pair de France,fit tout pour inspirer auxcardinauxune heureuse résolution.Il Nousvoulons, avait dit M. Gnizot,chef du cabinet français,

<.Voye* peur cechapitreD«An<~<rM<Af)tfr«g)tw<«t/M/<M.«)~4. Volez pour ~<aHe«&tFm<M<; ftpe, /ttfo/*<«MM « ~<t«vM<f/Mff<;C~ttanto. /<m<rr«-<KM</<'J)Mo<t, Fthni, Zo~<<t<of<MtMno.~c<~o~ff'<<<! r<~t(M~<t<roMMf)t<,de Milan; Ditrtrentt trtttttt de ttF«a<~M Bf*.r la répabliqat romaint, Paria, 9 Amyot.Différents artltlea de la Rtvae des Dtu~/<MK/M,<" mai <S<9, <5 Mût, <&norembre 1850, été. Journaux françaiset étramers.

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L'ITAIJE RËVOLUTIONNAIRB. 465

nn papeitalienqui comprennel'esprit de son siècleet accordeau peuple les réformesdont il a besoin. b

Quand on vint proclamer du haut du balcon (17 juin) lenom du cardinal Mastai Ferretti, une immense acclamation

de joie salua le nouvel élu. Le jour oùil

prit possessionde

la vénérable basilique de Saint-Jean de Latran, les Romainsimprovisèrent une fête qui semblait célébrer moins l'avéne-ment d'nn pape, qu'un événement national.

Maslai Ferretti, après avoir voulu entrer dans les gardesnobles en 1815, s'était fait prêtre en 1818. Envoyé en mis-sionen 1823au Chili où il propagea la foi catholique, il futchargé à son retour de la direction de l'hospice apostoliquede Saint-Michel. Son zèle lui valut bientôt l'archevêché de

Spolèteen

1827, l'évêché d'imola en

1832, le

chapeau de

cardinal en 1840. Il touchait, au moment où il fut élu pape, àsa cinquantième année. Ce qui l'avait distinguédans toutesses fonctions,c'était surtout sa charité, sa douceur. On pen-saitque le nouveau pape saurait abaisser ses regards vers laterre, etqu'il accommoderaitses devoirsreligieux aux néces-sitésde son époque.

Pie IX parut de suite répondre aux espérances qu'il avaitfait concevoir. Le 1" juillet, il renvoya ses quatre mille

Suisses,milice détestée des Romains et

qui avait

quelquefoismis de l'excèsdans la répression. Le 15, il ordonna que les portesde toutes les prisons fussent ouvertes, et envoya auxhabitantsde la Romagnela promesseformelle de prochainesaméliorationsadministratives. Le 16, une illumination subitea Romeremercia et encouragea le pontife, et le lendemainnndécret général d'amnistie rappela tous les exilés qui pro-mettraient par écrit de ne point abuser du pardon. Ce n'était!&que des dons de joyeux avénement. L'État romain appelaitdesmesures plussérieuses, des réformes essentielles c mais,commel'écrivait Rossi, le sillon était ouvert.Pie IX, le 8 août, choisit pour secrétaire d'État le cardinalGizzi,le représentant véritable des idées libérales, dans leMcrécollége; et, sur ses conseils, il changea les cardinauxdes légations, diminua les dépenses de la cour, imposa leclergéet nomma une commission de jurisconsultes pour la

)))ST.tHTAUE. 30

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LIVREXVI.466reforme des lois civiles, criminelles et penses des TÊtatsro-mains. Une ère nouveUesemblait commencer pour l'Italie.La parole de vie était tombée du Vatican. Tous les esprits,tous les cœurs se tournèrent vers Pie IX Pie IX semblait laréalisation vivantede la pensée de Gioberti la religionratta-chait au mouvement les masses ordinairement indifférenteson hostiles, et la péninsuto pouvait espérer de renaître enfin.

Sous cette unanimitéapparente imprimée un moment àtous lesesprits, se Cachaientcependantdes désirs et des be-soins de nature diverse. Nul n'osait contester, même parmiles rétrogrades, la nécessité de certaines réformes, d'amélio-rations administratives, judiciaires, matérielles, dont l'ab-sence mettait l'Italie au-dessous de tons les peuples. Lessouverains ne reculaient eux-mêmesdevantces réformesqne par crainte d'être obligésde concéder davantage. Mais l'aris-tocratie, la hante bourgeoisie, ne regardaient ces réformesque comme un acheminementvers desinstitutions politiques,constitutionnelles, qui leur donneraient la part légitimed'in-ilnencequeméritaient leurs lumières et leurs richesses.Enfin,l'instinct national des masses, quoique aveugle, voyait au bout du mouvement et comme dernier résultat, la luttecontre l'étranger, l'Autrichien, là. conquête de l'indépen-dance et si celle-cine pouvait être atteinte que par le sacri-fice des souverains et l'union de l'Italie entière en un seulEtat, on ne reculait pas, quelques têtes ardentes, au moins,devant cette dernière et suprême lutte; loin de la, l'union dela péninsule/ du sommet des Alpes au golfede Tarente, ap- paraissait comme le but supérieur et suprême de tous teseBbrts, l'utopie désirable et réalisable peut-être, le vrai etdéfinitifavenir de l'Italie.

Pour Pie IX, il ne pensait qu'a réaliser progressivementchex lui et à seconder dans la péninsule, ce qui était dans la

mesure dutemps, et à ne pas- se laisser entrainer au delà.« Il nous faut dix ans, disait-il pour faire pénétrer l'espritnational et politique dans les masses. Son exempleentraînanéanmoins les autres souverains. Le roi Charles-Albert, à lafin de l'année 1846,établit dans les écoles de droit, des chai-res publiques d'histoire de la jurisprudence, d'encyclopédie

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. &67

du droit, et de philosophie. Le grand~ducde Toscane formaune commission pour la réorganisation de l'enseignement, etfonda d'abord une école normale théorique et pratique. 'Legouvernement de Parme laissa ses municipaUtés protester

contreles jésnites. Le duc de Lucques supprima tes étaNis-sementsde jeu dans ses Ëtats; on put espérer quelque chosede l'avénementde f~mçois Và Modène.

Ceux qui désiraient pour l'Italie plus que des réformes,s'eBacèrentd'abord devant Pie IX comme pour ne point letroubler. Dans laspéculative universitéde Pise (Pisa cogita- bunda), tout imprégnée des doctrines de Gioberti, le politi-que Montanelli ne voulut point qu'on parlât encore de consti-tution l'impulsion réformatrice 4tant partie de Rome, ildésirait seulement

qu'on adhérât au

programme romain

<Mieux valait, ditril, trois pas avecRome que quatre sanselle. ATurin M. Baibo récusa ce qu'il appelait la politi-que des utopistesetdes révolutionnaires. De Londres, le chef de la JeutMItalie tuMnëme, Mazzini, écrivit au saint-pèrecomme pour abdiquer entre ses mains. En France, l'opposi-tion constitutionnelle,par la voixde M. Thiers, encourageale saint-père, et M. GuMottenta seulement de modérer lemouvement pour l'assurer, on est en droit de le croire.L'ambassadeur

anglais, lord

Minto, se montra

plus ardent,

maison se défiait de ses encouragements et de ses exci-tations.

Cequi manqua à Pie IX, ce fat la promptitudede la réso-lution, et le secours d'hommes pratiques en état de réaliser lesinspirationsde son cœur. On avaitmis à l'écart les instru-ments du despotisme, la justice arbitraire, l'armée suisse;il était nécessairede créer promptementles instruments d'ungouvernementlibéral, de réorganiser les tribunaux, de lever une arméeromaineet d'armer la gardenationale.Les menéesde la factionrétrograde qui commençaient à effrayer la con-sciencede Pie IX, les impatiences des massesdont les pas-sions longtempscontenues fermentaient déjà, en faisaient undevoir impérieux. Le 5 décembre 1846,les Apennins furentéclairés par des feuxnocturnes d'un bout à l'autre del'Italie.Le vieuxcri nationat, < hors les barbares, /«<M'<~aW~n,

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46~ UVREXVt.était souventafnché sur lesmurailles,ou poussédansdesréu-nions politiques.

Pie IX hésita, on se heurta contre d'invinciblesobstacles;il laissa aux imaginations italiennes le temps de s'emporter.Inépuisable dans sa chanté et ami des lumières, il secourut

les populationspauvres de Rome, épuiséespar un long hiver,et ordonna la restauration de l'université de Bologne. Le23 décembre, dans son encyclique,la religion parla un lan-gage dont la gravemansuétude etl'onctueuse douceur allaientdroit au cœur des hommes du siècle mais c'était vainementque chaque jour apportait au pape de nouveauxencourage-ments. Le 19avril 1847seulement,c'est-à-dire aprèsdixmoisde règne, le pape annonça l'intention de choisir les plus no-tables habitants des provinces pour en former une comulte

chargéede concourir aveclui àl'élaboration des lois del'Etat.Le 15 mai, à grand'peine, il régla la liberté de la pressele 31, il promit seulementla formation de la garde civiqueetl'établissement à Rome d'un sénat chargé del'administrationcommunale.Tout un ensembled'intérêts, d'abus, de préjugésqui avaient pour euxla sanction du temps, toute une arméede fonctionnairesde tous degrés, qui combattaient pour leur positionet quePie IX n'avait pasle courage de frapper, dé-fendirent le terrain pied à pied avec une redoutable persé-

vérance.On pouvait apercevoir déj!tau milieu de 1847les dangersde ces hésitations l'ambassadeur français, M. Rossi, tout enménageant l'Autriche, poussait le pape à déterminer nette-ment la portée de sesréformes, à les faire àtemps; à ce prix,il promettait l'appui du gouvernement français. Un illustrethéatin, le vénérable père Ventura, qui saisissaittoutes lesoccasionsde prêter au pape le secoursde sa puissante parole,ne craignait pas de s'écrier Si l'Église ne marche pasavecles

peuples, les

peuples ne s'arrêteront

pas, mais ils mar-

cheront sans l'Église, hors de l'Église, contrel'Église. Lesmanifestations organisées d'ordinaire par un certain Cicer-vacchio,cocheret batelier, qui était devenu une sorte de per-sonnage, prirent un nouveau caractère. Enthousiastes ethruyantes quand le saint-père avait faitquelque chose, elles

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L'ITALIERÉVOLUTIONNAIRE. 469devinrent froides et presque menaçantesquand on le soup-çonnaitde s'arrêter devant tes résistancesdes rétrogrades. Cene fut plus qu'un moyen de peser sur le saint-siége et del'entrainer.Lemotu proprio du 12juillet contenaitencoreplusde promesses

que de réalités, et

exprimaitla volontédu saint-

père de garder intact le dépôt qui lui avait été confié; unemanifestation de ce genre fut organiséele 15. Elle parut sidangereuse que le cardinal Gizzi,le lendemain, interdit leretour de ces dimoatrazioni in pto~o, qui menaçaient la sé-curité publique et la liberté du saint-père.

L'Autriche était menacée dans le Lombard-Vénitien par cemouvement libéral; elle ne perdit pas de temps. Depuis lecommencementde l'année, ses troupes avaient été augmen-tées, ses garnisons renforcées en Italie. Le 22 juin, elleadressa au pape une note assez sévère, pour l'engager à ne point favoriser un mouvement qu'il ne saurait plus ensuitearrêter. Moins d'un mois après, Cicervacchiodécouvrit uneconspirationqui devait éclater le 15 juillet, au moment où lafoulese rassemblerait pour voir le feu d'artifice sur la placedu Peuple. On en accusait un certain colonelFreddi, triste-ment célèbre dans la Romagne, et jusqu'au cardinal Lam- bruschini et au directeur de la police, Grassellini, qui pas-saient pour les chefsdu parti rétrograde. Lagarde nationale,dont l'organisation avait été décrétée, mais non eSectuée,dès le 5, se forma d'elle-même; tous les gens modéréss'armèrent, descendirent dans la rue sous la conduite desRospigliosi, des Borghese et des Aldobrandini. Ils arrê-tèrent une collision qui aurait pu être sanglante, entre lesexaltés et leurs adversaires. Le cardinal Gizzi, qu'on accu-sait d'irrésolution, donna sa démission; Ferretti, cardinal plus résolu, entièrement dévouéau pape etaimé deslibéraux,lui succéda. Mais le lendemain 16, on apprit que, par une

fâcheuse coïncidence, les Autrichiens avaient augmenté dedouze cents hommes leur garnison à Ferrare; et quelques jours après, la nouvelle se répandit que, non contents d'oc-cuper le château, ils avaient brutalement saisi les portes de laville, malgré la garde civique.

Le cardinal Ferretti protesta énergiquement, et fut appuyé

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UVRBXVh470

par le roi de Sardaigne etie grand-duodeToscane.La questiôn n'était plus seulement administrative et pontincale, elleétait politiqueet italienne; le mouvementfut singulièrementaccéléré par cet acte de l'Autriche. Grâceaux discours, auxmenées des exilés, on commença a accuser non la volonté)mais la faiblessede Pie IX; on se persuada que l'acquisitionde constitutionslibérales Beraitle plus sûr moyend'obtenir et de garantir les améliorations et les réformes; on crut en-trevoir déjà que la liberté ne pourrait être assurée qu'enconquérant préalablement l'indépendancei et on s'y prépara.La révolution entra dans sa seconde phase; elle devint con-stitutionnelle et nationale. Aux cris de rivé Pie IX; viventles réformes,furent substitués ceux de vivent les constitu-tions, vivol'indépendance. La questiond'Italie devint la pre~mière descabinets de l'Europe~Le gouvernement françaisefavorableau libéralisme italien,mais fort intéresse à ménager l'Autriche) prit à tâcha decalmer l'eBervoseeuce, et d'éviter une collision. II blâma,dans les expressions surtout, l'énergie de la protestation deFerretti et du pape, mais il obtint le retrait des troùpes au-trichiennes. II promit son appui aux réformesadministrativesde Pie IX, mais il déclara l'octroi de constitutions inconci-liable avec la situation générale de la péninsule. L'ambassa-

deur d'Angleterre, lord Mintb, au contraireyappuya résolu*ment partout les constitutionnels; les révolutionnairesmême,et tons se tourbèrent avec espoit vers le cabinet de Saint-James. Depuisle mouvementdesAutrichienssur Ferrare, onne pouvaitplus parler aux Italiens demodération. PëreVen-tura, dit Pie IX~découragé lui-même en voyantsa protesta-tion M&mée,la Ftance nous abandonne; nous sommes seuls1

Dieu nousreste, répondit celui-ci,marchons. m Dece jour,la péninsule se précipita en avant. Le nouveau cardinal-

ministre Ferretti, était plein de conSahce. Nousmontreronsà l'Europe, disait-il, que nous savons nous sufBre à nous-mêmes. Il organisalagarde nationale, par les soins de sonhonorable commandant le prince Rospigliosi,et prépara uneloi pour la conscription. Lecardinal organisaen même temps!econseilet le sénat municipalde Rome,et s'occupade poser

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L'ITALIE KÉVOLUTtONNAIHE. 471

les bases et de déterminer les attributions de la cotttu~e<f~<<!<qu'il devaitbientôt convoquer.

La Toscane et la Sardaigne avaient marché derrière lesaint-siége; elles le devancèrentmaintenant.

Déjà a l'exempledu pape, Léopold n avait, le 6 mai, au-torise sons de certaines conditions la critique des actes dugouvernement. il acceptgle programme d'un nouveauminis-tère, qui portait l'organisation d'une garde civique, l'aug-mentationde l'armée, rétablissement de conseils provinciauxélectifs,et lacréationd'une représentation nationalecentrale.Depuis plusieurs mois, Charles-Albert semblait arrêté dansla voiedesréformes. L'affaire de Ferrare le réveilla<L'idéede l'indépendance italienne, d'un royaume italien à fonder .peut-être, trouva écho dans son coeur, aussi bien que dansceluidu dernier des Piémontais, ennemis séculaires de l'Au-triche. Le30septembre, par plusieurs ordonnancesdétaillées,l'administration des provinces(ut connée à des conseilsgéné-raux, la police réunie et subordonnée au ministère de l'inté-rieur, les finances séparées de l'administration, la censureadoucie,une banque fondéeà Turin, et l'instruction publiqueenlevéeen partie auxJésuites, que Giobertin'avait pas craintd'appeler les fils dégénérésde ~oyo~a.Charles-Albert ne sedéroba plus auxmanifestationsqui l'accueillirent à Turin, a Nice,à Gènes,aumoisd'octobre. 'Mes peuples, mesfrères,~~r dit-il aux Génois qui lui demandaient l'amnistie, '< cequevousdemandezsera fait,vousserezcontents. Je vousaccor-derai tout cequi pourra vousrendre heureux 1·

Enfiu le 3 novembre, la base de l'union des trois puis-sanceslibérales fut posée. Les ambassadeurs du saint-siége,dela Toscaneet de la Sardaigne, signèrent à Turin les con-ditionséquitables d'une alliance intime, qui avait pour butdodévelopper l'industrie italienne et le bien-être des popu-lations ils invitèrent le roi desDeux-Sicileset le duedeMo-dène, à prendre place dans ce faisceau industriel des puis-sancesitaliennes et à les suivredans la voiedu progrèsgéné-ral. C'étaitévidemmentle pointdedépartd'une union politique bien plus importante; les populations le sentirent avec joie;et un des hommes les plus éclairés et les plus modérés de

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LIVRE XVI.472

l'Italie, détermina parfaitement le sens de tous ces efforts.Dans son Programma per l'opinione ~a~to~a~, M. d'Azeglio posa comme le premier devoir des Italiens de serégénérer,de réformer leurs institutions dans le lambeau de la pénin-sule qui leur était laissé, et de se rendre eux-mêmes

dignesd'un regard de la Providence il ne cacha point que l'indé-

pendance de l'Italie était le but suprême du parti libéral, et

que celui-ci attendait le moment avec calme et résolution.Mais il ne voulait point cueillir le fruit avant sa maturité.

La mort de Marie-Louise, duchesse de Parme (fin no-

vembre), vint raviver justement cette question. D'après lestraités de 1815, le duc de Lucques devait hériter de ce du-

ché, mais à la condition de ne conserver de son patrimoine précédent que Pontremoli, et de laisser Lucques à la Tos-

cane, et Fivizzano à Modène. Le seul souvenir des traités de1815 était fait alors pour irriter la fibre nationale. Les habi-tants de Fivizzano et de Pontremoli déclarèrent qu'ils préfé-raient se rattacher à laToscane; les journaux libéraux épou-sèrent leurs désirs. Mais les Autrichiens entrèrent à Parmeet à Modène, pour réprimer les habitants des deux duchés

qui se soulevaient, et opérer la saisie des villes en litige. Ilfallut laisser s'accomplir encore une des conséquences destraités détestés. Il en resta dans les masses une irritation pro-fonde contre l'Autriche et même contre les souverains del'Italie. Les radicaux commencèrent àrépandre qu'on n'arri-verait a rien avec tous ces atermoiements. Le comité des

émigrés de la Jeune Italie, siégeant à Londres, renoua le fildes conspirations un instant détendu dans les din'érents centresde l'Italie; il prêcha de nouveau les soulèvements comme leseul moyen de précipiter l'octroi des constitutions, et la grandecrise, d'où devaient, croyaient-ils, sortir la liberté et l'indé-

pendance de l'Italie.

t.f« eont)<t<u«on« (octobre ~MW t8 martt tMN)

La révolution commença. L'étincelle partit comme decoutume aux pieds du Vésuve et de l'Etna, dans les États dusouverain qui s'était le plus décidément prononcé contre les

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 473

concessions.Déjà les 1" et 2 septembre, sur un signal donnéde Naples, ReggioetMessineavaient pris les armes. Cemou-vement prématuré ne réussit point. Reggio fat bombardée,Messineréprimée; ving-cinq prisonniers furent fusillés, et

l'universitéde Naples fermée.Mais depuis, Jesmanifestationssesuccédèrentavecun caractère tous les jours plus hostile, àLivoume,à Florence et à Rome même.

Le mouvement atteignit enfin les provinces soumises àl'Autriche.Il s'y prononçad'abord par une oppositionlégaleet de sourdes conspirations. Dans tes deux assembléescen-tralesde Milan et de Venise, demtdéputés, Nazzari et Manin, présentèrentdes pétitions pour l'exécutionloyaledela p<Meî!~cautrichienm de 1815. Les oBiciersautrichiensvirent le videM faire autour d'eux dans les

salons,les-soldats furent hués

dans les mes; on saisit quelques occasionsde montrer lesdrapeauxdela ligue lombarde; en attendant le moment de semesurer avec l'armée de l'Autriche, on attaqua sa régie ent'imposantdes privationsvolontaires.

Tout dépendait encore de celui qui avait réveillé l'Itatie.Pie IX avait passé de l'hésitation à la crainte. La péninsulemarchaitaux constitutions it recula aux réformes. Le jour où il ouvrit (fin novembre 1847) la consulte silongtempsannoncée,il eut soin d'établir que tes décisionsde cette as-sembléene pouvaient être que des avis soumis au ministreet au sacré collége; et il lni donna pour président le cardinalAntonelli.Dèsles premiers jours, malgré les effortsde l'am- bassadeur français, Rossi, il y eut conflit entre l'assembléeet b pouvoir sacerdotal, et les ministres laïques que le papeadmitdans son conseil, dès le 18décembre, n'eurent guère plusd'influence. Le parti libéral et modéré à Rome, ne sesentant plus secondé, accusa l'entêtement sacerdotal; il setint à l'écart et se résigna au besoin à une catastrophedontilne serait pas le plus à plaindre. Les chefsdes radicaux,révolutionnairesardents et résolus, prirent la place désertée par !e pape et les libéraux, et les masses les suivirent avecl'empressementqu'elles avaient d'abord témoignéau chef del'Egliseet auxconstitutionnels.

Au commencement de l'année 1848, la péninsule était

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LIVRE XVI.474

comme un terrain mouvant secoué par une lave intérieurequi cherche à faire éruption. Le gouvernement autrichienaugmentaitses bataillons dans la Lombardie; le roi Charles-Albert appelait dix mille hommes de réserve sous les dra- peaux. Le cabinet français formait un corps expéditionnaireaux environsdo Toulon et de Marseille, pour ne pM laisser tout faireà l'Autriche, et garantir l'influence et les principesfrançais en Italie; des vaisseaux anglaiscroisaienten vue dela Sicile. L'ambassadeur français, M. Bressan) parcouraitl'Italie pour tout calmer; lord Minto, au contraird, pour toniencourager. Le 3 janvier, tes dragons autrichiens sabraientdes groupes formés dans les rues de Milan. Quelquesjoursaprès, à Venise, au milieu d'une collision entre les sol-dats et le peuple, Manin et Tommaseo étaient arrêtés par la policeautrichienne. Le 12, une révolte sérieuse éclata aPalerme.

Les désordres engendrés par la négligence coupable du pouvoir,et les symptômes d'agitation étaient tels, que le roiFerdinand II avait promis pour le 13 janvier l'arrivée d'unnouveaulieutenant général, le duc de Serra Capriola, chargéde faire les réformea nécessaires. Le 12, personne n'avait paru. Les libéraux crurent qu'on s'était joué de leur bonnefoi; excités par des agents anglais qui ravivaientle souvenir

dela constitutionde 1812, ils se mirent à la tête du peuple;et, aux cris de Pie IX, ils livrèrent bataille aux troupes etles resserrèrent dans les forteresseset dans le château royal.Le cabinet napolitain, enchanté de trouver cette occasiondesévir, envoyale général Sauget avec dixvaisseauxde guerreet six mille hommes; mais ces nouvelles troupes furent vi-goureusementrepousséesles 15, 16, et l'insurrection se pro- pagea bientôt dans tonte l'ile. Le 18, elle était de l'autre cotédu détroit; dix mille hommes se rassemblèrent pour mar-

cher sur Naples, criant comme en 1821 Constitution,constitution! ·Le roi, eifrayécette fois, renvoyason ministre de la police

del Carretto, nommann nouveaulieutenant général en Sicileet publia une amnistie; mais cela ne sufEt plus. Le généraiSauget fut forcéd'évacuer Païenne après une lutte opiniâtre;

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L'ITAMH REVOLUTIONNAIRE. 47&

)<26, il n'y eut plus au pouvoir des troupes de Ferdinand,danstoutet'ile, que le châteaude Messine; etle S7,à Naples,tit~t mille hommes descendirent dans les mes, bannièresMoyées, et firent retentit la longne rue de Tolède, du pa-tit fila placedu Marché, descrisde < Vivela constitution1»Leroi céda; le lendemain 28, un nouveauministèrecomposé!<SerraCapriola;longtempsambassadeur àla cour deFrance;!<tonomi,prince de Torella, et BoKelli, écrivain et juriste!tMingné,entra en fonctions;et !e la constitutionfut déf-initivement promise etles bases du gouvernement représen~Mif assurées.

L'effetde ces nouvellesarrivant coup sur coup dans tontest< villes de la péninsule fut prodigieux. Les journaux, lesdnbsdevinrent plus ardents que jamais en Toscane, à Rome<tà Turin. Quand la constitutionnapolitaine parut le 11fé-t)ier,modeléesur la chartefrançaisede 1830,il n'y eut plus{aëremoyen de résister. Le ducde Toscane en octroyannoimblable le 1&.Le pape, liesachant sile gouvernement par-!Nnentaireétait compatibleavecsa double position de pontifeetde prince, recula plus enrayéquejamais entre les bras des~trogrades;mais Charles~Albertse prépara à imiter les sou-ttrainsde Naples et de Toscane.Prince tout militaire, il eûtM plus disposé à tenter de donner l'indépendance à l'Italie

qMdes libertés constitutionnellesa son peuple; cependantiltMàità l'entraînement général.Le Lombard"Vénitien frémissaitmaintenant sous le joug

envoyantdans toute la péninsule les conquêtes de la liberté!1Lemaréchal Radetzki, commandantdes forcesmilitaires au-trichiennesà Milan, en appela aux mesures extrêmes de(«mpression.Soldats, dit-il en annonçant à ses troupes lafermevolonté de l'empereur de défendre le Lombard-Véni-tien,que les insensés ne vous forcent point à déployer le

drapeaude l'aigle à deuxtêtes; contre votre Cdélité et votrettkur, les coupables effortsdu fanatisme et de la rébellionse briseront comme le verre fragilecontre le roc. Quelques

joursaprès le 24 février, s'écroulait en France un trône, hfelistence duquel se rattachait l'équilibre européen, pour faire placeà la république..

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UVREXVÏ.476

Cefut en Italie commeun vent impétueux tombant sur un brasier. Les impatients, les exaltés poussèrent un immensecri de joie. Les modérés accueillirent la nouvelle avec plusd'inquiétude que d'espérance. Vous nous menez ventre àterre, écrivit M. d'Azeglio; nous ferons en sorte de n'être point désarçonnés. Charles-Albert comprit la situation; M promulgua le 4mars sa constitutiondéjà préparée et pritunnouveauministère à la tête duquel se trouvait le comteCésar Balbo. Ennn, Pie IX poussé par les événementset par Rossi,devenu d'ambassadeur français, conseiller du pontife, revintà ses premiers projets et promulgua aussi le 15 mars uneconstitution appropriée à la situation particulière des Étatsromains. Toute la péninsule indépendante était constitu-tionnelle.

Ces constitutions modérées étaient viables, quoique un peu hâtivement élaborées. Le manifeste du gouvernement provisoire de la république française écrit par Lamartine,garantissait ces précieuses conquêtes. Si les États indépen-dants de la péninsule, disait-il, étaient envahis; si l'on im- posaitdes limites ou des obstaclesà leurs transformationsin-térieures si on leur contestait à main armée le droit des'allier entre eux pour consoliderla patrie italienne, la répu- blique française se croirait elle-même en droit d'armer pour protéger ces mouvementslégitimesde croissanceet de natio-nalité des peuples. Mais la liberté des Etats indépendantsainsi garantie, la question du Lombard-Vénitien était réser-vée. Les traités de 1815,disait encore le manifeste, n'exis-tent plus en droit; toutefois les circonscriptionsterritorialesde ces traités sont un fait que la république admet comme base et comme point de départ dans ses rapports aveclesautres nations.

ittttmnretttem t Mlilan (t~-M m*r«).

Cette question n'était autre que celle de l'indépendance

1

italienne, elle se posa d'elle-même le 18mars à Milan. Déjàie 17,la nouvelle de la révolutionde Vienne et la chutedeMetternich, avaientexaltétous les esprits. Le vice-roi effrayé

1

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 477

partit précipitamment pour Vérone. Le lendemain matin, le

gouverneur, comte 0'Donnel, fit afficher que l'empereur con-

voquait l'assemblée centrale du royaume Lombard-Vénitien

pour le 3 du mois de juillet prochain. Cette proclamation ne

parut qu'une dérision ou un leurre; les Milanais se répan-dirent en foule par les rues, sur la place du Dôme et sur celle des Marchands. Le podestat, comte Casati, vint pour calmer l'émotion; on le porta vers le palais du gouverneur qui fut envahi, et le comte O'Donnel au pouvoir des Mila-nais fut obligé de décréter l'armement de la milice. Ce fut le

premier acte d'hostilité.Le soir, Radetzki se retira au château, bâtiment massif,

centre de l'ancienne forteresse, et se contenta d'occuper mili-tairement les bastions, la place du Dôme, le Palais royal, la

Police, l'Hôtel de ville, ainsi que les principales rues quiaboutissent à ces points principaux. Son but était de cerner etde diviser l'émeute. Ce fut une nuit solennelle, la pluie tom- bait par torrents. Le peuple milanais s'arma, éleva silen-cieusement ses barricades, et entassa les projectiles sur lestoits des maisons. Le podestat Casati, partisan secret de

Charles-Albert, était à sa maison de la Taverna, avec quel-ques nobles, quelques écrivains et des jeunes gens pleinsd'ardeur; il hésitait, mais Cernuschi, Cattaneo, Terzaghi,

formés déjà en comité de guerre, organisèrent la résistance.Le 19 au matin Radetzki menaça la ville du bombardementet du sac; on lui répondit en se jetant dans les rues au sondu tocsin et aux cris de vive Pie IX; le combat commença.Le premier jour les Milanais ne cherchèrent qu'à couper lescommunications del'armée; l 'affaire la plus rude eut lieu sur la place de la Cathédrale, d'où un corps de Tyroliens em-

busqué dans les galeries faisait un feu plongeant et meur-trier. Les Milanais n'avaient pas encore beaucoup d'armes et

manquaient de munitions.

Le 20 la lutte se caractérisa. Radetzki eut beaucoup de

peine à garder ses communications; il lui fallait faire enle-ver chaque barricade sous un feu meurtrier parti de toutesles fenêtres. Il fut obligé d'abandonner la Cathédrale; un

parlementaire vint de sa part proposer le soir un armistice

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LIVRE XVI.478

de quinze jours; il n'avait point cequ'il fallait pour un bom- bardement. Casati et tes collaborateurs qu'il s'était adjoints penchaientà accepter; le comité de guerre et tes combattantsrefusèrent.

Le 2t, Radetzki perdit on abandonna tons tes points qu'iloccupait dans l'intérieur; on commença attaquer les bas-tions et les portes, entre autres la porta Tieiness, et la portaToaa pour ouvrir les communicationsavecle dehors. Un en.voyé de Charles-Albert vint offrir les secoursde ponmaitre.Casati voulait qu'on s'engageât immédiatement pour la réa-nion du Lombard-Vénitien; le comitéde guerre qui comptaitquelques républicainsne promit que sa reconnaissance,Ca-sati et les albertistes, Borromeo, Porro, Durini s'érigèreatnéanmoins en gouvernement provisoire, «munencèrent à se

saisir de l'administration, des Snances, et annoncèrent hréunion d'un congrès pour prononcer sur les destinéesdu pays.

Le 22, Radetzkise vit menace à la fois par la ville et bcampagne. Si Charles-Albert se décidait tout à coup à ptsetf le Tessin, l'année autrichienne était perdue. Le soir, Rt-deidd entretint un feu continu et nourri de ses canons etdeses bombes du haut des bastions, et à la lueur d'une colonnede flammequi éclairait tonte la ville, abandonna le château

et battit en retraite, avec les familles des officiers, les em- ployés,les otages,et plusieurs régiments italiens obligéssons peine de mort de suivrele reste. Milan était libre maisl'ar-mée autrichienne sauvée.

Le même jour, 22, le gouverneur militaire Zichy aban-donnait Venise. Depuis le 17, il y avait chaque jour collisionavec les troupes; le matin du 22 l'arsenal avait été pris.Zichy, n'ayant pas assezde monde pour résister, abandonnala place par convention.Tandis qu'on installait un gouverne-

ment provisoire favorable à Charles-Albert, Manin pousMsur la place Saint-Marc le cri de Vive la répuMique véni-tiennet

« C'est maintenant ou jamais, écrivitSalvagnoli,le ré-dacteur de la Patrie à Florence, en apprenant la victoiredeMilan. Rien n'était alors plus naturel que ce cri. L'Eurent

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 479

étaitébranlée jusque dans ses fondements; l'Autriche et laPrusse, battues par tes émeutes de Vienne et de Berlin,étaientmenacéesde la même chute que la royauté française.Lesnationalités paraissaient a refaire aussi bien que les gou-iernements. On

pensait pouvoir compter sur le concourset

!a protectionde Pie IX~que les imaginationsenthousiastessereprésentaientcomme un AlexandreIII. Toutes les popula-dons dans tes villes s'armeront, à Florence, à Modène et àParme endépit des ducsbientôt obligésde partir, à Naplesetth Sicile même, pour voler au secoursdes Lombards; sanstesattendre, les villesde Brescia, Bergame, Padoue,se sou-levèrent contre les Autrichiens assaillis de tons cotés. Latroixdu saint-père était l'égidede cette sainte guerre de l'in-dépendance il ne s'agissait plus que de trouver une épée pour conduire à la victoire tous ces dévouements. Le 23 au«tir, jour où il reçut la nouvelle de la délivrance de Milan,Charles-Albertse décida à jeter la sienne dans la balance,et'le lendemain matin ses premiers bataillons passèrent leTessin.

ttfefre < tn«)te~<*N<etttMU~MAjtttt! )~tt«*)t tMtp~UWM<m<t tt*< )ht<*tHe<<<;<'mf<<tw*(M mare SMât).

Deux jours plus tôt, la guerre eût peut-être été terminéed'uncoup. Surpris par une armée régulière, il eût été difn-tile aRadetzkid'opérer sa retraite a traversun pays soulevé.Dansun moment où l'audace était encore demise, ThéodoreLecchi,nommégénéral des troupes lombardes à Milan par le gouvernement provisoire, proposa au roi de descendre leP&,sur des pyroscaphes avecune colonne de l'armée sardeMur s'emparer de Mantoue ou au moins couper la retraite aRadetzki,et d'envoyer quelques régiments dans le Tyrol ita-lien,tandis que le grosde l'armée descendraitle Pô en lignedirecte. Le roi Charles-Albert, militaire savant, ne voulut point s'écarter des règles de la stratégie classique; et Ra-detzki,suivi seulement par quelques bandes mobiles, ralliales garnisons de Brescia et de Bergame, passa l'Oglio, laChiese,et prit position le 30 dans le redoutable quadrilatère

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UVRE XVI.480formé par les forteresses de Peschiera, de Vérone, de Man-toue et de Legnano, qui est la clef stratégique de la hauteItalie. Il ne pouvait plus être question d'un coupde main. Hfallait maintenant nue guerre en règle.

Ce n'était pas trop que l'Italie tout entière, princes et

peuples, se levât commeun seul homme.Maisles souverainsn'étaient point complétementd'accordavec leurs peuples, etmoins encore entre eux. Charles-Albert n'était pas sur dnLombard-Vénitien qui hésitait aussi à se donner à lui. I)avait vu avecdép!aisir la république proclaméeà Venise par Manin, bien que, d'après la déclarationmême du gouverne-ment provisoire, il n'y eût rien là de dénnitif. LesLombardsdans leur enthousiasme avaient déjà nxé aux hauts sommetsdu Brenner la limite del'Italie; Charles-Albert, pins prudent.

était encore fidèle à la devise de sa famille descendre lecours des siècles et celui du Pô. Satisfait de la ligne doMincio,dn lacdeGarde, et des collinesdn Stelvio,il ne vou.lait point mettre contre lui la confédération germanique enenvahissantle Tyrol. Sa diplomatien'allait point à l'enthou-siasmelombard.

Les autres souverains partageaient bien moinsencorel'en-tratnement de leurs peuples. Rossidisaiten vain c Lemou-vement national et guerrier qui emporte l'Italie est une

épée ou Pie IX prendra résolument cette épée en

main, ou

la révolution la tournera contre lui. Pie IX hésitait. De-vait-il pousser à l'ébranlement général, lui qu'on regardaitcomme la clef de voûte de l'ordre! comme père des fidèles pouvait-ilpatroner laguerre mêmedel'indépendance?commesouverain,était-il enfin de son intérêt de favoriser la forma-tion d'un royaume du nord, contre lequel d'anciens papesavaient lutté? Il laissa mais sans se déclarer, les volontairesseréunir, s'armer sonsle commandementde Durandoqu'avait

désignéCharles-Albert. Le

grand-duc de Toscane, prince

autrichien, voyait aveccrainte le roi de Sardaigne agir dêj!tsous main à Parme et à Modène pour remplacer les souve-rains de ces pays. Ce fut avec peine qu'il détacha quelquesrégiments de sa petite armée vers le Pô sous le commande-ment d'abord deFerrari et ensuite de Laugier.

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 481

Le roi de Naples était le plus mal disposé pour la gnerred'indépendance l'arrivée à Naples, le 29 mars, du vétérandu libéralisme italien, Pepe, avait excité une effervescencequi le dominait; mais au fond, il était très-bostite. C'étaitavecregret que le 3avril, il accordait à la future assemblée

ledroit de modifier la constitution,et donnait le suBrageuni-versel.Avec plus de peine encore il voyait la Sicile, pleinedessouvenirs de 1812, réunir (15 mars) un parlement na-tional qui allait bientôt prononcer sa déchéance. A Naples,même, les libéraux ne,parlaient-ils pas de le déposer enfaveur de son fils? Tout en autorisant bientôt la formationd'une armée d'expédition sous le commandement de Pepe,Ferdinandguettait la première occasionde trahir son peupleetl'indépendancede la péninsule.

L'Italie ne pouvait pas beaucoup plus compter sur l'appuiénergique et désintéressé des deux seules puissances quifussentsatisfaitesde sa levéede boucliers. L'Angleterre pour-suivaitavant tout ses desseins sur la Sicile, qu'elle auraitYûutudonner au prince de Gênes à de bonnes conditions.LaFrance républicaine réunit un corps d'observation vers lesAlpes. Mais quelques émigrés ou républicains eeu!s dési-raient, et même peu vivement, dans leurs affaires, l'interven-tionfrançaise; Charles-Albert la repoussa nettement; roi, ilne voulait

point de

l'appui d'une

république. L'enthousiasme

générald'ailleurs, et un instinct trop développé par l'expé-rience,n'admettaient point dans une guerre contre l'étranger les secours de l'étranger. Le patriotisme avait ses illusions pardonnables, mais dangereuses. On répéta après Charles-Albert, 7~ta /arà f/a l'Italie fera par eUe-meme.ii

Les opérations de la guerre commencèrentréellement le6avril. Charles-Albert a la tête de cinquante mille hommesdonnal'ordre de marcher sur le Mincio; Durando déclarases

drapeaux bénis

par le nouvel AlexandreIII, et concentra son

erméo à Bologne. Radetzki avait rallié toutes ses troupes aunombre de cinquante mille hommes, près de Vérone, etenvoyéun renfort à Trente pour maintenir ses communica-tions par le Tyrol avec l'Autriche; il était dans une posi-tion admirable pour la résistance, mais non sansquelque

HtST.D'tTAUtt 3t

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LH~ ~VÏ.482danger. Zttcchi,générât en chef nommé par les Vénitiens,menaçait de couper sa retraite sur la Piave, en occupantVicenceet Padoue; Durando commençaitsa marche vers lePô; lés volontaires lombards traversaient 16 lac de Gatde pour se jeter dans le Tyrol, couper RidetïM de Trente, etdonner la main &tttinsurges de la Vénétie. Le 8, Charles.Albert dirigea ses deux ailes sur Goito et Monzambano aux bords du Mincio. L'engagement fut de peu de durée, te:Piémontais s'emparèrent du pont de Go~to.On s'attendait $une bataille générale; mais, le 10, Radetzki jeta les troupesnécessaires dans Peschiera et dans Mantoue, se replia sur l'Adige et abandonna à son ennemi la ligne du Mincio. Ce premier succès remplissait déjà les Italiens d'espérance,lorsqu'on apprit que, le 10même.Pie IX, cédant à la faction

grégorienne, avaitdésavoué Durando.Il fallait se hâter; Radetzki ne cherchait qu'à laisser aucorpsde réserve autrichienqui se formait alors sur l'Isonzole temps dele rejoindre sous Vérone. En faisant soutenir lesvolontaires du Tyrol par des régiments piémontais, et en précipitant sa marche sur l'Adige, malgré les garnisons dePeschiera et de Mantoue, le roi faisait courir autant derisque à Radetzki qu'il en courait lui-même. Charles-Albertcrut devoir ménager la seule année de l'Italie. Il prit le

temps de construire un pont solideà Gotto, établit lentementson armée sur la rive gauche du Mincio, de Mantoue àPesthiera, et commençaa investir cette place que dominentquelques hauteurs voisiùes. Radetzkieut lé tempsde fairerè- jeter par les Autrichiens de Trente dans le lotinàl et le lacde Garde, les 19 et 20, les volontaires pleins d'ardeur maisfort mal disciplinés.

Le 27 seulement, fortement établi sur la rive gauche duTessin quoique trop étendu doMantoue à Peschiera, Chartes-

Albert reprit l'onpnsive. H faisait prier le pape dé revenir sur son désaveu; les Toscans et les Modenais eoBn arrivésavaient pris positionvers Mantone; Durando se dirigeait sur Padoue pour allersoutenir Zucchicontre l'Autrichien Nugent,qui amenait l'armée de réserve. Charles-Albert le matindu 29 fit sortir ses bataillons des positions de Villa Franca,

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 483

et de Summa Campagna, et marcha sur la hauteur de Pas-trengo qui protégeait Vérone.Après un combatd'avant-gardëde six heures, les Autrichiensabandonnèrent la position, etcommencèrentà découvrirVérone. Radetzki ne voulait pointencorede bataille.

Mais, le même jonr 89,Pie IX rompit ouvertement par tinëèncycliqueavec le rôle qu'on avait espéré lui voir jouer; ildésapprouvahautement, comme pèrede tous leschrétiens, laguerre entreprise contre les Autrichiens. Il se rappela qu'ilétait pontife, et oublia entièrement qu'il était souverain.

Cette encyclique, écrivitM. d'Azeglio,est tombée au mi-lieu de nous comme une bombe; l'armée en a été presquedissoute. Plus triste fut encore la prise d'Udine par l'Au-trichien Nugent sur Zucchi et sa marche sur la Piave à latêtedes trente millehommesde réserve.

Le I" mai, l'émeute grondant pour la première fois sousle balcon du Quirinal, arracha encore quelques instantsPie IX aux influences qui lui avaient dicté .l'allocution du89 avril. Il appela décidément un laïque au départementdesaBairesétrangères; ii choisitMamiani, écrivain distingué et proscrit depuis 1831, convoqua des corps représentatifs pour le 5 juin, et s'occupa d'organiser une ligue des prin-ces italiens. Le roi de Naples en même temps, convo-qùait l'assemblée des députés de son royaume pour le 15,et laissait Pepe partir à la tête de 15000 hommes pour le Nord.

Le momentdécisif approchait. Parme et Modène s'étaientdéfinitivementdonnéesà Charles-Albert; à Mi!an le gouver-nement provisoireappelait la Lombardie à voter à la fin dumoissur ses destinées. Charles-Albert sentait le besoin de~déciderle vote par quelques succèsavant l'arrivée du corpsderéserve autrichien. Le 6 mai le roi fit attaquer Sauta Lucia; pt.'e et reprise plusieurs fois, elle resta après deux jours decombat pouvoir des Autrichiens; Nugent, avecla réserve, plus heureux encore quelques jours après, passa la Piave,le8, djspefsa sous Trévise le corps do Ferrari le 9 et rejetaDurando avec les débris de son armée vers Vicence, seulemaintenantentre lui et Hadetzki on n'avait plus espoir pour

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LIVRE XVI.48<t

empêcher la jonction qu'en Pepe déjà arrivé un pen plustard,tet3,aAncône.

Les événementsde Naples(15)agiremtalorscommeavaitfaitl'allocutionde Pie IX. Ce jour-là, devaitavoir lieu l'ouverturedes chambres; dans la formule du serment, le roi n'avait point fait mention du droit conféré aux députes par le décretd'avril d'étendre la constitution.Le lendemain, au momentoù les députésse rendaient à la séance, quelques barricadess'élèvent; elles s'étendent bientôt dans toute la large rue deTolède. Les troupes napolitaines et suisses viennent prendre placedevant le palais et au Largo Castello; au milieu de cesmouvementsun coup de feu part et le combat commenceversmidi. Le parlement reçoitordre de se dissoudre, et obéit de-vant la forcearmée après avoir protesté. La résistanceoppo-sée par la garde civique fut très-vive sur la place du Palais

même dont les hôtels furent pris d'assaut; mais les Suisses,en débouchant par des rues obliques, coupèrent bientôt endeux la longue,rue de Tolède, et emportèrent ensuite aisé-ment toutes les barricades. La victoire de Ferdinand futmoins lâcheuse encore pour le royaume de Naples, quel'ordre envoyéà Pepe de faire rétrograder son armée ne fntdésastreux pour l'Italie.

Pepe venait de convenir avec Charles-Albert (le 18) de passer le Pô et de se porter entre Uadetzkiet de Thurn, suc-

cesseur de Nugent, déjà arrivé à Vicence. Le 20, il reçut lamissivede Ferdinand. Poussé par l'enthousiasme des Bolo-mais,il se décidaà désobéir; mais il se convainquit bientôtqu'il ne pouvait entrainer son armée. Le 22, l'avant-gardedela réserve autrichienne commença la jonction tant désirée,tandisque les régimentsnapolitains, déjà arrivés à Ferrare,donnèrentl'exemple de l'abandon de la cause italienne.

Assuré désormaissur sesderrières, Radetzkireprit l'offen-sive. Le 27, à la tête de quarante mille hommes divisésen

trois colonnes,artillerie en

tète, il

quitta Véroneet

sedirigetsur Mantoue pour déboucher sur la rive droite du Mincio,enlever Goito, ou tout au moins attirer Charles-Albert de cecôté et permettre à la garnison de Vérone de ravitailler Peschiera. Charles-Albert, inquiet, fit repasser aussi, le 28,

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L'ITALIE REVOLUTIONNAIRE 485

une partie de ses tronpes sur la rive droite, par le pont deGoïto.Mais le 8 juin, Radetzki quitta de nouveau Mantoue,repassa l'Adige (le 5) et se jeta sur Vicencequi venait de sedéclarer pour lePiémont. Charles-Albert s'empara du plateaude Rivoli, le 10,mais ne putempêcher Vicencede succomber.

On célébra en Italie la prise du plateaudeRivolideglorieusemémoire; on oublia que, maitrede Vicence,Radetzkis'em- barrassait peu maintenant d'être coupédu Tyrol.

La position était, en effet, bien changée au désavantagedes Italiens. Charles-Albert était maintenant presque seul.Le comte Mamiani, à Rome, ne pouvait, bien que ministre,faire prévaloir sesdesseins. Le roi de Naples rappela mêmequelques régiments napolitains d'abord piétés à Charles-Albert. Le roi de Sardaigne fit venir alora ses réserves res-

tées jusque-là et bien à tort dans le Piémoht, il pressa laformationde l'armée lombardeet l'équipement desvolontairesqu'il n'avait pas fort activé. II parvint ainsi, dans le courantdumois de juin, à rassembler quatre-vingt mille hommessur le Mincio. Mais Radetzki, grâce à l'arrivée d'un nou-veau renfort en avait autant; et toutes ses troupes étaient bien équipées et disciplinées, tandis que les derniers batail-!ons lombards étaient assezmal instruits et armés, et déjàmoinsardents qu'au commencement de la guerre.

Les encouragements

de l'Italie vinrent encore,

au com-mencement de juillet, briller comme une derniëre espé-rance sur l'armée piémontaise. Le 6 juillet, pendant quePepe arrivé à Venise organisait la défense de la lagune,t'assembléevénitienne déclara se fondre dans le Lombard-Vénitien quelquesjours après, le parlement sicilien, élutdécidémentroinn prince piémontais, le ducde Gênes.Charles-Albert, ayant sonquartier général à Roverbella,espérait for-cer Mantoue comme Peschiera il achevaitl'investissementde la place vers le 20, quand Radetzki, concentré depuisquelque temps à Vérone, saisit pour reprendre l'offensivelemomentoù il vit la ligne deson adversairetrop étendue deshauteurs de Rivoliauxenvironsde Mantoue, mais très-faiblesur le premier point.

Le 22, le maréchal mit pendant la nuit ses masses en

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JJVR8XVI.496mjouvement, pou reprendre le cours <!qMincio. H fallait percer 1%ligne de l'ennemi et s'emparer des hauteurs quicommandent l'Adige et le Mincio, et qu'occupaientles Pié-mpntats, Le ~3, le matin, !<tgauche de Radetzki s'étenditlégèrement jusque versRpverbeDa, pour surveiller !e quar-tier général de Charles-Albert; la droite, en colonnesnom- breuses et fortement appuyée du centre, se dirigea sur lescollinesdeSonaetdeSommaCampagna.Legénéral piémontaisde Sonnaz, qui conu~andait cette aile affaiblie, n'avait quedouzemille hommes pour résister à près dequarante mille ilfut obligé de céder. Charles-Albert, de Villa Franca, vit lui-mêmel'impossibititéderemédier immédiatementau videqu'ilavaitlaissé; il abandonnale'village deCustona, tandisque deSonnaz,menacé d'être coupé, évacua Rivoli et il repassa avet

sa divisionsur la rive droite, par Mozambano, dontil fit dé-truire le pont.Le lendemain dès le matin (24), le maréchal, continuant

son mouvement, donna l'ordre de passer le Mincio sur deux points, pour s'établir à chevalsur la rivière et attaquer sonadversaire avecl'avan!ag'?decette position. Le roi, qui avaitconcentré ses troupes, sortit enfin de l'inaction et se dirigeasur les hauteurs abandonnées la veille, avant que Radetzkieût achevé sa conversion. Le général Bava au centre, les

princes de Savoie et de Gènes aux deux ailes, reprirent vi-goureusement Custozzaet SommaCampagna, après quatreheures d'engagement. L'échec de la veille était presque ré- paré le lendemain, dès le matin, six heures, les Italiens re-commencèrent le combatet montèrent à l'assautdeSona pour rejeter l'ennemi dans le val du Mincio, versde Sonnazquiavait occupé sur la rive droite les hauteurs de Volta paral-lèles à celles de Custozza. Radet~ki était perdu si le mou-vement réussissait; mais le maréchal avait, pendant la nuit,

repassé avecune

partie de ses

troupes sur la rive

gauche, et

donné à Vérone l'ordre d'envoyer une nouvelle brigade sur le flanc des Piémontais.

C'était un jour d'étouffantechaleur. Le général de Sonnâtn'agit point à Volta; Bava ne fut pas long à s'apercevoir qu'au lieu d'attaquer l'ennemi, il allait être obligé de se dé-

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L'ITALIE REVOLUTIONNAIRE. 487

fendre il reprit ses position~de la veille après avoir déj~fa-tigné ses troupes. Les Autrichtens, en gravissantla monta-gnesi disputa dp Somma Campagpa, perdirent quelqueshommes par lachaleur; Radetxkise moptr~ an milieu de sesrégiments et parla de donner l'exempleà la tête de sesgrena-diers, Le Piémontais Pava et les deux prinpes, attaqués entête et en flanc, résistèrent jusqu'au soir; ;mais ils furentennn obligés d'abandonner la positionavecson gros villagede Custozza, et de se replier avecd'assez grandes pertes àVillaFranca c'était une défaite.

Le soir à minait, pendant que les Autrichiens reposaientsur le champ de bataille, Charles-Albertcommença sa re-traite, sur la rive droite, par Goïto, et dépécha un courrier en France pour demander des secours et la possession du

Lombard-Vénitien. Le lendemain, il livra encoreun combatasse!ma!heHromà Vo!ta pour gagner le temps de s'établir sur un autre afOuentdu Pô. Radetzkine lui laissani le tempsde s'établir ni celui de recevoir des secours. Charles-Albertne put s'arrêter ni sur l'Oglio pi 4 Crémone, ni sur l'Adda pendant quatre jours de retraite et de poursuites précipitées.Tandisque l'ennemi prenait déjà position}t Lodi,à Mooza,!tPayie même, il rentra à Milan le 3 août, avec une arméemoitié découragéeet débandée, et y trouva un comité de

guerre, composé de républicains, rétabli et presque me-aacant.Lombards et Piémontais, au moment suprême, ne surent

pass'entendre. Le comitéde guerre envoyait des émissairessoulever Prescia, Bergame et la Vénétie, et faisait barricader les portes de Milan et les faubourgs. Charles-Albert ayantson parc d'artillerie au de~ du P&, et une partie seulementde ses troupes aveclui, ne pensa pas que la vi!leeût assexde provisionsde boucheet de guerre. Le gouvernementfrançais

n'acceptait point qu'on mit des conditions son interven-tion.Les Piémontais et les Milanais s'accusaient mutuelle-ment ils faillirent en venir aux mains. Dans cette tristesituation,Charles-Albertsignaune capitulation, le 6 au soir,et partit, dans la nuit, de Milan; les troupes piémontaisesévacuèrentla ville le lendemain (7), suiviesd'une foulecon-

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LIVREXV!.488sidérable decitoyensqui fuyaient les vengeances de l'Autri-che et Radetzkiy entra à la tête de sestroupes victorieuses.Le même jour l'ambassadeur piémontais demanda sans con-dition l'intervention française: mais il était trop tard. Char-les-Albert dutsigner un armistice auxtermesduquel il cédait

les forteresses da Peschiera, de Roccad'Anfo, avecle maté-riel de défense, et promettait de retirer de la Vénétie sesforces de terre et de mer. La bannière impériale, put dire(le 10)Radetzki, flottede nouveau sur les mars de Milan, iln'y a plus un ennemi sur le sol lombard.

Les~putUqmea à Vemttte,t ttome, t M~remte<«M<ttttt'mt<c m<MMH;ftttte <n pape (ttept.<S<Sférrter te«).

La bataille de Custozzane frappait pas seulement la causede l'indépendance, mais celle de la révolution. RadetzkijetaWelden sur Bologne pour forcer le ministre romain Ma-miani à retirer ses troupes de la guerre. Les autorités nevoulant pas exposer la ville aux horreurs de la guerre, lais-saient dé~ entrer les bataillonsautrichiens, quand le peuplese jeta au-devantd'eux le 9 août, et les repoussa avec perte,an delà du Pô. Le pape protesta contre la violation de sonterritoire, maisil refusade ratifier les propositionsénergiques

faites par son ministre aux

députés romains; et Mamiani fit

place à un ministère provisoire qui commença par proroger le parlementdisposé à la guerre.

Le roi de Naples, Ferdinand II tira encore plus résolu-ment parti de la défaite dn Piémont contre la Sicile. Le 3septembre, il fit partir huit bateaux à vapeur et six millehommes, avecordre de prendre d'assaut Messine. Le gou-vernement révolutionnaire n'était pas encore parvenu àmettre une armée raisonnable sur pied; la garde nationaleseule était

organisée, et on s'était

résigné à

accepter le ser-

vicedes forçatsque le gouvernement napolitain avait lâchés pour compromettrela révolution sicilienne.

La malheureuseMessine n'avait guère d'autres défenseursque ses habitants qui s'étaient armés et enrégimentés. Les)euxde la citadelle, située snr une langue de terre qui com-

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 489

mandele port, permirent auxtroupes napolitaines de s'éta- blir et de commencer les opérations dès !e 4. Pendant lalutte, tes Suissea et tes Napolitains de Ferdinand, au nom- bre de quinze mille hommes, furent soutenus et ravitaillés par le camp établi de l'autre côté du détroit: Messine ne re-

çut par terre que des renfortsinsigninants et tardifs. Cecom- bat inégaldura cependanthuit jours. La citadelle, la flotteettes batteries inondèrent la villed'une pluie de bombes et deftiséesqni fit tes plus grands ravageset alluma plusieurs in-cendies. Les forts restés encore au pouvoir des Messinois,furent bientôt éteints. Après avoir perdu tes fortificationsettes barricades, élevéeshors de la ville, tes Messinoisse bat-tirent encore dans tes faubourgs, au milieu des décombresdesmaisons, et le sac commença. Les amiraux anglais et

français, Parker et Baudin, intervinrent pour faire cesser la boucherie et sauver le reste de la vitte, te 3 septembre ausoir. Le parlement sicilien suspendit même la guerre etétablit pour quelque temps une zone neutre entre l'arméenapolitaineet celle de Sicile, venue trop tard au secours deMessine.

La liberté italienne(17)ne se défendait plus qu'à Venise.Le jour où tes commissairesde Charles-Albert devaientre-cevoir l'investiture de la province de Venise (9 août), on

avaitappris la nouvelle de l'armistice. La répubtique y futde nouveau proclamée, le pouvoir confiéà un triumvirat avecManin pour président, et la défense militaire à Pepe. Ce vé-téran du libéralisme dontle patriotisme classique ne s'est ja-maisdémenti, tira fort habilement parti du peuple vénitienetdesvolontairesqui lui restaient.

La Lagune ou t'Estnario est une sorte de lac oblong,formé par tes cours d'eauqui se jettent au fond de l'Adria-tiqueet séparé seulement de cette mer, par des itoslongues

etétroites, coupéesde canaux où les gros vaisseauxne

peu-rent pénétrer. Elle couvreun arc de cercle de près de qua-rante lieues et renferme deux cent mille habitants.. Vers lesommetde l'arc s'élève Venise, et ça et là de gros bourgstelsque Chioggiaet Mestre autrefois bien plus considérables;ducôtéde la terre et de la mer quarante forts avantageuse-

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tJVRS XVI.490ment situés, et dont les principaux sont ceux de Lidp, deMaighera, de BrondoloetTreporti, protégeât cette situa-tion admirable pour la défense. Pepe depuis ppnarrivéeavaitaugmenté les fortiEcationsdes points principaux, organiséen légions et disciplinéautant qu'il était en lui les milices

dont il pouvaitdisposer.Cette résistance, favorisée par la nature des lieux, suffit pour entretenir les espérances et ranimer les passions ita-liennea. La France et l'Angleterre avaient offertleur média-tiop dans cetteguerre del'indépendance, et legouvernementfrançais répétait encore par la bouchedu général Cavaignacque les traités de 1815 ne pouvaient servir de bases à la paix. A Turin, Charles-Albert retirait lentement ses vais-seaux de l'Adriatique; il n'avait pas encore reponcé à tout

espoir. Mais l'effervescences'était accumulée principalementdans les Etats romains et dans la Toscane, où s'étaient ré-mgiés tous ceux qui avaient dû quitter le champ de bataillede la Lombardie.

L~, les passions radicales affranchiesdu frein des partismodérés, ne savaient plus ce que c'était que la prudence.On ne se proposait plus que Venise pour exemple; on ne pouvait rien faire, disait-on, avecles princes. Le roi de Na- ples était un parjure qui ne voulait ni indépendance, niliberté. Pour le roi

Charles-Albert, il était au moins un

tiède ou un malhabile le pape Pie IX n'avait plus qu'uneconsciencetimorée. Il fallaitfaire une guerre de peuple, con-stituer l'Italie en unerépublique unitaire on fédérative,et selever commeun seul homme contre l'Autriche. C'est ce querépétaient les clubs sur tous les tons, à Rome, à Bologne,1à Florence, à Livourne, à Gênesmême.

Pie IX, le grand-duode Toscane, Charles-Albertavaientgrand'peine à résister à ces emportements de l'opinionaigrie

par les revers, exaltée par des rêves. Le 5 septembrel'insur-

rection de Livourne suscitée par Guerrazzi donna un élannouveau, au mouvement révotntionnaire. Le grand-ducchargea le professeur Montanellide former un ministère.Le pape se décidaenfinà sortir par un moyen quelconquedesestergiversationsqui perdaient tout: it appela (le 15)au miuis-

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h'iTAUE RËVOLUTK)NKA!RE. 491

tère le seul homme peut-être qu'il eût parmi ses conseillers,Jl'ancienambassadeur français, Rossi.

Celui-cientreprenait une rude tâchedans un moment biendifficile;il venaitessayer de faire triompher la raison au mi-liendu règne des passions. Réorganiser civilementles .États

romains, pratiquer loyalement la constitution, rétablir lesfinances, la police, telleétait sa politique intérieure. Aude-horsil ne reniait pas la cause de l'indépendance; mais il ne pensait pas le momentvenu d'y travailler encore. En toutcas,ilne croyait pas que les passions radicales, et les peuplesy pussent suffire sans les souverains; il préparait seulementl'avenir, en ménageantune ligne desEtats italiens, en réor-ganisant l'armée, en s'efforçantde rallier les peuples et les princes. Eneffet, il encourageaitl'abbé Rosmini a rédiger

pour l'Italie un projet de constitutionfédérale qui devait in-vestir une diète résidant h Rome, du pouvoir de régler lesintérêts nationauxet générauxde la péninsule. Le 8 octobreMontanelli faisait également entrer dans son programme, laformation d'une constituante italienne; et Gioberti en Pié-montconvoquaitun congrèsà Turin, pour faire prévaloir lesmêmesidéesd'union sinonde fusioncomplète.

Le gouvernementde Rossi n'était donc point en oppositionavecles tendances de la péninsule. Mais son tempérament

d'hommed'État n'allait pointaux passions aventureuses, quis'agitaient. La papauté, il prétendait la maintenir dans toutesonindépendanceet sa dignitécomme la dernière grandeur vivantede l'Italie il la réconciliaitseulement avecles né-cessitéset les conditionsdu temps présent. Pour l'Italie, ilne voulait point entendre parler d'unité, mais seulementd'union ce n'était point une constituanteélectivequ'il char-geaitde fixer sesdestinées, mais un congrès de plénipoten-tiaires tous'principesde prudence, que les passionsn'étaient

point disposéesà écouter. Le plus malheureux

surtout, fut

que Rossi était particulièrement antipathique à toutes lesclasses,à tous les partis dans la péninsule. Les rétrogradescriaientau proscritde 1815,les radicaux à l'ami de Metter-nich les libérauxn'osaient s'enrôler sous un chef aussi im- populaire.

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LIVRE XVI.492

Rossi poursuivitsa marche avec courage, n'opposant auxinjures que le dédain. C'étaitle 15 novembre, l'ouverture du parlement qu'il avait convoqué;il devait donner connaissancede son programme. Commeil venait de descendrede voitureet traversait d'un pas ferme et la tête haute, la foule fort

animée et hostile sur son passage, un misérable s'avance,lui porte à la gorge un coup de couteau et disparait. Rossi faitencore un pas et tombe. L'assemblée était en séance, occu-

pée à se constituer. La nouvelles'y répand en un clin d'ceil; profond silenced'anxiété et d'effroi; puis, la discussionen-tamée reprend sans qu'un mot ou un geste témoigne dessentiments de l'assemblée.

Ce forfait isolé, tout porte à le croire, fut le couple plusfuneste pour l'avenir de la péninsule; il mit entre l'Italie et

la consciencede Pie IX une tache de sang; il précipita unerévolution à qui on pouvaitreprocher d'avoir débuté par uncrime. Les radicaux, les libéraux même se croyant débar-rassésd'un obstacle, voulurent faire un pas de plus. Le len-demain, les soldatset le peupledivisésen bandesse portèrenten masses compactessur le Qnirinal, demandant le rappel deMamiani, l'entrée au conseilde Sterbini, Galletti et la c<MM-tituanteitalienne; l'idée de l'unitéemportaitmaintenanttontesles imaginations.Le pape,encoretout frémissantd'indignationde la mort de son

ministre, ne vent rien

entendre. La foule

s'émeut et devientmenaçante; une fusilladela disperse; maisIe*lendemain,17, elle revientarmée; deux canons sont bra-qués sur la porte du Quirinalet le pape cède; Mamiani,Gal-letti, Sterbini entrent au conseil; et le programme du 18,

présenté au parlement romain, contient la promessetant dé-sirée d'une constituanteitalienne chargée de rédiger un trait)*'d'union fédérate. Mais, le 25 au soir, tandis que le comteSpaur, ambassadeurdeBavière,se présentait au Quirinal pour

parler à Sa Sainteté, la comtesse

Spaur, sa femme,

prit dans

sa voiture, par uneporte dérobée, le pontife habillé en simple prêtre, traversa la ville aveclui, et le mit sur la route deGaëte. Pie IX demandait un asile pour la papauté fugitiveàFerdinand II. Il abandonnait le parti modéré et livrait la place la révolution. De Gaëte, il écrivit qu'il ne renonçait

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 493

pointà ses droits et nomma par deux fois une commissionexécutive les personnagesdésignés refusèrent de se charger dugouvernement. Le parlementromain, pénétré de la gravitédetasituation, et 'pour essayer tous les moyensde concilia-tion avecle souverainen rentrant dans la vérité du régimeconstitutionnel, envoyaune députation des chambres et dela communeà Gaéte. Elle était chargée de supplier le saint- pèreou de rentrer dans ses États ou de nommer une régencequi choisirait un ministère; les députés ne furent pas admissur le territoire napolitain. Il n'yavait plusde gouvernementle pouvoir était aux plus hardis.

La nouvellede l'injure faite à la députation romaine dé-sarma complétement Mamiani. Le 8 décembre, une mani-festationeut lieu pour demander la déchéance du pape et la

formationd'un gouvernement provisoire. Les représentantsnommèrentle prince Corsini, sénateur de Rome, Zncchini,sénateur de Bologne, et Camerata, gonfalonier d'Ancône; puis ils investirent du pouvoir exécutif une junte provisoirequi devait exercer son mandat dans les termes des statuts »et cesser ses pouvoirsdèsle retour de Pape IX. C'était encoreun moyen de sauvegarder les droits du pape.Mais le nombredesexilés et des fugitifsde la Lombardie et du reste de l'Ita-lie augmentait tous les jours à Rome. Un célèbre et auda-

cieux partisan, Garibaldi, qui avait tenu

quelque temps prèsdu lac de Cosme, après la défaite de Custozza,venait d'arri-ver à Rome. Le parti modéré était débordé. On demandaitdetoutes parts une constituante. Mamiani essayaencore derésister; il fut impuissant et donna sa démission. Galletti,Sterbini, Armellini, vieillard septuagénaire, prirent le gou-vernementle 20 décembre; le 26, le parlement convoqualescitoyensromains au suBrageuniversel pour élire une consti-tuante, et se déclara dissous.

Rome avaitsuivi jusquo-1~

l'initiative de la Toscane; ellela!nidonna maintenant. Le ministère romain et la junte pro-visoire s'occupèrent d'organiser le suffrage universel. Flo-rence ne voulut point rester en arrière; Montanelli, quis'était adjoint au ministère le républicain livournais Guer-razzi,annonça, le 8 janvier, la convocationd'une constituante

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UVREXVI.494

toscane, et proposa une loi pour l'élection des députés qnidevaient être envoyés à la constituante italienne. Dans lesÉtats romains, trois cent qnarante*trois mille votes, sur une population de deuxmillionshuit cent mille âmes,répondirentà l'appel dû gouvernement provisoireromâin<Cent Quarante-quatre députes, dont un seul, le générai Ferràri, était endehors des États romains; se réunirent 166 février 1849 àRome; et, après quinze heures de délibération, un premier décret, adoptéle 9 par cent quarante-trois voixcontre onze, prononça la déchéancetemporelle du pape;avecgarantie deson indépendancespirituelle, et proclama)comme forme dugouvemementromain, la république démocratique.Le même jour. en l'absence du grand-duc de Toscane, parti aussil'avant-veille pour Saint-Etienne, un gouvernement provi-soire s'installait à Florence. Il proclama bientôt (16) aussi larépublique, prononçala dissolution du parlement et convo-qua une assemblée constituante. Ainsi, deux républiques, produit d'une effervescencegénérale et d'une situationdéses- pérée, étaient nées soudainement au centre de l'Italie, entrel'armée autrichienne et l'armée napolitaine. Deux triumvi-rats, à Rome, Armellini, Salicetti, Montecchi; à Florence,Guerrazzi, Montanelli et Mazzoni, furent chargés de lesconstituer et do les défendre.1

XtmeMe guerre hâtante de XOtwre; prtte de Rome chutede Venttte (nmrH.M)M ta4ë).

Dans le premier moment d'enthousiasme, tout parut facile.Le triumvirat romain réorganisa l'armée, réunit à l'État les biens ecclésiastiquesen promettant de doter le culte, émit un papier-monnaie, et décréta sur les richesfamillesub empruntforcé. Dans la Toscane, Guerrazzi, avecle général Apice,entraîna les

troupes ducales, qui fraternisèrent avec les

sienues, et décida ainsi le grand-duc à s'enfuir auprès dn pape à Gaëte. Les deux républiques, romaine et toscane, parlèrent de s'unir fraternellement; Florence consentait às'effacer devant Rome. A Parme, à Ferrare, à Brescia, àMilan, ou les exactionset les vengeancesautrichiennes pe-

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE 495

saientdéjà, à Gênes même, on commençait&remuer en fa"veur desrépublicains.

En réalité, rien n'était plus hasardeux que ce qui venaitd'être tenté dans le centre de l'Italie. La questionpolitique setrouvaitcompliquéed'une question religieuse.Les deux nou-

vellesrépubliques étaient fort mai vuesdesrois de Naples etdé Sardaignë, cette de Rome surtout. Le pape se décida, let6 février,à demander en termes assezambigus, par le car-ilinal Antonelli les secours des quatre puissances catho-liquesde France, d'Autriche, d'Espagne et de Napb~. On ne pouvaitdouter de l'empressement de l'Autriche à restaurer le papedans ses Etats. La France ne pouvait alors rester inactive. L'assemblée constituante républicaine, sortie del'électionde 1848,.envisageait la question au point de vue

politique,et ne prétendait pas faire la guerre, en Italie, aux principesqu'elle avait établis en France. Le gouvernementdu nouveau président, Lous-NapoléonBonaparte, tenait plus8de comptedes principes religieux; il n'était pasfâché de faitequelquechose pour le souverain pontifeet le parti catholiqueen France. Les apprêts de l'expéditionse firent sans résolu-tionbien arrêtée etelle devait partir sansque le ministère etl'assembléese fussent bien clairement expliquéssur sonbut.

Charles-Albert, cœur vraiment italien, voyait avec peineles

préparatifs de cette

nouvelle intervention étrangère enItalie. Le parlement de Turin, rouvert depuisle 1" févner,demandaitimpérieusementlerenouvellementde la guerre contrel'Autriche; Gênes même, en cas de refus, menaçait de pro-clamerla république. Entre l'invasionétrangère qui menaçaitl'Italie, et la république qui menaçait son trône, Charles-Albertrésolut de tenter encoreune foisla fortune des armesdanslaguerre d'indépendance.

Le 5 mars, la chambre desdéputésde Turin et la consultedes

réfugiéslombards

ayant formellementdemandéla

guerre,leroi reçut la démissionde Gioberti, prit un nouveau minis-tèredans lamajorité belliqueuse, avecRatazzi pour président;et dénonça, le 12, l'armistice au maréchal Radetzki. Il ne pouvaitsedissimuler queleschancesétaienttrès-défavorables.Hne comptaitpoint sur les deux nouvellesrépubliques, qui

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LIVRE XVI.~96Iavaientassez de se constituer; moins encore sur le roi de

Naples. Le Piémont était complétement seul, et l'armée nemarchait qu'avec répugnance à cette guerre toute politique, »imposée au roi par le parlement. Le roi, triste et sombre,sentant qu'il ne faisait point la guerre en son propre nom,

mais au nom de ceux

qui le

poussaient, obéit comme une

nécessité fatale, et pour sortir, par la victoire ou par la mort,d'une situation désespérée.

It s'y prépara courageusement. On ne pouvait sérieusementcompter dans la Lombardie, malgré les promesses et lesefforts de la consulte lombarde, que sur le patriotisme deBergame et de Brescia. Le général Chrzanowski, concentrasoixante-cinq mille hommes sur le Tessin, et donna ordre àLa Marmora de se porter sur Parme et Plaisance. Malheu-reusement le choix des officiers n'était

pas irréprochable; il

y avait encore dans l'armée un certain nombre de jeunesrecrues peu exercées. Radetzki ne mit en ligne que devieilles troupes parfaitement disposées, bien pourvues, annombre aussi de soixante mille; il chargea Nugent, Haynau,Wimpfen de contenir derrière lui la Lombardie.

Les hostitités commencèrent le 20. A dix heures du matin,le roi passa le premier le pont de Buffalora sur le Tessin; lemême jour une émeute éclata à Brescia. L'intention deChrzanowski était de rejeter les Autrichiens sur le NaviglioGrande, pour faire une pointe sur Milan; Ramorino a l'ai)edroite, à Mortara, était chargé d'observer l'ennemi vers Pa-vie et de donner la main à La Marmora. Mais Radetzki, pen-dant la nuit du 19 au 20, avait replié ses troupes sur Pavie;il jeta, de son côté, un pont sur le bas Tessin et fit passer deux brigades sur la rive droite, sans rencontrer aucune résis-tance de la part de Ramorino, qui resta inactif. Cette fautegrave perdit tout. Le 21, l'armée piémontaise repassa le Tes-sin, pour se porter au-devant des Autrichiens qui continuaientà déboucher de Pavie. Durando fut envoyé en avant-garde pour renforcer la position de Mortara;. Chrzanowski dirigeale reste sur Sforzesca et Vigevano pour le soutenir. Mais leretard des vivres arrêta plusieurs brigades. Les Piémontaissoutinrent un brillant combat, le 21, à Sforzesca, sans pou-

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 497

voir empêcher les Autrichiens d'achever leur mouvement, etDurando, presque isoléà Mortara, se laissa enlevercevillagedans un combat de nuit, avec perte de deux mille hommestuésou pris.

Il fallut songer à battre en retraite sons Novare, pour yrisquer le tout pour tout. Chrzanowskirangea les quarante.quatre mille hommesqui lui restaient sur une ligne profonded'environtrois mille mètres de longueur. L'ennemi parait le83 mars au matin, et porte tous ses efforts sur les hauteursde laBicocca, pour tourner la gauche piémontaise. Le roi yreste au milieu d'une pluie de projectiles; ses deux fils, lesducs de Savoieet de Gènes,à la tête de leurs brigades, chas-sent deux fois les ennemis de la Bicocca. Mais au momentoùChrzanowskis'apprête à faireun mouvement snr la droite

pour dégager la gauche, le village de la Bicoccaest pris et laroute occupée. C'était la clef de la position; la gauche sedébande sur Novare, le centre et la droite commencent àreculer. Charles-Albert essaye de les ramener, sinon pour vaincre, au moins pour mourir; <la mort même ne veut pasde lui. Le soir, à huit heures, le malheureux roi rassembleles princes, les généraux, sonconseil. c Messieurs, dit-il, jeine suis sacriSéà la cause italienne; pour elle j'ai exposémavie,celle de mes enfants, mon trône; je n'ai pas réussi. Je

comprendsque ma personne pourrait être aujourd'hui Ipseulobstacleà une paix désormaisnécessaire. Je ne pourrais paslasigner. Puisque je n'ai pu trouver la mort, j'accompliraiundernier sacrificeà mon pays; je dépose la couronne et j'ab-dique en faveur de mon fils, le duc de Savoie. II partit, letoir même, sans dire où il allait; et'Victor-Emmanuel II futchargé de négocier la paix. H commença douloureusementsonrègne, en signant un armistice, et en envoyantun de sesgénéraux pour soumettre Gênesqui, plutôt que d'accepter la

paix,voulait proclamer la

république.La défaitede Novareentraina la chute de Bre~eia.Depuistrois jours maitres de la ville et bien barricadés dans lesmes, les Bresciansne pouvaient croire aux mauvaises nou-vellesvenuesdu Tessin. Ils firent pendant deux jours con~é-eutifs(27et 28)de vigoureusessorties dansunedesquellesils

1

UIST.D'tTAUE. 3?

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498 UVRB XVI.

prirent Nugent. La nouvelle de la conclusion de l'armistice,arrivéele 39, trouva encore desincrédules et exaltale patrio-tisme des antres jusqu'au délire; on jura de s'ensevelir sousles mines de la ville. Haynau arriva le 31, et menaça vaine-ment la ville du sac, du pillage et d'une ruine complète.Après un combat acharné, il ne resta maître le soir que dedeux portes et de quelques maisonsen ruine. Le lendemain,1" avril, le combat recommençaavec une égale fureur; lamunicipalitétraita au milieudnjour mais u~otcertainnombrede malheureux refusèrent d'abandonner les barricades et sefirent tous tuer au milieu d'horribles scènes de massacreetd'incendie. La prise de la ville avaitcoûté aux Autrichiens ungénéral, trois colonels, trente-huit officiers et quinze centshommes; trois cents maisonsétaient détruites. Haynau se fit

livrer encore près de cent des chefs de l'insurrection quifurentdécapitéssans pitié, et mit sur la province un impôtdesixmillions.

Les illusions de la démocratie romaine ne furent pointébranlées par les revers successifsde la cause de l'indépen-dance. La Marmora, après avoir débouché sur Gênes avecsadivision par les vallées de Polcevera et de Bisagno, em- portale 5 avril le faubourg SaintPierre-d'Arena et le palaisTursi-Doria sur les républicains, et leur permit de s'embar-

quer. Le 20 avril, le général napolitain Filangieri, après ladénonciationde l'armistice au parlement sicilien, par Ferdi-nand II, apparut en vue de Taormina an pied de l'Etna, ets'en empara le 4. Le t8, à Florence, le gonfalonier UbaldinoPeruzzi, encouragé par les mouvementsdes Autrichiens sur Pontremoli et Fivizzano, se mit à la tête de la garde civiqueet reprit le pouvoir au nom du grand-duc et de la consti.tution.

Mais Mazzini, arrivé Romedepuis le 6 mars, était entrédans le triumvirat le

29, jour où la défaite de Novare avait

été apprise à Rome. NouveauRienzi, mêlant les passionsdutribun avec les élans du mystique, il pensait sauver tout enévoquant, dans la ville éternelle. Dieu et le peuple, sur lesruines du gouvernement et de l'Église. Il croyait venu, aumilieu de tous cesdésastres, lerègne qu'il avait si longtemps

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 499

rêvé. f Italiens, frères, disait-il, te Piémont trahi, Gênestombée, 1~Toscane agitée par les tentatives d'une réactioncoupable, la vi~, la véritable vie italienne se concentre dansRome. QueRome soitle coeur de l'Italie. Qu'elle accomplissedas actionsdignes de ses pères. C'est de Rome que, par la

forcede l'exemple, la vie doit refluer aux membres épars delagrande famille italienne. Le nomde Rome, de la Romedu peuple, la Rome républicaine, sera béni en Italie, et pour longtemps glorieux-en Europe, Après la guerre royaleil annonçait la guerre républicaine et proclamait la levéeen masse.

Les arméescatholiquesde l'Europe marchaient déjà contrelui. Les Autrichiens s'établissaient à Parme et a Modène pour marcher bientôt sur Bologne; une arméenapolitaine se

rassemblait sur le Garigliano. La souveraine de l'Espagnearmait dans ses por<s.Le 25 avril enfin, le général françaisOgdinotdébarqua avecsept mille hommes à CivitaVecchia.Quevenait faire au juste cette nouvelle armée ? on ne le sa-vait trop encore. Le gouvernement français avait dit récem-ment, par l'organe de M. OdilonBarrot, c qu'il n'entrait pasdanssa pensée d'imposer à l'Italie un gouvernement,ni celuidela république, ni nn autre. Son seul but étaitde se trouver présent aux événements dans le double intérêt de l'influence

française et de la

liberté qui pourrait courir des dangers.Le général Oudinot proclama lui-même, en prenant posses-sion de Civita Vecchia, qu'il ne venait point imposer aux populationsnn gouvernementqui seraitopposéàleurs voeux.LesRomains ne savaientque penser. Ils croyaientl'assembléefrançaise plutôt favorablequ'hostile et avaient élevé à la pré-sidencede l'assemblée Charles Bonaparte, princede Canine,dansl'espoir deflatter le président de la république française.Après quelques pourparlers assezaigres, le général Oudinotdéclara

qu'il avait ordre d'entrer dans

Rome, se mit en

marche le 28, et arriva devant la ville le 29.Rome divisée inégalement du nord au sud par le Tibre,

offrait à l'armée française sa partie occidentale, appeléeTranstévère, entourée de vieux murs, presque tous datantdu moyen âge, assez forts, mais sans fossés et sans glacis.

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LIVRE XVI.500

Cette ligne de muraille forme vers le nord-ouest un angleassez prononcé qui renferme l'église Saint-Pierre et le jar-din du Vatican elle est percée de quatre portes principa'esdu nord au sud, Angeiica, Cavaliggere, San Paucracio etPortesi. Le 30 avril, an matin, la petite armée française s'a-

vance en trois colonnes, musique en tète, vers les porter Angeiica, Portesi et San Pancracio pour faire uue reconnai:sauce ou surprendre la ville. Elle n'était guère alors forte quede huit mille hommes. La garnison de Rome, composée de

sept régiments romains de ligne, de deux bataillons lombards;des légions de Rome, de Bologne, du Piémont, des corps daGaribaldi et des Polonais, montait à peu près à trente millehommes. Garibaldi, posté avec sa légion au village Sant'An-

tonio, tente de faire un accueil fraternel aux soldats français,

pour les gagner ou les attirer, puis bat en retraite en tirail-lant. Les chasseurs et un bataillon du 20e se précipitent au

pas de course sur les hauteurs de San Pancracio. Ils sont

reçus par un feu rasant de la villa Panfili; au milieu du

désordre, Garibaldi se retourne, et isole une partie deshommes du 20'' qui sont entrainés dans la ville. Les deuxautres attaques furent aussi inutiles. Oudinot ayant eu nucertain nombre de blessés et de prisonniers, se retira à une

journée de marche de la ville. Il fallait unsiège en règle.

La nouvelle de l'attaque de Rome. fut différemment ac-cueillie en France, selon les passions et le point de vue des

pouvoirs constitués. L'assemblée, fidèle à ses principes, invitale gouvernement < à prendre sans délai les mesures néces-saires pour que l'expédition d'Italie ne fût pas plus longtempsdétournée du but qui lui avait été assigné. » Le président dela république, plus particulièrement préoccupé de sauvegar-der l'honneur des armes francatses, ne cacha point son uémde venger l'auront qu'elles avaient essuyé. M. de Lessep<,

envoyé extraordiuaire, arrivé bientôt à

Uome, fit

provisoitu-ment suspendre les hostilités, et tenta d'obtenir par des né-

gociations l'occupation pacifique du territoire romain à tit[r de protection.

Mais pendant cet armistice les autres gouvernementschargés d'intervenir poursuivirent leurs progrès contre la

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L'ITALIE RÉVOLUTIONNAIRE. 501

volution. Le t8 mai, les Autrichiens rétablirent le ducCharles III, à Parme. Le maréchal d'Aspre, sur l'invitationdu grand-duc de Toscane, Léopold II, occupa Pise et Lnc-qnes. La municipalité florentine qui avait elle-même rétablile gouvernement du grand-duc fit en vain des représentations;le commandant autrichien arriva le 11 devant Livourne, oc-cupée par les républicains, pointa ses canons contre lesmurailles à sept henres du matin, entra par la brèche, etresta maitre de la ville à midi, après quelques excès. Flo-rence elle-même fut obligée d'ouvrir ses portes c'était lavolonté du grand-duc qui ne voulait plus même entendre parler de constitution. Les Autrichiens y entrèrent le 25 etydésarmèrent, comme partout, la garde civique. Dansla Sicile,le général Filangieri continua son mouvement, emportaCatane et se dirigea sur Palerme. Le Polonais Mieroslawski,audacieux soldat et ardent tribun, fit merveille avec une petite armée composée plutôt de volontaires étrangers que deSiciliens; mais l'armée napolitaine arriva néanmoins bientôtdevant Palerme. disposée à la traiter comme Messine. Grâceaux amiraux français et anglais la capitale obtint, le 15 mai,capitulation, et une amnistie dont furent exceptées cependantcinquante-trois personnes.

Dans les États romains les Autrichiens et les Napolitainsn'avaient pas non plus déposéles armes. L'AutrichienWimp-fen était arrivé devant Bologne depuis le 8 mai; le généralBellini etle professeur Alessandrini défendirent quelque tempsla place. Mais, le t2, un corps de volontaires, parti de Rome,sous la conduite de Montarini, fut vigoureusement repoussé,un bombardement sérieux commença le 14, et la municipa-lité capitula le 16. Rome était maintenant découverte et me-nacée par quatre armées. Le 25 mai les Autrichiens étaientdevant Ancône; le 26, les Espagnols, commandés par Fer-

nando de Cordoba, débarquaient à Gaëte et recevaient la bénédiction du pontife; enfin les Français occupaient leMonte Mario, en face de Porta Angelica.

Mais la France, dont l'armée s'était depuis peu montée à plus do vingt-cinq mille hommes, se réservait l'entrée dansRome. Les trois autres puissances catholiques en étaient pré-

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L1VHE~Vt.502

venues, là moment décisif approchait; là France, quelle quefussent ses sympathies, ne pouvait rester simple spectatricede l'événement. Lê 29 mai, l'envoyé extraordinaire, de Les-Seps,était parvenu &obtenir du triumvirat romain une con-

vention par laquelle l'appui de la France était assuré aux populations romaines, et l'occupation du territoire Consèn-tie. Mais le général Oudinot refusa la convention, exigeaque lé gouvernement romain < réclamât la protection desarmesfrançaises, et, en casde refus,annonça la reprise deshostilités < contre la plaça pour le 4 juin. Il y avait main-tenant accord dans les pouvoirs en France la nouvelle as-sembléelégislative,qui venaitde prendre la placede la consti-tuante, voulait, avecLouis-NapoléonBonaparte, l'entrée dans

Rome. Le siègerecommença.Déjà le 3, dès le matin, eh dehors de la ville, le généralSaüvans'était emparé de Fonte Mole,au sud de Rome, pour s'assurer le passage sur la rive gauche, et le général Mol-Hère des villas Corsini et PanSli. Le lendemain, l'arméefrançaiseentama les parallèles devant le mur qui court sur le Janicule. Les travaux très-habilement dirigés par le gé-néral Levaillant, furent achevésle 12, et le bombardementcommença,mais dirigé principalement sur les fortiScatiOns.La France voulait

témoigner dé son

respect pottr la ville

éternelle. On put compter les projectiles qui s'égarèrent par malheur sur quelques monuments. Cependant l'assembléeromaine resta en permanence. Le triumvirat multiplia lésmesures d'enthousiasme, et les Romainsles actes de couragecontre la sciencestratégique et lavaleur de l'armée française.Le 21, trois brèches furent ouvertes; les Français et les Ro-mains se rencontrèrent en face. Enfin le 29, un combat dé-cisif eut lieu. C'était le jour de Saint-Pierre l'action dura

jusqu'à la nuit. Le gouvernement romain fit

allumer, comme

à l'ordinaire, cette magnifiquegirandolede lumières qui n'é-claire habituellement qu'une fête. Elle illumina cette foisune défaite. Les Romains, après une longue résistance, cé-dèrent à la valeur françaisedeujc bastions et là partie du Ja-nicule enfermée dans la ville, pour se retirer sur Montoriôderrière de nouvelles fortifications.Du Janicule le bombar-

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L'tTAUB RËVOLUTIONNAtKE. 503

dement pouvait être terrible pour la ville; les batteries neturent dirigées que sur Montorioet sur les combattants. Làencorela résistancene pouvaitêtre longue Garibaldi et lessiens voulaient abandonner le Transtévère et se borner àdéfendrele reste de la ville. Mais ils apprirent bientôtqu'unmouvement insurrectionnel tenté pour changer le gouverne-mentfrançaisavait échouéaParis (13 juin), etqu'Ancbneétaitt prise; ils se convainquirentquetout était fini. Garibaldisortit pendant la nuit du let au 2 juillet avec sept mille hommes;le triumviratdonna sa démissionet la municipalitéallarégler avec Oudinot l'entrée pacifiquedes vainqueurs. Pendantquel'armée française entrait dans Rome le 8~l'assemblée diacu-tait les derniers articles de la constitution) qu'elle proclamale lendemain, 3, du haut du Capitole.Mais le 4, au soir, un bataillonfrançais vint occuper les abords de l'assemb!ëe) pé-nétra dans l'enceinte, et en fit sortir les députés, malgré une protestation qui fut remise entre les mains du colonel.

La chute de Venisefut le dernier acte de la révolutionetdo la guerre d'indépendance. Depuis dix-sept mois, l'hé-roïque cité sous les ordres de Manin et de Pepe déployaitle plus grand courage et s'imposait toutes les privations. Elledéfendait pied pied les canaux, les ites et les forts de lalagune. Les Autrichiens n'avançaient que tranchée par tran-chée. Après la bataille de Novare, Manin, devenudictateur,avaitréponduà la lettre de Haynau par le serment de se dé-fendre à toute extrémité. Au milieu du siègede Rome le fortde Maighera après avoir subi un bombardement d'un moisavait été abandonné. « On ne peut se faire une idée, dit laGazelled'Augsbourg, de l'état auquel le fort était réduit;c'était un monceau do ruines; aucune troupe au monden'aurait prolongé plus longtempsla résistance. Des deux plus vaillants défenseurs de la lagune, Uiloa et Rosaroll,le dernier fut emporté d'un boulet de canon au fort Bron-dolo le 28 juin. Après la chute de Rome, l'Italie devait perdretout espoir. Veniserésista encore. Le 7 juillet, Pepefitchasserl'ennemi d'un pont de la Brenta, et quelquesjoursaprès ordonna une sortie hors de Brondolo pour ramasser desvivres. Mais le nombre des soldats réguliers et des vo-

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UVRH XVI. 1/ITALIK RËVOLUT!ONNAmK M~

lontaires italiens diminuait chaque jour; ou était obligé demobiliser la garde civique. Sur la fin de juillet, les tranchéesfurent poussées tout près de la ville, et les boulets commen-cèrent à atteindre la place Saint-Marc; on abandonna la par-

tie de la

ville la plus exposée. Mais bientôt le choléra se dé-clara dans les quartiers où la population s'était entassée;le 8 août, l'assemblée fit savoir à Pepe qu'il n'y avait plus de

pain et de poudre que pour quinze jours. Celui-ci prolongeaencore la défense jusqu'à ce qu'on obtint une capitulationhonorable. Le 25 enfin, après avoir assuré ledépart des dé- bris des milices, il s'embarqua lui-même avec le gouverne-ment révolutionnaire etl'état-major; et, le 28 août, Venise

après avoir agi comme aux jours de sa puissance et de sa

gloire, vit de nouveau le

drapeau autrichien flotter sur la

place Saint-Marc.

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LIVRE XVII.

L'ITALIE.

Rétablissementdes anciensgouvernements(1850-1852). Victor-Em-manuelIl et M.de Cavour;!e Piémontet t'Itahe. L'interventionfrançaise;Magentaet Solferino. Le mouvementnational et lesannexions;Cavour et Garibaldi. Leroyaumed'Italie et la questionromaine.

méttbtttMttment ttM «netetttt ~tnttrnetmtmte «MH MM).

Les souverains restaurés en Italie sauraient-ils profiter desderniers événements pour faire la part des nécessités légitimeset des exagérations inséparables des temps de révolution?9Telle était maintenant la question. S'ils étaient mieux avisés

qu'après 18t5, ils seraienttranquilles sur leurs trônes, sinondenouveaux bouleversements devaient les menacer. Raison-nables, 41s pouvaient donner la liberté, mais sans l'indépen-dance. Imprudents, ils risquaient de forcer l'Italie de profiter des circonstances pour conquérir l'une et l'autre, et pour seconstituer enfin dans une dernière révolution, sous une forme.qu'on pourrait croire définitive, si l'histoire de ce beau etmalheureux pays ne nous avait accoutumé à trop de tristesrevirements.

Le vainqueur de l'Italie septentrionale fit peser sur le Lom- bard-Vénitien reconquis les rigueurs de l'état de siège, pousséquelquefois jusqu'à de regrettables vengeances. Le gouver-nement de Vienne, en prenant soin avant tout de sa domina-tion, continua comme auparavant à tenir la main à la satis-faction des besoins matériels les plus pressants, mais à la

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LIVRE XVII.506

conditiond'avoir sa forte part de la prospérité qu'il permit.Après avoir répudié pour la monarchie entière, toute consti-tution représentative, il n'accorda point de garanties localesà ses provincesitaliennes. S'ileût pu yfaire dominer la langueallemande dans l'instruction

publique, pour prouver sa vo-

lonté de ne pas reculer dans la péninsule, il l'eût fait. Sous prétexte de joséphisme, quelqueslois civiles du dix-huitièmesiècle même furent menacées.

Les généraux autrichiens, longtempsmaîtres absolus de laLombardie et de la Vénétie, ne prirent encore conseilque deleurs passions,de leur mépris pour la race vaincue. La for-teresse de Vérone devint leur capitale ils y transportèrentleurs administrations et de là gouvernèrent Milan, qui paya

par des exécutions nombreuses et des arrestations systéma-

tiques sa libetté de quelques jours au temps de Charles-Albert. Même quand les rigueurs de l'état de siège furentusées, quand une administration plus douce, moinslivréeaudespotismemilitaire, essaya de rattacher la haute Italie à lacour de Vienne, un emprunt forcé de plus de 300 millions,une augmentation de plus-d'un tiers dans l'impôt annuel, etles hypothèques dont se trouva grevée une partie du pays,aliéneront au gouvernement autrichien, non-seulement lanoblesse et la bourgeoisie désormais irréconciliables, mais jusqu'aux paysans, autrefois fort ennemis de toutes lesinnovations.

Les ducs de Parme et de Modène,le duc de Modène sur-tout, FrançoisV, petit tyran qui joignait à l'orgueil oppressif de l'Autriche la cruauté raffinéede la renaissanceitalienne,suivaienten l'exagérant quelquefoisl'exemple que leur don-nait une cour vénérée. Le duc de Parme, condamné par une sociétésecrète, fut assassiné. Sa veuve, une princessefrançaisede la maisonde Bourbon, fit au moins la leçonà do plus grands princes. L'économie, l'indépendance du duché,la liberté, l'amnistie, telsfurent les principes qu'elle s'enorcade fairerégner. Elle réduisit la profusionde son mari au luxedécent d'une petite cour souveraine, et put ainsi remplacer un odieuxemprunt forcé par un emprunt libre.

Parmi les princes indépendantsde la péninsule, le roi des

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507L'ITALIE.

Deux-Siciles,Ferdinand II, etle grand-duc Léopold de Tos-caneagirent conformémentaux désirs et à l'inunoncede l'Au-triche. Le saint-siége resta partagé entre les conseils venusde Vienne et ceux venus de France, penchant d'abord visi-

blement vers les premiers, inclinant faiblement ensuite à

prêter l'oreille auxseconds.Le jeune roi deSardaigne,Victor-EmmanuelII, entouré d'hommesdemodérationetdefermeté,entra seul courageusementdansdes voiessagementlibérâtes,et se rattacha franchement à l'influence française.

Après avoir repris à la pointe de l'épée sur les constituationnels et les radicaux ses trois capitales, Naples, Messineet Païenne, après avoir dissous coup sur coup trois assém- b!ées parlementaires, Ferdinand II ne voulut plus entendre

pader de constitution. Celle

qu'il avait consentiefut déctarée

par lui et demeura indéfiniment suspendue. L'indifférencedesmasses dans les campagnestomba d'accorden cela aveclavolonté du souverain.Les classes élevées ou bourgeoises,éprouvèrentseules quelquesregrets; maiscelasuffit pour quela tranquillité ne fût point complète. Les commissionsajou-tèrent de temps en temps de nouveauxcoupables aux noni- breuses condamnations qui avaient suivi les tristes événe-ments du royaume, et n'épargnèrent point les hommes del'éducationla plusdistinguée.Le souveraincommuafréquem-ment les condamnationsà mort; mais les galères, les prisonsfurent pleines; l'humanité eut beaucoup à redire aux traite*-mentsqu'y subissaientdetrop nombreux malheureux. La Si-cile particulièrahent futsoumiseà un régimemilitaire excep-tionnel. Le vernement reprit son allure régulière, sesfinancesfured~en assez bon état; mais aucun remèdeefficacene fut apporté des deux cotés du Phare, en Sicile surtout,auxdéfauts sinon de l'administration, au moins des adminis-trateurs aucune amélioration notable ne fut tentée dans l'in.struction primaire, dans l'agriculture, dans les voiesde com-munication.Les trois voiesde fer partant de Naplesdans troisdirectionsfurent continuéesen deçàdu Phare; maisen Sicile,rien.Le général Filangieri, investidugouvernementmilitaireet plein de bonnevolonté,voulaity ouvrir desvoiesnouvelles pour relever le commerce, fonder des écoles.Tous sesefforts

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UVRE XVII.508

échouèrét~ Païenne et à Naples. Tout cequ'on avait à re-gt~teravan~t~S.on le regretta encore. LeroiFerdinandII, paré pour son hospitalité de Gaéte du titre de ~cpftMtMtM,invisible au fond de son palais, ou ne sortant que pour de

longues promenades militaires, devint justement déteste.Le grand-duc Léopold II aussi, par un décret du 21sep-tembre 1850, suspendit indéEniment l'exercice de la consti-tution du 15 février 1848, prononça sinon des peines de mortau moins de nombreux exils, étouffa tonteindépendance mu-nicipale, tonte liberté de la presse, et persécuta les cultesdissidents. Incapable de se maintenir avec ses propres troupesen Toscane, il passa avec l'Autriche une convention par la-quelle celle ci entretint nncorps d'occupation de douze millehommes dans ses

principales places. Il fut ainsi réduit à

peu près à l'état de dépendance on étaient depuis longtempsles ducsde Parme et de Modène. Les Autrichiens furent maitres chezlui. Il n'y put faire respecter par eux les étrangers. Si l'An-gleterre lui demandait réparation pour une injure faite à uncitoyen anglais, il s'abritait derrière l'empereur d'Autriche,et méritait qu'on lui demandât si 'son Etatcomptait encoresur la carted'Europe. Le cabinet de Vienne visait encore plusloin. Il obtint du grand-duc (5 novembre) un traité de poste.Il voulait unir Trieste et Venise à la Méditerranée

par un

chemin de fer aboutissant à Livourne. Il songeait à conclureavec la Toscane une union douanière. Le gouvernement tos-can opposait à ces tentatives d'absorption politique peu derésistance; obéré par les désordres des événements précé-dents, par la solde destroupes autrichiennes, il ne pouvaitmême que faiblement travailler à des améliorations intérieuresaussi nécessaires en Toscane qu'en Sicile. Les voies de fer secontinuaient de Florence sur Pisé, Lucques et Sienne. L'in-struction publique y faisait quelques progrès. C'était tout.

A Rome, l'influence autrichienne et l'influence françaisese trouvaient aux prises; le gouvernement français ne pré-tendait pas avoir envoyé une armée à Rome pour rétablir dansson intégrité le gouvernement clérical et surtout les abus oules négligences de l'ancienne administration. La cour de Gaëtede son côté, soutenue par le cabinet autrichien, ne voulait

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L'ITALIE. 509

point payer par trop de sacrificesles secours de la Francedont elleaurait même désiré se passer si elle l'avait pu. LescardinauxdeUaGenga, Vanicelli et Altieri institués commecommissairesle t" août 1849,dévoilèrentassezmaladroite-ment dès les

premiers jours les mauvaisvouloirs et les mé-

fiancesdelacourdeGaëte. Rentrés à Romegrâceà la France,i!sse contentèrentdans leur manifestede remercier le brasinvincibleetglorieuxdes armées c<!</M)ft~MM. Non contentsd'annuler tous les actes du gouvernement républicain, ilscommencèrentà rétablir tout le vieuxsystèmeadministratif et judiciaire, que Pie IX lui-même avaitd'abord voulu réfor-mer ils instituèrent une sorte d'inquisition contre tous lesemployésdel'Etat, et exercèrentdesreprésaillesfortétenduescontre tous ceuxqui avaient pris part aux mouvementscon-stitutionnelsou républicains. Les représentations des auto-rités militaires françaisesn'y firent rien. Le président de larépubliquese crut obligéd'adresser un assez sévère avertis-sement aux conseillers imprudents du saint-siége. J'ap- prends, écrivit-ilà un de ses aides de camp(M. Edgar Ney),que les intentions bienveillantes du saint-père comme notre propre actionrestent stériles en présencede passionset d'in-fluenceshostiles.On voudraitdonner commebase à la rentréedu pape, la proscription et la tyrannie; dites de ma part augénéral Rostolanqu'il ne doit pas permettre qu'à l'ombre dudrapeau tricoloreon commette un acte qui puisse dénaturer le caractèrede notre intervention. Je résume ainsi le pouvoir temporel du pape amnMttegénérale,sécularisation de l'ad-mtntttratton, code Napoléonet gouvernement~Mr~.

La cour de Gaete parut d'abord vouloir regarder commenon avenue cette lettre écrite tout à fait en dehors desvoiesdiplomatiques.Cependantun motu proprio du 19septembreaccordaune amnistie à tous ceux qui n'avaient point parti-cipécomm~députés ou chefs militaires à l'établissement dela république, et promit une réorganisation administrativeet judiciaire. Cen'était pas encore tout cequ'avait demandéLouis-NapoléonBonaparte, ni tout ce que désirait le gou-vernementfrançais. L'accomplissement même de ces pro-messesse fit longtempsattendre. Ces résistancesmal dégui-

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LIVRE XVU.510

seesde l'esprit cléricalcontre un protecteur plein de ménage-ments maisfrançais,la désaffection profondeonl'indifférencedes populationsromaines, la difficulté d'une réorganisationséreuse dugouvernementau milieu de pareillescirconstances,retardèrent longtemps la rentrée du pape a Rome.

Pie IX, eneBet,ne fitsa rentrée àRomequele 4 avril 1850,excorié par le général français Baraguay-d'Hilliers et le prince Altieri, commandant de la garde noble. La conduitede Pie IX rentré à Rome fut plus prudente, plus dégagéedes influences qui l'avaient de nouveau emporté sur lui àGaëte et à Portici; il remercia cette fois en termes explicites

la nation française et l'illustre président de la républiquequi s'étaient fait une gloire de le ramener dans les mnrs deRome. Le 10 septembre 1850enfin, le cardinal Antonelliorganisa par deux édits les départements ministériels, établitun conseil d'État et, dans les deuxmois suivants, promit uneconsulte desfinances,et réorganisa l'administration des pro-vipceset celle descommunes.

Le plus important des ministres du saint-père, selon lanouvelleorganisation,fut le ministre secrétaired'État, prési-dent dn conseil,chargé à la foisdes rapports avecl'étranger,de la signature et de la promulgation des loisà l'intérieur.Ce ministre ne pouvait être qu'un cardinal. Le conseild'Etat,composé de neuf membres ordinaires et de six extraordi-naires, nommés par le pape, et présidé par le cardinalsecré-taire d'Etat, n'émit que de simples opinions et quand il futconsulté. La consultedes finances,nommée aussidirectement par le papeou sur une liste de candidats formée par les con-seils provinciaux, n'eut pouvoir que de reviser, de donner des avis, et put être dissoute. Les Élats romains furent divi-sésen quatre légations Bologne, Ancône,Pérouse et Béné-vent Romeet les environsdemeurant sousunrégime spécial.Les communes restèrent administrées par une MM</M<ra<uK désignée par le pouvoir, et par des conseillers municipauxélus par certainescatégoriesd'électeurs. C'étaient, on le voit,de bien faiblesconcessionsauprèsde ceque Pie IX avait paruvouloir faire au commencementde son pontificat.Aussil'étatfinancier laissa encore grandement à désirer. Le saint-siége

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L'ITAME. 6Utrouva difficilement }<effectuer un emprunt; les juridictionsmixtes et les juridictions ecclésiastiques, ainsi que maintesformes surannées de procédure, continuèrent à subsister. Lesaméliorations projetées dans l'instruction, le commerce, lesvoies decommunication, restèrent longtemps encore suspen--dues. Descapitaux cherchèrent à s'engager dans des projetsde chemin de fer romain; ils se retirèrent promptement. Lanouvelle organisation communale fit même rétrograder lesmunicipalités romaines au delà de 1816. Somme toute, legouvernement temporel ne se soutint que par l'appui destroupes étrangères, qu'il supportait avec peine.

Occupée par les Autrichiens, la Romagne surtout conti-nua d'être opprimée avec une dureté sans exemple. La sen-tence prononcée par les généraux autrichiens était presque*aussitôt exécutée, et en huit années plus de cinq cents con-damnés politiques eurent à peine le temps de mettre ordreà leurs affaires et de se recommander à Dieu. La présence denos troupes à Romeempêcha de semblables excès, mais lesconseils les plus persévérants et les plus éclairés ne purentobtenir de la cour deRome, toute occupée d'affermir sur lemondecatholique son autorité spirituelle, qu'elle Ht des effortsréels pour améliorer le sort de ses sujets.

Le Piémont fit seul une honorable exception au milieu de

la réaction générale décha!née sur l'Italie. Le malheureuxCharles-Albert était mort àOporto, en Portugal, le 28, enrepoussant avec colère une adresse du parlement, qu'il ac-cusait de sa perte. Le 6 août -suivant, le jeune roi Victor-Emmanuel signa la paix avec l'Autriche à de dures condi-tions. La démarcation des frontières était conservée; mais leroi de Sardaigne s'engageait à renoncer à tout titre sur leLombard-Vénitien et à payer une indemnité de guerre desoixante-quinze millions de francs. L'Autriche se serait mon-trée

plus accommodante sur l'indemnité si elle avait pu ob-

tenir du Piémont d'autres sacrinces sur les institutions libé-rales qu'il possédait depuis peu; mais Victor-Emmanuelrefusa de transiger sur ce point. Il jura do nouveau, au moisde décembre de l'année 1849, le ~a<u<o/bndamen<a~ donné par Charles-Albert, et inaugura avec résolution et prudence

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LIVREXVH.519le régime libéral, en. s'entourant de ministres éclairés etfermes,dontMM. d'Azeglio,deCavouretLa Marmora furent jusqu'ici les plusdistingués.

La constitutionsarde était à peu près celle qui avait étédonnée à la France en 1830.Le sénatnommé à vierépondaità l'ancienne chambre des pairs française; il représentait l'élé-ment conservateur.Lesdéputésde la secondechambre étaientélus par.les citoyensqui possédaientun certain capital ou qui payaient un certain cens. Cette chambre votait sérieusementl'impôt. L'égalitéde tous les citoyensdevantlaloi et l'impôt,leur admissibilitéà tous les emplois,la liberté individuelle,l'inviolabilitédu domicile,la liberté de la presse sauf l'abus,étaient garanties. La religion catholique était déclarée reli-gion de l'Etat, mais la tolérance proclamée.

Peu de princesavaient reçu des dons naturels plus appro- priés à sa tâcheque le roi Victor-Emmanuel soldat brillantet brave, cavalier intrépide, gentilhomme plein de rondeur etde franchise,il plaisait à l'armée et au peuple; avec la fer-meté nécessaireau roi qui doit prononcer au besoin, il n'avait pas cette votontésouveraine,ce besoin d'agir et de conduireles affaires qui lui aurait rendu si difficilel'exercicedu ré-gime constitutionnel; aussi était-il, comme il l'est encore,adoré de son, parlement, dont les factionsles plus opposéesétaient prêtes à l'accepter comme arbitre, sachant qu'ellesn'avaient rien à redouter de son intervention. Il avait assezde prestige pour attirer la confiance,pasassez pour l'alarmer.

Le ministère, dérobé pour-toujours aux mains du comteSolar de laMarguerite, passa d'abord aux mains de M. d'A-zeglio, homme d'un haut mérite et de tendances modérées,qui servitde transition entre le parti féodalet le parti de laclasse moyenne. La chambre de 1850vota silencieusementla paix et régla courageusement la situationfinancière. Elle

acceptala fusion des banques de Gênes et de Turin qui futl'origine de la banque nationale. Les prétentions de la cour de Rome et du clergé furent repousséespar les lois Siccardi,qui mirent finaux abus restés du moyenâge et restreignirentlamain-morte. Mais l'arrivée an ministère d'un hommenou-veau lança bientôt le Piémont dans d'autres voies

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Ï/ITALIE. &t3

VM~rKttmtMttet M et M de ttïtur; le MttuMtt t< HKxttt.

Le comte de Cavour, ministre dn commerce, connu par ses penchants libéraux dans la famille la plus absolutiste duPiémont, avait été tenu à distance, dans les garnisons desmontagnes, par le gouvernement de Charles-Félix. L'expé-rience de l'Italie et la sienne, de longs voyages dans lesgrands pays de l'Europe, lui avaient déjà donné toute lamaturité du génie. Il se montra d'abord économiste distin-gué, avec des idées larges et un goût prononcé pour le libreéchange, fit voter des chemins de fer et provoqua des traitésde commerce avec l'Angleterre et la Hollande. A la suite dequelques tiraillements, devenu président du conseil, il mit la

haute main sur toutes les affaires. Economiste entendu, Snan-cier hardi, politique sincèrement libéral et constitutionnel,ennemi Déterminé de toute réaction, mais aussi de toute pas-sion révolutionnaire, orateur lucide, communicatif, qui frap- pait moins les imaginations qu'il n'entrainait par la réCexion,il communiqua à toutes les branches du gouvernement uneimpulsion nouvelle. Les chemins de fer et les lignes télégra- phiques couvrirent le Piémont; des traités de commerce faci-litèrent la circulation des marchandises; un cadastre donna

des garanties à la propriété foncière; surtout le clergé futattaqué dans ses vieilles prérogatives, suivant la tradition deslois Siccardi. Le parlement fut appelé à voter la suppressiondes corporations religieuses au profit non du trésor, mais

.d'une caisse ecclésiastique. La discussion fut longue et vio-lente les députés les plus connus de la droite, MM. Solar dela Marguerite, de Viry, de Rével, attaquèrent la loi commeinjuste et comme mauvaise même au point de vue financier.M. de Cavour riposta vivement, laissant la défense du projet

de loi pour le côté moral à M. Ratazzi, auparavant chef de lagauche, maintenant rattaché à la politique ministérie))e par le président du conseil, qui savait choisir les hommes.

La cour de Rome fulmina l'excommunication majeurecontre tous ceux qui avaient proposé, approuvé, sanctionnéla loi le roi lui-même fut atteint. Mais le Piémont y gagna

htST.b'tTAUt:.

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LIVRE XV!I.&!4

de devenir comme le centredu mouvement libéral de l'Italie.Les Otites, tes mécontents s'y réfugièrent de toqtes les partiesde la Péninsule. C'était le seul piys où il y eût une pressecomme une tribune. Depuis longtemps la poésie se taisait sur une terre attristée unis ie patriotisme faisait vibrer desMcentsplus graves. Cautu continuait son ~totrc dM ~attefM,Mamiani pubItaitsesEMaMdd~/t~OM~AtectUt~e, Montanettises ~ë<!MtrMsur < /<a< Carlo Boggio étudiait les /!a~por«de <<Me et de <'F<<t<.Toute l'Italie tournait ses regards etses espérances vers te Piémont.C'était beaucoup d'avoir montré qu'une vieille dynastie

pouvait vivre en Italie avec la liberté constitutionnelle; maisil fallait relever au dehors le Piémont de la défaite de No-v&rre et du triste traité qui l'avait suivie. La guerre contrel'Autriche était encoreimpossible; les démêlés qu'il avaitavec elle au sujet des réfugiés lombards n'y pouvaient mener.L'occasion se présenta lorsque éclata la guerre de Crimée. LaFrance et l'Angleterre ne rencontraient de la part de l'Au-triche qu'indécision et déSaace, La pensée de Cavour futd'opposer à cette inertie iudiguo d'une grande puissance uneintervention active dans la guerre où se décidaient les desti-nées de l'Orient, peut-être de l'Europe. L'Angleterre ne de-mandait qu'un corps de troupes qu'elle s'offrait à entretenir.Le Piémontrejeta le rôle dé mercenaire et voulut payer sa

propre gloire.llentra dans l'alliance anglo-française au mêmetitre que les deux grandes puissances il s'engagea à entre-tenir 15 000 hommes pendant la durée de la guerre laFrance et l'Angleterre de leur côté garantissaient l'indépen-dance du territoire sarde, précaution nécessaire contre lesmenaces autrichiennes. C'était un coup habile et hardi.

Le Parlement nefut pasunanime pour approuver la guerre.Si le vrai parti italien et patriote soutenait le ministère, la

droite l'accusa d'imprudence. Rien ne put tenir contre la pa-role convaincue,'lucide et élevée du ministre. Sans braver l'Autriche, sans sortir du cercle de la discussion présente, illaissa pénétrer dans son discours des espérances que lescœurs patriotes surent comprendre La neutralité, dit-il,souvent possible pour les Ktats de premier ordre, l'est ra-

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L'tTAME. 515

rement ponr ceux du second. La neutralité est rarement<heureuse son frnit le moins amer est de fournir un ali-< ment aux suspicions et aux haines des partis. Grâce aucomte de Cavour, le combat de la Tchernaia, où les premierssoldats de

l'Europe admirèrent le courage des bersaglieri et

la sûreté du tir de l'artillerie piémontaise, fut pour le roide Sardaigne une revanche éclatante de Novare.

Le Piémont avait été à la peine, il fut à l'honneur. Appeléau Congrès de Paris, M. de Cavour profita habilement encorede cette occasion pour attirer l'attention de la diplomatie sur la situation alarmante de l'Italie, occupée par les étrangers, etsur le Piémont lui même,exposé à d'incessantes menaces. Le blâme ne tombait pas sur la seule Autriche, mais sur les gou-vernements

italiens, sur le

saint-siége, sur le roi de

Naples.Cependant les demandes des plénipotentiaires sardes n'avaientrien d'hostile ils se bornaient à souhaiter que le pape gou-vernât et se maintînt avec une armée nationale levée par laconscription. La conféreuca des diplomates fut tout à l'avan-tàge de l'Italie. Le cri fut général contre Ferdinand lordClarendon Io blâma hautement, et soutint avec tant de cha-leur la cause de l'Italie que la cour de Turin, ainsi que denombreux patriotes, fitreposer sur l'Angleterre. des espé-rances dont l'avenir devait montrer la vanité. L'ambassadeur d'Autriche obtint, il est vrai, une sorte de déclaration deneutralité des grandes puissances. Mais la question italiennen'en avait pas moins été posée devant le tribunal européeneti'itatie, éprouvée par dix nouveHesannées d'épreuves, était peut-être mieux en mesureque jamais de la résoudre si uneoccasion favorable's'offrait enfin à ses efforts.

Éclairés maintenant sur leurs vrais intérêts, les Italiensavaient abjuré les vaines fictions qui les avaient perdus, et lemysticisme subversif de Dioe popolo et le mysticisme con-servateur de Gioberti. t'Itatie sous la direction du pape. C'enétait fait du carbonarisme et du néo-gueltisme. Le Piémontétait sorti moralement de ses étroites limites nouvelle patriede tous les émigrés, refuge des lettres italiennes et des espé-rances patriotiques, pays militaire et réorganisateur, il étaitdevenu comme le contre d'une Italie qui n'existait pas encore

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sur la carte, maisqui était désormais fondée dans le cceur des peuples. Les esprits les plus portés à l'ancien fédéralisme serattachaient à l'unité piémontaise, à l'idée piémontaise,comme on disait l'héroïque et vertueux Manin, en dépit des

colères de Mazzini

immobile dans son fanatisme égotste,acceptait la monarchie italienne sous lesceptre de Victor-Emmanuel. Par une ancienne habitude des sociétés secrètes,on avait pris un symbole mystérieux des espérances natio-nales VERDI, composé des initiales de ces mots l'illorioEmmanuele ~{ed'Italia.

L'Italie existait dans les âmes, mais en même temps, ellesentait l'illusion qui l'avait perdue, et savait qu'elle ne pou-vait rien seule. Il luifàllait un allié puissant et généreux; ellel'avait

espéré inutilement dans

l'Angleterre, elle le trouva

dans la France impériale. Une nouvelle révolution était im-minente en Italie. D'une part, le seul fait de l'existence d'ungouvernement libre en Italie suffisait pour entretenir uneagitation perpétuelle à Milan, à Rome et à Naples et del'autre, celui qui avait relevé l'empire en France, Napo-léon III, nourrissait des sympathies très-vives pour nn paysauquel il s'était intéressé dans sa jeunesse, et pensait qu'uneguerre libérale en Europe était le meilleur moyen de re-lever la considération de la France au dehors et de s'affermir lui-même sur le trônequ'il venait .d'occuper.

Une entrevue qui eut lieu enseptembre 1858 entre Napo-léon III et M. de Cavour à Plombières fut peut-être l'originede ce qui devait arriver. Le 1" janvier 1859, l'empereur l'an-nonça à l'ambassadeur d'Autriche en ces termes Je re-grette que nos relations avec votre gouvernement ne soient pas aussi bonnes que par le passé. Le 10, Victor-Emmanuelouvrit le parlement sarde au milieu d'un silence solennel, ettermina son discours par ces mots L'horizon au milieuduquel se lève la nouvelle année n'est pas parfaitement se-rein. Si nous respectons les traités, d'autre part nous nesommes pas insensibles au cri de douleur qui de faut de par-ties de l'Italie s'élève vers nous. Le 13, M. Ratazzi, prenant possession de la présidence de la chambre, conjura les partisde se tendre la main, de se rallier dans une seule et com-

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517L'ITALIE.

mune pensée. Le 17, enfin, le prince Napoléon, cousin del'empereur débarqua à Gênes, et vint demander en mariagela princesse Clotilde, fille de Victor-Emmanuel. Le 23, cetteunion, symbole de l'alliance de l'Italie et de la Ftance, futconsommée à Turin aux cris de Vire FAa/te' vive la France!'vive ~!c<or-Fmn!attue</ vive Napoléon!

Les faits suivirent les paroles avec une égale rapidité.L'Autriche augmentait alors ses garnisons à Milan, à Vérone,à Ancône, à Bologne, et commençait à diriger son avant-gardesur le Tessin. Le 7 février, Cavour présenta un projet d'em- prunt pour la défense duroyaume. Ses discours, qui puisaientdans les circonstances actuelles uneéloquence nouvelle, mon-traient que la provocation ne venait pas de l'Italie, mais del'Autriche, qui, transformant Plaisance, contre les traités, en

nne forteresse de première classe, accumulait les troupessur la frontière, et ne pouvait être satisfaiteque parla ruine,non-seulement de toute ambition généreuse, mais de touteliberté dans le Piémont. Il finit par se concilier jusqu'à ladroite féodale, qui sentit elle aussique l'honneur du payssétait attaqué. Le vote del'emprunt fut une véritable déclara-tion de guerre, que salua silencieusement l'Italie frémissante.

Il fallait pourtant compter avec certitude sur l'appui de laFrance, et la guerre d'Italie n'était guère populaire au delà

des monts. Mais les menaces del'Autriche, le langage des journaux de Vienne, les mesuresqui annonçaient l'invasiondu Piémont, le sentiment libétal qui se réveillait enfin enFrance, comme après un long sommeil, travaillèrent pour l'Italie. M. de Cavour rapporta d'un rapide voyage à Parisles meilleures espérances, reçut les volontaires italiensquiarrivaient de toutes parts, et, plein de confiance dansl'avenir,obtint facilement que le statut futsuspendu et les pouvoirsconcentrés entre les mains du roi.Presque au même instant

le baron de Kellersberg apportait une sommation de désar-mer dans les trois jours. M. de Cavour refusa. La guerrecommença aussitôt, 27 avril. Tandis que les Autrichiens pas-saient le Tessin, les premières colonnes françaises débouchè-rent des Alpes.

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LIVRE XVII.518

Mmtetwemt~m fMHM<H<K;M<<tN<«et )M«ërt)M

La campagne fat courte, mais rapide. L'empereur Napo-léon se trouvait déjà le 14 mai àAlexandrie,organisant qua-tre corps d'armée au nombre de 100 000 hommesqu'il joignitaux 40 000 hommes de Victor-Emmanuel. Heureusement lefeld-maréchal Giulay avait perdu plusieurs jours dans lesmarais de la LomeHine; mais, abandonnant l'offensive, ils'était fortifié derrière le Pô et la Sesia, en s'appuyant sur Pavie. L'empereur Napoléon, en se portant à sa droite sur Montebelto où eut lieu un brillant combat. fitmine de mena-cer de ce côté lesAutrichiens, puis, opérant à l'insu de l'en-nemi un mouvement tournant, porta toute son armée sur

sa gauche vers Novare, et jeta le maréchal Mac-Mahon audelà du Tessin. Le 4 juin le feld-maréchal Giulay posté àMagenta fut attaqué en tête par les corps français qui pas-saient au fur et à mesure le Tessin sous les yeux de l'Empe-reur, et en flanc par le général Mac-Mahon. Pendantquel-que temps la bataille resta indécise par le retard de quelquescorps français. Mais lorsque le général Mac-Mahon arrivasur Magenta, la garde aborda les redoutes où l'ennemi s'étaitfortifié sur un canal parallèle au Tessin, et les emporta après

une luttehéroïque.La victoire de Magenta fit perdre à l'Autriche la Lombardieavec sacapitale. Le feld-maréchal Giulay avec une grande précipitation évacua Milanqui commençait à remuer sous samain et abandonna Pavie et Plaisance. Tandisque le généralBaraguay-d'HilIiers achevait derepousser l'ennemi au com- bat de Metegnano, l'empereur Napoléon entra le 8 juin àMilan et dans un discours solennel, invita les Italiens à sefaire tous soldats, pour être le lendemaincitoyens d'un grand

pays. L'Italie avait déjà répondu à son appel. Avant Ma-genta, le grand-duc de Toscane avait étéobligé de quitter ses Etats. Le prince Napoléon, cousin del'Empereur étaitdéjà en train d'y organiser avec de nouvelles troupes fran-çaises des volontaires italiens. Après Magenta, le duc deModène, la duchesse de Parme quittèrent leur capitale; le

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L'ITALIE. &ia

gouverneur pontifical s'enfuit de Bologne abandonné par lesAutrichiens, et !e roi Ferdinand H mourut au bruit de nosvictoires, laissant un trône ébranlé à son fils.

Le 12 juin, Napoléon 111reprit sa marche, ayantà sa gauchele roi

Victor-Emmanuel, tandis

que Garibaldi se

jetait déjàdans les Alpes avec des volontaires.L'empereur d'Autriche,François-Joseph était venu prendre le commandement de sonarmée, pour défendre le Mincio; les feld-maréchaux, Hesseet Schlick étaient sous ses ordres. Entre Peschiera et Man-toue, en avant du Mincio, s'élève un groupe de hauteursescarpées qui a pour centre Solferino. Les Autrichiensl'avaient longtemps étudié et choisi commechamp de ma-noeuvres. C'était la clef du célèbre quadrilatère. L'empereur d'Autriche pouvait réunir sous sa main 200 000 hommes. Ilavait fait mine d'abandonner cette position le 22 pour l'occu- per en effet dans la nuit du 23. Les premières colonnes fran-çaises et piémontaises, en marche dès deux heures du matinse heurtèrent verscinq heures contre l'ennemi. Victor-Emma-nuel et les Piémontais étaient à l'extrême gauche, soutenus par le maréchal Baraguay-d'Hilliers; les généraux Mac-Mahon et Niel au centre; Canrobert à l'extrême droite, dansla plaine. A six heures, l'Empereur des Français à Monte-chiari, voyait tous ses corps engagés, les faisait soutenir l'un par l'autre, et comprenait qu'il fallait emporter Solferino aucentre, pobr empêcher les Autrichiens de nous tourner. Amidi le drapeau français flotta sur la tour du village de Sol-ferino plusieurs fois pris et repris. L'empereur François-Joseph ne put tenir dans Cavriana, et donna alors l'ordre àses différents corps, qui s'étaient jusque là maintenus, de sereplier. Après une bataille de douze heures, qui occupa uneétendue de cinq lieues, un orage épouvantable accompagnéde grêle et de pluies torrentielles permit aux Autrichiens

d'effectuer leur retraite. L'empereur Napoléon, le soir, pre-nait son quartier général dans la chambre même qu'avaitoccupée le matin l'empereur François-Joseph.

Le 3 juillet, l'Empereur avait passé le Mincio, tandis queVictor-Emmanuel investissait Peschiera, et le général Bara-guay-d'Hilliers Mantoue. On s'attendait à une nouvelle

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bataille sous les murs de Vérone. Mais la révolution agitaitderrière les Français les États de l'Église, et, devant les vic-toires de l'armée française, l'Allemagne et peut-être la Russiecommençaient à s'émouvoir. L'Empereur, croyant devoir s'arrêter à temps, pour éviter ce double péril, proposa la paix-à François-Joseph. Elle fut conclue dans une entrevueà Villafranca où en furent signés les préliminaires.

D'après ces préliminaires< Les deuxsouverains favoriseraient la création d'une con-

fédération italienne.Cette confédération serait sons la présidence honoraire

du saint-père.< L'empereur d'Autriche cèderait à l'Empereur des Fran-

çais ses droits sur laLombardie, à l'exception des forteresses

de Mant9ue et Peschiera, de manière que la frontière des possessions autrichiennes partirait du rayon extrême de laforteresse de Peschiera, et s'étendrait en ligne droite le longdu Mincio jusqu'à la Grazie, de là à Scarzarolo et Luzzara auPô, d'où les frontières actuelles continueraient a former teslimites de l'Autriche.L'Empereur des Français remettrait teterritoire cédé au roi de Sardaigne.

< La Vénétie ferait partie de la confédération italienne,tout en restant sous la couronne del'empereur d'Autriche.

Le grand duc de Toscane et le duc de Modène rentre-raient dans leurs États en donnant une amnistie générale.« L3s d euxempereurs demanderaient au saint-père d'in-

troduire dans ses Etats des réformes indispensables.Amnistie serait accordée pleine et entière aux personnes

compromises, à l'occasion des derniers événements dans lesterritoires des parties belligérantes. ·

L'empereur Napoléon ne se dissimulait pas les difScultésd'une pareille paix; l'Italie avait espéré davantage. La con-

fédération proposée, répondait, il est vrai, aux traditionslocales et aux aspirations même récentes des Italiens. Maisl'entrée de l'Autriche pour la Vénétie dans la confédération,la réconciliation des princes chassés avec leurs sujets, étaient-enes aussi faciles? Tandis que les plénipotentiaires français etautrichiens se rendirent à Zurich pour faire la paix définitive,

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L'ITALIE. 521

on comment à voir combien les conditions en étaient pré-caires. M. de Cavonr, qui les désapprouvait, donna sadémission. Victor-Emmanuel le remplaça par M. Ratazzi.L'empereur Napoléon sollicita vivement le pape de faire àRome les réformes nécessaires, l'empereur d'Autriche d'a-méliorer le sort de la Vénétie, et les princes Italiens de tra-vailler à leur restauration par des concessionsopportunes. Cefnten vain. Tandisque Victor-Emmanuel prenait possessionde la Lombardie, M. Buoncompagni à Florence, M. Farini àModène, M. D'Azeglio à Bologne, s'emparèrent du pouvoir,conclurent une ligue militaire défensive et convoquèrent les populations à disposer de leur sort, par le suffrage universel.Les assemblées issues de ce vote agirent en dehors des pré-liminaires de Villafranca, déclarèrent les anciens pouvoirsdéchus, et demandèrent l'annexion de leurs pays au royaumede Sardaigne avec Victor-Emmanuel II pour roi (septembre).

L'Italie abandonnant la confédération pour marcher à l'u-nité, l'empereur Napoléon s'attacha seulement à éviter le re-tour des hostilités en empêchant toute intervention de la part del'Autriéhe, et tout emploi de la violence dans les mouvementsitaliens. Le traité de Zurich qui confirma (10 novembre) les préliminaires de Villafranca, fixa les limites des possessionsautrichiennes et sardes, en laissant lesquatre places du qua-drilatère à l'Autriche mais elle laissa indécise l'organisationintérieure de l'Italie. L'Italie s'èn chargea elle-même, à sesrisques et périls.

te mouvement national et )e« «mnextnna } «temr et ttaHtnÛdt.

L'année 1859 avait donné à l'ItaMeindépendance, l'an-née 1860 lui donna l'unité.

Le 20 janvier 1860, M. de Cavour rentra au ministère,avecl'intention de marcher dansIls voies nouvelles que sem- blait indiquer le mouvement d'unité sorti de la guerre. Leministre était décidé a ménager les susceptibilités de l'Eu-rope, mais à marcher d'accord avec les populations. La for-mation d'un royaume puissant en Italie, par l'annexion des

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LIVREXVU.522duchésde Parme et de Modène, deslégationsde laRomagneet de la Toscane, était un fait grave; la politique anglaisey poussait de toutes ses forces. L'Autriche ne pouvait le voir sans un profonddéplaisir; le paperéclamait contre la spolia-tion la France hésitait entre ses sympathies pour l'Italie etses propres intérêts. L'empereur Napoléon tenta encore uncompromis qui joignait au nouveau royaume du nord Parmeet Modène,donnait le vicariatdes légationsà Victor-Emma-nuel, et conservaitl'autonomiede la Toscane. M. de Cavour accepta, en réservant le consentement des populations, etcelles-ciune seconde fois consultéesen mars 1860votèrentune secondefoisavecenthousiasmeleur annexion au royaumede Victor-Emmanuel.Un puissantÉtat se formait décidémentau nord de l'Italie. Le gouvernement français dut songer àsesintérêts,et le roi Victor-Emmanuel,qui pénétrait jusqu'aucentrede l'Italie, comprit la nécessité d'accorder à la Francela rectificationde frontière qu'elle désirait, et lui céda au-delà des Alpes, par le traité.de Turin (24 mars), la provincede Savoieet l'arrondissement de Nice.

Le roj Victor-Emmanuel n'était plus ni le duc de Savoie,ni le comte du Piémont ou de Nice, ni le roi de Sardaigne,mais un souverainnouveau autour duquel se groupaienttoutes les espérances et les forcesvivesde l'Italie. La seulemonarchie nationale et libérale de la Péninsule abandonnaitses provinces Transalpines,' pour descendre dans le bassindu Pô et dans le centre de l'Italie, sur les versants desApennins~ elle cessait d'être une monarchie provinciale, pour devenir une monarchie péninsulaire, commela Toscaneet l'Émilie cessaientd'être, de petits États séparés pour de-venir les provinces 'une grande monarchie. Le mot célèbredu prince de Mettemic~ <L'Italie est une expressiongéo-graphique, étaitqès tors'eSacé. Il y avait désormais une

Italie, il y avait une nation italienne.Rien n'était plusmenaçant pour les deux anciens gouver-nements qui subsistaient encore au centre et au midi del'Italie, à Romeet à Naple~ oùse renouvelaient presquetousles jours des manifestationsOnfaveurdel'Italie une. Le papePie IX et le roi François II auraient peut-être pu arrêter le

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LIVRE XVII.524

il menaçait déjà la ville avec 10 000hommes. Le 25 et le 26,deux des lieutenants de Garibaldi firent mined'attaquer Palerme, puis ils cédèrent ie terrain et attirèrent en se faisant battre plusieurs corps des troupes napolitaines. Mais bientôtGaribaldi arriva lui-même. En voyant les volontaires, les

Palermitains, au bruit du tocsin sonné dans toutes tes églises,sortirent de leurs maisons. Ils assaillirent les soldats par der-rière, on les attendirent de leurs fenêtres et de leurs toits, pour tes accabler de projectiles. Attaqués de tous côtes, ceux-cilâchèrent pied. A six heures du soir, Garibaldi poussant lessiens et favorisé par l'insurrection, était à l'hôtel de ville: ilfaisait éteverdes barricades, pour attaquer le reste de Palerme.Toutes tes bandes iasurrectionne)!es de la campagne arri-vèrent alors en masse, se répandirent dans les maisons, et,

avec tes Patermitains, firent feude tous les côtés surla troupe.Devant cette insurrection victorieuse, le général Lanzan'avait plus que des soldats affamés. Aux termes de !a capitulationsignée !e 26 juin, les troupes napolitaines quittèrent la villeavec armes, bagages, munitions et approvisionnements. Lefort de Castellamare fut mis entre les mains des Anglais jus-qu'à l'entière évacuation. Garibaldi, après la plus audacieusedes entreprises, resta, au bout de trois semaines, maitre delacapitale, et de la moitié de la Sicile, et libre d'organiser

maintenant avecun point d'appui de formidables moyens ponr achever la victoire dans Fite, et peut-être sur la terre ferme.Ces événements mettaient le gouvernement de Victor-Em-

manuel dans une position critique. Des volontaires de toutâge et de toute classe, se levaient dans l'Italie pour prêter main forte à l'insurrection. D'autre part, !e roiFrançois II, pour se sauver de ce périt qu'il aurait dûdepuis longtemps prévoir, formait nn nouveau ministère, remettait en vigueur la constitution de 1848, et en appelait à laloyauté du minis-

tre Italien, M. de

Cavour. La cour de Turin hésitait.

Gari- baldi précipita encore les événements. En qualité de dictateur en Sicile, il réunit bientôt 18 000hommes, traversa les mon-tagnes et apparutbientôt en vue de Messine. Le roi de Napleslui-même ordonnaau générât qui commandait la vi)!ede t'éva-cuer, sauf la citadelle. La révolution allait-elle passer le

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L'ITALIE. b25

détroit? La cour de -Turin n'était pas sans inquiétude; ellecraignait une agression de l'Autriche, et paut-étre d'autres

puissances. Le gouvernement français se tenait sur la réserve.L'Angleterre seule favorisait le mouvement. Victor-Emma-nnel essaya

par une lettre d'arrêter Garibaldi. Mais toute

l'Italie se levait en sa faveur. Le dictateur assurait d'ailleursqu'il travaillait pour le roi et pour l'Italie. Le 19 août, Gari- baldi maitre de Messine, passa le détroit ets'empara de Reg-gio le 21. Saprésence suffit. Le gouvernement de François IItomba comme de lui-même. La révolution était dans la Capi-tanate et la Terre de Labour. Le roi était en désaccord avecson ministère. Les officiers de la flotte refusaient d'obéir. Lesgénéraux de l'armée de terre déclaraient la défense de Naplesimpossible. Le 6 septembre, François II quitta la ville de Naples., Le lendemain 7, Garibaldi accompagné seulementde quelques volontaires, y fit son entréetriomphale. Toutavait été préparé à l'avance par le maire de lacapitale. Lagarde nationale maintenait l'ordre, tandis que les dernièrestroupes duroi partaient. Les riches Napolitains coururent audevant du vainqueur, les Napolitaines, parées comme pour nu jour de fête, apparurent aux balcons; les lazzaroni rem- plirent les rues avec des cocardes et des rameaux verts. Ledictateur traversa presque seul la ville frémissante, avec soncostumeordinaire, le manteau et la chemiserouge. Le soir, aumilieu d'une illuminationsplendide, le peuple des lazzaronise répandit dans la ville avec des torches. Il poussait des crisde joie, il formait des danses sur les places publiques, et ilrépétait le mot de Garibaldi; vive l'Italie une!qu'il accompa-gnait d'une vive pantomime en levant l'index de la main droite&lahauteur du front.

Cette démonstration était une menace contre le gouverne-ment romain dont la position était maintenant singulièrementcritique. Le pape sentait l'Ombrie et les Marches remuer soussamain, et pouvait être comme submergé par les volon-taires qui se dirigeaient maintenant du nord sur Rome, et par Garibaldi, maitre du midi. La ville de Rome seule, gar-dée par les troupes françaises, pouvait espérer être protégée par la puissance morale et matérielle de la France. Pour la

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LIVRE XVH5M~i

campagne,il était difficile au général du pape, Lamoricière,de tenir tête, avec une armée peine organisée, auxvolon-taires du nord et du midiqui accouraient. Fallait-il qne legouvernement piémon'ais laissât les forcesinsurrectionnellesconquérir encorele centre de la Péninsule, et peut-être, dansleur élan, attaqnerRome et brouiller l'Italie avec la France.M. de Cavour, impuissant à arrêter le mouvement, sentaitqne le moment de l'action était arrivé; déjà nn corps de~OOOOhommas,sous le commandement du général Cialdini,avait été, sur son ordre, concentré ver3Bologne et lesbordsde la Cattolica,limite des deux territoires. Avant de prendreMe résolution, M. de Cavour fit cependant consulter l'em- pereur Napoléon, qui était alors a Chambéry, pour visiter lanouvelle provinceannexéeà la France. Il fitvaloir la nécessitéde sauver la Péninsule d'une révolution qui ne saurait pinss'arrêter. Déjà en effetGaribaldi, qui poursuivaitl'armée na- politaine, pouvaitmarcher sur Rome. Il n'était plus question pour lui d'annexer au Piémont Naples et la Sicile, mais de proclamer l'unité de l'Italie au sommet du Quiriual. Laissélibre d'agir, sauf contre la ville de Rome et son territoire,M. de Cavonr sommale papede dissoudrel'armée d'étrangersqu'il avait à son service, et, sur son refus, donna l'ordre amgénéraux Cialdini et Fanti d'envahir le territoire pontifical, pour y rétablir l'ordre, assurer aux populationsla manifesta-tion libre de leurs sentiments, et arracher la révolutionna-tionale aux dangers de l'anarchie.

Le général des troupes pontificales, M. de ~moricierc,était à cheval sur les Apennins, à Foligno. Menacé sur lesdeux revers des montagnes par Fanti etUiatdini, il essayadese replier sur Ancône, fut coupé en partie et, le 18sep-tembre, au matin, forcéd'accepter le combat à Castel-Fidardo

avec 8000 hommes fatigués. It prit d'habiles dispositions,mais fut mal secondé par des troupes rassembléesau hasardet peu aguerries. Après avoir vu tomber les plus braves,ilse déroba pour arriver à Ancône, qui capitula après son dé- part. Menant de front la politique et la guerre, M. de Ca-vour, le 2 octobre, dans une solennelleséance du Parlement,demanda par une loi de confier au gouvernementle pouvoir

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L'ïTAUE. 527

<fanMMr au nouveauroyaumeitalien tes provincesde t'Itaiiecentraleetméridionale, danslesquellesse manifesterait libre-ment, par !e suffrage nniverse!, la volontéde la populationdetaire partie intégrale de la monarchie. Il déclarait que legouvernement italien ne voulait point actuellement recom-mencerla guerre avec~Autriche pour lui disputer Venise, etqu'il respecterait Rome parce qu'il y avait là une questionqui ne pouvaitêtre rég!ée par i'épée. Il avouait ouvertementla révélation pour en recueillir les bénéncea. Mais aussi ilarrêtait le mouvement qui menaçait de troubler maintenanth paix générale. Nousvoulons,disait le ministre, que lavilleéternelle devienne la capitalede l'Italie. A quelles con-ditions,quand et comment?c'est cequi peut être encore diffi-

cileà dire; mais nous avonsla confianceque le temps résou-dra la questionen montrant que la tiberté est favorableà lareligion.Pour la Vénétie, !e gouvernement cède à l'Europe,quine vent pas qu* le Piémont fasse la guerre à l'Autriche.L'Europe nous croit impuissants à délivrer Venise par nosseulesforces. Montrons-nous unis, l'Europe changera d'opi-mon.IA est encore pour nous la solution. »

Aprèsces paroles, il était tempsd'agir. Déj~ quelques exal-tés, à Napleset à Palerme, voulaient convoquer des parle-lements pour débattre tesconditions de leur annexion. Gari- baldi, peufait pour les embarras du gouvernement,attaquaitFrançoisII qu'il poursuivait près de Caserte, et était sauvéseulement par l'arrivée dequelques bersaglieri piémontais dé- barquésà Naples.Le 9octobre, ie roiVictor-Emmanuel partitd'Ancone,tandisque tes populations furentappâtées à voter sur leur sort. Naples donna 109000 oui, 3000 abstentions,300 <ton.Ea tout, le royaume des Deux-Siciles comptat3t0 266votes affirmatifs, t00t2 négatifs, 100000 absten-

tions.Le roi Victor-Emmanuel s'avança à petites journées,tandisquel'ex-roi François II, menacé d'être pris entre deuxfeux,ramena les débris deses troupes à Gaëte..

L'entrevue du roi Victor-Emmanuel et de Garibaldi eutlieu le 26. Ce fut à quelque distance de Teano. L'avant-garde piémontaise avec le générai Cialdini était partie decetteville, se dirigeant sur !e Vutturne. Les premiers ba-

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LIVRE XVII.528

tailtons de Garibaldi étaient partis eux-mêmes, laveille,deCatazM,où ils avaient passé le fleuve. La brigade piémon-taise de Como et la brigade garibaldienne Bixiose rencon-trèrent à mi-chemin et poussèrent des hurrahs! QuandGaribaldi arriva, marchant au-devant du roi, la brigade piémontaises'ouvrit et présenta les armes. Le général Cial-dini et legénérât Garibaldi se jetèrent dans les bras l'un del'autre. Aprèsquelques mots, Garibaldi remonta à chevaletmarcha au-devantdu roi. Victor-Emmanuelarriva peu aprèsà chevat, à la tète de sa division. A l'aspect des chemisesrouges, le roi prit une lorgnette. Ayantreconnu Garibaldi,il donna un coupd'éperon à son cheval, et marcha à sa ren-contre. Garibaldi courut de son côté. A dix pas de distanceles officiers du roi et ceux de Garibaldi s'écrièrent ViveVictor-Emmanuel t roi d'Italie 1ajouta à haute voixledictateur. Victor-Emmanuel porta la main à son képi;il tendit ensuite la main à Garibaldi, et, d'une voix aussiémue que la sienne, répondit < Merci au milieu de crisfrénétiques.

Le 7 novembre, le roi Victor-Emmanuel fit son entrée à Naples en voiture, ayant à ses côtés le général Garibaldi. Utraversa les rues de Naples, accompagnéet suivi des troupes piémontaises, au milieu de formidables cris qui acclamèrentle libérateur aussi bien que le roi. Un Te Deum fut chantédans la cathédrale. Arrivé an palais, le roi acceptale plébis-cite des deux Sicilos qui lui fut présenté par Garibaldi, et,quelques jours après, celui de l'Ombrie et des Marches, quiavait été également votésous la direction du marquis de Pe- poli, et qui achevait de lui constituer un royaume de vingt-deuxmillionsde sujets.

Les deux seules villes qui résistassent encore dans leroyaume de Naples, la forteresse de Gaëte et la forteresse

de Messine, tombèrent au commencement de l'année sui-vante, 1861; et l'ex-roi François II, dépossédé, demondaasile à Rome, au pape Pie IX, commes'il ne desespéraitpasencore de sa fortune, en trouvant sur le solitalien un terri-toire qui ne fût pas encore aux Piémont&is.Un parlementnouveau, composédes députés des anciennes et des nouvelles

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L'ITALIE. 529

provinces, par l'application du ~a<M( piémontais, à Naples età Palerme, consacra ces derniers événements. M. de Cavour avait déjà complété le sénat, en y faisant entrer les plusillustres représentants de l'Italie méridionale et de la Sicile.Pour la première fois on voyait confondus dans la mêmeassemblée Piémontais, Lombards, Toscans, Ombriens, Na- politains et Siciliens. M. de Cavour tenta de les réunir sur leterrain italien et monarchique dans un premier sentimentcommun Les merveilleux événements des deux dernièresannées, dit l'éminent ministre, en présentant son projet, ont, par suite de succèsinespérés, réuni en un seul État presquetous les membres épars de la nation. Le royaume d'Italie estaujourd'hui un fait; ce fait, nous devons l'affirmer devantl'Europe. C'est une noble nation qui tombée, par la faute dela fortune et par ses propres fautes, dans un état d'abaisse-ment, foulée aux piedset flagellée pendant trois sièc!es par destyrannies étrangères et indigènes, se re)ève en6n en invo-quant son droit, se renouvelle à travers une luttemagnifiquequi dure depuis douze ans et s'affirme en face du monde 1Cette noble nation, qui s'étant montrée constante dans leslongs jours de sesépreuves, s'est montrée prudente dans des

jours de prospérité inespérés, accomplit en ce momentl'oeuvrede sa constitution; elle se fait une par son gouvernement et

ses institutions, comme l'ont déjà faite une son origine, salangue, sa religion, le souvenir desmartyres sounMts et l'es- pérance d'une entière délivrance. Interprètes du sentimentnational, vous avez déjà, au jour solennel de l'ouverture du parlement, salué Victor-Emmanuel du nouveau titre quel'Ilalie, de Turin à Palerme, lui a décerné dans son affec-tueuse reconnaissance. Maintenant il est nécessaire de con-vertir en loi de l'État ce cri de t'enthousiasme.

Le parlement vota à l'unanimité, en accompagnant son vote

de ces mots « Sire, à l'anniversaire de votre naissance, lessuffragès de tout un peuple piarent sur votre tête bénie par laProvidence la couronne de l'Italie. C'est la digne récompensedu courage de vos aïeux, des sacrifices de votre père et de lafoique vousseul, entre tous les anciens souverains de l'Italie,avez eue en la cause de la liberté et du droit popu)aire. »

H)ST.O'tTAU);. 34

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LIVRE XV!530

tr~mxxte «<<)te et la ~«Mm~t romaine.

Il ne suffit point de proclamer ou de décréter un royaumeil faut encore l'organiser. M. de Cavour y songeait. Mais lasolide

organisation d'un

royaume exige d'abord le choix d'une

bonne capitale. Les hommes politiques redoutaient cetteques-tion. Us l'eussent volontiers ajournée. Mais ils sentaientl'impossibilité de l'écarter, par une fin de non-recevoir. Ellese posait tous les joura, dans les journaux, dans les brochuresen Italie, en Europe même; elle en soulevait une bien plusredoutable encore en tournant les yeux de tous vers Romeoccupée par l'armée française et capitale de la catholicité. Ilse rencontrait, il est vrai, quelques écrivains qui tentaientd'écarter Rome du concours et

rappelaient les mérites de la

modeste et pratique ville de Turin, de la brillante et richeMilan, et de la littéraire Florence. M. Massimod'AxégHo,entre autres, avecun patriotique courage, conjurait le peupleitalien de ne pas se jeter dans d'insurmontables difficultés pour poursuivre peut-être une illusion décevante. Il vou-lait faire de la capitale des lettres italiennes, de Florence,la capitale de l'Italie. Mais les grandes villes italiennesne s'excluaient l'une l'autreque pour céder à Rome. Laville séculaire pesait d'ailleurs de tout son poids sur les ima-ginations, italiennes, qui pensaient que la vieillecapitale dumonde ancien, et la capitale de la première religion du monden'était pas de trop pour une nation régénérée à laquelle seule peut-être elle pouvait assurer la puissance et l'unité.

C'était sur ce terrain délicatque les exaltés et les partisansde Garibatdi, attendaient M. de Cavour. L'habile ministresut éviter le danger dans uUo premiëre discussion. Selon sonopinion, la possession de Rome comme capitale était pour tous ses compatriotes une vérité sentie d'instinct, mais il con-naissait les difficultésreligieuses et européennes qui s'y oppo-saient. L'Italie, disait-il, a beaucoup à faire encore pour s'organiser, pour résoudre les problèmes de sa formationintérieure, et pour renverser les obstacles séculaires élevésdans son sein contre le bon ordre politique. Elle ne peut y

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LIVRE XVH.532

Le gouvernement français avait cependant nettement sé- paré la question romaine de la question italienne et déclaréqu'il continuerait àoccuper Rome tant que des garantiessuffisantes ne couvriraient point les intérêts qui l'y avaientamené.

La question

romaine fut en effet la principale difficulté duroyaume italien et des ministres qui se succéderont au gou-

vernement jusqu'en 1864. Les derniers événements avaientcondamné le nouveau royaume italien a débuter par undé-ficit assez considérable. Pour le combler M. Bastoggi, mi-nistre des finances contracta un emprunt qui réussit. Unréseau de chemin de fer qui devait relier et unifier tontes les parties de la Péninsule, fut voté et les fondsétrangers s'en-gagèrent avec confiance dans ces entreprises. Mais le pape àRome, déjà avant la mort de M. de Cavour. avait, selon sa propre expression, refusé la main que lui tendaient l'Italie etla civilisation moderne. La fin prématurée de cet hommed'État encourageait maintenant toutes les résistances. Laréaction relevait la tète dans le royaume de Naples et, sou-tenue par la connivence de la cour de Rome, protestait par le brigandage plaie endémique de ces ''entrées. Dans les cam- pagnes les villages fidèles étaient pillés, les maisons des libé-raux brûlées. Jusqu'aux environs de Naples, des convois dechemin de fer étaient arrêtés, des rails enlevés, des télégra- phes coupés. Des membres de la noblesse et même du hautclergé napolitain étaient lescomplices de ces actes sauvages.M. Ricasoli dut envoyer le général Lamarmora pour contenir Naples et expédier le général Cialdini avec des forces suffi-santes pour purger la Pouille la Basilicate et les Abruzzes decette insurrection à laquelle l'arrivée d'un officier espagnoldu nom de Borgès faillit donner un instant nn caractère poli-tique plus sérieux.

Ces résistances exaspéraient le parti de l'action qui préten-dait étouffer cette résistance en marchant sur Rome. M. Rica-soli, en évitantl'emploi de toutmoyen violent, crut au moinsdevoir faire une tentativediplomatique plus énergique etrenouer les négociations qui avaient étéinterrompues par lamort de M. de Cavour. Il pensait pouvoir profiter desdémêtés

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L'ITALJH. 533

qui éclataient alors justement entreM. de Goyon commandantdes troupes françaises et M. de Mérode, ministre des armes pontificales. Malheureusement le caractère Béret l'esprit vif deM. Ricasoli ne se prêtaient pas aux habiles tempéraments deM. de Cavour. On avait déjà remarqué le ton impérieux aveclequel il avait dans des discours ou des circulaires affirmé ledroit de l'Italie sur Rome et sur Venise. Dans le projet d'ar-rangement dont il saisit le gouvernement français à la find'août t86t en l'invitant à le proposer à la cour de Rome, onsurprit le même caractère. La base de ce projet était la sépa-ration complète de l'Église et de l'État, l'Eglise libre dansl'État libre, comme s'étaitexprimé M. de Cavour. Mais, enredemandant Rome comme capitale au .nom de la logique politique et des nécessités de l'unité italienne, M. Ricasoli ne

semblait tenir aucuncompte des intérêts, des opinions ou des préjugésdes autres nationsengagées dans l'affaire. En s'adres-sant à l'Eglise, au nom de la raison humaine et de la civili-sation moderne il prenait un ton de docteur ou de juse quigâtait les meilleurs arguments. La politique est le grand art

des nuances. M. Thouvene) ministre des aHaire?étrangèresdeFrance ne crut point devoir prendre cette proposition sousson patronage, et le pape en plein consistoire y répondit par une des plus violentes altocutions qu'il eût encore prononcéescontre la révolution italienne.C'était un échec pour M. Ricasoli et qu'il sentit vivement.Il n'avait pasencore pu compléter son ministère au commen-cement de l'année 1862. On lui reprochait de préférer l'al-liance toute morale de l'Angleterre à l'efficace alliance de laFrance; un autre homme d'Etat, M. Ratazzi eût été vu avec plus de plaisir. L'impatience agitait encore les ~ooe/M !ta<to-tta~Mdont l'action avait déjà plusieurs fois précipité le mou-vement italien etque M. Ricasoli avait jusque-là calmées par

son iniluence morale. At. Ricasoli n'était peut-être plusl'homme de la situation. Il céda la place le 3 mars 1862 àM. Ratazzi. Ce nouveau ministre comptait plus sur l'appuide la France que sur celui de l'Angleterre, se confiait plusdans l'emploi des moyens dilatoires pour la solution de laquestion romaine que sur l'usage de moyens comminatoires,

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uvRE xvn.534et était décidé à ne point se dessaisir de la conduite et de ladirection des affaires en faveur des exattés.

Une visite du roi Victor-Emmanuel à Naples où vint lavisiter le prince Napoléon (Jérôme) son gendre, connu pour ses sympathies italiennes, un contrat passé avec une compa-

gnie française pour l'exécution des chemins de fer, quel-ques réformes utiles permirent au ministère nouveau de s'as-seoir. Mais la question romaine était pour lui comme pour lesantres la première préoccupation. Le gouvernement françaislui-même, sans croireque l'acquisition de Rome commecapi-tale fût nécessaire à l'Italie pensait qu'il était temps de fairequelque chose pour mettre fin à l'antagonisme de deux cau-ses que ses traditions religieuses et politiquesrecommandaientà titre égal à sessympathies, et faire cesser un statu quo aussinuisible à l'une

qu'à l'autre et ouvrir la voie à un arrange-ment. Dès le commencement de l'année, l'ambassadeur fran-cais près la conr de Rome, M. de la VaDette, avait été chargéde demander au gouvernement pontifical s'il entendait tou-

jours apporter au règlement de sesrapports avec le régimenouveau établi dans la Péninsule la mémo inuexibilité, oil sil'expérience ne lui commandait point de se résigner, sansrenoncer à ses droits, à des transactions de faitqui ramène-raient le calme dans le sein du mondecatholique et réconcilie-raient la

papauté avec l'Italie.

L'empereur Napoléon III lui-

même, le 20 mai, indiquait la combinaison à l'aide de laquelleon pouvait arriver à ce double but et pressait son ministre desaffaires étrangères de la faire réussir. Il voulait maintenir le pape-chez lui et abaisser les barrièresqui séparaient encoreses Etats du reste de l'Italie. Il pensait y parvenir en obte-nant d'une part du gouvernement italien l'engagement dereconnaitre les États de l'Église et la délimitation convenue,d'autre part du gouvernement romain la consécration des pri-viléges des

municipalités et des

provinces de manière à ce

qu'elles s'administrassent eUes-mcmes et que le pouvoir du pape planant dans une sphère élevée se dégageât des souciset de la responsabilité du gouvernement temporel.

Le moment était solennel pour la cour de Rome. Elle avait pris ses mesures. Pour résister à cette sorte de sommatif'n

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L'ITAUE. 535

deux centquatre vingts évoques de la catholicitéconvoqués &l'occasion de la canonisation d'un certain nombre demartyrs

japonais se trouvèrent à point rénnis à Rome au mois de juin pour se prononcer sur la question en litige. Cette réunion ne pouvait évidemment avoir l'autorité d'un concile, mais elle pouvait donner un avis sur le problème qui troublait lesconsciences etagitait les sphères politiques. Elle se devaitcependant de le donner avec modération. Le saint-père lui-même dans une occasion solennelle avait dit que le pouvoir temporel notait ni un dogme ni nn article de foi. Un certainnombre dethéologiens italiens de beaucoup de science etde foi, le P. Passaglia entre autres, soutenaient que le papelui-même, pour se conformer aux nécessités sociales quichangent avec le temps, devait appeler de tous ses vcenxla

séparation do temporel et du spirituel, du sceptre royal et descle~sde Saint-Pierre, de la tiare sacerdotale et du sceptremonarchique. Les évoquesréunis, dans unB~dresse qu'ils ré-digèrent pour le pontife, déclarèrent qu'ils reconnaissaient lasouveraineté temporelle du saint-siége comme une constitu-tion nécessaire et manifestement établie par la puissancedivine, et, sans craindre de mettre l'organisation du mondecatholique en contradiction avec les aspirations les plus arden-tes dn peuple italien et les principes qui tendent à passer dans

la pratique de la politique moderne, adjurèrent les rois et les puissances du siècle d'apprendre et de comprendre qne lacause du pouvoir temporel était celle de tous les souverains etde tousles peuples. Le pape y puisa naturellement les motifsdn refus absolu et inflexiblequ'il opposa encorecette fois aux propositions du gouvernement français.

L'empereur Napoléon consola l'Italie de cet échec en obte-nant par son influence personnelle des cours de Prusse et deRussie la reconnaissance du roi Victor-Emmanuel II et du

nouveau royaume péninsulaire. En somme la situation dunouveau royaumeétait assez favorable; l'empereur des Fran-çais rappelait de Rome une partie du corps d'occupation, etsemblait ainsi faire prévoir des mesures plus décisives lors-que la plus regrettable imprudence du chef du parti de l'ac-tion en Italie vint tout gâter. Le patriote dont le nom popu-

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UVRE XVH.536

laire est si cher aux Italiens s'était déjà laissé emporter à des paroles offensantes contre la personne et le gouvernement dusouverain qui se donnait alors encore tant de soucis pour rendre service à l'Italie. Onapprit, tout à coup au mois d'août;que Garibaldi, à la faveur des souvenirs qu'il avait laissés en

Sicile en 1860,'réunissait un corps de volontaires, entrait àCatane et de là passait sur le continent avec trois mille hom-mes dansl'espoir de profitar du mécontentement repandu par les. refus du saint-siége pour entrainer la population contreRome. L'ancien libérateur de la Sicile et de Naples qui avaitrenverse si facilement deux années auparavant un gouverne-ment déjà mort échoua contre le gouvernement de Victor-Emmanuel en train de se consolider. Arrêté parla résistancede Reggio et ne voyant personne accourir au-devant de lui, il

fut obligé de se jeter dans le massif de montagnes d'Asnrp-monte et y fut atteint par quelques bataillons de bersagligridu général Cialdini. Des deux parts on avait commandé dene point faire feu~Par suite de malentendus, quelques coups partirent. Garibaldi fut atteint lui-même au pied droit et fait prisonnier (29 août).

Le gouvernement piémontais avait su maîtriser cette regret-table échauHburée. Néanmoins l'émotion de l'Europe avaitété fort grande. Le gouvernement français avait renvoyé des

troupes à Rome et cru devoir rassurer le saint-père contretout événement. Vainement le ministre italien qui amnistiaitGaribaldi essayait dans une note du général Dnrando an gou-vernement français de se prévaloir de la promptitude aveclaquelle il avait réprimé le mouvement, pour demander etd'une manière assez péremptotre la cessationdo l'occupationfrançaise à Rome. 'L'empereur Napoléon rappela au gou-vernement de Turin par l'organe d'un nouveau ministre,M. Drouyn de Lhuys, qu'en réclamant la remise de Rome et

la dépossession du saint-père, il s'était placé sur un terrain

où les traditions et les intérêts de la France lui interdisaient.de le suivre, au lieu de rester sur celui de la conciliation quele gouvernement français avait toujours voulu réaliser avantde quitter la ville de Rome. Cette réponse frappa du mêmecoup le ministre Ratazzi qui fut remplacé à la fin de l'année

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Î~ITAUE. 537

par un ministère dit d'affaires à la têteduquel se trouvèrentMM. Minghetti et Peruzzi.

La solution de laquestion romaine parut en effet commesuspendue en t8~3 et 1864, pendant que le ministère selivrait paisiblement aux travaux d'organisation intérieure quiétaient le premier besoin du royaume. Les passions, dans lesilence de la presse ét l'absence de toute action ostensible ayanttrait à Fanàire dé Rome, s'apaisèrent~ C'est ceque le gouver-nement français paraissait avoir voulu pour poursuivre silen-cieusement et par voie diplomatique la solution de ce pro- blème délicat qui tenait tout ensuspens depuis quatre ans.La cour de Rome n'avait rien fait, pendant ce temps, malgréquelques promesses, pour améliorer l'administration des Etatsqui lui restaient E)ie donnait encore de regrettables preuvesque ]bs principes de son gouvernement s'accordaient peu avecles principes de liberté et de tolérance de la civilisation mo-derne. Enfin les conCits entre l'autorité pontificale et l'auto-rité militaire française n'étaient pas moins fréquents. D'autre part, si les pàssions étaient un peut apaisées dans le royaumeitalien, un malaise réel paralysait toutes les forces du gou-vernement et condamnait cet état nouveau à une sorte demarasme dont l'influence pouvait être prochainement désas-treuse. Le choix déiinitif d'une capitale était nécessaire pour la solide organisation du royaume encore sous la menaced'une revanche de l'Autriche, toujours tiré en sens contraire par les intérêts les plus divers, et impuissant à se consolider sans un centre fixe et stable de gouvernement.

C'est pour sortir de ce ~toubte embarras, qu'après avoir poursuivi longtemps de secrètes négociations, le gouverne-ment français et le gouvernement de Turin signèrent enfinle 15 septembre 1864 une convention destinée à faire fa<reun pa&nouveau à la solution de ce redoutable problème dont

dépendent les destinées de l'Italie. En vertu de cette con-vention legouvernement italien qui se décidait àtransporter sa capitale de Turin à Florence, s'engageait à respecter età faire respecter le territoire du saint-siége tel qu'il était ac-tuellement constitué. Le gouvernement français de son côté promettait d'évacuer B~me dans un délai de deux années

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UVREX~I.538après avoir permis au saint-père de recruter librement, soit parmi les Romains soit parmi les catholiques étrangers uneforce arméosufnsante pour maintenir son autorité souveraine.

C'était l'expérience de conciliation que. le gouvernementfrançais cherchait depuis si longtemps à essayer entre le

saint-siége et l'Italie. Le nouveau royaume ne pouvait~ point avoir, soit à titre proviseur soit à ti~jdêfinitif, uneautre capitale que Rome t Le maintien du gouvernement tem- porel du saint-siége, mis à même de se constituer comme ill'entendrait, était-il encora'pos~ible! Si l'expérience réussis-sait, le problème n'était-il j<as résolut Si elle ne réussissait pas, les deux parties ne trouveraient-elles point dans cetteimpossibilité dûment constatée des raisons nouvelles et desmoyens plus surs de'réconcilier la cour de Rome avecl'Italie,

la religion avec la liberté, eTla tradition du saint-siége'avec'les principes qui président à l'organisation des sociétés mo-dernes ? Tels étaient les nouveaux problèmes que la conven-tion du H)septembre 1864 laissait à résoudre. De part etd'autre ils requéraient l'abnégation et la sagesse. Il seraitau moins irrévérencieux et inutile de conseiller à labour de Rome de*pareilles vertus. Nous pouvons prendre peut-être cetté liberté à l'égard de l'Italie, dont nous avons suivil'histoire avec sympathie depuis si longtemps. Sans doute

tout n'est point fini pour elle, mais un grand et libre étatcomme elle serait, si elle atteignait son but, ne se crée pointen trois années. Si des siècles de malheur etd'oppression luiméritent bien une éclatante revanche, elle ne doit pas deman-der l'impossible. Quelle nation en état de révolution a étéassez heureuse pour-arriver en aussi peu de temps à une for-tune aussi différente de celle qu'elle avait eue depuis si long-temps 1 Mais en finissant nous ne saurions nous empêcher d'exprimer le vœu que le saint-siége et le nouveau royaume,

an milieu des crises qu'ils peuvent avoir encore à traverser,tiennent tous les deux compte des conseils de laFrance enraison des services qu'elle leur a rendus à chacun. Dans lesévénements accomplis depuis quinze années le royaumed'Italie doit à la France son existence, et le saint-siége àRome lui doit sonsaint. Le drapeau de la France Hottait

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L'ITALIE. 539

paisible sur te Vatican en mêmetemps qu'il était livré à tousles périls des champs de bataille de Magenta et de Solferino.II enveloppait dans ses plis glorieux l'indépendance de l'Égliseet ce!!e de l'Italie, la réconciliation de la religion et de laliberté. La France ai~ui son devoir; on peut espérer que la

papauté et l'Italie n~~nq~ërontjtoint au leur.

l"oct.t8M.

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FtN.

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TABLE DE§'MATiËRES.

.< sr L'tTAUE A LA Fnt~DU ÛCATNtRWE~CLE DE KOTRREREL'tTA4lE A LAF U

QQATRIj~E-_1~LEDE NOTRE'ÈRE

<Déchéance politique Ne!'IM~)I*senattM de Rome. tOrganisation savante et de~tdejtc~ 3Anaissement des caractères; ruine du sentiment religieux, de la

titteratureetdesarts. 6J/atmee, rEg)~, la papaMte. 9

LIVREI.CHUTEDE HTAUE KOMAtNE.*

(395-4~6).

Honorius et Stilicon; l'empire perdu (39o-398). t2Prise de Rome par Ataric(4t0).vt6Constantius et'Aetius; Vatentinien !H; saint Léon devant AttitaèUjL

Gensenc; seconde prise de Rome (4H-455). 18Les derniers empereurs; les barbaresRic~er et Odoacrc (45m6). 23

le LIVREIl.HTAHE GOTHIQUE.,

(4~6-552).

Règne d'Odoacre invasion des Ostrogoths (476-493). 27~taMissement des Ostrogoths; Theodorit le Grand (493-526) 30Décadence des Goths et conquête grecque; Bélisaire et Totila

(526-552).T.38

L'ITALIEBYZANTINEET LOMBARDE.

LIVRE H!.<L'eunuf{ueNi~rsès_(onfte'fMtrchat(5&~M8). 43

teTtomBards et )eur roi Atboin (568-5~5). 46Les trent~six duchés tombai (M5-5M). 48T)tMde)in')e; saint GrcgnfM le Grand les fjombants convertis

(SM-MO). 50M

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TABLE DES MATÏÈRES.5<t2

Rotharis; cons~tution et législation des Lombards (620-652). MDécadence lombarde et byzantine origines de la répuNique de

Venise et du pSuvoir tempère! des papes (652-?)L5).. ~5&Léon t'baurien; Luitprand; Grégoire n et Gregoite.U! (7t5-~M).. 60

1UYREtV.

L'tTAUE FRANQUE.Pépin; la donation (~50-112). &4Charlemagne (~13); rétablissgment de t'empire d'Occid~pt; Lect~jJ!

(800). 67L'empereur Lothaire Eug~e n et Grêgqtre IV (8t4-843). 1)L'empereur Louis les papes Léon JV et Nicobj~ (843-874). 14Chute de la royauté car!oving!enne ~874-M8). ~6

LIVRE V.DTAUB FÉOpAM

(888-975).La féodaUtcita!ienne. i9La couronne de ~er; la couronne impériale; la tiare en proie aux

factions. 8ïThéodora, Hermengarde et Marpzie (905-932). 86D~adence de la royauté italienne (93Ï-950). 81Ottpn te Grand fonde la domination allemands (960-9~5). 89· -N

LIVRE VI.~'tTADE OMPÉRtALEET POKTtFtCALE

(975-1137).Lesempereurssaïons. ?Otton III; le thbun'Crescentius; Sylvestre H (983-1004). 94Henri le Saint l'épiscopat temporel (tÛM-tM~). 97Les empereurs franconiens; révolution politique et réforme ecclé-

siastique (tM4-t&48). 99GrégoireVJ!; première lutte du sacerdoce et de t'emp~re(t048-t085). 105L'îféritage de Mathilde; le concorda~de~orms; chute de t'episco-

pattempote!(108a-U37).Ha

UVRE VII.L'ITALIE GUELFEET GtBEUtΠ1

(n3t.t$M).

La Péninsule au commencement du dou<!ème siècle. )MUne révolution à Rome; un diseipte de saint Bernard et un dis-

cip)ed'Abaibfd(tm-H52). !?

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TABUE DES MATi~RES. 5M

FredéncJtarheBMsse et AteïandreJU (1158-1168). 132La ligue lombarde; trêve de Venise et paix de Constance (1168-

)t83).r. 137Réunion deh Sicite-et*[re t'empije; Henn V! (ttM-HM). 141Innocent III; Guelfeset Gibelins; Catharins et Patarins (1196-1215). 144Frédéric U et Grégoire !X(t220-t24t). 151Innocent tV; chute de ta*domination allemande (t2M*t2M). 156

?'UVRE VIII.

L'fTAUE MOXAttCHtQCEET RÉ~BUCAtXE.-4 #

Clément tV~ conquête de Xaptes pat_Chade~4'AaMm-~26t-t280).. t&4Les Vêpres stCt)tennes~~huteji~Chartes d'Anjou (tM2-t28a). ~3BonifaceVi!T;Tapapauté en France (t29M303). 176Aristocratie et démocratie, querellesintestines; commerce,sciences,

lettres, arts; Dante (t290-)3t0). 180L'tta'ie sansempereurs et sans papes tombe sous testyrans (t3t0-

t349~rr~.r7~ 194

tje poète Pétrarque et le tribun p!ico!M Riettït (t34~). ïOaLa peste de t3~8 et le jubi)é deT9M~Boccace. 209Jean Visconti, Oément 'Y! et Innocent VI. Guerre de Sapienza.

Charles de Luïembourg (t3M)-t3a6) 210!~)rnabo Yisconti; A)bornoz; Catherine de Sienne ()35H3M~ 2)3

UVRE tX.L'!TAL'E ASARCH'QUE. ·

Le grand schisme ()3~N Urbain V[ et Oément VH 2i 9Révolutions à Naples et~à à Florence;guerre de CbioM&~t378-t384). *tJean Gateas veut réunir l'Italie sous sa

domination; décadence

po-titique~tmorate. 226Dissolution momentanée du duché de Mitan agrandissement de Ve-

nise et de Florence (1409);concile de Pise; Ladislas (1402-1414). 230Les deux condottieri Bracoio de Montone et Sforza Attendolo; le

pape Martin y et la reine Jeanne U (t4t4-tMO)~ 233Phitippe-Marie reconstitue le duché de Mihn; te condottiere Car-

magnota(t420-t43t).235Kouveau schisme; Angevins et Aragonais; guerres de Philippe-

Mane(t432-lW). 238François Sforza; Cosmede Médicis; Stefano Porcato (t44ï-t453).. 242v

UVREX.

1 L'tTAUE PRtNCtÈ!UB(1453-1493).

Ktat politique de l'Italie au milieu du quintteme siMe. 246Commencement de la renaissance 248

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TABLE DES MATIÈRES.544Fenlinand 'te Naples et Jean de Calabre; Pie JI (t4M-t4M). 2MPaul Il; Pierre de Medicis: GateM Sforza (t4M-t4ÏO). 2MLaurent et Julien de Medicis ~IS~~peSiïtetïy; conspirations à

Mi)A)*etàFtorence (t4Tt)-t4M). 2MGuerres de Sixte tV contre Horence, Ferrare et Venise (1478-1484). 259PuisMnM de Laurent; ë<~t trompeur de la civilisation; J.erome

SavonaM!e(HM-t493). Mt

LIVRE XI.· HTAUE M LA REKA'SSANCE.

L'ttatie se livre ette-meme. '!?Expédition de Charles VIII; Chute des Médicis (t4M-t498). 2MConquête du Milanais par Louis XU; Ateiandre VI et César Borg~

()498.t&C3).J. 9nJules I!; ligue de Cambrai; guerre de l'indépendance (t503-t5ï3). 282Le pape Léon X et son s!ecte. Marignan; lettres et arts(t5t3-t52t). 289

Adrien~; ba<ai)!ede la Bicoque (tM!-t5~ 2MCtément VII; bataille de Pavië; prise de Rome (t5M-t5M). 300Charles-Quint couronné empereur et roi à Bologne (Î5M). 306Chute de Ftorenceérigée en duché pour tes Médicis(t52HM6). 308Pau! ti! et Jules III; la domination espagnote; la renaissance

proscrite; chute dé Sienne ()M4-)555). 309Paul IV; dernière tutto; le duché de Panne et do Plaisance; les

présides traité de Cateau-Cambrésis (<Ma*t5M). 318Asservissement des princes; Pie IV, Pie V, Grégoire XJH; restau-

ration catholique dans tes lettres et tesafts (t559-t5~2).I. 32tMisère de la Péninsute; tes br~i et les brigands ()5M-t&M). 325

UVREX".L'n~DE HtSPAftOAUTRtCn)E!<?!E

(t5M-nOO).t ·Si~e-Quint et Ferdinand J" (t584-t5M)). 328Le papettëmentVfn~e moine'(~mpaqet)a (t590-t606). 332Le pape Pau! V; Chartes-Kmntanuet t" (t60o-t6t8). 335Don Pèdre de*ro)&deet le duc d'Oss~na; conspiration de Venise.;

aSaire de la Vattetine (t6t8-i6!~). 338Le pape Urbain

V)tt~ succession de Mantoue; prise et ruine de

cette ville; matsondeGonMgue-Nevers ()626-t63î). 340Etat materie) et aMra); sciences, tetfres et arts. 3)3Innocent X; MasanieHo;iutte de la France et de t'Espagno en<ta-

)ie()63~*t6~t. 347.AteMndreVHet Ctëmcnt !X; Charles-Emmanuel Il et Ferdinandn; 355

gtierro do Candie ()659-)M6). 3M

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TABLE DES MATIÈRES. 545

Innocent XI; révolte de Messine; bombardement deG<ne!;tnaire etruine de Casale (1674-1700). 359

<

HVREXULtL'tTAHËAUTRICHIENNEET BOUMONtENNE

'(nGO-~89).

Le Milanaiset !e royaumedeNap'espasseotà t'Autriche ~HOt-tïM~. -3MCtéation'du royaume deSardàtgM pour Y'ctor-Amédée ~t4-tM<). 369Leduché de Parme suppnm?,_Nap!es passe A untBoxrbon~!a~Tos-

caneJ~un_Hah!bourp (HM-n35). <7.7.1~7~T 3ïlGèneset Sa:nt-~nn(n35-n38~ 375Guerre de la succession d'Autriche; le duché de Partne rétabli; le

MyâumeMTdea~fandt(t7M~?48). 376Essais de~egenetaHon~aits.paf quelques princes. 379Lejans~nbmeet la philosophie &ancaise; Mopotd I"; Tanueci;

Mnn~an~ Chades-Emmanuel(n5Q-tT6~t. 383

Venise, Gènes, Rome en dehors du mouvement; Clément XU!; Be-nottXtY:aboutionde~jêsuHe~(H6M~). 386D~fauts~deta régénération italienne; Joseph Ferdinand !Y; Yic-

tor-AmedeeU; Pie VI(m4-H89). 389

a v~LtVRE tV.

L')TAHE RÉPOBUCA'NEET NAPOÏ-ÉOKteNNE·- (h89-t8M).

vL'ttat~etjtiNe et div~ée les souverains et tes peuples. 394Guerre de Jârépublique tfançaise sur tes Alpes; insurrecMondes Ita-

liens (n92-n9o). 398Bonaparte; républiques transpadane et cispadane (t ?96). 400AnMe, Rivoli, paix de Cam;~o-Formio;tes rëpubtiquespigurienne </t~qr<')satpine; chute de Venise (t79~404Républiques romaine, partMnopéenneet toscane; la Péninsule ré-

pub!icaiqe(m8). 407Rapide destruction des répuNiques italiennes par tes anciens souve-< rains; réactions sanf;)antes(n99). 410Marengo, traité'de~LunévMe; Pie V!fet Ferdinand'restaurés, les

républiques cisalpine et ligurienne rétabties ~ÏMO~SM). 4t3Leroyaume d'Jtatie; Nactes, ta Toscane,Lucques, Ohastattadonnésà des~BBts~~mp6reur~Jht)ejiâpQ~onteaB~~80'808). 4)8Legouvernement temporel du saint-siége ahotr; apogée de la puis-

sanceimpér<ateen Italie; le roide~Mae~l8{!8;!8~2). 422Revers de Xapo)éon:*dt5cordes~es Italiens, d'Eugène et de Murat;

occasion d'indépendance perdue~restauration (t8t2-t81&). 425

HtST.D!TAUE. 35

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TABLE DES MATIÈRES.546

LIVRE XV.HTALtE DE LA MESTAUtATMN

(t8t&-t846).Rétablissement complet de l'ancienrégime (t8i5-)82Q). 432

Opposition de t820; insurrections de t82t défaites de Rieti et deSaote. 436Réactions sachantes (t823-t830).r.. 442Insurrections deTs~ 4 t832; te mémorandum; t'ëdit nu catdina!

Beme{ti; occupation~d~nc~ngj. 445Chartes-AIbett, Ferdinand n, LéopoM!), Grégoire XVt; la jeune

Italie (t833-t8M)~ 449Statistique de la population, des tbrces de terre et de mer, du com-

merce, de l'instruction publique, etc. (tS4~-t8~5). 453Recrudescence libérée et révolutionnaire en Italie; insurrections de

Rimmi et de !aCa!abtp(t843-tS46). 460

UVRE XVI.L'tTAUE RÉVOUiTMKNJURB.

Pie !X; tes réformes ()uin~846-octobre t84~ 4MLes constitutions(octobre t84?-t8 mars 1848). 472Insurrection à Mijan (17-25 mars). 476Guerre d'indépendance; chartes-Albert réaction napolitaine du

i~ mai; bataille deCustat~ (2~ mars-N août).T* 419Les républiques à Venise, a Rome, a Florence; assassinat de Rossi;

fuite dn pape (septembre 1848 a février t849), 4M Nouvelle

guerre; bataille de

N~vafe; prise de .Rome; chute de Ve-

nise (mars-août 1849). 494<

UVREXVH.L'tTAUB.L'ITAWH.

RétaNissement des anciens gouvernements (t8!)p-t85ï). 505Victor-Emmanuel Il et M. deCavapr; le Piémont et t'ttatie. 6t3L'interventionfrancise Magenta et Sotferipo 5t8Le mouvement nationa! et tes'anneïioas; Cavour et Gahbatdi. &2tLe royaume d'Italie et laquestion~romaine. 530

t)tt DE LA TABLE DES MATtËRES.

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aUtM DES CLASSIQUE GMC&

Mnragregedephi)Mophie&)tFMaUe tUnrAttQPB ~tt de TMamtoch.tleatettrea de Paris.) Me. (Sommer.) Me.

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inspecteur d'académie.) t5 c. THfCtntDB: Gu<fTtdu Ptteponn~tt,ftt d'fjandr<. (V. Bêtottad. pré- t "(Sommer.) t fr. Me.feMear Mtycee Chartem&gne.) M c. x~oPHOX ~Mtxue, titre premier.

–fttd'~r~tidt.(Tatbot.) aoc. (Moncotft, proftaMurttaFMuhët~e <<<CMar. (Materne.) M c. des lettres de OerMont.) t4 c.t~<<<te CtC<ron.(Tt)bot, professeur –Cyroptdif.Liïre premier. (C. Huret,

!H))y<;eeLouis-)e-Grtnd.) 90c. inspecteur d'tcadM'nie.) 65 c.f« (tejOtmoi~tnt. (Sommer.) !0 c. C~rop«<'<. Lirre deuliëme. (Uuret.)y<e<f<Pomp« (Drcoo, proïtsenr du jPri~. tt c.

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tyeeeLoui~-te-GrMd.) toc t Cb~netivraison séparément, eec.

C~ASSttQtJEN ~ATMS

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CtCEtO: D<~tmtC<ttod<ato;tu<.(A.Le- losophie prestes Facuttésdeatettree.goncz,professeur au tjcêe Bonaparte.) Prix. tfr 25t.Prix. ':sc. co~CtONES. (F. Colincamp, profea-D<0/pctit libri très. (H. Marchand, senrata FMuttedes lettres de Douai.)

protesseur au lycée de VerMi~!es.) Prix. t fr.Prix. c. COMEUM ttEPOS OptfO que su-D< Oralort t~rf Ires. (V. Mto)aud, p,r<unt. ().. Quicheritt) Mc.

professeur au lycée Cbarlemagne.) s<;M<z < pro~n.. tcf<p<o-D~'Stn~tutt d.atoaM

fVPare~'c. (C. Leprérost, profes-Dt Strier Iule dialogeu. (v. Paret, seur au lycée Bonaparte.) t Ir. 50 c. p~ ~e~ ) B.nap.r~.) fr. i. –Spu<ofZ!<tef<z.(E.Sommer,axrë~~ BORATtCS PLACCTS. (Sommer.)

des etassex sapérieure~, doctour tt Prix. fr. 80 c.tettres.) soc. jrsTtSPS:Hf<(ort~PAi<t'pptca'(E.

–~nCa~ttnamortft'onM quatuor. (E. pesi.('rmeam, professenraaiyceeNa-Sommer.) tOc. poléon.) t fr. 25 f.

–/n t~trrtm oratto <!<S'9n«.(J.Thi- ~BOMOXO:C<~rt<<ttu<tntutRMM'. baott, ancien élève de tEcote nor- (Chaine et Pront, anciens professeursmale supérieure) Me. autyeeeChartemagne.) <0c.

fnf<rr<m or~.t.o~ Su,,pt.c,~(0 o~,n~g, c~ des ~tamorphOM..Dapont. ancien professeur an tycét- Nouvelleédition conforme au texte o'- Napoléon,) ~oc. NouTelleéd.l.on con,(ormeau te~te 0.ttapoteun.) fh.n~.))~' nciet.~C.Le~ge.directeurderinMi-Pro

Archia poeta. (A. Ct<aas~e)<e, n.het-Sas!!in t f fr t4 c- professeur nu lycéed'Alger.) 20 c. tuticn Barbet-llassia.) I tr. 25 c-

s'& -~<lycée Sain-Louis.) 20>c. phoxon. (G.Lesage.) 1 fr.

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Pro J~urtna. (J. Thibault.) 25 c. imitations de )-a Fontame et de Flo- –rM«;utotMrum ~uzjtionum ti6r{ rian.(E.Ta)bert. censeur du lycée

uinqut. fC. Jourdain, agrégé de phi- Charlemagne.)

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SOtM DES CLtSStQOM LAUNS.

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tAH.CST)CS Catfftno et 7M9"r<A<t. teartt tettres.) < fr. M c.(CrciMt, professeur au lycée Saint- Tt)te<Hpa MAtO <Op<m. (B. Son.-Loxis.) M c, mer.) t <r.

TEttEttTtM :~d<<ptt.(V.Béto(aud. -Lu ~ucoK~u« « <<<CtM~tt«M, prof.MttceeO'tftemtgoe.) U c. séparément. e0f.

C~AMtMMES FKAM~AM

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MtU!AO:(~MfMpo<<t~«M.(E.Ge-.t.A F<MfMnm Fables, précédéesnttet, agrégé de t*F*cutt6des tettres d'une notice bio~rsphiqueeUittérairede Paris.) tfr.ïic. et suivies de Pbilémon et Baaci:

tOSS~T = Di.~f. ,ur rht.to.r< S~T?. ~~?t<r«<tt. ~Xeris. doyen de la FMuité de Paris.)des lettres de Clermont.) -:fr. MASStLL<Ht:P«t<C<!r~M.(F.Cc)inOfottotu fun~6r«. (C. Anbert, pro- c*n)p. professeur à la FMutt~ des têtfesseur au lycée Louis-le-Grand.) tresdeUonti.) jfir.Mc cPriï. tfr.Mc.!

-<c.

!MO!!TBSQCtEP :Cotu<<Mfa<<MM*tf COMXtU~ rMdtrt cto«.,(E. Ce- ea~M ta gron~r <« ~o-COalŒILLB Thédtre choisi. (E. Ce- lu cawn de la grandeur des Ro-

") 2 tr. M c. tuafM « <f<leur d<M<<<nc<.(C.Au-

fÉNBLOK DtatoeuM des morts. (B. professeur ta

lycée U)oi6-!e-

Jn))ien,doc[enr&B)et(re*,)iceuci6 Grand.) ttr.Mc.M.CMM.) ifr Mc. j ,~cME rAM<n-<Ac.n. (B. GerMeï.)

–Dta(o<)UM<«r«t<M''<n<'<.(De)K)t)B, Prix. ,,f, .f c. professeur tutycée de Rouen.) tsc.

Opufcuht aco<f<mf<UMcontenant le MCSSMO (1. B.) aPutfM ti/f~MM,discours de recepuon à l'Académie suivies des plus belles odes des Ly-française. le mémoire sur les occu- r):)ies français. et d'an recueil d'epi- patiuns de t'Aetdemie et la lettre à grammes. (E. Gerutet.) <fr. 2Sc.t'Ae~dëmiesur ttteqMence, UtPoésie, -n, 0; f.). vx J.PHmnif<'fnf)Tnn<~ ~f VOLTA<Hc:n't'o"'<a<Cnor«tA«.t-Ht:[0)re.(De)tOD~) ut T;c. (Brochard-Danteaine. ancien élèvet« ~f<nfut-« tf<Mtma~ut, suivies de l'Ecolenormale supérieure. agrégédes j<<n«tr«d'~rt«ono0<, conte- d'histoire.) 1 fr. so c.nant tes passages des auteurs grecs,)ttinf et

français. imités dtnsfe ?<-

Sttctt to«<< JHf. (G'rcier, agrégélimaque, des notes géographiques, et d'hittoire.) afr.iec.une notice sur Fénelon. (A. Chassang,docteurèstettres.) ifr.ttc. –77)M<<'<ctt)Ut.(B.GefUMt.)!ff.Mc.

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DICTIONNAIRESCLASSIQUES.

~ANittME LATINB.MCTMMNAtM

LATM-FatANÇAM, contenant

plus de tioO mots

qu'on ne

troure dans aucun lexique publié insqu'a ce jour, par MX.L. QmcJMaAT,agrégéde t'Unittreito, et A. DATttcT, ancien professeur de rhétorique au tycée Na- poMon, suiti d'an fOMOMtatft <o«n-fran{aft du notn<(.ropr« de <<t~n~<MtttM, par M. L. Qctca:ttT. On*Mge autorisé par le Conseil de t'instf notion paNtqae-tTotumeptcdin-t.phï, cartonné. Cfr

mtQUK LA'n!t-fttA!tÇAtS, t t'asage des commentant*. extrait du Diction.Baire iaitn-fnmta'B de MM.QctCBEttATet DtTH.cr, et aagment~ de toutes lesfennec de mots irregntiers oa difBcites par M.SOMXtt,agrégé de* ctaMet snpë-neares, docteur es lettres. t volume in-t. Prit, etrhmné. fr. ;0 c.

MCn<MMAtM fBAK~AM-~ATtM, composé sur te plan du Dictionnaire <o-«'t-onfaM, par M.L. QctCHtBAT,agrégé de t'Unirersité. t Tôt.grand ic-<Prit, cartonné en toile. 9 fr,

t.BXtQCK fHAKCAtS-LATM, à l'usage des commençants, ettrait do Diction-nfurt fran{<tu /a«n de M. L. QCtcazatT. et at~menté de toutes les formesde)BOMirrégu)ier<ton')ifncites;parM.S<!tnm. trot. in-t.Prit, cart. 3 fr. 50c.

TtMSACtM POETtCCa UXCC~ LATM~, oa Dictionnaire prosodique et poétique de la langue latine, par M. L. (totcaMtT. Ouvrage attorisê par leConseil de t'instruction pubtiqae. t rotame grand in-t. Pht~ cartonné, t fr.

~A!ttt!)UB tiHECQUB

DtCTM!t!tAttB Cttec-F)tAXÇAtS,par M. C. At.MAMMB,inspectear généra)de l'instruction pubiïqae. tt' tdttton, <n<t<rtmfn<r</bnaM par l'auteur «cofM«<<r<tt!«tM)<ougmen<t<. Oatrage amtorisé par le Conseil de l'instruction pabtique. t tr~s-fbrttotume grand in-t. Prix, cartonné, ti fr.

ABB~CÉ DU DtCHOMAtBK CNEC-FBANCAtS, à l'usage des commençants.contenant tous les mots indistinctement et tontes les formes difBcites de ta

Bible, de t'ttitde et des auteurs

qu'on explique dans tes classes

inférieures, par le même auteur. Ouvrage autorisé par te Conseil de t'instruction pubtiqne,t TOtnmede tM pages. Priï. cartonné, t fr. M r.

MCn<MMAUm f~ANCAtS-e~BC, par MM.AMïMBat, FLAMBEet Ct~AtcosmT- KoureUe édition, refondue et augmentée. Outrage autorisé par leConseil de t'instruction publique. tTOtnme grand in-t. Prix, cartonné, ttff.

LBXtQCR ntAttÇA)S CHEC,~ à l'usagedes classes étémentaires, par M.Fréd.DuaMa. t Tôt.in-<, cartonné, t fr.

MCnOMAtM f!(OCTEAB)FttANÇAtS-CREC, par M.OlA!<EACX;avec la col-taborationdeMM.RoCtaetEBDtC. t totumein-a. Prix, caftocné. Htt.

~AJOttMS AMJMtAMBB

McnOitftAtBRCLASStQN! ALLMtAKB-FXAXCAta ET FttMÇAta~LLZttAHD, par W. B~ StMtO. Oarrage tu~risé par le Conseil de t'inatractiott pnbtiqMeet adopté par le collége militaire de la Flèche et t'tcote de &m)t-Ctf.< YOtnpttt petit in-t. Prit, brocbés. to {r.

t~*deoiYofmnetCtrtQBne*eaan. tttr.

i." ~L_ P*ht.

T~po~r!ede Ch. Labure, rue de Fleurus, W.

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CONTENUS DANS L'HISTOIRE D'ITALIE.CARTES.

Italie sous les LombardsItalie au XVe siècleItalie au temps de l'Empire françaisItalie en 1852

PLANS.Le Golfe de Naples et le VésuveMilan et GênesFlorence et RomeVenise et ses lagunes

GRAVURESÉglise Saint-Marc

Le Baptistère, le Dôme, la Tour penchéeLe Campo-SantoChâteau Saint-AngeÉglise Saint-PierreCathédrale de Milan

TABLE DES MATIÈRESINTRODUCTION.