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Bimestriel des Agricultures Alternatives Institut Technique de l’Agriculture Biologique janvier/février 2002 O Prix : 9,15 Grandes cultures Comparaison des systèmes de culture en Midi-Pyrénées Maraîchage Fiche technique : Maladies et ravageurs de la tomate Des essais variétaux de tomates dans l’Hérault Arboriculture Gestion des compagnols en verger biologique Viticulture La gestion globale du vignoble Élevage Élevages biologiques : quelle(s) autonomie(s) ? Introduction à la médecine traditionnelle chinoise Bimestriel des Agricultures Alternatives A lter Agri Q ui fait quoi en protégineux biologiques ? n° 51

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Bimestriel des Agricultures Alternatives

Institut Technique de l’Agriculture Biologiquejanvier/février 2002 O Prix : 9,15 €

Grandes culturesComparaison des systèmes de cultureen Midi-Pyrénées

MaraîchageFiche technique :Maladies et ravageurs de la tomate Des essais variétaux de tomates dans l’Hérault

ArboricultureGestion des compagnols en verger biologique

ViticultureLa gestion globale du vignoble

ÉlevageÉlevages biologiques : quelle(s) autonomie(s) ?Introduction à la médecine traditionnelle chinoise

Bimestriel des Agricultures Alternatives

Alter Agri

Qui fait quoi en protégineux biologiques ?

n° 51

Commission

Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 3

Avis pluriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 4

Grandes culturesQui fait quoi en protéagineux biologiques ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 7Recensement des expérimentations menées sur des protéagineux en conduite biologique.Par Laurence Fontaine (Commission Grandes Cultures de l’ITAB)

Comparaison des systèmes de culture en Midi-Pyrénées… . . . . . . . . . . p 9Par Yves Cabanel (ITCF)

Maraîchage Fiche technique - Maladies et ravageurs de la tomate . . . . . . . . . . . . . p 12Par Éric Béliard (FREDEC de la région Centre)

Des essais variétaux de tomates dans l’Hérault . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 14Par Noëlle Guix (CIVAM Bio 34) & Brigitte Navez (Ctifl)

Arboriculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 17Gestion des compagnols en verger biologiquePar Pierre Delattre (INRA - Montpellier)

Viticulture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 19La gestion globale du vignobleCompte-rendu des journées techniques de la commission viticole de l’ITABPar Claire Minost (ITAB), Monique Jonis (ITAB)& Olivier Malet (Cave de Die Jaillance)

Élevage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . p 23Élevages biologiques : quelle(s) autonomie(s) ?Par Laurence Fontaine (Commission Élevage de l’ITAB)

Introduction à la médecine traditionnelle chinoise . . . . . . . . . . . . . . . p 25et autres médecines énergétiquesPar Jean-Pierre Siméon, docteur vétérinaire (membre de l’Association Symphytum)

SommaireRevue de l’Institut Technique del’Agriculture Biologique (ITAB)

Directeur de PublicationFrançois Lhopiteau (Président ITAB)

Rédacteur en chefHélène Moraut

Chargée de rédactionClaire Minost

Comité de rédactionFrançois Lhopiteau

René GroneauMarc Trouilloud

Hélène MorautClaire Minost

Comité de lecture• Élevage

Jean-Marie Morin (ITAB)•Fruits et légumes

Robert Desvaux (ITAB)Jean-Marc Jourdain (Ctifl)

•Grandes CulturesOlivier Durant (ITAB)Philippe Viaux (ITCF)

•ViticultureMarc Chovelon (ITAB)

Denis Caboulet (ITV)•Agronomie/Systèmes

Blaise Leclerc (ITAB)Alain Mouchart (ACTA)

•QualitéBruno Taupier-Letage (ITAB)

Rédaction/AdministrationPromotion/CoordinationITAB - 149, rue de Bercy75595 PARIS CEDEX 12

Tel: 0140045064 - Fax: 0140045066

AbonnementInterconnexion

2 bis, route de LacourtensourtBP 78 bis

31152 FENOUILLET CEDEX

PublicitéClaire Minost - ITAB

149, rue de Bercy75595 PARIS CEDEX 12Tel : 0140045063 - Fax :

[email protected]

Dessins de la revuePhilippe Leclerc

RéalisationFlashmen

2, rue des Métiers - 05000 GAP

Commission paritaire : 74034

ISSN : 1240-363

Imprimé sur papier 100 % recyclé

Les textes publiés dans ALTER-AGRI sont sous la responsabilité de leurs auteurs.ALTER-AGRI facilite la circulation des informations techniques ce qui implique ni jugement de valeur,ni promotion au bénéfice des signataires.

Sommaire

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 3

ÉditoÉdito

L’appel d’offre conjoint ACTA-INRA sur l’agriculture biologique initié par la plate-formenationale de coordination recherche - formation - développement1 est une réussite. Après leséchecs successifs des projets de recherche bio présentés dans le cadre de différents appelsd’offres depuis plusieurs années, voici une nouvelle formule qui semble porter ses fruits.Le principe est simple : les thèmes prioritaires sont définis par la profession au sein du réseauITAB et validés par la plate-forme de coordination puis les projets sont co-construits enassociant l’ensemble des partenaires (professionnels, chercheurs, ingénieurs...). Le résultat : tous les projets déposés dans le cadre de cet appel d’offre ont été retenus par leComité Interne Agriculture Biologique de l’INRA et par le Comité d’Orientation Scientifiqueet Technique de l’ACTA. En 2002, trois projets prioritaires pour le développement de notrefilière vont donc démarrer.- Flavescence dorée : comportement de la vigne, protection durable et méthodes de lutte en

agriculture biologique, coordonné par Elisabeth Boudon Padieu de l’INRA Dijon.- Utilisation du cuivre en viticulture, arboriculture et maraîchage biologique : impact sur les

sols et recherches de méthodes de réduction des doses et d’alternatives à son utilisation,coordonné par Monique Jonis de l’ITAB.

- Préparation à l’application de la réglementation européenne sur les semences et les plantsd’origine agriculture biologique : contraintes et solutions techniques, coordonné par Yves Lespinasse de l’INRA d’Angers.

Cet appel d’offre sera reconduit en 2002 sur des thématiques plus ouvertes.

Il ne reste plus qu’à vous souhaiter une très bonne année 2002 au nom de toute l’équipe ITAB et à vous remercier pour votre soutien et l’intérêt que vous portez aux travaux de notre Institut.

Hélène Moraut, Directrice de l’ITAB.

L’année 2002 sera un bon cru pour la recherche en bio !

1 La plate-forme nationale decoordination Recherche - For-mation - Développement estpilotée par la sous direction dela Recherche et du Développe-ment de la Direction Généralede l’Enseignement et de laRecherche et associe l’ITAB,l’ACTA, l’ACTIA et l’INRA.

■ Guy KastlerDélégué au CA de l’ITAB pour la Confédération paysanne

L’agriculture ne vit pas dans un cocon, maisau sein d’une société industrielle dont lemoteur reste la concurrence alimentée par larecherche du profit maximum et non le res-pect de la santé de l’homme et de la terre. Ellene peut exister sans passer de partenariatsavec les autres acteurs de cette société. Mais,pour qu’il y ait partenariat, il faut au moinsdeux acteurs indépendants. Lorsqu’il y aingérence dans les affaires intérieures d’untiers, il n’y a plus partenariat mais domina-tion. L’ITAB, qui s’occupe de recherche enAB, doit être géré par les acteurs de l’AB etnon par ceux de l’agriculture ou de larecherche en général.

La “vérité scientifique” n’est pas plus uniqueque celle de nos religions monothéistes, ni larecherche que leurs clergés respectifs. Les tra-vaux de nos partenaires sont fertiles pourl’agriculture biologique mais ne peuvent sesubstituer à la recherche bio qui doit existerelle-même dans les laboratoires et sur le ter-rain pour apporter sa propre pierre à l’édificecommun.

Un chercheur de l’agriculture raisonnée trou-vera peut-être une molécule pour remplacer lecuivre ou supprimer un symptôme de la fla-vescence dorée : mais il n’est pas autorisé àremettre en cause deux siècles d’industrialisa-tion de la viticulture ayant provoqué la dégé-nérescence de la vigne. Seule une approcheglobale indépendante des contraintes écono-miques et réglementaires immédiates peutproposer une solution durable.

L’ITAB doit débattre avec l’AFFSA et l’indus-trie agro-alimentaire pour leur expliquer quela qualité sanitaire ne peut résulter d’un illu-soire “zéro microbe” qui fait le lit des patho-gènes dès que le produit sort de sa boîte stéri-le, mais d’un équilibre microbien où les bio-gènes maîtrisent les pathogènes, équilibrevivant respecté et cultivé depuis la ferme jus-qu’à la fourchette du consommateur. Maisl’AFFSA n’a pas à orienter la recherche bio,sinon elle nous imposera la phobie des

microbes rendue indispensable pour uneindustrie agro-alimentaire obsédée par lesprix les plus bas et la standardisation des pro-duits qui condamnent les techniques dévelop-pant la qualité vitale.

L’ITAB peut mobiliser les compétences pré-sentes à l’INRA sur des sujets précis. Mais,quand l’INRA condamne l’agriculture biolo-gique en disséminant des OGM en milieuouvert, la cogestion de la recherche bio, fut-elle citoyenne et participative, est impossible.De même avec les semenciers qui veulentinterdire aux paysans de faire leurs propressemences et plants.

L’agriculture biologique est majeure : l’ITABn’a pas à mendier la reconnaissance qui lui estdue en se diluant dans le paysage institution-nel ni en demandant à d’autres de définir labio à sa place. Son autonomie de pensée etd’action est seule garantie de partenariatsdurables et fructueux.

■ Marc TrouilloudDélégué au CA de l’ITAB pour Bioconvergence

En matière de recherche comme de dévelop-pement d’ailleurs, nous devons tenir comp-te de deux risques de dérive permanente quis’opposent.

- Le premier est bien sûr celui d’une dérivecommerciale dure avec domination del’amont (“engrais”, “phytos”) et de l’aval(transformation, distribution) sur le“milieu” de la production. Dans cette confi-guration classique, les gains de productivité“vendables” sont les moteurs financiersdominants de la recherche ; c’est cette déri-ve qu’a connu et connaît encore la majoritéde l’agriculture et dont elle a tant de mal àse sortir, les gains de productivité alimen-tant eux même le cercle vicieux d’une offreglobalement supérieure à la demande. Dansle système économique dominant, financerdes recherches favorisant l’autonomie, basede système d’agriculture biologiquedurable, demande encore beaucoup d’inno-vation au moins autant que dans le domai-ne des énergies renouvelables (et l’on voit àquelle vitesse cela avance dans notre pays).

Dans ce sens là, mieux associer l’aval(transformation, distribution) à des actionsde recherche /développement serait vrai-ment une source de partenariat innovante.

- Le deuxième est celui qui amène à croireque, même si les crises alimentaires donnentglobalement raison à l’agriculture biolo-gique sur les conséquences de ces dérivespoussées à l’extrême, nos concitoyensconsommateurs sont prêts à multiplier pardeux leur budget alimentaire ; de croire enrésumé qu’un secteur marginal puisse deve-nir d’un coup de baguette magique majori-taire, et dispense du même coup l’agricultu-re biologique de ces fameux gains de pro-ductivité ou plus exactement d’améliorationdu rapport qualité/prix dont elle a besoinpour être réellement alternative.

En tant qu’ITAB, nous n’avons pas à gérerdirectement ces risques évoqués, mais parune action proche du terrain et des réalités,nous pouvons participer à bien laisser aucentre des débats les questions permanenteset fondamentales de la faisabilité du “Bio”par les opérateurs économiques, sansoublier une ouverture et une coordinationavec nos partenaires étrangers.

Face à une situation économique et socialequi nous est favorable aujourd’hui mais fra-gile, nous nous devons de conforter les fon-damentaux : il reste beaucoup à faire enmatière d’objectivation des “acquis pra-tiques agriculteurs”, d’utilisation de basesscientifiques, de liens agriculture /alimenta-tion / santé / environnement. Ce beaucoupest même déjà trop : mettre d’autres acteursdans le coup est donc une nécessité; en élar-gissant aux domaines cités notre possibilitéà inspirer /orienter / faire faire, une ouver-ture de travail avec des structures même au“passé chargé” peut nous permettre de rem-plir cette tâche sans perdre notre spécificité,à condition de baser notre travail sur :

- un fonctionnement en terme de réseau decommunication, d’échanges, d’expressionet de participation,

- une “reconnaissance et négociation” del’acquis expérimental agriculteur et / outransformateur, pour faire évoluer lesméthodes de recherche fondamentale etappliquée et leur permettre de mieuxprendre en compte les spécificités de l’agri-culture biologique.

■ Jean-Marie MorinAnimateur du réseau FORMABIODGER - Ministère de l’Agricultureet de la Pêche

Quelles orientations pour la rechercheen agriculture biologique ?Il y a au moins deux entrées possibles à laquestion des orientations de la recherche enagriculture biologique.

Comme annoncé dans le numéro 50 d’Alter Agri, nousinaugurons la nouvelle rubrique “Avis pluriel”. Il s’agit deréponses à une question posée dans l’édito du numéro pré-cédent, édito qui traduit le point de vue global du Conseild’administration de l’ITAB sur une thématique d’actuali-té. Différentes personnes ont été contacté afin de donnerleur sentiments sur le thème choisi, et ce afin de rendrecompte de la pluralité des avis, dans le monde de l’agri-culture biologique et au sein du conseil d’administration.Le premier thème introduit était “Les orientations de larecherche à l’ITAB”.

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Alter Agri • janvier/février 2002 • n°514

Avis pluriel

La première concerne toutes les questionsopérationnelles : cela va du technique (lesvariétés, la fertilisation…) au sociologique(la conversion, les réseaux profession-nels…) en passant par l’économique (desréférences aux études de consommations).Cette entrée est déjà largement balisée ; elleest en partie prise en charge par l’ITAB, lesGroupements d’Intérêt Scientifique régio-naux, les Instituts techniques et l’INRA. Al’évidence les moyens sont très insuffisantsactuellement pour répondre correctement àla demande : rien que sur les trois projetsexaminés par la plate-forme DGERRecherche Formation Développement surles alternatives au cuivre, la flavescencedorée et les semences, il y a de quoi occuperplusieurs équipes de recherche pour plu-sieurs années, alors que les budgets acquisne couvrent qu’une petite partie du travail àfaire. Comme le note justement FrançoisLhopiteau, ces recherches pourtant“simples” nécessitent la plupart du tempsdes travaux pluridisciplinaires inhérents aufonctionnement de l’agriculture biologique.Pour ce type de travaux, il me paraît évidentqu’il doit y avoir une large concertationentre les acteurs (qu’ils soient agriculteurs,transformateurs, distributeurs, consomma-teurs) et les chercheurs. Concertation néces-saire pour définir des priorités, coordonnerles différentes actions et ainsi optimiserl’utilisation des fonds publics.

La deuxième entrée est plus large : l’agricul-ture biologique peut-être considérée commeun objet d’études intéressant pour des pro-blématiques complexes. Objet d’étudesintéressant car phénomène aux contoursrelativement bien définis (cadre techniquede production réglementé, opérateurs repé-rés car déclarés, consommateurs étudiés…).Dans le domaine de la sociologie, l’agricul-ture biologique peut-être un objet révéla-teur pour étudier les questions du change-ment, en économie, pour les questions d’or-ganisation de filière ou de tendances deconsommation, en agronomie pour lesquestions de fertilité du sol à long terme…La question de la relation des acteurs del’agriculture biologique avec la rechercheest alors posée différemment : Il s’agit d’unedemande sociale beaucoup plus large quedans le premier cas et les retombées directessont moins apparentes même si elles appor-tent une connaissance du milieu toujoursintéressante. Ces questions nous interpel-lent en tant qu’acteurs de l’agriculture bio-logique mais surtout en tant que citoyens etc’est dans cette entrée-ci que je situeraisprincipalement les questions relatives auxrapports entre la Recherche et la Société.

Bien sûr, la question des alternatives aucuivre a des incidences sociales, mais celareste minoritaire et je pense que le rôle del’ITAB est de participer à la coordination

des actions de recherche telles que je les aiprésentées dans la première entrée pourconsolider les acquis de ces trente der-nières années. Cela me paraît indispen-sable et suffisamment ambitieux pour lesannées à venir.

■ Nicolas ReuseAncien administrateur de l’ITABAncien président du GRAB

Avant de se projeter dans l’avenir de l’expé-rimentation en bio, je propose de faire unbilan rapide, un retour sur les années pas-sées en GRAB, ITAB. C’est aussi le point devue du praticien, quand, en 86/87 j’aidébuté mes engagements auprès de cetteassociation.À cette époque, le GRAB est passé d’unerecherche très fondamentale, orientée sur lesol, à une recherche beaucoup plus prochedes agriculteurs. Il a essayé de répondre àleurs difficultés quotidiennes, leurs soucislégitimes de rendre économiquement viableleur outil de travail.Cela se traduisit par de nombreuses jour-nées et soirées à travailler surtout avec lesarboriculteurs. Des débats quasiment sansissues, puisqu’à cette époque l’état del’avancement de la recherche n’était pascelui d’aujourd’hui. Orgafruit, Orgaterre,bio 100%, bio pas vraiment 100 %, tousces thèmes divisaient et réunissaient à nou-veaux des hommes, à travers des clans tousplus légitimes les uns que les autres. Débatsd’idées, débats de concepts, mais débatsutiles puisque aujourd’hui ces adversairesd’hier peuvent se réunir sur ces thèmes fédé-rateurs sans s’affronter. Toutes ces bataillesinternes ont certainement détérioré l’imagede la bio (chapelles, etc.) et ont été utiliséescomme prétexte limitant par nos finan-ceurs. Cela a aussi fait l’objet d’articles trèssévères dans la presse professionnelle. Toutcela pour montrer que l’enfant est né au for-ceps, mais courageux... et que finalementc’est grâce à une recherche expérimentaleintelligente que l’on peut fédérer à la foisdes hommes et de l’économiquement viable.Comme le nerf de cette réussite passait inévi-tablement à travers l’économique, lesmoyens mis à disposition des GRAB, ITABde cette époque tenaient plus de la chandelleque des phares que l’on oserait espéreraujourd’hui. Dans les réunions avec ceux quiauraient dû être nos pairs Ctifl, APCA, onpassait le plus souvent pour des pestiférés oudes illuminés. On peut aussi réaliser que lesopportunistes d’aujourd’hui ne nous ont pasrendu le chemin plus facile.Je crois que cette rapide mise au point s’impo-sait pour se projeter dans l’avenir et envisagerune suite plus sereine, pour les utilisateurs decette recherche mais aussi pour les incontour-nables partenaires que sont les CTR/CTS quinous accompagnent au quotidien.Comme l’avenir est aussi le prolongement

du chemin passé, je le vois sans fracturepuisque les hommes et les structures qu’ilsont créées sont toujours là. J’aimerais aussile voir avec plus de moyens, même si c’estdéjà partiellement le cas. J’aimerais le voirplus proche et plus à l’écoute des utilisa-teurs que nous sommes. Je pense aussi quela recherche n’est pas seulement la proprié-té des organismes publics et que larecherche privée est essentielle pour faireavancer l’histoire.J’aimerais enfin rêver que les 50 années deparenthèses dans l’histoire de notre huma-nité consacrées à une agriculture producti-viste dégradante pour notre environnementet pour l’homme et que tous ces moyensparticipent à l’épanouissement d’une nou-velle aventure humaine.

■ Christophe Beau, vigneron (30)Ancien administrateur ITAB Fondateur d’Alter Agri

Ayant été plusieurs années en responsabilitéprofessionnelle à l’ITAB et ailleurs, jeréponds bien volontiers aux questionne-ments actuels en matière de recherche pourl’agriculture biologique.Cette recherche comprend de mon point devue trois volets.• Le premier est fondamental ; c’est celuiqui, par l’échange de pratiques entre agri-culteurs, fournit des références techniquesou économiques de premier plan pourrésoudre les freins au développement. Dansce cas l’ITAB et ses CTR ont un rôle essen-tiel pour dynamiser, structurer, animer leslieux thématiques d’échange, ainsi que syn-thétiser et diffuser les résultats. Les journéestechniques de l’ITAB et les commissionspourraient être des points d’orgue pourfaire germer parfois, faire restituer souventces lieux d’échange.• Le second est essentiel ; il est d’aider lesagriculteurs sous label ou en reconversion,à être en mesure de respecter ou de s’adap-ter aux cahiers des charges évolutifs (cuivre,semences, flavescence, etc.). Les CTS etCTR doivent pouvoir gérer des expérimen-tations très appliquées pour réagir dans lecourt terme, si la réglementation l’impose.• Le troisième repose sur notre capacité àmettre correctement les appareils derecherche-développement au service d’unerecherche fondamentale qui se débarrassede sa pensée mécanique et /ou scientiste dela tentation du zéro-risque en agriculture(y.c. en AB !), et qui s’intéresse réellement àla question de l’usage des produits de larecherche, plus qu’à la recherche commesimple fin en soi. Influer sur cette recherchepasse plutôt par la création de réseaux(clubs ou lobbies) de réflexion et de propo-sitions, que par l’implication dans les appa-reils institutionnels (conseils d’administra-tion, conseil scientifique,..). L’ITAB peut yavoir un rôle fort stratégique.En clair l’ITAB doit conserver une structure

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 5

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°516

relativement légère et souple, suffisammentindépendante et ne pas noyer ses énergiesdans le jeu institutionnel. Son rôle d’accou-cheur et d’agitateur devrait réellementémerger. La revue Alter Agri elle, devraits’adapter aux besoins ; Plus de fermosco-pies témoignages de démarches techniqueset économiques, plus de tribune de réflexioncollective ou de points de vue individuels,moins de compte rendus secs d’expérimen-tations (qui devraient plutôt être servis enligne ou regroupés annuellement dans descahiers techniques).

■ François Le LagadecVice-président de BRIO

Sollicité par l’ITAB pour participer à cettetribune sur l’orientation de la recherche enbio, je vous transmets, en toute simplicitéet sur la base d’un exemple concret, cettepensée matinale.

Le marché mondial bio représente 130milliards d’euros. Il progresse de 25%chaque année. Ce n’est pas un couranttemporaire, mais le résultat d’une réelleaspiration de la population à s’orientervers une société totalement respectueusede l’environnement et des équilibres éco-logiques.

L’année 2002 sera l’année de la définition de

ce qu’est une semence bio. Les scientifiquesattendent une définition claire et solideavant de s’engager plus nombreux sur le ter-rain de la recherche. Les maisons de grainesintéressées ne s’investiront réellement quelorsque cette définition existera de manièrestable. De même, les projets spécifiques de lafilière professionnelle bio se concrétiserontpar la force de cette définition.

Si cette définition est urgente, elle ne serapas une définition au rabais.

Nous ne voulons ni des OGM, ni des tech-niques approchantes ou dérivées, de mêmeque nous ne voulons ni de l’appauvrisse-ment, ni de la capture, ni de la stérilisationdu vivant.

Nous demandons la tolérance de la part dece milieu qui en fonction de considérationsmercantiles, productives ou sécuritaires aélaboré un certain nombre de règles et delois qui tendent à nous empêcher de parve-nir à la reconstitution stable et durable dusimple respect des lois naturelles.

Rappelons la première définition du mot“biologique” : (Bios, Logos grec) conformeaux lois de la nature ; selon la logique de lavie et la science de la vie qui en découle.

Nous savons être confrontés, à courtterme, à une pénurie de semencesconformes à la définition que nous allonsélaborer. S’il nous faut 20 ans pour parve-

nir au résultat totalement satisfaisant,nous y parviendrons. En attendant, nousne dérogerons pas sur les points essentiels.

Enfin munis de la définition, l’expérimen-tation, la recherche, les semenciers sau-ront vers où s’orienter et nous accompa-gneront pour trouver progressivement lesmoyens qui peuvent nous manquer encoreaujourd’hui.

Les professionnels de l’agriculture biolo-gique doivent être actifs dans cette phasede construction de la filière semence bio.Elle demandera l’union des compétences etdonnera naissance à de nouveaux schémas.

Dans l’immédiat et avant qu’il ne soit irré-médiablement perdu, il convient de pré-server et de faire revivre le patrimoine dessemences obtenues d’une manière confor-me aux lois du vivant (semences fermières,hybridations fertiles, ...) et d’en protégerla diversité. C’est à partir de ce “matériel”que vivra la création variétale en agricul-ture biologique.

D’évidence le monde scientifique et tech-nique est, aujourd’hui, à l’écoute de ceuxqui savent produire, préparer, distribuer etconsommer les produits issus de l’agricul-ture biologique. Nous devons coordonnernos efforts afin de le guider dans unedirection conforme aux souhaits à longterme du réseau agrobiologique. ■

La distribution desproduits biologiques enBretagneCe document présente les résultatsd’une étude réalisée en Bretagne surla distribution de produits biolo-giques. Trois circuits de commerciali-sation cohabitent, qui sont reprisdans les trois chapitres du livre : lesmagasins spécialisés qui vendentexclusivement des produits biolo-giques et parfois de produits diété-tiques et qui représentent 43 % dumarché, les grandes et moyennes sur-faces avec 47 % et enfin la restaura-tion collective dont le marché estapparu récemment.

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Les nouvelles fichestechniques “Techn’ITAB”ArboricultureDeux nouvelles fiches techniques surl’arboriculture sont désormais dispo-nibles à l’ITAB : - le châtaignier en agriculture biolo-

gique : implantation du verger,conduite et rénovation des châtai-gneraies traditionnelles, protectionphytosanitaire, récolte ;

- le contrôle des maladies du pêcher enagriculture biologique : biologie,symptômes, et stratégie de lutte contreles maladies affectant le pêcher.

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Savoir qui fait quoi, où, est important dansle cadre des réseaux que l’ITAB anime. Eneffet, de tels recensements visent à favoriserles échanges entre expérimentateurs quimènent des actions semblables : bénéficierde l’expérience de chacun peut être profi-table à tous.

La réglementation dans le domaine de l’éle-vage biologique (CC-REPAB-F) imposedepuis peu de nouvelles contraintes de lienau sol, d’absence d’acides aminés de syn-thèse et d’absence d’OGM. Dans ce contex-te, la production de protéagineux dans lesélevages biologiques ou à leur proximité,dans une optique d’alimentation animale,est rendue quasi-obligatoire ; en particulierla production de matières riches en pro-téines pour les monogastriques apparaîtprimordiale pour rétablir l’équilibre entreles productions animales et les productionsvégétales biologiques en France. Ainsi, féve-role, pois, lupin, soja, associations protéagi-neux/céréales, ... présentent chacun avan-tages et inconvénients qui mériteraientd’être approfondis, au niveau de la condui-

te des cultures (choix variétal, désherbage,optimisation du cycle de l’azote dans larotation, ...), de la facilité de leur utilisationou encore de leur valeur nutritionnelle.C’est pourquoi l’ITAB souhaite lancer en2002 un programme de recherche-dévelop-pement sur ce thème, en lien avec l’UNIP,l’ITCF, l’ONIOL et les régions volontaires.D’ailleurs, dans ce cadre, des protocolescommuns de suivi d’essais sont diffusés ence début d’année par l’ITAB (voir encadré) ;outre faciliter le travail des techniciens surle terrain, leur objectif est de permettre unemise en commun des résultats à une échelleinter-régionale et nationale, par l’harmoni-sation des démarches entreprises.Si vous souhaitez joindre une personnementionnée dans le tableau ci-joint, n’hési-tez pas à nous contacter (par mail : [email protected], ou par fax au 0140 04 50 66). Tout complément d’informa-tion sur les actions que vous pouvez vous-même mener ou connaître est également lebienvenu, afin de nous aider à faire vivre leréseau “bio”. ■

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 7

ProtéagineuxGrandes culturesQui fait quoi en protéagineux biologiques ?Recensement des expérimentations menées sur des protéagineux en conduite biologique.Par Laurence Fontaine, Commission Grandes Cultures de l’ITAB

Cet article présente un état des lieux des différentes expérimentations menées ou prévues en régioncette année : essais analytiques, comparaison de cultures en bandes, suivi de parcelles chez des agri-culteurs, voire tout simplement parcelles de démonstration ; elles concernent essentiellement pois,féverole, lupin, soja et associations avec des céréales. Cette liste ne saurait être exhaustive : elle estle reflet des données transmises par les membres de la Commission Grandes Cultures de l’ITAB1.

INTENTIONS D’ESSAIS EN PROTEAGINEUX EN CONDUITE BIOLOGIQUE • CAMPAGNE 2001/2002Région Organisme Responsable/contact Essais prévusAlsace OPABA S. Kriesemer, Projet sous réserve de financement ; sont notamment envisagés :

J. Weissbart - Essais désherbage soja- Comparaisons pois de printemps et mélanges pois/céréales- Essais variétés de lupin

Aquitaine FCAAA / Agribio Union, CA 64 - Essai variétés de féverole (47)AIB / AGCA - Essai comparaison variétés de pois (Classic / Nitouche) (40)

- Essai comparaison d’espèces : pois/lupin/féverole (64)- Essai proportion pois/triticale (47)- Essai densité féverole (47)

CA 64, CETIOM, Euralis - Essais soja densité de semis et écartement des rangsCA 47 - “Vitrine” différentes conduites de la féveroleADAP + CA 24 - Conduite culturale du lupin d’hiver : 4 variétés, 2 sites, 2 répétitions

1 La Commission Grandes Cultures de l’ITAB rassemble professionnels, animateurs de GRAB (ou “CTR”,Centres Techniques Régionaux de l’ITAB) et GAB, techniciens de Chambres d’Agriculture, d’Instituts Tech-niques, de coopératives, enseignants, chercheurs, etc., soit plus d’une centaine de personnes concernées par laproduction, au sens technique, de grandes cultures biologiques. Une partie d’entre eux se retrouve au sein dedivers groupes de travail tels que le groupe “oléo-protéagineux”.

Des protocoles communs de suivi d’essais en pro-téagineux sont disponibles auprès de l’ITAB:• “Comparaison de variétés de pois protéagineux

en conduite biologique (en culture pure ou en association) - Protocole de suivi, essais multilo-caux”, décembre 2001, 1e édition (rédaction : G. Corre, ESA-UNIP, G. Roullet, ITCF, L. Fon-taine, ITAB) ; un réseau d’essai animé par l’ITAB est en place pour le printemps 2002.

• “Comparaison de trois espèces de protéagineux de printemps : pois, lupin , féverole”, prévu 2002.

• “Essai de protéagineux d’hiver en culture pure ou en association avec une céréale : comparaisondes pratiques”, février 2002.

Pour les céréales, les protocoles suivants sont éga-lement toujours disponibles :• “Protocole de suivi d’essais comparant des

variétés de céréales à paille d’hiver en conduite biologique, observations et mesures”, version janvier 2000.

• “Fertilisation azotée des céréales d’hiver conduites en agriculture biologique : évaluation des effets directs d’un apport d’azote au printemps sur un blé tendre d’hiver”, version janvier 2001.

Ces documents sont disponibles gratuitement, sursimple demande par fax (01 40 04 50 66) ou mail([email protected]).

8 Alter Agri • janvier/février 2002 • n°51

Aquitaine CA 33 + CETIOM - “Vitrine” itinéraire technique variétal de la féveroleCIVAM 40 - Itinéraire technique et résultats technico-économiques en pois de printemps, lupin et féverole

- Itinéraire technique et résultats technico-économiques en sojaCIVAM BLE - Suivi d’une parcelle en pois ou lupin

- Suivi d’une parcelle de sojaBasse- GRAB BN C. Blanchard - Mélanges céréaliers : comparaison densité de semis triticale + pois d’hiver / blé Normandie + pois d’hiver (avec protéagineux purs) ; 10 modalités, trois blocs (CA 50)

- Essais féverole d’hiver, lupin d’hiver, féverole de printemps et lupin de printemps, enbandes dans deux exploitations (poursuite essai CA 61)

- Comparaison 4 mélanges céréaliers d’hiver : triticale + pois / + vesce / + féverole / + lupin ; bande à une seule répétition sur deux sites (CA 14) : tester l’aptitude à s’associer à une céréale pour produire un mélange riche en protéines pour l’alimentation du bétail.

- Suivi de parcelles de mélanges céréaliers dans 8 exploitations : triticale + pois / triticale + avoine + pois / triticale + avoine + féverole (GAB 14)

Bourgogne CA 89 et Sedarb C. Denis - Essai variétés pois de printemps (89)Biobourgogne - Essais densités-écartement féveroles (variété Karl) (4 sites : 58, 89, 2 x 21)

- Observation désherbage pois printemps (89)- Essai variétés de féverole de printemps (21) (à confirmer)

Bretagne CA 56 J.L. Audfray Kerguéhennec : - Essai variétés pois (5 variétés)- Avant essai simplification du travail du sol en bio

Agriculteurs : - Soja précoce- Essai légumineuses de fauche- Observation féverole- Prédateurs animaux

Centre ITCF 41 Michel Bonnefoy - Essai 3 variétés/4 densités en féverole d’hiver (zone Beauce)GABEL/CA 28 M. Garreau - Suivi de parcelles de féverolesSUACI des Bordes B. Delsuc, D. Girard - Test densités de féverole et test variétal lupin d’hiver (Arthur et DNT 108)

Franche- CRA B. Chareyron - Comparaison féverole hiver / féverole printemps / lupin printempsComté (2-3 variétés + suivi de l’ITK)Haute- GRAB HN E. Désilles - Comparaison féverole de printempsNormandie - Essai variété pois de printemps (à confirmer)Ile-de-France CA Idf /CA 77 C.Aubert, C.Glachant - Suivi de parcelles de féverole et de mélanges céréaliers

GAB IdF (CA 77/GAB)A.Thiroux (CA Idf) - Essai variétés de soja

Limousin/ Pôle AB A. Haegelin, JL Galais, - Massif Central : suivi agronomique de parcelles (céréales et protéagineux) dans Auvergne Massif Central, J. Kerlaux l’ensemble des régions.

CRA - Limousin : Comparaisons de céréales (triticale, épeautre, seigle, blé) en pur et en mélange avec des pois (semis d’automne) (répétition dans 87, sans répétition dans 23 et 19)

- Comparaison pois/féverole/lupin en semis de printemps, 2 variétés de chaque (à confirmer) (87)LPA St Affrique (12): essais sur parcelles conventionnelles conduites en bio (pb inon-dations), féverole, pois, lupin de printemps et associations avec céréale.

Lorraine CGA Lorraine L. Ley - Suivi de parcelles de lentilles chez quatre agriculteurs (2 modalités de date de semis, association moutarde, ...)

Midi-Pyrénées CREAB L. Prieur - Test fongicide biologique sur féverole pour lutter contre la rouille- Essai densité-écartement en féverole (35 cm ou 60 cm, 20-25 ou 30-35 plantes/m2)- Essai variétés de pois protéagineux de printemps

ITCF Y. Chabanel - Essai densité-écartement en féverole d’hiver ; deux variétés (en bandes)- Essai association céréale / pois protéagineux d’hiver ou fourrager (Assas)- Essai variétés pois protéagineux de printemps- Suivi de 6 parcelles en féverole.

Nord- CA 59 A. Lecat - Désherbage thermique en pois protéagineux et/ou de conserve (en réflexion)Pas de Calais Lemaire-Def. H. Penaud - Essai pois chez un agriculteur bio (à confirmer)Pays de Loire ESA G. Corre, V. Moreau - Essai variétés pois de printemps (pur et association)

- Essai associations d’hiver (triticale-Assas, Blé-pois, ...)- Comparaison des 3 protéagineux de printemps (en bandes)

Picardie ITCF F. Wiacek - Essai densité en féveroleCA 60 R. Fontaine - Essai soja (variétés, dont très précoces)

- Essai variétés féveroles d’hiver- Essai variétés pois protéagineux de printemps- Associations d’espèces : pois/blé d’hiver (4 associations) ; si possible en printemps également- Suivi sanitaire des féveroles de printemps (à détailler)

Poitou- Charentes CA 79 E. Baudry - Désherbage sur soja- Date de semis de féverole + variété IRENA

Rhône-Alpes ITCF M. Mangin - Essai densité féverole (à confirmer)CA 26 P. Morand - Comparaison pois / féverole de printemps

- Comparaison féverole d’hiver / féverole de printemps- Comparaison Orge + pois / féverole / triticale + pois

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 9

Explorer de nouveaux systèmes de pro-duction est un des objectifs de l’ITCF.Pendant la fin des années 80 et le débutdes années 90, l’ITCF a donc mené desessais pour tracer les fonctions de pro-duction intrant/produit et déceler les évo-lutions de ces relations quand le prix duproduit et celui des charges évoluent.Dans ces essais, souvent annuels et surcéréales uniquement, on ne pouvait pasmesurer les effets des intrants ayant uneaction à moyen ou long terme comme ledésherbage ou la fumure phosphopotassique.Les résultats obtenus ont mis en évidencele déplacement de l’optimum économiqueavec la diminution du prix des céréales.Pour aller plus loin, l’ITCF a mis en placeune expérimentation pour étudier dessystèmes de culture (travail sur une rota-tion) à MONTANS dans le Tarn.

Quelques définitionsItinéraires techniquesPour un objectif déterminé, et avec certainescontraintes (milieu, parasites...), on construitune suite logique et ordonnée de règles de déci-sions adaptées à une culture dans une parcelledonnée.➩ Un itinéraire technique est une suite logique etordonnée de règles de décisions.

Systèmes de culturesPour un objectif déterminé et avec certainescontraintes, on construit une suite d’itinéraires tech-niques pour les différentes cultures d’une rotationsur une parcelle donnée.➩ Un système de cultures est une suite cohéren-te d’itinéraires techniques.

Systèmes de productionUn système de production est l’ensemble des sys-tèmes de cultures mis en place sur chacune desparcelles de l’exploitation.

Trois systèmes decultures au bancd’essais

Un système “conventionnel”On vise les meilleurs rendements déjàatteints dans ce milieu, rendementsque l’on obtiendra 3 années sur 10.Les règles de décisions de choix tech-niques sont basées sur une certainedose d’assurance. C’est la conduitepour laquelle on a le plus d’expérien-ce, de références et d’indicateurs.

Un système “intégré”On vise des rendements plus faiblesque dans le système précédent etplus faciles à atteindre (8 annéessur 10). L’utilisation d’intrantsest plus réduite. On privilégie-ra la prévention et l’observa-tion au champ avant de déci-der d’une intervention, en parti-culier, en matière de protectionphytosanitaire.C’est une conduite pour laquelle on amoins d’expérience et peu d’indica-teurs propres. Il sera fait appel, plusque pour la conduite conventionnelle,à l’expertise de l’expérimentateur pourécrire les règles de décision.

Un système “biologique”On vise des rendements “potentielle-ment” accessibles dans ce milieu etdans ce système de culture, sans avoir,au départ, de références pour lessituer.

On respectera le cahier des chargeseuropéen de l’agriculture biologique.Pour l’écriture des itinéraires tech-niques et des règles de décision, audébut de cet essai (1991), on disposait

Grandes cultureGrandes cultures

Comparaison de systèmes de cultures en Midi-Pyrénées... le système de culture biologique se détachePar Yves CHABANEL (ITCF)Pendant 8 années, l’ITCF a testé 3 systèmes de culture de la même rotation en grande culture en sec, surla première terrasse de la vallée du Tarn, à MONTANS (81) : une conduite biologique et une conduiteintégrée étaient réalisées à côté d’une conduite conventionnelle.Dans cette expérimentation, le bilan économique réalisé est en faveur du système de culture biologique.

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5110

de très peu d’éléments. Sur ce systèmeaussi, “l’expérience” des expérimenta-teurs, enrichie par quelques essais ana-lytiques annexés à l’essai, ont permisd’écrire les règles de décision. C’estcertainement le système de culturepour lequel les expérimentateursétaient les plus novices.

Les conditions del’expérimentationL’essai a été mené de 1991 à 1998 surun sol de boulbène de la première ter-rasse du Tarn, à MONTANS près deGAILLAC (81). C’est une parcelleplane, non drainée et non irriguée ; lesol est battant, froid, à tendancehydromorphe et a une réservehydrique correcte (100 mm). Le sol aun pH eau de 6 et est relativementpauvre en P2O5 et en K2O.Les parcelles élémentaires ont unedimension de 30 m x 12 m. Chaqueculture de chaque conduite est présen-te chaque année, avec deux répéti-tions. Le dispositif limite cependantcertaines opérations, comme parexemple le croisement d’outil à dents.La rotation étudiée est la même pourles trois systèmes de cultures (blé -tournesol - orge - lupin de printemps).

Ecrire les règles dedécision (voir tableau p.10)

Ce travail d’écriture des règles de déci-sion s’est réalisé tout au long de l’es-sai. Pour chaque décision dans chaqueitinéraire technique, on écrit un rai-sonnement adapté au contexte.

Des résultats

L’application des règles dedécisionUn audit par une personne extérieureà l’équipe d’expérimentateurs a étéconduit sur les deux dernières cam-pagnes de l’essai.Il serait fastidieux de passer en revuetoutes ces règles, qui ont été correctementappliquées pour 70 à 100 % des cas,mieux suivies sur les conduites conven-tionnelle et intégrée que biologique. Les règles qui posent le plus de pro-blèmes ont concerné la gestion de l’en-

herbement durant l’interculture. Cer-taines peuvent apparaître contradic-toires, comme par exemple profiter del’inter-culture pour lutter contre lesmauvaises herbes par un travail du sol(faux semis, ...) et implanter unengrais vert ! La maîtrise des adven-tices doit prendre en compte plus descénarios, en particulier climatiques,que ceux prévus au départ. En bio, lastructure de peuplement mise en place(grand écartement entre rangs) peutpermettre de diminuer le nombre d’in-

terventions à réaliser.En ce qui concerne la lutte contre lesravageurs, on manque de règles d’inter-vention en système intégré pour limiterles traitements sans se laisser déborderpar des attaques non prévues.

Les rendements obtenusLes tableaux de résultats ci-dessous pré-sentent les objectifs de départ, les ren-dements par année (q/ha) et la moyennedes rendements obtenus sur les 7 annéesqu’a duré l’expérimentation.

Système “conventionnel”Rdt Objectifs 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Moyenne (q/ha) sur les 7 ans

Blé 75 77,8 58,3 74,5 69,4 76,6 72,4 88,8 74Orge 70 73,9 58,4 60,9 76,8 82,7 70,5 87,5 73Tournesol 25 15,9 24 16 25,8 24,1 23,9 27,5 22,4Lupin 30 32,2 35,8 28,7 21,6 14,2 34,8 14,3 25,9

Système “intégré”Rdt Objectifs 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Moyenne

(q/ha)

Blé 65 67,4 46,5 63,5 68,7 63 64,2 84,4 65,4Orge 56 63,2 45 49,4 63,2 71,7 63,7 82,5 62,7Tournesol 20 15,4 23,9 13,8 24,5 27,2 24,5 30,5 22,8Lupin 25 28,2 31,9 26,4 20,8 11,8 27,6 13,4 22,9

Système “biologique”Rdt Objectifs 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 Moyenne

(q/ha)

Blé 40 46,7 31,5 37,3 38,8 38,5 30,1 59,1 40,3Orge 40 37,6 30,8 20,6 32,2 33,8 37,4 59,1 35,9Tournesol 20 12,3 21 7,2 26,3 25,4 22,8 21,6 19,5Lupin 25 16,4 32,6 27,8 16,5 9,4 25,3 14,7 20,4

Les céréales subissent moins de variations de rendement d’une année sur l’autre, etles moyennes des rendements sont proches des objectifs. En tournesol et lupin, lesrendements peuvent être plus hétérogènes.Le taux de protéines du blé est en moyenne de 11,8 %, et la teneur en huile dutournesol (48,9 %) très au dessus de la norme commerciale (44 %).

Les rendements obtenus en céréales sont effectivement inférieurs à ceux du systè-me conventionnel, en moyenne identique à l’objectif en blé, et supérieur en orge.Par contre, en tournesol, le rendement moyen est le même qu’en système conven-tionnel, et le lupin n’atteint pas l’objectif avec quelques rendements très faibles enfin d’essai (attaque de ravageurs).La qualité des produits reste bonne : 11,4 % en moyenne pour le taux en protéinesdes blés 49,4 % en moyenne pour la teneur en huile du tournesol.

En blé, le rendement moyen est proche de l’objectif, grâce à une excellente année 1998. En orge, espèce moins rustique, le rendement moyen reste en dessous de l’objectif. En tournesol et en lupin, on observe les mêmes tendances que sur les autres systèmesavec quelques résultats très faibles. Le décrochage des rendements moyens de ces deux espèces entre les systèmes restefaible.En matière de qualité, le taux de protéines moyen du blé est de 10,5 % et le tauxd’huile moyen du tournesol de 49,4 %.

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 11

Résultats économiquesIl s’agit des résultats moyens sur 7 cam-pagnes (1992/1998) calculés à partir desprix des produits et des charges en cours lorsde la dernière année de l’essai (1998). Lesmontants compensatoires pris en comptesont ceux du département du Tarn en 1998.Les charges de mécanisation ont été calculéesen simulant une exploitation de 100 ha culti-vant un assolement constitué de chacune descultures de l’essai sur 1/4 de sa surface.

Prix retenus dans les calculs - montantscompensatoires du Tarn (1998) - Céréales : 1 655 F/ha- Tournesol : 3 300 F/ha- Lupin : 2 390 F/ha

Prix de vente (1998) - Blé tendre : 70 F/q - 170 F/q en bio- Orge : 65 F/q - 150 F/q en bio- Tournesol : 135 F/q - 200 F/q en bio- Lupin : 85 F/q - 160 F/q en bio

Les résultats économiques entre les sys-tèmes de cultures conventionnel et intégrésont proches. Dans cet essai, la conduite biologique déga-ge des marges très sensiblement supérieuresaux autres conduites.Les prix des produits (qui ont encore aug-menté depuis 1998) expliquent un tel résul-tat, ainsi que les rendements moyens élevés :la différence de rendement entre ce que l’onrencontre en moyenne dans le départementdu Tarn et celui obtenu dans l’essai est plusimportante en culture bio qu’en conduiteconventionnelle.

On soulignera aussi une autre limite ren-contrée dans le système biologique qui est ledéveloppement très important de l’enherbe-ment. En 8 ans, la quantité de mauvaisesherbes observées avant désherbage est de8/m2 en système conventionnel et intégré, etde 800/m2 (!) en système biologique. Dansces sols battants, à tendance hydromorphe,où le désherbage mécanique est souvent dif-ficile à effectuer, c’est bien entendu une pré-occupation, et la maîtrise des mauvaisesherbes demande un équipement et une tech-nicité adaptés.

En guise de conclusionCe type d’essai, qui oblige à formuler desrègles de décision est très formateur pourcelui qui le réalise : il oblige à synthétiserses informations, ses références, pour rédi-ger des règles conformes aux objectifsqu’il se donne et aux contraintes objec-tives qu’il a analysées.Ces règles de décision sont naturellementtrès évolutives, car nourries par les inno-vations : nouvelles variétés, nouveauxproduits, nouvelles connaissances, nou-velles conditions économiques, nouvellesréglementations, nouveaux objectifs, nou-velles aides par incitations ...Cet exercice permet aussi de révéler lemanque de références, d’observations etd’expérimentations pour les systèmes inté-grés et biologiques.Depuis la mise en place de ces essais, onvoit apparaître des débuts d’écriture d’iti-néraires techniques en agriculture biolo-gique dans certaines régions françaises.Cette expérience de MONTANS permetd’enrichir ce travail à partir d’uneconfrontation de systèmes de cultures surle terrain. ■

Système de culture Système de culture Système de cultureconventionnel intégré biologique

➩ Résultats économiques par culture F/ha

Blé tendre Charges opé. 2 027 1 569 1 516Marge brute 4 789 4 636 6 981

Orge Charges opé. 2 071 1 557 1 537Marge brute 4 301 4 147 5 488

Tournesol Charges opé. 1 931 1 390 1 562Marge brute 4 378 4 938 5 603

Lupin Charges opé. 1 741 1 374 1 133Marge brute 2 847 2 946 4 466

➩ Résultats économiques de la rotation en F/ha

Marge brute 4 079 4 167 5 635

Charges Mécanisation 1 488 1 449 1 642Marge directe 2 561 2 718 3 993

Essai Moyenne départementale Tarn

Blé conventionnel 75 q/ha 55 q/haBlé bio 40 q/ha 25 q/ha

Exemple de règle de décision en système biologiqueLutte contre les adventices pour les cultures de blé tendre d’hiver et d’orge d’hiver

Fonctions n° Critères d’évaluationEviter les pertes de rendement liées à la concurrence 1 Notationdes adventices telles que pâturins annuels, ray-grass, ➩ Folles avoines < 5 plantes/m2

vulpin, véroniques, renouées, folle-avoine ➩ Dicots < 45 plantes/m2

➩ Pâturins < 24 plantes/m2

➩ Vulpins < 25 plantes/m2

➩ Ray-grass < 25 plantes/m2

Réduire le stock de semences d’adventices 2 Notationsdans le sol ➩ Evolution de la quantité et la

qualité des adventices sur la culture

Avoir une récolte propre en évitant les mauvaises 3 ➩ Taux d’impuretéherbes faisant verser la culture mais également la ➩ Verse provoquée par la présence présence de vert dans la récolte d’adventices

Solutionsn° Contexte (critères de pilotage) Action1, 2 et 3 ➩ Semis à 8 cm d’écartement ➩ 3 passages de herse peigne (efficacité moyenne)

3 f pour chaque stade1 talletallage

➩ Semis à 35 cm d’écartement ➩ 2 passages de sarcleuseTallageEpiaison

Si excès d’eau ou sol peu portant Impasse

Ce type d’essai oblige à écrire des règles de décision, règles qui sont appelées à être préci-sées pour des contextes particuliers prévus au départ, et aussi par la prise en compte de nou-velles connaissances et références. En fin d’essai, on peut vérifier si la règle a été appliquéeet si elle a eu les résultats attendus.

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5112

Maladies et ravageurs de la tomate1

La tomate peut être attaquée par de nombreuses maladies et les pertes de récolte qu’elles provo-quent sont parfois sévères. Les ravageurs animaux présentent relativement moins d’importance.

La régulation climatique des abris, le paillage et le palissage précoce des plants présentent un grand intérêt dans la lutte contre la plupart des maladies.

Mildiou Le champignonresponsable dumildiou de latomate (Phytoph-thora infestans) estégalement la causedu mildiou de lapomme de terre.Les taches surfeuilles sont nécro-tiques, irrégulières,d’extension rapide,entourées d’unemarge livide où

l’on peut voir à la face inférieure les fructifica-tions du champignon (duvet blanc fugace). Surles tiges, on voit de grandes taches brunes irré-gulières, pouvant les ceinturer complètement.Sur les fruits attaqués apparaissent des plagesmarbrées de brun, irrégulièrement bosselées,parfois partiellement recouvertes d’un feutrageblanc.P. infestans se conserve dans le sol à partir detubercules de pomme de terre malades. L’ino-culum qui déclenche la maladie provient nor-malement de champs de pomme de terre etde tomate infectés des environs.

Dégâts : rares sous abris

Conditions favorables : pluies etbrouillards, t° de 10 à 25°C, HR >90%

Dissémination : vent et pluie (longues distances)

Lutte : Éviter l’arrosage par aspersion. Venti-ler au maximum les abris pour diminuer l’hu-midité. Traiter si nécessaire (en plein champ),préventivement, avec des produits à base decuivre (nombreuses spécialités) en période derisque important. Eliminer les feuilles et lesfruits infectés.

AlternarioseDue au champi-gnon Alternariasolani, cettemaladie attaquesurtout la toma-te, mais aussi lapomme de terreet l’aubergine.Elle atteint sur-tout les feuillesâgées. Les taches foli-aires se recon-

naissent facilement par leur zonation plus oumoins régulière. A. solani est capable de survivre plus d’un an surles débris de culture ou à la surface du sol. Il peutêtre transmis par les semences.

Dégâts : peu dommageables

Conditions favorables : alternance de fortehygrométrie nocturne et de journées sèches

Dissémination: vent, pluie, aspersion

Lutte : Pratiquer une rotation des cultures de3 à 4 ans. Repiquer des plants sains. Eliminerles débris végétaux en fin de culture.

Maladie des racinesliégeuses (Corky-root)

Cette maladie due au champignon du sol Pyre-nochaeta lycopersici est fréquente. Elle peut êtresévère sur les plantations précoces sous abrifroid. Le champignon provoque sur les racinesde très nombreuses lésions brunes dont cer-taines évoluent en épaississements liégeuxcaractéristiques.

Dégâts : fréquents

Conditions favorables : rotations courtes, t°du sol <15°C à la plantation

Dissémination : susbtrats, outils

Lutte : Éviter de poser les mottes à même lesol en pépinière. Repiquer les plants dans unsol réchauffé. Arracher soigneusement lesplantes en fin de culture en éliminant au maxi-mum les racines altérées. Pratiquer éventuel-lement une désinfection du sol. Il est possibled’utiliser des plants greffés ou des hybridesrésistants.

Phytophthora

Les dépérissements observés en culture sousabris sont principalement dus au champignondu sol Phytophthora nicotinae var. parasitica.Les attaques apparaissent en général aprèsrepiquage. La pourriture du collet provoquéepar ce champignon est d’aspect humide, deprogression rapide ; les plantes attaquéesmeurent en général sans rémission.

Dégâts : localement fréquents

Conditions favorables : excès d’eau, t° du soltrop basse

Fiche techniqueFiche technique Maladies et ravageurs de la tomate1

Eric Béliard (FREDEC région centre)

Lésion de mildiou

Tache d’Alternariose

Maladie des racines liégeuses

Déperissement dû à Phytophtora

1 Cette fiche veut faire le point sur les principauxproblèmes phytosanitaires qui affectent la tomate.Il est toutefois important de noter qu’elle a étéréalisée par la FREDEC de la région Centre et estdonc particulièrement adaptée à cette région, lahiérarchie de l’importance de ces maladies etravageurs étant variable selon les régions.

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 13

Dissémination : substrats, eau

Lutte : Éviter de mettre en place les plantsdans des sols trop froids ou d’apporter tropd’eau au collet des plantes. Eliminer très rapi-dement les plantes mortes.

VirosesLes principales viroses de la tomate sont trans-mises par les pucerons (cf. rubrique Pucerons ci-dessous). Elles sont responsables d’anomaliesde coloration des fruits.

Lutte : La lutte contre les pucerons est peu effi-cace pour éviter ces viroses. Il convient cepen-dant d’éliminer les plantes touchées et pour laculture suivante, de désherber les parcelles ainsique leurs abords.

Aleurodes

L’Aleurode des serres (Trialeurodes vaporariorum),dont les adultes sont communément appelés“mouches blanches“, est un ravageur polyphagerencontré sur de nombreuses plantes- hôtes. Il estimportant sur tomate. D’origine tropicale, il s’est adapté en Europedans les serres et aussi en plein champ dans lesrégions méditerranéennes.Plus récemment, une nouvelle espèce, Bemisiatabaci, dangereuse pour de nombreuses cul-tures, a été introduite en France. Cette espècen’a jusqu’à présent pas été rencontrée sur lescultures maraîchères de la région Centre.Les dégâts proviennent essentiellement de lasuccion des feuilles et surtout de la sécrétionde miellat, par les larves et les adultes, quifavorise l’apparition de fumagine (champi-gnons saprophytes noirs qui se développentsur ce miellat).

Dégâts : peu importants

Conditions favorables : avril à mai

Détection : panneaux jaunes englués

Lutte : Éliminer les mauvaises herbes etmaintenir une zone propre (3 à 6 m) autour dela serre. Eviter d’introduire le ravageur : exa-miner attentivement les plantes avant leurentrée et éliminer les plants contaminés. Uti-liser Encarsia formosa, Hyménoptère parasi-toïde de l’aleurode. Commencer les lâchers dèsl’observation des premiers aleurodes piégés(1 plaque par 200 m2 environ) à raison de 3 à 6Encarsia / m2. Deux à trois lâchers espacés de 8à 15 jours sont parfois nécessaires. Contrôler15 jours après les lâchers la présence de larves

ou “pupes” parasitées ; ces “pupes” noires sedistinguent aisément des “pupes” blanchesnon parasitées. Il existe d’autres auxiliaires,utilisables en complément d’Encarsia formosa,telle que la punaise prédatrice Macrolophuscaliginosus.

Pucerons Les espèces qui se rencontrent sur tomatesont polyphages car elles attaquent de nom-breuses autres cultures et adventices ; ce sontMacrosiphum euphorbiae (Puceron vert etrose de la pomme de terre), Myzus persicae(Puceron vert du pêcher), moins fréquemmentAulacorthum solani (Puceron strié de la digita-le et de la pomme de terre) et Aphis gossypii(Puceron du melon et du cotonnier). Ces espèces peuvent attaquer les plantes trèstôt, dès le stade pépinière. Elles affaiblissentles plantes et peuvent provoquer la déforma-tion des feuilles. De plus, elles sont capables detransmettre des virus qui peuvent affecter lerendement lorsqu’ils sont transmis en débutde culture.Sur tomate, les virus transmis par les puce-rons, tel que celui de la Mosaïque duconcombre (CMV), sont transmis selon lemode non persistant. Le puceron devientinfectieux au cours de simples piqûres “d’essai“sur des plantes malades et inocule immédia-tement le virus acquis en piquant une nouvel-le plante. Cependant, il ne propage le virus quependant quelques minutes. Ce mode de trans-mission assure une dissémination extrême-ment rapide de la maladie, mais limitée dansl’espace. Dans ce mode de transmission, l’ap-plication d’insecticide ne permet pas de proté-ger les plantes parce que l’inoculation est faiteen quelques secondes.

Dégâts : parfois importants (viroses)

Conditions favorables dès le stade pépinière

Détection : panneaux jaunes englués, obser-vation visuelles

Lutte : La lutte contre les pucerons passe pardes mesures préventives : production deplants indemnes (pépinière étanche auxinsectes ou lutte insecticide si nécessaire), élimi-

nation des résidus des cultures précédentes,désherbage de la serre et de ses abords. Il estpossible de lutter à l’aide de certains insectesauxiliaires actuellement commercialisés : Aphi-dius colemani contre Myzus persicae et Aphisgossypii et/ou Aphelinus abdominalis ou Aphi-dius ervi contre Macrosiphum euphorbiae(Hyménoptères parasitoïdes) et éventuellementen complément Aphidoletes aphidimyza (Diptè-re prédateur de la famille des Cécidomyies). ■

Colonie d’aleurode INRA (J-C. Onillon)

(larves + adultes)

Taches sur fruits dûes au virus de lamosaïque du concombre

Dans le sudde la France,les dégâtsoccasionnéspar les rava-geurs sontplus impor-tants, du faitd’un climatplus favorableà la multipli-cation desa n i m a u x

(chaleur ethumidité). Si

les aleurodes occasionnent rarement desdégâts, les pucerons en font un peu plus bienqu’ils soient bien contrôlés par les agents delutte biologique. La punaise verte (Nezaraviridula) reste un problème mal contrôlé dansle Sud Ouest. Mais le principal ravageur de laTomate est le nématode à galles, ouanguillule, ver microscopique appartenant àl’espèce Meloïdogyne (M. incognita, M. arena-ria, M. javanica). On reconnaît sa présence parl’apparition de grosses boules en chapelet surles racines. Ces galles, qu’ils provoquent pardes piqûres sur les racines, perturbent l’assimi-lation des éléments fertilisants et la circulationde la sève ; cela peut entraîner un flétrisse-ment de la plante, une perte de vigueur, despertes de rendement (de 20 à 80 %), jusqu’à lamort du plant.

Dégâts : fréquents sous abris, rares en pleinchamp

Conditions favorables : sols chauds (sols

légers se réchauffant vite - régions clima-

tiques chaudes - production sous tunnel) et

zones de production intensive (rotations

courtes, succession de plantes sensibles)

Dissémination : plants en motte contami-

nés, outils souillés, reliquats de galles dans le sol

Lutte : Mesures prophylactiques (retrait des racinescontaminées), utilisation de tourteaux némati-cides (ricin et nématorg), de plantes némati-cides (crotalaires, tagetes). Une fiche techniquea été éditée par l’ITAB et le GRAB en 2001.

JF Lizot, ITAB

Galles de nématodes GRAB

sur melon

Crédit photographique : Eric Beliard FREDEC

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5114

Les essais variétaux en tomate ont été misen place chez deux producteurs, dans deuxzones géographiques et des sols différents. Le tableau ci-après résume les conditionsde culture de ces essais.

Des résultats agronomiquestrès différents sur les deuxsites d’essaisPlantés à la même période chez les deuxproducteurs (début mai), les pieds detomate ont fructifié sur une durée diffé-rente : chez le producteur A, l’essentiel dela production a été réalisée entre débutjuillet et fin août alors que chez le pro-ducteur B, la production s’étale jusqu’enoctobre. La taille des plantes est différen-te, avec des pieds de 1 m au mieux chezA, contre 1.80 m chez B. La vigueur desplantes est nettement supérieure chez B(notamment pour Fernova, qui a étépalissée sur 2 bras). L’acariose bronzée,des attaques de larves de punaises et levirus TSWV sont autant de problèmesphytosanitaires observés chez A. Les niveaux de rendements obtenus(en kg/pied) diffèrent ainsi plus entreles producteurs qu’entre les variétés(cf graphe 1) : chez le producteur B,la quantité récoltée par pied est troisfois supérieure à celle récoltée chezle producteur A. Ainsi, le 17 août2001, Cobra a produit 4.66 kg/piedchez B, contre 1.71 kg/pied chez A.Pour Estiva, on note 4.16 kg/piedchez B contre 2.34 chez A.

Des essais variétaux detomates dans l’Hérault

Par Noëlle Guix (CIVAM Bio 34) et Brigitte Navez (Ctifl)

Cet article fait suite à l’article paru dans Alter Agri n° 50 “Des essais enmaraîchage bio pour les producteurs en circuit court (Aude, Gard, Hérault)” et

présente les résultats obtenus sur les essais réalisés en 2001 sur tomate tuteuréede plein champ dans l’Hérault. Ces essais comprenaient trois volets : le suivi enculture et mesure du rendement (résultats agronomiques), la réalisation de tests

de dégustation sur les marchés et des analyses physico-chimiques réalisés par le Ctifl de St Rémy de Provence.

MaraîchageMaraîchage

producteur A producteur B

Production biologique Depuis 1996 Depuis 1988

Localisation Villeneuve-lès-Maguelone Gignac

Description rapide Argileux-limoneux Limono-sablo-argileuxdes sols Caillouteux (30%) Peu caillouteux

M.O. très faible (<1%); M.O. correcte (2 à 3%);en jachère depuis plus cultivé depuis 1988de 10 ans. en maraîchage bio.

Variétés suivies Cobra (Vilmorin) ; Estiva (Gautier) ; Fernova (Tézier)Paola (Tézier) Marutschka (Rijk Zwaan)

Fertilisation Compost : 25 T/ha Compost : 15 T/haPatenkali : 350 kg/ha Tourteau de ricin : 1.5 T/ha

Implantation irrigation goutte à goutte et paillage plastique- 1 plant tous les 40 cm environ - 1 plant à chaque goutteur

- Palissage en place en POST - Palissage en place à la

plantation (tige de fer) plantation (filet)

Dates de semis 30/03/01 26/03/01

Date de plantation 03/05/01 07/05/01

Tests de dégustation 18/07/01 (Sète - 24) 28/07/01 (Gignac - 70)sur les marchés 25/07/01 (Sète - 17) 05/08/01 (Montpellier - 48)(lieu - nbre de personnes) 04/08/01 (Sète - 24)

07/08/01 (Maison des Agriculteurs Lattes - 70)17/08/01 (Maison des Agriculteurs Lattes - 48)

Analyse physico-chimique Non Oui (échantillons récoltés le 24/07/01)

Itinéraires techniques et dates clés - essai variétal tomate tuteurée CIVAM Bio 34

Chez A : deux répétitions sur le rang de 15 pieds par variété.Chez B : trois répétitions sur le rang de 15 pieds par variété.

Ces deux variétés sont les seules pourlesquelles les répétitions permettentd’établir une comparaison.

D’une variété à une autre, il paraît judi-cieux de ne considérer que les résultatsobtenus chez B, puisque les conditionsde culture semblent avoir été très favo-rables. Fernova est la variété qui accusele rendement le plus faible (5.17kg/pied au 28/09/01 contre 6.4 kg/pieden moyenne pour les trois autres,Marutschka, Cobra et Estiva). Cecipourrait être lié à une différence deconduite entre les variétés avant planta-tion : Fernova est la seule variété pourlaquelle, par manque de temps, lesmottes n’ont pu être écartées les unesdes autres (ce qui peut les avoir fragili-sées, avec un étiolement supérieur desfeuilles basses). En terme de précocité,Fernova et surtout Marutschka ontl’avantage.

Des résultats si différentstrouvent plusieursexplications • Chez A, le terrain argilo-calcaire trèscaillouteux était en jachère depuis plusde 10 ans, avec un taux de MatièreOrganique inférieur à 1, alors que chezB, les terres limono-sableuses sont plusfavorables à la culture de la tomate,avec un taux de Matière Organiqueplus élevé (de 2 à 3).

• Chez B, à chaque plant correspondaitun goutteur, ce qui a favorisé la crois-sance racinaire et l’implantation des

pieds de tomate. De plus, le filet depalissage étant déjà posé, la sensibilitéau vent a été réduite et les plants n’ontpas été fragilisés dès le départ. C’estd’ailleurs la première année que lepalissage était posé à la plantation.

Des tests de dégustationsur les marchés Deux questions ont été posées auxconsommateurs :- “Quelle variété préférez-vous,

VISUELLEMENT ?”- “Quelle variété préférez-vous, GUS-

TATIVEMENT ?”Une troisième question ouverte permet-tait de connaître les raisons de leur choix(texture, acidité, teneur en sucre...)., cequi a permis de dresser des tendances.Les tests ont été effectués tout au longde la période de récolte des tomates.Les tomates ont été goûtées nature,sans sauce ni boisson. 100 personnes ont été enquêtées sur lestomates produites chez le producteur Aet 116 sur celles produites par B. Lespersonnes ne donnant pas de réponsessuffisamment précises (ne pouvant pasdécider, donnant deux réponses...), ont

été comptabilisées dans la rubrique “?”.Aucune variété n’a été distinguéevisuellement pour le producteur A,alors que Fernova a été la plus fré-quemment citée pour le deuxièmeproducteur (avec peut-être un effet del’agencement de l’étalage : Fernova setrouvait à portée des personnes, sur ledevant de l’étalage). Cobra est sou-vent citée comme “ressemblant àcelles qu’on avait dans le jardin denos grands-parents”, car présentantde gros fruits souvent déformés. Paolasemble être moins appréciée, parcequ’elle “ressemble trop à celles de lagrande distribution”. Mais si le choixest souvent fait en fonction de l’usage(notamment Cobra pour les tomatesfarcies), il reste surtout basé sur l’as-pect : quelle que soit la variété, lesfruits tachés, éclatés ou complètementdifformes sont laissés sur l’étal.D’un point de vue gustatif, Fernovasemble être plus appréciée. Elle a “le plusde goût, à la fois acide et sucrée”. Enrevanche, les personnes ont souvent citéune texture farineuse (ceci s’améliore-t-ilen fin de cycle ?) et une peau épaisse(seule Cobra semble différer légèrementdes autres sur ce point). Deux types depréférences se distinguent : les personnesqui aiment l’acidité citent Fernova etEstiva. Marutschka, Paola et surtoutCobra sont plus douces. Marutschka estsouvent qualifiée d’“insipide”.Globalement, Fernova semble attirer laplus grande attention1. Mais ceci neconcerne pas l’ensemble des consom-mateurs, parmi lesquels certains sont àla recherche de variétés plus douces.Les variétés anciennes sont demandéeset véhiculent une image positive : mêmesi l’achat réel ne se fait pas particulière-ment, il semble important d’en propo-ser sur l’étalage.

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 15

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0

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06/07/01 20/07/01 03/08/01 17/08/01 31/08/01 14/09/01 28/09/01

Poid

s cu

mul

é pa

r pi

ed (

kg)

Pao A Cob A Est A Fern B Mar B Cob B Est B

Évolution du poids cumulé par pied de tomate,par producteur (pesées hebdomadaires)

PaoA : Paola chez Prod A - FernB : Fernova chez Prod B - CobA : Cobra chez Prod AMarB : Marutschka chez Prod B - EstA : Estiva chez Prod A - CobB : Cobra chez Prod BEstB : Estiva chez Prod B

1e question 2e questionFern Cob Est Pao ? Fern Cob Est Pao ?

Prod A 28 28 19 20 5 42 17 19 20 2

Fern Cob Est Marut ? Fern Cob Est Marut ?Prod B 46 16 14 22 18 43 27 23 16 8

Réponses obtenues aux tests de dégustation des tomates - CIVAM bio 34

1 : le producteur B commercialise Fernovadepuis plus de 8 ans. Les consommateurs deGignac qui ont fait le test l’ont comme réfé-rence. Il n’est donc pas impossible que ceciait orienté leur choix.

Les analyses physico-chimiques(d’après Brigitte NAVEZ, Ctifl)

Parallèlement aux tests gustatifs sur lesmarchés, l’analyse physico-chimique réa-lisée nous permet de caractériser les varié-tés. Cette analyse a concerné un lot detomates, prélevées le 24 juillet 2001 chezle producteur B (variétés : Fernova,Marutschka, Cobra, Estiva). Les mesures physiques ont porté sur lafermeté, l’observation de la texture etl’observation interne des fruits. Lesmesures chimiques ont concerné l’indiceréfractométrique, l'acidité totale, lesteneurs en sucre et en acide.

Concernant la texture, Estiva présenteraitdes critères plutôt favorables, sans carcas-se fibreuse, s’opposant à Marutschka,plus ferme et avec une carcasse fibreuse.Fernova apparaît légèrement farineuse.Cobra est la tomate la moins ferme.L’IR (mesure de la matière sèche soluble)est élevé, relativement aux résultats obte-nus pour des fruits de ce calibre (calibreintermédiaire ou gros calibre). L’acidité peut être appréhendée par desmesures sur gel, chair ou fruit entier(broyat), mais sa perception globaledépend de la quantité relative de gel parrapport à la chair. Ainsi, Estiva (qui com-prend la quantité de gel la plus élevée parrapport aux autres) devrait être perçuecomme étant la plus acide, ce qui s’estvérifié lors du test gustatif.

En tomate, il semble indispensable de nepas classer la qualité gustative en fonctiond’un seul critère, sucres ou acidité, ni parun seul rapport entre les deux : la pro-portion de gel intervient dans la percep-tion de l’acidité et la texture peut être unfacteur limitant. L’indice saveur (en coursd’étude) considère l’équilibre entre sucreset acides. Le Ctifl a proposé pour le clas-sement des variétés en expérimentationun indice de saveur qui tient compte durapport sucre sur acide et le pondère parle niveau de l'acidité. Cet indice ne prendpas en compte les critères de texture.Pour les 4 variétés étudiées, l'indicesaveur classait plus favorablement Estivaet Fernova, ce qui a été confirmé par lestests sur le marché.Ces résultats semblent formaliser les cri-tères que l’on pressentait sur les marchés,mais il faut rester prudent quant à leuranalyse : celle-ci n’a concerné qu’un faibleéchantillon, à une seule date.

Conclusions Le suivi effectué en 2001, les tests dedégustations sur les marchés ainsi que lestests physico-chimiques ont permisd’amener quelques éléments de réponseaux producteurs quant aux avantages decertaines variétés. Il reste cependant

impossible de qualifier l’une ou l’autre denettement supérieure : parce qu’elles sesuccèdent dans le temps, qu’elles présen-tent différents atouts vis-à-vis de la résis-tance ou tolérance à des maladies ou rava-geurs, qu’elles ont un aspect différent, queleur texture et leur goût s’étendent aussisur une large gamme, chacune permet deréaliser un bon compromis à l’échelle del’exploitation et sur l’ensemble de la sai-son. De plus, les suivis n’ont concerné quedeux exploitations, dans des conditionsclimatiques plutôt favorables. Il convientdonc de renouveler ces essais la saisonprochaine. Les personnes enquêtées sur les marchésont été particulièrement heureuses de s’ex-primer sur un sujet (le goût) qui est sou-vent évoqué, et souvent considéré commeétant un atout en agriculture biologique.Ce test a permis de constater que le fac-teur “variété” influence fortement le critè-re “goût” et que celui-ci est extrêmementsubjectif. Les analyses réalisées par leCtifl, ont permis toutefois de mettre enparallèle des appréciations de goût avecdes critères physico-chimiques quantifiés.Une chose est sûre : les goûts et les prépa-rations culinaires sont si variées qu’il y ade la place pour plusieurs types de variété.La diversité est donc à cultiver ! ■

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5116

Fruits de la variété “Fernova” produits chezle producteur B : calibre hétérogène maisforme régulière

Fruits de la variété “Cobra” produits chez le producteur B : calibre hétérogène et forme trèsirrégulière ; les fruits ont tendance à éclater

Caractéristiques physico-chimiques des 4 variétés étudiées* indice Durofel, de 0 à 100, On considère 60 comme une limite minimale commerciale.

Poids moyen (g) Fermeté mesure IR, Acidité totaledes fruits Durofel (ID)* % brix en Méq/100g

de l’échantillon Le 25/07Fernova 177 76 5.3 7.0 Estiva 179 76 5.1 7.1 Cobra 190 69 4.9 5.7 Marutschka 142 79 4.7 5.2

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 17

Les dégâts de campagnols sont de trois types :• destruction des arbres par section des

racines principales ou par écorçage descollets ;

• impact sur la production, par attaque desradicelles et diminution du potentiel desarbres ;

• impact sur la qualité des fruits (en parti-culier par la diminution de la taille desfruits qui entraîne leur déclassement).

La destruction des racines est essentielle-ment le fait d’espèces à mœurs presqueexclusivement souterraines et dont lesindices de présence les plus fréquents sontdes tumulus de terre ; il s’agit généralementde campagnols terrestres (Arvicola terres-tris) en zones à vocation herbagère mar-quée, de campagnols souterrains (Microtussubterraneus) en zones de plaine, et decampagnols provençaux (Microtus duode-cimcostatus) dans les régions méridionales.L’écorçage des collets est au contraireessentiellement causé par des espèces cir-culant fréquemment en surface et établis-sant des couloirs de circulation, plus oumoins cachés sous le couvert végétal, quirelient entre eux des terriers facilementobservables. Il s’agit des campagnols deschamps (Microtus arvalis) et agrestes(Microtus agrestis).

Évaluation des risquesLes risques de dégâts sont liés à la vitesse decolonisation des vergers qui résulte de deuxmécanismes : la reproduction, in situ, à par-tir de quelques couples reproducteurs et ladispersion, à partir de “disperseurs” prove-nant des milieux environnant le verger.

La reproduction Il existe des freins naturels très puissants àla multiplication des espèces (les facteursde régulation). Dans le cas des campa-gnols, le principal de ces facteurs est laprédation. En l’absence de ces freins natu-rels, quelques couples de campagnols parhectare suffisent pour assurer l’infestationcomplète d’un verger en moins de 18 mois.En verger biologique, il est donc nécessai-re de se donner comme objectif le maintiendes effectifs à un niveau “zéro campagnol”et, en conséquence, de prendre activementtoutes les mesures de lutte préventive pos-sibles : mise en place de mesures de dissua-sion, détection précoce des premiers indi-vidus par observation régulière des indicesde présence, destruction rapide par piégea-ge ou application d’un produit homologué.

La dispersionLa colonisation des vergers à partir desmilieux environnants dépend de deux para-mètres : la proximité des “milieux sources”et la densité des populations dans cesmilieux sources. Ces deux facteurs dépen-dent avant tout des caractéristiques envi-ronnementales et en particulier de la com-position et de la structuration des paysages.Concernant les “milieux sources” de ron-geurs prairiaux, le plus grand risque estnaturellement associé à la proximité de sur-faces importantes de prairies. Le risque derencontrer des densités élevées de campa-gnols est décroissant selon qu’il s’agit : deprairies artificielles (luzernes, mélanges

trèfles-graminées, etc.), de prairies defauche et de prairies pâturées (dans ce der-nier cas, le risque diminue progressivementselon qu’il s’agit de prairies peu pâturées,régulièrement pâturées ou surpâturées).

L’environnement duverger- À l’échelle régionale, le risque de pullula-

tion dépend de la proportion d’habitatfavorable aux campagnols, en l’occur-rence, le couvert herbacé. Le risquedevient élevé lorsque le rapport STH /SAU (surfaces toujours en herbe / surfaceagricole utile) devient supérieur à 50%.

- À l’échelle des paysages, ce risque estinfluencé par le degré de structuration dupaysage : à couverture herbacée égale, lerisque de pullulation est considérable-ment réduit dans les paysages cloisonnés(réseaux bocagers) ou en damiers(mosaïques boisées) par rapport auxpaysages ouverts (“openfields”).

- À l’échelle du verger le risque de pullula-tion est déterminé par la nature des par-celles contiguës : proportion de parcellesenherbées et leur proximité au verger,caractéristiques d’exploitation de cesparcelles, pratiques d’exploitation(intensives ou extensives, fréquence desfauches, type de pâturage, etc.).À cette échelle, la proximité d’un envi-ronnement “protégé” (= dont la structu-ration est assurée par un ensemble debosquets et de haies) apparaît importan-te : la diversité et l’abondance des auxi-liaires y sont supérieures, comparées àcelles d’un verger isolé, situé en open-field par exemple ; la régulation despopulations s’effectue plus régulière-ment et les risques de recolonisationsont moindres.

Gestion des campagnols en verger biologique1

Par Pierre Delattre (INRA - Montpellier)

Les campagnols sont de loin les ravageurs vertébrés les plus préoccupants pour lesarboriculteurs… Les jeunes vergers sont particulièrement sensibles car dans un écosystèmeéquilibré, la pression naturelle des prédateurs (rapaces, mustélidés, serpents, ...) assure enpartie leur régulation. Cependant, l’écosystème agricole déstabilisé entraîne desproliférations très dommageables.

ArboricultureArboriculture

1 Cet article reprend la communication de M.Delattre au Forum National Fruits et Légumes bio-logiques du 11 décembre à Bouvines. Les actes deces journées sont disponibles à l’ITAB (voir bon decommande joint).

Campagnol terrestre P. Douille de Franssu - ACTA

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5118

Mesures avant laplantation Il s’agit de tenir compte de la structurationde l’environnement aux différenteséchelles spatiales et, en fonction du risqueévalué, d’investir plus ou moins dansl’aménagement de l’environnement immé-diat du verger.- À l’échelle régionale : éviter les régions à

vocation herbagère et se placer le plusprès possible, voire à l’intérieur, d’unmassif boisé, d’un réseau bocager oud’une mosaïque boisée.

- À l’échelle des paysages : éviter le voisi-nage immédiat des prairies temporaireset en particulier des luzernes ; préférer unenvironnement de cultures annuelles(crucifères, céréales d’été, betteraves) ou,à défaut, de prairies intensivement pâtu-rées et éviter les zones à végétationhygrophile et les sols argileux à fortecapacité de rétention en eau (si risque liéau Campagnol terrestre).

- À l’échelle du verger : mettre en place, enpériphérie, ou au moins sur deux descôtés du verger, une surface boisée de 5 à30 m de large. Dans le cas de vergers deplus de 200 m de large, prévoir unebande médiane boisée de 5 m à 20 m delarge, traversant le verger dans le sens dela longueur et pour des verger de plus de8 ha d’un seul tenant, morceler par deshaies larges (plus de 20m). Dans toutesles situations, assurer des connectionsentre le verger et les éléments boisés lesplus proches, par des réseaux de haies,des alignements de bosquets peu espacésou, à défaut, par des murets rustiques.

Mesures pendant laplantation et les troispremières annéesLes mesures préventives seront, si possible,programmées en fonction des cycles defluctuations pluriannuels des campagnols.

Plantation des jeunes arbres• préparer le sol, en automne, par labour

ou par hersage ;• maintenir le sol nu pendant l’hiver précé-

dant la plantation ;• planter les scions de préférence en fin d’hi-

ver et pendant une phase de déclin despopulations de rongeurs (on peut détermi-ner cette phase en observant, sur quelquesparcours réalisés dans l’environnementdes vergers, la fréquence des indices deprésence des campagnols ; tumulus, ter-riers, galeries sous la végétation, etc.) ;

• choisir des porte-greffes peu attractifs ;• contre les espèces souterraines ; enfoncer

profondément des cylindres protecteurs(grillages) jusqu’à 60 cm ;

• contre les campagnols “de surface” poserdes gaines ou des colliers à la base destroncs des jeunes arbres.

Enherbement du vergerSi possible, maintenir le sol nu. Sinon, semerl’herbe plusieurs mois avant la plantationdes pommiers, rouler le plus fréquemmentpossible pour tasser le sol pendant la crois-sance de l’herbe et choisir des plantes peuappétentes pour les campagnols. L’intérêt dece dernier choix est à relativiser, la hauteurde la couverture herbacée jouant un rôleprépondérant. Cependant, il convient d’évi-ter les plantes et graminées à rhizomes, enparticulier le chiendent, le pissenlit et leslégumineuses et de faucher les bandes her-beuses très régulièrement.

Entretien du verger• maintenir mécaniquement le sol nu sur

les rangées d’arbres ; au minimum sur 1m de large, et de préférence sur 3 à 4 m(prévoir au moins deux passages par an,de préférence en juillet et en novembre) ;

• maintenir l’herbe rase sur les inter-rangs(quelques cm) ;

• éviter tout mulch végétal et paillage du sol(préférer un mulch de pierres broyées) ;

• éloigner les résidus de taille et les déchetsde tous ordres.

Mesures pendant toutela période deproductionLa lutte contre les espèces “de surface” s’avè-re moins nécessaire au delà des 3 ou 4 pre-mières années qui suivent la plantation, saufdans les régions enneigées régulièrement oudurablement (au moment des périodes d’en-neigement, apporter momentanément unenourriture artificielle aux campagnols de“surface”; grains, résidus de taille).La lutte contre les espèces souterrainesdoit être préventive et permanente : repé-rer les indices de présence des campagnolset des taupes2, éliminer les campagnols(piégeage, traitements autorisés) et détrui-re les galeries souterraines (par roulage,scarification, hersage, etc.) dès l’apparitiondes premiers signes de présence.

Protection des auxiliairesCes mesures comprennent des mesures de pro-tection des prédateurs (ni chasse, ni piégeage) etla mise en place d’aménagements spécifiques.

• Pour les carnivores : assurer une disponibilitésuffisante de zones refuges (bois et bosquets)et de corridors (haies, murets, talus, etc.).

• Pour les rapaces : conserver des arbresâgés et élevés, mettre en place des per-choirs artificiels, prévoir un écartementsuffisant entre les rangées d’arbres; assu-rer la quiétude des lieux.

Aménagement des zonespériphériquesIl s’agit principalement de la mise en place dezones boisées : haies connectées entre elles,bosquets proches (moins de 100 m d’inter-valle) ou connectés entre eux par des haies.En principe, ces boisements doivent être lesplus hétérogènes possibles, à la fois dansleur composition (association de plantesherbacées, arbustives et arborées, defeuillus et de résineux) et dans leur structu-re (densités variables de plantations).En pratique : • alterner des zones à plantations denses

avec des zones à plantations plus lâches,• associer le plus possible arbres et

arbustes,• alterner ou associer des arbres à crois-

sance lente (cèdres, hêtres, sapins,chênes…) avec d’autres à croissancerapide (frênes, sorbiers, tilleuls,épicéas…),

• éviter les alignements,• installer quelques abris pour les prédateurs

(tas de pierres, de bûches, etc.) au milieudes bosquets et dans les haies les pluslarges, à intervalles de 100 à 150 m. ■

Pour en savoir plus• Les vertébrés ravageurs des végétaux. I. Aspects géné-raux. Bulletin Technique d’Information, 1991. Ministèrede l’Agriculture et de la Forêt, 96 pp.

• Les vertébrés ravageurs des végétaux. I. Aspects spéci-fiques. Bulletin Technique d’Information, 1991. Ministè-re de l’Agriculture et de la Forêt, 98 pp. Les rats deschamps. La Défense des Végétaux, 1990, numéro spécial,260-261, 80 pp.

• Delattre P., Chaste B. & Silvy C. 2000. Lutte biologique etrongeurs. Dossiers de l’Environnement de l’INRA 19: 35-47.

• Delattre P., Giraudoux P., Grolleau G., Defaut R., HabertM., Pradier, B., Quere J.P., Toussaint M., Truchetet D.,1996 La lutte contre les campagnols champêtres. Enjeuxet perspectives. La Défense des Végétaux, 489, 38-43.

• Delattre P., Croset H., Angot J.P. 1991 - Comment fonc-tionnent les populations de vertébrés ravageurs ? BulletinTechnique d’Information, 2, 16-25.

• Quere J.P., Toussaint M., Musart P., Delattre P. 1991 -Synthèse des connaissances nécessaires aux prévisions despullulations du Campagnol des champs (Microtus arvalis).Bulletin Technique d’Information, 3, 17-26

2 La lutte contre les taupes est nécessairedans les régions où sévit le Campagnolterrestre.

À la demande croissante des producteurs, leGRAB a mis en place une campagne d’essaissur la maîtrise des campagnols en agriculturebiologique. Trois types d’essais ont été mis enplace:- un test d’introduction de plantes rodonti-

cides ou répulsives à proximité des arbres,- un test de gazage des galeries avec du dioxy-

de de carbone (CO2),- un test d’un produit rodonticide en épanda-

ge au sol.Ces deux derniers tests ont fait l’objet d’unecommunication au Forum National Fruits etLégumes biologiques, le 11 décembre, à Bou-vines. Un guide ITAB/GRAB sur la produc-tion de fruits biologiques est en cours derédaction et comprendra un chapitre sur lesravageurs vertébrés du verger.

Contact : Lionel Romet - GRAB - Agroparc- BP 1222 - 84911 Avignon cedex 9 Tél. : 04 90 84 01 70 - Fax : 04 90 84 00 37 [email protected]

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 19

Le bilan des activités de la commissionviticole de l’ITAB qui inaugure tradi-tionnellement ces journées a été suivipar des visites et des conférences tech-niques centrées cette année sur lethème de “la gestion globale duvignoble” laissant une large part auxdiscussions. Ce thème s’inscrit dans laréflexion menée à l’ITAB sur la dura-bilité et l’autonomie de l’agriculturebiologique.

Point sur les activités dela commission en 2001

Un point a été fait sur la présentationdu nouveau bureau de la commissionviticole de l’ITAB et sur les principales

interventions et actions de la commis-sion en 2001. Les dossiers techniques etscientifiques prioritaires ont été et res-tent ceux des réductions des doses etalternatives au cuivre et la lutte contrela flavescence dorée1.

La gestion globale du vignobleCompte-rendu des journées techniques de la commission viticole de l’ITABPar Claire Minost (ITAB), Monique Jonis (ITAB), Olivier Malet (Cave de Die Jaillance)

Les journées techniques de la commission viticole de l’ITAB sont devenues au fil des ans unrendez-vous important de la filière viticole biologique. La qualité des interventions, l’accueil àDie, sur le site de la Cave de Die Jaillance ainsi que la mobilisation des viticulteurs venusassister aux conférences ont fait de ces deux journées un succès.

ViticultureViticulture

1 Le rapport d’activité de la commission viti-culture paraîtra dans le n° 52 d’Alter Agri

Bureau de la commission viticole de l’ITABProfessionnels Alain Réaut (viticulteur biologique et biodynamiste en Champagne)

Alain Nouhant (viticulteur conventionnel en Bordelais)

Réseau ITAB Marc Chovelon (GRAB)

Réseau ICTA Denis Caboulet (ITV Narbonne)

Réseau APCA Eric L’Helgoualch (Chambre d’Agriculture du Vaucluse)

Animatrice Monique Jonis

Olivier Rey présente son exploitation et ses pratiques

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5120

Visites et ateliers dedémonstrationM. Olivier Rey, viticulteur bio du Diois,nous a ensuite accueilli sur son exploi-tation où quatre ateliers de démonstra-tion avaient été organisés par lachambre d’agriculture de la Drôme et laCave de Die Jaillance.Tandis que André Billaud, viticulteur àDie, faisait le point sur l’entretien des solsdans le vignoble Diois, Patrice Morand,de la chambre d’agriculture de la Drômeprésentait le matériel de désherbage ther-mique ainsi que des résultats d’observa-tion sur l’efficacité de cette technique vis-à-vis de certaines adventices reconnuesparticulièrement difficiles à maîtriser(voir tableau p. 21). L’efficacité globaledépend très fortement de la fréquence despassages : le viticulteur doit multiplier lesopérations (5 passages) les premièresannées pour se retrouver dans une situa-tion bien contrôlée, où 3 à 4 passages res-tent encore nécessaires.Un troisième atelier, animé par OlivierDurant, de la chambre d’Agriculture dela Drôme, était consacré à la pratiquedu compostage en viticulture : choix dela matière organique, humidité, chaleur,fréquence de retournement2... Enfin, le dernier atelier présentait dumatériel de pulvérisation adapté pouroptimiser la pénétration des produitsdans le feuillage et sur les grappes afin deréduire les doses de cuivre. JC Muguet(coop d’approvisionnement de Die) yprésentait l’essai qu’il mène avec la Cavede Die Jaillance sur différents matériels.

Conférences

Le matériel végétalIl a été tout d’abord rappelé l’obligationfaite à partir de janvier 2004 d’utiliserdes semences et plants biologiques. Laurent Audeguin a tout d’abord pré-senté le travail réalisé par l’ENTAV3 surla sélection clonale. Cette sélectionporte essentiellement sur deux aspects :l’aspect sanitaire qui consiste à identi-fier les clones indemnes de maladiesvirales contre lesquels il est difficile delutter telles que le court noué et l’enrou-lement... et l’aspect génétique qui prenden compte les qualités agronomiques etorganoleptique des clones. Ainsi, en2001, plus de 1000 clones sont agréés.Il souligne également la présence et l’im-portance des conservatoires qui rassem-blent pour un même cépage, l’ensembledes clones disponibles, ainsi que lesefforts qu’il reste à faire pour doter tousles cépages de leur conservatoire. Sylvian Bernard, de l’ONIVINS a faitensuite le point sur la réglementationeuropéenne et française concernant lamultiplication de la vigne.

Le débat qui a suivi, en présence desdeux intervenants et de deux pépinié-ristes s’est rapidement orienté sur lapossibilité de production de plants bio-logiques et sur le problème épineux dela flavescence dorée.La flavescence dorée, maladie de quaran-taine comme le phylloxéra et la nécrosebactérienne est soumis à une lutte obli-gatoire par arrêté préfectoral. La seuleméthode de lutte actuelle est la destruc-tion de l’insecte vecteur et des pieds devigne atteints par la maladie. Ces solu-tions restent insuffisantes et ne permet-tent pas toujours d’enrayer le développe-ment de la maladie. Des recherches sontmenées par l’INRA d’Antibes, dans larégion des grands lacs américains, zoned’origine de la cicadelle vectrice, afind’identifier des prédateurs naturels qu’onpourra éventuellement introduire enFrance. L’INRA de Dijon travaille depuisdes années sur les relations hôte/parasiteet en 2002 un programme de rechercheassociant l’INRA, l’ITV et l’ITAB se met-tra en place.L’impasse réglementaire se situe aussiau niveau de la production des plants.En effet, les pépinières sont soumisesaux obligations de traitements contre lacicadelle de la flavescence dorée et unelimitation réglementaire des doses decuivre risque aussi de poser de gravesproblèmes pour maîtriser les maladiesfongiques dans les conditions particu-lières de la pépinière.Lors de ce débat, plusieurs participantsont soulevé l’urgence de commencer desexpérimentations afin d’identifier les dif-ficultés techniques et d’estimer les sur-coûts éventuellement engendrés. Le motde la fin a été en fait une question : avant

2 les documents de cet atelier sont disponiblesauprès d’Olivier Durant - Chambre d’agriculture dela Drôme - Pôle Bio - CFPPA de Die, av de la Clai-rette - 26150 Die.3 Établissement national technique pour l’améliora-tion de la viticulture

EARL de PeyrolsDate d’installation et de conversion 1992Main d’œuvre 2,5 UTH/an (sans main d’oeuvre vendange)Surface totale 210 ha

Troupeau ovin de 300 mères

Vigne 12 ha Compost sur 6 haEngrais de commerce sur 6 ha

Céréales 30 ha Engrais de commerce + compost de fienteCultures fourragères 35 ha CompostPlantes aromatiques 2 ha CompostParcours 131 ha

Itinéraire technique viticulture

Protection : hydroxyde, Sulfate de cuivre, souffre mouillable + poudrageDésherbage : en partie thermique, en partie par décavaillonage et lame inter-ceps

Atelier de démonstration de matériel de pulvérisation (Turbocoll)

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 21

de s’engager dans des expérimentations,ne serait-il pas préférable que les viticul-teurs s’entendent au préalable sur“Qu’est-ce qu’on appelle un plant bio ?”

Traitements : comment êtreefficaces et préserverl’environnement ?

Stimulateurs de défense desplantes : une alternative auxtraitements curatifs?Alain Deloire, enseignant à l’AgroMontpellier a ouvert la matinée parune intervention sur les mécanismes dedéfense des plantes. Vitis vinifera,contrairement à d’autres groupes, nepossède pas de gènes de résistance auxpathogènes. Par contre, elle présentedes gènes de défense induisant desmécanismes de résistance qui pour-raient lui permettre de se défendrecontre les maladies. Confrontées à unfacteur pathogène, la plante synthétisedes composés capables de stopper ouau moins de freiner le développementde la maladie. Ainsi, des corrélationsentre la teneur en certains composésphénoliques et le développement dumycélium du mildiou ont pu êtreconstatées. D’autres travaux ont mon-tré l’implication potentielle de pro-téines dans la tolérance à l’oïdium decertaines espèces.

Réglage des pulvérisateurs oucomment optimiser sestraitementsD’ici 2 à 4 ans, tous les pulvérisateursseront soumis à un contrôle technique(type automobile) à la charge du pro-ducteur. Les modalités exactes restentà définir. Dans l’optique d’une meilleu-re préservation de l’environnement,Claude Vernet de l’ITV a présenté lesdifférents modèles de pulvérisateurs etsouligné l’importance du réglage afind’optimiser au mieux la répartition duproduit de traitement : un traitementréalisé avec le meilleur matériel et leproduit le plus efficace peut demeurertotalement inutile si le matériel n’estpas adapté à la vigne et s’il est malréglé.L’intérêt des cuves de rinçage, presquetoujours obligatoires dans les chartes deproductions intégrées, a aussi été rappelé.

plantes Indications observationsRenoncule bulbeuse Sols secsRenoncule (bouton d’or) Sols moyennement humidesRenoncule rampante HydromorphieRumex obtus Anaérobiose ayant provoquée Plante rarissime au début

des blocages, notamment du siècle en Francecelui du phosphore

Rumex violoncelle Compactage (mécanique ou naturel)

Mouron blanc Bon taux de MO Durée de vie : 3 semaine à 1 moisBonne vie microbiennePrésence d’azote

Rumex petite oseille Déstructuration des solsRumex grande oseille EquilibresCrucifères Sols contenant des bases Utiles en engrais verts dans les sols

engendrant par exemple à pH élevé ; ne pas utiliser dans des solsdes blocages à pH < 6

Ambroisie Désaturation du complexe Lutte par engazonnement (production d’acides humiques inhibant la germination de la graine)

Pissenlit Engorgement en MOAchillée Mille feuilles Lessivage des MOVulpin sauvage AnaérobioseChardon Anaérobiose

Blocage du pH

plantes nitrophiles Indications observationsLiseron NitritesPâquerette DécalcificationDatura Remontée de sel

Polluants apportés par les crues ou circulant avec l’eauEpandage de MO non compostée (Lisier/purin)

Différents types de pulvérisateurs• pulvérisateurs à pression et à jet projeté : vignes étroites à faible intensité de feuillage• pulvérisateurs à pression et à jet porté : convient à toutes végétations mais un peu limité

au niveau de la pénétration• pulvérisateurs pneumatiques : très efficace si bien réglé mais difficultés de réglage.

L’environnement duvignobleLes deux interventions de cet atelieront été particulièrement appréciées desviticulteurs.

Les plantes bioindicatrices Gérard Ducerf de Promonature, quiétait déjà intervenu au Forum Fruits etLégumes biologiques de 2000, a pré-senté sa méthode des plantes bio-indi-catrices. Pour M. Ducerf, toutes lesplantes sont bio-indicatrices dans lesens ou leur présence - ou leur absence- nous donne des indications précieusessur les conditions et les particularitésdu milieu et peut être utilisée commeune méthode de diagnostic sur l’étatd’une parcelle bien avant que les pro-blèmes n’apparaissent. En effet, toutes

les graines possèdent une “dormance”qui n’est levée que dans des conditionsparticulières (température, humidité,rayons lumineux, ...). Par principe, uneespèce est déterminante et indicatricedans la sphère immédiate où elle vit :dans un rayon de 50 cm maximum.Pour être considérée comme indicatri-ce pour une parcelle, elle doit présenterun nombre suffisant d’individus (5 à10 par m2) et être dominante par rap-port aux autres espèces présentes. A cejour, sur les 6000 espèces végétales pré-sentes en France, 150 plantes indica-trices ont été identifiées que l’on peutclassé en :

- plantes indiquant un excès,- plantes indiquant une carence,- plantes servant de bio-indicateurs

de la vie microbienne du sol.

Quelques exemples de plantes bioindicatrices

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5122

Le vignoble : un milieu favorable àla macro-fauneGilles Carron (Bioindication GestionMonitoring) nous a ensuite présentéun aspect différent du vignoble : celuide milieu de vie. L’agriculture biolo-gique présente un intérêt élevé pour lasauvegarde de la nature et de nom-breux animaux (oiseaux, insectes, rep-tiles...). Les espèces changent bien sûrd’une région à l’autre mais les prin-cipes concernant la valeur écologiquedes vignobles et les mesures favorisantla faune peuvent être transposés dansla plupart des vignobles.

Ces deux interventions ont mis enavant les avantages de l’enherbementnaturel des vignobles, tant pour l’uti-lisation des plantes comme bio indi-cateurs que pour leurs rôles dansl’équilibre du vignoble et la protec-tion de la faune. En conclusion il estapparu que si l’agriculture biologiquepeut tirer parti de l’environnement(abris pour la faune auxiliaire, bio-indicateurs...), elle doit aussi être auservice de ce même environnement.

VinificationLes journées ce sont terminées sur lesinterventions de Denis Caboulet (ITV) etJean-Louis Escudier (INRA) sur lesméthodes physiques permettant de limi-ter les additifs dans le processus de vini-fication.

Et la clairette Ces journées techniques étaient aussil’occasion pour beaucoup de décou-vrir ou redécouvrir la fameuse clairet-te. Une dégustation a permis aux par-ticipants d’apprécier les différentesqualités du crémant et de la clairette.L’occasion aussi de visiter la cave deDie Jaillance. Près de 150 participants, comprenantune majorité de viticulteurs se sontretrouvés à Die et ont déjà pris ren-dez-vous pour l’année prochaine. ■

RemerciementsÀ Olivier Durant (chambre d’agriculturede la Drôme) et son équipe ainsi que Oli-vier Malet, Paul Pelluet et l’équipe de laCave de Die Jaillance pour leur implicationdans l’organisation et le bon déroulementde ces journées et enfin à Eric Maille (Agro-bio Poitou-Charente) pour ses précieusesnotes et Loïc Papin pour les photos.

Les actes de ces journées sont dispo-nibles à l’ITAB. Voir bon de comman-de ci-joint.

Clairette Crémant“tradition” de Die

Cépage(s) Muscat 80 % ClairetteClairette 20 %

Méthode Dioise Champenoiseancestrale

Adventices 24 avril 2001 27 avril 01 30 avril 01 3 mai 01 28 mai 01 8 juin 2001observées J1 + 1 J1 + 4 J1 + 7 J1 + 10 avant de 3e J2 + 1 semainele 23/04/01 désherbage thermiqueChardons Feuillage brûlé Bonne reprise 5-15 cm Feuilles brûlées mais(8-10 feuilles) Cœurs non atteints Chardons nanifiés témoin : 35 cm + le cœur reste vert

Taille < 40 %/ témoin 1er boutons floraux

Agrostis Feuilles carbonisées par Bonne reprise Début d’épiaison Végétation carbonisée(touffe de 10-15 cm) l’enflammement des 40-60 cm Repart du plateau

tiges sèches de tallage

Potentille rampante Feuillage brûlé à Faible reprise Présence de stolons Très bon impact(5-8 feuilles) 90% si couverture épaisse bien repartis

100% si couverture peu dense

Tussilage Bon impact sur feuilles Faible reprise 2-3 feuilles Très bon impact(3-4 feuilles) mais la base des pétioles

semble plus résistante

Rumex Feuillage brûlé à 100 % Forte reprise 70 cm Plante trop haute(8-10 feuilles) témoin : 90 cm pour être atteintes

Efficacité nulle

Pissenlit Les tiges portant les boutons Faible reprise Forte reprise avec Reprise du feuillage(début de floraison) semblent très sensibles du feuillage apparition de nouveaux

Floraison stoppée boutons floraux

Ail Très bon impact sur les Plante très sensible Adventices maîtrisées Disparition de(hauteur : 20 cm) plantes de diamètre < 2 mm au stade jeune l’adventice

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Observations concernant le désherbage thermique réalisées par la Chambre d’Agriculture de la Drôme et la cave de Die JaillanceCes observations ont été réalisées en 2001 sur un vignoble de coteau planté en ligne courbe (escalier de 20 à 50 cm) avec un dessicateurthermique de l’entreprise ONZAIN.2e désherbage thermique (J1) : 23/04/2001 - 3e désherbage thermique (J2) : 01 juin 2001

Atelier désherbage thermique (ONZAIN)

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 23

Le thème de la table ronde a été intro-duit par le témoignage de deux profes-sionnels : Philippe Betton, Présidentd’Ercabio, éleveur de porcs dans laMayenne, qui fait pâturer ses truies etAnne Lacroix, adhérente et administra-trice du GABLIM, qui élève des chèvreslaitières en Haute-Vienne dans un sys-tème à base d’herbe. Chacun d’entreeux, partant de la description de sonsystème d’exploitation, a conclu sur lesquestions qu’il se pose vis-à-vis de lanotion (des notions) d’autonomie :- pour sa part, allant au-delà du cas de

son exploitation, Philippe Betton s’in-terroge sur la viabilité à long termed’un système “bio” autonome à100% ;

- Anne Lacroix, pour parvenir à plusd’autonomie, a diminué le charge-ment à l’hectare sur son exploitationet recherché un équilibre fourragerpour éviter des déficits ou des excèsd’une année sur l’autre. Elle se posenéanmoins les questions suivantes :comment parvenir à un équilibresachant qu’une ration à base d’herbetoute l’année ne suffit pas pour laproduction laitière? Plus globale-ment, une mono-production n’est-elle pas plus fragile qu’une multi-production?

Qu’est-ce que l’autonomie ?À la suite de ces exemples trèsconcrets, Lionel Vilain, du départe-

ment Agriculture Durable du CEZ deRambouillet, a essayé de définir defaçon globale le concept de l’autono-mie : il le conçoit comme étant “lacapacité à valoriser son milieu sansdépendre de ressources extérieures”.En fait, un système autonome considè-re la nature comme principal facteurde production : recours aux légumi-neuses comme source d’azote et deprotéines plutôt qu’à l’ammonitrate etaux tourteaux de soja, recyclage desmatières organiques comme sources defertilité, aménagement du milieu etdiversité biologique comme base derégulation écologique, etc. LionelVilain conclut en citant trois notionsfinalement pratiquement redondantes :un système autonome est économe etnon polluant ...

Autonomies fourragère,alimentaire, énergétique,...Les trois intervenants suivants ont cen-tré leur réflexion sur des thèmes plusprécis : l’autonomie fourragère et ali-mentaire à travers une approche plutôtéconomique, la notion d’autonomieénergétique d’une exploitation agricoleet, enfin, l’autonomie en alimentationet en fertilisation à partir d’études decas en Suisse.Marc Benoit, de l’INRA de Theix, aprésenté quelques résultats de travauxmenés au niveau d’élevages ovins allai-tants, sachant qu’en tant qu’économis-te il a plutôt travaillé sur des détermi-nants du revenu. Il a ainsi évalué l’au-tonomie fourragère, en fonction du

chargement sur la SFP, comme étant laproportion de viande produite à partirdes ressources fourragères de l’exploi-tation. Globalement, pour les cas étu-diés, il ressort que l’augmentation del’autonomie fourragère va de pair avecune baisse des frais sur la SFP, d’où ungain en marge brute. Quand on s’inté-resse à la notion plus large d’autono-mie alimentaire (proportion de viandeproduite à partir des ressources végé-tales de l’exploitation), il apparaît qu’apriori les élevages ovins allaitantsayant la meilleure autonomie alimen-taire sont ceux ayant à la base lameilleure autonomie fourragère...Jean-Luc Bochu (Solagro et représen-tant du Groupe Planète) a ensuite pré-senté l’état des travaux de ce groupequi s’est intéressé à l’analyse énergé-tique des exploitations agricoles. La

Élevages biologiques :quelle(s) autonomie(s)?Par Laurence Fontaine, responsable de la commission élevage de l’ITAB

ÉlevageÉlevage

1 Voir Alter Agri n°50 - Les actes de cesjournées sont disponibles à l’ITAB (voirbon de commande ci-joint).

Les journées techniques élevage de l’ITAB1 qui ont eu lieu à Limoges les 18 et 19 octobre dernierssur le thème “Alimentation et système d’élevage” se sont clôturées par une table ronde portant surla notion d’autonomie des systèmes d’exploitation. La salle a pu librement échanger et discuteravec les différents participants de la table ronde qui réunissait des producteurs,des chercheurs et des représentants d’association.

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5124

méthode consiste à calculer le bilan desentrées et sorties d’énergie -directe ouindirecte- à l’échelle de l’exploitation,le rapport des entrées et sorties don-nant une évaluation de “l’efficacitéénergétique “, terme préféré à celuid’autonomie. La méthode a été appli-quée à 140 fermes, “bio” et “non bio”,représentant la plupart des systèmes ;les résultats sont en cours d’exploita-tion. Quelques points ressortent : lesexploitations en grandes cultures sontévidemment plus efficaces pour latransformation d’énergie que les éle-vages (idem pour l’émission de gaz àeffet de serre, pour lesquels les élevagessont moins bien classés) ; au sein desélevages bovins laitiers les variationsd’efficacité énergétique sont assezimportantes, ce qui laisse supposer desmarges de progrès pour ces systèmes.Enfin, Gerhard Hasinger, du SRVA2 enSuisse, a clôturé les interventions enciblant son discours sur la question del’alimentation et de la fertilisation, touten précisant que d’autres facteurs sontaussi à prendre en compte : l’achat àl’extérieur de semences, d’animaux, deproduits vétérinaires, etc. Une conclu-sion qui ressort de sa présentation estqu’une exploitation herbagère dévelop-pe au mieux son autonomie si les ferti-lisants sont correctement conservés etépandus, dans le temps et l’espace.

Le débatLe débat a ensuite été lancé en partantdu constat suivant, issu des présenta-tions faites : par rapport aux questionsd’énergie, d’effet de serre, de nutritionhumaine (on mange trop de viande,trop de graisses, etc.), de soutien auxpays tels que le Brésil par l’importationde soja, etc., ne faudrait-il pas aller versplus de productions végétales ? Ne fau-drait-il pas revoir complètement nossystèmes d’élevages français en allantvers plus de cultures ?Divers éléments de réponse ont étéapportés à cette question, volontaire-ment provocatrice (dans le même ordreidée, un participant a demandé s’il nefallait pas aller vers le rachat des terresde son voisin...) : • la question se pose plus particulière-

ment au niveau des systèmes animauxtrès spécialisés, sans parler de pro-

blèmes inverses posés en zone spécia-lisée en grandes cultures ; de ce fait, laquestion du retour à des exploitationsde polyculture-élevage de taille rédui-te a été posée, même pour des régionstelles que le Limousin ;

• les élevages ont l’énorme avantaged’être les seuls systèmes permettantde valoriser certains milieux tels quela montagne ; leur mauvaise efficaci-té énergétique et leur dépendance vis-à-vis de l’extérieur sur certains pointssont alors à relativiser ;

• à long terme, aucun système entière-ment végétal ne tiendrait la route ;

• l’échelle du territoire est à considérerpour ce genre de questionnement, carle problème se pose au niveau dezones avec de fortes concentrationsd’élevages laitiers par exemple, sansparler des hors-sol ; cette approcheterritoriale est particulièrement inté-ressante à creuser lorsque des indica-teurs ne sont pas très bons au niveaude l’exploitation ;

• il est remarqué à l’inverse qu’àl’échelle du territoire français l’auto-nomie alimentaire est faible en “bio”(part du végétal / part de l’animal),mais l’évolution de ce facteur est àsuivre suite à l’application du CC-REPAB-F ;

• en Suisse, la question a été posée delocaliser les élevages laitiers en plaineoù leur rentabilité économique estmeilleure alors qu’il s’agit de sys-tèmes beaucoup plus adaptés à lamontagne ; ce débat chez nos voisinssuisses montre combien il est impor-tant de ne pas se limiter à considérerquelques facteurs réducteurs (au-delàde l’économique existe le social etl’écologique) ;

Sur ce dernier point, il a été remarquéque chaque indicateur calculé sur untype d’autonomie est toujours très inté-ressant, mais chacun a ses limites : ainsique cela a déjà été évoqué, les ruminantsvalorisent certaines surfaces alors qu’ilssont mal notés sur certains points ; unélevage peut être autonome en protéinesdans un système à base d’herbe, bienque non favorisé par le système PAC ;par rapport à la question de la fertilisa-tion, une ferme spécialisée avec peu decultures peut être “autonome” ; etc.Par ailleurs, la question de l’autonomieénergétique a particulièrement suscité

des réactions de la part de la salle,notamment sur l’exploitation des résul-tats de l’étude du Groupe Planète, quiest à venir : voir ce que donne le croise-ment du chargement et de l’efficacitéénergétique, ainsi que l’étude spécifiquedes systèmes “bio” et en conversion del’échantillon. À la suite, le problème dutransport a été abordé : ce n’est pas lamême chose que d’importer de la luzer-ne produite à 30 ou à 300 km...

Bien que peu évoquée dans les inter-ventions, la question de l’autonomiefinancière (part des primes et subven-tions diverses dans le revenu) a étéabordée par les participants : celle-ci estévidemment variable suivant le systèmed’exploitation, la part des céréales nefavorisant pas l’autonomie financière,les systèmes extensifs apparaissantmoins dépendants des subventions.Pour la Suisse, G. Hasinger souligneque les agriculteurs sont perçus commene produisant pas uniquement du lait etde la viande, mais aussi des paysages,de l’eau, etc. ; aussi sont-ils rémunérésen partie par subvention pour les ser-vices rendus à la société.

En conclusionLes pistes de recherche évoquées ci-des-sus ont été rappelées, comme le souhaitde travailler plus sur le suivi de la ferti-lité des sols en “bio”, sur la recherchede l’autonomie alimentaire et/ou four-ragère, sans oublier la prise en comptede facteurs économiques (autonomiefinancière) ou réglementaires (applica-tion du CC-REPAB-F) ; le suivi desdépenses énergétiques liées à l’agricultu-re reste également dans les préoccupa-tions. L’assistance a souligné par ailleursl’importance des “freins culturels”entravant l’évolution des exploitations,qu’elles soient “bio” ou non (exemple :réticence à passer à des systèmes plusherbagers dans le grand ouest), ainsique l’importante capacité d’innovationdes agrobiologistes à maintenir.L’autonomie, quelle qu’elle soit, est unconcept complexe, pour lequel ons’aperçoit que les exploitations biolo-giques ne sont pas toujours les mieuxplacées, qui mérite beaucoup d’atten-tion et la mise en œuvre de travaux derecherche. ■2 Service romand de vulgarisation agricole

N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 25

En effet, à l’époque, sorti depuisquelques temps seulement de l’éco-le vétérinaire de Lyon, je ne voyaisvraiment pas les motivations qui lepoussaient à remettre en cause labelle et bonne science qui nousavait été inculquée par nos maîtres.Ni celles pour lesquelles il voulaitchanger l’agriculture qui semblaitdevoir, grâce à la chimie et la géné-tique triomphantes, permettre bien-tôt de nourrir tout le monde surcette terre.

Certes, à l’époque, il était déjà ques-tion de poulets aux hormones et de

thons au mercure mais ce n’était làque la rançon du progrès et une

bonne législation aurait tôt faitde résoudre les problèmes.

Un point me paraissait parti-culièrement obscur, c’étaitce besoin qu’avait notreconfrère de faire référenceà la bioélectronique deVincent afin de calculerdes plages d’énergie quel’on appréhendait par deséquations barbares telle larésistivité, la densité et le

potentiel d’ionisation... toutcela pour ramener la santé.

Mais bientôt, après quelquesannées de pratique je me rendis à

l’évidence, les antibiotiques, anti-inflammatoires et autres ne guéris-sent pas tout, loin de là et même ilsne répondent pas toujours aux pré-occupations quotidiennes des éle-veurs.Deux exemples : “Ma génisse refuseson veau, elle le tape” ou “Mon tau-reau est retombé de travers aprèsavoir sailli une vache il s’est démolile dos ou l’épaule” que faire ?Actuellement je peux répondre à mesclients dans le premier cas par unremède homéopathique, dans lesecond par une manipulation ostéo-pathique. Mais de nombreusesréponses me manquent encore : parexemple pourquoi chez certains éle-

veurs tout guérit assez facilementalors que chez d’autres la moindrepathologie devient vite catastro-phique? J’ai été frappé lors de mon “initia-tion” ostéopathique par le fait quetous les guérisseurs de nos cam-pagnes suivent intuitivement de leursmains des trajets appris en acupunc-ture, en particulier le méridien vessiesur le dos. Plusieurs rebouteux m’ontdit : “Je ressens tout avec ce point”et de me montrer au creux de leursmains le point Lao Gong, maître ducœur numéro 8, dit “point du gué-risseur” et ce sans avoir jamaisentendu parler de médecine chinoise.Ce savoir serait-il universel ?

Une tradition millénaireNous avons beaucoup perdu en negardant pas les secrets de nosanciens. Les Chinois ont su garder -mais cela durera t-il ? - leur traditionplusieurs fois millénaire qui a perdu-ré jusqu’à nous car elle est écrite.Le livre “Nei Tching Son Wen” estsans équivoque : “le ciel est l’essen-ce des choses, alors que le sol estleur forme”. Autrement dit, si dansla soupe originelle la vie a pris nais-sance, c’est que sur notre planète etpeut être uniquement sur celle-ci,l’énergie céleste au moment zéro atrouvé les conditions favorablespour se combiner à l’énergie terre-

Introduction à la médecinetraditionnelle chinoise et autres médecines énergétiquesPar Jean-Pierre SIMEON, Docteur Vétérinaire, Membre de l’Association SYMPHYTUM (Trésorier)

Point de vueÉlevage

Les plus anciens d’entre vous ont sans doute lu comme moi il y a déjà de nombreuses années lesdeux tomes de l’ouvrage du Dr QUIQUANDON, “douze balles pour un véto” dont le sous titre était“pour un élevage biologique vers une médecine biothérapique” ; personnellement je n’en avais pas

bien saisi toutes les subtilités et encore moins toutes les applications…

Alter Agri • janvier/février 2002 • n°5126

lune pour faire naître la Vie.Les anciens traduisaient cette pré-valence du ciel, par leurs pyramidestronquées, ne représentant pas lesommet qui est nécessairementimmatériel.

Au niveau des animauxcomment cela se traduit-il ?L’énergie du ciel, encore appelé Feucéleste, pénètre par deux points deleur corps (un seul chez nous quimarchons debout), alors que l’éner-gie terrestre y pénètre par les quatremembres aux points R1 ou sourcesbouillonnantes et le point origine duméridien vaisseau gouverneur : VC1entre l’anus et les organes génitaux.Les deux énergies se mêlent et sontensuite redistribuées par cinq ordi-nateurs que l’on nomme le Bois, leFeu, le Métal, la Terre et l’Eau pourdonner tout d’abord naissance puisvie aux organes et tissus.Là où cela se complique, c’est queces cinq éléments deviennent destiroirs dans lesquels on range aussibien les heures du jour, les saisons,les sentiments, les couleurs lesorganes des sens, etc.La difficulté de compréhension quenous éprouvons

devant ces concepts vient du faitque nous sommes habitués à un rai-sonnement analytique alors que lamédecine chinoise fonctionne sur lemode analogique. Deux exemples concrets : avantd’acheter un reproducteur ne vousfiez pas uniquement à ses origines età sa conformation mais prenez soinde lui ouvrir la gueule pour juger del’état de ses dents, garant de celui deses reins et donc toujours du fait denos fameuses loges (ici celle del’EAU) de sa fertilité. Si vos génissesfont régulièrement des kératocon-jonctivites l’été, arrêtez d’incriminerles mouches mais surveillez plutôtvos apports azotés que le foie de vosbêtes a du mal à détoxifier, ce quientraîne un larmoiement jaunâtre1.

Que pouvons-nous doncconclure ? Tout d’abord qu’il existe d’autresmodes de pensée que celui enseignédans nos facultés. Les étudiants quinous en arrivent, frais émoulus, nesoignent plus que des foies, desreins, des mammites, ne voyantplus le vivant dans sa globalité, etencore moins dans son biotope.Efforçons-nous plutôt de considé-rer le malade au sein du troupeau,de prendre en compte l’alimenta-tion, les bâtiments, leur situation(référence ici à la géobiologie), sansoublier l’éleveur et ses préoccupa-tions. Car si les médecines énergé-tiques, homéopathie comprise, sontavant tout holistiques, elles sontégalement vitalistes, posant commeaxiome l’existence d’une énergie

vitale sur laquelle on peutagir, étant nous même

vivants. Voilà qui introduit laseconde partie de cetteconclusion : ce quiimporte le plus ce sontles rapports qu’entretien-

nent les êtres entre eux :vous, votre interlocuteur et

la conversation que vous avez faitnaître ; ou vous, vos animaux etl’intention que vous mettez dans

vos soins. Ne dit-on pas dans denombreuses régions : “soigner lesbêtes” pour changer la litière etdonner à manger. Alors n’hésitezpas à leur parler et à les toucher, carl’humain c’est avant tout une voixet une main. Bien entendu toutesces théories ne valent que si ellespermettent de guérir, et c’est quenous verrons dans un prochainarticle2 consacré à la mise en pra-tique de la théorie des cinq élémentssur des cas vétérinaires concrets. ■

Pour en savoir plus- Desportes Serge, L’Homme sous le Ciel -

Editions Gottschalk.- Giboudeau Bruno, Les Vaches nous par-

lent d’alimentation - chez l’auteur.- Giniaux Dominique, Soulagez votre che-

val aux doigts - Editions Favre.- Lizon Francis, La consultation ostéopa-

thie - Edition Similia.- Mantak Chia, Fusion des cinq éléments -

Edition Trédaniel.Le docteur Siméon est à la recherche desparoles et gestes de nos campagnes qui guéris-sent les animaux. Afin que ce patrimoine ne seperde pas, n’hésitez pas à le contacter !

Jean-Pierre SIMEON (71)

1 voir l’ouvrage de Bruno GIBOUDEAU“Les vaches nous parlent d’alimentation”2 vraisemblablement dans le n°54 (juillet-août)

UTRUCS &ASTUCES

Deux points d’acupuncturebien utiles en cette saison

Le point des asphyxies par noyade HUI YIN (VC1 cité plus haut)

Situé entre l’anus et les organes géni-taux à masser fortement dans le sensdes aiguilles d’une montre lorsquele nouveau-né a “bu la tasse !”

Le point de réanimation (inspiration)REN ZHONG (le milieu de l’homme)Prendre la lèvre supérieure entre lepouce et l’index et pincer fortement...Mais surtout attendez d’avoir retrou-vé votre calme et mettez une bonneintention dans votre geste.

5N° 51 • janvier/février 2002 • Alter Agri 27

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