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Bull.soc.fr.hist.méd.sci.vét., 2015, 15 : 19-34 19 À PROPOS DE LA PESTE BOVINE DANS L’OISE PENDANT LA GUERRE DE 1870-1871 Par Olivier BERGER 1 * avec la collaboration de Jean-Pierre BESSE (†) 1 Historien diplômé de Paris-Sorbonne 28 Rés. La Vallée 91120 Palaiseau [email protected] Résumé : L’épizootie de peste bovine qui a frappé la France avec l’invasion prussienne de 1870 est étudiée dans le département de l’Oise. Un premier tableau dénombre les animaux morts et abattus, ainsi que leurs valeurs respectives par communes. Un second donne les pertes par cantons de 1870 à 1872. L’Oise représente 3 % des pertes nationales. La crise, gérée consciencieusement par l’occupant, passera après l’armistice sous le contrôle de l’administration française. Dans l’ensemble bien contrôlée, la contagion ne s’est prolongée qu’en raison des infractions aux règles de police sanitaire. Mots-clés : peste bovine, Oise, police sanitaire, 1870 Title: About the rinderpest in Oise during the war 1870-1871 Summary: The epizootic plague that affected France with the Prussian invasion in 1870 is studied in the Oise county. A first chart counts the dead and slaughtered animals, and their value per town. A second chart tells the losses per village between 1870 and 1872. Oise represented 3% of the national losses. The crisis, conscientiously handled by the occupier, will pass after the armistice under French management. Generally well controlled, contagion went on only because of violation of health instructions. Keywords: rinderpest, Oise, animal health, 1870 1 Cet article est issu d’une communication à la Journée d’Études « Guerre de 1870-71 dans l’Oise », qui s’est tenue le 5 novembre 2011 aux Archives Départementales de l’Oise, et dont les actes publiés, La guerre de 1870-1871 dans l’Oise, 2013, 130 p., peuvent être commandés en suivant ce lien : http://annales-historiques- compiegnoises.fr/?p=parutions&c=sub_parutions&page2=ouvrage&par=50&id=10. Avec l’aimable autorisation des éditeurs, MM. les Professeurs Jean-Yves Bonnard et Jacques Bernet, Présidents de la Société historique de Noyon et de la Société d’histoire moderne et contemporaine de Compiègne, ainsi que celle des ayants droit de Jean-Pierre Besse. Nous les en remercions sincèrement.

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À PROPOS DE LA PESTE BOVINE DANS L’OISE

PENDANT LA GUERRE DE 1870-1871

Par Olivier BERGER1* avec la collaboration de Jean-Pierre BESSE (†)1

Historien diplômé de Paris-Sorbonne 28 Rés. La Vallée 91120 Palaiseau [email protected]

Résumé :

L’épizootie de peste bovine qui a frappé la France avec l’invasion prussienne de 1870 est étudiée dans le département de l’Oise. Un premier tableau dénombre les animaux morts et abattus, ainsi que leurs valeurs respectives par communes. Un second donne les pertes par cantons de 1870 à 1872. L’Oise représente 3 % des pertes nationales. La crise, gérée consciencieusement par l’occupant, passera après l’armistice sous le contrôle de l’administration française. Dans l’ensemble bien contrôlée, la contagion ne s’est prolongée qu’en raison des infractions aux règles de police sanitaire.

Mots-clés : peste bovine, Oise, police sanitaire, 1870

Title: About the rinderpest in Oise during the war 1870-1871

Summary:

The epizootic plague that affected France with the Prussian invasion in 1870 is studied in the Oise county. A first chart counts the dead and slaughtered animals, and their value per town. A second chart tells the losses per village between 1870 and 1872. Oise represented 3% of the national losses. The crisis, conscientiously handled by the occupier, will pass after the armistice under French management. Generally well controlled, contagion went on only because of violation of health instructions.

Keywords: rinderpest, Oise, animal health, 1870

1 Cet article est issu d’une communication à la Journée d’Études « Guerre de 1870-71 dans l’Oise », qui s’est tenue

le 5 novembre 2011 aux Archives Départementales de l’Oise, et dont les actes publiés, La guerre de 1870-1871 dans l’Oise, 2013, 130 p., peuvent être commandés en suivant ce lien : http://annales-historiques-compiegnoises.fr/?p=parutions&c=sub_parutions&page2=ouvrage&par=50&id=10. Avec l’aimable autorisation des éditeurs, MM. les Professeurs Jean-Yves Bonnard et Jacques Bernet, Présidents de la Société historique de Noyon et de la Société d’histoire moderne et contemporaine de Compiègne, ainsi que celle des ayants droit de Jean-Pierre Besse. Nous les en remercions sincèrement.

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Loin d’être très connue, une épizootie de peste bovine a frappé la France en n’épargnant aucune région occupée. L’Oise n’échappe pas à la règle et connaît les ravages de cette épizootie avec 39 départements. Bien que cet événement soit grave pour l’agriculture, il apparaît para-doxalement dans l’historiographie de la guerre franco-allemande comme un aspect anecdotique.

Son origine a été controversée, venue d’Allemagne avec l’occupant pour les uns, née en France pour les autres. La peste bovine fut un souci supplémentaire pour les administrations indigènes et occupantes. En effet, les autorités allemandes ont été attentives à ce fléau qu’elles ont cherché à endiguer, et pas seulement dans leur propre intérêt, même si leurs objectifs prin-cipaux consistaient à assurer la sécurité et la subsistance de leurs troupes.

Quelles ont été les conséquences de l’épizootie dans l’Oise, par rapport aux autres régions occupées ? Par quels moyens les autori-tés ont-elles tenté de ralentir le fléau à défaut de pouvoir l’arrêter ? Et pour quels résultats ?

Grâce à des publications anciennes et rares d’une part, de documents d’archives départe-mentales et de travaux récents d’autre part, nous voudrions dresser un bilan provisoire pour le département, certes éloigné du théâtre du siège de Paris mais en position critique entre les troupes germaniques de Seine-et-Oise et les hommes de Faidherbe2. Cette communication doit beaucoup à Jean-Pierre Besse, professeur certifié et docteur en Histoire, qui a eu l’amabilité d’effectuer les recherches aux Ar-chives départementales, et dont je salue la mé-moire. Sa grande connaissance de l’histoire isa-rienne, ses méthodes rigoureuses, associées à ses

Figure 1 : Réquisitionnaires prussiens dans une ferme, gravure issue du Monde Illustré, attribuée à Clé-ment Auguste ANDRIEUX (1829-1880). Droits réservés.

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qualités humaines, nous ont marqué et nous es-pérons que les recherches sur 1870 se poursui-vront comme il l’avait souhaité.

L’épizootie est d’abord une conséquence di-recte de la guerre avec l’occupation du territoire (I), et les autorités allemandes luttent contre le fléau de manière éclairée, en concertation avec les occupés (II), enfin l’administration préfecto-rale française reprend le contrôle de la situation et sort l’Oise de la crise (III).

I -Une épizootie qui vient à la suite des Allemands

En cause : les troupeaux de l’intendance

A l’arrivée des troupes allemandes dans l’Oise en septembre 18703, le ravitaillement est prélevé par réquisition, la pratique est largement employée depuis le début de la guerre sur le territoire français, les Allemands vivant sur le pays, comme en témoigne une gravure de propa-gande, montrant une réquisition de bovins avec actes de violence (Fig. 1). Ils reçoivent quand-même du ravitaillement d’Allemagne par les routes et surtout les chemins de fer. Le service des Etapes s’occupe de toutes les questions lo-gistiques, notamment de la viande sur pied (vaches et bœufs) qui arrive en train, à bord de matériel allemand quand il n’y a pas assez de convois français saisis.

En fait, l’épizootie commence à ce moment-là, à cause de bœufs achetés en Hongrie et en Russie4, où vivent des animaux porteurs du virus de la peste bovine mais qui ne développent pas la maladie, mieux, ils semblent immunisés, c’est ce qu’on nomme des porteurs sains ou asymp-tomatiques. La maladie commence en Alle-magne avec ces troupeaux de l’intendance5. Puis, dans la première quinzaine d’août 1870, les Al-lemands font venir un troupeau de 700 bœufs silésiens et hongrois à Wissembourg en Alsace, avant de le diviser en trois groupes dont le der-nier, composé de bêtes malades, est parqué près de Nancy avant d’être rapidement vendu par lots. Sa dispersion aurait entraîné le début de l’épizootie en France, laquelle s’étend aux autres régions. Après la saisie d’un troupeau apparte-nant à l’armée du général von der Thann, près

d’Orléans, l’armée française de la Loire dissé-minera la maladie par le biais des bestiaux qui la suivent6. Contrairement à certaines rumeurs con-temporaines, les Allemands n’ont pas favorisé la propagation de la maladie, ils ont été aussi sur-pris que les Français par le fléau. C’est le renou-vellement d’un scénario semblable à l’invasion de 1814 qui avait été suivie d’une peste bovine. Ceci est d’autant plus grave que les bovins sont essentiels aux travaux des campagnes, comme animaux de trait, qui précipitent les campagnes dans l’économie de production du XIXe siècle7.

De la Meurthe, la maladie gagne les régions envahies8 jusqu’à l’Oise, même si nous ne con-naissons pas la date exacte de l’introduction de l’épizootie. Selon Ernest Dubos, ce serait le 19 novembre 1870 que la maladie aurait été repérée la première fois, à Montagny-Sainte-Félicité (arrondissement de Senlis) puis à Ormoy-Villers, à cause du contact entre des vaches françaises et leurs congénères de l’intendance allemande9. Au total ce sont 40 départements qui sont touchés, l’Oise en fait partie, ses pertes propres représen-tent 3 % des pertes totales françaises, avec 1812 bêtes abattues pour une valeur de 628 004 F, chaque animal étant estimé à 347 F en moyenne. Elle est loin derrière le Nord avec 6000 bêtes abattues10. Douze départements ont plus de 2000 bêtes officiellement abattues, huit départements dont l’Oise ont entre 1000 à 2000 décès par abat-tage, vingt-deux départements en ont moins de 1000. L’Oise est donc dans la moyenne, l’épizootie n’y a pas été trop sévère11. Et une partie des bestiaux a guéri de la peste, même si nous ignorons dans quelle proportion, entre 45 et 50 % selon Ernest Dubos12. Les estimations de ce dernier, vétérinaire de l’arrondissement de Beauvais, diffèrent de l’enquête de 1872 publiée par François Vallat : 140 communes de l’Oise auraient été concernées, pour 2468 victimes bo-vines, d’une valeur de 856 000 F, avec un taux de 10 % de la population bovine concernée dans les localités infestées, seuls deux cantons n’ont pas été touchés13.

Le début de contagion se produit le long du parcours des grands troupeaux, dans les wagons de transports, les champs où stationnent les bo-vins, voire les étables requises. Par la suite, le passage ou contact des bovins régionaux aux

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mêmes endroits est fatal à une partie du cheptel qui est contaminé. On pense alors que les sécré-tions naturelles des bêtes (salive, matières fé-cales, morve) contaminent les râteliers, les champs, se déposent sur les routes et chemins et peut disséminer la maladie14. Celle-ci ne sera stoppée qu’en janvier 1872, avec un début en novembre 1870, un pic en janvier 1871, de mai à août une phase aiguë, puis plus rien15.

Toutefois ce n’est pas la première épizootie du genre.

Une vague d’épizootie non sans précédents mais aux conséquences plus graves en 1870 ?

En effet, en 1864-65, une vague de peste bo-vine venue du nord de l’Europe notamment d’Angleterre avait touché la France16, et frappé les campagnes puisqu’en 1852 les recensements montraient que 56% de la force employée aux travaux agricoles était constituée de force bo-vine17. Des lois et règlements avaient été pris par le ministre de l’Agriculture à l’initiative de Na-poléon III, soucieux de la bonne marche du sec-teur agricole, d’autant plus que la paysannerie était un soutien fort du bonapartisme18. Il sem-blerait que l’épizootie, qui avait touché le Nord et le Pas-de-Calais, avait été enrayée avant de toucher l’Oise19. Avec la loi du 30 juin 1866, dont l’article unique fixait l’indemnisation pour chaque bête abattue aux trois quarts de sa valeur, la contagion avait été stoppée20. On incitait les propriétaires à déclarer les bêtes malades, en leur promettant une bonne indemnisation, afin de mettre efficacement un terme à la peste bovine. Le législateur avait suivi les membres de l’Académie des sciences21. En 1869, le Conseil général de l’Oise avait été prévoyant en votant déjà un crédit de 600 F pour des mesures contre les épizooties22.

Ce qui est grave en 1870 c’est la liquéfaction des autorités françaises dans les départements occupés et l’absence de contrôle des marchés, foires et ventes d’animaux en fraude dont cer-tains contaminés sont vendus sciemment à des marchands peu scrupuleux qui les revendent ailleurs disséminant ainsi la maladie. La viande fraîche est encore porteuse de germes23 et peut contaminer les établis où les viandes sont trai-

tées, les cuirs des bêtes malades sont aussi dan-gereux lorsqu’ils sont frais. Donc, le contexte de la guerre est fort propice à une diffusion de la maladie qui semble hors de contrôle.

Un fait déterminant de la propagation de la maladie réside dans la multiplication des transac-tions illicites, ce sont elles qui seraient davantage en cause que les bestiaux allemands. En effet, des transactions ont lieu avec des départements infectés, à la frontière de l’Oise. Dans l’arrondissement de Beauvais, en février 1871, ce sont des bêtes venues de la Somme qui amè-nent la maladie. On achète à bas prix des bes-tiaux contaminés en vue de les revendre avec profit, en traversant de nuit des pâturages, sans aucune précaution, dans l’arrondissement de Clermont, la peste sévit en février-mars 1871, à Breteuil et Etouy, l’arrondissement de Com-piègne est touché par des bœufs venus de Somme tandis que ce sont des bœufs allemands qui contaminent l’arrondissement de Senlis. Des paysans achètent des bovins malades sur de grands marchés comme Poissy, en Seine-et-Oise, des troupeaux circulent de nuit dans les villes limitrophes du département. En juin 1872, une ultime apparition de la peste est due à des ani-maux achetés dans un département voisin24.

Des négligences sont cause de dissémination de la peste bovine : des cadavres restés à l’étable à Saint-Quentin d’Auteuil contaminent des vaches saines, les chaussures utilisées par les domestiques propagent la maladie, lorsque ceux-ci marchent dans le fumier puis sur une litière propre, les miasmes contaminent les bêtes, le temps d’incubation étant de dix jours à un mois, la maladie fait des ravages. De même, la viande crue issue des rations fraîches, que les soldats apportent aux domestiques pour la faire cuire, aurait diffusé le principe contagieux, lorsque des morceaux non cuits étaient jetés sur le fumier et contenant des germes. Certaines de ces viandes étaient en plus issues de bêtes malades, vendues en connaissance de cause par des marchands français peu scrupuleux à l’intendance alle-mande, au moment de l’armistice en février 1871. Quand la maladie apparaît spontanément, les scientifiques de l’époque admettent que le principe contagieux circule dans l’air25. Le 2 mars 1871, l’abattoir public de Beauvais est

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touché, des bêtes sont sacrifiées, et leur viande vendue. On tient à rappeler que la viande ne doit pas circuler crue, sinon elle peut transmettre la maladie26.

Bien qu’elle puisse prêter à confusion avec d’autres affections du bétail, elle présente cer-tains signes communs que l’on peut résumer ainsi :

• Dans un premier temps : fièvre, tarissement de la lactation, inappétence.

• Ensuite : conjonctivite et jetage purulents, dyspnée, constipation suivie de diarrhée sanglante (les matières organiques comme les fumiers restent contagieux).

• Éruptions buccales génitales ; mort en quelques jours suite à l’entérite et à la dés-hydratation.

• Les rares survivants se remettent sous quinze jours, mais perdent pour longtemps toute valeur économique. La contagion cesse en principe avec la guérison.

• La fin de la maladie peut s’accompagner d’une éruption cutanée purulente séchant en croûtes.

• Une forme bénigne et une maligne de la maladie peuvent coexister27.

Évidemment, les conséquences sont graves pour l’agriculteur qui ne reconnaît pas tout de suite la maladie, et qui perd ses outils de travail. Les animaux morts doivent être déclarés pour toucher une indemnisation, puis enfouis selon un protocole précis avec des mesures de nettoyage des étables. Des paysans vendent en fraude des bêtes suspectes qui, franchissant les cordons sanitaires, contaminent d’autres troupeaux. Mal-gré l’époque, dans laquelle la microbiologie pastorienne n’en est qu’à ses débuts, on a cons-cience qu’il existe des « principes de contagion » transmettant l’épizootie28.

A travers ses pouvoirs, c’est l’administration allemande qui prend le problème à bras le corps.

II - Une administration occupante remplace l’État et se soucie des questions d’hygiène

Comment elle essaie d’endiguer le mal

Une administration allemande est mise en place pour contrôler les régions occupées et remplacer les fonctionnaires français qui ont déserté. Un gouverneur général dispose de larges pouvoirs, ayant sous sa direction des commis-saires civils, certains d’entre eux prennent le titre de préfet dans les départements sous contrôle allemand, des fonctionnaires sont même spécia-lement préposés à des tâches de police vétéri-naire, c’est-à-dire de lutte contre le fléau de la peste bovine, ainsi le « commissaire fédéral » Solger, en Lorraine29. Ce sont des fonctionnaires civils placés sous une autorité militaire, et dont certains se consacrent à des tâches très spéciali-sées. Il existait donc un commissaire pour la lutte contre la peste bovine, avec l’assistance d’un collaborateur30.

Concernant l’Oise, la région ne dépend pas directement du gouvernement général de Reims créé en septembre 1870, englobant les régions occupées hors des gouvernements généraux de Lorraine et d’Alsace. Dès le 26 décembre 1870, un préfet est nommé par le Roi de Prusse, von Schwartzkoppen, et le 6 janvier 1871, le dépar-tement appartient au gouvernement général du Nord de la France, remplaçant celui de Reims, dirigé par le Saxon von Fabrice31. Dans les loca-lités, le pouvoir appartient aux militaires pré-sents tels les commandants de place, depuis le commencement de l’invasion, c’est le cas à Beauvais où l’ennemi impose obéissance à son autorité. On a donc un pouvoir hybride à demi civil et militaire, gérant les affaires courantes.

Cet appareil administratif allemand a été, il faut le reconnaître, soucieux d’endiguer cette épizootie qui avait commencé dans les premières semaines de l’invasion, dans toute la France du Nord-Est, dont l’Oise. Des circulaires sont en-voyées aux maires pour prendre des mesures de prophylaxie, les abattoirs surveillés par un haut fonctionnaire silésien assisté de vétérinaires al-lemands. Mais quant à une possible indemnisa-tion des propriétaires de bêtes abattues, lesquels s’étaient tournés vers les autorités allemandes à la fin de la guerre, il n’en fut pas question, ils

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furent renvoyés vers les autorités françaises32. Selon des sources allemandes, la forme particu-lièrement virulente de la maladie aurait incité l’administration allemande à lutter de manière significative contre le fléau. Dans le gouverne-ment général de Reims, dont l’Oise relevait, les commissaires spéciaux travaillaient avec des vétérinaires des deux nations, et la coopération a été satisfaisante voire sincère. Les mesures prises consistaient à circonscrire le danger selon les rapports reçus, mais pas à éteindre complè-tement l’épizootie. Dans le gouvernement géné-ral en question, tous les fonctionnaires étaient engagés dans la lutte et les vétérinaires français auraient montré de la bonne volonté, de la com-préhension, en continuant à appliquer les me-sures une fois les Allemands partis. En février 1871, lors de l’armistice, on a même demandé à un vétérinaire français de remplir le rôle de commissaire, étant donnée une recrudescence de l’épizootie33. Un nouveau commissaire civil gère alors le département depuis Compiègne, von Brauchitsch, fort de son expérience récente de préfet de Seine-et-Oise occupée, jusqu’à l’évacuation du département en septembre 187134.

Dans le système allemand, les maires reçoi-vent des pouvoirs étendus et sont déclarés res-ponsables du suivi et de l’exécution des mesures contre le fléau.

Application des mesures et ses suites

La mesure fondamentale prise par le gouver-neur général de Reims est le Décret concernant la peste bovine, le 15 octobre 1870, en 40 ar-ticles. Ce décret reprend des dispositions plus anciennes des lois françaises relatives aux épi-zooties, avec la volonté de mener une police sanitaire stricte. L’arrêt des transports d’animaux35 et leur confinement est décidé, les paysans doivent déclarer la maladie si elle touche leurs bêtes au maire de la localité, qui est responsable de la bonne exécution des mesures : il doit mettre sur pied une commission sanitaire avec un vétérinaire et quatre citoyens expérimen-tés, dresser des certificats et faire des rapports au préfet allemand, lequel déclare le département infecté. Tout commerce est interdit, même la

vente des cuirs, les foires suspendues, la loi d’indemnisation du 30 juin 1866 est remise en vigueur. Autopsies et abattages sont sous la sur-veillance exclusive du maire, ce dernier est char-gé de poser des placards indiquant que la peste bovine frappe les lieux. Puis il doit superviser la désinfection des étables, fermées hermétique-ment et soumises à une fumigation de chlore, l’enfouissement des fumiers et des bêtes mortes dans des fosses de deux mètres de profondeur sur des terrains isolés, non destinés à la pâture. Tout doit être nettoyé à la chaux, les cuirs des bêtes tailladés pour empêcher leur récupération illégale, et les personnes en contact avec les animaux ont interdiction de se déplacer. Un iso-lement de trois semaines est décidé. Quant aux contraventions elles sont punies de 1000 F d’amende et de la suspension des indemnités36.

Une autre Ordonnance concernant les me-sures préventives contre la peste bovine du gou-verneur général, le 1er novembre, interdit tout transport de bêtes vivantes, défend aux soldats de requérir des bêtes malades ou d’entrer dans les étables, tout animal suspect doit être sacrifié pour consommation ou salaison, donc cette me-sure est encore plus restrictive. Elle est rappelée une seconde fois, comme quoi elle n’a peut-être pas été suivie37. Enfin, le commissaire civil de Reims publie des déclarations des préfets alle-mands de l’Aisne et des Ardennes proclamant ces départements atteints de la peste, le 5 no-vembre38.

Nouvelle mesure le 15 du même mois : le commissaire civil de Reims annonce l’arrivée de Funk, Landrath de Schrimm (Prusse) muni de pouvoirs spéciaux, il devra donner de nouveaux ordres aux maires et aux commissions sanitaires concernant l’exécution du décret du 15 octobre 187039. On demande au maire de dresser chaque mois un tableau avec modèle joint, dont un exemplaire devra parvenir au préfet ou sous-préfet allemands40. Le commissaire insiste sur la nécessité pour les Français de suivre cette procé-dure, car il dit se soucier de leur intérêt, ce n’est pas seulement de la propagande, les Allemands craignent effectivement les épidémies et la com-promission du ravitaillement y compris pour les occupés.

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Puis, une Instruction concernant la désinfec-tion des fermes et des étables où se sont trouvées des bêtes à cornes atteintes de typhus41. C’est une reprise de l’article 31 du décret du 15 oc-tobre, prônant la désinfection à l’acide chlorhy-drique, les murs devront être nettoyés à la chaux, le sol gratté, les cordes brûlées, les chaînes en contact avec les bêtes rougies au feu, les bes-tiaux indemnes seront lavés et particulièrement leurs sabots, les étables fermées pour subir des fumigations d’acide chlorhydrique pendant 24 heures avant de tout aérer. Même les tuiles sont censées être démontées pour subir un lessivage.

On ignore si ces mesures ont été appliquées rigoureusement partout, la répétition de publica-tions sur ce thème, outre le fait qu’elle montre la préoccupation des Allemands, peut signifier aussi une application difficile, d’où nécessité de rappeler la police sanitaire, avec des moyens que l’on estime efficaces. Malheureusement, peu de rapports ont dû arriver chez les préfets alle-mands, car les Français rechignaient à leur obéir, dans d’autres cas, les demandes relatives à la réouverture des écoles, ou aux listes de conscrits, n’ont jamais eu de retour chez les préfets de l’occupant, on peut penser qu’il en est de même pour les rapports sur l’épizootie. Les mesures de prophylaxie se situent à mi-chemin entre l’inefficacité propre aux ordonnances d’Ancien Régime et le pragmatisme des apports scienti-fiques du temps.

Après les Allemands, l’État français reprend la main, à travers le préfet.

III - Les actions de la Préfecture de l’Oise : contrôler, indemniser et sortir de la crise

Des ordres venus d’en haut

C’est le gouvernement versaillais qui réagit. Des instructions du ministre de l’Agriculture à tous les préfets rappellent les mesures de police sanitaire. Elles ne diffèrent point de celles édic-tées par les autorités allemandes, mais le mi-nistre insiste sur le concours de tous les citoyens pour aider l’administration, le préfet devra faire preuve de pédagogie et persuader les agriculteurs de servir l’intérêt général, aussi la communica-tion doit-elle être renforcée entre les autorités et les associations agricoles ou vétérinaires

jusqu’aux simples paysans. La participation de la population, consciente de ses intérêts aussi bien qu’informée de la gravité de la maladie, est une nouveauté qui marquera durablement la police sanitaire française, selon François Vallat42.

La base des règlements est le décret du 30 septembre 1871 du Président de la République, Thiers, traitant de l’abattage et de l’indemni-sation comme de la consommation des viandes issues de bêtes malades, les frais d’enfouis-sement étant à la charge des propriétaires43. Dé-jà, le 20 mars 1871, une Instruction sur les me-sures à prendre contre la peste bovine donne la direction à suivre quant à la police sanitaire : prudence et confinement des troupeaux sont de mise. Les dispositions sont assez identiques à celles prises précédemment, le but étant d’enrayer l’épizootie par la désinfection des locaux et l’arrêt de tout mouvement du bétail44. Cette circulaire du 20 mars a été rédigée par la Commission de la peste bovine, réunissant les experts de l’époque, à savoir Henri Bouley comme président, trois membres de l’Académie de médecine dont deux enseignants vétérinaires, Jean Henry Magne et Jean Reynal, un fonction-naire du ministère, Prévost, Louis Pierre Goyau vétérinaire militaire, et un vétérinaire parisien, Urbain Leblanc. François Vallat estime que leurs recommandations témoignent d’un haut niveau scientifique45.

Le 23 novembre, une circulaire prévoit des poursuites contre les récalcitrants, en se focali-sant sur la question du commerce clandestin du bétail, élément qui n’échappe pas à la vigilance de l’administration46. Il s’agit de punir les mar-chands indélicats et de faire des exemples en demandant aux tribunaux des condamnations à des dommages et intérêts, avec publicité des jugements, puisque tout bétail suspect qui a cir-culé frauduleusement contamine des bêtes que l’Etat doit indemniser une fois l’abattage de celles-ci décrété. Donc, l’État se soucie de ses finances et rappelle à nouveau, dans une autre note, l’interdiction de tout essai de médication au profit de l’abattage47. Dernier document le 12 décembre 1871 sur les indemnités, dans lequel le ministre de l’Agriculture demande au préfet de mettre en place des commissions départemen-tales chargées de contrôler les demandes

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d’indemnités, suite à des abus en tout genre, y compris pour des animaux morts d’autre maladie que la peste, ou morts naturellement. On de-mande que les ordres d’abattages des maires soit fournis et les circonstances de la mort du bétail vérifiées48.

À l’échelle du département, c’est la préfec-ture qui prend le relais.

Action du Préfet de l’Oise et bilan

Dans la séance du Conseil général le 30 oc-tobre 1871, le rapporteur évoque le sujet : dans 53 communes, dans 28 cantons, 632 bêtes à cornes ont dû être abattues, pour une valeur de 199 315 F. Il pense que la commission, vu les circonstances, ne demandera pas de justifications relatives au crédit de 600 F destiné à subvenir aux frais de mesures préventives en cas de nou-velles épizooties49.

Puis, dans une affiche du 1er décembre 1871, le préfet de l’Oise, Choppin, rappelle ses arrêtés et circulaires du 17 avril, 1er mai, 10 juin, 22 juillet, 31 août, 22 septembre, 11 octobre et 10 novembre. Il se réjouit du succès des efforts de tous, contribuant à faire reculer la maladie vers une possible extinction, mais des importations étrangères au département sont venues rallumer des foyers de maladie50. Il pense au commerce illicite sans le nommer. Rien de nouveau par rapport à ce que nous avons déjà dit, dans les arrêtés du préfet insérés au Recueil des actes administratifs du département de l’Oise51, sauf si ce n’est la politique de la carotte et du bâton, promesse d’indemniser les bêtes malades abat-tues dans les formes, avec justificatifs, menaces de sanctions aux marchands indélicats, confine-ment des animaux et interdiction du commerce des cuirs. Il insiste sur la désinfection des étables par fumigation de chlore, procédé qui aurait fait ses preuves ailleurs.

Si l’on ignore les condamnations éventuelles des spéculateurs qui ont acheté puis revendu des bêtes contaminés, on sait que la maladie dispa-raît pratiquement à mesure que l’Etat français rétablit la légalité républicaine, et, par consé-quent, contrôle mieux son territoire, sans la pré-sence d’une armée occupante. Les transactions liées à la nourriture de l’occupant ayant cessé, les maquignons n’ont plus d’occasions de faire affaire avec les Allemands, la gendarmerie se déploie à nouveau, aussi les conditions de pro-pagation de la peste bovine sont-elles transfor-mées.

Comment les indemnisations ont fonctionné, ce sera notre dernier point, avec ce tableau de synthèse52 :

Pour Silly, il est précisé que les animaux ont été abattus dans l’Orne. On est surpris par les chiffres concernant la valeur des animaux non déclarés, ceux-ci paraissent parfois supérieurs à ceux pour lesquels la maladie a été déclarée, donc les cas de fraude semblent nombreux, mal-gré des lacunes de données53. Parmi les liasses de demandes individuelles d’indemnisation, la fraude est le premier responsable de la propaga-tion de l’épizootie, en témoigne les documents suivants, qui accusent les Prussiens mais aussi l’incurie de certains cultivateurs :

« Attiré par le bon marché, a acheté à la foire de Liancourt trois vaches mises en dépôt pendant douze jours à Mogneville » ; « Attendu que la maladie est due à l’introduction volontaire d’un animal sus-pect » ; « défaut de déclaration, imprudence grave, transport clandestin de bœufs après constatation de malaise (Nanteuil) 54 ».

La maladie continue ses ravages pendant la période de l’armistice jusqu’à des dates loin-taines après le départ de l’occupant, en témoigne cette statistique portant sur 107 éleveurs touchés dans l’arrondissement de Beauvais et 469 bêtes, avec date d’abattage : 6 en mars 1871, 2 en avril,

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État des pertes causées par la peste bovine jusqu’au 30 juin 1871

Nombre de perdants (sic)

Bêtes abattues

Valeur des animaux

dont la maladie a été déclarée

Valeur des animaux pour lesquels il n’y a pas eu de déclara-

tion

Canton de Chaumont Liancourt-St-Pierre 2 12 3 800 F Monneville 3 14 3 805 F Montjavoult 1 2 800 F Canton du Coudray-St-Germer

La Chapelle-aux-Pots 1 3 900 Canton de Méru Hénonville 5 21 7 210 F Canton de Nivillers Bresles 19 44 14 300 F Fouquerolles 1 6 2 600 F Canton de Noailles Berthecourt 2 3 150 F 700 F La Chapelle-St-Pierre 1 5 1 140 F Canton de Songeons Senantes 2 13 4 942 F 1 405 F Total arr. de Beauvais 37 123 20 642 F 21 110 F Canton de Breteuil Ansauvillers 3 4 9 250 F 1 250 F Breteuil 4 10 3 830 F Chepoix 4 7 1 140 F 550 F Canton de Clermont Lamécourt 1 1 350 F Canton de Maignelay Ménévillers 1 3 900 F Sains-Morainvillers 1 1 900 F Canton de Mouy Bury 1 2 2 800 F Cambronne-lès-Clermont 5 9 1 000 F 610 F Heilles 1 3 950 F Hondainville 1 4 2 800 F Saint-Félix 1 1 1 130 F Canton de Saint-Just-en-Chaussée

Saint-Rémy-en-L’eau 1 2 900 F Wavignies 1 3 850 F Total arr. Clermont 25 50 17 420 F 11 790 F Canton de Compiègne Compiègne 1 1 Canton d’Estrées-St-Denis

Le Fayel 1 4 1 460 F Houdancourt 1 1 500 F Longueil-Ste-Marie 1 6 2 600 F Canton de Guiscar Frétoy 1 1 500 F

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Canton de Lassigny Cannectancourt 1 1 400 F Lagny 1 2 520 F Canton de Noyon Baboeuf 1 1 375 F Mondescourt 1 1 400 F Suzoy 1 1 300 F Varesnes 1 7 2 800 F Canton de Ribécourt Carlepont 1 1 280 F Dreslincourt 1 1 300 F Saint-Léger-aux-Bois 1 1 350 F Total arr. Compiègne 14 29 10 785 F Canton de Betz Acy-en-Multien 2 4 1 650 F Canton de Creil Maysel 2 2 810 F Canton de Crépy-en-Valois

Béthisy-St-Pierre 1 3 870 F Ormoy-Villers 3 10 3 775 F Canton de Nanteuil-le-Haudouin

Baron 2 Lagny-le-Sec 1 7 2 140 F Le Plessis-Belleville 1 3 1 200 F Montagny-Ste-Félicité 1 7 1 500 F Nanteuil-le-Haudouin 1 11 2 300 F Silly-le-Long 4 65 27 131, 90 F Versigny 1 14 3 477 F Canton de Neuilly-en-Thelle

Dieudonné 3 14 4 980 F Ercuis 1 1 530 F Morangles 2 11 3 795 F Ully-St-Georges 1 4 1 600 F Canton de Senlis Saint-Firmin 1 9 3 600 F Total arr. Senlis 27 165 59 358,90 F TOTAL GÉNÉRAL 103 367 108 205,90 F 32 900 F

1 en mai, 6 en juin, 16 en juillet, 43 en novembre et décembre 1871, 3 en septembre 1872, 10 en octobre 1872.

Ce sont les cas de fraude et l’indélicatesse de certains cultivateurs qui entravent l’action de la préfecture de l’Oise même si celle-ci est efficace sur le long terme. La loi de 1866 revient en vi-gueur pour indemniser les propriétaires de bes-tiaux, tel le montre ce Communiqué pour les journaux sur le typhus contagieux des bêtes à cornes :

« Il vient d’être procédé par M. le ministre de l’Agriculture et du Commerce après examen des demandes par les commissions d’arrondissement et de département à une nouvelle répartition d’indemnités en vertu de la loi du 11 juin 1866 pour pertes de bestiaux occasionnées par la peste bovine. Le département de l’Oise y est compris pour une somme de 162 740 F 25 représentant les trois quarts de la valeur admise d’animaux abattus par ordre régulier de l’autorité compétente. Cette somme dis-tribuée aux indemnitaires proportionnellement au montant de leurs pertes après qu’ils ont produit un certificat délivré par le maire de leur commune cons-tatant que les étables où ont séjourné les animaux

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abattus ont été désinfectées. Sommes accordées par les répartitions précédentes 170 881, 93 F ; Somme accordée par la présente répartition 162 740, 24 F ; Total des indemnités à ce jour 333 622, 18 F ».

Un état du 11 août 1871 donne 183 bêtes abattues avec le détail par arrondissement, 97 dans celui de Beauvais, 17 dans celui de Cler-mont, 16 et 53 dans ceux de Compiègne et Sen-lis ; le 16 octobre de la même année, l’état ra-mène le chiffre d’animaux abattus à la baisse, à 153 seulement, car beaucoup n’ont pas pu pro-duire les pièces justificatives, il a pu y avoir de fausses déclarations de perte en vue de toucher les indemnités, avec 74, 59, 13 et 7 bêtes abat-tues dans les arrondissements susmentionnés55. Dans la sortie de guerre de 1870-1871, il est classique de voir des chiffres revus en baisse de même que les montant alloués pour dommages de guerre56, non seulement pour économiser le crédit de l’État, mais aussi grâce au travail des commissions départementales et locales qui cor-rigent les déclarations exagérées voire fraudu-leuses. La peste bovine a frappé l’Oise mais pas aussi sévèrement que dans d’autres départe-ments.

En conclusion, l’épizootie de peste bovine est le résultat direct des circonstances de guerre, avec l’arrivée de troupeaux infectés appartenant à l’intendance militaire allemande, la maladie a été communiquée par contacts directs ou indi-rects aux bovins français des régions occupées, avec des pertes plus ou moins élevées selon les départements. L’Oise est touchée mais s’en sort plutôt bien par rapport aux départements du Nord, du Pas-de-Calais, de l’Aisne, de la Marne ou de la Mayenne. Rappelons que les pertes dues à la peste bovine dans l’Oise représentent seule-ment 3% des pertes totales imputables à l’épizootie.

Les autorités militaires allemandes ont pris des mesures draconiennes en s’appuyant sur la science contemporaine et les procédés jugés efficaces, en se souciant réellement des intérêts des occupés, et pas seulement dans un souci de propagande pour se concilier les populations. En fait, les Allemands tenaient à voir disparaître une maladie qui pouvait compromettre leur ravitail-lement. Puis l’armistice et la paix voient le re-tour des administrations françaises dont les ser-vices préfectoraux, qui continuent la lutte avec

une police sanitaire stricte, en appliquant des mesures préconisées par les membres de l’Académie des Sciences dont les compétences sont reconnues. À chaque fois, la meilleure solu-tion est l’abattage des animaux malades pour enrayer l’épizootie. Il a existé une coopération entre Français et Allemands pour traiter ce pro-blème.

Le résultat en a été le ralentissement de la contagion malgré quelques nouveaux départs de la maladie, en raison du commerce frauduleux de bêtes à cornes, en violation des règles de confi-nement, avec introduction d’animaux de dépar-tements limitrophes. Il semble que la part de la fraude y soit pour beaucoup dans la diffusion de l’épizootie comme dans le nombre de déclara-tions farfelues, qui expliquent que les chiffres des pertes soient revus à la baisse après vérifica-tion des autorités. Avec les découvertes de Pas-teur, mises en application au début de la IIIe République, la France est mieux armée contre les épizooties, après la disparition du fléau en 1872, elle n’en connaîtra plus de semblable.

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ANNEXE Récapitulation des pertes par canton et total pour le département (1870-71-72)

Source : Ernest DUBOS, La peste bovine dans le département de l’Oise, op. cit., pp. 44-45. Pour des tableaux très détaillés, voir pp. 35-43. Nous avons ici corrigé les erreurs de calcul ou de typographie.

CANTONS Nombre des com-

munes infestées dans chaque canton

Nombre des bêtes abattues malades ou

suspectes

Total de la pop° bovine dans les

localités infestées dans chaque canton

Perte pour cent

ARRONDISSEMENT DE BEAUVAIS Auneil 8 466 3 200 14,56 Beauvais 3 70 481 14,55 Chaumont 8 113 1 679 6,73 Coudray-St-Germer 4 84 1 259 6,67 Formerie (6564) « « « « Grandvilliers 2 33 520 6,34 Marseille 3 31 797 4,25 Méru 8 166 1 251 13,26 Nivillers 4 112 649 17,25 Noailles 5 109 661 16,49 Songeons 5 123 2 707 4,54 50 1 307 13 204 9,92

ARRONDISSEMENT DE CLERMONT Breteuil 6 47 1 441 4,11 Clermont 9 213 976 21,82 Crevecoeur 3 41 742 5,52 Froissy 1 5 186 2,68 Liancourt 5 45 374 12,03 Maignelay 3 40 349 2,86 Mouy 2 6 319 1,87 Saint-Just-en-Ch. 3 38 449 8,46 32 435 4 356 8,92

ARRONDISSEMENT DE COMPIEGNE Attichy (1789) « « « « Compiègne 4 13 1 613 0,80 Estrées-Saint-Denis 7 94 1 206 7,79 Guiscard 3 11 203 5,41 Lassigny 3 10 372 2,68 Noyon 5 37 687 5,38 Ressons-sur-Matz 3 12 411 2,70 Ribécourt 4 5 393 1,27 29 182 4 836 3,70

ARRONDISSEMENT DE SENLIS Betz 2 44 144 30,55 Creil 4 44 334 4,19 Crépy 5 145 389 37,27 Nanteuil-le-Haud. 7 138 903 15,28 Neuilly-en-Thelle 5 125 727 17,19 Pont-Sainte-Maxence 1 11 76 13,15 Senlis 5 94 501 18,76 29 601 3 074 18,57

RECAPITULATION GENERALE – ARRONDISSEMENTS DE Beauvais 50 1 307 13 204 9,92 Clermont 32 435 4 536 8,92 Compiègne 29 182 4 836 3,70 Senlis 29 601 3 074 18,57 Total général 140 2 525 25 650 10,28

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1 Historien, écrivain, ex doctorant en histoire contemporaine à l’Université d’Amiens sous la direction du Professeur

Édouard Husson, Olivier Berger a travaillé sur les crimes de guerre allemands en 1870-71 (thèse non soutenue). Il a participé à de nombreux colloques et publié des articles dont « Résister sans violence à l’occupant allemand, exemples choisis en Île-de-France pendant la guerre de 1870 », Revue Historique des Armées, n° 262-1, 2011, p. 93-101. (N.d.l.r.)

2 L’ouvrage de base sur la guerre en Oise est bien entendu celui de Théodore LEMAS, Un département pendant l’invasion, 1870-1871, Paris, Librairie Fischbacher, 1884, 221 p., mais qui ne mentionne qu’une fois une précé-dente épizootie, sinon les ouvrages consacrés à l’administration allemande d’occupation en parlent, comme celui d’Emile CHANTRIOT, L’administration des départements envahis en 1870-1871, Paris-Nancy, Berger-Levrault, 1916, 94 p. et l’étude du Docteur Rudolf THIERFELDER, Die Verwaltung der besetzten französischen Gebiete 1870/71, Darmstadt, LC Wittich Verlag, 1943, 51 p. Des mesures prises par les Allemands, il reste des extraits du Recueil Officiel du Département de Seine-et-Oise, diffusé plus tard dans l’Oise compris dans le Gouvernement gé-néral du Nord, et publié par J.-E. DIEULEVEUT, 1870-1871, Versailles quartier général prussien, P., Lachaud, 1872, 291 p. Sur la peste bovine, des publications existent à partir de l’après-guerre : MINISTÈRE DE

L’AGRICULTURE ET DU COMMERCE, Documents sur la peste bovine, P., Imprimerie Nationale, 1872, 83 p., recueil officiel contenant tous les textes relatifs à la lutte contre la maladie ; SOCIÉTÉ CENTRALE D’AGRICULTURE DE

FRANCE, Rapport sur des mesures à prendre pour hâter la disparition de la peste bovine, fait à la société centrale d’agriculture par une commission spéciale dans la séance du 22 novembre 1871, commission composée de MM. Chevreul, Huzard, Bella, Magne, Moll, de Kergolay, Gayot, Dailly, Barral rapporteur, s.l.n.d., 7 p. ; Jean Henry MAGNE, « La peste bovine », Revue des Deux-Mondes, 1er avril 1871, vol 92, 2e période, 41e année, mars-avril 1871, p. 561-589 ; Roger MATHIS, Un point d’histoire concernant la police sanitaire française, quelques docu-ments officiels inédits relatifs à l’épizootie française de la peste bovine de 1870 à 1871, thèse pour le doctorat vété-rinaire n° 52, Paris, 1961, 55 p. ; enfin, Ernest DUBOS (vétérinaire), La peste bovine dans le département de l’Oise pendant les années 1870, 1871 et 1872, Beauvais, D. Père, 1873, 48 p. Un titre récent constitue une source de do-cumentation indispensable : François VALLAT, Les bœufs malades de la peste, la peste bovine en France et en Eu-rope, XVIII

e-XIXe siècle, Rennes, Presses Universitaires de Rennes, 2009, 360 p. Un titre ancien existe à la Biblio-

thèque interuniversitaire de l’École de Médecine de Paris : W. DIECKERHOFF, Geschichte der Rinderpest und ihrer Literatur: Beitrag zur Geschichte der vergleichenden Pathologie, Berlin, E. Enslin, 1890, 270 p., p. 233-248. Sur d’autres aspects de la guerre, quelques titres sont à citer : Édouard FOURNIER, Les Prussiens chez nous, P., Dentu, 1871, 403 p. : p. 387-402, sur des exactions dans la région Picardie ; Achille BELLOU, Les Prussiens à Beauvais et dans ses environs, Beauvais, Roussel, 1879, 56 p. ; L. A. BENAULT, L’Année terrible, 1870-1871, à Compiègne et dans sa région, Compiègne, Imp. Bourson, 1895, 59 p. ; Valentin Paul DUBUY, Historique des faits de guerre qui se sont passés entre Creil et Clermont, et notamment sur le territoire de Rantigny, pendant les journées des 25, 26, 27 septembre 1870, Liancourt, Evrard, 1898, 15 p. ; Léon FAUTRAT, Senlis 1870-1914, Senlis, Vignon, 1915, 16 p. et Paul LAMBIN, Souvenirs de la guerre : Compiègne en 1870-1871, Compiègne, Imp. du Progrès de l’Oise, 1909, 24 p., cinq monographies régionales. La plupart de ces titres appartiennent aux collections de la BnF. Ici, je tiens à remercier chaleureusement Jean-Pierre Besse (†) pour m’avoir aidé en faisant des recherches de documents aux Archives Départementales de l’Oise.

3 Compiègne est atteint le 13 septembre, Beauvais le 30, cf. Théodore LEMAS, op. cit., p. 16 ; 44-46. Chantilly reçoit trois états-majors prussiens, cf. C. NOËL, Chantilly, 1870 à 1891, Senlis, Imp. Payen, 1891, 174 p., p. 49-50.

4 Parqués à Trèves, Mayence et Coblence, dans les parcs d’approvisionnement, cf. François VALLAT, op. cit., p. 88. 5 W. DIECKERHOFF, Geschichte der Rinderpest und ihrer Literatur, op. cit., p. 234-239. De Berlin la maladie gagne

Potsdam et Francfort sur l’Oder en juillet 1870. Dès septembre, interdiction est prise en Allemagne d’introduire des bœufs des steppes de l’Est.

6 François VALLAT, op. cit., p. 88-89, notamment cet extrait : Docteur LHÉRITIER, « Rapport sur le typhus des bêtes à cornes, du 11 septembre 1870 au 12 mars 1871 », Rec. de Méd. Vét., 1871, p. 5-6, p. 89.

7 Eric BARATAY, Bêtes de somme, des animaux au service des hommes, P., Points, 2011, 125 p., p. 20-21. 8 Dieckerhoff relève 43 départements touchés, les plus gravement sont le Nord, la Meuse, la Mayenne et la Marne. Il

accuse les vétérinaires français d’avoir du retard par rapport aux confrères allemands. Il donne le bilan suivant : 56 533 têtes de bétail abattues pour 15 346 345 F, et 681 moutons pour 27 064 F. Cf. W. DIECKERHOFF, op. cit., p. 238.

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9 Ernest DUBOS, op. cit., p. 1-2. 10 D’après François VALLAT, op. cit., Tableau 4, Animaux abattus déclarés par départements de 1870 à 1872 (en

valeur absolue), Journal d’agriculture pratique, juillet 1872, reproduit in Rec. de Méd. Vét., 1872, p. 92. 11 D’après une carte constituée par François VALLAT, op. cit., p. 94, selon des sources citées en note précédente.

À noter qu’une partie des bêtes abattues mais non déclarées, ne sont pas comptées dans les statistiques. 12 Selon Ernest DUBOS, taux de guérison observé dans certaines communes de l’Oise, op. cit., p. 15. 13 Ernest DUBOS, op. cit., p. 48. 14 On pense aussi que chiens et chats, voire oiseaux, peuvent être des vecteurs de la maladie en circulant d’une zone

contaminée vers une zone encore saine, cf. Jean Henry MAGNE, « La peste bovine », Revue des Deux-Mondes, 1871, op. cit., p. 567.

15 Ernest DuBOS, op. cit., p. 6-7. 16 Grâce à des moyens de transport rapides et bon marché, et un cours de la viande bovine russe attractif, les exporta-

tions se multiplient de la Russie vers l’Europe occidentale, entraînant des bêtes malades dans les troupeaux, qui disséminent la maladie dans les pays de destination, cf. François VALLAT, op. cit., p. 82-88.

17 Selon Jean BOULAINE, « Agriculture », in Jean TULARD (dir), Dictionnaire du Second Empire, Paris, Fayard, 1995, 1347 p., p. 17-23. Les chevaux et bœufs servent au travail des champs bien qu’il reste essentiellement un travail manuel. L’engrais par excellence n’est autre que le fumier de ferme.

18 Frédéric BLUCHE, Le bonapartisme, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1981, 127 p., p. 93-95. 19 Théodore LEMAS cite une liasse de documents de la Préfecture de l’Oise sur laquelle un employé avait écrit la

mention suivante, en vue de détourner l’attention des Allemands sur le contenu : « Renseignements sur la peste noire de 1864 », in Un département pendant l’invasion, op. cit., p. 133. Mais il semblerait qu’aucune épizootie n’ait touché le département à cette date.

20 François VALLAT, op. cit., p. 183 ; MINISTÈRE DE L’AGRICULTURE ET DU COMMERCE, Documents sur la peste bovine, P., Imp. Nationale, 1872, op. cit., Décret de Napoléon III du 5 septembre 1865 et loi du 30 juin 1866, p. 43-45, Instructions applicables au cas où le typhus contagieux des bêtes à cornes viendrait à se développer en France, Paris, 11 septembre 1865, par le Ministre de l’Agriculture A. Béhic, p. 51-67.

21 François VALLAT, op. cit., p. 191. Ce sera aussi le cas en 1870-1872. 22 Conseil général, séance du 26 août 1869, « Rapports du préfet et procès-verbaux du Conseil général de 1869-

1871 », Arch. dép. de l’Oise, 1N7/15. 23 Bien qu’elle soit reconnue apte à la consommation humaine, bien conditionnée en salaison ou cuite. Selon Roger

Mathis, la viande salée n’était plus virulente au bout d’une semaine, les cuirs salés plus infectants au bout de 24 heures, cf. Roger MATHIS, op. cit., p. 50.

24 Ernest DUBOS, op. cit., p. 2-8. 25 Ibid., p. 9-15. 26 Ibid., p. 21-25. 27 SOCIÉTÉ CENTRALE D’AGRICULTURE DE FRANCE, Rapport sur des mesures à prendre pour hâter la disparition de

la peste bovine, fait à la société centrale d’agriculture par une commission spéciale dans la séance du 22 no-vembre 1871, op. cit., p. 1-5 ; Jean Henry MAGNE, op. cit., p. 575-577 ; Ernest DUBOS, op. cit., p. 1-21 ; Roger MATHIS, op. cit., p. 11-12 ; François VALLAT, op. cit., p. 25-50, excellente mise au point dans son ouvrage avec tableaux de diagnostic différentiel, comprenant différentes formes observées, p. 48-50.

28 Cf. Jean-François LEMAIRE, « Découvertes pastoriennes », in Jean TULARD (dir), Dictionnaire du Second Empire, op. cit., p. 973-974.

29 Émile CHANTRIOT, L’administration des départements envahis en 1870-1871, op. cit., p. 4 ; 31-32. 30 Docteur Rudolf THIERFELDER, Die Verwaltung der besetzten französischen Gebiete 1870/71, op. cit., p. 10-11.

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31 Théodore LEMAS, op. cit., p. 129-130, 134 ; J.-E. DIEULEVEUT, op. cit., Proclamation du gouverneur général de

Reims, le grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, assisté de deux commissaires civils, le 27 septembre 1870 ; gou-verneur remplacé par Rosemberg-Gruszczyinski le 23 octobre ; le 16 décembre le gouvernement général du Nord remplace celui de Reims ; le 6 janvier 1871 l’Oise fait partie de ce gouvernement, avec von Fabrice à sa tête depuis Versailles, aidé de von Nostitz-Wallwitz commissaire civil dès le 16 janvier, responsable de plusieurs départements dont l’Oise ; enfin un avis est publié concernant les compétences du gouverneur général qui remplace l’autorité du gouvernement français, des préfets et sous-préfets allemands sont installés aux fonctions de trésoriers payeurs gé-néraux (21 janvier 1871), p. 186-187 ; 207 ; 273 ; 278-279 ; 281-282. Tout est extrait du Recueil Officiel prussien édité en partie par cet auteur.

32 Emile CHANTRIOT, op. cit., p. 31-32. 33 Docteur Rudolf THIERFELDER, Die Verwaltung der besetzten französischen Gebiete 1870/71, op. cit., p. 38. 34 Paul LAMBIN, op. cit., p. 19 ; Achille BELLOU, op. cit., p. 56. 35 Sauf les transports militaires de l’intendance allemande. 36 J.-E. DIEULEVEUT, op. cit., p. 217-226. 37 Ibid., p. 232-233 ; 253. 38 J.-E. DIEULEVEUT, op. cit., p. 234-235. Le Moniteur Officiel prussien a publié une communication semblable du

préfet allemand de Seine-et-Marne, comte Fürstenstein, constatant l’épizootie dans ce département, par arrêté du 10 novembre 1870, dans le n° 20 du 23 novembre 1870, cf. Georges d’HEYLLI, Le Moniteur prussien de Versailles, P., L. Beauvais, 1871, t. 1, p. 276. Édition incomplète du journal en deux tomes.

39 Un Landrath était un « conseiller provincial », membre du Bundesrat, assemblée représentant les États allemands, dont les chefs nommaient les plénipotentiaires y siégeant.

40 Publication concernant la peste bovine, cf. J.-E. DIEULEVEUT, op. cit., p. 248-250, ici p. 250. Le modèle de tableau présente des colonnes pour indiquer la référence du courrier, le nom de commune, la date d’apparition de l’épizootie, le nombre de bestiaux perdus avec date, les morts et abattus sur une période donnée, leur total, leur va-leur, le nombre de bêtes restant et d’éventuelles observations.

41 Mesure prise par le commissaire civil Tauffkirchen le 14 novembre 1870, cf. J.-E. DIEULEVEUT, op. cit., p. 251-252.

42 François VALLAT, op. cit., p. 186. 43 Décret du 30 septembre 1871 signé du ministre de l’Agriculture Victor Lefranc, pour Thiers, in Documents sur la

peste bovine, op. cit, p. 46-48. 44 Instruction ... du 20 mars 1871, par le ministre de l’Agriculture Lambrecht, ibid., p. 68-76. 45 François VALLAT, op. cit., p. 186-187. 46 Poursuites à exercer pour infractions aux lois et règlements sur la police sanitaire, 23 novembre 1871, par le

ministre de l’Agriculture Victor Lefranc, ibid., p. 77-79. 47 Interdiction absolue de tout traitement sur les animaux atteints de l’épizootie ou suspects de contamination, 28

novembre 1871, Victor Lefranc, ibid., p. 80. 48 Question des indemnités pour pertes de bestiaux abattus par suite de la peste bovine – renvoi de pièces, du 12

décembre 1871, Victor Lefranc, ibid., p. 81-83. 49 Conseil général, séance du 30 octobre 1871, p. 192, « Rapports du préfet et procès-verbaux du Conseil général de

1869-1871 », Arch. dép. de l’Oise, 1N7/16. 50 Affiche du préfet Choppin aux sous-préfets et maires, 1er décembre 1871, voir aussi une affiche de Beauvais du 2

mars 1871, Dossier « Instructions pour lutter contre la peste bovine », Arch. dép. de l’Oise, Mp3867/3. 51 Conservé pour la période 1870-1871 aux Arch. dép. de l’Oise, 12 Kp 46. 52 Renseignements sur les pertes subies du commencement de l’invasion au 30 juin 1871 (par communes), Arch. dép.

de l’Oise, Mp 4089. Tableau réalisé par Jean-Pierre Besse.

Bull.soc.fr.hist.méd.sci.vét., 2015, 15 : 19-34

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53 Non seulement la pratique administrative peut différer des textes, mais encore, « en administration, ce qui est im-

portant n’est pas visible, c’est ce qu’on ne dit pas ». Cf. Guy THUILLIER, Jean TULARD, Histoire de l’administration française, Paris, PUF, coll. « Que sais-je ? », n° 2137, 1984, 124 p., p. 109.

54 Demandes d’indemnités pour la peste bovine, par communes, 1872, Arch. dép. de l’Oise, Mp 4090. 55 Ibid. 56 Un projet spécifique d’indemnisation des victimes de l’épizootie avait été repoussé en 1875, au motif que

l’indemnisation ne s’applique qu’aux bêtes dont l’autorité française a ordonné l’abattage, que dans les régions oc-cupées, l’autorité étant absente, elle n’a pas donné des ordres, et que de plus la peste bovine est un dommage indi-rect de la guerre qui ne saurait être supporté par l’État. Cf. Rapport de la Commission du Budget (Exercice 1875) au sujet d’une demande de crédit ayant pour objet d’indemniser, conformément à la loi du 30 juin 1866, les pro-priétaires de bestiaux morts de la peste bovine dans les départements envahis, par M. Alphonse Cordier, membre de l’Assemblée nationale, séance du 23 décembre 1874, in Recueil des traités, conventions, lois, décrets et autres actes relatifs à la paix avec l’Allemagne, tome III, documents complémentaires concernant les lois d’indemnités, mars 1871 à juin 1876, P., Imp. Nationale, 1876, 720 p., pp. 677-682. BnF.