À nos jeunes filles. Lectures et leçons familières de morale, d'après le programme des

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Salomon, Mathilde. À nos jeunes filles. Lectures et leçons familières de morale, d'après le programme des écoles primaires supérieures de jeunes filles (1893), par Mlle Mathilde Salomon,... 2e édition. 1896. 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit : *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés sauf dans le cadre de la copie privée sans l'autorisation préalable du titulaire des droits. *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source Gallica.BnF.fr / Bibliothèque municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue par un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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Salomon, Mathilde. À nos jeunes filles. Lectures et leçons familières de morale, d'après le programme des écoles primaires supérieures de jeunes filles (1893), par Mlle Mathilde

Salomon,... 2e édition. 1896.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de laBnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 :  *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.  *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produitsélaborés ou de fourniture de service. Cliquer ici pour accéder aux tarifs et à la licence 2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques. 3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation particulier. Il s'agit :  *des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés sauf dans le cadre de la copie privée sansl'autorisation préalable du titulaire des droits.  *des reproductions de documents conservés dans les bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont signalés par la mention Source Gallica.BnF.fr / Bibliothèquemunicipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de réutilisation. 4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du code la propriété intellectuelle. 5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue par un autre pays, il appartient à chaque utilisateurde vérifier la conformité de son projet avec le droit de ce pays. 6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intellectuelle. En cas de nonrespect de ces dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par la loi du 17 juillet 1978. 7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition, contacter [email protected].

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MATHILDE SALOMON

à nos

Jeunes Filles

Paris

LIBRAIRIE LÉOPOLD CERF

12, RUE SAINTE-ANNE

1894

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LECTURES

ET

LEÇONS FAMILIÈRES DE MORALE

PREMIÈRE ANNEE

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A NOS JEUNES FILLES

LECTURES

KT

LEÇONS FAMILIERES DEMQ$/\LE

j , .'•- \ D'aprèsle programme \{[-'-,,[i'>QJ

'' 'des Écolesprimairessupérieuresdejeunesfilles(1893)

PAR

M"K MAIHILUE SALOMONDirectriceduCollègeSévigné

MembreduConseilsupérieurdel'Instructionpublique

DEUXIKMBEDITION

PARIS

LIBRAIRIE LÉOPOLD CERF

12,RUESAIN'IE-ANNE,12

Tousdroitsréservés

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PREFACE

Il est plus difficilo, a-t-on dit quelquefois, do

connaître son devoir quo do lo faire. Ce no sont

pas pourlant les préceptes qui font défaut. De-

puis quo l'enseignement do la morale a été placéen tôto du programmo d'éludés do nos écoles,touto uno bibliothèque do bons livres ont paru sur

cetlo matière ; pour trouver des guides pleins do

sagesse, maîtres et élèves n'ont quo l'embarras

du choix et si la science du devoir n'est pas en-

core profondément empreinte dans l'âme de la

jeunesse, ce n'est pas faute do tentatives et d'ef-

forls auxquels des hommes éminents, quelques-uns illustres, ont attaché leur nom.

Pourquoi l'auteur de ce petit livre a-t-il eu la

hardiesse do venir après eux offrir ses conseils

aux jeunes filles de nos écoles primaires et d'es-

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VI l'M'FACE

pérer qu'ils ne leur seraient pas inutiles? C'est

qu'une longue expérience do la jeunesse féminine

lui a appris, sinon à employer le langage qui la

persuade, du moins à éviter celui qui, s'adres-

sant à la raison seule, risquo do ne pas pénétrerdans lo coeur. Or, chez nos jeunes filles, rien

n'est fait si l'on so contente do convaincre sans

avoir en mémo temps persuadé.Rien do plus beau, do plus grand quo l'idée du

devoir absolu, qui est parce qu'il est, devant

lequel tout doit plier, qui commando impérieu-sement et no donne do ses ordres qu'une seule

raison : il faut faire lo bien parco quo c'est lo

bien. Mais les enfants peuvent-ils facilement

s'élever à ces hauteurs? N'auront-ils pas un peufroid sur ces cimes ? Môme si vous lui traduisez

les mots, uno potito fille comprendra malaisé-

ment « l'impératif catégorique ». Admettons

qu'ello retienne la formulo, comme un verset do

son catéchisme. Uno formulo doviendra-t-ello

uno règle do conduite, des mots, si heureusement

trouvés qu'ils soient, pourront-ils lutter contro

les violentes impulsions do la vio ?

Qu'on s'en réjouisso ou qu'on lo déplore, il est

un fait indéniable : c'est lo sentiment qui mèno

nolro monde. C'est donc l'éducation du senti-

ment qu'il faut entreprendre, surtout chez les

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PRÉFACE Vif

jeunes filles. Cette éducation est-ello possible?

Le sentiment peut-il être réglé, en quelque sorte

canalisé, soumis aux lois do l'austère justice ?

Peut-on, en lui frayant uno large route, changer

on uno force bienfaisante, lo torrent bouillon-

nant qui pouvait être un principe destructeur?

On peut chercher du moins à éveiller la pen-

sée, à faire réfléchir l'enfant sur sa vie do

chaque jour, telle qu'il la voit, la sent, l'aider à

en découvrir le sens en lui apprenant à regarder

en lui-môme et autour de lui, montrer à la jeunefille qu'elle est destinée plus spécialement à sou-

lager les peines, à répandre autour d'elle la

douceur et la paix. Ni la science, ni les théories

philosophiques ne sont nécessaires à cet ensei-

gnement; il y faut l'expérience, l'habitude de

l'observalion, la connaissance approfondie des

enfants qu'on acquiert quand on les aime. Car

cet amour-là n'aveugle pas; il ajouto au con-

traire à la clairvoyance; nous no connaissons

bien que ceux qui se sentent aimés de nous,

parce qu'eux seuls se montrent à nous tels qu'ilssont. A ces conditions, la leçon do morale pourradevenir uno causerie où l'enfant aura sa part,

prendre un caractère familier, intime, affectueux

qui la distinguo do touto aulro leçon et dont le

charme se reflétera peut-être sur les préceptes

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VTÏT PRËFACE

eux-mêmes. Prise dans la vie plutôt quo dans

les livres, la leçon aura chance d'ôlre plus

vivante, do pénétrer plus avant. Le bien et le

bonheur, tout au moins la paix de l'Ame, vont

plus souvent de compagnie qu'il ne semble à

première vue. Si l'on arrivait à imprimer celte

vérité dans lo coeur de la jeunesse, on aurait

bien employé sa vio.

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A NOS JEUNES FILLES

LECTURES

ET

LEÇONS FAMILIÈRES DE MORALE

I

BOTDRL'ÉDUCATIONMORALEDP.LA.JRUNKPILLE.CONDI-TIONSDELAVIE HONNÊTE*.CONNAITRESONDEVOIR,L'AIMER,AVOIRLAFORCEDELEREMPLIR.LACONSCIENCE.

Mo*enfants, vous venez a l'école pour apprendre àbien vivre. Toutes vos leçonstondent vers ce but, plusoumoinsdirectement. C'est bien pourquoivousentendezdire qu'à l'écolo « on élevo» la jeunesse ; on la prépare,en effet, pour uno vie plus haute, aussi complète, aussiutile, aussi bellequopossible.A quellesconditionsla viedo ehaeuno do vous sera-1-ellecomplote,utile et belle?

C'est ce quo nous allons tâcher do trouver.Toutes, vousdésirezêtre heureuses? Voilàune de COJ

questions dont on n'a pas besoind'attendre la réponse.— Si l'on vous disait: Il existe uno sciencedu bonheur ;on peut approndro à embellir sa vie, la vio do ceux

qu'on aime, avec quelle ardeur no demanderiez-vous

1.

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10 A NOSJEUXESFILLES

pas à étudier cette science, à vouson pénétrer profondé-ment, à la mettre en pratique sans retard î El»bien, cettoscienceexiste ; elle s'appelle la morale et fera lo sujet donos entretiens.

Elle est fondée sur do savants principe;, sur des

régies philosophiquesque nous n'aurons pas l'ambitiond'approfondir; nos visées seront plus modestes. Puis-

qu'il y a un art do bien vivre, nous tâcherons do lo

comprendre pour nous on servir ; pour y réussir co nosont pas les ressources qui manquent ; la grande diffi-culté est do savoir les employer.

Chacune do vous, naturellement et sans la moindroétude, recherche co qui lui parait agréable, évite do sonmieuxco qui est désagréablo, mauvais ; voilà qui semblotout simple et no l'est pas autant à la réflexion.

Pour arriver à co qui plaît, il faut passer quelquefoispar un cheminqui no plaît pas ; la recherche d'un avan-

tage, d'un plaisir peut imposer uno contrainte, un effort,uno peine. Lo proverbe populaire lo dit ; l'enfant mémolo sait avant do lo bien comprendre. Si l'effort à fairono se fait pas, lo bien recherché n'est pas obtenu, lo mé-contentement se produit à sa place. Pour éviter uno

peinoon sera tombé dans uno peine plus grandeNo pas fairo l'effort qui monoau bien, no pas résister

au penchant qui ontraino souvent au mal, co sont làdeux côtés d'uno mémo faiblesse ; mais si la cause estsemblable, les effetssont différents; lo mécontontomontsera plus profond, plus douloureuxpour lo mal causé quopour lo bien non réalisé : entre les doux sentiments il yaura la différencequi sépare lo regret du remords.

Rien do plus torriblo quo lo remords, cotte voixintérieure qui réprouve, qui condamno lo mal avecuno autorité souveraine. L03souffrances qu'cllo infligodoivent étro intolérables, car on a vu des criminels solivrer eux-mêmes à l'expiation qui les attendait pour

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BUTDEL'EDUCATIONMORALE il

échapper à cette voix, à co jugo quo l'homme porto enlui-mémo ot qui jamais no peut faire grâce. S03arrêts

portent sur toutes nos actions, mémo sur nos secrètes

pensées ot quelles quo soiont les apparences de notro

vie, ses côtés extérieurs, co sont eux qui mettent ennous la guerre ou la paix.

Nous no pouvonsy échapper, quoi quonous fassions.

Invoquerons-nous,pour nous disculper de quelquefaute,des circonstances qui nous oxcusont on apparence, maisnon à nos propres yeux : « Tu mens », nouscriera cottevoix brutalement, et la rougeur jaillira avec l'idéo du

mensonge, serions-nous seuls, sans le moindre témoin.Si nous n'avions on nous-mêmes,grandissant avec nous,cetto notion du bion et du mal, nous n'éprouverions pasce malaise intime et profond à propos d'actes ou dosentiments quo nous sommesseuls à connaître. Lo cri-minel no craindrait quo les conséquencesmatérielles doses actions ; il no vivrait pas plongé dans l'horreur, s'il

pensait rester impuni ; il n'aurait pas,'comme Macbeth,tué le sommeil. Caïn no verrait pas l'oeil implacablele

regarder jusque dan3 la tombe. « Lo tigro, a dit Cha-teaubriand, déchire sa proie et dort ; l'hommedevienthomicideot veille. » C'est qu'il est un homme,c'est-à-dire un êtrequi connaîtla différenceentrele bienet lemal.

Cetto voix do la conscienco, premier châtiment du

mal, est aussi la promièrorécompensedu bion. Elle noussoutient dans les échecs, par lo sentiment de notro éner-

gie, de notroforco; elle nous console devant uno injus-tice, en nous disant quo nous méritions mieux. Perdons*nous un être chéri, c'est encore elle qui soulage notre

peine, si elle peut nous assurer que nous n'avons jamaismanqué aux devoirs do l'affection envers celui qui nousAquittés, do mémoque nos regrets deviennent cent foisplus cuisants, si ello y ajoute des souvenirs quo nousvoudrions effacer.— Voulez-vousavoir la mesureexacte

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12 A NOSJEUNESFILLES

do ce que vous valez,habituez-vousà l'écouter ; elle vousle dira.

Vousavez donc en vous un avertisseur exact, précis,fidèle; ses instructions pourtant ne vous seront utiles

qu'à do certaines conditions.Chacun sait qu'on peut agir bien ou mal ; co qu'on no

sait pas toujours, c'est distinguer co qui est bion do co

qui est mal. Personno n'a jamais nié, depuis quo leshommes sont civilisés, quo les honnêtes gens aient àobéir au devoir; où l'on a différé, c'est quand il s'est

agi d'appliquer cotto idée. Les mémos dovoirs n'ont pasété do tout temps placésau mémo rang. On nous a ap-pris do bonno heure à aimer la patrie, à souhaiter sagrandour, à comprendro tout co qui lui est dû; mais

quelques peuples anciens ont été sur ce point plus loin

quonous ; pour eux, lo devoir envers lo pays non seule-ment primait tout autro devoir, mais justifiait, glorifiaitdes actes quo nous réprouvons. Nous n'admettons Pho-micido sous aucun prétoxto ; los Grecs ont élové dosstatues à dos hommos qui, pour délivrer la patrie,avaient poignardé un tyran. Los Romains admiraientdans certains cas lo suicido : nous n'y voyons plus quol'abandon do tous les devoirs, unodésertion. — Pondantdo longs siècles, on a cru bion ponsor, bion agir, onhaïssant, en persécutant ceux qui so séparaient do lareligion générale d'un pays. Quo do bûchers ont été éle-vés par amourdo co qu'on croyait la vérité ! C'est parcharité que l'on a infligé tant do tortures, détruit tantd'existences honnêtes, utiles, parfois illustres, par cha-rité pour los àmos! « On no fait jamais lo mal si plei-nement ot si gaiement quo lorsqu'on lo fait par cons-cience » Comot doPascal oxpliquoles plus tristes pagesde l'histoire.

Quo la conscioncoait besoin d'étro éclairée des lu-mières do la raison, du savoir, do l'expérience, quo

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DUTDEL'EDUCATIONMORALE 13

notre sentiment intime du bien et du mal, du juste et de

l'injuste puisso être obscurci, faussé par les préjugés,par l'égoïsmo individuel ou collectif, par l'ignorance,personno n'en saurait douter. Si vous voulez bien agir,cherchez d'après quelles règles votre vie doit étro con-duite ot se développer; elles sont simples, facilesà com-

prendre ; jo no vous dirai pas qu'elles soient aussi fa-ciles à toujours observer ; mais leurpratique seuledonnela paix avec soi-mêmoet avec autrui.

Uno dos premièresdécouvertes quo nous faisonsdansla vie, c'est qu'ello rcnfjrmo dos douleurs, un nombroincalculable do douleurs qui frappent, scmblc-t-il, àtort et à travers, tantôt sur nous, tantôt autour donous. Nous n'avons pas à chercher la cause do ces souf-frances ; ollo n'est, d'ailleurs, rien moins qu'aisée àtrouver. Quand nous voyons dosmères perdre leurs en-fants, dos petits enfants rester sans mère, nous no pou-vons quo répôtor avec lo poète :

Ce?clioses-làsont rudes.11faut, pour lescomprendre,avoirfuitses éludes.

Mais si nous no comprenons pas lo mal, si nous no

pouvons lo fairo disparaître, du moins est-il on notro

pouvoir do lo soulager, do lo diminuer. Voilà un em-ploi do la vio, un champ d'activité plein d'intérêt : dimi-nuer la souffrancequi accablo loshommos.Agir, chacundans notro sphère, petite ou grande, do façonà rendromoins triste la vio do nos compagnonset la nôtro. Con'est pas tout. La poino est un côté do la vio ; maissinous avons commencé par l'ombre, co n'est pas quonous oubliions lo soleil ; notro oxistonco ronfermo dos

joies nombreuses, qu'il est on notro pouvoir d'augmen-ter, «l'épurer.

La vio doviontplus belle quand nous nous mettonsen

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U A NOSJEUNESFILLES

état do goûter, d'apprécier touto3les jouissancos qu'elleoflVo.

Diminuer les peines, accroître los joios : lo pro-gramme est assez beau pour quo l'on tonto do lo réa-liser, malgré l'immensité do la tâche, ses difficultés.Au lieu do so répéter : il y a trop do mal en co monde,on n'y peut rien changer, il vaut mieux graver dans samémoirecette penséed'un hommoqui a beaucoup luttépour la justico :

Quotout soit bien ou mal, faisonsque tout soit mieux.

Et d'abord, faisons quo tout soit mieux autour donous, dans notro famillo.

Regardez-y do près ; vous verrez combien los pre-mières difficultésdu voyago à travers la vio sont adou-cies, proportionnées à nos forces, et tout co quo nouspuisonsdo beau et do bon dans lo sentiment qui unit lesuns aux autres los membresd'une mémofamille.

CONSEILS.

0 monenfant, tu vois, je me soumets,Faiscommemoi : vis du mondeéloignée;Heureuse?non; triomphante?jamais.

Résignée.

Soisbonneet douceet lfeveun front pions ;Commelojour dans les cieux met sa flamme,Toi,monenfant, dans l'azur do tes yeux

Metston ûmc.

Nuln'est heureux cl nul n'est triomphant.L'heureest pour tous une chose incomplètejL'heureest une ombre,cl notro vio,enfant,

En est faite.

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BUTDEL'EDUCATIONMORALE .is

Oui, «leleur sorl tcis les hommessont las.Pourêtre heureux, a tous, — deslin morose!—Touta manque'.Tout, c'est-à-dire, hélas!

l'eu de chose.

Copeu do choseest ce que, pour sa part,Dans l'universchacuncherchecl désire:Unmol, un nom, un peu d'or, un regard,

Un sourire!

Lagalle manqueau grand roi sans amoursLa goullcd'eau manqueau désert immense:L'hommeest un puits où le vide toujours

Recommence

Voisces penseursque nous divinisons,Voisces héros dont les fronts nous dominent,Nomsdont toujoursnos sombreshorizons

S'illuminent.

Apresavoir, commefait un (lambeauKblouide leurs rayonssans nombre,Ils soûlallés chercherdans le tombeau

Unpeu d'ombre.

Le ciel qui sait nos mauxet nos douleursPrenden pitié nos jours vains et sonores.Chaquemalin il baignedo ses pleurs

Nosaurores.

Dieunous éclaireà chacunde nos pasSur coqu'il est cl sur ce quo nous sommesUno loi sort des chosesd'ici-bas

Kl des hommes.

Celle loi sainto, il faut s'y conformer,iîl la voici, toute ûmey peut atteindre:No rien haïr, monenfant; tout aimer,

Ou tout plaindre!VICTORHUGO.(LesCoiitemplattont.)

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10 A NOSJEUNESFILLES

II

L'ENFANTDANSLAFAMILLE.LESPREMIERSDEVOIRSRENDUSFACILESl'AUI.'ATTAGUKVKNTNATURELET RECPROQUBDESMEMU3ESDELAFAMILLE.DÉFINITIONDELAFAMILLE.DEVOIRSDESENFANTSENVERSLESPARANTS; LATEN-DRESSENEDOITPASNUIREAURESPECT.

« L'homme naît faibleet nu » ; les petits des animauxsont bien plus vite en état do subvenir à leurs besoins,on possession do leurs membreset do leurs forces,quono l'est lo petit enfant. Abandonnéà lui-mémo, il seraità la merci do tous les accidents, no saurait so défendroni du froid, ni do la faim, ni dos chocs ; il périrait misô-rablomont sans l'amour des parents ; leur tendrossoestsa sauvegarde. Naturello ot instinctive chez l'hommocommochez l'animal, ello s'éteint chez celui-ci avec la

vigueur naissante des petits, tandis qu'cllo grandit chezl'hommo, s'élève, s'épure

C'est qu'au bout d'un temps nssozcourt, l'animal n'a

plus besoindo ses parents ; la nattire lui fournit et soninstinct lui procure do quoi satisfairoà tous ses bosoins.Lo développementdo l'enfant est lent, dure dos années ;ses bosoinssont nombreux et compliqués. Pour dovonirco qu'il doit êtro, il no suffit pas quo son corps gran-disse, quo ses membresdeviennent soupleset vigoureux,mais que son intclligoncoet son coeurgrandissent aussi,lo mettent on état de remplir sa destinéod'hommo,d'être

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LAVIEDEFAMILLE; L'ENFANT 17

utilement actif, do rendre co qu'il a reçu. C'est dans ladouce chaleur du foyer domestique quo l'enfant puiserado quoi subvenir à l'épanouissement do ses premièresannées ; c'est là qu'il apprendra, avant toutes choses, lavaleur du grand précepto qui doit dominer notro vio :« Aimez-vous los uns les autres. »

Qu'est-ce qu'une famille ? C'est un ensemble do per-sonnes unies, non seulement par des lions naturels,mais par ceux do l'affection. La parenté, la tendrosso,voilà los doux élémonts qui la forment, aussi nécessairesl'un quo l'autre; los membres do la famillo portent lomémo nom; leurs intérêts sont los mêmes; los joies otlos poino3des uns sont aussi celles dos autres. C'est là,mes enfants, quovous avez ouvert vos yeux à la lumiôro,votro Ameà la vio. Pondant do longues annéos, vous yavez reçu lossoins do vos parents, leurs bienfaits inces-sants; c'est pour vous qu'ils ont travaillé, peiné, souf-fert; rion no leur a coûté, car ils vous aiment.

Vous lo comprenezbion, vous lo sentez oncoro mioux :si l'habitudo vous fait trouver tout naturel do vivro ensécurité, sans privations, sans inquiétudes, gràco à vos

paronts, ollo no peut émoussor la vivo jouissance quovous prosuro la cortitudo d'êtro los premiers dans leurcoeur. Aussi ost-co prosquod'instinct, quo vous remplis-sez co grand devoir : aimor, honorer ses paronts.

Si vous avioz vécu il y a quelquessiècles, vos parontsvous auraient aimés comme ils font aujourd'hui, sansdouto : vous auriez ou pourtant uno vio do famillomoins douce Chozcertains peuples do l'antiquité, admi-rables à bien des égards, lo pèro do famillo était unmaitro, parfois un maitro tyrannique II disposait abso-lument des membres do sa famillo, do leur sort, do leurvio. Lorsque, dans la tragédio doCornoillo, lo vieil llo-raco, croyant avoir à rougir do la lâcheté do son fils,s'écrio :

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18 A NOSJEUNESFILLES

Choqueinstant desa vie, aprèsce lâchetour,Mold'autant plu?sa honteavec la mienneau jour.J'en rompraibien le cours, cl ma juste colère,Contreun indignefilsusant des droitsd'un pèroSaurabien fairevoir,dans sa punition,L'éclatantdésaveud'une lelloaction;

il exprimoseulement un droit habituel quo d'autres Ro •

mains ont exercé, à l'admiration do leurs concitoyens;pour eux lo devoir envers la patrie était lo premier dotous; s'en écartor eût été uno lâcheté indigno d'un ci-

toyen ; préférer uno satisfaction personnelleau bion gé-néral, un déshonneur quo lo pèro do familloavait soind'écarter dosa maison.

Cetto hauteur do sontimonts n'abolissait pas la ton -

drosso,ello la soumettait seulement nu devoir. L'amourdos parents pour los enfants est vieux commo l'huma-nité mémo.

Vous en trouverez dos pointures touchantes dans les

poèmesles plus antiques. Quand Ilomèro rctraco la violégondairodo l'Agehéroïque, co qui nous toucho.co sontmoins les combats do géants quo lossontimontsintimes;nous sommosémus do la tendresso d'Hector pour sonfils et nous reconnaissonsquo les mêmes sontimontsontfait battro lo coeur des hommes il y a trois millo ans

qu'aujourd'huiMais, les habitudes étaient différentes.Los démons-

trations oxtériouros do tendresse no pouvaient guôroêtro do miso alors. I.o respect, uno obéissance un pouterrifiée devnicnt marquer les rapports dos onfants avecleurs parents, surtout avec lo père

La civilisation chrétienno a amené plus do douceurdans ces rapports. Pendant tout l'nncion régimo, mémoen Franco où les moeurs ont été do tout temps plusdoucesqu'ailleurs, la constitution do la famillo n'allait

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LAVIEDEFAMILLE; L'ENFANT 19

pas cependant sans quelque dureté. Los droits du pèrosur les enfants n'étaient plus sans limites, mais il était

toujours leur maitro, décidait do leur sort pendant uno

grando partio do leur vio. Les enfants des famillesnobles surtout étaient victimes d'uno injustico qui a ré-

gné longtemps chez nous, et qui oxisto encore dans

quelquespays sous lo nom do droit d'aînesse.Lo droit d'aînosso avait pour but do conserver l'im-

portance, la grandeur do la famillo, en accumulant sestitres, sos richossos entre les inains^do l'aîné, seul re-

présentant du nom. Ses frères et soeurs devenaient coqu'ils pouvaient; pour los filles,la grando rossource étaitlo couvent. Combien y sont ontréos sans goût, sans vo-cation, uniquement pour décharger leurs famillosdu soindo leur établissement 1

Lo droit d'aînesse ost uno des injustices suppriméespar la Révolution françaiso. — L'égalité, introduito dansla famillo, a amené d'autres changements à sa suite

Egaux entro eux, los enfants sont devenus plus libresvis-à-vis des paronts; lo tutoiement qui so généralisomarquo bien quo les distances sont effacées; los enfantssont plus près des paronts, do plain-picdavec eux.

Mais si vos pères ot vos mères, entraînés par leur ten-

dresse, so font petits pour élro plus près do vous, osteouno raison pour perdro do vuo les égards quo vous leurdovez? Lo respect, toutos ses marques extérieures, soconcilient avec l'affection la plus vivo. Le sentiment quivous unit à vos parents est tondre, fort, il pourrait sansdouto aller jusqu'au complet dévouement. Mérito-t-ilsouvent lo vrai nom qu'il doit porter : la piété filiale ?La piété no va pas sans vénération et la vénérationexclut la camaraderie Vos paronts, chargés du soin dovotro éducation, do votro avonir, auront à vous conseil-

ler, à vous roprondro, à vous blâmer parfois. L'autorité

qui leur ost nécessaire pour vousamonor à bon port dans

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la vio, ne s'accommodepas non plus d'une trop grandefamiliarité de ton ot de manières. — Il y avait du bondans le respect oxtériourexigé autrefois; cotte déférenco,co3formules mémo no serviraient-elles qu'à rappeler &chacun sa place dans la famille,elles seraient encorefort utiles. Elles ont d'autres bons effets.

Là où elles sont observées, elles élèvent uno barrièrecontro de fâcheuxaccidents. — Elles vous apprendrontà surveiller votro premier mouvement,qui n'est pas tou-

jours le bon, à modérer l'expression de votro mauvaiso

humeur, à proportionnerlos égards dus à chacun ; vous

comprendrezqu'il existo des différencesentre los per-sonnes, que lo langage, lo ton habituel entre frères,soeurs, camarades, ne convient pas dans toute circons-tance ; qu'il est bon, qu'il ost nécessaire do se gênerquelquefois, et qu'une trop grande expansion de votre

personnalité peut devenir gênante pour les autres.Je souhaite fort, mes enfants, quo vous sachiez de

bonne heure associer le respect à la tendresse, et la fa-mille vous on fournit l'occasion. Rien de plus sain pourl'àmo que l'union de ces deux sentiments, la vie entièreen devient plus belle.

Je no crainsrien du jeune hommoqui a conservél'espritde famille: pleind'amour pour ses parents, il craindraderien fairoqui puisselus fairerougirou pleurer.Présente,lafamille imposoau jeuno hommele respectdo lui-môme;absente,il pourra l'oublierun instant; maisune lettre dupore,mais la penséodes larmesd'une mère,l'anôterontsurla pente d'unemauvaisoaction; el si l'un et l'autre ont dis-paru, leur mémoiresera encorepuissante,et il la respecterad'autant plusqu'ils ne serontplus là pour lui pardonner.

Qu'est ce quo l'esprit do famille?c'est un mélangedocrainteaffectueusepourlo père,de tendressecraintivepour

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LAJEUNEFILLEDANSLAMAISONPATERNELLE21

la mère, do respectpour tousdeux, d'admirationpour leursvertus, dovolontaireaveuglementpour leurs travers, do re-connaissancepour leurs bienfaits, docompassionpour leurssouffrances,do pilié pour leurs sacrifices.Do tous ces sen-timents se formoun sentiment unique et complexo, losentiment do la vénération, dont Goethea dit : Celuiquin'a point éprouvé do vénération dans sa jeunessono sera

point luLuiemol'objetdo la vénérationdans ses vieuxjour3.

PAULJANBT*.

111

DEVOIRSPARTICULIERSDELAJEUNEFILLEDANSLAMAISONPATERNELLE.CEQUEPEUTÊTRELEFOYERQUANDCHACUNY APPORTECEQu'lLDOIT.LE BONHEURETLEMALHEURTIENNENTPLUSAUCARACTÈREQU'AUXCIRCONSTANCES.

Pour mieuxcomprendre co quo peut être chez ses pa-rents une jeune fille do votro Age,mes enfants, repré-sentons-nous la journée d'une famillo de travailleurs.Cette journée commence do bonne heure : la tâche du

jour le veut ainsi. Pendant des années, c'est la mère quia été debout la première ; lo travail do la journée, untravail assez dur l'attendait pourtant, elle aussi, au de-hors; mais il fallait, avant do quitter la maison, ymettre tout en ordre, préparer le repas du matin, veillerau départ des enfants pour l'école, exercer enfin ce

1La Famille.CalmannLéty, éditeur.

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23 A NOSJEUNESFILLES

métier do ménagôro, do maitresso do maison, qui pourtouto fommo, quello quo soit sa condition, huniblo ou

élovéo, s'ajouto à sos autres occupations.Los enfants ont grandi ; l'ninéo dos filles à quatorzo

ans; laissora-t-ollo sa môro so fatiguor, au Hou do

prondro sa placo, quand sos forcos à ollo s'accroissenttous les jours ot quo colles do sa mèro suivont uno pro-gression contrairo?Sa conscioncono lo permettrait pas ;il y a longtomps déjà quo la maman trouve son déjeu-ner tout prêt on sortant do sa chambro; les petits, sai-sis d'émulation, ont fait do lour mieux, tout mis enordre ; lo pèro fait semblant do croiro quo los enfantsont passé la nuit à fairo lo ménage; tout lo monde ost

gai, content, ot notro jouno flllo sont quo la journée dotravail do sos paronts sera touto réconforféo du souve-nir do sa jouno bonne volonté.

L'écolo prend la plus grando partio do ses journées.Vous trouvez là oncoro un sujet do reconnaissantenvers beaucoup do paronts. Ils pourraient ajouter auxrossourcos do la famillo lo fruit du travail des enfants,même très jounos ; beaucoup y sont forcés par lescirconstances, boaucoup aussi rotardent pour eux-mêmes lo moment du repos afin do laisser à leursenfants lo temps nécessaire aux études, à la préparationdo la vio. La jeune flllodont nous parlons lo sait : samôro a pris l'habitude do causer avec elle do ses diffi-cultés, do sos soucis. Aussi cherche-t-ello à adoucir co

qui pout être adouci et no ménago-t ollo pas sos effortspour lo bien commun.

Rentrée à la maison, c'est olloqui vaque au travail dusoir; ses paronts, à lour retour, vont trouver lo nid ao«cueillant et doux.*Cet intérieur pauyro a un charme:l'ordre parfait, chaque chose à sa vraie placo, d'où unoimpression d'harmonio, ot uno élégance, l'oxquiso pro-preté, cette propreté qui so sont et so respire aussi bien

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LAJEUNEFILLEDANSLAMAISONPATERNELLE23

qu'ollo so voit.'Il y faut quclquopoino, sans douto; plusd'uno houro libro ost omployéo au noltoyago, mais locharmant résultat obtenu n'ost pas payé trop chor.

Un pou de co superflu, sans lequel la vio serait bion

sèclio, égaio la domouro;' quolquos fleurs, dos plantosqu'on a cultivées, dont on suit lo développement avec

joio, dos photographies do figures aimées, ou do chofs-d'oeuvroqu'on a appris à admirer ; do petits ouvrages à

l'aiguillo aux couleurs gaios, mystérieusement préparéspour des anniversaires, lo tout disposéavec goût, ot voilàun intériour souriant. Los paronts peuvont venir : lodîner est presque fait ; il n'y manquo plus quo lo dornior

coup do main do la maman; on va s'asseoir gaiomontdevant lo couvert propromont mis ; co repas du soir ostun bon moment do ropo3, do bionfaisantorécréation pourtouto la famillo.

'

Elle n'a rion à onvior à personne, cetto houreuso fa-

mille; ello possède lo plus grand do tous los trésors : un

foyer où l'on revient avec plaisir, dont la chaleur ot lalumière échauffent et éclairent mémo quand on en estloin.'Lo secret de cobonheur n'est pas compliqué: chacundans celte maison vit pour tous los autros aussi bion quepour soi ; on s'aimo, co qui arrivo dans beaucoup do fa-milles, mais on a pris l'habitude do témoigner cettoaffection par des attentions constantes ; on no préfèrepas ses aisos au bien-être dos autres.

Pourquoi tollo demeure du voisinage semble-tollo si

pou aimablo ? Los situations sont pareilles, les circons-tances extérieures aussi ; mais les visages y sont maus-sades, les paroles échangées brèves et sèches; tout y al'air rovécho ; l'impression dominante qu'on y éprouvo,c'est le désir d'en sortir. C'est qu'au lieu d'amour ot do

concorde, ,1'égoïsme y rôgno. Chacun y vit à peu prèscomme s'il était seul, sans tenir grand compte dosautres. En réalité* chacun y est seul, comme emprisonné

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21 A NOSJEUNESFILLES

dans son égoïsmo; on y n froid ; rion n'y sont lo foyor ;co n'est pas uno famillo; il n'ost point do famille sansaffectionactivo, sans dévouomonlréciproquo.

On croit parfois aimer los membres do sa famillo,parcoqu'on los préfèroau rcsto du goiirohumain. Maisest-ce les aimer quo so bornor à un sentiment qui no

s'oxprimo, ni no so prouvo. Quo des paronts qui tra-

vaillent, poinont, souffrentpour leurs enfants, so croiont

quittes envers eux, mémosans leur témoigner la ten-dresse apparonto, nécessairo pourtant à l'éclosion do la

tondrosso,on pont lo comprondroon lo rogrottant. Maisco qu'on no saurait admottro, c'est uno jouno fillose dis-

pensant do cos dovoirs qu'on aurait tort d'appolor los

petits dovoii\s,ot attendant los grandes occasions tou-

jours un pou rares. Ui;o bonne parlio do notro vio ost

composéodo petites choses et nous sommesheureux ournalhourouxsolon quo nous los possédonsou non.

Pour remplir cos petits dovoirs quotidiens, no faut-il

pas uno préoccupation habituelle d'autrui qui n'est pasBansmérite, uno succession do petitos victoires sur soi-

mémo, facilitées sansdouto par l'affection, mais qui novont pas sans luttes : touto victoire supposoun combat :Si l'on raconto dovant vous un actohéroïqito, lo dévouo-mont d'un homme qui a risqué sa vio pour sauver unovio humaine, vous voilà saisies d'enthousiasmo, émuosd'admiration ot vous avez bien raison. Mais si l'héroïsmoost sublimo,mémoquand il n'est dû qu'à l'impulsiond'un

instant, lo dovoirdo chaqueheure accomplisans relâche,avec conscience ot bonno graco, a bion sa boauté luiaussi. Qui sait s'il n'est pas plus facilo d'être héroïqueunofoisquo do bion fairo toujours? L'habitude intervient

heureusement, qui aplanit bien dos difficultés; c'estune force iinmonsoque l'habitude ; mottons-la du bon

côté, du cété du dovoir.Un jour viondra, mes enfants, où vous quitterez peut-

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L\ JEUNEFILLEDANSLAMAISONl'ATEHNELLE25

étro la maison patornollo, soit pour fondor uno famillo àvotro tour, soit parco quo vos occupations vous appelle-ront ailleurs ; vous no pourroz plus alors consacror àYOSparents tout votro temps ; lo but do vos efforts, dovotro travail aura changé. Mais vos dovoirs onvors vos

parents pour étro d'uno nutro nnturo, n'on subsisteront

pas moins. La déféronco, l'affection, lo dévouoment, leurseront toujours dus.

S'ils sont pauvros, vous auroz à rondro à lour vioillessoco qu'ils ont fait pour votro onfanco ; co sera là unodclto sacréo: la loi do notro pays on nssuro lo paiomont,s'il so trouvait dos enfants assoz dénaturés pour vou-loir s'on disponsor ; ollo oblige los oiifnuts, selon tours

moyens, à subvonir aux bosoins do leurs parents. Cettoloi doit bion raromont, ospérons-lo, avoir occasion d'étro

appliquéeCo qui so roncontro plus fréquemment, co sont les

bons, les charmants rapports ontro la famillod'origine etcolles qui en sont sorties. Les paronts, un peu fatiguésdo leur longuo tAcho,voient leur vio so continuer en leursonfants ; c'est par eux qu'ils s'intéressent à l'avenir ;c'est on leurs paronts quo los onfants aimont ot res-

pectent-lo passé. 11 n'ost plus question alors do pro-tection d'uno part, d'obéissanco do l'autro ; on n'a pluslion à so demander, on n'a plus qu'à s'aimer. Pourla jouno flllo dovonuo jouno fommo, c'est un doux mo-

mont, ot celui peut-étro où elle comprend lo mieux co

qu'cllo doit à sa môro, à la maison paternelle, si char-manto dans lo souvenir. Quo do bons sontimonts olloyaura puisés rien qu'en obéissant à co pouchaut naturel

qui fait aimer lo foyer !

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26 A NOSJEUNESFILLES

UNB UONNKMKUK.

Grélry, lo célèbrecompositeur,avait uno si haulo idéodol'importancedo la femmepour l'éducationdu caraclèroqu'ildécrivait une bonne mcrocommelo chef-d'oeuvredo la uu-luro. Kl il avait raison, car les bonnesmères, bien plus quoles pères, tendenta la rénovationpcrpéluellodo l'humanité,en créant commoelles le font l'almospuèromoralodu foyerdomestique,qui alimcnlo l'esprit do l'hommodo mémoquol'atmosphère physiquo alimcnlo son corps. Avecsa bonnohumeur, sa douceur, sa bonté, sous l'égidedo son intelli-gence, la femmopénèlro tous coux qui l'entourent d'unosensation do bicn-èlre, do contentementcl do paix égale-ment favorabloau développementdes natures les pluspureset les plus viriles. La plus humble demeure où règne unofommovertueuse,économe,gaie et propre,pcul devenirunasilo do confort,do vertu cl do bonheur; elle peut étro leIhéfllrodes relations do famillo les plus honorables; ellerappelleraà l'hommeles plus chers souvenirset sera pourson coeur un sancluairo, un refugecontre les orages do lavie, un doux lieu do roposaprès le travail; il y trouveraencoio sa consolationdans lo malheur,son orgueil dans laprospérité,sa joio en tout lomps.

SAMUELSMII.ES'.

' LeCaractère,traductiondo M"»»UcshotlicsdoUcaulicu.1 vol.,l'ion.Nourritcl O', éditeurs.

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LE FOÏEllDOMESTIQUE 27

IV

I.'ATTACHKMENTAU FOYERDOMESTIQUE.VÉNÉRATIONDRCERTAINSPEUPLESANCIENSPOURLEFOYER;L'iIOSPITA-UTÉ. L'AMOURDUFOYERESTUNEFORCEDANSLESDIFFI-CULTÉSDELAVIE.

Nous n'avons pas dans notro languo d'oxprossion quirondo parfaitement lo sons du mot anglais « homo » ;c'ost à la foislo foyor domestique, lo choz soi, la maison

paternollo, ot il 3'y ajoute oncoro quelquos idées acces-soires do sécurité, do paix, do tranquillo intimité. Do co

quo lo mot nous manquo, quelques-uns, — à l'étranger,— on ont conclu quo nous n'avons pas la chose Laisse-

rez-vous, mes onfants, s'accréditor, so perpétuer unoidéo aussi fausso, aussi injurieuse pour notro caractèro?

Diro qu'en Franco n'oxisto pas l'amour du foyor, ro-vient à accuser los fommos françaises do manquer do

charmo, do gràco, do tout co qui rond la famillo heu-reuso : co sont los fomrnesqui font lo foyor, aimable ou

non, selon co qu'ollos sont elles-mémos. — N'aurait-on

pas appolé détachomont du foyor des habitudes dues àun climat plus doux ot permettant do sortir do la maison

plus souvent quo dans los pays où, à co quo disent los

habitants, o il pleut quelquefois doschats et des chiens »?— Quoi qu'il on soit, quo nous aimions notro foyor plusou moins qu'ailleurs, nous y renonçons assurément avec

plus do peine, avec plus d'osprit do retour quo d'autres

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•28 A NOSJEUNESFILLES

peuples. Codoux pays do Franco no so quillo pas aisé-

mont, ot la maison n'est-ollo pas uno dos fortes attaches

«plinous liont au pays? Pout-êlro ost-co parco quo nouslo quittons moinsquo nous n'éprouvons pas si vivomontlo bosoin do lo chantor : quand on passo sa vio aux

antipodes, lo « doux homo M apparaît avec tant docharmos !1 Cet attachement aux lieux qu'on habito ost prosquoinstinctif : vous no quitterez pas uno chnmbrooù vousavez passé un pou do temps sans un vaguo sontimontdo

rogrot. Nous laissons quolquo chosodo nous-mémosauxlioux où nous vivons ; ils sont inséparables do notro viointimo; c'est là quo vivent coux qui nous sont chors ;nousy avons souffert, nous y avons été consolés; quodo foisy sommos-nousrovonus lassés, épuisés, et avons-nous rossonti dès lo seuil l'apaisomont qui on émnno, quiroposodo tout, dos fatiguoset dos plaisirs.

La sociabilité, l'agrément quo nous éprouvonsdans la

compagniodo nos semblables, so concilientfort bionavecl'amour du foyor; bion mieux, ils s'y rattachent. Notromaison nous semblera plus agréable si cllo attiro do

temps à autro nos amis, ot lo plaisir quo nous pouvonséprouvor à lour rondro visito no tient pas au bosoindosortir do chez nous. Vivro trop étroitomont, trop exclu-sivement dans la famillo,pourrait conduiro à so désinté-resser d'autrui ; notro vio serait fort incomplète si ollono s'étendait au-delà du foyer. Il ost la baso «lonotrovio mornlo; il formocomme los racines do l'arbro dontlos floursot los fruits s'étendent au-dessus.

Do tout tomps, un sentiment do respect s'est attachéau foyerdomostiquo.Lo fou qui y brûlait semblait auxanciens aussi saint que celui d'un tcmplo; il était con-sacré aux dieux protootours et gardions do la maison.Cetto maison devait êtro l'asile do la pureté et do labienveillance. L'hôlo qui s'y présentait était accueilli

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I.KFOYEllDOMESTIQUE 20

avec les égards dus à l'envoyé dos dioux; los dovoirs do

l'hospitalité étaiout do ceux auxquels los méchants soûls

pouvaiont manquer. Dans lo charmant poèmo, Philé-mon et Raucis, vous vous rappoloz. quo los diouxvouent à la destruction lo bourg où l'on no connaît

plus les lois do l'hospitalité.Los conditions do la vio modcrno ont modifié nos

idéos ot nos scntimonts sur co point. N">usn'avons plusà oxorcor Ihospitalité dans lo sons où . ontondaiont los

ancions, où l'ontondent oncoro aujourd'hui certaines

peuplades do l'Oriont. — Toutefois, nous avons tou-

jours à rondro notro maison ngréablo à ceux quo nous yconvions ; à do certains jours, on cortaincs occasions,l'on réunit sos amis ; s'ils n'omportont do vous, do votro

domeuro, uno impression agréablo, vous soroz onfauto;los bonnes intentions no suffisent pas plus là quo surd'autros points : il faut réussir; vos amis doivent avoir

plaisir à so trouver chez vous, plaisir à y rovenir.Or, on a plaisir à so trouver dans un intériour har-

monieux, où règno la concordo et la paix. Si vous pou-vez offrir à vos amis cetto doucour-là, ils seront, n'ondoutez pas, fort accommodants sur l'éléganco du mo-bilier ou la finosso do la chèro. Mais cotto sorto do

régal no so préparo pas commoun ropas, mémo do gala,co n'ost pas un jour, c'est touto la vio qu'il y faut. Si lamôro do famillo, si ses filles sont occupées d'habitudo dubion, du plaisir dos autres; si lour humour douco rendleurs visages souriants, si l'on ost sûr do trouvor auprèsd'elles consolation dans la poino, sympathio dans lajoio,leur maison sera aiméo, charmanto, rayonnante, pourtous. Pour los membres do la famillo mémo, aucuno

splondour no vaudra jamais la chaleur do co nid, rienno lo fera oublier. Un écrivain distingué J. do Maistre,à l'Ago do cinquanto ot un ans, écrivait à un do sosfrères : « A six cents liouos do distance, les souvenirs

2.

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30 A NOSJEUNESFILLES

do l'onfanco, los idéos do famillo mo ravissont do tris-tesse, .lo vois ma môro qui so promèno dans ma chambroavco sa flguro sainto, ot on t'écrivant ceci, jo pleurocommoun enfant. »

La môro incarno lo foyor; c'ost ollo qu'on voit toutd'abord quand la ponséo rotourno où fut notro berceau ;son influoncodouco ot pénétrante so retrouvo dans touto

vie, surtout dans la vio do ceux quo leur mérito met au-dossus dos autres. Beaucoupd'hommosillustros ont ren-du co témoignage à lour môro.

Voici co quo Micholotécrivait do la sionno : « Jo l'ai

porduoil y a tronto ans (j'étais enfant alors) ot copondantollo vit toujours dans mon souvonir ot mo suit d'annéoon année.

» Kiloa souffortavoc moi dans ma pauvreté, il no lui a

pas été permis do partager ma moillourofortune. Quand

j'étais jouno, jo lui faisais do la pcino, ot maintenant

jo no poux plus la consoler. Jo no sais mémopas où re-

posent sos restes; j'étais alors trop pauvre pour acheterle terrain nécessaire à sa tombo.

» VApourtant, jo lui dois beaucoup. Jo sons profon-dément quojo suis lo fils d'uno fommo. A chaquo instantdans mos pensées otdans mes paroles (pour no rion dirodo mes traits et do mos gostos),jo retrouvo ma mère onmoi. C'ost lo sang do ma môro qui mo donno la sympa-thio quoj'éprouvo pour los temps passésot lo tendre sou-vonir do tous ceux qui no sont plus.

» Quo pourrais-jo donc lui offrir, moi qui avanco déjàvers la vieillesse, pour tout co quojo lui dois? Uno seulochose, dont elle m'oût remercié, cetto protostation on fa-veur des femmeset dos môros. »

C'est aussi uno protestation on faveur du foyor domos-tiquo : c'ost là qu'elles régnent, los femmes et los mères.

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LEFOYERDOMESTIQUE 31

LA TBRRKNAÏALÎÎ.

J'ol vu (lescicuxd'azur, où la nuit est sans voiles,Dorésjusqu'aumatinsous les piedsdes étoilesArrondirsur monfront dans leur arc infiniLourddmodo cristalqu'aucun ventn'a terni.J'ai vu des montsvoilesdo citronscl d'olivesRéfléchirdans les Ilots leursombresfugitivesEl dans leurs fraisvallons,au souffledu zéphyr,Uerccrsur l'épimûr locepprôta mûrir;Sur des bordsoù les mers ont à peinoun murmuroJ'ai vu des flotsbrillants l'oudulousoceintureSaisircl relâcherdans l'azur de ses plisDoleurs capsdentelés les contoursarrondis,S'étendredans logolfeon nappesdo lumièro,Blanchirl'émcil fumantdogerbesdo poussière,Porter dans lo lointaind'un occidentvermeilDesliesqui semblaientlo lit d'or du soleil.

J'ai visitécesbordscl «.odivin usiloQu'achoisispourdormirl'ombrodu doux Virgilo,Ceschampsquo la Sybilloa ses yeux déroula,El Cumo,el l'Elysée: et moncoeurn'est pas 15.

Maisil est sur la terrounomontagnearidoQui no portoen ses flancsni bois, ni flot limpidoDontpar l'effortdes ans l'humblesommetminéEt sous son propre poidsjour par jour ir.clino'Dépouillédoson sol fuyantdans les ravinesGardoà peine un buis sec qui montreses racinesEt so couvrepartout do rocsprêts à croulerQuosous son piedlogerlo chevreaufuitrouler,Ces débrispar leur chute, ont forméd'ugoen agoUn coteauqui décroît,et d'élagoen élage,Porte, à l'abri desmursdont ils sontétayés,Quelquesavareschampsdo vossueurspayés.

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32 A NOSJEUNESFILLES

Hicnn'y consolol'oeildosa prisonstérile,Ni les dômesdorés d'uno superboville,Nilo cheminpoudreux,ni lo fleuvelointain,Niles toits blanchissantsaux clartés du matin.Seulementrépandusdo dhlanco en distance,Dosauvagesabrisqu'habitol'indigence,Lolongd'étroits sentiersen désordresemésMontrentleur toit do chaumeet leurs murs enfumésOù le vieillard,assis au seuildo sa demeure,Dansson berceaudojoncendort l'enfant qui plcuro.Enfinun solsans ombre,et des cieux sans couleurEt dosvallonssans ondol—El c'csl la qu'est moncoeur.

LAMARTINE'.

V

OBÉISSANCEENVERSLESPARENTS.QUELLEDOITÊTRESANATURE.E(iARDSDUSAUXPARENTSTOUTELAVIE.CEQUEREPRÉSENTEDEHKAUETDKGRANDUNEVIED'HONO-RABLETRAVAIL.

Dans la famillod'autrefois on demandait surtout auxonfants d'obéir ; dans colle d'aujourd'hui on lour do-mando avant tout d'aimer. Cherchons, mes enfants, s'il

n'y a pas moyen do concilier cos doux esprits un pouopposés, et d'apprendre à obéir parce qu'on aimo.

11so répand sur notro jeunesse toutes sortes do bruits

* Hachetteet C1',éditeurs.

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IihVOIIlSKNVKIISLESl'ADENTS 33

fâcheux ; la trop grando tondrossodos parents a, dit-on,donné aux enfants uno placo disproportionnée dans lamaison; ils on abusont, vivont do pair à compagnonavec coiix qui ont mission do les dirigor, pronnent lohaut du pavé, tout lo pavé, no reconnaissent aucuno

supériorité, n'en croient qu'eux-mêmes sur toutes chososot so jottont à tort et à travors dans la vio sans on con-naître los voies ni los difficultés. Kspérons qu'il y a

quolquo oxagératioh dans co tableau un peu noir ; ilserait attristant do voir los enfants oublier ainsi lesdovoirs imposés par cot amour dos paronts qui l'ait lui-mémo trop bon marché do sosdroits.

Vous,mes onfants, qui êtes on général moinsdisposéesquo vos frères à prondro voscoudées franches, plus habi-tuéos à étro guidées, un pou do réiloxion vous fera aisé-ment COL^rendrocomment et pourquoi vous devez l'o-béissanceà vos paronts. Leur missionost dovousélover ;leur premier dovoir, commo leur plus grand souci, dovous préparer pour uno vio utilo, heureuse. Pourraiont-ils y réussir si vous opposiez votro inorlio, ou unovolonté ignornnto ot bornéo, à lour volonté éclairéo

d'oxpériouco? Si lo nombre des années n'impliquo pastoujours la sagesse consomméo,qui a longtemps vécu a

beaucoup vu et entendu. Son jugomont s'est fortifié,mûri, tandis quo l'emportement, la vivacité d'impres-sions do la jounossosont uno fréquente cause do troubloet d'erreurs. Autant quo vous-mêmes, vos parents dési-rent votre bien ; ils lo voiont mieux quo vous. C'cf,t laraison quiparlo par leur bouche: sachez-luigré do pren-dre cetto figure sympathique au début de votro vio ; ollon'aura pas toujours un aspect si agréable

L'autorité des paronts, conséquenconaturelle do leursdovoirs ot do leur responsabilité, est si peu discutablo,qu'ello ost consacrée par la loi. Jusqu'à l'Agedo vingtet un ans, aucuno décisionimportante no peut étro prisa

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31 ANOSJEUNESFILLES

dans votre vio sans l'assentiment de vos parents. L'Agedola majoritédonneaux enfants la libredirootiond'eux-

mêmes, mais les dovoirsdo fils et do fillesn'en subsis-tent pas moinstout entiers.

Là so trouve quelquefoisun passage difficileà traver-ser : longtemps la mère a eu l'habitudo de diriger,d'être écoutée, non pas toujours sans réplique; elle-même n'aurait pas voulu d'uno soumission passive;mais enfin c'ost elle qui décidait en dernier ressort.Voicivenir le momentoù la jeune fillevoudra décider,elle aussi, et ce sera parfois dans un sens différent.Comment concilier lo droit do sa mère et son droit à

elle-même,non moinslégitime,de se créer unovio per-sonnelle?Un seul moyen, toujours lo même, peut ré-soudre la difficulté: l'affectueuxrespect, né de la ten-

dresse, et qui sait obtenir dol'amourde la mère ce qu'onavait le droit d no pas demander.

Il serait par trop injuste et cruel, au moment où la

jeune flllocessed'être l'élève de sa mère, pour devenirsa compagne,qu'ellela privât do goûter les fruits dutra-vail de touto unovio. Si à ce momentlà des malenten-dus ou d'autres causes amènent dos rapports pénibles,dangereux pour l'harmonie do la famille,quellequosoitl'attitude do la mère, la flllone doit pas oublierqu'ellesnesont pas toutes deux sur un pied d'égalité ; les droitsdola mère à toutodéférencene peuvent être déniés.

On est attristé en pensant au bonheur qui se perdainsi, faute de comprendre, do savoir faire quelquessacrifices qui no devraient même pas coûter, et grAceauxquels la flllo restera co qu'elle doit être, la joie deses parents. Vous savez bienquochez eux seuls se trou-vera toujours cette sourco de tendresse qui pour vousno s'épuiserajamais, quoiqu'il arrive.

Cette sécurité dans l'affectionfait la force et la dou-ceur des liens de famillo.

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DEVONSENVERSLESPARENTS 35

Vousen trouverezd'autres. L'amitié entre personnesdu même Ageest un des biens de la vio; mais tant docirconstancesviennent la modifier, la troubler, en em-

pêcherl'expression! On a commencéla vio ensemble,onla continue aux deux pôles opposés; les intérêts sont

différents, quelquefoiscontraires; les séparations s'im-

posent; on croit être sûr du coeurde son ami; on ne peutl'être mémode sonpropre coeur.Si les amitiéspremièresne s'effacentpas, si elles demeurent au fond de nous,tant d'autres préoccupationsremplissentnos heures, quoces tendresses anciennes s'engourdissent un peu. Danslés familles, tout concourt à resserrer l'affection. Les

parents n'aimeront jamais avec froideur ceux à qui ilsont donné le meilleurde leur Ame,ceux pour qui ils ontlutté, souffert,heureux de leur avoir préparé des joursplus heureux,jouissant par avance d'un bonheur dontils ne demandentquocette jouissanceanticipée.

Mesarrière-neveuxmodevrontcet ombrageHébien, défendez-vousau sageDose donnerdessoinspour loplaisird'autrul.

Jamais ils ne laisseront rien s'interposerentre eux etceux qui lour inspirentces sentiments; leur tendresse lessuivra partout, touto la vie, leur demandant seulementen retour d'être heureux, d'étro bons.

Leur vie bienfaisante rayonnera longtemps, mémo

après eux. La considérationqui los entoure, en même

tempsqu'ellese reflète sur la famillo,devient la sauve-

garde do ses membres. Qui, parmi les moinsbons, nereculera d'abord à l'idéo do souillerun nomhonorable?Cetto partie de l'héritage est la plus sûre, commela plusprécieuse; lo grand prix qu'on y attache fait com-

prendre pourquoinous vénérons les bellesvieillesses.Co

quonoushonoronsen elles, c'est tout ce qu'ellesrepré-sentent : les luttes, les souffrances, les sacrifices, les

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36 ANUSJEUNESFILLES

déceptionsnonméritées, l'effort sans ccssorenouvelé,lobien semé partout, à travers co long chemin parfoissidur. Quandilssont à nous, ceux dont la vio s'est dérou-lée ainsi, utile, pure, honorée, nous n'ajouteronsjamaisassez d'amourà notrorespect pour acquitter notrodette,à moins do devenir dignesdo co quo nous avons reçu,do lo rendreà d'autres, autant qu'il est on notropouvoir.

Dansles iïnlreticnsmémorables,nousvoyons Socratofaisant comprendreà son filsco qui est dû à uno mère,mémo quand ollo ost injuste, dure et déraisonnable,commel'était la fommodu grand philosopho:

Personne,dit le fils,ne peut supporterles violencesdema mère,cl ello mo dit des chosestelles que j'aimeraismieuxmourirquodomelesentendrerépéter.—« Voyons,dit Socralc,ne cherches-tupas volontiersà plaire à tonvoisin,afinqu'il le donnedu feuau besoin,ouqu'il vienne5 Ion aideen casd'accident!—Oui, certes.—Ecrt bien.'Crois-l-iqu'il soit indifférentquand on est en voyageouqu'onfaitune traversée,d'uvoirdes compognonsde rouloqui soientamis ou ennemis?—11vaul mieuxqu'ils voussoientamis.—Ainsilu feras tonpossiblepourplaireà tongénérala l'armée,a ton voisindans la ville,à ton compo-gnonen voyage.C'est ta mère seule, qui pourtantt'aimobienplusque lousceuxquo jo viensde nommer,à qui tune veuxnicomplaireni obéir.—Si tu m'encrois,monfils,nousironsde ce pasprier les dieuxdo lopardonnerd'uvoiroubliéle respectque lu doisu lu mère,afin qu'ilsno lo re-gardentpasomme un ingratcl qu'ils no to déshéritentpasdoleursbienfaits.

XÉNOPIION'.

• H,itretientmfmoraUti.Traductionde E. TutLot.HachetteetC", éditeurs.

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DEVOIRSFRATERNELS 37

VI

DEVOIRSFRATERNELS;DEVOIRSPLUSSPÉCIAUXDEL'AÎNÉE.EGARDSETPOLITESSERÉCIPROQUES;NEPASLESRÉSER-VERSEULEMENTPOURLEDEHORS.

Mos enfants, la famillonous offretoutes les formesdo

l'affection,do quoi salUfairo tous les besoins du coeur.Losfrères, los soeurs sont, comme ou l'a dit, dos amisdonnéspar la naturo ; quandon nousoxhortoà étro bons

pourtous les hommes,on nous dit do los regarder commodosfrères. Il ost tout naturel, oneffet,d'aimer sesfrères,ses soeurs.Ils ont grandi avecnous, ils portent lo mémo

nom, ils partagont notro vio pondantdo longuesannées.Nos paronts los aiment au mémotitro quo nous: notrodévouementpour nos frères, nossoeursost unopartio donotro dovoir envers notro pèroot notro môro, à qui nous

prouvonsnotro tondre<soen aimant ceux qu'ils aiment,on los remplaçant auprès d'oux, au besoin.

Los aînés font l'apprentissagedo la vio on partageantavec les parents los soins à donner aux plus jeunes; la

potitoavance qu'ils ont sur ceux-ci leur permet do lesaider dans lour travail, d'étro leur conseil dans les me-nues difficultésdo la viodol'enfant. Unosoeuraînéepeutbeaucoupsur l'esprit, par conséquentsur lo caractôro otl'avonir do sos frères ot soeurs.Plus près d'ouxpar l'Agoot los circonstances, cllo comprend quelquefoismieux

quo la môro cllc-mèmoles défauts à modifier; sos con-

I

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38 A NOSJEUNESFILLES

scilsont chanced'être mieuxécoutésparcequ'ils parais-sent plus désintéressés.L'enfantpense,sans mémo biens'en rendre compte, quoc'ost un pou lo métier des pa-rents dogronder,do reprendre; venu d'une égale, l'avissera mieuxreçu.

A une cnndifioiipourtant,c'est,qu'il soit donné avecdouceur,sans prétentionsà. la supériorité, à la domina-lion. Sinon, reniant 110verra quola hauteurblessante,et repoussera lo conseilutile; il déclarera quo sa su'iirainéo « n'est pas plus quo lui », qu'il n'a pas à tenir

comptedeco qu'elledit. Il lui en voudra d'avoir usurpéune placo(plin'est pas à elleet oubliél'égalité qu'il sait

déjà très bien invoquer,quoiqu'illa comprennefort mal.Lo résultat sera mauvaiso humeur, mauvais vouloir

dotouscôtés: lobionquipouvaitétro l'aitno se fera pas.Il no so fora pas parco que les meilleuresintentions

du monde n'aboutissent à rien quand elles no sont pasexprimées,réalisées sousla formequi convient. Retenezbionco point, mes enlants; il est capitalpour vous : latendresse lo dévouementmémosont insuffisantsà assu-rer lobonheurd'uno famillo,si les rapports habituelsymanquentd'agrément.« Comment,disait-onà unedamo,n'avez-vouspas plus d'attachementet do reconnaissanceà un tel ? Il se jetterait à l'eau pourvousV— Oui, ré-

pondait-elle,mais je ne nie noiojamais, et il m'ennuietoujours'. » Sejeter a l'eau pour les gensest fort bien,mais l'occasionen ost rnio en effet,et celle do les on-

nuyorexcessivementfréquente dans la vio en commun.Quo do personnes aimableset gracieuses au dehors

changentdoton et do figureà la maison1

Nos voisins les appellent d'un nom bion caractéris-

tique : angesdans ht rue, diablesà la maison.

Or, c'est à la maisonquovous devezvivre, quo vous

1AlphonseKurr.

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DEVOIRSFRATERNELS 39

vivez. Vousen rendrez lo séjour insupportable si vousvous dispensezdo la politesseot des égaids dans la vio

quotidienne No gardez pas votro attachement et votrodévouement comnioun lingot mis en réserve pour los

grandes occasionstoujoursexceptionnelles; dépensez-lesen niciiuomonnaie d'attentions habituelles; lo fondsne

s'épuisera pas : l'affectionest commola lumière : ollo

augmentoon so répandant.La mcillcuro prouve d'attachement aux siens quo

puisseoll'rir unojouno fille, c'est do toujoursso montreravec eux, attentive, agréable, bonne, do so maitrisorassez pour quo personne n'ait à souffrirdes variationsde son humeur. Notro humeur à tous est variable,comme la vio clle-méino; mais quolqucs-unssont assezforts ou assez bons pour renfermer leurs agitations oneux-mêmes ; ils ont tout Jocharme des natures égalesqui attirent et reposent, tandis quo rien nochoquoot no

repousse commo ces personnes passant sans cesse durose au noir ot que l'on quitte sans savoirjamais com-ment on les retrouvera.

Il est certain (pie les inégalités do la santé, toutessortes do circonstancesamènent dans la viodesmomentsfort pénibles, fort tristes. Mais la tristesse n'est pas lamauvaisehumeur; c'ost là justement la différenceentroles naturels ainiahhs et les autres ; les premierssontattristés, les seconds irrités et aigris par les difficultésdo l'existence l.a tristesse n'éveille chez autrui quo lesbons sentiments : la sympathie, la pitié. L'aigreur etl'amertumefatiguent et rebutent ; co sont ellesqui nour-rissent la mauvaise humeur, la grando ennemie desfemmes,à co quo l'on prétend ; à coupsûr lofléaudo lavie de f.niiile.

Fuyez-la si vousno voulezpas dovonirun dcsétrosles

plus repoussants do la création I uno femmoacariâtrerit co n'est pas seulementvotro caractère qui sorait en

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40 A NOSJEUNESFILLES

danger ; los sontimonts habituels finissent par sculpterles physionomies ot la figure no tarde pas à traduire, àtrahir l'être intimo ; aucune beauté n'y résiste ; co qui yrésiste moins .oncoro, c'est le bonheur domestique:l'acrimonie des caractères dissout la vio do famille,commoun acido le métal.

C'est donc dans la vio do chaque jour qu'il ost lo

plus nécossairodo garder la douceur, la patienco, l'éga-lité d'humour. L'affectionvous y aido ; ollono suffit pascependant à rendre la tâche très facile. Fairo bon visagoà qui l'on voit rarement, avec qui l'on à peu do chosoon communot se procurer ainsi un renom d'affabilité à

peu do frais : rion do plus aisé ; mais éviter los heurtsdans l'espace restreint do l'intérieur, so montrer conci-liant ot doux chaquo jour et on tout, sup| oso non do

l'indifférence,mais unogrando énergie unie à uno grandobonté. Ceux qui eu sont doués possèdent lo secret dubonheur : Dienhcurcuxles doux, lo royaume do la terroost à oux I Kt cela est justice, car ils allègent la vio otnousapprennont à on porter lo poids en souriant.

Un autre écuoil dans les relations do famillo,plusrare heureusement, qu'il faut signaler pourtant, c'ost la

jalousie. Dos frères, dos sieurs, nés et élevés dans losmêmes conditions, sont cependant fort dissemblables:leur santé, leurs facultés, leurs aptitudes peuvent varier

beaucoup; do là des différencesdans leur vie, dans la

façon d'ôtro avec eux. Un enfant naît délicat, chétif;sa môro veillera sur lui avec plus do soin, dos soins

plus tendres ; n'en a-t-il pas bosoin1 un autro montrera

pour les étudos des dispositionsremarquables servies parun travail persévérant ot consciencieux; lo traitora-t-oncommo celui qu'il faut gourniandor sans cesse pour onobtenir lo moindreell'ut? C'ost ici quo l'égalité dans lotraitomont serait l'injustice. Hotrouver lésé do co qu'unautro récolto co qu'il a semé, sorait so montrer aussi

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DEVOIRSFRATERNELS 41

déraisonnable ot aussi sottement égoïstoquo si l'on ja-lousait, étant robusto, les soins donnésà uno santé déli-cate 11existo pourtant dos enfants convaincusquo leurs

parents ou louis maîtres ont des préférencespour toi outel d'entre eux. Ils no voient pas quocoquo l'on préfère,c'est un bon travail à un mauvais, l'obligeance à l'c-

goïsmo, la bonne gràco à la rudesse des manières, etsans fairo do retour sur eux-mêmes, sans chercher à

acquérir co qui leur nianquo, ils s'en prennent à ceuxdont los belles qualités mettent on lumièroleurs défauts.

Cette dispositionest raro ; maisolloost si dangorousoquo lo gernio lo plus léger doit en être combattu avec

énergie; elle suppose un amour do soi-mémo qui sodoublerait aisément do la haino d'autrui ; c'est la mé-chanceté proprementdite, le sentimentdo « cos animauxmalfaisants » qui no so contentent pas do chercher« leur bien premièrement », mais qui veulent do plus lomal d'autrui.

Dans la vio do famillo lo remède au fléau so trouve àcoté du mal. lin général, les enfants no peuvont douterréellement do rattachement do leurs parents; si parmieux, les uns occupent uno placosupérieure aux autres,ceux-ci finiront bien par en comprendre les raisons etn'accuseront pas longtemps leurs patents d'injustice. Iln'est pas inutile d'apprendre dès les premières années

qu'il y a des différences,mémoonlro ceux quo le.s cir-constances rapprochent lo plus. Si ces différencesvouschoquent, un moyen s'offre à vous pour les fairo dispa-raître : imiter ceux qui font bien, fairoaussi bien qu'eux;c'ost ainsi que celle mauvaise herbo do la jalousiopourra devenir un ferment d'émulation, puis disparaîtretout à fait, n'ayant plus do quoi s'e\orcor.

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\2 ANOSJEUNESFILLES

DEUXSOEUUS.

iïllce'tait pAloet pourtantrosel'élite, avecde grandscheveux,lillc disaitsouvent: « Je n'ose»,Klne disaitjamais: « Je veux».

Lesoirelleprenaitma ltiblo,Poury faireépetersa soeur.VAcommeunolampepaisibleMlleéclairaitce jeune coeur.

Sur le livresaint quoj'admireLeursyeux pursvenaientse fixer.Livreoù l'un"apprenaità lire,Oùl'aulro apprenaità penser.

Sur l'enfantqui n'eût pas lu seuleIillcpenchaitsonfrontcharmant.Kll'on aurait dit unoaïeuleTantelleparlaitdoucement!

Kilolui disait : « Soisbiensagol »Sansjamaisnommerle démon.Leursmainserraientde pageen pago,Sur Moïsoet sur Sulomon.

Sur Cyrusqui vinl de luPerse,Sur MOIOL'IIcl Léviulhan,Sur l'enferqueJésus traverse,Surl'Iùlcnoù rampeSatan.

MoljVcouluis..• 0 joie immensoDovoirlu soeurprésde la sieur,Mesyeux s'enivraienten silenceDocette iuell'ubledouceur.

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DEVOIRSFRATERNELS 43

Kldans la chambrehumbleet déserteOù nous sentions cachc'stous trois,Entrer par les fenêtresouvertesLessoufflesdesnuits cl des bois.

Tandisque dans le lexlc augusteLeurscoeurslisantavec ferveur,Puisaientle beau, le vrai, lojuste,Il me semblait,à moi, rêveur,

Entendrechanter des louangesAutourde nouscommeau saint lieuEl voirsous lesdoigtsde ces angesTressaillirle livrede Dieu.

VICTORHuao.

LE DROITD'AINESSE.

Te voilà fort et grandgarçon,Tu vas entrer dans ta jeunesse,Reçoisma dernièreleçon,Apprendsquelest Iondroit d'aînesse.

Pourle connaîtreen sa rigueurTu n'as pasbesoind'un gros livre;Ce droit est écrit dans ton coeur ..Toncoeur1c'est laloiqu'il faut suivre.

Ainsique monpferol'a fait,Un brave aine «lenotre luce,Se montre lieret satisfaitEn prenant luplusdure place.

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U A NO.-'JEUNESFILLES

Alui le travail, le danger,Lalutte avecle sortcontraire;A lui l'orgueildo protégerLagraudesoeur,!epetitfrère.

Sonépargneest le fondscommunOùpuiseronttousceux qui l'aiment.Il accroîtla part de chacunDo loul ce qu'il s'éloà lui-môme.

Il voit, au prix de sesefforts,Suivantles tracespaternelles,Tous les frèressavantsel foils,Toutesles soeurssageset belles.

C'estlui qui, danschaquesaison,Pourvoyeurde toutesles fêtes,Fiiilabonderdansla maisonLesHeurs,les livresdes poètes.

Il travailleenfin,nuil el jourQu'importe!les autresjouissent.N'esl-ilpus le père,a son lourS'il vieillit,les autres grandissent.

AinsiquandDieume reprendra,Tu sais, dansnotrehumblehéritage,Tu suis le lot qui l'écherra,El qui le tevienlsans partage.

Noscherspetitsserontheureux,Maisil fautqu'en toije renaisse.Veiller,lutter, souffrirpoureux...Voilà,monlils, Iondroitd'aînesse.

VlCTOH1>KLAt'UADK'.

1Lviuurrc,cdilcur.

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DEVOIRSDEl'ARKNTK 45

\il

DicvomsKNVKnsLKSMBMirons m: LAKAMILLK.LA SOLI-DAltlTK.I.K NOM.ItOl.KUKLAJKIJSKl'ILLKDANSLUSHKLATIONS»Kl'AMILLK; .SADUUCKUKl'KUTAI'ALSKHUKSHANCUNKS,ÉVITtillUKSQUEUKLL1CS,TKKMINKHDKSlilfl'É-RKNDS.

Mosonfants, co (pio vous devezà vos parents no soborno pas à leur personne, ni à vosfrères et soeurs: pourl'amour d'eux, tous ceux à qui vous lie la parenté, de-

puis les aïeuls jusqu'aux petits-cousins,ont droit do votro

part à des égards particuliers. Les membres do la fa-millo,ainsi étendue, no portent pas le mémonom ; maisla communautéd'origine, les alliances créent entro euxdos liens et desdevoirs, (ju'un membredo la famillos'é-

lève, qu'il acquière distinction, émiiiencodans lo mondo,ses parents s'en sentiront tous honorés. &L'amitié d'un

grand homme est un bienfait des dieux »; sa parentén'est pas moinsdésirable Do mémoquo nous avons partà l'honneur dos nôtres, la honto do l'un do nous nousest

particulièrement sensible; si innocents quo nous on

soyons, ollo nous catiso uno véritablo humiliation. Carnotro vio n'est pas concentrée on nous seuls; ollo est

agrandie par los sontimontsquinousattachent aux autres

étros, à nos proches d'abord, aux hommeson général ;par oux nous pouvons éprouver grandos peines et

grandes joies.

I.

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4G A NOSJEUNESFILLES

Il dépenddo nous, on co qui concernenos proches,dodiminuer ces peines, d'augmenter cos joies. Si chaquefamilloavait à coeurla prospéritédo ses membres; si, àdéfautdocompassion,onéprouvait do la honteà voir undos siensdans le dénuement, que do maux, quodo souf-frances so trouveraient évités! L'insuccès dans co (piel'on entreprend, la pauvreté qui s'en suit, est une des

grandescausesdu mal qui affligetant d'étros humains.Onaurait pu souventy remédiersans:grands sacrifices:une aide venuoà propos aurait plus d'uno fois retenu àla surfaceceux qui ont sombré. Aujourd'hui, quo l'onvoit so former tant d'associationsutiles, do sociétés do.secoursmutuels,pourquoino .s'établirait-il dans les fa-millesdes caissesdo secours auxquelles contribueraienttous les membresdans la mesure do leurs inoyons, et

qui, en cas dobesoin, assureraient l'aido nécessairesans

imposer l'obligation si dure do tondre la main? Cettocaisse serait un patrimoinedo famille; commechacunycontribuerait, personnenoserait avili d'y puiser.

Des associationsdo co genro auraient do bons effets;ellesfortifieraienten nouslo sentiment do la famille,undes plusréconfortantset des plus sains.; ellesnousren-draient l'ellort plus facile, parce quo nous nous senti-rions plussoutenus,moins isolés, ot nous retrouverions

plus d'énergie pour roprendro la lutte, mémoaprès unéchec.

Sij'appellovotre attention, mes enfants, sur l'impor-tance d'une institution do co genre, les grands services

qu'ellerendrait, la facilité relative avec laquelleon l'éta-blirait, c'est quo jo crois quo vous y pourriez quelquechose un jour. Les fouîmes, les jeunes filles mémo nosont pas sans influencedans les familles; vous le savez.Kilosont donclodevoir d'employercette inlluencoutilo-niont. Noserait-il pas beau de les voir aider à assurer

plus d'aisance,do sécuritéautour d'elles! Si dès à pré-

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DEVOIRSDEPARENTE 41

sont cetto idée vous sourit, qui sait si un jour vous n'ar-riverez pas à la réaliser?

Uneautro tàcho vous appartient tout onlièro ; c'est domainterir la concorde trop souvent troublée. Parce qu'onattend davantage do sos paronts, on so contente Abeau-

coup moins; la communautéd'origine avec la différencedossituations amène des froissemonts,des rancunes, desdifficultésfréquentes. Lorcmèdoserait uno bienveillance

réciproque : elle est parfois endormie; il est difficile àdes personnesqui so croient lésées d'apporter toujoursdans les rapports l'aménité, l'esprit do conciliation quiapaisent. Los jeunes filles, les enfants, no semblent-ils

pa»slà pour unir, pour adoucir ? Hien no leur enlève àeux cotto paix, cetto tranquillité qui manquont auxhommes.

EnfantsI chaquematin votreOrneavec amourS'ouvrea la joioainsi que la fenêtreau jour.Beaumiraclevraimentque l'enfant,gai sans cesso,Ayantloul le bonheur,ait toute la sagesse!Le destinvouscaresse en ses commencements;Vousn'avezqu'à jouer el vousêtes charmants.Maisnous,nousqui pensons,nousqui vivons,noussommesHargneux,tristes, muuvuis,o mes chers pcl'ilshommes!Onu sesjours d'humeur, de déraison,d'ennui.

VICTORHuoo.

Vous, mes enfants, seriez sans oxcusos do los avoir.Lajouno fille donno un sentiment agréablo par sa seule

présence « Sa bienvenuo au jour lui rit dans tous lo>

yeux. » Il lui sera facile d'oxoiver l'action bienfaisante

quola nature lui a réservée ltendro la maison aimableà

touscouxquiy vionnont, s'occuper des parentes Agées,dût son propre plaisir on soullïir un pou, c'ost sa tAcho.Kilodoit étro l'attrait, lo charmo dosréunions do famille11no faut pas qu'uuo timidité hors do propos la retienuo

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48 A NOSJEUNESFILLES

dans un coin, gauclioot commoétrangère à co qui so

passeautour d'elle ; cetto sortode timidité qui paralyseet glace, cetto gêne contagieuseest un sontimontdéplai-sant ot qui, du reste, no supportepas un oxamon appro-fondi; on y regardant bien, on trouverait uno grossopart do vanité mélangée à la défiance do soi-même ;uno enfant qui noprétend à rien chercherasimplementàétro ngréabloaux autres et y réussira.

L'esprit do famillo est une forceprécieusequ'il fautentretenir et développer pour sos bienfaisants offets.Mais, commoles meilleureschoses, il peut être poussétrop loin et dévientpernicieuxs'il n'est réglé parla rai-son et la justice. Lo dévouomentaux siens, à louravan-cement dans lomondene doit pas aller jusqu'à l'oubli dosdroits d'autrui, faire préférer la parenté au mériteQu'un emploi, petit ou grand, recherché par plusieursconcurrents, soit donné pour des raisons do famillesans autres considérations, la justice est blessée. L'in-justice commiseaura lodoubleeffetde léser unepersonne,dommageparticulier, et de compromettreune besogneàfairo, dommage général. L'attachement aux siens ne

dispense pas d'être juste. Il ne dispensepas davantagede s'intéresser à ses semblablesen général, do les aider,au besoin, do leur fairolobien qu'on peut. Trop souventl'attachement réciproquedesmembresdo la famillon'estqu'un égoïsmoà plusieurs. Cetto tendresse pour quel-ques-unsexclut tousles autres, et pourvuque le nid soitdouxet bien clos,on s'inquiôtopeu doco qui so passe audehors. Los contrariétés les plus minimes semblent descalamitésquand il s'agit dosoi ot des siens ; los calami-tés qui frappent autrui sont aisées à porter. On en ar-riverait ainsi à laisser s'atrophier le sentiment des de-voirs les plus impérieux; tout serait subordonné àl'amour des siens; charité, patrie, fraternié, semble-raient encore de fort belles chosesà admirer, à aimer

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• DEVOIRSDEPARENTE 13

un peu vaguement, quand les préoccupations do familloon laisseraient le loisir.

Dans un dos romans do G. Idiot, so trouve un por-sonnago, d'ailleurs sympathiquo ot boa, qui a voué unohaine mortelle à toutes les femmes, et on particulier auxmères. 11prétond qu'on elles rien ne subsiste plus que latendresse pour lours rejetons ; u Tout, dit-il, s'est

changé on lait. » Certes co grincheux prête à rire ot sossatires n'enlèvent rien à la beauté, au charme dol'amour dos mères. Mais il ost juste do reconnaître queco sentiment no doit pas ab.dir tous les autres. La vied'un étro humain est chose complexe. Des dovoirs diffé-rents nous réclament; nous avons do quoi y sufffro. Sicortaines obligations morales se confondent presque aveodes penchants naturels, il en ost d'autres auxquellesnous nous devons. Que dos parents aiment leurs enfants,quo dos enfants aiment leurs parents, que leur vie soconforme à cette affection, ils sentent et agissent pourleur bonheur personnel. Rien déplus légitime, à condi-tion toutefois quo leur tendresse n'ait pas pour reversl'indifférence au reste du genre humain.

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50 ANOSJEUNESFILLES

VIII

LAVIKSOCIALE.ELLECOMMENCEA L'ÉCOLE.L'KNKANTY

KST,COMMKDANSLAVIK,ENRAL'L'ORTAVKGDKSSUPÉ-RIEURSKTDESÉGAUX.DEVOIRSKNVKHSLKSMAÎTRES.SENTIMENTSDURESI'EGT,DEL'ADMIRATION.

Votro programme d'études, mes onfants, ne contient

pas tous los ensoignomontsquo vous offro l'écolo. Kilo

préparo à la vioparco qu'olloost un champd'oxpérioncesà former los caractères. Los mêmes qualités qui fontréussir plus tard donnent lo succèsà l'écolo,

Qu'est-ce quoréussir à l'écolo? Co n'est pas seulementêtre forto, commo on dit, on plusieurs branches oumême on toutes ; c'est mériter, obtenir l'estime otl'attachement dos maîtresses ot dos compagnes; c'ost so

comporter do façonà rendre los années d'études agréa-bles et douces, à laisser do soi do bons souvenirs auxautres. Là, commo ailleurs, notro sort dépond beau-

coup do nous-mêmes; nous serons aimées, recherchées,ou indifférenteset dédaignées avec plus de justice quonotro amour-proprono nous permettra d'en convenir.

Dans la famillo,la sympathie do chacun vousost ac-

quisesans effortdo votro part ; pour y être aimé, il suf-fit presque d'en fairo partie. Les choses changent àl'écolo. Vousy serez estimées à votre valeur et jugéessur ce quovousdonnez.

Maîtres et maîtresses ne demandentquj'às'intéresser,

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LAVIESOCIALEî L'IÎCOLE 51

à s'attachor aux élèves qui lour sont confiées. Il ost sinaturel d'aimer son couvro ot quand cetto oeuvro ost la

plus noblo do toutes, quand il s'agit d'aider à former desAmos,do quollo ardeur no s'y met-on pas tout entier!

.Maisici la matière A pétrir ost vivante, ot lo travailAaccomplir no pout étro qu'uno collaboration. L'élôvoot|i maîtresse doivont travailler ensemble; lo zèlo do l'unei: >peut rion s'il n'est servi par l'ardour do l'autro.

Un grand désir do bion fairo toujours on éveil ost unodos conditions du succès : ollo ost loin do suffire L'iondo plus ordinairo quo lo désir do bion fairo ; rien do plusraro quo l'effort continu par lequel il aboutit. C'est cettocontinuité dans l'effort qui donno parfois la victoire auxtortues sur les liôvros; sans uno volonté suivie, lesmeilleures jambes du mondo servent do peu do choso.

Il no faudrait pourtant pas laisser so décourager les

pauvres liôvros qui ont trop compté sur leurs jambes :quand on n'ost pas parti à point, la seule chanco d'arri-ver quo l'on ait ost encore do courir, mais lo plus sûr dobeaucoup ost do no pas so mettre en retard.

L'élôvo qui emploiera touto son énergie à romplir sondevoir — et cetto énergie augmento par l'usage mémoqu'on on fait — trouvera vite lo chemin du coeur do sosmaîtres. Ils ont cela do commun avec les paronts qu'ilstiennent compte de l'intention, de l'effort, presque au-tant quo du succès. Mais c'ost lo succès qui classe ; lapremiôro ou la dernière place ost donnéo, non d'aprèsco que vous avez voulu fairo, mais d'après ce quo vousavez fait. Cetto loi do la vio, déjà appliquéo à l'écolo,paraît sans douto un peu dure aux vaincus, mais c'ost laloi, c'ost mémo une loi juste. Il ost trop difficile déjugersur dos intentions, trop facile d'alléguer sa bonne vo-lonté, ses louables désirs. Qui n'a pas l'intention do fairebien, lo dédr d'être premier? Serait-il justo do traiterdo mémo celui qui a bravement parcouru la carrière et

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VI A NOSJEUNESFILLES

celuiqui, tranquillomontassis, a rogardé travailler los

autres, tout on souhaitantvivomontdofairocommoeux ?La vioostbionautromontsévôroquo l'école; los résul-tats y sont soûlsappréciés; on s'y occupopeudos inten-tions ; l'npplaudissomontva au succès. Il ost bon do s'ynecoutumordo bonnohouro; c'est l'importantoleçon àtirer d'un échecdans losétudes.

La poino qu'il cause pout aussi ouvrir los yeux et locoeuraux souffrancesdo l'insuccèson général; elles sont

cuisantes,n'étant pas toujoursméritées.Tous n'nbordent

pas avecles mêmeschanceslos concoursdo l'écoloou dola vio. Mais los circonstancespouvontchanger; lo vain-

queur d'aujourd'hui peut dovonir lo vaincu do domain.Uion sot qui s'enorgueillirait do sa victoirojusqu'à socroire au-dossus dos autres ; il s'on ost fallu do pousou-vent quo los places no fussent intorvorties; qu'eussioz-vous senti alors dovant lodédaindu victorieux? La dé-faite est toujourstriste, quel que soit l'objet do la lutto,n'ajoutezpas à son amertume II est facilo, au rosto,d'ètro bon quand on est heureux, et compatissant à lafaiblessed'autrui, quandonse sont fort.

Il est plus difficile,mais aussi plus généreux, d'ap-plaudirau succèsremportéà nos dépens; c'ost pourtantlà un sentiment quo l'on rencontre fréquemmentdansnosécoles.Les moillcurosélèves sont aussi los plus re-cherchéesdo leurs compagnes; un dovoirbien fait, lu àhauto voix oxcito uno vivo admiration; los premières

places vous semblontmeilleuresquand elles sont parta-gées ontro plusieurs. Les mauvaises élôvos sont bion

plus mésestiméesdo leurs compagnesquodo leurs maî-

tresses, qui, faisant mieux la part do toutes choses, sa-vent quelquefoisexpliquer,sinonoxeuserlosdéfaillances,

qui sont d'ailleurs vis-à-vis des faiblesdans la situationdumédecinvis-à-vis doson malado, non du jugo dovant

un coupable. Leur sympathie adoucit lo déboiro do

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LAVIESOCIALR: L'ECOLE 53

l'échec, ajouto à la joio du succès; los onfants on ont sibien lo sentiment quo plus d'uno dédio naïvement sosefforts à sa maitrosso, commo cotto enfant qui s'écrio :« Oh! si co n'était pour vous, jo n'aurais pas fait co

long travail do touto uno journéo do congé. »11n'est presque plus nécossairo do recommander aux

onfants rattachement pour lours maitrossos ; co sonti-mont gagno ot s'étend do plus on plus, ot il faut lui attri-buer en grando partie lo plaisir qui maintenant necom-

pagno très souvont la fréquentation do l'école D'ollos-piémos les enfants sontont quo lo respect, l'affection

peuvent seuls acquitter leur detto do reconnaissance en-vers celles qui lour donnont tant, qui lour font com-

prendre lo sons élové do la vio, qui guérissent on elles lomal cl développent lo bien, qui les rendent capables do

goûter les plaisirs délicats do riiitolligonco cultivée, quileur apprennent à discerner, à admirer, à aimer co quiest boau.

Sans l'écolo, sans los études, vous no sortirioz pas dovotro petit mondo do chaque jour, vous no connaîtriez

pas les grands esprits, les grands coeurs des tempspassés, ceux qui ont fait honneur à lour pays, qui ontété les bienfaiteurs des hommos.A votro Agodéjà on peutgoûter lo charmo d'un boau livro, d'uno belle poésie,d'uno belle statue, et sentir la reconnaissance duo Aceux

qui ont ainsi ombolli la vio; on peut comprondro aussi la

grandeur d'autres hommosdont les travaux ontdiminué,prosquo aboli la souffrance physiquo, ont trouvé lo ro-raèdo do maladies autrefois mortelles, et vouer A coshommos la vénération qu'ils méritent. Nos études, onnous habituant à admirer avec justosso et chaleur, nousauront rendu un grand sorvico; n'oubliez pas do garderun peu do cetto admiration reconnaissante pour les fon-dateurs do cotto écolo ou vous aurez appris à être justos.

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54 ANOSJEUNESFILLES

LES SAVANTS.

Lesuns,hardisplongeursdol'OcéandesnombresPoursuiventjour el nuit sous leurs flotsturbulentsLesproblèmesprofondsqu'a nosyeuxchargésd'ombreL'absolu,roijaloux,tient cachésdans.seslianes.

Lesautres,voyageursaux plainesdol'cspaco,Volentaprès l'essaimdes astres radieux,Observantdans lesairs lu comètequi passe,lit nommantet comptanttoutes les fleursdescicux.

Knfln,du vieuxDédaleappliquantles doclrinos,D'autressoufflentla vioau tranquillemêlaiVApeuplentl'universd'un mondodomachinesQuidansleursmouvementssurpussentl'animal.

Lalerroet l'océanracontentvosprouesses,Lescieuxmêmesontpleinsdonotrevusloessor;Nouspossédonsdéjàdo biengrandesrichesses,Nousavonsbeaucoupfuil,nousferonsmieuxencore.

Kldo tous ces travauxle but et la penséoNosontpas co que croientde nousnos ennemis,L'orgueildo toutconnaîtreot l'ivresseinsenséoDenous poseren roissur loglobesoumis.

Non,non, c'csl le bonheurdomieuxvoiret comprendreDansses plansiulinisla puissancedoDieu,Delouerses splendeurset d'unoAmeplus tendreDechaulersonsaint nomsur des lyresde feu.

C'estsurtoutdeporteruu secoursdonos frèresDesmoyensplusnombreuxde bienêtre ici-bas,D'allégerle fardeaude leurs longuesmisèresSur la voieinconnueoù s'onfouceulleurspas.

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DEVOIRSENVERSLESMAITRES 55

0 douleur! noir serpent qui comprimeslu lerroDans les mille replis de tes reins venimeux,0,'esl contre toi surtout que lu science uusleroDirigoincessammentses offertsvaleureux.

Oh ! nous n'espéronspus, enfant du mal antique,Te détruire en entier; co triomphoest trop beau.Maisnous espéronsbien, à ton corps lyranniquoDu fer do nos peusorstrancher plus d'un anneau!

AUGUSTEUARUIER\

IX

OBÉISSANCEAUXMAÎTRES.A QUELLESCONDITIONSL'OBÉIS-SANCEEST UNACTEDEVOLONTÉ.COUHAOEDANSL'AC-COMl'LISSEMENTDUDEVOIR.I.A PATIENCE,LAl'EKSÉVÉ-1UNQE,FORMESDUGOURAOE.

11fut un temps, mos onfants, où l'écolo n'avait rien doriant; los écoliers vivaient sous lo régimo do la terreur ;les maîtres visaiont surtout à inspirer la crainte, com-mencement do la sagossc ; on n'était pas loin do consi-dérer roulant commo naturellement incliné au mal ; los

plus doux osprits pensaiont ainsi. Lo bon La Fontaine,votro ami aujourd'hui, no vous aima guèro do son vi-'vaut ot plus d'un parmi sos contemporains vous attri-

11 vol,Dcutu,

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50 A NOSJEUNESFILLES

huait tous los défauts du monde Aussi imposait-ona*xonfants dos règlos fort dures ot oxigeait-on d'eux avanttout uno obéissanco aveugle, absoluo. Los raisons nomanquaient pas pour appuyer cotto oxigonco, ot quol-quos-uncsont leur poids.

L'onfant, disait-on, ost faible, ignorant, incapablo do

prévoir; quo dovioudrait-il, livré à sa propre volonté?Il sacrifierait domain à l'heuro présouto, grandirait sansétro préparé à la vio, serait vaincu avant d'avoir lutté.Uno volonté intelligente ot forto doit remplacer sa vo-lonté jusqu'au jour où la raison inùrio suffira pour loguider.

Mais il pouvait arriver co jour-là qu'uno volonté toutoneuvo, n'ayant jamais servi, no rondit pas les servicesnécessaires. La volonté est une do cos forces qui s\$-toignont faute d'usage Aujourd'hui, quo l'éducation mo-ralo consisteou grando partie dans la direction do la vo-lonté, on demande oncoroaux onfants d'obéir, mais onveut qu'ils sachont pourquoi.

La règle à l'école est commola loi dans la société : ontrouvo tout naturol d'y étro soumis, parco qu'elle ost lamémo pour tous, parce qu'il est facile d'eu comprondrol'utilité, la nécessité, parco qifollo n'a rien do blossantpour aucun ainour-propro individuel. — Mais cottoobéissancono doit pas étro uno molloot paresseuse sou-mission. Fairo heure par heure co qu'indiquo lo règle-ment, parco qu'on y est contraint, sans ardeur, sansplaisir, produirait uno besogne bien torno, aux résultatsbien mincos. Il on sera tout autrement si la règle ostassez bien compriso pour être accoptéo, voulue ot nonplus subie; la suivro alors co n'ost pas plier sa volontédovant uno volonté étrangèro, c'est l'employer A bienremplir un devoir, et ceux-là sont vraiment libres dont"*lo devoir seul dieto tous los actes. Si vous atteignez cettosorte d'obéissauco, mes enfants, l'obéissauco consentie,

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DEVOIRSENVERSLESMAITRES 57

libro, co no sera plus do la soumission, co sera du res-

pect (ptovous inspirera la règle, ot touto votro vio en

éprouvera l'heureux olfet.Vous n'y arriverez pas du premier coup ; co résultat,

pour être obtenu, demande la persevéranco dans l'offert,qui est uno des formes du courage, non moins nécossairoà l'enfant qu'à l'hommo. Lo coiirago n'est pas seulementcet élan vigoureux qui porto on avant, fait mépriser lo

dangor quand lo dovoir l'orilonno : c'est uno forco in-time qui soutient tous los jours, à touto houro, ot pré-serve des défaillances dans los grandes commo dans los

potitos luttes qui font la traino do l'oxisteuco. Vous savezbien co qu'on langago populairo on ontond par uno por-sonno couragouso : c'ost uno porsonno remplissant vail-lamment son dovoir.

L'écoliôro a bosoin do coiirago, commo la maitrosso,comme chacun do nous. La moindre des qualités oxigéosà l'écolo domandodu courage Un onfaat oxact, ponc-tuel, no somblopas avoir encore un niérito bion grand ;cependant, pour nojamais manquer à l'oxactitudo, il fautdu courago. Ktro sur piod cliaquo jour à l'hcuro fixéo,no pas so laisser rctonir à la maison par los potitos in-

dispositions, continuer lo travail, mémo après un pou do

fatiguo, pour lo terminer au moment voulu, tout cela de-mande du courago. No pas laisser l'humour s'ontamor

par los petites contrariétés plus tenaces dans la vio quolos mauvaises herbes dans les champs, apporter à l'é-colo bon visago, mémo dans les jours difficiles, quo do

courago pour y arriver? Combien il on faut pour cher-cher à vaincro los difficultés au lieu do s'irriter sotte-ment contro elles, commolos bébés qui frappent do leurs

petits poings lo bâton do chaiso qui los gêno! « Il estinutile do s'omportor contro les choses, a dit uno por-sonnod'esprit, car cela no lour fait rien du tout. »

A vous, mes onfants, on no domandora pas soulomont

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58 A N( , JEUNESFILLES

d'étro couragousos, mais do l'étro gaiomont. Votro mé-rito n'obtiendra jamais los sympathies auxquelles il adroit, si sa physionomioost rébarbative, ot votro vail-lance doit étro souriante Kvitoz, quels (pie soient vos

griefs, les airs boudeursot mécontonts; rien no déplaîtautant chezune jeune fillo,otavcc raison : ils témoignentd'un ressentiment prolongé, i\o tendances Ala rancuno,signos évidents d'un fâcheuxétat d'esprit. No pas sa-voir, no pas vouloir supporter lo blAuion'est admissiblo

qu'A uno condition : être parfait, no produite quo dosoeuvres parfaites. Vouloz-vousremplir cetto condition?On pout alors vous promettro dos élogossans aucunorestriction. Trouvoz-vous qu'cllo dépasso quolquo pouvos forces? Acceptezla réprimai! lo : ollo est moins unchâtiment qu'une oxcitation à mieux fairo, ot no vous

vongoz pas par toutes sortes do mauvais sontimonts

beaucoupplus visiblessur les visagosquovous no pensez.Cellesqui résorveront touto l'énergie do leur volonté

au consciencieuxaccomplissementdu dovoir, no risque-ront pas do l'user vainement et sans raison à dos ca-

prices, des fantaisies. Vouloir est tout autro chosequedésirer ; on pout mémodésirer co qu'on no vont pas, co

quo la raison, la réflexiondéfendentdo vouloir. Vouloiruno choso,c'ost mettre touto sa forceà la réaliser, parcoqu'on a do solidesraisons pour l'cntrcprendro ; uno vo-lontéintelligente nopoutchanger dodirection au moindre

vent; qui dit caprice ot fantaisie dans la conduito, ditfaiblossodo volonté.

C'ost là uno maladioqu'on attribuo souvontaux jounosfilles; dosdictons, des proverbes dans toutes los languesaccusont lour variabilité, leur mobilité, lour facilité cn-fantino à traverser sans s'y arrêter los im[tressionsles

plus diverses, on un mot, à no pas opposerplus do ré-sistance Ades impulsionscontraires, quo la plumo n'en

opposoau vont. D'autre part, on les accuso d'ontéto-

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REVOIRSENVERSLESMAITRES 59

mont, do cotto obstination mosquinoot déraisonnable,

qui rond la vio difficiledans les petits détails, qui no sait

pas céder sur dos points insignifiants en cux-riuéinos,mais tient on tout ot partout A affirmerune personna-lité lourde et fatigante. — Commentconcilier ces cou-tindictions? Kilos sont, dit-on, dues à la mémo cause.La volonté, pour être utile ni bienfaisante, doit êtreéclairée. Il manque trop souvent aux jeunes filles desavoir très bien où elles vent, co qu'ollos veulent et

pourquoi.

Kljo connaismêmesur co fuitlion nombre d'hommesqui sont femmes.

Quand ou no voit pas bien son chemin, on est sujet Aorror nu hasard. Aujourd'hui, quo los bonnesétudos, fa-cililéosà tous, doiventdéveloppercheztous l'habitudodoréfléchir, do raisonner, on pout espérer des volontésplusfermes, moins oirantes, qui no so dépensant pas on vol-léités fugitives, resteront concentrées et toutes p.'étespour l'usago sérioux. On comprendra quo cetto force

préciousono doit pas s'user à des futilités. Vouloirunechoso uniquemont parco qu'on la veut, n'est pas dignod'un étro raisonnable Si l'on n'a aucunobonne raison

pour soutenir un avis, uno résolution, uno décision, il ya souvent uno excellente raison do l'abandonner : le

plaisir ou lo bion à faire à ceux qui sont do l'opinioncontraire

Si vous savoz vouloir, vous auroz à l'écolo l'occasion

d'appliquer cetto scionco,la promiôrodo toutes : jo veuxparler du travail, do vos étudos on ollos-mémcs,Quododifficultésà vaincro dovant losquollosuno volonté lAchos'arrêto tout court l On vont bion s'occuper, romplir losheures; on co sons, on rencontro pou do parosseux.L'oisiveté n'a rien do séduisant; l'inaction fatiguo plusvito (pto lo travail. Co qui fait reculer, c'ost l'effort,

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G') A NOSJEUNESFILLES

l'ollort continu. L'habitude, hcureusomcnt,pout inter-venir ot lu, commeailleurs, produireun effetbienfaisant.

D'abordil s'y prit mal, puisun peu mieux,puis bion;î'uis ciiliu il n'y manquarien.

Kt mémos'il y manquaitquolqiiochoso, à co travail,vous aurezbionomployévotre temps si vous vousêtesaccoutumées à le vouloir aussi parfait quo possiblo:

Apporter ou touto tàcho uno consciencominutieiiso,n'ètro satisfait (pi'aprésy avoir mis tout co qu'on a pu,c'est là uno dispositionqui irait loin; il on ost peudo

plusprécieuses.Si l'écolovous la donno, vous lui dovroz

plus quol'instruction, vous lui dovrozon partie lo bon-heur do votro vio, car vous posséderezdo quoigagnorl'estimodotous couxqui vousconnaîtront.

CONSEILS.

C'estun dovoir,muflllo,quo d'employerlo temps.Quelusageen faisons-nous? Peudo gens savent l'estimer selonsa juste valeur: « Kcndc/vous compte, dit un ancien,detoutes vos heures,alin, qu'ayant profilédu présent, vousayezmoinsbesoinde l'avenir.>>Lotempsfuituvecrapidité;appreneza vivre,c'osl-a-diroà en fairebon usage.Maislavie so consommeen espérancesvaines, à courir après lafortuneou a l'attendre.Tousles hommessententle videdoleur étal : toujoursoccupéssans èlro remplis.Songezquola vien'est pas dansl'espacedu temps,mais dansl'emploique vousen devezfaire. Pensezquovousavezun espritàcultiveret a nourrirde la vérité',un coeurà épurercl à con-duire,cl un cultede religiona rendre

Accoulumcz-vous5 exercervotreespritel ù en faireusageplusquo dovoiremémoire.Nous nous remplissonsla tèlo

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DEVOIRSENVERSLESCôMl'ACNES.POLITESSE ri

d'idées élrangîuos,cl ne tirons riende notro propre fonds(piund nous nous chargeonslu mémoired'histoires el defaits; relu ne contribueguère à la perfectiondo l'esprit. Ilfaut s'accoutumerù penser, l'esprit s'étend et s'augmentepar l'exercice; peu do personnesen font usage: c'est cheznousun talentqui se reposeque de savoirpenser.

Mm0DELAMIIEUT.

X

DEVOIRSKNVEIISLESCOMPAIINES.POLITESSE.QUELLEENESTLAVRAIESOURCE.

Un do ceux, parmi nos maîtres , qui ont le plus con-tribué Arendre los années d'école agréables ot douces,en mémotemps quo fécondes, faisait remarquer un jourquochaque saison do la vioa ses joios, son honhoiirpro-pro : qu'il serait injusto do les luiAtor; qu'il est mémobond'aider à les fairo écloro. Il no pensait pas seulement aux

plaisirs un peu austères do l'étude en ollo-ménio : ac-

quérir chaquo jour des connaissances nouvelles, arriverà comprendroco qui semblait si obscur d'abord, décou-vrir lo charme, l'agrément caché dans lo travail ot quol'efforten fait sortir, commolo laboureur do la fablo ti-

1M.MichelBréal: Allocutionprononcéeou CollègeSûvigntS,ùladibtributioudesdiplômesdefmd'éludés(18S"J).

4

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G2 A NOSJEUNESFILLES

rait un trésor de son champ. D'autres joies s'offrentàvous, mais no viennent pas toutes seules; là encore « lanature nous vend ce qu'oncroit qu'elledonne » ; jo veux

parler des amitiésavec quelques-unesdovos compagnes,do la bonne entente avec toutes.

Vouslo savez,le plaisir do retrouver vos amies chaquejour est pour beaucoupdans votre attachement à l'écoleL'amitié, sans doute, n'est pas un sentimentparticulieràvotreAge; maisdansles premièresannées do la vio,l'ab-sencedegrandes préoccupations,la fraîcheur, la vivacitédes impressionslui donnent une chaleur, un charme quise retrouvent rarement plus tard. Sansamis,on n'est pasheureux à l'école; mais pouren avoir, il faut enmériter.

L'amitié se distinguedes affectionsde famillepar sescauses d'abord : nous ne choisissonspas nos parents,nos frères, nos soeurs ; nous choisissons nos amis :nous leur avons trouvé telles qualités qui ont éveillénotre sympathie ; s'ils ont répondu à cette sympathie,elle deviendra vite do l'amitié. Les raisons de notrochoixont été bonnes; espérons-lo,du moins; puis, nousnous attachons souvent à nos amis parcoqu'ils sont donotro choix, et qu'en dehors des sentiments on quelquesorte imposés ot nécessaires,il nous plaît d'en éprouverd'autres, plus libres, plusdésintéressés. Lo dovoir, unocommunautéd'intérêts, lient ensembleles membresde lafamillo; l'amie, on l'aime uniquemento parco quoc'estelle». Beaucoupdo cosliaisons, réconfortanteset douces,d'un grand secours à travers la vio, sont nées à l'écolo. '

On no s'attache pas do cette manière à toutes ses

compagnes; l'amitié ost une distinction, c'est un de sescaractères ; mais la cordialité, la bonneentente peuvent,doiventrégner dans l'écoleentière.

Pourquoi telle jouno flllo so sait-ello attendue, ac-cueillieavec plaisir, pourquoi son nbsenco fait-elle unvide sensible, tandis que l'arrivée, la présoncoou l'ub-

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DEVOIRSENVERSLESCOMPAGNES.POLITESSE 63

senco dotelle autre sont à peine remarquées? Co n'est

pas toujours uno grando différencedo mérite, c'est lo

plus ou moinsd'affabilitéqui produitces effets. L'obli-

geance, l'empressement à rendre les petits services

qu'on so rond volontiers entro camarades, l'esprit dobienveillancequol'on sont sympathique dans los échecscommodans los succès, surtout l'attention à no froisser

personne,la politesseenfin, voilà do quoi bien disposertoutes cellesqui vivent avec vous. La politesseno con-siste pas seulement, vous le pensez bion, en procédésrecommandésautrefoisdans les manuels« de la civilité

puérileet honnête » où l'on trouvait des préceptes surla manièred'entrer, do sortir, do saluer, de manger, dose tenir dans les diverses circonstances do la vie. Ces

petites recommandationsavaient du bon, au reste, et

plus d'un gagnerait à les étudier. Mais co serait vitolait, et ces usagesune foisacquis,même appliqués, il nofaudrait pas so croire encore trôs avancé dans le grandart do la politesse

Être poli, c'est rendre à chacun co que chacun est endroit d'attendre de nous; c'est éviter doblesser,do heur-ter les sentiments d'autrui. On manqueà la politesseen

prenant des airs do supériorité, en rendant aux autresleur infériorité sensible, si elle oxiste. On manqueà la

politesse en so laissant aller à co qu'un moralisteduxvii0 siècle appello l'ascendant,.c'ost-à-diro « une ma-nière impérieusododire ses sentimentsquopeu do genspeuvent souffrir, tant parco qu'elle représente l'imagod'uno Amefléroet hautaine, dont on a naturellementdol'aversion, que parco qu'il semblequ'on veuille domi-ner sur lesesprits et s'en rendre lo maitro ».

Lo mémomoralistenous rappelle quo « la sécheressedu ton qui noconsistepas tant dans la dureté des termesque dans lo défaut do certains adoucissements,choquoaussi pour l'ordinaire, parco qu'elle onlermo quelque

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61 A NOSJEUNESFILLES

sorte d'indilléroncoou do mépris. Car elle lanso la plaiequo la contradiction fait sans aucun remèdequi en puissediminuerla douleur.Or co n'est pas avoir assozd'égardsenvers les hommesquo do leur fairo quelquepoinosansla rossontir ot sans ossayer do l'adoucir, ot c'est co quela sécherossono fait point parco qu'elle consistopropre-ment à no lo point faire ot A dire duremont dos chosesduros. On ménagoceux quol'on nimoet quo l'on estiino,et ainsi on témoignoproprement Aceux quo l'on no mé-

nago point, quol'on n'a ni ostimo, ni amitié pour eux *.Tenir comptedes autres, no pas so préférer visible-

ment Aeux, leur laisser la moillcuroplaco, voilà de bion

légers sacrificesà fairo à la politosso; ils rapportent plusqu'ils no coûtent : la réputation d'étro bien élové, la

sympathieot l'ostimoqu'elle procure. Affirmerson droitavec insistance, nopas vouloir céder sa placo, n'est pastoujours un bonmoyendo s'on montrer digno : co n'est

pas seulementdans lo roynumo des cicux quo les pre-miers seront quelquefoisles derniers.

Doux do nos grandes écoles militaires no pouvaients'entendro sur lo salut à so reiidro. Laqucllodes douxdovait saluer la promiôro?On on référa nu Ministre« Quels élôvos, lui deinandnt-on, doivent saluer los

premiers? » — « Los plus polis », répondit lo Ministre— On est assezprêt, en effet, à répondre aux politessosd'autrui ; mais on les attend trop souvent, ot ainsi onles empêched'écloro. On croirait compromettre sa di-gnité en faisant co qu'on appelle dos avances et l'ons'isole dans sa raideur. Il y a là un milieuAgarder entrela réserve délicate, dans laquellej'admets un grain dofierté, qui préserve d'importuner et attend son heure, etla bailleur orgueilleusequi compte sur hs prévenancesd'autrui et craint de faire les premiers pas. Ils doivent

• Nicole,lissais<leutoralt.

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DEVOIRSENVERSLESCOMPAGNES.POLITESSE C5

étro faits, dans les situations inégales, par ceux qui ont

plusà donnerqu'à recovoir,et unejouno lîllomoinsbien

partagéoattendra, si elle a du tact, la cortitudod'étrorecherchée

Lo manquedopolitessodevientprosquocruautéquandil blcssoceux qui dépendent do nous. Dieuquo les on-fants n'aiont pas d'inférieurs, voussavez bienquocer-taines personnessont vis à-vis d'autres dans des situa-tionsdépendantes.So montrer hautain, arrogant onvers

qui no pout répondrosur lo mémoton, ost uno inexcu-sable làchoté; c'ost abuser d'un avantago fortuit, ajou-ter aux aniortumosdes vies moins bion partagées.Jodiraimémoquo la politesson'a tout son prix quolors-

qu'ollos'adresso à ceux qui soi au-dessous do nous,lour témoignant ainsi le comptequ'on l'ait d'eux. Lomémosontiment inspirera la douceurot los égards vis-à-vis do couxquo l'on peut obliger; on manquer, c'ostenlever tout son prix au servicorendu; c'ost lo rondrolourd, prosquoinsupportable: uno obligation peso tou-

jours un peu : combienplus si nous sommeshumiliésonmémotoinpsqu'obligésl

Je vousrappelleraià co proposlo motcharmant d'uno

grandodamedusiècledernier, qui,partageant la rotraitodoson mari après la disgrâce do celui-ci, oxpliquaitAuno amiepourquoiollo so tenait à l'écart, s'affranchis-sait docertains devoirsmondains,c»Jo n'ai plusbesoindo plairo à porsonno,disait-ollo, puisquo porsonnon'a

plusbesoindo moi». — Plairoà ceux qui ont bosoindovous,so fairopardonner la supérioritédo celuiquiobligosur celuiquiost obligé,voilàla vraio politesso,qui n'ostautre choseque la délicate bonté.Ou a dit do la poli-tessoquo :

Deluboulédu coeurelleesl ludoucoImage;

mais ce n'est pas assez. Kiloou ost la vivante et ac-

4.

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GG A NOSJEUNESFILLES

live oxprossion: couxqui l'oubliontsont insoiisiblosà lasouflrancocauséopar lomanquod'égards ; ilsfont prouvodoquclquodureté.

LAPOL1TKSSK.

Lesmanières,quo l'on négligocommode petiteschoses,sontsouventco qui fuitque leshommesdécidentdo vousen bienou en mal.Unelégèreattentiona les avoirdoucesel polios prévient leurs mauvaisjugements. Il ne fuupresquerienpour être crudur, incivil,méprisunl,désobli-geant; il faut encoremoinspourêtre estimé tout le con-traire.

Lupolitesson'inspire pus toujours lu bonté,l'équité, lucomplaisance,la gratitude; elle en donnedu moinsles ap-parencescl fait parulliol'hommeuudehorscommeil devraitêtre iiilcricurcmcnl.

L'on peuldéfinirl'esprit de politesse; l'on ne peut eufixerla pratique: ellesuit l'usageel les coutumesreçues,elleest attachéeaux temps, aux lieux,aux personnes,eln'csl point lu mêmedanslesdeuxsexes,ni dansles diffé-rentesconditions;l'esprittout seulne le faitpointdeviner:il faitqu'on lo suit pur imitation,cl (piel'on s'y perfec-tionne. Il sembleque l'espritde politesseest une certuinoattentionh faireque par vos parolesel par vos manièreslusutitrcssoientcontentsde vouscl d'eux-mêmes.

LAUtlUYÈltK.

La politesseest l'expressionou rimituliondosvertusso-ciales;c'en est l'expression,ti elleest viuieel l'imitation,si elleest fausse,cl lesvertus socialessontcellesqui nousrendentutiles el agréablesà ceux avecqui nous uvonsavivre.

Duci.os.

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i/oitiiRE,L'EXACTITUDE;I/EITORTSUIVI 07

XI

ilôl.EDESANNEESD'ECOLEDANSLAl'OKMATIONDUf:\IIAC-TEIIE.KXACTITUDK,OUI)HE, MÉTHODE;NÉCESSITÉDEI.'EEEOUTl'EUSONNEL,SEULECONDITIONDUSUCCES.

Aujourd'hui, mos onfants,nous allons chercher on-somblol'oxplicationd'un fait qui n'est pas sans avoirarrêté l'attention do quolquos-unosd'ontio vous.Vousvoici réuniosdans uno mémoclasso; vous recevezlesmêmesleçons,vous nvoz toutes lo désir do bien fairo,vousy êtesconduitos,oxcitéosdo mémofaçon.Sauf dos

exceptionsaussi rares en mai qu'en bien, vosaptitudessont à peu près semblables,vos intontions sont en gé-néral lesmeilleuresdu monde; vous no manquezni dofacilitéà comprendre,ni do douceur,ni dodocilité,pour-quoi los mémosd'ontro vous romportont-cllostoujoursles succès, réjouissent-elleslo coeur do leurs parents,tandis quo les mémos sont étoriiollement on retard,éternellementon arrièro, incapablesdo fairo plaisir à

porsonno,malhourousosdo cotto incapacité? Pourquoienfiny at-il dans vos vies,qui semblontétro paroillos,touto la différencequi séparelohonhourdu chagrin?

Vousallezmodiro quo les unes sont biondouées, los

autres, non; avec do la mémoire, lo travail ost plusrapido, plus facile Ktes-vousontièromontsuresquo cosoient cos avantages-là qui seuls lassent réussir? Nesavez-vouspas depuis longtemps quo los meilleures

jambes n'arrivent pas toujoursles premièresau but? —

.le pense, moi, qu'il faut trouver une autre réponsootvoicicelle quojo propose:parmi YOUS,los unes savent

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63 A NOSJEUNESFILLES

bien lo prix do l'heure présente, los nutros comptent surdemain, lo plus grand onnomid'aujourd'hui.

Loin do moi, mes enfants, l'idée quo vous puissiezmanquer do conscicnco et no pas fairo co quo vous avezà fairo; vous êtes d'honnêtos enfants et vous rougiriezdo venir à l'écolo sans avoir des dovoirs à présenter.Mais chaqtiojour amèno sa bosogno; si vousentassez surun seul la bosogno do plusieurs, comment sera-t-ollefaite ? Quel fruit produira-t-cllo? Forcées détermineron quelquesheuros lo travail do plusieurs jours, vous noretirerez do co travail qu'un grand mal do této ; il nosatisfera porsonno, no vous apprendra quo pou do chosoou rien ot, pour avoir gaspillé uno partie do votro temps,vous perdrez mémocelui qui ost bien employé.

Suivez los conseils do vos maîlrossos et sachez distri-buer vos heures : vous serez tout étonnées de vous voir•siriches. Vous trouvoroz du temps non seulement pourlo travail, mais pour lo plaisir, la fantaisie, les lecturesamusantes.

Lo carnet où vous inscrivez vos dovoirs indique net-tement loscours à préparer dans la semaine ; vous savezdéjà lo lundi co quo vous dovroz fairo pour lo lundisuivant. Kn consultant votro carnet au jour lo jour seu-lement, vous verrez certains jours très chargés, d'autresbeaucoupmoins ; les tâches s'égalisent si vous savez pré-voir, réserver au travail demandant un pou d'effort unomatinéo do congé. Collodu joudi pout sorvir à allégerlo travail do touto la semaino. Kmployoz-la A co quidcmniidoun travail suivi, la composition française, paroxemplo. Vous no foriezrion qui vaille on comptant pourco devoir-là sur uno heuro isoléo. Vous savez bien,n'est-co pas, qu'il n'est pas très commodo do trouverc dos idéos », do les relier entro elles ; pas d'oiseau n'ales ailes plus légères pour s'envoler plus vito et plus loin;quand on les tient, il faut bien les garder ; lo lendemain,

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L'ORDRE,L'EXACTITUDE; L'EFFORTSUIVI C9

il no servirait do rien pout-êtro do vouloir los rat-

traper. Mais cotto mémo heuro mal omployéopour un

genredo travail, conviont fort bien pour un autro; il

s'agit do savoir loquel; co n'ost pas difliciloà trouvor.Lo plan do travail une fois fait, en tenant comptodocette sorto do gradationdans los difficultés,la grandoaffaireest do lo suivre, sansy manquerjamais. Ici in-tervient oncorovotro amio,la bonnohabitude; ollovousmontreraco quovousavez gagné à vous arranger aveccosavoir fairo : vousYoicidélivrées do l'appréhension,plus pénible quo lo travail lui-même, quel qu'il soit ;ayant mis à uno bosognodéterminéelo temps qui con-

vient, il ost probablequ'ollosera bion faito; vousaurez

gagné du tomps quovous emploierezà lire pour votrosoûlagrément, dont vousferez l'usagequ'il vousplaira;co temps sera bienà vous, puisquevous l'avez conquissur lo travail, ot en l'omployant à votro gré, vous

n'éprouvorozpas co petit sorromontdo coeursecrotquoconnaissentbien los «perdeursdo tomps» négligeantlonécossairopour l'amusant.

Vous trouvoroztant d'avantages à régler ainsi vos

journées, vos somainos, quo vous porterez co mémoordre dansvos occupationsplus tard. 11vousdoviondra

impossibledo négliger un dovoir pour uno futilité, etvous jouiroz dos plaisirs do la vio commodo vos ré-créationsà l'écolo: elles voussemblontsi agréablesparcoquolo travail qui losprécèdolour donno touto leur sa-veur. Aucunodovousnoméritorajamaisla satire cruollo

qu'un jouno hommefaisait un jour d'unojeune fille.On

jouait au jeu desquestionsot à celle-ci: «quelost, selonvous, l'idéal do la misère humaine? co jouno hommo

réponditen regardant unodososcousines:« Unofemmononpeignéelisantdosromanslomatindansunochambrenon faite »I

Car la lecture purementamusanten'est, vouslo savez,

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70 A NOSJEUNESFILLES

pormisoqu'aux malades, ou bion, commotous les plai-sirs, après lo travail.

Vousconnaissezlo proverbodo nos voisins, gons pra-tiques : « lo tomps, c'ost do l'argent ». C'ost bien davan-

tage Lo tompsost touto choso, à condition soulomcntdo

l'employer, non do lo romplir, do lo passer. Passer lo

temps ! qucllo oxpression désolanto 1 II y a tant à fairo

pour los coeursdo bonne volonté ! Dans la jeunosso, il ya tout à apprendro pour so mottro on état plus tard dobionagir. Pas unohourc, pas uno minute à perdre Noussommes on co inonde pour travailler; lo topos n'est

permis qu'après l'action, pour la faciliter, la rondro effi-cace ; il no sora d'ailleurs légitimoot douxqu'à co prix.

LUTKMPSPIÏUDU.

Si peud'oeuvrespour tant do fuliguocl d'ennuiDostérilessoucisnoirejournéeest pleine,Leurmeulesans pillé nouschasseà perdrehaleine,Nouspousse,nous dévoreet l'heure utile a fui.

« Demain,j'irai demainvoir ce pauvrecho/.lui,» Demainjo reprendrai co livre ouvert h pelno,» Demainjo te dirai, mon fmio,où jo lo mène,» DcmuiuJe seraijuste et fort... l'as aujourd'hui. »

Aujourd'hui«piede soins, do pas et do visitesOhl l'implacableessaimdes devoirsparasitesQui pullulentautour do nos lussesde thé.

Ainsi chômentlo coeur,la penséeel le livroVApendantqu'on se lue h différerde vivreLevrai devoirduus l'ombreuttend lu volonté.

SULLYI'HUDIIOMMK'.

i Letncrrc,éditeur.

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LASOCIABILITÉ" 71

XII

SOCIABILITÉ.SES UIENFAITS.EMULATION,RIVALITÉPEU-VENTEXISTERSANSÎIAINK.A LAl'LACKDECETTEl'OK-MU1.E*.LUTTEl'OUHLAVIE,ILSEUA1TIlEAUDKVOlllSKIltfl'ANDHECELLEDKLACONCOHOEl'OURLAVIE.

.Lelaboureurm'adit en songo: VaisIonpain,Je note nourrisplus,grattela terreet sèmeLetisserandm'adit : Fuis les habits toi-mêmeKl le muçonm'a dit : Prendsla truelleen main.

Ktseul,uhondonnôdo tout legonrohumainDontje traînaisputtout l'implacubloanathèmo,yuundj'imploraisdu cielunepitié suprême,Jo trouvaisdeslionsdeboulsurmonchemin.

J'ouvrislesyeux,doutantsi l'aubeétaitréelle:Dohardiscompagnonssifflaientsur leur échelle,Lesmétiersbourdonnaient,leschampsétuienl semés.

Je connusmon bonheur,el qu'au mondeoù nous sommesNulnosepeutvuulerde se passerdos hommesKtdepuisce jour-làjo les ui tousaimés.

SULLYPHUDIIOMME'.

Si lo songo du poôto dovonnit uno réalité, l'hommo

périrait; selon la vioillo définition, il no peut vivre

qu'on société; c'ost co besoin d'association avec sessemblablesqui a fait sa grandeur, assuré sa victoirosurlc3 forces naturelles, ses oiinoiiiiesd'abord, maintenantses sorvantos pour la plupart. L'hommoisoléou mémo

*Lcuicrro,éditeur.

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72 A NUSJEUNESFILLES

groupé par familles, sans lions les unes avec les autres,aurait pu peut-élro subvenir Asos besoins de nourriture,do vêtement, d'abri; mais quelle vio misérablol A peinoofit-il connu quelques humble»;métiers; jamais il n'euttraversé los mers, entrepris les grands travaux qui rap-prochent toutes les parties du monde, qui pormoltontl'échange do leurs différents produits, grAceauxquels lomoindre parmi nous emploiochaquojour pour son usagopersonnel les productions de l'Asie, do l'Afriquo, dol'Amériquo, comme celles do son proprojardin ; les arts,los sciences, aujourd'hui lo commun patrinioino dotons,sans lequel la vio perdrait presque tout son prix, no se-raient [tas nés, ou n'auraient reçu aucun développe-mont.

Le travail des uns épargne aux autres la peino dosenior, do récolter, do tisser ot de maçonner, los laisselibres pour d'autres travaux plus on rapport avec Joursaptitudes ot leurs goûts. Si Homère, si Victor Hugoavaiont été forcés de préparer eux-mêmes leur nourri-tui'o, do bâtir oux-mémes leurs demeures, nous n'au-rions pas l'fliaitc, ni la lÀynulctira sikhs. Vous-mêmo,touto proportion gardée, pouvezavoir lello vocation quijamais no serait remplie, s'il vous fallait travailler di-rectement A satisfaire chacun do vos besoins. Los dons,les facultés sont inégalement partagés : l'un aura lavigueur physique, ou l'adresse des doigts ; l'autre, lasouplessed'intelligence, la force, la vivacité de concep-tion, nécessaiies Acertaines professions.Mais chacun abesoin do tous ; ceux qui portent en eux de quoi devenirdos savants, dos lettrés, dos artistes, no peuvent so pas-ser d'être abrités, vêtus, nourris:

Kl llulzuccl VnugeluH,si savunlsen beauxmois,Kncuisine pcul-èlro auraient été des sols.

Nous avons donc quelque obligation à ceux qui so

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LASOCIAblLlTE" 73

chargeant do la grosse bosogno,permettent aux mieuxdoués do cultiver les fleurs do la vie. Kn cueillai.t la

roso, on savourant la pécho, ayons uno ponséorecon-naissante pour lo jardinier qui nous a préparé ces

jouissances.Aujourd'hui, con'ost [dus l'isolementqui est Acrain-

dro; en chaqitoprofession,c'est do l'encombrementquel'on soufl'roplutôt. La vio est un concoursperpétuel,où I03prix nosont pas toujours décernés avec le mémo

esprit do bionvoillancoqu'A l'école II no s'agit plusseulementdo bionfaire ; pour réussir, il faut faire mieux

quo les concurrents. Mais en ost-on moins tenu A

respecter leurs droits? La lutte est pacifiquoou peutrétro ; lo succèsdo l'un n'a pas pour conséquenceforcéela porto do l'autre D'ailleurs, si vousl'emportez,vous

manqueriezde généro-uléen accablantou mémoon ou-bliant les faiblesau milieude votre victoire; si d'autresfont mieux (pie vous, la justice défendd'envisager leur

supérioritéavec trop d'amertumeH ost naturel, il est légitimo quo vous recherchiez

votre bion premièrement;ce qui serait odieux, co seraitdo lo rechercher uniquement, sans aucun soucidu biend'autrui.

Peut-ètro, mes onfants, connaissez-vousunoexpres-sion qui do la science est [tasséedans lo langagecou-

rant, celle do « la lutte pour la vio». Si l'on no s'y ser-vait quo d'armo.s« courtoises », dent les blessures nesoient pas mortelles, il y aurait doquoiso consoler desidées sombres que fait naître co mot do lutte : dessavants prétendent qu'elle est utile au progrès. Maisne verrons-nousjamais rien do meilleurque la lutte?

Un romancier américaina imaginéun mondeoù cha-cun est heureux ; les hommesy sont encoresujets Alamatadioet à la mort, tous les autres fléauxont disparu,Au lieu do la lutte peur la vie, les membresdo cette

5

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7t A NOSJEUNESFILLES

.sociétéidéalofont régner chez eux la concordopour lavie. Chacun pour tous ost leur deviso; tous ensembleveillent au bonheur de chacun; aucune forcon'est por-duo; elles .sontmises en communet employéosau biengénéral. Lajustice et la fraternité règlent toutes les ro-tations; chacundonnant tout co qu'il peut donnerreçoiton échangotout ce qu'il mérito. Cet Agod'or est d'ail-leursAvenir, contrairement Ala tradition peu oiicoura-gcanlo d'un Aged'or dans le lointain passé; l'auteurnousle prometdans quelquessiècles; nosarrière neveuxenjouiront.

Knattendant son éclesion,lâchonsde no pas voirdosennemisdans nos concurrentset rivaux. Pondonsnotrosuccèssur la valeurdo noire travail, non sur la médio-crité d'autrui. Vousconnaissezco sentimentaimablequiA l'école fait applaudir au triomphe d'une compagne;gardez-en quelque chose Si vous n'apprenez A fairovotro joio do celledes autres, il faudra vous résignerAn'avoirdans la vie qu'une part bien mincedo joies.

Je voussupposevolontierscapablesde cesbonssenti-ments, du moinsd'en sentir la valeur : ils ne suffiraient

pas copendantA faire de vous des personnessociables,c'est-à-dire despersonnesavecquil'on se plaiseet quise

plaisentelles-mêmesdans la compagnie de leurs sem-blables.

('es deux points,mesenf;inls,n'en fontqu'un; si vousplaisez aux autres, vous vous plairezavec eux; vousaimerezen eux le plaisir que vous leur procurez Quofaut-il donc pour plaire aux nulles? La réponse est

simple.Pourquoiaimez-vousmieuxvousrencontreraveccertaines[Kisonne.s,pourquoivoustenez vousvolontierséloignéesd'autres / t'e n'ot pas toujours l'esprit ni lomérite (pliattirent, ou plutôt, ils peuvent attirer, maisne retiennent qu'accompagnésde bonté, de sincéiilé.Vousaimez, n'est-cepas, qu'on tienne compte do vous,

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LASOCIARILITE" 75

ot voussentez fort bionla dill'éronceentre un intérêt dosurfacoet le véritable intérêt qui vous ost témoigné; eh

bien, traitez les autres précisémentcomme vous aimezêtre traitées vous-mêmes.

Si un peu d'elfortost nécessaire[tour acquérir la so-

ciabilité, jo vous conseilleîlefairecet effort et de lo ré-

péterjusqu'ausuccès,car bionpeudoqualitéssont aussi

indispensablesà réussir dans la vio. C'est un grand se-coursque la bienveillancegénérale, et l'isolement,saufrares exceptions,est unocause do tristesse et de fai-blesse. La solitude a du bon parfois, elle poutêtre né-cessaire à certains travaux. Mais si j'entondais uno

jeune lille ou uno femmerépéter trop souvent «j'aimeêtre seulele [duspossible», je no pourrais m'oinpécherde traduire par «je me souciepeu de la sympathie des

autres; je n'aimepasmogêner, m'imposerunocontrainte

[îoureux ». Il y a d'ailleursquelquechose de pounatu-

rel, de malsaindans le besoincontinuelde solitude

Il est bonde parler,cl meilleurde se taire,Maistousdeuxsontmauvuis,alorsqu'ils sontouïtes.

On a dit quo « si riiommoost un animal sociable,lo

Français ost plus hommequ'unautro» parco qu'il aimovivre hors do chozsoi. Kl la Krançaisosurtout, u-t-oit

prétendu, n'étant jamais [dusheureusequ'onvisites ouen réceptions,ne garde [tasà l'intimité de la famille la

place qui lui convient. S'il en était ainsi, ce ne serait

pas la sociabilitéqu'il faudrait accuser, maisle goût dubavardage l'utile, du gaspillage des jours, deux ten-dancesabsolumentinconciliablesavec toute vie séricusoot utile. Ces défauts-làno peuventêtre ceux d'honnête»travailleurs; l'oisiveté los engendre entre autres pro-duits malfaisants; ils témoignentassurément d'un videincurabled'esprit ot do coeur,

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7j ANOSJEUNESFILLES

Mais s'il est vrai d'autre part que les femmesfran-

çaisesont toujourssu, mieux quod autres, rendre leursmaisonsaimableset accueillantes,souhaitonsde garderprécieusementce donet tout coqu'il supposedo qualitéscharmantes. La vio de familleest la vraie vie, certes ;maiselle-mêmeserait incomplètesi ellen'était diversi-

fiée,égayée, agrandiepar do bonsrapports au dehors.

CONSEILS.

Le premierdevoir de la vie civile est de songer auxautres.Ceuxqui neviventque pour eux tombculdans lomépriscl dans l'abandon.Quandvousvoudreztropexigerdesautres,on vousrefuseratout, amitié, sentiments,ser-vices.Laviocivile est un commerced'officesmutuels; loplushonnêtey metdavantage: en songeantau bonheurdesautres,vousassurez lovôlre;c'est habiletéquo do penserainsi.

Mm*DELAMI>EaT.

XIII

LABONTÉ,LAMTIÉ.CEQU'ELLESONTFAITPOURL'HOMME»LKSDEUXOllANDSPRÉCEPTESRELIGIEUX:NEVMSl'ASAAUTRUICEQUETUNEVOUDRAISl'ASQU'ONTEElT—ET VMSA AUTRUICEQUETUVOUDRAISQU'ONTEKlf,RÉSUMÉSPARCESMOTS: JUSTICE,ClIARITÉ.

« Lorsque Dieu créa lo couir do l'homme, il y mit

premièrementla bonté, commola marquede sonessence

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LABONTÉ,LAPITIÉ 77

divine. » Celuiqui a écrit cesmotscomprenaitla gran-deur de co sentimentdo sympathie quinous lie à nos

semblables,sourcede tout co qui est bon,et d'où est né

le principedont nousvivons: la justice.Dans la nature, la justico n'oxiste pas. Un do nos

grands poètes Contemporainsraconte dans do belles

pagessos vaines recherches pour la trouver. Il n'a vu

partout quo l'implacabledureté dos lois naturelles,lessacrificessanglantsnécessairesà la conservationde tout

dtro vivant :

Ainsitoutanimal,de l'insecteaugéant,Knquôtode la proieutile à sa croissanceEst ungonflïequi rôde,affamépar essence,Assouviparhasard,et par instinctbéant.

Aveugleexécuteurd'unmal obligatoireChaquevivantpromène,écritsur sa mâchoire,L'arrêtde mortd'unautre,exigépar sa faim.

Si lajustico est absente dosrapportsdes espècesvi-vantes entre elles, elle n'apparaît .pas davantago chezl'homme, dans les rapports des individus entro eux.Voussavez qu'ils naissentinégaux: les uns sont beaux,vigoureux,intelligents, los autres n'ont rien, pas mêmecommol'agneau do la fable, la patienceot la douceur,pourso résignerà coquileur manque Dansvotro classo

déjà,mesenfants,vouspouvezconstaterdosdifférences:

quo l'une do vous soit d'uno santé délicate, commentnura-t-ello l'assiduité régulière sans laquellele travailn'aboutit à rien? C'ost là uno causod'infériorité dontelle n'est pas responsable,qui n'en pesopas moinssurelle. Les unescomprennentvite, retiennent aisément;les autres saisissentdifficilement,ou manquentdo mé-moire. La volontésans doutopeut intervenir, réparer

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78 A NOSJEUNESFILLES

les illégalités, mais il serait puéril do ne pas les recon-naître. Kllcs s'accentueront mémoquelquefoisplus tard,no serait-coque par la confianceen eux-mêmes, sérieuxélément de succès pour los bien doués, et la défiancehabituelledo soiqui ajoute tant à la faiblessodes autres.Vaincus d'avance, ceux-ci, ils semblent condamnés à

manger los restes « do l'adroit, du vigilant, du fort »assis à la première do ces deux tables quo, d'après LaI'ontaino, Jupiter a faites « pour chaquoétat ».

Ils lo seraient irrévocablement si la justico, inconnuedo l'impassiblo nature, n'existait dans lo coeur dol'hommo. Kilo a été éveilléo à uno vio qui no peut pluss'éteindre par la sympathie, la pitié, la bonté : co sontces sentiments qui ont créé les droits dos faibles,los ontrendus sacrés aux forts. L'homme civilisé s'est fait,commo los preux d'autrefois, lo grand redresseur destorts, dos injusticesdo l'aveugle destinée

Maintenant quo nous connaissons la justice, quo sos

droits, souvent violés, hélas ! no sont du moinsjamaisniés, sufllra-t-cllo à régler nos rapports avec nos sem-blables. D'oxcollontsesprits ponsont quo la raison ot la

justice doivent être nos seuls guides; selon ceux-ci la

pitié n'est qu'unefaiblessodont il faut so défendre. Maisnous sentons pourtant quo cette émotion stimuleénor-

giqitement à adoucir los souffrances; voudrions-nousvivro parmi dos hommos incapables do ressontir losmaux d'autrui, regardant d'un oeil froid touto poino endehors d'eux-mêmes, la secourant, mais sans ajouteraucunoémotionpcrsonnclloà co secourspurement exté-rieur. Quo do peinosprofondes resteraient alors sanssecoursI L'hommo no vit pas seulement do pain; il abesoin du coeur do ses semblables; la sympathie seulesert à panser certaines plaies.

La pitié no doit pas troubler, obscurcir lo jugement ;commotous nos sentiments,elle doit étro gouvornéopar

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LABONTÉ,LAPITIÉ 79

la raison ; mais on présoncodes misères,des souffrancesà soulager, la bonté cllc-mémoresterait froidosans la

pitié. Lo raisonnement, la volonté peuvent bien nousfaire agir selon lodevoir : il produira peu sans l'impul-sion chaude et vivante qui nous fait trouver un plaisirpersonneldans lo soulagementde la peino d'autrui, quinous empêchedo goûter lo repos quand d'autres souf-flent, qui enfinleur fait sentir quo co quo nous faisons

pour eux « vient du coeur», comme disent les bonnes

gens. Cosentiment sera doux au malheureux, aussidoux

que lo bienfaitlui-mémo: la pitié seulepeut lodonner.Kilonous égare parfois, il est vrai ; mais on pout lui

appliquerco qui a été dit d'autres passions : elles res-semblentaux vents qui gonllcnt los voiles du vaisseau;elles le font sombrerquelquefois; mais sans eux lo na-vite no marcherait pas.

Tâchonsdo no pas sombrer; nous avons uno intelli-

gence commonous avons un coeur; l'uno doit éclairer,l'autre ; écoutonsses conseils.

Kilonousapprendra Asatisfaire lo besoind'être socou-râbles et bienfaisantes, nous dira dans quellomesure,dans quellodirectionnousdevonsagir, nous montreraco

que la réflexion,lodiscernementdonnentd'efficacitéAlabonnovolonté, et quosans eux les meilleures intentionsrestent stériles on mémoproduisentdos effets contrairesau but désiré; ollonous fera comprendre aussi quocom-battre lo mal chezlos autres, c'est travailler pour nous-mêmes, pour notre bien, pour notre repos.

Les dovoirs imposéspar la justico sont cx| rimesdansco grand préeepto: « No fais pas à autrui coquo tu no

| voudraispas qu'on te fit », c'est-à-dire, abstiens-toidumal. Vous"nocroirezpas, mes enfants, avoir remplitoutvotre devoir en vousbornant Acettoabstention. Kiloest

imposée par los loispositivesdo tous les pays civilisés,commopar l'intérêt bien conquis de clrionn : être tué-

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SO A NOSJEUNESFILLES

chantcoûtosonvont plus que cela no rapporto; on s'enconvaincra en rélléchissantun peu; si vous vous bor-niezAno pas fairo lo mal, l'opinionquovousdonneriezde vousserait minco,commovotre mérite.

Voussavezqu'il y a du bien à fairo; pensez-vousétroen paixavec vous-mêmessans ajouter au premierpré-eeptounautro tout dobienfaisanteaction : c<Fais à au-trui coquotu voudraisqu'on lo lit », c'est-à-diro aimoton prochain,sois charitable? La charité est le meilleur

moyendoservir la justico, car elle lutto contro lo mal,qu'il viennodo la nnturo ou qu'il vienno deshommes;ollocherchoà établir dans lo moudo[dusd'harmonio,àfairolosparts [duségales; c'est cllo qui poascaux ou-bliés,aux dédaignés,aux pauvres, les prendpar la mainot leur dit d'espérer.

DIVISION1)1ÎSDKVOIHS.

Pourdésignerlesdeuxordresdodevoirs,dovoirdenopasnuire,devoirde servir, on les oppclloquelquefoisdevoirnégatifet devoirpositif,ou devoirparfait et devoir im-partait,ou encoredevoirdejustice et devoirde charitéoudo bicnvcil'oncc.

Luqualificationdodevoirparfaitcl devoirimparfaitpour-rait induireen erreur: voicisur quoicllocsl fondée.Lesdcvoiis parfaits comportentune désignationprécise; ilspeuventêtrenettementdéterminés: «Tu nedéroberaspus»,et colas'entendmêmed'uneobole.« Tu donneras», la lot.10peutpas diredansquellemesure.Mllen'ordonnepasdese dépouiller,nide donnerpourdesbesoinsqui neseraientpas extiéinos.La limiteest dme laisséedans le vuguoetc'est pourquoilodevoirse dit imparfait.

Il n'estpas exact donommerle devoirde ne pas nuiredevoirdo justiceet le devoirdo servir devoirde chiiiilé.D'abord,cesont deux devoirsde justice.Celuiqui, pou-

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DEVOIRSDEJUSTICE'. RESPECTDELAVIEHUMAINESi

vont guérir un malade, le laisse souffrir,viole la loi dudovoir:il manqueà la justice.Ensuitece termedo charité!ou dobienveillance,ou do libéralité indiqueun don gra-tuit, cl par conséquentne peut s'appliquerà nn devoir.Nousavonsbien do la peineà no pasuo«3 admirertoutesles foisquenousfaisonsdu bien.Nousvoulonspasserpourgénéreux,lorsmémoquenousne sommesqu'honnêtes.

Deuxcirconslonccsconcourentencoreh nous tromper.L'une,c'csl que la loi civilone pcul réglementerquo losdevoirs parfaits; l'autre,c'csl que les devoirsimparfaitséchappenta toutopoursuiteprécise;il est difficiledosavoirexactementoù finit l'accomplissementdu dovoir,où com-mencela libéralité.

Maisquecelane nous(rompopas sur l'obligationstricte,absolue,universelle,que la moralonous impose,do servirles hommesde nos biens,do notretemps,do nos lumières,de leur être,en toute occasion,nonun ennemi,ni mêmeun indifférent,maisun frère 11y a un motdans l'Hvangiloqui lovientsans cosse,cl qu'ondevraitécrire à toutes lespogesd'unlivrodo moralo:« Aimez-vousles uns les au-tres», car c'csl la loicl lesprophètes.

JULESSIMON'.

XIV

DEVOIRSDEJUSTICE.RESPECTDELAVIEHUMAINE.DUEL,SUICIDE,ASSASSINATPOLITIQUE.CASDELÉOITIMKL>É•1-ENSE.

Lo sentiment do In justico remplit l'Amohumninoetdominonotroviomoralo,Jtbto et bonsont synonymes;

• LeDctoir,Hachette,éditeur.8.

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82 ANOSJEUXESFILLES

l'horreur do l'injusticeost devenueen nous presqueins-tinctive. L'enfant qui so croit blAméou puni injustementsouffredocettoinjusticeinfinimentplusquodola punition.Kt con'est pas pour lui seul qu'il sont cet impérieuxbe-soin dojustico; il applaudiraau triomphemérité, mêmeà sosdépens.Il est intéressant do voir commentdans unoclasso,par oxcmplo,losenfants so constituentnaïvement

gardiens do la justico. « C'est juste, ou c'est injitsto»,est uno expression quol'on retrouve constammentdansleur bouche Ils so trompent souventdans cesjugementssommaires; ils n'ont ni la connnissancocomplètedes

questions, ni los lumièresnécessairespour on décider;ilsjugent d'après des impressionsnon contrôléespar laréflexion.Maisl'injusticoréclloou supposéolour inspireuiioindignationprofondo.

Vouscomprendrezdonc aisément touto l'importancedesdovoirsdejustice S'ils n'étaient pas observés, il n'yaurait ni civilisation, ni société, maissimplementla viode la brute Aussi no dépendent-ils pas soulomcntdenotro [dusou moins bonnovolonté, mais sont-ils souslagarde do la loi, qui voilloà leur exécutionot punit leurtransgression.

Lo premier doces devoirscorrespondau premierdroide l'hommo: celui do vivre

La vie nous est donnée pour remplir dos devoirs,nloiieir les souffrancesdont sont oucoro victimestantd'êtres humains, réaliser la justico ; nous vivons pourcultiveren nousdo belles,do nobles facultés, pour nouséleverdo [dusen [duspar l'habitude du bien, pour qu'ily ait en co mondedes êtres sachant préférer ce qui estbeau, ce qui est bien, aux plaisirs grossiers, à l'intérêtpassager. C'est pourquoi la vie humaine est infinimentprécieuse; rien n'égale notro horreur pour ceux qui at-tentent à la vie de leurs semblables: « Tu ne tueraspoint. » Voilàla règle absolue,sans aucuneatténuation,

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DEVOIRSDEJUSTICE: IlESi'ECTDELAVIEHUMAINE83

dont l'oubliest châtié do la façonla plus terrible.danslomondocivilisétout entier.

La vie humaineseulea co caractère sacré, parcoquol'homme seul a dosdovoirs à rempliret qu'il est crimi-nelde l'on empêcher.

Pourtoutes sortesdoraisons,physiologiquesouautro3,nous tuonsles animaux : la conservationdo notroproprevio nousy oblige: nécessitéfait loi. D'ailleurs les ani-maux n'étant pas des personnes,nousavonsdes dovoirsrelatifsà eux, mais nonenvers eux. Traiter aveccruautéles animauxdomestiquesest uno lâchebrutalité; j'auraismémomauvaiseopiniond'uno jeunofilloquimanqueraitd'égards envers ces humbles amis, ces serviteurs siutiles. Il faut les rendro heureux : ils lo sont A poudofrais ; on so doit Asoi-mémo, non seulementdo no pasles fairosouffrir,mais do les soulager,donopas les lais-ser soulVrir-s'i'.ost possible Do devoirsproprementdits,nousn'en avons qu'enversnos semblables.

Lo meurtroost toujourscriminel, mêmequand losmo-tifs du meurtrier no lo sont pas. Oncomprendl'indigna-tion do la malheureuse Charlotte Corday, quand, aucours do sou procès, Fouquior-Tinvillofaisait remar-

querqu'elle avait habilementfrappé et ajoutait : « Ap-paremmentvous vous étiez d'avanco bienexercée. »—« 0 lomonstreI s'écria-t-clle, il mo prend [tourun as-sassin! » Ses intentionsétaient si pures, son héroïsme,dignodoCorneille,son aïoul, faisait si volontierslo sa-crificedosa vio [tour sauver la patrie! Son acto pour-tant no lit qu'ajouteraux malheursdu pays : lo biennopout soitir du crime; l'assassinat éveilleles vengeances,attiso des haines nouvelles, n'npporto pas le salut. —L'assassinpolitiqueso fait A la fois accusateur, jugeetbourreau. l)e quel droit a-t-il prononcé,puis exécutél'arrêt terrible qui retranche uno viehumaiiio,quelque-foisplusieurs? 11so croit magnanimeparcoqu'il expose

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8i ANOSJEUNESFILLES

sa proprevio; mais il a moinslo sontimontdo la justicoquoco bourreauqui répondait aux agents do la Saint-

jjarthélomyl'ongagcant A so joindre aux tueurs : a Jon'oxécutoqu'aprèsarrêt des tribunaux. »

Mémoquand lo crimeest avéré, patent, la sociétédonnoau criminel tous les moyens possiblesdo so dé-

fondro;avant doprononcer l'arrêt, les juges réunissentdes preuves, interrogent des témoins,étudient tout co

(pli peut les éclairer sur los circonstancesdu fait, etc'est après do longues recherches,après avoir ontendutout coquipoutso diro pour la défensedo l'accusé,con-sultédosconsciencesimpartiales et désintéressées,qu'ilsrendent \marrêt, il n'y aurait plusdo sécuritépourper-sonnesi unseulindividuavait ainsile droit dososubsti-tuer aux loisot Alajusticodu pays.

Puisquenousavons uno tAchoAremplir ot quo nousvivons pour co dovoir,il no nous est [tas [duspermisd'attenter à notroproprevioqu'à collod'autrui. Lo sui-cidequi, dans certainscas, était admis par les anciens,commol'assassinatpolitique,nonous somb!oplusqu'unodésertiondo touslesdevoirs.

Direquocetto crainte de la souffranceprolongéo,dola lutte pénible,quelquefoisdudéshonneur,co bosoind'yéchapper,mêmenu prix do la vio, .dénotent un coeurlàcho, noserait peut-êtrepas tout Al'aitexact. 11faut dol'énergie pourdominerl'instinct do la conservation,lo

[duspuissantde tous. Mais, c'est un coeurodiensomont

égoïstequoceluiquin'est pas retenu par la crainte d'a-bandonnerles siens,dolesdésespérer,qui leur imposelofardeauqu'il rejette, avec la honto do sa fin. Porsonnon'est seul dans la vioni libro de devoirs; porsonnon'adonclodroit d'employer son énergieA se soustraireaudevoir, au lieude recommencerlo combat: rendreainsiles armes,c'est faire i'aillitoà la vio, au bien.

La barbariodes tempsanciensa laissédes traces dans

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DEVOIRSDEJUSTICE: HESPECTDELAVIEHUMAINE85

quolqucs-unosdo nos habitudes, ccllo du duel, parexemple liion d'absurdoA la réflexion commocettocoutume Un hommoost ou so croit insulté par unautro; commoréparation, il oxigo quo l'insultcurluifournisselo moyendo tuer ou d'être tué, tout au moinsblessé: c'est l'antique«jugomontdo Dieu», ot l'on sodemandoquandla raisonet la moraloarriverontAnousondélivrer.— Jo dois vous fairo romarquorpourtantquoco n'estjamais sansmotifssérieuxqu'unusagopor-sisto ainsi A travers los Ages.Primitivement,dans los

tempsdoviolenco,lo duel a été un grand progrès.Aulieu dosojeter los uns sur losaulros commedos bêtesbruteset dos'ontro-déchircr,los adversaires, au moyendu duel,vidaientloursquerellesdansdoscombatsréglés,souslesyeuxdotémoinsqui veillaientà coquotout so

passâtdans lesformescouvenues.L'intervalleentrel'of-fensoet la réparationpermettait quelquefoisd'apaiserdesquerellesnéesd'un malentendu,calmait les fureurs

premières.Aujourd'huimémo,lo duel prévient ou em-

pêcheles violencesgrossières.Loscombats à coupsdo

poinget à coupsdopiedsont assurémentmoinsmeur-triersquolosluttes à l'épéo: il faut avouer qu'ils sontplusrépugnants.

Coqui vaudraitmieux,coseraitdorésoudrelesdiffé-rends— inévitablesontro les hommos— d'uno façonplus raisonnable,plus pacifique,en s'en rapportant au

jugomontd'honnêtesgensdésintérossésdans laquestion.Lo duel n'est pas aussifréquentdans d'autres pays, onAngleterre,par oxcmplo,qu'on Franco.Or, il serait in-oxactautant qu'injustodocroiroles Anglaismoinssou-cieux do l'honneur quo nous no le sommes.Kspéronsloprogrèssurcopointcommoon tant d'autres,et en l'at-tendant, faisonsdonotremieux,femmeset jeunes filles,pourmaintenirl'uniondans lopetitcercleoùvit chacunedonous.

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80 A NOSJEUNESFILLES

Si vous voulezbien comprendre ce quo lo duel peutavoir de funeste, imaginez,la chosen'est pas impossible,un honnêtohommeayant tué son adversaireen duel. Cosont deux vies perdues; lo meurtrier no connaîtra [dusun instant do repos. Il aura beau raisonner sur l'opiniond'autrui, sur l'honneur à sauvegarder, il n'oublieraja-maisle cadavre de sa victime; il n'échappera pas Acettovisionvengeresse

Une soûle circonstance oxcuso le meurtro et cetto

apparenteexceptionest unoconfirmationdelà règle. Laviehumaineétant préciouso,tout moyenest bon pour ladéfendrequand clloost injustementallaquéo.Si vous no

pouvezconserver votro vie menacée qu'en supprimantcellodol'assassin, vousen avez lodroit, mémole devoir.

Kt à la guerre, pouvoz-vousdemander, quo devient lorespect de la vie htimaino?On vous répondra qu'il y a

plusieurssortesdeguerres ; il en est d'injustes; il en estdo justes, do saintes. Les nations ont une vie Aelles,connueles individus.Cette vio propre, c'est ce quo l'on

appellerindépcndnnconationale, le droit pour nous,paroxemplod'être Français et non pas autre chose. Qu'unpeuple vienno attaquer ce droit, notre devoir sera de ledéfendre, les hommes do lour sang, los femmes dosacrifices[dusdouloureux encore, du sang de ceux quileur sont ehers.

Ainsi la légitime défense contre des assassinsou desagresseurs injustes qui voudraient s'emparer de notreterritoire, ce sont là les deux seuls cas où le devoir donouspréserverdoit primer tous los autres.

La loi protège la vie humaine non seulementcontre laviolence, mais mémo contre l'imprudence, la légèreté,l'ignorance: le pharmacienqui donnedu [toison[tourunmédicament; l'aiguilleurde cheminde forqui se trompede signal ot amène une catastrophe ne sont pas des as-sassinssans doute; ils sont responsablescependantde-

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DEVOIllSDEJUSTICE: UESI'ECTDELAVIEHUMAINES7

vaut la loi comme devant leur conscionco d'erreurs dontles conséquences sont si graves. Cotto responsabilité ostdo touto justico; co no sont pas fautos légèresquo l'im-

prudence ou l'inexactitude dont lo résultat ost mortel.Certaines professions supposent certaines qualités : loDistrait do La Hruyère eut été crimincl en so faisant

pharmacien; un pharmacien sans attention, un employédo chemin do fer inexact sont dos dangers publics. Kncherchant à nous en préserver, la loi civile, commela loimorale, montre tout lo prix qui s'attacho à la viohumaine.

AlMtKSLU MHIJUTIUÏ.

MACRETU.—«H m'a semblé cnlendro une voix crier:« Ne dors plus! Macbetha tué lo sommeil! » le sommeilinnocent,le sommeilqui démêlel'écheveauembrouillédessoucis, le sommeil,mort de luvie de chuquojour, bain dulabeur douloureux,baume des Ainesblessées, second ser-vice do lugrandenature, aliment suprémo du banquet dela viol

I \i>vMACIIETII.— Quevoulez-vousdire?MACIIKTU.— Kl celte voix crhil toujours pur tonte lu

maison: Nedorsplus! Glanasu tué le sommeil,Macbethnedormiraplus.

Dequel côté fruppc-l-on?Dansquel élut suis-jedoncquele moindre bruit m'épouvante? Regardant ses mains:yuelles sont ces mains-la?Ah! elles m'arrachentles yeuxITout l'Océandu grand Neptunesuflira-l-ilà laverle sangîlemu main? Non, c'est plutôt mu main qui donnerait sapourpreaux voguesiimombrubles.

SlIAKESI'l'MlE.

Traductiondo François-YielorHugo.

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S3 A NOSJEUNESFILLES

XV

llE'PKCTDELAIWINITEHUMAINEDANSTOUSLESHOMMES.

KSCI.AVAOE,SEUVAOE.DlEEÛnESTESl'AÇONS1)'EMPIÈTE11SUHLALIDEIITÉD'AUTHUI.

Si l'on vous donnait,mes enfants, uno tAchoà rem-

plir, on vous rendant responsablesdo son accomplisse-ment, vous trouveriezfort mauvaisd'êtro privées des

moyensd'y travailler, et vous auriez raison. La vio quivous attend ost uno suite do tâches à remplir; pourqu'elles lo soient bien, diverses conditionssont néces-saires: la plusindispensableest la liberté.

Ce mot do libertéest pris dans [dus d'un sens; nousnous occuperonsaujourd'hui de la liberté d'aller, do

venir, d'agir, do rester innetif,selondos motifsqu'onestseulà choisir.Que la volontéd'autrui so substituoà lavôtre pourempêcherson action, la forcerd'agir contrai-rement A votre propre sentiment, vousn'êtes plusres-

ponsables d'actes quo vous n'avez pas voulus; vous

n'ayissezpluscommodosêtres humains; mais, miseseumouvement,ou arrêtées par uno impulsionétrangère,vousproduirezcortainseffetsbonsou mauvais,sansqu'ily ait «levotio part mériteou démérite

Quandon songeque telle a été pondantbienlongtempsla conditionde millionsdo nos.semblables,on ne sautaitnier les progrèsaccomplispar l'humanité dans sonlongvoyageà travers les siècles.

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DEVOIRSDEJUSTICE'. IlKSI'ECTDELALIDEUTÉ 89

Vous avez ontondu parler dos sociétés antiques, doleur éclat, deschofs-d'oeuvroqu'ollosont laissésdans los

arts, les lettres, la philosophie Aucunoépoquon'a pro-duit doplusgrands hommes; leursnomssont synonymesdogloireet do génie Maiscosbrillantessociétés étaientfondées sur l'osclavage L'hommoy servait do bétail Al'hommo; c'ost lo labour écrasant dosuns qui procuraitles doux loisirsdosautroi. Chaqueguerre fournissaitunnouveaucontingent d'csclavosdans los prisonniers quis'y faisaient. Kncore a-t-on fait remarquor quo l'escla-

vage a été un adoucissomontA la cruauté dos moeurs

primitives; c'ost lomissacre qui tout d'abord attondnitles prisonniers.Maisétait-co bien uno grAcoque doleurlaisser cetto vio do souffrances, d'humiliations, sansdignité, où do toutosles facultéshumainesne dovait [dusgtièro subsisterquocelledosouffrirl

Avec lo temps l'esclavage s'adoucit; on ont soin dosesclaves, commonousavons soin do nos troupeaux, denos meubles. Au moyen Agolo servago remplaça l'os-

clavago: co no fut guère qu'un changement do nom.Les serfs n'étaient pas beaucoup [duslibres quo les os-clavcs; du moins avaient-ils lo droit do rester toujourslà où ils étaient nés, sans quo porsonnoput los séparerviolemmentde leur famille,de la terre natale Mais lomaitro décidaitdo tous les actes importants do leur vio;le fruit do leur travail lui appartenait on grande partie

L'histoire nous apprend comment les serfs so sontalfranchispou A pou, avec quelle peino, quelle énergie,(piel coeur. D'autres pays ont eu la honte du servagobien [dus longtempsque la France La Wussien'a pro-clamél'affranchissementdes serfs qu'en 1800.

Vousaurezde la peino Acroire qu'il s'est trouvé long-temps, non seulement des personnes,mais des peuplespour soutenir (piel'esclavage a du bon, — du bon poureux, s'entend. Quand leurs intérêts sont en jeu, les

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90 A NOSJEUNESFILLES

hommes trouvent malhcureusomontdos raisons poursoutonirl'injustico,— ou bionils se passont do raisons.

Un grand nombrodes états agricolesdo l'Amériquedevaient leur prospérité au travail dos esclavesnègres.Kux seuls,disait-on, sont propresà cultiver lo sucre, lotabac, lo coton, et s'ils étaient libres, ils no fourniraient

pas lo travail nécessaire Los noirs sont d'uno raco infé-lieuro faitopourservir losblancs,ot d'ailleurs,connnoonl'a dit en riant, «ils sont si laidsot ils ont lo nozsi écraséqu'il est presque impossibledo los plaindre ». Singu-lière façon,n'cst-copas, do prouvorsa supérioritéquodol'employer à opprimeret à maltraiter los faibles. Conoserait donc plus la justico, mais la forcoqui régneraitparmi los hommes.

Il n'est pas prouvé, d'ailleurs,quo los nègres soientd'unoraco inférieuro,ni qu'il y ait dosraces inférieures;il y a des degrés différentsdo civilisation; los plusavancésparmi nous ont lo dovoir do travailler à l'avan-cementdes autres, nondo profiterdo leur faiblessephy-siqueou intellectuellepourles traiter en bêtes dosomme.

Notro pays, toujours lo premier, quand il s'agit dogénérosité,a proclamél'abolitiondo l'osclavagoon1848.Maisil n'y a pasencore trente ans quo des peupleschré-tiens on Amériqueno rougissaient pas do compterleursrichessespar têtes d'hommes.C'est d'un coeurdo femme

qu'est parti le cri de pitié qui amena la fin do cottoini-

quité séculaire M'"0 BoechorStowo, dans la Casedel'oncleTom,a fait un tableau si vivant, si saisissantdeshorreurs do l'osclavagoquo tous los coeurshonnêtesenont été révoltés. Co livre a été pour beaucoupdans losévénements qui ont amené la fin do l'esclavage, en

Amériquo: encoreuno victoire do la pitié, inspiratricedotant dograndeschoses.

L'esclavagen'a pas disparude touto la terre ; il sévitcruellementdans certaines parties do l'Afrique Souhai-

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DEVOIRSDEJUSTICE'. MfeFECTDELAL1BEIVTIÎ91

tons quo los efforts tontes depuis quoique*années sur-tout pour le combattro, finissontpar aboutir. La Franco

y a pris uno grando part. Un prétro français » s'est faitlo promoteurd'uno véritablo croisadocontro lo trafic desesclaves. Los nations civilisées d'Europe, on s'avan-

çant dans l'intérieur dol'Afriquo,chasserontdevant ellos,il faut l'espérer, co fléaucommetant d'autres.

Chez nous, il n'ost à craindre ni osclavago, ni servageLo premier mot do notro devise nationale : Liberté,

n'ost pas un vain mot ; nous sommeslibros ; porsonnon'a lo droit do substituer sa volonté à la nôtre et pour-tant, pronoz-y garde : il y a plus d'une façon d'attenterà la liberté d'autrui.

Nous avons tous bosoin les uns des autres ; nul ne

pout so passer do sos semblables. Lo chef d'uno maisondo commcrco,lodirecteur d'uno usine, la maîtresse d'unatelier, ont besoin du travail do leurs employés et ou-

vriers, commeceux-ciont besoindusalaire do co travail ;quo les uns ou los autres profitent dos circonstancespourobtenir plus ou donnermoinsqu'ils no doivent, ils auront

pesé sur la liberté d'autrui, cherché à la supprimer, violéla justico.

Si des ouvriers dans un moment do presse deman-daient dos augmentations do salairo incompatibles aveclà bonno marche do la maison, ils attenteraient à laliberté des patrons, commoferaient ceux-cion proposantdes réductions on morte saison. Los uns et les autres

peuvent refuser, sans douto; mais co refus leur ferait

grand tort : placer quelqu'un dans l'alternative d'unoconcession forcée ou d'un grand dommago personnel,c'est violer la liberté !

C'est encore la violer quo d'exercer uno action injusteen dehors des questions de travail sur la vie privée do

*LocardinalLavigerie.

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92 A NOSJEUNESFILLES

couxqui pouvontdépondrodo vous, Loscourtisansd'au-trefois étaient, n-t-ondit, dévots ou athéos, commoil

plaisait au maitro, loquolaccordaitou refusaitsa faveurselon qu'on so conformait ou non à sa façondo ponsor,do sentir, do prier. Il n'y a plusdo roischeznous; y au-rait-il oncorodoscourtisans, c'est-à-diro dos personnesfaisant bon marché do biondoschosospoursauvegarderleurs intérêts ?

Si cotto raco n'a pas disparu, si d'autre part la dé-fonsodocertains intérêts est légitime, mémoobligatoire,il faut condamnor coux qui, usant dos avantagesd'unosituation inlluonto, impnsont leurs idées, leurs vuos,leurs croyances, à dos hommosd'idéosot docroyancesdifférentes.Lo chef d'uno grando industriooxigeantdosos ouvriors dos opinionspolitiquesou roligiouscscon-formes aux sionnos, si uno tello oxigoncoétait oncoro

possiblo,violenterait lourconscioncoot la liberté.

Quelsorait lorésultat d'unocomluitoaussi injusto? Jomal do tous los côtés. La conscioncono so laisso pasforcor; loscroyances no s'imposontpas. Pour garder lo

gagno-painon paraîtra quelquefoisaccepter co quo l'on

réprouvo; un pèrodofamillovoudraavant tout pourvoiraux besoins des siens, ot feindra do croiro co qu'il nocroit pas. Co mensonge, cetto lâcheté retomberonton

grande partie sur celuiqui en a été l'occasion; c'ost lui

qui aura dégradé los Ames,los aura familiariséesavec

Ihypocrisie.L'oppression des Ameset dos consciencesost donc

doublementodieuso,on ce qu'elle diminuoAla foiscelui

qui la commet et celui qui en souffre: cllo so produitchaquo fois qu'une personne profito do circonstancesfavorablespour obtenir d'unoautrodes avantagesqu'ellen'obtiendrait pas, si toutes deux so trouvaient sur ua

pied d'égalité.

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DEVOIRSDEJUSTICE. RESPECTDEL'HONNEUR93

LA LIHKMTK

x PIlEMIEIlECONDITIONDELAVIEDESPEUPLES.

Lesdeux pcupl s anciensdont la littératurecl l'histoirecomposentencoreaujourd'huinotrepiincipulefortune in-tellectuelle, n'ont dû leur étonnante supérioritéqu'à Injouissanced'unopatrie libre. Maisl'esclavageexistait chezeux, et purconséquentles droitscl les motifs d'émulationqui doiventêtre lo patrimoinecommundes hommes,étaientlo partageexclusifd'unpetitnombrede citoyens.Les nu-tionsgiccquoel romaineoui disparudu mondoà cuusodocoqu'il y uvaitdo barbare,c'est-à-dired'iijuslo dunsleursinstitutions.Les vastescontréesdo l'Asioso sont perduesdans lo despotisme,et depuisnombredo sièclesce qu'il yrcslo de civilisationest stulionuairo.L'ordre social quiadmettous nos.semblablesà l'égalitédevantlu loi, commodevantDieu,est aussibien d'accorda/cc la religionchré-tiennequ'aveclu véritableliberté: l'unoet l'autre,dansdessphèresdilléioulcs,doiventsuivrelesmêmesprincipes.

Mn"!DESTAËL.

[Uoéisi-lJi'.il!o.tss:r la Recolat'.o*fi\in;a(39

XVI

RESPECTDEL'IIONNEUK.L'ESTIME,L'IIONNEUII.DE LACALOMNIE,DKLAMÉDISANCE.DANOEIIDEIlÉPÉTEK.LESMÉCHANTSPROPOS.

Mes enfants, quand après do courageux efforts, vousavez roussi à bien faire, quelle est la récompensequi

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91 A NOSJEUNESFILLES

vous touche lo [dus? Interrogez-vous; vous reconnaî-trez quo le succèsvous est doux surtout par l'approba-tion, l'cslimo, la considérationqu'il vous apporto; voussoull'riiiozdo penserquo l'on n'a pas bonno opinion dovous. Plus tard, quelleque soit votre place dans la vio,cosontimontso fortifieraoncoro; vous reconnaîtrez quol'cstimo des autres est un dos biens los plus précieuxpour tous ; lo [dus modostodos travailleurs en a besoin;lo souveraind'un état no s'en pont passer. Et cetto es-

timo, nous la voulonsgénérale; qu'un seul nous la rc-

l'uso, nous voici tourmontés. « Nous no saurions, a ditPascal, vivre dans lo mépris d'uno Ame »

Dans sa fragédio AKsIfier, itacine nous monlro

Aman, le plusgrand de l'empire persoaprès lo roi, touttroublédo co qu'un seul hommo,qu'il appelle un vil es-

clave, lo regardo avecdédain :

Knvaindo lu faveurdu plus granddosmonarquesToutrévèrea genouxlesglorieusesmarques;Lorsquod'un saint respect,tousles PersanstouchésN'osentlever leursfrontsà lu lerroulluchcs,Lui,fièrementassiscl la lèle immobile,Truitetousces honneursd'impiétéservile,Présenteà mesregardsun frontséditieuxKlne daigneraitpusau moinsbaisserlesyeux.

Sonvisageodieuxm'affligeet mepoursuit;Ktmonesprit troubléle voit encorola nuit.

Lo mépris tranquillo et silencieuxdu proscrit suffitàbouleverser l'Amodu grand soigneur. Combiendavan-tage la mésestimejustifiée, la hontorendent la vioimpos-sible! La crainto du déshonneurest une cause fréquentodol'acte do folioqui s'appellelo suicido;la hontoméritéoest lo plusgrand desmaux, le seulqu'on ne puisse con-soler, qui ne so puisseréparer : la pauvreté, la maladie,

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DEVOIRSDEJUSTICE: RESPECTDEL'IloNNEI'R 95

toutes los souffrancessont préférables A cotto angoissepr.ignuntode n'oser pas rencontrer lo rogard des hon-nêtesgens parco qu'on a perdu lo respect do soi-mêmeItionno coûte pour lo conserver, car lion no compensesa porto; la crainte de la souilluroest la première sau-vegarde de l'Aine, la plus puissante peut étro. Kiloa

inspiré les [dusdurs, los plus héroïquessacrifices.C'estcllo(plicommandoles luttes vaillantes contre soi mémo,lorenoncementdouloureuxaux plus ehors désirs, et qui,aux révoltes du coïur lui-mémo, répond par la bouchodu vieux Cornoillo: '

Faites votre dovoir,et luissez faireaux dieux1

Con'ost pas soulomontlo bosoindo l'ostimo publiquo,c'est celui de notro propre estime qui constitueco noblosentiment do l'honneur. 11nous retient dans le bion,nous fait éviter lo mal commoun abaissement, unodé-

gradation, mémosi nosactes restent secrets ; il nous fo-r..it rougir, il nous donnerait horreur mémod'uno pen-sée basseou mauvaiso; il nous fortifiedans la résolutionhonnête, si péniblequ'elle puisse être d'ailleurs :

Coqui fait durer l'exilMieuxque l'eau,lorocou le sable,C'estun obstacleinfranchissableQuin'a pusl'épaisseurd'un fil.C'est l'honneur;aucunstratagème,Nul;1proeffortn'enest vainqueur,Car tout ce qu'il opposenu coeur,Il lo puisedans lo coeurmême.

SULLYPHUDIIOMME'.

Si l'honneur est en soi-même lo [dus précieux desbiens, s'il n'est pas do vio moralo sans lui, notro vio

1Lcir.cne,Iddcur.

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90 ANOSJEUNESFILLES

matériello no saurait s'en passor davantago : Nousn'aimons point avoir affuiroAqui nous n'estimonspoint,et l'on trouvodifficilementl'emploido sos aptitudes sansinspirer la confiancequi liait do l'estime

Chercher A déconsidérer son prochain, à lo noircirdans l'opiniond'autrui, c'ost donc attaquer à la fois sonropos et ses intérêts; c'ost gêner, paralysor sos effo.-tspour avancer dans li vio, c'ost lui fairo un mal parfoisirréparable. Co mal peut étro si gravo qu'il rentre dansla catégoriedes crimes punis par la loi et quo, sous lonomdo diffamation,il ost frappé

1dopeinesjudiciaires.—

Maisles torts sont plus facilesà fairoqu'à réparer; lesjugementsnodétruisent pas toujours l'effet dos calom-nies. Le calomniateur n'agit pas à ciel ouvert ; il ostdonc difficiledo découvrir l'originod'allégations perfidesqui tuent une réputation; leur faussetéfut-olloprouvée,ollo no l'est pas pour tout le monde Commolo dit unjiorsonnagod'uno comédiocélèbro: « La calomnie!...j'ai vu los plus honnêtes gens [dès don étro accablés.Croyez qu'il n'y a pas do plato méchanceté, pas doconto absurde, pas d'horreurs qu'on no lasso accepteraux oisifsen s'y prenant bion... D'abord un bruit légerrasant lo sol commoriiirondello avant l'orago, pianis-simo, murmuroet fileet sèmoen courant le bruit empoi-sonne. Telle bouche lo rccuoilloet piano, piano, vous loglisseà l'orcilloadroitement ; lo mal ost fait; Mgerme, ilrampe, il chomino,et rinforzando, do boucheon boucho,il va lo diablo; puis tout Acoup, no sais comment, vousvoyoz calomnie so dresser, sifller, s'enfler, grossir àvuo d'oui. Kilo s'élance, étend son vol, tourbilloiuio,enveloppe,arrache, entraîne, éclate ot tonne et devientun cri général, un crescendopublic,un chorus universeldohaino ot do destruction. Qui diabloy résisterait 1. »

1Beaumarchais.

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DEVOIRSDEJUSTICE: RESrECTDEL'HONNEUR97

Il faut avoir l'Amo bion noire pour iiivonter ainsi dotoutes piècesdo quoi perdre la bonnorouomméodo quel-qu'un ot lui fairo un mal aussi atioco; lo calomniateurest un malfaiteur do la piro cspèco, ot los malfaiteurssont heureusement dos êtres d'oxeeptiou,

Co qui est moins rare, quoiqiio aussi pernicieux pout*étro,c'ost d'ontendro répéter dos accusations vaguomontformulées, propagées sans haino, par simple bosoin do

parler. Quopourrait la calomnio,si ollo n'était servio parlamédisanco? On noréfléchit pas aux conséquences docos tristes bavardagos: on veut paraitro informé ; on n'a

pas grand'choso Adire pour alimontor la conversation :tant pis pour lo prochain qui tombosous les langues.

Personnen'est méchant,et que de malon fuitl

Lo poèto a raison, c'ost sans méchanceté qu'on ré-

pôto los méchants propos, si .souventtombés à la légôro.Et ces propos légers, qu'il oût fallu laisser par terro,suffisent pour écraser un honnéto hommo. a Dos bruitscourent », dit-on, sur tello porsonno. Vérifiez-les, du

moins, avant do los aidor Acourir. Vous verriez combiendo fois los intentions, mémo los faits ont été dénaturés,

amplifiés hors do touto mesure, commolo secret do lafable Uno souloprotostation énorgiquoaurait pout-êtroempêché lo mal do s'étondro.

Si vous no voulezpas grossir lo nombre des bavardesmalfaisantes, remarquez ceci : les médisants n'ont pros-quojamais été los témoins du mal quo dénonce leur ver-tueuse indignation; ils en tiennent les détails do tels outels qui eux-mêmes les ont do secondemain. Commentoser devant tant d'incertitudes formuler dos accusationssérieuses, si nuisibles?

Lo médisant, d'ordinaire, no prouvo qu'une choso:la médiocrité do soiiyO^p.rjt.comme la malveillance do

//\ ';'\ 6

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OS ANOSJKUNKSFILLES

son coin. Ceux-là seuls nourrissent lour onlretien desdes torts et dos faiblessesd'autrui, qui n'ont rien d'nutioAdire, et l'on peutjuger de la portée d'esprit do quel-qu'un par la place que dans sa conversation tient leprochain.

Sans attaquer la considération ou l'honneur desautres, il pourrait vous arriver de blesserci-nullement

par la raillerie, soit directe, soit dé.'uisée.Fairo riro aux

dépens de quelqu'unest une tentation Alaquellenu ré-sisterait [dusaisément si l'on se rappelait la soiill'raiice

•pie peut donner le sentiment d'être ridicule, ltien de

[dusdifficilea pardonnerquola moquerie. Kiloest, ditLa Hruyéro,le langagedu mépris, et l'une des manièresdont il so fait lo mieuxontondro; elle attaque l'hommodansson dernier retranchement, «pliest l'opinionqu'il adu lui-mémo; ollo veut lo rendre ridiculeà sos propresyoux, et ainsi elle lo convainc do la plus mauvaisedis-

positionoù l'on puisse être pour lui ot lo rend irrécon-ciliable »

Il no faudrait pas pensercependant qu'il est coupabledo riro doco qui est lisible L'ironie, le sarcasinoléger,sont souvent lo châtiment mérité, eflicacodu mal, duvico: tels abus dont lo inondo a souffert longtempsn'ont pas tenu dovantles sifllotsot la riséo publique Lacraintedu ridiculea été en bien doscas un puissantpré-servatifcontro lomal.

Co(pi'ondoit éviter, c'est d'infliger des soufirancos

qu'on craindrait tant pour soi mémo, do froisser, (IJblesserinconsidérément,do riro parco qu'onnecomprendpas, co qui est plus aisé quodo comprendre,de justifierenfince mot: « La moquerieest souvent indigeiicod'es-

1prit. »

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DEVOIRSDEJUSTICE: RESl'ECTDURIEND'AUTRUI90

XVII

lÎESPEOTDU 1HEND'AUTKUI! IHI'I'ÉUENTESl'AÇONSDEVIOLEllCETTELOI: VOL,THOMPEIUE,EMPIlUNTSANSCEKTITUDEDEIlENDllE.

Mesenfants, on no fait partio des honnêtes gens qu'ense conformant A toutes les lois do la justice. Parmi ceslois il en est une dont l'importance est si grande qu'oniloiine spécialement le nom d'honnête ou de malhonnêteAceux qui l'observent ou la violent : o'o>tla loi qui nouscommandode respecter le bien d'autrui. Il nVst pas né-cessaire d'insister avec vous sur l'horrour qui s'attacheAl'idée de vol ; lo voleur est le [dus abject de tous loscriminels ; ce sont les tribunaux qui ont à s'occuperdoeomalheureux. Vous comprenezbien aussi que nous avonsbesoin, pour vivre, do possédercertaines chosesen toute

[inquiété, do les savoir bien à nous ; une des premièresnotions acquises par reniant, c'est celle du tien et dumien, la différence entre les objets piétés et ceux quilui appartiennent. Il .saitquo ceux-ci, il [toutles donner,mais quo porsonnon'a lo droit de les prendre; son indi-gnation est/tans bornescontroqui vomiraits'en emparer ;c'est une des formes do l'injustice qui lo révoltera le

plus.Aussin'est-co pas contro la malhonnêteté grossièro et

criminelledu vol qu'on a besoin de vous prémunir. .Maison doit vous fairo remarquer qu'il y a [dus d'uno façon

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100 A NOSJEUNESFILLES

do manquerà l'honnêtetéot quo l'on n'est honnéto qu'onlosévitant toutes.

L'écolière qui eopio le dovoir d'uno eompagno et lodonno commoson travail personnel n'ost pas honnéto:ollos'est approprié la note ou la placo d'une autre, clloa trompé pour obtenir le bien d'autrui. Faisons desvouix pourquo son mensongesoit découvert bien vito ;s'il réussissait, elle serait tentée de le répéter, et unefoisengagée dans co chemin dangereux, oit s'arrétorait-elle? Se faire passer [tour ce qu'on sait ne pas être, sofaire donner ainsi ce qui appartient aux autres, n'est-ce

pas lo leur vider? Qu'on agisso ainsi par ruse ou parviolence, le mal est pareil.

L'honnêteté n'est vraio quo lorsque la délicatesse la

complète.S'abstenir do prendre ce qui est aux autres nosuffit pas; il faut respecter jusqu'au scrupule le biond'autrui. Knipruiiior A la légère, user do ce qui no vous

appartient [tas, sans [tins do gène que de votre proprebien, est unehabitudefâcheuse,contraireà la délicatesse;ollopeut devenirdangereuse; que, dans la vie, on em-

prunte do l'argent, commo il arrive à certaines per-sonnes, sans l'absoluecertitude do rendre, ou manqueAl'honnêteté. Sans doute on compte bien s'acquitter, oneu a la ferme espérance, mais l'espérance comportanttoujours un degré de doute, no suffit pas. Se servir dubiend'autrui [tour ajouter A la facilité de sa vie et s'enremettre aux hasards de l'avenir [tour payer ses dettesest une conduiteavilissante que rien n'excuse

Il est un moyeu de n'arriver jamais A pareille extré-mité: c'est do régler ses dépenses, je dirais volontiersses besoins,sur ses ressources. Vous verrez [tins tard,mes enfants, que les besoins réels ne sont pas les [dusdifficilesAsatisfaire Avecdu travail et de l'ordre, lesplus pauvres pourvoient aux nécessités de l'existence.Le désarroi commenceavec les faux besoins, les besoins

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DEVOIRSDEJUSTICE'. RESPECTDURIEND'AUTRUI101

do la vanité. Si, possédant do quoi élro nourries, logées,vêtues, convenablement mais simplement, vous deman-dez [dus, il faudra recourir Al'emprunt, ou, co qui re-vient au mémo, remettre A [tins tard lo paiement de vosachats. Vous commettrezdans los doux cas une impru-dence coupable; « [dus tard » n'est [tas A nous ; nous nesommes sûrs que du présont. Ces dépenses, quo vousavez faites sans vous soucier do lour règlement, ellesretomberont sur quoiqu'un. Une ou plusieurs personnesont toujours A soiilfrir du gaspillage insensé de ceux quino voiilont ni compter, ni prévoir. Ou sera la justico?

D'autres, comme la cigale, ont chanté tout l'été. Jono vous conseillerai cortos pas do leur fairo la réponsedo la fourmi. Kiloest haï-sablo, cetto noiro et sèchomé-

nagèro, qui, bionclose choz ollo, laissogrolotcr les pau-vres Asa porto ot so moqued'oux par dessus lo marché.Mais si cllo était capable d'un peu de charité, si elledonnait un morceau de pain, uno petite placo au foyer,on comprendrait sa mauvaise humour contro la cigale.Voilà uno jeune personno qui no veut que s'amuser,prendro du bon temps et qui compte pour vivro sur letravail d'autrui. Or, chacun a besoin du fruit do sontravail pou:*soi, pour les siens, pour coux quo l'Agootles infirmités rondeut pauvros sans qu'il y ait do leurfauto. Ceux qui, pouvant gagner leur vie, préfèrent ladovoir A la bonté dos autres, sont méprisables et mal-honnêtes ; ils n'ont aucun souci do leur propro dignité,ils prennent injustement co qui no leur appartient pas,souvent la part des vrais malheureux.

Aussi la prévoyance, qui conduit A l'épargne ost-ellola sauvegarde do la dignité, do l'honneur. Puisqu'un-jourd'hui est Anous, faisons do notre mieux pour pareraux éventualités do domain. Vous aurez un jour Aéta-blir votro budget, c'est-A dire A calculer vos dépensesd'après vos recettes ; laissez uno placo petite ou grando

6.

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10» A NOSJEUNESFILLES

[tourleséconomies.Novousresterait-il quoquelquessous

purjour, toutos vos déponsosréglées, vousseriozrichos,la richosso n'étant quo la proportion entro les bosoinset les moyens de les satislaire. L'épargno, d'ailleurs,grossit touto soûle; ot cos sous, mis on résorvo, c'est

l'indépendancequelquefois,c'ost la liborté d'osprit [ton-dant los maladiesqui interrompent lo travail, c'est la

possibilitédo rendre servico; ils vous dispenserontdodemander dos services aux autros, co qui est pénibletoujours, dangereux quelquefois.

No pas emprunter, payer oxactemonton temps voulu,ce quo vous devoz, co sont los douxcôtésd'uno mémoobligation. L'inoxactitudodans lo paiomontdes salairesa souvent des conséquencesfAchcusos.On oxposoceux

qu'on lèsoainsi Ado sérieux embarras et Apis encoro.Tel n'osera pas, plutôt par fausso honte quo par déli-catesse, réclamer son dû, mais osera empruntor enattendant lo paiement et avec l'habiludodo l'empruntperdra quolquochosedo sa dignité.

Lo rospoct du bien d'autrui doit être absolu; il nosouffreaucuno excoption: quo la propriété soit collec-tive ou individuelle,ollo doit nous étro sacréo. — Onvoit [dusd'uno porsonnopourtant qui rougirait A l'idéod'uno atteinto, si ininimo qu'ollo soit, portéoau biend'autrui et qui no so fait pas scrupule do frauder uno

compaguiode chemindo 1eron montant.dans un wagonde premièreclasseavec un billet de .seconde; bienplus,des personnos so croyant honnêtes dissimulent A ladouaneou A l'octroi des objets soumisaux droits d'en-trée Lo mal est dans la tronipeiio, non dans le plus oumoinsgrand nombrede personneslésées.

[Jn grand nombrede propiiétés collectivesappartien-nent Al'Etat. Celles-ci,qui formentle patrimoinecom-mun do tous les citoyens, devraient étro sousla sauve-

gardo du public. Détériorer les arbres, los bancs dos

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DEVOIRSDEJUSTICE: RESPECTDURIEND'AUTRUI10s

promenades publiques, c'est nuiro à tout Jo mondeNo (rouverioz-vous [tas vraiment criminels ceux quis'attaquoiaient aux arbres do nos belles forêts, ou quidégraderaient les ornements publics, cos statues, ces

groupos artistiques, qui font la beauté, lo charme de nosvilles, et (piiontreliennont parmi nous l'idée do l'art otdu beau ?

Tout objet fabriqué, enivre d'artisto ou d'artisan,icprésento du travail, de l'effort, de la poino; sa des-truction ost un mal quo nous avons tous intérêt à éviter.Quand on trouvo vos classes tachées d'encre, vos pu-pitres creusés ot grattés, on aurait mauvaiso opinion dovous, mes enfants, si l'on no faisait la part do 1'étour-derio do votro Age Mais votro oxcuso diminuo tous les

jours et cesse du jour ou vous avoz appris quo l'honnê-teté qui so borno a avoir les mains nettes du biend'autrui est fort incomplète. Vous no vous contenterez

pas de l'exacto ot sècho probité ; vous voudrozarriver Ala délicatessequi en est la fleur, ot los légitimes intérêtsdes autres vous paraîtront dignes de respect.

MOYKXD'AVOIUTOUJOUUSDKL'AUGIÏNT

DANSSA I'OCIIi:.

lïn co temps,où chacun se plaint quo l'argentcsl rare,c'est uno bonne action quo d'enseigner à ceux qui sontsuns argentlu manièredogarnir leurs poches. Jo leur feraiconnaître lo vrai secret d'attraper de l'argent, lu façon deremplirles boursesvides, cl de les garder toujourspleines.Deux simplesrèglesbien observéesferont toute l'affaire.

La première: Que l'honnêtetécl le travail soient toujoursles compagnons.

Lu seconde: Dépense nu «ou de moins que ton béné-fice net.

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101 A NOSJEUNESFILLES

Alorsta poche si plate commenceraà enfleret ne crieraplusjamaisqu'ellea le ventrevide.Les créanciersne t'in-sulterontplus,lo besoinno se feraplus sentir, la faimne temordra plu?,la nudité no to gèlera plus. Le monde entiersera plus brillant, lo plaisir jaillira dans cousles coius doton coeur.Suisdonccet aviset soisheureux.

La paresse rend tout difficile,mais le travail rend toutai*é.A quoibonsouhaiteret attendredes jours meilleurs?Travail n'a que fairede souhaits Qui a uu métier a uneterre; qui a un talent a une fonctionqui donne honneur etprofit- Hicn des gens voudraient vivresans travail et surleur espril seulement.Mais faute de capital, ils font ban-queroute, lundisque le travaildonnebien-être,abondancocl considération.

FRANKLIN..

XV11I

DESENOAGEMENTS,DESCONTRATS.RESPECTDELAPAROLBDONNÉE,LEMENSONOE;SESNOMDREUSESFORMES.

Tant vaut l'homme, tant vaut sa parolo : voilà, mesenfants, un proverbe à méditer. La mesuro do l'estimeest celle de la confiance en la promesse, en la paroledonnée, et eussiez-vous d'autre part cent bellesqualités,on no vous comptera que si l'on peut compter sur co quovousdites. Commenten serait-il autrement, et quopeu-vent être nos rapports avec coux dont la sincérité nous

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DEVOIRSDEJUSTICE: RESrTXTLESENGAGEMENTS105

est suspecte? Avec eux, aucune sincérité, rien de cer-

tain, de sérieux. La vérité seule donne vie à toute choso;rien no vaut sans elle, et l'on comprend qu'un des plusnobles penseurs de notre temps ait demandé quo pourtout éloge on gravât sur sa tombe ces mots : il aima la

vérité.Qu'est - ce qu'êtro vrai ? Ce n'est pas seulement so

garder de dire ce que l'on sait être faux. C'est donnersur soi-même, sur toutes choses des impressions et desidées que l'on croit exactes , conformes à la vérité ;c'est porter dans ses actes, dans ses paroles cetto sincé-rité qui rend toutes choses aisées en évitant l'embarras,la gêne en toute circonstance II ne suffit pas. pour être

vrai, de fuir lo mensonge grossier qui altère, dénatureles faits en vue d'un avantage personnel; cetto sorte do

mensonge suppose tant do bassesse et do lâcheté, il

éloigne si entièrement la bienveillance la plus résolue, ilisole Atel point lo misérable qui y tombe, quo son nomsuffit pour en garantir un enfant honnéto.

Haïssable en lui-même, le mensonge est odieux encore

parco qu'il supposetoujours d'autres vices. Qui fait sondevoir n'a rien à dissimuler, ni A fausser. Lo paresseux,le négligent, le malveillant peuvent recourir au men-

songe pour éviter la [finition, la réprimande qu'un enfant

loyal et courageux r.o cherchera nullement à éviter, sielles sont méritées; ou bien, le petit malheureux voudraobtenir des éloges, sans so donner la peine de les mé-riter. Un mensonge en appelle d'autres [tour soutenir le

premier; l'habitude se prend, et quand arrive lo jourinévitable où le vice porto ses fruits naturels, la honto,lo délaissement, il est bien tard pour réparer lo mal,en eût-on lo désir; rien de plus difficileA regagner quel'cstimo perdue, et sans l'estime, vous le savez, la vioest impossible.

11y a des degrés dans la bassesse : certains mensonges

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106 A NOSJEUNESFILLES

sont plus méprisables que d'autres : ce sont ceux qu'onp-ut appeler indirects. Supposonsqu'il se soit produitun acte de courage, de dévouement ou de charité dontl'auteur soit resté inconnu. Un menteur veut profiter docette circonstance pour se faire attribuer du mérite. Il sogardera bien de dire : « c'est moi qui ai fait ce quovousadmirez.» Mais il aura des demi-mots, des sourires, desairs de no pas vouloir avouer tout en laissant deviner ;surtout il no démentira pas simplementet sincèrementco qu'il est parvenu Afaire supposer.

Si la vérité se découvre, il risque peu, n'ayant rienaffirmé ; sinon, il a des chances de faire illusion. Notrouvez-vouspas quo mentir ainsi, c'est mentir plusieursfois? Un mensonge direct, un franc mensonge, si cesdeux mots pouvaient aller ensemble, exposeson auteurà uno contradiction ouverte, A un flagrant délit ; unmensonge en action, hypocritement insinué a plus dochances de réussir pendant un temps et ses effetssont

plus dangereux ; c'est la perfidiedu noir Tartuffe qui,déguisé en homme de bien, so glisse dans une familled'hcnnêtes gens et l'amène près de la ruine.

L'horreur qu'inspire un tel caractère doit mettre engarde et faire éviter ce qui, même de bien loin, lui res-semble Toute altération de la vérité est une déchéancemorale ; chercher Aparaître coqu'on n'est [tas, trompersur sa position,sur son mérite, est égalementdangereuxot je comprendsbien cette jeune lillo d'uno comédiemo-derne, trouvant mauvais de voir les siens vouloir fairodans lo monde -plusgrande ligure qu'il ne convient Aleur fortune et disant :

Jo pousse l'horreurdo la supercherie.Vois-tu, jusqu'à blAmerce bonnetd'avoir l'air,Tout en ne coûtantiion, de le coûter très cher*l

1EmileAugicr,La Jeune,se.

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DEVOIRSDEJUSTICE! RESPECTDESENGAGEMENTS107

Nous vivons do vérité et notro repos n'existerait plussi nous ne pouvions compter sur la parole les uns desautres. Cetto parole, une fois donnée, devrait suffire;entre honnêtes gens, on no devrait avoir besoin ni d'en-

gagements écrits, ni do serments. « L'honnête homme,dit La Bruyère, no jure pas ; son caractère juro pourlui. » La loi réclame pourtant quelquefoislo serment en

justice Le témoin appelé Adéposer dans un procès jurodo dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité ; ilest parjure s'il viole cetto solennelle promesse La loi

garantit aussi l'exécution des contrats ou engagements•écrits, pour sauvegarder les droits do chacun on cas docirconstances imprévues, disparition, mort, accidents

quelconques.Le mensonge consistant à tromper en vue d'un avan-

tage personnel, on ne saurait appeler de cenom ilétrissantles paroles consolantes adressées par lo médecin à unmalade à qui il veut laisser l'espérance sans laquellenousne pouvons vivro. Soutenir l'énergie do son malade ostune partie de ce quo l'on appelle le devoir professionneldu médecin ; il y aurait cruauté de sa part à y manquer |il se trouve placé entro deux devoirs dont l'un est plusimportant par ses conséquences quo l'autre, puisqu'ils'agit do sauver une vie humaine : c'est donc à co der-nier qu'il doit obéir.

Dans un de ses ouvrages, Victor Hugo nous montrouno religieuse, la soeur Simplico, célèbre par son amourdo la vérité et dont la parole vaut un serment. Des cir-constances l'amènent A cacher un innocent Atort pour*suivi par la justice On lui demande si elle sait où estcet homme ; par deux fois cllo répond non ; elle l'a sauvé,mais c'est lo plus grand sacrifice quo son coeurpur aitfait jamais à la charité; ici le mensonge disparait dansl'héroïsme

Méritons qu'on dise do nous co qu'un grand écrivain

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du xviie siècle disait do l'amie qu'il estimait par dessustout : cllo est vraie Soyez vraies ; mais s'il est indispen-sable do toujours penser ce quo vous dites, il no l'estnullementdo toujours dire tout co quo vous pensez. A

ipioibon déclarer, comme le veut lo Misanthrope,

à la vieilleEmilie,Qu'il sied mal à son (lgcde fuirela jolie.

'No confondezpas la franchise avec la brutalité, no res-semblezpas à ces gens pour qui «parler et offensersont

précisément la mémo chose », no donnez votro avis quos'il est demandé. Vous avez commotout lo monde ren-contré des personnes qui commencent volontiers leurdiscourspar « jo vais être franc », et qui lo sont jusqu'àso montrer fort désagréables. 11y a dans cetto sorte dofranchise bien autro chose quo l'amour do la vérité,commole montre spirituellement un romancier anglaisdans lo passagesuivant :

A Middlcmarch(petiteville de province)une femmen'i-gnoraitpas longtempsla mauvaiseopinionqu'avait la villede sonmari. Sesamiesintimespouvaientbienne pas porterl'amitiéassezloinpour raconterà la femmeles faits déplai-sants attribues au mari; mais lorsque l'une d'elles, dontl'imaginationétait sansaliments,trouvaittout à coupà l'oc-cuperde sujets vraiment compromettantspour sos voisins,diversesimpulsionsmoralessemettaientenjeu pourl'obligerà parler.Et d'abord,la franchise. Etre franc, en phraséo-logiedo Middlcmarch,signifiaitsaisir la premièreoccasionde fuiresavoirà vos umisque voire opinionsur leur capa-cité, leur conduite ou leur position, n'était pas des plusencourageantes, et une franchise énergique n'attendaitjamaisqu'on lui demandâtson avis. Puisvenait l'amour dela vérité, phrase à large sens, mais signifiantdans le eusprésent le vif regret de voir une femmeavoir l'air plusheureuxque tic lo permettait lu réputationde son mari clmanifestertrop de satisfactionde son loi; il fallait laisser

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DEVOIRSDECHARITÉ 109

entendre à la pauvreunie que si elle savait la vérité, clics'occuperaitmoins de ses chapeaux ou de ses petits platsdu souper.Par dessus loul venait le souci du perfectionne-mentmoralde l'amie, do ce qu'on appelaitquelquefoissonfinie,qui ne pouvaitque gagnerà entendredes observationstendantà attrister, faites en regardantfixementles mursclde façonà bien indiquerqu'on ne disait pas tout ce qu'onavaitsur lo coeur,par égardpour les sentiments de l'audi-trice.Onpcul dire en sommequ'une charité ardenteagissaitsur les âmesvertueusescl les excitait Arendreleurs voisinsmisérablespour leur bien.

GEORGEELIOT.

XIX

DEVOIRSDE CHARITÉ.FORMESVARIÉESDELABIENFAI-SANCE.NÉCESSITÉDBRENDRELASYMPATHIEETLAPITIÉACTIVES.

Tristo vie, mes enfants, serait celle d'une personne quise bornerait à no pas nuire aux autros. Nojamais fairede mal, c'est quelquechose sans douto ; co n'ost pas toutle dovoir; la plus grande partie, la plus difficilereste àfairo. Vous savez que co n'est pas la conscioncoseule

qui nous empécho do faire tort à autrui ; notro propreintérêt, les lois do notre pavs sont, à défaut do bienveil-

lance, des raisons suffisantespeur nous maintenir dans1

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110 A XoSJEUNESFILLES

les voies honnêtes. On no mérite [tas le nom de juste ons'abstonant du mal ; pour y avoir droit, il fuit fairo lobien.

lit comment pourrait-on poursuivre son chemin, tran-

quille, satisfait do soi-même, Ala vue, Ala pensée dotoutes les souffrances qui ravagent notre inonde, sanschercher Ales soulager de tout son coeur, do toutes sesforces? La maladie, la pauvreté, l'ignorance, malheureu-sement aussi les vices, la faiblessod'esprit, do caractère,amènent parmi nous des maux incalculables, si nom-

breux, si variés, qu'il semble parfois impossible do les

guérir.Toutes ces douleurs forment lo domaine do la cha-

rité; c'est cllo qui s'est donné la tàcho do diminuer lasommedu mal on co moudo,de combattre la souffrance,do donner de la force au faibleet d'établir plus do justicedans les rapports des hommescnlro eux.

La symp.ithio qui nous émeut quand nous voyonssouffrir est la première impulsion vers l'action chari-table Un l'accomplissant, nous agissons pour notro sou-

lagement personnel ; qui, pouvant soulager, laisseraitsouffrir d'un couir léger et détournerait son chemin docelui des malheureux? lit pourtant que do maux exis-tent encore sans soulagement; on est ému, mais on ex-

primo son émotionpar des mots ; on plaint la soulirauco,mais c'est do la pitié perdue puisqu'ellen'agit [tas; poudo choso suffirait pour la mettre eu mouvement, la tirerdos profondeursoù elle est engourdie, la rendre vivante,efficaco.

Un Anglais raconto, A co sujet, l'anecdote suivante :Un pauvro hommo était tombé dans la rue et s'étaitblessé ; une grande foule so rassemble autour de lui ;chacun exprimait sa compassionsans d'ailleurs faire da-

vantage quand un ouvrier s'avança et dit : « lih bien,moi je plains cet hommo « [tour un demi-écu ». l'eue

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DEVOIRSDECHARITE 111

combien lo plaignez-vous? » La collecte faite sur-le-

champ fut, parAit-il, très productive L'oxemplo ot les

paroles do l'ouvrier avaient montré (pie l'émotion no de-vait servir qu'Arappeler le devoir.

Mais si, pour fairo le bien, il était indispensabledodonner de l'argent, ceux qui n'ont que lo nécessaire no

pourraient donc être gens do bien? Il n'en est rien. Lasouffrance humaine a tant do formesque chacun [toutytrouver do quoi remplir sou devoir, satisfaire Ases be-soins do bienveillance 11est naturel, légitime, et mémoutile do choisir parmi les formes du bien A fairo celle

qui nous convient le mieux. La tàcho est infinie, nul n'ysuffirait. Demandez-vousdonc quello catégorie do mal-heureux vous intéressent le plus; sontant plus vive-ment co qui leur manque, vous réussirezmieux à le leurdonner. C'est ainsi quo les uns préfèrent s'occuper dosenfants, les autres des vieillards ou, on particulier, decertaines professions.D'autres s'attaquent volontiersaumal n oral, cherchent à agir sur les Amesperverties,vont dans les [irisons tenter do ramener au bien des

coupables; d'autres luttent contro l'ignorance, veulentrépandro la lumière, augmenter los jouissancesdo tousen lour faisant comprendre un sens plus élevé do la vio,ils font la chasse aux idées fausses, aux superstitionshaineuses, aux préjugés qui séparent, qui isolent, Atoutco qui grouille dans les ténèbres. Mais, on sommo, tousces soldats do la grando arméo du bien combattent lomémoennemi : le mal, la souffrance.

lit vous, mesenfants, toutes jouncs encoro, no dispo-sant do rien quo do votro bonno volonté, quo pouvoz-vous fairo? l'ius do bion quelquefoisqu'en distribuantdo fortes sommes.

Imaginons, si vous voulez, uno jouno fille pauvre, vi-vant dans un milieu pauvre Kilo a vu la misôrodo

près, elle ou a souffertdéjà, et, par cola mémo, elle ne

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112 A NOSJEUNESFILLES

peut voir sans chagrin les autres en souffrir, ni sansbesoin do soulager. Uno voisine, chargée de famillo,tombe malade Dût la jeune fille prendre un pousur sonsommeilpour ne pas nuire à sa tAchoquotidienne, elle

peut aller, soir et matin, soigner le petit ménage, dontl'abandon ajoute pour la malade Ala cruauté du mal; elle

s'occupera des enfants; à cause d'elle, ils souffrirontmoinsdo la maladie de leur mère, de son absence, si ellea dû étro transportée A l'hôpital. lille pout aller l'yvisiter un jour do congé, lui porter des nouvelles dos

siens, la rassurer sur la bonne marche du ménageQuellejoie, au retour do la malade, de lui montrer son

petit logement en bon état, avec un air do féto et dobienvenuequi causera plus do plaisir et fera plus de bien

qu'il n'a donné de peinoAprocurer.Les maladies ne sont pas les seules occasions do' se

rendre utile, de répandre le bien autour de soi. La viedochaquejour abondeen circonstances où un peu d'aide

gracieusement offerteest do l'effet lo plus bienfaisant.De petits services, quelques attentions aimables en

vers ceux dont la vio est difficilesont commodes fleurs

jetéos sur leur peino. Uno jeune fille un peu avancéedans ses études peut aider uno enfant [dusjeune Amieuxréussir dans les siennes. .Sidans son voisinage se trouve

quelqueinfirme confinée Ala maison, uno heure passéeauprès d'elle, une lecture amusante faite do temps Aautre apportera bien-être et soulagement. Dans les pe-tits ménages pauvres, où chacun est appelé au dehorstous les jours, pour la tAchoquotidienne, l'entretien dela maison est parfois négligé; une jeune fille [toutaiderdo [tins pauvres qu'elle dans des travaux de couture, deraccommodage, comme celte enfant qui se glissait lejeudi matin dans la chambre d uno voisine, enlovaitprestement tous los bas déchirés dans lo panier au rac-commodago,les rapportait lo soir bion réparés et préton •

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DEVOIRSDECHARITÉ 113

dait qu'il oxisto encore do bonnes fées. « Je crois bion,disait-on eu riant; nous on connaissons uno. »

« Deux liards couvriraient fort bien toutes mes terres.Mais tout lo grand ciel bleu n'emplirait pas mon coeur! »dit l'enfant héroïquo do la légende. — C'est avec locoeur quo so font les grandes choses : pour fairo du bienaux autres il faut les aimer. De grandes afflictionsattendent chacun do nous; des êtres aimés nous quit-tent; la mort nous les prend; d'autres no répondent pasA co que nous en attendons, nous méconnaissent, nousoublient ; nous échouons dans des entreprises qui noussemblent dovoir décider do touto notro vie ; nous souf-frons de mille manières: seule, la sympathio vraie nous

soulage, nous console, sinon au moment mémo où lomalheur frappe, du moins bientôt après. No répétezpoint co qu'on dit parfois : Pour certains malheurs, iln'est point do consolation; on consolerait plus souvent sil'on et et [dus vraiment ému des peines d'autrui : locoeurseul sait parler au coeur; il n'entend aucune autrevoix ; mais celle-ci lui parvient, otla souffrance est adou-cie quand on la sont partagée ot qu'on n'est plus seul àsouffrir.

Co qu'il y a do précieux, do profond, dans cette sym-pathie communicativo, est mis on lumière dans un jolifabliau du moyon-Age

LE CIIEVAL1EKAU DAH1ZEL.

Il y avait un chevalier dur el cruel envers les pauvresgens. Il ne sortuit de son donjon que pour leur courir suset les mcllro ù mal, et ses gens faisaient comme lui. Unjour il trouva sur lu route une pauvre femmeà demi motte,qui venait de donner le jour à un enfant; un peu plus loin,lo mari étuil lue. « Monseigneur,uyez pitié de moiqui vais

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114 A NOSJEUNESFILLES

rendre l'Amecl de ce pauvre polit; allez me chercher unpeu d'eau dans ce barizcl pour éteindre la soif qui mobrfilo.» Il lu regardaavec mépriset piqua des deux sunsrépondre Maisau même instant il sentit suspenduà soncou le barizclquo la pauvre femmelui avait tendu, et ilentendit une voix qui lui dit : « Marche,marche, tu net'arrêterasque quandce barizclsera plein.» Il courut à lafontaine,maisdans lo barizcll'eau fuyaità mesure qu'elleentrait.El il commençason voyage,voyagesuns Irèvc,ettoujourssonnaitsur sa poitrine lobarizclvide.Oh! chré-tiens,danssa courseà traverslo monde,il vil bien des mi-sères; il rencontrabiendesseigneursqui foulaientle pauvremonde;il entenditbiendes lamentationsel vit coulerbiendes larmes; cl son coeurde fer commençaà mollir dans sapoitrine.Un soiroii pour la centièmefoispcul-élroil ap-prochaitdo son chilleau,où il lui était défendu d'entrer,ilvil sur le bord de lu roule une pauvre femme clenduoàdemimorte, qui venait de donnerle jour à un enfant unpeuplus loin, le mûriétuil tué ; < Monseigneur,ayez pitiéde moiquivais rendrel'Aineet doce pauvrepetit; allezmechercher un peu d'eau dans co barizcl.» Le chevalier,remuédans soncoeur,laissa tomberuno larme,la premièrequ'ileût versée; la larmetomba dans lo barizcl; le barizclétait plein.

XX

TOUTI.EMONDEPEUTÊTREIIIESKAISANT.DONNERDESONIIIKNEST«ON;ITONNERSES1UTORTS,SONTRAVAIL,SONC'EUHESTENGOUEMIEUX.

De tout temps les hommesont été obligés de préloversur co qu'ils possèdent ou sur le fruit do leur travail

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TOUTLEMONDErT.UTÊTREBIENFAISANT 115

la part des pauvres, des infirmes, des onfants aban-

donnés, dos vieillards sans ressources. Dans certains

pays cette part est assurée directement par uno « taxode5pauvres ».

Chez nous, uno partie do l'impôt est altribuéo A l'As-sistance publique, sorte de Ministèro de la Charité.Les hôpitaux, les orphelinats, les asiles do vieillards,d'infirmes, d'aliénés relèvent de l'Assistanco publique,qui est chargée en outre de distribuer des secours auxfamilles nécessiteuses. Cette grande organisation do la

charité, un des traits los plus nobles do la civilisation

moderne, semblerait devoir remédier A presque toutesles misères ; mais chacun sait combien nous sommes loind'un résultat si heureux. Quelles (piesoient les ressourcesdo l'Assistance publique, elles no sont pas égales auxbesoins do la misère publique

lin dehors de l'Assistance publique, un grand nombredo .Sociétés particulières luttent aussi contro la misèro ;parmi ces Sociétés, beaucoup ont une grando impor-tance et une action bienfaisanto très étendue ; toutestravaillent A diminuer lo mal, qui toujours renaît. Lacharité privée apporte à la lutte pour le bien uno forceconsidérable ; elle so réserve los infortunes les plus tou-chantes, celles qu'il faut découvrir, celles qui cachentleur misèro comme uno honto.

On chercho à saisir lo mal à sa baso, en travaillant

pour l'avenir : tous les enfants pauvres sont instruits

gratuitement ; on leur apprend des métiers, on les pré-pare Ades professionsqui leur seront unjour un gagne-pain honorable On ôto A la mauvaiso chance le [duspossiblo do co qu'elle a do pernicieux en préparant leshommos et les femmes do domain Aune vie intelligenteet dominée par la dignité, qui aime mieux tendre la main

pour donner «ptopour recevoir.lit lien do tout cela n'est suffisant ; et la misère r*~

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116 A NOSJEUNESFILLES

vient, commorenaissaient les têtes do l'hydre fabuleuse,à mesure qu'on les coupait.

Pour on venir A bout, il faudrait quo chacun, sans

exception, apportât Ala grando oeuvre sa part de bonnovolonté ; à cotto condition la victoire serait moins dif-ficile

Do grandes ressources, vous lo savez, ne sont pastoujours nécessaires ; lo vif désir d'être utile et qui s'in-

génie à lo devenir peut inspirer parfois très heureuse-ment.

Si nous réfléchissions à tout co qui pourrait so fairodo bion, d'utilo, d'heureux, avec co qui soperd, depuisnotro temps jusqu'à notro vieux linge, nous deviendrions

sagement économes,c'est-à-diro que nous ferionsdo toutun meilleur usage

Cette observation ressort do co quo jo vais vous ra-conter.

11y a quinze ans, dans uno villo do province, vivaitune dame qui, après do longues années heureuses, avait

perdu prosquoen mémotemps son mari et sos doux fils,son orguoil et sa joio. C'était uno Amevaillante ; cllosut souffrir, renoncer au bonheur qui lui était arraché,ot cetto vio qu'ello no pouvait plus donner à des êtres

aimés, elle résolut do la consacrer aux malheureux. Son

temps était libre, mais ses ressources modestes.lillo alla trouver toutes les dames avec qui olloétait

on relations d'amitié ou do simple politesse et leur dit :« Voulez-vous vous débarrasser au profit dos pauvres,do tous los objots, vêtements, meubles, vaissollo,dontvous no faites plus usage, que vousmettez au rebut? Jo

prends sur mon appartement, maintenant trop grand,deux pièces qui serviront do lieu d'entrepôt, et jo crois

pouvoir mo charger d'en tirer bon parti. »Dans un grand nombre do maisons, surtout en pro-

vinco, on a la mauvaise habitude d'accumuler I03vieil-

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TOUTLEMONDEPEIT ETREIUENFAISANT 117

lerios encombrantes, de les laisser moisir sans profit pourpersonne; la proposition do vider les vieux tiroirs, d'aérerles armoires, do gagner de la placo, tout on contribuantà uno bonne oeuvre fut acceptée avec empressement parla plupart. Au bout do quelques mois, MmoX... eutchez elle un véritable magasin des objets les [lus variés,depuis la brassière, los petits chaussons, la petite voi-ture du bébé, jusqu'aux chancelières plus ou moins usées

pour do vieilles infirmes.11s'agissait do tirer parti do ces richesses qui no coû-

taient rien à personne lillo avait enrégimenté quelquesjeunes filles de familles pauvres qui venaient à lour derôle l'aider à classer les objets, à repriser, raccommoder,remettro on bon état des vêtements qu'elle no donnait

jamais quopropres ot sans déchirures, — pour cesjeunesfilles, il y avait un vrai plaisir à contribuer, elles aussi,à une oeuvresi utile et qui no tarda pas à s'étendre quandon eut constaté tous les services qu'elle rendait, D'autres

jeunes filles, disposant de plus de temps, venaient volon-tiers passer chaque semaine dos demi-journéos à l'ou-vroir ; des ouvriers demandaient à réparer los vieuxmeubles et refusaient leur salaire, si bion que los hail-

lons, les guenilles devinrent de plus en plus rares et quomaint intérieur pauvre prit un air do confort, dans le

voisinago do la femme charitable, qui mettait son intel-

ligence et son coeur au service des pauvres.Ils n'étaient pas seulement secourus : la charité do

cotte femmeétait un enseignement. lin associant los pau-vres eux-mêmes au bien qui lour était fait, en iéveil-

lant chez eux lo sentiment do solidarité qui nouslio les

uns aux autres, elle les relevait à leurs propres yeux, lillo

leur montrait quo les plus petits, los plus humblos peu-vent aus.-i fairo du bion à leurs frères ; quo s'ils lo pou-vent, ils lo doivent. A s'occuper d'adoucir la peine des

autros, ils oubliaient leur propre peino ; ils s'accoutu-1.

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118 A NOSJEUNESFILLES

maiont à no pas laisser entièrementni les dovoirs, ni les

plaisirsdo la charité à ceux qui possèdent.D'ailleursn'est-copas posséderquod'avoir un métier,

un talent qui fournit honorablomontaux besoins, et nod it-on pas réserver uno part du fruit do son travail àceux qui sont moinsbien partagés ?

Vous portez en vous, mes onfants, do quoi aider à co

grand résultat. Pensezsouvontaux malheureux,lin atten-dant quo vous puissiezréserver leur part dans l'activitédo votro vio, faites-leur uno part dans vos réflexions;c'est vous qui leur dovrozalors do la reconnaissance;ils vous sauveront do l'égoïsmoet vous feront avancerdans la voiodu bien.

UNEFEMMEDE BIEN.

Ellî disait, tendantla mainaux travailleurs:« Lavioest dure ici, maisserabonneailleurs,Avançons!» Elle allait, portantde l'un à l'autreL'espérance;c'était unoespèced'apôtreQueDieu,sur cctloterreoù nousgémissonstous,Avaitfailmèrecl femme,afinqu'il fût plus doux.L'espritle plus faroucheaimaitsa voix sincère.Tendre,elle visitait sous leur toit domisèreTousceux que la famineou la douleurabal,Lesmaladespensifs,gisantsur leur grabat,Lamansardeoù languitl'indigencemorose;Quandpar hasardmoinspauvre,elleavaitquelquechoseElle lo partageaità touscommeune soeur;Quandellen'avail rien,elledonnaitsoncoeur,Calmeet grandoelleaimaitcommele soleil brilleLegenrehumainpourelleétait une familleCommoses trois cnfanlsétaient l'humanité.Ellecriait: Progrès!Amour!Fraternité!Elleouvraitaux souffrantsdes horizonssublimes.

VJCTOHlluoo.

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DISCERNEMENTDANSLACHARITÉ.ARTDEDONNER119

XXI

DISCRÉTIONETCHOIXAAPPORTER,MÊMEDANSI.ACHARITÉ.ARTDEDONNER.

Vousconnaissez,mesonfants, lovieux proverbo : Cha-rité bien ordonnéocommoncopar soi-même. Nous allonslo modifierun pou, n'cst-co pas, et nous dirons : Com-moncoautour do nous. La charité qui commonco parsoi-mémo,vous savez son nom : c'est l'égoïsmo; nousn'avons quo fairo dola recommander.

Touto souffrance est digno do pitié, mérito secours ;mais celles qui nous entourent, quo nous voyons, quonous touchons, nous réclament tout d'abord. Cotto sim-

plicité que l'on vous recommandoon tout, gardez-la dansla charité ; il n'y faut pas tant d'imagination ; lo coeursuffit. On trouve assez souvent tout près les occasionsd'oxcrcersa bienveillanco sans aller les chercher bienloin. Dans un de ses beaux romans, Dickens nous dé-

peint uno femmo animée d'uno tendresse et d'un dé-vouement sans limites pour « les naturels do Borrio-

boula-Gha, sur la rivo gauche du Niger ». lillo lourdonno son temps, ses pensées, no réservant rien pourautre chose, tandis quo chez elle tout so ruine et quosesenfants passent leur vie à tomber par les fenêtres ou danslo feu.

Voiciun portrait de cetto dame, un petit tableau deson intérieur, qui vous ôtora, je lo pense, tout désir d'i-mitation :

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120 A NOSJKI1NKSFIMES

MislrossJellybyétait unojoliopclilofcmmo,loutorondo,cnlroquaranlocl cinquanteans, avecdo beauxyeux, maisqui avaient uno curicusohabitude do scmLlerregarderauloin,commes'ils 110pouvaient a]iorccvoirrien doplus prés'que l'Afri<iuo.Kiloavait do beauxcliovoux,mais tftait tropoccupéodo ses devoirs africainspour les brosser.Lo chAloqui l'enveloppaittombasur sa chaise pendant qu'elle s'a*vançailvers nous,cl commoelle so retournaitpourprendrosa placo,nous dûmesremarquerque sa robono fermaitpascl que l'ospaco blanc «finitrecouvertd'uno sorlo do laciscomme uno porloa claire-voie.I.a salle, parseméedo pa-piers et à peu près remplie par un immense bureau nonmoins encombre'do paperasses,n'était pas seulementendésordre, mais très salo. — Co qui nous frappa surtout,c'était une jeune flllo,nullementlaide, mais l'air fane,souf-freteux, assise à co bureau, mordillantsa j lumo et nousregardant lixcment; jo crois quo personne n'a jamais c'tôaussi couvertdo tachesd'encre. Depuisses cheveuxdéfaitsjusqu'à ses pantouflesdo salin sales, déchirées, les talonstordus, cllo n'avaitpas sur elle un filqui fût à sa vraieplacocl on bon dlat.

c Vous mo trouvez, mes amis, dit mislrcss Jellyby, trôsoccupéo, commod'habiludo; mais vous m'excuserez.Coprojet d'Afriqueprend tout mon temps; il m'obligeà unocorrespondanceénorme avec les pouvoirspublics et avecdesparticuliersdésireuxdu progrèsdo leur espèce Jo suishciircusododirequonousavançons;l'annéeprochainenousaurons do cent cinquantoà deux cents famillesbien por-tantes, cultivant lo café, et travaillantà l'c'ducationdesna-turels do Uorrioboula-Gha,sur la rivogauchodu Nigor.»

Sa conversationest interrompuepar l'entrée do l'ccpy, lomalheureuxpetitqui a faillilaissersa tOtoentre lesbarreauxd'unofenôtrode la cuisine; le frontcouvertdo sparadrap,il vient exhiberses jambes contusionne'cs,desquellesnousno savionsque déplorerdavantage,les bleus, ou la saleté'.Mistrc>sJellyby, avec la sérénité qu'elle met en touteschoses,lui dit seulement: « Allez-vous-en,vilainl'ccpy»clfixodo nouveauses beaux yeuxsur fAfrique.

Vientensuite la descriptiondes chambresoù les rideaux

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DISCKRXF.MKNTDANSl..\ CIIAMîtf..MITHP.IMXNF.ll121

des fenêtressont rattachés par uno fourchette,où l'on trouvedes iiftirmiteségarées sur des toilettes, cl des moulesa piUdpour remplacer les cuvettes; puis du dîner, composeduplats superbes, absolument crus cl qui traîne en longueurpar suite d'accidentsvariascl du mauvais vouloirqui rognecnlro les servantes.

MislrossJellybygarde a travers toutes ces épreuves unoparfaito égalité d'humeur. Kilo raconte toutes sortes dochoses intéressantessur les naturels do Honioboula-Ghaclreçoit tant do lettres pendant lo dîner quo l'on voit jusqu'àquatro enveloppesà la fois dans la saucière.

J'aurais aimé savoir qui était un monsieur chauve, enlunettes, à l'air doux, entre après lo poisson et tombe' surun siège vacant. Il semblait admettre passivement Honio-boula-Gha,maisne pas prendre un intérêt actif dans cet éta-blissement.C'est en quittant la table .seulementquo j'eusl'idée qu'il pouvait bien être M. Jellyby. Pendant touto lasoirée, il resta dans un coin, la 10tecontre lo mur, commoen proioau découragement.MislrossJellyby, assiso commedans un nid do papier déchire',but do nombreuseslasses decafé, tout en dictant à sa fille atnéo. Kiloparla do la frater-nité humaine et exprima do très beaux sentiments. Jo nofus pas uno auditrice aussi attentive quo jo l'aurais désiré,occupéo quo j'étais do l'ccpy cl des autres enfants qui sopressaientautour do moi jusqu'au momentoù Mistress Jel-lyby, lesapercevantparhasard, les envoyaau lit. Leurbonnefondit sur eux commo un dragon, cl les fourra dans leurscouchettes.

DICKKSS.[lileak-House.)

11n'aurait pas fait bon, n'ost-co pas, vivro dans cotlomaison où lo supnrllu prônait la placo du nécessaire. Lo

premier devoir est celui qui so trouve tout prés do nous.Un certain nombre d'élros ont sur nous dos droits

tout particuliers, qui priment les autros. Nous bles-sons la justice en leur enlevant co qui leur appartient.Un père, uno mère qui délaisseraient leurs enfants pourmieux s'intéresser à l'humanité en général ; des enfants,

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122 ANOSJKUXKSF1I.LKS

qui sacrilîoraiontlos devoirs do familloa dos préoccupa-tions mémophilanthropiques, manqueraient à un dovoirstrict et précis, Il no faut pas acheter lo bion incortaindos uns par la soiillraiico certaino dos autres, surtout

quand ceux-ciont à eomptorsur nous. Notrochampd'ac-tion est assoz vasto, on lo bornant a notro entourage ;c'est là qu'il faut cherchor lo mal à guérir; après, s'il noresto plusdo misères autour do nous, nous no demande-rons pas mieuxquo do nous occuper îles Chinoisou des

négrillonsdos pays fantastiques.N'cst-il pas à désirer quo tout lo momlo on fassoau-

tant? Nousconnaissons nos voisins, nous les compre-nonset notro compassion, on cherchant à los soulager,risquera moins do s'égaror qu'on ontropronant l'éduca-tion des naturelsdos antipodes. 11est boaucertainementdo s'intéresser à oux par rospect pour la solidarité quiHotous les homnios.Mais si nous comprenons bion l'a-mour do l'humanité, los dovoirs qui on dérivent, nousaurons plusd'ardeur cependant à remplir ceux quo nousdicte unosympathie plus vivante, plus consciente d'ollo-inémoet do co qui la fait naitro. 11y a partout du bionà faire, du mal a pansor; pourquoi no pas commencer

par lo malqui nous géno,qui nous blcssoles yeux? Met-tons-nous à l'oeuvre bravement; sarclons notro jardinot faisonsdosvoeuxpour lo succès do ceux qui veulentdessécherlos Marais Pontins.

11n'est pas aussi facile qu'on pense do bien donner,à propos,utilement, sans humilier, do façon à produire-cette reconnaissancequi est comme l'épanouissementducoeur.Si les bienfaits rencontrent trop souvent des in-

grats, c'est quo trop souvent aussi los bienfaiteursont

manquédo tact, do discrétion.Cherchons à comprendre l'état d'esprit du malheu-

reux quo l'on veut secourir; vous entendez bien qu'iln'est pas questiondu mendiant do profession,do cet ex-

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MSCERNF.MF.NTPANSLACHARITE.ARTl»K0ONNF.R123

ploitotir do pitié qui volola part du vrai pauvro ; il s'agitd'uno porsonno réduito à la misèro par aecidont. Cottomisèro mémo, qu'elle soit nmonéopar la maladio ou pardos défauts d'esprit, do caractèro, dos imprudoncos docondiiito, n'indique pas dos dons houroux pour le combatdo l'oxistonco; la défaito n'a pas amélioré l'humeur. Cebionfait qu'on apporto, qui sait commont il va étro onvi-

jagé? So rondro justice oxacto à .soi-mémoest encore

plus difficilequo do la rendre aux autres. Votro obligé noso dira pas quo dos fautos ont amoné sa situation ; ilno lo ponso pas ; lo manque do prévoyance qui lui a faitpublier l'épargno, il no so l'imputera pas commo untort ; il l'ajoutera à ses griofs contro la vio, car il luisomblono s'être jamais accordé quo lo nécessaire Pour-

quoi, pourrait-il so diro, ost-co moi qui suis forcéd'attondro la graco d'un bionfait, tandis qu'un autro

peut disponser cotto graco ou la refuser à son gré? —Co sont la sontimonts bion amers, mais la misère ostmauvaise conseillôro ot celui qui souflro voit lo mal

partout.Si vous voulez soulager, commencez par apprivoiser

ceux si qui vous voulez faire du bion : faites-vous par-donner votre supériorité sur eux. S'ils aiment la main

qui donne, lo don leur paraîtra doux. No croyez pasavoir acheté par vos bienfaits lo droit do dire dos vérités

désagréables ; n'imposez pas vos conseils ; tachez qu'onvous los domando. Vous n'aurez réussi quo si l'ontrouvo votro visite dans la pauvro demeure trop courte,si l'on désire votro retour.

La reconnaissance naîtra alors et tout co qu'elle amônodo bienfaisant : un élan plein d'affection vers la sourcedu secours, de la confiance en soi-même, puisqu'on s'estvu traiter on égal par lo bienfaiteur, de la confiance onl'avenir, parce qu'on se sait soutenu ot non isolé dansles difficultésprésentes. Qui sait 1 co sera peut-être un

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124 ANOSJEUNESFILLES

gcrmo qui produira do bollo*floraisons : lo désir dorondro co qu'on a reçu, do lo rondroa d'autres malhou-roux, ot do fairo lo bion commo dos Amesnoblos ettendres vous ont enseignéa ,lo faire.

Fais à autrui co quo tu voudraisqu'on to fit, c'est lo

principe do la charité, vous lo savez. Chorchoz, mosenfants, a lo bion comprendre. Si d'hourousoscircons-tances vous permettent do donner ot non d'attendre se-cours ot assistanco, jo vous recommando uno petito opé-ration d'esprit qui no dépasse la portée d'aucune dovous. Iîonvorscz les rôles par la pensée: supposozquovous recevez au lieu do donner; vous arriverez ainsi aéviter aux autres les froissomonts,les blossurosqui dé-naturent lo bionot vont jusqu'à lui donnor quolquofoisune physionomiorovéchoot ronfrognéo,sous laquelloilest impossibledo reconnaître la divine charité.

XXII

DEVOIRSENVERSSOI-MÊME.SOINSA DONNERAUCORPS.PROPRETÉ.IIVGÙ.NK.

Vous avez souvent entendu dire, mes enfants, que lepremier dos biens, c'est la santé ; sans elle, il est impos-sible d'en goûter aucun autre. Elle est aussi une condi-tion importante do l'accomplissement du devoir; une

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DEVOIRSENVERSSOI-MEME.HYGIENE 125

vio nctivo, utilo, réclamo un corps on bon état. C'estuno sorvitudo qu'uno mnuvaiso santé, uno causo do tropgrande préoccupation do soi-mêmo, rodoutablo pourplus d'un caractère.

Non quo la faiblossophysique rondo incapable do rem-

plir sos devoirs, do faire lo bion. D'illustres oxomplosont montré co quo peut uno Amo forte mémo dans un

corps frêlo.Mais sans parler du bonheur personnel quo donno uno

bollo santé, il faut bion reconnaître quo dos indisposi-tions fréquentes ontravont ou ompêchont tout travail

, suivi ; quo lo temps fort désagréablement passé à souffrirest du tomps perdu pour l'activité utilo ; dos organes onbon état, dos mombrosrobustes sont un précioux secoursaux bollos intelligences ot aux bonnes volontés. Tout lomondoest d'accord là-dessus

Co qui semble un pou moins évident, c'est, comme onl'a prétendu, quo notro santé ost entre nos propres mains,qu'on n'est jamais malade quand on veut énorgiquomontso bien porter et quo nos maladies no sont quo des dé-faillances de volonté 11s'est trouvé des savants poursoutenir co paradoxe flatteur ; nous n'avons pas à lodiscuter ; mais co qui ost certain, c'est quo nous pouvonsbeaucoup pour le maintien do notro santé : la bonne

hygiôno, la tempérance, la modération en tout, bion ob-servées diminueraient sérieusement lo travail des médo-

cins, qui so trouverait encore plus réduit, si chacun donous so pénétrait do bonno houro ot profondément dosvertus sans pareilles do l'eau clairo ot do l'air pur.

L'usage do l'eau, do boaucoup d'eau, entre heureuse-ment de plus en plus dans nos habitudes Atous; vousauriez poino Acroire qu'il fut un temps où l'on recom-mandait aux jeunos filles de no pas trop s'attarder

chaque matin aux soins do ce corps destiné à devenir un

jour la pAturodos vers. Nous pensons aujourd'hui qu'on

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t?6 A NOSJKI'NKSFILI.KS

attendant co momout-|a, il est bon do l'entretenir danslo moillourétat possiblo,co corps, notro instrumont dotravail, ot quol'eau froido,judicicusomontappliquée,fait

grand bion.Quodo sourcos,soi-disantmiraculeuses,ontfait dos merveilloson otfot,par los bains froids quoti-diensqu'elleséliront aux croyants !

Lobainfroidouchaudn'est pastouslesjoursAlaportéodochacun; maisl'eau, onquantité suffisantepour los be-soins d'uno bonnohygièno,chacun peut so la procurerdans notro pays. L'air, mémodans les villes, no nousost pasnon plus mesuréavec avarice

L'aérationcompléto,minutieuso,desappartements,dola literio, ost un dos moyens d'assainissement les plusefficaces,Aconditiond'ètio aidée par uno parfaitopro-preté. La poussiôro,voilàl'ennemi, pour unobonnemé-nagère Il faut lui faire uno guorro acharnée, la pour-suivre dans sos derniors retranchements, dans los pluspetits coins,car qui sait tous les miasmes, tous los mau-vais germes, tous los vilainsmicrobes qu'elle contient.C'est elle qui, étonduo subtilcmont, sournoisement,surles meublesou dessous, les empêche do parfumor noschambresdocette fineodeur dobois Alaquollosorecon-naît l'appartomont bion tenu ; elle ronge i.os étofios,donneaux piècesoù nous vivonsl'aspect lamentabloquiiulluo sur notro humeur, par suite sur notro santé ; lanuit, quand tout est clos, la moindre agitation, mêmeextérieure, il met on mouvement ; ello doscond dosmurs, des plafonds; nous la respirons, et Dieusait, co

qui, avec elle, pénètreen nous!Un pou d'activité, do soin préservent do cesdangers,

donnent lo bénéficed'une habitation saine, agréable, si

pauvroqu'ellosoit. Si cettoactivité, ce soinentrent dansvos habitudes,s'ils sont réglés, continus, ils vousévite-ront l'espècedo liôvropériodiquetropconnuodo certainsménages ot do nature fort génanto : celle dos grands

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DEVOIRSENVERSSOI-MEME.IIYiilEVE 127

nettoyages. Do mémo quo les habitudes d'ordro rondontinutiles les fréquents a rangomonts » do mémo la pro-preté habituelle pormct d'espacer largement cos net-

toyages qui ressemblent A dos démolitions suivies doreconstructions ; pondant qu'ils duront, la vie ordinaireost commosusponduo; quand ils sont finis, lo respect ter-rifié do l'oeuvre accomplie no permet plus Apersonne domettre les pieds par terro, do pour do laisser uno om-

preinto, ou do s'asseoir sur uno chaiso do crainte de

déranger la symétrie L'ordro, la proproté ont pour objotvotro bion-étro, votro santé ; en los observant tous los

jours, il no sera jamais nécessaire do rondro A porsonnola vio dure on leur nom.

Lo soin do vos vêtements réclamo aussi grando atten-tion. Vous êtos-vous jamais demandé co quo votro robo,votro manteau, votro chapeau, roprésontont d'heures dutravail do vos parents ?»Plus vousles userez vito, plus ilfaudra do peinepour los remplacer. Combiend'entre vousso feraient scrupulod'ajouter lo moindre poidsau fardeau

déjà lourd qui peso sur los sions l Mais par légèreté,innnquodo réfioxion, vous augmentez los causes do dé-

penses !D'ailleurs la dépenso, mémoexagérée, no suppléo pas

au soin dans la toilette Ce qui donne A la mise d'uno

jeune fillo lo charmo, mémo l'élégance, co n'est pas larichossodo l'ctolïo : elle serait contrairo au bon goût, nila modo observéo; c'est la fraîcheur. Or, pour la garder,il faut s'impo.sorun pou do cetto gêno, sans laquello,contrairement au proverbe, il n'est point do plaisir, avoirhorreur des taches et regarder uno robo déchirée outachée, commeuno robo déshonorée.

Lo soin, pour conserver, l'adrosso des doigts pourréparer: voilà deux choses indispensables Atouto jeunofilloqui so respecte

Co respect do vous-même, première condition do l'os-

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K8 A NOSJEUNESFILLES

tinte dos autres, vous défondra la négligenco dans votromiso, dans votro coifluro, mémoaux houros où vousétos

sotilos,où porsonuone doit vous voir.Y a-t-il rion do plus déplaisant qu'uno jouno fillotraî-

nant toute uno matinéo son désordre A travors l'appar-tcmont ; no doit ello pas A louto liourooffrir un aspectdécent et convcnablo? J'aimo cotto Imhitudo anglaisoqui intordit aux fommosla robo non ajustéo ot los pan-touflesoti doltoi'sdo la chambro Acouchor; on peut sansdouto admottro des oxcoptions, en cas do maladio ou do

grande fatigue. Maisjo no voisaucuno raison empêchantles jeunes fillesdo commencer leur journéo par los soinsdo toiletto qui los rendent présoutablos. On on trouvo

toujours lo tomps, dût-on dormir quelques instants domoins.

Il y a plus do rapport qu'on no croit ontro les chososextérieures et nos dispositions. Uno miso négligéo, unoattitudo molleot par trop abandonnée disposontmal autravail.

Quand on nous raconto qu'un écrivain du xvin 0 siôclono pouvait rcriro qu'en tenue do cérémonie, nous sou-rions : la cérémonio nous parait do trop ; la bonno tonuono l'es*pas, ot lo travail s'on rossont.

Or, touto votro vio doit êtro oriontéo rolativomont Avotro travail. Vous mettre, rester on état do lui donnertout lo fini, touto la porfoctionpossible, voilà lo but.

Aussi fauilra—t-ilménagor los intorvallos do ropos né-cessaires, no pas oublier los autres conditions do lasanté, l'oxorcicoau grand air, no pas attendre l'avertis-sement do la soufl'rancepour comprendre quo vos forcessont dépassées. Lo travail en lui-mémoproduit bien ra-rement ces effetsfâcheux; ee no sont pas les occupationsbion réglées, suivies avec intelligence, avec discerne-ment qui fatiguent; c'est lo mauvais choix dos heures,do l'espèce do travail parfois ; co sont dos raisons qui lui

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DEVOIRSENVERSSOI-MEME.IIYlilÈNE 12'J

sont étrangères. Ne sommes-nous pas faits pour agir,commo l'oiseau pour voler, lo poisson pour nager?Sachons suivre sagement cotto loi do notre nature; letravail, loin de nous nuiro, nous maintiendra ou bonnosauté ut eu belle humeur.

« I.c sauté morale fait la santé physique. L'esprit a despoisons qui tuent le corps, des fruits bienfaisants qui leconserventcl le guérissent.

Lovieil adage tragique: « C'est au coupable qu'est dû lochâtiment » trouve son applicationnon seulementau pointdo vue de a morale et du droit, mais encoreau point dovue physique Ce qu'un u dit sur l'originodes maux qui seperpétuent dans l'espèce humaine, demandeà être rectifiépar un naturaliste ami do i'humauit<:.Il moulicra,et chaquejour avec une évidenceplus grande, que l'étal de faiblessecl même les maladies do la génération actuelle oui leursource plutôt dans des causes moralesquo ('ans des causesphysiques, cl que, pour les prévenircl pour les extirper, lorcmèlo nécessaire, c'csl l'éducation matérielle, mais biendavanlagouno éducation plus élevée, d'un ordre dillcrcnt,qui doit commencerpar nous-mêmes.

« Ne songe/,pas, dit Lavatcr, 5 embellir l'homme sans lorendre meilleur. >Nous ajoutons, avec uno foi pleine clcnlièio : « Si vous no le rendexmeilleur,no songezpas àconserversu santé. »

Docteur DEFEUUUTEHSLEUKN.

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130 A NUSJEUNESFILLES

XXIII

L.KCONTENTEMENT.1ÎTRKSATISFAITL>KSONÉTAT.COMMENTONPEUTY ARRIVER.

Certains moralistes, un pou oxigoantspeut-être, re-

gardent commo un dovoir d'ètro satisfait do son lot,content do sa vie, quello qu'cllo soit. Lobeau mérito,diront-ils, (pio la gaieié dans uno vie souiianto, lieu-rouso! (Jo qui est beau, c'est do conserver la sérénité,l'égalité d'humeur Atravers los contrariétés, los peines,les souffrances. Prônant Ala lettre lo mot do Hossuct:o UnoAmoferte ost mailressodu corps qu'clloanimo »,ils prétendent quo la volonté peut servir Arondro tout

supportablo,mêmela douleur physiqueUno malade,clfrayéo d'uno petito opérationAsubir,

demandaitAson médecinsi olloallait souffrirbeaucoup;« cela dépend do vous, lui dit-il ; si vousétos bion ré-

soluo, vous souffrirezmoins. » Ht elle reconnut qu'ilavait dit vrai.

Mais ces sortes do souffrancessont dos accidonls,commolos maladies,los grands chagrins ot autres fléaux

auxquelsnous sommestous sujets ; co no sont pas cas

oxcoptionsquidonnentA la vio sa couleurgénérale Locontentementrecommandé,mesenfants, c'est celuiqu'ondoittrouver, garder dans la viodo chaquejour.

Si l'on veut apprécier avec exactitude loplusoumoins

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LECONTENTEMENT 1S1

do bonheur départi A quelqu'un, il faut bien connaî-tre l'onsomble produit par les circonstances extérieuresoii olle vit et ses dispositions personnelles. Kn louant

compte do cette observation, on s'aperçoit quo les bienssont distribués aux hommes d'une façon moins dispro-portionnée qu'il no semble d'abord. Il eu est du bonheurcommo de la (ortuno : tel ost pauvro avec des rovenusconsidérables, tel est riche avec fort peu d'argent. L'ai-

sanco, la richesse étant la facilité do satisfaire ses be-

soins, sos désirs, il y a deux façons d'être riche : avoirdo grandes ressources, ou dos désirs modestes. Lesecond moyen est le plus sûr, lo plus a la portéo do cha-cun de nous.

Deux personnes pouveut avoir situation semblable,mêmes occupations, mêmes rovenus; selon leur façond'envisager los choses, l'une peut être hcureusooù l'autioost très malhciirousc. Les yeux do chacune d'elles voientun monde tout diU'érciit.Mais voir tout en noir n'aide

pas A bion remplir sa lâche ; los bonnes dispositions quinous montrent lo bon côté aussi bion quo le revers de;

choses, facilitent singulièrement tout travail.Si c'est aller loin que do faire du contentement un de-

voir — car co serait souvent do tous lo plus difficilea

remplir — on pont diro que le mécontentement habitue)est uno dos conditions les plus fâcheuses do la vio, unobstacle sérieux à tout succès. — Comment faire donc

pour trouver boi»nouno vie qu'on voudrait différente,intéressantes, dos occupations qu'on n'a pas toujourschoisies, sympathique, un milieu qui déplaît? Itogardcrautour do soi et réfléchir.

Tant do gons voudraient leur vio différente! Dovotre propro profession,do votro travail personnel, voussentez surtout les difficultés, les gènes; lo lot d'autruivous apparaît on roso, parco que vous le connaissez mal,par les dehors ; vous vous trouvez Aplaindre, les autres

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132 A NOSJEUNESFILLES

vous paraissent mieux partagés ; mais qui sait? si cha-cun apportait son fardeau pour vous en faire sentir lepoids, le vôtre vous paraîtrait peut-être le moins lourd.Nul ne peut mettre sa vio entièrement d'accord avec sesdésirs : du moins peut-on no pas fermer les yeux à ceque toute vie renferme Et elle contient beaucoup dobon ; elle nous offre les joies do la famille, les jouis-sances do l'amitié, celles do la nature et celles de l'art ;la poésieet les beaux livres ; l'épine fleurie d'avril, l'épa-nouissement du mois do mai ; au retour de l'hiver, lesplaisirs du foyer. N'y a-t-il pas dans tout cela quelquescompensations aux peines, aux ennuis, aux déboires?Les peines elles-mêmes servent Anous faire goûter plusvivement les joies quand revient lo calme ; après l'orage,on jouit du soleil.

Un des plus grands hommes qui aient jamais traversénotre monde pour nous laisser l'exemple de ses vertus etle souvenir do son héroïsme, Socrato faisait remarquer Ases disciples comment les peines et les plaisirs sont unisici bas. C'était lo matin mémo do son dernier jour. Ils'entretenait avec les siens des nobles espérances quidoivent remplir l'Ame humaine ot lui garder sa sérénitémémo dovant le supplice On venait de lui ôter sesliens.

« Il s'assit sur son lit, et pliant,la jambe d'où l'on ve-nait d'ôter la chaîne, et la frottant avec la main :« Quellechose étrange, nous dit-il, quocoque loshommesappellent plaisir, et comme elle s'accorde merveilleuse'ment avec la douleur qu'on croit pourtant son contraire ;car s'ils no peuventjamais sorencontrer ensemble, quandon prend l'un des deux pourtant, il faut presque toujourss'attendre A l'autre, comme s'ils étaient liés insépara-blement. Je crois que si Esope avait pris garde Acetteidée, il en aurait fait peut-être uno fable. Il aurait dit

quo Dieu, ayant voulu accorder ces deux ennemis, et

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LECONTENTEMENT 133

n'ayant pu y réussir, se contenta do les lier A unemême chaîne, de sorte que, depuis ce temps-lA, quandl'un arrive, l'autre lo suit de près. C'est co quo j'éprouveaujourd'hui moi-même; car A la douleur que les fers mefaisaient souffrirà cette jambe, le plaisir semblesuccéderà présent !. »

Oui, répondra l'esprit mal fait; ici bas toute joie est

mélangéedopeine.— Non, dira l'esprit plus juste, touto

peine est mélangée do joie Les roses ont des épines ;cela est incontestable: elles n'en sont pas moins lesroses

Mais comment, direz-vous, comment arriver A trou-ver de l'intérêt dans des occupations choisies pour nous

par d'autres et quo nous n'aimons pas? — Si vous n'êtes

pas propres Aces occupations, il faut y renoncer, entrouver d'autres; ayez patience, cependant. Il est pro-bablequole choix fait pour vous était fondésur quelqueaptitude do votro part; peut-être finirez vous par vous

y complaire; on fait généralement volontiers ce qu'onfait bien ; dès lors l'intérêt do l'oeuvrepoursuivie, oeuvred'art ou do métier, anime au travail le coeur et la main,fait naître lo plaisir; on est sauvé, lo plus fort est fait.La satisfaction du devoir rempli, et bien rempli est sou-verainement apaisante; peu d'amertumes y résistent :le monde prend uno autre couleur pour celui qui sait ybien jouer son rôlo, si humble qu'il soit. — Quant au mi-lieu nntipathiqito, il existe un secret pour le rendre nonseulement supportable, mais agréable Au lieu de tantsouffrir des autres, do leur petitesse, do leur malveil-lance, do leur sottise, si nous cherchions A leur laisserdo nous mêmes quelques impressions aimables, si 110113

exigions moins d'eux, si nous leur donnions davantage,sous queljour différentn'arriverions-nous pas Aiesvoir?

• PhéJon,DiafoguttdePlaton.TraductionChauvctet LeSaissel.BibliothèqueCharpentier.

8

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131 A NOSJKUNKSFILLES

La choso n'est peut être pas t\a plus aiséos ; mais ellevaut d'être tentée et n'est pas impossible

Tout d'abord, no montrons pas Ados personnes dé-

plaisantes, dont lo hasard nous a-imposé pour un tempsla compagnie, la piètre opinion que nous avons de leur

mérite; co serait 1Auno franchise peu charitable, et, quiplus est. maladroite Pensant n'avoir plus rien Aperdredans votro opinion, elles lajustifieront do plus en plus ; à

quoi bon so gêner. « Les frais de la mésintelligencesonttout faits. » Il en coûterait trop de changer. La bien-

veillance, au contraire, appelle la bienveillanco et j'airarement vu répondre Aun sourire par uno grimace

Il n'est pas bon dans la vie do chaquejour do tenir un

compte si exact do co qui nous est dû et do l'exiger, ou-vertement ou non, avant do donner quelque choso Anotre tour. 11fut un temps, surtout chez nous, en Franco,où l'on était poli Justine sur le champ do bataille, oùl'on se saluait avant do so battre; no pourrait-on gar-dor un peu de celte courtoisiejadis nationalo, qui facili-terait tant les rapports entre gens peu sympathiques lesuns aux autres? L'cxacto justice qui veut oeilpour oeil,dent pour dent, rendrait la vie communo impossible;sachons céder quelquechoso, mémode notre droit, pourl'amour do la paix, do l'harmonie : co sera encoro do la

justico, celle qui so préoccupedes droits d'aulrui.Tout n'est pas parfait autour do nous, ot l'on peut ob-

server :

Cent choses,tous les jours,Qui pourraientmieuxaller, prenantun autre cours.

Est-co une raison do continuel mécontentement? Do

quoi droit demanderez-vousaux autres do so conformerAvotre manière de voir, do sentir, do penser sur touteschoses? Savoir être contrarié dos g.'ns et des choses ost

pout-étro la grande science de la vie, celle qui demando

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LE'CONTENTEMENT 135

les qualités los plus hautes, les plus douces, les plus pré-cieuses. 11ne faut rien moins quo do la force d'Amopoursupporter avec patience les contradictions, les froisse-ments injustes parfois, qu'amène la vie do chaque jour.Il faut do la douceur d'Ame pour rester calme dans les

peines do toutes sortes, qui sont lo lot commun. Ccux-lAsont bion doués qui possèdent cette sorte do courage Lomal peut les atteindre, il les v incra difficilement.

Pendant uno épidémie do choléra, un jeune homme,un étudiant en médecine peu avancé dans ses études,s'était offert commo infirmier volontniro au médecin enchef d'un hôpital. Celui-ci n'avait d'abord pas voulu l'ac-

cepter. « Vous n'avez pas de titres. » — « Non, mais j'aitant do gaité ! J'amuserai vos malados; ils ne voudront

plus mourir. » L'aide fut acceptée et la bonuohumeur dumédecin futur fit, dit-on, autant do bion quo la sciencedes médecins présents.

Cette gaité dans le courage est, en eflU, le plus effi-cace des toniques ; gràco Aelle, la lutto so reprend avecentrain, même après l'échec ; la vaillance gaie est la

plus communicativo, celle qui montro lo mieux commentl'homme peut dominer les choses.

C'est aussi une vertu française ps»roxccllenco, déjàappréciéo dos Cîauloisqui se faisaient honneur do restergais dans la soulfraneo et dans la mort. « Il tomba, ritet mourut », était la plus belle oraison funèbre d'un

guerrier.Hiro dans la mort, c'est très beau. Mais il est aussi

beau et peut-être plus utile do savoir souvent souriredans la vio.

Souvions-toi que de même qu'il os»honteux de trouverétrangequ'un figuierporte des ligues, il ne l'est pas moins

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136 A NOSJEUNESFILLES

de s'e'tonncrque lo monde porte les événements,qui sontses fruits.

Chacuna son plaisir a soi. Moi,le mien, c'est de con-servermonesprit bien sain; de le préserverde touto aver-sion pourl'homme ou pource qui arrive aux hommes,delui faireenvisagerd'un oeil de bienveillance,accueillirsansmurmures,tous les e'vénetnonls,de lui faiic user do chaquechoseselonsa valeur.

Quelqu'unme méprise?C'est son allaire.Moi,je prendraigardede ne rien faireou dire qui soit digne de me'pris.Quelqu'un me hait? C'est son aliaire encore. Moi,jo suisdouxcl bienveillantpour tout le monde,tout prêt à montrerà chacunqu'il se trompe,non en le mortifiant,nonen ufice-lant de faireun elleil, mais franchementcl avec bonté.

MARC-AURÈLE'.

XXIV

Mesenfants, jo feuilletais l'autre jour A votro inten-tion un vieux recueil do nouvellesdu siècle dernier. .l'onai choisi une petite et l'ai habilléo un peu A la mododu jour, parce qu'elle m'a semblé rappeler et prosquorésumer nos entretiens do cette année

Puis-iez-vous, chères petites, éprouver un jour parvous-mêmeslos sentiments qu'ello suggère.

LE SOIR D'UN BEAU JOUR.

— Ouzo heures! dans un quart d'heure tout lo momlosera arrivé, et la mariée n'est pas prête! À quoi penses-tu, Geneviève!

1 Ptnsia. TraductionJo A. l'icrron.llibliuilitiiueCharpentier,

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LE SOI!»D'UNBEAUJOUR 137

— LA, là, Mario, no te fAchopas ; il n'y a plus quolo fichu et les roses Aposer. Kilo est si jolie, notro ma-riée ! on peut bien perdre un pou do temps Ala regarder.

La mariée souriait avec tendresse aux deux jeunesfilles. Elle portait une robe do soie d'un joli gris do lin,sur laquelle Geneviève épingla gracieusement un fichuMarie-Antoinette en dentelles blanches; dont les plisétaient retenus do côté par un bouquet do roses mous-seuses ; on en avait réservé quelques-unes pour ornerlos beaux cheveux d'un blanc de neige, mousseux, euxaussi, comme los roses. Car la mariée avait soixante-douze ans, ses filles d'honneur étaient les filles do sesfils; ce qu'on allait célébrer, c'étaient ses noces d'or.

— Oh I que tu es belle, grand'inôre, s'écrièrent losdeux petites en battant des mains.

Vous auriez dit commo elles. Droito dans sa potitotaille, avec sos yeux noirs très vifs, qui n'avaient pasperdu tous leurs cils, son teint rosé par la petito surex-citation du jour, ses légères boucles bhnehes, la bonnemaman était charmante A voir ; ello on avait parfaite-ment conscience et jouissait sans la moindro affectationd'humilité, ds voir ses enfants l'admirer.

On a frappé Ala poi te ; lo marié, au pied dq l'escalier,attend avec un peu d impatienco que les derniers ru-bans soient noués; enfin la mariée descend suivie do sesfilles d'honneur qui portent gravement la queue do sarobo.

Grand-pôro aussi est très beau; sos quatre-vingts anssont tout souriants ; Apoino sa haute taille s'est-ello unpeu inclinée ; sa physionomie a lo charme des bellesvieillesses, plus pénétrant, plus touchant quo celui do lajeunesse Car la vio sculpto los visages et leur imprimole masque des préoccupations habituelles ; de là l'attraitde certaines figures, la répugnance inspirée par d'au-tres ; ces sentiments, quand il s'agit dos vieillards, no

8.

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138 A NOSJEUNESFILLES

tiennent certainement pas Ala formedes traits, au teintou A l'éclat des yeux, mais A quelquo choso de plusprofond, do moins matériel, Al'Amequi est révélée, par-fois trahie par l'enveloppe (Srand-pèro est donc trèsbeau; lui aussi est en costume de fête, la boutonniôrolleurio d'uno rose cl entouré de ses garçons d'honneur,deux do sos petits-fils.

Il s'avance vers sa femme, et lui fait uno révérence Al'ancienne façon : « Peut-on vous embrasser, bcllodamo?... Non, aujourd'hui elle est trop belle; on no

pont quo lui baisor la main, commeaux reines. »Lo madrigal est interrompu par unjoyeux bruit Ala

porto du jardin; on ouvre, et une quaranfaino do per-sonnes, hommes, femmes, enfants, chacun portant un

bouquet, s'avancent vci:>le couple ému, resté immobilosur lo perron, les deux jeunes filles derrière grand'maman, les douxjeunes gens derrière grand-père

A co moment, lo respect de la vérité oblige do cons-tater qu'un poude désordre so produit. On no gardo passonrang comme il avait été convenu; chacun Ycutof-frir son bouquet, ses voeux et ses baisers lo premior.Genovièvo intervient, rappelle avec forco, bien qu'Ademi-voix, qu'on oublie tous les arrangements. Con'était pas la peinede fairo uno « répétition générale »

pour manquer ainsi le principal effet; c'est AYvonne,la plus petite des arrière-potites-lillos, A donner la

première son bouquet et A dire son compliment. » —«Genevièvea raison; bravo,Genovièvo!»et l'on avancoYvonne; co personnage a deux ans ot parlo déjà trèsbien. Elle offreson bouquetAgrand'mère et commence:« Donnemamancl bon papa, jo voussouhaiteuno bonnofête et uno... » lo reste no \.u\t pas. Vito, bonno ma-man la prend, la couvre do baisers, car il y avait périlon la demeure; ça vousa déjà son amour-propro d'ora«tour ot n'est pas content du tout do rosier court.

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LE SOIR.D'UNIIEAUJOUR 139

D'autres compliments font uno houreuso diversion ot

Genovièvo, qui parait l'ordonnateur en chef, propose dono pas retarder le déjeuner servi au fond du jardin.

Kilo avait ses raisons pour no pas retarder ce mo-ment. Depuis trois jours, cil-*,sa cousino et ses cou-

sins, avaient déployé uno puissance d'invention tou-chant au génio, pour empêcher les grands-parents d'al-ler au fond du jardin. La température, bien qu'on fût on

juillet, avait heureusement secondé leur diplomatie, etles surprises destinées Afêter le cinquantenaire n'avaientrien perdu do leur qualité de surprise

Au bout d'un quart d'heure, les enfants curent la joiodo voir lo coitègo s'acheminer vers la salle A mangerimprovisée au jardin : grand'mère au bras do Paul,l'ainô do ses petits-fils, et tenant Yvonne parla main ;grand-père donnant le bras AJeanne, l'aînée de sos pc-titcs-fillcs; los autres suivant par couples, selon l'Ago,grands et petits très amusés par le mélango do gaité etdo solennité do la cérémonie

Au mémo instant retentit, commodo justo, la Marche

nu/iliale de Mcndelssohn, jouée A doux pianos ot sans

laquelle il n'est pas do noces valables ; elle escorta notreinondo jusqu'à la grando table, garnie do fleurs et do

plantes vertes, parmi lesquelles étaient rangées los qun-ranto-trois cadeaux oll'erts par los quuranto-trois en-fants; on y trouvait les objets habituels : bijoux, argen-torio, et aussi pelotes à épingles, ossuio-plumes, vido-

poches, ronds do serviettes brodés ot autres. Lo grandsuccès fut pour un tableau do Georgctto qui avait euuno médaillo au Salon, et pour un diplôme de docteuren médecine dont Paul offrait la surprise à sos grands'-parents.

Remerciements, effusions, quelques larmes, non passeulement dans les youx dos grands-parents.

Enfin, on arrive à la table du déjeuner, d'uno sploa•

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140 A NOSJEUNESFILLES

deur dont les fleurs et la verdure faisaient surtout losfrais. On prend placedans l'ordre du cortègo, et tout so

passebiencette fois, grâce Ala sévérité do Genevièveetde Marie, qui no permettent aucun changement do

place, do sorte quo los petits, los jouncs, les vieux, sotrouvent heureusemententremêlés.

Grand'niaman n'a pas du tout sos inquiétudes or-dinaires do maîtresse do maison qui reçoit ; c'est à cllosurtout (piola fête so donne, elle en accepte l'hommagedoucement,elle est trop émue, (railleurs, pour accorder

grande attention au menu. Et puis personne n'a rien A

apprendre sur ces matières A Genovièvo; ses disposi-tions naturelles pour lo bon gouvernement d'uno mai-son ont été servies par uno éducation parfiito ; son

déjeunerest appréciéde tous; elle s'est rappelé les goûtsde chacunet même les infirmitésdo quelques-uns.

Qui sonne? Facteur du tel graphe I Dépêchesur dé-

pêche, il on arrivo do tous côtés; en voici trente-sept.Co sont dos parents éloignés, de vieux amis « (plis'as-socient do penséeet do coeurAla belle féto do famillo»,selon la formuloApou près invariablo dos télégrammes.On apporte le Champagne.Lo moment des discoursestarrivé. Grand-pèro, le verro on main, se lève; un pro-fond silonco so fait. « Avant tout, mos onfai.'s, lais-sez-moi remercier votro mère : c'est A ello quo nousdevons cette journée, comme jo lui dois toutes mc3

joies, toute ma lorco, et vous co qu'il y a do bon dansvotre vio.

» H y a aujourd'hui cinquantoans quojo l'ai prisoparla main, conduite dans la pauvro demeure qui, à causod'elle, est restée dans monsouvenir plusbelle qu'un pa-lais. Nousn'étions pas très riches, moi, avec mes quatrefrancs par jour Al'usine, ello, avec son métier do fleu-riste Par quelle magieavons-nous toujours eu, mémoA co momenl-lù, un intérieur charmant, où rien no pa-

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LE SOIRD'UNBEAUJOUR 141

laissait manquer? Sans douto, il ost toujours beau,l'ondroit où l'on relrouvo ce qu'on aime; mais noschambres avaient leur élégance et leur charmo, malgréla pauvreté. Kilo trouvait oncoro moyen do fairo dos

économies, do préparer tout co qu'il fallait pour te rece-

voir, toi, Georges, notre premier né. Comment faisais-tu,Jeanne, je me le demande encore. »

Grand'môro qui no s'attendait pas Acette pctito apo-théose était mal Al'aiso, parlagéo entro l'émotion et un

peu de gène Kilono so croyait aucun mérite et so trou-vait simplement uno heureuse femme, uno heureusemère Elle voulut protester, mais ses fils lui prirentchacun une main, l'ombrassèreut et tout le monde de-mande a la suite, la suite ».

« Vous la connaissez, reprit grand-père Notro vio aété simple; A peino avons-nous une histoire, puisquonous avons été heureux. Notro travail a prospéré. Vousêtes venus ; nous avons fait de notre mieux pour vous

diriger dans lo chemin quo vous vouliez suivre.» Nous avons eu nos peines cotto tablo n'est pas au

complet; plusieurs des nôtres dorment déj-t leur derniersommeil.

» Ces partes cruelles n'ont pas été les seules. Quo do

parents, (pie d'amis disparus! (pie de tristesses, de cha-

grins, do déceptions ! Quand on arrive à la vieillesse, lavio s'est dépouillée comme l'an tourne qui s'avance versl'hiver. Nous avons donc soulfe rt, puisque nous vivons

depuis longtemps.» Maisjamais aucuno souffranco no nous a brisés, car

nous nous sommes aimés et cette affection a chacun donous a donné la forco de doux. Jeanne, je te dis merci ;jo bénis la vio quo tu m'as faite; lu m'as fait croire aux

anges gardions dont parlait autr dois M. lo curé. — A lasauté de grand'môro ! Vivo grand'môro ! »

« Vive grand'inèro ! » répètent tous los convives. Los

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Mï A NOSJEUNESFILLES

verres s'entrechoquent ; on so lève, on embrasso les

grands-parents ; la fètodovient bruyante....Maisgrand'môro est surexcitée ; elle veut absolumoi't

parler. « Honnomaman veut fah'o un speech ! Ecoulez !écoulez!»—« Oh!jo ne veux direqu'un mot! c'est lui quia tout fait 1c'est sa bonté, sa forceet sa douceur. Commeil a travaillé pour nous donner l'aisance, le bien-êtro,presque le luxe A la fin ; pour monter pou Apeu do soi»

posto do petit ouvrier, puis contremaître, puis chef do

section, au rang d'associé Ala direction !MJo l'ai vu A l'oeuvre, moi, revenant tous les soirs,

pondant tant d'années, si las, maisjamais fAchéni aigrido rien, et toujours content si j'étais contente ! avec lui,commentne pas l'être Vous avez raison do vous réjouitet vous pouvez être liors de porter son nom ; il veutdire : droiture, courage, bonté. — A la santé de grand'-pèi'o! Vive grand-père ! »

L'écho ne se lit pas [trier pour répéter « Vive grand'-pôre ! »

lit quand l'heureuse famillese sépara le soir, chacunde ses membres emportait un do ces souvenirs qui par-fument uno vio entière /'•'''

FIN.

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TABLE DES MATIÈRES

CiiAPriiu:I. — lînl dulV'ilui-alionmoralede la jeunelille.—Concilionsdela viehonnête; connaîtresondevoir,l'aimer,avoirla forcede loremplir.—Laconscience 9

CII/PITIIKII. •- L'enfant«Ionsla fainilh*.—Lespremiersde-voirsrendusplusfacilespar l'attachementnaturelcl réci-

rroquedesmcmhrcsde la famille.Détimtii.ii«lela famille.

)evoirsdesenfantsenverslesparents.Latendressenedoitpasnuireaurespect 16

CHAI'ITIU:III.—Devoirsparticuliersde la jeunelilledanslamaisonpaternelle.—Cequepeutêtrelofoyerlorsquecha-cuny apportecoqu'ildoit.— Le bonheuret lo malheurtiennentplusau caractèrequ'auxcirconstances 21

CiiApiTio:IV. —L'attachementau foyerdomestique.Vénéra-tiondecertainspeuplesancienspourle foyer.L'hospitalité.—L'amourdu foyerest uneforcedanslesdifficultésdolavie 27

CIIAPITIU:V. —Obéissanceenverslesparents.—QuelledoitClrosanature.—Isards dusauxparentstoutela vie.—Coquereprésentedolaau cl degrandunovied'honorabletravail. 32

CIUPITHKVI. —Dovoirsfraternels;devoirsplusspéciauxdol'aînée.—Kj/ardset politesseréciproques; nepasles réser-verFeulementpourle dehors 37

CiiAMTiiKVII.—Devoirsenverslesmembresdela famille.Lasolidarité.—Lenom.—Hôlcdo la jeunolille dans lesrelationsde famille; sa douceurpeutapaiserdesrancunes,éviterdesquerelles 4'i

CiiAPiTiiKVIII.—Laviesociale.Kilocommenceù l'école.—L'enfanty est,commedansla vie,en rapportavecdessu-périeurset deségaux.—Devoirsenverslesmaîtres.Senti-mentsJu icspccl,del'admiration 150

GIIAÏITÎO:IX.—Obéissanceauxmaîtres.A quelle*conditionsl'obéissanceeslunoclcdevolonté.—Couragedansl'accom-plissementdudovoir,—Lapatience,la persévérance,formesducourage , 'oitSI

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114 TAULEDESMATIÈRES

CiiAPnnKX.—Devoirsenverslescompagnes.—Politesse.—Quelleenest la vraiesource 61

CiiAi'iTnKXI.—Rôicdesannéesd'écoledansla formationducaractère.—Kxactitudc,ordre,méthode.— Nécessitédol'effortpersonnel,seuleconditiondusuccès 67

CIIAPITHKXII.—Lasociabilité;sesbienfaits.— Kmulation,rivalité,peuventexistersanshoinc.Ala placedocettefor-mule: laluttepourla vie, il seraitbonidevoirserépandrecelledola concordepourla vio 71

CUAPITIIKXIII.— Labonté,lapitié;cequ'ellesontfaitpourl'homme.— Les deuxgrandspréceptesreligieux: Nefaispasàautruicequetu ne voudraispasqu'onle fil, et Fuisa autruicequetu voudraisqu'on te fit, résumésparlesmots:Justice,Charité 76

CHAPITIIBXIV.—Devoirsde justice.— Respectde la viehumaine: duel,suicide,assassinatpolitique,casdelégitimedéfense 81

CUAPITHBXV.—Respectde la dignitéhumainedanstousleshommes.—Ksclavagc,servage,dilléreutesfaçonsd'empié-tersur la libertéd'autrui 88

CIIAPITKKXVI. — Respectde l'honneur.— L'estime.—L'honneur.—Caidmnie.—Médisance.—Dangerde répé-ter lesméchantspropos 93

CuAvrniEXVII.—Respectdu biend'autrui.—Dili'érentcsfaçonsdeviolercetteloi: vol,tromperie,empruntsanscer-titudederendre 99

CUAPITIIKXVIII.—Desengagements.—Descontrats.—Res-pectde laparoledonnée.—Lemensonge; ses nombreusesformes 101

CUAPITIIKXIX. —Devoirsdecharité.— Formesvariéesdolabienfaisance.—Nécessitéderendrela sympathieet lapitiéactives 109

CUAPITIIKXX. — Toul leinondepeut Ctrobienfaisant.—Donnerdesonbienestbon;donnerEOSefforts,sontravail,soncoeurestencoremieux 114

CitAPiTiti:XXI.—Discrétionet choixà apporter,mémodanslucharité.—Ait de donner , , 119

CiiAPirnKXXII.—Devoirsenverssoi-même.—Soit)sà don-nerau corps.—Propreté.—Hygieno 124

C'iAPiTitKXXIII.—Lecontentement.—Etresatisfaitde sonélut.—Commentonpnuly arriver 130

CUAPITIIKXXIV.—Lesoird'unbeuujour.........*....... 136' ' '

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VBHSAJLLK.S.— lUPMUBtlIKSCKHK,59,UUKDUPLESStâ.

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