9 nutrition et travail
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Nutrition et travail
Dans les pays industrialisés, les études scientifiques mettent en évidence une augmentation
inquiétante de l’incidence des maladies de civilisation : obésité, diabète, maladies
cardiovasculaires, cancers, troubles anxiodépressifs…
S’il est indiscutable que ces maladies sont générées en grande partie par des comportements
individuels, il ne reste pas moins vrai que l’organisation du travail génère également des
contraintes potentiellement préjudiciables à la santé.
Rappelons notamment que les apports alimentaires ne doivent pas être seulement optimisés
dans leur composition mais également dans leur répartition au cours de la journée.
Dans la pratique, les collations se multiplient : jusqu’à 15 prises alimentaires par jour pour
certains ! Pour d’autres personnes, au contraire, seul un repas par jour est pris, en l’occurrence
le dîner. Cette désorganisation individuelle s’explique par des contraintes sociales,
professionnelles et familiales. Elle est extrêmement délétère au niveau sanitaire. L’idéal est de
3 repas par jour, avec un dîner le plus léger possible. Une collation supplémentaire, par
exemple à 10 heures ou à 17 heures, peut être envisagée, à condition qu'elle ne perturbe pas la
glycémie. Elle doit impérativement apporter à l’organisme des nutriments utiles. Un fruit frais
de saison, des oléagineux (noix, noisettes…), du chocolat noir à 75% de cacao minimum,
constituent une réponse pratique et intéressante. Ces aliments pourraient avantageusement être
proposés, dans des distributeurs par exemple.
L'organisation du travail impose souvent des contraintes horaires que chacun doit intégrer
dans son organisation personnelle. Si de plus en plus de personnes admettent l’importance
d’une prise alimentaire matinale, celle-ci est le plus souvent aberrante dans sa composition.
En outre, le déjeuner, repas central de la journée, est souvent remplacé par un goûter vers 15
heures, c'est-à-dire une collation de type en-cas ou snack, totalement inadaptée : des calories
vides, rien de plus. Stockables en poids et en volume, elles sont incapables de fournir de
l'énergie.
La fourniture de sandwiches industriels n’arrange rien, au contraire. Seul l’accès à une prise
alimentaire de qualité, si possible à heure fixe, avec des produits frais et non transformés, est
recommandé.
Soulignons également l’importance de la mastication lors des prises alimentaires. Le temps
nécessaire ne peut être réduit de manière excessive. En deçà de 20 minutes, la sensation de
satiété n’est générée que par la distension de l’estomac. La quantité ingérée dépasse alors les
besoins énergétiques. En outre, un repas pris dans le calme et la convivialité, pendant au
moins une demi-heure, participe très activement à la gestion du stress.
De vrais repas, à heure régulière, pris sur une durée suffisante constituent un atout important
dans le cadre du maintien à long terme de la santé. Il est souhaitable du point de vue médical
que l’organisation individuelle et collective prenne en compte cette dimension essentielle.
En milieu professionnel, nous observons trop souvent des travailleurs qui « tiennent » 6 jours
sur 7 avec un seul repas par jour, de surcroît tardif et inadapté aux besoins nutritionnels, tout
en exerçant un travail physique.
L’encadrement doit veiller, non pas seulement sur le respect des temps de pause et de repas,
mais sur leur faisabilité : en cas de difficulté, c’est toute l’organisation du travail qu’il
convient de revoir et non pas seulement les comportements individuels.
Dans le cas où l'activité ne permet pas une pause repas d'une demi-heure, la prise alimentaire
se trouve répartie en plusieurs fois - tout comme au restaurant, lorsque le service est trop lent.
C'est le cas par exemple du personnel des hôpitaux, pouvant constamment être sollicité par les
appels des malades. Il est alors primordial de bien choisir la composition de son menu en
évitant soigneusement tout aliment bourratif (charge glycémique élevée - consulter les tables)
qui calerait sur le moment, puis génèrerait une fringale 2 heures plus tard. Idéalement,
l'assiette aura été préparée à l'avance, transportée dans un sac isotherme puis conservée au
réfrigérateur. Plus la contrainte de temps est forte, plus il est indispensable de prendre son
temps pour manger, quitte à manger moins à la fois et à finir son repas plus tard.
En un mot, dégustez tranquillement, même dans la tempête !