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9 HISTOIRES DE

Q U I M B O I S

Faits vécus de Sorcellerie aux Antilles

H. PERRONNETTE

DESORMEAUX

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C o n c e p t i o n e t m i s e e n p a g e : S t u d i o P r i m a r t I m p r e s s i o n : I m p r i m e r i e A l e n ç o n n a i s e , F r a n c e

@ 1 9 8 2 — É d i t i o n s É m i l e D é s o r m e a u x

3 , r u e d u G é n é r a l - G a l l i é n i , 9 7 2 0 0 F o r t - d e - F r a n c e

2 , r u e F . - A r a g o , P o i n t e - à - P î t r e 13 , r u e d e M é d i c i s , 7 5 0 0 6 P a r i s

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Quimbois

Avant-propos

...Qu'on le veuille ou non, considéré sous tous les angles, le quimbois fait intégralement partie du folklore martini- quais. Le mot lui-même serait apparemment récent puisqu'on l'attribue généralement à la fameuse injonction « tiens bois » qu'utilisait le père Labat quand il tendait à un esclave de sa congrégation une « médecine », une préparation médicinale destinée à combattre une mala- die. Toutefois au hasard d'un congrès d'Education Sani- taire (Madrid 1955), j'ai pu observer le comportement, pour le moins excentrique d'un africain clair de peau, finement taillé, qui s'imposait à mon attention ; excédé par son attitude, je dis à voix basse :

- « Mais qu'a-t-il ce jeune homme, il est ivre ou dingue ? »

En fait j 'interrogeais ma fille qui m'accompagnait et c'est alors que notre voisin de table, un africain très distingué qui était professeur de pharmacodynamie à l'Université de Dakar avec lequel nous sympathisions me dit :

- « Il n'est pas ivre, il est musulman, ce n'est proba- blement que son « kim-boa » qui le taquine ! »

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...Je sollicitai une explication et j 'obtins celle-ci : — Quelque part en Centrafrique dont ce jeune

homme serait originaire, vu son type, certaines ethnies tribales font consacrer les jeunes enfants à un « esprit » par le sorcier de la Tribu à un moment de leur vie, et quand le comportement de l'enfant consacré ne concorde pas avec les désidérata de son « esprit », il en résulte quelques problèmes qui se traduisent par des manières de faire ou d'agir plus ou moins incohérentes.

...Ce terme de « kim boa » plus proche de la défor- mation du « tiens bois » du religieux, dans le mot quimbois, m'est resté à l'esprit. J'ai essayé d'avoir confir- mation de l'origine de kim boa, mais je dois convenir que mes fréquentations africaines plus que modestes il est vrai, ne m'ont pas permis d'objectiver mon opinion. Je la livre dans son état actuel encore que les pratiques magi- ques de notre quimbois et ses références à des « esprits » m'inclinent à penser qu'au cours de la chasse aux escla- ves dont a été victime l'Afrique au temps du commerce du « bois d'ébène », des sorciers ont pu faire les frais d'enlèvements et que par eux la consécration d'enfants à un « esprit » a pu se répandre plus ou moins, et certaine- ment dans la clandestinité dans les sociétés d'esclaves...

d'où la survivance des croyances aux Esprits. ...Quoi qu'il en soit, « tiens bois » ou « kim boa », on

trouve dans les pratiques magiques du quimbois trois influences prépondérantes :

— d'abord une influence amérindienne (arawak ou caraïbe) qui demeure dans la pratique moderne des « bains démarés » (purification du corps par l'eau douce ou salée) et des « parfumages » (purification des lieux par l'ignition de résines ou de plantes résineuses, et aussi certaines intoxications par alcaloïdes ou protéines dégra- dées, sèves de plantes, déjections animales),

— ensuite une influence européenne qui se manifeste

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par les pratiques d'envoûtement, de « voyances » (boule de cristal, verre-ballon d'eau pure, marc de café, etc...) (sommeil plus ou moins provoqué), de « sorts j e t é s » , de protections par certains saints qui sont encore en vigueur dans certaines campagnes françaises et qu'objectivent le « Grand Albert » du Moyen Age, le « Petit Albert » plus récent et d'autres ouvrages européens. Les invocations aux esprits du Mal, de Belzébuth, de Lucifer, de Ramathon ont été découvert encore récemment lors de

perquisitions chez des quimboiseurs ou leurs apprentis, – enfin une influence africaine certaine objectivée

par des croyances animistes (transformation d'individus en certaines bêtes à cornes, rats, chauve-souris, etc...) aux animaux « voyés », qui peuvent être dirigés vers tel ou tel individu.

...Toutes ces superstitions, ces croyances, ces prati- ques maléfiques ou bénéfiques forment aujourd'hui un véritable cocktail à l'image de l'individu antillais issu de races multiples et qui garde les stigmates de ces races tant du point de vue physique que du point de vue psychique et mental, ce dont on peut avoir les preuves dans les thèses inspirées par les psychiatres de Colson ( et les ethno-psychologues intéressés par le « melting- pot » caribeen.

« Croyez-vous ou non aux méfaits du quimbois ? »... Cette question m'a été posée des dizaines et des

dizaines de fois au cours de ma carrière et j'ai toujours eu envie d'y répondre :

- « J'y crois sans y croire tout en y croyant » Cette réponse ne satisfait personne, mais comment

dire autrement ?

(1) Hôpital psychiatrique de La Mart inique.

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Le quimbois est une épée à deux lames, dont l'une s'attaque au psychisme de l'individu et l'autre à son organisme, autrement dit à ses facultés de saisir, de comprendre et de réagir à une agression mentale d'une par t et d'autre par t à ses moyens de résister, de contrôler et de se défendre contre une agression organique.

La psychosomatique est bien connue et ne peut être niée du médecin qui professionnellement chez tout malade, doit s 'appliquer à soigner en même temps le corps et l'esprit, le corps par des médicaments et l'esprit par la confiance qu'il doit s'efforcer d'inspirer au sujet.

Ces notions classiques n 'échappent et n'ont jamais échappé à ceux que l'on a dénommé quimboiseurs qu'il soit guérisseur ou maléficieux, il est vrai que beaucoup d'entre eux sont ambivalents, ce qui ne simplifie rien.

Il y a lieu de faire observer ici qu'une majorité impressionnante de ces quimboiseurs « travaillent » avec des rabatteurs conscients ou non et chaque fois qu'un client vient à eux ils commencent par l 'interroger avec méfiance sur les origines de leur choix, ce n'est pas qu'ils craignent quoique ce soit de la loi puisqu'aujourd'hui ils paraissent organisés et ont pignon sur rue. Ils veulent, et cela se comprend, étudier leur futur sujet, se renseigner sur lui tant au point de vue psychologique qu'économique car la réussite est souvent au bout de leur enquête, et le « secret » est pour eux l 'armure indispensable à leur sécurité, une armure qu'ils savent soigneusement entre- tenir et renforcer car l'échec ou le succès dépend de la qualité de ce «sec re t» . C'est ainsi qu'un Latcha à ses premières armes, s'est fait piéger dans le cimetière de Sainte-Luce tandis qu'un « connaisseur », un « vaillant », a pu envoyer trois hommes à la mort, sensiblement à la même heure, mais à trois endroits différents et, qu'en dépit de la connaissance des causes de ces trois décès, et d'un échec partiel – les corps n'auraient pas dû être

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retrouvés pour exploration valable - il n'a pu être inquiété ni même raisonnablement soupçonné.

Toutefois la pratique du quimbois en dehors de fautes souvent fatales aux pratiquants, n'est pas de tout repos. Le métier de quimboiseur exige une attention de tous les instants, une tension psychologique qui finit par user et conduit souvent à de regrettables dépressions qui n'ont comme havre que l'hôpital psychiatrique ou le suicide. J'ai pu en constater deux exemples :

— le premier c'est au quartier Lézarde à Gros-Morne, une vieille femme aurait péri il y a près de 20 ans dans sa modeste case très isolée qui avait brûlé. Elle avait près de 80 ans, aurait été mère de 8 enfants (?) et grand-mère d'une vingtaine de petits-enfants (?) mais elle vivait seule entourée d'objets de piété, sans le moindre contact avec le voisinage (fait anormal dans notre île). Je n'ai retrouvé d'elle qu'une demi-hanche droite à peine identifiable et naturellement un squelette calciné qui ne se prêtait à aucune investigation. Le chef de brigade de gendarmerie en dépit de tous ses efforts n'a pu recueillir aucun témoi- gnage sur les lieux. Personne n'avait vu flamber cette case ou avait été pratiquement calcinée cette vieille dame. J'ai demandé à la gendarmerie de solliciter l'avis des Services d'incendie et le jeune lieutenant, très capa- ble, qui a été chargé de l 'enquête a fini par découvrir après de laborieuses recherches dans les cendres passées au tamis, 2 ou 3 dents, quelques objets métalliques repré- sentant (après reconstitution approximative) un penta- gramme non identifiable, une sorte d'étoile de Salomon, et les deux tiers illisibles d'un livre de messe ou d'une

bible « reliée sur peau », alors que sa supposée proprié- taire était sensée ne pas savoir lire.

La thèse d'un accident a finalement été adoptée, mais ni les autorités, ni les services d'incendie, ni moi- même n'ont pu l'accepter en toute sérénité : une simple

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flambée de bois blanc qui n'avait attiré l'attention de personne n'aurait pu détruire à ce point le corps, même d'une vieille dame, si elle ne s'était pas prêtée à l'opéra- tion, ce n'était pas prouvable, mais nous avions un doute en faveur d'un suicide par le feu.

Avec le temps, des langues se délièrent et par recou- pement le chef de brigade Horth acquit la conviction que le sujet qui n'avait pu être légalement identifié (du fait de l 'absence de pièces d'identité ou de notoriété) n'était connu dans son quartier que sous des noms de fortune et se livrait à des pratiques de quimbois mais seulement pour des gens inconnus de son voisinage et même du Gros-Morne. Je sais que les mauvaises langues sont légères, mais...

— le deuxième exemple est celui du fameux « Grands ongles » des Terres Sainville, qui s'était pendu et dont j'avais pratiqué l'autopsie. L'enquête régulière avait conclu à un suicide en cours de dépression, et la police judiciaire avait découvert que ce notoire quimboiseur qui s'était, paraît-il, vanté d'avoir fait disparaître 323 (?) personnes, était devenu le factotum de M. l'Abbé Lavigne dont il fréquentait assidûment les offices ; il avait encore communié le matin de sa mort et s'était suicidé en

rentrant de la messe... Il n'avait pu trouver la paix dans la religion, ses victimes s'opposaient au salut de son âme, murmurait-on, et « Grands ongles » qui était riche, vivait lui aussi en solitaire.

En fait, l'antillais, de par la multiplicité de ses origi- nes ethniques est, dans une certaine majorité, très sensi- ble au merveilleux, à tout ce qui ne s'impose pas d'emblée à sa raison. De ce fait, nombreux sont ceux de nos compatriotes qui sont superstitieux et de par cela même vulnérables au quimbois. Je ne veux, quant à cette

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opinion, que l'émotion soulevée très récemment (janvier 1980) par la découverte au petit jour d'un cercueil de trente centimètres, peint en rouge, cloué, déposé au bas des marches du calvaire, au carrefour de la « Croix- Mission » de la ville du Lamentin. Ce cercueil miniature,

personne n'avait osé y toucher. La police devait y décou- vrir trois petites poupées brunes transpercées chacune par un clou de maréchal ferrant, sur le couvercle dudit cercueil, le cadavre d'un petit chat noir était fixé au fil rouge. Pratique magique, maléfique ou d'avertissement, je ne sais. La majorité de ceux que j'ai pu interroger penche pour la première interprétation, mais une minorité non négligeable serait pour la deuxième... Où peut se trouver la vérité ?

Quoi qu'il en soit, un fait est à retenir : le quimbois est omniprésent en cette fin du X X siècle dans la bonne ville du Lamentin (97232), ville de 22 à 25 000 habitants, ville de progrès semble-t-il, à en juger par sa motori- sation.

...Les histoires qui font l'objet de cet ouvrage ont à mes yeux un mérite : celui d'avoir été vécues par moi. Elles relatent les faits aussi objectivement qu'il m'était possible de le faire, sans la moindre intention d'influen- cer le lecteur quant aux conclusions que son intelligence et sa raison lui permettront d'en tirer.

Hermann Perronnette, 31 janvier 1980.

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Souvenir d'enfance

Le cheval à trois pattes

J'ai vécu cette histoire... J'étais bien jeune alors, et attei- gnais à peine ma dixième année, mais l 'aventure de « Chabin » ( Ducroc a tellement frappé mon imagination d'enfant que pendant fort longtemps, j'ai été persuadé de la réalité des quadrupèdes amputés du membre arrière gauche, des diablesses mangeuses d'hommes, des « sou- cliants » et des « zombis ». Mes parents, qui étaient insti- tuteurs niaient naturellement l'existence de ces « choses » de l'au-delà, mais... :

– Théophile Marigaud, mon aîné de deux ans, l'as de nos jeux de billes, nous assurait que son oncle Antoine était mort l 'année précédente, d'une blessure du... posté- rieur, après deux années de terribles souffrances, pour s'être assis sur un cercueil rencontré une nuit de Tous- saint, à une croisée de chemins,

- « Tête Pomme » Bave, notre champion à la fronde, avait déclaré qu'il avait vu - et bien vu – la vieille demoi- selle Honorine, mercière en chambre, pilier de l'Église, sacristine à l'occasion, qui « secouait » sa peau avant de (1) Nègre métis à peau claire.

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l 'endosser, un vendredi matin à l'aube. La vieille fille

avait une sorte de chattière ouverte au-dessus de la porte de sa chambre et « Tête Pomme » savait qu'elle utilisait ce trou pour quitter ou rentrer chez elle sous la forme d'un rat volant,

– « Ti Jo » Lopa et Marcel son frère cadet, nos cracks du cerf-volant, nous rapportaient que leur mère avait demandé les larmes aux yeux, de ne plus passer à proximité de la case du père Soulouc, un uni-jambiste fort âgé qui vivait au « bas bourg » dans le voisinage de la famille Lopa. Mademoiselle Sicine avait prévenu ses fils que le vieux Soulouc avait averti qu'il avait besoin de deux âmes, et que les garçons lui convenaient,

– Cristobal Pompom, nous affirmait que son cousin Ivanohé avait été expédié en Guadeloupe à l'âge de seize ans, parce que la veuve Maline, que l'on disait avoir dépassé le siècle, lui avait fait voler son esprit, pour rem- placer le sien qui donnait des signes de défaillance. Le fait avait été révélé à la famille par Isidore Piernot le « quimboiseur ».

– Maurice Linot, faisait entendre tous les jeudis soir, à ceux qui en avaient le courage et à partir de l'angélus, la « Guiablesse » qu'il prétendait entretenir et qui lui soufflait ses réponses - et de très bonnes réponses - quand il était interrogé inopinément par M. Philémon, son maître d'école. Quelques-uns d'entre nous avaient été témoins de la chose, et les « crises nerveuses » de Maurice ainsi que ses fugues confirmaient bien son « commerce » avec le surnaturel.

...Évidemment, présentées ainsi, ces croyances de mon jeune âge prêtent à sourire, mais le cancer de l'anus de l'oncle Antoine, le trou de la porte de M Honorine, les méthodes d'éducation de M Lopa, la démence pré- coce du pauvre Ivanohé et l'épilepsie du brave Maurice, m'ont valu au cours des années 19 à 22 des crises de ter-

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reurs nocturnes, dont les souvenirs me sont encore hallucinants.

Mes parents habitaient alors à St-Joseph, dans la Cité, une maison à étage sise en face de la « Grand- Place ». Cette bourgade, à mon avis, était infiniment plus agréable alors, que maintenant. Le bourg s'étageait en effet sur la pente ouest d'un repli de terrain prismatique dont l'axe, au sommet, suivait une direction nord-sud. Il se trouvait en retrait de la route coloniale, et la rue prin- cipale qui accrochait la route partageait le village et s 'arrêtait au cimetière. La « Grand-Place », la poste, l'église, le jardin public, le presbytère bordaient cette voie maîtresse, en formaient le centre-bourg. Dans le haut-bourg, avec l'école des filles, se trouvait la gendar- merie, une rue empierrée y conduisait, et la caserne dominait au sud le village. Dans le bas-bourg, la mairie et l'école des garçons occupaient les principaux espaces.

De la rue de la gendarmerie, dévalaient quatre voies qui quadrillaient assez régulièrement le territoire commu- nal. La plupart des rues étaient encore en terre battue, comme des chemins de campagne et les moins fréquen- tées étaient bordées de haies vives, de fleurs et de fruits sauvages.

Presque chaque maison ayant son jardin, l'agglomé- ration paraissait un village perdu dans la nature, autour de son église qui se voyait de loin. Le prêtre qui avait conçu l'édifice avait vu grand. A l'usage de moins de 2 000 paroissiens, il avait rêvé d'une cathédrale, sur le modèle de celle de Reims, disait-on. Si le projet était noble, il était aussi utopique, et d'autant plus que les fonds et les techniciens lui manquaient totalement.

Pour réaliser sa grandiose chimère, le Ministre de Dieu avait convié la population tout entière au travail, et, pendant des années, avec une louable persévérance, la paroisse avait tout de même donné gratuitement, une ou

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deux journées de travail hebdomadaire – chacun selon ses moyens - mais sitôt que la masse de pierres avait pris forme et avait été capable de supporter un toit, les bonnes volontés s'étaient rapidement épuisées, et l 'énorme construction n'avait pas été achevée.

Le presbytère se trouvait immédiatement au sud de l'église sur la grand-rue. Il était perdu au milieu d'un vaste jardin admirablement soigné par l'abbé, vieux prê- tre, breton d'origine, très grand, très corpulent, jovial et « fort-en-gueule », qui témoignait à ses ouailles une pro- fonde affection, mais qui en retour, exigeait de ses péni- tents une piété sincère.

Au lendemain de la première guerre mondiale, sixième « acolyte » ( j 'étais un hôte assidu du presby- tère, de son jardin et de ses écuries. Ce jardin dessiné suivant le type anglais était bordé de grands fîlaos gémis- seurs ou siffleurs suivant le vent. On y trouvait de majes- tueux arbres-à-pain, d'énormes manguiers, des bosquets de bambous nains bordant des sentiers en lacets à tra-

vers un verger sélectionné. Dans les écuries, situées au sud du bâtiment princi-

pal, aux limites du jardin, Georges, le « premier enfant de chœur », notre chef de file, avait une jolie pouliche alezane que nous l'aidions à bichonner pour qu'il nous permît de la monter. Mais il y avait aussi : d'abord le Noireaud, un grand cheval hongre de quinze ans à peine, que les amis de l'abbé avaient mission de faire sortir à sa place. Agé de soixante dix ans, le cher homme avec sa goutte ne pouvait plus caracoler comme dans le temps, et c'était là un de ses regrets les plus vifs. Dans la loge voi- sine, il y avait Poussinière, une jument créole de petite taille à robe sombre, qui portait une étoile au front et

(2) Enfant de chœur.

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q u e l ' a b b é a t t e l a i t e n c o r e à s o n t i l b u r y . E t p u i s , il y a v a i t

D o d o , l ' â n e , l a b ê t e d e s o m m e , d o u c e e t r é s i g n é e q u i

é t a i t l ' a m i p e r s o n n e l d e C a l f o n d l e p a l e f r e n i e r .

P o u r c o m p l é t e r l a r e v u e é q u e s t r e d e l a c u r e , il f a u t

c i t e r l a B l a n c h e t t e . . . M a i s j ' a i d e s s c r u p u l e s à p l a c e r l à

c e t t e j u m e n t I s a b e l l e q u i n ' a v a i t p l u s d ' â g e e t q u i a p p a r t e -

n a i t p l u s a u j a r d i n q u ' a u x é c u r i e s . S ' i l f a l l a i t e n c r o i r e

l ' a b b é , B l a n c h e t t e l u i é t a i t n é e d a n s l e s m a i n s , il e n a v a i t

s u r v e i l l é j a l o u s e m e n t l e s v e r t e s a n n é e s , e t e n a v a i t f a i t ,

p l u s q u ' u n e e x c e l l e n t e m o n t u r e , u n e a m i e f i d è l e e t c o u r a -

g e u s e . E l l e d e v a i t a p p r o c h e r d e s a t r e n t i è m e a n n é e , e t

d i s p e n s é e d e s e r v i c e d e p u i s l o n g t e m p s , e l l e a v a i t p r i s d e s

h a b i t u d e s c o c a s s e s d a n s l e j a r d i n . L i b r e d e t o u t e e n t r a v e ,

e l l e a v a i t s a l o g e p a r t i c u l i è r e - s a c h a m b r e , c o m m e d i s a i t

C a l f o n d - , c i r c u l a i t à s a f a n t a i s i e d a n s l e v e r g e r , b r o u t a i t

l e s h e r b e s f o l l e t t e s d e s a l l é e s e t s e d é s a l t é r a i t a v e c d e s

m i n e s d e g r a n d s e i g n e u r à l a g r a n d e v a s q u e q u i o r n a i t l a

m i n u s c u l e p e l o u s e d u c a b i n e t d e s o i s e a u x . L e « k i o s q u e »

à p u n c h é t a i t s o n l i e u f a v o r i d e p è l e r i n a g e e n t r e c i n q e t

s i x h e u r e s l e s o i r , c a r e l l e s a v a i t y r e t r o u v e r s o n m a î t r e

e t s e s a m i s q u i l u i d i s t r i b u a i e n t d u s u c r e e t d ' a u t r e s f r i a n -

d i s e s . I l n o u s é t a i t i n t e r d i t d e m o n t e r B l a n c h e t t e , m a i s

e l l e p a r t i c i p a i t à n o s j e u x ; d r a p é e d a n s u n e c o u v e r t u r e ,

e l l e d e v e n a i t l e p a l e f r o y d e R o l a n d ; d é c o r é e d e b o u q u e t s

d ' h e r b e s , e l l e s e t r o u v a i t t r a n s f o r m é e e n « t o t e m d e l a

t r i b u » ; a t t e l é e à u n e c a i s s e m o n t é e s u r r o u e s d e b o i s ,

e l l e p o s a i t a u c h e v a l d ' a r t i l l e r i e o u a u c e r f d u g r a n d n o r d s u i v a n t l a d é c o r a t i o n .

B l a n c h e t t e a v a i t é t é l a r e i n e i n c o n t e s t é e d u j a r d i n d u

p r e s b y t è r e j u s q u ' a u j o u r o ù . . . M a i s j ' y r e v i e n d r a i .

U n j e u d i m a t i n d e m a r s 1 9 2 0 , u n p e u a p r è s c i n q

h e u r e s t r e n t e , a l o r s q u e d a n s l a s a c r i s t i e l ' é q u i p e d e s

e n f a n t s d e c h œ u r d e s e r v i c e s ' h a b i l l a i t p o u r l a m e s s e

( n o u s b a v a r d i o n s e n p r o f i t a n t d e l ' a b s e n c e d e G e o r g e s ,

t o u j o u r s à c h e v a l s u r l e r e c u e i l l e m e n t , m a i s i n e x p l i c a b l e -

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ment en retard ce jour-là), Pierre Lamar, un garçon blême, efflanqué, atteint d'un tic qui lui tirait les lèvres vers la gauche et lui faisait une sorte de bégaiement quand il était excité, très énervé et très essoufflé d'avoir couru, nous annonça sans préambule :

– « Ca... ça... ça y est... y... fait-i... cha... chabin dé... dé... dégagé chou... chouval 3 pattes-là... mé y... y... y press mô y... y... y acaille docteu ! » Ca y est – il l'a fai t - chabin a dégagé le cheval à trois pattes – mais il est mourant et se trouve chez le docteur !

Cette histoire de cheval à trois pattes nous hantait depuis plus de six mois. Je n'avais pas osé en parler à la maison, car je savais que mes parents se gausseraient de Victor Melois et de sa femme Soucoune qui avaient, les premiers certifié que depuis plusieurs mois, ils avaient net tement perçu les pas d'un cheval amputé d'une jambe, rodant périodiquement dans la rue de la gendarmerie, l'une des rares à être empierrée.

Eliodore, le fils cadet des Melois qui n'avait que trois ou quatre ans, était un garçon à « grosse tête », un peu idiot, qui présentait des « crises nerveuses », et ses parents avaient constaté que les dites « crises » se mani- festaient surtout la nuit, quand le cheval à trois pattes se faisait entendre autour de la maison.

Une observation – qualifiée d'attentive - des faits, avait éliminé tout espoir de coïncidence. Victor et Soucoune ne pouvaient plus douter qu'il y avait un rap- port manifeste de cause à effet entre les manifestations de l'animal infirme et les « crises » de leur Eliodore. Forte de son assurance, M Melois s'était adressée à M. le Curé pour pratiquer une séance d'exorcisme, et cette demande avait mis le feu aux poudres. L'abbé avait res- senti la prière de Soucoune comme une injure person-

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nelle, la colère l'avait aveuglé et il s'en était soulagé un dimanche en chaire. L'hypocrisie de ses ouailles lui faisait mal, avait-il déclaré, leur incroyable crédulité était une tache à son surplis... Il avait prétendu avoir honte du résultat de son ministère dans la région, et estimait avoir vécu un jour de trop... Eliodore, fils de Soucoune et de Victor Melois était manifestement un enfant malade, mais non du fait d'un cheval à trois pattes... Une hérédité, chargée en alcool et en vices de toutes sortes expliquait plus simplement et plus rationnellement l'état de santé de l'enfant. Les médecins appelaient le mal dont était atteint Eliodore « hydrocéphalie et épilepsie »...

En fait, la lignée des Melois qui, de père en fils, se disaient des esprits forts, n'avait pas bonne presse près de l'abbé. Victor n'allait pas à la messe, et avait même manifesté le désir de ne se marier que civilement. Cet affront à l'église avait été évité de justesse, mais M. le Curé n'avait pas apprécié les velléités d'indépendance de « ce propre à rien » qui ne savait que se saouler comme un porc et qui lui avait débauché une fille de la « Persévérance ».

Le sermon fulgurant de ce dimanche-là, qui avait stigmatisé l'idiotie congénitale de « certain-libre-penseur illettré », avait fait du bruit, alimenté les conversations pendant près d'un mois, et enrichi mon vocabulaire de quelques termes techniques choisis en matière d'in- croyance et d'insociabilité.

Au cours de la semaine suivante, Léon, frère aîné d'Eliodore et qui, lui, était de notre âge, s'était appliqué à justifier, à nos yeux, le bien-fondé des « croyances » de ses parents, et nous avait assuré, qu'en dépit des « babil- lages » de l'abbé et même à cause d'eux, son père « déga- gerait » ou ferait « dégager », l'esprit qui voulait s 'assurer l'usage de l'âme innocente d'Eliodore... En conséquence, notre petit groupe de gamins, avait été scrupuleusement

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tenu au courant de tous les « gestes » qui avaient pris place, dans le but d'obtenir le dégagement libérateur.

...Il y avait d 'abord eu, un conciliabule avec « Chabin » Ducroc qui était le parrain d'Eliodore, donc son second père devant Dieu...

« Chabin » était un homme de grande taille, clair de peau et de poils, sec comme un coup de trique, qui arbo- rait sous son nez épaté et ses yeux bleus très pâles, une grosse moustache crépue, roussâtre, en guidon de bicy- clette, dont il relevait les pointes en crocs, le matin quand il était à jeun.

L'homme avait fait partie des premiers contingents de « coloniaux » envoyés en Métropole au début de la guerre. Il avait été blessé à la jambe gauche – éclat de « chapnell » disait-il – et, en 1917 avait été réformé avec pension et une « sardine » ( de première classe dont il n'était pas peu fier. Un des premiers rapatriés, il avait été dignement fêté, et avait eu droit au discours de M. le Maire - il ne manquait jamais de le rappeler à l'agent de police quand celui-ci se montrait assez audacieux pour le menacer d'un procès-verbal, lors de ses ivresses par trop bruyantes.

Boîteux, « Chabin » s'était « exempté d'agriculture » et, du fait de son incorporation dans l'artillerie, le « première classe » Ducroc avait « consenti » à s'occuper des chevaux des gendarmes, avec « grade » de palefrenier-chef.

Le prestige de Chabin avait assez rapidement som- bré dans le « taffia » ( ; le retour d'autres combattants et de plus grands blessés avait porté un coup fatal aux his- toires rocambolesques qu'il s'était fait un devoir d'inven- ter et qu'il rabâchait. Notre groupe de jeunes garçons, avide pourtant de sensationnel et d'inédit, ne croyait déjà

(3) Galon de soldat de 1 classe. (4) Rhum de mauvaise qualité.

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p l u s e n « C h a b i n » q u a n d , u n j e u d i s o i r , L é o n M e l o i s n o u s

a n n o n ç a s o l e n n e l l e m e n t q u e « p a r r a i n D u c r o c » a v a i t

c o n s u l t é S o n s o n B l a n q u i a u s u j e t d u c h e v a l à t r o i s p a t t e s .

N o u s é t i o n s r a s s e m b l é s s o u s l a c h a r p e n t e q u i s o u t e -

n a i t l e s c l o c h e s d e l a p a r o i s s e . C e l l e - c i s e t r o u v a i t e n f a c e

d u p r e s b y t è r e , d a n s u n t e r r a i n v a g u e , d e l ' a u t r e c ô t é d e

l a g r a n d - r u e e t n o u s y a t t e n d i o n s C a l f o n d q u i c u m u l a i t

a v e c c e l l e d e p a l e f r e n i e r , l e s f o n c t i o n s d e M a î t r e -

S o n n e u r . L a n o u v e l l e n o u s a t t e i g n i t d e p l e i n f o u e t .

L e « p è r e S o n s o n » é t a i t l e « s é a n c i e r » ( m a g n é t i s e u r )

d e s « q u a r t i e r s » o u e s t e t u n e s o r t e d ' é m i n e n c e g r i s e d e l a

p o l i t i q u e l o c a l e . Il é t a i t c r a i n t , r e s p e c t é e t n e p r é t e n d a i t

s e m a n i f e s t e r q u e d a n s l e s g r a n d e s o c c a s i o n s .

S i l e v i e u x S o n s o n s e m ê l a i t d e l ' a f f a i r e d u c h e v a l

m u t i l é d e V i c t o r M e l o i s , c ' e s t q u ' e l l e é t a i t d ' i m p o r t a n c e ,

e t l ' a n g é l u s , c e s o i r - l à , a v a i t s o u f f e r t d e n o s

p r é o c c u p a t i o n s .

L a p r e m i è r e « s é a n c e » a v a i t p r i s p l a c e , l a v e i l l e ,

m e r c r e d i ( j o u r e t h e u r e d e m e r c u r e ) a u d o m i c i l e d e

S o n s o n B l a n q u i , d e c e f a i t e t à c e s u j e t , l e s r e n s e i g n e -

m e n t s d e L é o n é t a i e n t p r a t i q u e m e n t i n e x i s t a n t s . I l s a v a i t

s e u l e m e n t q u e C h a b i n e t s a m è r e a v a i e n t e m p o r t é a v e c

e u x , d e s c h e v e u x , d e s r o g n u r e s d ' o n g l e s e t u n s o u s -

v ê t e m e n t s a l e d ' E l i o d o r e , m a i s l a s e m a i n e s u i v a n t e ,

s e m a i n e d e p l e i n e l u n e , il n e m a n q u a p a s d e n o u s c o n t e r

p a r l e d é t a i l l a p r a t i q u e d u « d é g a g e m e n t » e n t r e p r i s .

T r o i s j o u r s a v a n t e t a p r è s l a p l e i n e l u n e , t o u t e l a

f a m i l l e r a s s e m b l é e a v a i t r é c i t é d e s p r i è r e s a u t o u r d ' u n e

c a s s o l e t t e o ù b r û l a i t d e l ' e n c e n s . L e s p r i è r e s a v a i e n t é t é

s é l e c t i o n n é e s p a r l e s é a n c i e r q u i a v a i t é g a l e m e n t p r é c i s é

l e u r o r d r e c h r o n o l o g i q u e . L e s o p é r a t i o n s a v a i e n t é t é d i r i -

g é e s p a r u n e c o u s i n e d u p è r e B l a n q u i , u n e d e m o i s e l l e

D e l p h i n e H o n o r a t q u e l ' a b b é t r a i t a i t v o l o n t i e r s d e

p u n a i s e d e s a c r i s t i e .

L e p r e m i e r j o u r , o n a v a i t a c c r o c h é a u p i g n o n n o r d