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78e ANNÉE 4 AVRIL 1968

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78e ANNÉE

N° 4 AVRIL 1968

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Rédactrice : Charlotte von AllmenAdministration : La Source, 30, avenue Vinet, 1004 Lausanne Abonnement : 11 fr. par an. Le journal parait onze fois par an Compte de chèques : 10 - 165 30 Changements d’adresse : 75 et.

La Source Ecole d’infirmières30, avenue Vinet, 1004 Lausanne

Directrice : Mlle Charlotte von Allmen Directrice adjointe : Mlle Marie-Louise Jeanneret Infirmière-chef : Mlle Rita Veuve Téléphone : (021) 24 14 81 Compte de chèques : 10 - 165 30

Association des infirmières de La Source, LausanneCompte de chèques : 10-2712Présidente : Mme M. Schneiter-Amiet, 20, chemin de Villardin,1009 Pully, téléphone (021) 28 29 45Caissière: Mme E. Hagen, 15, Florimont, 1006 Lausanne,téléphone (021) 22 64 68

Foyer et Bureau de placement Source - Croix-Rouge31, avenue Vinet, 1004 Lausanne

Téléphone : (021) 25 29 25 Compte de chèques : 10 - 1015 Directrice : Mlle Marthe ChatelanRéception : lundi, mardi, jeudi et vendredi de 9 à 12 h. et de 15 à 17 h.

Postes à pourvoirPoliclinique médicale universitaire de Lausanne : 2 infirmières, dès

le 1er mai ; conditions selon statut des fonctions publiques canto­nales. Horaire régulier, avantages sociaux. Offres et références à l’Administration de la Policlinique médicale, 19, rue César-Roux, 1005 Lausanne.

Sommaire : « Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité ! ». — Nouvelles de l'Ecole. — La chirurgie cardiaque. — Qu’en pensez- vous ? — Lettre du Canada. — Association. — Nécrologie. — Faire- part. — Bibliographie. — Calendrier. — Adresses.

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Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !

C'est ainsi que les fidèles de l’Eglise orthodoxe se saluent le matin de Pâques.

Quelle importance a cette affirmation dans notre vingtième siècle ? Que signifie cette parole pour nous infirmières qui luttons avec nos malades contre la mort au point même de les rappeler à la vie par des techniques de ranimation ?

Sommes-nous donc si persuadées de la valeur et du sens de cette vie terrestre ou, sans beaucoup réfléchir à ce que nous faisons, obéissons-nous tout simplement à un code de morale profession­nelle ? Que pèse dans nos mains la vie de nos malades ?

Je crois qu’il est bon de replacer le problème dans la perspective chrétienne : Dieu nous fait don de notre vie avec l’entière liberté d’en faire ce que nous voulons, et ce que nous voulons, c’est être notre propre maître, ne pas dépendre d’un créateur. Or ceci nous mène — et nous le constatons tous les jours — à tant nous intéresser à nos affaires, à nous prendre tellement au sérieux, à remplir nos journées de joies passagères, que notre vie finalement tourne autour d'un tout petit cercle en rond, en rond... avec des espoirs déçus. Mais Dieu nous aime assez pour venir rompre cette vanité et nous donner une espérance : la vie éternelle. Voilà que notre existence trouve un sens, un but. Si c’est pour cela que nous luttons, si c'est pour redonner l’espérance de cette promesse que nous mettons tout en œuvre pour lutter contre la mort, la nôtre et celle de nos malades, alors allons-y ! Mais de grâce, pas pour autre chose ! Car Christ est vraiment ressuscité.

Ch. von Allmen

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Nouvelles de l'Ecole

Félicitations à Mlle Marie-Louise Jeanneret

Depuis plusieurs années, une commission composée de repré­sentants de l’Etat de Vaud et d'associations privées s'occupant de la santé publique, avait envisagé la création d'un organisme vaudois destiné à coordonner le travail des infirmières que l'on appelait autrefois « infirmières en hygiène sociale » et qui sont considérées dorénavant comme des infirmières de la santé publique. Un projet a pu être présenté, en septembre 1967, au Grand Conseil, qui a créé le dit organisme par la loi du 5 décembre 1967. Il porte le titre d'Organisme médico-social vaudois (OMSV). Il est composé d'un conseil d’administration, d’un comité de direction et, sur le plan exécutif, comprend un administrateur, une infirmière-chef générale et un médecin-conseil. Le conseil d’administration et le comité de direc­tion ont tenu leur première séance le 7 mars, mettant en quelque sorte en activité cet organisme, dans le cadre de la médecine extra­hospitalière. Ils ont nommé Mlle Marie-Louise Jeanneret, actuellement directrice adjointe de La Source, en qualité d’infirmière-chef géné­rale. La Source a été heureuse et honorée d’apprendre cette nomi­nation. Heureuse pour Mlle Jeanneret, certes, car ainsi elle va pouvoir faire pleinement valoir son dynamisme, ses dons d'organisatrice, sa compétence dans le domaine de la santé publique. Peu d’infirmières semblaient aussi bien préparées qu’elle pour ce poste.

Nous la félicitons donc très chaleureusement et formons des vœux tout particuliers pour le succès de la grande tâche qu’elle va entreprendre, mais avec tout de même un petit pincement de cœur à l’idée qu’elle nous quitte et que nous allons être privés de tout ce qu'elle nous apportait. Qu’elle sache combien nous lui sommes reconnaissants.

Examens de diplôme

Trente élèves ont passé avec succès l’examen final les 27 et 28 mars.

Ce sont Mlles Christiane Aeberhard, Simone Aellig, Marguerite Baumgartner, Marianne Berney, Nelly Berney, Marguerite Blanche, Jacqueline Bourgeois, Francine Bourquin, Annette Courvoisier, Moni­que De Régis, Josiane Dutoit, Brigitte Exchaquet, Edith Félix, Aliette Genoux, Michèle Guignard, Jacqueline Haegeli, Danièle Heffermehl,

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Marion Henchoz, Christiane Hulstkamp, Madeleine Linder, Catherine Martin, Christiane Moor, Josette Morier, Josiane Patthey, Claudine Portmann, Odile Rouvé, Annemarie Schwarz, Jacqueline Schweingru- ber, Elisabeth de Tscharner, Françoise Vannod.

La Croix-Rouge suisse avait désigné, en qualité d’experts, le docteur A. Borel, de la Clinique médicale universitaire de Lausane (Hôpital Nestlé), ainsi que Mademoiselle J. Schwab, monitrice à l’Ecole d’infirmières de Pérolles, Fribourg, pour la théorie, et Sœur Claire, monitrice à l’Ecole d’infirmières de Pérolles également, pour la pratique. Les médecins examinateurs étaient les Drs A. Jost pour la chirurgie, et B. Curchod pour la médecine. L’expert de La Source était le Dr Bernard Ruedi, de l’Hôpital Nestlé.

Nouvelles élèves

Nous avons eu le grand plaisir d’accueillir, le 2 avril, quarante nouvelles élèves. Voici leurs noms : Mlles Mary-Jane Aeschlimann, venant de Cernier (Ntel) ; Arlette Amoudruz, de Genève ; Danièle Berger, de Neuchâtel ; Renée Brossin, de la Chaux-de-Fonds ; Claire-

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Lise Chappuis, de Crissier ; Marie-Claude Costantini, de Territet ; Sylviane Courtine, de Vouvry ; Jacqueline Dambach, de Morges ; Francine Dennis, de Corcelles (Ntel) ; Béatrice Dubois, de La Neu- veville ; Christine Durupthy, de Neuchâtel ; Anne-Marie Farine, de Saignelégier ; Marceline Favre, de Genève ; Arlette Fuhrer, de Cla- rens ; Marianne Gautschi, de Tavannes ; Raymonde Grau, des Dia- blerets ; Ginette Guénat, de La Conversion s/Lutry ; Martine Gygax, d’Essertines-sur-Yverdon ; Monique laquiéry, de Bioley-Magnoux ; Claudine Landry, des Verrières ; Anne-Marie Lauraux, de Bex ; Pier­rette Légeret, de Chexbres ; Maryvonne Loeffel, de Chambrelien (Ntel) ; Cosette Lugrin, d'Yverdon ; Danielle Maire, de La Chaux-de- Fonds ; Jacqueline Martin de L'Auberson ; Madeleine Mermoud, de Lausanne ; Anne-Marie Meystre, de Vevey ; Françoise Naymark, de Lausanne ; Janine Pannatier, de Lausanne ; Christiane Pasche, de Lau­sanne ; Françoise Piguet, du Sentier ; Françoise Pittet, de Renens ; Fabienne Rauss, d’Etoy ; Chantal Rey, d’Ecublens ; Murielle Rollier, de Saint-Aubin (Ntel); Madeleine Roulier, de Territet; Suzanne Schoch, de Lausanne ; Christine Urfer, de Signy s/Nyon ; Hélène Weber, d'Epalinges.

Une bonne fée s’en va

Depuis cinq ans, Mme L. Girardet venait chaque soir veiller sur la tranquillité et la sécurité de nos élèves. Elle était la bonne fée de nuit qui assurait le bon ordre dans la maison mais qui, surtout, était toujours prête à écouter, à partager peines et joies, à encourager, stimuler ou consoler quand il le fallait. Que de confidences a-t-elle entendues, dont elle gardait scrupuleusement le secret ! Mère et grand-mère, elle comprenait la jeunesse et elle en était aimée pour sa patience, sa bienveillance, sa douce autorité, sa discrétion. Mal­heureusement, pour des raisons de santé, Mme Girardet s’est vue contrainte de nous quitter. Nous la voyons partir avec beaucoup de regret. Au nom de toutes les élèves qui l’ont connue et au nom de La Source, nous lui disons un chaleureux merci, accompagné de tous nos vœux pour sa santé. Elle sait que les portes de la maison lui sont grandes ouvertes et que nous espérons bien la revoir de temps à autre.

Pour remplacer Mme Girardet, nous avons été heureux de pouvoir faire appel à Mme E. Thaler et à Mlle Jeanne Brunner, Sourcienne, ancienne missionnaire. Elles se partageront la tâche, l’une venant trois nuits et l’autre quatre nuits par semaine. Nous leur souhaitons une cordiale bienvenue parmi nous.

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Nous sommes parties pour la guerre au...

Non, notre nom ne paraîtra pas dans les journaux, ni ne sera cité en exemple : nous ne sommes pas parties pour le Vietnam. Nous sommes allées guerroyer... aux Cadolles !

Nos ennemis : le manque aigu, comme partout, de diplômées, l’instabilité du personnel,la difficulté d’adapter le matériel et les méthodes à la médecine moderne.

Nos alliés : l'humour,l'optimisme et la ténacité.

Notre ennemi N° 1, le manque de personnel, mais pas n'importe quel personnel. Ce sont des cadres qui nous manquent, des chefs d'unités de soins, des filles qui aiment, ou aimeraient, avoir la res­ponsabilité d’un service de chirurgie ou de médecine. Nous n’offrons pas de services sur des petits coussins de velours, tout prêts, bien organisés et marchant tout seuls, nous offrons un travail de pionnier, dans une brousse en défrichement où le travail individuel ne sert à rien, mais où le travail d’équipe réussira.

Une petite poignée de diplômées s'y battent déjà mais elles ne sont pas assez pour s'occuper à la fois de l’organisation des services et de l’encadrement des élèves, car nous avons des élèves que nous devons former et bien former.

C’est une brousse, mais pas n'importe quelle brousse, la nôtre est bien située, entre lac et montagne comme disent les prospectus. Pour celles qui aiment la nature et la liberté, 'la campagne, la forêt, le bord du lac sont là, à côté. Et depuis les chambres des malades et des infirmières l'on a toujours les yeux qui se promènent sur le paysage.

Nous l'avons dit, l’un de nos alliés est l’humour, mais notre S.O.S. est sérieux et s'adresse à toutes celles qui désirent changer d'emploi ou qui reviennent au pays chargées d’expériences et d'idées nou­velles.

Sentez-vous concernées et téléphonez au (038) 5 63 01 ou écrivez à la direction de l'Hôpital des Cadolles, 2000 Neuchâtel.

C. Panchaud

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La chirurgie cardiaquepar M. le professeur Ch. Hahn

Ce n'est pas sans quelque fierté que La Source a appris ia nomi­nation, à ia Faculté de médecine de l’Université de Genève, de M. le Dr Charles Hahn en qualité de professeur extraordinaire à la chaire de chirurgie cardio-vasculaire. Tous ceux qui, dans notre pays romand, s'intéressent au développement prodigieux de cette spécialité, savent que c’est dans notre maison que les chirurgiens ont pu réaliser ce développement, et chacun se rappelle ce que M. le Dr André Naef a fait dans ce domaine et plus particulièrement dans celui de la chirur­gie cardiaque à cœur fermé.

M. le Dr Hahn a commencé à travailler dès le 19 juin 1961 dans notre maison où, à ce jour, il a fait de très nombreuses opérations de chirurgie vasculaire et cardiaque dont 229 opérations à cœur ouvert. Chacun peut imaginer ce que représente pour nos services hospitaliers et pour notre personnel la mise au point de ces nouvelles techniques, tant au niveau du groupe opératoire que dans les cham­bres de malades.

M. le professeur Hahn, dont on lira ci-dessous la leçon inaugurale, continuera son activité chez nous dans le domaine de la chirurgie cardiovasculaire en opérant deux jours par semaine. En lui présen­tant nos félicitations les plus vives et les plus cordiales à l'occasion de sa nomination à l’Université de Genève, nous voulons lui dire aussi notre gratitude pour ce qu'il a apporté de nouveau dans le domaine médical à La Source.

Dr J.-D. B.

Messieurs les professeurs,Messieurs les étudiants,Mesdames et Messieurs,

Situer la place de la chirurgie cardiaque en cardiologie implique une étude chronologique des relations qui ont existé, existent et existeront entre ces deux spécialités de plus en plus étroitement jumelées.

En étudiant l’histoire de la cardiologie, branche de la pathologie interne, et de la chirurgie cardiaque, branche de la pathologie externe, on est frappé de constater, contrairement à ce que l’on croit habi­tuellement, que ces deux spécialités ont suivi une évolution presque parallèle, une fois les connaissances de base en anatomie normale

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et en physiologie suffisamment étayées par l’observation et l’expéri­mentation animale. Rappelons à ce sujet que si les travaux de Vesale et de Galien ont permis d’acquérir des notions suffisamment précises sur l’anatomie cardiaque, il a fallu attendre les travaux de Michel Servet, en 1553, pour avoir une idée plus précise de la physiologie de la petite circulation. Cette découverte de la petite circulation fai­sait partie intégrante d’un ouvrage plus important qui valut à son auteur l'honneur d’être brûlé vif le 27 octobre 1553 sur le plateau de Champel, à quelques centaines de mètres de cette salle. Il semble qu'à cette époque déjà, les Anglais étaient plus civilisés, la décou­verte de la grande circulation aux environs de 1628, si elle a valu à Harvey la réprobation générale, ne l’ayant tout de même pas conduit au bûcher. Quoi qu'il en soit, si l’amour du verbe triomphe souvent et pour longtemps, il a bien fallu que les médecins du XVIIe siècle s'inclinent devant les faits d'observation et 'les résultats expérimen­taux de Harvey. Dès lors, les traités de médecine et de chirurgie se meublent de chapitres de plus en plus importants consacrés aux maladies du cœur et des gros vaisseaux. En parcourant de vieux trai­tés, j’ai trouvé dans celui de M. Le Clerc, médecin ordinaire du roi, paru en 1709, le traitement opératoire de l’anévrisme. Il s’agissait de l’exclusion d'un anévrisme du bras entre des ligatures, intervention décrite avec un luxe de détails. Qu’on en juge : « L'artère étant bien arrêtée, le chirurgien prendra le bras d'une main, au-dessous de la tumeur, et de l'autre main, il fera une incision avec la lancette et en commençant au bas de la tumeur et finissant au haut tout le long du progrès de l'artère tuméfiée. La tumeur — entendez l’anévrisme — étant ouverte, on dégorge le sang caillé avec le doigt. S’il y a quel­ques brides dans le fond, on les coupe avec des ciseaux courbes afin d'ôter plus facilement tous les grumeaux de sang et les autres corps étrangers qui se forment quelquefois dans les anévrismes lorsqu’ils sont fort anciens », et plus loin : « Il ne faut point couper l’artère entre les deux ligatures parce que la première ligature quitterait par l’impul­sion du sang ; il faut laisser tomber le fil, il pourrira par la suppura­tion. On remplit la plaie de bourdonnets, de plumasseaux, couverts de poudres astringeantes, une emplâtre avec une compresse dans le pli du coude. »

Ainsi naquit la chirurgie cardio-vasculaire !L'audace des chirurgiens n’ayant pas de limite, on s’attaque dès

1810 aux réparations des plaies cardiaques. Les échecs se suivent, le plus célèbre étant la mort du duc de Berry après une tentative de suture par Dupuytren. Mort qui est plus en relation avec la tempori­sation qui a précédé l’opération qu’avec l'intervention elle-même. Bloch, en Angleterre, expérimente sur l’animal et prouve que la suture

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de plaies cardiaques est possible. En 1896, Cappelen, réussit la pre­mière suture cardiaque, succès malheureusement temporaire puisque son malade décède le surlendemain de l’intervention. Par contre, à la même époque, Rehn réussit, après ouverture et décaillottage du péricarde, à placer des sutures sur une plaie ventriculaire tout en tamponnant l’hémorragie avec le doigt. Comme l'a dit Sherman, il avait fallu 2400 ans pour que la chirurgie parcoure la route du cœur dont la longueur n’excède pas deux centimètres. Malgré ces succès — peut-être à cause de leur caractère exceptionnel — le dogme de l’inviolabilité du cœur défendu de façon si absolue par Billroth et Paget finit par s'effondrer devant la démonstration de la possi­bilité de réanimer un cœur arrêté par massage cardiaque direct. Le premier massage cardiaque a été réussi en 1901 par Igelsrud.

Dès le début du XXe siècle, les tentatives opératoires se succè­dent : décompression thoracique par Brauer, en 1902, péricardecto­mie par Hallopeau, en 1910, première commissurotomie valvulaire aortique, en 1912, par Tuffier, première commissurotomie valvulaire pulmonaire par Doyen, en 1912 également. En 1925, première com­missurotomie mitrale par Souttar dont il faut admirer le sérieux mis à préparer cette intervention sur le cadavre.

Malheureusement, toutes ces interventions chirurgicales ont été tentées à une époque où la chirurgie thoracique ne disposait pas des moyens qu'elle a actuellement : les transfusions de sang n’exis­taient pas, les anesthésies étaient insuffisantes, les possibilités de la réanimation postopératoire inexistantes.

Quant à la cardiologie médicale, qui commence à prendre le caractère d’une véritable spécialité avec le traité des maladies du cœur de Bouillaud, en 1835, elle a dû ses principaux progrès à l’aus­cultation médiate de Laennec (1819), à l’appoint considérable fourni par la radiologie dès le début du XXe siècle et surtout à la mise au point de l'électrocardiographie par Einthoven dès 1912.

Cardiologie et chirurgie cardiaque arrivaient donc à maturité dans les années précédant la deuxième guerre mondiale. Ce qui explique la réussite de la première ligature du canal artériel par Gross, en 1938, celle de la résection de la première coarctation de l’aorte par Crafoord, en 1944, celle de l’opération de Blalock pour les tétralo- gies de Fallot et les sténoses pulmonaires, en 1944, celle enfin de la commissurotomie mitrale reprise par Bailey, puis par Harken, en 1948 selon les principes mêmes de l'opération de Souttar. Le déve­loppement de la cardiologie est conditionné dès lors par celui de la chirurgie cardiaque. On ne peut plus se permettre d’approximation dans le diagnostic : l'auscultation, la radiologie, l’électrocardiogra- phie, ne suffisent plus à un diagnostic différentiel suffisamment pré­

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cis. Il faut des investigations hémodynamiques. Par une étrange coïn­cidence, le premier cathétérisme cardiaque avait été fait, en 1929, par Forsmann, à l'époque de la première commissurotomie mitrale réussie par Souttar. Mais trop de lacunes subsistaient encore dans la progression médicale. Dès 1941, grâce à Cournand et à son école, les cathétérismes cardiaques droits deviennent possibles. C'est ensuite la mise au point des investigations gauches, des angiocar- diographies, autant de moyens déterminants dans l’appréciation tant quantitative que qualitative des lésions cardiaques.

Si la chirurgie à cœur fermé a pris corps avant la deuxième guerre mondiale, il fallut attendre 1952 pour que la première opération à cœur ouvert faite sous hypothermie modérée généralisée de surface par Lewis, puis par Henry Swan, vienne consacrer les résultats des travaux expérimentaux de Bigelow et de Boerema qui, depuis 10 ans, étudiaient le comportement des organismes homéothermes soumis au froid. L’histoire de l’hypotermie n’est ni très longue ni très intéres­sante. Par contre, celle de la circulation extracorporelle mérite qu'on s’y arrête quelques instants. La première circulation extracorporelle date de 1812 ; elle est due à Le Gallois. En 1849, des perfusions iso­lées de reins avec du sang défibriné sont réussies par Loebell. La première oxygénation artificielle date de 1869 : elle est due à Ludwig et Schmidt. En 1876, Bunge et Schmiedeberg perfusent du sang oxy­géné artificiellement à des reins isolés. Von Schroeder, en 1882, est l'initiateur du premier oxygénateur à bulles. Quant au premier oxygé- nateur à film, il est l’œuvre de Frey et Gruber en 1885. L’un des pre­miers cœurs artificiels a été créé par Carre! et Charles Lindbergh en 1935. Pourtant, il fallut 22 ans de travail à Gibbon pour que son cœur-poumon artificiel avec oxygénateur à film passe à l’usage cli­nique. L’hypothermie et la circulation extracorporelle dont l’utilisa­tion clinique avait été précédée par la fameuse circulation croisée de Lillehei, ont permis le développement de la chirurgie cardiaque que nous connaissons actuellement la rendant possible d’autant que le développement simultané de toute une série d'autres disciplines médi­cales ou paramédicales venait lui apporter des éléments dont elle avait manqué jusqu’alors.

Qu'en a-t-il été du développement de la chirurgie cardiaque chez nous ?

Dès que l’on sut que les interventions cardiaques devenaient une réalité utile aux malades, cessant d’être ce que d’aucuns consi­déraient comme une spéculation intellectuelle, mon maître, le pro­fesseur Pierre Decker ['introduisit dans son service. C’est ainsi que dès 1948, on opérait des sténoses mitrales, on pratiquait des opéra­

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tions palliatives pour des tétralogies de Fallot, on faisait des com­missurotomies pulmonaires. Pour diverses raisons, la chirurgie car­diaque n’a pas acquis le développement qu'elle eût mérité de 1947 à 1956. En fait, durant cette période, la majeure partie des interven­tions cardiaques ont été exécutées à la clinique de La Source grâce à la collaboration avisée des Drs Jean-Louis Rivier et André Naef. A ce titre, tous ceux qui s'intéressent à la chirurgie cardiaque doivent reconnaître au Dr Naef le mérite d'être le véritable pionnier de la chirurgie cardiaque à cœur fermé dans ce pays. Pour les Lausannois, 1957 est une date : celle de la nomination du professeur Saegesser à la tête du service universitaire de chirurgie de l'Hôpital cantonal vaudois. Si ma dette de reconnaissance à l’égard du professeur Pierre Decker est immense par tout ce que sa rigueur scientifique et son respect du malade nous a apporté, celle que je dois à Frédé­ric Saegesser n'est pas moins grande. C’est lui qui, en effet, m'a confié dès son installation la tâche de développer la chirurgie car­dio-vasculaire dans son service. Son geste n'était pas dénué de grandeur car nous savions tous quel intérêt il portait à cette spécia­lité. Son renoncement et la liberté totale qu’il nous a laissée nous a permis de mettre sur pied un plan de travail nous permettant d'absorber en quelques années le retard pris sur nos collègues étrangers. Lorsqu'on se voit confier des responsabilités aussi gran­des, la première chose à faire c’est de s'entourer de collaborateurs bien formés, et surtout de gens susceptibles de travailler en commun dans un esprit d’amitié et de renoncement personnel, sans que cela se traduise par un effacement du sens des responsabilités. Or, le noyau de notre équipe initiale a été formé par des médecins, tous élèves du professeur Edouard léquier-Doge. C’est en effet à la Poli­clinique médicale que nous avons tous été marqués par la connais­sance et l'humanisme de notre maître et surtout par son esprit de franche collaboration, sa probité intellectuelle et sa modestie. Pour curieux que cela puisse paraître, le développement de la chirurgie à cœur ouvert est lié, dans une grande mesure, aux qualités person­nelles du professeur Jéquier-Doge. Qu'il nous permette aujourd'hui de lui exprimer notre reconnaissance teintée du regret de son absence pour des raisons de santé.

M. le professeur Gérard Brom, vous me faites l’insigne honneur d'assister à cette leçon entouré de quelques-uns de vos élèves et collaborateurs, le professeur Jan Nauta, jes Drs Charles Chalant, Fernand Risch, Pierre Peloponnisios et la doctoresse Caro Bruins. L'école de Leiden que vous avez créée de toutes pièces se trouve donc à l'honneur aujourd'hui à Genève. C'est à vous que je dois ma formation. C'est à votre amitié et au sens des responsabilités que

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vous prenez en formant des élèves que je dois d’avoir pu mener à bien la tâche qui m'avait été confiée. Lorsqu’après un long séjour passé dans votre service vous avez jugé que j’étais prêt à voler de mes propres ailes, c’est encore vous qui m’avez aidé à résoudre de difficiles problèmes d'installation. C’est à vous, au Dr Buffat, au Dr Naef, au merveilleux ami qu’était le professeur Ivan Mahaim, à son fils dont l’amitié et la fidélité jamais départies m’ont permis de sur­monter les situations les plus délicates, à tous ceux qui ont accepté de collaborer avec moi et dont la liste serait trop longue que je dois d'avoir pu créer un centre moderne de chirurgie cardio-vasculaire à la clinique de La Source d'abord, à l’Hôpital cantonal de Lausanne ensuite.

Mais la dette du chirurgien spécialisé que je suis ne s’arrête pas à mes maîtres et mes collaborateurs. Depuis quelques mois, elle s'est considérablement accrue de tout ce que je dois au profes­seur Jean-Claude Rudler. Monsieur, il y a onze ans le professeur Eric Martin, doyen de la Faculté de médecine de Genève, disait de vous dans son introduction à votre leçon inaugurale : « Vous aimez un travail ordonné, accompli dans des conditions de détente et de calme, vous désirez faire votre œuvre de chirurgien, de profes­seur, développer votre service, former des élèves, créer l’esprit d'équipe, introduire de nouvelles techniques chirurgicales sans être distrait par de multiples obligations de tous ordres et vous avez pensé que Genève pourrait vous offrir ces avantages. » Il faut croire, Mon­sieur, que nous poursuivons des buts similaires car si, grâce à votre volonté de développer toutes les spécialités chirurgicales dans votre service, vous m'avez fait l'honneur, vous, les membres du Conseil de Faculté, ceux du Sénat de l’Université, ceux des diverses commis­sions médicales ou administratives, ceux des Autorités cantonales genevoises, de me confier la première chaire de chirurgie cardio­vasculaire qui existe en Suisse, c’est bien parce que vous pensiez que mon attitude serait, toutes proportions gardées, identique à la vôtre. En m’offrant la possibilité d'enseigner dans cette Université, aux côtés d’hommes de grande renommée, vous avez apporté un sens nouveau à ma vie et à ma carrière médicale. Puissé-je être digne de votre confiance et de votre amitié.

Monsieur le professeur Duchosal, vous êtes un des maîtres incontestés de la cardiologie. Nous sommes appelés à collaborer de plus en plus étroitement. J'espère faire honneur à cette nouvelle collaboration rendue si agréable par notre amitié déjà ancienne.

Votre apport est connu de tous. Permettez que je vous offre la contribution de notre équipe en commentant quelques chiffres tirés de notre propre statistique.

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Par souci de simplification, nous classerons les cardiopathies opérables en 3 groupes :

a) les cardiopathies congénitales présentant un shunt gauche- droit ;

b) les cardiopathies congénitales cyanogènes ;

c) les valvulopathies,

nous réservant de dire quelques mots de chapitres spéciaux n’entrant pas dans cette classification sommaire.

Les cardiopathies congénitales à shunt gauche-droit

A ce groupe appartiennent 5 types de malformations :

les canaux artériels,les communications interauriculaires,les communications interventriculaires,les canaux atrio-ventriculaires,les fistules coronaires.

En tout, notre groupe a opéré 237 cas d'affections à shunt gauche- droit avec 6 décès. Sur 45 section-sutures ou ligatures de canaux artériels, nous avons perdu un seul malade. Encore s’agissait-il d’un patient adulte présentant une hypertension artérielle pulmonaire, la pression artérielle pulmonaire étant égale à la pression systémique. Le risque opératoire dans les canaux artériels simples est nul.

110 communications interauriculaires du type dorsal ont été fer­mées à cœur ouvert, soit en hypothermie modérée de surface, soit en circulation extracorporelle. Un seul patient est décédé des suites directes de l’intervention : il s’agissait d'une fillette de 3 ans pré­sentant des anomalies associées et une hypertension artérielle pul­monaire grave. Dans ce sous-groupe des cardiopathies congénitales à shunt gauche-droit, le risque opératoire est également nul dans les cas simples.

70 communications interventriculaires ont été fermées en circu­lation extracorporelle avec 4 décès, 2 fois chez des patients présen­tant une hypertension artérielle pulmonaire grave, 1 fois chez une jeune fille ayant subi quelques années auparavant une correction complète d’une tétralogie de Fallot et présentant un important shunt résiduel, 1 fois chez un enfant de 11 ans par une faute dans la con­duite des soins postopératoires. La mortalité opératoire dans les cas de lésion simple est donc faible. Nous n'avons pas de bloc auriculo-ventriculaire après correction chirurgicale des communica­tions interventriculaires, cela grâce aux connaissances acquises par

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les études très poussées du professeur Ivan Mahaim et du Dr Ver- duyn Lunel, de Leiden.

6 canaux atrio-ventriculaires ont été opérés sans décès avec correction de la lésion mitrale et fermeture de la communication inter­auriculaire ventrale par interposition d'une plastie de péricarde ou de téflon.

6 fistules coronaires avec communication avec les cavités droites ont été opérées avec 1 échec dans le cas d'un anévrisme coronarien de la dimension de l'aorte communiquant à plein jet avec le sinus coronaire

Les cardiopathies congénitales cyanogènes

65 cas de tétralogie de Fallot ont été opérés par des procédés divers avec une mortalité globale de 9 cas. Dans les tétralogies de Fallot, notre ligne de conduite reste fidèle aux conclusions de l'ana­lyse statistique que nous avions faite chez notre maître Brom : cor­rection complète d’emblée chez les enfants de plus de 4 ans, pour autant que l’affection ne soit pas trop cyanogène et dans la mesure où les artères pulmonaires sont de dimension suffisante pour prendre en charge un débit circulatoire normal. Pour tous les autres cas, nous faisons une anastomose palliative préparatoire comme premier temps, la correction complète n’entrant en ligne de compte que lors­que des signes de défaillance cardiaque liés à la malformation opéra­toire supplémentaire que nous avons ajoutée aux autres, apparais­sent. Le risque opératoire des corrections totales de tétralogie de Fallot sévère, même après une première intervention, reste élevé. Il est de l'ordre de 20 %.

Quant aux transpositions des gros vaisseaux, sur 13 cas opérés, nous avons à déplorer 5 décès. Dans des lésions aussi graves, il serait d'ailleurs préférable de compter les succès en place des échecs, ces enfants, souvent des nourrissons, étant en général condamnés à brève échéance. Dans ce groupe particulier de cas, nous restons éga­lement fidèles à l'enseignement de Brom dont la statistique opéra­toire est considérable : opération palliative chez le nourrisson, si possible dans la première semaine de la vie, puis après un an ou deux, correction complète selon la technique de Mustard, si les lésions associées à la transposition des gros vaisseaux le permet­tent. Les résultats excellents de l'école de Leiden nous laissent espé­rer que dans un avenir proche, par une meilleure sélection des mala­des, et surtout par des interventions plus précoces, nous parvien­drons nous aussi à de meilleurs résultats.

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Les valvulopathies

Les sténoses pulmonaires, qu'elles soient valvulaires ou infun- dibulaires, ne posent guère de problèmes opératoires. La levée de l'obstacle est systématiquement faite à ciel ouvert ; que ce soit en normothermie ou à l'aide d’une circulation extracorporelle, il est nécessaire de procéder à une résection musculaire étendue pour éta­blir un chenal infundibulaire suffisamment large. Par contre, dans les lésions congénitales de la valvule tricuspide (atrésie tricus- pidienne ou certains cas de maladie d’Ebstein), nous avons encore tendance à nous adresser à des interventions palliatives du type Glenn (anastomose entre la veine cave supérieure et l’artère pulmo­naire droite) plutôt que de tenter des interventions à visée correc­trice dont le risque opératoire reste, pour le moment en tout cas très élevé.

En pratique, les valvulopathies les plus couramment opérées sont les lésions de la valvule mitrale et de la valvule aortique. Dans notre série : 305 cas. Dans les sténoses mitrales pures, nous sommes restés fidèles dans la plupart des cas à la commissurotomie ins­trumentale à cœur fermé. Pourtant, nous avons de plus en plus tendance, dans les cas de fibrillation auriculaire et tout spéciale­ment chez les malades qui ont une anamnèse d'embolie artérielle, à généraliser l’application de méthodes ouvertes dont l’avantage prin­cipal est de pouvoir décaillotter l’oreillette gauche. Cette attitude nous a été dictée pas 2 échecs sur 110 cas de commissurotomies à cœur fermé, échecs liés à des mobilisations de caillots pendant l’opération chez des malades présentant une récidive de leur sténose avec un passé d’embolie cérébrale.

Quant aux maladies mitrales ou aux insuffisances mitrales pures, elles sont systématiquement opérées à l'aide d'une circulation extra­corporelle. Si la réparation valvulaire est possible, nous appliquons la technique de valvulopastie décrite par Wooler. Si le tissu val­vulaire n’est pas de bonne qualité, nous préférons mettre immédia­tement en place une prothèse de Starr ou une prothèse à disque, les tentatives de réparation que nous avons faites dans le passé nous ayant toujours conduit à des réinterventions, l’amélioration clinique postopératoire n’étant pas suffisante. 68 cas ont été opérés selon ces principes avec 8 décès. Bien que ce chiffre soit inférieur à ce que l’on relève dans plusieurs travaux actuels, il est encore trop élevé et s'explique par une sélection trop sentimentale des cas. Nous avons en effet opéré à plusieurs reprises des malades dans un état si grave que l’on n’osait pas les étendre sur la table d’opération et que nous commencions l’opération par une circulation extracor­

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porelle partielle pour tenter d'éviter des arrêts cardiaques à l’induc­tion de l’anesthésie.

Sur les 127 cas de lésions valvulaires aortiques opérés en cir­culation extracorporelle, nous avons perdu 11 malades, la plupart dans les séries de début, et le plus souvent dans des cas d'insuffi­sance aortique gravissime. Actuellement, c’est-à-dire jusqu’à la fin du mois de décembre 1967, nous avions 66 cas consécutifs sans décès avec des remplacements valvulaires prothétiques. Le malheur a voulu que cette série heureuse soit ternie tout récemment par le décès d’un patient 5 semaines et demie après l’intervention. Il s’agis­sait d’un malade chez lequel on avait assisté à une destruction rapide de la valvule aortique par une septicémie. Dans les suites de l’inter­vention, une récidive inflammatoire a entraîné le développement d’un bourgeon endocarditique qui s’est subitement enclavé dans l'ostium coronarien gauche.

Quant aux lésions multivalvulaires, elles restent grevées dans nos mains d’un risque opératoire élevé (8 cas sur 19), ce risque étant essentiellement lié à des indications opératoires trop tardives.

Nous n’aimerions pas terminer cette revue statistique sans dire un mot de la coarctation de l’aorte, cet enfant chéri de l’école de Leiden, qui s'honore de plus de 600 cas opérés. Nous n’avons pas la chance de notre maître, puisque nous ne pouvons faire état que de 30 cas, la plupart adultes, tous opérés avec succès. Depuis plusieurs années, nous sommes victime d’accès de révolte paroxystique devant ce trop petit nombre de coarctations de l'aorte que nous attribuions, à tort bien entendu, à une détection insuffisante. Le temps passant, nous nous sommes résignés, d’autant que l'on nous a fourni une explication des plus convaincantes, à savoir que les chromosomes suisses sont d'une qualité très supérieure aux chromosomes hollan­dais. Souhaitons que la santé du peuple suisse bénéficie d'autres mutations du même ordre !

Cette statistique appelle plusieurs commentaires.Les cardiopathies valvulaires, les lésions septales, les affec­

tions congénitales du pédicule cardiaque sont pratiquement toutes accessibles à la chirurgie. Le traitement chirurgical est le seul vala­ble. Encore faut-il l’appliquer au bon moment. Une intervention chi­rurgicale chez un cardiopathe répond à un but précis : il faut que, par un geste opératoire bien réglé, à risque aussi bas que possi­ble, on soit à même de changer 'la destinée d’un malade. C’est dire que l’opération vient automatiquement s’intégrer dans un traitement de plus longue haleine. D’où la nécessité d'un programme thérapeu­tique. Ce programme devrait être établi dès l’instant où l'on décou­vre une cardiopathie. L’appréciation de l’importance d'une lésion

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cardiaque et de ses répercussions hémodynamiques ne peut pas se faire uniquement sur la base d’un examen clinique, même si cet exa­men est accompagné d’électrocardiogramme, d'orthodiagramme, voire de sphygmogramme. Dans la généralité des cas, des investigations plus précises sont indispensables : cathétérisme droit et gauche, angiocardiographie, tests divers. De fait, la plupart des indications opératoires reposent sur la mesure de gradients de pression lors­qu'il s’agit de lésions valvulaires, sur l'importance d'un shunt lorsqu'il s’agit de lésions septales, sur des données radiologiques précises s’il s'agit d'une affection cyanogène (tétralogie de Fallût, transposi­tion des gros vaisseaux).

L’ensemble formé par l'examen clinique, les examens standards, les investigations spécialisées, permettra de se faire une opinion précise sur l'importance des lésions, sur leur multiplicité éventuelle, sur leurs répercussions sur la grande et la petite circulation. La connaissance de l’évolution naturelle des cardiopathies, des possi­bilités du traitement médical, de celles du traitement chirurgical, permettront au groupe complexe de spécialistes de fixer un plan thé­rapeutique. Dans sa leçon d’ouverture du 14 novembre 1896, Georges Dieulafoy affirmait : « Dans bien des circonstances, ainsi que je l’ai dit ailleurs, la chirurgie a tout à gagner à s'entourer de conseils médicaux. C’est à nous, médecins, qu’incombe le rôle, parfois si difficile, de poser les indications et les contre-indications d'une opé­ration, d'en saisir le moment opportun et d’armer en temps voulu la main du chirurgien. » Cette proposition n’a aucun sens dans notre spécialité, car, dans le cas particulier de la cardiologie et de la cardio-chirurgie, l'intrication des responsabilités est telle que la déci­sion ne peut incomber au seul médecin. Si l’opinion du cardio­logue et du chirurgien sont à la base de toute discussion, encore faut-il que l’anesthésiste puisse apprécier le risque de la narcose, que le réanimateur exprime son idée sur les complications post­opératoires auxquelles on peut s’attendre et prenne les mesures adé­quates pour les éviter ou les combattre, que le spécialiste de la circulation extracorporelle choisisse sa technique de perfusion en fonction de chaque cas particulier et en estime le risque, que le spécialiste de la coagulation sanguine, en détectant des anomalies, puisse nous renseigner sur des risques d’hémorragie inhabituelle et soit prêt à administrer, en temps voulu, les médicaments ou les fractions sanguines qui diminueront ce risque. L’indication opératoire n'est donc pas le fait d'un seul individu, mais de toute une équipe. L’établissement d’un programme thérapeutique cohérent commence au cabinet de consultation du médecin-praticien, franchit toutes les phases d’un examen analytique poussé pour aboutir à une synthèse

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du cas et aux dispositions thérapeutiques qui en dépendent en fonc­tion de l’expérience propre d'un groupe médical et chirurgical. Car ce qui est valable pour une équipe n’est pas forcément transposable à une autre. La lecture du plus récent article sur un sujet donné n’a de réelle valeur que pour ceux qui l’ont écrit : pour tous les autres, les conclusions doivent être adaptées à leurs propres conditions de travail, à leur propre expérience.

Jusqu’à maintenant, nous n'avons parlé que des lésions chirur­gicales du cœur et des gros vaisseaux. Sans les définir de manière précise, ce qui dépasserait le cadre de cette leçon, nous avons fixé le principe de l'indication opératoire, celui de l’estimation du risque de l'intervention, comparé au risque de l’évolution naturelle de la cardiopathie, celui du moment de l’intervention, mais nous ne devons pas oublier que derrière ces données froidement objec­tives se cachent des malades. Nous vivons une époque passionnante : la chirurgie cardiaque est sur le point de s’enrichir de nouvelles techniques permettant la transplantation des cœurs ou l’implanta­tion dans l'organisme de prothèses cardiaques artificielles. Dans son introduction à la chirurgie du cœur, le Dr Claude d'Allaines écrit ce qui suit : « La chirurgie du cœur jouit aux yeux du public d’un prestige probablement temporaire, mais qui régulièrement pro­jette ses nouvelles découvertes en première page des quotidiens à sensation. »

« Prestige qu'elle doit à deux raisons : cette chirurgie d'une part est toute nouvelle. Il y a trente ans à peine, quelques chirur­giens audacieux commençaient à en établir les premières assises ; ils étaient bien loin de se douter de l’extension extraordinaire qu’elle allait prendre en un quart de siècle. L’organe auquel elle s’attaque, d’autre part, est bien fait pour émouvoir les fibres les plus sensibles de l’homme. Rien qu’en apprenant que l’on peut ouvrir un cœur, l'arrêter, le faire repartir à volonté, chacun sent le sien vibrer et battre plus vite. »

S’il est indiscutable que le cœur a perdu beaucoup de sa valeur symbolique, il n’en reste pas moins un organe d’importance vitale. Il n’y a pas un cardiopathe qui n'en soit conscient. Or qu’offrons- nous à ces malades ? Un programme d'investigations austères, plus ou moins pénibles, une préparation préopératoire plus ou moins longue, une opération chirurgicale majeure et ses suites quelquefois marquées de péripéties pénibles. Le malade est au contact d'une équipe médicale composée de dizaines de personnes, toutes spéciali­sées dans leur propre secteur, capables dans l'ensemble de fournir les prestations techniques les meilleures. Dès l’instant où il nous est confié, le malade passe par les différentes étapes d'un appareil­

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lage diagnostique et thérapeutique bien réglé. Mais, il suffit que survienne une fausse note, une phrase malheureuse de n’importe lequel des membres de l'équipe pour que la confiance du malade soit ébranlée et pour qu’une peur souvent panique s'installe. La haute technicité des groupes cardio-chirurgicaux trouble les rapports nor­maux qui devraient exister entre médecins et malades. Or, le but de la médecine est de soigner des malades, non des maladies. Si per­fectionnée soit-elle, notre électronique ne sera jamais capable de comprendre les problèmes de nos malades, leurs difficultés person­nelles, familiales ou sociales. Même si nous, médecins, sommes inca­pables de résoudre les problèmes psychologiques des malades, au moins gagnent-ils l’impression, au milieu d’appareils effrayants, que quelque chose d'humain subsiste entre eux et nous. Un sourire, un geste d’amitié, font souvent plus pour la guérison des malades que les médicaments ou les techniques les plus compliquées. A une épo­que où certaines vérités fondamentales de la médecine sont ébran­lées, peut-être n’est-il pas inutile de se rappeler que la plus perfec­tionnée des machines ne remplacera jamais le contact humain, indis­pensable à un exercice sain de la médecine.

Qu’en pensez-vous ?

Réponse à Mlle Marion Widmer

Chère Mademoiselle,

A la suite de votre lettre parue dans le dernier numéro du Journal, nous avons reçu plusieurs réponses dont nous publions ci-dessous des extraits. Mais auparavant, voici quelques réflexions personnelles :

Comme jeune infirmière travaillant chez un médecin, vous avez sans doute, de par votre solitude professionnelle, d’autres besoins qu’une infirmière hospitalière ou une Sourcienne mère de famille. Mais notre Journal, qui s’adresse à plus de 1500 anciennes élèves de l’Ecole, de tous âges et de toutes conditions, doit chercher à répon­dre au désir de chacune. Il a surtout pour but de maintenir des liens, de donner des nouvelles, Si ces nouvelles ne sont pas très nom­breuses, la faute en est à toutes les abonnées, qui négligent d'en donner. Faut-il dire une fois encore que, dès le début, il a été entendu que notre Journal serait rédigé par les Sourciennes elles-mêmes ?

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Dans le premier numéro, du 1er avril 1890, de Gasparin écrivait : « Vous y laisserez courir votre plume, parler votre cœur. Une voix de prière y montera vers le Seigneur, les défaillances y trouveront récon­fort, un fond commun se créera d’idées, de lumières, de courage, de charité, de foi ; vrai trésor où chacune, tour à tour, versera une part de soi-même, où chacune puisera largement ». Par la suite, les rédacteurs successifs n'ont pas manqué de rappeler que la parti­cipation des Sourciennes était indispensable à la vie du Journal.

Ne cherchez pas dans notre Journal ce qu’il n’est pas censé vous apporter. Mais faites peut-être l’effort de nous aider à remplir ces pages mensuelles.

Je laisse à nos correspondantes le soin d'exprimer leur opinion quant aux propositions que vous faites. Je veux croire qu'ensuite, ayant placé le problème dans sa juste perspective, vous reviendrez sur quelques-unes de vos remarques.

Recevez, chère Mademoiselle, mes salutations les meilleures.

Ch. von Allmen

Voici les extraits de lettres annoncés :

De Mlle Hedwige Wyler, monitrice à La Source :

En demandant de publier votre lettre, vous avez fait preuve d'un courage dont je vous félicite. Il n’est pas facile en effet de s’exposer à la critique.

Permettez-moi donc de vous apporter le fruit de mes réflexions à propos d'une des améliorations souhaitées, celle du choix des articles.

Je ne pense pas qu'il soit utile que notre journal se mette à publier des articles extra-professionnels. Les problèmes que vous évoquez, qu’il s’agisse du Vietnam, des hippies ou de la faim dans le monde, figurent au nombre des plus importants de l'heure et doivent être connus des infir­mières, comme de tout être humain doué d'intelligence. Ces derniers mots me paraissent dignes d'attirer votre attention : « comme de tout être humain doué d'intelligence ». Ces problèmes ne sont pas propres aux infirmières. Nombreux sont les savants qui se penchent sur eux, plus nombreux encore les journalistes, les reporters, les cinéastes qui nous en parlent. Ne croyez- vous pas que l'infirmière d’aujourd'hui ait assez d'esprit d'initiative et de sens critique pour demander aux personnes les plus qualifiées les réponses aux questions qu'elle se pose ?

Notre rôle, à nous, est plus modeste. La seule contribution valable que nous puissions apporter au progrès du monde, c’est notre travail, celui pour lequel nul autre que nous n'a été formé, celui que nul autre n’est capable de fournir. Si vous connaissez une infirmière revenue du Vietnam, de Haïti ou du Congo, demandez-lui donc de nous faire part de ses expériences. Cela vaudra mieux, je crois, qu’un essai d'explication élaboré — même avec la meilleure volonté du monde — à mille milles du lieu de l'événement !

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De Mme Adélaïde Schmid-Wehrli, Lausanne :

Mlle Widmer vous a-t-elle jamais envoyé un article pour le Journal, comme vous l'avez demandé quelquefois ?

Le Journal Source n’est pas une revue professionnelle, mais un journal d'Ecole, me semble-t-il. Si Mlle Widmer fait partie de l'ASID, la Revue suisse des infirmières répondra en partie à ses besoins.

Pour les infirmières du début du siècle, dont je suis, le Journal apporte les nouvelles de l’Ecole et maintient le contact avec La Source, ce qui est important pour nous.

Que Mlle Widmer nous laisse nos souvenirs ; il y en a de drôles et ils nous sont chers ! Si elle n’apprécie pas les méditations au début du journal, c'est son affaire, je le regrette pour elle, car elles donnent le ton au journal d'une école qui se veut évangélique.

Enfin, je fais confiance à l'infirmière moderne et équilibrée, à même de choisir ses distractions et loisirs. Il n’est pas facile de contenter tout le monde et son père... dit-on.

De Mme Alice Mange (Sourcienne et pharmacienne) de Paris :

Je ne suis pas tout à fait de votre avis, mais je comprends certaines de vos remarques. Vous devez être une jeune diplômée, avide de savoir ; votre prénom, Marion, peu répandu de mon temps, me le dit déjà.

Celles qui se trouvent au seuil de la vieillesse et qui se sont usées au travail ont justement besoin de ce petit lien qui les ramène dans les souvenirs du temps passé au chemin Vinet. Elles ne vivent pas toutes seulement de souvenirs ; elles peuvent encore vibrer et s'enthousiasmer avec les jeunes. Puissiez-vous, à 82 ans, sentir votre coeur vibrer presque comme à 20 ans ! Et je ne suis pas la seule, grâce à la médecine actuelle, qui nous prolonge.

Notre journal est avant tout un lien d’amitié entre toutes. C’est à vous, jeunes, si le soir vous n'êtes pas trop fatiguées par votre travail, de nous y parler de la vie professionnelle et des différentes réformes, suivant les pays où vous êtes.

Le numéro de mars, outre deux articles, l'un sur l'hospitalisation à domi­cile à Paris, l'autre sur l'audiophonologie, nous apporte, grâce à Mlle Barbey et Mme Fuchs, un aperçu sur le travail hospitalier en Suède et en Orégon.

Notre journal doit être accessible à toutes les bourses ; on ne peut donc faire de gros frais de recherche et d'impression. C’est à nous, à vous, de faire le récit de vos expériences, intéressantes pour toutes et les communi­quer à la rédaction. Si vous venez le 27 juin à la fête annuelle à Beaulieu, je parlerai avec plaisir avec vous de tout ceci.

J’aime notre petit journal ; ne soyez donc pas peinée par mes remarques.

De Mm° Isaline Aïtken-Briod, Lausanne :

La lettre de Mlle Widmer m'a bien étonnée, pour ne pas dire plus, car mon opinion est diamétralement opposée à la sienne. Pour moi, le Journal apporte chaque fois quelque chose de nouveau et d'instructif ; je n'y cherche

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nullement autre chose que ce qui ressort de notre profession. Même si nous ne comprenons pas tous les termes techniques actuels, nous nous intéres­sons à tout ce qui est du domaine de la médecine et de la chirurgie. Et, bien que j’aie dépassé l’âge canonique (82 ans), j'ai toujours besoin d'apprendre encore. Pour ce qui est des loisirs, même si on habite les Pampas de la Plata, on a la radio, la télévision et combien de journaux humoristiques qui nous sortent de nous-mêmes.

Moi, j’aime notre journal tel qu’il nous est présenté.

De Mme Berthe Ducret-Cochard, Chardonne :

N'étant pas de celles qui prennent volontiers la plume, je désire cepen­dant vous donner mon opinion sur le journal. Il ne mérite pas les qualifi­catifs de suranné et fade. C'est avec plaisir que je l'ouvre chaque fois, sur­tout depuis que je suis devenue mère de famille, et je le lis d’un bout à l'autre avec intérêt. J’apprécie beaucoup les lettres provenant de Sourciennes fai­sant un séjour à l'étranger, et je souhaite qu'elles soient toujours plus nom­breuses à enrichir le Journal de leurs récits de voyages, de leur nouvelle activité et de leurs loisirs.

Une ancienne Sourcienne, rencontrée dernièrement, m'a autorisée à vous dire qu'elle aimait surtout y trouver des nouvelles de ses anciennes collègues, et que si cette page devait être supprimée, elle renoncerait au Journal.

Il ne me semble pas que ce soit le rôle de ce petit mensuel d'aborder les problèmes d'actualité que chacune peut lire dans d'autres revues et jour­naux. Peut-être pourrait-on consacrer une page aux loisirs ? Il serait souhai­table de savoir par exemple quels livres récemment édités sont dignes d’intérêt. Mais ce que j’attends avant tout du journal Source, c'est qu'il conti­nue à m'apporter des nouvelles de l'Ecole et des Sourciennes, des informa­tions professionnelles, et qu’il reste un trait d'union entre nous.

De Mile Yvonne Tissot, Leysin :

Notre Journal est destiné aux Sourciennes diplômées, donc entrées dans leur vie d’adulte, aptes à faire leur choix dans le domaine culturel, affectif et des loisirs. Ce n’est pas à un petit journal d'école qu'il faut demander d’être un guide de vie. D'autres journaux sont là pour cela.

Je pense que notre Journal a besoin d'un renouvellement dans sa « forme *, dans sa mise en page mensuelle. Je suggère :1) information médicale, psychologique, déontologique, qui fasse l'objet d'un

sujet par numéro, avec une petite partie contenant les nouvelles et chro­niques personnelles.

2) ou bien un numéro « sentimental » tous les trois à quatre mois et, entre temps, des numéros classables, utiles professionnellement qui, sous une forme précise, ramassée, traiteraient un sujet par numéro.Il me semble que cela aérerait le journal, donnerait du temps à la rédaction et que le tout aurait un aspect moins farfelu, plus digne de notre pro­fession.

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3) Peut-être que le numéro « sentimental » pourrait de temps en temps pré­senter un forum sur un sujet d’actualité, par exemple : publicité médicale et secret professionnel ou de psychologie de la femme. Bref, quelque chose de para-professionnel qui aide au - resourçage ».

De Mlle Rachel Sandoz, de Colombier :

Le journal Source n’est-il pas avant tout - notre journal », unique organe de notre Ecole Source ? Il fait partie de la création de Gasparin et il est toujours « vert » malgré son âge, et actuel. Il s’ouvre sur une méditation, note sérieuse laquelle est fort appréciée. Les articles médicaux sont toujours très intéressants et instructifs. Puis les nouvelles de l’Ecole, pas à dédaigner, celles des collègues près de nous ou éloignées, nous rappellent de beaux sou­venirs et l’amitié qui nous unit entre Sourciennes.

Que notre jeune infirmière dynamique et assoiffée d'actualité se procure des magazines ou autres journaux susceptibles de combler ses voeux et désirs à côté de son travail.

Il m’est difficile de croire que les journaux dont parle Mlle Widmer puis­sent lui donner de comprendre la peine de ses malades et surtout de leur aider : C’est en Dieu et notre Journal Source l'aidant, qu’elle trouvera l’har­monie et la joie qu'elle cherche ailleurs.

De Mme Anne Béguin, de Neuchâtel :

Si notre journal aborde toutes les actualités (Vietnam, hippies, etc.) il deviendra une « Revue ». Or, il n'en manque pas sur le marché !

Mlle Widmer reconnaît tout de même que des sujets médicaux sont inté­ressants. Ces sujets sont actuels, donc modernes.

La psychologie médicale et générale est un sujet qui pourrait être traité, et particulièrement la psychologie de l’enfance, dès la naissance.

Un peu d’humour serait également bien, il est vrai que notre journal est très sérieux. Si Mlle Widmer est membre de l’ASID, elle trouvera dans la Revue des infirmières un complément au journal Source.

De Mlle Germaine Vautier, à Etoy :

Quand vous aurez un petit comité de rédaction, la première question que vous vous poserez sera : quel est le but du journal Source ?

Suivront bien d'autres, l’humour qui se trouve du reste sous une forme ou sous une autre dans chaque fascicule de notre journal ; s’il faut le cher­cher ailleurs et l'imprimer cela coûtera cher et cela n'aura rien de drôle ! Et toutes les rubriques mentionnées par votre correspondante seront aussi l'occasion de débourser pas mal d’argent. Le prix de l’abonnement sera augmenté d’autant, alors que nombreux sont les journaux qui peuvent orien­ter les jeunes dans l’emploi de leur temps libre. Il existe des clubs de jeu­nesse et les paroisses elles-mêmes se préoccupent de la question.

Evidemment il y a la dernière question lourde de sens : « que ces lignes apportent à mes collègues matière à réflexion sur le sens de leur vie par

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rapport à la profession ». Le sens de notre vie, celui de notre rapport avec le prochain, et cela n'est pas austère I Si ces jeunes infirmières mettaient ensemble leurs loisirs et leurs talents, elles auraient tôt fait d’organiser des soirées récréatives, pleines d’humour et de gaieté, ou un concert. Ceci serait proposé à un public de choix et le montant des entrées pourraient être versé aux victimes de la guerre au Vietnam, par exemple. On pourrait appro­fondir ce problème.

Une bonne suggestion à retenir me semble-t-il : publier de temps à autre une liste de titres de volumes intéressants, instructifs ou récréatifs !

La question se pose : votre correspondante pense-t-elle qu'il ne nous reste à nous, les vieilles, rien de notre vie d'infirmière, sinon des souve­nirs de travail ? A Lavigny j'ai travaillé avec Mlle Emma Guédat ; elle avait 70 ans, et quand elle racontait ses « souvenirs de travail » il y avait de quoi rire, je vous assure. Plus on donne, et plus on reçoit, et quand l'âge vient, le cœur est riche, riche à donner encore avec joie.

De Mlle Renée Baudraz, à Montréal :

Franchement, j’ai ouvert des yeux ronds en lisant l'article de Mlle Widmer. En fait de « pointe d'humour », c'est plutôt « grognon ». J’espère bien que * l'infirmière moderne » ne lit pas que le Journal Source. Et ce dernier est-il vraiment si fade, si triste ? S'il l’est, nous en sommes responsables : il y a longtemps que la rédaction réclame des suggestions, des lettres, des articles pour apporter de la nouveauté. Personnellement je n'ai pas besoin du jour­nal pour organiser mes loisirs, je le lis toujours avec beaucoup de plaisir, soit qu'il traverse la rue ou l'Atlantique pour me parvenir.

Chère Mademoiselle Widmer, contribuez au dynamisme du journal, mais de grâce avec le sourire ! Il en sera plus gai.

Relevons quelques suggestions :

— Une page bibliographique. C'est notre vœu depuis longtemps mais, faute de temps, nous n’arrivons pas à le réaliser. Si des Sour- ciennes voulaient bien nous signaler, en l'accompagnant d'un petit commentaire, telle ou telle lecture intéressante, nous leur en saurions gré.

— Un sujet par numéro, comme le propose Mlle Tissot, deman­derait chaque fois un gros travail de recherche, ce dont nous ne pouvons nous charger, ou nous obligerait à recourir à des spécialis­tes, que nous aurions sans doute peine à trouver. Et cela risquerait de coûter cher. En outre, serait-ce conforme au désir général des Sourciennes et au but de notre Journal ?

— Un forum d’actualités médicales, professionnelles ou psycho­logiques ? Tout à fait d'accord, si des Sourciennes veulent bien s’annoncer pour l’animer? Qui commence?

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Ajoutons que notre Journal est aussi destiné aux élèves et sta­giaires, qu'il désire les intéresser... et qu’il leur ouvre largement ses colonnes.

Pour terminer, nous voulons remercier très sincèrement celles qui ont pris la peine de nous donner leur avis. Nous en tiendrons compte dans toute la mesure du possible. Et merci également à ceux et à celles qui, jusqu'à présent, nous ont accordé leur collaboration : médecins qui ont accepté de donner un peu de leur temps pour nous instruire, Sourciennes qui nous ont fait part de leurs expériences ou ont tout simplement donné de leurs nouvelles. Que d'autres, en nombre toujours plus grand, les imitent.

Lettre du Canada

Mlle Renée Baudraz, monitrice à l'Ecole depuis quatre ans et demi, a éprouvé le besoin d’un renouvellement et nous a demandé un congé de six mois. Elle s'est envolée au début de janvier pour le Canada, d'où elle écrit :

Chères Sourciennes,

Ayant le privilège de séjourner quelque temps au Québec, c’est avec plaisir que je vous envoie des détails sur un hôpital canadien et sur la situation des infirmières qui y travaillent.

Introduction. — Il y a 26 hôpitaux à Montréal ; 9 d'entre eux se sont attachés une école d'infirmières. Ils sont bien pourvu en per­sonnel. Il n’est pas facile pour une nouvelle arrivée de trouver du travail tout de suite. Il est indispensable de passer par l'association des infirmières pour obtenir une licence, ce qui peut comporter une période de stage, terminée par des examens. Avis aux futures voya­geuses : commencez très tôt vos démarches depuis la Suisse.

J'ai été très bien accueillie à « Maisonneuve », un hôpital de 500 lits situé dans la banlieue de l’est. Construit depuis 10 ans, en même temps que l’école, c’est La Source en plus grand, pourvue du service nécessaire à tous les stages désirables pour une élève. En l’absence de la spécialiste destinée à mettre au courant les nouvelles venues, j’ai bénéficié de l'amabilité des collègues de travail. Compte tenu de l’étonnante mentalité canadienne française (débrouillez-vous, chacun pour soi), j'ai été très privilégiée.

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Construction. — L'hôpital est construit en forme de croix. Sur un étage, nous trouvons deux services de deux ailes chacun. Ces ailes sont pourvues d'un couloir central avec chambres de malades de chaque côté.

Au centre du bâtiment ont été placés : les ascenseurs, un poste administratif par service, avec deux salles d'« utilités » qui sont les salles de préparation des soins, un office, une réserve de linge, un local à linge sale (avec fermeture hermétique), une bouche pour l’inci­nérateur. Cette disposition est extrêmement rationnelle. Elle évite les passages inutiles dans les couloirs, isole les chambres du bruit inté­rieur et surtout évite des pas à tout le monde.

Chaque chambre est pourvue d’un lavabo et d'un W.C., ce qui rend le malade très vite indépendant, permet d’organiser un isole­ment sans casse-tête et, de nouveau, ménage les pas.

Organisation. — Depuis le début, le système cardex a été utilisé pour les traitements et les médicaments. Chaque responsable d'un groupe de malades prépare et administre elle-même les médicaments. Un système unifié d’abréviations permet une inscription rapide et précise.

Chaque service possède un répertoire des médicaments, des directives sur les différentes formules à remplir, un livre (classeur) de technique professionnelle (adaptation aux besoins de l’hôpital d'un livre de technique publié par l’Institut Marguerite Youville), d'un cahier des charges pour la responsable et les aides, d’un plan d'orga­nisation de toute la maison, et des instructions en cas d'incendie.

Un roulement 3 x 8 h., avec équipes renforcées de 8 à 16 h., assure le service. Au 5e où je travaille, nous sommes 4 soignantes responsables de 7 malades chacune. Deux ou trois aides assurent leur concours. Une 5e infirmière reste au poste administratif avec une secrétaire. Il y a tout pour bien faire.

Matériel. — Tout se jette : seringues, aiguilles, godets en papier pour les comprimés, en plastic pour les liquides. Les malades isolés reçoivent leur repas dans de la vaisselle à un seul usage. Un ser­vice central envoie, sur commande écrite, tout ce qu'il faut pour les sondages, ponctions, soins aux malades trachéotomisés. Ces pla­teaux de soins sont retournés au service central après usage.

Exécution des soins. — A cause de toutes ces facilités, le travail est simplifié. Il est aussi limité, car du personnel spécialisé accourt sur commande pour tous les pansements (4 fois par jour s'il le faut), pour les prises de sang, les commandes des menus (que le malade remplit lui-même). Tout roule comme un ballet bien réglé dont il faut tirer les ficelles. L’infirmière n’a pas souvent l’initiative de ses gestes.

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Elle ménage sa... matière grise et sa peine. Les techniques sont très bien respectées. Le roulement du linge se fait sous plis, les lits sont changés tous les matins... ô merveille ! Le linge sale est tout simplement jeté par terre... oh ! la la.

Contact avec le malade. — La mentalité canadienne française se reflète ici d'une manière frappante. Le malade n’attend rien d’un échange avec le personnel soignant. Il est surpris par la moindre mar­que d’intérêt, tout comme nous serions surprises qu'un employé d’hôtel engage la conversation sur nos affaires personnelles. C’est de l’indiscrétion I Naturellement tout diffère des personnes, mais l'attitude générale semble être une polie indifférence. Il me faudra plus de deux mois pour vraiment saisir tous les fils de ce problème !

Les patients valides cherchent seuls leur chemin pour passer un examen en radiologie ou au laboratoire, par exemple. Ils sont appe­lés « au poste » par l’interphone, et partent, pourvus d’une fiche « ad hoc ». « Aide-toi, le ciel t’aidera ». Je me demande s’ils n’en gardent pas mieux leur indépendance. Cela demande réflexion.

Trois fois par 24 heures, l'état et le comportement du malade sont brièvement relevés sur le dossier. Le médecin le consulte, et fait sa visite seul. De son côté, il inscrit tous les ordres. Rien n'est fait d’office. Un drain peut bien rester 8 jours en place... c’est son affaire. Les pansements et ponctions sont demandés au moins une heure à l’avance pour permettre la commande du matériel nécessaire au service central. Ce système gagne un temps considérable. Il pourrait être excellent, avec un peu plus de collaboration de part et d’autre.

Conclusion. — Ne généralisons pas. Ceci n’est qu’un petit reflet du travail observé dans un seul hôpital. « Maisonneuve » a très bonne réputation en ville. Ses innombrables employés ont des gestes pré­vus, calculés et efficaces. Ses infirmières sont discrètes ; elles ne livrent pas souvent le fond de leur pensée. Elles ne sont ni meilleures, ni pires que leurs sœurs d'Europe. Au travail, elles sont garanties contre toute velléité de zèle : pourquoi faire de l’ordre puisqu’il y a quelqu'un spécialement désigné pour cela ? Pourquoi mettre à part un tube de médicaments vide puisque le contrôle sera fait par la responsable? Tout est très « relaxe » ; c’est un peu morne à la longue. Cela manque de chaleur, d'énergie. Est-ce le froid qui fige les idées de l’initiative ? Attendons l’été pour voir !

La prochaine fois nous visiterons l'école.

Meilleurs messages à toutes.

R. Baudraz

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Association

Comme il a été brièvement annoncé dans le Journal de mars, l'Assemblée générale annuelle de l'Association est reportée en sep­tembre. Elle aura lieu, à Genève. Vous recevrez en temps utile la convocation, 'l’ordre du jour et les indications pratiques. Nos amies genevoises se réjouissent de préparer cette rencontre.

Nous vous signalons aussi que, vu l’augmentation des taxes postales, plusieurs groupes de Sourciennes annoncent leurs séances uniquement par la voie du Journal. Lisez donc les communications qui figurent sous le titre <■ calendrier » et prenez-en bonne note.

Nécrologie

Au cours de ces dernières semaines, nous avons appris le décès de Mmes et Mlles Lydie Huybers-Stuby, Adèle Rabinovitch-Grieder, Lucie Anderegg-Delattre, Lucie Turin-Chopard, Geneviève Bruneton, Aimée Bercier, Ida Wieland, Berta Aeschbacher, Julie Jeannet. Nous rappellerons brièvement leur souvenir dans un prochain numéro.

Faire-partMariages. — Mlle Suzanne Bovey et M. Serge Fustier, le 6 avril, à

Romanel-sur-Lausanne. — Mlle Elisabeth Joost et M. Daniel Cardis, le 6 avril, à Lausanne. — Mlle Francine Mathez et M. Georges Benoit, le 20 avril, à Saint-Saphorin. — Mlle Cosette Bertholet et M. Gérard Périou, le 13 avril, à Genève.

Naissances. — Annradha, fille de Mme Livia Banerjee- Corradi, le 10 février, à Liestal. — Tassilo-Stephan, fils de Mme Béatrice Ullmann- de Meuron, le 24 février. — Emmanuel, fils de Mme Ginette Stauffer- Germiquet, le 13 mars, à Neuchâtel. — Valérie, fille de Mme Christiane David-Corbaz, le 8 mars, à Lausanne.

Deuils. — Mlle Anne-Marie Golliez, Mme Emilie Menoud-Zwahlen et Mlle Marguerite Mosimann ont eu le grand chagrin de perdre leur mère. — Mlle Huguette Perret, stagiaire, a perdu son fiancé dans un accident de montagne. — Mme Olga Christen-GiUiéron a perdu son mari. — Nous pensons à toutes avec beaucoup de sympathie.

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Bibliographie

« Auprès des malades »

Un groupe de pasteurs lausannois a publié récemment un livre destiné tant au corps pastoral qu'aux laïques ayant à cœur d'appor­ter un secours religieux aux malades. Il s'agit d'un choix de textes bibliques, groupés en vue des différentes circonstances où leur usage serait nécessaire et de prières liturgiques ou familières qui laissent une grande liberté d’adaptation.

Nous pensons que ce manuel pourrait être très utile aux infir­mières : elles trouveraient à portée de main ce qu’elles n’ont pas le temps de chercher. C'est un instrument de travail où il est aisé de choisir avec tact ce qui convient, laissant de côté ce qui relève du ministère pastoral plus spécialement. Dans l'état actuel des choses, les malades bénéficient de soins techniques de très haute qualité. Ils sont soumis à des « soins intensifs », mais ne sont-ils pas spiri­tuellement très seuls et angoissés ? Les infirmières savent qu'elles ont une responsabilité morale envers leurs patients ; mais, dans nos hôpitaux surchargés, il est très difficile d’avoir la disponibilité néces­saire à l’approche du malade sur le plan spirituel. Tous les malades ne sont pas des chrétiens convaincus ; cependant beaucoup d’entre eux demandent quelque chose de plus que les soins physiques : de façon vague ou inexprimée, ils souhaitent un secours d'une autre nature. Les aumôniers de nos maisons ne peuvent pas être jour et nuit présents partout ; ce sont les infirmières et leurs collaboratrices qui sont au chevet des malades.

Or, pas plus qu’on ne peut improviser un acte médical délicat on ne peut secourir quelqu'un dans sa confrontation psychologique avec la souffrance ou la mort sans se préparer intérieurement et sans être disposé à répondre, n’importe quand et n’importe où, à une détresse. Un ouvrage tel que celui dont nous vous parlons peut être très précieux pour la personne qui sait l'utiliser avec discerne­ment.

Bien entendu, il ne saurait être question d’imposer quoi que ce soit au malade dans le domaine religieux, mais dans le christianisme d’aujourd’hui, notre très grande réserve et notre respectueux silence ne sont-ils pas parfois un manque au devoir et une lâcheté ? Ayons le courage de témoigner notre foi, notre espérance et notre con­fiance heureuse en Dieu : un certain nombre de nos malades s’en trouveront consolés et fortifiés. Sachons prier pour eux et avec eux, sachons puiser pour eux aux vraies sources de vie. Offrons-leur ce

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que nous avons reçu et souvenons-nous avec humilité que le mes­sage vaut plus que le messager. Lorsque nos mains accomplissent leur tâche professionnelle, demandons-nous ce que nous pourrions faire de plus pour celui qui nous est confié, et ne l’abandonnons pas à sa solitude sans lui avoir apporté ce dont son cœur a besoin.

Le comité central de l’Association des infirmières de La Source a décidé de faciliter à ses membres l’achat du livre « Auprès des malades ». Un certain nombre d'exemplaires sont déposés chez la soussignée et seront envoyés sur demande, contre remboursement, à moitié prix, soit Fr. 9.—, la différence de prix étant supportée par notre caisse.

Nous souhaitons que les commandes soient nombreuses !M. Schneiter-Amiet

20, av. de Villardin, 1009 PullyLibrairie de l'Ale, Lausanne, 1967, 200 pages, présentation sobre, impression excellente sur papier glacé, format 11 X 18, classi­fication claire et pratique. Fr. 18.—

Calendrier

LausanneJournée de La Source : Elle aura lieu le jeudi 27 juin au Palais de

Beaulieu.

Réunions amicales au Foyer : Chaque deuxième lundi du mois, à 14 h. 30, jusqu’en mai.

AigleMercredi 22 mai, nous monterons à Leysin, où Mme Wasserfallen-

Rollier nous accueillera et nous fera visiter la Clinique Manufacture et sa nouvelle maison des infirmières. Départ d'Aigle par le train de 13 h., retour à 18 h. Surtout, inscrivez-vous nombreuses et à temps ! Avis aux membres d’autres sections qui auraient envie de se joindre à nous (tél. 025/2 25 84 ou 2 20 01).

Vevey - MontreuxMercredi 24 avril, à 19 h. 45, à l’annexe de l'Eglise libre, rue du

Panorama 7, à Vevey : Loto. — Les lots peuvent être déposés le lundi 22 avril à l'adresse susmentionnée entre 14 h. et 17 h. Pour les Montreusiennes, le dépôt se fera chez Mile Roehring, Grand- Rue 71, Montreux. Nous comptons sur une nombreuse participation !

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J. A. Lausanne

Berne

Les 26 et 27 avril aura lieu à Berne l'assemblée des déléguées de la Fédération des Femmes protestantes. Notre association est mem­bre collectif de la FSFP et a droit à 7 déléguées. Que celles d’entre vous qui désirent participer à ces journées, fort intéressantes parieur ouverture non seulement sur le protestantisme suisse, mais aussi sur ce qui se passe à l'étranger, veuillent bien s'annoncer à la soussi­gnée : elles recevront le programme et une partie des frais seront remboursés aux déléguées. Les séances sont bilingues et tout ce qui est important est traduit. C’est toujours une rencontre très sympathi­que et enrichissante.

M. Schneiter-Amiet

AdressesMme Michèle de Rham-Perrin, 7, ch. des Tuilères, 1028 Préverenges.Mme Micheline Delord-Frey, 25, rue Christophe-Denis, 88 Epinal

(Vosges).Mme Marie-Lucie Muhlethaler-Bussy, 11, Gotthelfstrasse, 8500 Aarau.Mme Eliane Ruch-Leuenberger, 55, ch. du Devin, 1012 Lausanne.Mme Ginette Stauffer-Germiquet, 4, rue de Pourtalès, 2000 Neuchâtel.Mlle Gabrielle Krafft, Nurses Post Room, St. Thomas Hospital,

Londres S. E.Mlle Catherine Clottu, Servizio cristiano, Riesi (Sicile).Mme Jacqueline Bates-Volet, ch. de la Maraiche,

1802 Corseauxs/Vevey.Mme Yvette Dijamatoviès-Décombaz, 16, rue du Maupas,

1004 Lausanne.Mlle Claire de Reynier, 42, rue Prévost-Martin, 1205 Genève.Mme Elisabeth Cardis-Joost, 1, rue de la Dole, 1005 Lausanne.Mlle Marguerite Desmeules, C.P. 12, Antioca, Magude, via Lourenço-

Marquès, A.O.P.Mlle Denise Du Pasquier, 24, rue Goetz-Monin, 1205 Genève.Mme Cécile Dauthe-Goy, 50, av. de la Sallaz, 1010 LausanneMlle Ginette Perrier, » Les Semailles », 15, rue Emile-Bident,

F - 93 Blanc-Mesnil (France).

Imprimerie La Concorde, Lausanne (Suisse)