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Cet ouvrage a été expliqué littéralement, traduit en français et annoté par Maurice Croiset, ancien professeur de l’Université. V. 1.1 : Gérard Gréco © 2010 – Composition avec XeT E X et fonte Adobe Minion d’après les images de . Liotard, juxta.free.fr – Cette réédition de la traduion juxtalinéaire du Catilina de Salluste par Gérard Gréco est mise à diosition selon les termes de la licence Creative Commons Paternité - Pas d’Utilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales à l’Identique 3.0 Unported. Les autorisations au-delà du champ de cette licence peuvent être obtenues à l’adresse ris015md (at) hotmail.com. Le contrat est dionible en ligne http ://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/ ou par courrier postal à Creative Commons, 171 Second Street, Suite 300, San Francisco, California 94105, USA. 29700. — Imprimerie L rue de Fleurus, 9, à Paris LES AUTEURS LATINS PAR DEUX TRADUCTIONS FRANÇAISES avec des arguments et des notes PAR UNE SOCIÉTÉ DE PROFESSEURS SALLUSTE CATILINA PARIS LIBRAIRIE HACHETTE ET C 79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79 1894

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  • Cet ouvrage a t expliqu littralement, traduit en franais etannot par Maurice Croiset, ancien professeur de lUniversit.

    V. 1.1 : Grard Grco 2010 Composition avec XeTEX et fonte AdobeMinion daprs les images de . Liotard, juxta.free.fr Cette rdition de latraduion juxtalinaire du Catilina de Salluste par Grard Grco est mise diosition selon les termes de la licence Creative Commons Paternit -Pas dUtilisation Commerciale - Partage des Conditions Initiales lIdentique3.0 Unported. Les autorisations au-del du champ de cette licence peuventtre obtenues ladresse ris015md (at) hotmail.com. Le contrat est dionibleen ligne http ://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/ ou par courrierpostal Creative Commons, 171 Second Street, Suite 300, San Francisco,California 94105, USA.

    29700. Imprimerie L rue de Fleurus, 9, Paris

    LES

    AUTEURS LATINS

    PAR DEUX TRADUCTIONS FRANAISES

    avec des arguments et des notes

    PAR UNE SOCIT DE PROFESSEURS

    SALLUSTECATILINA

    PARISLIBRAIRIE HACHETTE ET C

    79, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, 79

    1894

  • AVIS

    On a runi par des traits, dans la traduion juxtalinaire,les mots franais qui traduisent un seul mot latin.

    On a imprim en italique les mots quil tait ncessairedajouter pour rendre intelligible la traduion littrale, et quinavaient pas leur quivalent dans le latin.

    Enfin, les mots placs entre parenthses, dans le franais,doivent tre considrs comme une seconde explication, plusintelligible que la version littrale.

    ARGUMENT ANALYTIQUE.DU CATILINA.

    I-IV. P. I. Tout homme qui aire slever au-dessusde la brute doit y tendre par les facults de lerit plutt que par lesqualits du corps. Mais lequel, de lerit ou du corps, contribue leplus au succs militaire ? II. Cette question, longtemps indcise,fut tranche en faveur de lerit, du jour o la cupidit eut multipliles guerres parmi les mortels. Il serait dsirer quon dploytdans la paix la mme nergie morale quon dploie la guerre : lesrvolutions seraient plus rares ; car ce qui fait les rvolutions, cest quele pouvoir tend toujours passer du moins mritant au plus mritant. Est-ce vivre, dailleurs, que de vivre pour la seule volupt ? Vivrerellement, cest airer la gloire, soit par quelque aion dclat, soitpar quelque noble talent. III. Sil est beau de servir ltat par deshauts faits, il nest pas sans mrite non plus de raconter ces hautsfaits. Salluste a commenc par la carrire aive, il a ambitionn lescharges publiques : il na vu quintrigues autour de lui, et na prouvque dboires. IV. Dgot de cet essai, et jugeant dailleurs indignedun homme libre de sadonner lagriculture, la chasse, etc., il sestvou aux travaux littraires et a rsolu de raconter successivement lesfaits les plus mmorables de lHistoire romaine. Il va dbuter par laconjuration de Catilina.

    V. Portrait de Catilina. Naturellement enclin aumal, il est entrandailleurs par la corruption gnrale.Salluste voit l loccasion dunedigression sur lhistoire et les progrs de cette corruption.

    VI-XIII. D. VI. Fondation de Rome. Aivit et ver-tus des premiers Romains. Rois et snat. La royaut, dgnre en ty-rannie, est remplace par le consulat. VII. Nouvel lan imprimau mrite par ce retour la libert. Murs admirables de la jeunesse.Magnifiques consquences, que lauteur ne peut quindiquer en pas-sant. VIII. Et pourtant, caprices de la Fortune ! Rome na point laclbrit dAthnes, parce qu Rome les hommes de mrite ont tous

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    t des hommes daion, plus jaloux de faire eux-mmes de grandeschoses que de raconter les hauts faits des autres. IX. Suite du ta-bleau des murs des anciens Romains. Deux mots rsument toutecette poque : intrpidit, quit. X. Cependant les succs magni-fiques dus ces vertus amnent les richesses, et avec elles la cupiditet lambition, qui remplacent tontes les vertus par autant de vices. XI. Plus exclusive de tout mrite que lambition, la cupidit surtoutexerce daffreux ravages dans les mes, partir du retour de Sylla vic-torieux avec une arme corrompue par le sjour de lAsie. XII. Dslors les richesses seules donnent droit tout. Aussi ne voit-on plus quebrigandages, gaillages, excs de toute nature. XIII. Or, de lexcsqui ruine au crime qui fournit les moyens de se livrer des excs nou-veaux, la pente est insensible.

    XIV. Catilina trouva donc sans peine des satellites dans ce foyer decorruption. Il recherchait surtout lintimit des tout jeunes gens, plussouples la sduion et ne ngligeait rien pour se les attacher.

    XV. Perdu de dbauches ds sa premire jeunesse, Catilina estsouponn davoir tu son propre fils pour rendre plus facile sonunion avec Aurlia Orestilla. Salluste voit dans ce crime prsum lundes principaux motifs qui htrent la conjuration.

    XVI. Moyens employs par Catilina pour dresser au crime lesjeunes gens. Ltat de la socit et labsence de toutes forces rpressiveslencouragent raliser ses projets.

    XVII. Convocation et numration des principaux conjurs.XVIII-XIX. D. Catilina du reste nen est pas son

    coup dessai : deux ans auparavant, il a dj complot avec Autroniuset Cn. Piso dassassiner consuls et snateurs ; le complot a deux foischou. Cn. Piso a pri assassin en Eagne.

    XX. Retour la seconde conjuration ; discours un peu vague deCatilina aux conjurs runis chez lui.

    XXI. Les conjurs insistent pour obtenir des renseignements plusprcis. Catilina les satisfait, leur recommande sa candidature auconsulat, et les renvoie pleins dardeur.

    XXII. Tradition conteste, daprs laquelle Catilina, au momentdexiger de ses complices un serment solennel, leur aurait fait boireun mlange de vin et de sang.

    XXIII. Cependant un des conjurs dvoile la conjuration samatresse, qui de son ct garde mal le secret. En prsence du pril,

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    on porte Cicron au consulat.XXIV. Catilina furieux redouble daivit, et recrute de nouveaux

    complices dans toutes les classes de la socit, mme des femmes.XXV. Portrait de Sempronia.XXVI. Catilina se remet sur les rangs pour lanne suivante. Nou-

    velles trames, toujours djoues, contre les jours du consul. Rsolu-tion dessayer de la guerre ouverte.

    XXVII. missaires envoys par toute lItalie. Nouvelle convocationdes principaux conjurs ; nouvelles communications de Catilina.

    XXVIII. Deux des conjurs se chargent dassassiner Cicron : ilschouent encore. Manlius en trurie.

    XXIX. Cicron saisit le snat de laffaire : dcret.XXX. Bruits divers rpandus dans Rome au sujet de plusieurs

    soulvements en Italie. Envoi de troupes sur plusieurs points. Dcretsde sret publique.

    XXXI. Consternation gnrale. Catilina au snat : accueil quil yreoit de Cicron et de lordre entier : il sort en profrant des menaces.

    XXXII. Il part pour le camp de ses complices, non sans chargerquelques conjurs de poursuivre dans Rome mme lexcution de sesdesseins.

    XXXIII. Insolent manifeste, sous forme de supplique, adress parlarme rebelle Q. Marcius Rex.

    XXXIV. Rponse de Q. Marcius. Catilina, pour donner lechange sur le but de son dpart, crit aux citoyens les plus influentsquil sexile volontairement Marseille.

    XXXV. L. Catulus lit en plein snat une lettre toute diffrente dece mme Catilina.

    XXXVI. Catilina et Manlius sont dclars ennemis. Nouveauxdcrets de sret publique. Salluste sarrte avec tristesse sur lecontraste quoffre cette poque la grandeur du peuple romain aveclobstination de tant de furieux couvrir de ruines le sol de la patrie.

    XXXVII. En effet, les conjurs ne sont pas seuls hostiles : les projetsde Catilina sont gots de toute la populace, des anciens soldats deSylla, des fils des anciens proscrits, de tout ce qui nappartient pas auparti du snat.

    XXXVIII etXXXIX (1 partie).D. Ici lauteur est amenmontrer : 1 comment Crassus et Pompe, en rendant au tribunal ses

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    prrogatives abolies par Sylla, firent revivre la discorde entre les pa-triciens et les plbiens ; 2 comment toutefois les immenses pouvoirsconfis Pompe amoindrirent la puissance populaire ; 3 commentenfin le complot remit tout en question.

    XXXIX (2 partie). Retour la conjuration. Menes de Lentulus Rome.

    XL. Dmarches auprs des dputs des Allobroges, alors Rome.Ou les met dans le secret du complot.

    XLI. Hsitations des Allobroges. La fortune de la Rpubliquelemporte : ils font sous main des dnonciations, tout en continuant feindre le plus grand zle pour la conjuration.

    XLII. Mouvements du nord au sud de lItalie. Arrestations.XLIII. Nouveaux dtails sur les menes des conjurs dans Rome :

    distribution des rles ; impatience de Cthgus.XLIV. Les Allobroges obtiennent des conjurs des pices crites et

    scelles.XLV. Ils semettent en route avec lun des conjurs dans la direion

    du camp des rebelles. Cicron les fait arrter avec escortes et bagages.XLVI. motions diverses du consul. Il mande les conjurs

    compromis et les traduit devant le snat.XLVII. L ils sont confronts avec les Allobroges, convaincus, et

    retenus prisonniers.XLVIII. Revirement dans les ides de la foule : enthousiasme pour

    le consul. Crassus est dnonc au snat : la dnonciation est rpu-te fausse ; Salluste ne semble pas croire quelle ait t machins parCicron.

    XLIX. Toujours est-il que Cicron, press par Catulus et Pison defaire accuser Csar, ne cda point, et quils durent agir personnelle-ment par lintrigue et le mensonge pour rendre odieux leur ennemi.

    L. Menes des prisonniers. Cicron convoque le snat, et le metdurgence eu demeure de statuer sur leur sort. Avis divers.

    LI. Discours de Csar contre la peine de mort.LII. Discours de Caton pour la peine de mort.LIII (1 partie). Dcret conforme lavis de Caton.LIII (2 partie) et LIV. D. LIII (2 partie). Lauteur,

    amen rflchir sur les causes de la puissance romaine, les trouvedans le mrite minent dun petit nombre dhommes certaines

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    poques ; par exemple, de Caton et Csar lpoque dont il critlhistoire. LIV. Parallle de Caton et Csar.

    LV. Arm du dcret du snat, Cicron, pour prvenir toute ten-tative en faveur des condamns, se hte de les faire trangler dans laprison.

    LVI. Cependant Catilina organisait rapidement son arme, vitantavec soin toute rencontre jusqu larrive des renforts quil attendaitde Rome.

    LVII. la nouvelle de la mort de ses complices et en prsencedes nombreuses dsertions quelle occasionne, il songe fuir ; maisil trouve toutes les issues fermes et na plus dautre parti que celuidengager laion.

    LVIII. Discours de Catilina ses soldats.LIX. Diositions des deux armes pour le combat.LX. Engagement. Lutte acharne. Efforts inutiles, dfaite et mort

    de Catilina.LXI. Ae du champ de bataille. Rflexions sur lintrpidit des

    rebelles. Pertes cruelles et motions diverses des vainqueurs.

  • C. CRISPI SALLUSTIICATILINA.

    I. Omnis homines, qui sese student prstare ceterisanimalibus, summa ope niti decet vitam silentio ne tran-seant, veluti pecora, qu natura prona atque ventri obe-dientia finxit. Sed nostra omnis vis in animo et, corporesita est : animi imperio, corporis servitio magis utimur ;alterum nobis cum Dis, alterum cum belluis communeest. Quo mihi reius esse videtur ingenii quam viriumopibus gloriam qurere, et, quoniam vita ipsa qua frui-mur brevis est, memoriam nostri quam maxume longamefficere : nam divitiarum et form gloria fluxa atque fra-gilis est, virtus clara ternaque habetur. . . . . . . . .

    I. Tout homme qui aire se distinguer du reste desanimaux doit faire tous ses efforts pour ne point traversersilencieusement la vie, comme la brute que la nature acourbe vers le sol et asservie ses apptits. Notre tre, nous, nest complet que par lensemble dune me et duncorps : par lme, nous sommes plus matres ; par le corps,plus esclaves : matres, avec les Dieux ; esclaves, avec lesbtes. Aussi me semble-t-il plus raisonnable de tendre lagloire par les facults de lerit que par les forces du corps,et, puisque par elle-mme la vie dont nous jouissons estcourte, dassurer notre mmoire la plus longue durepossible : car la gloire que donnent les richesses et la beautest passagre et fragile ; le mrite, au contraire, est un bienclatant, imprissable. Cependant ce fut longtemps lobjet

    SALLUSTE.CATILINA.

    I. Decetomnis homines,qui student sese prstareceteris animalibus,niti summa opene transeant vitamsilentio,veluti pecora,qu natura finxitpronaatque obedientia ventri.Sed nostra vis omnissita estin animo et corpore :utimur magisimperio animi,servitio corporis ;alterumest commune nobis cum Dis,alterumcum belluis.Quo videtur mihiesse reiusqurere gloriamopibus ingeniiquam virium,et, quoniam vitaqua fruimurest brevis ipsa,efficere memoriam nostriquam maxume longam :nam gloria divitiarumet formest fluxa atque fragilis,virtus habeturclara ternaque.

    I. Il convienttous les hommes,qui ont--cur eux-mmes lemportersur tous-les-autres animaux,sefforcer par le plus grand effortpour quils ne passent pas la viedans le silence (lobscurit),comme les brutes,que la nature a faitespenches-en-avantet obissant leur ventre ( leurs apptits).Mais notre tre completest situ (consiste)dans une me et un corps la fois :nous nous servons davantagedu commandement de lme,et de lesclavage du corps ;lun (le commandement de lme)est commun nous avec les Dieux,lautre (lesclavage du corps)avec les btes.Cest pourquoi il semble moitre plus justede rechercher la gloirepar les ressources de leritque par celles des forces du corps,et, puisque la viedont nous jouissons [ turellement),est courte elle-mme (par elle-mme, na-de rendre la mmoire de nousle plus possible longue :car la gloire des richesseset de la beautest glissante et fragile,mais le mrite est possdclatant et ternel.

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    Sed diumagnum intermortalis certamen fuit, vine corpo-ris an virtute animi resmilitarismagis procederet : nam et,priusquam incipias, consulto, et, ubi consulueris, maturefao opus est ; ita utrumque, per se indigens, alterum al-terius auxilio eget.

    II. Igitur initio reges (nam in terris nomen imperii idprimum fuit) diversi, pars ingenium, alii corpus exer-cebant : etiam tum vita hominum sine cupiditate agi-tabatur ; sua cuique satis placebant. Postea vero quamin Asia Cyrus, in Grcia Lacedmonii et Athenienses,cpere urbes atque nationes subigere, lubidinem domi-nandi causambelli habere,maxumamgloriam inmaxumoimperio putare, tumdemumpericulo atquenegotiis com-pertum est in bello plurimum ingenium posse. Quod siregum atque imperatorum animi virtus in pace ita uti inbello valeret, quabilius atque constantius sese res hu-man haberent, neque aliud alio ferri, . . . . . . . . .

    dun grand dbat parmi les mortels, que de savoir laquelle des deux, dela force du corps ou de lnergie de lme, contribuait le plus au succsmilitaire : cest quen effet il faut, avant lengagement, de la rflexion ; aprsla rflexion, de la promptitude dans lexcution ; et ainsi lune et lautreforce, insuffisantes isolment, ont besoin de se prter un mutuel appui.

    II. Dans le principe donc, les rois (car ce fut l sur la terre le premiernom du pouvoir), partags davis, exeraient les uns lerit, les autres lecorps : alors encore la vie des hommes se passait exempte de cupidit ;chacun se contentait assez volontiers de ses propres biens. Mais quandCyrus en Asie, les Lacdmoniens et les Athniens en Grce, eurentcommenc soumettre des villes et des nations, trouver dans la passionde dominer une cause suffisante de guerre, mesurer ltendue de lagloire sur celle de la puissance, alors enfin lexprience et la pratiquetablirent nettement limmense supriorit de lerit dans les oprationsmilitaires. Que si les rois et les dpositaires quelconques du pouvoirdployaient lamme force dme en temps de paix quen temps de guerre,les choses humaines se maintiendraient plus gales et plus stables, et lonne verrait point

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    Sed magnum certamenfuit diu inter mortalis,resne militarisprocederet magisvi corporisan virtute animi :nam opus est et consulto,priusquam incipias,et fao mature,ubi consulueris ;ita utrumque,indigens per se,egetalterum auxilio alterius.

    II. Igiturinitio reges(nam id fuit in terrisprimum nomen imperii)diversiexercebant pars ingenium,alii corpus :etiam tum vita hominumagitabatur sine cupiditate ;sua placebant satis cuique.Postea vero quamCyrus in Asia,Lacedmonii et Atheniensesin Grcia,cpere subigereurbes atque nationes,habere causam bellilubidinem dominandi,putare maxumam gloriamin maxumo imperio,tum demum compertum estpericulo atque negotiisingenium posse plurimumin bello.Quod si virtus animiregum atque imperatorumvaleret in paceita uti in bello,res human sese haberentquabiliusatque constantius ;neque cerneresaliud ferri alio,

    Pourtant un grand dbatfut longtemps entre les mortels,pour savoir si la chose guerrirerussissait pluspar la force du corpsou par lnergie de lme :car besoin est et de dlibration,avant que tu commences, [prompte),et daion-faite promptement (dexcutionds que tu auras dlibr ;ainsi lune et lautre force,insuffisante par soi-mme,a-besoinlune du secours de lautre.

    II. Or-doncau commencement les rois(car ce fut sur la terrele premier nom du pouvoir)diffrents davisexeraient une partie lerit,dautres le corps :encore alors la vie des hommesse passait sans cupidit ;ses biens plaisaient assez chacun.Mais aprs queCyrus en Asie,les Lacdmoniens et les Athniensen Grce,commencrent soumettredes villes et des nations, tenir pour cause de guerrela passion de dominer, penser la plus grande gloiretre dans le plus grand pouvoir,alors seulement il fut prouvpar lexprience et les affaires (la pratique)lerit pouvoir beaucoup la guerre.Que si lnergie dmedes rois et des gouvernantsse-montrait-forte dans la paixainsi comme la guerre,les choses humaines se maintiendraientplus galementet avec-plus-de-stabilit ;et tu ne verrais pas [voir se dplacer),une autre chose tre porte ailleurs (de pou-

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    neque mutari ac misceri omnia cerneres : nam imperiumfacile iis artibus retinetur, quibus initio partum est. Verumubi pro labore desidia, pro continentia et quitate lubidoatque superbia invasere, fortuna simul cum moribus im-mutatur. Ita imperium semper ad optumum quemque aminus bono transfertur. Qu homines arant, navigant,dificant, virtuti omnia parent. Sed multi mortales, de-diti ventri atque somno, indoi incultique, vitam sicutiperegrinantes transegere ; quibus, profeo contra natu-ram, corpus voluptati, anima oneri fuit. Eorum ego vi-tam mortemque juxta stumo, quoniam de utraque si-letur. Verumenimvero is demum mihi vivere atque fruianima videtur, qui, aliquo negotio intentus, prclari faci-noris aut artis bon famam qurit : sed in magna copiarerum aliud alii natura iter ostendit.

    III. Pulchrum est bene facere reipublic ; etiam benedicere . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    ces dplacements dautorit, ces mutations, ces bouleversementsperptuels : car le pouvoir se conserve sans peine par les mmesmoyens qui lont acquis dabord. Mais ds que le travail a fait place la paresse, la modration et lerit dgalit au caprice et lorgueil,la fortune change avec les murs. Ainsi le pouvoir passe toujours decelui qui mrite moins au plus mritant. Agriculture, navigation, ar-chiteure, tout obit au mrite. Cependant que de mortels, esclavesde leurs sens du sommeil, ignorants et grossiers, traversrent la vieen simples voyageurs, demandant, contre le vu formel de la na-ture, toutes leurs volupts au corps, et ne voyant dans lme quunfardeau ! Pour moi je ne mets pas de diffrence entre leur vie et leurmort, puisquon ne parle ni de lune ni de lautre. Au fond celui-l seulme parat vritablement vivre et jouir de son me, qui, livr quelqueoccupation aive, cherche se faire un nom soit par de belles ac-tions, soit par un talent distingu : du reste, dans la varit infiniedes choses humaines, la nature montre chacun une voie diffrente.

    III. Il est beau de bien servir ltat ; bien dire nest pas non plus

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    neque omnia mutariac misceri :nam imperiumretinetur facile iis artibus,quibus partum est initio.Verum ubi desidiapro labore,lubido atque superbiapro continentiaet quitateinvasere,fortuna immutatursimul cum moribus.Ita imperium sempertransfertur a minus bonoad quemque optumum.Qu homines arant,navigant, dificant,omnia parent virtuti.Sed multi mortales,dediti ventri atque somno,indoi incultique,transegere vitamsicuti peregrinantes :quibus,profeo contra naturam,corpus fuit voluptati,anima oneri.Ego stumo juxtavitam mortemque eorum,quoniam sileturde utraque.Verumenimvero is demumvidetur mihi vivereatque frui anima,qui,intentus aliquo negotioqurit famamprclari facinorisaut artis bon :sed natura,in magna copia rerum,ostenditalii aliud iter.

    III. Est pulchrumfacere bene reipublic ;bene dicere etiam

    ni tout tre changet tre boulevers :car le pouvoirest conserv facilement par ces moyens,par lesquels il fut acquis au dbut.Mais ds que la paresseau lieu du travail,le caprice et lorgueilau lieu de la modrationet de lerit-dgalit-et-dquitont fait-invasion,la fortune est changeen mme temps avec les murs.Ainsi le pouvoir toujoursest transfr dun moins habile tout homme le plus capable.Ce que les hommes labourent,naviguent, btissent,tout obit au mrite.Mais beaucoup de mortels,livrs leur ventre et au sommeil,ignorants et incultes,traversrent la viecomme des gens qui voyagent :auxquels,assurment contre nature, [plaisir),le corps fut volupt (un instrument delme fut fardeau (un fardeau).Moi jestime de mme (aussi peu)la vie et la mort deux,puisquon se taitsur lune et lautre.Mais-certes celui-l seulementsemble moi vivreet jouir de son me,qui,appliqu quelque occupation,cherche la renommedune illustre aionou dun exercice (talent) louable :au reste la nature,dans la grande quantit des choses,montre un homme une route un autre une autre route.

    III. Il est beaude faire bien pour la rpublique ;bien dire aussi

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    haud absurdum est : vel pace vel bello clarum fieri licet :et qui fecere, et qui faa aliorum scripsere, multi laudan-tur. Ac mihi quidem, tametsi haudquaquam par gloria se-quatur scriptorem et auorem rerum, tamen in primisarduum videtur res gestas scribere : primum, quod faadiis sunt exquanda ; dehinc, quia plerique, qu de-lia reprehenderis, malivolentia et invidia dia putant ;ubi de magna virtute et gloria bonorum memores, qusibi quisque facilia fau putat, quo animo accipit ; su-pra ea, veluti fia, pro falsis ducit. Sed ego adolescentulusinitio, sicuti plerique, studio ad rempublicam latus sum,ibique mihi advorsa multa fuere : nam pro pudore, proabstinentia, pro virtute, audacia, largitio, avaritia vige-bant. Qu tametsi animus aernabatur insolens mala-rum artium, tamen inter tanta vitia imbecilla tas, am-bitione corrupta, tenebatur ; ac me, quum ab reliquorum

    sans valeur : la paix comme la guerre peut donner la clbrit : beau-coup sont cits avec loge pour avoir agi, beaucoup pour avoir critles aions des autres. Quant moi, dt la gloire de lcrivain resterinfiniment au-dessous de celle qui sattache lauteur des faits, je re-garde comme particulirement difficile dcrire lhistoire : dabord,parce quil faut proportionner le langage aux faits ; ensuite, parce quela plupart des leeurs, si vous reprenez la moindre faute, imputentvotre blme la malveillance et lenvie : vantez-vous le mrite mi-nent et la gloire dun hros ? chacun admet volontiers ce quil croitfacile pour lui-mme ; dans tout ce qui passe sa porte, il ne voit quefiions, et partant quemensonges. Tout jeune encore, mes gotsmeportrent dabord, comme tant dautres, vers les affaires publiques,et l je rencontrai bien des dboires : au lieu de lamodestie, du dsin-tressement, dumrite, laudace, la corruption, la cupidit rgnaientpartout. Bien que mon cur, tranger ces criminelles pratiques,les rejett avec ddain, ma faible jeunesse, sduite par lambition, nesen trouvait pas moins retenue au milieu de tant

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    haud est absurdum :licet fieri clarumvel pace vel bello :et qui fecere,et qui scripserefaa aliorum,laudantur multi.Ac tametsi gloriahaudquaquam parsequatur scriptoremet auorem rerum,videtur tamen arduumin primismihi quidemscribere res gestas :primum, quod faasunt exquanda diis ;dehinc, quia pleriqueputant dia malivolentiaet invidiadelia qu reprehenderis ;ubi memoresde magna virtuteet gloria bonorum,quisque accipit animo quoqu putatfacilia fau sibi ;supra ea,ducit pro falsis,veluti fia.Sed ego adolescentulus,sicuti plerique,latus sum studio initioad rempublicam,ibique multafuere advorsa mihi :nam pro pudore,pro abstinentia,pro virtute,audacia, largitio, avaritiavigebant.Et tametsi animusinsolens malarum artiumaernabatur ea,tamen tas imbecilla,corrupta ambitione,tenebatur inter tanta vitia ;

    nest pas sot (sans mrite) :il est-possible de devenir clbreou par la paix ou par la guerre :et des gens qui ont agi,et des gens qui ont critles aes des autres,sont lous nombreux.Et quand mme une gloirenullement galedevrait suivre lcrivainet lauteur des faits,il semble pourtant difficileen premire ligne moi du moinsdcrire les faits accomplis par dautres :dabord, parce que les faitssont -galer par les expressions,ensuite, parce que la plupart des leeurscroient dites par malveillanceet par jalousieles fautes que tu auras reprises ;lorsque tu fais-mentiondu grand mriteet de la grande gloire des bons citoyens,chacun accepte dun erit gal (de bonneles faits quil pense [grce)aiss accomplir pour soi ;ceux qui slvent au-dessus de ceux-l,il les tient pour faux,comme sils taient controuvs.Or moi tout-jeune,comme la plupart des jeunes gens.je fus port par got dabordvers les affaires-publiques,et l beaucoup de chosesfurent contraires moi :car au lieu de la rserve,au lieu du dsintressement,au lieu du mrite,audace, largesse, cupidittaient-en-vigueur.Et quoique mon me,non-faite aux mauvaises pratiques,rejett-avec-ddain ces vices,pourtant mon ge faible,sduit par lambition,tait retenu au milieu de si-grands vices ;

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    malis moribus dissentirem, nihilominus honoris cupidoeadem qu ceteros, fama atque invidia vexabat.

    IV. Igitur ubi animus ex multis miseriis atque pericu-lis requievit, et mihi reliquam tatem a republica proculhabendam decrevi, non fuit consilium secordia atque de-sidia bonum otium conterere ; neque vero agrum colendoaut venando, servilibus officiis intentum, tatem agere ;sed a quo incepto studio me ambitio mala detinuerat, eo-dem regressus, statui res gestas populi Romani carptim, utquque memoria digna videbantur, perscribere ; eo ma-gis quod mihi a e, metu, partibus reipublic, animusliber erat. Igitur de Catilin conjuratione, quam veris-sume potero, paucis absolvam : nam id facinus in primisego memorabile existumo sceleris atque periculi novitate.De cujus hominis moribus pauca prius explananda sunt,quam initium narrandi faciam.

    de vices ; et tout en condamnant la corruption des autres, commeeux avide dhonneurs, comme eux aussi jtais dchir par la mdi-sance et lenvie.

    IV. Lorsquenfin, aprs bien des tourments et bien des preuves,mon me eut retrouv quelque calme ; lorsque jeus arrt de passerle reste demes jours loin des affaires, je ne songeai point user danslindolence et loisivet de prcieux loisirs ; pas davantage cultiverla terre ou chasser, enchanant ma vie de serviles devoirs ; maisrevenant des travaux autrefois commencs et dont une funesteambition mavait tenu loign, je rsolus de choisir dans lhistoiredu peuple romain les faits qui me semblaient les plus dignes demmoire, pour les traiter fond ; dautant plus que mon erittait libre de toute erance, de toute crainte, de tout erit departi. Je retracerai donc brivement, mais compltement et avectoute la vrit possible, la conjuration de Catilina, lun des faits lesplus mmorables, mon avis, par la nouveaut du crime commepar celle du pril. Quelques mots dabord sur le carare de cethomme, avant dentrer dans le rcit.

    . 15

    ac, quum dissentiremab malis moribus reliquorum,nihilominuseadem cupido honorisvexabat mefama atque invidia,qu ceteros.

    IV. Igiturubi animus requievitex multis miseriisatque periculis,et decrevi reliquam tatemhabendam mihiprocul a republica,consilium non fuitconterere bonum otiumsecordia atque desidia ;neque vero agere tatemcolendo agrum,aut venando,intentumofficiis servilibus ;sed regressus eodem,a quo studio inceptoambitio maladetinuerat me,statui perscribereres gestas populi Romani,carptim,ut quque videbanturdigna memoria ;eo magisquod animus erat mihiliber a e, metu,partibus reipublic.Igitur absolvam paucisde conjuratione Catilin,quam verissume potero :nam ego existumoid facinusmemorabile in primis,novitate scelerisatque periculi.De moribus cujus hominispauca sunt explanandapriusquam faciam initiumnarrandi.

    et, quoique je fusse loign-dinclinationdes mauvaises murs des autres,nanmoinsle mme dsir dhonneursme tourmentaitpar les propos mauvais et par lenvie,lequel tourmentait aussi les autres.

    IV. Doncds que mon me se reposaau sortir de beaucoup de tourmentset dpreuves,et que je rsolus le reste de la viedevoir tre pass par moiloin des affaires-publiques,mon intention ne fut pasduser un prcieux loisirdans lapathie et la paresse ;ni vraiment de passer ma vieen cultivant un champ,ou en chassant,appliqu des fonions serviles ;mais tant revenu l-mme ( ce travail),duquel travail commencune ambition funestemavait tenu-loign,je rsolus dcrire-en-dtailles choses faites (les aes) du peuple romain,par-extraits,selon que chaque fait me semblaitdigne de mmoire ;dautant plusque lerit tait moiaffranchi derance, de crainte,des partis de la rpublique.Donc je traiterai--fond en peu de motsde la conjuration de Catilina, [ rais :le plus avec vrit (exaitude) que je pour-car moi jestimece faitmmorable en premire ligne,par la nouveaut du crimeet du pril.Sur les murs duquel hommequelques dtails sont expliqueravant que je fasse le commencement (quede raconter. [je commence)

  • 16 .

    V. Lucius Catilina, nobili genere natus, fuit magna viet animi et corporis, sed ingenio malo pravoque. Huicab adolescentia bella intestina, cdes, rapin, discor-dia civilis, grata fuere ; ibique juventutem suam exercuit.Corpus patiens inedi, vigili, algoris, supra quam cui-quam credibile est ; animus audax, subdolus, varius, cu-juslibet rei simulator ac dissimulator, alieni appetens,sui profusus, ardens in cupiditatibus ; satis eloquenti,sapienti parum. Vastus animus immoderata, incredibi-lia, nimis alta semper cupiebat. Hunc post dominatio-nem Lucii Sull lubido maxuma invaserat reipublic ca-piund ; neque id quibus modis assequeretur, dum sibiregnumpararet, quidquampensi habebat. Agitabaturma-gis magisque in dies animus ferox inopia rei familiaris etconscientia scelerum ; qu utraque his artibus auxerat,quas supra memoravi. Incitabant prterea corrupti civi-tatis mores, . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    V. LuciusCatilina, issu dune famille noble, tait dune grande vigueurdme et de corps,mais dun naturelmchant et dprav.Ds sa jeunesseles guerres intestines, les meurtres, les rapines, la discorde civile, eurentpour lui des charmes, et ce furent l les exercices de son ge mr.Robuste de corps, il supportait la faim, les veilles, le froid, avec uneincroyable facilit ; aumoral, il tait audacieux, rus, plein de souplesse,habile tout feindre comme tout dissimuler, avide du bien dautrui,prodigue du sien, ardent dans ses passions ; il avait la parole assezfacile, mais peu de jugement. Rien dexcessif, rien dincroyable, riendinaccessible, o ne tendt constamment cette me insatiable. Depuisla domination de Lucius Sylla, il tait possd du plus violent dsirde semparer du pouvoir suprme ; et quant aux moyens dy parvenir,pourvu quil se ft souverain, il navait point de scrupules. De jouren jour la farouche violence de sa nature saigrissait davantage par ledprissement de son patrimoine et par les remords de sa conscience,double flau cruellement dvelopp par les habitudes que je viens designaler ; il tait excit dailleurs par la corruption desmurs publiques,qui

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    V. Lucius Catilina,natus genere nobili,fuit magna viet animi et corporis,sed ingenio malo pravoque.Huic ab adolescentiabella intestina, cdes,rapin, discordia civilis,fuere grata ;ibique exercuitsuam juventutem.Corpus patiens inedi,vigili, algoris,supra quam est credibilecuiquam ;animus audax,subdolus, varius,simulatorac dissimulatorrei cujuslibet,appetens alieni,profusus sui,ardens in cupiditatibus ;satis eloquenti,parum sapienti.Animus vastussemper cupiebat immoderata,incredibilia, nimis alta.Post dominationemLucii Sull,maxuma lubidocapiund reipublicinvaserat hunc,neque habebat quidquamquibus modis [pensiassequeretur id,dum sibi pararet regnum.Animus ferox agitabaturmagis magisquein diesinopia rei familiariset conscientia scelerum ;qu utraque auxerathis artibus,quas memoravi supra ;prterea mores corrupticivitatis

    V. Lucius Catilina,n dune race noble,fut dune grande forceet derit et de corps,mais dun carare mchant et dprav. lui ds son adolescenceles guerres intestines, les meurtres,les rapines, la discorde civile,furent choses agrables ;et cest l quil exerason ge-mr.Son corps tait dur la dite, la veille, au froid,plus quil nest croyable qui que ce soit ;son erit tait audacieux,rus, souple,habile--la-feinteet habile--la-dissimulationdune chose quelconque,avide du bien d-autrui,prodigue du sien,ardent dans ses dsirs ;assez de facilit-dlocution,peu de jugement tait lui.Son me vaste (insatiable)toujours airait- des buts dmesurs,incroyables, trop haut-placs.Depuis la dominationde Lucius Sylla,une immense passionde saisir ladministration-publiquestait empare de lui,et il navait rien de pes (aucun scrupule)quant savoir par quels moyensil atteindrait ce but,pourvu quil se procurt la royaut.Cette me farouche tait agiteplus et plus (de plus en plus)de jour en jourpar le manque de bien de-familleet par le remords de ses crimes ;lesquels deux maux il avait accrupar ces procds,que jai rappels ci-dessus ;outre-cela les murs corrompuesde la cit (des citoyens)

  • 18 .

    quos pessuma ac diversa inter se mala, luxuria atque ava-ritia, vexabant. Res ipsa hortari videtur, quoniam de mo-ribus civitatis tempus admonuit, supra repetere, ac pau-cis instituta majorum domi militique, quomodo rem-publicam habuerint, quantamque reliquerint, utque, pau-latim immutata, ex pulcherruma pessuma ac flagitiosis-suma faa sit, disserere.

    VI. Urbem Romam, sicuti ego accepi, condidere atquehabuere initio Trojani, qui, nea duce profugi, sedibusincertis vagabantur ; cumque his Aborigines, genus ho-minum agreste, sine legibus, sine imperio, liberum atquesolutum. Hi postquam in una mnia convenere, diarigenere, dissimili lingua, alius alio more viventes, incredi-bile memoratu est quam facile coaluerint. Sed postquamres eorum civibus, moribus, agris aua, satis proera sa-tisque pollens videbatur, sicuti pleraque . . . . . . . .

    travaillaient incessamment deux vices opposs, mais galement fu-nestes, la prodigalit et la cupidit. Et ici, puisque loccasion ma amen parler des murs publiques, mon sujet mme semble minviter re-prendre de plus haut, exposer en peu de mots les principes qui gui-drent nos anctres soit en paix soit en guerre, faire voir ce que futla Rpublique outre leurs mains, combien ils la laissrent florissante, etcomment, dgnrant peu peu, elle est tombe dun tel degr delen-deur un tel degr dabaissement et de honte.

    VI. La ville de Rome, daprs les documents qui me sont parvenus,fut fonde et occupe dabord par des Troyens, qui, fugitifs sous laconduite dne, erraient et l sans demeures fixes ; et avec euxpar les Aborignes, race sauvage, sans lois, sans gouvernement, libre etindpendante.peine se trouvrent-ils runis dans unemme enceinte,que malgr la diarit des races, malgr la diffrence des langues etla diversit des usages, ils se fondirent en une seule nation avec uneincroyable facilit.Mais quand le nouvel tat devenu plus important parle nombre des citoyens, par les progrs de la civilisation, par lextensiondu territoire, parut assez prore et assez florissant, comme il arrive engnral parmi les mortels,

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    incitabant,quos mala pessumaac diversa inter se,luxuria atque avaritia,vexabant.Res ipsa videtur hortari,quoniam tempus admonuitde moribus civitatis,repetere supra,ac disserere paucisinstituta majorumdomi militique,quo modohabuerint rempublicam,quantamque reliquerint,utque paulatim immutatafaa sit ex pulcherrumapessumaac flagitiosissuma.

    VI. Trojani,qui, profugi, nea duce,vagabantursedibus incertis,condidere,sicuti ego accepi,atque habuere initiourbem Romam ;cumque his Aborigines,genus hominum agreste,sine legibus, sine imperio,liberum atque solutum.Postquam hiconvenere in una mnia,genere diari,lingua dissimili,viventesalius alio more,est incredibile memoratuquam facilecoaluerint.Sed postquam res eorum,aua civibus,moribus, agris,videbatur satis proerasatisque pollens,sicuti habenturpleraque mortalium,

    lexcitaient encore,lesquelles murs des vices dtestableset opposs entre eux,la prodigalit et la cupidit,tourmentaient-incessamment.Le sujet mme semble mexhorter,puisque loccasion ma fait-souvenirdes murs de la cit, reprendre plus-haut,et exposer en peu de motsles principes de nos anctres lintrieur et en guerre,de quelle manireils administrrent la chose-publiqueet combien-grande ils la laissrent,et comme peu--peu changeelle fut faite de trs-belletrs-mauvaiseet trs-honteuse.

    VI. Des Troyens,qui, fugitifs, ne tant leur chef,erraient--et-ldans des lieux-de-sjour incertains,fondrent,comme moi je lai appris,et possdrent dabordla ville de Rome ;et avec eux les Aborignes,race dhommes sauvage,sans lois, sans gouvernement,libre et sans-frein.Aprs que ces hommesfurent runis dans de mmes murs,quoique de race diffrente,de langue dissemblable,et vivant [on diffrente),un autre dautre faon (chacun dune fa-il est incroyable tre rappelcombien aismentils se fondirent en une seule nation.Mais quand leur puissance,accrue de citoyens,de murs polies, de terres,semblait dj assez proreet assez florissante,comme se passentla plupart des choses des mortels,

  • 20 .

    mortalium habentur, invidia ex opulentia orta est. Igiturreges populique finitumi bello tentare ; pauci ex amicisauxilio esse : nam ceteri metu percussi a periculis abe-rant. At Romani, domi militique intenti, festinare, pa-rare, alius alium hortari, hostibus obviam ire, libertatem,patriam parentesque armis tegere ; post, ubi pericula vir-tute propulerant, sociis atque amicis auxilia portabant,magisque dandis quam accipiundis beneficiis amicitiasparabant. Imperium legitimum, nomen imperii regiumhabebant ; delei, quibus corpus annis infirmum, inge-nium sapientia validum erat, reipublic consultabant :hi vel tate, vel cur similitudine, Patres appellabantur.Post, ubi regium imperium, quod initio conservand li-bertatis atque augend reipublic fuerat, in superbiamdominationemque convertit, immutato more, annua im-peria binosque imperatores sibi fecere : eomodominumeposse putabant per licentiam insolescere animum huma-num.

    lenvie naquit de lopulence. Les rois et les peuples voisins essayrent contreeux leurs armes : un petit nombre de peuplades amies leur vinrent en aide ;les autres, frappes dpouvante, se tenaient loin du danger. Cependant lesRomains, aifs en paix comme en guerre, de sagiter, de se prparer, desexhorter les uns les autres, de courir au devant des ennemis, de couvrir deleurs armes leur libert, leur patrie, leurs parents ; puis, ds que par leur va-leur ils avaient repouss le pril, ils portaient des secours leurs allis et leurs amis, et se mnageaient des amitis nouvelles en se montrant plus em-presss rendre des services qu en recevoir. Ils avaient un gouvernementfond sur des lois, un chef revtu du titre de roi. Des hommes dlite, dont lecorps tait affaibli par les ans, mais dont lerit tait fortifi par lexprience,veillaient aux intrts gnraux : ces hommes, raison soit de leur ge, soitde leurs soins tout paternels, recevaient le nom de Pres. Plus tard, lorsquelautorit royale, institue pour la conservation de la libert et le dveloppe-ment de la prorit publique, eut dgnr en orgueil et en deotisme, laforme du gouvernement changea : le pouvoir devint annuel, et lon se donnadeux chefs la fois. On erait ainsi, en limitant lautorit, rendre impos-sibles au cur humain de trop insolents carts.

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    invidiaorta est ex opulentia.Igitur regespopulique finitumitentare bello,pauci ex amicisesse auxilio :nam ceteri percussi metuaberant [longe] a periculis.At Romani,intenti domi militique,festinare, parare,hortari alius alium,ire obviam hostibus,tegere armis libertatem,patriam parentesque ;post, ubi virtutepropulerant pericula,portabant auxiliasociis atque amicis,parabantque amicitiasmagis dandis beneficiisquam accipiundis.Habebantimperium legitimum,nomen imperii regium ;delei, quibus corpuserat infirmum annis,ingeniumvalidum sapientia,consultabant reipublic :hi vel tate,vel similitudine cur,appellabantur Patres.Post, ubi imperium regium,quod initio fueratconservand libertatisatque augend reipublic,convertit in superbiamdominationemque,more immutato,sibi fecere imperia annuaimperatoresque binos :eo modo putabantanimum humanumposse minume per licentiaminsolescere.

    lenvienaquit de lopulence.Donc les roiset les peuples limitrophesde les essayer par la guerre,peu de leurs amisdtre secours eux :car les autres frapps deffroi [gers.taient-absents (se tenaient) loin des dan-Dautre part les Romains,aifs lintrieur et en guerre,de sempresser, de se prparer,de sexhorter lun lautre,daller au devant des ennemis,de protger par les armes leur libert,leur patrie et leurs parents ;puis, ds que par leur courageils avaient repouss les prils,ils portaient secours leurs allis et leurs amis,et acquraient des amitis nouvellesplus en confrant des bienfaitsquen en recevant des autres.Ils avaient leur tteun pouvoir rgl-par-la-loi,et pour nom de ce pouvoir un nom royal ;des hommes choisis, qui le corpstait affaibli par les ans,mais leritfort par la sagesse,avisaient aux intrts-publics :ceux-ci soit par lge,soit par lanalogie de leur administration,taient appels Pres.Ensuite, ds que le pouvoir royal,qui lorigine avait t le moyende conserver la libertet de dvelopper la prorit-publique,tourna en orgueilet en deotisme,la coutume ayant t change,ils se firent(crrent) des pouvoirs annuelset des gouvernants deux-par-deux :par ce moyen ils pensaientlerit humainne pouvoir nullement par abus-dautoritsortir-des-bornes-ordinaires.

  • 22 .

    VII. Sed ea tempestate cpere se quisque extollere, ma-gisque ingenium in promptu habere. Nam regibus boniquam mali sueiores sunt, semperque his aliena vir-tus formidolosa est ; sed civitas, incredibile memoratu est,adepta libertate, quantum brevi creverit : tanta cupidoglori incesserat ! Jam primum juventus simul laboris acbelli patiens erat, in castris usu militiam discebat ; ma-gisque in decoris armis et militaribus equis, quam in scor-tis atque conviviis, lubidinemhabebant. Igitur talibus virisnon labos insolitus, non locus ullus aer aut arduus erat,non armatus hostis formidolosus : virtus omnia domue-rat. Sed glori maxumum certamen inter ipsos erat : sicquisque hostem ferire, murum ascendere, conici, dumtale facinus faceret, properabat ; eas divitias, eam bonamfamam magnamque nobilitatem putabant ; laudis avidi,pecuni liberales erant ; gloriam ingentem, divitias ho-

    VII. Cependant vers cette poque chacun commena releverla tte et produire plus volontiers au dehors les ressources de songnie. Cest quen effet les gens estimables sont plus sues aux roisque les gens sans valeur, et que le mrite dautrui leur fait toujoursombrage ; mais une fois la libert conquise, on ne saurait croirequels progrs firent en peu de temps les citoyens : tel point lapassion de la gloire stait empare de toutes les mes ! Et dabordles jeunes Romains supportaient la fois fatigues et combats, seformaient la milice au milieu des camps par la pratique mme,et se passionnaient plus pour de belles armes et des chevaux biendresss que pour des courtisanes ou des festins. Aussi ntait-il pourde tels hommes ni travail extraordinaire, ni terrain rude ou escarp,ni ennemi redoutable sous les armes : davance, leur valeur avaittout dompt. Dailleurs il existait entre eux une immense rivalitde gloire : ctait qui frapperait un ennemi, escaladerait un mur,se ferait remarquer dans laccomplissement dun tel exploit ; l ilsplaaient la vraie richesse, la bonne renomme, la noblesse parexcellence ; avides de louanges, ils donnaient largent avec libralit ;

    . 23

    VII. Sed ea tempestatecpere quisque se extollere,et habere ingeniummagis in promptu :nam boni sunt regibussueiores quam mali,hisque virtus alienaest semper formidolosa ;sed est incredibilememoratuquantum civitascreverit brevi,libertate adepta :tanta cupido gloriincesserat !Jam primum juventuserat patiens laborisac simul belli,discebat militiamusu in castris,habebantque lubidinemmagis in armis decoriset equis militaribus,quam in scortisatque conviviis.Igitur talibus virisnon ullus laborerat insolitus,non locus aer aut arduus,non hostis armatusformidolosus :virtus domuerat omnia.Sed maxumum certamenglorierat inter ipsos :sic quisque properabatferire hostem,ascendere murum,conici,dum faceret tale facinus ;putabant easdivitias,eam bonam famammagnamque nobilitatem ;erant avidi laudis,liberales pecuni ;volebant

    VII. Mais cette poqueon commena chacun slever,et avoir son talentplus en montre :car les gens de-mrite sont pour les roisplus sues que les gens sans-valeur,et eux le mrite d-autruiest toujours formidable ;mais il est incroyable tre rappelcombien la cit (la valeur des citoyens)grandit en-peu-de-temps,la libert une fois acquise :un si-grand dsir de gloirestait empar de tous !Et dabord la jeunessetait dure la fatigueet en mme temps la guerre,elle apprenait le servicepar la pratique dans les camps,et ils (les jeunes gens) avaient leur passionplus dans des armes belleset des chevaux bien-dresss--la-guerre,que dans des prostitueset des festins.Aussi pour de tels hommesni aucune fatiguentait inaccoutume,ni aucun lieu raboteux ou roide--gravir,ni aucun ennemi armredoutable :leur valeur avait dompt tout.Mais une trs-grande rivalitde gloiretait entre eux-mmes :ainsi chacun avait-htede frapper un ennemi,descalader un mur,dtre remarqu,tandis quil ferait un tel ae ;ils pensaient celles-ltre les vraies richesses,celle-l la bonne renommeet la grande noblesse ;ils taient avides de louange,gnreux dargent ;ils voulaient

  • 24 .

    nestas volebant.Memorare possemquibus in locismaxu-mas hostium copias populus Romanus parva manu fude-rit, quas urbes natura munitas pugnando ceperit, ni ea reslongius nos ab incepto traheret.

    VIII. Sed profeo fortuna in omni re dominatur : ea rescunas, ex lubidine magis quam ex vero, celebrat obscu-ratque. Atheniensium res gest, sicuti ego stumo, satisampl magnificque fuere, verum aliquanto minores ta-men quam fama feruntur. Sed quia provenere ibi scrip-torummagna ingenia, per terrarum orbemAtheniensiumfaa pro maxumis celebrantur : ita eorum qui ea fecerevirtus tanta habetur, quantum verbis ea potuere extollereprclara ingenia. At populo Romano nunquam ea copiafuit, quia prudentissumus quisque negotiosus maxumeerat : ingenium nemo sine corpore exercebat ; optumusquisque facere quam dicere, sua ab aliis benefaa laudariquam ipse aliorum narrare malebat.

    insatiables de gloire, ils se contentaient dune honnte aisance. Je pourraisrappeler les lieux o le peuple romain, avec une poigne de soldats, miten droute des armes considrables dennemis, les villes fortifies par lanature quil emporta dassaut ; mais ce rcit mentranerait trop loin demon sujet.

    VIII. Il faut bien le reconnatre pourtant, la fortune tend son empiresur toutes choses : cest elle qui partout, au gr de son caprice et en d-pit du vrai, donne la clbrit ou lobscurit. Les aions des Athniens,jen suis convaincu, sans manquer ni de grandeur ni de magnificence,neurent pas tout lclat dont la renomme les entoure ; mais parce quelAttique fut fconde en crivains dun grand talent, les exploits des Ath-niens sont clbrs par tout lunivers comme autant de prodiges ; le m-rite de ceux qui les ont accomplis se mesure la hauteur des expressionspar lesquelles dillustres gnies ont su les grandir. Le peuple romain, aucontraire, neut jamais cet avantage, parce que les plus intelligents y furentaussi les plus agissants ; nul ny exerait lerit sans le corps ; les citoyensles plus minents aimaient mieux faire que dire, voir louer par dautresleurs propres exploits que raconter eux-mmes ceux des autres.

    . 25

    gloriam ingentem,divitias honestas.Possem memorarein quibus locispopulus Romanusfuderit parva manumaxumas copias hostium,quas urbes munitas naturaceperit pugnando,ni ea res traheret noslongius ab incepto.

    VIII. Sed profeo fortunadominatur in omni re :ea celebrat obscuratquecunas res,magis ex lubidinequam ex vero.Res gest Atheniensium,sicuti ego stumo,fuere satis amplmagnificque,verumtamenaliquanto minoresquam feruntur fama ;sed quiamagna ingenia scriptorumprovenere ibi,faa Atheniensiumcelebrantur pro maxumisper orbem terrarum :ita virtus eorumqui fecere eahabetur tanta,quantum prclara ingeniapotuere extollere ea verbis.At ea copia fuit nunquampopulo Romano,quiaquisque prudentissumuserat maxume negotiosusnemo exercebat ingeniumsine corpore ;quisque optumusmalebat facere quam diceresua benefaalaudari ab aliis,quam narrare ipse aliorum.

    une gloire immense,des richesses honntes (suffisantes).Je pourrais rappelerdans quels endroitsle peuple romaindfit avec une petite troupede trs-grandes quantits dennemis.quelles villes fortifies par la natureil prit en combattant, [entranersi cette chose (ce rcit) ne devait noustrop loin de notre entreprise.

    VIII. Mais assurment la fortunedomine en toute chose :cest elle qui illustre et obscurcittoutes choses,plus daprs son capriceque daprs le rel.Les aions accomplies des Athniens,comme moi je prsume,furent assez grandeset assez magnifiques,mais-vraiment-toutefoisquelque peu moindresquelles ne sont rapportes par la renomme ;mais parce quede grands gnies dcrivainsse produisirent l,les faits des Athnienssont clbrs pour trs-grandspar tout le globe des terres :ainsi la valeur de ceuxqui firent ces aionsest tenue pour aussi-grande,que dillustres gniespurent exalter elles par lexpression.Mais cet avantage ne fut jamaisau peuple romain,parce quetout citoyen le plus intelligenttait aussi le plus agissant ;nul nexerait leritsans le corps ;tout citoyen le meilleuraimait-mieux faire que dire,aimait mieux ses belles-aionstre loues par dautres,que raconter lui-mme celles des autres.

  • 26 .

    IX. Igitur domi militique boni mores colebantur :concordiamaxuma,minuma avaritia erat ; jus bonumqueapud eos non legibus magis quam natura valebat ; jurgia,discordias, simultates, cum hostibus exercebant ; civescum civibus de virtute certabant ; in suppliciis Deorummagnifici, domi parci, in amicis fideles erant. Duabus hisartibus, audacia in bello, ubi pax evenerat, quitate, sequeremque publicam curabant. Quarum rerum ego maxumadocumenta hc habeo, quod in bello spius vindicatumest in eos qui contra imperium in hostem pugnaverant,quique tardius revocati prlio excesserant, quam qui si-gna relinquere aut pulsi loco cedere ausi erant ; in pacevero, quod beneficiis magis quam metu imperium agita-bant. et, accepta injuria, ignoscere quam persequi male-bant.

    X. Sed ubi labore atque justitia reublica crevit, regesmagni . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    IX. Aussi les Romains, en paix comme en guerre, sadonnaient-ils auxpratiques les plus louables : lunion tait parfaite entre tous, la cupiditinconnue, la justice et la probit garanties moins encore par les lois quepar la diosition naturelle de chacun : querelles, discordes, rancunes,tout cela se rservait pour lennemi ; de citoyen citoyen, pas dautre ri-valit que celle dumrite : ils taientmagnifiques dans le culte desDieux,conomes dans leur intrieur, fidles dans leurs amitis. Intrpidit laguerre, erit dgalit et dquit ds quavait reparu la paix, tels taientles deux moyens par lesquels ils assuraient et leur propre grandeur etcelle de ltat. Et pour mon compte jen trouve la preuve vidente dansce double fait, qu la guerre il y eut plus de soldats punis pour avoir com-battumalgr la dfense des chefs, ou pour stre retirs trop lentement ducombat, le signal de la retraite une fois donn, que pour avoir os quitterle drapeau, ou abandonner leur poste devant lennemi qui les pressait ;que dautre part, pendant la paix, ils exeraient leur domination plus pardes bienfaits que par la terreur, et, sils avaient reu quelque injure, ai-maient mieux la pardonner que den poursuivre les auteurs.

    X. Mais quand la Rpublique eut grandi par laivit et la justice,

    . 27

    IX. Igiturboni mores colebanturdomi militique :concordia erat maxuma,avaritia minuma :jus bonumquevalebat apud eosnon magis legibusquam natura ;exercebant cum hostibusjurgia, discordias,simultates ;cives cum civibuscertabant de virtute ;erant magnificiin suppliciis Deorum,parci domi,fideles in amicis.His duabus artibus,audacia in bello,quitateubi pax evenerat,curabant sequeremque publicam.Quarum rerumego habeo maxumahc documenta :quod in bellovindicatum est spiusin eos qui pugnaverantin hostem contra imperium,quique, revocati,excesserant prlio tardius,quam qui ausi erantrelinquere signaaut pulsi cedere loco ;quod vero in paceagitabant imperiummagis beneficiisquam metu,et, injuria accepta,malebant ignoscerequam persequi.

    X. Sed ubireublica crevitlabore atque justitia,reges magni

    IX. Doncles bonnes murs taient cultives lintrieur et en guerre :la concorde tait trs-grande,la cupidit trs-petite :le droit et le bienavait-force chez euxnon plus (moins encore) par les loisque par la diosition-naturelle des mes ;ils entretenaient avec les ennemisquerelles, discordes,rancunes ;citoyens avec citoyensne luttaient que de vertu ;ils taient magnifiquesdans le culte des Dieux,conomes la maison,fidles lgard de leurs amis.Par ces deux moyens,par lintrpidit la guerre,par lquitds que la paix tait survenue,ils gouvernaient et eux-mmeset la chose publique.Desquelles chosesmoi je tiens pour trs-grandesces preuves-ci :que dans la guerreon svit plus souventcontre ceux qui avaient combattucontre un ennemi malgr lordre donn,et qui, rappels,taient sortis du combat trop lentement,que contre ceux qui avaient osabandonner leurs drapeauxou repousss sloigner de leur poste ;que dautre part dans la paixils exeraient le pouvoirplus par les bienfaitsque par la terreur,et, une injure tant reue,aimaient-mieux pardonnerque poursuivre.

    X. Mais ds quela chose publique eut grandipar le travail et la justice,que des rois puissants

  • 28 .

    bello domiti, nationes fer et populi ingentes vi sub-ai, Carthago, mula imperii Romani, ab stirpe interiit,cuna maria terrque patebant, svire fortuna ac mis-cere omnia cpit. Qui labores, pericula, dubias atque as-peras res facile toleraverant, iis otium, diviti, optandaliis, onerimiserique fuere. Igitur primopecuni, deindeimperii cupido crevit : ea quasi materies omnium ma-lorum fuere. Namque avaritia fidem, probitatem, cete-rasque artes bonas subvertit ; pro his superbiam, crude-litatem, Deos neglegere, omnia venalia habere edocuit :ambitio multos mortales falsos fieri subegit ; aliud clau-sum in peore, aliud in lingua promptum habere ; ami-citias inimicitiasque non ex re, sed ex commodo, stu-mare ; magisque vultum quam ingenium bonum habere.Hc primo paulatim crescere, interdum vindicari : post,ubi contagio quasi pestilentia invasit, . . . . . . . . . .

    quand elle eut dompt par ses armes des rois puissants, soumis parla force des nations belliqueuses et des peuples considrables, ruinde fond en comble Carthage, la rivale de sa puissance, quand elle sefut ouvert toutes les mers et toutes les terres, la fortune commena svir et tout bouleverser. Ces hommes qui avaient support faci-lement les travaux, les prils, les incertitudes et les rigueurs du sort,plirent et succombrent sous le poids de loisivet et de lopulence,dsirables pour tant dautres. Lamour de largent dabord, du pou-voir ensuite, se dveloppa en eux : ce fut l comme la source de tousles maux. La cupidit en effet ruina la bonne foi, la probit, et toutesles autres vertus ; leur place elle mit lorgueil, la cruaut, le mprisdes Dieux, et apprit tout considrer comme vnal : lambition deson ct fora bon nombre de mortels se faire hypocrites ; avoirune pense dans le cur, une autre sur les lvres ; juger des ami-tis et des inimitis, non daprs la ralit, mais daprs lintrt ; porter lhonntet plutt sur le visage quau fond de lme. Ces vicesdabord ne crrent que lentement, et furent parfois rprims, puisquand la contagion, semblable une peste, eut tout envahi,

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    domiti bello,nationes feret populi ingentessubai vi,Carthago,mula imperii Romani,interiit ab stirpe,cuna maria terrquepatebant,fortuna cpit svireac miscere omnia.Qui toleraverant facilelabores, pericula,res dubias atque aeras,iis otium, diviti,optand aliis,fuere oneri miserique.Igitur cupido crevitprimo pecuni,deinde imperii :ea fuere quasi materiesomnium malorum.Namque avaritiasubvertit fidem, probitatem,ceterasque artes bonas ;pro his edocuit superbiam,crudelitatem.neglegere Deos,habere omnia venalia :ambitiosubegit multos mortalesfieri falsos ;habere aliudclausum in peore,aliud promptum in lingua ;stumare amicitiasinimicitiasque,non ex re,sed ex commodo ;habereque bonum vultummagis quam ingenium.Hc primocrescere paulatim,interdum vindicari ;post, ubi contagio invasitquasi pestilentia,civitas immutata,

    eurent t dompts par la guerre,que des nations faroucheset des peuples considrableseurent t soumis par la force,que Carthage,la rivale de lempire romain,eut pri depuis sa racine (de fond en comble)que toutes mers et toutes terrestaient (furent)-ouvertes aux Romains,la fortune commena sviret bouleverser tout.Ceux qui avaient support aismentfatigues, dangers,circonstances douteuses et difficiles, eux le repos, les richesses,dsirables pour dautres,furent fardeau et misre.Donc le dsir se dveloppadabord de largent,puis du pouvoir :ces deux dsirs furent comme la sourcede tons les maux.Car la cupiditmina la bonne-foi, la probit,et toutes-les-autres pratiques vertueuses ;au lieu delles elle enseigna lorgueil,la cruaut,elle enseigna ngliger les Dieux, tenir tout pour vnal :lambition de son ctfora beaucoup de mortels devenir faux ; avoir un autre sentimentenferm dans le cur,un autre expos sur la langue ; apprcier amitiset inimitis,non daprs la ralit de ces sentiments,mais daprs lutilit ;et avoir bon le visageplus que le carare.Ces vices dabordde ne se dvelopper que peu peu,parfois dtre rprims ;puis, quand la contagion eut envahi toutcomme une peste,la cit (lerit gnral) fut change,

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    civitas immutata, imperium ex justissumo atque optumocrudele intolerandumque faum.

    XI. Sed primo magis ambitio quam avaritia animos ho-minum exercebat ; quod tamen vitium propius virtutemerat. Nam gloriam, honorem, imperium, bonus et igna-vus que sibi exoptant : sed ille vera via nititur ; huic quiabon artes desunt, dolis atque fallaciis contendit : avari-tia pecuni studium habet, quam nemo sapiens concu-pivit ; ea, quasi venenis malis imbuta, corpus animumquevirilem effeminat ; semper infinita, insatiabilis est ; nequecopia, neque inopia minuitur. Sed postquam L. Sulla, ar-mis recepta republica, ex bonis initiis malos eventus ha-buit, rapere omnes, trahere ; domum alius, alius agros cu-pere, neque modum neque modestiam viores habere ;fda crudeliaque in civibus facinora facere. Huc accede-bat, quod L. Sulla . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    lerit public changea, et le pouvoir, si juste et si vertueux jusqualors,devint cruel, intolrable.

    XI. Dabord pourtant, ce fut plutt lambition que la cupidit quitravailla les erits, et ce vice du moins ressemblait davantage unevertu. Car la gloire, les honneurs, le pouvoir, sont galement convoi-ts et par lhomme de mrite et par lhomme sans valeur : seule-ment celui-l sefforce dy arriver par la voie lgitime, celui-ci d-faut de mrite, y tend par les intrigues et la fraude. La cupidit re-pose sur lamour de largent, que jamais erit sage ne dsira, im-bue en quelque sorte de venins pernicieux, elle nerve et le corps etlme la plus mle ; toujours infinie, toujours insatiable, elle ne di-minue ni par labondance, ni par le dnment. Or, quand L. Sylla,matre pour la seconde fois de la Rpublique par le sort des armes,eut dmenti dheureux dbuts par des suites funestes, on ne vit plusque rapines et brigandages : lun convoitait une maison, lautre desterres ; les vainqueurs ne connaissaient ni mesure ni modration ;pas dinfamies, pas de cruauts quils nexerassent lgard des ci-toyens. Ajoutez cela que L. Sylla, pour sattacher larme quil

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    imperiumfaum crudeleintolerandumqueex justissumoatque optumo.

    XI. Sed primo ambitiomagis quam avaritiaexercebatanimos hominum ;quod vitium tamenerat propius virtutem.Nam bonus et ignavusexoptant que sibigloriam, honorem,imperium :sed ille nititur vera via ;quia artes bondesunt huic,contendit dolisatque fallaciis.Avaritiahabet studium pecuni,quam nemo sapiensconcupivit :ea, quasi imbutavenenis malis,effeminat corpusanimumque virilem ;est semper infinita,insatiabilis ;minuitur neque copia,neque inopia.Sed postquam Lucius Sulla,republicarecepta armis,habuit malos eventusex bonis initiis,omnes rapere, trahere ;cupere alius domum,alius agros ;vioreshabere neque modumneque modestiam ;facere in civibusfacinora fda crudeliaque.Huc accedebatquod Lucius Sulla,

    la dominationfut faite (devint) cruelleet intolrablede trs-justeet trs-bonne.

    XI. Mais dabord lambitionplus que la cupidittravaillaitles curs des hommes ;lequel vice du moinstait plus prs de la vertu.Car lhabile et lincapabledsirent galement pour euxgloire, honneurs,pouvoir :mais celui-l y tend par la vraie route ;comme les pratiques louablesmanquent celui-ci,il y tend par ruseset par fourberies.La cupidita en soi lamour de largent,que personne de sagene dsira jamais :cest elle qui, comme imbuede poisons funestes,effmine le corpset lme virile ;elle est toujours illimite,insatiable ;elle nest diminue ni par laffluence,ni par le dnment.Or depuis que Lucius Sylla,ladministration-publiquetant reconquise par ses armes,eut de mauvaises suites (finit mal)aprs de bons dbuts,tous de ravir, dentraner ;de convoiter lun une maison,lautre des terres ;les vainqueursde navoir ni mesureni modration ;de faire lgard des citoyensdes aes honteux et cruels.L ( cela) venait-sajouterque Lucius Sylla,

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    exercitum, quem in Asia duaverat, quo sibi fidum face-ret, contra morem majorum luxuriose nimisque liberali-ter habuerat : loca amna, voluptaria, facile in otio ferocesmilitum animos molliverant : ibi primum insuevit exerci-tus populi Romani amare, potare ; signa, tabulas pias,vasa clata mirari ; ea privatim ac publice rapere ; delu-bra Deorum oliare ; sacra profanaque omnia polluere.Igitur hi milites, postquam vioriam adepti sunt, nihil re-liqui viis fecere : quippe secund res sapientium animosfatigant ; ne illi, corruptis moribus, viori temperarent.

    XII. Postquam diviti honori esse cpere, et eas gloria,imperium, potentia sequebatur, hebescere virtus, pauper-tas probro haberi, innocentia promalivolentia duci cpit.Igitur ex divitiis juventutem luxuria atque avaritia cum su-perbia invasere : rapere, consumere ; sua parvi pendere,aliena cupere ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    avait commande en Asie, lavait, au mpris de lantique discipline,tenue dans une mollesse et avec une indulgence excessive. Ceslieux charmants, pleins de volupts, avaient aisment amolli dansloisivet les curs des plus fiers soldats : l, pour la premire fois,une arme romaine shabitua faire lamour, boire, admirer desstatues, des peintures, des vases cisels ; en dpouiller et les par-ticuliers et les cits ; piller les temples ; tout souiller, sans dis-tinion du sacr et du profane. Aussi de pareils soldats, une foisviorieux, ne laissrent-ils rien aux vaincus : et en vrit, quand laprorit branle lme mme du sage, comment des hommes demurs si corrompues se seraient-ils modrs dans la vioire ?

    XII. Du jour o les richesses commencrent tre en honneur,et o elles donnrent gloire, commandements et puissance, la vertuneut plus dattraits, la pauvret passa pour un opprobre, la probitfut suee de malveillance. Ainsi avec les richesses la prodigalit,la cupidit et lorgueil semparrent de la jeunesse : on ne vit plus quepillage et gaillage ; chacun, comptant pour rien ses propres biens,convoita ceux des autres ; honneur, pudeur, lois divines et

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    quo faceret fidum sibiexercitumquem duaverat in Asia,habuerat luxuriosenimisque liberaliter,contra morem majorum :loca amna, voluptaria,molliverant facile in otioanimos feroces militum :ibi primumexercitus populi Romaniinsuevit amare, potare ;mirari signa,tabulas pias, vasa clata ;rapere eaprivatimac publice ;oliare delubra Deorum ;polluere omniasacra profanaque.Igitur hi milites, [ riam,postquam adepti sunt vio-fecere nihil reliquiviis :quippe res secundfatigantanimos sapientium ;ne illi, moribus corruptis,temperarent viori.

    XII. Postquam diviticpere esse honori,et gloria,imperium, potentia,sequebatur eas,virtus cpit hebescere,paupertas haberi probro,innocentiaduci pro malivolentia.Igitur ex divitiisluxuria atque avaritiacum superbiainvasere juventutem :rapere, consumere ;pendere parvi sua,cupere aliena ;habere pensiatque moderati nihil

    pour quil rendt dvoue lui-mmelarmequil avait commande en Asie,lavait tenue mollementet trop avec-indulgence,contre lusage des anctres :ces lieux charmants, voluptueux,avaient amolli aisment dans loisivetles mes belliqueuses des soldats :l pour-la-premire foisune arme du peuple romainshabitua faire-lamour, boire ; admirer (dsirer) des statues,des tableaux peints, des vases cisels ; enlever ces objetschez-les-particulierset dans-les-monuments-publics ; dpouiller les temples des Dieux ; souiller toutes chosessacres et profanes.Aussi ces soldats,aprs quils eurent obtenu la vioire,ne firent rien de reste (ne laissrent rien)aux vaincus :car les vnements heureuxfatiguent (ont une fcheuse influence sur)les mes mmes des sages ; [pues,loin que ceux-l, avec des murs corrom-pussent modrer leur vioire.

    XII. Aprs que les richessescommencrent tre honneur,et que gloire,commandement, puissance,suivaient elles (venaient leur suite),la vertu commena smousser,la pauvret tre tenue opprobre,lintgrit tre prise pour malveillance.Donc par suite des richessesla prodigalit et la cupiditavec lorgueilenvahirent la jeunesse :jeunes gens de ravir, de gailler ;destimer de peu de prix leurs biens,de convoiter ceux d-autrui ;de navoir de pes (de ne considrer)et de mesur (et de ne reeer) en rien

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    pudorem, pudicitiam, divina atque humana promiscua,nihil pensi atque moderati habere. Oper pretium est,quum domos atque villas cognoveris in urbium modumexdificatas, visere templa Deorum, qu nostri majores,religiosissumi mortales, fecere. Verum illi delubra Deo-rum pietate, domos sua gloria decorabant, neque vic-tis quidquam prter injuri licentiam eripiebant ; at hicontra ignavissumi homines per summum scelus omniaea sociis adimere, qu fortissumi viri viores hostibus re-liquerant : proinde quasi injuriam facere, id demum essetimperio uti.

    XIII. Nam quid ea memorem qu, nisi iis qui videre,nemini credibilia sunt, a privatis compluribus subversosmontes,maria construa esse ?Quibusmihi videntur lu-dibrio fuisse diviti : quippe, quas honeste habere licebat,abuti per turpitudinem properabant. Sed lubido stupri,gane, ceterique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    humaines indistinement, tout fut foul aux pieds sans aucune rete-nue, sans aucune considration. Il est curieux, aprs avoir explor cespalais et ces villas, construions colossales quon prendrait pour desvilles, de visiter les temples levs aux Dieux par nos anctres, les plusreligieux desmortels. Il est vrai quils ornaient les temples des Dieux deleur pit, leursmaisons de leur gloire, et quaux vaincus ils nenlevaientrien que la libert de nuire ; tandis que leurs descendants, modles delchet, arrachent aux allis mmes, par la plus grand des forfaits, toutce que des vainqueurs,modles de courage, avaient laiss aux ennemis :comme si lusage du pouvoir ne consistait qu faire dumal aux autres !

    XIII. Parlerai-je de ces extravagances, incroyables pour quiconquenen a pas t tmoin ? de tant de simples citoyens aplanissant desmontagnes, faisant diaratre des mers sous leurs construions ? Lesinsenss me semblent stre jous de leurs richesses : ils pouvaient enjouir honorablement, ils se htrent den abuser de la manire la plushonteuse ! Joignez ces excs la passion non moins violente de ladbauche, des orgies, du vice sous toutes

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    pudorem, pudicitiam,divina atque humanapromiscua.Pretium est oper,quum cognoverisdomosatque villasexdificatasin modum urbium,visere templa Deorum,qu fecere nostri majores,mortales religiosissumi.Verum illi decorabantdelubra Deorum pietate,domos sua gloria,neque eripiebant quidquamviisprter licentiam injuri ;at contrahi homines ignavissumi,per summum scelus,adimere sociis omnia ea,qu viri fortissumivioresreliquerant hostibus :proinde quasifacere injuriam,id demum esset uti imperio.

    XIII. Nam quidmemorem ea, qu,nisi iis qui videre,sunt credibilia nemini,montes subversos esse,maria construaa compluribus privatis ?Quibus divitividentur mihifuisse ludibrio :quippe, quas licebathabere honeste,properabant abutiper turpitudinem.Sed lubido stupri, ganeceterique cultus,incesseratnon minor :viri pati muliebria,

    ni honneur, ni pudeur,ni choses divines et humainesconfondues-ple-mle par eux.Un prix est ta peine (il est curieux),quand tu auras examinces maisons-de villeet ces maisons-de-campagnebtiesen faon de villes,de visiter les temples des Dieux,que construisirent nos anctres,mortels trs-religieux.Mais eux, ils dcoraientles temples des Dieux par leur pit,leurs maisons par leur gloire,et nenlevaient rienaux vaincussauf la libert du tort faire aux autres ;mais au contraireces hommes trs-lches d prsent,par une suprme sclratesse,denlever aux allis mmes tous ces biens,que des hommes trs-bravestant vainqueursavaient laisss des ennemis :partant de l, comme sifaire du tort dautres,cela seulement tait user du pouvoir.

    XIII. Car pourquoirappellerais-je ces folies, qui,si ce nest pour ceux qui les ont vues,ne sont croyables pour personne,des monts avoir t abattus,des mers obstrues-de-construionspar plusieurs particuliers ?Auxquels leurs richessessemblent moiavoir t jouet :puisque, elles quil tait-possiblede possder honorablement,ils se htaient den user-follementavec honte pour eux.Mais la passion de la dbauche, de lorgieet du reste de lappareil du vice,avait fait-invasionnon moindre (aussi violente) :[ femmes,les hommes de subir des traitements de-

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    cultus non minor incesserat : viri pati muliebria, mulierespudicitiam in propatulo habere ; vescendi causa, terrama-rique omnia exquirere ; dormire priusquam somni cupidoesset ; non famem aut sitim, neque frigus, neque lassitudi-nem opperiri, sed ea omnia luxu antecapere. Hc juven-tutem, ubi familiares opes defecerant, ad facinora incen-debant : animus imbutus malis artibus haud facile lubidi-nibus carebat : eo profusius omnibusmodis qustui atquesumptui deditus erat.

    XIV. In tanta tamque corrupta civitate Catilina, id quodfau facillumum erat, omnium flagitiorum atque faci-norum circum se, tanquam stipatorum, catervas habe-bat. Nam quicumque impudicus, adulter, ganeo, manu,ventre, pene, bona patria laceraverat ; quique alienum sgrande conflaverat, quo flagitium aut facinus redimeret ;prterea omnes undique parricid, . . . . . . . . . .

    ses formes : les hommes sabandonnant aux plus infmes turpi-tudes, les femmes prostituant ouvertement leur pudeur ; toutes lesterres et toutes les mers mises contribution pour le luxe de latable ; le sommeil prcdant le besoin de dormir ; la faim, la soif, lefroid, la lassitude, non plus attendus, mais prvenus par une mol-lesse raffine. Telles taient les causes qui prcipitaient les jeunesgens dans le crime, ds que le patrimoine venait faire dfaut : cesmes, imbues des plus funestes principes, ne rsistaient gure auxtentations ; et de l. cette ardeur de plus en plus effrne pour touteece de gains et de dpenses.

    XIV. Au sein dune cit si populeuse et si corrompue, Cati-lina, comme il ntait que trop facile, avait group autour de lui,comme autant de satellites, tous les hommes perdus de dbaucheset de crimes. En effet tout impudique, tout adultre, tout coureurdorgies, qui par le jeu, par la table, par la crapule, avait mis en lam-beaux son hritage ; toutmisrable qui stait couvert de dettes pourracheter une infamie ou un forfait ; tout ce qui stait rassembl detoutes

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    muliereshabere pudicitiamin propatulo ;causa vescendi,exquirere omniaterra marique ;dormirepriusquam cupido somniesset ;non opperirifamem aut sitim,neque frigus,neque lassitudinem,sed luxuantecapere omnia ea.Hcincendebant juventutemad facinora,ubi opes familiaresdefecerant :animusimbutus malis artibushaud crebat facilelubidinibus :deditus erat eo profusiusomnibus modisqustui atque sumptui.

    XIV. In civitatetanta tamque corrupta,Catilina,id quod erat facillumumfau,habebat circum se catervasomnium flagitiorumatque facinorum,tanquam stipatorum.Nam quicumqueimpudicus, adulter,ganeo,laceraverat bona patriamanu,ventre,pene ;quique conflaveratgrande s alienum,quo redimeretflagitium aut facinus :

    les femmesdavoir (dexposer, de vendre) leur pudeuren public ;tous, en vue de se nourrir,de rechercher toutes raretspar terre et par mer ;de dormiravant que le besoin du sommeilexistt ;de ne pas attendrela faim ou la soif,ni le froid,ni la lassitude,mais par mollessede prvenir tous ces besoins.Ces excsenflammaient la jeunessepour les crimes,ds que les ressources de-familleavaient fait-dfaut :lme des jeunes Romainsimbue de mauvaises pratiquesntait pas-exempte aismentde passions :elle tait livre dautant plus sans-freindans tous les genresau gain et la folle-dpense.

    XIV. Dans une citsi-grande et si corrompue,Catilina,ce qui tait trs-facile tre fait,avait autour de lui des troupesde toutes les hontes (hommes dshonors)et de tous les crimes (criminels),comme de satellites.Car quiconque,impur, adultre,coureur-dorgies,avait dmembr ses biens paternelspar sa main (au jeu, en jetant les ds),par son ventre (dans les excs de table),par le libertinage ;et quiconque avait amassgrand argent d-autrui (grosses dettes),par lequel il rachett (pour racheter)une infamie ou un crime :

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    sacrilegi, convii judiciis aut pro fais judicium timentes ;ad hoc, quos manus atque lingua perjurio aut sanguinecivili alebat ; postremo omnes quos flagitium, egestas,conscius animus exagitabat ; ii Catilin proxumi familia-resque erant. Quod si quis etiam a culpa vacuus in ami-citiam ejus inciderat, quotidiano usu atque illecebris fa-cile par similisque, ceteris efficiebatur. Sed maxume ado-lescentium familiaritates appetebat : eorum animi, molleset tate fluxi, dolis haud difficulter capiebantur : nam uticujusque studium ex tate flagrabat, aliis scorta prbere,aliis canes atque equos mercari ; postremo neque sump-tui neque modesti su parcere, dum illos obnoxios fi-dosque faceret. Scio fuisse nonnullos qui ita existumarent,juventutem, qu domum Catilin frequentabat, parumhoneste pudicitiam habuisse ; sed ex aliis rebus . . . . .

    parts de parricides, de sacrilges, de sclrats convaincus enjustice ou redoutant la justice pour leurs aes ; tous ceux quivivaient ou des parjures de leur langue ou du sang des citoyensassassins par leur bras ; en un mot tous ceux que tourmentaitla honte, la misre ou le remords ; tels taient les intimes et lesconfidents de Catilina. Ou si quelque cur encore pur venait tomber dans les filets de son amiti, par le conta habituelet les sduions de chaque jour il devenait bientt semblableaux autres et galement corrompu. Au reste Catilina recherchaitde prfrence lintimit des adolescents : leurs mes, molles etsouples au mal par leffet de lge, se prenaient plus facilement ses piges. Car, suivant la passion allume chez chacun par songe, aux uns il procurait des courtisanes, aux autres il achetaitdes chiens et des chevaux ; enfin, il ne mnageait ni sa bourse nison honneur pour se les assujettir et se les attacher. Quelquespersonnes ont pens, je ne lignore pas, que les jeunes gensqui frquentaient la maison de Catilina y mnageaient peu leurpudeur ;

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    prterea undiqueomnes parricid,sacrilegi,convii judiciisaut timentes judiciumpro fais ;ad hoc,quos manus atque linguaalebat perjurioaut sanguine civili ;postremoomnes quos exagitabatflagitium, egestas,animus conscius ;ii erant Catilinproxumi familiaresque.Quod si quisetiam vacuus a culpainciderat in amicitiam ejus,usu quotidianoatque illecebrisefficiebatur facilepar similisque ceteris.Sed appetebat maxumefamiliaritatesadolescentium :animi eorum,molles et fluxi tate,capiebantur dolishaud difficulter :nam uti studium cujusqueflagrabat ex tate,prbere aliis scorta,mercari aliiscanes atque equos ;postremo parcereneque sumptui,neque su modesti,dum faceret illosobnoxios fidosque.Scio nonnullos fuissequi existumarent ita,juventutemqu frequentabatdomum Catilinhabuisse parum honestepudicitiam ;

    outre cela de tous ctstous les parricides,les sacrilges,les gens convaincus par jugementsou qui redoutaient un jugementpour leurs aes ;outre cela,ceux que leur main et (ou) leur languenourrissait par le parjureou par du sang de-citoyens ;enfintous ceux que tourmentaitune honte, le dnment,leur me ayant-conscience dun crime ;ceux-l taient Catilinatrs-proches et intimes.Que si quelquunmme exempt de fautetait tomb dans lamiti de lui,par la pratique quotidienneet les sduions de chaque jouril tait rendu facilementgal et semblable aux autres.Mais il recherchait surtoutles intimitsdes adolescents :leurs mes,molles et glissantes par lge,se prenaient par ses rusesnon difficilement :car selon que lardeur de chacuntait-brlante daprs son ge,lui de fournir aux uns des courtisanesdacheter pour les autresdes chiens et des chevaux ;enfin de npargnerni la dpense,ni son honneur,pourvu quil les rendtdpendants et dvous.Je sais quelques-uns avoir tqui pensaient ainsi,la jeunessequi frquentaitla maison de Catilinaavoir trait peu honntementla pudeur ;

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    magis, quam quod cuiquam id compertum foret, hcfama valebat.

    XV. Jam primum adolescens Catilina multa nefandastupra fecerat, cum virgine nobili cum sacerdote Vest,et alia hujuscemodi contra jus fasque. Postremo captusamore Aureli Orestill, cujus prter formam nihil un-quam bonus laudavit, quod ea nubere illi dubitabat ti-mens privignum adulta tate, pro certo creditur, necatofilio, vacuam domum scelestis nuptiis fecisse. Qu qui-dem res mihi in primis videtur causa fuisse facinoris ma-turandi : namque animus impurus, Dis hominibusque in-festus, neque vigiliis neque quietibus sedari poterat : itaconscientia mentem excitam vastabat. Igitur colos exsan-guis, fdi oculi ; citus modo, modo tardus incessus ; pror-sus in facie vultuque vecordia inerat.

    XVI. Sed juventutem, quam, ut supra diximus, illexerat,

    mais ce bruit se fondait plutt sur des conjeures tires dailleurs,que sur des faits bien positifs cet gard.

    XV. Et dabord Catilina, ds sa premire jeunesse, stait souilldinfmes dbauches : il avait sduit une jeune fille de naissanceillustre, puis une prtresse deVesta, et commis bien dautres excs dummegenre, aumpris et des lois humaines et des lois divines. Enfin,pris damour pour Aurlia Orestilla, dont jamais homme de bien neloua que la beaut, comme elle hsitait lpouser par crainte dun filsdj grandquil avait dunpremier lit, on regarde comme certain quilcarta par le meurtre de ce fils lobstacle qui fermait sa maison cesnoces abominables. Pourmoi, je vois dans cemeurtre une des causesprincipales qui htrent la conjuration : cet tre impur, rprouv desDieux et des nommes, ne pouvait trouver de calme ni dans la veille,ni dans le repos des nuits ; tant le remords faisait de ravages dansson me bourrele ! De l un teint dcolor, un regard affreux, unedmarche tantt prcipite, tantt lente, quelque chose dgar en unmot dans tout lensemble de ses traits et de sa physionomie.

    XVI. Cependant ces jeunes gens quil avait sduits, comme nous

    . 41

    sed hc fama valebatmagis ex aliis rebus,quam quod idcompertum foret cuiquam.

    XV. Jam primumCatilina adolescensfeceratmulta stupra nefanda,cum virgine nobili,cum sacerdote Vest,et alia hujuscemodicontra jus fasque.Postremo captus amoreAureli Orestill,cujus bonuslaudavit nihil unquam,prter formam,quod ea dubitabatnubere illi,timens privignumtate adulta,creditur pro certo,filio necato,fecisse domumvacuam nuptiis scelestis.Qu res quidemvidetur mihi in primisfuisse causamaturandi facinoris :namque animus impurus,infestus Dishominibusque,poterat sedarineque vigiliisneque quietibus ;ita conscientiavastabat mentem excitam.Igitur colos exsanguis,oculi fdi ;incessus modo citus,modo tardus ;prorsus vecordia ineratin facie vultuque.

    XVI. Sed edocebatmultis modisfacinora malajuventutem

    mais ce bruit tait-accrditplus daprs dautres circonstances.que parce que ce faittait positivement-su de personne.

    XV. Et dabordCatilina adolescentavait faitbeaucoup de dbauches abominables,avec une jeune-fille noble,avec une prtresse de Vesta,et dautres dbauches de ce genrecontre le droit-humain et la loi-divine.Enfin pris damourde (pour) Aurlia Orestilla,de laquelle un homme de-bienne loua rien jamais,except sa beaut,comme cette femme hsitait lpouser,craignant un fils-dun-premier litdge adulte,Catilina est cru pour certain,ce fils ayant t tu par lui,avoir fait sa maisonvacante pour des noces criminelles.Laquelle circonstance mmesemble moi parmi les premiresavoir t un motifde hter le crime (la conjuration) :car cette me impure,hae des Dieuxet des hommes,ne pouvait tre calmeni par les veillesni par les repos (le sommeil) ;tant le remordsravageait cet erit bourrel.Donc son teint tait ple,ses yeux hideux ;sa marche tantt prcipite,tantt lente ;en un mot la dmence rsidaitdans sa face et sa physionomie.

    XVI. Or il instruisaitde mille manires des aes coupablesla jeunesse

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    multis modis mala facinora edocebat. Ex illis testes signa-toresque falsos commodare ; fidem, fortunas, pericula vi-lia habere ; post, ubi eorum famam atque pudorem attri-verat, majora alia imperabat ; si causa peccandi in prsensminus suppetebat, nihilominus insontes, sicuti sontes,circumvenire, jugulare : scilicet, ne per otium torpescerentmanus aut animus, gratuito potius malus atque crudeliserat. His amicis sociisque confisus Catilina, simul quods alienum per omnis terras ingens erat, et quod ple-rique Sullani milites, largius suo usi, rapinarum et vic-tori veteris memores, civile bellum exoptabant, oppri-mund reipublic consilium cepit. In Italia nullus exer-citus : Cn. Pompeius in extremis terris bellum gerebat ;ipsi consulatum petundi magna es ; senatus nihil saneintentus ; tut tranquillque res omnes ; sed ea prorsusopportuna Catilin erant.

    avons dit plus haut, il les formait au crime de mille manires. Il lesprtait pour servir de faux tmoins, pour sceller de faux aes ; il faisaitbon march de leur probit, de leur fortune, de leurs prils ; puis,quand il avait us leur rputation et leur honneur, il leur imposaitdes forfaits plus odieux. Si dans le moment il ne se prsentait pas deprtextes pour faire le mal, il nen faisait pas moins attaquer, gorgercomme coupables envers lui des malheureux contre lesquels il navaitaucun grief ; car dans la crainte que linaion nengourdt ou leurs brasou leurs mes, il tait plutt gratuitement mchant et cruel. Fort delamiti et de lalliance de tels hommes, remarquant dailleurs que danstout lempire les citoyens taient crass de dettes, et que la plupart dessoldats de Sylla, ruins par leurs excs et tout pleins encore du souvenirdes brigandages et de la vioire dautrefois, soupiraient aprs la guerrecivile, Catilina forma le projet dtouffer la Rpublique. En Italie, pointdarme ; Pompe faisait la guerre lautre bout de lunivers ; lui-mme avait le plus grand eoir darriver au consulat ; le snat taitsans dfiance ; de toutes parts rgnait une scurit, une tranquillitprofonde : toutes circonstances parfaitement favorables Catilina.

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    quam illexerat,ut diximus supra.Commodare ex illisfalsos testessignatoresque ;habere viliafidem, fortunas, pericula ;post,ubi attriverat famamatque pudorem eorum,imperabatalia majora ;si causa peccandisuppetebat minusin prsens,nihilominus circumvenire,jugulare insontessicuti sontes :scilicet,ne manus aut animustorpescerent per otium,erat potius gratuitomalus atque crudelis.Catilina confisus hisamicis sociisque,simul quodingens s alienumerat per omnis terras,et quodplerique milites Sullani,usi largius suo,memores rapinarumet viori veteris,exoptabant bellum civile,cepit consiliumopprimund reipublic.In Italia nullus exercitus ;Cneius Pompeiusgerebat bellumin extremis terris ;ipsi magna espetundi consulatum ;senatus sane intentus nihil ;omnes res tuttranquillque ;sed ea erantprorsus opportuna Catilin.

    quil avait sduite,comme nous avons dit ci-dessus.Lui de prter dentre ces jeunes gensde faux tmoinset de faux signataires ;de tenir pour de-nul-prixleur foi, leur fortune, leurs prils ;puis,ds quil avait broy la rputationet lhonneur deux,il leur commandaitdautres crimes plus grands ;si un motif de faire-le-malsoffrait moins (manquait)pour le prsent,lui nanmoins denvelopper,dgorger des gens innocents envers luicomme coupables envers lui : savoir,de peur que leur main ou leur mene sengourdissent par loisivet,il tait plutt sans-motifmchant et cruel.Catilina se confiant en euxcomme amis et associs,et en mme temps parce queun grand argent d-autrui (de grosses dettes)tait par toutes les terres romaines,et parce quela plupart des soldats de-Sylla,qui avaient us trop largement du leur,se souvenant des rapineset de la vioire d-autrefois,dsiraient-vivement la guerre civile,prit la rsolutiondcraser la rpublique.En Italie, nulle arme ;Cnius Pompefaisait la guerre lextrmit de la terre ; lui-mme tait un grand eoirde demander avec succs le consulat ;le snat certes ntait attentif en rien ;toutes choses taient sreset tranquilles ;or ces circonstances taientpleinement favorables Catilina.

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    XVII. Igitur circiter kalendas junias, L. Csare etC. Figulo consulibus, primo singulos appellare : hortarialios, alios tentare ; opes suas, imparatam rempublicam,magna prmia conjurationis docere. Ubi satis exploratasunt quvoluit, in unumomnis convocat, quibusmaxumanecessitudo et plurimum audaci inerat. Eo convenere,senatorii ordinis, P. Lentulus Sura, P. Autronius, L. Cas-sius Longinus, C. Cethegus, P. et Servius Sull Servii fi-lii, L. Vargunteius, Q. Annius, M. Porcius Lca, L. Bestia,Q. Curius ; prterea, ex equestri ordine, M. Fulvius No-bilior, L. Statilius, P. Gabinius Capito, C. Cornelius ; adhoc, multi ex coloniis et municipiis, domi nobiles. Erantprterea complures paulo occultius consilii hujusce par-ticipes nobiles, quos magis dominationis es hortabatur

    XVII. En consquence, vers les calendes de juin, sous leconsulat de L. Csar et de C. Figulus, il sadresse dabord chacun isolment, encourage les uns, sonde les autres, leurexpose ses ressources, le dpourvu de la Rpublique, lesma-gnifiques avantages de la conjuration. Lorsqu son gr ila suffisamment explor le terrain, il convoque en un lieudtermin tous les plus compromis et les plus audacieux.L se rendirent, de lordre des snateurs, P. Lentulus Sura,P. Autronius, L. Cassius Longinus, C. Cthgus, P. et Ser-vius Sylla, tous deux fils de Servius, L. Varguntius, Q. An-nius, M. Porcius Lca, L. Bestia, Q. Curius ; de lordre deschevaliers, M. Fulvius Nobilior, L. Statilius, P. Gabinius Ca-pito, C. Cornlius ; enfin une foule dhabitants des colonieset des municipes, distingus chacun dans son endroit. Laconjuration comptait en outre dans la noblesse bon nombrede partisans un peu plus secrets, entrans plutt par leoirde dominer que par lindigence ou par toute autre ncessit.

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    XVII. Igiturcirciter kalendas junias,Lucio Csareet Caio Figuloconsulibus,primo appellare singulos :hortari alios, tentare alios ;docere suas opes,rempublicam imparatam,magna prmiaconjurationis.Ubi qu voluitexplorata sunt satis,convocat in unumomnis, quibus ineratmaxuma necessitudoet plurimum audaci.Eo convenere,ordinis senatorii,Publius Lentulus Sura,Publius Autronius,Lucius Cassius Longinus,Caius Cethegus,Publius et Servius Sull,filii Servii,Lucius Vargunteius,Quintus Annius,Marcus Porcius Lca,Lucius Bestia,Quintus Curius ;prterea,ex ordine equestri,Marcus Fulvius Nobilior,Lucius Statilius,Publius Gabinius Capito,Caius Cornelius ;ad hoc, multiex coloniis et municipiis,nobiles domi.Complures nobilesprtereaerant participeshujusce consiliipaulo occultius,quos es dominationishortabaturmagis quam inopia

    XVII. Doncvers les Calendes de juin,Lucius Csaret Caius Figulustant consuls,lui dabord de sadresser- eux un--un :dexhorter les uns, de sonder les autres ;de leur faire-connatre ses ressources,la rpublique non-prpare,les magnifiques rcompensesde la conjuration.Ds que ce quil voulutfut explor assez,il convoque en un mme lieutous ceux qui taitla plus pressante ncessitet le plus daudace.L se runire