520 SÉANCE DU 27 JUIN 1945 - Bibliothèque municipale de ...

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520 SÉANCE DU 27 JUIN 1945 à quelque titre que ce soit à la conservation de la plus grande et de la plus belle promenade de Dijon 1 . Séance du 4 juillet 1945 A propos des moulins possédés par l'abbaye de Saint-Étienne dans les environs de Dijon, M. le chanoine Chaume établit que l'un d'eux se trouvait sur les bords de la Norge, entre Arc-sur-Tille, Couternon et Orgeux. Ce moulin, qui donna lieu à plusieurs contes- tations dans la première moitié du x n e s., et qui disparaît aux siècles suivants, doit être distingué du moulin du Bois situé également sur le territoire d'Orgeux, mais au nord-est de cette localité. Le même membre donne quelques indications sur les divers pro- blèmes qui compliquent la topographie sud de Dijon, sur le terri- toire de l'ancienne paroisse Saint-Pierre. La destruction des églises de Saint-André et de la Madeleine, la construction du fer à cheval de la porte Saint-Pierre, et des ouvrages adjacents, et surtout l'amé- nagement du cours du Parc sont au premier rang des incidents à considérer. Par ailleurs, l'existence ancienne de terreaux défendant les abords de la ville du côté sud, la présence d'un ou plusieurs « crots » à proximité de la Madeleine, peut-être aussi l'aplanissement des « auturots » voisins du rond-point actuel restent autant d'énigmes qu'il est malaisé de résoudre. M. Oursel signale que la Vierge noire de Dijon, dite « Notre-Dame de Bon-Espoir », vient d'être restaurée par les soins de M. Aubert, spécialiste de ce genre de travail au musée du Louvre. Le nettoyage de la statue a fait apparaître des traces d'ancienne polychromie très délicates de ton et de caractère. Selon M. Aubert, la Vierge, qui est du type des vierges présentant l'Enfant assis sur ses genoux, serait plus ancienne que l'on a cru jusqu'à présent. Elle pourrait remonter au xi e s. Vue de près et débarrassée des draperies modernes qui déparent plutôt, c'est une véritable oeuvre d'art. L'INVASION DE 1636 DANS LE PRIEURÉ DE SAINT-LÉGER 2 par M. P. Moreau, membre résidant A peine l'armée impériale avait-elle quitté le sol de Bourgogne que le parle- ment de Dijon rendait, le 24 nov. 1636, un arrêt par lequel il était prescrit « de dresser procès-verbal des bruslements, meurtres, prises de prisonniers, ravages, saccagements, enlèvements de meubles et de bestail, et aultres actes d'hostilité faicts en cette province par l'armée ennemie ayant entre et séjourné en icelle, et envoyer les dits procès-verbaux au greffe curie de ladite cour pour y avoir recours quand besoing sera, avec injonction aux procureurs des commu- nautés de tenir la main à ce qu'il y soit satisfait à peine d'en répondre dans leur propre et privé nom ». Cet ordre ne fut pas immédiatement exécuté, car il fallut injonction expresse du bailli de Saint-Léger, au nom du procureur d'office du prieuré, pour que les 1. Ce voeu a été repris, en séance du 24 juill. 1945, par la Commission mun. du Vieux Dijon. 2. D'après Arcb. C.-d'Or, H 747, 748 ; C 2882, 4737, 4738.

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520 SÉANCE DU 27 JUIN 1945

à quelque titre que ce soit à la conservation de la plus grande et dela plus belle promenade de Dijon 1.

Séance du 4 juillet 1945

A propos des moulins possédés par l'abbaye de Saint-Étiennedans les environs de Dijon, M. le chanoine Chaume établit que l'und'eux se trouvait sur les bords de la Norge, entre Arc-sur-Tille,Couternon et Orgeux. Ce moulin, qui donna lieu à plusieurs contes-tations dans la première moitié du xn e s., et qui disparaît aux sièclessuivants, doit être distingué du moulin du Bois situé égalementsur le territoire d'Orgeux, mais au nord-est de cette localité.

Le même membre donne quelques indications sur les divers pro-blèmes qui compliquent la topographie sud de Dijon, sur le terri-toire de l'ancienne paroisse Saint-Pierre. La destruction des églisesde Saint-André et de la Madeleine, la construction du fer à chevalde la porte Saint-Pierre, et des ouvrages adjacents, et surtout l'amé-nagement du cours du Parc sont au premier rang des incidents àconsidérer. Par ailleurs, l'existence ancienne de terreaux défendantles abords de la ville du côté sud, la présence d'un ou plusieurs « crots »à proximité de la Madeleine, peut-être aussi l'aplanissement des« auturots » voisins du rond-point actuel restent autant d'énigmesqu'il est malaisé de résoudre.

M. Oursel signale que la Vierge noire de Dijon, dite « Notre-Damede Bon-Espoir », vient d'être restaurée par les soins de M. Aubert,spécialiste de ce genre de travail au musée du Louvre. Le nettoyagede la statue a fait apparaître des traces d'ancienne polychromietrès délicates de ton et de caractère. Selon M. Aubert, la Vierge, quiest du type des vierges présentant l'Enfant assis sur ses genoux,serait plus ancienne que l'on a cru jusqu'à présent. Elle pourraitremonter au xie s. Vue de près et débarrassée des draperies modernesqui déparent plutôt, c'est une véritable œuvre d'art.

L'INVASION DE 1636DANS LE PRIEURÉ DE SAINT-LÉGER 2

par M. P. Moreau, membre résidant

A peine l'armée impériale avait-elle quitté le sol de Bourgogne que le parle-ment de Dijon rendait, le 24 nov. 1636, un arrêt par lequel il était prescrit« de dresser procès-verbal des bruslements, meurtres, prises de prisonniers,ravages, saccagements, enlèvements de meubles et de bestail, et aultres actesd'hostilité faicts en cette province par l'armée ennemie ayant entre et séjournéen icelle, et envoyer les dits procès-verbaux au greffe curie de ladite cour poury avoir recours quand besoing sera, avec injonction aux procureurs des commu-nautés de tenir la main à ce qu'il y soit satisfait à peine d'en répondre dans leurpropre et privé nom ».

Cet ordre ne fut pas immédiatement exécuté, car il fallut injonction expressedu bailli de Saint-Léger, au nom du procureur d'office du prieuré, pour que les

1. Ce vœu a été repris, en séance du 24 juill. 1945, par la Commission mun.du Vieux Dijon.

2. D'après Arcb. C.-d'Or, H 747, 748 ; C 2882, 4737, 4738.

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SÉANCE DU 27 JUIN 1915 521

communautés de Binges, Mitreuil, Cirey, Étevaux, Saint-Léger, lussent assem-blées et pour que Symon Rouyer, notaire et tabellion royal garde-notes héré-ditaire, demeurant à Etevaux, put eu dresser procès-verbal. Ses actes sont des,r), 9 et 10 janv. 1637, donc tout à fait contemporains des événements. Ils ontété établis, après enquête sur les lieux mêmes, en présence des habitants et deleurs procureurs et échevins. L'enquête a été faite par lui-même qui a reconnules dégâts « au doigt et à l'œil » et les a constatés « oculairement » en circulantdans les rues des villages.

Par lui nous savons que les ennemis sont arrivés en octobre, exactement le 23,inopinément disent les victimes et sans leur permettre de prendre aucuneprécaution de salut. Nous verrons que cette allégation n'est pas tout à faitexacte. L'armée de Galas avait commis avant octobre de telles cruautés nonloin de cette région que nul ne pouvait alors les ignorer, ni manquer de prendreles précautions que la moindre prudence imposait. Elle séjourna jusqu'aumilieu de novembre.

A l'arrivée à Binges, aucun habitant ne fut pris ; mais il n'en fut pas de mêmedans les autres villages : à Mitreuil, furent pris et tués trois hommes ; à Cirey,pris, emmenés et tués deux laboureurs ; à Étevaulx, six d'entre eux eurent lemême sort, un autre ne donna plus jamais de ses nouvelles. A Triey ils assassi-nèrent le plus âgé qui était aussi le plus fortuné. Beaucoup auparavant avaientété odieusement frappés, puis remis en liberté parfois contre forte rançon.

Maîtres de ces villages, leurs réquisitions forcées n'ont pas manqué. Qu'onen juge. A Binges, à leur arrivée, ils prennent 100 chevaux et juments, « environ(iO boeufs trahans, douze vingts vaches, toires et taureaux », 100 pourceauxet 40 chèvres ; à Mitreuil plus de 50 chevaux et juments ou' « poullains », 10 ou12 bœufs de trait, 110 vaches, 60 porcs ; à Cirey 80 chevaux, 30 bœufs, 200 va-ches, 100 porcs ; à Etevaux, 120 chevaux, 30 bœufs, 300 vaches, 120 porcs,tant gras que maigres et 40 chèvres ; à Triey 100 chevaux, 200 vaches, 60 porcs :au total 450 chevaux, 160 bœufs de travail, 1.050 vaches, 440 porcs, 40 chèvres.On n'a pas tenu compte de la volaille et il n'y avait sans doute pas de moutons.Que restait-il aux malheureux habitants pour cultiver leurs terres, exploiterleurs forêts ?

Quoi qu'ils en aient dit, les habitants avaient connu l'approche de l'ennemicar ils avaient tenté de mettre à l'abri des pillards leurs biens mobiliers. Ceuxde Binges avaient réservé et caché leurs meubles et grains « a sauveté aux boisles plus proches dudit Binges où les gens de guerre les ont attaqués et traquéspartout. Partie desquels habitans avoient retiré et mis en seurté où bon semblaittout ce qu'ils avoient de beau et de bon, tant grains battus que lits, linges,ustensilz de mesnage, chariots, harnachements, habits, coffres titres et con-trats, papiers au château d'Arc-sur-Tillè, distant d'une lieue dudit Binges,n'ayant pu aller plus loin ; que le tout fut volé, pris, enlevé, pillé, ravagé etsaccagé par les gens de guerre ennemis ayant pris par force ledit château oùsuccombèrent !) habitants du village ».

A Mitreuil, on tenta sans succès de tout cacher dans les bois où les ennemisretrouvèrent ces biens. A Cirey, les villageois n'auraient pas eu !e temps derien emmener. A Étevaux, on cacha les meubles dans les bois de Saint-Légeravec des gerbes de blé de la dernière récolte. Tout fut trouvé, pris et enlevé.D'autres habitants avaient cru plus sûr de tout transporter « au prieuré etmaison seigneurialle. Saint-Léger croyant être un lieu assuré et hors des ravages.Ils en ont été frustrés parce que par la prise et saccagement du prieuré, tout cequi était aux religieux, admodiateurs (du dixme) prieur ou autres personnesa été pris et enlevé ». Assurément il ne s'agissait pas que des meubles meublants,mais encore du matériel de culture, chariots, charrues, harnachements, etc.

A Triey, la situation ne fut pas meilleure, malgré les précautions prises.Les habitants, eux aussi, avaient eu l'espoir que l'on n'attaquerait pas le prieuré.Ils y avaient donc conduit « grande quantité de grains de froment et autres etplusieurs bons meubles ». On sait ce qu'il en advint. Mais un habitant aviséavait « auparavant ladite armée conduit et deschargé quantité de grains avecdes coiïres pleins de ses meilleurs meubles en linges, argent et estain, cuivre,

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arain, fer, dessertier d'argent de sa femme, tous ses contrats, titres et papiersau lieu de Pontailler-sur-Saône que lors tenoit estre assuré hors des ravageset saccagements, néaulmoins le tout a esté perdu, flambé, bruslé en la maisonde feu Guillaume Fournetz l'aisné, le 28e jour de juillet dernier que ledit Pon-tailler fut bruslé, pillé, ravagé et saccagé ».

Malgré leurs efforts pour sauver leurs biens, ils ne leur restait donc rien pourcultiver, rien pour ensemencer, rien pour travailler. Que restait-il de leurs mai-sons et des récoltes de 1636 qui y étaient engrangées ? Ici le désastre n'estpas moindre.

A Binges, il ne reste que « douze baptiments en état sur pied, non bruslés etdes granges, estableries et autres édifices, tandis que 27 maisons et grangestant grandes que petites avec tout ce qu'elles contenoient étoient la proie desflammes. La porte de l'église paroissiale a été couppée et rompue, tous les orne-ments en chapes, chasubles, processions linges, cierges et autres choses ont étéprins et détruits ».

A Mitreuil, où résidait le curé, il ne reste que « quatre maisons avec le bapti-ment de l;i cure proche de l'église qui sont grandement vastes et dégradés parle dedans et le dehors, desquels les portes grandes et petites sont été ostéesavec les fenêtres, rompues et bruslées, du moings esgarrées sans en savoirnouvelles. Les portes et victres de l'église paroissiale Saint-Pierre dudit Mitreuilont été rompues, les balustres, ornements en chapes, chasubles, processions,linges, livres, cierges et aultres choses esgarrées et perdues y compris le calice,reliquaire, vaisseaux à mettre les Sainctes huilles ». Même fâcheux sort avaitété réservé aux granges de Lambelin et du Mazeroy.

A Cirey il ne subsiste que quatre maisons non brûlées, alors que quinze autres,les plus considérables, ont été la proie des flammes avec tout ce qui s'y trouvait.L'église était intacte. « Tout ceci a apparu visiblement et oculairement ».

A Étevaux, il n'en était pas de même. « Les ennemis ont osté le clocher d'icelleéglise qui etoit de fort belle et bonne construction de bois, couvert de tuilesplombées de diverses couleurs et de hauteur d'environ cinquante pieds du roy,avec les baufrois au clocher bruslés et consommés entièrement ; les deux clochesfondues, l'une pesant environ douze cents et l'autre un millier (de livres) à cequ'ont dit les habitans, et la plupart du métal des dites cloches avec le plombde la croisée et l'esguille dudit clocher perdus, ce qui cause d'autres ruines enla nef, au toit d'icelle église y ayant un. sommier au plancher devant le crucifixtraversant ladite église d'une muraille à l'autre, les planchers et trappeauxsur iceluy, quinze chevrons et partie du freste sur le cœur bruslé et rompu,les toitz rompus, les tuiles et lattes brisées, les vitres cassées en divers endroits ;plusieurs ornements comme calice d'estaing, reliquaire de rosette doré, vais-selle d'estaiii à mettre les sainctes huilles, croix, chasubles, livres, chappes,linges, custodes de camelot rouge cramoisy, procession de damas rouge cramoisyet autres choses profanées polluées, rompues, enlevées et emportées ».

Les bâtiments civils ne sont pas mieux traités ; il n'en reste que douze, lesplus petits « non bruslés, mais grandement gastés et dégradés, les portes et lesfenestres pour la plupart emportées, rompues, et bruslées, les couvertures endom-magées, 63 autres tant d'habitation que d'exploitation ont été entièrementdétruites par le feu, y compris le fourg bannal ».

Triey paraît avoir moins soulïert : quatre bâtiments seulement ont été« bruslés » ; mais un autre, le plus important du village, « fut desmoly parméchanceté, les bois et couvertures jetées par terre, rompues, transportées unepartie ça et là par le village et finage dudit Triey et la plus grande partie bruslée ».

Dans toutes les paroisses, « les clôtures des meix jardins et vergers ont étérompues prises et bruslées sans en rien laisser ; ils ont couppé, abattu par terreet ebranché bons et gros arbres fruictiers de toute sorte ».

Enfin pour que rien ne leur soit épargné, « les terres de ces finages où ontesté semés les blés en l'an dernier ont esté tellement gastées et endommagéespar les charrois faicts des bagages et passages des cavaliers et infanterie ennemiequ'il n'y a apparence de rapport auxdicts lieux ny de récolter des fruietz auxprochaines moissons, quantité de terres et des meilleures de ladite saison ont

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esté sans soins ou n'a eu le temps de rien faire à cause des ennemis ; les terresdemeurent sans culture ni semailles : ils n'ont rien pour les effectuer ».

Dans une pareille désolation la misère et la faim font leur apparition là oùrégnait l'abondance, « car les terres étoient fort propres et bonnes à rapporterfroment et autres sortes de grains ». Les plus éprouvés parlent d'aller ailleursgagner leur vie, tandis que d'autres, les plus âgés ou les moins valides, « sontcontrainetz de mendier pour vivre et de mendier à presque aussi malheureuxqu'eux ». D'ailleurs beaucoup n'ont pas pu résister à de pareilles calamités.La faim, la maladie, la douleur physique ou morale ont fait leur œuvre : à Bingessont décédés plus de 80 femmes, grands et petits enfants et dix chefs de famille ;de cinquante feux, le village est tombé à douze.

A Mitreuil, sont morts six hommes et femmes el plusieurs veuves et enfantsgrands et petits.

A Cirey, huit chefs de famille et plus de quarante personnes, femmes et en-fants ; le village ne compte plus que sept feux au lieu de 22.

A Étevaux, sont morts quatorze des meilleurs et plus aisés des chefs de fa-mille et plus de cent personnes, femmes, enfants, serviteurs et servantes et decinquante six feux, il n'en reste que dix-huit misérables.

A Triey, le rôle du taillon ne comprend plus que six feux au lieu de vingt ;onze chefs de famille, dix hommes et une femme, ont été tués et quatre vingtsautres personnes sont mortes de maladies survenues à la suite du passage del'armée.

En résumé, un peu plus du tiers de la population avait péri ; il en restait unpeu moins du tiers demeurée sur place ; le reste avait quitté le pays ou nefigurait plus sur les rôles d'impôt à cause de sa pauvreté et tout s'était dérouléen moins de deux mois.

Les plus courageux avaient envisagé de rebâtir leurs maisons. La pierren'était pas loin ; mais le bois des communaux s'avérait impropre à la construc-tion, sinon à faire des bardeaux ; leurs ressources étaient à peu près réduitesà néant. Ils avaient confiance en eux-mêmes et dans l'aide que leur apporteraientles élus des États de Bourgogne. Les incursions des Gabans, partis de Gray,qui étaient, à la faveur des bois, poussées jusqu'aux bords de la Tille, retardèrentle relèvement. La visite des feux de 1644-1645 ne signale aucune amélioration.Celle-ci commence à se dessiner nettement en 1658. Elle se continue en 1666,et lorsqu'en 1680 Louis XIV a conquis par deux fois et annexé définitivementla Franche-Comté, les plaies paraissent guéries et les ruines réparées. L'ennemia été éloigné, on a pu rebâtir et travailler dans la sécurité. Binges, par exemple,compte 48 habitants et 9 veuves, c'est-à-dire cinquante-sept feux. La grangede Lambelin est bien rebâtie et cultivée par trois familles de laboureurs. Il enest de même ailleurs, sauf à Mitreuil qui n'a toujours debout que les quatremaisons survivantes en mauvais état et six familles de laboureurs. Cette paroissequi avait été l'église-mère de Binges, Cirey et Étevaux, est la seule des cinqétudiées qui n'ait pu surmonter la tourmente. Elle n'est plus aujourd'huiqu'un hameau.

Séance du 14 novembre 1945

Mme A. Lucy-Guilleminot donne des détails sur le culte et le tom-beau de saint Valentin enterré dans l'église de Griselles en 608, surle « carrez » fortifié qui entourait la crypte du sanctuaire, sur l'oppi-dum qui lui fait suite sur le plateau. Elle signale à ce propos les travauxinédits de l'abbé Lavielle sur Griselles et les fouilles entreprises parle capitaine Deffant dans le cimetière celtique au sommet de lacolline.

M. Grémaud signale une circulaire préfectorale d'août dernierrecommandant instamment, conformément aux instructions minis-térielles, de n'apporter aucun changement « aux dénominations de