50ème Anniversaire - Association Afeji · 2016-09-05 · 1988, 4 adolescentes gravir le Mont...

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"On ne naît pas femme, on le devient." Voilà ce qu'a écrit Simone de Beauvoir en 1949 dans son livre "le deuxième sexe". L'on peut penser que cet extrait de ce manifeste philosophique féministe a pu certainement inspirer les pères fondateurs de l'AFEJI, en leur temps au début des années soixante, quand ils ont jugé utile de se consacrer entre autres à la création d'un établissement pour filles à Gravelines. C'est en octobre 1965, que l'Institut Médico Professionnel ouvre ses portes. Rapidement 102 filles venues de la grande région Nord,certaines même des Ardennes séjourneront en ce bel internat flambant neuf et novateur pour l'époque. Ces 102 jeunes filles, femmes en devenir donc, peuplent Gravelines à l'I. M. Pro. Professeur de médecine en chaire, Louis Christiaens médecin pédiatre né en 1911, concentre une partie de ses recherches sur les adolescents au travail et sur l'enfance inadaptée avec la création d'une école d'éducateurs spécialisés. Louis Christiaens qui décède soudainement en 1965 est connu d'Albert Denvers président fondateur de l'AFEJI, dont le siège se trouve à son début en mairie de Gravelines. Celui-ci donnera ce nom à l' I.M.Pro de cette ville du littoral. Oh combien de jeunes filles ont fréquenté cet I.M.Pro "Louis Christiaens". Oh combien d'éducateurs les ont accompagnées à devenir femmes, dès cette fin des années 60, animée par le mouvement féministe de libération de la femme soutenue par Simone de Beauvoir. Voilà succinctement ce qui est nécessaire de savoir sur les origines contemporaines de l' I. M. Pro en cette fin des sixties et pour vous situer : les jeunes Beatles ont écrit et chantaient "Michèle" cette année 1965. Certes né au siècle dernier, cet établissement n'est cependant pas vieux ! Est-on si âgé à 50 ans ? L'espérance de vie augmente toujours et la vie après 50 ans reste bien active et créative tout le temps que la tête reste jeune et en continuel projet de perfection, de transformation telle la chrysalide. Mais il commence à avoir de la bouteille cet Institut. Par là entendons de l'expérience et ce qui fait l'expérience, au fil de l'avancée inéluctable du temps, des contraintes quelles qu'elles soient et qui s'imposent, se sont les défis, les échecs qui réajustent nos actions et la réussite des entreprises projetées, adaptées et réalisées avec engagement et conviction. Des grands moments de cet institut il y en a eu oui, mais en ponctuation de tous ceux qui font ce qu'il est en son quotidien qui effeuille le calendrier. D'octobre 1965 à avril 1983, en internat dans 6 pavillons de 17 lits dans quatre chambres, ce sont donc 102 jeunes femmes âgées de 14 à 18 ans la plupart de l'Aide Sociale à l'Enfance qui donnent de l'action à l'équipe éducative dirigée par leurs directeurs. A partir de 1965, il sera respectivement dirigé par Madame Durieux puis Monsieur Bouly dès 1971, Monsieur Barras dès 1998, Monsieur Deschuytter dès 2001, Monsieur Marchegay dès 2004, Monsieur Spérandio dès 2006, Monsieur Capitaine dès 2009, Monsieur Murot dès 2012, tous jusque là mis à disposition par l'Education Nationale, puis en septembre 2013 est nommée Madame Couturier puis Monsieur Tellier, depuis 2014. Jusque fin des années 90, le terme "Professionnel " s'y entend alors parfaitement. En effet, ce qui justifie le placement à l'ouverture en 65 est autre que celui que nous connaissons maintenant. Des ateliers de cuisine, de couture, de conditionnement et autres à caractère professionnel, le rapproche des activités des centres des C.A.T de l'époque, les E.S.A.T actuels. La formation professionnelle des adolescentes s'ouvre sur l'extérieur fin des années 70 par des stages pratiques chez des particuliers sur de courtes durées de mise en œuvre des apprentissages techniques dispensés au sein de l'I.M.Pro. Les différents ateliers techniques "produisent" en sous-traitance pour des grandes chaînes d'hôtels réparties dans le monde entier, pour une grande chocolaterie, etc… La coopérative scolaire fructifie par le travail d'apprentissage des adolescentes dans ces ateliers. Cet argent, outre le pécule en partie reversé chaque mois à chacune au titre de l'intéressement au travail, permettra l'achat d'un premier voilier dans le début des années 80,remplacé dès le début des années 90 par "un deux mâts" plus grand et qui continuera d'offrir à davantage de jeunes de découvrir l'activité nautique d'abord côtière à la sortie journalière d'une marée puis au large de la côte atlantique en passant par les îles britanniques jusque aux Pays- Bas, au fil des années en croisière de week-end et lors des vacances scolaires à la belle saison. En avril 1983 à sa demande auprès des instances, l'établissement reçoit son nouvel agrément.En effet davantage d'adolescentes sont originaires de la région et notamment du littoral. L'internat n'est pas pour certaines adolescentes une impérieuse nécessité et déjà le contexte socio-éducatif amorce un commencement à redonner place à la famille. C'est ainsi que l'effectif de l'internat descend à 72 places pour donner l'opportunité à 30 jeunes filles de retourner chaque soir en famille. Les apprentissages techniques dans les 6 ateliers tout comme ceux scolaires dans les 4 classes ne s'en trouvent pas modifiés. La vie dans les 6 pavillons est riche et animée, les activités éducatives y sont fortement orientées sur les actes de la vie quotidienne. Chaque mois à tour de rôle un pavillon présente un spectacle "la veillée collective" aux 5 autres groupes de vie.Y sont invités les familles des jeunes sur scène, les personnes âgées de la maison de retraite voisine et le personnel, tant de temps fort d'assurance trouvée et d'ouverture. Les activités extérieures de loisirs et sportives se mettent en place fin des années 70 et seront fort plébiscitées comme "droit pour tout le monde" telle que la loi de 2005 est venue plus tard le confirmer en "égalité des chances". Les transferts d'établissement estivaux sont annuels d'abord à Moissac, puis Morzine, Entremont, Les Houches avec des activités sur site, mais aussi le camp éclaireuses, l'activité camping, la croisière à bord du voilier et le groupe " randonnée pédestre". Groupe qui après avoir sillonné les sentiers de grande randonnée de Haute-Savoie a vu en juillet 1988, 4 adolescentes gravir le Mont Blanc. Et pour ne pas en rester là, un groupe de 12 filles est allé en octobre 1990 faire un trekking de 3 semaines au Népal et gravir un sommet qui culmine à 6 011 mètres, portant très haut les couleurs de l'Afeji. "Bravo les filles" pour reprendre un article de journal d'octobre 90, rappelons que le même mois, quelques jours plus tôt, Christine Janin était la première française à gravir l'Everest, le toit du monde. Chacun sa révolution,en 1989 on fête le bicentenaire. A l'I.M.Pro on y reçoit un ministre d'Etat, Michel Delebarre, notre actuel président de l'AFEJI. L'établissement sera visité par un autre ministre d'Etat, Georgina Dufoix. On y accueillera en 1990 l'Ambassadeur du Népal. Et on y accueille aussi … vous tous ! 1989 est aussi l'amorce d'un tournant du médico- social qui annonce des restructurations nationales de certains types d'établissements. L'I.M.Pro ne peut y échapper et "douloureusement" se restructure en 1995 après maints temps de réflexion. De l'I.M.Pro émaneront trois autres entités : Un I.R.P à Tourcoing, un S.E.S.S.A.D à Gravelines et l'actuel I.M.E. On l'appellera alors Institut Médico Educatif "Louis Christiaens". C'est cette même année 1995, en septembre qu'il s'ouvre à la mixité et accueille les premiers garçons. Son agrément passe à 55 jeunes garçons et filles, 47 en internat et 8 en semi internat. Les ateliers techniques se réduisent à 3 technicités, cuisine, horticulture et lavage de véhicules. La scolarité n'est plus dispensée que par deux institutrices spécialisées. En contre partie le projet de création d'un atelier éducatif à vocation occupationnelle et démarches extérieures se concrétise. La mise en pratique des apprentissages techniques et scolaires continue de se développer sur l'extérieur et s'officialise par la création du service de suite. L'I.M.E "Louis Christiaens" poursuit son chemin avec un savoir-faire s'adaptant aux besoins émergeants continuellement et ainsi oeuvrer plus justement aux progrès des personnes accompagnées. Roland LAVISSE Ancien professionnel de l’AFEJI (de 1979 à 2014) Institut Médico-Éducatif Louis Christiaens 1965 - 2015 Un Établissement, une Histoire, ... 50ème Anniversaire

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"On ne naît pas femme, on le devient."

Voilà ce qu'a écrit Simone de Beauvoir en 1949 dans son livre "le deuxième sexe". L'on peut penser que cet extrait de ce manifeste philosophique féministe a pu certainement inspirer les pères fondateurs de l'AFEJI, en leur temps au début des années soixante, quand ils ont jugé utile de se consacrer entre autres à la création d'un établissement pour filles à Gravelines.

C'est en octobre 1965, que l'Institut Médico Professionnel ouvre ses portes. Rapidement 102 filles venues de la grande région Nord, certaines même des Ardennes séjourneront en ce bel internat flambant neuf et novateur pour l'époque. Ces 102 jeunes filles, femmes en devenir donc, peuplent Gravelines à l'I. M. Pro.

Professeur de médecine en chaire, Louis Christiaens médecin pédiatre né en 1911, concentre une partie de ses recherches sur les adolescents au travail et sur l'enfance inadaptée avec la création d'une école d'éducateurs spécialisés. Louis Christiaens qui décède soudainement en 1965 est connu d'Albert Denvers président fondateur de l'AFEJI, dont le siège se trouve à son début en mairie de Gravelines. Celui-ci donnera ce nom à l' I.M.Pro de cette ville du littoral.

Oh combien de jeunes filles ont fréquenté cet I.M.Pro "Louis Christiaens". Oh combien d'éducateurs les ont accompagnées à devenir femmes, dès cette fin des années 60, animée par le mouvement féministe de libération de la femme soutenue par Simone de Beauvoir. Voilà succinctement ce qui est nécessaire de savoir sur les origines contemporaines de l' I. M. Pro en cette fin des sixties et pour vous situer : les jeunes Beatles ont écrit et chantaient "Michèle" cette année 1965.

Certes né au siècle dernier, cet établissement n'est cependant pas vieux ! Est-on si âgé à 50 ans ? L'espérance de vie augmente toujours et la vie après 50 ans reste bien active et créative tout le temps que la tête reste jeune et en continuel projet de perfection, de transformation telle la chrysalide.

Mais il commence à avoir de la bouteille cet Institut. Par là entendons de l'expérience et ce qui fait l'expérience, au fil de l'avancée inéluctable du temps, des contraintes quelles qu'elles soient et qui s'imposent, se sont les défis, les échecs qui réajustent nos actions et la réussite des entreprises projetées, adaptées et réalisées avec engagement et conviction.

Des grands moments de cet institut il y en a eu oui, mais en ponctuation de tous ceux qui font ce qu'il est en son quotidien qui effeuille le calendrier. D'octobre 1965 à avril 1983, en internat dans 6 pavillons de

17 lits dans quatre chambres, ce sont donc 102 jeunes femmes âgées de 14 à 18 ans la plupart de l'Aide Sociale à l'Enfance qui donnent de l'action à l'équipe éducative dirigée par leurs directeurs.

A partir de 1965, il sera respectivement dirigé par Madame Durieux puis Monsieur Bouly dès 1971, Monsieur Barras dès 1998, Monsieur Deschuytter dès 2001, Monsieur Marchegay dès 2004, Monsieur Spérandio dès 2006, Monsieur Capitaine dès 2009, Monsieur Murot dès 2012, tous jusque là mis à disposition par l'Education Nationale, puis en septembre 2013 est nommée Madame Couturier puis Monsieur Tellier, depuis 2014.

Jusque fin des années 90, le terme "Professionnel " s'y entend alors parfaitement. En effet, ce qui justifie le placement à l'ouverture en 65 est autre que celui que nous connaissons maintenant. Des ateliers de cuisine, de couture, de conditionnement et autres à caractère professionnel, le rapproche des activités des centres des C.A.T de l'époque, les E.S.A.T actuels.

La formation professionnelle des adolescentes s'ouvre sur l'extérieur fin des années 70 par des stages pratiques chez des particuliers sur de courtes durées de mise en œuvre des apprentissages techniques dispensés au sein de l'I.M.Pro. Les différents ateliers techniques "produisent" en sous-traitance pour des grandes chaînes d'hôtels réparties dans le monde entier, pour une grande chocolaterie, etc…

La coopérative scolaire fructifie par le travail d'apprentissage des adolescentes dans ces ateliers. Cet argent, outre le pécule en partie reversé chaque mois à chacune au titre de l'intéressement au travail, permettra l'achat d'un premier voilier dans le début des années 80, remplacé dès le début des années 90 par "un deux mâts" plus grand et qui continuera d'offrir à davantage de jeunes de découvrir l'activité nautique d'abord côtière à la sortie journalière d'une marée puis au large de la côte atlantique en passant par les îles britanniques jusque aux Pays- Bas, au fil des années en croisière de week-end et lors des vacances scolaires à la belle saison.

En avril 1983 à sa demande auprès des instances, l'établissement reçoit son nouvel agrément. En effet davantage d'adolescentes sont originaires de la région et notamment du littoral. L'internat n'est pas pour certaines adolescentes une impérieuse nécessité et déjà le contexte socio-éducatif amorce un commencement à redonner place à la famille. C'est ainsi que l'effectif de l'internat descend à 72 places pour donner l'opportunité à 30 jeunes filles de retourner chaque soir en famille.

Les apprentissages techniques dans les 6 ateliers tout comme ceux scolaires dans les 4 classes ne s'en trouvent pas modifiés. La vie dans les 6 pavillons est riche et animée, les activités éducatives y sont fortement orientées sur les actes de la vie quotidienne. Chaque mois à tour de rôle un pavillon présente un spectacle "la veillée collective" aux 5 autres groupes de vie. Y sont invités les familles des jeunes sur scène, les personnes âgées de la maison de retraite voisine et le personnel, tant de temps fort d'assurance trouvée et d'ouverture. Les activités extérieures de loisirs et sportives se mettent en place fin des années 70 et seront fort plébiscitées comme "droit pour tout le monde" telle que la loi de 2005 est venue plus tard le confirmer en "égalité des chances".

Les transferts d'établissement estivaux sont annuels d'abord à Moissac, puis Morzine, Entremont, Les

Houches avec des activités sur site, mais aussi le camp éclaireuses, l'activité camping, la croisière à bord du voilier et le groupe " randonnée pédestre". Groupe qui après avoir sillonné les sentiers de grande randonnée de Haute-Savoie a vu en juillet 1988, 4 adolescentes gravir le Mont Blanc. Et pour ne pas en rester là, un groupe de 12 filles est allé en octobre 1990 faire un trekking de 3 semaines au Népal et gravir un sommet qui culmine à 6 011 mètres, portant très haut les couleurs de l'Afeji. "Bravo les filles" pour reprendre un article de journal d'octobre 90, rappelons que le même mois, quelques jours plus tôt, Christine Janin était la première française à gravir l'Everest, le toit du monde.

Chacun sa révolution, en 1989 on fête le bicentenaire. A l'I.M.Pro on y reçoit un ministre d'Etat, Michel Delebarre, notre actuel président de l'AFEJI. L'établissement sera visité par un autre ministre d'Etat, Georgina Dufoix. On y accueillera en 1990 l'Ambassadeur du Népal. Et on y accueille aussi … vous tous !

1989 est aussi l'amorce d'un tournant du médico-social qui annonce des restructurations nationales de certains types d'établissements. L'I.M.Pro ne peut y échapper et "douloureusement" se restructure en 1995 après maints temps de réflexion. De l'I.M.Pro émaneront trois autres entités : Un I.R.P à Tourcoing, un S.E.S.S.A.D à Gravelines et l'actuel I.M.E.

On l'appellera alors Institut Médico Educatif "Louis Christiaens". C'est cette même année 1995, en septembre qu'il s'ouvre à la mixité et accueille les premiers garçons. Son agrément passe à 55 jeunes garçons et filles, 47 en internat et 8 en semi internat.

Les ateliers techniques se réduisent à 3 technicités, cuisine, horticulture et lavage de véhicules. La scolarité n'est plus dispensée que par deux institutrices spécialisées. En contre partie le projet de création d'un atelier éducatif à vocation occupationnelle et démarches extérieures se concrétise. La mise en pratique des apprentissages techniques et scolaires continue de se développer sur l'extérieur et s'officialise par la création du service de suite.

L'I.M.E "Louis Christiaens" poursuit son chemin avec un savoir-faire s'adaptant aux besoins émergeants continuellement et ainsi oeuvrer plus justement aux progrès des personnes accompagnées.

Roland LAVISSEAncien professionnel de l’AFEJI

(de 1979 à 2014)

Institut Médico-Éducatif Louis Christiaens

1965 - 2015

Un Établissement, une Histoire, ...

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