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Blog de Paul Jorion, catgorie Monnaie

Anthropologie - Economie - Sciences cognitives - Philosophie - Etc.Avec laccord de Paul, je publie cette slection sur la monnaie que jai compose pour permettre une impression facile et soigne dun travail collectif de longue haleine que je trouve dune rare intelligence et dun formidable intrt pdagogique : chaque citoyen devrait prendre conscience des enjeux et mcanismes de la monnaie : mon sens, la libert ou la servitude dpend de cette prise de conscience. Jai donc ici copi bout bout tous les articles de Paul Jorion relatifs la monnaie, suivis des changes qui sont souvent dune qualit exceptionnelle. Il reste surligner les commentaires les plus importants, pour permettre ceux qui nont pas le temps matriel de lire 300 pages de dbat citoyen sur la monnaie de dcouvrir lessentiel de lessentiel. Chacun dentre-vous peut maider ce dernier travail en me signalant ([email protected]) les passages qui comptent le plus pour lui : je surlignerai et publierai la mise jour. 31 juillet 2008 (Mise jour 16 aot 2008) tienne Chouard http://etienne.chouard.free.fr/Europe. Document tlchargeable cette adresse : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/messages_recus/Blog_de_Paul_Jorion.pdf

07 02 2008 Le scandale des banques qui crent de largentPubli par Paul Jorion dans Economie, Monde financier, Monnaie

Comme on le sait lorsque lon lit ici mes billets, je ne me prive pas de critiquer la finance quand cela me semble justifi. Cela ne signifie pas pour autant que je souscrive toute critique exprime visvis du systme financier. Je lis de plus en plus souvent par exemple, que les banques commerciales crent de largent , et quil y aurait l un scandale dnoncer. Or, cette proposition est fausse : les banques commerciales ne crent pas dargent. Jexplique pourquoi. Quand elle vous prte de largent, la banque nen cre pas : si elle peut vous prter, cest soit quelle utilise largent de quelquun dautre, disponible sur son comptechque ou sur son livretpargne (moins les rserves obligatoires quelle doit conserver comme provisions), soit quelle emprunte ellemme cet argent par exemple en mettant des certificats de dpt et vous le reprte. Son profit rsulte du fait quelle vous prte un taux plus lev que celui quelle consent sur un livret pargne ou que celui auquel elle emprunte ellemme. Il ny a (malheureusement !) pas de miracle de cration dargent : les banques commerciales ne crent pas dargent ex nihilo ! Pour en prter, il faut que comme vous et moi, elles le trouvent quelque part ! En regardant dun peu plus prs le raisonnement de ceux qui soutiennent cette lgende urbaine , je vois laccent mis sur trois choses : que beaucoup dargent circule aujourdhui sous forme lectronique, que largent circule trs vite et que la banque vous fait payer des intrts. Ils disent : On ne voit pas les billets ! . Rponse : a na aucune importance : que votre employeur vous rgle en billets de banque la fin du mois, billets que vous allez alors dposer sur votre comptechque, ou quil le verse directement par un ordre lectronique sur votre compte, cela lui cote strictement le mme montant : il na pas cr dargent dans le second cas. Ils disent aussi : Si vous obtenez un prt aujourdhui et que vous allez payer votre garagiste et quil dpose largent sur son compte, la

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banque pourra le reprter ! . Rponse : Bien entendu mais o de largent atil t cr ? Cest le mme ! Il peut ventuellement circuler trs vite au lieu dtre cach sous un matelas : cest sa disponibilit pour dautres transactions qui est en question avec lpargne. Le Lac Victoria contient la mme quantit deau que la Seine. Leau scoule plus vite dans une rivire que dans un lac, donc il y a davantage deau dans la Seine que dans le Lac Victoria ! Non, je viens de le dire : le volume est le mme ! Ils disent enfin : Oui, mais vous payez des intrts sur votre prt et la personne qui empruntera largent dpos par le garagiste sur son compte, en paiera aussi ! . Ben oui, mais pour payer ces intrts, il faudra bien que je trouve largent quelque part et de mme pour lui ou elle ! Dans un des articles qui dnoncent le scandale , il est crit : Beaucoup demploys de banque diront que les banques commerciales ne crent pas dargent . Encore heureux apparemment queux au moins le sachent ! Cest dans les banques o je travaille que jai d subir le mme lavage de cerveau ! Ce bulletin a t publi le Jeudi 7 fvrier 2008 23:14 et est class dans Economie, Monde financier, Monnaie Vous pouvez suivre les rponses ce bulletin avec le fil RSS 2.0. Vous pouvez rpondre, ou faire un rtro-lien depuis votre site. 26 rponses Le scandale des banques qui crent de largent 1. Emir Abel dit : 7 fvrier 2008 23:15 Javoue que jai du mal vous suivre. Jai limpression que vous jouez sur les mots. Cest quand mme bien le crdit qui cre la monnaie scripturale avec effet multiplicateur ? Alors certes, les banques nimpriment pas de billets (et donc ne crent pas dargent physique), mais il me semble trompeur de dire que les banques ne crent pas dargent puisque elles le font bien (et en dtruisent) par lintermdiaire du crdit. 2. Paul Jorion dit : 7 fvrier 2008 23:55 On peut imaginer des cas qui rfutent mon argumentation : par exemple, quun particulier emprunte de largent sa banque et dpose cette somme sur son compte bancaire. Dans ce casl, la banque peut effectivement rutiliser ce dpt pour le reprter (encore une fois, moins les rserves obligatoires). Il y a alors un effet multiplicateur, qui est en fait subsidi par ce particulier payant des intrts sur une somme quil navait aucune raison demprunter puisquil la dpose sur son compte. La situation est videmment tout fait improbable et de tels effets sont ncessairement minimes. Je note que si lon remplace le prt par une ligne de crdit dans lexemple, il cesse de fonctionner : largent non utilis sur une ligne de crdit ne circule pas et ne donne pas lieu versement dintrts. Je vois que Maurice Allais pense que cette cration ex nihilo joue un rle important et la dnonce. Je nose pas croire que le seul Prix Nobel Franais dconomie puisse se tromper et je chercherai donc minformer davantage sur ce quil a voulu dire. 3. egdltp dit : 8 fvrier 2008 09:28 Beaucoup de la documentation de lassociation canadienne Vers Demain, porte sur ce sujet. La fable illustrative quelle propose est trs clairante. Pouvez vous appuyer votre refutation de cette lgende urbaine suite cette lecture ? Pour moi un des problmes est le dcouplage total de la monnaie de toute contrepartie physique en dehors du march : les choses ne valent que ce que lon est prt payer ou prt accepter contre elles, suivant que lon est soit acheteur ou vendeur. Largent na donc aucune existence ni valeur sans change. Et pourtant la richesse est mesure par les chiffres

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dans les livres et non par la mesure de la satisfaction des besoins sur un rfrentiel qualitatif commun tous. M Mittal est riche de la proprit de ses parts dans ses entreprises, mais sil cherchait les vendre, il nen tirerait peut tre pas toute la somme qui lui est attribu aujourdhui : la crise des subprime en est une bonne illustration : un bien qui ne trouve pas preneur, quelque soit sa valorisation, ne reprsente rien sinon sa valeur dusage. Valeur qui est proche de zro pour un financier, et pour le moins non compte. Merci pour vos clairages. 4. JLS dit : 8 fvrier 2008 09:43 Moi non plus je ne comprends pas. Sur la plupart des blogs dconomie jentends dire que ce sont les banques centrales qui crent de largent, dautres disent non ce ne sont pas les banques centrales (elles ne crent que largent physique billets + pices) mais les banques commerciales qui en faisant crdit crent largent. Par exemple, elles crent plus dargent si les rgles de crdit sont plus laxistes (comme cest le cas aux Etats-Unis) ou par exemple en utilisant un effet de levier plus important, par exemple pour 1 euro dans mes caisses je peux prter 10, si on change la rgle de 1 pour 20, les banques commerciales peuvent crer plus dargent. Dun autre ct, cest souvent ltat qui fixe ces rgles, donc on pourrait aussi dire que cest ltat qui permet aux banques comemrciales de crer de largent en assouplissant les rgles prudentielles. 5. Cuzzucoli Eric dit : 8 fvrier 2008 11:51 Bonjour, Je vais peut tre passer pour un pinailleur mais : 1) les banques francaises ne peuvent pas mettre des billets de trsorerie (qui sont rservs aux entreprises) pour se refinancer dans les marchs. Par contre, elles peuvents mettre des certificats de dpts cet effet. Je vous accorde que cest 2 produits sont quasiment identiques mais la smantique a son importance. 2) Si je me souviens bien de mes cours sur la Monnaie lUniversit, les banques sont bien des cratrices de monnaie lorsquelles accordent un credit leurs clients. Cest dailleurs pour ca que cette cration de monnaie banque commerciale est encadre par des rgles de contingentement de la part de la Banque Centrale. Dailleurs, les banques gnralement accordent plus de crdit leurs clients quelles nont de dpts dans leur bilan, gap de trsorerie quelles comblent par des emprunts ou des missions de titres dans les marchs financiers. Et cest bien cette fonction de cration de monnaie qui font que les banques ne sont pas des entreprises comme les autres, dont le mtier ne serait quun commerce dargent et de pourvoyeur de services financiers. Eric CUZZUCOLI Trsorier CMCIC 6. Candide dit :

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8 fvrier 2008 13:17 Bonjour, Je ne suis pas conomiste, mais je cherche comprendre ce qui se passe actuellement au niveau financier en consultant diffrents sites internet, (amricains en gnral, les sites financiers franais me semblant dsesprment nuls). Il me semble (si jai bien compris), quavec un mlange de titrisation de dettes et de levirisation (c), par lintermdiaire de cration de produits drivs (CDO, CDx, ABx) les banques peuvent crer autant de monnaie quelles veulent (sans contrepartie de rserves obligatoire vu que les SIV (dettes titrises ) sont sorties du bilan de la banque. Par exemple: 1) Une banque Z prte une somme X Mr Y pour lachat dune maison. 2) Elle cre une SIV dont les revenus sont bass sur les remboursements des emprunts immobiliers. 3) Mr Y sollicite un prt auprs de la banque Z pour ses besoins personnels, en gageant ce prt sur la valeur de sa maison dont le prix est (tait) suppos monter indfiniment. ==> on a ainsi une premire multiplication des petits pains 4) rptons cette opration (avec effet de levier 2, 3, x fois ; CDO, CDO de CDO, CDO de CDO de CDO ., ajoutons y chaque fois un effet de levier de 3 (par exemple) et on arrive la merveille des merveilles qui est le systme actuel de crdit o on se retrouve avec de lordre de 500 000 milliards de produits drivs devenus non ngociables, car reposant sur la base trique de la dette des pauvres qui ne peuvent plus payer. Merci de me corriger si je nai rien compris. 7. Paul Jorion dit : 8 fvrier 2008 14:12 Tout de suite une correction en rponse Cuzzucoli Eric. Oui, les banques mettent des certificats de dpt , plutt que des Billets de Trsorerie : une pure distraction de ma part et je corrige dans le texte. Pour le reste, il semble que jaie lev un livre avec cette question de l effet multiplicateur de la monnaie scripturale . Comme vous le savez, je suis anthropologue et sociologue de formation et je nai pas appris la finance dans les livres mais sur le tas. Bien sr durant ces dix huit annes, jai lu un nombre considrable de livres de finance mais je ne les ai jamais lus pour valuer ma pratique : cest au contraire partir de celleci que jai pu juger les livres (javais procd de la mme manire auparavant en Intelligence Artificielle). Cest ce qui sest pass pour l effet multiplicateur de la monnaie scripturale : jai travaill dans des tablissements bancaires o lon se donnait beaucoup de peine pour trouver largent prter aux consommateurs. Vu la culture de ces entreprises, oriente vers la rentabilit, si lon avait pu crer de largent par des oprations comptables, croyezmoi, on naurait gure hsit ! Jai ensuite examin les exemples que lon vous propose pour prouver l effet multiplicateur de la monnaie scripturale et la plupart contiennent des erreurs de logique lmentaire ou gnralisent abusivement des cas particuliers. Ainsi dans lexemple que jai offert en commentaire : il faut que le dposant mette largent quil a emprunt sur son propre compte pour que de largent soit cr , etc. Ceci dit, beaucoup de bonnes questions et dexcellents commentaires sur lesquels jaurai revenir. 8. Dilbert dit :

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8 fvrier 2008 21:58 Les banques crent bien de largent par des oprations comptables, avec comme seule limite les rserves obligatoires. Une banque o jai travaill avait quelques milliards de fonds propres et des encours de crdits au-del de 100 milliards. La cration montaire est une ralit. Ce nest pas un mal pour autant. Quand le crdit est rembours, la monnaie cre est dtruite. Je vous invite lire ceci. 9. Armand dit : 8 fvrier 2008 22:26 Si, Mr Jorion, les banques crent de la monnaie. Cest la monnaie scripturale ( ce qui est crit ) qui nexiste que sous forme lectronique, celle qui figure sur les relevs de compte de ses clients. Les banques centrales (BC), premier tage de cette escroquerie pyramidale, crent de la monnaie centrale qui existe sous deux formes : - la monnaie fiduciaire, seule avoir cours lgal, reprsente par les billets et pices que nous avons en poche ou que nous dposons la banque et que cette dernire garde trs prcieusement. - la monnaie centrale lectronique qui nexiste que dans la mmoire de lordinateur de la BC et est affecte ses banques de premier niveau (les primary dealers de la FED). Cette forme lectronique prsente lavantage de pouvoir tre cre et dtruite instantanment et peu de frais. Cette cration (destruction) de monnaie centrale lectronique est essentiellement ralise en contrepartie des TOMO, que le grand public connait dsormais par les expressions urbaines dinjecter (ponger) des liquidits ; en gros la banque dpose en garantie un avoir de grande qualit (p.ex. des bons du trsor nots triple-A), quelle sengage reprendre lissue du prt (de 1 14 jours en gnral, mais parfois jusqu 3 mois, comme en cette priode trouble) et la BC crdite le compte de cette banque en monnaie centrale ainsi cre ex-nihilo. Le prt porte sur pourcentage de la garantie offerte, selon sa qualit. A lissue, la banque rembourse la BC, avec lintrt convenu (le fameux taux descompte que fixe la BC ou un taux ngoci lors dappels doffres ), et la BC lui restitue sa garantie. Cest une classique opration descompte. A partir de la monnaie centrale quelles contrlent (sous forme lectronique son compte la BC, ou en stock via les dpts de ses clients) ces banques de premier niveau peuvent crer autant de monnaie bancaire que leur permet le coefficient de rserves obligatoires fix par la BC. Ce coefficient dont on (= les mdias) ne parle jamais est pourtant bien plus important que le taux descompte ou que ce fameux taux montaire dont les mmes on nous rebattent les oreilles (sans mme prciser quil ne sagit que dun objectif que la BC va essayer dimposer sur le march montaire de par ses interventions, mais quelle ne peut pas fixer !) En accordant un prt, la banque cre son tour, ex-nihilo, de la monnaie bancaire lectronique qui sappelle euro, dollar ou pesos mais qui nexiste pas. Ou plutt, elle nen possde sous forme matrielle (billets) que ce pourcentage. Prenons un exemple. Mr M vend, pour 100 kE, une maison Melle Z et tous deux ont un compte la banque Q. Q accorde 100 kE de prt Z. Pour cela il suffit que Q ait encore 8 kE de rserves en monnaie centrale non utilise ou quelle les emprunte chez ses consoeurs sur le march montaire ou, plus cher, la BC au guichet descompte. Alors, toutes choses gales par ailleurs, Z une maison nantie par Q et un compte -100 chez Q ; M un compte +100 chez Q ; Q est en quilibre *comptable* avec un compte +100 et un autre -100. Financirement et bancairement la situation de Q est fort diffrente : M peut tout instant retirer ses 100 tandis que Q ne peut pas les exiger de Z (qui se contentera de rembourser selon lchancier prvu). Q a pour seule obligation davoir, mettons, 8 en petites coupures usages ; pas 100 !

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Cest le deuxime tage de lescroquerie pyramidale. Avec un coefficient de 8% (pour reprendre celui de Ble II qui concerne les fonds propres minimaux quune banque doit avoir par rapport tous ses engagements) une banque peut donc crer 12 fois plus de monnaie bancaire quelle na de monnaie centrale ! Ca semble fou ? en ralit cest pire, bien pire ; aux USA que vous semblez bien connatre, on trouve du 2% ! un effet de levier de 50 ; enfoncs les hedge funds avec leur misrable fois-15. Comment est-ce possible ? et bien ce taux de rserve dpend de la nature du dpt. Il est trs important sur les comptes vue (puisque, par dfinition, le client peut en demander tout le solde tout moment). Les banques US ont trouv la parade : le sweep. Elles proposent au client de rmunrer son compte, ce quil accepte videmment. Mais il ne comprend pas que deux choses se passent alors : (1) la banque met cet argent sur un compte miroir et peut alors utiliser presque toute cette monnaie avec un beaucoup plus gros effet de levier et (2) cest le client qui assume le risque du placement montaire (et on a vu cet t ce quil en tait de la scurit associe). Merci Greenspan, JPM et Clinton, circa 1999 (abolition du Glass-Steagall Act ) Conclusion intermdiaire : dans un systme bancaire rserves fractionnaires toute banque est en permanence en faillite potentielle !!! Il suffit quune partie seulement des M dcident de retirer leurs avoirs (en espces donc, cest-dire en monnaie fiduciaire). Si les M de la LCR ou de la CGT comprenaient, ils pourraient dtruire le systme, et ce, de faon lgale ! Cest ce qui sappelle un bank run . On la vu avec Nothern Rock. Les banques comptent sur les statistiques, la loi des grands nombres. Or en cas de crise ces modles sont inoprants. On se retrouve hors de lenveloppe de vol . Cest ce qui menace aujourdhui. La quantit de monnaie bancaire est estime par lagrgat M3, comparer avec M1 qui contient la monnaie fiduciaire Le troisime tage de cette escroquerie pyramidale est constitu des autres banques non clientes de la BC et des autres organismes financiers (crdit la consommation p.ex.). Question : quelle diffrence relle entre un taux montaire inchang 4% ou en hausse 4.25%. Que se passerait-il si, la place -ou en complment- de cette hausse, la BC remontait le coefficient des rserves obligatoires ? Indice : regarder ce qui se passe en Chine depuis un an. La banque nationale (pas centrale) chinoise augmente ce coefficient qui est 15.5% maintenant (en fait elle sen sert pour striliser les USpesos sur-numraires de ses importeurs). Question : Si les CDO et autres ABS triple-A que la FED accepte sont dgrads par les agences de notation, comment les banques US pourront-elles se refinancer ? on comprend lenjeu vital de sauver les monolines. Quizz : (pour voir si le lecteur a bien compris) quelle diffrence entre un billet de 100 , un relev de compte avec solde de 100 , un chquier, une carte bancaire ? - le billet a cours lgal. De part la loi, nul ne peut le refuser, cest ce qui lui donne sa force. Cest un contrat juridique au porteur et quon peut donc transmettre librement. Cest une promesse quon reoit en change dun bien ou dun service (son salaire p.ex.) et quon pourra plus tard utiliser pour consommer un bien ou un service. Sauf que cette promesse se dvalue du fait de linflation. Cest une promesse mensongre. - le relev est une promesse bancaire de remettre vue la promesse mensongre prcdente. Du fait du coefficent de rserve factionnaire, on peut dire que cette promesse bancaire est elle aussi mensongre et, en plus, intenable. - le chque, qui na pas cours lgal et que chacun peut refuser (sauf exceptions prvues par la loi, seuil des 3 000 , salaire) est un moyen de transmettre la promesse bancaire mensongre et intenable autrui. Mais cest gratuit.

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- la carte bancaire est aussi un moyen de refiler la patate chaude un tiers. Mais cest payant annuellement, a trace o et quand a eu lieu la transaction et mme en quoi elle consistait. Pour conclure ce mot de Henry Ford, au dbut du 20me sicle, alors que la FED venait dtre cre (1913) : si le peuple comprennait comment fonctionne la monnaie fiduciaire et le systme bancaire rserves fractionnaires, il y aurait une rvolution avant demain matin . Votez Ron PAUL. 10. Armand dit : 9 fvrier 2008 00:01 Le mcanisme de multiplication dcrit dans le lien Europe2020 nest pas valable. En effet la monnaie bancaire (lectronique et virtuelle) de 9 000 cre par One par multiplication de sa monnaie centrale 1 000, ne peut pas tre multiplie son tour. Le coefficient de rserves fractionnaires ne sapplique quaux avoirs en monnaie centrale. Lorsque tout ou partie de ces 9 000 en monnaie bancaire sont transmis (en paiement) la banque Two, alors le mcanisme de compensation interbancaire (chaque soir) fait que One doit remettre 9 000 en monnaie CENTRALE (et non pas bancaire) Two. Ce quelle ne peut videmment pas faire : elle est en faillite ; En pratique, vu les rserves en monnaie centrale de ces banques et la masse de toutes les oprations, il y aura aussi des paiements de Two One ; seuls les soldes sont compenser. Les banques en dficit de monnaie centrale devront sen procurer pour conserver ce coefficient de 9 tandis que dautres seront laise et pourront prter aux banques en manque , moyennant garantie via le march interbancaire (sauf si les garanties tant supposes douteuses, ce march ne fonctionne plus). Cest pourquoi votre banquier essaie de vous domicilier lorsquil vous prte : il a intrt conserver le maximum de votre monnaie centrale pour continuer son business, plutt que de devoir la refiler ses concurrents. Dit dune autre manire : ce coefficient sapplique lensemble de la monnaie centrale par rapport lensemble de la monnaie bancaire. Et compte tenu de ce que ce coefficient dpend galement du type de compte (courant, livret, pargne, placement, ) Toute lastuce diabolique, au sens premier, des banques US a t de transfrer cette monnaie centrale l o elle ntait soumise qu un faible coefficient, voire aucune limite ! Dailleurs, leurs fonds propres nont cess de diminuer tandis quaugmentait leurs encours ! Le vritable hedge fund fort levier en dconfiture est le systme bancaire US. Cest pourquoi je pense que la FED est en mode panique. 11. Armand dit : 9 fvrier 2008 00:50 Un peu de lecture : http://www.hussmanfunds.com/wmc/wmc071204.htm (et ses archives) Cet auteur, gestionaire de fonds, dmonte ces mcanismes (avec des liens vers la FED), notamment le buzz lamentable des mdias grand-public sur linjection record de liquidits de la BCE cet t : un pet habituel, juste 2% ou 3% de plus quen 2006 car stait bien du vent, ses liquidits ayant t ponges dans la foule. Pour les miracles (mirages !) de la BCE, voir ici : http://www.pro-at.com/analyse-bourse/technique-Desperate-Central-Banks-3-7807.html (et

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les archives de cet auteur) Sur M3 reconstitu (aprs que la FED en et suspendu la publication car trop coteux et / ou inutile ) comme proxy de leffet de levier de la finance US (et de la catastrophe qui risque de se produire) : http://www.nowandfutures.com/key_stats.html http://www.shadowstats.com/alternate_data Dans lEuroland on en est 12% pour M3 (contre un objectif de 4.5% que ctait autoassign la BCE et dont elle ne parle curieusement plus). On convient que linflation peut-tre estime par M3 - PIB_non_dflat, cest--dire quantit de monnaie disponible (essentiellement bancaire sous forme virtuelle donc) moins quantit de richesses produites. En effet, cette monnaie peut tre, et est, utilise pour acheter des biens ou services. Sil y a 12% de monnaie en plus pour seulement 3% de richesse en plus alors les prix augmentent denviron 9%. Linflation est un phnomne essentiellement montaire. Evidemment les prix naugmentent pas de faon homogne ; ceux qui sont la source de cette monnaie virtuelle la dirigent en prenant leur commission. Do les bulles successives dans les diffrentes classes dactifs ; mais les BC nutilisent pas ces prix-l pour leur objectif dinflation seul compte pour elles le sous-ensemble des prix la consommation qui est sous contrle disent-elles. Mais quand les prix la consommation drapent leur tour (ils sont en avant-dernire position dans la chane de propagation), cest trop tard. La BC entonne alors son air clbre de on va lutter contre linflation de deuxime tour cest--dire contre laugmentation des salaires, le prix du travail, le dernier maillon de la chane inflationiste. 12. E. de Moustier dit : 11 fvrier 2008 21:27 Je pense que lauteur du blog devrait faire remonter en premire ligne les commentaires dArmand et se mettre jour. La seule remarque que lon pourrait faire Armand est relative la nature juridique de la monnaie qui mon sens nest plus un contrat (depuis la perte de tout talon) et dont la valeur outre le paramtre inflation est fluctuante en fonction des systmes montaires et des marchs. Je confirme en tant quavocat, que les encours ne sont couverts que par des rserves ridicules, et que ce principe est mis en chec pour ce qui concerne les engagements hors bilan, notamment les produits drivs, lorsque (officiellement), ils servent de couverture. Une grosse partie des ngociations lors des accords de Ble tait de savoir justement ce qui tait mis dans les engagements hors bilan. En outre, au-del de la cration de monnaie scripturale dans le cadre de prts, il existe galement beaucoup dengagements bancaires imposs par la loi et qui mon avis se retrouvent le plus souvent hors bilan. Je pense toutes ces cautions obligatoires imposes des professionnels auprs dtablissements financiers : cautions de sous-traitants et garantie dachvement dans le secteur immobilier., caution dactivits rglementes tel le placement de salaris.. Je note un trs fort lobbying bancaire : - tant au niveau des lois, je pense essentiellement un article venu dans la loi de sauvegarde des entreprises, nous expliquer que le banquier nest plus responsable du crdit quil octroie

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- quau niveau des juridictions (ne pas oublier que dans chaque tribunal de commerce sigent des salaris de banques.) Le systme du crdit tel que conu ne peut prosprer quavec une forte croissance relle, et non pas sur des bulles successives.. entretenues dessein. Rikki34 13. Paul Jorion dit : 11 fvrier 2008 23:39 A E. de Moustier A propos de Je pense que lauteur du blog devrait faire remonter en premire ligne les commentaires dArmand et se mettre jour . Vous avez d voir que ce fut fait ds le lendemain. Dautre correspondants - eux aussi bien informs - se demandent si je nai pas fait trop rapidement machinearrire. Ainsi un message ce matin : lvolution de le crise renforce en fait ce que tu me disais lt dernier que les banques sont en gros soumises aux mme contraintes que les autres types dentreprises. Si elles ne ltaient pas, lorsquelles subissent des pertes comme CityGroup ou la Socit Gnrale, il leur suffirait de crer davantage dargent pour combler le trou. La cration dargent a donc manifestement des limites . 14. rikki34 dit : 12 fvrier 2008 10:26 Je me permets une rponse rapide, tant occup ces jours-ci. En ralit, la cration montaire est un sujet trs intressant qui varie selon la permissivit des lgislations, je vais essayer de vous trouver de la documentation juridique, normes comptables, et extraits des traits de Ble, tudis il y a plus de 10 ans la fac. Je vous conseille en attendant sur le sujet, les excellentes notes et posts de DENISSTO sur boursorama. Les deux affirmations : - cration de masse montaire dans le cadre des prts - et normes comptables strictes pour les banques ne sont pas incompatibles et se compltent au contraire. Ainsi il nexiste pas un ratio, mais des dizaines qui imposent aux banques que leurs encours soient garantis : - ratio par rapport aux fonds propres - ratio par rapport aux liquidits (notamment les dpts) - ratio par rapport certains actifs en fonction de leur notation, - la dure des encours est galement prise en considration.. Il existe donc un coefficient multiplicateur permettant aux banques de prter plus que ce quelles ont effectivement en Trsorerie. Il en dcoule corrlativement une comptabilit trs spcifique et particulirement exigeante. Ainsi pour prter et pour garantir les encours, la banque doit justifier, dun certain niveau de : - fonds propres, - liquidits,

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- et dactifs. Si du fait de pertes les fonds propres diminuent ou que des actifs se dprcient, la banque doit recapitaliser car non seulement elle ne peut plus offrir les garanties lgales pour les prts anciens, mais elle na plus le droit de prter mme des gens solvables. Do les besoins actuels de SG et des autres banques exposes (City Group, Morgan.) La cration montaire est limite la simple offre de crdits (ce qui est dj pas mal) et a des corollaires trs exigeants, la banque ne peut pas crer de la monnaie, pour saupoudrer ses bilans (en ce sens vous avez raison), en revanche lgalement elle peut prter plus quelle na. Historiquement cette permissivit au niveau des crdits remonte effectivement Guillaume dOrange et la cration de la Banque dAngleterre. Sur le plan de la stricte monnaie scripturale, les effets de commerce qui remontent en occident au moyen age, avaient dj comme effet de permettre une mobilisation de monnaie (lgrement) suprieure aux rserves or. Courtoises salutations, Et merci pour votre blog qui donne loccasion dchanger (sans censure).. 15. Alain P. dit : 13 fvrier 2008 09:17 Si les banques crent bien de la monnaie, ou tout au moins son quivalent, avec les crdits de toute sorte commencer par votre carte bleue dbit diffr. Et certaines banques centrales comme par exemple la FED en ont tellement conscience quelles ne publient plus le M3. voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Masse_mon%C3%A9taire Significatif, non ? Et si rien de trs fort nest fait dici peu je crains que nous ne soyons obligs de revenir une sorte de convertibilit physique. On a vraiment t trop loin dans la folie montaire pour sen sortir indemne avec juste une petite perte de 30 ou 40 % Rflchissez dj aux valorisations boursires, croyez-vous que le systme actuel, qui chiffre la valeur dun titre sur la base des changes dune journe, souvent moins de 0,0 quelquechose %, soit raisonnable ? Rajoutez l dessus les drivs, et vous aurez peut-tre froid dans le dos comme moi lorsque je consulte la valorisation de mon compte. 16. Dani dit : 13 fvrier 2008 12:57 Paul Jorion : A propos de : Dautre correspondants - eux aussi bien informs - se demandent si je nai pas fait trop rapidement machinearrire. Ainsi un message ce matin : lvolution de le crise renforce en fait ce que tu me disais lt dernier que les banques sont en gros soumises aux mme contraintes que les autres types dentreprises. Si elles ne ltaient pas, lorsquelles subissent des pertes comme CityGroup ou la Socit Gnrale, il leur suffirait de crer davantage dargent pour combler le trou. La cration dargent a donc manifestement des limites . Les banques peuvent bien sr crer de la monnaie, mais dans certaines limites, comme lexplique notamment Rikki34. or, quand elles font de grosses pertes, elles ont de la peine tenir les ratios auxquelles elles sont censes se soumettre. Cest ce moment-l que la liquidit devient terriblement prcieuse et que les banques la gardent jalousement, tout en limitant trs

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strictement les crdits. Cest aussi ce moment-l que la banque centrale est tente dintervenir pour redonner de la liquidit. Dune certaine manire, indirectement, on peut dire que la banque centrale matrise grosso modo la quantit totale de monnaie en circulation (fiduciaire + scripturale), mais que ce sont les banques commerciales qui vont pouvoir dcider qui va bnficier lmission montaire, qui pourra utiliser de la monnaie. Ce systme de monnaie deux tages est suffisamment trange pour devenir difficile concevoir. Les banques peuvent multiplier dun certain facteur la masse montaire initialement mise par la banque centrale, mais pas plus. Et il faut ajouter que les banques ont notamment pour tche de transformer du crdit court terme en crdit long terme. Cela me semble un des lments importants. Peut-tre ne faudrait-il pas dire que les banques commerciales crent de la monnaie, mais quelles multiplient de la monnaie dj existanteun peu comme Jsus. 17. guillaume dit : 13 fvrier 2008 18:27 1) le systme montaire actuel, une arnaque institutionnalise ou une thorie conspirationiste ? En clair, est-il possible que des phnomnes conjoncturels et systmiques comme linflation ou les dettes nationales ne soient pas invitables. Largent dirige le monde qui dirige largent et comment ? Si il est vrai que le systme actuel est dune complexit inoue, il est possible et je vous conseille dy consacrer le temps - dtudier sa construction ; particulirement celle du systme montaire US, car le dbat relatif au fonctionnement de la monnaie y est plus prsent dans lhistoire connu du public que sur lancien continent. Dans un premier temps je propose chacun de visualiser une vido disponible sur alterinfo : Je mexcuse par avance du ton et du montage (bien lAmricaine) mais je nai pas encore russi rfuter un seul des arguments prsents (et serais heureux de connatre vos critiques). Pour ceux que le dbat intrigue, je vous propose trois sites qui se sont penchs sur la question, si le point de vue est explicite, la valeur de largumentation et les questions souleves me semblent pertinentes et mritent une analyse et une mise lpreuve srieuse, lenjeu tant de taille. A- Le site des faux monnayeurs, particulirement accessible des non-spcialistes, possde de mon point de vue quelques approximations simplificatrices mais le raisonnement est intressant particulirement en ce qui concerne le sujet polmique- de la dette nationale (Cf PS2 en bas du post). A prciser : la mise en perspective historique me parait plus lgre que celle des sites suivant Par essence, la cration montaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je nhsite pas le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement rprime par la loi. Concrtement elle aboutit aux mmes rsultats. La seule diffrence est que ceux qui en profitent sont diffrents La crise mondiale aujourdhui, Maurice Allais, Prix Nobel de Sciences conomiques 1988. Ed.

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Clment Juglar 1999. Je prcise au passage lintrt de savoir comprendre larticle 104 du trait de Maastricht, qui mon sens rend institutionnel le monople des banques sur lmission montaire, ds lors les tats ne peuvent plus crer de monnaie, ils peuvent tout au plus mettre des reconnaissances de dettes sur de largent dj en circulation B- le site du journal Vers demain Dorigine catholique, aucun proslytisme de ma part mais comme les Textes interdisent lusure, les catholiques ainsi que le tiers ordre dnoncent depuis longtemps ce qui au 18 et 19e tait une pratique qui sest institutionnalise durant le 20e sicle. Particulirement intressant : Chapitre 49 - Lhistoire du contrle bancaire aux Etats-Unis (Article dAlain Pilote, paru dans Vers Demain de juillet-aot 1985.) C- Le blog de Dicarno Un blog dconomie, voir, en particulier pour lhistoire de la cration de la rserve fdrale (page 3 partie 1 en dessous de la partie 2) beaucoup de matire, une bibliographie assez complte 18. guillaume dit : 13 fvrier 2008 18:29 2) En quoi ces points de dbats sont dactualit mon sens : Cette perception de lhistoire montaire et financire laisse envisager une ralit alarmante, la possibilit que des acteurs au sommet de loligarchie financire organisent volontairement des crises conomiques pour imposer de nouvelles rgles, toujours plus en leur faveur. Des crises qui bien souvent se traduisent par un appauvrissement massif des citoyens, les grands initis stant retirs temps de la partie. Aujourdhui lconomie traverse des turbulences pour le moins inquitantes et lon assiste un dbat public bas sur un paradoxe : - les fondamentaux sont sains, les marchs doivent sauto-corriger, les acteurs sont prudents mais optimistes - en mme temps, il est voqu la possible ncessit dune refonte globale du systme international Comme jai mauvais esprit, je me dis que pour des raisons qui leurs sont propres les patrons du systme souhaitent laisser seffondrer le systme, en causant les dsordres que lon imagine (conomique et gopolitique) afin de proposer un nouveau systme globalis qui consacrera leur pouvoir Par exemple, une monnaie unique, pourquoi pas lectronique, au fonctionnement centralis et indpendant dont chaque citoyen serait dpendant Jentends dj les louanges : Monnaie unique pour quil ny ai plus de spculation sur le march des changes lectronique pour radiquer les trafics de drogues par exemple Je ne serais pas tonn que cette ide soit porte autant par des alter mondialistes que par lexcutif sarkozyste. Non, excusez moi, je dois tre victime de la dsinformation conspirationniste. Mais sil vous plait, ne rfutez pas ces raisonnements par un si ctait vrai, a se saurait .

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Amicalement guillaume PS1 :CONSTITUTION DES TATS-UNIS DAMRIQUE Article I Section 8. Le Congrs aura le pouvoir : De lever et de percevoir des taxes, droits, impts et excises, de payer les dettes et pourvoir la dfense commune et la prosprit gnrale des tats-Unis ; mais les dits droits, impts et excises seront uniformes dans toute ltendue des tats-Unis ; De faire des emprunts sur le crdit des tats-Unis ; De rglementer le commerce avec les nations trangres, entre les divers tats, et avec les tribus indiennes ; Dtablir une rgle uniforme de naturalisation et des lois uniformes au sujet des faillites applicables dans toute ltendue des tats-Unis ; De battre monnaie, den dterminer la valeur et celle de la monnaie trangre, et de fixer ltalon des poids et mesures Cherchez les liens entre le Congrs et la reserve fderaleOn sait que en 1942, la Federal Reserve Bank de New York fut le lieu des runions secrtes entre les tats-majors britannique, sovitique et amricain, afin de mener la guerre contre lAllemagne nazie et lItalie. En mai 1943, le Premier ministre britannique Winston Churchill et le Prsident amricain Roosevelt sy sont retrouvs. (Mme wikipedia le dit ) POURQUOI SE SONT ILS RETROUVE DANS CE LIEU, QUI EST UN ORGANISME FINANCIER PRIVE, pour dcider du sort du monde et pas dans un lieu public (du gouvernement jattends). Quand on sait que suite aux accords de Bretton Wood sign en 1944 le dollar est devenue la monnaie internationale de rfrence, on est en droit de se poser des questions PS2, mettre en lien avec larnaque de la dette nationale , saviez vous que : Le rle du Comit stratgique est en particulier de donner sa lecture propre des principes qui gouvernent la politique dmission de ltat et la gestion de sa trsorerie, qui en sont les membres ? Rponse : ici. PS3 Pour corroborer ce que Armand a dit (Armand dit :9 fvrier 2008 09:06 am) sur la position de Ron Paul en ce qui concerne la reserve fderale : En 2002 Mr Paul candidat aux lections de 2008 a propos labolition de la Fed : Congressman Ron Paul U.S. House of Representatives September 10, 2002 ABOLISH THE FEDERAL RESERVE Mr. Speaker, I rise to introduce legislation to restore financial stability to America s economy by abolishing the Federal Reserve. I also ask unanimous consent to insert the attached article by Lew Rockwell, president of the Ludwig Von Mises Institute, which explains the benefits of abolishing the Fed and restoring the gold standard, into the record. Since the creation of the Federal Reserve, middle and working-class Americans have been victimized by a boom-and-bust monetary policy. In addition, most Americans have suffered a steadily eroding purchasing power because of the Federal Reserves inflationary policies. This represents a real, if hidden, tax imposed on the American people. (.) In conclusion, Mr. Speaker, I urge my colleagues to stand up for working Americans by putting an end to the manipulation of the money supply which erodes Americans standard of living, enlarges big government, and enriches well-connected elites, by cosponsoring my legislation to abolish the Federal Reserve

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(texte source) PS4 Un livre lire pour faire le lien avec la ralit : Le grand bond en arrire de Serge Halimi (monde diplomatique) qui montre comment lordre libral sest impos au monde. 19. Armand dit : 14 fvrier 2008 08:18 @dani : le systme tient effectivement du miracle biblique de la multiplication des petits pains. Tant que les fidles ne se posent pas trop de questions, cest--dire croient plutt que pensent a passe, modulo quelque crises qui peuvent toujours tre mises au compte du hasard, pas de chance, quelques traders fous, des botes noires mal programmes, etc On peut tout aussi bien efectivement considrer que le systme bancaire ne cre pas dargent P. Jorion va ainsi pouvoir ouvrir une nouvelle file : il promet seulement de le faire via les relevs bancaires portant monnaie scripturale , cest--dire en sengageant remettre, vue, cette quantit de monnaie fiduciaire centrale ayant cours lgal . Et il sagit dune promesse mensongre et intenable du fait du systme des rserves fractionnaires, comme expliqu plus haut. On remarquera que mme avec un ratio de rserves 100% les banques seraient toujours en tat permanent de faillite potentielle. En effet, empruntant court pour prter long , elles se trouveraient toujours en risque de devoir faire face court terme des obligations quelles ne peuvent assurer qu plus long terme. 20. Gilbert Rachmuhl dit : 14 fvrier 2008 18:09 Je vous rappelle que le soi-disant prix Nobel dconomie nexiste que par un abus dommageable de langage. En effet cest la Banque de Sude qui a cr ce prix et, en lappelant prix dconomie en lhonneur dAlfred Nobel, a initi volontairement cette confusion entre les vritables prix Nobel (Paix, Littrature, Chimie, Mdecine) et son prix dconomie. Le fait que ce soit une institution bancaire lorigine du prix laisse suspecter un aspect subjectif dans lattribution du prix quon voit difficilement attribu un conomiste au discours en opposition avec celui du monde de la finance. Continuer soutenir cette confusion me parat pour le moins malhonnte. 21. guillaume dit : 14 fvrier 2008 19:37 A Gilbert, Le fait que ce soit une institution bancaire lorigine du prix laisse suspecter un aspect subjectif dans lattribution du prix quon voit difficilement attribu un conomiste au discours en opposition avec celui du monde de la finance. Dans le cas de M. Allais il y a quand mme une petite divergence danalyse au sujet de la cration montaire bancaire. Ce qui ne veut pas dire que la remarque nest pas pertinente pour autant. Par essence, la cration montaire ex nihilo que pratiquent les banques est semblable, je nhsite pas le dire pour que les gens comprennent bien ce qui est en jeu ici, la fabrication de monnaie par des faux-monnayeurs, si justement rprime par la loi. Concrtement elle aboutit aux mmes rsultats. La seule diffrence est que

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ceux qui en profitent sont diffrents . La crise mondiale aujourdhui, Maurice Allais, Prix Nobel de Sciences conomiques 1988. Ed. Clment Juglar 1999. 22. Blog de Paul Jorion Le scandale des banques qui crent de largent ? dit : 16 fvrier 2008 19:19 [...] Dans un premier temps, jcris dans Le scandale des banques qui crent de largent : cette proposition est fausse : les banques commerciales ne crent pas dargent . De nombreuses ractions. Je suis dsaronn, par largumentation dArmand en particulier : Si, Mr Jorion, les banques crent de la monnaie. Cest la monnaie scripturale (ce qui est crit) qui nexiste que sous forme lectronique, celle qui figure sur les relevs de compte de ses clients . [...] 23. Blog de Paul Jorion La cration de la monnaie et nous dit : 5 juin 2008 02:34 [...] pas o je mettais les pieds quand, le 7 fvrier, dans mon premier billet consacr la monnaie Le scandale des banques qui crent de largent je remettais en question la notion de cration ex nihilo de monnaie par les banques [...]

24. Simon laflamme dit :23 juin 2008 23:24 Une chose est sre, largent doit bien natre quelque part. Le fait de monnayer un actif immobilier ou dmettre un crdit en change dobligation du G, mme si temporaire, reste de la cration dargent. Lintrt demand dpasse alors du 100%, sans oublier le pouvoir de dcision sur la production. Une page intressante (de moi) menant vers dautres liens, comme le reflux bancaire. 25. Vincent Lannoye dit :25 juin 2008 06:13

Si Monsieur Jorion. Comme le dit justement Armand, les banques sont autorises crer de largent par des prts aux particuliers (mais pas question pour le banquier de se prter luimme). Mcanisme : si la banque a 10 euros en compte de dpt, ds lors elle est autorise par la BCE a inscrire 100 euros dans un compte de crdit accord un particulier ou une entreprise. Cration montaire : 90 euros !!! Tout a est bien sr trs rglement. Dailleurs, la rglementation du crdit hypothcaire est en pleine revision. Lauriez-vous cru ? Pour info, chaque fois que vous tirez sur votre carte de crdit, vous crez de la monnaie par le mme mcanisme. videmment, ce mcanisme est le rsultat quasi involontaire de 5000 dHistoire de monnaie et de banque.

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Salutations, Vincent. 26. Vincent Lannoye dit :25 juin 2008 06:17

Cest donc bien vous et moi qui crons de la monnaie par lintermdiaire des banques. La cration montaire a t transfre de ltat vers les particuliers et les entreprises. Vincent.

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08 02 2008 Le scandale des banques qui crent - effectivement - de largentPubli par Paul Jorion dans Economie, Monde financier, Monnaie

Mea culpa ! Vous mavez convaincu que je me suis tromp : si des intrts sont bien perus sur de sommes cres de manire ad hoc par les banques commerciales mme si cellesci sont neutralises ensuite il y a bien cration dargent ex nihilo. Comme le dit alors trs justement Armand dans son commentaire au billet prcdent : A partir de la monnaie centrale quelles contrlent (sous forme lectronique son compte la Banque Centrale, ou en stock via les dpts de ses clients) ces banques de premier niveau peuvent crer autant de monnaie bancaire que leur permet le coefficient de rserves obligatoires fix par la BC. Ce coefficient dont on (= les mdias) ne parle jamais est pourtant bien plus important que le taux descompte ou que ce fameux taux montaire dont les mmes on nous rebattent les oreilles (sans mme prciser quil ne sagit que dun objectif que la BC va essayer dimposer sur le march montaire de par ses interventions, mais quelle ne peut pas fixer !) Dsol de vous avoir induit en erreur et je pense surtout ceux qui nauront vu que mon billet prcdent, mais on apprend tous les jours moi y compris ! Ce que je vous propose de faire, cest de mettre en exergue le commentaire dArmand puisquil est trs complet, et quon redmarre partir de l : sil se trompe, dites-le nous, cest de cette manire que progresse le savoir. Merci aussi tous les autres pour leur contribution au dbat ! Voici le texte dArmand in extenso (y compris son appel voter pour Ron Paul libert de la presse avant tout !) Si, Mr Jorion, les banques crent de la monnaie. Cest la monnaie scripturale ( ce qui est crit ) qui nexiste que sous forme lectronique, celle qui figure sur les relevs de compte de ses clients. Les banques centrales (BC), premier tage de cette escroquerie pyramidale, crent de la monnaie centrale qui existe sous deux formes : - la monnaie fiduciaire, seule avoir cours lgal, reprsente par les billets et pices que nous avons en poche ou que nous dposons la banque et que cette dernire garde trs prcieusement. - la monnaie centrale lectronique qui nexiste que dans la mmoire de lordinateur de la BC et est affecte ses banques de premier niveau (les primary dealers de la FED). Cette forme lectronique prsente lavantage de pouvoir tre cre et dtruite instantanment et peu de frais. Cette cration (destruction) de monnaie centrale lectronique est essentiellement ralise en contrepartie des TOMO, que le grand public connait dsormais par les expressions urbaines dinjecter (ponger) des liquidits ; en gros la banque dpose en garantie un avoir de grande qualit (p.ex. des bons du trsor nots triple-A), quelle sengage reprendre lissue du prt (de 1 14 jours en gnral, mais parfois jusqu 3 mois, comme en cette priode trouble) et la BC crdite le compte de cette banque en monnaie centrale ainsi cre ex-nihilo. Le prt porte sur pourcentage de la garantie offerte, selon sa qualit. A lissue, la banque rembourse la BC, avec lintrt convenu (le fameux taux descompte que fixe la BC ou un taux ngoci lors dappels doffres ), et la BC lui restitue sa garantie. Cest une classique opration descompte. A partir de la monnaie centrale quelles contrlent (sous forme lectronique son compte la BC, ou en stock via les dpts de ses clients) ces banques de premier niveau peuvent crer autant de monnaie bancaire que leur permet le coefficient de rserves obligatoires fix par la BC. Ce coefficient dont on (= les mdias) ne parle jamais est pourtant bien plus important que le taux descompte ou que ce fameux taux montaire dont les mmes on nous rebattent les oreilles (sans mme prciser quil ne sagit que dun objectif que la BC va essayer dimposer sur le march montaire de par ses interventions, mais quelle ne peut pas fixer !) En accordant un prt, la banque cre son tour, ex-nihilo, de la monnaie bancaire lectronique qui sappelle euro, dollar ou pesos mais qui nexiste pas. Ou plutt, elle nen possde sous forme

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matrielle (billets) que ce pourcentage. Prenons un exemple. Mr M vend, pour 100 kE, une maison Melle Z et tous deux ont un compte la banque Q. Q accorde 100 kE de prt Z. Pour cela il suffit que Q ait encore 8 kE de rserves en monnaie centrale non utilise ou quelle les emprunte chez ses consoeurs sur le march montaire ou, plus cher, la BC au guichet descompte. Alors, toutes choses gales par ailleurs, Z une maison nantie par Q et un compte -100 chez Q ; M un compte +100 chez Q ; Q est en quilibre *comptable* avec un compte +100 et un autre -100. Financirement et bancairement la situation de Q est fort diffrente : M peut tout instant retirer ses 100 tandis que Q ne peut pas les exiger de Z (qui se contentera de rembourser selon lchancier prvu). Q a pour seule obligation davoir, mettons, 8 en petites coupures usages ; pas 100 ! Cest le deuxime tage de lescroquerie pyramidale. Avec un coefficient de 8% (pour reprendre celui de Ble II qui concerne les fonds propres minimaux quune banque doit avoir par rapport tous ses engagements) une banque peut donc crer 12 fois plus de monnaie bancaire quelle na de monnaie centrale ! Ca semble fou ? en ralit cest pire, bien pire ; aux USA que vous semblez bien connatre, on trouve du 2% ! un effet de levier de 50 ; enfoncs les hedge funds avec leur misrable fois-15. Comment estce possible ? et bien ce taux de rserve dpend de la nature du dpt. Il est trs important sur les comptes vue (puisque, par dfinition, le client peut en demander tout le solde tout moment). Les banques US ont trouv la parade : le sweep. Elles proposent au client de rmunrer son compte, ce quil accepte videmment. Mais il ne comprend pas que deux choses se passent alors : (1) la banque met cet argent sur un compte miroir et peut alors utiliser presque toute cette monnaie avec un beaucoup plus gros effet de levier et (2) cest le client qui assume le risque du placement montaire (et on a vu cet t ce quil en tait de la scurit associe). Merci Greenspan, JPM et Clinton, circa 1999 (abolition du Glass-Steagall Act ). Conclusion intermdiaire : dans un systme bancaire rserves fractionnaires toute banque est en permanence en faillite potentielle !!! Il suffit quune partie seulement des M dcident de retirer leurs avoirs (en espces donc, cest--dire en monnaie fiduciaire). Si les M de la LCR ou de la CGT comprenaient, ils pourraient dtruire le systme, et ce, de faon lgale ! Cest ce qui sappelle un bank run . On la vu avec Nothern Rock. Les banques comptent sur les statistiques, la loi des grands nombres. Or en cas de crise ces modles sont inoprants. On se retrouve hors de lenveloppe de vol . Cest ce qui menace aujourdhui. La quantit de monnaie bancaire est estime par lagrgat M3, comparer avec M1 qui contient la monnaie fiduciaire Le troisime tage de cette escroquerie pyramidale est constitu des autres banques non clientes de la BC et des autres organismes financiers (crdit la consommation p.ex.). Question : quelle diffrence relle entre un taux montaire inchang 4% ou en hausse 4.25%. Que se passerait-il si, la place -ou en complment- de cette hausse, la BC remontait le coefficient des rserves obligatoires ? Indice : regarder ce qui se passe en Chine depuis un an. La banque nationale (pas centrale) chinoise augmente ce coefficient qui est 15.5% maintenant (en fait elle sen sert pour striliser les USpesos sur-numraires de ses importeurs). Question : Si les CDO et autres ABS triple-A que la FED accepte sont dgrads par les agences de notation, comment les banques US pourront-elles se refinancer ? on comprend lenjeu vital de sauver les monolines. Quizz : (pour voir si le lecteur a bien compris) quelle diffrence entre un billet de 100 , un relev de compte avec solde de 100 , un chquier, une carte bancaire ? - le billet a cours lgal. De part la loi, nul ne peut le refuser, cest ce qui lui donne sa force. Cest un contrat juridique au porteur et quon peut donc transmettre librement. Cest une promesse quon

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reoit en change dun bien ou dun service (son salaire p.ex.) et quon pourra plus tard utiliser pour consommer un bien ou un service. Sauf que cette promesse se dvalue du fait de linflation. Cest une promesse mensongre. - le relev est une promesse bancaire de remettre vue la promesse mensongre prcdente. Du fait du coefficent de rserve factionnaire, on peut dire que cette promesse bancaire est elle aussi mensongre et, en plus, intenable. - le chque, qui na pas cours lgal et que chacun peut refuser (sauf exceptions prvues par la loi, seuil des 3 000 , salaire) est un moyen de transmettre la promesse bancaire mensongre et intenable autrui. Mais cest gratuit. - la carte bancaire est aussi un moyen de refiler la patate chaude un tiers. Mais cest payant annuellement, a trace o et quand a eu lieu la transaction et mme en quoi elle consistait. Pour conclure ce mot de Henry Ford, au dbut du 20me sicle, alors que la FED venait dtre cre (1913) : si le peuple comprennait comment fonctionne la monnaie fiduciaire et le systme bancaire rserves fractionnaires, il y aurait une rvolution avant demain matin . Votez Ron PAUL. Ce bulletin a t publi le Vendredi 8 fvrier 2008 23:17 et est class dans Economie, Monde financier, Monnaie Vous pouvez suivre les rponses ce bulletin avec le fil RSS 2.0. Vous pouvez rpondre, ou faire un rtro-lien depuis votre site. 23 rponses Le scandale des banques qui crent - effectivement - de largent 1. JLM dit : 9 fvrier 2008 00:38 Comme je ne connais rien lconomie, mais que le feuilleton mintresse, je suis bien oblig de rflchir avec les moyens du bord, voici o jen suis, sans trop savoir si a fait avancer le shmilblick. Je vais dvelopper une apparence de sophisme, cest--dire dmontrer une chose et son contraire ; le but est de rappeler que la monnaie est bien autre chose quun simple outil au service de lconomie. Voyons les choses de la faon suivante. Soit trois banques, respectivement A, B et C, chacune ayant leur client attitr x, y, et z. La banque A reoit 200 en dpt de x, les banques B et C empruntent A chacune 100 , par la suite, ces mmes banques prtent chacune 100 respectivement y et z. Selon ce schma, il ny a pas cration de valeur, lpargne de x est simplement dplace vers y et x lesquels investissent au total pour 200 . Par contre, nous avons une suite de dettes dont la somme est A>x = 200 B>A = 100 C>A = 100 y>B = 100 z>C = 100

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Soit un total de dettes de 600 En rsum, Les banques daffaires ne crent effectivement pas dargent, de monnaie mais elles crent des dettes et comme les dettes sont tiquetes en valeur monnaie, nous avons limpression subjective que cest une seule et mme chose, il est donc assez normal que la valeur totale des dettes paraisse suprieure la valeur rfrentielle attache aux objets qui auraient pu ou ont t achets pour un total de 200 . La valeur dette dborde largement la valeur argent, et lenchanement des dettes traduit un enchevtrement de relation sociale entirement rapportes lEtat, lequel garantit chacun lassurance que tout se passera bien, quil pourra rembourser ou sera un jour rembours. Il me semble cependant que nous devons encore avancer dun cran, cest--dire admette que la valeur rfrentielle est dj une dette. En clair : mon billet de 100 est une dette du systme global qui me garantit quavec 100 je pourrai acheter quelque chose. Ds lors, curieusement, si jaccepte lide que la monnaie soit dentre de jeu une dette, alors les banques daffaires crent de la monnaie. 2. Armand dit : 9 fvrier 2008 01:23 Cest a, la monnaie bancaire est la contre-partie de dettes ou plutt demprunts. Le vice du systme est que cette monnaie bancaire peut tre retire au guichet sous forme de monnaie centrale fiduciaire, des billets, alors que ceux-ci sont en nombre insuffisant. Et quelle utilise la mme unit, le mme nom. Cela rappelle un billet du matre de ses lieux sur la diffrence entre valeur (trs difficile dfinir et donc mesurer) et prix. Seule la dernire transaction dfinit le prix dune chose, donc besoin marginal de monnaie. Si tous les propritaires de ces choses voulaient vendre pour obtenir de la monnaie, alors les cours (prix) seffondreraient : il y aurait assez de monnaie pour faire face. Mais la reprsentation intellectuelle quils en ont est fausse, leffet richesse ne joue que si peu de personnes cherchent la concrtiser sous forme fiduciaire ; la mauvaise comprhension vient de lamalgame entre prix et valeur qui utilisent les mmes units et pour lesquels lesprit humain ne fait plus la diffrence car en situation statistiquement normale, on peut passer facilement de lun lautre. Mais que survienne un accident et la diffrence se sent, souvent douloureusement. Quant la garantie de lEtat, ce nest que le fait quun gouvernement (en gnral non lu directement !) engage le contribuable, cest--dire socialise la faillite en allant chercher la monnaie dans la poche du contribuable. 3. Armand dit : 9 fvrier 2008 09:06 (A Paul Jorion) Mon votez Ron PAUL est videmment un clin doeil ce congressman , membre des deux commissions bancaire et financire. Lun des trop rares politiciens US comprendre le systme de la FED et les ravages quil cause. Il est bien sr de lcole autrichienne. Ces passes darmes avec A. Greenspan lors des auditions de celui-ci au congrs valent leur pesant de cacahoutes lorsquon sait queux deux seuls comprenaient de quoi ils retournait (et que chacun savait que lautre savait) ; tout a sous les yeux des autres snateurs qui, eux, ny

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comprenaient pas grandchose. Ron PAUL a introduit lanne derire une proposition de loi pour abolir la FED, proposition toujours en attente. Concernant la FED, une chose remarquable pour des juristes : elle a t cre par la loi, possde des actionnaires privs, met une monnaie (centrale) qui, au dbut, portait linscription convertible contre une once dor. Ayant mis plus de billets que nayant dor en stock, elle a vit toute dfaillance en retirant cette mention. Les Amricains, et le monde, se retrouvent dans la situation juridique suivante : une monnaie ayant cours lgal, mais non convertible en or, lactuel USdollar, mais inconstitutionnelle ! En effet la constitution US dispose que seuls ont cours lgal le gold-dollar et le silver-dollar (convertibles vue contre une once de mtal fin). La Cour Suprme na jamais eu se prononcer sur ce problme (ou elle a vit davoir se prononcer). Cest la base de largument de Ron PAUL. Cest le mot de Nathan Rothschild : donnez-moi le contrle de la monnaie dun pays et je me fiche bien de qui le gouverne . 4. JLM dit : 9 fvrier 2008 12:04 Armand je prfre utiliser dette plutt qu emprunt, car la charge affective est plus grande et lobligation de retour y est effectivement inscrite, il faudra payer ! Pour emprunt, lobligation nest encore que potentielle. Le plus amusant dans cette affaire est que nous nous soumettons de bon gr au simulacre de la valeur des dettes bancaires, tout en sachant trs bien que cest un jeu. preuve lorsque les foules se ruent aux guichets pour retirer leur dpt nous savons tous, au fond de nousmme, que cest comme a, mais nous prfrons ne pas y penser En matire de finance, il me semble trs intressant de rflchir sur les retournements dopinion quasi-instantans, non pas tellement sur leffet boule de neige, (jachte parce que tout le monde achte et inversement, je vends parce que tout le monde liquide), mais plutt sur le fait que des mcanismes aussi instables aient justement t choisis comme mode dorganisation de la vie en socit. Dans lide dune constitution conomique, je pense que cest important dexaminer ce genre de point. titre dexemple de retournement voici un sketch You tube propos des banquiers et du subprime; dun coup, les banquiers et leur langage deviennent les boucs missaires, alors que quelques mois auparavant nous avions ador The Long Johns - The Last Laugh - George Parr - Subprime Jusqu un certain degr, lhumour permet de canaliser langoisse des foules, mais jusque quel niveau de dglingue ? Tous le monde ne peut pas investir dans lor pour se dsangoisser ! Se prparer ouvrir le plus largement possible des lieux de refondation de lconomie sur une base constitutionnelle me semble le meilleur moyen de canaliser les peurs et les violences sociales libres par la perte de croyance dans les institutions. Sil est trop tard pour que le vase ne continue de se briser (cf. Jorion, le vase bris sur ce blog), alors tentons au moins dviter le chacun-pour-soi et le retour rgressif dune socialisation la machette et la rcupration des dettes dhonneur, de sang, etc. PS. Le bruit court que les quelques banques prives qui sont derrire la Fed peroivent un intrt pour tout dollar mis par la Fed, ce serait amusant : ltat payerait un intrt son emprunteur, avez-vous des informations sur ce qui nest vraisemblablement quune lgende

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urbaine de plus 5. Armand dit : 9 fvrier 2008 12:07 Le tableau des garanties demandes par la FED pour crer ex-nihilo et temporairement de la monnaie centrale : http://www.frbdiscountwindow.org/discountmargins.pdf On comprend bien comment les banques peuvent se retrouver dans limpossibilit dobtenir de la monnaie centrale pour assumer le ratio de rserves obligatoires ; cest un effet ciseau : davantage de besoin cause des dfaillances de leurs cratures effet de levier (SIV) quelles doivent dsormais rapatrier dans leurs livres de compte, dune part, et, dautre part, perte de notation triple-A des CDO ou autres actifs que la FED est susceptible daccepter. Rajouter cela les problmes (doux euphmisme) suivants : - des cartes de crdit et des drivs qui ont t bti dessus ; - du CRE (Commercial Real Estate = immobilier commercial) qui implose son tour et qui va entrainer les mmes phnomnes que limplosion de limmobilier rsidentiel ; - du walkin away o mme les emprunteurs prime , cest--dire solvables, se rendent compte quils ont intrt laisser les clefs de la maison dans la bote lettre , cest--dire ne plus rembourser lemprunt mme sils en ont les moyens, prfrant que la banque prenne la maison dont le prix est dsormais infrieur au montant du prt. Ces emprunteurs ne risquent pas le reste de leur patrimoine, juste 7 ans dinscription au fichier des faillites et limpossibilit de contracter de nouveaux prts pendant cette dure. Ainsi les banques vont avoir des besoins normes en monnaie centrale A mon avis, ni la FED, ni aucune autre BC, nont le pouvoir de sauver le systme. La seule solution envisageable est dimprimer, rellement, de la monnaie (via les POMO), cest--dire dvaluer les dettes par linflation, i.e. la dvaluer la monnaie. Mais il sagira de ne pas mettre en colre les cranciers trangers (Japon, Chine, Ptro-monarchies), qui rclament du 12 14% pour recycler leurs dollars dans ces banques. Et encore, quand elles en acceptent le risque ! 6. Paul Jorion dit : 9 fvrier 2008 18:50 Philippe Barbrel de ContreInfo me signale deux documents expliquant la logique prsidant la cration dargent par les banques commerciales : un rapport de la Bank for International Settlements Ble et une illustration du mcanisme par la Fed. 7. Dani dit : 9 fvrier 2008 21:23 Ouf. Je viens de lire les 2 posts et tous les commentaires de ce dbat, fort intressant Personnellement, jenseigne depuis une dizaine dannes lconomie des jeunes entre 16 et 20 ans et je leur ai toujours montr le partage des tches entre la Banque Centrale qui met la monnaie fiduciaire et les banques commerciales qui se chargent de la monnaie scripturale. Ce nest donc nullement une surprise pour moi. Au passage, jen profite pour vous gratigner, sans mchancet M. Jorion : il est tout de mme intressant de remarquer que vous tiez suffisamment convaincu quil sagissait dune lgende urbaine pour lafficher de manire affirmative sur votre blog. Or, il en est de mme de nombreuses autres personnes, y compris de pas mal duniversitaires ayant tudi des

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sciences conomiques et/ou sociales. Il y a l un chantier ouvert dinformation dmocratique Je suis citoyen suisse et jen profite donc pour donner quelques faits et chiffres de chez moi. La monnaie fiduciaire compte pour 5,5 % de M3 (chiffres 2007, que je fais calculer mes lves). La Banque nationale suisse, institut dmission, est aussi une Socit anonyme de droit priv et compte des actionnaires privs, aux cts de la majorit du capital-actions qui est dtenue par les cantons. Il est intressant de remarquer que ce contrle par lchelon infrieur du systme fdral a servi garantir depuis sa cration en 1907 lindpendance de la banque centrale vis--vis du pouvoir fdral. Il y a une certaine analogie avec les Etats-unis Par contre, plus tonnant, au prix du march de fin dcembre 2007, la garantie-or du franc suisse fiduciaire atteint 59 % (et atteindrait 118 % si la moiti de la rserve dor navait pas t vendue, notamment sous pression amricaine). Le franc fiduciaire est donc fortement garanti par lor alors que le franc scriptural est lui relativement peu garanti par la monnaie fiduciaire Mais comme il a dj t dit, sur le march il ny a quun seul franc. Maintenant, jaimerais apporter encore un petit complment de dbat. En effet, une fois que lon constate que lmission montaire est le corollaire de dettes bancaires (pour 94,5 % en Suisse, pour un chiffre galement important aux Etats-Unis ou dans lUE comme cela a t dj prcis) et que ces dettes bancaires doivent tre rembourses avec intrts, une rflexion doit tre amorce : - Au fond, la somme totale rembourser (principal + intrts) est suprieure la somme mise, un moment donn. La monnaie (fiduciaire et scripturale) permettant de rembourser lensemble des dettes nexiste donc pas (ou alors, quelque chose mchappe encore). La somme correspondant aux intrts nest pas cre au moment de la cration des dettes corollaires de lmission montaire scripturale. - Si je poursuis le raisonnement, seule la croissance conomique, permettant un enrichissement permettant lui-mme la souscription de nouvelles dettes, et donc la cration de monnaie supplmentaire permet au fur et mesure de rembourser les dettes en cours. Jai limpression de voir un systme qui tient sur un mouvement infini : il faut de nouvelles dettes pour rembourser les anciennes, du moins si lon raisonne non pas sur un agent conomiques mais sur la totalit des agents conomiques (ou alors, il me manque une case si Armand le constate, merci de rectifier ) Le systme est fragile, terriblement fragile, la croissance montaire est nettement suprieure la croissance conomique Comment faire pour avoir une monnaie solide la base de notre systme conomique ? - Base sur lor, comme par le pass ? Mais le problme est que la quantit dor est limite La croissance est-elle possible dans la mme mesure ? - Base sur la croissance conomique ? Mais qui va le contrler ? - Base sur autre chose ? Mais quoi. Ce dbat mapparat comme extraordinairement fondamental. Je trouve intressant dessayer de jeter un oeil plus loin Pas vous ? 8. Paul Jorion dit : 9 fvrier 2008 21:52 (A Dani) Oui, jtais frustr par les explications quon me proposait : incohrentes sur un plan logique ou mathmatiquement fausses. Javais donc le choix : ou bien il sagissait dun mythe et il fallait le dnoncer ou bien il y avait vraiment quelque chose et ctaient simplement ceux qui mexpliquaient le scandale qui sembrouillaient dans leurs explications et il fallait dcouvrir lexplication vraie en prchant le faux pour savoir le vrai, donc il fallait de toute manire

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dnoncer. Je me rservais quand mme une issue de secours honorable en crivant : Je vois que Maurice Allais pense que cette cration ex nihilo joue un rle important et la dnonce. Je nose pas croire que le seul Prix Nobel Franais dconomie puisse se tromper et je chercherai donc minformer davantage sur ce quil a voulu dire mais jai t pris de vitesse par la salve de bonnes explications dont la vtre. Ceci dit, jai pris un risque (*) et je me suis retrouv un peu pig et jai d faire machine arrire : jai - toute honte bue extrait mon premier papier de la catgorie Sciencefiction ! Ceci dit, je ne regrette rien : la qualit du dbat me rcompense du risque pris ! Autre chose, mon opinion nest toujours pas faite sil sagit ou non dun scandale . Mon troisime papier il y en aura un troisime, cest certain sappellera peuttre Le scandale des banques qui crent de largent . 9. guillaume dit : 9 fvrier 2008 23:50 A Dani, pourquoi ne pas avoir une monnaie lie un panier de marchandises, suivant la volont de Keynes dans les annes 50 (il me semble que ctait pour Bretton Woods, et Hayek laurait emport avec son ide de rference or) ? Ce panier pourrait tre index la somme de denres, services () choisis au sein de la zone montaire. Il pourrait tre intressant de se baser sur deux indices: - un premier li aux cots dachats (indice refltant la valeur de la monnaie court terme, dpendant des balances commerciales extrieures la zone montaire) ; - un second, li aux cots de production (indice refltant la valeur plus long terme, en prenant en compte le degr dautonomie potentiel de lconomie de la zone montaire) Cette solution ne peut tre possible que si le niveau de vie de la zone montaire est quilibr, ce qui est dans tous les cas indispensable pour lutter contre le dumping social qui a les consquences quon lui connat. . la valeur de la monnaie devrait tre plus lie au quotidien, les gens comprendraient mieux les mcanismes de linflation En tout cas ces questions sont centrales et on ne peut faire que mieux Pour revenir la lgende urbaine/conspirationniste des banques cratrice de monnaie : qui cr la monnaie ? - la banque centrale, oui mais que fiduciaire (dans les 5% de la masse montaire M3, au maximum); la monnaie scripturale, elle joue peut-tre dessus avec ses taux mais elle ne peut pas la crer - les tats, la plupart des tats ne crent pas dargent, ils utilisent celui en circulation; les bons du trsors sont plus des reconnaissances de dettes que des crations montaires; - on se retourne alors sur les banques : largent quelles crent par le crdit est dtruit lors du remboursement, reste que la banque

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peroit les intrts, ces derniers lui permettent de grossir ses actifs et donc le montant de crdit ensuite allouable en respectant les ratios de solvabilit, autant de nouveaux crdits qui lui feront gagner des intrts Les banques ont le monople de la location dargent. Largent est devenu au long du XXme une marchandise et nest plus la commodit que nous imaginons. La titrisation permit de dtourner en parti les ratios de solvabilit (des crances sont sorties du bilan, donc de nouveaux prts sont possibles et certaines rapparaissent mme dans les actifs, largissant les conditions de prts. Linflation est un phnomne galement systmique. Le processus dendettement parait exponentiel et systmique, il reflte une simple ralit : un transfert des richesses du travail (le peuple) vers le secteur financier et tout particulirement vers le haut de la pyramide de la finance, les banquiers internationaux. Largent contrle le monde, qui contrle largent ? des hommes, des entreprises prives ! Al baradei illustrait cela en dcembre dans une interview (contre info ou alterinfo) durant laquelle il rappelait ces chiffres criants de ralit et de mensonge la fois : 1% de la population se partage 40% des richesses, pendant que 50% de la population se partagent 1% des richesses Amicalement tous 10. JLM dit : 9 fvrier 2008 23:53 Dani Comment faire pour avoir une monnaie solide ? En voil une question mal pose, (ceci dit, avec une trs grande sympathie et un chaleureux remerciement pour vouloir poser des questions essentielles). Je poserai la mme question de la faon suivante : quel systme de croyances pensons-nous pouvoir instaurer afin de garantir la stabilit du systme dchange, au mieux et pour quelques gnrations venir Je crois que nous disposons, ce jour, de trois modles permettant de concevoir un avenir stable : - la transformation cyclique, le retour du mme, la loi, la prescription dun futur radieux, etc. - lexponentielle, toujours plus elle est stable, pour un temps, parce quelle sauto-alimente - la varit ncessaire, il faut de tout pour faire un monde ; cette dernire tant rcursive sur les deux autres. En ce moment, lexponentielle du prt intrt domine et dsquilibre tout le bazar. Avezvous un autre modle permettant dimaginer lavenir ? a fait quarante ans que (de temps en temps) je pose cette question qui nintresse pas grand monde. PS la monnaie cest ce qui nous fait vivre ensemble de lAdramaout Nankin, et a n rien voir avec un talon, une substance (du moins mon avis). Il y cependant un principe de rciprocit, de dettes croises : jimagine que timagines que je timagine mimaginer. mon avis la monnaie a se tient l dedans, aussi, les philosophes, les anthropologues et les psychanalystes nous claireront plus sur ce sujet que les conomistes

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lesquels sont indispensables, car se sont les seuls avoir tt du cambouis (le mot est la mode). + 11. Dani dit : 10 fvrier 2008 12:02 Paul Jorion, Vous avez eu raison de prendre un risque. La preuve, la qualit du dbat qui a suivi ! JLM, Oui, en effet, jai t mal inspir en utilisant lexpression monnaie solide. Cette expression rend mal ce que je voulais exprimer. Au fond, les avantages dune monnaie sont connus : rserve de valeur, talon de mesure de la valeur et moyen pratique dchange. Jimagine quil nest pour personne question dy renoncer. La question serait donc : Comment instituer une monnaie mme de garantir ces fonctions sans permettre des drives dangereuses A mon sens, la monnaie devrait avant tout tre considre comme une institution, et comme vous le signalez, cest la croyance, ou la confiance, dans cette institution qui en garantit le bon fonctionnement. Aujourdhui, le systme monnaie participe dun systme conomique gnral dont aucune des tendances nest soutenable long terme (ni laugmentation rapide des ingalits, ni laccroissement montaire, ni la croissance conomique infinie, ni la disparition de la biodiversit, ni lexploitation des ressources naturelles, ni). Il est mme possible quil soit un des moteurs de cette volution dangereuse, en instituant par le mcanisme de la dette des promesses sur lavenir De plus, comme signal plus haut par guillaume, il permet un transfert de la valeur cre par le travail et linitiative vers un haut de la pyramide constitue dun certain point de vue par des parasites financiers, qui eux ne crent rien en dfinitive, si ce nest justement des promesses La cration montaire nest aujourdhui plus bride comme par le pass par la masse disponible des mtaux prcieux. Elle nest le fait que dun calcul, dun pronostic, opr par les banques centrales et par les banques commerciales sur les possibilits de gain offertes par cette cration montaire. Au fond, elle nest limite que par la croyance en le dploiement du systme lui-mme. Je me demande donc comment faire pour que la monnaie soit une institution humaine reconnue comme telle et comme elle pourrait servir lintrt collectif de la socit Il ne suffit donc pas quelle soit solide (vis--vis de linflation par ex.) mais aussi adquate vis--vis des objectifs que se donnerait la socit humaine, en termes sociaux ou environnementaux par ex. Je nai pas de rponse cette question aujourdhui 12. Guillaume de Baskerville dit : 10 fvrier 2008 17:39 Passionnante file!!! Autre membre de Hardinvestor (lien dj donn plus haut, sinon Googlez!) mais mtant pos bien avant et depuis pas mal de temps les mmes questions stupides, jai commenc creuser le sujet et me rendre compte que ces deux thses sopposaient : 1) le systme bancaire CREE dans son ensemble de la monnaie ex-nihilo de par le systme de rserves fractionnaires 2) le systme bancaire (et en particulier les banques commerciales) NE CREENT pas de

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monnaie (par ailleurs garantie par lEtat pensent sincrement certains) mais doivent lemprunter De manire assez surpenante, ce sont souvent des employs de banques (anciens ou en poste) qui soutiennent mordicus la seconde thse. Or en prenant le problme dans tous les sens et en creusant un chouia le sujet, il me semble quon est bien oblig dadmettre que cest la thse 1) qui est valide On peut alors effectivement se demander srieusement comment un tel systme de complexification-diversion-cran de fume peut ce point en venir troubler (et mme de bonne foi !) les yeux-mmes de ceux qui le font fonctionner au sein des banques. Mais il peut y avoir aussi un biais psychologique qui explique cet aveuglement (refus dadmettre limpensable lorsquon y collabore, mme linsu de son plein gr) bien aid par un discours managrial et une division des tches qui rendent bien difficile pour de nombreux employs la possibilit davoir une vision globale Sur la remarque de DANI, il est clair quil y a un enjeu dmocratique CAPITAL amener cette question FONDAMENTALE dans le dbat public. Et attirer lattention galement sur certaines autres interprtations errones de termes, concepts et outils qui contribuent eux aussi, couples cette question de la cration montaire, avoir rendu possible cette invraisemblable excroissance que lon appelle le capitalisme financier. Je pense en particulier lquivalence coupable entre matrise de lINFLATION et stabilit des prix telle que dfinie par la BCE/eurostat, en excluant soigneusement le prix des actifs et de limmo dans les indicateurs de mesure choisis, les IPC (ou CPI aux US). Permettant ainsi la cration de bulles par le mcanisme de cration ex-nihilo en question tout en faisant croire par les IPC quil ny avait pas dinflation et que donc que la multiplication des pains tait possible sans recours la magie Il y a les euros et les euriches, deux monnaies presque spares qui portent cependant le mme nom : euros. LIPC naugmente que peu donc les EURICHES peuvent (un temps) se multiplier sans perte APPARENTE de leur valeur ! Les banques centrales ne luttent pas contre linflation, elles ont pour but den crer de manire contrle dans certains secteurs tout en ne parlant que de stabilit des prix et dIPC qui excluent ces secteurs Voir ce sujet la page sur mon site. Quon songe (quand mme !) que dans lIPC calcul par lINSEE, le poids des loyers est pondr 6% des dpenses dun mnage ! (voir les curseurs sur le simulateur dinflation personnalise de lINSEE : http://www.insee.fr/fr/indicateur/indic_cons/sip/sip.htm (cliquer sur Vos pondrations) . Soit 60 euros/mois pour 1000 euros de dpenses (je dis dpenses, pas revenus) mensuelles par exemple!!!!! Ya l aussi de longs dbats sur le pourquoi du comment de cette situation mais le scandale est sur le DECALAGE (que je qualifie de dlibr et de coupable) entre les dfinitions strictes des experts et leurs interprtations errones par les mdias, politiques et citoyens (et aussi experts qui savent mais jouent le jeu sur les plateaux TV !) Ceci est un sujet COUPLER avec celui de la cration montaire car il est loutil de maquillage des consquences de cette cration Ou comment ce http://www.amazon.fr/nouveau-mur-largent-financeglobalis%C3%A9e/dp/2020868709 rel=nofollow>NOUVEAU MUR DE LARGENT (pour reprendre le titre du bouquin dun ancien membre du Conseil de la Banque de France, Franois MORIN) a pu se construire notre insu Quon songe quand mme pour reprendre lordre de grandeur donn par MORIN pour caractriser cette traconomie financire ou Trafinance (tra dollars = 1000 milliards de

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dollars par exemple), quen 2002 les seules transactions annuelles sur produits drivs (dont on parle tant actuellement) taient 21 fois suprieures au PIB mondial, soit (700 Tdollars pour 33 Tdollars de PIB mondial). Ceci sest encore accentu jusquen 2006 dailleurs. Si ceci ne sest pas fait sans dcouplage entre valeur montaire et valeur conomique stricte, je ne sais pas comment appeler cela. Ensuite que lon parle de cration montaire ou de cration de dettes, cela ne change pas grand chose, sauf que dire dette (ou mieux crdits) semble plus correct que dire cration montaire qui est une expression taboue laisser hors du champ de vision des citoyens. A dfaut on bourre le mou et on agite le martinet de la DETTE PUBLIQUE qui elle semble astronomique alors quelle est une orange compare une plante de la nouvelle galaxie financire ! Il est des dettes qui ne se valent pas Encore une fois, cest une veille histoire toujours renouvele. A lpoque des orfvres, ceux-ci mettaient plus de reus quils navaient dor un moment donn dans leurs coffres (idem Ile des naufrags), tant que les gens avaient confiance, le systme marchait. Puis plouf. Et le scnario sest raffin, complexifi, mais aujourdhui les orfvres ont t remplacs par dautres (banques commerciales + banques centrales), la confiance-ignorance-crdulit est construite par dautres outils (comme les IPC, par exemple ; ainsi que la persistance dautres croyances, comme la monnaie garantie par lETAT!!!) Sur un mme scnario, les variantes ne varient gure quen apparence GdB http://linflation.free.fr http://lenairu.blogspot.com http://lenairu.free.fr 13. Armand dit : 11 fvrier 2008 09:21 @JLM ; en effet la FED fait des bnfices sur ces prts. Mais elle les reverse presquentirement au Trsor US. Le solde sert rmunrer ses actionnaires privs (banques US et non US). Je ne retrouve plus le lien vers la FED concernant cette rpartition des bnfices, mais de tte, cest du 98% / 2%. 14. JLS dit : 11 fvrier 2008 21:11 A Propos de linflation : aux Etats-Unis, pour des raisons historiques les produits alimentaires et lnergie (tel que lessence) ne font pas partir du calcul du CPI (Core Price Index). En effet au dbut de la cration de cet indice les amricains considraient que les produits alimentaires et lessence taient bon march et en abondance aux Etats-Unis. En 1950, les Etats-unis taient encore le 1er producteur de ptrole. Ceci est sorti sur la place publique il y a quelques mois. Comme disaient de nombreuses personnes sur les blogs : Pour celui qui ne conduit pas et qui ne mange pas il ny a pas dinflation. 15. Coli dit : 16 fvrier 2008 14:44 La rfrence Hardinvestor de Guillaume ma rjoui, cest sur ce site que sont publis deux articles formidables, le premier sur Greenspan et le second sur la crise en cours et sa prsentation par les mdia dominants. Deux bijoux dintelligence et dhumour froce.

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16. Marie-Louise dit : 20 fvrier 2008 20:31 Je trouve ce blog formidable, dautant plus que le sujet mintresse depuis de nombreuses annes et que jai tellement de mal alerter lopinion des citoyens les plus ouverts que je rencontre, que jen suis arrive creuser la question au point de dcider de publier un livre. qui maintenant stupfie ses lecteurs. Sidrs, ils me disent : Quoi, cest vrai ? Cest possible ? Moi qui pensais que ce sont les tats qui dcidaient de leurs monnaies ! Mais comment les responsables politiques ont-ils pu se priver eux-mmes de lessentiel du pouvoir : celui de choisir les entreprises qui pourront se dvelopper, cest--dire dcider des orientations conomiques, donc de lavenir ? Et puis il se trouve quun groupe de rflexion sest enfin form, justement sur ce sujet, et bien entendu jen fais partie. Dans ce groupe, des personnes lies la banque y sont venues affirmer que non, absolument pas, les banques ne peuvent pas ouvrir des crdits ex nihilo, ce mot ne veut rien dire : si elles nont pas en caisse, chaque jour de quoi prter elles sont obliges demprunter elles-mmes ; et leur profit en laffaire ne leur vient que de la diffrence des taux entre ce quelles prtent et ce quelles empruntent. Il a fallu, ce jour, lintervention dune autorit en la matire, en loccurence un prof duniversit en conomie, et de plus, spcialiste de la banque, pour venir bout de ces affirmations. exactement comme cela sest produit sur ce blog. Une conclusion : il y a du pain sur la planche pour que le grand public soit enfin conscient de ces faits pourtant essentiels. Et ce blog est dautant plus formidable que vous avez abouti la question de fond qui simpose. Comme le dit JLM, elle est peut-tre mal pose sous la forme : comment faire pour avoir une monnaie solide ? , mais sous la forme quil propose la place : quel systme de croyance pensons-nous pouvoir instaurer afin de garantir la stabilit du systme dchange , je vois dune part quil est prt adopter un autre systme de croyance, et cette formulation ne me satisfait pas, surtout quand je vois que les croyances actuelles en la matire sont plutt de la crdulit, et dautre part il fait lhypothse que cest le systme des changes quil faut, a priori, sauver. Alors, premire question : peut-on et faut-il sauver lconomie de lchange ? Si la ralit tait que cest ce systme de lchange qui savre aujourdhui dpass par les vnements ? Pour faire partie dune conomie de lchange, il faut avoir quelque chose offrir. Et, pour tous ceux qui ne naissent pas dans un berceau dor assurant leur avenir, tout ce quils peuvent offrir ne peut-tre que le fruit de leur travail. Mais depuis quelques dcennies, lhumanit na-t-elle pas trouv les moyens techniques de produire de quoi satisfaire lessentiel des besoins vitaux humains avec de moins en moins de main duvre ? Alors que peuvent offrir pour changer tous ceux dont cette production na plus besoin ? Certes, on peut imaginer toutes sortes de productions de luxe lusage des plus fortuns, mais cela na quun temps, dabord parce que a dtruit lenvironnement, et cela ne donne pas de quoi vivre tous les exclus qui aujourdhui ne possdent mme pas un lopin de terre cultiver. Et ils sont de plus en plus nombreux. Certes, le systme de lchange perdure, car on invente chaque jour de nouveaux besoins, et la publicit trouve encore des ides pour inciter les clients solvables acheter et permettre aux grosses entreprises de raliser des profits. Mais est-ce bien cela quil faut faire durer ? Nest-il pas temps, au contraire, dimaginer un autre systme que celui de lchange, mais en partant cette fois, a priori, de lide que le but nest pas que des entreprises fassent des profits, mais que les humains aient tous, dabord, de quoi vivre, et le plus humainement possible ? Si on part avec cet objectif, mon avis plus dfendable (jallais crire soutenable, mais le mot tant la mode il faut se mfier de ce quon y place), alors la question devient : quelle monnaie faut-il pour que les richesses quon peut produire aujourdhui soient mieux partages ? Cela peut alors dboucher sur des propositions innovantes. Je suis prte en avancer une ou

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