4. GR 21 - Compte rendu de la réunion du 20 octobre 2016...«!stress test!» grandeur! nature.!!!!...
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Date de la réunion : 20 octobre 2016
Date de diffusion : 31 octobre 2016
Lieu de la réunion : Siège de la SFEN au 103 rue Réaumur -‐ Paris 2ème.
Rédacteur : Emilio RAIMONDO Visa : Maurice MAZIÈRE
Participants : Mmes COUNAS, DUTHEIL. MM. de BARRAU, CROCHON, GAMA, GRENÈCHE, JOLLY, LENAIL, LEROUGE, NIEZBORALA, PATARIN, POTY, RAIMONDO, de SARRAU, SCHWARTZ, SORIN, YVON. Diffusion : les membres du comité d’action, les représentants régionaux, les membres, les groupes transverses, les sections techniques, Valérie FAUDON, Boris LE NGOC.
I . Le matin (10h30 – 12h30)
Exposé sur le modèle ATMEA 1 par Andreas GOEBEL (Président et CEO d’ATMEA)
I I. L’après-‐midi (12h30 à 13h30 exceptionnellement)
1. Observations sur le précédent compte rendu. 2. Informations générales et questions d’actualité. 3. Tour de table. 4. Examen du programme pour les prochaines journées.
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Pièces jointes au compte rendu : PJ 1 : Présentation de l’ATMEA 1 par Andreas GOEBEL PJ 2 : 150 GW de nucléaire en Chine PJ 3 : Deux réacteurs rapides par Rosatom en Russie PJ 4 : Redémarrage des réacteurs au Japon PJ 5 : L’éolien marin PJ 6 : Éolien ; quand le Français finance l’industrie étrangère. PJ 7 : ASN -‐ anomalies sur les fonds des GV PJ 8 : ASN -‐ contrôle sur les fonds des GV PJ 9 : Page de couverture du livre de Dominique GRENÈCHE PJ 10 : Annonce du livre d’Amar BELLAL PJ 11 : Article de La Croix sur Hinkley Point PJ 12 : Liste des irrégularités à Creusot Forge PJ 13 : Communiqué EDF du 21.10.2016.
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1. Réunion du matin Le Président du GR 21 Maurice MAZIÈRE remercie et présente l’orateur, Andreas GOEBEL, Président et Chief Executive Officer de la société ATMEA. Andreas GOEBEL est honoré d’avoir été invité par notre assemblée ; il a démarré sa carrière voici 35 ans chez Siemens puis rejoint la France pour la grande aventure Franco-‐Allemande de l’EPR à l’époque de sa conception. Il a ensuite dirigé le projet EPR d’OL3 pendant 6 ans, projet phare très difficile. Il est président et CEO (Chief Executive Officer) d’ATMEA depuis trois ans. Andreas GOEBEL explique comment est née la société ATMEA, présente les principales caractéristiques du modèle ATMEA 1 et donne sa position sur les perspectives de projets dans le marché mondial du nucléaire. Il s’appuie sur les planches jointes (voir PJ 1). Les échanges avec les participants tout au cours de l’exposé, sont présentés en italique. ATMEA est une entreprise créée en novembre 2007, époque où l’on travaillait sur des grands projets comme l’EPR. Au Japon Mitsubishi et Toshiba étaient en concurrence pour le rachat de Westinghouse. Dans la mesure où c’est Toshiba qui a été retenu pour ce rachat, Mitsubishi s’est retrouvé sans partenaire pour travailler dans le nucléaire. AREVA qui souhaitait développer un modèle de réacteur de moyenne puissance cherchait un partenaire pour partager les investissements ; c’est ainsi que le rapprochement avec Mitsubishi s’est effectué et concrétisé par la signature d’une « Joint Venture » (JV). C’est une « petite » entreprise à parts égales (50/50) entre les Japonais et les Français, dont l’objectif est le développement d’un modèle de centrale de moyenne puissance. L’ATMEA 1 qui est le modèle développé est un petit EPR ; en effet, la majeure partie de la conception retient des solutions mises en œuvre par AREVA à 65% et par les Japonais à 35% environ. En France, AREVA apportait son expérience générale de constructeur, et des trois projets EPR en particulier (Finlande, Chine et Flamanville) ainsi que le retour d’expérience correspondant, compte tenu des difficultés rencontrées. Au Japon Mitsubishi a construit 24 centrales PWR dont la dernière en 2009 (Tomari 3 – 960 MW) dans les temps et en respectant le budget. L’ATMEA 1 bénéficie des expériences et compétences respectives des deux sociétés.
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Integrated-design based on proven technology�
�
N4 KONVOI
TOMARI 3 APWR
EPR
EdF copyright
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Question : Le choix d’une puissance de 1000 MW semble faire consensus ces derniers temps, d’où vient ce consensus ? Réponse : Le niveau de puissance proposé dépend à la fois des capacités financières des clients (CAPEX ; plus la puissance est élevée et plus le capital à investir est important) et de la capacité des réseaux à intégrer de fortes puissances. Cela peut dépendre aussi de la place disponible sur le site retenu pour implanter la centrale. La Chine et la France peuvent accepter de fortes puissances comme celles de l’EPR (1650 MW), ce n’est pas le cas du Brésil par exemple qui n’a pas un réseau suffisamment stable. Le marché existe pour les deux formules, mais il est certainement plus limité pour les fortes puissances. On parle aussi des SMR (Small Modular Reactor) pour certains pays. Les concurrents dans le domaine des moyennes puissances sont les Russes d’une part, et les Chinois avec leur modèle « Hualong », d’autre part.
Question : Quels sont, pour les clients, les avantages de notre JV avec le Japon ? Réponse : C’est à la fois, d’avoir l’appui des gouvernements et d’avoir les capacités de financement au travers d’agences de crédit à l’export (COFACE en France). Mais c’est également d’apporter, notamment, aux clients des pays émergents :
• Des solutions éprouvées. • Un haut standard de sûreté. • Une efficacité économique. • Un package complet avec le
combustible et la gestion des déchets.
• Une assistance pour l’exploitation et la maintenance.
• Un cadre réglementaire et juridique le plus élevé possible.
• L’expérience d’exploitants reconnus.
Ces éléments constituent des avantages compétitifs importants par rapport à nos concurrents. Un point important qui n’est pas souvent évoqué est l’ensemble de la « Supply Chain » constituée par un réseau important et expérimenté de fournisseurs, fabricants et installateurs du nucléaire avec une assurance qualité reconnue. Côté français, comme le paysage est en train de changer avec la prise de participation d’EDF dans AREVA NP, il est aussi question d’une prise de participation de l’électricien français dans la JV. Cela permettrait à l’ATMEA d’être soutenu par EDF, ce qui n’était pas le cas auparavant.
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Main Features
1 Reactor Building
2 Fuel Building
3 Safeguard Building
4 Emergency Power Source Building
5 Nuclear Auxiliary Building
6 Turbine Building
Reactor Type
• 3-Loop PWR
Electrical Output
• 1150 to 1200 MWe
Core
• 157 Fuel Assemblies
Steam Pressure
• More than 7 MPa
Safety Systems
• 3-Train reliable active system with passive features
Built-in Diversity
• Shutdown / cooling / I&C / power source for extreme conditions
Severe Accident Management
• Core catcher / Hydrogen re-combiners
Airplane Crash Protection
• Pre-stressed Concrete Containment Vessel with a liner
I&C
• Fully Digital
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Sur le plan stratégique, la situation est complexe car EDF est très proche des Chinois qui ont, avec le modèle « Hualong », un concurrent direct de l’ATMEA 1.
Question : Pour le retraitement du combustible et la gestion des déchets, y a-‐t-‐il un « modèle » standard ? Et le problème du Pu, comment est-‐il traité ? Réponse : Dans l’offre française on propose toutes les solutions ; mais les déchets ultimes doivent retourner dans le pays qui les a produits. Normalement, le Pu doit retourner dans le pays d’origine. Question : Les Russes que font-‐ils, ils ne semblent pas clairs sur ce sujet ? Réponse : Ils disent qu’ils reprennent les combustibles sans donner de détail sur leur devenir, comme ils le faisaient dans le passé. Question : Le modèle Hualong de quel type de réacteur occidental est-‐il le plus proche ? Réponse : C’est un modèle de type 900 MW de génération 2 à la base, dans lequel ils ont intégré des éléments de la génération 3+. Une revue récente de l’AIEA a été cependant très négative. Il semble qu’EDF aide les Chinois à améliorer l’aspect sûreté du Hualong car il doit être installé en Angleterre après les quatre EPR et répondre aux exigences de sûreté de ce pays.
Question : Pour avoir un modèle ATMEA éprouvé, la logique voudrait que le premier soit construit en France ou au Japon avant de le proposer à d’autres pays, qu’en est-‐il ? Réponse : Il sera difficile d’avoir un premier ATMEA en France ou au Japon ; en France le Président SARKOZY avait refusé l’entrée d’ENGIE (qui s’intéressait à l’ATMEA) sur le territoire, pour ne pas concurrencer EDF qui avait choisi l’EPR. Au Japon, après l’accident de Fukushima, comme il est déjà difficile de redémarrer les réacteurs existants, on voit mal la construction d’un nouveau réacteur à court terme. Du coup c’est en Turquie, où un projet de construction de 4 réacteurs est envisagé, que pourra se construire le premier ATMEA. Cependant il faut bien noter que nombre d’équipements et de solutions de l’ATMEA, sont les mêmes que pour l’EPR (pompes primaires, I&C par exemple) et cela constitue une forme de technologie éprouvée. Les produits concurrents ne sont pas mieux lotis, l’AP 1000 de Westinghouse et le Hualong proposent une solution de sûreté passive qui semble ne pas marcher pour une puissance de 1000 MW.
Les principales caractéristiques de l’ATMEA 1 :
• Réacteur 3 boucles • Puissance : 1150 à 1200 MWe, avec la possibilité de 10% d’augmentation de
puissance. • 157 assemblages de combustible. • Pression de la vapeur : 7,3 MPa. • Systèmes de sûreté : 3 trains actifs avec des dispositifs passifs. • I&C classique pour fonctionnement normal et conditions extrêmes. • Récupérateur de corium et recombineurs d’hydrogène.
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• Enceinte de confinement en béton précontraint avec une peau interne. L’enceinte unique (alors qu’elle est doublée sur l’EPR) comporte une peau interne et est cependant doublée au niveau des bâtiments pour permettre de surveiller l’étanchéité des traversées (voir planche 6). L’enceinte de confinement est conçue pour résister aux chutes d’avions.
Dispositions de conception
• Celles de la génération 3+. • Durée de service de 60 ans. • Tous les grands composants sauf la cuve peuvent être remplacés (ce qui n’est pas le
cas sur l’AP 1000, par exemple les pompes primaires). • Prise en compte du retour d’expérience des opérateurs européens et notamment
tout ce qui peut concourir à la réduction de la durée des arrêts de tranche. • Mise en œuvre de séparations physiques, de diversité technique et de redondances
sur les équipements critiques. • Réduction à 10-‐7 de la probabilité d’occurrence d’un accident sévère avec fusion du
cœur. • Protection de la population et de l’environnement en cas d’accident sévère grâce,
comme sur l’EPR, à un récupérateur de corium et au confinement des produits radioactifs. Sur l’ATMEA il n’est pas envisagé d’évacuer les populations en cas d’accident, en revanche il est retenu de ne pas consommer les produits autour de la centrale pendant un an.
• Protection contre toutes les
agressions externes (chute d’avion, inondation, séisme). Une revue de l’IRSN a été faite sur l’ATMEA juste après l’accident de Fukushima, elle a été considérée comme un « stress test » grandeur nature.
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Design Concept
Generation-III+ NPP: State-of-the-art Safety Design
Economy and reliability: Maximize benefits through 60 years operation
Protection of People and Environment
Proven design: Use of experienced or fully validated design
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High structural resistance
Confined corium and radioactive products in
the reactor (“core catcher”)
Protect against external hazards
(e.g. airplane crash, flooding)
Physical separation, diversity, and redundancy
of critical components
Reduce the probability of a severe accident with core meltdown
B C Protect population and environment in case of
severe accident
A
Designed to resist exceptional events and prevent damage to the environment
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Remarque d’un participant : Il semble contradictoire, aux yeux du public, de ne pas évacuer la population en cas d’accident, mais d’interdire la consommation des denrées produites autour de la centrale ? Un élément nouveau à prendre en considération, depuis l’arrivée des renouvelables, est la conduite en suivi de charge, ce dont nous sommes habitués en France de longue date, alors qu’au départ les centrale nucléaires étaient conçues pour un fonctionnement en base. De ce point de vue, l’ATMEA apporte des solutions ; et il est également 100% « moxable ».
Autres éléments du « design »
• Possibilité d’augmentation de puissance de 10%. • Moindre impact sur l’environnement ; une plus faible consommation de combustible grâce à une
haute efficacité thermique permet une réduction des déchets produits et de faibles relâchements gazeux ou liquides dans l’atmosphère.
• Disponibilité de 92%. • Des arrêts de tranches optimisés à 16 jours. • Opérations de maintenance réalisées en fonctionnement grâce à un quatrième train. • Des gestions de combustible, flexibles de 12 à 24 mois, 100% « moxables ». • Modèle adapté à différentes conditions de source froide. • Résistance aux conditions sismiques les plus sévères. • Conséquences radiologiques minimales (< 0,5 HommeSv/an), grâce aux protections mises en
œuvre, au choix des matériaux et au contrôle de la chimie. Dans la conception de l’ATMEA 1, deux éléments importants ont été retenus de la composante japonaise, le Génie Civil, d’une part, avec le « lay-‐out » et l’ensemble des caractéristiques antisismiques, d’autre part. L’ensemble des étapes qui vont de la conception à l’exploitation a bénéficié de la compétence, de l’expérience et du retour d’expérience des deux parties prenantes du projet ATMEA. C’est ce qui est représenté sur la planche 10 qui reprend les étapes du projet : conception – licensing – fabrications – construction -‐ mise en service -‐ exploitation et maintenance en regard des différents niveaux techniques : unité – systèmes – composants et pièces de rechange.
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Main Parameters
60 years life time ! With design, material selection, …
High thermal efficiency ! With proven Steam Generator design =>
Maximized electricity generation
! Less fuel consumption/Less waste generation High reactor’s availability
! With On-Power Maintenance capability Flexibility for operation
! Flexible operation cycle (12 ̴ 24 months) ! Extended load-follow and frequency control
capability Flexibility for site conditions
! Adapted to various heat sink conditions
! High seismic resistance
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Conception du circuit de refroidissement du réacteur Le circuit est représenté sur la planche 11 ; il est considéré comme un ensemble éprouvé car ses composants sont, soit déjà utilisés sur des centrales en exploitation, soit bénéficient du retour d’expérience des constructions en cours des EPR et cela notamment sur les questions métallurgiques. La pompe primaire, les GV et le pressuriseur, par exemple sont les mêmes que sur le palier N4, il en est de même pour les branches du circuit primaire. La cuve du réacteur est aussi de la même conception ; de plus, elle comportera un réflecteur de neutrons comme pour l’EPR afin de réduire l’irradiation de la virole et d’assurer une durée de service de 60 ans.
Remarque d’un participant : Pour la pompe primaire, il convient de noter que le système de joints est différent de celui déjà expérimenté.
Les grands Jalons du projet ATMEA La planche 12 montre les trois grandes étapes du projet depuis la constitution de la JV avec Mitsubishi. La première étape de « Conceptual & Basic Design » a démarré en 2007 et s’est poursuivie jusqu’à la fin de 2010. La deuxième étape de « Detailed Engineering », qui a consommé plus de 2 millions d’heures, s’est terminée en avril 2015 pour les deux équipes d’AREVA et de Mitsubishi. Ce qui est important dans cette étape, c’est une revue effectuée par l’ASN et l’IRSN qui a duré 18 mois avec la tenue de nombreuses réunions et l’édition de nombreux rapports détaillés. L’accident de Fukushima est arrivé en pleine revue de l’ATMEA par l’ASN, qui a considéré ce modèle « Fukushima Safe by Design ». Cette situation doit beaucoup à l’approche française en matière de sûreté qui fait autorité au niveau mondial de telle sorte que même l’AIEA s’en est inspiré dans ses directives post Fukushima. La troisième étape est la préparation de futurs projets ; cette étape a démarré en 2013 et se poursuit aujourd’hui. Parmi les perspectives, on cite les contacts avec le Canada, le Brésil et le Vietnam mais c’est avec la Turquie que les choses sont les plus avancées. En 2015 le gouvernement japonais signe un accord avec le gouvernement Turc pour un projet de 4 ATMEA 1 à Sirop. Le business model est basé sur le tour de table suivant : 21% ENGIE, 15% Mitsubishi et 15% Itoshu (investisseur japonais), soit 51% non Turc et 49 % pour l’électricien Turc. Une étude de faisabilité d’une durée de 18 mois, financée par Mitsubishi, est lancée pour s’approprier toutes les données du site ; les Turcs ne voulaient pas payer cette étude qui devrait se terminer en 2017. La concurrence russe et chinoise est redoutable car ces deux pays sont prêts à tout financer eux-‐mêmes. Les Japonais s’interrogent sur la réelle motivation de la partie française avec ENGIE d’une part, qui a des difficultés en Belgique et dont la nouvelle direction semble « moins pro
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RCS arrangement of ATMEA1 (existing arrangement in operating NPPs)�
Typical Configuration, operating parameters and materials of 3 loop operating plants.
Reactor Vessel�
Steam Generator�
Reactor Coolant Pump�
Pressurizer�
Main Coolant Pipe�
Main Components: designed based on PWR, EPR, N4, KONVOI Operating parameters: adopted parameters within experiences in existing NPPs (design pressure/ temperature, coolant flow rate etc.)
Reactor Cooling System Design
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nucléaire » que la précédente de G. MESTRALLET et, d’autre part AREVA qui rencontre les problèmes financiers que l’on connaît. La situation se complique avec la reprise d’AREVA par EDF ce qui fait dire que si ENGIE se retirait de ce projet, EDF pourrait y prendre des participations et, ne parlons pas des problèmes politiques en Turquie qui n’arrangent rien. Question : Le prix de l’électricité est-‐il encore à discuter avec les Turcs ? Réponse : Non le prix est déjà arrêté et une loi déjà votée par le Parlement Turc. Question : À propos de business model, dans les années 80, on parlait de contrat de type BOT (Built, Operate, Transfer), est-‐ce toujours le cas ? Réponse : Aujourd’hui le problème des risques devient déterminant et les clients veulent, qu’en cas d’accident, ce soient les États qui s’impliquent ; du coup, une participation des États est souhaitée, ce qui a changé la forme des contrats.
Les activités d’ATMEA dans le monde
La planche 14, représente la carte des opportunités et des projets en cours pour le réacteur ATMEA 1.
• La Turquie et le Vietnam sont les deux pays où des accords intergouvernementaux ont été signés. Pour la Turquie, se reporter à ce qui est dit ci-‐dessus mais la décision finale n’est pas encore prise. Le Vietnam, qui veut construire 4 réacteurs sur le site de Ninh Thuan, envisage les deux premiers réacteurs avec les Russes de Rosatom. Les deux suivants pourraient l’être par les Japonais avec l’ATMEA 1 mais en concurrence avec l’AP 1000 de Westinghouse ; un accord, sur le possible financement est cependant déjà signé avec le gouvernement Japonais.
• Une offre avec l’ATMEA 1 est faite pour la République Tchèque où EDF est présent avec l’EPR ou avec le Hualong Chinois, ce qui ne rend pas les choses faciles.
• En Slovénie, si quelque chose se fait, ce ne sera pas dans le court terme. • En Malaisie, on est au stade d’une étude de « Public acceptance », une étude de faisabilité a été
faite mais une décision n’est pas envisagée rapidement. • En Amérique du Sud, l’Argentine est en contact avec les Chinois et les Russes. Ce pays est face à
de graves problèmes de financement, que les Chinois sont prêts à relever si leur modèle Hualong
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Potential Opportunities / Expression of interest
Brazil
Vietnam
Argentina
Slovenia
Turkey
► ATMEA1 Reactor is considered in many countries as a potential technology for New Power Plant
Canada
Malaysia
Projects agreed by inter-Governmental Agreement
Indonesia
Kazakhstan
UAE
Czech Republic
ATMEA Worldwide Activities
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est retenu, ce que ne souhaitent pas les Argentins. Au Brésil, la situation n’est pas claire, entre les problèmes de corruption, de besoins de financement, de travaux en cours sur les centrales existantes, une faible opportunité existe pour l’ATMEA 1 car AREVA est sur place pour terminer Angra 3 ; mais, encore une fois, la concurrence Russe et Chinoise est bien présente.
• Le Canada est cité car des accords avaient été envisagés mais rien de bien concret n’est à attendre pour l’instant.
Question : On voit les Japonais qui redémarrent péniblement leurs réacteurs PWR, qu’en est-‐il des réacteurs de type « Bouillant » ? Réponse : Les « Bouillants » ne seront sans doute pas redémarrés et cela constitue une réelle opportunité pour l’ATMEA 1. Question : Comment justifie-‐t-‐on, qu’en cas d’accident sévère avec fusion du cœur, on ne procède pas à l’évacuation de la population autour de la centrale ? Réponse : En cas de fusion du cœur, il faut arriver à le solidifier le plus vite possible ; les solutions retenues, identiques à celles de l’EPR, permettent de maintenir confinée la radioactivité pendant au moins 24 heures. Au-‐delà de ce délai et compte tenu de la présence de filtres sur les rejets, on atteint des niveaux de contamination qui n’entrainent pas automatiquement l’évacuation des populations. Question : Et le risque de guerre dans des pays peu stables? Réponse : C’est la « bunkerisation » qui permet d’y faire face, Question : Le design de l’ATMEA 1 est-‐il figé aujourd’hui ou bien est-‐il encore modifiable pour tenir compte de retour d’expérience éventuel ? Réponse : Les ingénieurs sont toujours prêts à continuer les études mais aujourd’hui on peut considérer que le design est arrêté et que seules des adaptations aux conditions des sites peuvent être envisagées. Le domaine où des aménagements peuvent être encore réalisés, est celui de l’organisation du travail, des méthodes et de l’implication des sous-‐traitants ; des améliorations, basées sur le retour d’expérience des constructions des différents EPR, seront toujours les bienvenues. Question : Quel est votre sentiment sur l’évolution du marché nucléaire mondial ? Réponse : En France, il faut faire attention de ne pas trop dégrader la situation de nos leaders du nucléaire. Sinon, c’est une bonne chose d’avoir eu le feu vert pour le projet d’Hinkley Point. Il faut vite mettre un EPR sur le réseau et terminer Flamanville puis rétablir la confiance chez nous avec Creusot Forge. Pour Hinkley Point ce sera très difficile avec les Anglo-‐saxons qui sont « claim oriented » ; heureusement EDF a beaucoup anticipé sur ce projet. Sur le marché mondial, c’est la Chine et l’Inde qui poussent très fort. La réunion se termine avec des considérations sur la première mise en service en Chine entre l’AP 1000 et l’EPR de Taishan, on devrait être bientôt fixés, il est noté que, dans les deux cas, la tête de série ne sera pas démarrée dans le pays où le modèle a été conçu. L’orateur est chaleureusement remercié par les participants.
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2. Réunion de l’après midi
1.1. Observations sur le précédent compte rendu Pas de remarque.
1.2. Informations générales et questions d’actualité Maurice MAZIÈRE propose de joindre au compte rendu un certain nombre d’articles ou de documents intéressants, qui ont été identifiés au cours du mois précédent :
• Un article, de Dominique OCHEM qui est l’Attaché nucléaire du CEA en Chine, intitulé « Comment la Chine va installer 150 GW de nucléaire ? », voir PJ 2.
• Un document de Nucleonics Week, sur l’intention de ROSATOM de construire deux réacteurs à neutrons rapides BN de 1200 MW, voir PJ 3.
• Un article sur le redémarrage d’un réacteur PWR au Japon, cela se fait lentement et difficilement ; on notera que seuls les PWR redémarrent, les bouillants, comme cela a été dit ce matin ne seront sans doute plus redémarrés, voir PJ 4.
• Deux autres articles concernant l’éolien qui montrent la fragilité économique de cette filière ? Un des articles montre notamment comment au travers de la CSPE, le contribuable français finance l’industrie étrangère, voir PJ 5 et 6.
Il donne ensuite quelques indications sur les arrêts récents de quelques réacteurs du parc, dont la presse s’est faite l’écho. Le point de départ de cette affaire, ce sont les problèmes rencontrés sur la cuve, le couvercle et le fond de cuve du réacteur de FLA 3. Nous avions eu, à ce sujet, un exposé détaillé de Dominique VIGNON en juin 2015. Il est rappelé le décret ESPN de 2005, devant s’appliquer à partir de 2015, et comportant un certain nombre de critères métallurgiques précis, comme la teneur en carbone du matériau utilisé (< 0,2%) et la valeur de l’énergie de rupture par choc sur éprouvette à 0°C supérieure à 60 Joules (test de résilience). Avec ces valeurs, en cas de « choc froid » résultant d’une injection de sûreté par exemple, l’acier de la cuve reste dans le domaine ductile malgré le déplacement de la température de transition (dû à l’irradiation) vers des températures plus hautes. Certaines valeurs relevées sur les éprouvettes de l’acier utilisé pour la cuve de Flamanville ne respectant pas ces critères, l’ASN a demandé, en son temps, des justifications à EDF et AREVA. À ce stade on peut être optimiste pour la virole de la cuve qui présente des caractéristiques mécaniques suffisantes compte tenu de l’irradiation qu’elle subit. Les problèmes concernent surtout le couvercle de la cuve qui est un équipement plus complexe avec toutes ses traversées. Sur cet équipement un nouveau programme de qualification est lancé par EDF et AREVA, avec deux couvercles sacrificiels qui sont découpés en un grand nombre d’échantillons représentatifs des différentes zones, sur lesquels des tests de résilience sont effectués sous le contrôle de l’ASN. Cela représente un travail énorme, sur plus d’un millier d’éprouvettes, qui va durer jusqu’à fin 2017. Le Groupe Permanent ESPN se réunit régulièrement pour examiner ces résultats au fur et à mesure de leur édition, et les premiers résultats obtenus sont plutôt encourageants. À la suite de ces problèmes, il y a eu un audit chez AREVA qui a montré quelques écarts dans la fabrication des équipements primaires. Cela concerne, notamment, une teneur en carbone supérieure à 0,2% dans les aciers utilisés pour un certain nombre d’équipements du parc en exploitation actuel. Or la
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teneur en carbone favorise la fragilisation de l’alliage. Les pièces impliquées sont en particulier les parties basses des GV (où sont piquées les branches chaudes et froides). EDF s’est engagé à faire des vérifications sur ces pièces (contrôles par ultrasons) pour s’assurer qu’il n’y a ni fissuration, ni amorce de fissuration. Mais sur ces pièces il n’y a pas d’irradiation comme sur la cuve et le problème du déplacement de la température de transition ne se pose pas. EDF a commencé ces vérifications dont les résultats sont soumis à l’ASN. Deux documents de l’ASN, relatifs à cette problématique sont joints en annexe, voir PJ 7 et 8. Sur une première liste de 13 réacteurs, les contrôles par US sont déjà faits sur 6 réacteurs, pour lesquels l’ASN a donné son accord de redémarrage. Récemment une liste de 5 réacteurs supplémentaires à contrôler dans les trois mois a été établie, EDF envisage d’effectuer ces contrôles avant la période hivernale. Tout cela donne évidemment lieu à diverses interprétations dans la presse qui ne se prive pas de titres alarmistes. Le site de l’ASN donne toutes les informations utiles sur cette question. On trouvera également en PJ un communiqué récent d’EDF (PJ 13). Le projet avec le GASN se poursuit, la période récente n’a pas été favorable pour se rencontrer, mais une prochaine réunion est envisagée en novembre hors réunion (la date du 24 novembre a été retenue).
1.3. Tour de table. Jean-‐Pierre SCHWARTZ : Présente un ouvrage, édité par le Bureau énergie des Mines, sur les transitions énergétiques avec des articles rédigés par des ingénieurs des mines. On le trouve aussi en librairie. Bernard LEROUGE : Réagit à un article du Point sur les déchets avec lesquels « il faudra compter pendant 10 000 ans » etc. À ce sujet Bernard LEROUGE n’a pas trouvé sur le site de la SFEN d’éléments relatifs aux déchets. Il semble que ce type de renseignement se trouve dans les archives de la RGN. Une discussion s’engage sur la radiotoxicité des déchets à haute activité. Dominique GRENÈCHE apporte des compléments en réunion et nous a fait parvenir, hors réunion par courriel, des explications que nous reproduisons ci-‐après : Radio toxicité des déchets de haute activité à vie longue (contenus dans les verres seuls) : Les courbes de radiotoxicité globale de ces déchets vitrifiés croisent celles de l’uranium naturel (quantité qui a produit ces déchets) entre 10 et 15 000 ans. Toutefois, certaines sources donnent plutôt 30 000 ans. J’explique cette différence par le fait que dans ce dernier cas, on doit prendre sans doute la contribution des résidus en plutonium contenus dans les verres (« pertes au retraitement de l’ordre de 0,2 à 0,3% me semble t-‐il). Mais cela est à vérifier. Le calcul est faisable mais pas très simple (il faut prendre les masses de chaque radionucléide lourd à vie longue dans un combustible puis faire des calculs de décroissance radioactive de chacun d’eux, avec leurs descendants, puis transformer les activités (en Bq) en radio toxicité (coefficients « Sv/Bq » en ingestion). J’ai les données qu’il faut pour cela. Reste à « mouliner » un calcul ! Autre point : il faut prendre en compte les déchets MAVL, ex-‐déchets « B », qui sont essentiellement les coques et embouts issus des structures des combustibles usés (morceaux de gaines et extrémités des assemblages), contenant des traces d’actinides mineurs et de Pu. Peut-‐être pourrait-‐on demander « officiellement » au CEA de clarifier ces points ? Un autre point soulevé par Bernard LEROUGE est relatif à la masse de renseignements que nous
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possédons sur la problématique des EnR. Il estime que nous devrions trouver un journaliste pour rédiger un ouvrage sur le sujet et pense à Sylvestre HUET. Une autre discussion s’engage sur le bien fondé de cette démarche lorsqu’on sait que de nombreux livres sont édités mais n’ont pas de lecteurs ; l’exemple du « Nucléaire heureux » de Michel GAY est cité, les éditeurs estiment qu’il n’y a pas de marché. Maurice MAZIÈRE rappelle que nous devons rédiger un document qui traitera de ce thème dans le cadre de notre collaboration avec le GASN. Dominique GRENÈCHE : Va publier prochainement un ouvrage sur « Toute l’histoire et la technique des réacteurs nucléaires et de leurs combustibles » chez EDP Sciences, voir la page de couverture en PJ 9. Jean-‐Michel GAMA : Signale un ouvrage supplémentaire, dont l’auteur est Amar BELLAL, son titre « Environnement et Énergie – Comprendre pour débattre et agir » ; voir la fiche descriptive correspondante en PJ 10. Francis SORIN : Revient sur son expérience de la diffusion d’ouvrages scientifiques et techniques ; les éditeurs ne sont pas intéressés si la diffusion ne dépasse pas les 500 ventes, qui est le nombre leur permettant de rentrer dans leurs frais. Il rappelle par ailleurs comment les choses se passent, ou devraient se passer lorsque les médias sollicitent la SFEN ; la situation ne semble pas satisfaisante. Michel de BARRAU : Est souvent sollicité dans sa région du massif Central lorsqu’il s’agit de s’opposer aux projets éoliens. Il note que toute comparaison avec le nucléaire est mal appréciée ; par exemple, le fait de dire que tel projet produirait seulement l’équivalent de 24 heures de production d’une centrale comme celle de Fessenheim. Il est souligné que le meilleur angle d’attaque contre l’éolien est l’argument économique. L’éolien Off-‐Shore est racheté par EDF à 240/250 euros du MWh alors qu’il le produit à 50 euros avec ses centrales nucléaires. Françoise DUTHEIL : A l’intention d’utiliser les fiches de l’ASN pour informer les 2000 personnes de ses listings, sur les arrêts actuels des réacteurs. Divers : Deux autres documents sont également joints en annexe :
• PJ 11 : Un article sur le projet Hinkley Point paru dans la Croix le 17 octobre. • PJ 12 : Une note listant les irrégularités relevées par l’ASN à l’usine de Creusot Forge.
1.4. Examen du programme pour les prochaines réunions : Sujets déjà retenus :
• 17 novembre : Bertrand de L’EPINOIS (AREVA), sur l’évolution des standards de sûreté ? Pour décembre nous devons trouver un sujet parmi les idées suivantes :
-‐ Trouver quelqu’un de RTE pour parler des réseaux. -‐ L’éolien off-‐shore, difficulté à trouver quelqu’un chez GE, anciennement ALSTOM. -‐ Réacteurs à sel fondu avec le thorium ; Dominique GRENÈCHE et / ou Daniel HEUER ou les deux
en binôme pourraient être les orateurs (contact va être pris avec Daniel HEUER).
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Autres sujets cités par les participants et envisagés, pour 2016 :
• Éolien offshore par ALSTOM/GE (contact à prendre par M. MAZIÈRE). Mais est-‐ce encore d’actualité ? déjà mentionné
• Le nucléaire en Inde par le conseiller nucléaire. • L’ENTSOE et la problématique des réseaux, impact de l’intermittence sur l’architecture des
réseaux. • Tchernobyl, 30 ans après ; se rapprocher de l’IRSN. • Le transport nucléaire. • Un sujet sur l’Uranium proposé par Bruno COMBY et Jean-‐Pierre de SARRAU qui proposent des
orateurs possibles. • Le projet CIGEO. • Un sujet sur l’innovation en matière nucléaire aux États Unis par un représentant de Ed/Th
(l’énergie du Thorium, Maurice MAZIÈRE s’informe sur ce sujet).
Prochaine réunion le 17 novembre 2016 L’évolution des standards de sûreté Par Bertrand de l’ÉPINOIS (AREVA)