2e Regiment de Hussards,Assaut N°72,2012.ápr

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Le N°10 d A S v \ l I était consacré au 2" Régiment de Hussard, une unité très particulière destinée à la recon­naissance et à l'acquisition du renseignement sur les arrières immédiats de l'ennemi. La fin de la guerre froide a orienté le régiment vers de nouvelles missions et bien sûr de nouvelles techniques basées sur l'exploitation des intervalles dans le dispositif ennemi. Depuis le monde a encore beaucoup change et nne fois de plus, le régiment s'est adapté et a considérablement endurci ses capacité. Cette nouvelle montée en puissance et en connaissance correspond également à un changement de garnison : Adieu Sourdan et bonjour Hagenau ! Jean Jacques CÉCILE vous présente quelques un des savoir-faire de ce prestigieux régiment qui a toujours su évoluer dans un monde de plus en plus dangereux.

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La bête est là, tapie dans Vombre, encore au repos. Museau effilé, pneus imposants, impression de force tranquille. Nous sommes en zone d'agencement avancée (ZAA), c'est le calme avant la tempête.

Derniers détails à régler avant que Faction ne se déclenche,

après ce sera trop tard. L'itinéraire que j'ai choisi est-il le meilleur ? Ai-je vraiment ciblé tous les points de passage obligés (PPO) où des pré­cautions supplémentaires devront être prises pour éviter que l'ennemi

Les Hussards de la furtivité

ne nous repère ? Puis, un à un, les moteurs s'ébrouent, leur ronfle­ment puissant sature l'ouïe. I l n'est plus temps maintenant d'avoir des doutes, i l faut y aller, Edgy Owl (mot-à-mot chouette énervée) débute. Cette manœuvre est d'une importance capitale : elle tient lieu de QT5 (ultime qualification tac­tique) au profit des apprentis chefs de patrouille et adjoints à chef de patrouille. Pour les candidats du 2e Régiment de hussards montés sur leurs VBL bourrés de capteurs et d'électronique, c'est un départ en exercice qui fera date.

Ci-contre : Le dernier briefing

avant le départ est donné sur une carte directement

projetée sur l'écran du VBL. (Photo Yves DEBAY)

Ci-dessous : Les VBL prêts au départ. Comme nous sommes en France et qu'au début de l'infiltra­tion, les blindés légers emprun­teront les routes départementales, les engins ne sont pas encore camouflés. (Photo

Yves DEBAY)

ASSAUT

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Un système de renseignement complet et cohérent

L'infiltration débute, cap vers l'inconnu. La première partie,

relativement facile, s'effectue en zone permissive. Pour la patrouille (deux VBL, six hommes), i l s'agit d'aller vite, c'est ce que les hus­sards appellent une "ambiance rapidité". Les choses véritablement sérieuses ne commencent qu'en­suite lorsque les véhicules blindés se rapprochent de l'ennemi, i l faut prendre les mesures nécessaires à assurer cette discrétion qui est la marque de fabrique du régiment. Une halte, la zone de déploiement opérationnel (ZDO), les hussards s'affairent autour du blindé. C'est que vu d'Haguenau, la furtivité est tout sauf un vain mot, le souci du détail est poussé au paroxysme. Les plaques d'immatriculation sont masquées, les rétroviseurs sont démontés de manière à éviter qu'un reflet inopportun ne vienne trahir la présence de la patrouille. Plus tard, pas encore cependant,

la cellule transmissions vont se séparer. Quelques heures encore et le capteur humain, premier "pion" de la chaîne du renseigne­ment que constitue le 2 e Régiment de hussards, sera en place, la sur­veillance de l'axe pourra commen­cer. Dès lors, rien de ce qui y passe n'échappera aux yeux acérés des

cavaliers confortablement installés dans une cache enterrée, comme au... Lorsque l'on hasarde la com­paraison, le capitaine Alexandre V., officier responsable des res­sources humaines, s'insurge ajuste titre : « vous venez de dire que le 2' Régiment de hussards est com­parable à certaines unités de forces spéciales ou autres qui utilisent le même procédé, on peut tout aussi bien dire que les forces spéciales sont comparables au 2' Régiment de hussards ! ». Le ton est donné. Ici, on n'a pas besoin d'être mesuré à l'aune d'un étalon, on sait ce que l'on est, on sait ce que l'on vaut. En un mot comme en cent, on ne vient pas là par hasard, on n'y reste pas par habitude, i l y faut de la passion, de l'enthousiasme, de la fierté aussi.

Le 2e Régiment de hussards est avant tout un système de rensei­gnement complet et cohérent ayant deux cordes à son arc : la recherche profonde au moyen de patrouilles

des coupe-circuits permettront de neutraliser phares et feux stop.

On est désormais dans le vif du sujet, les équrpiers ont chaussé les optiques de vision nocturne et progressent tous feux éteints. Périodiquement, des points de regroupement sont reconnus, au cas où les deux VBL de la patrouille viendraient à être séparés, enfin l'installation en base de mis­sion, là où la cellule acquisition et

N° 72 - Avril 2012

Ci-dessus : Cette imagedonne une

idée de l'encom­brement dans un

VBL prêt pour une semaine de terrain.

(Photo Yves DEBAY)

Au milieu : Une fois les grands axes quittés, le VBL est couvert d'un filet de camouflage. Feux, phares et plaque d'imma­triculation sont masqués en moins de 30 secondes. Le blindé, déjà très "furtif", va alors poursuivre son infiltration par un itinéraire discret, utilisant les masques du terrain et en navi­gation de nuit. (Photo Yves DEBAY)

Ci-dessous: Une fois sur sa zone

d'opérations, le VBL, devenu "maison mère"

pour les équipes d'observation,

va littéralement disparaître dans

l'environnement. A un mètre, vous

ne le distinguerez pas car le camou­

flage naturel va compléter le filet.

Vous pouvez imaginer sur cette photo qu'il y a un

VBL, maison vous a prévenus, alors

que nous sommes dans un bois en

hiver... en été le VBL est totale­

ment invisible ! (Photo Yves DEBAY)

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M.rwW< d'une part et le recueil de l'information (Reclnf) par traite­ment de sources humaines d'autre part. Intéressons-nous en premier lieu au volet recherche profonde.

En territoire contrôlé par l'ennemi

Mais où donc se cache-t-elle, cette cache ? L'officier accom­

pagnant votre serviteur est resté en arrière, i l arbore un sourire en coin teinté d'un zeste d'ironie. Le saint Graal est là, à quelques mètres, je le sais, i l me l'a dit, mais où ? Finalement, je capitule, m'avoue impuissant à détecter ce trou à l'intérieur duquel les trois hommes de la cellule observation se relaient afin de monter une garde vigi­lante. Pas brillant pour un ancien du 13e RDP... Le capitaine, lui, éclate de rire : « vous êtes juste au-dessus ! ». Bingo. Eh oui, la fente de visée est là, à mes pieds, je ne l'avais pourtant pas détectée telle­ment elle est parfaitement intégrée au paysage. C'est finalement plus et mieux que du camouflage, c'est autre chose, du professionnalisme élevé au rang d'un art. Le temps de prendre quelques photos, de discu­ter avec les hussards et direction la base radio. Nous décidons de jouer au même jeu : à moi de débusquer le lièvre. Je m'attends à ce que cela soit plus facile car deux VBL côte-à-côte composent une masse pour le moins

^ - • « y -

Ci-contre: La vie dans une cache n'est

pas une sinécure. Promiscuité, trois hommes sont les uns sur les autres

pendant quelque­fois une semaine.

Faim, froid, manque de sommeil sont

au rendez-vous. Le hussard doit être très fort morale­

ment et physique­ment pour suppor­

ter ce traitement.

Au milieu : En arrière des caches ou des postes d'observa­tion, on trouve la

cellule transmission qui, sous les VBL

totalement camou­flés, va renvoyer

vers le haut les infor­mations recueillies. La vie y est presque

aussi frugale que dans une cache.

Ci-dessous : La cache, ici bien ouverte pour la photo, est une des raisons d'être du 2 e RH. Le moyen d'observation est une jumelle télémètre JIM-LR de SAGEM. Les coor­données GPS delà cible télémétrée s'affichent, ce qui est particulière­ment intéressant si l'équipe planquée doit déclencher un tir d'artillerie ou une frappe aérienne. (Photos Yves DEBAY)

imposante que l'on ne fait pas dis­paraître aussi facilement que cela ! Eh bien cette masse, je la détecterai certes, mais pas avant d'avoir été amené à moins de vingt mètres et

• T * """" ' . v

après que l'on m'ait indiqué la direc­tion générale dans laquelle chercher. Cela fait belle lurette que la senti­nelle, elle, nous a à l'œil. Furtivité, quand tu nous tiens...

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Un peu plus tard, nous sommes accueillis par le commandant (en fait un chef d'escadrons puisque nous sommes dans 1 arme-blindée-cavalerie-!) Hubert B., chef du BROI (bureau renseignement, opérations, instruction) qui va se charger d'éclai­rer notre lanterne. La recherche pro­fonde au 2e Régiment de hussards, nous explique-t-il, c'est avant tout quatre missions et quatre procédés. Les missions, tout d'abord :

- Renseignement sur axe (iden­tification et décompte des véhi­cules adverses passant sur un axe de manière à ce que les analystes, recevant les comptes-rendus de plusieurs patrouilles prenant en compte plusieurs axes, puissent reconstituer le dispositif ennemi'

- Renseignement sur objectif (infrastructure, activités observées"' :

- Renseignement sur un VIP (qui rencontre-t-il ? Quels sont ses schémas de vie ?) ;

- Renseignement sur un événe­ment particulier (notamment une manifestation, cas fréquemment rencontré en Côte-d'Ivoire, au Kosovo aussi, où i l y en avait beau­coup, souvent suivies d'incidents très violents f o m e n t é s par des indi­vidus armés représentant une menace particulière. I l s'agit alors,

Ci-dessus: Les équipiers rentrent leur équipement dans la cache. Une fois cette opéra­tion terminée, ils rabattent le couvercle et peau­finent le camou­flage. Ils sont désormais totale­ment invisibles et peuvent commen­cer leur mission d'observation.

Ci-contre : Pour nous montrer l'effi­cacité du camou­flage d'une cache, les hussards ont légèrement dévoilé une des fentes d'observation. On peut imaginer que sans être prévenu, il est pratiquement impossible de détecter l'emplace­ment d'une cache. (Photos Yves DEBAY)

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entre autres, d'identifier les leaders). Ces quatre missions peuvent

donc être accomplies en ayant recours à quatre procédés :

- La reconnaissance spécialisée, « combinaison de déplacements qui sont plus ou moins discrets voire furtifs avec des phases d'observation qui sont elles-mêmes discrètes voire complètement furtives et puis éga­lement, ponctuellement, des phases d'entretien d'opportunité. C'est

le cas au Tchad où l'on •:f-:::\ dis missions longues que

: -/ .-<?•?ellent les tournées de mais nous le faisons sous

- :->:>::e renseignement», rrer.si \± :he: du BROI ;

- La surveillance spécialisée, un s fix ; i l s'agit de ren-un axe, un objectif,

un VIP. Dans le le pins courant, l'accomplis-

La mission comprend : d'infiltration, une

: en place en zone de se d'observation

et enfin une phase dexfiltration. Au 2* Régiment de hussards, on cultive tout particulièrement les savoir-faire indispensables à un

Ci-dessus : Une patrouille légère d'intervention s'apprête à partir dépanner un VBL qui s'est retourné lors d'une infiltra­tion. Ces mécanos de l'impossible, eux mêmes très souvent "anciens" des Patrouilles de Reconnaissance Profonde, savent s'infiltrer et répa­rer ou récupérer des VBL dans les conditions les plus difficiles. Bien sûr, et contrairement à notre photo ici, tout se fait de nuit et dans une discré­tion absolue. (Photo

Yves DEBAY)

redéploiement en cours de mission (par exemple, transition d'une mission de renseignement sur axe à une mission de renseigne­ment sur objectif). C'est avant tout l'emploi du VBL qui autorise cela. Souvent, cette transition impose de relever une boîte aux lettres morte (BLM) dans laquelle la patrouille trouve en particulier le carburant, le ravitaillement ainsi que les munitions indispensables à la suite des événements ;

- Le recueil de l'information par traitement de sources humaines. I l s'agit là d'une spécialité que ne délaissent nullement les patrouilles profondes à titre de savoir-faire complémentaire utilisable lorsqu'il s'agit de profiter d'une opportunité qui se présenterait. C'est tout parti­culièrement le cas lors de ces "tour­nées de province" tchadiennes évo­quées ci-dessus ;

- La désignation, le guidage au profit d'une unité d'infanterie, de l'armée de l'Air ou de l'Aviation légère de l'armée de Terre (ALAT).

Tout cela avec, bien entendu, de nombreuses spécificités. Voyons de quoi i l retourne.

Des hussards égaux entre eux mais différents les uns des autres

Cela fait quelques jours déjà que les hommes sont sur le terrain,

la fatigue commence à se faire sen­tir. Qui plus est en ce début du mois de décembre dans le département de la Haute-Saône, un vent glacial souffle en rafales, i l fait un froid de canard. Qu'importe ! Les ordres sont les ordres, la patrouille doit réarticuler son dispositif pour pas­ser d'une mission d'observation sur axe à une mission de surveillance d'un objectif. Un à un, les trois hus­sards s'extraient du confort douillet de la cache. Les doigts sont gourds mais les gestes cent fois répétés à l'entraînement s'enchaînent en silence et dans l'obscurité la plus totale. Les hommes ont chaussé les optiques de vision nocturne, ils s'affairent à effacer toute trace de leur passage. Puis c'est le départ vers le point de rendez-vous avec les VBL. Mais avant de s'en aller cap sur de nouvelles aventures fur­tivement nocturnes, i l faut relever une boîte aux lettres morte car les

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hommes ont faim et les montures ont soif. Le contenu de cette BLM a été déposé là par des hussards aux-aussi très spéciaux dont i l est main­tenant temps de faire connaissance.

Le détachement d'appui et de soutien (DETAS) mis sur pied dans le cadre de l'exercice comprend un groupe de commandement, un peloton de sûreté (protection rap­prochée du poste de commande­ment) ainsi que trois composantes de soutien : ravitaillement, méca­nique et santé. Immédiatement sautent à l'esprit des images d'Epi-nal représentant des bons gars que guette l'embonpoint ou des militaires fonctionnarisés vêtus de bleus de chauffe graisseux à sou­hait. Point de cela au 2 e Régiment de hussards ! Car chargées de ravitailler les patrouilles en zone déniée, les équipes logistiques sont composées de guerriers dans l'âme sachant passer entre les mailles du filet tendu par l'ennemi. Ces équipes préparent les plots de ravitaillement dissimulés, elles appliquent pour cela « des procé­dures et emploient des procédés qui sontfurtifs et très discrets. Si le travail est bienfait, c'est invisible et indécelable », précise le capitaine

Jérôme C, chef du DETAS et par ailleurs officier adjoint au com­mandant l'escadron de comman­dement et de logistique (ECL).

Se mettre les mains dans le cam­bouis, c'est l'affaire des patrouilles légères d'intervention (PLI). Même chose : ces équipes savent s'infiltrer discrètement et agir là où l'adver­saire contrôle le terrain. Ce sont des magiciens de la clé à molette, ils sont entraînés à intervenir sur la méca­nique en ayant seulement recours aux optiques de vision nocturne à intensification de lumière perchées sur leurs casques. En fonction du diagnostic, la panne peut être répa­rée, la pièce défaillante changée ou, si nécessaire, le VBL immobilisé est détruit afin qu'il ne tombe pas aux mains de l'ennemi.

L'ennemi, justement : puisque ces patrouilles légères d'inter­vention sont accoutumées à gre­nouiller sur ses arrières, pourquoi ne pas leur demander d'apporter leur pierre à l'édifice du rensei­gnement ? Aussitôt dit, aussitôt fait. Certes, les PLI ne possèdent pas de l'ensemble de la panoplie mise à disposition des patrouilles profondes mais « emportent néan­moins suffisamment de moyens

Ci-dessous: Les Hussards de l'ECL sont bien sûr par­tie intégrante du système 2 e RH. Les procédures sont tenues secrètes mais nos logisti-ciensdechoc sont capables d'aller créer des "boîtes aux lettres" où les équipiers des Patrouilles de Reconnaissance Profonde iront récupérer carbu­rant, nourriture et batteries afin de poursuivre leur mission. 'Photo Yves

tenu)

d'observation pour être en mesure, soit suite à une opportunité ou sur ordre, de recueillir du renseigne­ment car ils connaissent les procédés et sont qualifiés au même titre que les patrouilles de recherche », ajoute le capitaine. Voilà bien la marque d'un régiment singulier : lorsque le mécanicien baille aux corneilles, on peut toujours lui demander d'aller traîner ses guêtres au plus près de l'adversaire afin d'épier ses moindres faits et gestes !

De leur côté, les quatre escadrons de recherche profonde, à savoir les 1 e r, 2e, 3e et 4e, ont également leurs spécificités. Pour autant, le tempo opérationnel imposé au régiment estompe cet aspect des choses ainsi que l'explique le chef du BROI : « le 1er escadron est équipé de motos, il est actuellement en retour de projec­tion donc les motos n'ont pas tourné depuis un certain temps. Le 2e esca­dron est spécialisé dans la désigna­tion, c'est-à-dire qu'à une époque, on y a concentré les spécialistes du guidage aérien, etc. Au 3e escadron, c'est toujours très spécialisé car il s'agit de formations spécifiques, ce sont les plongeurs, il n'y a aucun changement à ce sujet. Le 4' escadron avait un mandat d'expérimentation concer-

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nant les opérations en zone urbaine, cela n'a pas changé. Maintenant, très concrètement, avec des projections d'une durée de 6 mois précédées par des mises en condition opération­nelle (MCP) également d'une durée de 6 mois, on a pratiquement en per­manence une spécialité qui est peu ou prou mise en sommeil pour un an ». Dernier en date à s'y coller, le 1 e r esca­dron : « entre la phase de MCP, les six mois de projection, ensuite le retour avec les permissions et autres, cela fait un total de 13 à 14 mois. Pendant ce laps de temps, les motos ont été très peu employées. Ceci dit, la spécialisa­tion va être relancée maintenant que les gens vont rentrer ».

Spécificité de la logistique, spé­cificités pour chaque escadron de recherche profonde, spécificité aussi concernant le 5e escadron. Ainsi que le confie le colonel D A N E S , chef de corps, celui-ci a en effet la particu­larité « d'être un escadron spécia­lisé renseignement de réserve. Il n'en existe que deux dans l'ensemble de l'armée de Terre en ce qui concerne la spécialité renseignement, à savoir un au 13' RDP et le second au 2e Régiment de hussards ». Mais de quoi parle-t-on là ? D'un type de ren­seignement intéressant le territoire national sur réquisition de la force publique. « Ces spécialistes peuvent être des anciens du régiment mais

également des civils recrutés dans la région, en Alsace voire même dans le grand Est. Ils sont censés accomplir des missions de recherche humaine dites élémentaires. Ce sont des mis­sions de surveillance, d'observation sans qu'il n'y ait besoin d'une discré­tion ou d'une furtivité très élevée et des missions d'entretien d'opportu­nité aussi pour recueillir le renseigne­ment par la conversation ». Cela a-t-il déjà été le cas ? Non. Début décembre 2011, la force publique n'avait pas encore éprouvé le besoin d'avoir recours aux services du 5e esca­dron. L'ensemble du régiment a en revanche d'ores et déjà été employé à ces missions-là dans le cadre des fes-

N VBL POUR LES HUSSARDS

La société Panhard a construit spécialement pour le 2 e Régiment de Hussards, une version spéciale de son désormais célèbre VBL. I l s'agit en fait d'un VBL dans la version VB2L long optimisé pour la patrouille profonde. Extérieurement le véhicule se recon­naît immédiatement par le treuil pla­cé à l'avant du blindé. A l'intérieur le VBL "2e Hussards" l'ergonomie a été modifié pour accueillir tout le maté­riel destiné aux équipes de recherche.

Poids : 3,5 à 4 tonnes Longueur : 3,80 m (4,00 m version longue) Largeur : 2,02 m - Hauteur : 1,70 m Equipage : 2-3 Blindage : STANAG niveau 1

(protection contre le 7,62 x 51 mm OTAN et les éclats.

Armement : une mitrailleuse

Motorisation : Peugeot XD3T turbo-diesel 95 hp (70 kW)

Ratio poids/puissance : 27-23,75 ' Suspension : 0,35 m garde au sol Rayon d'action : 600 km Vitesse : 95 km/h

turDo-

5 CV

(Photos Yves DEBAY)

20 ASSAUT

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UN CENTRE DE FORMATION DÉLÉGUÉ, KESAKO ?

C'est tout simplement un groupement d'instruction appar­tenant à une unité spécifique ayant reçu de la part des hautes autorités militaires une délégation de pouvoir lui permettant d'organiser des stages de cursus ainsi que des stages complé­mentaires. Pour ce faire, le CFD du 2e Régiment de hussards est en l'occurrence subdivisé en deux sections, à savoir la sec­tion d'instruction spécialisée recherche (SISR) et la section recueil de l'information (Reclnf) qui rassemblent soit des ins­tructeurs tactiques (procédures, déplacement, actes élémen­taires de la patrouille, etc.), soit des instructeurs spécialisés (identification, transmissions et photographie).

Lawrence d'Arabie avait ses sept piliers de la sagesse, l'ins­truction au 2 e Régiment de hussards n'en a plus modeste­ment que trois : « la tactique qui nous permet de survivre, la technique qui nous permet de renseigner et le savoir-être qui permet de s'insérer dans une unité », martèle le commandant (en fait chef d'escadrons, j'en entends qui crient déjà au sacri­lège !) Stephan V., chef du CFD.

En ce qui concerne le stage de patrouille type organisé par la section d'instruction spécialisée recherche, le principe est d'alterner une semaine d'instruction théorique avec une

semaine de qualification tactique (QT) sur le terrain. S'il s'agit par exemple d'apprendre à construire une cache enterrée, la première semaine sera consacrée à l'apprentissage théorique sans le moindre environnement tactique, exercice que l'on renouvellera la semaine d'après mais cette fois-ci en environ­nement tactique avec infiltration préalable dans une zone dite d'insécurité. I l existe cinq QT sur l'ensemble du stage, la QT3, située à mi-chemin, revêtant un aspect particulier : « on leur fait effectuer du renseignement banalisé, c'est-à-dire que l'on ne cache pas la présence des militaires mais on cache ce qu'ils font. On fait également effort sur le traitement des sources humaines ; vous voyez que même les patrouilles connaissent les fondamentaux de cette spécialité », précise le chef du CFD. La QT5 constitue l'exercice de restitution final, c'est l'objet de la manœuvre Edgy Owl à laquelle ASSAUT a été admis à assister.

Ci-dessous : Dans une des salles de l'escadron d'instruction, les jeunes préparant le stage de chef de patrouille effectuent la res­titution d'une mission. Comme pour les pilotes de chasse, chaque

i est méticuleusement "débrifée". (Photo Yves DEBAY)

tivités relatives au 60s anniversaire du débarquement de Normandie. « Le régiment a apporté une bonne plus-value grâce à la permanence de l'observation, à la permanence de la présence sur le terrain et le fait qu'assez naturellement puisque l'on s'y entraîne et qu'on le pratique en

opérations, on arrive à recueillir des informations par des entretiens qu'on peut mener en traversant les villages, les fermes isolées, etc. Il y a eu aussi des observations discrètes », ajoute le colonel D A N E S . A la grande satis­faction de l'état-major de la Région terre nord-ouest pour qui les infor­

mations acquises se sont révélées très complémentaires de celles obte­nues par la Gendarmerie.

Mais nous l'avons vu, le régiment possède une deuxième corde à son arc : le recueil de l'information par traitement de source humaine, c'est le cœur de métier des T et 8e escadrons.

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ECUEIL DE LTNFORMATION : ANATOMIE D'UNE ÉQUIPE

Une équipe de recueil de l'infor­mation par traitement de sources humaines comprend quatre hommes, elle est subdivisée en deux cellules. La première, en l'occurrence composée du capitaine Paul-Antoine C. ainsi que du sergent-chef Eric A., prend en compte les entretiens. La seconde cel­lule rassemble deux hommes du rang, ici le caporal-chef Jean-Alexandre P. ainsi que le brigadier-chef A. ; elle est de son côté responsable la partie "environnement" (sûreté, déplace­ments, etc.). Avant toute chose, fai­sons plus ample connaissance avec ces quatre hommes.

Le capitaine Paul-Antoine C. est saint-cyrien ; i l rejoint le 53e Régiment de transmissions pour une première affectation en qualité de lieutenant chef de section. I l passe ensuite les tests d'agrément technique "recueil

Ci-dessous : Vue d'une équipe de recueil de l'information. Pour d'évidentes raisons de sécurité les visages sont floutés. (Photo Yves

DEBAY}

Page suivante en bas à droite :

Un équipier assure la sécurité rapprochée d'un

interview. (Photo

de l'information" et fait l'objet d'une mutation au 2e Régiment de hus­sards. En quoi ces tests consistent-ils ? « Pour des raisons que vous com­prendrez bien, je ne peux en dévoiler le contenu. Je dirai simplement qu'il s'agit de tests psychotechniques, psy­chologiques et dynamiques dont le but est, entre autres, de mettre à l'épreuve les capacités de réaction des candidats ; ils incluent des mises en situation ». L'officier commande actuellement un peloton de recueil de l'information rattaché au 7 escadron.

Le sergent-chef Eric A. est issu du contingent 97/10 au 1 e r Régiment de hussards parachutistes. I l rejoint bien­tôt l'Ecole nationale des sous-officiers d'activé (ENSOA) où i l est tout natu­rellement pressenti pour effectuer une carrière de linguiste d'écoutes arabisant. Mais ce qui l'intéresse vrai­

ment, c'est d'être sur le terrain pour y effectuer du renseignement d'origine humaine. Il opte finalement pour l'in­fanterie et effectue un séjour de cinq années dans les rangs du 1 e r Régiment de tirailleurs. Après un intermède qui le voit fréquenter à nouveau l'ENSOA cette fois-ci en tant que formateur, i l postule pour différentes unités spé­cialisées en matière de renseignement. I l choisit finalement le 2e Régiment de hussards où i l exerce désormais les fonctions d'équipier de recueil de l'information et supplée à son chef d'équipe en cas d'absence.

Le caporal-chef Jean-Alexandre P., "Jeannot" pour les intimes, a contrac­té en 1998 un engagement au sein du 1 e r Régiment de chasseurs parachu­tistes où i l reste pendant onze années. I l rejoint ensuite le 16e Bataillon de chasseurs encaserné outre-Rhin, à

<

22 ASSAUT

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Ci-contre : Matériel emporté par une équipe de recueil de l'information.

En bas à droite, le récepteur GPS

de type OAGR (Défense Advanced

GPS Receiver) ; en bas au centre,

un téléphone satellitaire Iridium ;

au centre de la photo un système

de vision nocturne OB70/DIPT18

Lucie. L'ensemble est complété par

un ordinateur, un appareil photo ain­

si qu'une caméra. (Photo Yves

DfBA-1 »

Saarburg, où i l est intégré à la

section de recon­naissance régimen-

taire. I l tient maintenant les fonctions d'équipier d'appui-recueil de l'in­formation.

Enfin, le brigadier-chef A. s'est engagé en

1996 au 68e Régiment d'artillerie d'Afrique où i l

est affecté à la batterie sol-air. Il est muté en 2002, année au

cours de laquelle il intègre les rangs de l'escadron de reconnaissance et d'in­tervention antichar du 3e Régiment de hussards. Il en est là lorsqu'en 2007 le Groupement de recueil de l'infor­mation (GRI, ancêtre des escadrons de recueil de l'information actuels) est mis sur pied à Metz ; i l obtient sa mutation. Puis, le GRI étant dissous et les compétences transférées au 2e Régiment de hussards, le brigadier-chef A. persiste. I l tient également les fonctions d'équipier d'appui-recueil de l'information.

A lire ce qui précède, on réalise à quel point les quatre hommes ont, comme l'on dit, "de la bouteille". C'est que le recueil de l'information est une spécialité exigeante, i l y faut de la maturité, raison pour laquelle sous-officiers et hommes du rang qui s'y destinent sont recrutés en seconde partie de carrière : « pour aller au contact de la population, il est préfé­rable d'avoir des équipiers qui ont un certain vécu, une certaine expérience

militaire, qui savent parler, qui savent se poser dans une conversation. Ils discutent souvent avec des personna­lités qui ont un certain âge, un certain rang, une position sociale importante, il est préférable d'employer quelqu'un d'expérimenté qui sera à l'aise dans de multiples sujets de conversation. De tels soldats ont en outre une bonne expérience en opérations extérieures donc une connaissance plus fine des problématiques relatives aux gens qui vivent dans des zones de crise », assène le capitaine. Blanc-bec s'abstenir. Quid des exigences linguistiques ? L'anglais est un must. Pour le reste, l'équipe a recours à des interprètes.

Un véhicule Land Rover Defender est à la disposition des quatre hommes. En ce qui concerne l'ar­mement, l'équipe est dotée de trois FAMAS. d'un pistolet-mitrailleur H&K UMP (calibre 9 mm), de quatre pistolets automatiques Glock 17

(calibre de 9 mm également, magasin de 17 coups) ainsi que de bâtons de défense télescopiques. Un récepteur GPS, en l'occurrence de type DAGR (Défense Advanced GPS Receiver), est intégré à la panoplie de l'équipe tandis que les communications sont assurées au moyen de téléphones satellitaires Iridium, Thuraya ou Inmarsat en fonction de la couverture localement disponible sur le théâtre des opérations. Une caméra ainsi qu'un appareil photo complètent l'en­semble. L'équipe emporte également un ordinateur permettant de saisir les données recueillies auprès des dif­férentes sources. Les comptes-rendus sont envoyés via le système de trans­missions MAESTRO (Module adap­té aux échanges sécurisés, aux trans­missions et aux raccordements des opérationnels) et ingéré par le système de traitement des données orienté renseignement GRANITE NG.

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Les analystes à l'œuvre

P arserr.ee ce petits villages, la plaine d'Alsace déroule sonpaf-

chwork de champs, tâches claires hachées par de sombres forêts. Nous abordons une route en lacets qui grimpe une colline boisée et nous débouchons dans un décor digne d'un thriller "post nucléaire" avec d'immense antennes radar rouillant au pied de bunker enva­his de mousses et lichen. Bienvenue à Drachenbronn (la montagne du dragon), dans une dépendance désaffectée de la base aérienne 901 qui abrite les deux DLMO (déta­chements de liaison et de mise en œuvre) armés par le régiment pour la durée de l'exercice Edgy Owl.

Nous entrons dans un bâtiment tout en longueur. La première pièce bruisse, vibrionne, c'est la station de recueil, c'est là que sont reçus les

Ci-dessous : Un analyste du 6' escadron devant sa console GRANITE va fouiller dans sa base de données pour crédibiliser ou compléter des observa­tions. Exemple, une équipe photographie une Peugeot 307 immatriculée JB007. L'analyste va consulter Granité et va immédiatement savoir que ce véhicule était dans la plaine delaBeka tel jour à telle heure et qu'ensuite, on l'a retrouvé à Pristina, au Kosovo. (Photo Yves

DEBAY)

et "guerre électronique" ne sont que simulées. Durant l'exercice la mis­sion du BRM consiste à renseigner sur le retrait des forces Violet ainsi qu'à surveiller l'activité des milices Orange. Dans un tel contexte, les deux escadrons de patrouilles profondes barrent les axes afin de comptabiliser les véhicules ennemis, à savoir trois bataillons d'infanterie motorisée, un bataillon blindé, un bataillon d'artillerie, une compa­gnie de reconnaissance et enfin une compagnie de commandos-para­chutistes. Le flux continu d'infor­mations a permis, par synthèse, de confirmer le retrait des forces Violet ainsi que l'inactivité des miliciens.

Les détachements de liaison et de mise en œuvre sont armés par le 6e escadron qui dispose d'un peloton transmissions ainsi que d'un pelo­ton de traitement de l'information

principalement composé de spécia­listes du renseignement, majoritai­rement des sous-officiers. L'unité n'a que très récemment été mise sur pied suite à l'émergence d'un besoin ainsi résumé par le capitaine Marc P., commandant d'unité : « dans les premiers temps, on a surtout déve­loppé la composante "observation" des patrouilles mais on se rend bien compte depuis quelques années que ce qui est important, c'est d'être en mesure de présenter une produc­tion de qualité, de faire des recou­pements et de disposer d'un histo­rique des événements passés. C'est cela qui intéresse le commandement. On continue donc à développer la composante "observation" mais on développe maintenant en parallèle l'aspect "renseignement". C'est pour cette raison que le 6e escadron a été créé en 2010 ».

Ce qui fait la richesse du 6e escadron, c'est la diversité de ses hommes. Certains des spécialistes renseignement étaient auparavant en patrouille profonde, d'autres sont passés par le 1 e r RPIMa ou le 13e RDP Pour sa part, le capitaine P. et un ancien de l'EEIl et ce qui le motive, c'est avant tout la passion. Qu'est-ce qui à son avis fait un bon spécialiste du renseignement ? « C'esf avant tout la curiosité, il faut lire beau­coup, internet, blogs, tout ce qui est relatif aux théâtres sur lesquels nous sommes appelés à intervenir. »

Une unité quelle qu'elle soit, un système d'arme quel qu'il soit, ne vaut cependant que ce que valent les hommes et femmes qui y servent ou qui les servent.

comptes-rendus en provenance des équipes. Dans les deux pièces qui suivent règne au contraire un silence impressionnant. Les analystes ne

: . pas des yeux leur console OLAXITE NG (Gestion du ren-

. et d'analyse des infor-iransmises par les équipes

génération), un système permettant d'analyser

f J C —eu >er le renseignement. i- uurrence, le thème de

retient la formation de renseignement

(BRM) intégrant les : • errant du 2e Hussard

: r.r : mantes "drones"

Ci-contre : Le bataillon de ren­

seignement multi capteurs (BRM)

recueille les infor­mations envoyées

par les drones, les écoutes des

"grandes oreilles" et les rapports des

équipes du 2 e RH. Ici, cette cellule

reçoit les mes­sages radio des

hussards planqués dans leur cache ou

en "chouff" avec leur VBL. (Photo Yves

DEBAY)

ASSAUT

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Bavardez, bavardez, il en restera toujours quelque chose...

Notons que l'acronyme ROHUM-C (renseignement

d'origine humaine-conversation­nel) a disparu, le mot "conversa­tionnel" ayant au final été jugé péjoratif. Car i l ne s'agit nullement « de conversations dans un bar mais bel et bien d'entretiens préparés avec des personnes préalablement identifiées et qui sont susceptibles de satisfaire les besoins en rensei­gnement exprimés par le comman­dant de la force ». Si l'on en croit le capitaine G., commandant le 8e escadron, qui prétend réussir dans cette discipline exigeante doit aimer les relations humaines, avoir une très bonne culture générale (indispensable pour être actif et proactif dans un échange verbal), être humble et savoir se remettre sans cesse en question. L'officier aime à dire qu'un « entretien est une improvisation calculée, c'est-à-dire que l'on prépare cet entretien mais que cela ne dispense en rien d'avoir du répondant afin de savoir réagir de manière appropriée aux propos tenus par celui qui vous fait face ». Pour autant, pas question de prêter le flanc aux amalgames hasardeux : les hussards travaillent en uniforme de l'armée de Terre française même si le mode banalisé leur permet parfois d'arborer les insignes d'une unité à laquelle ils n'appartiennent pas.

Les sous-officiers et militaires du rang admis à exercer la spécialité « recueil de l'information par traite­ment de sources humaines » sont recrutés en deuxième partie de car­rière. S'il s'agit d'un sous-officier, le candidat devra au minimum détenir le grade de sergent-chef et être titu­laire du BSTAT (brevet supérieur de technicien de l'armée de Terre). Accepté à l'issue de test, le « cap­teur humain » effectue tout d'abord un stage de 10 semaines au sein du CEERAT (Centre d'enseignement et d'études du renseignement de l'armée de Terre) qui lui inculque les fonda­mentaux de la communication. Puis c'est le retour au 2e Hussards pour le « stage complémentaire capteur » effectué au sein du Centre de for­mation délégué (CFD, voir encadré) propre au régiment. Là, le contenu de l'instruction est tout autre : environ­nement de l'entretien, sûreté et pro­cédures spécifiques. Les instructeurs "maison" insistent par ailleurs sur les différents domaines qui ne sont pas étudiés au CEERAT, en particulier la communication non-verbale (signi­fication des attitudes, des gestes) et les TIOR (techniques d'interventions opérationnelles rapprochées).

Les hommes du rang effectuent quant à eux le « stage d'équipier appui-recherche (EAR) » (quatre semaines) destiné non seulement aux personnels du 2e Hussards mais aussi à ceux des BRB (batte­ries de renseignement de brigade). La formation des seuls militaires

Ci-dessus : Le 2' RH n'est pas monolitiquement incrusté dans ces caches et peut selon les circons­tances observer à partir d autres plate-forme et notamment en zone urbaine. Cette équipe du 4* escadron a trouvé refuge sur un toit d'où elle est capable de diriger des chas­seurs-bombar­diers sur une cible d'opportunité. (Photo Yves DEBAY)

d'Haguenau dans cette spécia­lité est ensuite complétée par un stage de quatre semaines dit « complémentaire EAR » : procé­dures propres au régiment, consti­tution de dossiers de sites (lieu où l'entretien se déroule) ou des fiches d'itinéraire. Cette période d'instruction concerne également l'apprentissage du déplacement (conduite tactique de la Land Rover Defender en ambiance de sûreté) ainsi que le contre-renseignement.

Finalement, tout ceci ne laisse qu'une seule question en suspens : quelles sont les "ficelles du métier" permettant de "tirer les vers du nez" des interlocuteurs faisant face aux équipiers de recueil de l'informa­tion ? Le capitaine Paul-Antoine C, chef de peloton au 7 escadron, botte en touche : « cela n'a rien à voir avec la coercition ». Quid par ailleurs de l'acronyme MICE (monnaie, idéologie, coercition, égo) listant les ressort psychologiques

sur lesquels un espion est suscep­tible de jouer

lorsqu'il s'agit de manipuler une source humaine ? Prudemment, du bout des lèvres, l'offi­cier répond : « c'est quelque chose qui est connu ». Nous n'en saurons pas plus.

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A Haguenau, on n'aime pas trop l'expression «forces spéciales », je vais cependant me permettre d'oser. Le 2e Hussards partage avec ces élites militaires nombre de caractéristiques communes, en particulier celle d'avoir mis sur pied une cellule "expérimen­tation". Dans quel but ? Dénicher au profit du régiment les matériels nécessaires à accomplir les missions spécifiques qui sont les siennes dans les meilleures conditions et avec la plus grande efficacité possible. Nous y sommes reçus par l'adjudant Thierry B., un jeune et dynamique ancien du 1 e r Régiment de hussards parachu­tistes. Ainsi qu'il le précise lui-même, assumer ses fonctions nécessite « d'être un touche-à-tout, d'avoir le goût du contact humain lorsque l'on aborde les représentants des sociétés. J'ai un rôle d'intermédiaire mais nous ne réalisons nous-mêmes aucun déve­loppement. Il me revient en revanche d'établir un cahier des charges lorsque cela s'avère nécessaire ».

L'antre de l'adjudant regorge de gadgets (sans connotation péjora­tive) qui feraient le bonheur du plus exigeant des amateurs de militaria. I l y a là certes pêle-mêle des vête­ments dont on devine qu'ils n'ont pas été achetés au supermarché du coin, des brêlages up-to-date, etc. mais

aussi d'autres systèmes sur lesquels i l convient de rester plus discret. En fait, quatre domaines intéressent le maître de céans : l'optique/vidéo/ photo, les transmissions, l'armement et enfin les équipements personnels. Pour trouver les nouvelles idées, les systèmes qui apporteront ce petit plus susceptible de faire la différence, i l faut en premier lieu ratisser les expo­sitions d'armements. Justement, une édition du salon Milipol s'est tenue fin octobre, soit à peine plus d'un mois avant que ce reportage à Haguenau ne soit effectué. Qu'est-ce qui y a retenu l'attention de l'adjudant ? « Les matériels pour plongeurs, propulseurs, sacs étanches. L'armement, égale­ment, notamment H&K ainsi que FN SCAR. Un intérêt particulier pour la planche de navigation pour plongeurs Aqualung Tac-200. Actuellement, nous sommes également intéressés par les systèmes de camouflage réver­sibles ainsi que les équipements grand froid ». Rappelons que dans les rangs du 3e escadron barbotent 10 hommes qualifiés « plongeur de combat du génie » ainsi que 10 autres labellisés « spécialistes des techniques subaqua­tiques ». Mais pour qu'un système attire l'œil du hussard en maraude dans les allées d'un grand déballage couleur kaki, encore faut-il qu'il fasse

1 VAWk*

au moins aussi bien que ce qui existe voire mieux et que son poids ainsi que son encombrement soient réduits. Précisons enfin que la cellule "expé­rimentation" du 2e Régiment de hus­sards entretient d'excellents rapports avec ceux qui tiennent des fonctions équivalentes au sein des Groupement de commandos parachutistes (GCP) et Groupement de commandos mon­tagne (GCM).

Ci-dessus : Un Hussard prépare son sac, ici un sac "trans", avant de partir en patrouille. Tout le matériel et petit équipement est bien surpassé plus tôt par la cellule expéri­mentation et à été déclaré "bon de guerre". (Photo Yves

DEBAY)

Ci-contre : Pour observer, les Hussards n'uti­lisent pas toujours des caches sophistiquées. Une "observation d'opportunité" est toujours possible et nécessite un camouflage léger et de puissants moyens d'obser­vation, tous savamment testés par le cellule expé­rimentation. (Photo

Yves DEBAY)

26 ASSAUT

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A gauche : Le quartier Estienne à Oberhoffen, près d'Hagenau, reçoit souvent la visite de spécialistes de l'armement et de l'équipement, souvent d'anciens mili­taires en charge de présenter leurs produits au régiment. Ici, le représentant d'une célèbre firme d'équipement initie un jeune Hussard au démontage du SCAR.

Ci-dessus : Tir FN SCAR en version courte. Le régiment teste et expérimente divers types d'armes.

En bas à gauche : Les optiques et les appareils photos sont également testés. Ici, une bague spécialement faite pour le régiment permet d'adapter un appareil photo commercial à une lunette d'observation. Ce montage a permis une PID (Positive Identification) en Afghanistan à 2 200 m. Les Hussards ayant identifié des individus armés ont demandé un tir d'artillerie sur les taliban.

Ci-dessous : Chiite, pistolet Gtoc* 9 mm en double dotation, F AMAS doté de diffé­rentes optiques et d'un suppresseur de son, optique de nuit faciale équipent ce guer­

rier du 1" esc. Tous ces effets sont passés par la cellule expérimentation. (Photos Yves DCBAY)

-5

H ;

N° 72 - Avril 2012 27

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LES ÉQUIPES MOTO DU i e r ESCADRO

Le 1 e r escadron aligne deux équipes moto montées sur des Cagiva 350 qui n'ont reçu aucune modification mais n'en subissent pas moins, avant action, le même traitement que les VBL (démon­tage des rétroviseurs, etc.) en zone de déploiement opérationnel aux fins de discrétion. Une telle équipe rassemble 4 motos orbitant autour d'un blindé léger emportant les sacs "confort" des motocyclistes qui ne se séparent pas, eux, de leurs sacs "mission". Ce type d'équipe est parfaitement adapté à la recherche, sur zone, d'un objectif dont on ne connaît pas exactement la posi­tion, par exemple un poste de commandement tactique dont les coordonnées n'auraient été déter­minées qu'avec une grande marge d'erreur par les unités d'intercep-

Ci-contre : Enfourchant sa

moto Cagiva

350, cet équipier expérimentant

une nouvelle tenue multrispectrale

haute performance à "poids léger",

sensée diminuer la signature IR de notre

hussard, effectue un déplacement.

Bon, on va un petit pi ni éconnei mais

à ASSAUT on peut

se le permettre. Les Hussards sont du bon côté de la Force et les Elfes

leur ont prêté des tenues les rendant

invisibles afin de contrer les Orques

des armées du Mordor. A l'époque delà guerre froide,

cela aurait très bien passé. (Photo Yves DEBAY)

r.

tion des communications radio. L'objectif trouvé, l'équipe peut alors mettre en œuvre le procédé de surveillance spécialisée pour tenir l'objectif à l'œil. Dans ce cas,

les motos restent avec le VBL qui tient lieu de base radio, l'ensemble étant bien entendu soigneusement camouflé. Lors de la démonstration diurne (dans la réalité, les motos

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multispectral haute performance à

poids léger » actuellement en cours

d'expérimentation.

auraient furtivement évolué de nuit

avec une discrétion de bon aloi...)

ayant été organisée début mars au

profit d'ASSAIJT, un équipier était

armé d'un Famas sur lequel avait

En bas à gauche: Deux membres d'une équipe du 1e r esc se préparent à partir en mission. Tout est soigneuse­ment et méticu-leusement vérifia ;;v;;; -f y,>:, On note le sac mission su sa claie L'autre partie, le sac conf irt, res t< dan: le VBL. Nous nous répétons, mai î il est important de rap­peler aux lecteurs que tout dépla­cement se fait de nuit et dans la plus grande discrétion et qu'ici, les hussards ont posé pour nous en piein jour.

gaucne Des

été ajouté non seulement un viseur

Aimpoint mais aussi un pointeur

laser infrarouge d'aide au tir EL-9A

Pirat. Un autre équipier portait par

ailleurs une tenue de « camouflage

(Pour plus de renseignement sur le 1er esca­dron qui utilise notamment la composante moto pour ses infiltrations, reportez vous au N°10 ^'ASSAUT ou le régiment vous est présenté dans son intégralité)

• çoceate pied boMadeenfaref àmoto.'»l

les à la réafité. Tout se fait de nuit et

par tous les temps, armes et équipe­

ments accrochent dans la broussaille,

il faut progresser de façon tactique avec

la vue "fatiguée" par la lumière verte de la vision nocturne.

Sac et moto pèsent très lourd et quand

il y a de la boue c'est le cauchemar. Bref,

motocycliste au 1** esc est un métier

très physique. Donc, si tu as envie de te

te i sut le régiment. (PhotosYves DBAY)

N° 72 - Avril 2012 29

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"i '•t' i i iwymi Vi iii yiiii1!

D U MATÉRIEL DE POINTE POUR LES PLONGEURS DU 3e ESCADRON

Ils se nichent dans les rangs du 3e escadron. « Ils », ce sont des canards qui ne sont ni petits ni vilains, en fait 10 hommes qualifiés « plongeur de combat du génie » ainsi que 10 autres labellisés « spécialiste des techniques subaquatiques ». Pour eux, s'équiper est tout un rituel. Les appareils respiratoires autonomes de plongée à circuit fermé (ils ne relâchent pas de bulle) qu'ils uti­lisent sont soit des CODE (Compact Oxygen Diving Equipment) soit des FROGS (Full Range Oxygen Gas System). Le CODE est léger (6,5 kg prêt à plonger), compact (40 x 38 x 13 cm) et fournit une auto­nomie de 1 heure 30 minutes. Plus lourd (appareil complet en ordre de marche : 14,3 kg), le FROGS est aus­si plus endurant (4 heures d'autono­mie) ; c'est la même version que celle utilisée par la Marine. L'emploi de l'oxygène pur limite la profondeur d'évolution à 7 mètres ; i l est cepen­dant admis de descendre à 18 mètres pendant 3 minutes ou à 10 mètres pendant 6 minutes lorsqu'il s'agit d'éviter un obstacle ou une ronde de plongeurs adverses.

Ci-contre : Rituel de préparation

avant une plon­gée. On note à

l'arrière plan un cylindre qui est en fait un propulseur

sous-marin Suez XK1 et le nouveau

SCAR à l'avant plan. Comme pour toutes les équipes

du 2 e RH, rien ne doit être oublié

car sur le terrain, une erreur peut se payer au prix fort.

(Photo Yves DBAY)

Ci-dessous : Le 3* escadron expé­rimente le fusil d'assaut SCAR qui a de très bonnes chances d'être adopté. L'arme peut en effet tirer tout de suite après avoir séjourné dans l'eau. C'est le SCAR en version courte et en 5,56 (que l'on voit à l'avant plan) qui pourrait entrer en service très bientôt. (Photo Yves

DEBAY)

30 ASSAUT

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La planchette de navigation est une Tac-200 sur laquelle le pro-fondimètre digital a été remplacé par un profondimètre classique 0-16 mètres pour de raisons de fia­bilité et de lisibilité notamment en ambiance de faible luminosité.

En ce début mars, la société TR Equipement a décidé de jouer au Père Noël retardataire amenant dans sa hotte de superbes fusils d'assaut SCAR ainsi que des trac­

teurs sous-marins Suex XK1 et Suex XK2. Au moins en ce qui concerne les SCAR, le principe de l'acquisition d'une vingtaine d'armes en calibre 5,56 mm à canon court au profit des plon­geurs est acquis, reste à concrétiser. Le fusil FN Herstal est désormais bien connu ; précisons simplement qu'il pèse 3,19 kg sans chargeur (30 coups type M16), qu'il est doté d'une crosse repliable, que

sa cadence de tir en mode automa­tique atteint 600 à 650 coups/mn et qu'il peut recevoir un lance-gre­nades FN40GL.

Pour plus de renseignement sur le i' escadron qui utilise notamment pour ses infiltrations, les voies nau­tiques reportez vous au N°10 d'AS-8A1JT ou le régiment vous est présen­té dans son intégralité.

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LES TRACTEURS SOUS-MARINS DU TYPE SUEZ

L'introduction de tracteurs sous-marins du type Suez, va permettre «d'économiser» nos plongeurs et de leur donner plus d'autonomie pour arriver sur la zone de recueil de ren­seignement.

les deux tracteurs sous-marins testé ont notamment été présentés lors du salon Milipol en octobre dernier, leurs caractéristiques s'établissent comme suit :

Type Longueur 0,96 m 1,3 m Diamètre du corps 0,197 m 0,197 m Poids 17 kg 35 kg

(sans bat­ (avec bat­terie) teries)

Autonomie (vitesse max) 1 h 15 2 h 30 Autonomie (croisière) 5 heures 10 heures

32

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Lorsque l'on parle de sac au 2 e Régiment de hussards, on veut en fait parler d'une claie supportant deux sacs distincts, à savoir d'un part le sac "mission" dans lequel on enfourne tout ce qui est jugé indispensable au strict accomplissement de la mission et d'autre part le sac "confort" contenant un surplus d'équipements permettant de mieux vivre sur le ter­rain et donc de durer dans de meilleures conditions. Lors de la présentation organisée au profit d'ASSAUT, cette distinction est respectée : sur le poncho, le contenu du sac "mission" est étalé à droite tandis que celui du sac "confort" l'est à gauche. I l existe par ailleurs deux types de chargements, c'est-à-dire le chargement "observateur" et le chargement "transmetteur". Ce dernier porte la charge la plus lourde, elle atteint parfois 60 kilos alors que le portage "observateur" culmine à 55 kilos.

Le contenu du sac mission "observateur" tel qu'exposé

laisse apparaître en particulier les équipements suivants : - Les Jumelles infrarouges refroidies multifonctions longue

portée (JIM LR rassemblant dans 2,8 kg une voie diurne cou­leur, une voie thermique, un télémètre laser, un récepteur GPS, un compas magnétique digital et un pointeur laser). L'équipier qui emporte la JIM LR se charge également des batteries ;

- L'optique de nuit OB70/DIPT 18 Lucie ; - Un poste radio ER350. La Minimi est au calibre 7,62 mm. Les observateurs doivent

également emporter la lunette Swarovski, son trépied et un boî­tier d'appareil photo Nikon D2X accompagné de ses objectifs.

Chief Snoeck va apprécier. I l y a bien un sécateur et l'outil de jardinage sert à ratisser les herbes, mousses et branches qui serviront à camoufler le toit de la cache.

ACHETEZ L'INSIGNE DU 3E ESCADRON

Contactez par courrier le capitaine Julien B A R G A I N - Cdt du 3e escadron, 2' Régiment de Hussards Quartier Estienne 67504 HAGUENAU CEDEX

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A cœur vaillant rien d'impossible

Pour qui veut s'engager au 2e Régiment de hussards, « avant

d'être bardé de diplômes, ce qui compte, c'est l'état d'esprit. Quand la fatigue est là, que l'homme vit dans des conditions rustiques sur le terrain, c'est souvent le mental qui fait la diffé­rence et quelque part, le mental ne se décrète pas par diplôme. Lorsque la carcasse ne veut plus avancer ou que l'on sent que physiquement on est au bout du rouleau, le pas supplémen­taire, c'est la tête qui va le faire faire » : pour un journaliste, interviewer le capitaine Alexandre V., l'officier res­ponsable des ressources humaines du 2e Régiment de hussards, est un vrai bonheur. L'homme sait trouver la phrase choc, l'image qui fait mouche, la répartie qui, telle une flèche lancée adroitement, touche la cible en plein dans le mille. Et c'est un fait : pour un tiers d'entre eux, les candidats qui poussent la porte du 2e Régiment de hussards n'ont pas le moindre diplôme en poche, ce qui ne les empêche nulle­ment de faire d'excellents soldats.

Pour autant, ne nous voilons pas la face. Faire son trou à Haguenau nécessite tout-de-même un mini­mum d'endurance physique. Certes, mais la pire chose serait de pen­ser : cela n'est pas pour moi, c'est trop dur, trop exigeant, je n'ai pas le niveau, mieux vaut aller voir ailleurs. Mauvaise réaction. Car l'endurance physique, même si elle est initiale­ment flageolante, cela se travaille, se mature, cela grandit aussi. Rien n'est jamais acquis à l'homme et surtout pas sa faiblesse. Et puis dans ce petit coin d'Alsace, "péter une perf" ne sert pas à grand-chose : « nous, ce que l'on demande, ce n'est pas quelqu'un qui va parcourir 3 500 mètres en 12 minutes lors de l'épreuve sportive. Par contre, s'il est capable de faire 3 000 mètres en 12 minutes avec un sac à dos,

. .luelqu'un qui nous intéresse. Lexemple chiffré n'est peut-être pas pertinent mais dansl 'esprit, c'est cela ».

La motivation, le mental, donc, encore et toujours tout au long de la carrière, deux conditions indis-

. - .r :ap:taine, telle une * :ii ' . cite encore

une fois dans son discours en dessi­nant par la magie du verbe une de ces images dont i l a le secret : « nous, à l'armée, on ne parle pas d'ascenseur social mais d'escalier. La différence ?

Ci-dessus : Pour arriver à être opérationnel

dans une cache, il faudra beau­

coup de sueur et de volonté. Ici, un équipier en

action. Beaucoup de photos prises

au 2 e RH sont posées et c'est normal, vu les

missions. Un peu de peinture pour

briser les lignes du FAMAS serait

utile. (Photo 2RH)

Ci-contre: Un Hussard tout équi­

pé. Les Hussards des équipes de

recherche ne sont pas des cham­pions de sport

mais plutôt des sportifs ayant

de la cervelle et sachant tenir dans la durée. (Photo2RH)

Dans un ascenseur, on appuie sur un bouton et on monte à l'étage choisi tandis qu'à l'armée, on s'élève par l'ef­fort, il faut donc monter les marches. D'où mon insistance sur la volonté et l'état d'esprit. Celui qui a les deux, il n'y a aucune raison pour laquelle

il ne puisse pas réussir à monter les marches, quand bien même seraient-elles hautes ». Défaitistes de tout poil, passez votre chemin ! Ceci dit, quel est le cursus que doit suivre un can­didat à l'intégration dans les rangs du 2e Hussards à titre d'EVAT ?

34 ASSAUT

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I l s'agit tout d'abord de pousser les portes d'un CIRFA (centre d'infor­mation et de recrutement des forces armées), première étape incon­tournable bientôt suivie d'un court séjour en GRS (groupement recrute­ment sélection). Parfois, une visite à Haguenau pour se rendre compte sur place permet au candidat d'effectuer ce que le capitaine Alexandre V. appelle un « choix éclairé. Le choix est éclairé à partir du moment où je sais ce que je viens chercher, ce que je peux apporter mais aussi ce à quoi je vais renoncer ». C'est parfois une piqûre de rappel à la réalité. « Par exemple, si le candi­dat aperçoit chez nous de l'armement exotique différent de ce que l'on trouve dans un régiment d'infanterie, on lui explique que les armes les plus impor­tantes ici, ce sont les postes radio ainsi que les appareils photo ! ». A ce stade, pas de sélection, pas de test spécifique à une nuance près. Le 2e Régiment de hussards offre en effet deux options à chaque EVAT se destinant à devenir spécialiste du renseignement : acquisi­tion (sous-entendu : des informations) ou transmetteur. Or, les transmetteurs doivent avoir cette indispensable dis­

position naturelle à la lec­ture au son (code Morse), i l n'y a pas d'échappatoire, on l'a ou on ne l'a pas.

Contrat en poche, c'est l'arri­vée à Haguenau ; dès lors, le nouvel engagé est happé par un maelstrom d'activités. Tout d'abord, direction le CFIM (centre de formation initiale des militaires du rang) de Bitche pour la FGI (formation générale initiale) d'une durée de trois mois. Ensuite, retour à Haguenau pour la FSI (formation de spécialité initiale) sous la férule du centre de forma­tion délégué (CFD). Ainsi que déjà précisé, la FSI "observateur" offre deux options : "acquisition" (pho­tographie, identification, etc.) et "transmissions", c'est une phase de deux mois et demi que l'on quali­fie volontiers de très dynamique. A l'issue de la FSI, affectation dans un escadron pour un séjour (deux à six mois en fonction des qualifications préalablement détenues) destiné à l'instruction, à l'endurcissement physique ainsi qu'à la conduite des engins militaires, VBL notamment.

Ci-dessous : Les Hussards ne sont pas toujours cachés et le ren­seignement c'est aussi l'aventure d'une "tournante" en brousse comme ces P-4 arpentant une piste dans le sud du Tchad.

Le hussard en matura­tion retourne alors au

centre de formation délégué pour la FSE (formation de spécia­lité élémentaire), toujours avec les deux options "acquisition" et "transmissions". Quelle est la différence entre la formation de spécialité initiale (FSI) d'une

part et la formation de spécia­lité élémentaire (FSE) d'autre part ? « La FSI concerne en premier lieu les savoir-faire techniques individuels tandis que lors de la FSE sont incul­qués les savoir-faire en patrouille constituée », précise le commandant Stephan V., chef du centre de for­mation délégué qui ajoute avec un éclair de malice au coin de l'œil : « en fait, le CFD est un peu l'organe repro­ducteur du régiment ! ». Un organe qui, espérons-le, connaîtra bientôt ce regain de vigueur habituellement ressenti lors du retour printanier. Car afin d'assurer la pérennité de ses effectifs, le 2e Régiment de hus­sards doit recruter 80 EVAT en 2012. J'avoue que si c'était à refaire, je me laisserais bien tenter...

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Vauteur tient à remercier l'ensemble des officiers, sous- Remerciements en particulier au général DE BARMON, j Dans les couloirs des escadrons, officiers et hussards ayant contribué, de par la qualité commandant la Brigade de renseignement, au colonel des affiches rappellent les missions de leur accueil leur franchise, leur disponibilité, leur DANES, chef de corps, ainsi qu'au capitaine M., officier I et le mot d'ordre du régiment, et gentillesse et leur patience, à la réussite de ce reportage. supérieur adjoint du 2' Régiment de hussards. \t à en forger l'esprit.

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