246 Résultats à plus de 5 ans de 35 reconstructions de fémur proximal par allogreffe massive...

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2S144 79 e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T. nique décrite par Gie, Linder et Ling ; utilisant une tige lisse, sans appui sur le merckel, cimentée dans un lit d’allogreffe mor- celée impactée, comblant les défects osseux fémoraux. L’asso- ciation de matériel (plaque, grillage, câble) a été parfois nécessaire afin de ponter les défects corticaux. L’analyse clini- que a été réalisée selon la cotation PMA. L’analyse radiologique en pré, post-opératoire et au dernier recul a été effectuée par numérisation des radiographies et mesure de la mobilité des implants (migration verticale et déviation frontale), l’évaluation et l’évolution du stock osseux par la classification de Pierchon. RÉSULTATS. Vingt-huit patients ont été revus à plus de 2 ans. Nous déplorons 2 patients perdus de vue et un patient décédé à plus de deux ans de l’implantation. Deux déposes ont été réalisées pour des raisons mécaniques. Une fracture postopératoire est sur- venue à 6 mois. Le score PMA est passé de 11 à 17 au recul. Les résultats radiographiques montrent un enfoncement moyen de 7,3 mm et une déviation frontale moyenne de 2°, non corrélés au résultat clinique. L’évolution de la greffe selon Pierchon retrouve 20 aspects de corticalisation et 8° de trabéculation. Les critères influençant la migration sont la granulométrie de la greffe et le délai de reprise d’appui. La migration est stable passé un délai de 12 mois. DISCUSSION ET CONCLUSION. Les résultats fonctionnels et radiologiques restent satisfaisants compte tenu de l’impor- tance des dégâts préexistants. La migration des implants n’a pas eu d’incidence sur ces résultats. Nous avons modifié la technique chirurgicale, en fonction des résultats, concernant la granulomé- trie des greffons. Les avantages de cette technique restent la reconstruction du stock osseux et la désescalade thérapeutique. 246 Résultats à plus de 5 ans de 35 reconstructions de fémur proxi- mal par allogreffe massive man- chonnant une tige longue Camille THEVENIN-LEMOINE*, Laurent VASTEL, Marcel KERBOULL, Jean-Pierre COURPIED INTRODUCTION. Lors des révisions de prothèse totale de hanche (RPTH) avec fémur proximal altéré, la reconstitution du stock osseux a prouvé sa supériorité face au rescellement simple d’une prothèse massive. Dans les destructions majeures, peu de séries d’effectif important ont étudié les résultats des reconstructions par allogreffe massive. Le but de cette étude était d’évaluer les résultats d’une technique de reconstruction du fémur proximal par allogreffe massive manchonnant une tige longue. MATÉRIEL ET MÉTHODES. La série comportait 35 recons- tructions chez 33 patients (28 femmes et 7 hommes), d’âge moyen 61 ans, dont la destruction fémorale était cotée 3 ou 4 dans la classification de Vives/SOFCOT. Le nombre moyen d’inter- ventions avant la reprise était de 3,8 (de 1 à 9), en moyenne 2,5 prothèses totales (de 1 à 5). La technique a consisté dans tout les cas, après abord trans-trochantérien, à ouvrir le fémur altéré en « bivalve », permettant l’ablation de la prothèse et du ciment résiduel. La reconstruction du capital osseux a fait appel à une greffe massive cryo-préservée et irradiée manchonnant une tige fémorale longue de type Charnley-Kerboull. La fixation était cimentée dans le fémur distal et dans l’allogreffe. Les volets de fémur résiduel étaient ramenés et cerclés sur l’allogreffe. RÉSULTATS. Le recul moyen était de 6,1 ans (2 à 15 ans), 2 patients ont été perdus de vue et 6 sont décédés. Vingt et un patients ont été suivis plus de 5 ans. Le score de Merle d’Aubi- gné préopératoire moyen était de 9,8 (6 à 14) ; au dernier recul, il était de 14,9 (8 à 18). Deux complications précoces ont été observées : un accident vasculaire cérébral et une embolie grais- seuse. À distance, 23 pseudarthroses du grand trochanter, 6 luxa- tions récidivantes, 1 récidive infectieuse, 2 descellements mécaniques et 2 fractures sous tige. Une résorption concernant plus du tiers de la greffe est survenue 5 fois, n’altérant pas la sta- bilité de l’implant. DISCUSSION. En cas de destruction majeure avec fémur non continent, parmi les différentes techniques utilisées pour recons- tituer le capital osseux : l’utilisation d’allogreffes massives per- met une stabilité immédiate, avec une possibilité de recolonisation permettant d’espérer l’augmentation du stock osseux endogène. CONCLUSION. La technique de reconstruction fémorale par allogreffe massive permet une reconstruction articulaire fiable et durable, avec peu de complications graves et de résorption à long terme, mais une fréquente instabilité rési- duelle. Elle est nécessairement limitée par l’accessibilité des allogreffes. *Jean-Luc Marmorat, Hôpital Raymond Poincaré, 104, boulevard Raumond-Poincaré, 92380 Garches. *Camille Thevenin-Lemoine, Service d’Orthopédie A, Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques, 75014 Paris.

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2S144 79e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T.

nique décrite par Gie, Linder et Ling ; utilisant une tige lisse,sans appui sur le merckel, cimentée dans un lit d’allogreffe mor-celée impactée, comblant les défects osseux fémoraux. L’asso-ciation de matériel (plaque, grillage, câble) a été parfoisnécessaire afin de ponter les défects corticaux. L’analyse clini-que a été réalisée selon la cotation PMA. L’analyse radiologiqueen pré, post-opératoire et au dernier recul a été effectuée parnumérisation des radiographies et mesure de la mobilité desimplants (migration verticale et déviation frontale), l’évaluationet l’évolution du stock osseux par la classification de Pierchon.

RÉSULTATS. Vingt-huit patients ont été revus à plus de 2 ans.Nous déplorons 2 patients perdus de vue et un patient décédé àplus de deux ans de l’implantation. Deux déposes ont été réaliséespour des raisons mécaniques. Une fracture postopératoire est sur-venue à 6 mois. Le score PMA est passé de 11 à 17 au recul. Lesrésultats radiographiques montrent un enfoncement moyen de7,3 mm et une déviation frontale moyenne de 2°, non corrélés aurésultat clinique. L’évolution de la greffe selon Pierchon retrouve20 aspects de corticalisation et 8° de trabéculation. Les critèresinfluençant la migration sont la granulométrie de la greffe et ledélai de reprise d’appui. La migration est stable passé un délai de12 mois.

DISCUSSION ET CONCLUSION. Les résultats fonctionnelset radiologiques restent satisfaisants compte tenu de l’impor-tance des dégâts préexistants. La migration des implants n’a paseu d’incidence sur ces résultats. Nous avons modifié la techniquechirurgicale, en fonction des résultats, concernant la granulomé-trie des greffons. Les avantages de cette technique restent lareconstruction du stock osseux et la désescalade thérapeutique.

246 Résultats à plus de 5 ans de35 reconstructions de fémur proxi-mal par allogreffe massive man-chonnant une tige longue

Camille THEVENIN-LEMOINE*, Laurent VASTEL,Marcel KERBOULL, Jean-Pierre COURPIED

INTRODUCTION. Lors des révisions de prothèse totale dehanche (RPTH) avec fémur proximal altéré, la reconstitution

du stock osseux a prouvé sa supériorité face au rescellementsimple d’une prothèse massive. Dans les destructions majeures,peu de séries d’effectif important ont étudié les résultats desreconstructions par allogreffe massive. Le but de cette étudeétait d’évaluer les résultats d’une technique de reconstructiondu fémur proximal par allogreffe massive manchonnant unetige longue.

MATÉRIEL ET MÉTHODES. La série comportait 35 recons-tructions chez 33 patients (28 femmes et 7 hommes), d’âgemoyen 61 ans, dont la destruction fémorale était cotée 3 ou 4 dansla classification de Vives/SOFCOT. Le nombre moyen d’inter-ventions avant la reprise était de 3,8 (de 1 à 9), en moyenne2,5 prothèses totales (de 1 à 5). La technique a consisté dans toutles cas, après abord trans-trochantérien, à ouvrir le fémur altéréen « bivalve », permettant l’ablation de la prothèse et du cimentrésiduel. La reconstruction du capital osseux a fait appel à unegreffe massive cryo-préservée et irradiée manchonnant une tigefémorale longue de type Charnley-Kerboull. La fixation étaitcimentée dans le fémur distal et dans l’allogreffe. Les volets defémur résiduel étaient ramenés et cerclés sur l’allogreffe.

RÉSULTATS. Le recul moyen était de 6,1 ans (2 à 15 ans),2 patients ont été perdus de vue et 6 sont décédés. Vingt et unpatients ont été suivis plus de 5 ans. Le score de Merle d’Aubi-gné préopératoire moyen était de 9,8 (6 à 14) ; au dernier recul, ilétait de 14,9 (8 à 18). Deux complications précoces ont étéobservées : un accident vasculaire cérébral et une embolie grais-seuse. À distance, 23 pseudarthroses du grand trochanter, 6 luxa-tions récidivantes, 1 récidive infectieuse, 2 descellementsmécaniques et 2 fractures sous tige. Une résorption concernantplus du tiers de la greffe est survenue 5 fois, n’altérant pas la sta-bilité de l’implant.

DISCUSSION. En cas de destruction majeure avec fémur noncontinent, parmi les différentes techniques utilisées pour recons-tituer le capital osseux : l’utilisation d’allogreffes massives per-met une stabilité immédiate, avec une possibilité derecolonisation permettant d’espérer l’augmentation du stockosseux endogène.

CONCLUSION. La technique de reconstruction fémoralepar allogreffe massive permet une reconstruction articulairefiable et durable, avec peu de complications graves et derésorption à long terme, mais une fréquente instabilité rési-duelle. Elle est nécessairement limitée par l’accessibilité desallogreffes.

*Jean-Luc Marmorat, Hôpital Raymond Poincaré,104, boulevard Raumond-Poincaré, 92380 Garches.

*Camille Thevenin-Lemoine, Service d’Orthopédie A,Hôpital Cochin, 27, rue du Faubourg-Saint-Jacques,

75014 Paris.