214 Évaluation des caractéristiques mécaniques primaires de deux interventions de stabilisation...

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2S128 79 e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T. bymen sur une population de 180 épaules stabilisés par Bankart durant la même période. MATÉRIEL ET MÉTHODES. Il s’agit de 26 hommes âgés de 23 ans (17-32), le premier accident d’instabilité survient à 21 ans (15-29).L’accident initial (21 luxations, 6 subluxations) s’est produit 21 fois au rugby lors d’un placage. Seize patients ont eu plus de 2 accidents d’instabilité (3-10). Lors de l’interven- tion, une section verticale totale du sous scapulaire associée à une capsuloplastie avec 3 points transglénoïdiens (le plus infé- rieur à 6 heures) étaient réalisés. Nous avons utilisé la fiche de cotation du groupe Duplay pour évaluer les résultats cliniques et la cotation de Samilson pour l’évaluation radiologique. RÉSULTATS. Le recul est de 25 ans (20-38). Tous les patients ont rejoué au rugby 5 mois (4-6) après l’intervention. La moitié des joueurs ont pratiqué plus de 7 ans. Le score global moyen selon la cotation Duplay est de 84 (78-96) avec 9 excellents et 12 bons résultats, 5 résultats moyens et 1 mauvais résultat. Con- cernant la stabilité, le score moyen est de 21/25. On retrouve une récidive lors d’un match de rugby un an après l’intervention et 3 cas d’appréhension lors des mouvements forcés en abduc- tion rotation externe. Ces patients ont malgré tout continué la pratique du rugby. Concernant la mobilité, le score moyen est de 17/25. La limitation moyenne de la rotation externe est de 20°. Concernant la douleur, le score moyen est de 23/25. Vingt deux patients ont une épaule indolore et 4 ont une douleur occa- sionnelle. Concernant la reprise du sport, le score moyen est de 24/25. Au contrôle radiologique, 11 épaules sont radiologique- ment normales. Nous retrouvons selon la cotation de Samilson 10 stade 1, 5 stade 2 et 1 stade 3. DISCUSSION. Aucune épaule n’est évoquée comme étant la cause de l’arrêt de la pratique du rugby. Les résultats sur la stabi- lité, la limitation des rotations sont comparés à ceux de la littéra- ture. La faible incidence des atteintes radiologiques arthrogènes est soulignée. Les patients qui rapportent des signes cliniques d’instabilité présentent des remaniements arthrosiques. CONCLUSION. L’intervention de Bankart donne d’excel- lents résultats à court et à long terme chez le rugbymen. Elle cor- rige l’instabilité et permet une reprise sportive au même niveau. 213 Résultats de la technique de Latar- jet dans l’instabilité antérieure de l’épaule chez le rugbyman Elias DAGHER*, Bertrand SONNERY-COTTET, Laurent NOVÉ-JOSSERAND, Gilles WALCH INTRODUCTION. Les joueurs de rugby présentant une insta- bilité antérieure de l’épaule ont déjà été rapportés comme étant à haut risque d’échec après stabilisation chirurgicale. Nous rappor- tons les résultats de la technique de Latarjet chez le rugbyman. MATÉRIELS ET MÉTHODES. Une analyse rétrospective de 1518 patients ayant subi une stabilisation pour instabilité ante- rieure de l’épaule par la technique de Latarjet entre 1988 et 2002 a révélé 125 joueurs de rugby. 85 épaules chez 79 patients ont été revues pour cette étude avec un recul moyen de 7 ans (1-15). L’âge moyen était de 19,5 ans (12-40). 46 patients avaient un niveau national ou international. 60 patients avaient des luxa- tions récidivantes et 19 patients présentaient des subluxations. Les radiographies préopératoires ont révélé 56 lésions osseuses de Bankart (66 %) et 53 encoches de la tête humérale (62 %). Le délai moyen entre la survenue de l’instabilité et la chirurgie était de 33 mois (2-288). Au dernier recul, les patients étaient interro- gés sur la reprise du sport. Ils étaient de plus évalués selon la fiche Duplay. RÉSULTATS. 93 % des patients étaient satisfaits (40 %) ou très satisfaits (53 %). 53 patients (67 %) ont repris le rugby avec un délai moyen de 6 mois (3-24). 16 patients (20 %) ont décidé d’arrêter pour des raisons indépendantes de leurs épaules. Le taux d’instabilité récurrente était de 7 %, un patient (1,1 %) avait pré- senté une nouvelle luxation (pseudarthrose due à une fixation par vis résorbables) et 5 patients (5,8 %) avaient présenté des épiso- des de sub-luxations. Le score Duplay moyen était de 76 points. 89 % des patients avaient un excellent (36 %) ou bon (43 %) résultat. Les meilleurs résultats étaient observés chez les patients opérés dans la première année après la survenue de l’instabilité (score Duplay = 84, 42 % d’excellent et 51 % de bon résultats). CONCLUSION. La stabilisation de l’épaule par butée cora- coïdienne selon Latarjet représente une technique sûre et efficace dans le traitement de l’instabilité antérieure. La stabilité postopé- ratoire paraît satisfaisante dans cette population en comparaison aux résultats rapportés avec d’autres techniques. Nous conti- nuons à recommander cette technique chez les sportifs à haut ris- que. 214 Évaluation des caractéristiques mécaniques primaires de deux interventions de stabilisation anté- rieure de l’épaule : le Bankart et la butée coracoïdienne. Modèle cada- vérique de luxation antérieure trau- matique de l’épaule Philippe CLAVERT*, Jean-François KEMPF, François BONNOMET, Jean-Luc KAHN INTRODUCTION. Le mouvement luxant préférentiel est l’armé du bras. À partir des lésions observées lors d’études cada- vériques et lors d’interventions, 2 techniques de stabilisations de l’épaule se sont imposées : le Bankart et la butée pré-glénoï- dienne. Le but de cette étude est tout d’abord de mettre au point un modèle cadavérique de luxation gléno-humérale antérieure pure, survenant sur une épaule saine, en position d’armé du bras. À l’aide de ce modèle, les caractéristiques mécaniques primaires *Marc Geneste, Service d’Orthopédie Traumatologie, CHU Bordeaux, place Amelie-Raba-Léon, 33076 Bordeaux Cedex. *Elias Dagher, Département de Chirurgie de l’Epaule, Clinique Sainte-Anne-Lumière, 85, cours Albert-Thomas, 69003 Lyon.

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2S128 79e RÉUNION ANNUELLE DE LA SO.F.C.O.T.

bymen sur une population de 180 épaules stabilisés par Bankartdurant la même période.

MATÉRIEL ET MÉTHODES. Il s’agit de 26 hommes âgésde 23 ans (17-32), le premier accident d’instabilité survient à21 ans (15-29).L’accident initial (21 luxations, 6 subluxations)s’est produit 21 fois au rugby lors d’un placage. Seize patientsont eu plus de 2 accidents d’instabilité (3-10). Lors de l’interven-tion, une section verticale totale du sous scapulaire associée àune capsuloplastie avec 3 points transglénoïdiens (le plus infé-rieur à 6 heures) étaient réalisés. Nous avons utilisé la fiche decotation du groupe Duplay pour évaluer les résultats cliniques etla cotation de Samilson pour l’évaluation radiologique.

RÉSULTATS. Le recul est de 25 ans (20-38). Tous les patientsont rejoué au rugby 5 mois (4-6) après l’intervention. La moitiédes joueurs ont pratiqué plus de 7 ans. Le score global moyenselon la cotation Duplay est de 84 (78-96) avec 9 excellents et12 bons résultats, 5 résultats moyens et 1 mauvais résultat. Con-cernant la stabilité, le score moyen est de 21/25. On retrouve unerécidive lors d’un match de rugby un an après l’intervention et3 cas d’appréhension lors des mouvements forcés en abduc-tion rotation externe. Ces patients ont malgré tout continué lapratique du rugby. Concernant la mobilité, le score moyen estde 17/25. La limitation moyenne de la rotation externe est de20°. Concernant la douleur, le score moyen est de 23/25. Vingtdeux patients ont une épaule indolore et 4 ont une douleur occa-sionnelle. Concernant la reprise du sport, le score moyen est de24/25. Au contrôle radiologique, 11 épaules sont radiologique-ment normales. Nous retrouvons selon la cotation de Samilson10 stade 1, 5 stade 2 et 1 stade 3.

DISCUSSION. Aucune épaule n’est évoquée comme étant lacause de l’arrêt de la pratique du rugby. Les résultats sur la stabi-lité, la limitation des rotations sont comparés à ceux de la littéra-ture. La faible incidence des atteintes radiologiques arthrogènesest soulignée. Les patients qui rapportent des signes cliniquesd’instabilité présentent des remaniements arthrosiques.

CONCLUSION. L’intervention de Bankart donne d’excel-lents résultats à court et à long terme chez le rugbymen. Elle cor-rige l’instabilité et permet une reprise sportive au même niveau.

213 Résultats de la technique de Latar-jet dans l’instabilité antérieure del’épaule chez le rugbyman

Elias DAGHER*, Bertrand SONNERY-COTTET,Laurent NOVÉ-JOSSERAND, Gilles WALCH

INTRODUCTION. Les joueurs de rugby présentant une insta-bilité antérieure de l’épaule ont déjà été rapportés comme étant àhaut risque d’échec après stabilisation chirurgicale. Nous rappor-tons les résultats de la technique de Latarjet chez le rugbyman.

MATÉRIELS ET MÉTHODES. Une analyse rétrospective de1518 patients ayant subi une stabilisation pour instabilité ante-

rieure de l’épaule par la technique de Latarjet entre 1988 et 2002a révélé 125 joueurs de rugby. 85 épaules chez 79 patients ontété revues pour cette étude avec un recul moyen de 7 ans (1-15).L’âge moyen était de 19,5 ans (12-40). 46 patients avaient unniveau national ou international. 60 patients avaient des luxa-tions récidivantes et 19 patients présentaient des subluxations.Les radiographies préopératoires ont révélé 56 lésions osseusesde Bankart (66 %) et 53 encoches de la tête humérale (62 %). Ledélai moyen entre la survenue de l’instabilité et la chirurgie étaitde 33 mois (2-288). Au dernier recul, les patients étaient interro-gés sur la reprise du sport. Ils étaient de plus évalués selon lafiche Duplay.

RÉSULTATS. 93 % des patients étaient satisfaits (40 %) outrès satisfaits (53 %). 53 patients (67 %) ont repris le rugby avecun délai moyen de 6 mois (3-24). 16 patients (20 %) ont décidéd’arrêter pour des raisons indépendantes de leurs épaules. Le tauxd’instabilité récurrente était de 7 %, un patient (1,1 %) avait pré-senté une nouvelle luxation (pseudarthrose due à une fixation parvis résorbables) et 5 patients (5,8 %) avaient présenté des épiso-des de sub-luxations. Le score Duplay moyen était de 76 points.89 % des patients avaient un excellent (36 %) ou bon (43 %)résultat. Les meilleurs résultats étaient observés chez les patientsopérés dans la première année après la survenue de l’instabilité(score Duplay = 84, 42 % d’excellent et 51 % de bon résultats).

CONCLUSION. La stabilisation de l’épaule par butée cora-coïdienne selon Latarjet représente une technique sûre et efficacedans le traitement de l’instabilité antérieure. La stabilité postopé-ratoire paraît satisfaisante dans cette population en comparaisonaux résultats rapportés avec d’autres techniques. Nous conti-nuons à recommander cette technique chez les sportifs à haut ris-que.

214 Évaluation des caractéristiquesmécaniques primaires de deuxinterventions de stabilisation anté-rieure de l’épaule : le Bankart et labutée coracoïdienne. Modèle cada-vérique de luxation antérieure trau-matique de l’épaule

Philippe CLAVERT*, Jean-François KEMPF,François BONNOMET, Jean-Luc KAHN

INTRODUCTION. Le mouvement luxant préférentiel estl’armé du bras. À partir des lésions observées lors d’études cada-vériques et lors d’interventions, 2 techniques de stabilisations del’épaule se sont imposées : le Bankart et la butée pré-glénoï-dienne. Le but de cette étude est tout d’abord de mettre au pointun modèle cadavérique de luxation gléno-humérale antérieurepure, survenant sur une épaule saine, en position d’armé du bras.À l’aide de ce modèle, les caractéristiques mécaniques primaires

*Marc Geneste, Service d’Orthopédie Traumatologie,CHU Bordeaux, place Amelie-Raba-Léon,

33076 Bordeaux Cedex.

*Elias Dagher, Département de Chirurgie de l’Epaule,Clinique Sainte-Anne-Lumière, 85, cours Albert-Thomas,

69003 Lyon.

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RÉSUMÉ DES COMMUNICATIONS 2S129

de ces deux techniques de stabilisation de l’épaule ont été étu-diées et comparées.

MATÉRIEL ET MÉTHODE. Quinze épaules cadavériquesfraîches ont été nécessaires. Après tirage au sort, 5 épaules sontutilisées pour évaluer les caractéristiques mécaniques des struc-tures capsulo-ligamentaires antérieures saines. Les 10 autressont utilisées pour évaluer dans un premier temps les caractéris-tiques du Bankart puis dans un second temps celles de la butéecoracaoïdienne. Après mise en place des pièces anatomiques surle banc d’essais montées sur une machine d’essais à cellule decharge Instron 8 500+, en position d’armé du bras, un tiroir anté-rieur est réalisé. Des courbes de type « contrainte-déplacement »sont enregistrées et permettent de déterminer la charge à la rup-ture, l’élongation des structures capsulo-ligapmentaires et larigidité de ces structures saines et des réparations.

RÉSULTATS. Cette étude confirme les données de la littéra-ture concernant les caractéristiques mécaniques des structuresantérieures saines. La stabilisation selon la technique de Bankartne permet pas de restituer les caractéristiques mécaniques desstructures antérieures saines au temps t 0. Quant à la techniquede la butée, la charge à la rupture enregistrée est 2 fois supérieureà celle des structures saines. L’action du bloc osseux est peuimportante. L’effet apporté par le muscle coracobrachial trans-féré semble capital, car il n’empêche pas la subluxation, mais iln’y pas de luxation vraie car cette structure persiste en avant dela partie inférieure de la tête humérale non couverte par le mus-cle subscapulaire.

DISCUSSION. Cette étude a donc permis de mettre au pointun modèle de luxation antérieure de l’épaule, en se rapprochantle plus possible de la réalité, à la différence de nombreux autresmodèles présentés dans la littérature. Il existe une divergenceentre les équipes concernant le bien fondé du transfert du musclecoracobrachial associé à la réalisation d’une butée osseuse anté-rieure. Notre étude biomécanique confirme cette nécessité.

215 Facteurs de récidive de l’instabilitéantérieure de l’épaule après« Bankart arthroscopique »

Lionel NEYTON*, Matias VILLALBA,Jean-Yves HERY, Christophe TROJANI,Istvàn HOVORKA, Pascal BOILEAU

BUT DE L’ÉTUDE. Analyser les facteurs d’échec après sta-bilisation antérieure arthroscopique de l’épaule.

MATÉRIEL ET MÉTHODES. Quatre-vingt-onze patients con-sécutifs, opérés pour instabilité antérieure chronique de l’épaulepar « Bankart arthroscopique », ont été suivis de manière pros-pective et revus avec un recul minimum de 2 ans (33 mois,24-49). Luxations (22 cas), subluxations (27 cas), luxations+ subluxations (30 cas), EDI (12 cas). Sexe ratio : 71 hommes et20 femmes. L’âge moyen lors du premier épisode d’instabilitéétait de 21,5 ans (12-49) et de 26,4 ans (17-72), lors de l’inter-vention. Les échecs ont été définis comme étant des récidives del’instabilité antérieure (luxation ou subluxation), et ont été corré-lés aux différents facteurs anatomiques et épidémiologiques con-nus.

RÉSULTATS. Quatorze patients (15 %) ont récidivé(13 hommes) en présentant au moins un épisode d’instabilitéen postopératoire (6 luxations et 8 subluxations). Le délai derécidive était de 17,6 mois (7-32) ; 5 patients ont récidivéentre 1 et 2 ans ; 4 patients après 2 ans. Trois facteurs anato-miques (objectivés par la confrontation radiographie, arthros-canner et arthroscopie) étaient péjoratifs : 1) un défect osseuxglénoïdien antérieur (éculement, 6 cas, p = 0,012) ; 2) undéfect osseux huméral postérieur (large Hill-Sachs, 5 cas,p < 0,05) ; 3) une capsule déficiente (déchirure ou distensionsévère du LGHI, 8 cas). Certains facteurs épidémiologiquesétaient péjoratifs : le caractère atraumatique (ou un trauma-tisme minime) lors du premier épisode (5/6), un nombreimportant de subluxations (> 20), une hyperlaxité inférieure(10 cas, p = 0,05), définie par un test d’hyperabduction asy-métrique (> 20) ou très appréhensif, et la reprise d’un sport àrisque (rugby, hand-ball, judo, ski nautique). En outre, l’étatcapsulaire a permis de schématiser deux types de récidives :capsule correcte, délai de récidive long, récidive traumatique ;et capsule déficiente, délai de récidive court, récidive atrauma-tique ou traumatisme minime.

CONCLUSION. Un défect osseux glénoïdien ou huméralet/ou une capsule déficiente sont des facteurs de récidive del’instabilité. La présence de l’un de ces facteurs nous fait con-tre-indiquer la stabilisation arthroscopique et préférer unetechnique conventionnelle de type butée. Ceci d’autant pluss’il s’agit d’un jeune garçon, que le premier épisode d’instabi-lité est atraumatique, qu’il a présenté de nombreuses subluxa-tions (> 20), qu’il présente une hyperlaxité inférieure et qu’ilsouhaite continuer à pratiquer un sport de contact.

*Philippe Clavert, Service d’Orthopédie, CHRU de Strasbourg,avenue Molière, 67098 Strasboourg Cedex.

*Lionel Neyton, Service de Chirurgie Orthopédiqueet Traumatologie du Sport, Hôpital Archet,

151, route Saint-Antoine-de-Ginestière,06200 Nice.