2015_L'immaculée conception

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L’immaculée conception 290616356

description

Mémoire de présentation d'un travail de recherche scénique autour d'une mise en défaut de la véracité de la réalité physique. Principales références convoquées : BERGSON H., BRANCUSI C., FOUCAULT M., SERRES M. Ensa Nantes 2015

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L’immaculée conception290616356

UE 71/91 Architecture en représentation, Laurent Lescop, Bruno Suner, Pascal Joannefévrier 2015

L’immaculée conception

Si l’on considére la propriété comme attachée à un individu, ne peut-on pas dire que la propriété est une forme éphémère. Aussi, cela permet de considérer que toutes propriétés est propriété du temps, voilà la raison pour laquelle ce travail sera réalisé et présenté sous couvert d’anonymat.

Il y a quelque chose d’exaltant malgré tout dans cette constatation que c’est toujours une idée, cette force la plus immatérielle qui soit sur terre, qui arrive à réaliser de tels miracles de suggestions.

Stefan ZWEIG,Conscience contre violence, 1976.

Préambule

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Pourquoi Architecture en représentation 2014

Avant toutes choses, je tiens à rappeler les raisons pour lesquelles je me suis orienté vers l’option Architecture en représentation 2014 pour réaliser ce travail.

D’abord une rencontre avec Laurent Lescop, responsable de l’option de projet, m’avait permis d’apprendre que le sujet s’orienterait autour de l’univers cistercien, notamment sur l’abbaye de Clairvaux. Le point qui avait retenu mon attention était que dans ce cadre il était possible de travailler sur la lumière, et plus précisemment sur la lumière naturelle. En effet, je souhaitais m’appuyer sur cet élément - la lumière- pour développer un projet, et j’avais pour ambition de travailler à partir de dispositifs lumineux, des ombres, des refl ets, ou encore de toutes les formes de lumière qui se présenteraient.

Le choix de l’abbaye de Clairvaux m’avait d’autant plus interessé que j’ai soutenu mon travail de mémoire de master, L’arabesque habitée, en septembre 2014 et que j’y interrogeais les notions de subjectivité et de légitimité du jugement dans toutes ces formes. Aussi, l’abbaye de Clairvaux ayant été transformée en prison1, cela me laissait penser que j’allais pouvoir poursuivre le développement des questionnements relatifs à la notion de liberté amorcés au cours de mon mémoire.

Je m’engageais donc avec l’intention de développer un projet articulé autour d’une approche spatiale liée à la lumière naturelle et d’une approche plus théorique, attachée aux questions de liberté, de jugement et de subjectivité.

« Comment peut-on se permettre de défi nir un goût, où trouver les repères du jugement? Et fi nalement, pourquoi juger?

Pour la liberté? »L’arabesque habitée, p72

1 1808, sous le régime de Napoléon

POURQUOI ARCHITECTURE EN REPRESENTATION 2014?

Production

Moment de l’expérimentation et de la découverte, cette phase a permis de plonger dans l’univers du projet, de poser des sensibilités, sans retenue. Successivement affi nées ou abandonnées, affi nées et abandonnées, elles ont eu une place, et il est sûr qu’elles sont les germes du travail qui a suivi, quelle qu’en soit sa forme.

Phase A/ Chemin faisant

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PHASE A/ CHEMIN FAISANT

Mettre en mouvement

Réalisé en introduction du semestre, ce travail avait pour objectif de communiquer l’univers de référence personnel et, potentiellement de faire émerger des axes de travail pour la suite.

Une semaine d’expérimentation m’avait conduit à installer deux dispositifs dans l’espace tampon du 2A de l’école. Tous deux étaient des bassins, et contenaient un volume d’eau qui leur permettaient de se présenter comme des « miroirs ».

Disposés à quelques mètres l’un de l’autre, ils se présentaient comme des obstacles à la déambulation habituelle. En effet, leur échelle empêchait un franchissement classique, néanmoins, une démarche dynamique permettait à quiconque le souhaitait de les franchir, sans diffi culté. C’était là une des volonté de cette installation, l’intention était de créer l’évènement, dans ce qu’il est de plus simple, et de donner la possibilité aux étudiants de se « mettre en mouvement ». La seconde intention était de s’intéresser à l’élément eau, les refl ets, le bruit, et les autres sensations qu’il génère. Cela m’a fi nalement conduit à travailler en association avec une autre étudiante, Louise Dusquesne qui, pour son travail, souhaitait s’appuyer sur les bassins.

Une goutte, deux gouttes, un goutte à goutte mettait en mouvement l’eau contenue. Ainsi, l’évènement se poursuivait, émergence en mouvement.

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L’obstacleUnivers de référence

Ensa Nantes25_09_2014

METTRE EN MOUVEMENT

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L’obstacleUnivers de référence

Ensa Nantes25_09_2014

PHASE A/ CHEMIN FAISANT

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L’obstacle partagéUnivers de référence

Ensa Nantes25_09_2014

METTRE EN MOUVEMENT

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Degrés

PHASE A/ CHEMIN FAISANT

Le rendu voyage avait pour objectif de restituer les sensibilités qui avaient émergé au cours du voyage «Abbaye Road» réalisé de Nantes à Lyon du 8 au 12 octobre 2014. Au delà d’une simple restitution, ce rendu devait amorcer le travail de groupe, et esquisser des axes pour la suite des travaux.

Dans notre cas, nous avions décidé de structurer un espace de déambulation accessible simultanément à l’ensemble des étudiants de l’option. Situé à l’étage 0C de l’Ensa, cet espace était une analogie aux espaces d’enfermement parcourus durant notre séjour. Nous voulions y exprimer l’idée que les lieux sont complexes, composés de leur histoire, du temps. En parallèle, notre intention était de faire perdre toute notion d’espace et de localisation. Pour ce faire, nous avions structuré l’espace avec des cimaises métalliques renversées. Peu habitué à les voir disposées ainsi, nous étions transportés dans un espace inconnu, où le visiteur pouvait se croire enfermé. Erreur! Les éléments qui étaient positionnés en épi offraient un espace poreux, l’arrière-scène était accessible! La disposition et la réfl exion lumineuse des cimaises amplifi aient ce phénomène de disparition de l’arrière-scène. Ainsi, le visiteur passait d’un espace clos à un espace ouvert!

Malgré tout, une forme d’enfermement persistait. En effet, une bande-sonore était diffusée dans l’espace, assourdissante, le visiteur n’avait aucun pouvoir sur elle. Il se voyait contraint de se soumettre aux bourrasques du vent du jardin de l’abbaye de Noirlac, à un cours de première année exposé dans l’espace du 0C quelques jours plus tôt, et enfi n à un moment fort du voyage, un chant entonné par l’ensemble du groupe dans l’abbatiale de l’abbaye de Fontenay.

Ainsi, et en portant les cages thoraciques en vibration, en tentant de perturber les sens, ce dispositif voulait amener le groupe à l’émotion, voire à la transcendance commune, à ce formidable état d’égarement qu’est la fragilité.

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DegrésQuentin Duval/ Jules Millour/ Kateryna Makukha et moi

Vidéo disponible sur www.vistonpfe.wordpress.com Rendu voyage_

Ensa Nantes17_10_2014

DEGRES

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Interroger le réel

PHASE A/ CHEMIN FAISANT

L’une de mes principales sources d’inspiration et de réfl exion tout au long de ce semestre a été le travail de Constantin Brâncuși. Il me semble en effet, qu’au travers de son oeuvre, Brâncuși a voulu interroger la réalité, et lorsqu’on observe ces oeuvres, on est amené à plonger dans la réalité et ses degrés.

Expliquons-nous. Les refl ets, au même titre que l’objet concret peuvent être considérés comme des formes de la réalité. Partant de ce principe, on peut dire que le refl et d’un objet sur une surface réfl echissante est un degré 2 de la réalité - une déformation, la réalité «concrète» étant considérée comme de degré 1. A partir de là, si cette déformation se refl ète de nouveau sur une surface , elle atteint un degré 3 de réalité. Ainsi, et de ce point de vue, on peut considérer que l’oeuvre de Brâncuși met en exergue la complexité de la réalité. On peut dire, qu’il est metteur en abîme de la réalité2.

Le rendu concept du 7 novembre 20143 avait été l’occasion de présenter cette vision de la réalité, en ce qu’elle est composée. Pour cela, l’installation se composait d’une projection vidéo sur un voile mat, combinée à sa bande son, tous deux étaient ralenties à 30%. Dans l’axe de la projection, un miroir avait été installé, et déviait une partie de la vidéo dans la salle. Ainsi, ce fragment d’image se retrouvait projeté au sol où, et dans l’un des angles de projection au sol, un pli en papier - une grue en origami - avait été disposé.

2 cf. Léda et les degrés de réalités. 3 L’oiseau bulle par pliures, Rendu concept, 7_11_2014

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Léda et les degrés de réalitésExpo Duchamp, Paris

27_10_2014

INTERROGER LE REEL

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PHASE A/ CHEMIN FAISANT

Avec cette installation, je souhaitais exprimer l’idée que toutes formes renferment des morceaux de temps, que toutes les formes existantes sont parce qu’elles ont été, et que chacune d’elles renferment leur histoire avec ce que cela recèle d’inconnu et de complexité. Ainsi, le pli était la représentation littérale de cette idée. Bien que présent face à nous, cette forme restait un inconnu, une image de l’impossible vérité, et cela révèlait le voile qui existe sur toutes choses.

Comme nous l’avons dit, une bande vidéo - et sonore - était diffusée. Enregistrée quelques jours plus tôt sur le parvis du Centre Pompidou à Paris, elle était maintenant ralentie et diffusée dans une salle de l’école. En regard de ce média, du privilège qu’offre la technique d’enregistrement/diffusion, cette étrange restitution d’un instant passé, l’intention était d’exprimer la notion d’élasticité du temps. Ainsi, et en déformant le média vidéo, je souhaitais souligner l’illusion qui règne derrière cette forme de restitution. Ce que le pli nous avait dévoilé dans son impossible vérité, nous le retrouvions dans l’image projettée.

Ce travail s’inscrivait dans la continuité de la recherche de la perte des repères. Les différents refl ets et déformations voulaient exprimer l’idée des degrés de réalités, la complexité de la réalité.

Tout comme le pli, hommes et bâtiments sont des formes, complexes et tissées dans et par le temps. Aussi, et en travaillant sur le pli, l’intention était de plonger dans l’univers infi ni et indéfi nissable du monde réel.

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L’oiseau bulle, plis.Rendu concept_

Ensa Nantes7_11_2014

INTERROGER LE REEL

Espace sensoriel

Coop Himmelb(l)au, Villa Rosa, 1971Les visionnaires, une autre histoire de l’architecture

Fruit d’un aller-retour entre une démarche théorique - à l’origine du projet - et une approche scénique - qui considère et s’appuie sur l’objectif de réaliser et, construire concrètement le dispositif, cette seconde phase a été menée dans l’idée que la réalisation du dispositif «conceptualisé» peut permettre de révéler des sensibilités qui, sans cette construction resteraient voilées.

Phase B/ Intuitions théoriques

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Cellule minimale d’enfermement

PHASE B/ INTUITIONS THEORIQUES

Admission et exclusion au sein de la société Cela reste à vérifi er mais il semble que l’on peut avancer qu’un condamné lorsqu’il est puni - enfermé, emprisonné - est sorti de la société. Bergsson avance qu’un assassin jugé et puni selon les codes de la société dans laquelle il a commis ses crimes est dans une démarche d’approbation de son crime et des codes selon lesquels il a commis son crime. Alors, et si l’on s’en tient à l’idée qu’avec la punition la société cherche à exclure le condamné, dans l’approbation de son crime, c’est bien le condamné qui se place en situation de réintégration face aux codes de la société4.

Attardons-nous maintenant au rejet dont fait preuve la société à l’égard du condamné. Ce rejet se manifeste dans une étendue qui va du domaine physique - les prisons sont rejettées hors des murs de la ville, alors qu’au sein même de l’enceinte carcérale, le lieu d’enfermement peut-être réduit jusqu’à l’isolement - au domaine psychique et moral, lieu de manifestation de la souffrance subie par le condamné5. Cette souffrance pénètre différentes strates, plus ou moins profondes du condamné et révèle sa mise hors de la société, son isolement.

L’isolation et l’isolement nous apparaissent maintenant comme une condition intrinsèque de la condition de condamné. Elles sont des nécessités pour la société, qui peut ainsi se protéger des souffrances qu’elle infl ige au condamné. Isolé, il n’en fait potentiellement plus parti. En effet, l’évaluation des souffrances éprouvées par le condamné pourrait se révéler insondable car trop profondes, trop complexes. Ainsi, mieux vaut se prémunir contre ce risque, mieux vaut se prémunir du bandit qui aurait un jour, enfreint le code commun, la morale qui protège contre la souffrance d’autrui. En bref, mieux vaut isoler le condamné.

4 BERGSON Henry, Les deux sources de la morale et de la religion, PUF, 19425 FOUCAULT Michel, Surveiller et punir, Editions Gallimard, 1975

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CELLULE MINIMALE D’ENFERMEMENT

Tous prisonniers?Avant de pouvoir isoler le prisonnier, encore faut-il l’avoir identifi er. Mais qu’en est-il, et qui peut-il bien être si l’on considère que les condamnés comme les hommes «libres» sont des prisonniers. Je m’explique. Tout homme, tout être en tant qu’il est inséré dans une société, un groupe, peut-être considéré comme enserré dans les codes, les critères de son groupe. Ainsi, hommes et groupes sociaux sont soumis à un code commun6, leur condition de vie, presque de survie.

Pour la réduction maximale du lieu d’échange Reste à aborder l’idée d’isolement entre le condamné et le monde et celle du «tous prisonniers», développées précédemment. Abordons les d’un point de vue théorique. Dans un premier temps, traitons la notion d’isolat d’un point de vue mathématique et, observons les formes qui assurent la réduction maximale de l’interface d’échange. Ici, la sphère se révèle caractéristique, car disposée sur une surface, elle y est en contact par de seuls appuis ponctuels. Ces appuis laissent apparaître d’uniques fi gures, des points, le point.

Celui-ci est la forme minimale d’échange entre les éléments, issu de la rencontre entre des éléments distincts, il s’ouvre au champs infi ni de la mise en relation, de l’échange. Deleuze nous dit que le point est le lieu de la rencontre, là où la tangente traverse la courbe. Pour lui, le point est le point d’infl exion lui-même, propos enchéri par Paul Klee pour qui l’infl exion est le Monde lui-même, son commencement, le « lieu de la cosmogénèse », « point non dimensionnel », « entre les dimensions »7. Mais alors, le point serait-il un événement en attente d’événements? L’émergence de potentielles émergences?

C’est cette propriété particulière du point et de la sphère qui, dans un premier temps va guider le développement du projet.

6 SERRES Michel, Le contrat naturel, Editions François Bourin, 1990 7 DELEUZE Gilles, Le pli, Leibniz et le baroque, Collection Critique, 1988, p.21

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PHASE B/ INTUITIONS THEORIQUES

Premières projectionsAinsi, la première intention de projet fut de réaliser un dispositif articulé autour de sphères immersives. Chacune d’elle serait constituée sur la base d’une structure de miroirs sans tain - surface extérieure réfl echissante, qui refl éterait le monde extérieur, et intérieure translucide laissant percevoir l’extérieur. L’idée étant que grâce à un tel dispositif, la personne immergée disparaisse du monde visuel - dans sa forme visuelle «homme» - et ne laisse entrevoir que les déformations qu’elle soumet au monde.

Cela permettait d’affi rmer l’idée que toute personne déforme le monde, que le monde, à partir du moment où il est perçu par une forme vivante, est déformé et subjectivé. Ainsi, et avec la disparition de la forme «homme», il ne restait à l’image de la personne immergée que la déformation visuelle du monde engendrée par la présence, le mouvement, de soi et de l’autre8.

Sur cette base, deux scénarios se développaient. Dans le premier cas, des sphères étaient construites et offraient la possibilité de déambuler dans un espace physique9. Dans le second, les visiteurs entraient dans une sphère physique qui les plongeait dans un univers immersif. A la manière de la VirtuSphere développée par VirtuSphere Inc10, la sphère devenait le support de projection de l’univers virtuel souhaité - réfl exion du monde extérieur - et devait être installée sur un socle qui lui permettait d’être mise en mouvement.

8 Réalités, 14_11_2014 9 Coop Himmelb(l)au, Villa Rosa, 197110 VirtuSphere développée par VirtuSphere Inc

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CELLULE MINIMALE D’ENFERMEMENT

Réalités

14_11_2014

Voilà que l’intention théorique était posée, motivée et motivante. Ressentir la sphère, cet environnement artifi ciel, déroutant où seule une habilité physico-sensoriel permettait de progresser.Contraingnante, élitiste, ou simplement vulgaire, cette intention a donné lieu à un travail de recherche de quelques semaines. Voici l’exposé d’une erreur sur un parcours semé d’embuches.

Phase C/ Histoire d’une chuteD’une volonté spatiale à l’enfermement

Phase D/ Découverte d’un matériau immatérielExpérimentation physique d’une absence matérielle

Sortir de l’impasse, faire dialogue. Ecouter. Des semaines de travail venaient de s’écouler, et à la recherche d’une solution technique, voilà que le projet avait gagné le chemin de l’obstination, de la sécurité. Et un heureux événement n’arrivant jamais seul, je découvris les potentialités de cette recherche. Ressentir un marbre mou ou quand l’oxymore devient principe d’émergence.Un matériau, immatériel, est découvert.

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Libérer le condamné, le désincarcérer, et révéler une potentielle condition d’incarcéré. L’intention est posée, elle veut faire prendre conscience aux utilisateurs - aux visiteurs - que la liberté est un privilège d’une fragilité sans égal, qu’il faut s’employer à agiter.

Action neutre est un dispositif dont l’objectif est de faire ressentir à un utilisateur une présence matérielle via des formes physiques matériellement absentes. Il est composé de deux installations distinctes, Désincarcération qui est destinée à être installée dans des cellules de condamnés, en prison, et Incarcération, qui vise à être intégrée dans des espaces d’exposition en tant qu’expérimentation artistique. Techniquement, ces deux installations sont identiques. Elles se composent de plateaux électro-magnétiques, qui peuvent être disposés horizontalement, de façon à constituer un plancher, ou verticalement, comme des parois verticales. Ces plateaux permettent de générer des champs magnétiques qui créent des reliefs ou des obstacles. Un système de localisation de l’usager permet de piloter l’action des bobines électro-magnétiques, et la commande des champs magnétiques.

Le dispositif est donc composé de deux installations, dont les actions peuvent être qualifi ées d’opposées. Désincarcération qui est destinée aux personnes incarcérées, tend à leur offrir un moyen de s’évader sensoriellement de leur cellule. En effet, on peut considérer qu’une fois installée dans une cellule, elle offrirait à un condamné la possibilité de «charger un monde». Muni d’une interface, chaque condamné serait libre de choisir un lieu du monde, une ville, un champs, dans lequel il souhaiterait s’aventurer (A). Incarcération, son opposé, a pour ambition de faire ressentir à des visiteurs d’une salle d’exposition, la condition d’incarcéré. Déambulant librement, le déclenchement soudain du dispositif d’incarcération magnétique plongerait le visiteur au coeur d’une cellule immatérielle, dont il ne pourrait franchir les limites (B).

PHASE D/ DECOUVERTE D’UN MATERIAU IMMATERIEL

Action neutre,incarcération et désincarcération

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ACTION NEUTRE, INCARCERATION ET DESINCARCERATION

Plateaux magnétiques, et leurs formes physiques immatérielles

05_12_2014

Coupe sur plateau non activé

A

B

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PHASE D/ DECOUVERTE D’UN MATERIAU IMMATERIEL

Ce travail a rapidement conduit à la volonté de réaliser un prototype qui permettrait de mesurer le potentiel de tels dispositifs. Cela a donné lieu à la fabrication d’une maquette élémentaire à base d’aimants classiques qui permit de ressentir, et de communiquer plus intuitivement l’intention du projet. Cependant, restait l’idée de fabriquer un prototype qui offrirait la possibilité de faire ressentir au corps de l’usager des formes absentes. Pour cela, une recherche plus technique et un état de l’art ont été réalisés afi n de pouvoir renseigner des documents communicables à des techniciens, et d’évaluer l’intérêt d’un système haptique tel que celui d’Action neutre.

Schéma des intéractions entre les éléments

Transmet

Capte

CalculeTable

Carte Arduino

Computeur

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Trame de capteurs capacitifs

Table support

Electroaimant / bobinage électrique

Electroaimant /noyau en ferrite

Eclaté de la table magnétiquePrototype à l’échelle de la main

12_12_2014

ACTION NEUTRE, INCARCERATION ET DESINCARCERATION

Phase projet/ Quels sens de l’immersion? Expérimentation physique d’une absence matérielle, suite

Une intention théorique comme support de travail, origine d’une recherche exaltante, presque hors de propos. Et pourtant, c’est avec le sentiment d’être plus que jamais dans le sujet de la réalité virtuelle que cette phase est abordée. L’immersion fait appel aux sens du spectateur-acteur et, c’est en ce sens qu’il est décidé de quitter l’univers de l’image et du son pour se mettre en quête du toucher, du retour, haptique, et de sa réalité, intangible.

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PHASE PFE/ QUELS SENS DE L’IMMERSION?

L’immaculée conception

A l’image du toucher Nous allons maintenant laisser le projet s’abandonner à l’incertitude de la présentation fi nale et allons tenter de mettre à plat les intentions de cette dernière phase. Pour cela, appuyons-nous sur l’image du dortoir des Converts de l’abbaye de Clairvaux - lieu et site du projet ci-contre. Elle sera le point d’origine du travail, un élément de sa signifi cation, le lieu de naissance du projet dans sa forme «février 2015».

Cette image est composée à la manière des toiles de Salvador Dali, notamment de celle du Buste de Voltaire réalisé en 1940. On y retrouve les images du Palazzo Spada11 de Borromini et celle de la toile The blank signature12 de Magritte.

Avec cette tentative, l’intention est de s’appuyer sur les artistes dont les travaux ont interrogé la réalité, entre l’image reçue et le vécu. Avec l’image du Palazzo Spada, on aborde les questions de perspective et de la perception visuelle, tandis qu’avec l’insertion de la toile de Magritte on souhaite aborder tout ce qui a trait à la question de la réalité des choses et à la relativité des signifi cations. Dans son travail, Magritte nous met en garde face aux choses que l’on voit et que l’on interprète, et c’est bien là l’un des questionnements de fond de ce travail.

Ces artistes, leurs oeuvres nous permettent d’aborder l’art de l’immersion par le biais de l’illusion. En effet, ils ont participé à la révélation des faiblesses du regard de l’homme, de la fragilité de cette vérité. Aussi, on peut dire que ce dévoilement a été permis grâce à leur habilité technique, et sensible. Malgré tout, il semble que l’on puisse avancer que de tels travaux ont été rendus réalisables sur les bases d’une maîtrise totale de la chose vue, de l’art de l’image. Aussi, cela nous amène à pouvoir considérer que l’illusion est fondée sur un art de la maîtrise, sur la maîtrise de la chose vue, du récit, et dans la maîtrise de la chose offerte au regard du spectateur. 11 construit en 1540, architecte Bartolomeo Baronino modifi é Francesco Borromini12 Magritte,1965, Belgique

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Le dortoir

28_12_2014

L’IMMACULEE CONCEPTION

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PHASE PFE/ QUELS SENS DE L’IMMERSION?

Ainsi, avec ces références, l’idée est de dire qu’il existe une signifi cation cachée, singulière à chacun, derrière toute chose perçue. Et ce pourrait bien être, cet état caché des choses qui amènerait à une sorte d’harmonie entre la chose perçue et la chose ressentie, sorte d’état sur le chemin de l’évasion. On serait tenté de dire que c’est sur cette voie que le spectateur rencontre son état d’acteur, éveillé et à l’affut de ses pleins sens.

Aussi, et dans notre cas, nous avancerons en direction d’un autre sens que celui de la vue. Eveillé, le spectateur sera en capacité de s’évader au milieu de formes physiques absentes. Il expérimentera l’un de ces cinq sens, le toucher.

Cette évasion, c’est sans doute un état d’être que des artistes tels que Borromini et Magritte ont approché. En outre, à eux deux ils balaient le champs de l’art13, de l’art graphique à l’architecture, et nous permettent de progresser en direction de la notion de subjectivité. Ce glissement nous positionne face au ressenti, domaine où l’on ne peut que considérer que fondamentalement toute chose, et tout être est subjectif, capable de vivre l’état d’évasion, l’état d’artiste.

Ainsi, et pour notre travail nous nous appuierons sur cette idée pour réaliser un dispositif dans lequel les sens devront être en éveil. La réalité y sera interrogée, mais le spectateur restera libre de tirer les conclusions qu’il souhaitera, en effet, l’expérience restera intrinsèquement singulière.

13 040914, L’arabesque habitée, p32

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Les deux mystères28_12_2014

L’IMMACULEE CONCEPTIONL’IMMACULEE CONCEPTION

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Le temps peut être le liant, une matière formée par le reste.13_11_2014

Le chemin qui mène au sensible pourrait être assimilé au chemin qui nous sépare de l’état d’artiste, ou de l’état de transe, cet équilibre entre la réalité, sa matérialité et notre interaction avec elle. Au mileu de ces matières, le temps lui, ne serait-il pas le liant, producteur du réel. Il est un paradoxe, formé du reste, alors même qu’il en est le géniteur.

16_11_2014

Adjectiver la liberté! Libre si et seulement si on l’adjective? Lire et écrire, tout autant productions qu’images et scénariis.

16_12_2014

Accepter et vivre du changement.24_12_2014

La vie est-elle changement, dégradation et plaisirs?26_12_2014

L’unicité ou la diversité sont tous deux des marqueurs de la complexité et de la singularité de la chose.

28_12_2014

7 janvier, 17h30.Pas plus d’images pour aujourd’hui.

07_01_2015

Ecrits personnels / Pensées

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Temps et vie, réunis, forment cet ensemble, point de départ, de l’un, de l’autre,

paradoxe? 14_01_2015

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Table des matières

Préambule 11

Production 14

Phase A/ Chemin faisant Mettre en mouvement 16 Degrés 20 Interroger le réel 22

Phase B/ Intuitions théoriques 27

Phase C/ Histoire d’une chute 33

Phase D/ Découverte d’un matériau immatériel Expérimentation physique d’une absence matérielle 37

Phase projet/ Quels sens de l’immersion? Expérimentation physique d’une absence matérielle, suite 43

Ecrits personnels / Pensées 50

Table des matières 53

Bibliographie 54

Sitographie 56

Filmographie 59

48

040914, L’arabesque habitée, Ensa Nantes, 2014

BERGSON Henry, Les deux sources de la morale et de la religion, PUF, 1942

BERRY M.V. & GEIM A.K., «Of Flying Frogs and Levitrons», European Journal of Physics, v. 18, p. 307-313 (1997).

BRANCUSI Constantin 1876-1957, Commissaire ROWELL Margit, Exposition Centre Georges Pompidou avril-août 1995, Editions Gallimard

CHALUMEAU Jean-Luc, Paul Klee, 1879-1940, Editions Cercle d’art, 2005

DELEUZE Gilles, Le pli, Leibniz et le baroque, Collection Critique, 1988

DELAMARE Jérôme, FAURE Fabien, Les paliers magnétiques, Laboratoire d’Electrotechnique de Grenoble, http://www-leg.ensieg.inpg.fr

EARNSHAW S., «On the nature of the molecular forces which regulate the constitution of the luminiferous ether»., Trans. Camb. Phil. Soc., 7, pp97-112 (1842), disponible sur :http://www.mit.edu/~kardar/research/seminars/Casimir2010/pdf/Earnshaw-Paper.pdf

ERNEST Bruno, Le miroir magique de M. C. Escher, Editions du Chêne

FOUCAULT Michel, Surveiller et punir, Editions Gallimard, 1975

GEIM A., «Everyone’s Magnetism, Physics Today, Sep.1998, page 36-39

HAMMOUDI Tewfi k, La ville émergente, 2014

HAUSMANN Raoul, Sensorialité excentrique, Editions Allia, 2005

HEIDEGGER Martin, Essais et conférences, Editions Gallimard, 1958 KLEE Paul, Histoire naturelle infi nie, Editions Schwabe & Co. Verlag

LUCIANI Annie, Processus de création de Geste réel sur matière simulée et Amplitudes, ACROE, 2011. HAL Id: hal-01092313, Disponible sur :https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01092313,

Bibliographie

49

SERRES Michel, L’interférence, Collection Critique, 1972

SERRES Michel, Le contrat naturel, Editions François Bourin, 1990

SLOTERDIJK Peter, Règles pour le parc humain, Ed. Mille et une nuits, 2000

SYLVESTER, Nicholas D. & PROVANCHER, William R., «Effects of Lon-gitudinal Skin Stretch on the Perception of Friction», Haptics and Embedded Mechatronics Lab, University of Utah

ZWEIG Stefan, Conscience contre morale, Editions Le livre de poche, 1976

50

http://www.descsite.nl/Frames.htm The Dutch Experiment Support Center : one of the websites related to the European Space Agency. Provides general information regarding scientifi c research in the fi eld of gravitational biology / physiology / fl uid physics or closely related disciplines.

http://www.emfl .eu/home.html European Magnetic Field Laboratory (EMFL), laboratoire européen des champs magnétiques intenses hébergé à Grenoble par le LNCMI

http://lncmi.cnrs.fr/Laboratoire national de champs magnétiques intenses, Sites de Grenoble et Toulouse

http://hendohover.com/Skatebooard en lévitation en cours de développement

http://www.ru.nl/hfml/research/levitation/ High Field Magnet Laboratory, Department of Physics, University of Nijmegen, Recherches sur la lévitation

https://www.youtube.com/watch?v=A1vyB-O5i6E Grenouille volante

http://en.wikipedia.org/wiki/Magnetic_levitation#mediaviewer/File:Levitation.JPG

https://www.youtube.com/watch?v=zPqEEZa2GisLevitating Superconductor on a Möbius strip, Royal Institution

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Sitographie

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http://research.microsoft.com/en-us/projects/handpose/Fully Articulated Hand Tracking

http://www.greatfi lmsfi llrooms.com/en/La chambre virtuelle de Sony

http://www.lab-of-things.com/LoT, Lab of Things, laboratoire de recherche de Microsofthttp://www.bristol.ac.uk/research/themes/Projets de recherche de l’université de Bristol

http://acroe.imag.fr/sommaire.htmlAssociation pour la création et la recherche sur les outils d’expression

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http://www.zhdk.ch/index.php?id=researchProgrammes de recherche de l’ Université des Arts de Zurich

52

http://tacticalhaptics.com/Reactive Grip™ touch feedback, developpé au laboratoire Haptics and Embedded Mechatronics Laboratory, Department of Mechanical Engineering de l’université de l’Utah

http://antivj.com/

http://www.am-cb.net/Recherche et création en arts vivants et numériques.

http://www.ateliers-desmae.com/cours.htmlDanse contemporaine, développement d’une technique basée sur une utilisation du corps, poussé très loin dans ses possibilités, y compris dans ses rapports à l’intelligence.

http://www.1420.fr/Compagnie 14:20, magie nouvelle.

http://organic-orchestra.com/Compagnie Organic Orchestra, production de créations « actuelles » mêlant human beatbox et nouvelles technologies.

http://www.journaldelascience.fr/technologie/videos/toucher-hologramme-cest-possible-4314

53

2001 : A Space Odyssey, Stanley Kubrick, 1968

Inception, Christopher Nolan, 2010

Le temps de quelques jours, Nicolas Gayraud, 2014

Le grand soir, Benoît Delépine, Gustave Kervern, 2012

Les visionnaires, une autre histoire de l’architecture, Julien Donada, 2013

Metropolis, Fritz Lang, 1927

Minority Report, Steven Spielberg, 2002

Filmographie

Noli me tangere