2013 - Les Homologies Structurales Une Magie Sociale Sans Magiciens La Place Des Intermediaires Dans...

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Les homologies structurales : une magie sociale sans magiciens ? La place des intermédiaires dans la fabrique des valeurs Olivier Roueff, CRESSPA-CSU (CNRS) In Philippe Coulangeon, Julien Duval (eds), Trente ans après La Distinction, Paris, La Découverte, 2013, p. 153-164 La notion d’homologie structurale est apparue tôt dans l’appareil conceptuel élaboré par Pierre Bourdieu. Elle joue en effet un rôle-clé de la théorie générale des champs dont les premières articulations sont posées au sein des articles consacrés à la religion parus en 1971 (Bourdieu, 1971a, b, c). Le concept d’habitus apparaît via un emprunt à Marcel Mauss dès « Célibat et condition paysanne » (1962) puis est développé dans la postface à Erwin Panofsky (1967) pour venir se substituer au terme ethos dans la préface remaniée en 1970 d’Un art moyen (Sapiro, 2004). Mais c’est seulement dans les articles de 1971 que Pierre Bourdieu oppose au sociologue marxiste de la littérature Lucien Goldmann (1955) et à la linguistique structurale de Roland Barthes (1966) un usage différent de la notion d’homologie structurale : il vise à articuler l’habitus et la position sociale avec la position dans les rapports de force et de sens qui structurent une région du monde social, soit un champ. Ce concept d’homologie structurale, qui a été beaucoup réutilisé depuis mais jamais réellement défini par Pierre Bourdieu, a été paradoxalement peu discuté et affiné alors qu’il apparaît aussi central que ceux de champ ou d’habitus 1 . C’est à ce travail que je voudrais convier, en restituant d’abord le triple rôle théorique que joue le concept dans la théorie des champs, puis en l’interrogeant à partir du traitement réservé par le modèle aux intermédiaires 2 . Une approche relationnelle et probabiliste : l’homologie entre les positions et les prises de position dans un champ Le concept de champ concentre deux principes épistémologiques. D’une part, une conception relationnelle du monde social conduit à définir le champ comme le système des relations objectives – et non des interactions – entre les agents. Plus précisément, les agents sont appréhendés à travers leurs propriétés objectives ou « agissantes », les capitaux qui permettent d’agir efficacement dans chaque champ. Les propriétés d’un agent n’ont ainsi de sens que relativement aux propriétés de tous les autres agents de l’espace considéré : les positions sociales sont rapportées à la distribution de ces propriétés dans le champ considéré, et non à leur substance ou à leur volume in abstracto. D’autre part, le concept de champ repose sur une définition probabiliste de la causalité. Il s’agit d’expliquer les pratiques appréhendées comme des prises de position dans le prolongement du principe relationnel : une pratique n’a jamais de sens que vis-à-vis de l’ensemble des pratiques du même univers d’activité, en tant qu’elle prend position par rapport à d’autres pratiques perçues consciemment ou non comme plus ou moins proches ou éloignées, alliées ou concurrentes. Un champ est donc constitué, d’un côté, par un espace des positions défini par la distribution 1 Heilbron (2011) propose une généalogie précise de la théorie des champs en montrant son ancrage dans le travail empirique ; ici comme ailleurs, le concept d’homologie n’est abordé qu’à la marge. 2 Cette réflexion, initiée dans ma thèse (Roueff, 2010 ; à paraître), a depuis bénéficié de l’enquête menée avec Wenceslas Lizé et Delphine Naudier sur les intermédiaires du travail artistique (Lizé, Naudier, Roueff, 2010), ainsi que des échanges au sein de l’équipe IMPACT coordonnée avec Laurent Jeanpierre (http://impact.misha.fr/accueil.htm) et de l’atelier CoFSS coordonné avec Isabelle Drouet, Stéphanie Dupouy, Mathieu Hauchecorne et Etienne Ollion (http://cofss.hypotheses.org/).

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Les homologies structurales : une magie sociale sans magiciens ? La place des intermédiaires dans la fabrique des valeurs

Olivier Roueff, CRESSPA-CSU (CNRS)

In Philippe Coulangeon, Julien Duval (eds), Trente ans après La Distinction, Paris, La Découverte, 2013, p. 153-164

La notion d’homologie structurale est apparue tôt dans l’appareil conceptuel élaboré

par Pierre Bourdieu. Elle joue en effet un rôle-clé de la théorie générale des champs dont les premières articulations sont posées au sein des articles consacrés à la religion parus en 1971 (Bourdieu, 1971a, b, c). Le concept d’habitus apparaît via un emprunt à Marcel Mauss dès « Célibat et condition paysanne » (1962) puis est développé dans la postface à Erwin Panofsky (1967) pour venir se substituer au terme ethos dans la préface remaniée en 1970 d’Un art moyen (Sapiro, 2004). Mais c’est seulement dans les articles de 1971 que Pierre Bourdieu oppose au sociologue marxiste de la littérature Lucien Goldmann (1955) et à la linguistique structurale de Roland Barthes (1966) un usage différent de la notion d’homologie structurale : il vise à articuler l’habitus et la position sociale avec la position dans les rapports de force et de sens qui structurent une région du monde social, soit un champ. Ce concept d’homologie structurale, qui a été beaucoup réutilisé depuis mais jamais réellement défini par Pierre Bourdieu, a été paradoxalement peu discuté et affiné alors qu’il apparaît aussi central que ceux de champ ou d’habitus1. C’est à ce travail que je voudrais convier, en restituant d’abord le triple rôle théorique que joue le concept dans la théorie des champs, puis en l’interrogeant à partir du traitement réservé par le modèle aux intermédiaires2.

Une approche relationnelle et probabiliste : l’homologie entre les positions et les prises de position dans un champ

Le concept de champ concentre deux principes épistémologiques. D’une part, une conception relationnelle du monde social conduit à définir le champ comme le système des relations objectives – et non des interactions – entre les agents. Plus précisément, les agents sont appréhendés à travers leurs propriétés objectives ou « agissantes », les capitaux qui permettent d’agir efficacement dans chaque champ. Les propriétés d’un agent n’ont ainsi de sens que relativement aux propriétés de tous les autres agents de l’espace considéré : les positions sociales sont rapportées à la distribution de ces propriétés dans le champ considéré, et non à leur substance ou à leur volume in abstracto. D’autre part, le concept de champ repose sur une définition probabiliste de la causalité. Il s’agit d’expliquer les pratiques appréhendées comme des prises de position dans le prolongement du principe relationnel : une pratique n’a jamais de sens que vis-à-vis de l’ensemble des pratiques du même univers d’activité, en tant qu’elle prend position par rapport à d’autres pratiques perçues consciemment ou non comme plus ou moins proches ou éloignées, alliées ou concurrentes. Un champ est donc constitué, d’un côté, par un espace des positions défini par la distribution

1 Heilbron (2011) propose une généalogie précise de la théorie des champs en montrant son ancrage dans le travail empirique ; ici comme ailleurs, le concept d’homologie n’est abordé qu’à la marge. 2 Cette réflexion, initiée dans ma thèse (Roueff, 2010 ; à paraître), a depuis bénéficié de l’enquête menée avec Wenceslas Lizé et Delphine Naudier sur les intermédiaires du travail artistique (Lizé, Naudier, Roueff, 2010), ainsi que des échanges au sein de l’équipe IMPACT coordonnée avec Laurent Jeanpierre (http://impact.misha.fr/accueil.htm) et de l’atelier CoFSS coordonné avec Isabelle Drouet, Stéphanie Dupouy, Mathieu Hauchecorne et Etienne Ollion (http://cofss.hypotheses.org/).

des propriétés agissantes dans ce champ (les capitaux) et, de l’autre côté, par un espace des prises de position défini par la distribution des pratiques réalisées dans ce champ. Ce qui est en relation de causalité, c’est moins une position avec une prise de position qu’un espace positionnel avec un espace des prises de position, dont les histoires sont relativement indépendantes mais dont les structures sont homologues. En effet, à ces éléments objectifs il faut ajouter l’élément subjectif que constitue l’espace des possibles (schéma 1) : le produit du point de vue subjectif que chaque agent porte, depuis sa position objective traduite en dispositions incorporées, sur l’espace objectif des prises de position réalisées. Ces médiations empilées impliquent ainsi que l’espace des possibles est situé, au sein de l’espace des prises de position, dans une région homologue à celle où est située la position dans l’espace positionnel. Une théorie de l’espace social : taux de conversion et homologies structurales entre les champs Comme l’atteste La Distinction, la théorie des champs n’est pas qu’une théorie des différents espaces d’activité mais une théorie générale de l’espace social. Elle traite en particulier le problème posé par la circulation entre les champs : circulation d’un agent de l’un à l’autre (déplacement ou multipositionnalité), transaction entre agents situés dans des champs différents (échange de bien ou de service, alliance politique…). Ce sont à nouveau des homologies structurales qui règlent ces circulations, cette fois entre les différents champs, et entre chacun de ces champs et le champ du pouvoir. Le schéma causal est ici analogue à celui qui relie positions et prises de position par le filtre subjectif de l’espace des possibles, mais une autre médiation vient s’y ajouter. Chaque champ étant associé à une espèce particulière de capital, le passage d’un champ à l’autre impose un travail de conversion de capital qui suppose l’existence de taux de conversion. Ces taux de conversion ne sont pas donnés une fois pour toutes : ils font l’objet de luttes essentiellement arbitrées parmi les agents qui ont plus que les autres le pouvoir d’agir, au sein de chaque champ, sur la valeur de son capital spécifique et sur la structure de la concurrence pour l’obtenir. Ce pouvoir, appelé capital symbolique et trop souvent mésinterprété comme prestige ou charisme, est en réalité une sorte de doublon subjectif de chaque espèce de capital objectif, ce par quoi son rendement social est accepté comme légitime (Bourdieu, 1994, p. 117).

La lutte pour le contrôle des taux de conversion entre capitaux est ainsi essentiellement la lutte entre les élites de chaque champ, et elle est donc aussi une lutte pour établir la hiérarchie entre les capitaux de chaque champ, soit une lutte pour un méta-capital (symbolique). Cette lutte s’inscrit dans le champ du pouvoir, « méta-champ » dont le capital spécifique est par conséquent ce méta-capital symbolique. La relation entre le champ du pouvoir et les champs spécifiques est donc d’une nature un peu différente de la relation entre les champs spécifiques : elle est déterminée là aussi par leur relation d’homologie structurale et par la médiation des points de vue (espace des possibles) portés par les agents sur l’espace des prises de position, mais il est difficile de parler de conversion de capital – les capitaux spécifiques n’ont pas à être convertis en méta-capital symbolique puisque le capital symbolique n’est que la dimension de légitimité de chaque capital spécifique.

Dans ce modèle, l’espace social est en quelque sorte le champ de tous les champs – mais non le « méta-champ » car il se confond avec eux : il est strictement coextensif à la structure hiérarchisée des rapports objectifs entre les champs tels qu’arbitrés essentiellement par le champ du pouvoir. La position d’un agent dans l’espace social est par conséquent définie par le capital générique que constituent le volume, la composition et l’ancienneté de tous les capitaux spécifiques qu’il possède (par exemple Bourdieu, 1984b, p. 3)3. Sa valeur est 3 La focalisation de La Distinction (et surtout de ses lectures) sur les capitaux économiques et culturels résulte ainsi uniquement de la domination, historiquement située, des champs économique et culturel sur les autres.

établie, via les taux de conversion fixés par le champ du pouvoir, par sa relation objective avec toutes les autres espèces de capitaux. En bref, l’espace social est l’espace des taux de conversion entre les différentes espèces de capital sur fond d’homologies structurales entre les champs. Une théorie de la valeur : l’homologie entre les champs de production (offre) et l’espace social (demande) Comme le rappelle la métaphore économique, la théorie des champs engage une théorie de la valeur qui a précisément pour particularité de ne pas être économiciste. La Distinction, comme plus tard Les règles de l’art, traite en effet de la question de l’ajustement entre l’offre et la demande de biens. Deux conceptions antagonistes de la valeur y sont conciliées grâce, à nouveau, au concept d’homologie structurale.

D’une part, dans le droit fil wébérien et par opposition aux théories marxistes qui font découler la valeur des biens de la valeur sociale de leurs consommateurs4, la valeur résulte d’un processus d’évaluation qui se joue au sein de chaque champ parmi les producteurs spécialisés de ce bien, en fonction de normes spécifiques et au terme de luttes de concurrence. D’autre part, Pierre Bourdieu fait aussi dépendre la valeur des biens de l’ajustement entre l’offre et la demande, à l’instar des économistes néoclassiques même si offre et demande sont conçues différemment. C’est le principe-même du modèle de la légitimité culturelle : le goût dominant est le goût dominant au sein de la classe dominante. Mais, on l’aura compris, cette dépendance est en réalité médiatisée par le processus d’évaluation qui se joue dans le champ. Il faut en effet ajouter que ce sont les consommateurs que parviennent à enrôler les producteurs qui sanctionnent in fine ce processus d’évaluation – modalement : la littérature « pure » est celle qui est valorisée en tant qu’elle est sanctionnée, au titre de ses promesses de postérité, par la catégorie de consommateurs constituée par les pairs ; la littérature « commerciale » est celle qui est valorisée en tant qu’elle est sanctionnée, au titre de la renommée immédiate qu’elle procure (et de ses éventuels profits monétaires), par la catégorie de consommateurs constituée par les profanes. Cet arbitrage des stratégies de producteurs par les sanctions de la réception, chacune étant déterminée par une série causale relativement indépendante, est alors réglé par les homologies structurales entre le champ spécifique de production et l’espace social (Bourdieu, 1998 [1992], p. 416). Une magie sociale sans magiciens ? Le statut causal des homologies structurales

Le concept d’homologie structurale intervient donc comme un maillon causal à plusieurs endroits stratégiques de l’édifice théorique – en résumé, dès qu’est identifié un champ existent des homologies entre les positions et les prises de position à l’intérieur de ce champ, entre ce champ et les autres champs y compris le champ du pouvoir et l’espace social, et, conséquence logique du point précédent, entre l’offre produite par ce champ et la demande qui la consomme. De la même façon que les relations objectives entre propriétés sont substituées à l’évidence immédiate des relations d’interactions, les homologies structurales, tout aussi invisibles et néanmoins constitutives de la réalité de l’espace social, se substituent à l’évidence des affinités électives et des coalitions d’intérêts explicites. Loin des seules

4 Ce schème concerne en réalité les seuls biens symboliques, en particulier l’idéologie, car Marx reprend pour les marchandises la théorie de la valeur-travail des économistes classiques (Smith, Ricardo). Pierre Bourdieu rejette cette conception substantiviste de la valeur, à l’exception surprenante d’un passage des Règles de l’art où il fait soudain du travail ascétique nécessaire pour s’arracher aux forces hétéronomes le fondement ultime de la valeur (Bourdieu, 1998 [1992], p. 145).

interactions directes et des seuls choix conscients, c’est essentiellement l’« orchestration » à distance des agents et de leurs propriétés par les homologies structurales qui explique la « magie sociale » de la « coïncidence » entre offre et demande, tellement systématique qu’elle a « toutes les apparences d’une harmonie préétablie » (ces expressions sont utilisées à de nombreuses reprises par Pierre Bourdieu). Pour autant, si le constat empirique de ces homologies structurales ne cesse d’être confirmé depuis plus de trente ans, leur statut causal concernant les relations entre les champs ou entre l’offre et la demande n’est pas entièrement élucidé.

Pierre Bourdieu qualifie en effet souvent les homologies structurales ou les correspondances qu’elles déterminent de « grossières », ou alors il minore l’adjectif « parfait » par « plus ou moins » ou « quasi ». Or, ce caractère « grossier » des homologies structurales ne devrait pas être une simple concession passagère aux données empiriques. Il intervient essentiellement lorsque sont évoquées les dispositions subjectives médiatisant la relation entre des structures objectives. « L’accord qui s’établit ainsi objectivement entre des classes de produits et des classes de consommateurs ne se réalise dans les consommations que par l’intermédiaire de cette sorte de sens de l’homologie entre des biens et des groupes qui définit le goût : choisir selon ses goûts, c’est opérer le repérage de biens objectivement accordés à sa position et assortis entre eux, parce que situés en des positions grossièrement équivalentes de leurs espaces respectifs » (Bourdieu, 1979, p. 258, souligné par l’auteur). Or, ce caractère « le plus souvent grossier » des homologies résulte assez logiquement de la nature probabiliste des causalités engagées : les positions déterminent, non pas les prises de position au sens strict, mais des espaces des possibles par la médiation des dispositions. De plus, si ces dernières sont cruciales dans le modèle (le « sens de l’homologie »), ne faut-il pas s’intéresser plus avant aux intermédiaires qui se chargent de les inculquer comme à ceux qui s’en font une spécialité professionnelle, de l’intuition charismatique de l’intermédiaire réputé pour son « nez » aux tentatives de rationalisation des méthodes de marketing culturel ?

Pierre Bourdieu ouvre une seconde brèche dans son édifice théorique en parlant d’un « effet d’homologie » (titre et clé du quatrième chapitre de La Distinction consacré à la « dynamique des champs ») qu’il dit même « automatique » dans Les Règles de l’art ou dans Les Structures sociales de l’économie. De façon là aussi significative, cette précision apparaît lorsqu’il s’agit d’évoquer les intermédiaires : « l’effet, que l’on peut dire automatique, de l’homologie soutient aussi l’action de toutes les institutions visant à favoriser le contact, l’interaction, voire la transaction, entre les différentes catégories d’écrivains ou d’artistes et leurs différentes catégories de clients bourgeois » (Bourdieu, 1998 [1992], p. 412). Ces intermédiaires sont de fait peu abordés empiriquement, sinon dans les travaux sur les éditeurs (Bourdieu, 1999) et les vendeurs de maisons individuelles (Bourdieu, 2000) et à travers des notations ici et là, par exemple sur les galeristes et les éditeurs, « "banquiers culturels" en qui l’art et les affaires se rencontrent pratiquement » (Bourdieu, 1977, p. 5) – précision qui aurait pu ouvrir à une articulation avec la question de la conversion pratique des capitaux. Mais ces notations comme ces analyses restent des digressions, l’attention se centrant sur ce qui se tient « derrière » : les champs et leurs homologies structurales – et, donc, le feuilleté de sous-champs homologues constitués par chaque activité d’intermédiation.

La tentation de traiter comme un épiphénomène des homologies structurales ces agents spécialisés dans la mise en relation directe entre l’offre et la demande (et, pour certains, dans la rationalisation stratégique de cette mise en relation) affleure ainsi dans Les règles de l’art (Bourdieu, 1998 [1992], p. 410). Dans le travail sur la maison individuelle, l’adjectif « automatique » a même été rajouté, dans une courte incise sur l’homologie entre vendeurs et acheteurs, entre l’article de 1990 et sa reprise en 2000 (Bourdieu, 2000, p. 203), comme s’il fallait conjurer la mésinterprétation probable de cette minutieuse restitution des stratégies rhétoriques que les vendeurs utilisent pour mettre en relation directe l’offre et la demande : malgré les apparences, ce sont bien les homologies structurales qui livrent la vérité de l’interaction. Mais ces dernières peuvent-elles conserver le même statut causal, celui d’un effet de structure automatique à l’origine de l’orchestration et de la dynamique des champs, quand les intermédiaires sont réintroduits dans l’analyse ? La « magie sociale » des homologies suffit-elle à rendre compte de l’activité de leurs « magiciens » ?

L’étude des intermédiaires culturels (agents, galeristes, programmateurs, critiques, financeurs… mais aussi dispensateurs de recommandations ou de conseils informels) permet en réalité de lier l’imperfection des homologies structurales avec le fait que le champ de production échoue plus souvent qu’il n’y réussit à valoriser ses produits – « il faut dix flops pour faire un tube ». En effet, l’indépendance relative des séries causales constituées par l’offre et la demande (comme par chacune de leurs médiations) détermine le caractère le plus souvent imparfait des homologies, et implique par conséquent que les agents du champ de production sont presque toujours placés en situation d’incertitude quant à la réussite de leurs entreprises5. Sous cet angle, l’activité des intermédiaires consiste à tenter de réduire cette incertitude pour assurer les meilleures conditions de valorisation aux produits qu’ils investissent. Il s’agit d’anticiper les catégories de la réception et de faire intervenir ces catégories supposées à différents moments du processus de production et de diffusion des produits, afin de favoriser l’obtention des sanctions attendues de la part des consommateurs. En somme ils tentent de contrôler les conditions de la réception – puisque le moment de la (ou plutôt des) réception(s), qui sanctionne les activités du champ en établissant les valeurs relatives, est celui vers lequel convergent toutes les forces engagées et, avec, toutes les attentions des producteurs, des intermédiaires et des consommateurs.

Les procédures mises en œuvre à cette fin peuvent être plus ou moins réfléchies et plus ou moins technicisées, apprises sur le tas ou inculquées par des formations. Il reste qu’on peut y distinguer trois types généraux qu’un même chaque intermédiaire peut éventuellement cumuler. Une première série consiste en diverses opérations de représentation et de matérialisation des catégories supposées de la demande dans le processus de création : une manière de contrôler l’offre et son effet de rareté, au travers de la simple sélection des

5 La catégorie d’incertitude est devenue une sorte de cheval de Troie anti-déterministe des philosophies du sujet et de la liberté parfois investies dans le discours sociologique (« s’il y a incertitude, c’est qu’il n’y a pas de fatalité »). Il faudrait donc ici distinguer l’incertitude objective des actions des intermédiaires, qui renvoie au caractère probabiliste des déterminations en jeu et donc à l’« imperfection » fréquente des homologies, et l’incertitude subjective qui, si elle est en partie causée par la précédente, est généralement décalée car déterminée par d’autres facteurs (comme la quantité de ressources engagées et de pertes pressenties en cas d’échec). L’une et l’autre sont par conséquent toujours relatives, à des degrés divers, manière de signifier qu’elles peuvent constituer l’objet d’enquêtes plutôt qu’un prétexte à philosopher.

producteurs prétendants réduisant le cercle des produits possibles, ou des conseils et injonctions faits aux producteurs pour orienter leur production. Une deuxième série de procédures consiste à tenter de contrôler les conditions pérennes de la réception, à la fois objectives et subjectives. D’une part, l’aménagement objectif des dispositifs d’appréciation canalise les consommateurs et leurs manières de consommer à travers les signaux attractifs ou répulsifs et les usages interdits ou rendus possibles par le choix d’une situation géographique, de modalités matérielles et financières d’accès, d’un arrangement architectural, décoratif et organisationnel, etc. D’autre part, la prescription des modes d’appréciation légitimes par les critiques, les diffuseurs, les institutions scolaires ou d’éducation culturelle… comme par les producteurs et les consommateurs eux-mêmes6 indique ce qu’il faut apprécier et ce qu’il faut faire pour éprouver une félicité esthétique quels qu’en soient les profits attendus (délassement, distinction, revenu professionnel, etc.). Enfin, une troisième série de procédures renvoie aux techniques de contrôle du processus de réception lui-même, qu’il s’agisse de la production de palmarès critiques et de prix professionnels, des techniques de promotion et de vente, des diverses formes de mise en dépendance publicitaire des critiques spécialisés, etc. Si la distinction entre ces trois séries n’est pas absolue mais seulement analytique, car toutes renvoient au contrôle des conditions de la réception, la première tend à façonner l’offre quand les deux autres façonnent la demande (à moyen ou long terme pour la deuxième, à court terme pour la troisième).

Les intermédiaires mettent donc pratiquement en relation, de façon prescriptive, l’offre et la demande. Ils traduisent des homologies structurales, objectivement « grossières » mais aussi « grossièrement » perçues, en stratégies conscientes de contrôle de la réception ou, bien plus souvent, en séries d’essais-erreurs obscures à elles-mêmes. Ce faisant, ils entreprennent de transformer les conditions de possibilité offertes par les homologies structurales en correspondances effectives et précises entre tels produits et tels consommateurs. Plus sûrement qu’un « effet automatique d’homologie », les luttes concurrentielles qui animent leurs activités, associées à celles des producteurs qu’ils enrôlent ou qui, quand ils en ont le pouvoir, les enrôlent, et arbitrées par les sanctions qu’ils obtiennent de la part des différentes catégories de consommateurs, constituent alors le moteur de la formation et de la transformation des valeurs. De la même façon, si la conversion des capitaux est certes déterminée par les homologies entre l’espace social, les champs spécifiques et le champ du pouvoir, cette détermination est conditionnelle plus qu’automatique : elle renvoie pareillement aux pratiques et aux techniques mises en œuvre par des intermédiaires, voués par exemple à « concilier l’art et l’argent » jusqu’à se faire pour certains des convertisseurs spécialisés – les maisons de vente aux enchères, les agents artistiques négociant des rémunérations, les

6 Au-delà des spécialistes qui ont fait de ces activités leur territoire professionnel, les producteurs sont à eux-

mêmes leurs propres intermédiaires, à des degrés et sous des formes multiples historiquement variables, de même que les consommateurs qui s’approprient l’offre en sélectionnant d’ailleurs tout aussi souvent leurs intermédiaires que leurs producteurs favoris, et en conseillant ou enrôlant leur entourage. C’est même là un enjeu cardinal et permanent de luttes de territoire : la captation concurrentielle du contrôle des conditions de la réception – la genèse d’un champ impliquant une forme de dépossession relative des producteurs et des consommateurs au profit de la montée des intermédiaires, implication d’apparence paradoxale puisqu’elle est en même temps liée à l’autonomisation relative des producteurs et à la formation d’un public spécifique (Roueff, 2010).

collectionneurs investissant leur fortune dans des œuvres d’art contemporain qu’ils exposent, etc.

Si les intermédiaires sont les « magiciens » de l’homologie structurale, il n’existe pas d’« effet » des homologies structurales, encore moins automatique : les homologies sont des conditions nécessaires mais non suffisantes de possibilité du travail d’ajustement entre l’offre et la demande (ou de conversion des capitaux) pris en charge par les intermédiaires.

Zones franches, domination(s), frontières

Cette nuance, d’apparence anecdotique, ouvre des pistes pour traiter empiriquement des questions régulièrement posées au modèle des champs par ses adversaires comme par ses usagers.

Premièrement, la théorie de la légitimité culturelle repose sur l’hypothèse d’un pouvoir de l’échelle dominante de légitimité sinon homogène, au moins étendu à l’ensemble de l’espace social minimalement impliqué dans le champ culturel et débordant ainsi le seul champ du pouvoir. Dans le même temps, il est admis qu’existent des degrés différents de maîtrise du « sens des homologies ». L’éloignement de la culture légitime est en particulier un éloignement cognitif impliquant une maîtrise affaiblie et parcellaire des classements dominants, et qui par conséquent n’est pas toujours associé à un sentiment de honte ni à des réactions de rejet (Fabiani, 1995). Pierre Bourdieu envisage d’ailleurs cette piste dans ses cours sur l’État lorsqu’il parle d’un continuum des degrés d’intériorisation, au sein de la société civile, des catégories d’État (Bourdieu, 2012, p. 66). Mais s’il existe des régions de l’espace social où les catégories officielles sont moins connues et reconnues, est-ce alors la violence physique légitime et ses instruments pénaux, militaires, financiers… qui prennent le relais de la violence symbolique ? Ce type de question a été posé le plus clairement envers l’analyse de la domination masculine comme violence symbolique : elle minore les moyens physiques par lesquels cette domination est entretenue sans être acceptée, de la menace et la pratique du viol et du meurtre aux interdictions d’accès à des lieux et à des postes (Mathieu, 1985). Sous cet angle, la domination apparaît comme un cas particulier des rapports de pouvoir aux côtés de l’exploitation, de la coercition ou de la minorisation.

L’entrée par les intermédiaires aide à transposer ces interrogations dans le domaine culturel en focalisant l’attention sur les moments et les lieux de la traduction pratique entre catégories produites par des systèmes différents. Elle permet en particulier de mettre au jour des systèmes d’intermédiation qui neutralisent, dans certains contextes, l’échelle dominante de légitimité, en associant durablement certains producteurs, intermédiaires et consommateurs autour de taux de conversion et d’instruments de mise en relation de l’offre et de la demande particuliers. Une enquête sur les harmonies (Dubois, Méon et Pierru, 2009) montre ainsi que, selon les moments et les lieux, la pratique des orchestres est surdéterminée par sa relégation dans le champ musical ou par sa centralité dans la zone franche que constituent les sociabilités locales, et que la traduction des catégories prescriptives de l’un dans l’autre se joue lors de points de contact précis et circonscrits. Plus largement, et sans minorer les effets réels de

légitimité, ne faut-il pas se demander si la culture dominante a réellement toujours besoin d’être connue et reconnue par les dominés pour demeurer dominante ?

La deuxième piste concerne la pluralité des rapports de pouvoir. D’une part, si Pierre Bourdieu estime que « le volume et la structure du capital donnent leur forme et leur valeur spécifiques aux déterminations que les autres facteurs (âge, sexe, résidence, etc.) imposent aux pratiques » (Bourdieu, 1979, p. 119-120), c’est que le genre, l’âge ou la race, ne sont pas des propriétés agissantes prises en charge par l’un des champs qui composent l’espace social. Pourtant, il a analysé lui-même la spécificité relative de la domination masculine alors même qu’il n’existe pas de « champ du genre ». Comment alors reconnaître et articuler la pluralité des rapports de pouvoir ? Il s’agit en quelque sorte de symétriser cette autre citation de La Distinction : « les propriétés de sexe sont aussi indissociables des propriétés de classe que le jaune du citron est inséparable de son acidité » (p. 119). L’inverse étant également vrai, l’enquête doit considérer ensemble les différentes dimensions des rapports de pouvoir, chacune ayant sa logique propre et chacune ne s’actualisant dans une position ou une pratique qu’entrecroisée avec les autres, selon une pondération relative qui n’est jamais donnée une fois pour toutes – au-delà donc du raisonnement par addition de variables (Dorlin, 2008 ; Achin, Dorlin, Rennes, 2008). Pour suggérer l’intérêt pour ces questions de l’entrée par les intermédiaires, spécialistes de l’assignation des formes symboliques à des publics-cibles, on peut souligner que la racialisation et l’érotisation androcentrée des formes de jazz prescrites par les intermédiaires, particulièrement stables dans le temps et dans l’espace social, sont au principe de leurs assignations de classe, quant à elles plus variables et ambivalentes selon les périodes et les régions de l’espace social (Roueff, à paraître). Ainsi, en observant empiriquement la fabrique des homologies structurales, peut-être est-il possible de reconstruire une structure du monde social attentive à la multidimensionnalité et à l’entrecroisement permanent des rapports de pouvoir, même lorsqu’ils ne reposent pas sur le capital spécifique d’un champ de production.

La dernière piste concerne la délimitation des frontières des champs. Généralement, les recherches retiennent les frontières d’un marché de production : les luttes analysées portent sur les populations de producteurs admises ou non dans le champ, et non sur les limites fluctuantes du marché lui-même. Il faut rappeler, à ce sujet, que le champ le plus étudié par Pierre Bourdieu, la littérature française, présente trop de singularités pour être constitué en modèle : c’est un champ très centralisé géographiquement (à Paris) et institutionnellement (autour de quelques grandes maisons d’édition, organes critiques et prix littéraires), c’est un champ construit sur une langue nationale, et c’est le seul à bénéficier d’un appareil d’inculcation de l’échelle dominante de légitimité aussi puissant que le système scolaire. Le champ musical est, par exemple, nettement moins centralisé géographiquement et institutionnellement, il bénéficie beaucoup moins des frontières de la langue nationale pour constituer son autonomie et il ne peut s’adosser que sur le système médiatique, dont l’effet d’inculcation est sensiblement moins univoque que celui de l’École.

Pour conclure, un exemple peut illustrer le type de problèmes soulevés. Actuellement, les vendeurs de réseaux et de terminaux numériques prennent un poids croissant dans l’économie du cinéma avec le DVD et la vidéo-à-la-demande, jusqu’à devenir parfois des

fournisseurs de contenus : hétéronomisation, marchandisation, etc., certes. Mais à quel champ appartiennent-ils dès lors qu’ils contribuent de plus en plus à la prescription de l’offre : télécommunications, production audiovisuelle, publicité (source cardinale de revenus), finance (ce sont des entreprises cotées en bourse) ? On peut mettre au jour certaines dimensions de ces transformations en commençant par construire différents champs pour voir ensuite comment leurs frontières sont en réalité transgressées. Mais on peut aussi commencer par mettre à plat les systèmes d’intermédiation qui se trouvent en concurrence ou en transformation car ils ont une consistance propre en tant qu’espaces relationnels institués et donc relativement stables, qui déterminent les pratiques. On observe ensuite comment leurs différents territoires d’activité renvoient en partie, chacun, à des ancrages sociaux spécifiques que le système d’intermédiation a précisément, et c’est là le point crucial, pour vocation d’articuler entre eux : à travers les luttes de territoire qu’il encadre, il permet la traduction des intérêts des uns dans ceux des autres jusqu’à constituer des arrangements ou, mieux, des échangeurs institutionnalisés. On voit alors, par exemple, que ces systèmes d’intermédiation traversent par définition les frontières de plusieurs champs, qu’ils en organisent les modalités de circulation et de conversion, et qu’ils peuvent le faire différemment selon les régions de ces différents champs (IMPACT, 2012). C’est en tout cas ce que doivent permettre de caractériser des programmes de recherche soucieux d’explorer les interstices « intermédiaires » du modèle de la Distinction.

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