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L L a a v v o o i i e e d d u u s s a a b b r r e e L L ' ' l l r r i i s s h h s s t t i i c c k k f f i i g g h h t t i i n n g g Venez découvrir le maniement et l'histoire du Shillelagh, l'arme traditionnelle irlandaise. Numéro 16 Février 2013 M M i i s s e e a a u u p p o o i i n n g g Attaque en oie tsuki contré par un blocage par agé uké. H H i i s s t t o o i i r r e e d d ' ' u u n n a a r r t t . . . . . . L L e e B B a a j j i i q q u u a a n n I I p p p p o o n n k k u u m m i i t t é é : : B B l l o o q q u u e e r r e e n n g g y y a a k k u u a a g g é é u u k k é é

Transcript of 2013-02_lartdelavoie-num16

LLaa vvooiiee dduu ssaabbrreeLL''llrriisshh ssttiicckk ffiigghhttiinnggVenez découvrir le maniement etl'histoire du Shillelagh, l'armetraditionnelle irlandaise.

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Histoire d'un art Le Baji quan page 3Bibliographie La voie des arts martiaux page 6La voie du sabre L'Irish stick fighting page 7Filmographie Kill Bill page 11Voix d'une voie Matthieu Jeandel page 12Mise au poing Ippon kumite: bloquer en age uke page 19Le choix des armes La hallebarde page 21Lumière sur Le karaté Shito ryu page 22Panthéon martial Wang Fei Hung page 26la plume et l'épée L'archer et le moine page 29Quizz page 30La voie numérique page 31

Bonjour à tous,Avant toute chose je tiens à vous souhaiter une bonne année 2013 à toutes et àtous et à vous remercier pour votre soutien et vos encouragements. L’année àvenir promet d’être une année riche en nouveautés pour votre magazine. Jepeux d’ores et déjà vous annoncer la création d’une nouvelle rubrique qui seratenue par Matthieu Jeandel, un pratiquant d’Aïkido ayant atteint le niveau de5ème dan dont vous pourrez retrouver l’interview dans ce numéro. Cettenouvelle rubrique devrait apparaitre dès le prochain numéro mais je ne vous endis pas plus pour l’instant.Je profite aussi de ce numéro pour remercier tous ceux qui ont participé au petitquestionnaire dont j’avais parlé dans le précédent numéro. Pour rappel, cetteétude concernait les risques du développement sportif des arts martiaux. Grace àvos réponses et à mes recherches j’ai pu rédiger un article de 45 pages sur lesujet que vous pouvez retrouver sur le site l’art de la voie bien que ce projetn’entre pas directement dans le cadre du magazine. J’en profite aussi pour vousannoncer que cette étude sera suivie d’un autre projet dont le sujet sera « les artsmartiaux, entre évolution et tradition ». Bien que ce sujet fût brièvement traitédans l’un des précédents numéros, je pense qu’il est important de l’approfondiret pour cela je risque d’avoir besoin de votre concours.Je vous laisse maintenant à la lecture de ce numéro qui devrait vous fairevoyager de l’Irlande au Japon en passant par la Chine et vous souhaite encoreune fois une très bonne année à tous.

ÉDITORIAL

SOMMAIRE

Rédacteur en chef Antoine ThibautRédacteurs Johnny Gence, Antoine ThibautCorrection Marina Fiquet, Sixtine Dezwarte et Pascal BriceMaquettistes Gilles Aubin et Waly VillcaContact [email protected]

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LLee BBaajjii qquuaannWWuu ZZhhoonngg eennsseeiiggnnaa,, ddaannss uunn pprreemmiieerr tteemmppss,, llee ppiigguuaa zzhhaanngg eett llee bbaajjii qquuaann àà ssaaffiillllee WWuu rroonngg.. IIll eesstt àà nnootteerr qquuee lleess ddeeuuxx aarrttss sseerroonntt ssoouuvveenntt lliiééss ll’’uunn àà ll’’aauuttrree,,ccaarr ccoommpplléémmeennttaaiirreess,, ssii bbiieenn qquu’’iill ééttaaiitt ccoouuttuummee ddee ddiirree qquuee «« QQuuaanndd bbaajjiiQQuuaann eett ppiigguuaa zzhhaanngg ssoonntt ccoommbbiinnééss,, ddiieeuuxx eett ddéémmoonnss ssoonntt tteerrrriiffiiééss »»..

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HISTOIRE D'UN ARTLe Baji quan

Bien que le nom de baji quan soitrelativement connu des pratiquants d’artsmartiaux chinois, peu de personnesconnaissent réellement cet art et plus raresencore sont celles qui le pratiquent. Issu dela communauté musulmane Hui, il apourtant eu très longtemps une réputation

de grande efficacité et a été pratiqué par denombreux gardes du corps de personnalitéstelles que des empereurs et des présidents.Cet art nous est parvenu en grande partiedepuis Taïwan, où il s’est imposé commeun style majeur.

Des origines récentesDes origines contestéesLes origines du baji quan sont trèsdifficiles à établir du fait de l’absence desources écrites sérieuses antérieures à 1930et de la forte tradition orale de l’art. Leplus ancien pratiquant dont le nom noussoit parvenu aujourd’hui est un certain WuZhong qui aurait vécu au XVIIème siècle.D’aucuns affirment néanmoins que l’onretrouve des traces de cet art dans le QiJiGuang, un ouvrage militaire datant de ladynastie Ming. Ce dernier fait, entre autres,référence au pazi quan réputé pour satechnique du bâton. Le lien se justifieraitalors, puisque pazi quan signifierait « boxedu râteau », ce qui serait une référence à laforme particulière du poing (mi­fermé) quel’on utilise dans les exercices du baji quan.Un autre point de vue voudrait que leterme pazi soit une déformation du termebaji dans le dialecte local des habitants duCangzhou.Bien que cette théorie semble plutôtintéressante, elle soulève tout de mêmecertaines critiques. Tout d’abord, l’ouvragefait référence au bâton du pazi quan. Or,l’arme principale du baji quan est la lance.gg

De plus, bien qu’il soit fait référence aupazi quan, rien n’est dit à son sujet etpersonne aujourd’hui ne semble savoir àquoi avait pu ressembler l’art en question.D’autres théories moins nombreuses fontremonter la pratique de manière plus oumoins directe au temple de Shaolin ou auxtemples des Monts Wudang et si rien nepermet d’affirmer que ces suppositionssoient vraies, aucun élément ne permet nonplus de les réfuter de manière certaine, unflou auquel n’est pas étrangère la présence

de personnages mystérieux aux originesavérées de l’art.Wu Zhong, le plus ancien pratiquant debaji quanLe plus ancien pratiquant de baji quan dontl’existence est certaine est un certain WuZhong. Ce dernier serait un jeunemusulman de la communauté Hui quiaurait très tôt manifesté un grand intérêtpour les arts martiaux au point d’arrêter sesétudes de littérature pour s’y consacrer. Lejeune homme était originaire du village deMengCun dans le comté de Cang, unterritoire réputé pour ces nombreux artistesmartiaux.Un jour que Wu Zhong s’entraînait, il fit larencontre d’un moine itinérant. Après unediscussion, ce dernier décida de luienseigner le baji quan (qui portait alors unautre nom), le pigua quan (ou pigua zhang)et le maniement de la grande lance, mais ilrefusa de lui donner son nom. Il entraînaWu Zhong durant 10 ans avant de déciderde le quitter. Au moment de partir, il auraitdéclaré à son élève que tous ceux à qui ilavait enseigné le connaissaient sous le nomfffff

de Lai.Peu de temps après, Wu Zhong fit larencontre d’un autre moine itinérant dunom de Pi qui affirmait être l’élève de Lai.Il donna à Wu Zhong un rouleau contenantles techniques avancées du style etl’enjoignit d’aller étudier au templeHangZhou. À son arrivée au temple, WuZhong en défia le supérieur à plusieursoccasions. À la suite de cela, il parcourut leNord de la Chine pour combattre desadversaires sans cesse plus forts. Âgé de 60

Le plus ancien pratiquant dont le nom nous soit parvenuaujourd’hui est un certain Wu Zhong qui aurait vécu au

XVIIème siècle.

Wu Zhong

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HISTOIRE D'UN ART

Le développement du style

ans et n’ayant connu aucune défaite, il décidade retourner au village de MengCun où ilenseigna jusqu’à la fin de sa vie.

La diffusion du styleWu Zhong enseigna, dans un premier temps,le pigua zhang et le baji quan à sa fille Wurong. Il est à noter que les deux arts serontsouvent liés l’un à l’autre, carcomplémentaires, si bien qu’il était coutumede dire que « Quand baji Quan et piguazhang sont combinés, dieux et démons sontterrifiés ». Or, la fille du maître n’enseignapar la suite que le pigua quan. Pour ne pas quele baji quan ne se perde, il décida donc del’enseigner à Wu Yong, un de ses neveuxéloignés. C’est celui­ci qui, semble­t­il, donnason nom à l’art. On sait peu de choses sur cequ’il advint par la suite. Il est cependantcertain que l’art martial se développaprincipalement au sein de la communautéHui, très conservatrice, dans les alentours deMengchun, et ce, jusqu’au milieu du XXèmesiècle. Il semble aussi que malgré cetisolement l’art eut très tôt une certainerenommée du fait de son efficacité. C’estainsi que ses techniques à courte distance etses contrôles lui valurent le nom de « boxedes gardes du corps ».Parmi les nombreux pratiquants quiinfluenceront le style, on trouvera entre autresWu HuiQing qui, durant la première moitié duXXème siècle, va apporter une premièremodernisation du style non seulement en lecodifiant, mais aussi en développant lesprincipes théoriques et philosophiques de l'art.Il y eut de nombreux artistes connus ayantpratiqué le baji quan, comme Li ShuWen, quipratiqua le baji quan et le pigua zhong et étaitsurnommé « Li le dieu de la lance » en raisonde ses capacités extraordinaires avec cettearme. Ce fut cependant l’un de ses élèves quifit sortir le style de Chine. Ce dernier senommait Liu YunQiao. Il entra dans l’arméechinoise en 1949, mais partit pour l’île deTaiwan dès le début de la révolution culturelle

des années 1950. Il y fut vite rejoint par denombreux autres maîtres d’arts martiaux.Cependant, malgré les nombreux maîtresimmigrés sur l’île, il réussit non seulement àimposer le baji quan comme un des styles lesplus efficaces, mais, plus encore, il parvint àlui donner un rayonnement international grâceà ses nombreux élèves étrangers, notammentdes Européens et des Américains.La diversification du styleBien que l’ensemble des différentes pratiquesdu baji quan forment un tout cohérent, il sedivise tout de même en plusieurs styles qui,pour la plupart, prennent leur origine dans lesvillages proches de MengCun et ontcommencé à se développer à partir de latroisième génération de pratiquants. Parmi cesstyles on trouve :­le baji de la famille Wu qui estl’enseignement direct de Wu Zhong et qui futmodernisé par Wu HuiQing­le baji de la famille Huo qui s’est développéau nord­est de MengCun­le baiji de Ma FengTu qui s’est développé aunord de MengCun­le baji de NanJing qui est enseigné par lesélèves de Li ShunWenCe ne sont là que quelques styles parmi ceux,très nombreux, qui se sont développés aucours du temps. Nombre d’entre eux restentencore aujourd’hui limités à leur secteurgéographique d’origine.

BIBLIOGRAPHIE

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La voie des arts martiaux : Le tour du monde dessports de combatsde Chris CudelliIl existe un certain nombre d’encyclopédies des artsmartiaux et sports de combat, la plus connue étantcelle de Roland Habersetzer qui reste un ouvrage deréférence en la matière. Mais ces dernières souffrentpresque toujours du même problème à savoir elle selimite aux arts martiaux asiatiques et plus souventaux arts martiaux de 5 pays : Inde, Chine, Japon,Vietnam et parfois Thaïlande. On y retrouve aussiparfois des références à d’autres arts martiaux depays d’Asie mais cela ne va pas au­delà. L’ouvragedont il est question aujourd’hui est, quant à lui,beaucoup plus exhaustif et c’est sa qualitéprincipale. Il se compose de 7 parties : Inde et Asiedu sud, Chine et Est asiatique, Japon et Okinawa,Sud­Est asiatique et Océanie, Europe, Afrique ,Moyen­Orient et Asie centrale, et Amérique. Cetouvrage est entendu beaucoup moins exhaustif qued’autres sur les arts martiaux asiatiques mais il nouspermet de découvrir les pratiques martialesd’Europe, mais aussi celles d’Afrique et de payscomme la Nouvelle Zélande, la Bolivie et biend’autres.Autre point positif, cet ouvrage comprend de trèsnombreuses photos d’une très bonne qualité et pourchaque art martial, un court résumé destiné à en faireconnaître le lieu d’origine, la date présumée de sacréation et les grandes lignes de sa pratique.Cet ouvrage n’est cependant pas parfait et l’on ytrouvera un certain nombre d’erreurs, notammentdans le nom de certaines disciplines ou danscertaines descriptions. Cependant, ceci est bien vitepardonné au vue de la masse d’information et offrirade nombreuses pistes de recherche pour lespassionnés.

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L'Irish Stick FightingLL’’IIrriisshh SSttiicckk FFiigghhttiinngg nn’’eesstt ppaass uunnee ddiisscciipplliinnee uunniiffiiééee mmaaiiss uunn eennsseemmbbllee ddee ssttyylleess ddéévveellooppppééss ddaannsscchhaaqquuee ccllaann aavveecc ddeess ppaarrttiiccuullaarriittééss ccoonnsseerrvvééeess jjaalloouusseemmeenntt ppaarrffooiiss eennccoorree ddee nnooss jjoouurrss,, llaa ttrraaddiittiioonnggaaëëlliiqquuee ééttaanntt eesssseennttiieelllleemmeenntt oorraallee eett ccllaanniiqquuee.. RRaarree eennccoorree ddee nnooss jjoouurrss eesstt ll’’eennsseeiiggnneemmeennttoouuvveerrtt àà ttoouuss..

LA VOIE DU SABRE

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Ce que nous connaissons sous le nom deshillelagh et qui désigne le bâton decombat irlandais est en fait un systèmemartial complet qui puise ses racines dans

une tradition autochtone ancienne maiss’avère adapté aux enjeux de protectionpersonnelle contemporains.

Une tradition martiale millénaireDepuis la nuit des temps, les guerriersGaëls de la terre d’Erin (nom ancien del’Irlande) ont été employés pour leursqualités au combat comme soldatsprofessionnels dans toutes les arméesétrangères en conflit. Et si on note bienl’existence d’une élite de guerriers, lesFinnans, c’est bien chaque paysan quiétait formé au combat dans un systèmede transmission familial et clanique.Les luttes étaient incessantes et lesennemis nombreux qu’ils soient issusdes clans rivaux ou d’outre­mer etchacun devait être en capacité vitale dedéfendre sa terre, sa famille et son clan.Même si les Gaëls ont à partir du hautmoyen âge des échanges avec les autrespays utilisant des armes de métal, ilsgardèrent, de par la rareté de celles­ci etdonc leur prix élevé, un usagegénéralisé d’un fort gourdin en combatrapproché pour lequel ils développèrentune véritable expertise du maniementque tous leurs ennemis, depuis lesRomains jusqu’au Anglais, rapportèrentdans leurs chroniques.

Ce gourdin est appelé de façongénérique tout simplement Bata (bâton)et est utilisé seul, avec un bouclier rondou avec la cape enroulée autour du bras.Il est intéressant de noter sur cestapisseries que même les combattantsqui portent l’épée privilégientnéanmoins le combat au Bata pour sonefficacité et probablement pour sonassociation à la culture Irlandaise.Les faction fightsAu fil des siècles et de la paix souventforcée par l’envahisseur, les Irlandais,toujours fidèles à leurs structuresclaniques, institutionnalisent et

systématisent le moyen de faireperdurer leurs traditions martiales, afinde cultiver leur aptitude à résister enmaintenant les aptitudes de tous leshommes en âge de combattre. Ilsdéveloppant des sports de crossesappelés de façon générique An Caman(Hurley) qui ferait passer le hockeyprofessionnel pour du badmington etsurtout au 17ème et 18ème siècle par devéritables batailles rangées entre clansrivaux, les célèbres faction fights, où onse donne rendez­vous après la messe dudimanche, pendant une foire ou une fêtequelconque. Toutefois, malgré lecaractère de masse de ces combats et lefait qu’on peut y être gravement blesséou même mourir, ils sont encadrés pardes règles très strictes, telles que laparticipation de tous les hommesvalides, mais en stricte égaliténumérique des parties en présence aupoint qu’un clan en surnombre pourraprêter un de ses combattants au clanadverse. Le non­respect éventuel decette règle absolue pouvant jeter ledéshonneur sur le clan tout entier ilggggg

n’est pas rare que des contrevenants soittués ou blessés gravement puis bannispar leur propre clan.Les combats finissent par être sifréquents et rassembler tellement demonde entraînant blessures graves etmorts que l’église s’en émeut et finitpar faire interdire par les gouvernants leBata/gourdin. Qu’à cela ne tienne lescannes et bâtons de marche dont il estimpossible d’interdire le port vonts’épaissir et devenir des armes decombats.

Shillelagh, l’âme de l’Irlande

L’histoire de l'Irish Stick Fighting

Au fil des siècles et de la paix souvent forcée parl’envahisseur, les Irlandais, [...] institutionnalisentet systématisent le moyen de faire perdurer leurstraditions martiales...

Patrick Vincentpratique les arts decombat depuis 37ans et il enseigne ladéfense personnelledepuis 21 ans. Aprèsavoir pratiquéplusieurs styles decombat avec canneet bâton, il découvre

l’Irish Stick Fighting qu’il propose depuisdeux ans dans son club du Vaucluse

A propos de l'auteur

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Le déclinAu milieu du 19ème siècle la maladiede la pomme de terre, source principalede nourriture, entraina une famineterrible qui causa la mort d’un quart dela population et l’immigration d’unautre quart. La disparition de nombreuxcombattants, la dislocation des clans etl’apparition progressive des armes à feufit tomber l’art du combat au Bata, leBataireacht, peu à peu dans l’oubli enIrlande pour ne plus exister que dans leschansons et les histoires transmisesoralement.Toutefois, cette tradition martialedemeura vivante par le faits desimmigrants qui s’illustrèrent surd’autres champs de batailles comme laguerre civile américaine ou on vit desrégiments de l’armée de l’unioncomposés exclusivement d’Irlandaischarger les confédérés torses­nus ettenant leur fusils comme des bâtons ouencore au cours des terriblesaffrontements qui eurent lieu à New­York entre gangs natifs et immigrantstel qu’on les voit dans le célèbre film :Gangs of New­York avec unepersonnage ayant vraiment existé etcélèbre pour ses combats victorieux,Walter "Monk" Mc Ginn. A noter quecette aptitude au combat avec un simplebâton est aussi à l’origine de la surreprésentation des Irlandais au sein dela police dont les membres patrouillent

alors seuls et armés simplement d’unematraque.Le renouveauCe sont les irlandais de la diaspora, qui,en quête de leurs racines, qui vontrappeler à l’Irlande qu’un Shillelaghn’est pas qu’un objet d’artisanat pourtouristes et la mémoire de sonpatrimoine martial. Comme avec lephénoménal travail d’historien de JohnW. Hurley qui recoupe patiemment tousles écrits et chroniques sur le sujet dansson Irish Gangs and Stick­Fighting, et :Shillelagh, the Irish Fighting StickD’autres apports primordiaux commecelui de Glen Doyle héritier d’une desseules lignées authentique etininterrompue d’Irish Stick Fighting etayant obtenu l’autorisation familialed’enseigner en dehors du cercleclanique ou encore, de pratiquantsd’autres arts martiaux qui tentent deredécouvrir leur héritage tel WilliamSanders enseignant de Pencak Silat.Toutefois, on trouve désormais aussides volontés locales de redécouvrir cepatrimoine, comme le fait Nollaig MacAodah, fabriquant de Shillelagh ayantcommencé par la pratique etl’enseignement du Jujutsu et du Kali etqui s’est lancé dans un fantastiquetravail de recherche et de pratique.

L'étude de l'Irish Stick FightingLe shillelagh/BataLes shillelagh ont été de tous tempsfabriqués avec plusieurs essenceslocales permettant à la fois l’efficacitéde l’impact et la résistance du bois,

telles que Chêne, Hêtre, Frêne, Houx et,le plus recherché pour ses propriétés, leprunelier sauvage (en Anglaisblackthorn). Ces essences de boispermettent de disposer d’un fut droit et

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de diamètre régulier sur toute salongueur et d’un pommeau au bout quifait masse à l’impact, constitué dunœud racinaire.On trouve très facilement desshillelaghs à vendre dans des échoppes,foires artisanales et sur le net pour lestouristes friands de souvenirs. Mais unstick de qualité demande du temps et dutravail, des traitements spécifiques queseuls des artisans de talent, héritiersd’un savoir­faire de plusieursgénérations, sont capables de proposer.La pratiqueL’Irish Stick Fighting n’est pas unediscipline unifiée mais un ensemble destyles développés dans chaque clanavec des particularités conservéesjalousement parfois encore de nosjours, la tradition gaëlique étantessentiellement orale et clanique. Rareencore de nos jours est l’enseignementouvert à tous.Toutefois, nous pouvons distinguer desconstantes, notamment en regard desautres nombreux styles existant ailleursdans le monde, car il peut se pratiquer àla fois comme une canne et comme unbâton, à une ou deux mains, à la foisexploiter la distance longue, mais aussidisposer d’une efficacité dévastatrice àcourte distance. Par ailleurs, un desinétert majeur de cette forme de combat

dans la combinaison des techniques destick avec les percussions des membressupérieurs et inférieurs ainsi que la luttedebout et au sol.Un des autres atout du Bataireachtprovient sans doutes du fait que depuisles temps les plus reculés il a toujoursservit au combat a su s’adapter depuisles duels à arme et nombre égaux desfaction fights aux combats sans aucunerègles rencontrés par les aventuriersimmigrés dans des affrontements civilsou militaires Mais aussi de pouvoirimpacter efficacement à distance courtemoyenne ou longue dans toutes lesdirections.La pratique permet ainsi de se protégerd’armes contondantes même lourdesmais aussi de garder une distance vitaleface à des lames ou encore de pouvoirespérer faire face à des opposants plusnombreux. Ainsi une personne ayantbesoin d’une canne, un promeneur, unepersonne portant un parapluiedisposeront d’un des instruments decombat et de protection personnelle lesplus efficace et polyvalent qui soit et,certainement le plus éprouvé ensituation depuis des siècles.

Un des autres atout du Bataireacht provient sansdoutes du fait que depuis les temps les plusreculés il a toujours servit au combat a sus’adapter...

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FILMOGRAPHIESi jusqu’à présent je vous ai présenté desfilms d’arts martiaux qui me semblaientbon, voici un film que beaucoupassocient aux arts martiaux mais qui àmon sens est très mauvais. Le problèmeprincipal de ce film (tout comme d’autresde ce type) est qu’il se sert des artsmartiaux de manière gratuite et pourdonner du grand spectacle sans lamoindre recherche de réalisme. A cetitre, on peut citer les combats au sabredurant lesquels les sabress’entrechoquent, tranchant contretranchant, de manière brutale et répétée.Or, les pratiquants de sabre japonais lesavent bien, infliger un tel traitement àun katana revient à détruire purement etsimplement ce dernier. En effet, si lekatana est une arme très sophistiquée etdisposant d’une certaine souplesse, ellereste une arme très fragile et ce genre detraitement pourrait tout bonnementbriser la lame en cas de choc tropimportant. Pour continuer sur laprésentation des arts martiaux japonais,on pourrait se demander pourquoi le nomchoisi pour le forgeron est HattoriHanzo. Si ce personnage a bien existé, ils’agissait d’un ninja ayant vécu àl’époque de l’avènement du shogunat deTokugawa, quelle est alors l’utilité decette référence ?Le deuxième point critiquable est dans lesecond volet de ce film : les clichés desarts martiaux chinois. On retrouve levieux maître acariâtre, ayant une grandemaîtrise des arts martiaux. Mais si lecliché du vieux maître n’est pas unproblème dans d’autres films, c’est quedans le cas présent, seul l’apprentissagedu combat dans un but destructif estprésenté. A ce sujet, il ne sera d’ailleursjamais question de l’aspectphilosophique des arts martiaux. Autrepoint de ce second volume, laprésentation du dim mak, l’utilisationdes points vitaux est présentée d’unetelle manière que l’on pourrait la penserréelle.Il s’agit donc d’un film violent, pouvantêtre divertissant pour les amateurs dugenre, mais qui démontre un aspect plusque négatif des arts martiaux. Bienentendu, il existe de nombreux autresfilms de la même trempe mais cesderniers ont suscité beaucoup moinsd’intérêt que Kill Bill.

Synopsis« Au cours d'une cérémonie de mariage en plein désert, un

commando fait irruption dans la chapelle et tire sur les convives.Laissée pour morte, la Mariée enceinte retrouve ses esprits après

un coma de quatre ans. Celle qui a auparavant exercé lesfonctions de tueuse à gages au sein du Détachement Internationaldes Vipères Assassines n'a alors plus qu'une seule idée en tête :venger la mort de ses proches en éliminant tous les membres del'organisation criminelle, dont leur chef Bill qu'elle se réserve

pour la fin. »

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Matthieu JeandelL’Aïkido est voie de la Liberté, si Morihei Ueshiba comme nombreux de ses élèves tels que Morihiro

Saito, Gozo Shioda, Koichi Tohei, … ont apporté et mis en place des éléments important pourparcourir cette voie, il faut faire attention à ne pas voir dans les techniques, dans les méthodes

proposées, autres choses que des outils nous permettant l’étude.

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Matthieu Jeandel estun pratiquantsaccomplit d’aïkidoet possède le gradede 5ème dan danscette discipline.Elève de PhilippeVoarino il est l’undes fondateurs

d’ITAF France. Vous pouvez le contacter àl'adresse suivante:[email protected]

A propos de l'interviewé

Matthieu JeandelBonjour, Pouvez­vous vous présenter ànos lecteurs ?Bonjour. Tout d’abord laissez moi vousremercier de me donner la possibilité dem’exprimer dans votre magazine.Sous la direction de Serge Merlet, j’aicommencé l’Aikido en 1999 à l’Ecole decombat de Belfort. C’est aussi par sonintermédiaire que j’ai rencontré PhilippeVoarino qui est alors devenu monprofesseur et de qui j’ai reçu mes 2ième,3ième, 4ième et 5ième dan.J’ai participé à la mise en place d’ITAFInternational, ainsi que d’ITAF France,association pour laquelle je traiteprincipalement de la formation techniqueau travers de stages dispensés en France.Nous mettons en place chaque année desstages réservés aux enseignants pourcontinuer et approfondir un travailtechnique et pédagogique de haut niveauafin que chaque enseignant ai les capacitéstechniques et pédagogiques pour prendreen charge un groupe. Je participeégalement au développement de l’AikidoTakemusu, d’ITAF et de l’enseignement dePhilippe Voarino dans divers pays dont laChine, la Géorgie, la Malaisie, …Afin de fournir une formation auxenseignants, je sollicite mes compétencesprofessionnelles. Je suis formateur pour lesBPJEPS dans des matières tel quel’anatomie, la physiologie, la psychologie,la pédagogie, … J’ai également un Master2 en préparation physique avec unespécialité sur la prévention des blessures et

retour à l’entraînement suite à untraumatisme. J’ai consacré mon mémoirede Master 1 à la réalisation d’une enquêteépidémiologique sur l’Aïkido. Je suis trèsattaché à la pratique en toute sécurité et à laprise en compte du corps humain dans saglobalité (tant l’aspect physique quepsychologique).Au­delà de l’Aikido j’ai eu l’occasion dem’essayer à de nombreux arts­martiaux ousports de combat tel que différents stylesde boxe (française, thaïlandaise, …), auSystema, au Krav maga, au Jujutsubrésilien, à différents arts japonais ShorinjiKempo, Katori Shinto ryu, KarateKyokushinkai, …Et bien que certaines de ces disciplines meparaissent intéressantes, mon temps et moninvestissement vont à l’Aïkido qui se suffità lui­même et propose un cheminsuffisamment long et rigoureux pour ne passe disperser.

En tant que pratiquant, commentdéfiniriez vous un art­martial ?C’est une question délicate… Beaucoup sesont prêtés à cet exercice et pourtant c’esttoujours une question qui reste sans réelleréponse. Je ne pense pas pouvoir fairemieux que mes prédécesseurs. D’autantplus que nous cherchons en France àcomprendre la notion d’arts martiaux pourtraduire la notion de Bujutsu ou Budo. Ilest possible de trouver dans certainesinterviews des personnes qui tentent dedéfinir ces différentes notions, bujutsu,

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budo, shin budo…Je ne suis pas japonais et il memanquera toujours certaines subtilitéspour expliciter ces termes au mieux. Jene retiens que la chose suivante budo etbujutsu ont une particule commune BU.La notion de BU renvoie à la notiond’arme, de combat… Ma vision actuelledes choses est la suivante, ce quidifférencie un Budo et un Bujutsu est laplace et l’utilisation que l’on fait de latechnique.Dans le bujutsu, la technique est unefinalité et le pratiquant apprendra avecles années des techniques de plus enplus efficaces. Je vous donne ici unextrait que l’on peut trouver sur le sitedu groupe français de l’école YagyuShingan :« L'école Yagyu Shingan est trèshiérarchisée. En effet certainestechniques étaient enseignées aux Bushi(guerriers). Les mêmes techniquespouvaient être enseignées aux Samouraïmais à un degré supérieur de façon à ceque le Samouraï puisse se défendre aucas où le Bushi l'attaquerait.Il en est de même pour le Ninja. LeNinja est initié à des techniquessupérieures à celles du Samouraï. Ainsi,il peut mettre ceux­ci hors d'état denuire et mène à bien ses missions derenseignements sans être gêné par ceux­ci. E nfin, seuls les gardes du Shogunont accès à toutes les techniques, etcelles­ci doivent impérativement restéessecrètes car la vie de l'Empereur doittoujours être préservée quoiqu'ilarrive!»Si pour le bujutsu la technique est unefinalité, pour le budo la technique est unpoint d’entrée, un pré­requis quinourrira d’autres finalités.

Pour vous qu’est ce que l’Aïkido ?Un art martial (rire)… L’Aïkido est uneproposition, celle de la Liberté. Lanotion de Takemusu que l’on trouveparfois traduite comme la capacité àfaire spontanément jaillir destechniques n’est rien moins qu’uneproposition de Liberté.Cette liberté du corps et de l’esprit

prend comme pré­requis des outilstechniques que l’on appelle ikkyo,nikyo, kote gaeshi, irimi nage…L’Aïkido ne propose pasl’apprentissage de techniques mais lesutilise pour atteindre quelque chose debien plus important : la Liberté.Cette liberté passera par unrenoncement de sa volonté propre,l’Aïkido est un art universel et cesnotions se retrouvent développées dansle Tao. La Liberté est la capacité à selier au monde, à la nature, à l’instant enpassant par un état de conscience appeléWu Wei chez les taoïstes.Wu Wei est traduit par « non agir », lerisque est de comprendre cela commeun acte de passivité et de penser quel’Aïkido propose une voie passive. Bienau contraire la notion de Wu weirenvoie à l’idée de conscience totale,d’action parfaite menée en accord ledynamisme de la nature. Le wu weiconsiste donc à être « intérieurementdisponible », à être dans l’instantprésent « ici et maintenant ».Si tout cela parait à priori hermétique etloin de la pratique, tout dans la pratiquen’est fait que pour atteindre cet état depratique.Lorsqu’un pratiquant débute en Aïkido,il va apprendre une première techniqueet alors qu’il apprendra la secondetechnique, il apprendra à la fois lespoints techniques spécifiques à cettetechnique et le lien qui unit ces deuxtechniques.Avec le temps le pratiquant d’Aïkidon’aura plus un catalogue de techniquesindépendantes les unes des autres maisun tout cohérent. L’erreur en Aïkido estde construire sa pratique en pensanttechnique, la technique n’est qu’un pré­requis nécessaire pour pouvoircommencer l’étude de l’Aïkido.Beaucoup d’Aïkidoka necommenceront jamais leur route versl’Aïki pour avoir comme objectif laconnaissance d’un catalogue techniquede plus en plus fournis. Réaliser unetechnique correctement est importantmais n’est en rien une finalité surlaquelle un pratiquant doit passer sa vieentière.Répéter une technique 10,20,30 ans ou

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plus permettra bien évidemment de laréaliser de mieux en mieux, cependant sil’attention reste fixé sur celle­ci lepratiquant ne sera jamais rien de plusqu’un répétiteur de techniques.Il faut aller au­delà de celle­ci pourcommencer à entrer dans la voie de l’Aïki.Cependant je le répète, il est nécessaire aupréalable d’avoir une connaissanceimportante de la technique, on commencel’étude de l’Aïkido après 10 ou 20 ans depratique et parfois jamais...

Qu’est ce qui différencie l’AïkidoTakemusu des autres écoles d’Aïkido ?Tout d’abord laissez­moi préciser unechose. Le Takemusu Aiki n’est pas uneécole, ni un courant de pratique. LeTakemusu Aïki est un état, un étatphysique et mental que l’on peut atteindreaprès de longues années de pratique. Et sipour se faire nous utilisons des méthodes etdes outils techniques nous essayons de nepas confondre les outils, les conséquenceset l’objectif de l’Aïkido.

Aujourd’hui nous pouvons voir denombreux courants d’Aïkido sedévelopper, certains autour d’unerecherche d’efficacité, certains autour decelle du relâchement, certains autour de ladynamique… Même si chacune proposedes visions et un aspect de l’Aïkido qui estimportant et intéressant, ce n’est pas sansse méprendre sur le but de l’Aïkido etrestreindre celui­ci à l’une de cescomposantes.L’Aïkido ne propose pas de devenir plussouple, ou plus efficace, l’Aïkido proposede devenir Libre. L’efficacité, la souplesse,le dynamisme, …, toutes ces choses ferontpartie intégrante de la vie d’un pratiquantd’Aïkido. Ce sont des éléments quiaccompagne l’Aïkido et que chaquepratiquant rencontrera sur sa route commeune conséquence de sa pratique et de sonentraînement.Selon les personnes ces différents aspectsn’interviendront pas dans le même ordremais au final aucun des aspects ne serafavoriser au profit d’un autre. Unpratiquant n’a pas à choisir dans tout cela,il sera confronté à tout cela qu’il le veuilleou non durant son chemin sur la voie del’Aïki.Si vous me demandez alors qu’est ce qui

pour moi fait qu’il est inapte de parler decourant, je vous répondrai cela : parler decourant revient à parler de l’aspect mis enavant dans la pratique de l’Aïkido. Pourma part, j’essaye autant que possible defaire attention à cela, ne pas confondrel’objectif de l’Aïkido et tous les aspectsqu’un pratiquant rencontrera sur sa route.

Pourquoi la Takemusu s’est elledétachée de l’Iwama Ryu alors qu’ellesdécoulent toutes les deux del’enseignement de Saito Sensei ?La réponse est dans les réponsesprécédentes. Le groupe Iwama Ryu a poséson intérêt sur la méthode de Maître Saito,comme d’autres se sont arrêté sur la notionde relâchement, d’efficacité…Bien que le travail de Maître Saito soitfantastique et que sa méthode soit d’unegrande richesse, elle n’en reste pas moinsqu’un outil à utiliser et à dépasser.L’Aïkido dépasse la notion de méthode, derelâchement, d’efficacité, l’Aïkido dépassele nom d’une personne, même s’il est aussifameux que celui de Morihei Ueshiba. Cen’est pas un blasphème que je fais ici, jesouhaite simplement remettre les choses àleur place.Il est aujourd’hui courant de lire oud’entendre que l’Aïkido a disparu, qu’il estmort avec son fondateur et que nous nepouvons que faire chacun de notre mieuxet pratiquer au final l’Aïkido qui nousconvient et nous plait.L’Aïkido est voie de la Liberté, si MoriheiUeshiba comme nombreux de ses élèvestels que Morihiro Saito, Gozo Shioda,Koichi Tohei, … ont apporté et mis enplace des éléments important pourparcourir cette voie, il faut faire attention àne pas voir dans les techniques, dans lesméthodes proposées, autres choses que desoutils nous permettant l’étude. L’Aïki, leTakemusu Aïki était là avant O’SenseiMorihei Ueshiba et sera là encore aprèsnous. Nous ne pouvons que remercier nosaînés d’avoir laisser des cailloux sur lechemin pour la bonne route à suivre. En cesens nous ne pouvons que remercierO’Sensei et ses élèves pour leur travail àchaque début et fin de cours.Mais nous ne devons pas nous méprendreet croire et faire croire à nos élèves quel’Aïkido est perdu… Nous avons

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aujourd’hui avec internet, l’ouverturede la pratique au monde et la facilité deparcourir des milliers de kilomètres,accès à toute une gamme d’outilsqu’O’Sensei et ces élèves directs nousont légué. Il ne faut simplement pasperdre de vue que tout cela ne reste quedes outils et absolument pas des « styles» d’Aïkido. Saint Exupéry écrivait : « laperfection est atteinte non pas lorsqu’iln’y a plus rien à ajouter mais lorsqu’iln’y a plus rien à enlever ». Il faut seséparer de la volonté de faire commeuntel ou untel. Quitter l’univers de laforme pour celui du fond.

Un certain nombre de pratiquantsd’Aïkido estiment que pour biencomprendre l’Aïkido il faut à unmoment ou à un autre se confronterau Daïto Ry, l’ancêtre de l’Aïkido.Qu’en pensez­vous ?C’est une question intéressante et je teremercie de me la poser. Cette questionconcernant le Daito Ryu est importantedans la généalogie de l’Aïkido et lacompréhension de l’Aïkido. Je merappelle d’une interview d’OlivierGaurin expliquant qu’il n’est possiblede comprendre l’Aïkido qu’au traversde l’étude du Daïto Ryu, affirmation quilaisse sourire quand on sait que celui­cià publier un ouvrage « comprendrel’Aïkido » avant de commencer sapratique du Daïto Ryu…Le Daito Ryu est une école dont lapratique est basée sur un cataloguetechnique important divisé en différentsniveaux d’étude et de complexié.Je répondrai à votre question encore

une fois de la même façon. Le Daïtoryu et les personnes qui se tournent àl’heure actuelle vers la pratique duDaïto Ryu le font pour retrouver uneefficacité perdue dans la pratique del’Aïkido.Bien souvent ces pratiquants cherchentune fausse solution à un vrai problème.L’Aïkido en se centrant sur diversescomposantes de la pratique(relâchement, efficacité, relation àl’autre, …) perdent et oublient un grandnombre de détails techniques qui au fildu temps font que les techniquesperdent de leur efficacité. Au lieu derevenir chercher dans les techniquesd’Aïkido au travers de méthodes qui ontconservées la technique les pratiquantsse tournent vers d’autres arts dont ils netireront rien pour la pratique del’Aïkido.Je ne dis pas là qu’une pratique commele Daïto ryu est inintéressante mais queces formes ne sont pas les outilsdestinés à parcourir la voie de laliberté… Tout comme la pratique d’uneécole de sabre ou de jo ne contient pasd’outils destiné à devenir libre. C’estpourquoi il est illusoire comprendre etavancer sur la voie de l’Aïki parl’intermédiaire de techniques rapportéesd’autres écoles aussi fameuses qu’ellessoient.La liberté que propose l’Aïkido seconstruit sur des outils techniquesformant un tout et dont l’efficacité dechaque mouvement est liée à sespropres points techniques spécifiques etles liens qui se tissent entre chaquetechnique.

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Un jour mon professeur m’a dit la chosesuivante : « Matthieu fais attention, lestechniques sont proches les unes des autrescela à deux conséquences : la premièrec’est qu’il est possible de les perdre petit àpetit et ne plus connaître la spécificitéd’ikkyo par rapport à nikyo, kote gaeshi oukaiten nage… La seconde est la clé de laliberté, les techniques sont tellementproche les unes des autres qu’il est facilede passer de l’une à l’autre. C’est à la foisles points communs entre toutes lestechniques et les petites différences quifont que l’on peut construire une pratiqueau­delà de la forme. »Tout cela pour dire qu’il peut être utile des’intéresser aux techniques du Daïto Ryumais pas pour comprendre et palier unmanque technique en Aïkido. Aussiintéressant que soit la pratique du DaïtoRyu cela reste du Daïto Ryu et l’objectifest d’apprendre un catalogue technique. Lafinalité du Daïto Ryu est la technique, enAïkido celle­ci est un pré­requis à toutautre chose.

La France est le second pays ou l’on trouvele plus de pratiquant d’Aïkido après leJapon. Que pensez­vous de ce fait ?Pour être tout à fait honnête, je n’en pensepas grand­chose (rire). La quantité n’estpas intrinsèquement lié à la qualité…

L’Aïkido est soumis à de trèsnombreuses critiquent et de nombreuxpratiquants d’arts martiaux affirmentque c’est un jeu inapplicable dans unesituation de combat réel. Qu’en pensez­vous ?Cette question de l’efficacité est unequestion récurrente et nombreux sont lesdébutants ou pratiquants d’autres artsmartiaux qui considèrent l’Aïkido commeun jeu ou une danse. Je dirai qu’il se faitbeaucoup de choses sous le nom Aïkidoaujourd’hui. Comme je l’expliquaisprécédemment certains pratiquants axentleur recherche sur des notions telles que ledynamisme, le relationnel, lerelâchement… Ces personnes ne ferontjamais d’Aïkido et ne découvriront jamaisla composante martiale de l’Aïkido.L’Aïkido est un chemin sur lequel lepratiquant qui s’y engage complètementdécouvrira entre autre comment êtreefficace en situation réelle.

Il faut simplement comprendre la chosesuivante, dans une discipline comme laboxe c’est le coup qui est efficace et leboxeur s’entraîne pour augmenter lapuissance de ce coup par du renforcement,de la préparation physique… En Aïkido cen’est pas la technique qui fera l’efficacitémais la façon de la réaliser. Et cela vaprendre du temps car il faudra dans unpremier temps apprendre la technique et lafaire évoluer sur plusieurs niveaux deprogressions. Cela prendra du temps toutcomme cela prendra du temps au boxeurpour avoir un direct efficace…Je préfère ne pas rentrer plus dans ce débat,j’ai pratiqué différents sports de combat etarts martiaux et j’ai rencontré despersonnes très puissantes et très fortes et àl’inverse des personnes très faibles, je mesuis entraîné au close combat avec les navyseals se sont des personnes pour quil’efficacité est prioritaire. En discutantavec eux ce n’est pas la discipline mais lapersonne qui sera efficace. Cela paraitévident mais il est peut être bon de lerappeler. Par conséquent il n’est pasétonnant qu’un pratiquant ne recherchantpas l’efficacité ou rejetant le côté martial,ne soit jamais efficace en situation réelle.

Une dernière question que pensez­vousdes pratiques compétitives et plusspécialement du MMA ?Les pratiques compétitives ont l’avantagede mettre le pratiquant sous condition destress et de le confronter à lui­même. Al’entraînement on peut toujours mettre laresponsabilité sur le dos du partenaire, dubruit, de la fatigue, … Lors d’unecompétition peu importe ce qu’il sepassera, au final le résultat sera la réussiteou l’échec. Une compétition est un bonmoment pour faire le bilan de sescapacités.Malheureusement une pratique commel’Aïkido ne peut devenir une pratiquecompétitive est c’est pourquoi il estabsolument nécessaire de s’investir danschaque instant de pratique sans attendre laprochaine technique, le prochain partenaireou le prochain entraînement…Concernant le MMA, je pense que ce sontde très bons sportifs. Les pratiquants ontune condition physique et un mental fort.Mais attention à ne pas faire de cespratiquants des références dans le domainede l’efficacité. L’amalgame est rapide et les

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raccourcis aisés. Le MMA reste un sport…Il y a des règles, un espace défini, … Aussibrutal et violent que cela puisse paraitrecela n’en reste pas moins un sport.Le MMA, comme tous les sportscompétitifs, a pour objectif d’imposer sapropre volonté aux autres (adversaires,jury, …), que cela soit pour remporter uncombat, une prestation artistique, l’objectifest d’être efficace selon des critères, desrègles définies. Si l’Aïkido devient un jourune discipline compétitive il perdradéfinitivement ça capacité à proposer unevoie de la liberté. Les pratiquantschercheront à devenir efficaces dans lagrille de lecture mise en place pourdépartager les compétiteurs ets’enfermeront dans un aspect très limité dela pratique.

Un dernier mot ?Je tenais à vous remercier de me donnerl’occasion de m’exprimer dans voscolonnes. Je tiens également à remerciermon professeur Philippe Voarino pour sapatience et ses recherches incessantes et

pour partager cela au fil des années. Jeremercie toutes les personnes quiparticipent au développement d’ITAF etqui œuvre chaque jour pour ledéveloppement du Takemusu Aïki enFrance et dans d’autres pays. Enfin jeremercie toutes les personnes qui viennentà ma rencontre pour échanger etquestionner mon enseignement afin decontinuer à me faire progresser.Pour finir je souhaite profiter de cetteinterview pour annoncer que des articlestechniques suivront celle­ci et replacerontce qui a été dit ici dans un contextepurement technique.Donc merci et à bientôt.

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MISE AU POINGNous allons voir ce mois ci, une défensecontre oie tsuki en utilisant le blocageagé uké mais dans sa forme gyaku(inversé), c'est­à­dire que ce n’est pas lemême bras que la jambe avant quibloque mais l’autre.Départ en garde (photo1), tori attaqueoie tsuki, uké défend en gyaku agé uké(photo2)On lance son agé uké en allant versl’attaque et en engageant la hanche, celava immédiatement armer le mae géri quidoit suivre (photo3). L’avantage dublocage en gyaku, fait que l’on n’estplus en face de tori mais à l’extérieur cequi lui interdit certaines possibilité decontre.

On contrôle le bras en exécutant un maegéri percutant, on utilise le balancementde la hanche, la pression au sol pourcréer un impact. Au vu de la distance, onn’arme pas en transférant le poids versl’avant et on ne « pousse » pas son maegéri vers l’avant, on recherche lapercussion sur place.(photo4)On garde toujours le contrôle du braslors que retour de la jambe, onsynchronise la pose de la jambe versl’arrière avec l’attraction du bras de toriainsi que la frappe du mae­té tsuki (coupde poing avant) (photo5 et 6). Ces 3actions ceux font simultanément.

Ippon kumité : Bloquer engyaku agé uké

Johnny Gencepratique les artsmartiaux depuis 27ans. Actuellement5ème dan de karatéshotokan, il a suividurant 12 ansl’enseignement deShihan Nishiyama.Il fut champion de

France FFST en kata et combat ainsi que3ème au championnat mondial de SKDUN.

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MISE AU POING

On contrôle toujours le bras, pourpasser en dessous et venir saisir le braset maintenir la nuque (photo7 et 8)pour venir faire Hitsui géri (Coup degenou) (photo 9)

Ayant le bras en contrôle, on peut laaussi lors de la dépose du pied versl’arrière en profiter pour l’emmener ausol et finir par une cléf. (photo10)

Johnny Gence

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La catégorie des armes d’hastscomprend de très nombreuses armes etfut présente sur de nombreux champs debataille à travers le monde et l’Histoire.Cette catégorie comprend un très grandnombre d’armes, parmi lesquelles ontrouve la hallebarde. Cette arme, bienque moins étudiée que l’épée, le sabreou le bâton, reste une arme assezreprésentée dans le monde des artsmartiaux.Dans les arts martiaux chinois, ontrouve la guan dao. Cette lame estconstituée d’une lame très large montéesur un long manche en bois, le toutmesurant entre 1 mètre 80 et 2 mètres.Le nom de cette arme provient de soninventeur présumé : le générale GuanYu. Ce dernier est personnagelégendaire de la période des troisroyaumes, a été déifié au sein dupanthéon chinois et est un symbole dedroiture et d’honneur. Le maniement dela guan dao est présente dans denombreux arts martiaux autant internescomme le taiji quan qu’externes commele hung gar.Au Japon, on trouve la naginata, qui esttrès proche du guan dao mais à ladifférence que la lame est généralementplus fine. Son étude peut être faite ausein de nombreuses écoles comme laKatori Shinto ryu mais aussi de manièreindividuelle au sein du naginata jutsu. Sià l’origine cette arme était

principalement utilisée sur le champ debataille pour faire face à la cavalerie,elle est devenue avec le développementdes armes à feu le symbole de la femmequi défend son foyer. Il existe unevariante de cette arme appeléeNagamaki qui possède un mancherecouvert de lanières de cuir à lamanière de la poignée d’un katana, maisun peu plus court que le manche de lanaginata, mais aussi une lame pluslongue que celle d’un sabre classique.Elle est en fait à mi­chemin entre lekatana et la naginata.En Europe ,la hallebarde est originairedu vouge, une arme composée d’uneserpe sur un manche d’environ 2 mètres.Il en existe de très nombreuses formesmais tout comme au Japon, elle étaitprincipalement utilisée comme une armed’infanterie pour faire face à lacavalerie.

La hallebarde

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LLee kkaarraattéé SShhiittoo rryyuuLLee sshhiittoo­­rryyuu ssee ddiissttiinngguuee eenn ggrraannddee ppaarrttiiee ppaarr ssaa rriicchheessssee tteecchhnniiqquuee,, qquuii ttrraannssppaarraaîîtt ttoouutt ppaarrttiiccuulliièèrreemmeenntt

ddaannss lleess nnoommbbrreeuuxx kkaattaass iissssuuss ddeess mmuullttiipplleess ssttyylleess ddee kkaarraattéé ééttuuddiiééss ppaarr llee ffoonnddaatteeuurr MMaabbuunnii KKeennwwaa..CCeelluuii­­ccii aavvaaiitt eenn eeffffeett ééttuuddiiéé llee nnaahhaa­­ttee eett llee sshhuurrii­­ttee,, mmaaiiss ppoossssééddaaiitt aauussssii ddeess bbaasseess ddee ttoommaarrii­­ttee..

LLuummiièèrree ssuurr......

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Le karaté Shito ryuIl existe en karaté une distinction entrele karaté dit japonais et le karatéd’Okinawa. Le karaté japonais estsouvent réputé comme étant un karatéplus moderne et plus proche du milieucompétitif alors qu’à l’inverse le karatéd’Okinawa est réputé pour être plus

traditionnaliste. Parmi le second groupel’un des karatés les plus ancien et lesplus réputé est le karaté Shito ryu fondépar Mabuni Kenwa.

Les principes du shito­ryuUne école ancrée dans la traditionL’école shito­ryu est l’une des écolesles plus proches des premières formesde karaté à savoir naha­te, shuri­te ettomari­te. Mabuni Kenwa, fondateur dustyle a principalement étudié auprès demaîtres de shuri­te et de naha­te. C’estd’ailleurs pour rendre hommage à sesdeux maîtres qu’il nomma son école «shito­ryu ». Ces maîtres se nommaientAnko Itosu et Kanryo Higashionna etc’est en réunissant le premier caractèrede leurs deux noms « shi », qui seprononce « ito », et « to », qui seprononce « higa », qu’il créa le nom deson école.Le symbole du shito­ryu (il s’agit enfait des armoiries de la famille Mabuni)revêt, lui aussi, une importance touteparticulière. Le cercle qui représentel’idéogramme « wa » désigne la paix et

l’harmonie. Ses barres verticales ethorizontales ouvrent la porte à deuxinterprétations possibles. Selon lapremière, elles signifieraient « homme» et par conséquent, ceux qui portentces armoiries et donc les pratiquants deshito­ryu, seraient également ceux quimaintiennent la paix. Ces barrespeuvent aussi être interprétées commeles deux courants shuri­te et naha­teayant amené à la création du shito­ryu.L’art apparaîtrait donc commel’harmonisation de ces deux pratiques.Bien que cette seconde interprétationparaisse plausible quant à son contenu,il semble que le symbole soit antérieurà la création du shito­ryu, ce qui la rendcontestable.Les cinq principes du shito­ryuCes cinq principes portent en fait sur ladéfense et constituent les points les plus

L’école shito­ryu est l’une des écoles les plus prochesdes premières formes de karaté à savoir naha­te, shuri­te

et tomari­te.

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Le travail en shito­ryuParticularités techniquesLe shito­ryu se distingue en grandepartie par sa richesse technique, quitransparaît tout particulièrement dansles nombreux katas issus des multiplesstyles de karaté étudiés par le fondateurMabuni Kenwa. Celui­ci avait en effetétudié le naha­te et le shuri­te, maispossédait aussi des bases de tomari­te.On retrouve donc dans son style tantles postures basses et puissantes dunaha­te que les techniques plus fluidesdu shuri­te. S’inspirant fortement deces anciennes formes de karaté ainsique de leur origine chinoise, le shitoryu intègre de nombreuses formes demains, des coups de coude, des saisieset des clefs que l’on ne retrouve pasdans les formes de karaté plus «japonisées ».

Tout comme en goju­ryu, un des pointsessentiels de l’art est l’équilibre. Cesdeux styles présentent d’ailleurscertaines similitudes, telles denombreuses techniques à courte portéeainsi que l’importance del’enracinement. Cela semble venir dufait qu’ils découlent tous deux en partiedu naha­te. En revanche l’aspectgénéral du shito­ryu apparaît souventcomme un peu moins brutal, et l’on yretrouve des coups de pieds hauts quel’on ne trouve pas dans le goju­ryu.Un autre point important du shito­ryuest que les techniques et lesdéplacements partent tous des hanches.Bien que ces dernières soientimportantes dans toutes les formes de

importants du style.Le premier principe, « rakka », signifiela chute de la fleur. L’interprétation decette formulation ne fait pasl’unanimité. Selon certains, il feraitallusion à la terre qui, sans bouger,réceptionne ce qui lui tombe dessussans dommage. Selon une secondeinterprétation, il faut bloquer avec unetelle puissance, que si la technique étaitréalisée sur un arbre, les fleurs entomberaient. Bien que les deuxinterprétations divergent, elles ont lamême signification sur le plan pratique.Il s’agit dans ce cas d’effectuer unblocage puissant visant le membre quiattaque dans le but de stopper net lecoup. Ce type de défense estrelativement agressif et peut en théoriepermettre d’arrêter net un combat.Le second principe est « ryu­sui » oul’eau qui coule. Il est très semblable àcelui sur lequel se basent le judo etl’aïkido, à savoir dévier la force del’adversaire et y ajouter sa propre force.Le but n’est pas ici d’arrêter netl’attaque de l’adversaire en voyant leblocage comme un coup, mais aucontraire de la dévier et de l’amplifierpour obtenir une situation avantageuse,voire pour faire chuter l’adversaire.Le troisième principe est « kusshin »,qui peut se traduire par « flexion­extension ». Il consiste à utiliser le

mouvement de flexion ou d’extensiondans une technique de défense demanière à déséquilibrer l’adversaire etpouvoir contre­attaquer ensuite.Le quatrième principe, « ten’i » ou «ouvrir la porte », consiste toutsimplement à laisser couler l’attaqueadverse tout en se repositionnant. Cetype d’esquive sans blocage nécessited’avoir un bon sens du timing et desdistances, et se base sur le principevoulant que « le meilleur moyen de nepas recevoir un coup est de ne pas êtrelà ».Le dernier principe est « hangekiou »,ou contre­attaque. Il s’agit en fait, aumoment où l’adversaire attaque, defrapper de manière à dévier sa frappepuis à le toucher. On parle parfois decontre­attaque par anticipation puisquele mouvement de contre­attaque estréalisé en même temps que celui del’attaque. Bien que ce type demouvement soit spécifique au karatéshito­ryu, on le retrouve sous d’autresformes dans des arts martiaux comme lewing tsun où l’on va prolonger unetechnique défensive en techniqueoffensive.

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karaté, elles le sont plus encore dans cestyle. Ce travail, ajouté à un travail dedécontraction permet non seulementd’augmenter la puissance et la vitessedes coups lors de la réalisation destechniques, mais aussi d’obtenir unecertaine fluidité.Les exercicesComme dans toutes les formes dekaraté de l’époque, on retrouveprincipalement trois types d’exercices :kihon, kata et kumite. Cependant, ilconvient d’y ajouter l’étude despostures, qui revêt un intérêt toutparticulier en shito­ryu. Elles sontétudiées tant dans les kihon que dansles katas. Leur apprentissage estimportant puisque le shito­ryu se baseen partie sur de nombreux changementsde postures visant à s’adapter au mieuxà l’adversaire ainsi qu’à la distance, auterrain, etc.Les kihon constituent l’exécution detechniques simples dans un premiertemps, puis avec un partenaire. Ilsvisent à apprendre des enchaînementset à permettre d’intégrer des principes,à l’instar des cinq principes du shito­ryu. Ils permettent aussi au pratiquantde savoir quelles sont les situations oùune posture est utile.Les katas sont relativement nombreuxdans cette école de karaté et revêtentune importance particulière. Ils serépartissent souvent en fonction de leur

origine. On trouve donc des katas issusdu naha­te, d’autres du shuri­te etd’autres encore du tomari­te. À ceskatas s’ajoutent un certain nombre dekatas d’origine chinoise ainsi qued’autres ajoutés par Kenwa Mabuni lui­même. Leur exécution peut varierd’une école à l’autre, certaines vontjusqu’à en ajouter d’autres. Au traversde l’exécution de ces katas, lepratiquant apprend comments’enchaînent les différentes techniqueset postures. Une fois qu’il aura atteintun certain niveau de maîtrise, il passe àl’apprentissage du bunkaï, c’est­à­direl’application du kata avec un ou deuxpartenaires.Les kumite sont des formes de combatsplus ou moins libres qui permettent aupratiquant d’échanger. Ils peuvent êtretrès codifiés, lorsque l’attaquantannonce son attaque, ou être pluslibres, comme dans le jiu kumite où lebut est d’apprendre à saisir le momentd’inattention de l’adversaire pourlancer sa technique ou, autre exemple,à créer des trous dans la garde del’adversaire. L’étude et la liberté deskumite dépendent énormément desclubs.

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PANTHÉON MARTIALWong Fei Hong

Wang Fei Hong est certainementl’artiste martial le plus connu à traversle monde après Bruce Lee. Si ces deuxpersonnes ont étés connues grâce aucinéma, Wang Fei Hung estcertainement le personnage ayant été leplus été interprété dans le cinémaHongkongais. Il fut interprété par ungrand nombre d’artistes martiauxaujourd’hui renommés dans le monde

du cinéma, tels Jackie Chan dansDrunken Master 1 et 2 ou encore Jet Lidans il était une fois en Chine 1, 2 et 3.Si cette personne a été interprétée danstant de films, ce n’est pas seulement enraison de ses capacités martiales horsdu commun, mais aussi de son caractèrealtruiste qui fit de lui une icônenationale.

L’ héritier de l’un des tigres du CantonWong Kay­Ying : le père du prodigeIl est difficile de parler de Wong FeiHong sans parler de son père WongKay­Ying, qui lui aussi fut un grandpratiquant d’arts martiaux ainsi qu’unhéros populaire à son époque. WongKay­Ying serait né en 1815 dans levillage de Xiqiao dans le Canton.Jeune, il participait à des spectacles derues dans lesquelles il mêlait acrobatieet quelques techniques d’arts martiaux.C’est durant cette période qu’il futremarqué par Luk Ah­Choi, un maîtredans l’art du Hung gar qui décida de luienseigner son art. Il atteint un tel niveaudans cette discipline qu’on le nommal’un des dix tigres du Canton, cesderniers étant les meilleurs pratiquantsd’arts martiaux de la province durantcette période. On dit que sescompétences dans les arts martiauxfurent telles qu’il enseigna aux «pavillons noirs », une troupe de soldatsirréguliers qui luttèrent contre la Franceen Indochine et qui seront expulsés deChine en 1864. Cependant le salaire

qu’il percevait était si faible qu’il devaitvendre des herbes médicinales poursurvivre.Les capacités martial de Wong Kay­Ying ne furent pas le seul point quifirent de lui une légende, ce dernierétait aussi un médecin au et il tenait laclinique Po Chi Lam. On dit qu’il ytraitait tout patient dans le besoin, quece dernier puisse payer les soins ounon. C’est dans cette clinique que sonfils apprendra les rudiments de lamédecine traditionnelle chinoise ainsique les valeurs d’altruisme et de bonté.L’apprentissage des arts martiauxpar Wang Fei HongIl ne faut cependant pas croire queWong Kei Ying enseigna directementles arts martiaux à son fils. Dans unpremier temps, ce dernier fut réticent àles lui enseigner. Wang Fei Hung apprittout de même la médecinetraditionnelle à ce dernier, ainsi que ladanse du lion (bien que l’on ne sache

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L’apogée du maître

pas qui le lui avait enseigné). Ce sera lemaître de Wong Kei Ying, qui futfrappé par les compétences du fils de cedernier lorsque ce dernier assista à unedémonstration de ce dernier. MaîtreLuk Ah­Choi décida alors d’enseignerles bases du Hung Gar à Wang FeiHong et ce n’est que par la suite queson père accepta de lui enseigner sesconnaissances en arts martiaux.Le jeune prodige apprit très vite leHung Gar, si bien qu’il sera considérédès ses 20 ans comme un artiste martialaccompli et l’un des meilleurs

combattants du canton. Son étudemartiale ne se limita tout de même pasau seul Hung Gar, mais on dit qu’ilétudia aussi le Zui Quan : la boxe deshuit immortels, aussi nommée boxe del’homme ivre. Au­delà de sescompétences martiales, il sera connucomme un homme de valeur qui, àl’instar de son père, n’hésitait pas àaider les personnes dans le besoin et àfaire face aux triades ainsi qu’auxautorités.

La naissance de la légendeLa légende de Wang Fei Hong estpleine de nombreux combats aussiépiques les uns que les autres,l’opposant parfois aux triades et àd’autres moments aux forces de l’ordre,mais toujours il semble que le maître sesoit battu pour ses convictions et laprotection des plus faibles. L’un de sesfaits d’armes les plus connus, reprisdans un certain nombre de films est soncombat contre une trentaine demembres des triades qu’il réussit àvaincre seul, armé d’un simple bâton.Si cette anecdote est sans douteexagérée, elle permet de comprendreque non seulement le maître avait unegrande compétence au combat à mainnue mais qu’il maîtrisait également lebâton et vraisemblablement un certainnombre d’armes. On dit d’ailleurs qu’ilne sera jamais vaincu tout au long de savie et ceci notamment en vertu desprincipes particulièrement efficacesqu’il mettait en œuvre lorsqu’il utilisaitson art, tels viser les yeux, la gorgeetc…La réputation du maître fut telle qu’ilsera invité à devenir instructeur dansl’armée du Canton, poste qu’il occuperaun certain temps, puis il deviendra chefd’une milice civile. Malgré tout, iln’abandonna pas la clinique de son pèredans laquelle il devint médecin. Il nefaut cependant pas croire qu’ilenseignait l’ensemble de son savoir à

ses élèves. Wang Fei Hong faisait,disait­on, très attention à quelletechnique il enseignait à quel élève, sibien que peu d’entre eux reçurentl’intégralité de l’art. A ce titre, unévénement le marqueraparticulièrement. Vers 1890, le fils deWong Fei Hong, Wong Haw­Sum, quiavait suivi l’enseignement de son pèreet suivi son exemple en voulantprotéger les faibles, sera tué lors d’uncombat l’opposant face à un gang. A lasuite de cet événement, le maître décidade ne plus enseigner son art à sesenfants, pour éviter que ses derniers nesoient blessés ou tués suite à uneprovocation en duel.L’héritage de Wang Fei HongLe principal apport de Wang Fei Hongest qu’il donna ses lettres de noblesseau Hung gar. Au­delà de sa réputationd’invincibilité qui resurgit surl’ensemble de son art, il introduisit dansce dernier la forme de la « réunion dutigre et de la grue », qui est encoreaujourd’hui l’une des formes les pluscaractéristiques du Hung Gar. Ilcontribua aussi au développement deson style d’une façon bien moinsconnue lors de son 4ème mariage avecMo Kwei Lan. Il ne s’agissait pas icid’un mariage d’amour, Wong Fei Hungétant âgé de 60 ans et son épouse deseulement 16 ans, mais d’un mariageayant pour but d’unifier les styles Hung

Le jeune prodige apprit très vite le Hung Gar, sibien qu’il sera considéré dès ses 20 ans comme un

artiste martial accompli et l’un des meilleurscombattants du canton.

Interprétation deWang Fei Hong par

Jackie Chan

Interprétation deWang Fei Hong par

Jet Li

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Hung gar et Mo ga. Il faut cependantnoter que le style Mo ga continuera àexister de manière à part entière.Wang Fei Hung eut également denombreux élèves dont certains sedistinguèrent, le plus connu étant LamSai Wing, surnommé le « bouchervolant » en raison de son utilisation descouteaux papillons et de son efficacité.Cependant, c’est à partir de maîtreWang Fei Hung que l’on marque unedistinction entre le Hung gartraditionnel et le Hung gar moderne,

bien qu’il soit reconnu par les deuxlignées. Cette différence se retrouvenotamment par des divergences dans laréalisation des formes ainsi que sur lecorpus de techniques étudié.

LA PLUME ET L'ÉPÉE

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Un archer parcourait la forêt depuis des heures à la recherche de gibier. Ilfinit par relever les traces d’un cerf et se mit à les suivre. En passant prèsd’un sanctuaire où vivait un Maître Ch’an, il en profita pour luidemander s’il avait vu passer le cerf qu’il traquait.— Ah bon, vous chassez les cerfs, répliqua le vieux moine. Mais, dites-moi,combien pouvez-vous en toucher avec une flèche ?— Un seul, répondit le chasseur.— Eh bien, vous vous donnez beaucoup de peine pour si peu.— Que voulez-vous dire ? Et puis, que connaissez-vous du tir à l’arc ?— Je pratique moi-même l’art du tir, affirma le moine Chian.— Alors, combien pouvez-vous en toucher avec une flèche, demandaironiquement le chasseur.— Tout le troupeau.— C’est impossible.— Si, mais je dois vous avouer qu’il y a une méthode pour y parvenir.— Ah oui, et laquelle ?— Il faut apprendre à se tirer soi-même jusqu’à ne plus se manquer.On dit que le chasseur, confronté à ce problème apparemment insoluble, eutsoudain un éveil, un “satori” comme disent les Maîtres Zen. Il décida des’attacher aux pas du vieux moine pour apprendre l’art de viser son proprecœur.

L'archer et le moine

Quizz

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Réponses du numéro précédent :1) un pratiquant renommé de Capoeira Regional2) un art martial japonais se concentrant sur l'art de dégainer le sabre tout en frappant3) duTaoïsme4) Masutatsu Oyama5) un sabre lourd à lame épaisse qui fut utilisé en Chine.6) le Kum Khmer7) le Mizong quan8) Une pratique visant a étudier plusieurs arts martiaux, sports de combats et/ou méthode de self défensesimultanément ou successivement.

Vous trouverez les réponses des questions de ce numéro dans le prochain numéro.

Questions:1) D’où vient le tonfa ?2) Quelle est le style de taiji le plus ancien?3) Qu’est­ce que le kyudo ?4) En quelle année est né Jigoro Kano ?5) Comment appel t’on la lance de 3 mètre utilisé dans le Baji quan ?6) Quelles sont les 5 animaux du Hung Gar ?7) Qu’est ce que la ligne centrale en Wing tsun ?8) Dans quel art martial pratique t’on les Tanren ?

Bon courage à tous

LA VOIE NUMÉRIQUE

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Si vous souhaitez en apprendre plus sur l’Irish stick fighting voici lesite de Patrick Vincent qui a partagé sa connaissance de cet art dansce numéro. Vous y trouverez un grand nombre d’article trèsintéressant ainsi que des adresses d’autre site malheureusementparfois en anglais où vous pourrez approfondir ce qui a été dit dansl’article dédié à cet art.

Voici un site généraliste fort intéressant. Il serait très difficile d’être exhaustif sur ce site tant il y a dechoses dessus. Vous y trouverez de nombreuses interview de pratiquants chevronnés mais aussi ungrand nombre d’article qui vous feront tantôt découvrir de nouvelles disciplines comme le Kurae NoKen, le Zen Kwun Do, le Chang Moo Kwanet bien d’autres. Mais aussi parfois des anecdotes pluspersonnelles sur la pratique martiale du créateur du site. Un site a visité et à intégrer à vos favoris.

clanndair.blogspot.fr

passionmartiale.com

Tous les mois l'Art de la Voie vous offre une sélection de sites internet à découvrir ou àredécouvrir sur des disciplines connues ou méconnues, mais toujours dignes d'intérêt.