2012 Geopolitique_version Finale

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  • 2012, Madagascar la croise des chemins. Essai sur la gopolitique dun pays tourment

    KETAKANDRIANA RAFITOSON Mai 2012

    POLICY PAPER 2

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    Sommaire

    Introduction

    I. Les aspects gographiques, dmographiques et culturels de la gopolitique Madagascar 2

    I.1 Madagascar en un coup dil : les informations essentielles 2

    I.2 Une jeunesse nglige, sacrifie et instrumentalise 3 I.3 Une conomie torture 4

    I.4 Linsularit : caractristique majeure de la malgachitude 5 II. La problmatique et les enjeux de la gopolitique Madagascar 6

    II.1 De la gopolitique interne 6

    1. Linstabilit politique chronique 6

    2. La question ethnique toujours au centre des dbats 7 3. La socit civile, le faux-ami 7

    II.2 De la gopolitique externe 7

    1. Lvolution des orientations de la politique extrieure malgache 7

    2. Linteraction problmatique entre liens historiques et ambitions conomiques 8

    3. Les enjeux actuels du commerce international 10 4. De lextraction minire et de laccaparement des terres 12

    III. La thorie dveloppementaliste travers ltude de trois conomies africaines 13

    III.1 Le cas mauricien 14

    III.2 Le cas botswanais 14

    III.3 Le cas ougandais 15

    III.4 Les leons tirer pour Madagascar 15 Conclusions 16 Bibliographie et webographie 18 Publications des sortants Y L T P et R J T 19

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    Introduction

    Pour le Petit Larousse, la gopolitique est ltude des rapports entre les donnes gographiques et la politique des Etats . Elle est distinguer de la gographie politique qui se penche quant elle sur lassise et la rpartition gographiques des forces politiques sur un territoire donn. De manire plus labore, (), la gopolitique consiste en lanalyse des facteurs gographiques qui dterminent la politique extrieure des Etats. Elle a pu, sur cette base, revtir autant une orientation positive que normative, prtendant aussi bien expliquer lorientation des diplomaties que justifier telle ou telle pratique impriale. A un stade plus critique et moins ambitieux, la gopolitique (dsigne galement sous le terme de gostratgie ) se prsente comme lanalyse rigoureuse et systmatique des contraintes gographiques (physiques, conomiques et humaines) qui psent sur llaboration des stratgies politico-militaires labores par les Etats. Elle devient ainsi lun des paramtres de lanalyse des modes dlaboration des politiques trangres.1

    Entamer une tude sur la gopolitique de Madagascar inclut donc danalyser les dcisions politiques et conomiques prises en considration de la situation gographique du pays. Le choix a par contre t dlibrment fait de ne pas toucher au domaine stratgique comprendre, militaire tant donn que Madagascar nest pas directement expos des menaces extrieures imminentes. De mme, le cadrage temporel de ltude a t limit aux dix dernires annes car le prsent document na pas pour ambition de rcrire lhistoire de Madagascar. Il aspire plutt apporter un clairage sur la situation gopolitique actuelle et essayer de dterminer la direction que le pays devrait idalement prendre pour sortir du marasme qui le mine depuis trop dannes. Nanmoins, ltude comporte dinvitables rfrences historiques qui expliquent les origines de la situation actuelle.

    1 In Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, 3e dition, de Guy HERMET, Bertrand BADIE, Pierre BIRNBAUM, Philippe BRAUD, Editions Armand Colin, Paris 1998, p.113

    Ladite situation peut tre rsume par un mot : la crise. Crise politique, morale, conomique, citoyenne mais galement sociale. La crise politique qui prvaut depuis 2009 est bien videmment au centre de tous les dbats, mais elle ne constitue que la partie visible de liceberg. Le but de cette tude nest pas de faire le procs de tel ou tel rgime politique, lirresponsabilit constante et continue des uns et des autres ayant dj fait lobjet de nombreux crits. La question centrale autour de laquelle ltude a t structure est plutt de savoir comment stabiliser la gopolitique malgache qui peine se faire une place sur lchiquier mondial. Pour esprer trouver la rponse cette question, il faut dabord commencer par rappeler sommairement et actualiser les donnes gographiques et dmographiques sur Madagascar, sans lesquelles aucune tude gopolitique ne serait crdible. Ensuite, les enjeux actuels de la gopolitique malgache seront abords dans une seconde partie. La gopolitique interne et externe sera mise en exergue afin de dceler les forces et les faiblesses du pays. Une troisime partie sera ensuite consacre ltude et la comparaison de trois conomies africaines (le Maurice, Botswana et Ouganda) pour comprendre comment ils ont gr leur gopolitique interne et externe pour atteindre un dveloppement optimal et la justice sociale. La prsente tude ne prtend pas dtenir toutes les rponses aux questions qui peuvent se poser en matire de gopolitique, ni apporter des solutions miracles aux problmes actuels. Lauteur demande en consquence lindulgence du lecteur et lui rappelle que les opinions humblement formules ici le sont titre purement personnel.

    I. Les aspects gographiques, dmographiques et culturels de la gopolitique Madagascar

    I.1 Madagascar en un coup dil : les informations essentielles

    Madagascar est une le situe dans lOcan Indien, spare de lAfrique par le canal de Mozambique et qui stend sur 587.014km2. Peupl selon la Banque Mondiale par 20,7 millions dhabitants en 2010, Madagascar connat une forte croissance dmographique (2,7%) due un faible taux de pntration des moyens de contraception. Ceci

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    nexplique quen partie la jeunesse de sa population, puisque les diffrentes cultures malgaches prnent aussi les vertus dune famille nombreuse. Cette tendance ne peut aller quen croissant car 36%2 des femmes ges entre 20 et 24 ans ont par exemple dj donn naissance au moins un enfant avant lge de 18 ans. Plus de 70% de la population habite dans les zones rurales, mais sans forcement tre agriculteurs car prs de deux-tiers des terres cultivables malgaches restent inexploites, alors que 76% de la population vivrait sous le seuil de pauvret. Madagascar figure en effet parmi les pays les plus pauvres de la plante. Il sest ainsi class 151e sur 187 pays en 2011 en termes dIndicateurs du Dveloppement Humain (IDH)3. Madagascar est un Etat unitaire de rgime prsidentiel divis en six provinces qui, classes par densit de peuplement, sont : Antananarivo, Mahajanga, Toamasina, Fianarantsoa, Antsiranana et Toliary. Chaque province est son tour clate en plusieurs rgions et le pays en compte au total 22, avec des profils gographiques et conomiques bien distincts. Madagascar, baignant dans un climat tropical variantes rgionales, possde une flore et une faune dune incomparable endmicit, ainsi quun relief et des paysages trs diversifis dont le point culminant est le mont Tsaratanana (2.876m). Les Hautes Terres centrales, stendant entre Antananarivo, Fianarantsoa jusquaux frontires avec Toamasina, sont caractrises par un relief accident et escarp et sont constitues par une succession de montagnes, de collines, de ravins, de plaines et de valles alluviales, avec une couverture forestire en constante dtrioration. Le ct ouest de lle se distingue pour sa part par la prsence de deux grands bassins sdimentaires, le Boina et le Menabe, qui prsentent une large varit de formations gologiques : cuestas, plaines, plateaux karstiques, baies et littoraux sabls parsems de mangroves. A lest, Madagascar est ourl par une cte troite bnficiant dune pluviomtrie abondante, le long de laquelle la fort sempervirente humide et des vestiges de la fort naturelle qui couvrait autrefois une grande partie de lle subsistent encore. Le canal

    2 Source: Rapport National sur le Dveloppement Humain

    (RNDH) 2010, p.9 3 Source: PNUD, 2011

    des Pangalanes, entre Ambila et Farafangana, en constitue lune des curiosits, sans oublier la fertile rgion entourant le Lac Alaotra et le port de Toamasina. Au sud de Madagascar, le climat est nettement plus sec, et les paysages presque dsertiques, hormis la prsence massive de fourrs pineux et de haies de cactus. Ce climat peu clment donne peu de chances la riziculture et la culture marachre et une partie de la rgion souffre de faon quasi-chronique du kere, la famine. Le port dEhoala et lexploitation dilmnite sise Fort-Dauphin constituent les grands espoirs de dveloppement de cette partie de Madagascar, mais la situation est loin dtre aussi brillante dans la ralit. A la pointe oppose de lle, dans le Nord, le relief est galement escarp et montagneux, et la vgtation dense et luxuriante. Antsiranana et Nosy-Be sont des hauts-lieux du tourisme national et le nord-est est clbre pour ses plantations de vanille. Par ailleurs, Madagascar possde un nombre impressionnant de fleuves et de cours deau qui rendent lhydrolectricit attractive. Il compte galement plus dune dizaine de parcs nationaux, daires protges et de rserves naturelles qui merveillent les botanistes, zoologistes et ornithologues du monde entier. En termes de ressources naturelles, Madagascar est une terre bnie, avec toutes les potentialits possibles. La majorit des terres cultivables sont plus que fertiles, le climat tropical permet presque toutes les cultures, la biodiversit est extraordinaire, les mers chaudes et les rcifs coralliens ravissent les touristes, et le sous-sol est une vritable mine dor dans tous les sens du terme. Mais la premire richesse de Madagascar, celle qui reste dailleurs la moins exploite, cest sa population.

    I.2 Une jeunesse nglige, sacrifie et instrumentalise

    La majorit de la population malgache est compose de jeunes. En 2009, un peu plus de 9 millions de personnes4, soit prs de 46% de la population totale, avaient moins de 18 ans. Les jeunes en ge lgal de travailler sont nombreux mais le taux dactivit reste. Le taux de chmage Madagascar serait de 3% mais la fiabilit de ce chiffre laisse dsirer,

    4 Source : State of the Worlds Children 2011 UNICEF

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    surtout dans le contexte actuel. Les jeunes Malgaches sont comme des pousses mal tuteures : leurs souffrances datent de leur prime enfance. Tout dabord, trs peu dentre eux sont scolariss, malgr linstauration de la scolarisation obligatoire dans le primaire. Le taux net de scolarisation au primaire est pass de 83,3% en 2005 73,4% en 2010. LUNICEF estime quenviron 700.000 enfants ont ainsi t dscolariss en 2010, sans parler du taux de dperdition scolaire en classes dexamen qui ne cesse daugmenter. Le taux de frquentation des universits et tablissements denseignement suprieur est encore plus alarmant, sans parler de la proportion de jeunes qui abandonnent leurs tudes avant lobtention de leurs diplmes. Autre problme : le systme ducatif malgache qui privilgie lenseignement magistral et ne laisse pas beaucoup de place la curiosit et lambition. Aucune forme dorientation nest donne aux lves qui choisissent leurs filires de manire quasi-hasardeuse. Une fois le baccalaurat en poche, les jeunes ne sont pas plus avancs. Nombreux sont ceux qui passent par exemple tous les concours dentre possibles luniversit publique pour ensuite sinscrire dans les dpartements o ils ont t reus. Nombreux galement sont ceux qui abandonnent aprs stre rendus compte que la filire choisie ne les inspiraient pas, pour intgrer un autre dpartement lanne suivante et tout recommencer zro. Bien videmment, il existe des jeunes brillants qui russissent et ne rencontrent aucun problme particulier, avec ou sans moyens financiers, mais ils constituent une minorit. Les chiffres dmontrent en effet que 83% de la population active nont pas dpass le niveau dducation primaire, et qu peine 3% ont eu accs lenseignement suprieur5. Et que dire des diplms de lenseignement suprieur qui se lancent sur le march du travail, remplis despoir mais trs vite dus ? Car lenseignement suprieur malgache a cette particularit de prsenter une grande incohrence avec les besoins du secteur professionnel. Il y a peu de postes qui correspondent aux acquis et peu de professionnels qui se sentent panouis dans leur travail. Dans ce contexte particulier, il nest pas tonnant que la jeunesse, et une grande partie de la

    5 RNDH 2010, p.10

    population active en gnral, soit totalement dmotive et recherche tout prix lenrichissement rapide et sans efforts. Lexemple, mme le plus mauvais, vient den haut. Corruption, fraude fiscale, braquages denvergures diverses, meurtre, kidnapping, chantage, escroquerie, dtournement de deniers publics ou de fond(s) de caisses prives, bizina6, tout est bon pour acclrer le cours des choses et faire tourner la roue de la fortune en sa faveur. Le crime est entr dans les murs, est banalis avec la bndiction des autorits. Depuis belle lurette, le militantisme politique (le fait dtre prt tout pour servir son parti et son dirigeant et non ses idologies) est galement devenu un excellent moyen de senrichir. Pendant les campagnes lectorales, certains jeunes en font un vritable gagne-pain. A la lumire de cette Transition sans fin, bien de fortunes bien mal acquises ont t bties. Certains ont srement eu de la chance et ont dvelopp leur affaire de faon honnte, mais combien ont vendu leur conscience politique et leurs principes pour quelques milliards ? Oui, les jeunes sont ngligs, sacrifis et instrumentaliss, mais le plus pitoyable dans lhistoire, ce que ce sont souvent des victimes consentantes. Alors quesprer de cette jeunesse, de cette relve qui a pourri sur pied et sur laquelle repose pourtant lavenir (gopolitique) de Madagascar ?

    I.3 Une conomie torture Les principaux secteurs dactivit malgaches peuvent tre regroups en trois grandes catgories : lagriculture, lindustrie et les services qui regroupent une grande partie des travailleurs de linformel. En 2010, 78% de la population active aurait travaill dans lagriculture, 15,30% dans les services et 6,70% dans lindustrie. En termes de PIB, le secteur des services a t pour la mme anne la plus productive (57,21%), talonn par lagriculture (27,54%) puis lindustrie (15,25%)7. Le secteur textile a le plus souffert de la crise avec la suspension de lAGOA8 et de lAccord multifibres.

    6 Terme malgache driv de business , trs pjoratif, qui est

    synonyme de magouilles et de malversations 7 In Le Nouvel Observateur Atlas Eco 2010, p.135

    8 African Growth and Opportunity Act. Les Etats-Unis exigent le

    retour lordre constitutionnel et linstauration de la dmocratie pour redmarrer ce processus qui a t trs bnfique pour

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    Aprs avoir t lune des conomies les plus performantes dAfrique dans les annes 1960, Madagascar a perdu du terrain en raison de plusieurs dcennies de mauvaise gestion conomique.9 Perdre du terrain est une bien faible expression face au gouffre dans lequel Madagascar est tomb depuis le retour de lindpendance. Si le Produit Intrieur Brut (PIB) par habitant tait de 473$ en 1970, il avait dgringol 385$ en 2009, aprs quelques annes dembellie sous le prcdent rgime. Le taux de croissance tait de 0,6% en 2010, pour une inflation de 11,9% et 228.000 emplois10 perdus depuis 2009. La crise politique, la hausse du prix du baril, les inconstances du service lectrique malgache, ainsi que la conjoncture conomique mondiale ont fini par avoir raison du microcosme industriel local. Aujourdhui, seules les grandes familles (Andriantsitohaina, Ramanandraibe et autres) qui ont solidement renforc leurs assises depuis des dcennies, ont encore le vent en poupe. Chaque jour, plus de PMI-PME disparaissent plus quil ne sen cre et les groupements industriels comme le SIM ou le GEM semblent prcher et officier dans le dsert. De plus, la dprciation de lAriary face lEuro a invitablement engendr la pauprisation des couches dj dfavorises de la population. La classe moyenne malgache tend disparatre et lcart entre les plus pauvres et les plus riches se creuse un peu plus chaque jour. Une nouvelle crise politique a mis lconomie malgache genoux. () Rajoelina a t confront au tarissement des aides des bailleurs de fonds internationaux. Son gouvernement a la hantise dune pnurie de devises qui lempcherait de financer les importations de base. Les revenus de lEtat se sont effondrs et, fin aot 2009, les recettes douanires avaient recul de 30% par rapport aux huit premiers mois de 2008.11 Cette phrase rsume assez bien le chaos conomique auquel Madagascar est confront depuis le dbut de la crise politique.

    Madagascar. Pour en savoir plus, visiter http://www.agoa.gov/AGOAEligibility/index.asp 9 Madagascar, fiche-pays avril 2010, Banque Mondiale,

    http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/MADAGASCARINFRENCHEXTN/0,,menuPK:468994~pagePK:141132~piPK:141107~theSitePK:468974,00.html 10

    Source : Jeune Afrique - http://www.jeuneafrique.com/Article/ARTJAJA2550p084-085.xml0/ 11

    In Le Monde, Bilan conomie 2010 Latlas de 179 pays, pp.114-115

    Une grande partie de laide internationale a en effet t suspendue et le pouvoir dachat des Malgaches est devenu totalement dsuet. Le prix des produits de premire ncessit na pas cess de flamber et les tentatives inopportunes du rgime de brader du riz et de lhuile nont fait qualimenter les foyers de tension sociale dj nombreux. Et, si ds le dpart, Madagascar avait peu de chances datteindre les Objectifs du Millnaire pour le Dveloppement, ces chances sont aujourdhui quasiment nulles vu que le pays a recul dau moins deux dcennies en termes de croissance. Et ce retard sera plus que difficile rattraper.

    I.4 Linsularit : caractristique majeure de la malgachitude

    Madagascar est une le. Linsularit reprsente par consquent un paramtre non ngligeable qui influence aussi bien les dcisions politiques et/ou conomiques, que la mentalit mme de la population. Car si un pays localis au cur dun continent doit jongler avec des problmes frontaliers et diplomatiques de proximit, une le comme Madagascar a forcment une approche un peu plus diffrente de ses relations avec les autres , le reste du monde. Lexemple culturel qui peut tre apport pour illustrer cette particularit insulaire rside dans leternel dbat relatif lafricanit ou non des Malgaches. Un dbat qui conditionne bien des comportements, depuis lintgration la Southern African Development Community (SADC) et donc lobissance des dispositifs internationaux comme la Feuille de route jusqu' la relation des autochtones avec les trangers. Le Malgache est-t-il Africain ou non ? Les archologues, les anthropologues et les historiens dtiennent la rponse la question. Comme le dclarent Hubert Deschamps et Charles Cadoux dans leurs crits sur Madagascar : Si lappartenance de Madagascar lAfrique est vidente du point de vue gographique, la nature et lanciennet des vestiges archologiques dcouverts dans lle et sur le continent diffrent. Ni les squelettes dhommes fossiles, ni les outils en pierre taille de ce que lon considre comme le berceau de lhumanit ne se retrouvent sur la terre

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    malgache.12 Les relations internationales et les lois de la gopolitique mondiale ont en tout cas tranch pour les Malgaches : le pays est membre de lUnion Africaine13 depuis sa cration et Madagascar est montr dans tous les manuels gographiques du monde comme lappendice de lAfrique. Mais le dbat demeure dans les esprits, et la mfiance envers ltranger, individu ou Etat, galement. Lun des effets nfastes de linsularit est sans conteste le nombrilisme qui atteint certains dirigeants politiques. Les mauvais aiguillages conomiques qui ont maill lhistoire malgache ont par exemple fait en sorte que le pays doit sa survie laide internationale et donc aux bailleurs de fonds traditionnels qui sont tant dcris mais dont nul ne peut se passer. Nombreux sont les dirigeants qui ont prtendu, diverses occasions, que Madagascar pouvait se dfaire de ce mal ncessaire, mais la recette miracle pour le faire na pas encore t invente. Autosuffisance alimentaire, exportation massive de produits de qualit (crevettes, caf, vanille, girofle, artisanat, etc.), dcollage et prennisation conomique : autant de promesses en lair qui peinent voir le jour. Le problme est que les dirigeants malgaches sont tellement imbus deux-mmes quils en oublient les 20 millions de personnes dont ils doivent grer le sort. Aucune mesure nest prise pour concrtiser le reve de developpement et les gnrations se succdent en le regardant sloigner. Les tentatives de rsolution de la crise dmontrent ce nombrilisme malsain et contre-productif. Un jour, la communaut internationale est courtise, le lendemain ses propositions sont rejetes en bloc, alors que les acteurs locaux restent inertes certainement trop occups protger leurs arrires et leurs intrts.

    12 In Madagascar, article collectif publi par Marie-Pierre

    BALLARIN, Chantal BLANC-PAMARD, Charles CADOUX, Hubert DESCHAMPS, Bakoly DOMENICHINI-RAMIARAMANANA, Paul LE BOURDIEC, Herv RAKOTO RAMIARANTSOA, David RASAMUEL, dans lEncyclopedia Universalis en 2007 http://www.universalis.fr/encyclopedie/madagascar/ 13

    Il est noter ce propos que Madagascar fait mme partie des membres fondateurs de lOrganisation de lUnit Africaine (OUA), en 1963, sous la prsidence de Philibert Tsiranana. Ctait donc un choix tatique comprhensible puisque presque tous les pays africains indpendants, fraichement librs du joug de la France, se sont retrouvs au sein de cette entit pour dfendre ensemble leurs intrts.

    II. La problmatique et les enjeux de la gopolitique Madagascar

    II.1 De la gopolitique interne

    1. Linstabilit politique chronique Ce nest un secret pour personne. La gopolitique interne malgache est dune instabilit chronique et ce, depuis le retour de lindpendance. Beaucoup ont vu dans la naissance des premiers partis politiques malgaches le MDRM et le PADESM, vers 1945, une tentative du colonisateur de diviser la population malgache. Le soulvement de 1947 voit la condamnation des leaders politiques Merina de lpoque tandis que les lections provinciales de 1948 adoubent les politiciens issus du PADESM. Le clivage politique Merina-ctiers, aliment et sans cesse exacerb, aussi bien par la France que par les forces politiques malgaches, date de cette poque. Bien que la Constitution de 1959 ait garanti le multipartisme et consacr les grands principes de la dmocratie, il apparait que les Malgaches, novices en politique, nont pas support la relative libert politique alors octroye. Depuis toujours, il ny a pas de professionnels de la politique Madagascar. Il ny a que des partis anims par des intrts purement personnels, claniques ou rgionaux, et le concept dintrt gnral semble leur tre inconnu. Il nest donc pas surprenant de constater le foisonnement actuel de particules politiques de diffrentes obdiences qui ne jurent que par le seza14 et qui adaptent leurs semblants didologies aux tendances du moment. Cette inconstance et ce manque de maturit des partis politiques et des politiciens en gnral a ouvert une brche, devenue un gouffre, dans la coque de la rpublique. Lincomptence des uns associe au laisser-aller/laisser-faire des autres a fait en sorte que Madagascar sest totalement fourvoy sur les plans politiques et conomiques depuis bien longtemps. En 1972, 1991, 2002 et 2009, des crises savamment orchestres par les politiciens (il faut au moins leur reconnaitre ce talent) ont clat. Le mal-tre social et la pauprisation de la population, rsultats dune mauvaise gestion tatique et de

    14 Terme malagasy pjoratif signifiant littralement chaise ,

    sige , mais figurant une place ou un poste politique. Lexpression a t consacre par les politiciens Malgaches eux-mmes dont le ady seza, litt. la bataille pour les siges est lune des activits favorites.

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    politiques publiques mal orientes, sont chaque fois les dtonateurs de ces crises cycliques qui sont en fait de vraies remises en cause dmocratiques. Madagascar a donc eu plus dune chance de corriger les murs et pratiques politiques chaque poque transitoire, en affermissant les institutions et en assurant la sparation effective des pouvoirs, mais hlas, rien na t fait dans ce sens. A chaque crise, chacun essaie plutt de saccaparer le plus de richesses possibles et de se construire vite-fait un empire sur la dchance du dirigeant dtrn. Les politiciens sont bien rods cet exercice maintenant, et ils ne voient pas pourquoi les choses changeraient. Cest la population qui paie le tribut de leur avidit. 2. La question ethnique toujours au centre

    des dbats La question ethnique est rpute tre une pure cration franaise, une arme redoutable cre par les colons pour semer la zizanie dans les rangs malgaches en mal de solidarit. Mais si cest le cas, il faut dire que la recette a tellement bien pris que le sujet est aujourdhui encore sensible. A la moindre occasion troubles luniversit ou nomination un poste ministriel par exemple la carte de lethnicit est brandie et les foules senflamment. Poli mais hypocrite, le malgache a lart desquiver avec tact la moindre question en rapport avec ses origines ou ses prfrences ethniques. Il nen continuera pas moins dassumer et de vivre ses convictions au quotidien. Les discriminations et les frustrations sont relles et sous-tendent les relations entre les diffrents acteurs politiques, conomiques, mais aussi les simples civils. Mais les arguments lis aux disparits ethniques se doublent dsormais de proccupations conomiques et il est de plus en plus difficile de dmler les fils des revendications exprimes au nom de lethnicit. Il est certain que des injustices et des ingalits existent, surtout en termes dinfrastructures et dopportunits conomiques, mais la responsabilit en incombe lEtat et non aux facteurs ethniques. LIDH de la rgion Androy est par exemple de 0,393 alors que celui dAnalamanga est de 0,628. Idem pour les taux dactivit qui varient dune rgion lautre. A titre dillustration, il est de 52% dans la rgion Diana, contre 59% pour Analamanga15.

    15 INSTAT, 2009

    Lvolution la hausse ou la baisse de ces donnes dpend bien videmment du contexte et des potentialits de chaque rgion, mais il est certain que la crise naura fait que ternir ce tableau dj peu reluisant.

    3. La socit civile, le faux-ami La socit civile malgache est relativement jeune car les premiers organismes pouvant y tre catgoriss ne sont apparus que vers la fin des annes 1990. Cette jeunesse peut quelque part justifier son manque de srieux et dobjectivit, surtout en matire dobservation et de mdiation politique. Il apparait en effet que faire partie de la socit civile constitue un ssame pouvant ouvrir bien des portes, un tremplin pour accder des postes politiques ce qui dnature profondment la mission mme de la socit civile. Toutefois, cette jeunesse, en politique comme ailleurs, ne doit pas servir de prtextes toutes les drives. Hormis les organisations uvrant dans lhumanitaire et dans le social, seules quelques entits comme le SeFaFi, les Ray Aman-dreny Mijoro et le KMF-CNOE semblent rsister lopportunisme ambiant. Mais cest bien peu face la multitude politique et au nombre sans cesse croissant de la population malgache.

    II.2 De la gopolitique externe

    1. Lvolution des orientations de la politique extrieure malgache

    Les relations de Madagascar avec lextrieur datent du rgne de Radama Ier, un fin stratge qui avait su habilement jongler avec les intrts francophones et anglophones pour dvelopper son royaume. Les rapports avec les Occidentaux connaitront par la suite diverses volutions aboutissant lannexion de Madagascar par la France. La colonisation a considrablement rduit lhorizon international de Madagascar dont les relations, commerciales comme culturelles, taient alors surtout centres sur la Mtropole franaise. Une fois lindpendance revenue, les dirigeants successifs ont choisi dtablir des relations diplomatiques avec des partenaires stratgiques correspondant lidologie du moment et leurs besoins. Sous la Premire rpublique, Philibert Tsiranana choisit par exemple de maintenir une administration et un mode de gouvernance la franaise. Il ouvrit

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    nanmoins les portes de la diplomatie malgache divers pays comme lAllemagne de lOuest, les Etats-Unis et lAfrique du Sud. Les lendemains de la crise de 1972 voient des liens se tisser entre Madagascar et lURSS, la Chine et la Core du Nord. De 1972 1974, Didier Ratsiraka tente une rupture avec la France, une initiative quil renforcera son accession au pouvoir en 1975. Le nationalisme et le socialisme sont combins sous cette Deuxime rpublique qui, malgr ses ambitions comprhensibles, causera des dommages irrversibles lconomie malgache. La rvolution socialiste fit chou blanc mais lia dfinitivement Madagascar aux bailleurs de fonds et laide internationale. De 1991 2002 priode qui a entre autres vu lavnement de la Troisime rpublique, les relations de Madagascar avec lextrieur restent assez limites, le pays essayant de naviguer tant bien que mal entre les tensions politiques et le marasme conomique ambiant. La communaut internationale sera fortement sollicite dans la rsolution de la crise de 2002 et laccession de Marc Ravalomanana16 au pouvoir maque un nouveau tournant dans la gopolitique malgache. Des relations commerciales avec lAsie, lAustralie et les Etats-Unis sont tablies et lconomie malgache reprend du poil de la bte. Mais pris dans son tourbillon internationaliste, le prsident dlaisse le social et accumule les impairs dmocratiques. Le coup dEtat de 2009 lui sera fatal, mais amorcera galement une nouvelle descente aux enfers pour Madagascar. Boud par la majorit de la communaut internationale jusqu' la signature de la Feuille de route, le rgime de transition fait la cour lArabie saoudite, la Chine, la Lybie et la Turquie (sans oublier la France) pour relancer lconomie malgache moribonde. Les rsultats de ces tractations se font toujours attendre. Sur le plan de lintgration rgionale, Madagascar a galement de la peine simposer, toujours du fait de son insularit et de ses particularits conomiques et historiques. Membre de la COI depuis 1982, du COMESA depuis 1993 et de la

    16 Dsireux lui aussi de prendre ses distances avec la France,

    lHistoire se souviendra sans doute de Marc Ravalomanana comme le prsident malgache ayant le plus voyag. Il a parcouru la plante pour nouer de nouveaux partenariats commerciaux et a adopt un style de gouvernance langlo-saxonne qui a boulevers les habitudes francophiles de ladministration.

    SADC depuis 2005, Madagascar est souvent laiss pour compte car il arrive rarement se conformer aux standards de performances conomiques de ces coalitions et accepte difficilement la forme dingrence de pays extrieurs dans les affaires nationales quelles impliquent pourtant logiquement, un certain niveau. Pour preuve, il y a la difficile application de la Feuille de route et la difficile acceptation de la mdiation de la SADC qui, mme adoube par la communaut internationale, est toujours considre comme la coalition des envahisseurs Africains par les Malgaches.

    2. Linteraction problmatique entre liens historiques et ambitions conomiques

    Les paragraphes qui prcdent ont dmontr les liens historiques qui unissent Madagascar la France. Liens que les Malgaches nont pas choisis mais qui continuent peser sur leur destin. Ce phnomne nest pas nouveau. Il est remarqu dans presque toutes les anciennes colonies franaises. Il est normal que des liens culturels unissent deux pays qui ont t imbriqus ensemble pendant presque 70 ans. Par contre, il nest pas naturel que lancien colonisateur continue diriger dans lombre le pays auquel il est suppos avoir rendu sa libert. Il est encore moins normal quil continue manipuler son ancienne proprit sur lchiquier mondial dans le but de servir ses propres intrts. Ce phnomne porte un nom : la Franafrique. Le mlange pourrait tre intressant si la France et lAfrique taient sur le mme pied dgalit et agissaient en vritables partenaires. Cest peut-tre le cas dans une certaine dimension, mais ce sont surtout les dirigeants africains peu scrupuleux qui profitent des largesses de la France, et non les populations africaines. La France, en attendant, se dlecte des avantages tirs de ce compromis entre histoire et chantage politico-conomique. Mais en fait, quest-ce que la Franafrique ? Des journalistes franaises rpondent : Le nologisme a t invent par lancien prsident ivoirien Flix Houphout-Boigny, en 1955, pour designer les bonnes relations du continent africain avec la puissance colonisatrice. Il a t dtourn de son sens initial, trente ans plus tard, par Franois-Xavier Verschave, fondateur de lassociation Survie. Pour, cette fois, conspuer un systme de rseaux de relations occultes, de chasses gardes commerciales et daccords secrets, y compris militaires, via lequel la France a cherch,

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    ds le lendemain des indpendances africaines de 1960, maintenir un lien privilgi avec ses ex-colonies.17 La Franafrique est une espce de pacte tacite conclu entre la rpublique franaise et ses anciennes colonies. Cest le gage dune protection continue des dirigeants africains contre les alas qui peuvent entraver leur pouvoir, dun asile en cas de poursuites, et de certaines facilites administratives, immobilires et financires dont le commun des mortels na mme pas ide. Tout ceci moyennant des facilits conomiques, des financements occultes de partis politiques et des priorits dinvestissement dans les pays concerns. Caricature de faon trs grossire, la Franafrique consiste pour la France acheter ou assurer des placements pour ses entreprises dans ses anciennes colonies, directement auprs des dirigeants. Et si ces derniers essaient de se dfaire du pacte, la France fait en sorte quils soient dchus dune faon ou dune autre et remplacs par dautres marionnettes plus manipulables. Mais bien videmment, ils sont toujours les bienvenus au bercail , sans doute en souvenir des bons et loyaux services rendus dans le temps. De nombreuses personnalits politiques et des hauts fonctionnaires Franais figurent dans les rangs des instigateurs et serviteurs de la Francafrique, commencer par Jacques Foccart, Secrtaire gnral de lElyse en charge des affaires africaines et malgaches (ceci explique beaucoup de choses) de 1958 1974, et plus rcemment Claude Guant. Parmi les bnficiaires et disciples les plus fidles de la Franafrique figurent le Sngal, le Cameroun, la Cote dIvoire, la Tunisie, le Maroc, le Niger, le Burundi, le Tchad, sans oublier Madagascar. Omar Bongo, prsident du Gabon de 1967 jusqu' sa mort en 2009, tait quant lui lun des chefs dEtat africains les plus emblmatiques de la Franafrique. Loin de sen cacher, il sen flicitait mme en dclarant LAfrique sans la France, cest la voiture sans le chauffeur. La France sans lAfrique, cest une voiture sans carburant. . Mais il a sans doute t trop gourmand car ses tractations avec les Franais lont rattrap peu avant sa mort,

    17 Dfinition de Cline LUSSATO et Sarah HALIFA-LEGRAND,

    tire de larticle La Francafrique, mode demploi, Le nouvel Observateur, 15 septembre 2011, http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20110915.OBS0438/la-francafrique-mode-d-emploi.html

    notamment travers laffaire des biens mal acquis . Beaucoup esprent aujourdhui que larrive de Franois Hollande la tte de la France enraye pour de bon la machine, comme il lavait promis durant sa campagne. Mais rien ne le garantit. Stratgiquement, la crise europenne est sa premire proccupation. Et il ne faut pas se voiler la face, il est plus facile de dnoncer que de dmanteler un systme aussi bien rod que la Franafrique. Il y a bien trop dintrts derrire pour quune personnalit politique se hasarde sy attaquer. Beaucoup a dj t dit sur le sujet18 et les spculations vont encore bon train lheure o ces lignes sont crites. Mais la vraie question que lAfrique devrait se poser, cest pourquoi elle continue se tourner vers la France tout en lui attribuant la paternit de tous les maux possibles ? Pourquoi lAfrique ne se prend-t-elle pas enfin en main ? Ou bien a-t-elle t trop habitue lassistanat pour pouvoir se dvelopper ? Oui, il faut en finir avec le tabou de la Franafrique, mais que chacun reconnaisse ses responsabilits et brise de lui-mme le processus car la France nest pas la seule en cause dans lhistoire19. A Madagascar, ce sont les politiciens qui sollicitent la moindre occasion la bndiction et le soutien de la France. Leur serait-il vraiment impossible de sen dfaire ? Thoriquement non, mais ils y perdraient beaucoup en tant quindividus et cela est bien entendu hors de question. Bref, la Franafrique est une grande histoire dhypocrisie qui nest pas prs de se terminer. Et dire que certains auteurs parlent dj aujourdhui dIndafrique et de Chinafrique20

    18 Ecouter par exemple lanalyse du directeur de la revue La

    lettre du Continent, Frdric LEJEAL, invit le 7 mai 2012 sur le plateau du Journal Afrique de TV5 Monde, http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/France-apres-presidentielle/p-21475-Francois-Hollande-les-grands-dossiers-diplomatiques.htm 19

    Le fameux discours de Dakar prononc par Nicolas Sarkozy en 2007 et qui a cr une polmique gnralise en Afrique allait dans le sens dune responsabilisation des Africains. Il mrite dtre relu car le message quil transmet est pertinent, malgr sa rudesse. Et il ny a que la vrit qui blesse comme on dit 20

    Lire a ce propos lexcellent article de Philippe HUGON, professeur mrite a Paris Ouest Nanterre intitul Afrique Chine Inde. Lconomie politique tricontinentale : le cas des relations de lAfrique avec la Chine et lInde, publi sur DiploWeb le 15 fvrier 2012 et consultable sur http://www.diploweb.com/Afrique-Chine-Inde-L-economie.html

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    3. Les enjeux actuels du commerce international

    Le commerce international est lune des principales sources de devises Madagascar. Il tient donc une place importante dans lconomie

    locale, mais permet aussi davoir une certaine ide des tendances gopolitiques du moment. En ce qui concerne Madagascar, lINSTAT a publi dintressantes donnes sur ces flux qui sont reprsents par les tableaux suivants :

    Anne 2008 2009 2010 2011*

    Pays Valeur FOB Valeur FOB Valeur FOB Valeur FOB

    France 1 239 656 106 837 674 292 948 942 704 325 375 238 189 771 295 565

    Etats-Unis 624 093 748 155 383 501 913 947 92 381 463 445 15 417 413 327

    Allemagne 185 381 201 316 136 733 164 778 163 777 627 398 14 922 878 388

    Chine 89 541 926 220 103 208 097 112 117 637 169 390 30 597 340 917

    Italie 69 213 215 434 54 610 213 205 64 161 978 959 7 485 223 322

    Royaume-Uni 53 582 325 736 68 571 678 930 73 326 991 532 8 134 278 293

    Espagne 52 179 453 850 46 013 181 690 64 525 040 361 3 714 327 333

    Inde 18 130 066 316 40 750 851 014 95 676 197 698 32 368 159 113

    Maurice, le 30 979 565 348 37 815 432 547 46 795 968 647 4 909 023 110

    Singapour 39 094 386 412 46 937 235 392 38 345 329 955 17 291 435 755

    Reste du Monde 556 767 057 737 709 150 512 706 860 131 654 942 175 575 353 625

    Total 2 958 619 053 361 2 301 585 230 263 2 321 084 797 565 500 186 728 748

    T1. Exportation de produits effectue par Madagascar vers les 10 principaux pays partenaires et le reste du monde selon l'importance des valeurs FOB, au cours des annes2008, 2009, 2010 et 2011 (premier trimestre),

    selon INSTAT, http://www.instat.mg/index.php?option=com_content&view=article&id=64&Itemid=95

    Ce premier tableau qui rsume le volume dexportations effectues vers 10 pays entre 2008 et 2011 permet dabord de savoir que le premier pays vers lequel Madagascar importe le plus est la France. Ce nest pas surprenant car la France est galement le pays tranger o il y a le plus dimmigrs Malgaches. La demande en produits malgaches y est donc assez forte et les canaux de distribution bien huils. Quoi quil en soit, le dclin des exportations vers la France entre 2008 et 2011 est impressionnant. La crise, politique et

    financire est bien passe par l et il sera sans doute difficile de retrouver le rythme de croissance atteint en 2008. Le mme phnomne a touch les flux dexportation vers quasiment tous les pays : les Etats-Unis, lAllemagne, lItalie, le Royaume-Uni, lEspagne, lInde, lle Maurice, Singapour et le reste du monde. Les chiffres les plus inquitants sont sans aucun doute ceux lis aux exportations vers les Etats-Unis et lEurope en gnral puisquils dmontrent entre autres la mauvaise sant du secteur textile malgache autrefois le

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    plus grand exportateur et supposent la perte dun grand nombre demplois dans les coulisses. Autre curiosit conomique rvle par ce tableau : l dclin des exportations vers lle Maurice qui ont t divises par sept depuis 2008.

    Cela peut signifier que lle Maurice peut dsormais se passer des produits malgaches. Une humiliation de plus pour la Grande Ile ! Enfin, il faut noter la croissance des exportations vers la

    Chine en 2009 et 2010, avant une nette chute pendant le premier trimestre 2011. Lexportation, illicite ou non, de bois de rose a certainement contribu pour beaucoup ce bond impressionnant. Il est dommage que les chiffres pour 2011 et 2012 ne soient pas encore disponibles car ils auraient permis de voir leffectivit ou non des mesures dcrtes par les autorits en place propos de la coupe et de la vente de bois prcieux.

    Anne 2008 2009 2010 2011*

    Pays Valeur CAF Valeur CAF Valeur CAF Valeur CAF

    Chine 1 373 713 386 309 694 761 706 780 645 958 603 849 151 717 388 041

    France 576 397 294 800 598 851 568 980 709 748 800 060 177 447 998 373

    Bahrein 518 898 185 464 214 881 493 297 291 043 277 995 31 988 013 155

    Afrique du Sud 396 768 513 498 277 390 448 291 410 556 145 772 101 200 985 755

    Thalande 121 978 217 328 1 131 234 608 835 95 382 222 487 12 427 041 420

    Maurice, le 145 004 589 111 287 518 307 703 277 442 409 326 74 705 369 226 Etats-Unis 326 271 088 232 211 069 585 524 306 031 046 243 39 585 354 175

    Inde 308 794 496 305 243 493 527 681 125 131 205 337 45 361 651 764

    Belgique 101 804 575 116 389 222 283 858 201 285 805 101 42 390 480 307

    Allemagne 274 062 665 588 136 265 190 028 119 326 299 378 22 048 511 491

    Reste du Monde 2 384 371 618 538 1 999 959 053 339 2 115 940 313 096 706 276 970 999

    Total 6 528 064 630 289 6 184 647 774 316 5 297 846 128 644 1 405 149 764 706

    T2. Importation de produits effectue par Madagascar auprs des 10 principaux pays partenaires et le reste du monde selon l'importance de la valeur CAF au cours des annes 2008, 2009, 2010 et 2011 (premier trimestre), selon INSTAT,

    http://www.instat.mg/index.php?option=com_content&view=article&id=63&Itemid=96

    Au niveau des importations, la France est cette fois surpasse par la Chine auprs de laquelle les Malgaches sapprovisionnent en matriaux de construction, effets vestimentaires et une multitude dautres marchandises. Mme si les deux pays sont au coude--coude en 2011, il suffit de regarder les chiffres de 2008 pour se rendre compte de limportance du volume de transactions avec la Chine. Cest un fait : aucun pays narrive concurrencer la Chine en termes de cots de production, si bien que ce classement nest pas surprenant. Nanmoins, il apparat ici aussi que la

    crise politique et conomique a fortement rduit les importations provenant de presque tous les pays du monde. En un mot, la crise a fait reculer aussi bien les importations que les exportations, mais Madagascar importe toujours plus quil nexporte, ce qui est un certain signe de sous-dveloppement. Le commerce extrieur se porte mal et cela peut expliquer les tentatives dsespres des tnors du rgime dattirer de nouveaux allis stratgiques.

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    4. De lextraction minire et de laccaparement des terres

    Le sous-sol malgache est riche en minerais, en pierres prcieuses et semi-prcieuses21, mais galement en ptrole. La petite extraction minire, cest--dire la recherche de pierres prcieuses et/ou semi-prcieuses, est encore domine par les Malgaches qui utilisent souvent des moyens rudimentaires. Lachat et la transformation des pierres voient dj lintervention dtrangers, souvent des Thalandais, des Sri-lankais, des Philippins, mais aussi des Africains. Seule une petite partie des produits finis demeure Madagascar tandis que le reste est export. Ce sous-secteur pourrait tre plus rentable pour lconomie malgache si des ouvriers qualifis taient forms et si la chaine de production tait mieux maitrise. Des initiatives allant dans ce sens existent heureusement, mais il faut aussi faire des efforts considrables sur le plan environnemental. A lavenir en effet, il ne faudrait plus quexploitation minire rime avec catastrophe forestire, comme ce qui se passe actuellement dans la rserve de Zahamena. Exploitants et autorits sont tous responsables de ces drives. La grande extraction minire, qui concerne surtout lextraction et lexploitation des minerais comme le chrome, le nickel, le cobalt, le charbon et lilmnite, est aujourdhui au centre de tous les dbats car elle devrait rapporter gros Madagascar si les partenariats taient bien quilibrs et les contrats/permis miniers bien ajusts. La valeur des retombes sociales et financires des grandes exploitations comme celles de QMM ou du projet Ambatovy sur Madagascar est encore minime face aux dgts environnementaux et la flambe des prix rencontrs dans ces rgions. Madagascar doit savoir tirer des leons de la situation pour mieux grer les prochains grands projets comme le fer de Soalala (Wisco) ou le ptrole de Tsimiroro

    21 Madagascar possde 23 types de pierres prcieuses et semi-

    prcieuses. Voir leur rpartition gographique sur http://www.madabrousse.com/cartographie-sites-miniers-madagascar.html

    (Madagascar Oil22). Cest maintenant que les dirigeants doivent prouver leur habilet car ces grands projets miniers reprsentent des enjeux gopolitiques et gostratgiques importants23. A part les gisements miniers qui suscitent toutes les convoitises, la question foncire constitue galement un enjeu gopolitique important car, depuis les meutes de la faim de 2007, les nombreux sont les pays qui lorgnent sur les vastes terres fertiles malgaches dont plus de la moiti demeurent inexploites. Les Malgaches sont trs attachs leurs terres mais il faut se demander jusqu' quelle mesure car ils ne semblent pas tre prts les mettre en valeur. La conclusion de baux emphytotiques au profit de multinationales pourrait, dfaut de cession proprement dite, pourrait gnrer des rentres importantes de devises pour Madagascar, sans oublier la cration demplois quimpliquerait les projets agricoles ou autres correspondants. Laffaire Daewoo et la controverse quelle avait cr sous le rgime Ravalomanana sont encore dans tous les esprits, mais Madagascar devrait srieusement songer actualiser sa politique foncire et amorcer des choix dcisifs : soit valoriser les terres en subventionnant par exemple des projets rizicoles de grande envergure, soit accepter douvrir les portes aux trangers tout en verrouillant soigneusement tous les paramtres quil y a autour. Faire lautruche en ces temps de crise ne sert rien... La carte qui suit dmontre que la demande existe et que Madagascar a du potentiel.

    22 Cette compagnie, oprant Madagascar depuis 2004, aurait

    investi selon ses dires 200 millions de dollars amricains en travaux de terrain et danalyses. Forte de son slogan Fiert et richesses partages , elle mne aujourdhui une intense campagne de communication dans les medias, sans doute en vue du lancement prochain de son exploitation. 23

    Lire ce propos une tude ralise par Serge ZAFIMAHOVA, intitule La maitrise du dveloppement travers les enjeux du secteur minier, non publie pais diffuse en Mai 2012.

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    Source : Land Matrix, visible sur : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Les-Nations-unies-encadrent-l-achat-de-terres-_3637-

    2076318_actu.Htm

    Si Madagascar se dcide sauter le pas, il pourra sappuyer sur lexpertise de la FAO qui vient dadopter une rsolution encadrant lachat de terres dans les pays pauvres. Stphane Parmentier, reprsentant de lONG Oxfam dclare ce propos : C'est une premire dans le cadre des Nations unies car les reprsentants des ONG et des organisations paysannes ont t associs ce processus. Les droits humains sur la terre et le besoin de consultation et de participation des communauts affectes par les investissements fonciers sont affirms , souligne Stphane Parmentier de l'ONG Oxfam. Mme si cette rsolution na pas de valeur contraignante, son adoption constitue tout de mme une grande avance en la matire24.

    III. La philosophie dveloppementaliste travers lanalyse de trois conomies africaines

    Parler de gopolitique ne sert rien si lexercice na pas de finalit dveloppementaliste, pour au moins lun des acteurs concerns dans ce cas-ci, Madagascar. Lhistoire a prouv que les pays qui sont maintenant dvelopps ont un jour eu recours

    24 Visiter www.landportal.info pour plus dinformations sur le

    commerce et la rpartition des terres dans le monde.

    des politiques nationalistes pour booster leur croissance25. En Europe par exemple, limportation de produits de luxe a t interdite pendant un temps, tout comme lexportation de matires premires, ceci dans le but de faire crotre lpargne et favoriser lindustrialisation. Ces politiques mercantilistes26, qui sont au cur du nationalisme de dveloppement, ne produisent cependant des rsultats positifs que lorsquelles sont institutionnalises cest--dire lorsquelles passent de la thorie la pratique en prenant la forme dinstitutions de dveloppement. Des relations existent en effet bel et bien entre rforme

    25 Thorie notamment dfendue par H-J CHANG dans Kicking

    away the ladder : development strategies in historical perspective, Anthem Press, Londres, 2002 26 Le mercantilisme tel quil a t dfini par Adam Smith est

    une notion controverse en conomie politique. Il a souvent t

    utilis de faon pjorative alors quil possde un caractre

    dynamique qui peut tre bnfique aux pays en voie de

    dveloppement. Le mercantilisme conomique peut en effet tre

    associ aux thories nationalistes du dveloppement et peut

    sadapter aux besoins spcifiques de chaque pays. Les

    approches utilises dans cette thse dveloppementaliste peuvent

    tre nombreuses et dpendent vraiment des contextes locaux.

    Elles peuvent par exemple inclure le subventionnement direct des

    entreprises, un protectionnisme modr pour une priode limite,

    suivi par une ouverture largie du march et lappel massif aux

    IDE.

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    institutionnelle et performance conomique. Pour pouvoir se stabiliser et se dvelopper, Madagascar doit tirer des leons des pratiques extrieures. Lexemple de trois fortes conomies africaines celles de lle Maurice, du Botswana et de lOuganda a t choisi pour inspirer les dcideurs Malgaches et les pousser revoir leurs copies pour plus defficacit.

    III.1 Le cas Mauricien Maurice est une petite le de lOcan Indien. Avec une surface totale de 1,865 km2 et 1,27 million dhabitants, Maurice possde lune des plus grandes densits de population au monde 588 habitants par km2. Lle a retrouv son indpendance politique en 1968 aprs un pass colonial atypique. Dabord colonise par les Danois (1638-1710), puis par les Franais (1710-1810), lle est ensuite tombe dans les filets des Britanniques (1810-1968). La colonisation franaise a dvelopp la culture sucrire en important des esclaves dAfrique. La colonie tait devenue si prospre quelle devint lobjet dune comptition permanente entre Franais et Britanniques. Au retour de lindpendance, en 1968, le contexte conomique mauricien tait dplorable. La Commission Royale dirige par le professeur J.E. Meade en 1961 avait dtaill les obstacles que Maurice devait surmonter pour se dvelopper : un sous-sol pauvre, un march domestique restreint, lloignement gographique des marchs europen et amricain, labsence de comptences techniques locales et de capitaux dinvestissement, etc. Plus grave encore, lle pratiquait la monoculture, celle du sucre27. Cependant, dans les annes 1980, lconomie mauricienne a subi une profonde restructuration. Les exportations de sucre qui constituaient 95% des revenues de lexportation en 1967, ont recul 60% en 1979, puis 37% en 1987. Paralllement, la cration de zones franches une institution de dveloppement a permis daccrotre la production et lexportation textile de 25% en 1979, 58% in 1989. Aujourdhui, lconomie mauricienne est sans conteste lune des plus robustes dAfrique. Son PIB par habitant tait de 7.700$ en 2010 et son taux de croissance rel culminait la mme anne 4,2%.

    27 Pour plus de dtails, lire The economic and social structure of

    Mauritius, de J.M. MEADE, Londres 1961-68

    Il est signaler qu Maurice, aucune diffrence idologique majeure nexiste entre les principaux partis politiques. Le Parti Travailliste Mauricien (MLP) qui a domin le pouvoir depuis lindpendance, est par exemple de gauche. Le Mouvement Militant Mauricien (MMM) et le Parti Socialiste Mauricien (MSP) sont quant eux dextrme gauche. Leur dnominateur commun a assurment toujours t leur engagement pour le dveloppement.

    III.2 Le cas botswanais Le Botswana28, comme lle Maurice, est une ancienne colonie britannique qui a retrouv son indpendance en 1966. Cest galement un petit pays de 581.730km2 habit par 1,9 million de personnes. Mais plusieurs points le diffrencient de Maurice. Dabord, ce nest pas une le. Ensuite, le Botswana est plus grand que Maurice mme si 84% de son territoire est situ dans linhabitable dsert du Kalahari. En dernier lieu, la colonisation britannique au Botswana a t dune totale inefficacit (en termes de dveloppement). A son indpendance, le Botswana tait le troisime pays le plus pauvre du monde car les Britanniques ne sen sont pas occup. Cest peine sil y avait 12km de routes paves et deux coles secondaires dans tout le pays. Les analystes de lpoque taient plus que pessimistes quant lavenir conomique du Botswana. Mais ils se sont lourdement tromps. Entre 1966 et 1989, le Botswana a connu lun des rythmes de dveloppement les plus rapides de la plante. Comme Maurice, lidologie du parti dominant, le Botswana Democratic Party (BDP) tait le dveloppementalisme, appliqu travers une conomie pragmatique. Afin de faire face aux possibilits locales de financement du dveloppement tant recherch, le Botswana a choisi de faire appel aux IDE et il a eu raison. Avec la dcouverte de gisements et louverture de mines de diamant Orapa (1967) et Juaneng (1982), lindustrie minire a pris la place de lagriculture en tant que secteur conomique porteur. Lpargne

    28 Le Bechuanaland (ancien nom du Botswana) a t dclar

    protectorat britannique en 1885. A lpoque, la Grande-Bretagne voulait juste disposer dun point de contrle en Afrique du nord, proximit des riches sous-sols de lAfrique du sud qui lui taient dj acquis, pour contrebalancer la prsence des Allemands en Namibie.

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    domestique a commenc surpasser les investissements et la balance conomique tait excdentaire. En 2009, le PIB par habitant du Botswana tait de 7.500$ et le pays figure aujourdhui encore parmi les conomies africaines les plus stables et les plus florissantes. Le niveau dinfrastructures de dveloppement est lev et les indicateurs socioconomiques sont impressionnants sauf en matire de VIH/SIDA. Le pays na pas de dettes internes et est un grand exportateur de capital.

    III.3 Le cas ougandais LOuganda, comme lle Maurice et le Botswana, a un pass colonial. Il a t dclar protectorat britannique en 1894 et lest rest 70 ans. Avec une superficie de 236.000km2 et une population totale de 35 millions, lOuganda est un assez petit pays qui est tout de mme plus grand que lle Maurice. Il possde dinestimables ressources naturelles et des conditions climatiques idales pour lesquelles il a t considr comme la Perle de lAfrique par Sir Winston Churchill. LOuganda, comme Maurice, a adopt une idologie dveloppementaliste aux dernires heures de la colonisation. Dans leur dsir dindustrialiser rapidement le pays, les colons ont cr deux institutions stratgiques en 1952: le Won Falls Dam et lUganda Development Corporation (UDC). LUDC est devenu lincarnation de la tendance dveloppementaliste du pays. Quand lOuganda accda son indpendance, en 1962, son conomie tait lune des plus prometteuses dAfrique. Malheureusement, larrive au pouvoir dIdi Amin Dada, en 1971, a tout chang. Le PIB rel a chut denviron 3,8% par an de 1973 1979 alors que linflation culminait 40%. La guerre de libration de 1979 qui mit un terme au rgne dIdi Amin narrangea gure la situation conomique. Lorsque le Mouvement de Rsistance Nationale (MRN) du prsident Museveni (toujours en place, depuis 1986) sempara du pouvoir, toutes les institutions en place tombrent en ruines. La dmotivation des fonctionnaires mit mal les services publics et lconomie connut une priode noire, surtout lorsque les dirigeants choisirent dexprimenter le libralisme conomique mais lougandaise. Contrle des prix des produits de premire ncessit, privatisation a outrance des entreprises publiques et spoliation des banques locales ont svrement pnalis lconomie ougandaise. Le pays ne remonta la pente quen 1987, avec

    ladoption de reformes institutionnelles et conomiques proposes par le FMI et la Banque Mondiale. Entre 1992 et 2000, la croissance annuelle du PIB tait de 6,5% et la pauvret recula de 56%. La qualit de la bureaucratie29 ougandaise est substantiellement diffrente de celle de Maurice et du Botswana. Aujourdhui, le clientlisme dirige le recrutement des fonctionnaires et les promotions se font moyennant finances30. La corruption rgne presque partout, ce qui nest pas sans rappeler le cas malgache, un dtail prs: lconomie ougandaise est florissante.

    III.4 Les leons tirer pour Madagascar Le Botswana et lile Maurice ont fait de bons choix politiques (en termes de dveloppement et de politiques publiques). Le succs du Botswana sexplique par linstitution dun march libre et capitaliste, par lattraction de capitaux trangers, par lutilisation ponctuelle de laide internationale et par son choix stratgique de donner un rle de supervision au FMI et la Banque Mondiale, au lieu dun rle de planification. Bref, le Botswana a russi car il a su prendre les bonnes dcisions au sortir de la colonisation31. Lle Maurice et le Botswana ont tous deux institutionnalis le nationalisme de dveloppement en mettant notamment en place des corps de grande qualit, assortis dintgres bureaucrates. A Maurice, les fonctionnaires locaux ont acquis les comptences requises ds la colonisation pendant laquelle une grande partie des postes taient dj dvolus aux Mauriciens. Une fois la colonisation termine, ladministration dj bien rode a juste continu fonctionner de faon efficace. La Commission Mauricienne des Services Publics avait t cre en 1953 et agissait comme

    29 Il est noter que dans la prsente tude, le terme

    bureaucratie est pris dans son sens le plus noble, cest--dire

    service civil organis. Cest en effet labrg bureaucratie

    qui a une connotation pjorative et le but des pays pauvres

    devrait tre de construire une bureaucratie non-bureaucratique

    qui serait nette de toute corruption et vraiment efficace. 30

    Lire ce propos J. KIIZA dans Market-Oriented Public Management in Uganda. Benchmarking International Best Practice?, paru dans Ufahamu XXVIII en 2000, pp.94-124 31

    In Explaining Botswanas Success: the crucial role of postcolonial policy de S. BEAULIER, paru dans Cato Journal, 1997, pp.37-48

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    une agence de recrutement mritocratique des fonctionnaires. Un strict code de conduite Wbrien32 a t mis en place la mme occasion pour renforcer lthique des services publics. Au Botswana, le rle de la bureaucratie na pas t aussi effectif. La tendance dveloppementaliste de ladministration botswanaise est sans aucun doute moindre que celle de Maurice. Nanmoins, cette bureaucratie toujours eu la rputation dtre propre, nationaliste et pro-dveloppement. Pour W. et T. Caroll, le Botswana a eu la chance davoir une succession de politiciens et de bureaucrates talentueux qui se sont personnellement engags pour raliser le dveloppement conomique de leur pays33. Trois principales leons peuvent tre tires de ces expriences africaines. Dabord, que le libralisme conomique ne semble pas convenir aux pays dAfrique sub-saharienne. Ce nest pas ncessairement une mauvaise idologie, mais elle ne convient pas encore ces pays leur stade actuel de dveloppement. LOuganda en a fait lamre exprience avant de redresser la barre. Ensuite, que la mise en place et le maintien dune bureaucratie aux principes Wbriens est essentielle au dveloppement. Enfin, que la stabilit politique rapporte. Bref, des leons qui seraient profitables Madagascar o le trio administration/institutions/fonctionnaires est synonyme de corruption, de lenteur et dinefficacit gnralise.

    Conclusions

    Il a t dmontr a travers cette tude que Madagascar pesait lourd sur le plan gopolitique mondial mais quil ne savait pas encore comment

    32 Max Weber voulait moderniser ladministration (publique

    comme prive) en lui imposant des caractristiques immuables. Ces dernires consistent (i) salarier temps plein les officiels et faire reposer leur nomination, leur avancement et leur retraite sur des contrats et non sur leur attachement leur poste, (ii) sassurer quils sont qualifis et que cest pour leurs qualifications quils ont t recruts, et (iii) tablir des rglementations claires concernant les droits et devoirs des membres de la fonction publique. Tout ceci constitue la thorie Wbrienne de la bureaucratie et des institutions. 33

    In State and ethnicity in Botswana and Mauritius: a democratic route to development? de W. CAROLL et T. CAROLL, publi dans le Journal of Development Studies v. 33, 1997, pp. 468-486

    exploiter toutes ses potentialits, cause dune multitude de paramtres pnalisants. Le pays doit dabord stabiliser sa gopolitique et sa dynamique interne avant de spanouir linternational. Trois types dactions peuvent tre entrepris pour ce faire : la dmocratisation, la redfinition de la forme de lEtat et la rforme de ladministration dans le but de rendre lconomie malgache aussi comptitive que celles des trois pays africains tudis plus haut. La ncessaire dmocratisation de Madagascar Sans entrer dans les dtails de la crise actuelle, il est vident que Madagascar doit partir sur de nouvelles bases dmocratiques. Beaucoup argumentent que la dmocratie, en tant que concept occidental, nest pas faite pour Madagascar. Ils nont peut-tre pas totalement tort car les Malgaches sont trop fiers et trop avides pour pouvoir vivre sereinement dans une dmocratie. Lessai peut toutefois tre transform si les principes de base noncs dans la Dclaration Universelle sur la Dmocratie34 sont pris un un et adapts au contexte malgache. Mais il faut le faire rapidement, sinon lissue de la transition, dj incertaine, risque encore de rserver son lot de mauvaises surprises. Les objectifs atteindre et les efforts fournir sont nombreux : alternance dmocratique, jeux de pouvoir sains, dpolitisation de lAdministration, bonne gouvernance, dmocratie participative, rgionalisation forte et dcentralisation effective pour une rpartition quitable des richesses, etc. Mais en plus du renforcement des institutions et du systme dmocratiques, lEtat et ses dmembrements doivent aussi apprendre valoriser et responsabiliser la population car cest sa richesse premire. Education, protection sociale et scurisation professionnelle sont autant de chantiers auxquels lEtat doit satteler pour valoriser sa population. Une fois que celle-ci aura ressenti que les impts quelle paie servent finalement quelque chose et que lEtat se proccupe vraiment de son bien-tre, elle sera plus encline participer leffort de dveloppement de la nation. Pour que cette dmocratisation russisse, il faut aussi que la socit civile joue pleinement son rle et cesse dappuyer les politiciens. Jean-Jacques Rousseau disait ce propos que lutilit commune est le fondement de

    34 Adopte au Caire le 16 Septembre 1997. Elle est consultable

    sur http://www.ipu.org/cnl-f/161-dem.htm

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    la socit civile. De ce fait, il faut que les entits qui la composent uvrent rellement pour lintrt gnral et pour la dfense des intrts de la population. Quelque part, la socit civile est aussi un contre-pouvoir et elle se doit dagir en garde-fou pour pargner au pays de nouveaux dsastres causs par la politique politicienne.

    Le fdralisme: une piste explorer Depuis le retour de son indpendance, lEtat malgache a fonctionn sous une forme unitaire. Les trois rpubliques qui se sont succd ont chacune eu leurs lots de problmes. Et si ces problmes venaient de la forme unitaire de lEtat? Peut-tre quen pousant le fdralisme, Madagascar pourrait enfin se concentrer sur le dveloppement et trouver un dbut de stabilit politique? En 1948, lhistorien et politologue Charles Austin Beard dclarait With the world just emerging from one global war and trembling on the verge of another, federalism is now offered as the best pledge that mankind, tormented by wars for countless generations, may at last establish tranquility throughout the earth35. Pourquoi pas? Le fdralisme lamricaine, la fois adul et dtest par les critiques, a au moins le mrite de fonctionner et de durer. Les Etats-Unis doivent en partie leur puissance conomique au fdralisme car cest dabord ce systme qui leur a permis de sadapter linfluence des capitaux et travailleurs trangers venus dans le pays et dentrer ainsi de plain-pied dans la mondialisation. Cest aussi le fdralisme qui a encourag ltablissement dun systme ducatif public performant, fluidifi les affaires nationales en permettant la cration dinstitutions adaptes chaque tat, et permis laccroissement rapide de la richesse nationale. Mais le fdralisme a aussi ses revers, comme lopportunit donne aux collectivits semi-autonomes de pousser les divergences dides jusquau conflit. Ce fut par exemple le cas avec la Guerre Civile amricaine qui a clat quand les habitants du Sud renforcrent lesclavage alors que ceux du Nord avaient dcid de labolir. Cest logique, le fdralisme peut chouer ou russir. Lchec est souvent d ce que James C.

    35 In The enduring federalist, paru dans Garden City NY :

    Doubleday, 1948

    MacPherson appelle un mauvais dcoupage ethnique des frontires territoriales 36 car ce mauvais dcoupage peut conduire une mauvaise rpartition des richesses. Le modle amricain peut fonctionner dans les pays et/ou rgions en voie de dveloppement. Il pourrait fonctionner Madagascar mais des rformes de fond devront tre entreprises avant. Le dcoupage du pays en six provinces et leur transformation en six Etats semblent par exemple tre plus facile grer dans une conception fdraliste que le dcoupage en vingt-deux rgions. Pourtant, les subtilits ethniques et les dolances conomiques quelles impliquent souvent doivent tre minutieusement prises en considration. Si chaque province tait dote dune autonomie relative, le dveloppement ne serait peut-tre plus une utopie. Les vieilles rivalits ethniques laisseront peut-tre enfin la place une saine mulation conomique. Cette question de la forme et de la formation de lEtat est vraiment primordiale car elle conditionne la constitution des institutions. Les Etats ne peuvent pas mettre en uvre des stratgies et construire des institutions sans avoir les ressources fiscales correspondantes et le degr dautonomie permettant dassurer la scurit externe, la stabilit interne et lordre public.

    La modernisation de la bureaucratie et des institutions Pour pousser un peu plus loin le raisonnement dveloppementaliste analys plus haut, il faut trouver un systme pour moderniser la bureaucratie et les institutions. Le tripode de contrle tatique dEvans constitue une possibilit directement exprimentable par les dirigeants. Ce modle heuristique rsume les problmes relatifs la bureaucratie et aux relations que celle-ci doit entretenir avec les sphres du pouvoir. Avant de concevoir ce modle, Peter Evans37 a dabord analys les caractristiques dune bonne et dune mauvaise bureaucratie, toujours sur la base des prceptes tablis par Max Weber38. Pour lui, une

    36 In The future of federalism, paru dans le collectif Federalism

    and the new world order, collectif dirig par S. RANDALL et R. GIBBINS, University of Calgary Press, Calgary 1994. P.9

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    mauvaise bureaucratie se distingue par le manque de redevabilit populaire des fonctionnaires et du personnel de lEtat, le manque de comptitivit qui ne permet pas de baisser les cots de production des services publics, et la multiplication inutile de bureaux et de dpartements qui alourdit ladministration et dilapide les deniers publics. La solution tripode consiste (i) amliorer les capacits

    bureaucratiques sur la base des idaux Wbriens, (ii) suivre les signaux du march pour optimiser lutilisation des fonds publics et, (iii) renforcer la participation dmocratique de la base au sommet afin de voir si les actions de lEtat refltent bien les besoins des citoyens ordinaires. Ce qui peut se visualiser ainsi:

    Pour que ce modle fonctionne, la vigilance est de mise car chaque rforme entreprise dans lune des sections doit se rpercuter dans les deux autres. Si Madagascar dcidait dappliquer cette reforme prconise par Evans, il est certain que ladministration serait transfigure. Il reste savoir si les politiques laisseront cette reforme se faire, vu les engagements de transparence et de redevabilit quils doivent prendre. Le mystre reste entier.

    () Un autre monde est possible, fond sur dautres valeurs, radicalement opposes celles qui dominent aujourdhui. Mais nous ne pouvons oublier que demain commence ici et maintenant (), dans les graines de cette nouvelle civilisation que nous plantons par notre lutte et nos efforts, pour que ces valeurs subjectives et thiques, que nous endossons dans nos vies militantes, se lvent des femmes et des hommes nouveaux.39 Si

    39 In Harnessing the state : rebalancing strategies for monitoring

    and evaluation, de P.B. EVANS, 2003, polycope 39

    Lire a ce propos From Marx Weber: Essays in Sociology, de H.H. GERTH et C.W. MILLS, Ed. Routledge, Londres, 1991

    un autre monde est possible, un autre Madagascar lest galement

    39 In Les valeurs dune nouvelle civilisation, de Frei BETTO et

    Michael LOWY, article paru dans Un autre monde est possible Pour une autre mondialisation : le Forum social mondial de William F. FISHER et Thomas PONNIAH, Editions Parangon, Paris, 2003, pp.288-289

    LE TRIPODE DEVANS

    Ractivit aux signaux du march Analyse cots/bnfices

    Compensations bases sur les performances

    Marchs fiscalement disciplins

    Contrle dmocratique de la base au sommet

    Transparence et redevabilit Participation dlibrative de la masse

    Bureaucratie Wbrienne classique

    Recrutement mritocratique Normes professionnelles

    Ambitions de carrire Division du travail

    Proceedures universelles

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    Bibliographie et webographie

    Ouvrages de rfrence

    CHANG H-J., Kicking away the ladder: development strategies in historical perspective, Anthem Press, Londres, 2002 EVANS P.B., Harnessing the state: rebalancing strategies for monitoring and evaluation, 2003 FISHER W.F. et PONNIAH T., Un autre monde est possible Pour une autre mondialisation : le Forum social mondial, Editions Parangon, Paris, 2003 GERTH H.H. et MILLS C.W., From Marx Weber: Essays in Sociology, Ed. Routledge, Londres, 1991

    -HERMET G., BADIE B., BIRNBAUM P., BRAUD P., Dictionnaire de la science politique et des institutions politiques, 3e dition, Editions Armand Colin, Paris 1998

    MEADE J.M., The economic and social structure of Mauritius, Londres, 1961-68 RANDALL S. et GIBBINS R., Federalism and the new world order, University of Calgary Press, Calgary, 1994

    Revues et/ou journaux

    Cato Journal, 1997 Garden City NY: Doubleday, 1948 Journal of Development Studies v. 33, 1997 Le Monde, Bilan conomie 2010 Latlas de 179 pays Le Nouvel Observateur Atlas Eco 2010 Ufahamu XXVIII, 2000

    Rapports et tudes

    Rapport National sur le Dveloppement Humain (RNDH) 2010 PNUD State of the Worlds Children 2011 UNICEF

    Sites web

    AGOA African Growth Opportunity Act : www.agoa.gov Banque Mondiale: web.worldbank.org Diploweb : www.diploweb.com Encyclopdie Universalis : www.universalis.fr INSTAT Institut Natonal de la Statistique : www.instat.mg IPU International Parliamentary Union: www.ipu.org Jeune Afrique : www.jeuneafrique.com Land Matrix : www.landportal.info Le Nouvel Observateur : tempsreel.nouvelobs.com Madabrousse : www.madabrousse.com Ouest France : www.ouest-france.fr TV5 Monde : www.tv5.org

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    Publications des sortants Y L T P & R J T

    Ralambomahay, Toavina : Madagascar dans une crise interminable, LHarmattan, Paris, 2011

    Ralambomahay, Toavina : Des entorses aux principes dmocratiques et aux principes des droits de lhomme, Fvrier 2012.

    Ralambomahay, Toavina : Madagascar : prsidentielle. Linterminable impasse, In : AFRICA24 MAGAZINE N3, juillet / septembre 2011 Ralambomahay, Toavina : Parlement africain et parlement europen, In : LENA hors les murs, Avril 2012

    Andrianarisoa, Bodo : Le mythe de lENA la sauce malgache, In : LENA hors les murs, Avril 2012

    Ralambomahay, Toavina : Madagascar dans une crise interminable, LHarmattan, Paris, 2011

    Rabarinirinarison, Rindra Hasimbelo : Regard sur l'attribution des marchs publics Madagascar", In : LA REVUE DE MCI Madagascar Conseil International, n55, 2011

    Rabarinirinarison, Rindra Hasimbelo & Raveloson Jean-Aim : Les partis politiques malgaches travers les rgimes et gouvernements successifs", Friedrich-Ebert-Stiftung, aot 2011

    Rabarinirinarison, Rindra Hasimbelo : Les drogations en matire de marchs publics Madagascar", In : LA REVUE DE MCI Madagascar Conseil International, n56, 2011

    Rasamoelina, Harisoa : Croyances et instrumentalisation Madagascar, Friedrich-Ebert-Stiftung, Antananarivo, 2012

    Rafitoson, Ketakandriana : 2012, Madagascar la croise des chemins. Essai sur la gopolitique dun pays tourment, Friedrich-Ebert-Stiftung, Antananarivo, 2012

    Ralambomahay, Toavina : La dmocratie : lenjeu du taux de participation, In : Bulletin de lAcadmie nationale malgache, Tome LXXXIX/ 2, juillet dcembre 2010, 005

    Ralambomahay, Toavina : Elis Ranarivelo, le dessinateur et son uvre, In : Africultures n79 L'Harmattan, Paris, novembre 2009, p.148-150

    Ralambomahay, Toavina : Lchec des rformes engages Madagascar entre 2003 et 2008 vu par la Banque mondiale, In : Revue Juridique et Fiscale MCI, N52, 4me trimestre 2010

    Ralambomahay, Toavina : Des entorses aux principes

    dmocratiques et aux droits de lHomme dans la feuille de route, In : Revue Juridique et Fiscale MCI, N55, 2011

    Ralambomahay, Toavina : Rflexion sur ltat de lconomie aprs trois ans de crise, In : Revue Juridique et Fiscale MCI, N56, 2011

    Ralambomahay, Toavina : Les Mauriciens et la politique travers les lections lgislatives, Friedrich-Ebert-Stiftung, Antananarivo, Juillet 2010

    Ralambomahay, Toavina : In : Magazine scientifique orientation cologique pour enfants, WWF, Vintsy, Antananarivo, 4 numros

    Publications des sortants Y L T P & R J T In: Le devoir de rendre compte, Agenda Madagasikara 2011, Friedrich-Ebert-Stiftung, Antananarivo, 2011

    Chan Mane, Stella Randrianina : Quest-ce que la redevabilit

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Transparence et relation publique

    Rasamoelina, Harisoa: Services publiques. Quand ils nous font attendre

    Tianamalala Raymond, Isabella : Redevabilit: Vision dun lu

    Rafitoson, Ketakandriana : Russir la democratisation; Faire de la politique autrement

    Andrianirina, Mamy Auguste : Ny tetibola ifarimbonana

    Andriambolatiana, Sandratririna : Les raiamandreny sont redevables devant qui ?

    Andriambolatiana, Sandratririna : La redevabilit dun manifestant

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Casquettes et indemnits

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Solidarit syndicale

    Randriamampianina, Mialisoa : Cher YLTP, Youth Leadership Training Program

    Ralambomahay, Toavina: Sengager, ne pas tre neutre

    Rakotomanana, Andrianaivo Rgis : Pour une vritable relance conomique

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    Andriamasy, Estelle : A quand une croissance deux chiffres ?

    Sandaniaina, Hasimahery : Redevabilit, stabilit politique

    Ralalarivony, Christophe : Systme ducatif dfaillant Rakotomanana, Andrianaivo Rgis : Complaisance dans le mdiocre : triste ducation

    Randriamahaleo, Heriniaina : Contribuables attentifs aux finances publiques

    Ratsimbazafy, Njiva Harivelo : Pouvoir des medias: Atout ou danger pour la dmocratie?

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : La fragilit du systme mdiatique

    Andriananjamanantsoa, Tahiana : Prise de conscience, amnistie, impunit

    Rakotoarivelo, Antonia : Loi damnistie, lgalisation de limpunit

    Ralambomahay, Toavina: Confiance, redevabilit, pouvoir

    Rakotoarivelo, Antonia : Le Conseil dEtat : un rouage essentiel dans linstauration dun Etat de droit Madagascar

    Rabarinirinarison, Rindra Hasimbelo : Financement des partis politiques : en suspens depuis 2002

    Andriamarofara, Radolalaina ; Raveloson, Jean-Aim : Redevable devant Dieu, sans ltre devant les lecteurs

    Chan Mane, Stella Randrianina : La redevabilit, des dfis

    Randriamanantena, Lanto Ratsida : Sexprimer, demander des comptes. Pas seulement en temps de crise

    Rabarinirinarison, Rindra Hasimbelo : Les citoyens attendent. O sont-ils les partis politiques ?

    Randrianarivony, Tsiory Andriamparaniarivo : Tout commence par un rve. Mais que a commence

    Rakotonimaro, Tsirisoa Nantenaina : Le bnvolat : les conditions dun engagement russi

    Ralambomahay, Toavina : La peur de la hirarchie

    Ratsara, Domoina & Razafimandimby, Noro : Mon prsident, mon modle

    Publications des sortants Y L T P & R J T In: Vision Madagasikara 2020, Agenda Madagasikara 2012, Friedrich-Ebert-Stiftung, Antananarivo, 2012

    Rafitoson, Ketakandriana : No vision. No future

    Razafy, Abraham : Felaka? Non, merci

    Andriananjamanantsoa, Tahiana : Larme Madagascar en 2020 : Rformes contre dmantlement

    Rafitoson, Ketakandriana : Toriteny pour le civisme

    Ranaivo, Aintso : Promotion de lducation : mes contributions, mes dfis

    Ranaivo, Aintso : Droits humains Madagascar en 2020

    Razafindrakoto, Miadana Volatiana : Aversion pour la politique : Prise de conscience et dfis

    Ravalomanda, Andry Tiana : Croissance conomique : mes contributions

    Andrianjafindrasetra, Fandio : De la bonne gouvernance des finances publiques

    Rakotomanana, Andrianaivo Rgis : Le mythe de la croissance et des ressources naturelles Madagascar

    Andrianirina, Mamy Auguste : Dcentralisation : autonomie des collectivits dcentralises plus avance et sans prcdent

    Rakotoarison, Hery Nirina : Lutte contre la corruption : gros ou petit poisson ?

    Ranarifidy, Dina : Mon identit, mes identits

    Razafindrakoto, Miadana Volatiana : Dlit diniti et conflit dintrts : acquis et dfis Madagascar en 2020

    Randriamanantena, Lanto Ratsida : Fihavanana : fiction ou ralit ?

    Rasamoelina, Harisoa : Fihavanana : cessons de nous mentir !

    Ratsimbazafy, Njiva Harivelo : Que voulons-nous designer avec lthique, et plus particulirement dans la politique ?

    Gangstabab Rakotoarisoa, Alban : Teny zato, kabary arivo

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Futures Elites?

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Une vision?

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    Razafindraibe, Harinony Lucien : La grande le matrise ses 5000km de ctes

    Ralambomahay, Toavina : La trajectoire de lle Maurice daprs une vision trangre

    Ralambomahay, Toavina : Pour un Madagascar humaniste

    Randrianarivony, Tsiory Andriamparaniarivo : Mon parti en 2020

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Presse libre Gangstabab Rakotoarisoa, Alban : Rve davenir Randrianarivony, Tsiory Andriamparaniarivo : Etre un citoyen modle

    Ravonimanantsoa, Ndaohialy Manda-Vy : Universit du millnaire

    Tianamalala Raymond, Isabella : Miasa sa manompo mpampiasa?

    Lefontsoa, Rangers : Travailleur social, agent facilitateur de changement

    Ralambomahay, Toavina : Comment protger la constitution ?

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Laprs socit de linformation, chez nous

    Chan Mane, Stella Randrianina : Pour la diversit sans discrimination

    Ratsimbazafy, Njiva Harivelo : Un prsident oui. Un roi non

    Lefontsoa, Rangers : Travail social, reconnaissance et valorisation

    Rasoarinjafy, Mija Angela : Madagascar dans le concert des nations

    Rajerison, Olivia : Femmes en politique : prise de conscience et dfis

    Ranarifidy, Dina : Lidentit du malgache

    Andriambolatiana, Sandratririna : Madagascar Maitso

    Razafindravao, Tatiana Eddie : Construire, vivre et assumer ses identits malgaches Madagascar en 2020

    Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Faire confiance aux jeunes Razafindranaivo, Tsiriniaina Jean Herv : Du rve la ralit. Ma vision du prsent

    Robson, Benjamina : Vivre-ensemble Madagascar en 2020

    Andry Rakotonanahary : Pourquoi une vision ?

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    A propos de lauteur Mme. Ketakandriana Rafitoson est YLTPienne (promotion 2006), Juriste Politologue, Activiste Coordination : J.-A. Raveloson

    Impressum Friedrich-Ebert-Stiftung Madagascar Immeuble Anjarasoa Route circulaire, Ankorahotra B.P. 3185

    Antananarivo 101

    Madagascar Responsable: J.-A. Raveloson Reprsentant-National de la Friedrich-Ebert-

    Stiftung

    fon: (261 20) 22 344 24

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    http://www.fes-madagascar.org