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Alexia Stantzos, infirmière clinicienne et professeure HES-SO 8 | Politique Des retraités militants 12 | Santé La schizophrénie à l’échelle des neurones 24 | Architecture Le retour au naturel 15 | Innovation Quand la musique et la science se mélangent Décembre 2014 BULLETIN 20 | Création Mathieu Lehanneur, le design avec le discours LA REVUE SUISSE DE LA RECHERCHE ET DE SES APPLICATIONS ÉDITÉ PAR LA HES-SO HAUTE ÉCOLE SPÉCIALISÉE DE SUISSE OCCIDENTALE UNIVERSITY OF APPLIED SCIENCES AND ARTS WESTERN SWITZERLAND

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Alexia Stantzos, infirmière clinicienne et professeure HES-SO

8 | PolitiqueDes retraités militants

12 | SantéLa schizophrénieà l’échelle des neurones

24 | ArchitectureLe retour au naturel

15 | InnovationQuand la musique etla science se mélangent

Décembre 2014

BULL

ETIN

20 | CréationMathieu Lehanneur, le design avec le discours

LA REVUE SUISSE DE LA RECHERCHE ET DE SES APPLICATIONS

ÉDITÉ PAR LA HES-SO HAUTE ÉCOLE SPÉCIALISÉE DE SUISSE OCCIDENTALE UNIVERSITY OF APPLIED SCIENCES AND ARTS WESTERN SWITZERLAND

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 3

HÉMISPHÈRES La revue suisse de la recherche et de ses applications HES-SO www.revuehemispheres.comEdition HES-SO, Siège, rue de la Jeunesse 1, 2800 Delémont, Suisse, T +41 58 900 00, [email protected] Comité éditorial Luc Bergeron, PhilippeBonhôte, Rémy Campos, Yvane Chapuis, Annamaria Colombo Wiget, Yolande Estermann, Angelika Güsewell, Clara James, Florent Ledentu, PhilippeLongchamp, Max Monti, Vincent Moser, Laurence Ossipow Wüest, Anne-Catherine Sutermeister, Marianne Tellenbach Réalisation éditoriale et graphiqueLargeNetwork, Press agency, Rue Abraham-Gevray 6, 1201 Genève, Suisse, T. +41 22 919 19 19, [email protected] Responsables de la publication PierreGrosjean, Gabriel Sigrist Direction de projet Geneviève Ruiz Direction suppléante de projet Serge Maillard Rédaction Jade Albasini, Céline Bilardo, Martine Brocard,Erik Freudenreich, Peggy Frey, Stephany Gardier, Pierre Grosjean, Jean-Christophe Piot Images Véronique Bottéron, Sabrine Elias Ducret, Bertrand Rey Maquette& mise en page Sandro Bacco, Benoît Chevallier Relecture www.lepetitcorrecteur.com Couverture Alexia Stantzos par Bertrand Rey

Sans stimulation intellectuelle, le chercheur ne parviendrait pas à grand-chose. En tant quephysicienne, je me souviens du plaisir ludique quipouvait animer mes travaux: la passion qui permetde ne pas voir défiler les heures, la satisfactiond’atteindre ses objectifs! Toutefois, la recherche,c’est 95% de frustration pour 5% de succès. En cela, elle ressemble également au jeu, quiengendre parfois de la frustration.

Pour être efficaces, les chercheuses et leschercheurs doivent tenter de conserver cettecuriosité insatiable et «joueuse» sans laquelle rienne serait possible. Alors, mener des recherches sur le jeu, quoi de plus stimulant? En la matière, la HES-SO n’a pas à rougir. A l’heure de laludification générale, nos experts décryptent lesressorts de ce grand bouleversement: on «joue»désormais à l’école pour mieux apprendre ou enentreprise pour être plus créatif.

Le jeu ne peut plus être réduit à un simpledivertissement. Nos chercheurs développent des«serious games» qui sont utilisés, par exemple, pour la rééducation de patients dans le domaine de la santé ou pour améliorer ses capacités degestion, tandis que des musiciens exploitent tout lepotentiel des instruments «augmentés». Certaineshautes écoles, comme la HEAD, proposent de leur côté des formations en conception de jeuxvidéo – un genre que l’on ne peut non plus réduire à une simple décharge d’hémoglobine. Les neuroscientifiques s’accordent en effet de plus en plus à trouver des vertus pédagogiques aux jeux vidéo.

A tous égards, le jeu devient sérieux. Mais ce n’estpas une raison, pour nos chercheurs, de s’ennuyer.Au contraire: un champ d’application fantastiques’ouvre à nous. Explorons-le en gardant notreregard d’enfant. Il est généralement de bon conseil.

Luciana Vaccaro, rectrice de la HES-SO

Le grand jeu de la recherche ÉDITORIAL

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4 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

Hémisphères volume II, paru en décembre 2011.

ÉCHOS

Hémisphères 1: L’intelligence des réseaux

Big Data et petits secretsCofondateur du site de rencontres OkCupid, l’Américain Christian Ruddervient de publier une fascinante analyse de la manière dont on se comporte sur internet. Intitulé «Dataclysm, Who We Are(When We Think No One’s Looking)» (litté-ralement «qui nous sommes, quand nouspensons que personne ne regarde»), l’ou-vrage exploite les données de recherchessur Google, tweets et autres «likes» sur Facebook pour brosser les portraits tantôtdrôles ou grinçants des internautes secroyant à l’abri des réseaux sociaux.

Hémisphères 2: Ralentir pour progresser

Des bars à sieste dans les capitales européennesImporté d’Asie, le concept des bars àsieste commence à fleurir en Europe. Installés le plus souvent en plein cœur des villes (comme le premier bar ZZZ Zen dans le quartier des affaires à Paris), cesenseignes promettent une parenthèse zenentre deux rendez-vous professionnels ou à midi pour s’assoupir de quinze à trenteminutes dans des couchettes individuelles.Le Pauz Zzz, premier bar à sieste bruxellois,a par ailleurs ouvert ses portes en octobredernier avec des tarifs oscillant entre 7 et17 euros le quart d’heure.

Hémisphères 3: La nouvelle précision suisse

Montres suisses en orbiteLa compagnie neuchâteloise SpectraTime,filiale du groupe Orolia, a fourni les horlogesatomiques équipant les satellites du systèmede navigation européen Galileo. Déployésprogressivement jusqu’en 2017, les 22 satel-lites de Galileo incorporent chacun deux hor-loges atomiques au rubidium et un maser àhydrogène passif, l’horloge atomique la plusprécise du monde. Les masers à hydrogènepassif de SpectraTime permettent une stabi-lité de l’ordre de la nanoseconde et sont en-viron un milliard de fois plus précises qu’unemontre classique.

Le drone qui inspecte les vignesUn drone high-tech vient d’être utilisé dansle cadre d’une analyse des vignes du do-maine du château de Châtagneréaz à Mont-sur-Rolle (Vaud) réalisée par la Haute écolede viticulture et œnologie de Changins.Baptisé eXom, le drone développé par lastart-up lausannoise SenseFly pèse à peine700 grammes et capture des clichés en 3Dd’une précision de quelques centimètres.L’équipement infrarouge embarqué par l’engin permet par ailleurs d’analyser le taux de chlorophylle des plants de vigne et leurs besoins en eau.

Hémisphères 4:La valeur au-delà du prix

Brevets pour tousC’est par un message intitulé «All Our Patent Are Belong To You» que Elon Musk,fantasque CEO du fabricant de voituresélectriques américain Tesla, a annoncé vouloir mettre à la disposition de tous lesbrevets enregistrés par sa société. Simpleopération de communication ou réelle vo-lonté de favoriser le marché de l’automobileélectrique, cette décision marque un vérita-ble changement de cap pour l’entrepriseTesla, qui protégeait jusqu’ici farouchementsa propriété intellectuelle face aux grandsgroupes industriels.

Le médicament le plus cher dumondeLe Sovaldi, un nouveau traitement contrel’hépatite C permettant de guérir près de90% des patients, provoque un scandaleen France. La compagnie américaine Gilead qui commercialise le médicamentréclame près de 700 euros par comprimé.Cela représente un total de 56’000 eurospour une cure de douze semaines, alorsque le coût du traitement est de 49’000euros en Allemagne et de 44’000 eurosau Royaume-Uni. Une affaire qui relance ledébat sur l’opacité entourant les critèresde fixation des prix de médicaments.

Retours sur les précédentsdossiers d’Hémisphères

Hémisphères volume I, paru en juin 2011.

Hémisphères volume III, paru en juin 2012.

Hémisphères volume IV, paru en décembre 2012.

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LA REVUE SUISSE DE LA RECHERCHE ET DE SES APPLICATIONS

Thomas Hauert, responsable du Bachelor of Arts in Contemporary Dance

ÉDITÉ PAR LA HES-SO HAUTE ÉCOLE SPÉCIALISÉE DE SUISSE OCCIDENTALE UNIVERSITY OF APPLIED SCIENCES AND ARTS WESTERN SWITZERLAND

18 | DesignL’information imprimée en péril

22 | SocialLa détention des mineurs

26 | IngénierieLes technologies de l’humanitaire

13 | SantéLes douleurs fantômes

Juin 2014

8 | DanseL’épreuve du corps

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16 | EconomieUn Mooc pour l’emploi

HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 5

Hémisphères 5:Savoir décloisonner

L’apôtre de la créolisationDéjà très prolifique, le curateur suisse HansUlrich Obrist multiplie les activités: la listedes livres auxquels il a participé au coursde la dernière année remplit pas moins desept pages sur Amazon! En plus de cela, il a monté plusieurs expos à succès à Londres et à Zurich, réuni 100’000 follo-wers avec ses post-it de célébrités sur Instagram, organisé le pavillon suisse à laBiennale d’architecture de Venise, donnéd’innombrables conférences, etc. Une ma-nière de décloisonner les savoirs pour cetapôtre de la «créolisation»; ce concept, emprunté à l’écrivain Edouard Glissant(1928-2011), veut faire surgir l’imprévu par le brassage des cultures et lutter ainsicontre l’homogénéisation du monde.

Pepper, l’employé-robotL’intelligence artificielle n’a pas fini de noussurprendre. Pepper, un robot humanoïdeconçu par la société française Aldebaran,sera le nouveau vendeur de capsules et de machines Nespresso dans les points deventes spécialisés de la maison Nestlé auJapon. Capable d’interagir avec l’homme, la machine – qui porte une tablette à laplace du ventre – saurait également recon-naître nos émotions. Destiné d’abord auxcommerces, Pepper pourrait devenir lecompagnon de vie de tout un chacun dès février prochain.

Hémisphères 6:Transgresser

Punir l’obsolescence programméeUne amende de 300’000 euros et jusqu’à2 ans de prison pour qui a volontairementet abusivement écourté la durée de vie d’unproduit: c’est ce qu’a voté l’Assemblée na-tionale en France en septembre dernier.Les députés ont approuvé cet amendementà la loi sur la transition énergétique afin delimiter le gaspillage et inciter les fabricantsà utiliser des composants de meilleure qua-lité dans leurs appareils. Mais commentfaire appliquer cette nouvelle règle? Les représentants de l’Assemblée qui considè-rent cette méthode comme une «tromperiecommerciale» ne le savent pas encore.

Le Street art défenduC’est une histoire révélatrice de paradoxes.Monsieur Chat, de son vrai nom ThomasVuille, est un artiste franco-suisse rendu célèbre pour les chats jaunes, au large sourire, qu’il peint sur les murs du mondeentier. D’abord poursuivi par la régie destransports parisiens (RATP) pour avoirsprayé la station de métro Le Châtelet àParis et sans autorisation, le street-artistede 37 ans a reçu des milliers de messagesde soutien de ses fans dont ceux de troismaires. La plainte a finalement été retirée.

Hémisphères 7:Nouvelles transparences

Connaître le loyer payé par sonprédécesseurSept cantons suisses dont Fribourg, Genève, Neuchâtel et Vaud appliquent déjàun système obligeant à communiquer leloyer du locataire précédent. Le Conseil fé-déral veut faire appliquer ce devoir de trans-parence à toute la Suisse et proposera unemodification du droit du bail dans le Codedes obligations en avril prochain. L’opérationvise une amélioration de la transparencedans le marché du logement locatif et à frei-ner la hausse des prix: la communication du loyer précédent devra être rendue aunouveau locataire au plus tard à la signature du contrat et son augmentation, justifiée.

Un Nobel pour l’imageriemoléculaireLe Nobel de chimie 2014 a récompensédeux Américains et un Allemand pour leurstravaux en microscopie de super-résolution.A l’aide de marqueurs fluorescents, lesscientifiques sont capables aujourd’hui de s’affranchir des limites de l’optique etd’observer des cellules vivantes complètesavec toujours plus de précision. Un outildéterminant pour les recherches en méde-cine: l’analyse de détails des tissus molé-culaires pourrait aider à la compréhensiondes mécanismes cellulaires à la base de lamémoire et du fonctionnement du cerveau.

Hémisphères volume V, paru en juin 2013.

Le restaurateur Christian Degrigny a développé un pinceau électrolytique pour redonner sa splendeur au trésor de Saint-Maurice.

ÉDITÉ PAR LA HAUTE ÉCOLE SPÉCIALISÉE DE SUISSE OCCIDENTALE HES-SO UNIVERSITY OF APPLIED SCIENCES AND ARTS WESTERN SWITZERLAND

Juin 2013

LA REVUE SUISSE DE LA RECHERCHE ET DE SES APPLICATIONS

HAUTE ÉCOLE SPÉCIALISÉE DE SUISSE OCCIDENTALE HES-SO UNIVERSITY OF APPLIED SCIENCES AND ARTS WESTERN SWITZERLAND

SAVOIRDÉCLOISONNER

LA REVUE SUISSE DE LA RECHERCHE ET DE SES APPLICATIONS

TRANSGRESSER

Hémisphères volume VI, paru en décembre 2013.

Hémisphères volume VII, paru en juin 2014.

En vente sur www.revuehemispheres.com

LA REVUE SUISSE DE LA RECHERCHE ET DE SES APPLICATIONS

HAUTE ÉCOLE SPÉCIALISÉE DE SUISSE OCCIDENTALE HES-SO UNIVERSITY OF APPLIED SCIENCES AND ARTS WESTERN SWITZERLAND

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NOUVELLES TRANSPARENCES

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6 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

NAVIGATION

NOUVEL ACCORD POUR LES CHERCHEURSSUISSES

Panneauxblancs pour énergie verteLa participation de la Suisse au

programme européen de re-cherche et d’innovation «Horizon2020» est renouvelée de manièrepartielle depuis l’automne 2014.La votation du 9 février 2014«contre l’immigration de masse»avait conduit à son arrêt net. Les chercheurs des universités et hautes écoles helvétiques peu-vent ainsi bénéficier du soutien financier du Conseil européen derecherche pour la partie intitulée«Excellent Science» réservée aux bourses scientifiques indivi-duelles. La Confédération sub-ventionnera quant à elle les futursprojets collaboratifs ne faisantpas partie de ce volet. www.sbfi.admin.ch

Le Centre suisse d’électronique etde microtechnique de Neuchâtel(ici Christophe Ballif, vice-présidentet Laure-Emmanuelle Perret-Aebi,cheffe de secteur) vient de mettreau point des panneaux solairesblancs, en réponse à une forte de-mande des milieux de la construc-tion. Ces panneaux pourront ainsis’intégrer discrètement aux bâti-ments tout en fournissant de l’élec-tricité. Jusqu’ici, les panneaux pho-tovoltaïques étaient bleu-noir pourmaximiser l’absorption des rayonssolaires, mais ils étaient souventdécriés pour leur aspect peu es-thétique. Les panneaux blancs coû-tent environ une fois et demie pluscher que les panneaux de couleurclassique et ont un rendement légè-rement inférieur. www.csem.ch

DR

UNE SMARTWATCH POUR LES SENIORS

Une équipe de chercheurs del’Université de Genève (Unige)vient de mettre au point une mon-tre connectée, équipée d’un sys-tème perfectionné de détectiondes chutes. L’appareil, destiné auxpersonnes âgées, handicapées ou à mobilité réduite, est capablede déterminer si la personne vientpar exemple de se mettre au lit ou s’il s’agit d’une chute. Dans cecas, la montre intelligente bapti-sée «F2D» pour «Fall DetectionService» pourra appeler directe-ment un proche, une centraled’alarme ou une ambulance. L’appareil donne également accèsà l’essentiel des applications dusystème Android. Seul hic, la bat-terie ne tient pour l’instant que 24 heures. tam.unige.ch

La version complète de la revue est en vente

sur le site www.revuehemispheres.com

DR

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 7

Le monde de la santé produit chaque jour uneimmense quantité de données médicales: unevéritable mine d’or pour les professionnels de la santé, pour autant qu’on arrive à mettre cesinformations en réseau. C’est à cela que se sont appliquées pendant quatre ans plusieurséquipes de la HES-SO en participant au projeteuropéen Khresmoi. Les 12 partenaires du pro-jet, coordonné par le professeur Henning Müllerde la HES-SO Valais Wallis, ont ainsi créé desbases de données d’images et de rapports mé-dicaux multilingues qui seront mis à la disposi-tion des utilisateurs en anglais grâce à la tra-duction automatique. Ce moteur de rechercheperfectionné permettra aux médecins d’établirplus rapidement des diagnostics précis. www.khresmoi.eu

Pour un meilleur diagnostic médical

LE CHIFFRE

70,5En pourcentage,le taux d’emploides personnesentre 55 et 64 ansen Suisse. Selonun rapport del’OCDE, la Suisseoccupe la cin-quième place despays où les per-sonnes de plus de55 ans travaillentle plus. L’Islandeet la Nouvelle-Zélande occupentle haut du classement. www.oecd.org

L’égalité hommes-femmes en... 2095Selon un rapport duForum économiquemondial (WEF) paruen octobre dernier, ilfaudra attendre l’an2095 pour que l’éga-lité entre hommes etfemmes soit atteintedans le monde, sur les plans économique,politique, éducatif etsanitaire. L’étude, quiporte sur 142 pays,souligne un écart toujours considérableentre hommes etfemmes dans la parti-cipation à la vie poli-tique et les perspec-tives économiques. www.weforum.org

Construire une école de musique pour favoriser le développement culturel et socialde l’une des plus grandes favelas de São Paulo au Brésil: c’est le projet de deux architectes de l’EPFZ. Ce bâtiment multifonctionnel – qui servira aussi de salle despectacle, de terrain de basket et d’école de ballet – aura pour but de donner desperspectives aux jeunes de Paraisópolis. Avec son système de terrasses dotées demurs de rétention, la construction sera également appelée à stabiliser le sol de la favela, sujet à des glissements de terrain. www.ethz.ch

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PLANÈTE

SALLE DE CINÉMA À LA CARTE

Une première pour les salles noireshelvétiques: depuis la mi-octobre,le site Gokino.ch permet de pro-grammer soi-même sa séance decinéma. Le concept: faire sa propo-sition de film sur le site, qui vérifieensuite que l’œuvre figure biendans sa base de données. Si oui,on peut alors fixer une date. Laséance n’aura toutefois lieu que siun nombre minimal de spectateursest réuni. Disponible dans unetrentaine de salles à Genève et àZurich, le concept devrait prochai-nement essaimer dans d’autresvilles suisses. www.gokino.ch

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sur le site www.revuehemispheres.com

Le «Grotao-Fabrica de Musica» au cœur d’une favela au Brésil

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8 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

Grisonnants et militants

Le militantisme des personnes âgées est peu étudié enSuisse. Un chercheur questionne l’influence des aînésdans notre société. Interview.TEXTE | Peggy Frey

Rester actif, valoriser un capital de compé-tences, protéger ses acquis, s’engager politiquement… Les retraités se manifestentrégulièrement dans l’espace public helvétiquepour défendre leurs intérêts et faire entendreleur voix. Depuis plusieurs décennies, des or-ganisations représentent par ailleurs cetteclasse d’âge. Par leur intermédiaire, les per-sonnes âgées prennent part aux débats et pèsent sur les politiques sociales qui lesconcernent, tant au niveau fédéral, cantonalque local.

Docteur en science politique et professeur à la Haute école de travail social et de la santé —EESP — Lausanne, Alexandre Lambelet tra-vaille sur les questions liées à la vieillesse et à la socialisation des personnes âgées. Dansson dernier ouvrage, «Des âgés en AG», lechercheur s’intéresse à la sociologie des orga-nisations de défense des retraités en Suisse.

POLITIQUE

Quels intérêts présente un travail de recherche sur les acteurs des organisationsde défense des retraités?Le sujet a été très peu étudié en Suisse. Sidans d’autres pays on connaît bien ces orga-nisations d’un point de vue législatif, politiqueou historique, personne n’avait vraiment prêtéattention aux motivations de leurs membres às’investir dans ces associations. Par mon tra-vail, j’essaie de comprendre le devenir de cesorganisations en Suisse et leur positionne-ment dans le débat politique, que ce soit autravers de leurs liens avec l’Etat ou par l’enga-gement de leurs membres. D’après les mé-dias et certains chercheurs, le vieillissementde la population donne un poids important àcette classe d’âge: elle se positionne dans les débats et souhaite peser sur les politiquessociales. Toutefois, les associations de retrai-tés ne sont pas les seules porteuses de cesquestions; certaines s’en détachent même.Les syndicats, les spécialistes des domainesmédicaux ou sociaux, sont aussi d’autresporte-parole de ce groupe.

Vous avez mené votre étude sur le terrain.Comment s’est déroulée l’enquête?Mon travail se base sur une étude faite dansles cantons de Vaud, du Valais et de Bâle-Villeentre 2005 et 2009. A partir d’archives etd’entretiens, je me suis intéressé plus particu-lièrement à l’Association des vieillards, inva-

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 9

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10 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

POLITIQUE Les retraités militants

lides et orphelins (Avivo) et à la Fédérationsuisse des retraités (FSR). Parmi d’autres as-sociations aux objectifs très variés, elles s’in-sèrent dans l’organisation faîtière qu’est laFédération des associations de retraités etd’entraide en Suisse (Fares) qui est elle-même associée avec une autre organisationfaîtière, l’Association suisse des aînés (ASA)au sein du Conseil suisse des aînés (CSA),créé en 2001. Cette structure nationale estl’organe de consultation des autorités fédé-rales pour toutes les questions touchant à lavieillesse. Au final, ce réseau d’organisationscompte quelque 200’000 membres retraités,soit 12% de la population des plus de 65 ans.

Vous dégagez trois grandes périodes dansl’histoire des relations entre l’Etat et les organisations de défense de retraités.Effectivement. Je parlerais plus volontiers de trois configurations. De 1917 à 1948, cesont des actifs qui mettent en place une poli-tique d’assistance. Elle est incarnée par ProSenectute, en attendant l’intervention de laConfédération sur les questions de vieillesseet la concrétisation d’une assurance-vieil-lesse, l’AVS, créée en 1948. Rapidement, Pro Senectute est devenue partie intégrantedu dispositif public d’aide à la vieillesse.

Cette période est suivie par un temps dedébat illustré par l’émergence et les combatsde l’Avivo (créée en 1948). Entre 1948 et1980 se discutent alors le niveau des rentesjugé insuffisant, le montant des prestationscomplémentaires et la transformation de cette assurance dans les années 1970.

Enfin, les porte-parole des personnes âgéesluttent pour leur participation aux prises de décisions politiques depuis 1980. Dans lesgrands débats sur la vieillesse, les retraités ne veulent pas être auditeurs, mais acteurs etavoir une parole égale à celle des institutions.La Fédération suisse des retraités (1984) etles organisations faîtières évoquées précé-demment apparaissent dans ce contexte. Ellesincarnent, plus spécifiquement, une redéfini-tion par les retraités eux-mêmes de ce que doit

être leur place dans la société. Et l’Avivo s’en-gage désormais aussi dans cette thématique.Financièrement, ces organisations dépendentlargement des subventions de l’Etat.

Comment s’inscrit l’acteur-retraité dans ce dispositif?Il fait partie d’un groupe dont le point communest d’être retraité. Mon étude s’attelle à comprendre comment des retraités engagésdans la vie de leur organisation travaillent àfaire vivre leur collectif et s’efforcent d’exister dans l’espace politique. L’importance de ces groupes vient du fait que chacun de nous y appartiendra.

Pris individuellement, l’engagement des mem-bres varie et dépend de ce que chacun vientchercher ou apporter au groupe. Si certainsvont juste participer à la fête de Noël de leurassociation, d’autres sont très impliqués. Lesmembres de ces organisations ont souventconnu des engagements antérieurs et se ser-vent de leur réseau passé pour se positionnerau sein des organisations de retraités.

On peut ainsi établir une corrélation entre l’engagement de la personne active,puis du retraité?L’engagement du retraité s’inscrit souventdans la continuité de celui pris lorsqu’il étaitactif. Dès lors, devenir membre d’une organi-sation de défense de retraités apparaîtcomme un moyen de poursuivre différentesactions, qu’elles soient politiques, associa-tives, professionnelles ou bénévoles. Un mili-tant politique défendra souvent les mêmescauses une fois retraité. La seule différencepeut être un changement de groupe: des organisations qui représentent la catégoriedes actifs, ils passent à celles rassemblant les retraités et «laissent la place aux jeunes».

La possibilité d’accéder ou de se maintenir àdes postes électifs, d’y trouver de l’estime oudu prestige, peut être un autre facteur d’enga-gement. Quand bon nombre d’organisations –partis et syndicats surtout – contraignentleurs membres à se retirer lors du passage

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 11

à la retraite, un nouvel engagement vers d’au-tres associations, légitimes par rapport à leurâge, devient le lieu d’un possible réinvestisse-ment. Dans ce sens, d’anciens conseillers na-tionaux occupent des fonctions importantesdans les organisations de défense de retrai-tés. Pour les partis, il est important aussi d’yêtre représenté et de pouvoir, dans une cer-taine mesure, les influencer.

Peut-on tirer un portrait-type du «retraitéengagé»?Je dirais plutôt qu’il est possible de définir des formes d’engagement. A partir de mesentretiens et recherches, j’en dénombre cinq.Dans la continuité de sa vie professionnelle, le retraité-expert-engagé cherche, en intégrantun groupe proche de ses activités passées, à valoriser des compétences antérieures, ac-quises surtout dans son travail. L’engagementdu militant-retraité correspond davantage auprofil de l’acteur social déjà impliqué politi-quement ou syndicalement tout au long de sa vie. Sans discontinuité, il maintient ses engagements en terrain connu.

Une autre forme d’implication relève aussi dumilitantisme: lorsqu’ils prennent leur retraite,certains seniors font le choix de s’engagerpour la défense des personnes âgées, au mo-ment où ils se sentent concernés par les pro-blèmes de cette classe d’âge. Par peur devieillir, d’autres font le choix d’être bénévoles,de donner pour exister et prouvent ainsi qu’ilsrestent autonomes. Ils se targuent d’apparte-nir au troisième âge et non au quatrième quirime avec dépendance. Ces personnes-làveulent rester dans un système d’échangeavec les actifs et repoussent au maximum leur entrée dans le groupe des receveurs.Enfin, être membre d’une organisation peutsimplement être synonyme de sociabilité.Pour bien vivre leur retraite et occuper leurtemps, certains seniors participent à des activités de loisir, sans aucun militantisme.

Les retraités-militants ont-ils un avis surceux qui ne le sont pas?Tout dépend de la façon dont les non-engagés

vivent leur retraite. Certains seniors ne ressen-tent pas le besoin ni l’envie d’appartenir à ungroupe. Si l’image du retraité actif, qui vit dansson temps sans dire «de notre temps» est po-sitive, celui du désœuvré qui traîne au bistro et s’ennuie, repousse. Avec une pointe de mé-chanceté, ceux qui vivent mal leur retraite sontbaptisés les «Tamalou», contraction de «T’asmal où?»: ces seniors-là se plaignent tout letemps et représentent la figure du retraité enretrait. Les organisations permettent ainsi auxpersonnes âgées de garder une place dans la société et apparaissent comme un frein important à leur désocialisation.

Au final, peut-on parler de lobby gris?Les retraités organisés en associations de dé-fense d’intérêt, lorsqu’ils réclament une prisede parole en tant que groupe particulier vis-à-vis des autorités, posent problème à bon nom-bre d’auteurs. Toute littérature réfléchissantaux politiques publiques liées à la vieillesse débute par le rappel de l’augmentation de laproportion de personnes âgées dans nos sociétés, par des questionnements sur le supposé «conservatisme» de ces personnesâgées et sur les entraves qu’elles pourraientreprésenter dans le cadre de réformes del’Etat social.

On évoque le risque de guerre des généra-tions et différentes solutions sont avancéespour tenter de remédier au poids politique que ce groupe risque de représenter dans un avenir proche. Ouvrir la boîte noire que sont ces organisations de retraités, observerconcrètement ce qui s’y fait, ce qui s’y défend,mais également la trajectoire des individus enleur sein, montre combien cette crainte d’unesimple défense corporatiste par des per-sonnes âgées de leurs intérêts de retraités est réductrice, pour ne pas dire erronée.

RéférencesAlexandre Lambelet, «Les âgés en AG, sociologie desorganisations de défense des retraités en Suisse»,Lausanne, Antipodes, coll. «Le livre politique —Crapul», 2014, 320 p.

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12 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

La schizophrénie à l’échelledes neurones

Les progrès récents des neurosciences et de l’imagerie médicale ont permis de mieux comprendre cette pathologie, longtemps demeurée parent pauvre de la recherche médicale. Un nouvel espoir pour les patients?TEXTE | Stéphany Gardier

SANTÉ

De «Vol au-dessus d’un nid decoucou» à «Fight Club», la schizo-phrénie a de nombreuses foisjoué les premiers rôles au cinéma,témoignant de la fascinationqu’exerce ce trouble psychotiqueauprès du grand public. Et ce,plus d’un siècle après sa premièredescription par le psychiatre zuri-chois Eugen Bleuler. Mais ce quele septième art raconte de la mala-die – qui toucherait 24 millions depersonnes dans le monde – estsouvent bien éloigné de la réalitéet concourt à alimenter de nom-breux lieux communs.

Alors que peu de personnesconnaissent réellement les symp-tômes caractéristiques de la mala-die, le terme de schizophrénie estpourtant entré dans le langagecourant, souvent pour désignerune double personnalité, ou desattitudes et propos contradic-

toires. Or il s’agit d’une confusionflagrante, le terme de schizophré-nie signifiant littéralement «espritfendu». «Les personnes schizo-phrènes souffrent d’une dissocia-tion de l’esprit mais pas d’unepersonnalité double, commenteStéphane Jamain, chercheur ausein de l’unité Inserm de psychia-trie génétique du groupe hospita-lier Chenevier-Mondor à Paris. Le sens commun qui est en traind’émerger correspond en fait plu-tôt aux troubles de la personnalitémultiple.»

Affectant environ 1% de la popu-lation générale, la schizophrénieconstitue un réel problème desanté publique, car l’impact sur laqualité de vie des patients est ma-jeur: seul un malade sur cinq se-rait en mesure d’avoir une activitéprofessionnelle. Connue depuislongtemps, la maladie ne fait pour-

tant pas l’objet d’innovations thé-rapeutiques. «La prise en chargemédicamenteuse a très peu évolué depuis cinquante ans,constate Stéphane Jamain. Lesneuroleptiques restent les médi-caments les plus efficaces. Leseul progrès a consisté en unenouvelle génération de molécules,qui présentent un peu moins d’ef-fets secondaires, et que l’on ap-pelle antipsychotiques atypiques.Mais on peut avoir le sentimentque l’industrie pharmaceutiques’est désengagée.»

De nouvelles pistes thérapeu-tiques pourraient cependantémerger grâce aux avancées per-mises par les neurosciences cesvingt dernières années dans lacompréhension des mécanismesbiologiques impliqués dans la maladie. «Le premier apport des(suite en page 14)

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 13

BERT

RAND

REY

TROIS QUESTIONS À KRZYSZTOF SKUZAProfesseur à l’HESAV-Haute Ecole de Santé Vaud

La prise en charge des maladiestelles que la schizophrénie est long-temps restée l’apanage de la psy-chiatrie. Comment les recherchesmenées par les neurobiologistesdans ce domaine sont-elles perçues?La psychiatrie a longtemps été à la foisbien seule et du même coup hégémo-nique dans le traitement de ces mala-dies. Les neurosciences des troublesmentaux se sont développées dans les années 1980, à un moment où lapsychiatrie, particulièrement psychody-namique, était remise en cause, notam-ment en raison de certains abusinstitutionnels. En tant que scientifique,il est intéressant de voir que d’autreschamps disciplinaires s’intéressent désormais à ces maladies, ce qui peutavoir des effets positifs pour la psychia-trie, qui doit se réinventer. Mais il y aaussi chez les psychiatres une craintelégitime d’un certain positivisme de la biomédecine, parfois réductrice par rapport à la clinique psychiatrique. De plus, les cliniciens attendent de ces recherches qu’elles apportent unbénéfice pour le patient. Or, pour le moment, ce n’est malheureusement pas souvent le cas.

Les connaissances apportées parles recherches expérimentales enneurosciences n’ont pas encorepermis de mettre au point de nou-veaux traitements. Ont-elles néan-moins modifié certaines pratiquesen psychiatrie clinique? Plus que les neurosciences elles-mêmes, c’est la démarche scientifiquequi, en s’imposant comme la référenceabsolue, a fait bouger certaines lignesdans les pratiques de psychiatrie. Mais pas toujours dans le bon sens. Le progrès et la rigueur scientifique des preuves sont nécessaires, ils nedoivent cependant pas empêcher lapsychiatrie de puiser dans son passé.Or, aujourd’hui, certaines pratiques quiont fait leurs preuves dans la clinique,

et ce pendant plusieurs décennies, sont dénigrées car elles ne sont pas«validées scientifiquement». Il est bienentendu légitime de justifier de l’effica-cité d’une méthode quand le coût decelle-ci est assumé par la collectivité.Mais il faut éviter que la seule validationreconnue par les autorités ne soit la publication d’une étude randomisée endouble aveugle, car cela prétériteraitd’emblée tout traitement non médica-menteux. Il y a donc un parti pris aujourd’hui du «tout scientifique» au détriment de l’expérience clinique qui peut s’avérer délétère pour les patients, en diminuant l’offre de soins.

Vous dites que «la psychiatrie atout à gagner à laisser le cerveauaux neurobiologistes, et à se réap-proprier le corps». Pensez-vous que le corps soit le grand oubliédans la prise en charge des trou-bles psychiatriques?La psychiatrie a «fétichisé» la parole eten paie peut-être le prix. L’intégrationpsycho-corporelle est d’une grande im-portance, surtout pour des maladies oùle patient a un rapport très perturbé àl’être et donc à son corps, comme c’estle cas dans la schizophrénie. Pourtant,des approches qui ont fait leurspreuves en clinique existent. C’est le

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cas de la technique de l’enveloppementhumide, ou pack, que l’on propose auxpatients adultes volontaires. Le packn’est pas un traitement de la schizo-phrénie mais un soin médico-infirmierqui peut aider le patient à gérerl’anxiété liée à sa maladie. C’est aussiun moyen pour lui de réintégrer soncorps. Durant les séances, deux soi-gnants restent auprès du patient etsont disponibles pour parler ou simple-ment partager le silence, créant uncadre rassurant. Le pack fait partie deces méthodes anciennes qui perdentdu terrain du fait de leur statut empi-rique. Or, la pratique clinique montreque les packs sont bénéfiques pourcertains patients. Nous l’avons d’ailleursmontré dans une recherche exploratoireet poursuivrons nos investigations dansle cadre d’un essai clinique.

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symptômes se produisent habi-tuellement à l’adolescence, maisla maladie commencerait bienavant, dans l’enfance, lorsquedans le cerveau se mettent enplace les réseaux de connexionsnerveuses.

Depuis 2009, de grand progrèsont été faits dans la compréhen-sion des bases génétiques de laschizophrénie. «L’amélioration destechniques de séquençage à hautdébit d’une part et le regroupe-ment de centres de recherches enconsortium a donné une nouvelleenvergure aux études sur le gé-nome, indique Stéphane Jamain.Ces travaux ont permis d’identifierdes régions de l’ADN liées à lamaladie où les patients schizo-phrènes présentent des variationsgénétiques plus fréquemment queles personnes saines. Nous por-tons tous certaines de ces va-riantes génétiques, mais c’est leuraccumulation et aussi certainescombinaisons qui en feraient desfacteurs de vulnérabilité chez lespersonnes malades.»

La plupart des facteurs de risqueenvironnementaux pouvant favori-ser le déclenchement de la schi-zophrénie sont peu spécifiques.S’y retrouvent notamment descomplications de la grossesse(telles que l’hypoxie, la prééclamp-sie, ou des infections survenues

14 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

SANTÉ La schizophrénie à l’échelle des neurones

neurosciences a sans nul douteété de montrer que la schizophré-nie est une neuropathologie, c’està dire qu’il y a un substrat biolo-gique aux troubles que présententles patients», explique la profes-seure Kim Q. Do, neurobiologisteà la tête du Centre des neuros-ciences psychiatriques de l’hôpitaluniversitaire de Lausanne. Elle acréé cette unité de recherche en1998 avec la volonté de faire lepont entre la recherche fonda-mentale et la psychiatrie clinique.«Nous travaillons main dans lamain avec les médecins du ser-vice de psychiatrie du CHUV»,souligne la neurobiologiste.

Pendant longtemps les seulesdonnées disponibles concernantle cerveau des personnes schizo-phrènes provenaient de dissec-tions post-mortem. «Personne nevoyait alors de lésions qui auraientpu expliquer la maladie, raconteKim Q. Do. Ce sont les importantsprogrès techniques, notammenten microscopie électronique et enimagerie médicale, qui ont permisde mettre en évidence des diffé-rences structurales entre un cer-veau sain et celui d’un patientschizophrène.» On sait aujourd’huiqu’en cas de schizophrénie, lacouche corticale du cerveau peuts’amincir. La matière blanche cé-rébrale, qui contient les réseauxde fibres assurant les connexionsentre les différentes régions ducerveau, est également touchée.

«Aujourd’hui tout le monde estd’accord pour dire que la schizo-phrénie est une maladie neurodé-veloppementale complexe danslaquelle interagissent des facteursgénétiques et environnementaux»,souligne Kim Do. Les premiers

«Il est actuellementimpossible d’agir surles aspects génétiquesde la maladie.»KIM Q.DO, Neurobiologiste, directeur du Centredes neurosciences psychiatriques del’Hôpital universitaire de Lausanne.

dans les deux derniers trimestres).En cause également: des trauma-tismes physiques ou psychiquesimportants, vécus durant l’en-fance.

«Comme il est actuellement im-possible d’agir sur les aspects gé-nétiques de la maladie, il estimportant de travailler sur unemeilleure compréhension des fac-teurs environnementaux, dont cer-tains peuvent être, dans unecertaine mesure, contrôlés»,ajoute Kim Q. Do. Son équipe derecherche explore depuis plu-sieurs années la voie du stressoxydant. «Chez les patients schi-zophrènes il y a une perturbationde l’équilibre dit «redox», expliquela neurobiologiste. Nous avonstoutefois pu récemment montrerdans un modèle animal de schizo-phrénie que l’apport pendant lapériode de maturation du cerveaud’une molécule anti-oxydante quefabrique notre organisme– le glu-tathion- permet de prévenir le dé-veloppement de la maladie.» Lascientifique participe également àdes études qui visent à validercette hypothèse chez des jeunesà risque, dans l’idée toujoursd’avancer de front sur le versantexpérimental et clinique: «Nousespérons trouver des marqueursbiologiques qui permettraient unedétection précoce de ces enfantsà risque et améliorer notre com-préhension des mécanismes bio-logiques, pour ouvrir la voie à denouvelles approches thérapeu-tiques et préventives.»

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 15

INNOVATION

A la croisée de la musique et de la science

La musique et la science, séparées un tempspar l’Histoire, s’allient aujourd’hui pour expli-quer et soigner. En Suisse romande, plusieursprojets innovants utilisent la musique commevecteur de recherche scientifique.TEXTE | Jade Albasini

La science et la musique ne faisaient qu’un durant l’Antiquité. Lorsque Galilée a établi leslois sur la dynamique céleste, il s’est inspiré du tempo d’une mélodie monastique. Quant au philosophe Pythagore, il a été le premier àdévelopper la théorie des mathématiques musi-cales, pour mettre en évidence le lien étroitentre notes et nombres. Les grands savants del’époque pensaient que lors de chaque décou-verte scientifique, l’intuition jouait un rôle es-sentiel, qui pouvait être inspiré par la musique.

Après s’être rompue au Moyen-Age, l’allianceentre les sciences humaines et exactes renaît,dans le courant du XXIe siècle, afin de stimu-ler divers champs de recherche dont l’informa-tique, les travaux sur l’intelligence artificielle, labiologie ou la médecine. La pratique de la mu-

A l’image deGalilée, homme desciences italien duXVIIe siècle connupour ses travauxen astronomie, de nombreuxpenseurs etscientifiques sesont inspirés des paramètresmusicaux dansleurs recherches.

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16 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2012

INNOVATION A la croisée de la musique et de la science

sicothérapie, soit l’utilisation des vertus descompositions musicales à des fins thérapeu-tiques, s’est démocratisée aussi bien dans leshôpitaux que dans les écoles. «Les bienfaitsde la musique vont du plus simple plaisird’écoute à celui de jouer, explique Serge Ventura, directeur de l’Ecole romande de musi-cothérapie à Genève. L’avantage est que lesmélodies ne laissent pas le temps aux êtreshumains de mettre en place un mécanisme de défense.» Plus concrètement, elles auraientun impact direct sur nos organes, notre rythmecardiaque mais également sur nos humeurs.

La musique influence donc notre bien-êtremais elle permet aussi de mieux comprendrecertains mécanismes physiques ou biolo-giques. En avril dernier, la deuxième édition du Festival Musiques et Sciences, un projetcollaboratif entre l’Université de Genève et laHaute Ecole de Musique de Genève, en par-tenariat avec le Grand Théâtre de la cité deCalvin, avait pour thème «Composer le geste».Les conférences, ateliers et performances re-traçaient l’expressivité gestuelle et sa compo-sante émotionnelle.

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REY

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 17

Aujourd’hui, de plus en plus de chercheurs etd’artistes coopèrent sur différents projets in-terdisciplinaires. De cette association parfoisinsolite naissent des concepts très innovants.Rien qu’en Suisse, des recherches-actions etétudes hybrides plutôt créatives ont éclos cesdernières années.

Une porte musicale apaisanteImaginez la porte d’une chambre d’isolementdans un hôpital qui propose des extraits musi-caux aux patients en psychiatrie aiguë. Ils l’ef-fleurent, à l’image d’un écran tactile, et un

vaste choix du répertoire classique mais aussides sons plus jazzy réveillent leurs oreilles.Apaisante, divertissante et cathartique, la musique leur offre une nouvelle liberté, uneéchappatoire mais aussi un retour à une certaine autonomie. Ce dispositif innovantd’écoute musicale a un nom: «Amenhotep».

Testé pendant dix-huit mois, ce projet trans-disciplinaire a été lancé sous l’impulsion ducorps soignant du Centre psychiatrique duNord vaudois (CPNV) en 2012. Avec ungroupe de chercheurs issus de différentesécoles de la HES-SO*, ils ont repensé la pra-tique du soin intensif de quatre patients, en y ajoutant de la musique. «Les malades onttoujours eu accès à la radio et à du contenumusical pour les occuper mais là, nous noussommes interrogés sur le sens de cette acti-vité et sur son impact cognitif», explique AlexiaStantzos, infirmière clinicienne et professeureHES-SO.

Quels que soient leurs troubles, les patientsen chambre d’isolement avaient accès à desextraits musicaux munis d’une fiche explica-tive. «Il a fallu penser à la sécurité de nos sujets qui souffrent parfois de maux graves. Les fils, par exemple, devaient impérativementdisparaître. Les capteurs ont été placés à l’extérieur pour éviter d’ajouter un stress supplémentaire.» Innovante, la porte musicale

Alexia Stantzos estinfirmière clinicienne etprofesseure HES-SO. Elle a participé à l’élaboration du dispositif musical«Amenhotep» pour lespatients en chambre desoins intensifs. Un conceptné de quatre hautes écolesde la HES-SO dans lecanton de Vaud.

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18 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

proposait des morceaux selon certaines catégories émotionnelles comme la tension, la colère ou la joie. «Il n’y a aucun extrait avec du chant, car les paroles peuvent êtretrès perturbantes pour certains malades», précise l’infirmière de l’Hôpital d’Yverdon.

Et les résultats étaient frappants, tant la mu-sique provoquait une palette de réactions auprès de ces personnes. Les patients replongeaient dans leurs souvenirs et les partageaient avec l’infirmière responsable,améliorant ainsi la relation patient/soignant.«Les notes les renvoyaient jusqu’en enfance.Un des malades a, par exemple, été très émupar une musique aux tonalités norvégiennes,son pays d’origine.» Les mélodies en généralles apaisaient. Sauf pour l’un d’entre eux qui aexplicitement demandé d’interrompre l’écouteface à un trop-plein d’émotions négatives etmélancoliques. «Nous ne faisions pas de la mu-sicothérapie traditionnelle mais simplement del’écoute musicale pour engager de nouvellesinteractions. Cela sonne un peu «new age»mais la musique touche autrement.» A moyenterme, toutes les portes de l’Hôpital d’Yverdondevraient être munies de ce dispositif.

Bien-être en musique et mouvementUne autre étude récente associant la musiqueet la médecine a été menée par un groupe de travail genevois, coordonné par Lara Allet,professeure à la Haute école de santé Ge-nève (HEdS-GE) en physiothérapie. Ils ontmis en lumière les bienfaits de la danse et dela musique pour la motricité et la posture despersonnes en surpoids: «Bouger leur permetde reprendre contact avec leur corps. Cetteapproche ne vise pas l’effort physique intensemais les aide à comprendre comment leur silhouette se mue dans l’espace. Ils doiventse la réapproprier.»

En danse-thérapie, il existe plusieurs types de séances, mais la plupart mêlent musiqueau sens classique du terme et musique inté-rieure. «Les mélodies jouent un rôle importantpendant l’échauffement, car elles entraînent lepatient et lui permettent de lâcher prise, sou-

ligne Solange Müller-Pinget, danse-théra-peute depuis 1982. Mais pour créer une rup-ture, les sessions sont aussi libres de toutesnotes, afin de laisser les danseurs à l’écoutede leur propre tempo comme les battementsde leur cœur.»

Pendant une année, l’équipe de recherche asuivi plusieurs patients sur 16 séances. Lesrésultats confirmaient leurs présuppositions:la danse-thérapie a une influence bénéfiquesur les patients obèses et sur leur bien-être.Le groupe qui a suivi le coaching a nettementprogressé sur sa qualité de marche par exem-ple. «Nous sommes encore en train d’analyserles données mais nous allons publier les chif-fres définitifs durant le courant de l’année.Premier constat toutefois, cette thérapie sé-

INNOVATION A la croisée de la musique et de la science

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 19

duit particulièrement les femmes», clarifie Lara Allet. L’objectif, après la publication del’article scientifique, serait que les soins soientremboursés par les caisses maladie. «La mu-sique et la danse sont de réels soutiens auquotidien et dépassent leur statut purementartistique pour devenir de véritables vecteurspour la santé», conclut l’art-thérapeute. Cesquelques projets originaux prouvent chacun à leur manière que la musique a de nom-breuses vertus scientifiques: elle explique,soigne et inspire.

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Une musicienne d’«El Sistema», le célèbreprogramme d’éducationmusicale vénézuélien, joueune mélodie classique à laharpe aux côtés d’un bébéprématuré à la maternitéd’un Hôpital de Caracas.

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*L’HESAV-Haute Ecole de Santé Vaud, l’Institut et Haute Ecole de la Santé- La Source Lausanne(HEdS-La Source), la Haute Ecole de Musique deLausanne (HEMU) et la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD).

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20 HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014

CRÉATION

Mathieu Lehanneur, le design avec le discours

En inventant des objets thérapeutiques ouécologiques, il est devenu l’un des designers les plus en vue du moment. Rencontre entredeux faux rochers inspirés de la vallée de Joux.PROPOS RECUEILLIS | Pierre GrosjeanPHOTO | Felipe Ribon

HÉMISPHÈRES Votre dernière réalisation s’intitule«Demain est un autre jour». Quelle est sonhistoire?MATHIEU LEHANNEURLe directeur d’un hôpital spécia-lisé dans les soins palliatifs m’avait contactépour me demander de réaliser un objet quipourrait être installé dans toutes les chambres.Je lui ai conçu un système avec un écran qui diffuse en permanence ce que sera le cieldu lendemain. Le système récupère les infosmétéo sur Internet et affiche sur l’écran le cieltel qu’il sera demain, de façon presque impres-sionniste. Cela peut être le ciel de Paris ou den’importe quel autre endroit sur la Terre. Lespatients de cet hôpital savent qu’ils vont bien-tôt vivre le seul jour de leur vie qui n’aura pasde lendemain. Cet écran les met dans une si-tuation méditative qui amène un potentiel futur.Cela peut donner lieu à des situations éton-nantes. Je l’ai vécu d’une façon très concrète

Mathieu Lehanneur sait parler de son métier. A chaque fois qu’il est appelé à le faire, il im-provise un «pitch» sur mesure pour résumer ledéfi qu’il avait à résoudre, ses tâtonnements etses solutions, sans oublier une anecdote amu-sante et les références aux grandes valeurs(environnement, santé, émotion, etc.) qui gui-dent son travail. Son talent verbal en fait uncandidat idéal pour les interviews. Il reconnaîtd’ailleurs que «la story» est au centre de sonapproche de designer: «Je me méfie de lamain. Elle ne dessine que ce qu’elle sait dessi-ner. Un bon projet doit pouvoir être porté parles mots», dit-il, assis sur le stand AudemarsPiguet qu’il a imaginé pour la foire Art BaselHong Kong, entre deux rochers de la vallée deJoux recréés à l’identique. «La narration n’estpas un élément que j’ajoute au projet aprèscoup, insiste-t-il. Elle est au cœur du proces-sus, c’est elle qui dessine le projet.»

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en parlant avec une patiente, une femmed’Afrique de l’Ouest, qui demandait à l’appareilde lui présenter chaque jour le ciel d’un en-droit différent. Elle nous a dit ensuite qu’ellepouvait avec ce système le suivre dans sesvoyages…

Comment avez-vous inventé votre fameuxpurificateur végétal?J’avais appris que les plantes ont la capacitéde filtrer l’air pollué – ce sont d’ailleurs leurs racines, et non pas leurs feuilles comme onpourrait le croire, qui effectuent ce travail. Les scientifiques de la Nasa s’en sont inspirépour développer des systèmes déstinés auxastronautes. Je me suis dit: «Si ça marchedans une navette spatiale, pourquoi pas chezmoi?» Nous avons donc créé un premier pro-totype de purificateur domestique avec plante.Et quand nous l’avons présenté dans une ex-

position, j’ai reçu une multitude d’e-mails de lapart de consommateurs potentiels. Je l’avaisimaginé comme un objet futuriste mais cen’était pas vrai: les gens le voulaient chez eux,maintenant. Nous avons dû travailler pendantdeux ans pour faire baisser son prix de 15’000euros à 150 euros. Avec cet objet, qui a béné-ficié d’une bonne distribution et s’est très bienvendu, nous avons utilisé la nature non pascomme un fantasme romantique ou une belledécoration: nous sommes allés puiser dans cequ’elle a de mieux à offrir en termes de proces-sus utile. Et nous en avons fait un produit quifonctionne et qui est aussi simple qu’une tablebasse. La simplicité est une valeur centrale.

Comment développez-vous cette simplicité?Les ingénieurs voulaient ajouter des capteursà l’appareil mais je leur ai dit «noooon, surtoutpas!» Les ingénieurs veulent toujours ajouter

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CRÉATION Mathieu Lehanneur, le design avec le discours

Mathieu Lehanneur, 40 ans,a connu le succès très tôt.A l’issue de ses études dedesigner à l’Ensci (Ecolenationale supérieure decréation industrielle), unprojet sur l’ergonomie desmédicaments lui a valu une

présence dans la collectionpermanente du MoMA. Par la suite, il a notammenttravaillé pour les marquesCartier, Nike, le CentrePompidou. Il a été invité àparticiper à la conférenceTEDGlobal en 2009.

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ANNE

DEN

IAU

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HÉMISPHÈRES BULLETIN DÉCEMBRE 2014 23

en direct ce qui se passe et où part l’énergie. Il ne le découvre pas trois mois plus tard en re-cevant une facture exorbitante. Une personnepeut croire que son réfrigérateur consommedavantage que son fer à repasser. Avec cesystème, elle se rend compte que c’est lecontraire: le fer à repasser consomme dix foisplus. Nous rendons tout cela absolument lisi-ble et concret. Celui qui est économe peut voiren euros où part son argent. Celui qui est plusmotivé par son empreinte écologique va dé-couvrir sa consommation en kilowatt/heure.D’un seul coup, le consommateur fait partie du système et ce flux électrique, évidemmentinvisible et immatériel, devient concret. Nousrendons tout cela transparent.

Quel a été votre rôle de designer dans ce projet?Je suis intervenu très tôt. Les cartes électro-niques étaient prêtes, mais pas les appareils.Nous avons développé un pack avec un oudeux éléments qui peuvent être installés parl’utilisateur final et qui vont le faire entrer dansle système, en le rendant plus conscient de saconsommation. Mais comment faire compren-dre cette fonction? Comment créer un lan-gage qui passe par des formes, des élémentssymboliques, et qui rende ces éléments unpeu plus lisibles? C’était le défi. L’idée estvenue de créer une sorte de langage énergé-tique, en s’inspirant des hiéroglyphes égyp-tiens. Nous avons développé cette famille«Wiser», c’est son nom, comme un alphabetqui sera appelé à se compléter au fil du temps.Les phrases composées de quelques motsvont devenir de plus en plus élaborées. Avec,pour but ultime, de faire réduire la consomma-tion électrique.

des fonctions. Et c’est au designer de direstop. Un grille-pain qui ferait aussi cendrier?Ce serait imaginable mais cela n’aurait aucunsens. Je passe cinq à dix minutes par jour àréfléchir à mes projets, à leur vraie fonction.Un peu comme un Kasparov qui s’apprête àjouer un coup sur l’échiquier. Cela permetaux projets de mûrir en évitant les faussespistes. Regardez ce qui s’est passé avec cesmontres des années 1970 auxquelles on avaitajouté une fonction de calculatrice: personneou presque ne les a utilisées et la calculatriceest restée un objet séparé. Et puis elle est ré-apparue ailleurs, comme une fonction du télé-phone mobile.

Aujourd’hui, c’est l’ensemble des fonctionsdu téléphone qu’on veut intégrer dans unemontre… Pendant ce temps, vous créez des montres qu’on accroche à la ceinture. J’ai l’impression qu’avec les montres au poi-gnet, on a un rapport presque menotté autemps. C’est pour cela que nous avons créé la «Take Time» pour Lexon: je me suis inspirédes montres gousset, mais aussi des chape-lets qu’on égrène. On peut jouer avec elle en la faisant glisser entre ses doigts. Le faitd’avoir un objet entre les mains aide à réfléchir,à se concentrer. On peut aussi associer cela à la créativité.

Comment en êtes-vous venu à travailler sur un système de gestion de l’électricitépour Schneider Electric?Schneider Electric est un acteur majeur de la gestion de l’énergie et des réseaux maisjusqu’à présent, ils ne s’occupaient pas direc-tement du client final. Ils n’entraient pas dansles maisons. Avec eux, l’idée a été de dévelop-per un système pour permettre à chacun degérer la consommation de ses appareils élec-triques en évitant le gaspillage. Cela n’a rien à voir avec ces systèmes de domotique à laBig Brother qu’on nous annonce depuis desannées. Nous avons pris le parti de ne pascentraliser l’intelligence mais au contraire de la distribuer à travers différents capteurs quivont mesurer en temps réel la consommationde l’habitat, des radiateurs, de l’eau chaude, et communiquer entre eux. L’utilisateur voit

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Sept étages et 9’000 m² de bois et de verreimbriqués au millimètre près: le siège dugroupe Tamedia, conçu par l’architecte japo-nais Shigeru Ban, est sorti de terre en 2013.Défi architectural remarquable, le bâtiment zurichois est l’un des témoignages les plusmarquants d’une tendance qui irrigue l’ensem-ble du secteur de la construction: le retourdes matériaux naturels. Et si le plus grand bâtiment en bois du monde est suisse, cen’est pas par hasard.

«La hausse de la demande est très sensibledepuis quelques années, particulièrementpour le bois. Les autres matériaux restent plus rarement employés, du moins pour laconstruction des structures porteuses», témoigne Paola Tasolini, architecte et ensei-gnante à la Haute école du paysage, d’ingé-nierie et d’architecture de Genève – hepia,l’une des six écoles de la Haute école spécia-lisée de Suisse occidentale. A en croire l’as-sociation Lignum, qui réunit les professionnelsde l’industrie du bois, ce retour en grâce datedes années 1980, et l’année 2012 a enregis-

Construction: le naturel revienten force

Esthétiques, pratiques, écologiques:les matériaux naturels sont de plus en plus utilisés dans le secteur de la construction suisse. Retour sur unetendance durable, dans tous les sens du terme.TEXTE | Jean-Christophe PiotPHOTO | Véronique Bottéron

ARCHITECTURE

tré un boom général en Suisse. Et la tendanceest plus large: «L’ensemble des matériaux na-turels sont de plus en plus utilisés, que ce soitpour la structure des bâtiments elle-même oupour l’isolation, le revêtement, les enduits…»,explique Stefano Zerbi, architecte à l’hepia. Et la liste est longue: chanvre, brique, laine de bois, laine de mouton, ouate de cellulose,paille, chaume… Ou l’argile, utilisée de façonspectaculaire dans la halle industrielle de l’en-treprise Ricola, à Laufon. Autant de matériauxsouvent combinés, d’autant qu’il est possiblede les assembler en amont de la constructionproprement dite en insérant notamment lescouches d’isolants dans des éléments en bois préfabriqués.

Cercle vertueuxComment expliquer cette vogue du retour au naturel? Par un faisceau de facteursconcordants, décryptent les deux architectes.D’ordre écologique d’abord: au-delà del’esthétique très appréciée de ces matériaux,«il existe une prise de conscience générale du caractère limité de certaines ressources,

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particulièrement en Suisse», estime PaolaTosolini. Matériau vivant, le bois est unematière renouvelable là où le béton commel’acier sont produits sur la base de minerais et de matières premières limités. Mieux: si l’on compare les processus de fabrication, les émissions de CO² pour le bois sontinférieures à celles pour le métal (d’un tiers) et le béton (de moitié). «Pour les clients auxexigences élevées en matière d’écologie, lebois est un incontournable, estime StefanoZerbi: La quantité d’énergie grise consomméepar ces matériaux au cours de leur vie, de la production au recyclage en passant par le transport ou l’entretien, est bien moindreque pour d’autres produits.»

Chercheurs à l’hepia, PaolaTosolini et Stefano Zerbiexpliquent le retour dunaturel dans l’architectureen particulier par une prisede conscience du caractèrelimité des ressourcesutilisées habituellementdans la construction.

Les progrès techniques ont également joué leur rôle: l’informatique a ouvert denouvelles perspectives aux architectescomme aux entreprises spécialisées: dessinet conceptions assistés, nouvelles techniquesde production… Un écosystème vertueux est sorti de terre: ingénieurs de haut niveau,produits en bois de bonne qualité, machines à découpe en trois dimensions commandéespar ordinateur… Les spécialistes et lesarchitectes sont assez nombreux et bienformés pour faire dire à Shiregu Ban que la technologie suisse du bois est la plusavancée du monde. «On réinvente l’un desplus anciens matériaux de construction du monde grâce aux outils de pointed’aujourd’hui», résume Stefano Zerbi.

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ARCHITECTURE Le retour au naturel

Enfin, les évolutions réglementaires ont joué un rôle en facilitant le recours à certains matériaux: depuis 2004, lesconsignes en cas d’incendie ont étéadaptées, permettant l’utilisation du bois pour construire des bâtiments de plus de six étages. Les exigences réglementaires deplus en plus élevées sur le plan thermique et environnemental (notamment au traversdes standards Minergie-A-ECO et P-ECO),favorisent l’utilisation de matériaux plusisolants par nature. «La construction en bois, surtout associée à d’autres matériauxnaturels, permet d’atteindre plus facilementles seuils exigés», fait valoir AndreaBernasconi, professeur de construction en bois à la Haute école d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud.

Au fil du temps, ces bâtiments ont déjà fait la preuve de leur solidité, de leur résistance et de leurs qualités, au point de lever lesdernières réticences: «Beaucoup de gensassocient encore le bois aux risquesd’incendies, sourit Andrea Bernasconi. En réalité, le bois épais ne brûle pas plus

facilement que des matériaux synthétiques, aucontraire. Et la toxicité des fumées dégagéesen cas de feu est bien moindre.» De quoi offrirnombre d’arguments de vente à un large tissud’entreprises et de sous-traitants spécialisés,favorisant la naissance d’un écosystèmeéconomique aussi efficace et complet quechez le voisin allemand, là où la France peineencore à faire émerger un tissu aussi dense et solide.

La seule filière bois, en Suisse, emploie80’000 personnes dans près de 12’000entreprises, petites et moyennes pour laplupart. Et avant l’industrie du meuble, leursprincipaux débouchés sont la charpenterie etles revêtements de sol. Les effets de ce boomse répercutent sur l’industrie. Si les grandesentreprises de construction, spécialiséesdans la découpe de précision, ont doublé leurcapacité ces dix dernières années, reste unbémol: les scieries helvétiques n’en profitentpas, le bois suisse restant plus cher et doncdéfavorisé par rapport aux autres productionseuropéennes. Un véritable paradoxe: alorsque 30% de la surface du pays est

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Le bâtiment administratif dugroupe de presse Tamediaà Zurich a été inauguré en2013. L’architecte japonaisShigeru Ban a conçu unbâtiment en bois et en verrepour accueillir les 480 collaborateurs de «20 Mi-nuten», du «Tages-Anzei-ger» et d’autres médias.

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recouverte de forêt, une large part du bois deconstruction est importée.

Une offre qui se généraliseBilan: longtemps considéré comme onéreux,«les bâtiments construits avec des matériauxnaturels ne sont plus réservés aux pionniersou aux plus aisés», insiste Andrea Bernasconiqui pointe le grand nombre de logementsdésormais construits en bois comme àMellingen, dans le canton d’Argovie, où setrouve le «Neugrün», le plus grand ensembled’immeubles en bois du pays. Tous lessegments du secteur de la construction en bénéficient, à en croire l’Office fédéral de l’environnement. Son dernier rapportindique que la plus forte hausse concerne lesappartements et les bâtiments commerciaux,notamment les plus petits. Et la tendance se retrouve pour les extensions ou lesrénovations engagées par des particuliers.

Si le surcoût des matériaux proprement dits reste une réalité, particulièrement pour les isolants naturels, la facture finale estréduite grâce à des durées et des coûts de construction inférieurs à ceux deschantiers classiques. «Un bâtiment en bois est 60% plus léger qu’une constructionclassique, rappelle Andrea Bernasconi. Les frais d’acheminement et les temps deconstruction et de manipulation s’en trouventnettement réduits. Il n’a fallu que cinq mois

pour achever le gros œuvre du siège deTamedia.» Essentielle sur des chantiers où le moindre jour de retard se traduit par unimpact financier immédiat, la fluidité de laconstruction compense pour une large part le prix des matières premières. Endéfinitive, les constructions en bois atteignentdes prix sensiblement équivalents à ceux des bâtiments dits traditionnels, en parpaings ou en briques. D’autant que les clients s’yretrouvent à long terme, qu’il s’agisse departiculiers ou d’entreprises: les matériauxnaturels limitent les consommations d’énergieet de chauffage.

Tous ces atouts mènent les architectes à estimer que la vogue actuelle est unetendance durable. Ils observent uneprogression continuelle des certificationsdestinées à garantir la qualité et laprovenance des produits utilisés, contribuantà lever les derniers doutes d’un public déjàconquis. Et les réalisations se multiplient dans les domaines les plus variés: les salinesSchweizer-Rheinsalinen ont récemmentconstruit le plus grand dôme en boisd’Europe pour stocker leur sel en hiver. A Bienne, Shigeru Ban – encore lui – aimaginé le futur bâtiment de Swatch. Conçusur la base d’une charpente en bois toute encourbes entrelacées, le bâtiment sera achevéà l’été 2015. On est bien loin des chaletssuisses.

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Le nouveau bâtiment «RicolaKräuterzentrum» a été inauguréen juin 2014. Imaginé par lebureau d’architectes Herzog & de Meuron et le spécialistede la construction en piséLehm Ton Erde Baukunst, il aété érigé à partir de matériauxsuisses respectueux de l’envi-ronnement.

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HES-SOdesign et arts visuels | économie et services | ingénierie et architecture | musique et arts de la scène | santé | travail social

L’espace créatif pensé par les étudiants et étudiantes de la HES-SO pour la 39e édition du Paléo Festival de Nyon a transporté les festivaliers dans ununivers de science-fiction. «Nous voulions d’abord proposer un regard décaléavec nos 15 caravanes chromées des années 1970, comme venues de l’espace,explique Laurent Essig, chef de projet HES-SO. La grande roue représentaitpour nous un grand vaisseau spatial.» Haute de 32 mètres, cette grande roueinsolite offrait une vue panoramique sur le terrain de la plaine de l’Asse. Intitulé«CaravanTour», le projet marquait également les dix ans de participation de laHES-SO en tant que partenaire à l’innovation de Paléo. paleo.hes-so.ch

Organisé par Genilem et le Centre patronal vaudois, cettemanifestation est dédiée à l’entrepreneuriat et à la créationd’entreprise. Le Carrefour des Créateurs a attiré plus de2’100 visiteurs lors de sa septième édition au SwisstechConvention Center. La HES-SO en était le partenaireprincipal pour la première fois. Elle a mis sur pied desrendez-vous de spécialistes (pitch), tels que «le Boudoir» un service-atelier d’art oratoire proposé par la Manufacture(Haute Ecole de Théâtre de Suisse Romande – HETSR) etle réseau d’innovation de la HES-SO Valais-Wallis «i-Brain»

qui réunit une communauté d’étudiants, de professeurs et de chercheurs et valorise ainsi la collaboration créativeentre entreprises et hautes écoles. Et l’événement a aussiété l’occasion de faire connaître l’association romande«PME&Hautes écoles», une plateforme d’échange entrechefs d’entreprise et le monde académique dont la HES-SO est également partenaire. Plusieurs chercheurssont également venus présenter six mini-conférences avecdes projets innovants issus des différents domaines de la HES-SO. www.carrefour-createurs.ch

Une Grande roue au Paléo CRÉATION

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Succès pour le Carrefour des Créateurs ÉCONOMIE

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La Haute école de santéFribourg (HEdS-FR) a reçu un prix de la FondationLeenaards de près de100’000 francs l’été dernier. Il récompensait un projet derecherche intitulé «faisabilitéet efficacité d’un programmepsycho-éducatif pour lesproches aidants de personnesatteintes de démence vivant àdomicile». Grâce à ce soutienfinancier, la HEdS-FR a puainsi s’engager dansl’évaluation de la faisabilitéd’un programme de préventionquébécois appliqué aucontexte suisse. Deuxgroupes de proches aidantsanimés par deux infirmièresont déjà pris part auprogramme à Genève et àFribourg cet hiver. Cetteétude-pilote sera menée surdeux ans et vise, pour l’avenir,à proposer un programmeadapté aux besoins desproches aidants dans toute la Suisse romande. www.heds-fr.ch

Améliorer la gestion du stressdes proches aidantsSANTÉ

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Avec une hausse d’environ3,5% dans ses effectifs,la HES-SO se maintientaujourd’hui comme la plus grande haute écolespécialisée de Suisse.Lors de la rentréeacadémique 2014-2015,19’400 étudiantes etétudiants reprenaient les cours. Cette rentréeacadémique était marquéepar plusieurs nouveauxcursus comme l’ouverturede deux nouveauxBachelor, en Ostéopathie à la Haute école de santéde Fribourg et en Dansecontemporaine à laManufacture Haute écolede théâtre de Suisseromande.

En termes de recherche, la HES-SO a obtenu pourla première fois du Fondsnational suisse (FNS) l’une des cinq bourses deprofesseurs en Rechercheappliquée dans le domaine de l’Energie. Et le développement duCampus Valais Wallis,inauguré en décembredernier, est aussi sur labonne voie.

La HES-SO compte plus de 19’000 étudiants HES-SO

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Depuis le 1er septembre 2014, Luciana Vaccaro, rectrice de la HES-SO, occupele siège de représentante de la Conférence des rectrices et recteurs des hautesécoles spécialisées suisses (KFH) au sein du Conseil de fondation du Fondsnational suisse de la recherche scientifique (FNS). Une responsabilité que laHES-SO est heureuse d’endosser et ce, pour la première fois. Cette nominationpermettra de renforcer et de promouvoir les domaines HES au sein du FNS. Une structure que Luciana Vaccaro connaît déjà bien: avant d’entrer au rectoratHES-SO, cette physicienne de formation dirigeait le «Grants Office» de l’EPFL,une unité chargée de l’accompagnement des projets scientifiques vers leurobjectif économique.

Luciana Vaccaro au Conseil de fondation du FNS HES-SO

Ce ne sont pas moins de trois distinctions que les équipes de recherche de laHES-SO Valais-Wallis ainsi que la HES-SO Fribourg ont remportées lors de laquatrième conférence internationale sur l’internet des objets. Un événementannuel qui s’est déroulé en octobre dernier au Massachusetts Institute ofTechnology (MIT) de Boston. «C’est une réelle reconnaissance pour les équipesde recherche de la HES-SO, sourit Yann Bocchi, professeur et responsabled’unité à la HES-SO Valais-Wallis. Et une visibilité exceptionnelle.»

En pré-conférence, c’est Antonio Jara de l’Institut informatique de gestion de la HES-SO Valais-Wallis qui a d’abord gagné la troisième place du concours de Hackaton. La même équipe a été récompensée du «Best Demo Award» pour la démonstration d’un prototype de smartwatch (ci-dessus) qui permet le déclenchement d’une alerte de secours via la plateforme Echo112. Enfin, les collaborateurs scientifiques de la Haute Ecole d’ingénieurs et d’architectesde Fribourg (EIA-FR) ont remporté le prix du meilleur article scientifique del’atelier consacré au web des objets.

La HES-SO consacrée au MIT RECHERCHE

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HES-SO

L’étude nationale nurses at work,dirigée par Véronique Addor,professeure HES-SO à la HauteEcole de Santé de Genève, a étélancée le 15 septembre dernier parune conférence de presse à Berneavec des politiciens intéressés par lesquestions de management des soins.

Dans une optique de fidélisation des infirmières bien formées, elle vise à fournir aux décideurs fédéraux,cantonaux et institutionnels desdonnées scientifiques jusque-làindisponibles sur les parcours

professionnels des infirmières aucours des 40 dernières années enSuisse. «Nous analyserons chaqueépisode d’emploi et les raisons dequitter ou de rester dans le secteur de la santé, explique Véronique Addor.Les déterminants des choix decarrière qui pourraient faire l’objet de stratégies de politique sanitaireefficaces sur le terrain nousintéressent plus particulièrement.»

Cette vaste recherche scientifiquefinancée par le FNS, l’Obsan, le SEFRI,l’OFSP et la HES-SO captera ladiversité des parcours infirmiers danschaque région de Suisse, en prenant en compte également les facteurspersonnels. Les infirmières et ex-infirmières diplômées et/ou travaillanten Suisse sont invitées à participer à

l’étude, via notre questionnaire en ligne, disponible en trois langues surwww.nurses-at-work.com.

Véronique Addor se félicite du fortintérêt suscité par nurses at workauprès de la population-cible: «Aprèsun mois et demi, environ 14’000infirmières et infirmiers ont déjàcomplété le questionnaire», indique-t-elle. Elle souligne toutefois que «lenombre d’infirmières concernées est estimé entre 80’000 et 100’000,et que tous les efforts propres àaugmenter encore le taux departicipation – et donc la validitédes résultats – doivent être poursuivis».

Quel est l’impact de la musique sur nosémotions? Quels sont les liens entre les dynamiques du geste musical, lesmétaphores conceptuelles associées et lesprocessus émotionnels lors de la productionet la perception de la musique? Marc-AndréRappaz de la Haute Ecole de Musique deGenève, co-directeur du Geneva Emotionand Music Lab (GEM), et Didier Grandjean,de l’Université de Genève, ont reçu lesoutien du Fonds national suisse pour la recherche scientifique (FNS) pourl’ouverture d’un poste de doctorant et depost-doctorant et le lancement d’un projetde thèse en neuropsychologie affective afin de répondre à ces questions.

«C’est une recherche qui mêle pratique etconnaissance de la musique, psychologie et neurosciences. Un domaine d’étude encore jeune mais pour lequel l’intérêt deschercheurs se développe très rapidement,remarque Marc-André Rappaz. Ce soutien est une vraie reconnaissance.» En placedepuis deux ans, le GEM a mené déjàplusieurs projets interdisciplinaires sur lamusique et les sciences. Il organise parailleurs la prochaine conférence internationaledu domaine, qui se tiendra au CampusBiotech de Genève en octobre 2015.

«Hiboo»: c’est le nom de la veilleuse pour enfantsréalisée par trois étudiants de la Haute Ecole ArcIngénierie et que la Fondation suisse Théodora, dont la mission est d’égayer le séjour des enfantshospitalisés en Suisse, fera fabriquer en série dansles ateliers d’Espace Formation Emploi Jura (EFEJ).Charlotte Brischoux, Valentin Gigon et Valentin Girardl’ont conçue dans le cadre de leur projet de premièreannée Bachelor en «Industrial Design Engineering».Cette veilleuse aux lignes épurées est composée de trois LED dont la couleur varie et se balancelégèrement sur son socle. www.he-arc.ch

Endiguer la pénuried’infirmièresSANTÉ

La métaphore en musiqueRECHERCHE

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La Fondation Théodora sélectionne uneveilleuse de la HE-Arc IngénierieINGÉNIERIE

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