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2 - UN PRIEURÉ CLUNISIEN DANS LES ALPES DU SUD Saint-André-de-Rosans (Hautes-Alpes), millénaire de la fondation du prieuré, 988-1988, Actes du coll oque, 13- 14 mars 1988, dans: Bulletin de la Société d 'Etrtdes des Halltes-Alpes, 1989,437 p., nomhr. il!. Le présent volume du Bulletin de la Société d'Etude s des Hautes-Alpes, édité par la suite sous la forme de monograp hie indépendante, est entiè rement consacré aux actes du coll oque tenu à J'occasion du millénaire de la fondation du prieuré clunisien de Saint-André-de-Rosans (05), en 1988. En introdu ction, A. Pl ayous t précise l'object if du colloque qu i cherche, à travers la "'complémentarité des leçons données par récrit ou le bâti", à rassemb ler les informations que livrent les fouilles archéologiques, l'étude des vestiges des éd ifices et ce ll e des textes qui situent l'évolution du prieuré dans J'histoire de sa région. Dans un article posthume, le regretté B. Bligny, décédé avant le colloque, résume la génèse des structures poli tiques dans le Sud-Est de la France à l'époque de la fonda- ti on du p ri euré, voire la disparition ou transformation de l'hér itage des carolingiennes au cours des troubles du siècle, époq ue des incursions sarrasines, et l'émer- gence du comté de Provence et de son aristocratie dans le royaume de Bourgogne qu i pré- cède le lent rétablissement d'une égl ise appauvrie en crise. Dans ce contexte, les li ens ent re sa int Mayeul Ct Guillaume le Libérateur permettent à C lun y d'élargir son domaine dans une Provence dom les structures monastiques autochtones ne connaissent une renaissance qu'à partir du début du X I" siècle. L'histoire du pri euré de Saint-And ré-de- Rosans Ct le rôle du provençal saint Mayeul sont exposés dans deux articl es d'A. Pl ayoust et de D. Jogna-Prat : A Playoust rassemble ce que J 'on connaît des sources di spersées pour résumer l'his-

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2 - UN PRIEURÉ CLUNISIEN DANS LES ALPES DU SUD

Saint-André-de-Rosans (Hautes-Alpes), millénaire de la fondation du prieuré, 988-1988, Actes du co lloque, 13-14 mars 1988, dans: Bulletin de la Société d 'Etrtdes des Halltes-Alpes, 1989,437 p., nomhr. il!.

Le présent vo lume du Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes, édité par la suite sous la forme de monographie indépendante, est entiè rement consac ré aux actes du co lloque tenu à J'occasion du millénai re de la fondat ion du prieuré clunisien de Saint-André-de-Rosans (05), en 1988.

En introduction, A. Pl ayous t précise l'object if du colloque qu i cherche, à trave rs la "'complémentarité des leçons données par récrit ou le bâti", à rassembler les informations que liv rent les fouilles archéologiques, l'étude des ves tiges des éd ifices et ce lle des textes qui situent l'évolution du prieuré dans J'hi stoire de sa région.

Dans un article posthume, le regretté B. Bligny, décédé avant le co lloque, rés ume la génèse des structures po li tiq ues dans le Sud-Est de la France à l'époque de la fonda­tion du p ri euré, voire la disparition ou transformation de l'hér itage des ~ tructures carolingiennes au cours des troubles du x~ siècle, époque des incursions sarrasines, et l'émer­gence du comté de Provence et de son aristoc ratie dans le royaume de Bourgogne qu i pré­cède le lent rétablissement d'une égl ise appauvrie en crise. Dans ce contexte, les liens entre sa int Mayeul Ct Guillaume le Libérateur permettent à C luny d'élargir son do maine dans une Provence dom les st ructu res monastiques autochtones ne connaissent une renaissance qu'à parti r du début du XI" siècle.

L'histoire du prieuré de Saint-And ré-de- Rosans Ct le rôle du provençal saint Mayeul sont exposés dans deux articl es d'A. Playoust et de D . Jogna-Prat :

A Playoust rassemble ce que J'on connaît des sources dispersées pour résumer l'his-

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p:-truc.

La construction de l'égli se romalll' débute vers la seconde moitié ou le dernier t:crs

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BULLETIN CRITIQUE 657

chevet roman qui précéda la mosaïque du xœ siècle.

tccture religieuse romane dans le département des Hautes-Alpes. L'auteur - qui semble sc heurte r elle-même au choix contestable de la circonscrip tion administrat ive actuelle

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Les articles suivants sont dédiés au décor roman de la prioralc :

de Ganagobie.

pas.

L'l'rude de la mosaïque CS[ suivie de celle des éléments du déco r sculpté du prieuré

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BULLETIN CRITIQUE 659

roman trou vés en fouille ou dispersés depuis le XIX' siècle. Le catalogue des fragments d'époque romane, publié en annexe par J. Ulysse et S.R. Guild, est précédé d'un article de J. Thirion qui tente de situer les sculptures dans leur contexte monumental, arcistique et chronologique:

Les chapiteaux de l'absidiole sud, attribués à la seconde moitié ou au dernier tiers du XI" siècle, sont caractérisés par des proportions trapues sous des tailloirs épais, et par un décor végétal et figuré qui, exécuté souvent en méplat, ne fait qu'occasionnellement référence à des emprunts au schéma corinthien. Quelques éclats du chapiteaux de J'abside principale qui montrent des motifs vététaux et figurés en méplat analogues. accu­sent un certain "mélange de maladresse et d'aisance graphique".

Au décor d'un ambon, d'une clôture de chœur ou d'un jubé appartiennent plu­sÎ.eurs fragments de pilastres, attribués à la première moitié du XII' siècle. Leur sculpture végétale et figurée ne paraît faire référence à une inspiration antique que par le type et le traitement raffiné du vêtement de saint Pierre ct d'un autre personnage non identifié qui figurent sur la pièce majeure de cet ensemble.

De la fin du XII" siècle dateraient des fragments de frises à rinceaux dont la sculp­ture, par ailleurs très délicate et raffinée, se distingue de l'art antiquisant contemporain du second âge roman provençal auquel se rattache le décor de la nef de l'église: cette influence provençale qui n'intervient que tardivement dans l'évolution du décor sculpté de la prio­raie, jusqu'alors issu de traditions alpines, caractérise aussi le chapiteau de la collection Liotard, imerprétation "baroque" du modèle corinthien, ct le chapiteau de pilastre allongé sur lequel figurent les Saintes Femmes au tombeau, reflet de la sculpture de la gale­rie est du cloître de Saim-Trophime d'Arles. Attribué au début du XIII' siècle, cet élément reste encore isolé, son éventuelle appartenance au "superbe" portail disparu, men­tionné encore en 1825, demeurant entièrement hypothétique.

Dans une courte étude comparative de J'organisation du chœur liturgique de la prio­raie, G. Barruol présente Jes données qui permettent de reconstituer l'autel de l'abside principale, table reposant sur un pilier centra l et quatre colonnettes d'angle, encastrées dans la mosaïque au-dessus de [ocu/i renfermant des reliques, et les deux autels secon­daires dans les absidioles dont les tables reposant sur de simples suppOrtS chanfreinés étaient entourés d'un pavement simple. Les aménagements analogues à Ganagobie laissent en outre supposer que la superfic ie des deux pavements correspondait à l'effectif de la com­munauté, voire au chœur monastique de l'époque. Les autels entourés de mosaïques qui se trouvaient dans les absides principales de la cathédrale de Saint-Paul-Trois-Châteaux et de l'abbatiale bénédictine de Cruas (où l'on citerait aussi volontiers les trois autels du niveau inférieur du chevet et les cuves cylindriques de haute époque qui acompagnent les autels inférieurs comme l'autel majeur supérieur) SOnt d'autres témoins de tels dis­positifs liturgiques dans les ég li ses monastiques et épiscopales romanes de la région.

D. Escudier présente des fragments de manuscrits provenant de Saint-André-de­Rosans, réutilisés au XVI' siècle comme reliure de minutes notariales: les documents dont le lien avec la bibliothèque du prieuré reste incertain, sont d'un haut intérêt pour l'his­toire de l'évolution de la notation musicale de la fin du x' au XII ' siècle en France méri­dionale.

P.-Y. Playoust fait l'état du mobilier liturgique des XVU< et XVIII ' siècles, celui de l'époque médiévale n'étant connu que par des mentions éparses.

Le village post-médiéval de Saint-André-de-Rosans, sa population d'environ 500

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habiuTHs ct son écono mie essentiellement agrico le font l'objet d'une étude d'L Sau%.c , fondée sur un cadastre de 1635 dom A. Play ouSt sou ligne le caractère lacunaire qui néces­sit e les apports compl émentaires d'un second cad as tre, de 1739.

Après une étude de la micro-toponymie moderne ct contemporaine de la commune de Sa int-And ré-de-Rosans (P. Pons, E. Sauze), A. Tillier clôt les actes du congrès en expli ­citant les "perspectives de restauration ct de mise en valeu r du prieuré", les opérations ayant pour but de consol ider la substance o riginelle ct de "maintenir l'ensemble des v.:s­

liges sous leu r aspect actuel, en excluant toute restitution des éléments disparus" : abr ité sous une toiture qui pourra s'étendre à la nef, le chevet accuei ll e ra les mosaïques restaurées. La mise en va leur de l'aire de l'ancien cloît re, dont le préau se ra évoqué par un jardin, comprendra notammem le dégagement des vestiges de l'ancienne aile des moines.

Andréas HARTMANN-VIRNICH