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Sant - Miquel-del-Fai, prieuré victorin catalan (0) L'extraordinaire beauté naturelle du site, son accès facile, le voile légendaire qui enveloppe ses cas cades, grottes et sources, ont fait du cenobium de Saint-Michel-del-Fai un des lieux les plus riches en littérature descriptive, alors que la documentation histo- rique qui le concerne rest e, eHe, assez pauvre (l) . Comme elle remonte cependant au x' siècle, il nous a paru opportun de retracer les grandes lignes de l'histoire du monastère (2'. LA SITUATION. Il est impossible de parl er de Saint-Michel-del-Fai sans insister sur sa situation exceptionnell e. L'a éri en édifice gothique de l'a ntique prieuré semble suspendu sur le vide, appuyé à une corniche qui sert de coupe pour recevoir les eaux du torr ent • Rossignol. qui se précipitent du haut de la montagne en une spectaculaire cascade de lumièr e et d'écume. Son église est elle aussi unique : construite en une inlnlense « baume • où lllurmure sans cesse la psalmodie des eaux qui ruissellent. Toute l'étroite corniche du Fai, du monast ère jusqu'à la grande cascade du fl euve Tenes, est un réseau '* Nous remercions M. l'abbé Pladevall ainsi que la direction de la revue Ausa d'avoir bien voulu permettre la reproduction en traduction française des articJes parus en langue castil1ane dans les n°· 40 (1962, p. 209·228) et 45 (1964, p. 14-20) de l'excellente revue publiée à Vic. l naire d'His toire et de Géographie Ecclésiastique, t. XVI, fasc. 91. col. 402. A laquelle on ajoutera : P. Deffontaines, « L'activité humaine au long de la bordure septentrionale du Vallès en Catalogne », dans la revue Méditerranée, graphie originale n'est pas FAI mais FALL. Le changement est à la prononciation mouillée de LL propre à tout le dialecte pour

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Sant - Miquel-del-Fai, prieuré victorin catalan (0)

L'extraordinaire beauté naturelle du site, son accès facile, le voile légendaire qui enveloppe ses cascades, grottes et sources, ont fait du cenobium de Saint-Michel-del-Fai un des lieux les plu s riches en littérature descriptive, alors que la documentation histo­rique qui le concerne reste, eHe, assez pauvre (l) . Comme elle remonte cependant au x' siècle, il nous a paru opportun de retracer les grandes lignes de l'histoire du monastère (2'.

LA S ITUATION.

Il est impossible de parler de Saint-Michel-del-Fai sans insister sur sa situation exceptionnelle. L'aérien édifice gothique de l'antique prieuré semble suspendu sur le vide, appuyé à une corniche qui sert de coupe pour recevoir les eaux du torrent • Rossignol . qui se précipitent du haut de la montagne en une spectaculaire cascade de lumière et d 'écume. Son église est elle aussi unique : construite en une inlnlense « baume • où lllurmure sans cesse la psalmodie des eaux qui ruissellent. Toute l'é troite corniche du Fai, du monastère jusqu'à la grande cascade du fleuve Tenes, est un réseau

'* Nous remercions M. l'abbé Pladevall ainsi que la direction de la revue Ausa d'avoir bien voulu permettre la reproduction en traduction française des articJes parus en langue castil1ane dans les n°· 40 (1962, p. 209·228) et 45 (1964, p. 14-20) de l'excellente revue publiée à Vic.

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5~ anï~il ~~, é~Ode~t PqU~l~ graphie originale n'est pas FAI mais FALL. Le changement est dû à la prononciation mouillée de LL propre à tout le dialecte

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de sources abondantes, de lacs souterrains aux eaux d'émeraude, grottes aux capricieuses stalagmites. La beauté de l'ensemble n'échappa nullement au moine qui rédigea le document de donation de l'alodium du Fai au cenobium, elTectuée par ses fondateurs le 1" octobre 1006. Quant à la charte de donation à Saint-Victor du 15 octobre 1042, c'est en ces termes qu'elle présente la basilique : ... non humano opere factam, sed mirabili llo/uniale Dei adim­pletam, et in excelsi rupe positam , et ipsam uocant Speleam (3'.

Saint-Michel-del-Fai est situé à l'extrémité d'une gorge profonde, et le monastère se trouve bâti à l'altitude de 460 m. L'ensemble fait partie des « Cingles de Berti > qui se prolongent jusqu'a u bourg voisin Sant-Féliu-de-Codines, qui a toujours été considéré comme appartenant à la cute dei Foi «'. La dénivellation entre la cote minimale de la vallée de Riells, au pied de l'antique chapelle Saint-Martin, et la cime du mont Fitor est de 349 m. On monte quasi à la perpendiculaire de 320 à 669 mètres.

L'accès est relativement facile, tant paT Riells , que par Sant­Féliu-de-Codines, ou Sant-Quirze-Safaja. Ces deux derniers chemins donnent accès au monastère par un beau pont médiéval construit sur le ruissean Rossignol qui conduit à une ouverture creusée dans le rocher, portant au linteau cette inscription : Duranlc bene­placiio Archidiaconi minoris sedis Gerundensis, domini mei, sum apertum, 1592. Antérieurement à l'ouverture de celle porte les Escales permeltaient d'atteindre le monastère, non sans quelques dangers (fi'. LES ÉGLISES DU FAI.

Située sur le versant qui regarde au levant, sur une terrasse relativement spacieuse, aupdess lls de grottes capr icieusement tra­vaillées pal' les érosions millénaires, se dresse une viei lle chapelle

3. On consultera le texte complet de cette donation de 1042 dans Martène· Durand, Amplissima collectio, t. l , col. 406408. Le passage est à la col. 406 D. L'auteur de la vic de saint Isarn, abbé de Saml·Victor, la décrit à son lour in specu amœnissim~ perpulcrum et satis habile monasterium in honore sancti Michœlis archangelt conslructum (cf. P. Schmid, « Die Entstehun~ des Marseiller Kirchenstaats », dans Archiv fur Urkundenforscllllng (Berlin-Leipzig, 1928), p. 180.

4. P. Andrès de Palma de Mallorca, Historia de la villa de San Felio de Codines (Barcelone, 1946).

5. Ces célèbres Escales de Sant Miquel, qui permettaient l'accès au monas­tère par la partie supérieure, sont mentionnées dans un document de 1303 (Archiv. dei manso Torras, pergam. 15).

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SAI NT-AUQUEL-DEL-FAI 349

SAN T MIQUEL DE L PAl; ANTIGUQ CENQBIO y PARROQUI A

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dédiée à saint Martin. Distante du monastère d'une dizaine de minutes, elle lui est reliée par un magnifiqu e sentier, qui insensi­blement porte le promeneur à son niveau.

Apparemment ce n'es t rien d'autre qu'un ermitage de l'époqu e romane tardive, à une nef avec abside semi-circulaire dépourvue de t out ,ornement, et dont la beauté provient de la pureté Ide lignes (Ob"' . En réalité, c'est le premier habitat préhistorique du complexe du F ai.

Quand, le 9 septembre 878, le roi Louis le Bègue, par un précepte expédié de Troyes à l'évêqu e de Barcelone, concède à cette église l'immunité, entre autres domaines est mentionné comme dépendant du monastère de Sant-Cugat-del-Valles la domum Sancli Genesii et Sancti 1I1arfini s ilam in riva Tenens i ( 6),

Cette mention croit en importance au fur et à mesure des diverses confirmations de biens échu s au monastère de Sant-Cu gal . D'abord dans le précepte de Lothaire concédé à Compiègne en janvier-février 986, quand le monastère, par suite d'une razzia des Arabes, ayant perdu sa documentation, demande une confir­mation ; on y lit : et ecclesias S. Genesii et S. l1fartini et S. Felicis que sunl ad ipsum Fallium. Ensuite la bull e de Silvestre II , de décembre 1002, avec le détail des biens de Sant-Cugat : .. . el cellam S. Genesii el S. Martini el S. Fe/icis que sunl ad ipso cule cum lerminis et aiacenciis suis. Enfin celle de Calixte 11, concédée le 15 février 1120, où sont mentionnées les cape lias S. Marlini, S. Fe/icis, S. Genesii, que sunl ipsam culem de Fagio cum domini­caturis, decimis et primiciis (7).

Si l'identifi cation de Sant-Genès pose qu elques problèmes, celle de Sant-Félix-de· Colinis (de Codines), et celle de Sant-Martin-del-Fai, ne souffrent par contre aucun e difficulté. Une tradition populaire est à retenir qui fait de cette dernière la plus ancienne église chrétienne de la contrée.

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SAINT-MIQUEL-DEL-FAI

LE MONASTÈRE DE SAINT-MICHEL_

Dans cette « baume > donc, habitée sans doute dès les temps préhistoriques, et peut-être lieu de culte païen converti en temple chrétien, fut érigé avant 997 un sanctuaire dédié à l'archange saint MicheL

Le lieu d'emplacement de cette grotte-église était considéré comme appartenant au comté de Barcelone et son « alleu. en partie du comté d'Ausona, de là l'invariable mention : in comitatu Barchi­nonense sive aliquid in termina Ausonense, ou bien parlant de l'église: infra marginibus Barchinonense comitatu vel Ausonense (8l_

La donation consentie par Gombaud à Saint-Victor de Marseille en 1M2, précisera que l'église s'élève super castrum quem voeant Monleboium infra terminos ipsius sitam, ou dans son testament de 1041 aux termes duquel il confère le patronat sur le monastère à sa fille Guisla et à son gendre Mir Geribert, qui post me Montem Boium debent tenere omnique tempore (Ol.

i · Sa fondation.

La première mention de la grotte de Saint-Michel est du J 1 juin 997, quand le comte Ramon Borrell et son épouse Ermes­sende firent donation à Gombaud de la speleam suam, cum vene­randis ti/ulis que infra sunt, quod est sanctum Michaelem Archan­gelum vel alios quorum ibidem siti sunt, ad construendum ceno­bium ... euius baseliea sita est in loeo que dieitur Falio. Signent le document le comle Ramon et sa femme Ermessende ; Arnulf, évêque et abbé; Francus, prêtre; Oliba, prêtre (frère de Gombaud) ; Guifredus, prêtre; enfin, Hichila, prêtre-seriptor (lOl.

Joint à l'église est aussi donné un alleu, ainsi délimité : de parte orientis in torrentem qui per hymbrem ducit aquam : qui descendit de Mus eomestus, id est gato mandueato, et pervenit per ipsa limite de rocha usque in Petra mala et vadit usque in medium

g: fgrJ~':" n~airlf4ri~~~li: ::' n~··101f.\.'~ l~'"fi~~, Marlène·Durand, Amplissima Collectio, loc. cit.).

10. Marlène-Durand, op. cit., col. 353-354, et Cart. de Saint-VictoT, t. II, n° 1044 (qui ne publie qu'un extrait). La date est le III des ides de juin (le

~~ij~~)fui7ndd.r~ci~~~~e c:gtt R~~~~r~o~~:;;~u:o~e:èg~~i~e ~fO~t~b!! ~~ le document doit donc être daté de 997 (et non de 996, comme l'avance Guérard, ou de 998, selon Martène).

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flumine Tenensis, et de meridie in Petra iam dicta mala, et de occiduo in alueo Tenensis, et de circi; in summitale de ipsis rupibus, uel in saUum Gerundelo prope valle Asinaria.

li n'cst pas difficile de préciser les limites ùe cette donation initiale de 997 et d'en dresser une carte (cf. croquis).

La fondation monastique proprement dite a lieu entre les années 997 et 1006, puisque c'est le 1" octobre de ceUe dernière que Gombaud et sa femme Guisla donnèrent l'alleu dont il a été question, en dot, à la domum St. MicIwelis archangeli cenobii ... sub nostra gubernatione uel tuitione, ad honorem uel edificationelll cenobio ialll memorato Archangelo (11, . De plus, en lOlO, nous trouvons d'autres donations qui ne cessent d'augmenter ad cenobii sancti Michaelis de ipso Falo (12'.

Dan. la première donation de 1006 les fondat eurs donnèrent aussi au monastère un alleu dans le COlllté d'Ausona au lieu dit Plana Aulili et cinq modiées de vigne que, par héritage de leurs parents, ils possédaient à Boscarons. L'abbé Willemundus est le rédacteur du docnment.

L'église-grotte existait bien avant que soit installée en ce lieu la communauté bénédictine. L'aUeste la donation de 997 où l'on se réfère au titulus (saint Michel Archange) et où l'église est dite basilica, ainsi que dans le document d'annexion à Marseille en 1042. En 1006 on ajoute que la basilique est consacrée. Il est possible qne cette consécration ait eu lieu dans les années où Gombaud jeta les yeux sur e lle pour la convertir en cenobium, récupérant au bénéfice de ce dernier son alleu sur la maison comtale de Barcelone.

Le chanoine RipoU publia en 1830 dans un opuscule (18) les noms gravés sur un autel de marbre, que l'on pouvait voir alors à Fai. Selon la coutume s'y trouvaient gravés les noms des prêtres el fidèles assistant à ]a cérémonie de consécration. Le chanoine a transcrit les suivants: SERVO DEI t, BElLONE PBTR, DANIEL t LEVITA, ARMEMIRUS, EGlLA PBR, ERlVI PBR. Villanueva de son côté, se référant au mêlue autel, nous a gardé ceux de

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IOHANNES GALINDUS, RECASINDUS, ERMEMIRUS, DANIEL LEVITA, BELLOM ... PBTR, BRUNSUS SACERDOS (H). Manque malheureusement le nom de l'évêque consécrateul', ce qui nous empêche de préciser la date. Si le nom de Ermemirus dont il est question, correspond au père de Gombaud, et celui de Galindus au personnage qui fait son testament en 981 (15), alors il faudrait reporter la consécration de la basilique bien avant 997.

2" Le fondateur.

Gombaud de Besora - Gondeba/dus, ou Gomba/dus Ermemiri (1041), de castro Bisaure (1042) ou Bishorense (1044) - comme l'appellent les différents documents de fondation du Fai, est un personnage-clé de l'histoire de ce temps.

Fils des seigneurs de Besora, Ermemir et lngilberge, il est le frère d'Oliba, évêque d'Elne, et d'Emma Ingilberge, épouse de Guifred de Balsareny, et, selon les dernières découvertes, frère utérin d'Ingilberge, abbesse de San-Juan.

Comme fils d'Ermemir, il hérita des châteaux de Besora, Curull et Torell6 dans le pays ausonien et, par snite de ses relations avec la maison comtale de Barcelone, il agrandit ses domaines avec le château de Montbui et les diverses paroisses en dépendant, le château du Port de Barcelone (Montjuich), ceux de Cubelles, Pala­dalmalla et Aramprunya, plus un quart du château de Far, ainsi que d'importants alleus en divers lieux, comme à Cardedeu ou en Cerdagne.

Il se maria en premières noces avec Guisla, morte avant 1035, el ensuite avec Aurucia, qui lui survécut; il eut comme enfants, Ermengarde, mariée probablement avec Albert, Ermessende, et la première née Guisla mariée à Mir Geribert, prince d'Olerdola, avec prétentions d'indépendance vis-à-vis de la maison comtale de Barce­lone à laquelle il appartenait par sa mère (16).

14. J. ViUanueva, Viaje literario, vol. XIX (Valencia, 1851), p. 12 sq. L'auteur parle d'un coffret contenant des linies très anciens qui enveloppaient ~: ~~~1~~eju~j',~~éer9~~ns l'autel. Ce coffret a été conservé dans la paroisse

15. Cartulario de San-Cugat deI Valles. t. l , doc. 136, p. 111-113. 16. Sur Gombaud, cf. Ram6n de Abadal, L'abat Oliba, bisbe de Vic i la

seva epaca, 3e édit. (Barcelona, 1%2), p. 105-106 et passim; ainsi que l'article de Dom A. Mund6, « Entorn a les families dels bisbes Oliba de Vic i Oliba d'Elna _, dans le Boletill de la Real Academia de Buenas Letras de Barce1ana, t . XXVIII (1959-1960), p. 169-178.

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L'activité de Gombaud commence dès avanl 990, toujours en relations avec les grands de son époque, ell particulier le comte Ramon Borrell et l'évêque Oliba, de qui on l'a supposé parent direct par erreur. Durant la minorité du comte Ramon Bérenger (1035-1039), conjointement avec Amat Eldéric, il fut le grand conseiller de la comtesse Ermessende, de 'l',i il reçut une grande partie de ses fiefs.

Le 16 août 1041, se préparant il partir pour l'Espagne (ad lspaniam ) afin d'y combatlre les Mores, il rédigea son lestament au cas où il n'en reviendrait pas. L'un des principaux bénéficiaires de ses largesses est le monastère du Fai (17).

11 mourut avant 1056, année en laquelle son gendre, le belli­queux Mir Géribert, avec son épouse Guisla et ses fils Bernard el Gombaud, ses principaux héritiers, engagèl'ent d'âpres discussions avec la maison comta le pour les possessions de l'énorme héritage.

Entre le moment où il rédigea son testamenl el le momenl où il partit pour l'Espagne, ce qui ne se réalisa pas avant 1050 (si loulefois il mit jamais ce projel à exécution), el la date de sa morl, Gombaud ne cessa de combler de ~ es largesses le monastère si cher à son cœur.

3' Union à Saint-Viclor de Marse ille.

C'est ainsi que, ayant assuré par ses diverses donations la base économique nécessaire à une fondation monastique d'une certaine envergure, Gombaud tint à assurer dans le cenobium ainsi fondé une stricte discipline monastique. C·est pourquoi il se tourna vers Saint-Viclor de Marseille, alors au premier temps de son âge d'or, sous la conduite du sainl abbé Isarn, dont la réputation s'étend ait au loin.

Le documenl d'annexion est daté du 15 octobre 1042 ; Gombaud, pour le salut de son âme et de son épouse Aurucia, ainsi que des comles de Barcelone don a leurs de l'alleu du Fai, de ses parents, de sa première éponse Guista, donne à Saint-Viclor de Marseille et à son abbé Isarn le monastère du Fai avec toutes ses dépendances IHI) .

------r7.'"Cart. de Saint-Victor, t. Il, n° 1048. On notera que Saint-Victor reçoit

pour f:. Ma:tè~~-%u~~~~~ ~~~li~Si~~S~~ll~;ti~,ai~t-i.i~â~ ~~mi~lon l'auteur

Ô~d~YS.e ::n~a t~j8,d~.sa~, I~~!~rf~b~~e tp~s~f~il~~n ~i~~~I~eï'aAbc~é ~~=~:~lï;is serait venu visiter Je monastère du Fai en 1047 (?) ou, en tout cas, peu de de temps avant sa mort.

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Sant-Miquel-del-Fai Cut le premier monastère catalan à solliciter son union à la grande abbaye provençale. Peu après, en 1048, ce Cut au tour de la comtesse Ermessende de Caire donation à Saint-Victor ùe Sant-Pol-de-Mar, dans la province de Gérone, puis les autres affiliations suivirent : Sant-Sébastien-del-Penades (1052), Ripoll (1071), Sant-Estève-de-Banyoles, Sant-Pere-de-Besaltl (1086), etc.

Par son souci d'assurer la pérennité d'une fondation religieuse, Gombaud se situe dans le courant général de son époque, créateur de monastères et de communautés diverses. Son geste vis-à-vis de la grande abbaye marseillaise devait être le premier d'une longue série qui assurerait à la communauté victorine le meilleur de son rayonnement. A ce titre Gombaud compte parmi les personnages marquants de son histoire (19'.

Les patronat et tutelle sur le monastère resteront au pouvoir de la famille de Gombaud de Besora jusqu'au XIII ' siècle. L 'une des dernières dispositions du fondateur fut pour obliger son gendre Mir Geribert, fils de Ermengarde, sœur du comte Ramon Borrell, ainsi que l'épouse de celui-ci Guisla, sa fille née de son premier mariage avec Guisla, qu'ils défendraient et protégeraient toute leur vie le monastère du Fai.

Le document sans date, mutilé, présente un curieux mélange de latin et de catalan qui le rend particulièrement intéressant, vu son antiquité, puisque rédigé aux alentours de 1041, date du testament de Gombaud.

Les deux époux promettent d'obliger au même compromis par serment, leurs fils ou fille auxquels ils lèguent le château de Montbui, s'ils Se trouvent atteindre l'âge de quatorze ans. Dans le cas contraire, ce compromis est imposé au châtelain dudit château jusqu'à ce que son héritier atteigne à l'âge de pouvoir juger, et si o tenrems et 0 atendrems per {idem rectam, sine engan, ad predicto coenobio per Deum et iste sanctus (20'.

19. Dom A. Mund6, c Moissac, Cluny et les mouvements monastiques de l'est des Pyrénées du r au XIr siècle ,.. dans Moissac et l'Occident au Xl- siècle (Actes du colloque, Toulouse, E. Privat, 1964), p. 229-248.

20. Cart. de Saint·Victor, t. Il, n° 1052, p. 524. Tous les textes concernant Sant-Michel deI Fai viennent d'un rouleau, copie d'originaux, de la seconde moitié du XI~ siècle, conservé aux Arch. dép. des Bouches-du-Rhône, 1 H 38,

d~ ~~nt~Mti~eh~e~~lP1~f :~t~~~~tSe d;i~1ni~~ ~~~~t~iu~o~ ~~u;e ~!~i~%tulï~~~ du document.

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358 A. PLADEVALL-FONT

LA COMMUNAUTÉ BÉNÉDICTINE.

Les premiers moines connus sont Willemundlls ubbas en 1006, Vuadul/us mOllacus en 1034, Poncius monacu. en 1041, S/eplwnus monacus en 1042, enfin Vidal monacus en 1043-44, - tous men­tionnés dans les documents de fondation.

Le Inanque de documents originaux ne permet d'avoir que peu de précisions sur le nombre et l'origine des moiues. A partir de quelques mentions éparses on peut entrevoir une communauté qui n'est pas supérieure à un total de dix personnes. Dans un premier document daté du fi mars 1064 qui concerne un échange de propriétés, nous trouvons comme signataires: lohannes prior, Compagnus monachus, Wi/elmus, Arduinus monachus, Pelrus monachus, Arnu/fus monuchus, enfin Sendredus levi/a, qui rédige l'acle (21).

Ce Wilelmus serait-il le Gnillaume-Bérenger, comte d'Au son a et fils du comte Bérenger-Raimon 1", au sujet duquel plusieurs auteurs ont avancé qu'il avait pu se retirer au monastère du Fai. après avoir renoncé à son comté en faveur de son frère? Qu'il nous suffise d'avoir mentionné l'hypothèse.

Le second document, du 5 février 1124, toujours relatif à un échange. de terres, est signé par Wi/elmus prior, Bernardus mona­chus, Benediclus monachus, Raimundus monachus, enfin un Gui/elmus presbiter, suivi de quelques laïcs et lévites qui n'appar­tiennent pas à la communauté.

Pour le XIV' siècle, un catalogue conservé aux Archives départementales des Bouches-du-Rhône (l H 675), qu'une note marginale permet de dater approximativement de l'année 1378, porte au folio XXVII :

ln diocesi Barchinonensi. Prioralus S. Michaelis de Fal/io. Debet ibi esse prior eum sacrista et tribus monachis [in margine: So/uit in decima XVIII libr., XIX sol, III den.] Prior est : Deodalus Jordani Sucrisla : Pelrus Mo/ini

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SAINT -MIQUEL-DBL-F AI 359

Monachi : t Raymundus de Argellerio Bernardus Raynes t Geraldus Thoyroni.

[in margine: Pro duobus monachis debet dore duos monachias in Montepessulano]

Quelques aulres documents nous ont permis de dresser une liste priorale jusqu'en 1567, date à laquelle la dignité priorale fut unie à la charge d'ar chidiacre mineur de Gérone_ La voici telle que l'éta t actuel des recherches nous a permis de l'établir :

1" Prieurs dépendant de Sainl-Victor :

J ean _____ ... . .. _ .. . .. _ . . .. . ... . _ ...... . .... . 1064-1074

Pere Homine ... . , .. . _ .. " , .. , .. ,., .. .. ... .. , .. .. , 1113

Riquer ... .... . ....... .. ..... , . .. .. , . . , ........ . .. 1149

Bertran de Monledesiderio Pere Serenus . .. . . . .. ... .. . ... . .. . ........ . ..... . .

Ramon

Berenguer ..... , . . . , .. , ." , .. , .. " .. , . . " .. , . . " ..

F elipe J ordà . . .. . .. . .. " .. .. " ...... . .. . ... . . . . . .

Bertra n de Calenc6 . .. . , .. , . . ......... .. , . . . .. .. . .

Bertran d 'Oliver es . .. .

(Victor) Marqués Guillem ..

Gaucelm de Sant-A man s ............... , ...... , .. .

2 0 Prieurs commendataires

1236

1240

1246

1255

1265

1303-1319

1324

1330-1338

1347-1356

Nicolas, cardin. de St. Sixte 1360-1366

(& Bernard de Lausensons, son agent & procureur). . .. 1363-1365

Déoda t J orda, O.S.B. . .. .... 1371-1376

Luis de Ca slellbell(a) Cordelles 1398-1427

Gaucefred de Millars ....... . . . 1433-1445

Gonzalo, archevêque de Saragosse ........ , . .. . . . . .. 1448

Rodrigue de Borja, évêque de Barcelone ... .. . . . . . ... 1473-1478

Gonza lo F . de Heredia, évêque de Barcelone 1479-1490

Fréderic de Portugal, archevêque de Saragosse 1533-1536

Pere de Castellet, évêque d 'Urgel .... . ........... •. . , 1537-1566

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360 A. PLADEVALL-FONT

Dès le début du XIV' siècle ce monastère, tombé au rang de simple prieuré, souffrit de l'état de dépression que connut la r égion tout entière à ceUe époque 122 1, il n'éta it plus tenu que par quatre moines, y menant une ex istence assez peu régulière, de lelle sorte qu'en 1325 l'évêque de Barcelone dut menacer l'abbé de Saint-Victor de Marseille de dissoudre ce résidu de communaulé s' il ne corrigeait pas les abus qui s'y manifestaient. Au milieu du quatorzième siècle, le prieuré tomba en commende, cum jam careret monaehis uel eum paueis. Quand en 1363 l'abbé de Saint-Victor, Guillaume de Grimoard, fut élu pape sous le nom d'Urbain V, Sainl-Michel-du-Fai vit accroltre sa liberté, puisque le pape conféra alors à to us les monastères et prieurés de la congrégation victorine la liber/as romana. Cela permit à quelques prieurs commendataires du Fai des XV"-XVI' siècles d'appeler leur monastère nullius dioeesis. A cette époque toutefois, le prieuré, administré par des prêtres et des oblats, n'était plus pour eux qu'une source de revenu s. La communauté bénédictine y subsista théoriquement jusqu'cn 1567, date à laquelle le pricuré fut sécularisé et confié à l'archi­diacre mineur de l'évêché de Gérone, qui le garda jusqu'à la suppression, en 1835.

A. PLADEV ALL-FONT.

22. A. PladevalI, c La disminucio de poblament a la plana de Vich, a mit jans deI segle XIV., dans les Actes de ['Assemblea d'estudis Comarcals VI" (Vich, 1962), p . 23-35.