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n.a.f. 24 776 WILLIAM SHAKESPEARE Reliquat et documents Edition critique – Jacques Cassier, éditeur Sommaire A : Notice B : n.a.f 24776. Première partie – feuillets 1 à 522 C : n.a.f. 24776. Seconde partie – feuillets 523 à 614 D : Index des noms propres Deuxième partie – feuillets 523 à 614. Le manuscrit n.a.f. 24 776 contient, d’une part, le "Reliquat" stricto sensu de William Shakespeare et, d’autre part, des documents – essentiellement des correspondances – en rapport avec cet ouvrage. En raison de son volume, nous avons découpé la transcription du manuscrit en deux. La deuxième partie occupe les f° 522 à 919. Elle est composée (1) de lettres, d’articles de journaux et (2) d’une copie du manuscrit de William Shakespeare, avec corrections de Victor Hugo et ayant servi pour l'impression – cette copie n’est pas traitée dans le présent travail ; elle a été complètement utilisée par Guy Rosa pour son édition critique de William Shakespeare, en ligne sur le site Victor Hugo, ( ). f° 523-527 f° 529-530 : Lettre du 1863.11.11 de Ch. Pagnerre à Victor Hugo. f° 531 : Lettre du 1863.12.20 d’A. Lacroix à Victor Hugo. f° 534-535 : Lettre du 1864.01.02 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 10-11 f° 536 : Lettre du 1864.01.05 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 12

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n.a.f. 24 776

WILLIAM SHAKESPEARE

Reliquat et documents

Edition critique – Jacques Cassier, éditeur

SommaireA : Notice B : n.a.f 24776. Première partie – feuillets 1 à 522 C : n.a.f. 24776. Seconde partie – feuillets 523 à 614D : Index des noms propres

Deuxième partie – feuillets 523 à 614.

Le manuscrit n.a.f. 24 776 contient, d’une part, le "Reliquat" stricto sensu de William Shakespeare et, d’autre part, des documents – essentiellement des correspondances – en rapport avec cet ouvrage. En raison de son volume, nous avons découpé la transcription du manuscrit en deux.

La deuxième partie occupe les f° 522 à 919. Elle est composée (1) de lettres, d’articles de journaux et (2) d’une copie du manuscrit de William Shakespeare, avec corrections de Victor Hugo et ayant servi pour l'impression – cette copie n’est pas traitée dans le présent travail ; elle a été complètement utilisée par Guy Rosa pour son édition critique de William Shakespeare, en ligne sur le site Victor Hugo, ().

f° 523-527f° 529-530 : Lettre du 1863.11.11 de Ch. Pagnerre à Victor Hugo.f° 531 : Lettre du 1863.12.20 d’A. Lacroix à Victor Hugo.f° 534-535 : Lettre du 1864.01.02 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 10-11f° 536 : Lettre du 1864.01.05 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 12f° 537-539 : Lettre du 1864.01.08 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 13-14-15f° 540 : Lettre du 1864.01.10 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 16f° 540bis : Lettre du 1864.01.12 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 17f° 541 : Lettre du 1864.01.17 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 18f° 542 : Lettre du 1864.01.19 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A [19]f° 543 : Lettre du 1864.01.23 d’A. Lacroix à Victor Hugo. C [20]f° 544 : Note (sans date)f° 545-546 : Lettre du 1864.02.02 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 21-22f° 547-548 : Lettre du 1864.02.03 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 23-24f° 549 : Lettre du 1864.02.03 d’ [A. Lacroix] à Victor Hugo. A** 25f° 550-551 : Lettre du 1864.02.18 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A. 26-27f° 552 : Lettre du 1864.02.21 d’ [A. Lacroix] à Victor Hugo. A** 28f° 553 : Lettre du 1864.02.21 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A** 29f° 554-559 : Affaire Lamartine

f° 554 : Bulletin de souscriptionf° 555 : Note de Victor Hugof° 556 : Lettre du 1864.02.24 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 35f° 557-559 : Lettre du 1864.02.28 de Victor Hugo à A. Lacroix (Copie). A 30-31-32

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f° 561 : Lettre du 1864.03.01 d’A. Lacroix à Victor Hugo. Bf° 562 : Lettre du 1864.03.06 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 37f° 563 : Lettre du 1864.03.13 d’A. Lacroix à Victor Hugo. A 38f° 564 : Lettre du 1864.03.13 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 39f° 565 : Lettre du 1864.03.15 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A** 40f° 566 : Lettre du 1864.03.16 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 41f° 567 : Lettre du 1864.03.17 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. B 42f° 568 : Lettre du 1864.03.17 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. B 43f° 569 : Lettre du 1864.03.20 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. B 44f° 570 : Lettre du 1864.03.24 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. B 45f° 571 : Lettre du 1864.03.27 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. B 46f° 572 : Lettre du 1864.03.28 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. B 47f° 573 : Lettre du 1864.04.04 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 48f° 574 : Lettre du 1864.04.10 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 49f° 575 : Lettre du 1864.04.14 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 50f° 576 : Lettre du 1864.04.15 d’A Lacroix à Victor Hugo. C 51f° 577 : Lettre du 1864.04.18 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 52f° 578 : Lettre du 1864.04.24 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 53f° 579-580 : Lettre du 1864.06.07 d’A Lacroix à Victor Hugo. A 54-55f° 581 : Lettre du 1864.07.27 de L.-H. Verboeckhoven à Victor Hugo. A 56f° 582 : Lettre du 1864.04.03 d’A Lacroix à Victor Hugo. A 57f° 583-584 : Lettre du 1865.01.08 de Théophile Guérin à Victor Hugo. 58f° 586 : Lettre du 1863.03.12 de G. Daelli à Victor Hugo.f° 587 : Lettre du 1864.04.03 de Victor Hugo à G. Daelli.f° 588 : Brouillon de lettre [du 1864.04] de Victor Hugo à G. Daelli.

f° 590 : Epreuves corrigées des pages II et III de I, I, 1. 63f° 591-603 : Shakspeare et ses traducteurs MM. Guizot & François-V. Hugo. .f° 604-607 : Modern corruption of Shakespeare’s text.f° 609-613 : Revue nouvelle 1864.04.15, pp. 369-374 : Le Beau serviteur du Vrai, par Victor Hugo. .f° 618-919 : Copie, avec corrections de Victor Hugo et ayant servi pour l'impression.

** *

En marge droite de la liste ci-dessus des lettres et documents, figure deux indications :1. Une majuscule qui représente l’un des trois formats de papier à lettre utilisés par Albert Lacroix et

L.-H. Verboeckhoven : A, papier à lettre à en-tête Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, avec, en marge gauche, un "Extrait du catalogue général" (19,5 x 30 cm) ; B, papier à lettre à en-tête A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, libraires-éditeurs (11 x 18 ou 19 cm) ; C, papier à en-tête Librairie internationale (13,5 x 21 cm). La majuscule est suivie de : ** indique que la feuille a été amputée d’une partie de sa hauteur.

2. Un chiffre qui figure, écrit au crayon, au verso de certaines lettres, il participe à une numérotation indépendante de celle des ff°, qui coure de 10 à 58 et 63.

Quelques abréviations :IN : Edition dite de l’Imprimerie nationale. – Et dans cette édition, IN/WS : William Shakespeare. – Post-scriptum de ma vie (1937) ; IN/Co I [à IV] : Correspondance 1 à 4 (1947, 1951, 1951, 1952) ; IN/CRB : Chansons des rues et des bois (1933) ; IN/A&P II : Actes et paroles II. Pendant l’exil, 1852-1870 (1938).

f523 sc * * Au centre d’une feuille de papier bleu foncé, avec des lignes (23,5 x 37 cm) est collé une petite étiquette blanche de 9,5 x 8 cm.

f523 -Traités pour W. Shakespeare

Lettres de ---

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Lacroix et Verboeckhoven A ce sujet Brouillon de V. H. Lettre de Vacquerie Traité Pagnerre Traité Daelli - italien

f524 sc * 1864 * Chemise de papier grossier brun foncé, chaque volet mesurant 25,5 x 35,5 cm, paginée 524-525.

f524r -Dossier des faits

(1863-1864)Article des

Shakespeare---------------------* ce titre qui occupe le centre d’une grande feuille, est barré d’un trait oblique.

f524 v -V. H._____

SHAKSPEARE(Pour servir d'introduction à une nouvelle traduction

de Shakespeare.)__________

f526 sc * 1864 * sur une feuille imprimée portant "Table des matières" de la Tribune lyrique (1ère année ; recto : p. I et verso : pp. II et VII) ; brun clair, 20,5 x 26,5 cm.

f526 -Affaire du

SHAKSPEARE__________

Préface promise à Victor α

_______

Traités – Lettres_______

MM. A. Lacroix et CiePagnerre_______

---------------------α. François Victor Hugo. Il s’agit de la Préface à la Traduction des œuvres complètes de Shakespeare que Victor Hugo avait promis à son fils – dont le vrai prénom était Victor.

f527 sc * vers 1864 * au verso d’une enveloppe (19 x 25 cm) portant 4 timbres et les mentions : (1) en haut : Prière expresse de ne pas plier cette livraison ; (2) en bas : Grenoble Matheron illustré / Envoi de M. D. Rabroult. -art- Peintre / Rue Malakoff – Grenoble. NB. Un "collectionneur" indélicat a récemment découpé, au milieu de l’enveloppe, un morceau rectangulaire qui portait les quatre timbres.

f527 aTraité pour

le

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Volume : Shakespeare_______

Lacroix – Pagnerre_______

f527 bLe dossier contient le traité Lacroix α – plus la lettre annexe β – plus les documents relatifs à l’affaire Shakespeare – Lamartine.---------------------α. Le "traité Lacroix" ne figure plus dans le Reliquat. Il en a été distrait, car IN/WS, pp. 408-409 signale la présence d’"une copie [du traité] reliée dans le manuscrit du Reliquat, datée dix janvier mil huit cent soixante-quatre, signé Victor Hugo". Qu’est-elle devenue cette copie ? - β. En revanche, on trouve dans le Reliquat, la lettre annexe : lettre d’Albert Lacroix à Victor Hugo, en date du 1864.01.10 (cf. infra, f° 540) qui est considérée, par son auteur, comme "un engagement qui complète le traité en projet".

f528 blancf529 sc * 1863.11.11 * Sur papier à en-tête PAGNERRE EDITEUR, plié en deux pour offrir 4

pages de 21 x 13,5 cm.f529r

f529v

-

-

Paris, le 11 novembre 1863 Monsieur Victor Hugo. à Guernesey.

Comme M. Lacroix vous l’a écrit de Bruxelles α, dès dimanche, une heure avant son départ pour Paris, il devait voir M. Pagnerre. Il ne demandait pour votre volume sur Shakspeare qu’à s’entendre avec M. Pagnerre, selon le désir que vous lui en exprimiez. Il a vu M. Pagnerre, et il a été reconnu qu’en somme les deux propositions concurrentes étaient identiques au fond. M. Pagnerre déclare avoir accepté de vous payer pour une propriété de douze ans (onze années effectives de tirage) la somme de quinze cents francs la feuille. Son évaluation, en acceptant ce prix, était que l’œuvre atteindrait de 18 à 22 feuilles, ce qui équivaut à un prix

[2/]de 27000 à 33000 francs, c’est-à-dire un peu plus ou un peu moins que la proposition fine de M. Lacroix. Eh bien ! Monsieur, nous voulons selon votre désir rentrer pour moitié chacun dans la proposition de M. Pagnerre, et, pour conclure cette affaire, nous venons vous dire, après nous être mis d’accord : Si votre volume atteint vingt feuilles in-8°, le prix à vous payer sera de trente mille francs ; Si votre volume atteint ou dépasse vingt-deux feuilles, le prix sera de trente trois mille francs. Dans ces termes, nous nous engageons à faire l’opération de compte à demi, en nous conformant tous les deux pour les autres stipulations aux conditions insérées dans le traité relatif aux Misérables passé avec M. Lacroix, traité qui servira de base pour tous les autres points non prévus dans la présente. Le prix sera payable, moitié au comptant, en argent, la veille de la mise en vente, - moitié ---------------------α. Lettre du 7 novembre 1863, dont on trouvera des extraits dans IN/WS 1937, p. 403 ().

f530r - a en un effet payable à six mois de la mise en vente. Nous n’attendons plus que votre réponse, monsieur, pour signer ces conventions. Vous voyez que, par déférence pour vos désirs, M. Lacroix n’hésite point, si, comme il l’espère, votre œuvre va au-delà des vingt-deux feuillets, à dépasser son offre première, afin de vous satisfaire pleinement et afin de ne point se séparer de M. Pagnerre. Croyez, en attendant monsieur, à l’expression de nos sentiments les plus dévoués.

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Vu et approuvé l’écriture ci-dessusA. Lacroix, Verboeckhoven etc.

Vu et approuvé l’écriture ci-dessus Ch. Pagnerre ---------------------a. ici, le texte occupe la page "3" de la feuille pliée en deux (considérée comme un nouveau recto).α. La réponse de Victor Hugo sera datée du 18 novembre 1863, cf. IN/Co-II, 1951, pp. 455-456

f531 sc * 1863.12.20 * feuille de papier bleu, sans en-tête, de 21,5 x 27 cm. f531 -

α Guernesey, le 20 décembre 1863

Mon cher M. Victor Hugo,

Le projet de traité que vous m'avez envoyé β est accepté par moi dans toute sa teneur, avec cette concession que vous voulez bien y ajouter.1° Le droit pour moi de ne faire qu'une impression, à Paris, si je le juge utile, tout en vous garantissant que nous publierons, à coup sûr, une édition complète pour l'étranger ; 2° le droit pour nous de vendre le volume à raison de 7 fr. 50 c. a prix fort. - — En outre, il est dit que le prix total à vous payer pour le volume : Shakespeare est fixé à trente-cinq mille francs. — Pour tout le reste votre traité subsiste dans son texte intégral et nous lie des deux parts. Toutefois si M. Pagnerre refusait d'y souscrire pour sa moitié, à cause du sous-titre de l'œuvre : "Pour servir d'introduction à une traduction de Shakespeare", je vous déclare que je reprendrais pour moi seul le traité entier, sauf à trouver avec vous et de commun accord le moyen de réaliser pour M. Pagnerre ce qu'il attend : une courte introduction de vous à l'édition qu'il publie des œuvres de Shakespeare. Mais l'engagement pris entre vous et moi n'en subsisterait pas moins quant à votre volume nouveau. – J'ajoute enfin, cher maître, que je manifeste le vif et sincère désir de vous voir maintenir dans le volume, le livre : L'Art et la Science , tout en nous gratifiant en plus et à titre de don généreux du livre nouveau que vous m'annoncez : Shakespeare l'Ancien , comme ayant été ajouté par vous au plan primitif. Tout à vous Albert Lacroix.---------------------a. ici, le vol., rayé.α. lettre publiée entièrement dans : IN/WS 1937, p. 407 (). - β. Victor Hugo présenta son projet de traité dans sa longue lettre du 1863.12.06 ; cf. IN/WS 1937, pp. 404-407 ().

f532 blancf533 blancf534 sc * 1864.01.02 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f534r -

α Bruxelles, le 2 janvier 1864 a

Monsieur Victor Hugo. Mon cher maître,

Je vous avais promis réponse quant au traité. J’ai eu à m’entendre d’abord avec M. Pagnerre. M. Pagnerre ne veut pas accepter sa part de moitié dans le traité parce qu'il ne veut point être exposé à devoir faire don aux acheteurs de la traduction de M. votre fils de votre volume, et pour lui, la mention que vous mettez à l'œuvre, savoir : "Pour servir d'introduction à une traduction de Shakespeare ", cette mention pourrait l'entraîner à une conséquence à laquelle il se refuse. M. Pagnerre m’a donc écrit qu’il se retirait de l’affaire ; il m’a chargé de vous en informer. M. Pagnerre nous produit encore une autre raison : c’est qu’obligé de donner votre volume à une catégorie de clients (les souscripteurs à l’ouvrage de votre fils), il se trouverait, dit-il, dans une position d’inégalité vis-à-vis de nous. Voici le passage de sa lettre : "Considérant que les points de vue différents auxquels nous pourrions, vous et moi, nous placer pour l’exploitation, ma mère croit devoir revenir à l’exécution pure et simple de notre traité avec M. Victor Hugo et vous abandonner les

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f534v 10

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droits que nous avons de la moitié dans cette affaire du livre de M. Victor Hugo ; et vous la cédons complètement avec ses charges et ses avantages. Ma mère est convaincue qu’avec l’unité d’action que

2/ vous imprimerez à cette affaire, elle marchera mieux que lancée simultanément par nos deux maisons. Je n’ai pas besoin d’ajouter que je désire que vous réussissiez complètement."— Telle est la décision de M. Pagnerre. Je m’empresse de vous la communiquer, cher maître. J’ai insisté toutefois auprès de M. Pagnerre, afin qu’il comprît que c’était son intérêt, et l’intérêt de la traduction de M. votre fils, – qu’il fît le sacrifice d’un volume ou deux, afin de vendre 15 volumes. Je n’ai point réussi. – Je me tiens donc obligé par le traité que j’ai accepté et je me trouve substitué à M. Pagnerre pour sa moitié dans cette affaire. – Il reste maintenant à échanger b entre vous et moi, le traité définitif, en bonne et due forme. Ce que je suis prêt à faire. Ce n’est plus qu’une question de régularisation. – Au reçu de votre lettre, je vous enverrai par retour du courrier le c traité qui est d’ailleurs tout tracé par votre projet même que nous suivrons. – Seulement, cher maître, nous ne pouvons perdre de temps en ce qui concerne l’impression, veuillez déjà me faire parvenir toute la copie que vous auriez prête, et qui serait révisée. Je vais à Paris le 14 de ce mois. Je devrais avoir avant cette date le plus possible de votre manuscrit, afin de l’emporter à Paris pour en hâter l’impression. Il n’y a plus de temps à perdre, à peine arrivera-t-on à fin février en commençant même le 19 janvier. J’ai soigné l’envoi de votre lettre et de la lettre de Garibaldi aux divers journaux. La reproduction s’effectue presque chez eux. Vous pourriez déjà faire annoncer votre nouveau volume en Angleterre. Je commence à l’annoncer partout en France, en Belgique, en Allemagne, en Italie.– M. Jottrand a reçu de M. Tarride en effets, la somme qui vous revient. M. Jottrand compte vous donner plus de d

---------------------a. ici, A. Lacroix a ajouté, d’une écriture très fine, en biais : "Une question. Ne parlez-vous point de Gœthe dans le volume Shakespeare ?". - b. en sc d’un mot illisible. - c. ici : projet, rayé. - d. le bas de la page est coupé, sans respect du texte, dont la fin a disparu.

f535r

f535v 11

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3/suiteces jours. En attendant, il demande s’il doit vous envoyer ces valeurs ou si c’est nous qui devons les encaisser pour votre compte. En tous cas, vous devez les endosser. Le montant du a paiement effectué par M. Tarride est de 3000 fr. en deux effets, l’un à l’échéance de fin janvier 1864 (1000 fr.) et l’autre de 2000 fr. à fin juillet 1864, plus 68 francs en espèces. En outre M. Tarride a livré à M. Jottrand (qui nous les a remis en dépôt) 6968 exemplaires de Napoléon le petit ; pour votre quote-part. Il y a 24 paquets de 250 exemplaires chacun, et 4 paquets de 150 exemplaires et 1 de 200 exemplaires, 1 de 100 exemplaires in-32 et 48 exemplaires in-18, plus 20 exemplaires sur papier pelure. Nous nous chargerons d’encaisser pour votre compte les valeurs Tarride, si vous voulez que nous nous en chargions. Il suffirait en ce cas qu’elles fussent transmises par nous à votre ordre. D’après les comptes de M. Tarride la fabrication des 20 mille exemplaires revenait à 5000 fr. soit 25 centimes l’exemplaire. Comme je vous l’ai dit, cher maître, M. Tarride en avait vendu 4000 exemplaires à M. Rosez 1 à 90 centimes l’exemplaire (cette recette est comprise dans les effets que détient M. Jottrand). Les contrefaçons se vendent partout à 1 franc, 1 fr. 25 cimes ou 1 fr. 50 cimes. La vente de l’édition de Bruxelles est par là absolument paralysée. On ne peut faire concurrence aux contrefaçons à cause du prix. Veuillez décider. – Quant

4/ à nous, nous possédons encore plus de 900 exemplaires de Napoléon le petit in-32, achetés par nous à M. Rosez, il y a assez longtemps et que nous ne parvenons point à écouler, à cause du prix. Nous n’avons guère pu placer plus de 100 exemplaires depuis deux ans. Je crois que votre intérêt serait de faire un sacrifice pour chercher à écouler les quelques milliers d’exemplaires que nous conservons provisoirement en dépôts pour votre compte. Quelle redevance désireriez-vous pour le volume à publier, le Victor Hugo de l’exil ?

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– Avez-vous réfléchi, selon votre promesse, aux propositions diverses que je vous fis à Guernesey et que je résume ici : un traité d’ensemble nous assurant toutes vos œuvres futures, sur le pied de 25000 francs par volume de vers, 30000 par volume de prose, pour une propriété absolue b de douze années pleines. Vous voyez que j’aimerais une solution assez prochaine. Vous avez compris l’intérêt qu’il y a pour nous à avoir un traité qui nous assure que nous resterons vos éditeurs à l’avenir, en vous laissant maître de déterminer vous-même l’ordre et la date de publication. – Vous aviez promis aussi de me donner communication de votre traité avec Hachette, avec Hetzel, avec Houssiaux afin que je puisse voir si une combinaison d’une nouvelle édition de vos œuvres précédentes est possible par nous – soit dès maintenant, soit à l’expiration du traité Houssiaux. En tous cas, nous pourrions peut-être compléter l’édition gr. in-8, publiée jadis ici à Bruxelles et qui s’arrête aux Burgraves. – Veuillez, s. v. p., m’envoyer copie de vos divers traités. Je réexaminerais la question, si vous n’avez pas le temps de l’examiner vous-même. Mais c’est assez urgent, car d’ici à l’expiration du traité Houssiaux nous n’avons pas trop de temps pour préparer le traité de cette affaire, organiser la publication, prendre nos mesures.– J’attends votre réponse par retour du courrier, cher maître, et vous prie de présenter mes hommages à Mme Drouet, à Mme Chesnay, – mes compliments à M. votre fils. Je vous envoie tous mes meilleurs souhaits de nouvel an, et vous serre les mains.

Albert Lacroix---------------------a. Lacroix avait commencé à écrire : de la prom[esse], puis il a transformé le de en du, rayé le la et sc paiement sur prom[esse]. - b. add. sup.α. des extraits de cette lettre sont publiés dans : IN/WS 1937, pp. 407-408 () et dans : IN/CRB 1933, p. 457-458, ().1. J. Rosez, libraire bruxellois qui travaillait notamment avec Charles-Edouard Joubert spécialiste de la contrebande des livres.

f536 sc * 1864.01.05 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f536r

f536v 12

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Bruxelles, le 5 janvier 1864

A monsieur Victor Hugo. Mon cher maître,

Je vous confirme ma lettre du 2 courant, et la complète par l’envoi du projet du traité, modifié dans les points dont il a été question entre vous et moi à Guernesey et desquels nous sommes tombés définitivement d’accord. Il ne s’agit plus que de me dire si je puis vous envoyer une copie définitive. Je vous prierais de votre côté, si nous sommes bien d’accord, comme je le pense, de vouloir, pour gagner du temps, m’en envoyer une copie signée et approuvée de vous. Cela me permettra, par retour courrier, de vous envoyer l’acte signé par nous. J’attends avec une vive impatience le premier envoi du manuscrit, ou je prévois déjà qu’il ne sera pas possible d’arriver à fin février. Aussi je vous demanderai de ne pas faire une clause de rigueur de cette date fatale. Donnez-nous une certaine latitude, si le lancement nécessite un peu plus de temps donnez-le moi. Fiez-vous en à moi : Vous savez que je ne traînerai point en cette affaire. – J’ai aussi introduit (comme il est juste d’ailleurs) l’adoucissement que durant les deux premières années de notre exploitation nous ne pourrons être contraints à compléter toutes les éditions. – car ce serait une trop forte dépense d’abord, puis une concurrence créée par nous à nous envers notre première vente. Cela tuerait l’affaire. – Je vous en prie encore : maintenez l’art et la science. Je crois que le public s’attend dans ce livre, à trouver des idées qu’il aime, qu’il recherche. Vous n’avez point, cher maître, à vous plaindre de

/2 nous, ni comme soins apportés à vos ouvrages, ni comme rapports d’affaire, ni comme prix payé pour vos ouvrages, vous nous ferez ce don généreux que j’attends, que je sollicite de votre xxxx bienveillante. Dites a à Mme Drouet et à Mme Chesnay que je les prie b

d’être mes intercesseuses auprès de vous. – Après en avoir appelé à la bonté que vous m’avez toujours témoignée, pour obtenir de vous, cette faveur, cher maître, je m’adresserai

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aussi à votre haute raison : l’édition de Paris de Shakspeare, pour être conforme à celle de Paris des Misérables, n’aura que 22 feuilles environ, pour une matière de 26 à 27 feuilles édition de Bruxelles. C’est la proportion. Or 22 feuilles, c’est un bien mince volume. Il en faudrait 23 ou 24 pour avoir un volume raisonnable et 23 feuilles ne rendraient même point. Cela ne ferait encore que 400 pages. Donnez-nous, outre le Shakspeare l’ancien, donnez-nous, l’art et la science. Mille amitiés à tout votre monde de Guernesey. Je reste toujours tout à vous. Albert Lacroix---------------------a. au-dessus de : priez, rayé. - b. que je les prie : add. sup.

f537 sc * 1864.01.08 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f537r

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α Bruxelles, le 8 janvier 1864 a

Mon cher monsieur Victor Hugo. A peine votre lettre m’arrive-t-elle que je me hâte d’y répondre.— Je trouve votre sous-titre : "publié à l'occasion du jubilé de Shakespeare en Angleterre et de la nouvelle traduction de Shakespeare en France ", je trouve ce sous-titre nuisible plutôt à votre œuvre. En effet, les malveillants diront : C'est une œuvre d'occasion. – Ce n'est pas un livre-monument, — un programme, — c'est un livre de pure circonstance. — Grave objection qui, exploitée par des adversaires, compromettrait la vente. – J'aime, quant à moi, cent fois mieux votre titre premier : William Shakespeare . Il faut que votre œuvre n'ait pas l'air d'une œuvre accidentelle, mais soit un livre capital, longuement médité, mûri, un manifeste enfin dans toute la force du terme. – Déjà la mention : Pour servir d'introduction à une traduction nouvelle de Shakespeare , diminuait un peu la portée de votre œuvre. – Soyez convaincu que mon observation est pratique. – Vous m'avez objecté que sans cette mention, l'œuvre ne s'expliquait point bien. Je trouve que l'introduction que vous y mettez — ce dialogue entre votre fils et vous — explique tout suffisamment. Mais sous le titre, ces mentions réduisent et diminuent la portée de votre volume. – D’ailleurs j’accepterai votre décision sur ce point quelle qu’elle soit. – J’approuve aussi le retranchement de V. H., et la signature en toutes lettres, et la dédicace.– Parlons de M. Pagnerre. – J’ai accepté d’être de moitié avec lui dans l’affaire, pour vous être agréable et parce qu’il y

2/ avait des pourparlers engagés entre vous et lui. C’était une concession que je faisais à des préliminaires engagés en-dehors de moi. – M. Pagnerre s’est retiré ! J’ai déjà commencé ma publicité. J’ai combiné tout à ma façon. Je me sens plus libre d’allures. Vous savez que je n’aime pas être à deux pour diriger une affaire ; l’affaire en souffre ; il y a des tiraillements. L’unité d’impulsion manque. Eh bien ! maintenant que par la volonté même et spontanée et libre de M. Pagnerre, il s’est retiré ! – je ne voudrais pas rentrer dans une situation difficile, que je n’acceptais, ainsi que M. Pagnerre, qu’à contre cœur. – Il y a au fond pour M. Pagnerre qui me l’a dit, une autre objection : c’est le prix de 35000 fr. qu’il trouve trop élevé. Sa mère (moi présent à Paris) était même d’intention de la refuser. J’ai insisté pour ne pas soulever cette difficulté, – quoique je fusse un peu effrayé moi-même de l’élévation du prix. Mais Pagnerre avait toujours calculé de 18 à 20 feuilles. Il ne prévoyait même pas devoir arriver à 30000 francs et sa mère beaucoup moins encore. Demandez-le à M. Pagnerre. En faisant l’opération de compte à demi avec M. Pagnerre, je ne lui avait pas concédé le droit que vous me demandez, avec lui, aujourd’hui de détacher de l’œuvre deux chapitres sur la vie et les œuvres de Shakespeare, et vous me demandez aujourd’hui, cher maître, alors que je paie seul les 35000 fr., alors que je n’ai pas ces raisons spéciales d’un associé à satisfaire, de lui concéder gratuitement – et obligatoirement une ou deux feuilles de votre volume, tandis que ces feuilles je vous les paie à raison de 1300 francs la feuille en comptant même sur 27 feuilles pour les 35000 fr. – Non ce n’est point possible. J’y mets toute la bonne volonté possible, toute la déférence imaginable, croyez-le. Mais je déflore moi-même votre œuvre, je détruis en partie mon exploitation ; j’enlève à votre volume les

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2 b livres β qu’un autre pourra publier comme moi, donner gratis, tandis que je les ferai payer, c pour partie dans les 7 fr. 50 cmes du volume. – Je me soumettais à cette d pénible éventualité ; alors qu’il s’agissait de 30000 fr., chiffre ---------------------a. ici, écrit très finement de travers : Je vous transmets dans ce plis deux valeurs de M. Tarride : 1° 1000 fr. fin janvier, 2° 2000 fr. fin juillet. Veuillez les endosser xxxxxxxxxx. [paraphe]. - b. ici : chap. - c. ici, rayé : comm. - d. ici : si, rayé. α. de courts extraits de cette lettre sont publiés dans : IN/WS 1937, p. 408, (). - β. Les deux livres en question - qui auraient pu être arrachés de William Shakespeare - sont : Shakespeare l’Ancien et L’Art et la Science.

f538r

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3/ primitivement offert par moi, et encore ce n’était qu’à cause de l’œuvre. – Mais maintenant jugez de la situation : bien des acheteurs de la traduction de M. votre fils, se diront : ma foi nous avons l’essentiel du nouveau livre de M. Victor Hugo, nous l’avons gratis, en tête de la traduction. Nous n’avons plus à acheter le livre nouveau entier. Ce qu’il dit de Shakespeare nous suffit. – Je veux admettre que ces gens se trompent ; je ne pense pas que ce soit l’essentiel qu’ils auront – mais une partie du public raisonnent ainsi, et ce raisonnement a pour appui des économies de 7,50 à réaliser par eux. Cela devient sérieux alors. Voudriez-vous, cher maître, m’entrainer à une mauvaise affaire, paralyser d’avance mon action, en me laissant dès le début sur une telle impression de découragement que cette éventualité me donne ? – Admettons que je me trompe, que je vois trop noire cette situation. Toujours est-il qu’il faut rester joyeusement et en pleine confiance en sa force, en la réussite pour faire marcher une aussi grosse affaire que celle-ci. Vous savez, cher maître, que j’ai toujours été prêt vis-à-vis de vous, à toutes les concessions justes que vous me demandiez, vous savez que je ne marchande guère et ne cherche qu’à accroître, tant pour vous que pour moi, la valeur matérielle de vos livres, en augmentant si possible votre public. – Permettez-moi de vous dire franchement que déjà 35000 francs pour 27 feuilles c’est vraiment un chiffre fort élevé. Cela rapporterait, en calculant sur droit

4/ d’auteur de 1 fr. 50 cmes par exemplaire (et 1,50 est un chiffre exceptionnel que seul vous avez peut-être dans toute la librairie). Une vente de 25000 exemplaires in-8°, c. à d. beaucoup, beaucoup plus que nous n’avons vendu d’exemplaires des Misérables. Or je ne pense pas que le Shakspeare ait un public aussi vaste qu’un roman. Ajoutez à cela le risque de ne vendre que 8 à 10000 exemplaires, - d’avoir des nombres de volumes en magasin qui ne se vendent pas et xxxxx une fabrication assez élevée. – Ajoutez à cela les risques de faillites, les frais énormes et nécessaires de publicité. – Et vous nous demanderiez alors, cher maître de donner une fraction de votre œuvre à M. Pagnerre. – Admettez que je le fasse, et que l’affaire Shakespeare ne réalise point vos vœux et les nôtres ; que je n’y retrouve pas mes comptes. – J’aurais souffert, c’est vrai, mais moi qui ai toujours cherché à concilier vos intérêts avec les nôtres – qui n’ai jamais hésité à vous donner d’emblée les prix les plus élevés possibles, sans vous soumettre à aucune éventualité, qui paie au comptant ou à six mois une somme que vous toucherez peut-être qu’au bout de plusieurs années, et par fraction (ce qui était en réalité mon prix de tous les intérêts cumulés). – pourrais-je alors, si la fabrication d’un volume me laisse en déficit, maintenir les prix que je vous paie et je vous offre aujourd’hui. – Pardonnez à mon langage de franchise  : mais votre intérêt à venir est conforme à mes intérêts présents. Vous n’avez pas à examiner le produit isolé d’un seul volume, mais d’un ensemble de volumes, de tous ceux que vous publierez. – Si je vous disais que, sur les capitaux que nous avons consacré à l’affaire des Misérables (droits d’auteurs, fabrication, publicité, etc.) nous sommes encore en arriéré de plus de cent mille francs à l’heure présente (il est vrai que nous avons des volumes en magasins pour vente), je ne vous dirai que la vérité. C’est qu’on ne rentre pas si vite dans une dépense qui approche actuellement pour cette seule opération d’un million (in-8°, in-18, impressions diverses à Paris, Bruxelles, Leipzig, traductions à nos frais). – Quand je vous demande avec tant d’insistance les deux livres : Shakespeare l’ancien, et l’art et la science, cumulativement,

f539r 5/ c’est parce que je sais qu’il faut donner le plus de force et le plus d’intérêt possible à votre volume pour en accroître la vente. Ma conclusion, cher maître est celle-ci : je vous demande une concession, non sur le prix,

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mais sur la quantité de matière – et la faveur que les textes de votre volume soit notre propriété seule, exclusive, sans concurrence possible, sans fractionnement au profit d’un autre. En un mot maintenir le traité que je vous ai envoyé et qui n’est d’ailleurs que la copie de votre projet, avec la demande supplémentaire des livres Shakespeare l’ancien et l’art et la science à la fois. Maintenir a ce traité, sans y ajouter de nouvelles clauses rigoureuses pour nous. M. Pagnerre d’ailleurs, j’en suis sûr, ne demandera pas b et ne désirera pas plus que nous d’avoir une introduction dont il n’aurait pas seul la disposition. – Il préférera avoir quelque chose de spécial pour lui. Ce qui est légitime. Maintenant, quant à M. votre fils, quel doit être son désir ? que votre œuvre serve le plus possible sa traduction. Or, comme publication isolée elle la sert énormément et lui prépare peut-être un public. – Qu'il y ait une introduction toute nouvelle, c signée de vous, faite spécialement pour sa traduction et placée en tête de celle-ci, – c'est là un élément de succès supplémentaire pour sa traduction. – Ce n’est pas une seule et même d chose e nous disons forme, qui fortifie la traduction ; ce sont deux choses, c’est

6/ double publicité, c’est double recommandation de son œuvre. — Quant à vous enfin, cher Maître, de quoi s’agit-il pour vous ? vous me voudrez concéder, rien. C’est à M. Pagnerre que vous accorderez quelque chose, c. à d. un petit travail nouveau, une étude, 16 pages à faire ! Vous ne les refuserez pas à M. Pagnerre et à votre fils. — Il n'y a pour vous qu'à puiser dans votre fonds ; il est si riche. Trouver le cadre est peu pour vous ; — chercher l'idée, ce n'est rien pour qui en porte de si hautes en lui ; — écrire 16 pages, c'est quelques heures, avec ce don f merveilleux de style que vous avez. — Donc, laissez-moi gagner toute ma cause. Vous n’êtes plus partie au débat. Je vous prends pour juge et pour conseil à la fois, vous mettant ainsi dans l’impossibilité de me refuser une faveur, une justice. Est-ce assez habile, ce que je fais. Et xxxx xxx xxxx vous, conspirer contre quelqu’un ? Mais vous serez indulgent pour le conspirateur qui, attendant votre prochaine réponse, la signature du traité et l’envoi de la 1ère partie du manuscrit (chose urgente, si l’on veut paraître) reste votre tout dévoué

Albert Lacroix

PS. Veuillez, je vous prie, remettre xxxx à M. votre fils. Je lui objecte, à propos de l’opuscule à publier : Le Noël de Napoléon III et le Christmas de Victor Hugo 1, - qu’à mon avis, et dans l’intérêt de votre volume prochain, il ne faut pas venir avec cela maintenant ne détournons pas le public à propos de votre nom, du Shakespeare, ne lui parlons pas d’autre chose. Et surtout, par l’antithèse xxx que présenterait cette brochure, ne froissons pas en ce moment le gouvernement français qui pourrait susciter des ennuis à l’occasion du volume. Je suis sûr que vous m’approuvez.---------------------a. maintenir : add. sup. - b. pas : add. inf. - c. ici : faite par, rayé. - d. add. sup. - e. ici : qui fortifie, rayé. - f. en sc de style.1. Je ne trouve aucune mention de cet opuscule en dehors de cette lettre  ; notamment pas dans Guille (Frances Vernor), François-Victor Hugo et son œuvre, 1950, qui recense les œuvres de F.-V. Hugo et ceux de ses manuscrits qui survivent.

f540 sc * 1864.01.10 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f540r -

Bruxelles, le 10 janvier 1864

A mon cher monsieur Victor Hugo.

Mon cher maître Hier soir nous est arrivé le projet de traité, chargé de vos observations. – Tout est donc définitif entre nous, sauf une copie officielle du traité ! Aussi pour vous permettre de nous envoyer par retour du courrier le commencement du manuscrit afin que je l’aie à temps pour l’emporter avec moi à Paris, – je m’empresse, cher maître, de répondre et de suivre

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vos observations.1° Bien noté les 26 ou 27 feuilles. Soit, je m’en rapporte absolument à vous. Je sais que vous désirez plutôt que j’aie davantage de matière dans le volume, que d’en avoir trop peu. Vous avez calculé le manuscrit. C’est comme si je l’avais vu et calculé moi-même, tant je m’en repose sur vous. – Merci, merci pour votre gracieux et précieux don de ce livre supplémentaire, Shakespeare l’ancien (tout en maintenant l’art et la science). – Donc 35000 fr. pour l’ouvrage tel quel. – 2° Le traducteur Wraxhall [sic], m’en parlons point dans le traité ; un traité est une pièce qui reste, peut passer en d’autres mains ; et une telle exclusion y stipulé contient quelque chose d’un peu personnel qu’il vaut mieux éviter. Je vous promettrais sur ce point ce que vous désirez ; Je le promettrais par lettre – Toutefois je suis prêt à inscrire cette promesse dans le traité, si vous le jugez nécessaire. Voulant remplir vos vues sur ce point, je n’ai nulle objection à une insertion de cette exclusion dans le traité, sauf que les questions de personnes sont toujours délicates. 3° oui, il est entendu que s’il y a des retranchements à Paris, l’édition complète de Bruxelles paraîtra en même temps. Le mot immédiatement comportait ce sens dans ma pensée.

[2] /4° La livraison du manuscrit (dates de la). J’accepte votre proposition de maintenir les délais du premier projet de traité, libellé par vous. – je m’en rapporte à vous.5° Nombre d’exemplaires à vous remettre. – 40 exemplaires sans doute. Je n’avais point dit 25 pour tirer une réduction. Vous aviez demandé 25 par édition. Je reproduisais ce chiffre, qui ne tenait compte que de mon projet d’une édition unique à Paris. Voilà que j’ai fait droit à toutes vos observations. Cette lettre est un engagement qui complète le traité en projet, et ces deux pièces vous créent contre nous un acte aussi fort qu’un traité même. Donc vous pouvez sans crainte envoyer le manuscrit dès mardi, j’aurai fait la copie du traité, et elle vous sera envoyée. Vous pouvez compter recevoir jeudi matin le traité signé de nous. – Envoyez-moi ce qu’il y a de prêt comme copie, afin que je puisse organiser tout à Paris. Sinon, c’est 10 jours de perdus, car il serait dangereux de faire circuler en France votre manuscrit dont nous n’acceptons point de double. C’est pour cela que je tiens à en être porteur moi-même, par prudence. Je pars dimanche pour Paris, dimanche 17 janvier. – A peine serait-on prêt fin février a ? – Quant à la question Pagnerre, je m’en réfère à la lettre que je vous ai écrite vendredi (avant-hier) et qui, à ce que je calcule, ne vous parviendra pas plus tôt que celle-ci, à cause du dimanche anglais. – J’insiste d’autant plus sur les considérations graves que j’y ai fait valoir contre le double usage à tirer d’un même travail de vous pour deux éditeurs différents, que je crois qu’il y a là un intérêt non moins réel pour vous-même l’auteur que pour notre amour propre d’éditeurs. J’ai d’ailleurs écrit à Pagnerre et je crois par ses lettres qu’il préfèrera avoir un travail original, nouveau, spécial pour l’introduction à la traduction de M. votre fils. – J’ai remis votre lettre à M. Bemmel qui a été très touché. – Je vous serre la main, cher maître, bien Vostrissime. Albert Lacroix.---------------------a. en sc de : janvier.

f540bis sc * 1864.01.12 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f540bisr -

Bruxelles, le 12 janvier 1864

A mon cher monsieur Victor Hugo, à Guernesey

Mon cher maître Je vous envoie le traité, en bonne et due forme, le traité, je vous prie de nous envoyer une copie, comme duplicata, vu, approuvé et signé par vous. Le manuscrit est attendu impatiemment. J’ai quelques lettres ici pour vous, arrivées depuis un certain temps. Faut-il vous les envoyer ? – Je dois vous prévenir que j’ai reçu ce dimanche une petite carte qui vous est destiné.

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f540bisv 17

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C’est ce que Mme Drouet attendait sans doute. Je compte sur votre réponse et la 1ère partie du manuscrit pour samedi car je pars dimanche pour Paris. En toute hâte. Votre dévoué Albert Lacroix.

f541 - sc * 1864.01.17 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f541r

f541v 18

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Bruxelles, le 17 janvier 1864

Mon cher monsieur Hugo En hâte, je vous accuse bonne réception de la première partie de votre manuscrit de William Shakespeare et m’ai qu’un regret : c’est que Lacroix l’emporte à l’instant à Paris sans me laisser le temps de le lire. – Merci mille fois pour les deux livres nouveaux α, perles splendides dont vous nous gratifiez généreusement. Lacroix verra Pagnerre et vous écrira de Paris plus amplement. – Il est bien entendu que M. Wraxhall [sic] ne traduira pas votre œuvre nouvelle. Le courrier va partir et je n’ai que le temps de vous renouveler l’expression de tous mes sentiments d’estime et d’admiration. L.-H. Verboeckhoven

Le Sancho d’aujourd’hui annonce la lettre touchante β que vous avez adressée à M. Victor Joly en lui envoyant votre offrande en faveur des veuves et des orphelins d’Ostende.---------------------α. Les deux livres en question - qui avaient failli être arrachés de William Shakespeare - sont : Shakespeare l’Ancien et L’Art et la Science. - β. Lettre du 1864.01.13 ; reproduite dans IN/A&P-II 1938, p. 422 et dans Charlier (Gustave) : Sur une lettre de Victor Hugo, 1930, p. 20, ().

f542 sc * 1864.01.19 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f542r

f542v [19]

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Bruxelles, le 19 janvier 1864

Monsieur François Victor Hugo Suivant la promesse que j’ai eu l’honneur de vous faire avant-hier, je vous remets sous ce plis un exemplaire corrigé du prospectus du nouveau chef-d’œuvre de Monsieur votre père : William Shakespeare. Dans le cas où vous jugeriez un changement utile, veuillez nous en informer sans retard. Je vous prie de me rappeler au bon souvenir de Monsieur Hugo et vous présente, monsieur, mes salutations empressés. L.-H. Verboeckhoven

f543 sc * 1864.01.23 * Sur une même feuille BN, sont collés les ff° 543 et 544. Le f° 543 est constitué d’un papier à en-tête [C] Librairie Internationale de 13,5 x 21,5 cm.

f543r - a

Paris, le 23 janvier 1864

Cher maître Je vous envoie les six premiers placards de Shakespeare, directement de Paris, dans cette lettre chargée. – J’en enverrai six (les six suivants) b à Bruxelles, afin qu’on vous les expédie par Ostende. – Je vous prie d’envoyer les réponses à Bruxelles où je serai de retour dans 3 jours. J’ai pris mes mesures pour que l’impression soit très activée. – J’ai remis une épreuve à Vacquerie, afin que la correction dernière soit excellente, en passant par tant de mains. – Je vous en dirai plus & en détail à mon retour à Bruxelles.

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f543v [20]

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Tout à vous Albert Lacroix Je me c décide à vous envoyer directement les 12 premiers placards. Ils sont numérotés de 1 à 12. d

---------------------a. ici, VH ( ?) a écrit : Solution Pagnerre ? - b. (les six suivantes) : add. inf. - c. en sc de : vous. - d. cette dernière phrase a été ajoutée, au dernier moment, d’une écriture très fine.

f544 sc * 1864 * Sur une même feuille BN, sont collés les ff° 543 et 544. Le f° 544 est constitué d’un petit rectangle de papier WS de 11 x 3,5 cm.

f544r -C’est aujourd’hui dimanche. Impossibilité d’affranchir. Et à ce sujet, vous rendez-vous compte d’un petit détail ? ce renvoi des épreuves même demandé par vous (au lieu des xxxx usités pour les Misérables) vous coutera fort cher, et est peu de chose dans l’ensemble, mais je dois vous en faire la remarque.

f544r - 6 h. du soir. Je trouve moyen de faire affranchir.

f545 sc * 1864.02.02 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f545r

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α Bruxelles, le 2 février 1864

1/

à Monsieur Victor Hugo Cher maître, je suis revenu de Paris, un peu en retard sur mes prévisions. Je voulais vous envoyer la suite des épreuves, et placards, alors que j’étais à Paris, mais une lettre chargée de Paris à Guernesey coûte double prix (pour le chargement), tandis que de Belgique ce n’est que port simple, augmenté d’un droit de 20 centimes pour le chargement. J’ai donc attendu mon retour pour vous effectuer ce nouvel envoi. J’ai vu vos lettres, adressées à Verboeckhoven ; vous vous plaigniez du système de placards ; j’ai pris ce mode, cher maître, parce qu’il vous permettait, sans gêner rien pour la mise en pages, de faire des intercalations. Le retard ne sera d’ailleurs pas grand ; et je doute même qu’il y en ait un, résultant de cela, car cette épreuve en placards, corrigée par vous, est toujours une 1 ère, et si les corrections en sont bien existantes, il suffira ensuite d’une ou deux épreuves en pages. Tel est mon espoir. Je vous recommande, autant que possible, de vous contenter d’une épreuve en pages. M. Vacquerie a une épreuve aussi, j’en lis une, M. Verboeckhoven en lit une, - c’est déjà lu préalablement à l’imprimerie par un correcteur, de sorte qu’il n’échappe bien peu de fautes, après tant de révisions, surtout après que vous aurez vu une mise en pages. – J’ai soigneu-

2/-sement observé votre recommandation : nul n’a communication, même d’un fragment de votre volume, nul sauf Vacquerie. Ceci est absolu. – Je reçois à l’instant vos épreuves (tout ce que vous aviez reçu) et je vous envoie sous ce pli [les] épreuves de 91 placards qui suivent immédiatement ce que vous venez de nous renvoyez. Je transcris en marge du placard N° 1 (chiffre au a crayon bleu) les dernières lignes corrigées par vous, afin que vous voyiez le raccordement.– Ces épreuves étaient prêtes à vous être envoyées ; je n’ai donc point fait procéder à leur mise en pages, mais à partir de la seconde partie (dont la copie nous est bien parvenue tout à l’heure aussi) je vous enverrai plus d’épreuves autrement que mise en pages. – Je vous prie de me renvoyer ces épreuves actuelles, à Bruxelles toujours b, le plus tôt que vous pourrez. Je compte que maintenant il n’y aura plus d’interruption dans nos envois pour Guernesey, c à cause du double mouvement des épreuves en 1ère et des épreuves en

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seconde. – Ai-je besoin de vous dire que je suis ravi de votre volume ? Quelle grandeur dans la pensée ! Quels horizons vous ouvrez à l’esprit. Quand on vous a lu, on médite, on rêve ! Vacquerie vous a écrit pour vous demander de reculer de 15 jours environ, la mise en vente de votre volume, afin qu’il puisse s’occuper avec nous de la publicité à Paris ; or la nouvelle édition 1 de ses Profils et grimaces va voir le jour vers le 20 courant et d absorber son temps e toute la fin de ce mois. De plus votre mise en vente presque simultanément avec la sienne, pèserait un peu sur son livre. – Je ne vois quant à moi que tout avantage à reculer l’apparition de votre Shakespeare de quinze jours. Cela nous donnerait plus de temps pour organiser toute la publicité pour ---------------------a. chiffre au : add. sup. - b. à Bruxelles toujours : add. sup. - c. ici, seul, rayé. - d. ici : s’, rayé. - e. son temps : add. sup.α. des extraits de cette lettre sont publiés dans : IN/WS 1937, pp. 411-412, ().1. la quatrième, revue et corrigée ; cf. Bibliographie de la France : 1864.02.27, n° 2081.

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3/ suite

votre livre et pour chercher à organiser des traductions.– Maintenant autre chose, cher maître.Je lisais dernièrement les immenses épopées de l'Inde : Le Ramayana - Le Mahabar ratah . – Et j'en suis émerveillé. C'est un monde de poésie. Je ne sais si cela ne dépasse point Homère. En tout cas, c'est la grandeur alternant avec la grâce. Ces vastes poèmes existaient a depuis des siècles, on les connaissait de réputation ; ils sont traduits en allemand, en anglais, et viennent de l'être en français. On n'en connaissait que des fragments publiés à l'époque où le drame indien de Sakountala fut révélé au public. Je crois, cher Maître, que de semblables poèmes ont droit à une mention dans la série des grandes œuvres de l'esprit humain, dont vous suivez la chaîne. La poésie de l'Inde est certes un sommet, et songez à l'antiquité de cette poésie : source première peut-être de la poésie, - premier cri éclatant échappé des lèvres de l'humanité à son aurore. Ces grands poèmes se ressentent du lieu où ils naquirent, ils b ont quelque chose du vaste océan où l’Inde se baigne, - des hautes cîmes [sic] des montagnes géantes, - de ces

4/ climats, - du ciel lumineux, - de la végétation luxuriante ; ils ont une part d’infini, celui de la nature qui enveloppe ces noces primitives dont l’Europe est la fille. Je plaide auprès de vous, cher maître, leur cause qui vous est connue, je le sais. C'est sans doute parce qu'ils n'ont pas de nom propre d'auteur que vous n'avez pu les faire rentrer dans votre livre des génies. Mais leur impersonnalité doit-elle leur être une tache originelle. Ils sont l'œuvre d'un peuple entier et le travail de plusieurs générations d’hommes. Je m’aperçois que l’heure du courrier par Ostende est là, je me hâte de clôturer ma lettre que je pourrais continuer, en vous envoyant la suite par Calais, car j’ai encore à vous parler de diverses choses. Mais je ne veux pas que les épreuves subissent un retard de courrier. Comptez que votre lettre à M. Guérin sera remise.

Tout à vous Albert Lacroix ---------------------a. ici, un mot rayé et illisible. - b. ici : les, rayé.

f547 sc * 1864.02.03 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f547r - a

α Bruxelles, le 3 février 1864 Monsieur Victor Hugo5/suite

Mon cher maître

A peine ma lettre avec les épreuves est-elle partie par Ostende, que je reprends la plume pour continuer ma pensée et vous l'exposer : — Je plaidais la cause de l'Asie, en vous parlant du Ramayana. — Je plaiderai maintenant la cause de l'Allemagne, si vous le voulez bien. Je trouve dur pour cette pauvre Allemagne de n'avoir pas un seul

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représentant dans cette galerie de génies que vous faites revivre. Je vous ai déjà parlé de Gœthe β. J’y reviens. Beethoven ne peut être en cause, puisqu'il ne rentre pas dans le cadre de votre œuvre qui ne s'occupe que des génies littéraires. — Or dans ce groupe où la Grèce, la Judée, la Rome antique, l'Italie du moyen âge, l'Espagne, la France et l'Angleterre ont leur part, je crains que l'Allemagne ne se trouve blessée de ne compter nul représentant. Et pourtant l'Allemagne a son génie propre, comme nation, et ne peut-elle prétendre à voir en une individualité se résumer les traits de son génie national ? — A consulter mon sentiment, alors surtout que vous parlez théâtre, et qu'il s'agit de Shakespeare, — j'indiquerais Gœthe

6/ ou Schiller, comme personnifiant le mieux l'Allemagne : Gœthe, si on prend l'étendue du jugement, l'immensité de son œuvre qui touche à tout : poésie, histoire, roman, drame, science ; Schiller, si on s'en tient au poète et si on pèse le cœur dans l'œuvre intellectuelle. Mais ce sont deux rivaux, presque deux égaux, et je ne sais si Gœthe ne serait même pas le sommet le plus éclatant. — Je crois que Gœthe ou Schiller — selon que l'on juge la question, — mérite d'être placé au premier rang (l'un ou l'autre), je crois que Faust et Werther et Hermann et Dorothée, sans atteindre à Shakespeare, ne sont pas au-dessous de Cervantes et de Dante. — Et je suppose même que vous ayiez de légitimes réserves à faire, comme elles porteront plutôt sur des faces b particulières de ces œuvres que sur l'ensemble, je me demande s'il ne serait pas meilleur de faire figurer c

Gœthe dans votre livre des Génies, — comme étant d le trait d'union du 18e siècle (un passé qui finit) et du 19e siècle (un avenir qui commence, une aurore qui va se lever), sauf à ajouter, dans un coin du tableau, la réserve que vous trouveriez juste, la petite restriction à faire peut-être. — Moyennant ces réserves, ne jugeriez-vous pas Gœthe comme pouvant aspirer au 1 er rang ? Voici les avantages que j'y vois :1° L'Allemagne ne serait pas exclue par vous ; elle aurait un représentant pas trop indigne, je crois, de prendre place à côté de Cervantes et de Dante. Et Gœthe d'ailleurs s'est toujours occupé de Shakespeare.2° Votre œuvre y gagnerait un vaste public de plus ; par Gœthe, vous solliciteriez l'Allemagne, elle vous serait reconnaissante, tandis que le ---------------------a. ici de biais et d’une écriture très fine : J’ai touché hier votre premier billet de 1000 fr. chez M. Tarride [paraphe]. - b. en sc d’un mot illisible. - c. faire figurer : au-dessus de : ranger, rayé. - d. ici : à la fois, rayé.α. Cette lettre est publiée intégralement dans IN/WS 1937, pp. 412-413, (). On peut s’offusquer de la prétention maladroite d’A. Lacroix à modifier l’œuvre en cours d’impression, dans cette lettre aussi bien que dans la précédente. Victor Hugo lui répond calmement par lettre du jeudi 11 [février 1864] ; cf. IN/WS 1937, p. 413, (). - β. Cf. lettre d’A. Lacroix à Victor Hugo, du 1864.01.02, f° 534, note a.

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silence gardé par vous, serait l'occasion de vifs mécontentements en Allemagne et nuirait à l'œuvre. — Ne croyez-vous pas aussi que vous pourriez dire quelques mots de Schiller ?— Dans un rang secondaire, n'y aurait-il pas lieu (pour bien faire) de consacrer une mention à Camoens (les Lusiades) pour le Portugal ; — à l'Arioste et au Tasse ; à Calderon et à Lopez de Vega ; — à Byron et à Milton ; — à Vondel pour la Hollande ;— et enfin les épopées populaires anonymes : les Eddas , le Romancero espagnol , l'épopée du Cid a, le roman du Renard , — les Niebelungen , comparés, opposés, ne serait-ce pas le sujet d'une page de votre œuvre ? Je vous signale tout cela en courant, cher Maître, comme cela s'est présenté à moi, en vous lisant. Ce seraient des seconds plans à votre lumineux tableau où les génies occupent le premier plan. J'oublie sans doute encore d'autres grands noms, d'autres œuvres de haut mérite. Vous compléterez si vous croyez que quelques pages ajoutées, dans l'ordre d'idées que j'indique, ne puissent

8/ que donner plus d'intérêt à votre œuvre et étendre ce panorama de l'esprit humain. – Je crois que les appréciations auxquelles vous vous livreriez sur ces œuvres ou ces écrivains, seraient d'une haute portée, feraient loi, et que vous devez marquer votre pensée sur ces

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génies secondaires, dans un chapitre spécial. – J'aurais tort à ce propos de négliger la France : et Molière et Voltaire, et Diderot ? Ah ! que je voudrais lire ce que je vous en ai entendu dire à Guernesey, en nous promenant à trois, avec Ulbach ! 1

– J'invoquerai encore une raison de ne pas omettre quelques Anglais dans ce chapitre nouveau : c'est que comme l'œuvre est dédiée à l'Angleterre, la mention de ses grands hommes, en dehors de Shakespeare et au-dessous de lui, sera une cause de succès et de popularité de plus pour votre livre. Or, il faut que votre volume ait son écho au cœur de tous les peuples, de toutes les nations ; que tous les pays puissent s'en emparer et le revendiquer à l'envi, pour la haute justice que vous avez rendue à tous, sans partialité d'aucune sorte. Votre œuvre sera ainsi plus que le manifeste d'un grand génie français, ce sera le manifeste de Victor Hugo, génie universel, jugeant ses pairs de toutes langues et de tous siècles, sans tenir compte des frontières. — Pesez mes timides observations, cher Maître, et croyez-moi Votre dévoué, Albert Lacroix. ---------------------a. l’épopée du Cid : add. sup.1. Louis Ulbach rendit visite à Victor Hugo, en compagnie d’A. Lacroix, du 19 au 21 décembre 1863.

f549 sc * 1864.02.03 * sur papier à en-tête ["A**"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie dont la hauteur est réduite à 21/21,5 cm (sur 27), sans respect du texte.

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Bruxelles, le 7 février 1864 1/ Monsieur Victor Hugo

Cher maître, je vous envoie la mise en page des sept premières feuilles de votre Shakespeare (en seconde épreuve). J’attends très prochainement le retour des derniers placards de la 1ère partie, que vous avez reçus. Je compte sous peu de jours vous envoyer épreuves, mises en pages xxxxx, des premiers livres de la seconde partie. – Quand je vous écrivis ma dernière lettre, je n’avais pas lu toute votre seconde partie, de façon que je n’avais pas vu ce que vous disiez incidemment de Goethe. Vous placez Schiller de beaucoup en dessus de Goethe. Ce jugement se comprend et se justifie ; cela dépend de la manière dont on considère le génie : il est certain que Schiller l’emporte par le côté profondément humain, par le cœur. Aussi touche-t-il davantage que Goethe par ce côté. Mais qu’à défaut de la cause de Goethe, cher maître, je puisse au moins plaider auprès de vous la cause de Schiller et la revendication pour l’Allemagne a ----------- en évitant de prendre

2/b de l’art. – L’humanité aurait donné moins d’hommes éclatants et souverains, depuis l’ère nouvelle, qu’elle n’en compte au moyen-âge, alors que le progrès était moins accusé ! – Ne craigniez-vous pas que ce ne soit là une thèse que tous les amis du passé, les catholiques surtout, auraient intérêt à reprendre dans votre œuvre, à accentuer, en l’enseignant à leur façon, pour dresser l’acte d’accusation de l’esprit moderne, – Ne serait-ce pas un découragement pour l’esprit moderne, qui se serait trouvé ainsi plus impuissant durant les c

trois derniers c siècles (Je ne parle pas des vivants), depuis sa grande affirmation au 16ème

siècle et ce grand mouvement du 18ème siècle, que l’esprit du moyen-âge ? – Je vous soumets toutes ces questions. Vous les déciderez mieux que moi. Mais je crois qu’elles sont sérieuses et en tous cas demandent à être prévues. Je ne sais même point si vous ne feriez pas bien de discuter ces questions dans votre livre, en tout état de cause, vous savez que les catholiques revendiquent le moyen-âge pour eux et disent que la foi seule a pu faire ces grands maître dans tous les arts, - a pu créer et inspirer St Paul, St Jean, Raphaël, Michel-Ange. Ils vont même jusqu’à revendiquer Dante, Cervantes et jusqu’à Shakespeare.---------------------a. Le bas de la page est coupé sans respect du texte : le début de la ligne suivante est supprimé puis les lettres sont entamées, seule la fin est lisible, puis le texte s’interrompt brusquement. - b. le texte suivant ne s’enchaine pas avec celui du bas du recto ; un coup de ciseau intempestif nous prive d’une partie du texte. - c. add. sup.

f550 sc * 1864.02.18 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.

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α Bruxelles, le 18 février 1864 1/ Monsieur Victor Hugo à Guernesey

Cher maître, j’ai attendu pour répondre à vos lettres que j’eusse des épreuves à vous envoyer. En voici, c’est la mise en page des feuillets 8 et 9.– Il y a quelques malentendus pour la mise en pages. Mais ce sera réparé aisément.– Vous demandez que pour chaque livre, on aille en belles pages et qu’en outre, on fasse un faux titre. Vous avez 14 livres ; ces 14 faux titres feraient donc 28 pages blanches. Ne pourriez-vous nous dispenser de cette dépense, d’ailleurs inutile, puisqu’elle va grossir le volume qui sera bien fort déjà sans cela ; plus fort même qu’il n’est d’usage d’en faire pour le prix de 7 fr. 50 cimes. On arriverait presque à la matière de deux volumes, si on poussait au blanc, si on multipliait les faux titres. – Evidemment j’aurais pu adopter un caractère moins a grand, serrer un peu davantage le texte, mais je voulais offrir un beau, un superbe volume en prenant un caractère plus grand, je n’ai point compté sur les faux titres à chaque livre, sinon j’eusse pu gagner, dans la composition, par un surplus de 2 ou 3 lignes à la page, les 28 pages que ces faux titres nous ferraient perdre. – Ne pensez-vous pas que tout serait bien dans l’état actuel, sans ces faux titres. – Ainsi, si je comprends bien vos indications, nous aurons d’abord le faux titre de l’œuvre, son titre principal, soit 4

2/ pages, puis votre préface ou introduction, puis ensuite sur une page spéciale (blanche au verso) la dédicace à l’Angleterre ; après cela vient le faux titre de la 1ère partie, à la suite immédiate duquel vous voudriez le faux titre du livre premier ; cela ferait donc deux faux titres coup sur coup, non coupé par quelque texte. Cela ne sera pas d’un bon aspect, je crains. – Décidez-en, cher maître. β

La composition se continue pour la seconde partie.Quand je vous écrivis ma lettre dernière, je n’avais lu encore effectivement que les 3 premiers livres de la seconde partie ; nous venions depuis 2 jours seulement de recevoir votre manuscrit. Toutefois, j’avais parcouru les livres : les esprits et les masses, - et le Beau serviteur du vrai ; mais ce n’est que le surlendemain que je pus les lire complètement. Ce qui vous explique quelques indications de ma lettre, prévues d’avance et résolues par votre œuvre, mais j'ai été réellement attristé, cher maître, de l'interprétation que vous avez donnée à mes lettres, en les considérant comme une critique. Oh ! que c'était loin de ma pensée ! Comment pourriez-vous supposer que votre éditeur qui vous aime, songeât à vous critiquer ? Vous aviez b oublié sans doute que j'étais encore autre chose que votre éditeur, — que j'étais un de vos plus fervents, de vos plus fidèles disciples, — un de vos plus sincères et plus profonds admirateurs ; — c'est de votre pensée et de vos œuvres que je me suis nourri dans toute mon existence littéraire ; votre école fut toujours la mienne, et cela non depuis deux ou trois ans que je vous connais, non depuis le jour où je suis devenu votre éditeur, ---------------------a. en sc de : plus. - b. add. sup.α. des extraits de cette lettre sont publiés dans : IN/WS 1937, p. 414, (). - β. Victor Hugo fait quelques concessions quant aux pages blanche, dans sa lettre du 21 février 1864 ; cf. extraits dans : IN/WS 1937, pp. 415-416, ().

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et j'ose l'espérer, presque votre ami, mais depuis vingt ans bientôt, et je puis, avec d'autant plus de conscience, le dire à vous-même, que je l'ai dit au public, sans vous connaître alors, il y a dix ans déjà, dans mon Etude de l'influence de Shakespeare sur le théâtre en France 1. Tout ce modeste livre partait a de Shakespeare pour aboutir à vous. J'y mis ma pensée, j'y mis ma passion et ma foi littéraires, et l'une comme l'autre convergeait vers vous. C'est parce que j'ai pour vous de tels sentiments de sympathique admiration, que je me permets parfois de vous soumettre mes réflexions, franchement ; et qui m'inspire en ce moment-là ? c'est mon souci de votre gloire, de votre renom, c'est mon désir ardent de voir le succès le plus vaste accueillir et couronner chacune de vos œuvres, — en leur créant le public le plus étendu possible. Comment avez-vous pu voir une ombre de critique

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dans ce qui n'était qu'une manifestation de plus de voir votre Shakspeare embrasser tous les problèmes, toucher à toutes les civilisations pour remuer la fibre nationale de chaque peuple. – M’en blâmerez-vous ? Je ne le pense pas. Et d’ailleurs quand je vous écrivais, c’était

4/ sous l’impression immédiate et prestigieuse de votre livre que je lisais en manuscrit  ; il avait éveillé en moi toutes ces idées. Elles n’étaient presque pas miennes, elles étaient vôtres, elles étaient engendrées par vous. Vous les aviez émises ; je ne vous demandais que de les développer un peu, pour mieux frapper les esprits. — Enfin, j'ai lu avec ravissement vos pages nouvelles sur l'Allemagne. Je crois qu'elles feront grand effet. Je comprends votre opinion sur Gœthe. Mais, sans la partager entièrement, je crois que vous eussiez fait plaisir à l'Allemagne, en insistant alors davantage sur Schiller. L'Allemagne littéraire est divisée entre Goethe et Schiller. J'eusse aimé vous voir prendre parti absolu pour l'un des deux, pour Schiller puisque vous le placez bien au-dessus de Gœthe. — Néanmoins, l'Allemagne a sa part dans votre œuvre, et ne peut se plaindre. — Mais elle regrettera sans doute qu'aucun de ses poètes n'ait été jugé digne par vous de prendre place parmi les génies qui honorent l'humanité. Que vous dirai-je de votre œuvre, ou du moins de ce que j’en connais ? C’est un monde que ce livre. Il remuera très profondément notre société trop matérialiste. C’est un souffle, une flamme ardente, un livre créateur ! Et quelle jeunesse, quelle verdeur, dans tous les développements de l’idée. Quelle maturité dans l’idée elle-même. Le style a tous les mêmes entraînements. Il est éblouissant et magistral. Par moment je restais en une sorte d’extase ou de rêverie, en vous lisant. Pour bien définir l’œuvre et marquer toutes ses qualités, il faudrait pour vous étudier, la même plume que celle que vous employez pour nous présenter Shakespeare. J’attends avec impatience la troisième partie, cher maître, pour la lire avant de la faire composer. Votre Albert Lacroix---------------------a. en sc d’un mot illisible.1. Histoire de l'influence de Shakspeare sur le théâtre français jusqu'à nos jours - Bruxelles : impr. de T. Lesigne, 1856, gr. in-8° de XXVI-359 pp. (). - L'ouvrage fut adressé par l'auteur "accompagné d'une épître où il avait versé sa vénération pour le proscrit" ; cf. Brisson 1901, L'Envers de la Gloire, pp. 4-5, (). Victor Hugo accusa réception par lettre du 18.01.1857 ; cf. IN/Co II, 1951, p. 263, (). Le volume est toujours présent à Hauteville-House.

f552 sc * 1864.02.21 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 552 et 553. Le f° 552 est constitué d’un papier à en-tête ["A**"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie dont la hauteur a été diminuée de 8,5 cm - et réduite à 18,5 cm.

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Bruxelles, le 21 février 1864 a Dimanche. Monsieur Victor Hugo à Guernesey

Cher maître, deux mots en hâte pour vous dire que si l’impression subit quelques retards, c’est que nous ne pouvons disposer de l’imprimerie d’un autre comme de la nôtre. M. Claye, imprimeur à Paris. Or, il m’écrit qu’il n’a plus une seule lettre de libre du caractère qui sert à votre Shakespeare, qu’il ne peut continuer la composition de la seconde partie qu’après avoir pu tirer les premières feuilles. Donc, tant que nous n’aurons pas votre bon à tirer pour ces feuilles, il ne peut continuer.– Voici de nouvelles épreuves en page. – Nous venons de recevoir aujourd’hui deux lettres de vous à la fois, parce que la 1ère, datée du 18 février de Guernesey, a été envoyé par vous à Paris (vous avez écrit Paris au lieu de Bruxelles par erreur ; cela a fait un léger retard). – Vous le verrez par l’adresse si jointe. b

---------------------a. ici d’une écriture fine, de travers : Votre lettre à Ulbach sera transmise. - b. la lettre est découpée horizontalement sous cette dernière phrase.

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f553 sc * 1864 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 552 et 553. Le f° 553 est constitué par la partie inférieure d’un papier à en-tête ["A**"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie – de 6 à 4 cm de hauteur ; la première ligne étant privée de sa fin.

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- Autour de votre ---------- a

xxieux. C’est la vie. Vous seul pouvez -------- a

les questions, soulever, ressusciter les âmes. – Et surtout que l’esprit moderne ne puisse regretter de n’avoir pas sa part, sa place, parmi ceux que vous donnez comme les représentants de l’humanité à tous les âges. – Je me fais l’avocat d’une cause que---------------------a. ici la page est découpée en biais. - b. la lettre est découpée horizontalement sous cette dernière phrase.

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- Avez-vous quelque nouvelle nouvelle sur le jubilé de Shakspeare. C’est le 23 ou 24 avril, je crois ? y assisterez-vous ? J’attends votre lettre, cher maître, et en me rappelant au bon souvenir de Mme Drouet, de Mme Chesnay et de votre fils, je reste votre Albert Lacroix

f554 sc * 1863 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 554 et 555. Le f° 554 est un imprimé de 13,5 x 22 cm.

f554 - BULLETIN DE SOUSCRIPTION _______Je soussigné___________________________________________demeurant à ______________, rue _______________, N° ______déclare souscrire à l’ouvrage intitulé : LE MAUDIT, par l’abbé ***,3 vol. in-8°, dont je paierai le montant soit 15 francs, à la réceptiondes volumes.

, le 1863. Signature.

Nota bene. On est prié de renvoyer le présent bulletin de souscription,sous bande, par la poste moyennant affranchissement d’un centime, àl’adresse de MM. A. LACROIX, VERBOECKHOVEN et Cie, 3, impassedu Parc à Bruxelles.___________________________________________________________

SOUS PRESSE :POUR PARAITRE CHEZ MM. A. LACROIX, VERBOECKHOVEN et Cie EDITEURS, A BRUXELLES _______

Prochaines nouveautés importantes et inédites des grands auteurs Français contemporains. _______

ALPHONSE DE LAMARTINE, membre de l’Académie française. La France parle- mentaire pendant 20 ans (1832-1852), 8 vol. in-8° ;ID. Biographies des grands hommes. 1 vol. in-8°, comprenant : Solon. – Périclès. – Mahomet. – Tamerlan. 6 le sultan Djem. – Fables de l’Inde. – Shakespeare. – Michel-Ange. 6 Lord Chatham. – William Pitt. – Pierre le Grand. – Catherine II. – Mirabeau. – Mme Roland. – Charlotte Corday. – Mme de Staël. – Vergniaud. – Danton. – Marat. ID. Histoire de mon siècle. Mes Mémoires. (Galerie de portraits contempo- rains.) 6 vol. in-8°. Tous ces ouvrages de l’éminent poète sont complétement inédits et a ---------------------a. le texte figurant dans le ms 24 776 s’interrompt ici.

f555 sc * 1863.02.24-28 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 554 et 555. Le f° 555 est un rectangle de papier WS de 21 x 11 cm.

f555 - M. de L. 1 publie un ouvrage a sur Shake speare α. Je crois de bon goût d'ajourner la publication de mon livre portant le même titre. ---------------------a. au-dessus de : livre, rayé.α. Shakespeare et son œuvre - Paris : Librairie internationale. A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie, éditeurs (impr. J. Claye), 1865, in-8 de 350-[1] pp. Annoncé dans la Bibliographie de la France, N° 47, 19 novembre 1864, #

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10527, p. 545. (). Il a figuré dans la bibliothèque de Hauteville-House.

1. Lamartine.

f556 sc * 1864.02.24 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.* IN/WS 1937, extrait p. 416

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α Bruxelles, le 24 février 1864 Monsieur Victor Hugo

Mon cher maître, voici l’épreuve de la petite préface. Je n’oubliais point de vous écrire la lettre complémentaire, mais le temps me faisait défaut pour rechercher ce dont il s’agit. Nous sommes parfaitement d’accord avec vous et déclarons :1° que dans l’article premier du traité pour Shakespeare, le mot manuscrit doit être remplacé, comme vous l’avez fait, par le mot nombre de pages. ___________________ 2° que dans la fin de l’article trois, il y avait omission d’une ligne, et que la fin de l’article doit être libellé ainsi : « un prix de la matière qui sera géré de gré à gré ou par expert ». __3° que M. Wraxhall [sic] ne sera point chargé de la traduction anglaise. _____________4° Vous consentez à ce que votre volume ne paraisse que vers le vingt mars. _________ Je pense, cher maître, que nous sommes ainsi bien d’accord. Je me trouve pour l’heure accablé de travail, ayant notre inventaire à produire à notre prochaine assemblée générale de mars. Toutefois j’ai omis de vous consulter sur un point : depuis un an, j'ai signé avec M. de Lamartine un traité qui m'assure la propriété d'un certain nombre d'études qu'il avait préparées sur quelques grands hommes et dont vous verrez l'énumération sur le

[/2] prospectus β ci-joint, publié par nous il y a 5 ou 6 mois déjà. — Parmi ces biographies se trouve celle de Shakespeare γ qui est sous presse. Je viens vous demander si vous ne verriez pas d'inconvénient à ce que nous missions en vente cette biographie, vers l'époque où paraîtra votre volume. Ce qui m'y engagerait beaucoup, c'est l'opportunité du sujet à ce moment, c'est que a le succès que j'espère pour votre livre entraînerait la vente b de l'étude de Lamartine, qui n'a d'ailleurs aucun point de contact avec votre volume, qui n'est qu'une étude particulière sur quelques-uns des drames de Shakespeare ; c'est enfin que précisément Lamartine y parle de vous, « du grand poëte » et y recommande très vivement la traduction de votre fils. En outre, toutes les citations nombreuses que donne Lamartine des pièces de Shakespeare sont empruntées à la traduction de votre fils. Il c fait valoir celle-ci à chaque instant, et j'ai pensé que ce serait une chose excellente pour votre fils, une surprise charmante à lui ménager, que ce double patronage simultané qui serait donné à son travail par vous et par Lamartine à la fois. – Je ne vous cache pas en outre que cette coïncidence, tout accidentelle (vu que mon traité avec Lamartine remonte à avril 1863) ne peut, à mon avis, que piquer la curiosité du public, favoriser la vente, et mettre le sujet Shakespeare plus à l'ordre du jour. – Bien entendu, je ne vais rien faire sans vous consulter, et je vous demande votre avis sincère et complet. Croyez que nos efforts pour votre livre ne s’en ressentiront point, au contraire. Croyez-moi, cher maître, votre bien dévoué Albert Lacroix

---------------------a. ici : vos, rayé. - b. la vente en sc de deux mots illisibles. - c. ici, rayé : la.α. des extraits de cette lettre sont publiés dans : IN/WS 1937, p. 416, (). - β. Cf. f° 554. - γ. Cf. f° 555.

f557 sc * 1864.02.28 * Sur trois feuilles (ff° 557, 558 et 559) d’un papier carton (15,5 x 22,5 cm), figure une copie d’une lettre de Victor Hugo, dont l’original, nous dit-on, appartenait, lors de la constitution de manuscrit, à la collection Louis Barthou.

f557 - α H. H. 28 février 1864.

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Vous me demandez, mon cher Monsieur Lacroix, à propos d'un travail de M. de Lamartine sur Shakespeare que vous m'annoncez avoir, (ayant celui-là, pourquoi êtes-vous venu chercher le mien ? l'honneur très grand d'être l'éditeur de M. de Lamartine devait vous suffire), vous me demandez si je vois un inconvénient à faire coïncider la publication de l'ouvrage de M. de Lamartine avec la publication du mien. J'y vois plus qu'un inconvénient, j'y vois une offense. Offense pour mon illustre ami Lamartine, offense pour moi. Cela fait une course au clocher. Nous devenons, Lamartine et moi, deux jeunes élèves concourant pour le prix sur un sujet donné. Vous n'avez pas songé à cet énorme ridicule. De plus il y a là mauvaise odeur de spéculation, diminuante pour une maison comme la vôtre déjà si haut placée, et que vos rares intelligences combinées honorent. Vous descendriez brusquement de l'esprit des grandes affaires à l'esprit des petites. Vous me dites : « Le succès que j'espère pour votre livre entraînerait la vente de l'étude de M. de Lamartine. » Je doute qu'il puisse m'être donné de remorquer un grand poëte comme M. de Lamartine, et je doute qu'il soit agréable à M. de Lamartine d'être remorqué. Ceci, qui me froisse, ne le froisserait pas moins profondément, certes, s'il savait votre pensée. Cette pensée, elle est fâcheuse, abandonnez-la, mettez au moins six mois d'intervalle entre les deux publications ---------------------α. La copie de cette lettre - dont l’original appartenait alors à la collection de Louis Barthou - est publiée intégralement dans IN/WS 1937, pp. 416-417 ().

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pour l'honneur des deux écrivains et pour le respect dû à Lamartine, laissez l'étude de M. de Lamartine sur Shakespeare paraître à sa date dans la série que vous m'envoyez, et où elle est la septième . Ce tour de faveur que vous lui donneriez serait, je viens de vous le faire toucher du doigt, un tour d'offense. M. de Lamartine, s'il savait pourquoi vous le publiez en même temps que moi, ne vous le pardonnerait pas. Six mois d'intervalle au moins. Je m'oppose formellement à toute simultanéité, et vous avez bien fait de me consulter. Mettez maintenant tous vos soins à l'exécution de notre traité, à la prompte publication du livre, à paraître, non vers le 20 mars (erreur de votre lettre) mais le 20 mars au plus tard. Hier encore je n'ai pas reçu d'épreuves : relisez les détails de poste envoyés par moi, il faut maintenant attendre jusqu'à mardi. Trois jours de perdus. Je vous ai dit, et je vous répète qu'une partie très importante de l'ouvrage : Shakespeare et l'Angleterre , donnant des conseils pour le jubilé, veut absolument être publiée au moins un mois avant ce jubilé, qui est le 23 avril. Un retard me forcerait de retrancher cette partie, très impor tante , j'y insiste, et qui deviendrait sans objet. Hâtez-vous, hâtez-vous, hâtez-vous. Ne faites pas sortir de son rang dans la série (le septième) l'étude de M. de Lamartine, publiez-la en septembre, ou quand vous voudrez, la simultanéité étant évitée par six mois au moins, et publiez-moi en mars. (le 20. Songez à cette date de rigueur ---------------------

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désormais.) Des épreuves ! des épreuves ! Mille affectueux compliments. V. Hugo

Je vous dis ici pour M. de Lamartine ce que je voudrais que M. de Lamartine dît pour moi en pareil cas.

L’original appartient à M. Barthou.---------------------

f560 blancf561 sc * 1864.03.01 * papier à en-tête ["B"] A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f561 -

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Bruxelles, le 1er mars 1864 Monsieur Victor Hugo

Cher maître. – Voici des épreuves que vous pourrez renvoyer, j’espère, en bon à tirer. M. Claye avait mal compris vos instructions et cela a fait perdre 4 ou 5 jours. Il n’avait point mise en page simple les chapitres, – croyant que cette demande nouvelle était une erreur de notre part. – Je n’ai que le temps de vous serrer la main et de me dire votre tout dévoué

Albert Lacroix

f562 sc * 1864.03.06 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f562r

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α Bruxelles, le 6 mars 1864 Monsieur Victor Hugo, à Guernesey

Mon cher maître, j’ai bien reçu le bon à tirer des deux premières feuilles et espère maintenant que les bons à tirer vont désormais suivre rapidement. – Il y a eu un peu de lenteur, c’est vrai ; mais nullement de notre faute. – Seulement les Misérables vous avaient habitué à plus de célérité, mais aussi l’impression s’en faisait chez nous, dans nos ateliers, sous nos yeux, et nous avions acheté tout un matériel en conséquence nous pouvions composer deux volumes, sans interruption, avant d’épuiser le caractère. M. Claye ne peut dépasser la composition de 12 feuilles environ ; c’est ce qui explique le retard ; ainsi toute la seconde partie du Shakespeare attend pour être composée que l’on ait cliché et tiré les premières feuilles. Le caractère dont M. Claye dispose, ne peut donner davantage ; aussi au fur et à mesure que les bons à tirer vont rentrer maintenant pourra-t-on continuer à Paris la composition de la suite du volume. Je ne saurais trop vous prier de nous dispenser de nouvelles épreuves, si possible, sur toute cette première partie. – Je vous envoie en quatrième épreuve, les feuilles 4, 5, 6, 7 et 8. – Je les ai depuis deux jours, mais comme l’envoi n’en aurait pas été plus avancé, en le faisant vendredi, à cause du dimanche anglais, qu’en le faisant aujourd’hui, j’ai préféré attendre pour vous envoyer le plus de feuilles possibles. – J’espère pouvoir continuer l’envoi mardi. – J’attends avoir jeudi le retour de ces

[2/] feuilles en bon à tirer. – Il est nécessaire que les feuilles nous reviennent, car nous n’avons plus d’autres exemplaires. – Je pense que dès dimanche prochain, M. Claye aura envoyé toute la seconde partie. Je le presse. Vous pourriez donc nous envoyer à Bruxelles, la fin du manuscrit ; afin que M. Claye ait aussitôt toute la copie. Et je suis impatient de la lire auparavant. Quant à vos observations relatives au Shakespeare 1 de Lamartine, je n'ai pas besoin de vous dire que nous y ferons droit : la publication ne coïncidera point ; elle sera ajournée, selon votre désir. – Je considérais comme un devoir de vous faire part de ce point, mais en même temps je vous marquais mon intention d’accepter votre décision même défavorable à mes intérêts. Il y a là une question qui prime : la question de la déférence de l’éditeur vis-à-vis de vous, – du disciple vis-à-vis du maître ; je croyais que cette coïncidence ne pourrait qu’éveiller l’amitié, favoriser la vente, seconder surtout la traduction de votre fils. – Et je tiens à vous soumettre toujours mes idées, bien franchement. Cette franchise et cette preuve de déférence doivent vous prouver le vif désir que nous avons de ne jamais marcher que d’accord avec vous, de continuer à rester votre éditeur, et de sacrifier toute autre affaire à toute affaire venant de vous. Voulez-vous m’autoriser à annoncer déjà au dos du Shakespeare (au dos de la couverture) les Chansons des rues et des bois pour novembre prochain ? D’après ce que vous m’aviez dit à Guernesey, nous étions d’accord sur les bases du traité (25.000 francs) ; il n’y avait de réservée qu’une question de date. Tranchez cette dernière. Il ne sera que bon d’annoncer au public une date certaine pour ce livre ; on nous la demande de plusieurs parts. – En hâte, cher maître, et tout à vous

Albert Lacroix

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---------------------α. un court extrait de cette lettre est publié dans IN/CRB 1933, p. 458, ().1. Cf. supra, f° 555.

f563 sc * 1864.03.13 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f563r

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a

Bruxelles, le 13 mars 1864 Monsieur Victor Hugo

Mon cher maître, vos reproches me touchent d’autant plus vivement que je sens que nous ne les méritons point, et que je souffre autant que vous de ces lenteurs. Mais elles ne nous sont pas imputables. Comme c’est M. Verboeckhoven qui a le plus souvent correspondu avec l’imprimerie de M. Claye, je l’ai chargé de vous produire les preuves de notre innocence, – lettre en main, avec les dates à l’appui. C’est ce qu’il a fait. C’est ce qui est joint à la présente.– Ainsi je vous annonçais dans ma lettre de dimanche dernier que j’espérais pouvoir vous adresser encore le mardi une série de feuilles, en bon à tirer. Et au même instant dimanche dernier, j’écrivais chez M. Claye qu’il nous fallait absolument la mise en page remaniée pour 4 ou 5 feuilles avant le mardi matin pour que cela pût partir le même mardi à midi  ; que je vous l’avais promis. Qu’est-il arrivé ? C’est que ces feuilles qui étaient attendues le mardi, ne me sont arrivées que le jeudi matin, et le même jour à midi je vous les expédiais. Je presse tant et plus l’imprimerie de M. Claye, mais l’expérience prouve qu’on ne dispose pas de l’imprimerie d’autrui comme de la sienne propre. – Enfin, tant de plaintes des deux parts n’auront pas été inutiles, je crois que cela a du faire l’effet d’un aiguillon, et je vois par ce qui me vient de Paris et ce que je vous envoie aujourd’hui que

[/2] le mieux se réalise. J’espère que vous serez content cette fois. Vous m’accusez α enfin de m’être pas précis dans ma réponse au sujet de la biographie de Shakespeare par Lamartine. Il était évident que si je renonçais à la publication simultanée ou coïncidante, j’abondais alors dans le sens de votre lettre, et ce n’eût été qu’un peu indigne de nous, de songer à faire paraître ce second ouvrage 15 jours plus tard. Je n’ai pas parlé de six mois, parce que déterminer une époque est plus difficile, mais en tout cas, ma pensée et mon intention étaient de ne mettre en vente le volume de Lamartine qu’après l’été, c. à d. en octobre ou novembre. 1

Vous voyez que je ne cherche pas à vous satisfaire à demi. Vous avez tort, cher maître de douter de notre bonne volonté, de notre déférence. Le désir de vous satisfaire est aussi entier chez nous que notre admiration et notre sympathie sont absolues.– Quoique je ne fusse point de votre avis dans la question Lamartine, vous voyez que j’ai cédé ; sans observations, sans songer même à discuter, en vue de l’intérêt et du succès de votre œuvre.– Certes nous avons fait là pour vous, et sans un mot de vous, ce que nous ne ferions pour personne autre. – Est-il possible de mieux marquer notre désir de vous être agréable en tout point, et de fortifier encore nos bonnes relations d’affaires et d’amitié avec vous. J’insiste pour pouvoir annoncer avec certitude l’apparition à date fixée des Chansons des rues et des bois ? Attendons, si vous le voulez, jusqu’au moment où la couverture du Shakespeare vous sera soumise. Veuillez y songer d’ici là, cher maître et nous donner alors b la réponse définitive à nos propositions. Mille choses à tout votre monde de Guernesey et bien à vous,

Albert Lacroix

---------------------a. ici d’une écriture fine et en biais : Voici en 1ère les placards 26, 27, 28, 29 et 30 formant le commencement de la première partie. Voici pour le bon à tirer les signatures 13, 14, 15 et 16 formant la fin de la mise en page de la première partie. Pour xxx, je vous approuve d’ajourner votre lettre jusqu’après la publication du Shakspeare [paraphe]. - b. add. sup.α. Cf. lettre de Victor Hugo à Lacroix en date du 1864.03.10, IN/WS 1934, p. 419. .1. cf. supra f° 555. Shakespeare et son œuvre, de Lamartine sera annoncé dans la Bibliographie de la France, N° 47, 19 novembre 1864, # 10527, p. 545.

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f564 sc * 1864.03.13 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f564r

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a

Bruxelles, le 13 mars 1864 Mon cher monsieur Hugo

Votre dernière lettre, du , contient un reproche dont je veux me disculper immédiatement. Le voici : "M. Claye affirme n’avoir reçu de vous que le 27 février, les indications pour l’imprimeur envoyées par moi le 15 janvier." Il y a là une erreur grave, car ce n’est que le 21 février que vous avez définitivement arrêté la marche de l’ouvrage. Vous y disiez : "Il faut absolument à chaque livre comme à chaque chapitre une page blanche, et sur ce point, il m’est impossible de rien céder. Ce que je puis céder, et je le fais avec plaisir, c’est le recto pour commencer tous les chapitres. Qu’ils commencent donc au verso, si le verso est page blanche, j’y consens." α Vous le voyez, cher monsieur, ce n’est que le 21 février que vous faite cette concession et, sans retard, j’en ai informé M. Claye. J’ai peine à m’expliquer son affirmation ou plutôt celle de son chef d’atelier, M. Olmer, car M. Claye est encore malade. En effet M. Olmer me disait à la date du 26 février : "Voici les feuilles 8 et 9 corrigées et établies d’après les instructions qui nous ont été données pour les feuilles 1 à 7 et non pas d’après celles de votre billet d’hier. En effet et à plusieurs reprise vous m’avez

[2/] dit de mettre en belle page ce que l’auteur appelle des chapitres et hier vous me recommandez de mettre ces divisions-là en pages seulement ; ce qui obligeait à remettre en pages et à réimprimer les 9 feuilles faites". M. Olmer confesse donc avoir reçu votre décision relative aux chapitres dès le 25 février et s’il ne s’y est point conformé et s’il a fallu que je lui écrivisse de nouveau pour vaincre son incrédulité et lui confirmer les instructions que je lui donnai, dans mon billet du 25, est-ce lui ou moi qu’il faut accuser  ? xxxxxx. Nous mettons la plus grande diligence à envoyer à Paris toutes les épreuves et les intercalations dès leur arrivée, sans perdre un instant. En réponse à des reproches de lenteur, M. Olmer nous écrit qu’il voit bien à regret que nous ne nous rendons pas un compte exact de la situation vraie des choses et des efforts nombreux qu’il a faits pour nous satisfaire. Il dit qu’il avoue avoir eu un tort c’est de n’avoir pas pris les devants en se plaignant du temps qu’on lui faisait perdre en nouvelles épreuves, en corrections, en intercalations ; il ajoute : "comment peut-on venir me faire le reproche de lenteur et dire que si le livre ne paraît pas en temps utile, c’est une affaire manquée !" Il ajoute que, sans consulter M. Claye, il a fait faire une fonte nouvelle pour composer tout le manuscrit qu’il a en main sans attendre la distribution des premières feuilles. Enfin en terminant : "Veuillez remarquer que lorsque vous avez mis à la poste une feuille portant le bon à tirer tout n’est pas dit et à beaucoup près. Il faut corriger notre épreuve, en faire une nouvelle, la faire lire par notre correcteur, et l’envoyer à M. Vacquerie qui nous donne, lui, le bon à tirer définitif. Calculez, je vous prie, toutes ces allées et venues et vous direz, comme moi, à l’auteur que ce n’est pas en quelques jours qu’on peut faire paraître un livre dont la moitié est encore dans la case." Soyez en persuadé, cher monsieur, nous faisons, tous, tous nos efforts. J’ai été bien long, mais j’avais à cœur de vous prouver notre ardente sollicitude et que nous ne négligeons aucun soin pour vous complaire et hâter autant qu’il est en notre pouvoir, l’édification du beau livre-monuments que vous élevez à la gloire du grand Will. Croyez à tout notre dévouement le plus sympathique.

L.-H. Verboeckhoven

---------------------a. ici Victor Hugo a noté, d’une écriture fine et presque verticalement, en biais : 17 mars – Dans ma réponse à Verboeckhoven, il y a, à propos des formes employées par M. Olmer ceci : "les lettres de M. Olmer sont insolentes. C’est la première fois qu’un prote se permet ce style vis-à-vis de moi. Jusqu’à ce jour les ouvriers imprimeurs avaient tous vu en moi un ami". Victor Hugo cite sa lettre du 17 mars 1864 ; cf. IN/WS 1934, pp. 420-421.α. L.-H. Verboeckhoven cite, ici, un passage de la lettre de Victor Hugo en date du 21 février [1864] ; cf. IN/WS 1937, pp. 415-416, ().

f565 sc * 1864.03.13 * papier à en-tête ["A**"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie,

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réduite à une hauteur de 13 cm (sur 27), sans respect du texte.f565r

f565v 40

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Bruxelles, le 15 mars 1864 Monsieur Victor Hugo

Je vous envoie, cher maître, les placards 31, 32, 33 et 34, et je dois recevoir ce soir, j’espère de M. Claye, a en épreuve toute les compositions de la seconde partie. – Le chef d’atelier de M. Claye nous écrit pour nous annoncer qu’il est absolument sans copie ; que maintenant le voilà arrêté, que ce retard ne peut plus être imputé à l’imprimerie. […] b m’écrit. On est arrêté par le

[2/] c

par suite de la suspicion du gouvernement, qui verrait votre nom ; peut-être une ouverture de tous les paquets et qui sait : un détournement. – C’est pour éviter des dangers sérieux que je vous ai bien prié de continuer à transmettre tout par Bruxelles, où je divise les envois de manuscrits. – Il est, de même, prudent pour les épreuves qu’elles circulent seulement de Paris à Bruxelles et de Bruxelles à Guernesey. –d M. Vacquerie m’informe que vous avez consenti à ne plus voir qu’une épreuve. Cela va donner une grande rapidité de la publication. L’imprimerie à Paris déclare que le volume serait terminé depuis longtemps, si elle n’avait dû fournir qu’une épreuve. e

---------------------a. ici : toutes, rayé. - b. ici, une demi-ligne coupée de sorte qu’il ne reste que le sommet des lettres. - c. le texte commence en haut de la page. - d. ici dans la marge gauche, à la hauteur des deux dernières lignes du § précédent et la première ligne du dernier §, Victor Hugo a écrit verticalement, entre deux courts traits  : NON. Non à quoi ? A la proposition de Vacquerie ? - e. la page a été découpée, à mi-hauteur, sous cette ligne.

f566 sc * 1864.03.16 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie. f566r

f566v 41

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Bruxelles, le 16 mars 1864 Mon cher monsieur Hugo

Votre lettre du 14 m’est bien parvenue hier au soir (8 ½ h.)  ; j’en ai retiré 3 bons à tirer les feuilles 9, 11 et 12, et la feuille 10 dont vous demandez une nouvelle épreuve à cause d’une intercalation qui ne s’y trouve pas et ennuyé, vous écrivez sur l’heure ces dures paroles : "J'avais envoyé, il y a dix jours, cette intercalation. On n'en a tenu aucun compte. Cela m'empêche de donner le bon à tirer et me force à demander une nouvelle épreuve. Est-ce une gageure ? Y a-t-il joute entre les éditeurs et les imprimeurs de ce livre à qui perdra le plus de temps ?" α Cher monsieur, cette intercalation, partie de Guernesey le 6, nous est parvenue le 8 mars à 8 ½ h. du soir et a été envoyée le lendemain, 9 mars à Paris, tandis que les feuilles 9 à 12 quittaient Paris, ce même jour 9 mars ainsi que le constate le timbre apposé sur ces 4 feuilles indiquant le jour de leur sortie des ateliers de M. Claye. L’intercalaire se trouvait avec la feuille qui devait la contenir. Nous ne sommes donc pas coupables de la moindre négligence volontaire ou involontaire. Le simple rappro-

[/2]chement des dates doit vous en convaincre et nous n’avons jamais perdu de temps pour transmettre à Paris, le lendemain de leur réception à Bruxelles toutes les intercalations, épreuves ou instructions que vous nous adressez. Je suis vraiment désolé de vous voir persister dans la pensée que nous apporterions des retards à l’impression de votre livre ; ce reproche est immérité et j’ose espérer qu’une lettre d’hier nous lave du soupçon de trahison de notre part et que celle d’aujourd’hui nous réhabilitera à vos yeux. En fait nous faisons tout ce qui est possible pour hâter l’apparition de votre livre. Telle est la vraie vérité. Nous attendons les placards 35 à 44 terminant la 2 e partie que M. Olmer nous dit avoir expédiée par chemin de fer parce qu’à la poste on a demandé ce que pouvait contenir les lettres taxées 5, 6 et 7 francs et de surcroit renouvelées   ! Que diraient ces messieurs, s’ils voyaient un échange direct de correspondance avec Guernesey. La transmission par

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Bruxelles est donc fort prudente. Seulement au lieu de prendre le chemin de fer, M. Olmer eût mieux fait de diviser son envoi en en envoyant une partie à notre dépôt à Paris. – M. Olmer demande de la nouvelle copie ainsi que le libellé du titre pour qu’on s’occupe de la composition et de la couverture. Sous ce pli les bonnes feuilles 2 et 3, veuillez remarquer qu’elles ne peuvent contenir les corrections nouvelles arrivées hier au soir. En terminant, je vous le répète, toutes vos intercalations sont transmises à Paris le lendemain de leur arrivée ici. Croyez bien, cher monsieur, que nous attachons le plus haut prix à ne pas démériter de votre estime. Votre dévoué L.-H. Verboeckhoven

---------------------α. les "dures paroles" sont écrites sur la feuille 9, qui avec les feuilles 10, 11 et 12, était jointe à la lettre du 14 mars 1864.

f567 sc * 1864.03.17 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 567 et 568. Le f° 567 est un papier à en-tête ["B"] A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie (petit format : 11 x 18 cm).

f567r

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Bruxelles, le 17 mars 1864 Cher monsieur Hugo

Je reçois à l’instant un placard coté 46 qui complète la deuxième partie et contient toutes vos intercalations jusqu’à ce jour, je vous l’envoie tel qu’il me parvient sans y changer ni corriger un iota. Veuillez remarquer qu’il porte la date du 15 mars jour de son départ de Paris. – Je joins à cet envoi un exemplaire des bonnes feuilles 4 à 8. – M. Olmer fait ce qu’il peut, néanmoins la maladie de M. Claye est chose regrettable.

Votre dévoué L.-H. Verboeckhoven

f568 sc * 1864.03.17 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 567 et 568. Le f° 568 est un papier à en-tête ["B"] A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie (petit format : 11 x 19 cm).

f568r

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Bruxelles, le 17 mars 1864 Cher monsieur Hugo

Nous avons reçu hier au soir tous les placards 35 à 45, comprenant toute la seconde partie. M. Olmer a cru devoir nous les expédier par chemin de fer. – Toutes les intercalations ont été envoyées à Paris le lendemain de leur arrivée à Bruxelles  ; je ne m’explique point comment elles ne se trouvent à leur place dans les placards, à moins que M. Olmer n’ait jugé préférable de ne les intercaler que a dans les mises en pages. Je l’ignore monsieur Olmer n’ayant pas accompagné cet envoi d’une lettre. Nous attendons la troisième partie. Votre tout dévoué L.-H. Verboeckhovenen hâte

---------------------a. add. sup.

f569 sc * 1864.03.20 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 569 et 570. Le f° 569 est un papier à en-tête ["B"] A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie (petit format : 11 x 18 cm).

f569r - Bruxelles, le 20 mars 1864 Mon cher monsieur Hugo

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Je vous envoie une nouvelle épreuve de la feuille 10 ; je crains fort qu’elle ne revienne sans obtenir le bon à tirer, cette pauvre feuille 10 : elle joue de malheur. Vous trouverez également sous ce pli [l’] épreuve du titre dressé d’après les instructions de M. Vacquerie. Ne pensez-vous pas qu’il faudrait faire précéder le nom du grand tragique d’une ligne formée de son prénom ? Puis-je adresser à Paris la dédicace et faire recomposer la préface en caractères plus forts selon votre désir ? J’attends vos

[2/] instructions à cet égard. Merci mille fois pour votre bienveillante et charmante lettre ; elle me rend tout heureux ; le reproche de trahison, car c’en eût été une, me pesait et me peinait. Nous avons reçu le manuscrit de la conclusion le 18 à 8 heures au soir et dès hier le premier livre était envoyé à Paris ; aujourd’hui part le deuxième et demain le dernier, de sorte que mardi toute la copie sera à Paris. Je presse l’imprimeur. Je vous ai expédié les bonnes feuilles 2 à 8 : c’est tout ce que j’ai reçu jusqu’à présent de Paris. – Les placards 31 et 34 me sont bien parvenus hier au soir et partent aujourd’hui pour Paris. Je réitère à l’imprimeur ma demande de ne plus adresser désormais que des mises en pages revues avec soin. – J’ai dévoré la conclusion ; cette écriture est vertigineuse et marche de surprise en éblouissement. Votre génie inonde de clartés des horizons inconnus qui apparaissent lumineux. Ce livre sera un événement et une date dans la marche du genre humain vers le progrès. Tout à vous L.-H. Verboeckhoven

f570 sc * 1864.03.24 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 569 et 570. Le f° 570 est un papier à en-tête ["B"] A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie (petit format : 11 x 19 cm).

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Bruxelles, le 24 mars 1864 Mon cher monsieur Hugo

Je vous adresse sous ce pli 5 épreuves mises en pages, en seconde, feuilles 16 à 20. – Je sollicite votre indulgence pour la page 270 ; il n’y a pas moyen de faire passer une ligne ou d’en retrancher une à cause des bouts de lignes des pages 268 et 271. L’issue a été de laisser une ligne en blanc ; n’y a-t-il pas moyen de porter remède à ce cas de pathologie typographique ? Toute la copie de la conclusion est à Paris et les placards 35 à 46, c’est-à-dire la dernière partie en entier est partie hier pour Paris ; nous les avions reçus avant-hier au soir (8 h.). M. Claye a donc tout, tout, tout.

Votre dévoué L.-H. Verboeckhoven---------------------

f571 sc * 1864.03.27 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 571 et 572. Le f° 571 est un papier à en-tête ["B"] A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie (petit format : 11 x 18 cm).

f571r - Bruxelles, le 27 mars 1864 Mon cher monsieur Hugo

Voici quatorze feuilles comprenant la signature 10 qui, cette fois, je pense, reviendra avec le bon à tirer, et les feuilles 21 à 33 qui va jusqu’au chapitre II de la dernière partie ; je compte recevoir la fin demain et tous expédier le jour même de son arrivée à Bruxelles. Vous trouverez également sous ce pli le titre et la couverture dressés d’après vos indications. Vous voyez que l’imprimerie fait diligence pour se faire pardonner.

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Votre dernière lettre m’a rendu tout penaud ; de telles paroles adressées, cher monsieur, à un indigne qui n’a pas qualité pour vous appeler cher maître et qui n’a que deux choses à vous offrir : admiration et dévouement ; jugez de ma confusion. Aussi je me trouve honteux, mais je me sens un peu fier.

L.-H. Verboeckhoven---------------------

f572 sc * 1864.03.28 * Sur la même feuille BN, sont collés les ff° 571 et 572. Le f° 572 est un papier à en-tête ["B"] A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie (petit format : 11 x 18 cm).

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Bruxelles, le 28 mars 1864 Mon cher monsieur Hugo

Ce courrier vous apporte la fin de votre ouvrage, c’est-à-dire les feuilles 34 et 35, formant en tout 560 pages ; sans la table des matières, qui en fera 4. – Cet envoi est complété par le titre et le faux titre et enfin par la première feuille comprenant la dédicace et la préface établies d’après vos instructions. Au moment de recevoir ce billet, vous aurez donc 22 feuilles (signatures 1, 10 et 16 à 35 ; plus les quatre pages de titre et la couverture). Cette fois, il faut l’avouer, l’impri-

[/2]-merie a fait des prodiges. Depuis deux jours, je m’attendais à recevoir le bon à tirer à partir de la feuille 16, mais, à mon grand regret, la poste de ces derniers jours ne m’a rien apporté et aujourd’hui et demain impossible de rien recevoir de Guernesey. J’attends avec la plus vive impatience des feuilles revêtues de leur exeat, car maintenant le temps presse et l’imprimerie a soif et faim de tirage.

Votre dévoué L.-H. Verboeckhoven

f573 sc * 1864.04.04 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f573r

f573v 48

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Bruxelles, le 4 avril 1864 Mon cher monsieur Hugo

Vous avez dû recevoir directement de Paris les feuilles 31 et 32 modifiées et remises en page d’après vos dernières corrections, ainsi que la couverture. Ce matin nous sont arrivés la Table et le titre d’essai que je ne trouve pas heureux ; je vous les envoie immédiatement. La faute grave de la page 189 a pu être corrigée avant le tirage : à quelque chose retard est bon ; mais je le dis bien bas pour qu’on ne m’entende à Paris. Cette faute se trouve effectivement dans la copie, elle ne peut être imputée aux compositeurs. J’ai recherché dans le manuscrit ; l’alinéa qui la contient est écrit de votre main. Puisque je parle de faute, je serais vraiment désireux de connaître celles que vous retrouvez dans les bonnes feuilles. Sont-ce des corrections qui n’ont point été opérées ou bien des fautes typographiques ? La variante de la page 509 est, en effet, peut-être prudence.

Votre dévoué L.-H. Verboeckhoven

f574 sc * 1864.04.10 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f574r -

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Bruxelles, le 10 avril 1864 Mon cher monsieur Hugo

J’ai bien reçu votre lettre contenant les dédicaces destinées à accompagner l’envoi a de votre volume. La partie française a été expédiée hier à Paris. – Merci de la flatteuse dédicace que vous avez bien voulu donner en l’honneur de vos éditeurs ; seulement, il me faudra bien lui céder ce cher autographe puisqu’il est bien la tête de la maison comme disent les anglais, et sa bibliothèque va s’enrichir d’un précieux exemplaire et la mienne hélas….. Il me prend des mouvements de jalousie atroces. J’ai parfois envie de dérober cette feuille de papier, c’est tentant. M. Lacroix est à Paris, il ignorerait mon larcin. Malheureusement pour moi, c’est impossible : votre lettre mentionne la dédicace. Il me faut donc renoncer à commettre un vol. C’est dommage pourtant. Quant au dépôt rassurez-vous, cher monsieur. J’ai vérifié, nous avons 3 mois à partir de la publication pour faire ce dépôt α. Vous le voyez, il n’y a rien de compromis. D’ailleurs le dépôt sera fait aussitôt que le livre paraitra. J’ai envoyé votre dernière lettre à M. Lacroix à Paris où il presse l’imprimeur et prépare le lancement de ce splendide navire modèle : le William Shakespeare qui

[2/] je pense, jeudi prochain, prendra sa course, commençant au milieu des hourras enthousiastes son voyage autour du monde. Je réponds à votre question : à Lille ce n’est pas M. Jules Géry mais M. Géry Legrand. Le rédacteur en chef du Précurseur d’Anvers est M. Alphonse van Camp. La Tribune de Liège n’existe plus ; elle est remplacée par l’Echo de Liège dont le rédacteur est M. E. Gérimont. 1

L’Union libérale de Verviers est rédigée par M. C. Beck Mullendorf. Agréez, cher monsieur, l’hommage de tout mon dévouement.

L.-H. Verboeckhoven

Votre dernière lettre est arrivée ici avec cette mention : "arrivée ouverte et recachetée de la General post office". Ceci à titre de renseignement. Si je vous ai renvoyé les feuilles 31 à 36 sans les faire corriger au préalable c’est que votre lettre d’envoi disait que vous les adressiez vous-même à Paris et vous ajoutiez : renvoyez-les moi après les avoir lues. Ainsi ai-je fait, pensant que vous vouliez nous faire lire les intercalations nouvelles dans le chapitre sur l’Angleterre.

---------------------a. en sc d’un mot illisible.α. L.-H. Verboeckhoven répond ici à une inquiétude manifestée, par Victor Hugo, dans sa lettre du 6 avril [1864] : "Renseignement pris, il est absolument nécessaire, mon cher monsieur Lacroix, qu’une déclaration de propriété soit faite au Stationer’s Hall, autrement la contrefaçon est possible en Angleterre dès demain" ; cf. IN/WS 1937, pp. 425-426 ().1. Legrand (Géry). 1837.05.23, à Lille - 1902.08.29, à Moncheaux. Journaliste et homme politique français. Il sera maire de Lille (1881-1896) et sénateur du Nord (1888-1902). Il édite la Revue du mois (1860-1863) puis Le Journal populaire de Lille et de l’arrondissement. Ce quotidien d'information locale, à bas prix, créé le 1863.11.22, doit permettre aux plus pauvres de lire et de s'instruire. Très bien fait, son succès est rapide ; mais il fait trop de politique ce qui entraine le retrait de son autorisation de vente sur la voie publique, en janvier 1865 ; il doit cesser de paraître le 10 janvier. Il est remplacé par L'Echo populaire de Lille et de l'arrondissement (1865.01.11-1866.10.30). – Van Camp (Alphonse). 1836.03.09, à Berchem - 1897.05.04, à Bruxelles. Journaliste puis fonctionnaire belge, directeur politique du Précurseur d’Anvers, journal libéral de 1863 à 1878. – Gérimont (Ed.). 1832.04.26, à Liège - 1876.02.03, à Liège. Avocat, journaliste et homme politique (libéral radical) belge.

f575 sc * 1864.04.14 * sur papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f575r -

Bruxelles, le 14 avril 1864 Mon cher monsieur Hugo

Votre dernière lettre m’est bien parvenue. Malheureusement mes visites chez les journalistes m’ont fait manquer hier l’heure de la poste. Je m’empresse de vous donner l’assurance que la traduction anglaise de votre livre n’a paru à Londres ni en tout ni en

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partie. Le livre paraîtra à Paris d’abord. L’annonce de Holt Hurst and Blackett a probablement été insérée dans une revue mensuelle importante ce qui explique le just published, c’est-à-dire que le livre sera publié dans le mois α. Vous le savez, ces messieurs ont repoussé l’idée de publier un fragment de votre œuvre et ils persistent encore dans l’opinion que cette publication serait plus nuisible qu’utile au livre complet, etc. Le traducteur nous a dit leur avoir écrit tout récemment à Londres, et en avoir reçu la réponse que ces messieurs continuent à penser que pour le moment il n’y avait pas lieu de détacher la vie de Shakespeare, que plus tard ils verraient β. Vous pouvez donc être pleinement rassuré à cet égard. Le livre a paru aujourd’hui à Paris et il sera publié bientôt à Londres, Bruxelles nécessairement suit Paris, puisque les exemplaires lui viennent de Paris  ? – Quant à la modifi-

[2/]- cation du titre γ, elle n’est qu’apparente. En effet, le titre général : William Shakespeare subsiste, seulement ces messieurs ont cru permis d’ajouter un sous-titre explicatif  : la vie et les œuvres, afin que l’on ne croit pas qu’il s’agirait ici de la publication d’une partie des œuvres de Shakespeare, mais bien d’un grand livre de Victor Hugo, sur Shakespeare ou bien encore qu’il s’agit de la publication en un volume de la traduction de M. votre fils qui porte votre glorieux nom. Bref, ils ont craint une confusion et pensent devoir ajouter un sous-titre qui ne laisse aucun doute au public ! Voilà l’explication que je vous adresse en toute hâte car l’heure me presse. – Nous recevons à l’instant les exemplaires de votre livre : c’est énorme, énorme, volumineux. – Nous vous en expédions aujourd’hui même un premier envoi de 10 exemplaires. J’ai porté moi-même votre lettre à M. Frédérix ; il a déjà parlé à xxx reprises différentes du Shakespeare dans l’Indépendance ; il vient tantôt chercher son exemplaire enrichi de votre dédicace et veut être le premier à rendre hommage à ce livre comme il a fait il y a deux ans pour les Misérables.

Votre tout dévoué Verboeckhoven

---------------------* L’écriture blanchie de cette lettre rend sa transcription difficile.α. Dans sa lettre du 10 avril [1864] - cf. IN/WS 1937, pp. 427-428, () - Victor Hugo attire l’attention de ses éditeurs sur une annonce - certes ambiguë - parue dans la presse anglaise et qui laisserait entendre que l’édition anglaise aurait été mise en vente. L.-H. Verboeckhoven dément cette information.β. Dans sa lettre du 14 mars [1864] - cf. IN/WS 1937, p. 420, () - Victor Hugo révèle à ses éditeurs [français] avoir reçu "des deux comités shakespeariens (Londres et Stratford-sur-A.) l’avis qu’une vie de Shakespeare par Victor Hugo, courte, traduite en anglais, avec le texte en regard […] se vendrait à des cent mille pendant les fêtes [du Jubilé] et pendant la quinzaine des fêtes. Or cette Vie est justement dans mon livre [William Shakespeare]" Il se montre favorable à la publication séparée de ce fragment. Mais les éditeurs anglais en repoussèrent l’idée.γ. Le développement sur la "modification du titre" me reste partiellement obscur. Le William Shakespeare, version anglaise, publié par Hurst and Blackett () ne porte pas comme sous-titre : "la vie et les œuvres", mais se contente de préciser : "Victor Hugo, Author of Les Misérables". Que s’est-il passé ? Victor Hugo a-t-il refusé le sous-titre parce que William Shakespeare est plus qu’un livre sur la vie et l’œuvre de Shakespeare, c’est un manifeste littéraire ? Le traducteur, A. Baillot, a-t-il proposé une autre présentation du titre ? – A propos du traducteur, soulignons que "la qualité désastreuse [de son travail] n’a pas dû aider à la compréhension de l’ouvrage" par le lecteur anglo-saxon (Nicole Mallet 1999).

f576 sc * 1864.04.15 * papier à en-tête ["C"] Librairie Internationale 13,5 x 21,5 cm.f576r -

Paris, le 15 avril 1864 Monsieur Victor Hugo Cher maître, je reçois communication du passage de votre lettre où vous dites a que vous craignez que la mise en vente anglaise n’ait devancée la mise en vente française. Je m’empresse de vous répondre qu’il n’en ait rien, à peine si le 23 avril, l’édition anglaise avait pu voir le jour, tant la traduction est en retard ; elle n’a pu s’effectuer que sur les bonnes feuilles tirées à Paris et au fur et à mesure du tirage. – Soyez donc rassuré, cher maître, ce n’est que pour l’Angleterre que le retard dans les ventes est vraiment fâcheux. Car j’en arrive à croire d’accord avec M. Vacquerie qui me le disait hier, que ce retard n’a été que bon pour la France. Il a permis de profiter de la grande fête qui s’organise à Paris

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pour le jubilé de Shakespeare. Cela a donné double publicité à votre livre dont la mise en vente a eu lieu hier à Paris. M. Lavertujon de Bordeaux désire une dédicace,

[2/]un autographe de vous, en tête de son volume de Shakespeare. Veuillez nous indiquer les adresses des personnalités suivantes, à qui vous avez destiné des volumes avec dédicaces ; les volumes n’ont pu être remis encore, faute d’adresses : Emile Deschamps Antony Deschamps Louis Neyret Lartigues Louis Boulanger Emmanuel Desessarts [sic pour des Essarts] Charles Battaille (est-ce l’homme de lettre ou l’artiste dramatique ?) D’Eschegoyen. 1

Toutes vos recommandations ont été suivies tant dans la remise des volumes que pour l’envoi des dédicaces. Je suis tout occupé de vous, cher maître et je vous transmets cette lettre par les soins de Verboeckhoven.

Votre dévoué Albert Lacroix ---------------------a. en sc de : disiez.1. Deschamps (Emile), 1791-1871 son frère Deschamps (Antony) 1800-1869, poètes français, amis de Victor Hugo au temps de la Muse française, restés en relation bien que l’évolution politique de Victor Hugo les éloigna quelque peu. – Neyret (Louis) "gendre de Mathieu (de la Drôme) Ancien journaliste marseillais, officier de la Medjédée turque, chevalier du sauveur de la Grèce" : c’est ainsi qu’il se présentera lors des envois, à Victor Hugo, de l’Annuaire Mathieu (de la Drôme), indicateur du temps, rédigé par les sommités scientifiques, orné de vignettes par les premiers artistes. Il reprendra, en effet, l’édition de cet annuaire à la mort de son beau-père, en 1865. On trouve encore dans la bibliothèque de Hauteville-House deux exemplaires (1867 et 1869) de l’Annuaire. – Boulanger (Louis), 1806.03.11, Verceil - 1867.03.05, Dijon. Peintre romantique, lithographe et illustrateur français. L’un des amis le plus anciens et le plus fidèle de Victor Hugo. – Emmanuel des Essarts, 1839.02.05, à Paris - 1909.10.17, à Clermont-Ferrand. Poète et écrivain, admirateur de VH. – Bataille (Charles), 1822-09-30, à Nantes - 1872-05-02, à Paris. Artiste lyrique, médecin, professeur au Conservatoire de Paris, finira sous-préfet à Ancenis. Il était membre du comité organisateur du Banquet Shakespeare à Paris qui porta Victor Hugo à sa présidence. – Etchegoyen (Vincent Charles Henri d'), 1818.02.03, à Paris - 1885.02.08, à Richmond (Surrey, Angleterre). Propriétaire, élu en 1850 à l’Assemblée nationale, il siège à l’extrême gauche. Aux lendemains du Coup d’Etat du 2 décembre, avant d’être inquiété, il se réfugie en Angleterre. De retour en France, il se tient à l’écart de la politique.

f577 sc * 1864.04.18 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f577r

- Bruxelles, le 18 avril 1864 Mon cher monsieur Hugo

Une visite importune, la peste du fâcheux, à laquelle il était impossible de me soustraire, M. Lacroix étant encore à Paris, m’a privé du plaisir de vous écrire. – Sous ce pli, je vous adresse un mot de M. Lacroix qui vous rassurera complétement, je l’espère sur l’apparition prématurée de l’édition anglaise. La presse a été admirable à Paris, en Belgique elle a fort bien marché, l’ Indépendance en tête. Je vous signale particulièrement l’Europe de Francfort, journal français dirigé par M. Ganesco 1. Je réclame toute votre indulgence pour la dernière lettre que je vous ai écrite car j’ai dû la faire en courant de la plume. Je n’ai même pas eu le temps de la relire, ce que je regrette, car je ne l’aurais pas fait jeter à la boite. Je vous y donnais des explications qui auraient eu besoin d’explications pour tout autre que vous. Ma femme a été très sensible à la dédicace que vous avez bien voulu lui écrire et elle me charge de vous remercier et de la rappeler à votre bon souvenir.

Votre tout dévoué L.-H. Verboeckhoven

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- ---------------------1. Ganesco (Grégory). Vers 1830, en Roumanie - 1877.04.07, à Montmorency. Il s’installe de bonne heure en France. En 1860, il est rédacteur en chef du Courrier du Dimanche, journal d’opposition libérale influent, auquel participe notamment Prévost-Paradol. Profitant du fait qu’il est étranger, le gouvernement impérial chasse hors de France le gêneur. Ganesco fonde L’Europe, journal français de Francfort qui jusqu’à sa brutale suppression en 1866 connaîtra un succès certain. Rentré en France, naturalisé français, il se convertit au bonapartisme au point d’accepter le poste de rédacteur en chef du Parlement, le journal – au tirage confidentiel - de Rouher.

f578 sc * 1864.04.24 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f578r

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Bruxelles, le 24 avril 1864 Mon cher monsieur Hugo

Quelques mots avant le départ du courrier. Tous les journaux et les journalistes ont reçu William Shakespeare, M. Joly 1, comme les autres, a eu son exemplaire, le jour de la mise en vente (qui est énorme) a. Toutes vos lettres ont été soigneusement transmises par moi à Paris aussitôt leurs arrivés ici. L’envoi de votre réponse au comité Shakespearien qui vous avait nommé président expédiée par moi à M. Vacquerie, doit lui être bien parvenue puisque L’Indépendance et le Précurseur, et à leur suite toute la presse, m’en ont apporté le texte en forme d’accusé de réception. J’avais même pris le soin de garder copie de votre lettre à tout événement ; cette précaution heureusement, a été la précaution inutile. Je suis donc tranquille de ce côté. Je le suis moins à l’égard de M. Lacroix toujours à Paris, assez indisponible et, je le crains, plus malade même qu’il ne le veut paraître. Les comptes rendus n’ont point suivis et commencent à paraître. Je fais une exception pour le Sancho 1 que je reçois à l’instant : il contient 17 lignes justes. Faut-il vous envoyer tous les journaux qui en parleront ; ne recevez-vous aucune feuille belge. Votre dévouéen hâte L.-H. Verboeckhoven

---------------------a. (qui est énorme) : add. sur la ligne.1. cf. lettre du 1864.01.17, f541, note β.

f579 sc * 1864.06.07 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f579r

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α Bruxelles, le 7 juin 1864 A Mon cher monsieur Hugo, à Guernesey

Mon cher Maître, j’ai été fort empêché de vous écrire depuis 5 semaines ; d’abord la mise en vente de William Shakespeare m’a énormément occupé. Nous avions à organiser toute une immense publicité, à combiner le lancement en tous pays de la façon la plus utile, à chercher à déterminer des traducteurs ou des éditeurs étrangers, à se charger de publier des éditions en allemand, en anglais, en italien. – La nature sévère du livre a été une cause de refus pour plusieurs. Nous avons dû nous déterminer nous-même à publier, à nos frais, l’édition allemande. Nous avons dû nous contenter de ne prélever d’avance aucun droit sur la traduction anglaise, en laissant les frais à la charge de l’éditeur, et encore ce n’a a point été sans peine, sans longs pourparlers que tout cela c’est fait. – Au milieu de l’impression de l’édition anglaise, on a voulu ne plus continuer. Il nous a fallu faire des concessions nouvelles et des frais d’agent général envoyé à Londres pour déterminer l’éditeur à passer outre. Je m’étais aussi occupé du banquet à Paris (qui n’a pas eu lieu). La mise en vente à Paris m’a demandé une foule de courses, de démarches auprès des journalistes. J’ai porté moi-même une partie des exemplaires aux adresses cherchant à parler aux destinataires, ce que j’ai fait, mais dans ces courses, je me suis trop échauffé

2/ et fatigué, et j’ai été frappé d’une sorte de refroidissement. Cette pleurésie b a été coupée

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promptement mais la fièvre intermittente m’a pris ensuite, avec violence, j’ai été au lit plusieurs jours à Paris ; j’ai dû revenir brusquement à Bruxelles. Il m’a fallu assez de temps pour tuer la fièvre. – Ce n’est guère que depuis quinze jours que je suis rétabli. J’ai été à Paris la semaine dernière. – Pendant ce c mois, je n’ai point été inactif ; votre volume a été l’objet de tous nos efforts ; notre intérêt le commandait autant que notre dévouement et notre admiration pour vous, cher maître. J’ai vaincu plus d’une résistance. Et cependant, bien des promesses formelles et écrites qu’on m’a faites, que j’ai rappelées, n’ont pas été tenues. M. Vacquerie a eu ces mêmes promesses à Paris et le résultat n’a pas répondu à son attente, ni le Siècle, ni la Presse, ni le Temps, ni les Débats, n’ont rendu compte de votre volume jusqu’à ce jour. Pourtant Paul de St Victor, Taxile Delord, etc., l’avaient bien promis. J’ai été plus heureux auprès de Lavertugon (Gironde), du Phare de la Loire, de Louis Ulbach, – du Journal de Gand (M. xxxxx), du Journal de Liège, de l’Echo de Liège, de l’Echo du Parlement, de l’Etoile belge, et des journaux allemands surtout et italiens, un peu. Notamment M. Petrucelli della Gattina 1 dont nous éditons un ouvrage a publié un excellent compte rendu dans la Gazette de Milan. – Que dirais-je de Frédérix ? Soixante fois au moins je l’ai pressé. Il a promis. Puis il recule sa promesse ; il hésite et n’a rien fait de définitif jusqu’à ce jour. – En un mot jamais publicité ne fut plus grande que la publicité qui a été donnée au Shakespeare avant la mise en vente et à ce moment même. Mais les articles sont tous en retard. Ce qui est un vrai et bel article c’est l’étude de George Sand dans la Revue des deux mondes β. J’espérais que cela allait déterminer les amis retardataires et indolents à répondre à vos adversaires quand même. – Somme toute, la vente a été belle à l'apparition même, mais s'est brusquement arrêtée. Nous avions fait une seule édition, et ce à Paris, à 8.000 exemplaires. Il y en a près de 5.000 de vendus. Comme vous avez pu en juger, le volume est d'un luxe ---------------------a. ce n’a en sc d’un ou deux mots illisibles. - b. ici un mot rayé et illisible. - c. au-dessus de : ces deux.α. On trouvera de courts extraits de cette lettre dans IN/WS 1937, p. 434, () et IN/CRB 1933, p. 459, (). - β. Lettres d'un voyageur, Revue des deux mondes du 1864.05.15, pp. 257-279, ().

1. Petruccelli della Gattina (Ferdinando), 1815.08.28, à Moliterno - 1890.03.27, à Paris. Journaliste, écrivain, homme politique et patriote italien. Plusieurs fois expulsé de son pays (et de France en 1871), il séjourna longtemps en France (mais aussi en Allemagne et en Angleterre). C’est à Paris, qu’il vécut ses dernières années poursuivant ses activités littéraires. L’ouvrage édité par la Librairie internationale est l’Histoire diplomatique des Conclaves, qui comptera quatre volumes et figure dans la bibliothèque de Hauteville-House.

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3/ suite véritable, d'impression, de papier, et le prix n'a point paru élevé à cause de la belle apparence du livre. – Le lancement des Misérables n’a point eu d’aussi grandes impulsions que le lancement de Shakespeare. – Nous avons cinq a fois plus de relations, d’abonnement dans la presse des deux mondes, aujourd’hui qu’il y a 3 ans. – Je ne suis point découragé pourtant, cher Maître. Il y aura une réaction en faveur du livre. – Si la grande presse arrivait avec ses comptes rendus favorables pour parer aux calomnies et aux sottises b de quelques prétendus critiques secondaires, cela ranimerait la vente. Je ne m'étais pas illusionné d'ailleurs sur le résultat. Un livre sérieux et élevé comme votre Shakespeare ne pouvait avoir qu'un public d'élite, et, partant, plus restreint. Je vous l'avais dit d'avance, seulement j'espérais vendre 8.000 exemplaires de suite. En cela, j’ai été un peu déçu, je l’avoue. – à cause des grands frais de fabrication (bon papier, importance de la composition, nombre élevé de pages). Je devais avoir une vente de 15.000 exemplaires pour couvrir les frais sans bénéfice. – J'espère encore que dans mes douze années, j'y arriverai peu à peu. – En ce moment, je vais lancer vigoureusement avec Hetzel une édition populaire illustrée des Misérables, à 10 francs l’ouvrage complet cela fera faire un effet

4/ propice, et servir même le Shakespeare. – Croyez d’ailleurs que je ne néglige rien. J’en fais une question d’amour propre ; c il me faut la revanche. Il ne s’agit pas seulement d’un livre ; il s’agit d’une pensée, il s’agit du triomphe définitif d’une grande idée. A ce point de vue, je vous l’avais dit, il me paraîtrait préférable de publier d’abord les Chansons des rues et des bois. Et maintenant, cher maître, je crois plus que jamais qu’il faut inaugurer l’hiver prochain, ou l’automne de préférence (avant le nouvel an) par les Chansons des rues et des bois. Vous allez charmer le public, et la réaction favorable va se refaire, et à ce moment, si vous

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voulez bien m’en croire et vous confier à nos soins et à une certaine expérience des marchés de la librairie, à ce moment le Shakespeare reprendra son élan. Puis, sur ces grands succès, cette grande œuvre triple : Les Misérables, le Shakespeare, les Chansons des rues et des bois, - le roman social d – le manifeste littéraire – la poésie éclatante et enchanteresse – sur cela, je laisserais attendre au public pendant un temps plus ou moins long les œuvres nouvelles que vous préparez ou que vous avez en portefeuille. – Sur une grande victoire remportée contre les mesquines envies coalisées, vous vous reposez d’autant plus grand. – Après un livre de haute critique philosophique, d’esthétique, s’adressant aux lettrés, il faut que vienne le livre qui s’adresse aux foules et que l’on chantera partout : dans les rues et dans le bois. Ayant tant de voix pour échos, vous aurez l’âme populaire avec vous, et que plus tard, 93 apparaisse, ce sera un éclat. – Vous voyez que je vous parle avec la sincérité absolue du disciple et de l’ami ; et je suis impatient de votre décision, de connaître votre sentiment et d’avoir de vos nouvelles dont je suis privé depuis quelque temps.

Tout à vous, cher maître Albert Lacroix---------------------a. en sc d’un mot illisible. - b. et aux sottises : add. sup. - c. ici, deux mots rayés et illisibles. - d. add. inf.

f581 sc * 1864.07.27 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f581r

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Bruxelles, le 27 juillet 1864 Mon cher monsieur Hugo

Je n’ai jamais eu l’intention de renoncer à tirer parti du remarquable article de M. Kesler ; mais, par un sentiment de délicatesse que vous apprécierez, je ne voulais pas en disposer sans le consentement de l’auteur. C’est pourquoi j’ai écrit que M. Van Bemmel 1

s’étant chargé de faire lui-même a le compte rendu de votre livre sur Shakespeare, il ne pouvait insérer dans sa Revue le travail de M. Kesler. Je comprends toute l’utilité de cette publication et, maintenant que je sais que M. Kesler ne la destine pas à un autre périodique, son étude passera dans le Bulletin du dimanche 2. Votre aimable lettre du 23 contenait la promesse de Tarride au 31 courant qui lui sera présentée par nos soins à échéance. Voici le petit décompte que vous nous avez demandez 3 : Promesse de Tarride au 31 courant 2000 A payer à l’avocat Jottrand 3 200 Sauf bonne fin de l’effet Tarride nous aurons à votre disposition 1800 A déduire notre paiement, 20 oct. 62 pour traité non réalisé des Châtiments 874 Nos fournitures de livres 67.50 941.50 A reporter 859.50

[2/] Report d’autre part 859.50 31 janvier 64, effet Tarride encaissé par nous 1000 Payé à l’avocat Jottrand 100 900 21 oct. 62, effet Daelli encaissé par nous 7688 31 janv. 63 " " " " " 227 - 303.88 1203.88 2062.38 Frais de poste MS et épreuves Shakespeare 99.05 Affranchissement de 2 ex. Shakespeare Envoyé à Boulanger, Dijon et à d’Etchégoyen 4 3.70 95.35 fr. 2157.73de laquelle somme veuillez disposer au 5 août prochain. Bien que M. Ulbach soit de nos bons amis, nous n’avons pu en obtenir un compte-rendu du William Shakespeare ; nous allons recommencer à le harceler et nous espérons, cette fois, arriver à la conquête d’un article qui, émanant de la plume de M. Ulbach, ne pourra être qu’excellent.

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Je puis vous annoncer enfin une bonne nouvelle : Frédérix vient de remettre à M. Bérardi 4 la copie de son travail sur Shakespeare. Donc l’un de ses jours l’Indépendance acclamera, elle aussi, le grand livre. Voici, mon cher monsieur Hugo, après lecture aussi attentive que j’ai pu la faire, mes réponses aux divers passages de vos dernières lettres. Si quelque point m’avait échappé, n’en accusez que l’insuffisance de votre humble correspondant par intérim ; un seul mot vous expliquera le silence de mon associé : madame Lacroix vient de donner le jour à un gros garçon. Je vous renouvelle l’expression des excellents sentiments de votre dévoué L.-H. Verboeckhoven

Mon père et madame Verboeckhoven me charge de vous offrir mille remerciements pour votre gracieux souvenirs.---------------------a. ici un mot rayé et illisible. - b. au-dessus de : ces deux. -1. Van Bemmel (Eugène) consacra, dans sa revue, la Revue trimestrielle, deux articles au William Shakespeare : 1864.04, pp. 299-301 () et 1864.07, pp. 340-342 (). - 2. Le Bulletin du dimanche est un hebdomadaire édité, à Bruxelles, par A. Lacroix du 1863.01.04 au 1867.11.27. - 3. Cf. au sujet de la liquidation du litige Tarride la lettre du 1864.01.02, f534, note 1. NB. Une erreur à corriger : il faudra lire 858,50 au lieu de 859,50 ; mais une nouvelle erreur lors de l’addition suivante compense la première et permet de parvenir au bon résultat  ! - 4. Cf. supra f° 576v, note 1.

f582 sc * 1864.04.03 * papier à en-tête ["A"] Librairie de A. Lacroix, Verboeckhoven & Cie.f582r

f582v 57

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Bruxelles, le 3 avril 1864 a

b Monsieur Victor Hugo

Cher maître, voici huit jours que je n’attendais qu’un mot d’ordre de Paris pour me mettre en route, et venir m’y occupé de la publicité et du lancement. Qu’apprends-je ? Qu’il n’y avait hier que les feuilles tirées, chez M. Claye, tandis que voici un mois tout à l’heure que grand nombre de bons à tirer ont été remis à l’imprimerie ; tandis que les ¾ du volume devraient être chez le brocheur. – Vraiment j’en suis désespéré. Chaque jour nous écrivions pour presser l’imprimeur ; M. Vacquerie est là aussi. Et que m’écrit-on ce matin ? Que M. Olmer ne croit pas pouvoir livrer le volume tiré pour le 12 de ce mois ; car les brocheurs en auront au moins pour 5 jours ensuite. Cela nous recule au 20 avril. – Vous pouvez voir par-là s’il y de notre faute dans tous ces retards depuis deux mois. La vérité est que dans les imprimeries, à Paris, on ne sacrifie pas toute autre chose à un seul ouvrage, comme nous l’avions fait dans notre imprimerie pour les Misérables. Rappelez-[vous] que les 10 volumes ont été imprimés, par nous en trois mois de temps. Et pourtant vous et M. Vacquerie et M. Meurice trouviez alors que nous n’allions pas assez vite. Et voici qu’un seul volume aura demandé autant

[2/] de temps que ces 10 volumes. – vous devez être convaincu, cher maître, que rien n’a dépendu de nous.– Vous me demandez le modèle de déclaration à faire. Il suffira, je pense, d’une simple lettre dans laquelle vous déclarez autoriser M ……… (un tel, - nous remplirons le nom, - ou vous pouvez mettre : pour l’une des lettres, M. Daelli, - pour l’autre : M. E. F. Steinacher, éditeur à Leipzig) à publier une traduction (italienne et allemande) de votre ouvrage, en vertu des traités littéraires. – Je pense que cela suffira. Mais c’est urgent. S’il faut une procuration légalisée, je vous la demanderai ensuite ; le jour où on me la réclamera. – Ajoutez, je vous prie, à votre lettre pour M. Daelli que vous confirmez la cession que nous lui avons faite c de droit de traduction dont nous sommes propriétaires. N’oubliez point d’autoriser également M. Daelli et M. Steinacher α à prendre des mesures à l’effet de sauvegarder les droits de propriété de votre volume et de poursuivre les contrefaçons.– Sous ce pli, je vous envoie le projet de prospectus du Shakespeare. Je crois que vous l’approuverez. Bien entendu le sommaire de votre volume suivra ce texte, ainsi que les conditions de vente. M. Kessler pourrait déjà faire annoncer le volume dans le Courrier de l’Europe, et votre

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fils ne pourrait-il pas écrire à M. Pigott 1, à M. Loève pour le Daily News - Le Courrier. – M. Marquand, par ses relations dans la presse anglaise, ainsi que M. Calboz pourraient aussi contribuer à un bon lancement en Angleterre, – chose essentielle et urgente. Il faut que la publicité soit préalable, puisque le volume sera en retard. – J’insiste à Paris, pour qu’on ouvre le feu, je crains que M. Vacquerie ne veuille attendre encore quelques jours. Je luis écris d’ailleurs et me dis votre bien dévoué.

Albert Lacroix. ---------------------a. au-dessus de la date, une autre écriture confirme : 3 avril. Il semble, que dans un premier temps, le responsable de la constitution du reliquat ait lu : 3 août, d’où la place de la lettre au sein du reliquat. - b. ici, d’une écriture très fine et en biais : Nous vous envoyons les feuilles 31 à 36, hier à Bruxelles, suivant votre désir et les bonnes feuilles 16 à 20. - c. que nous lui avons faite, au-dessus d’une 1ère version, en partie maintenue : que vous lui faite.α. E. F. Steinacker confia la traduction de William Shakespeare à August Dienzmann (), lequel donna une bonne traduction littérale. "Cependant, si l’on examine d’un peu près le passage consacré à l’Allemagne, on s’aperçoit que les remarques désobligeantes ou les critiques négative de Hugo sont omises." (Nicole Mallet 1999). – En revanche, G. Daelli ne publia pas la version italienne de William Shakespeare. Il se retira soudainement de son activité d’éditeur dès la fin de 1865. 1. Pigott (Edward Frederick Smyth), 1824-1895. Journaliste et critique de théâtre. En 1850-1860, il est l’un des éditeurs du Leader, une feuille socialiste ; puis il rejoint la rédaction du Daily New.

f583 sc * 1865.01.08 * papier à lettre, sans en-tête, pliée en deux pour former 4 pages de 14 x 21 cm.

f583r

f583v

f584r

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α Paris 8 janvier 1865 a Bien cher grand maître

Nous allons refaire une seconde édition de William Shakespeare en utilisant le reste du premier tirage. Nous avons songé à modifier la couverture et le titre, ce qui va de soi ; mais ce qui donnerait un nouvel attrait à la mise en vente ce serait quelques lignes précédant cette seconde b édition, ne le pensez-vous pas ? Nous ferions annoncer de nouveau le livre ; par des notes dans tous les journaux et par des articles dans ceux où nous avons accès. De cette façon j’espère que nous ramènerons le public à ce bon livre, que je compte parmi les plus splendides de votre œuvre. Veuillez donc, cher maître, me dire par un mot ce que vous pensez de ce projet et surtout des quelques lignes nouvelles servant d’introduction. Ne serait-il pas bon que vous administriez un coup de lanière aux petits Zoïles et un coup d’ongle aux acarius ; je crois que ce serait juste, moral pour notre génération c et bon pour le livre. En même temps je voudrais bien avoir vos dernières corrections pour l’édition illustrée des

[2/]Misérables. – Je vous ai envoyé les 27 premières livraisons ; vous aurez vu que j’avais trop raison à l’endroit des illustrations ; je persiste à penser que Brion ne sait pas dessiner et qu’il n’a jamais lu le livre, il en a entendu vaguement parler. Heureusement que l’infériorité des illustrations n’a pas nui à la vente du texte. On continue, je crois de tirer à 150.000 et de vendre à 120000 ou 130000.

Vous avez su par Lacroix ce qui était arrivée ici en mon absence, l’associé à Paris, M. Lachâtre avait fait des prospectus où il annonçait en vente à la librairie Internationale de la littérature surfine, des pendules garanties un an et du linge de ménage. En recevant un de ces prospectus d’alliances, Lacroix n’a fait qu’un saut de Bruxelles à Paris et il en est résulté que M. Lachâtre n’appartient plus à la maison, une séparation immédiate a eu lieu ; ce philantrope [sic] fait sa littérature et horlogerie mêlées rue de Grammont. Il avait aussi annoncé par ces mêmes prospectus et en même temps que les Misérables avec une chaîne de gilet en prime, un ouvrage de M. Mocquard 1, Secrétaire du cabinet particulier de l’Empereur   !

[3/]

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f584v 58

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Lacroix a dû vous envoyer à vous et à Kesler, les articles qui étaient la cause de tant d

d’irritation e ; j’espère que tout est fini et que M. Lacroix est absolument pardonné. Nous attendons (je parle comme public), Les Chansons des rues et des bois, que de joie nous nous promettons ; décidez-vous, cher maître ; ouvrez la main et lâchez nous ce rayon ; nous avons tant besoin de lumière et vraiment puisque c’est vous qui tenez le flambeau vous n’avez pas le droit de le cacher, donnez-nous Les Chansons des rue et des bois ! Vous êtes le grand millionnaire des idées faites nous l’aumône ; nous grelotons, réchauffez-nous ; nous avons faim, nourrissez-nous. J’ai appris que dernièrement dans un diner vous aviez été pour moi d’une bonté et d’une bienveillance, à laquelle vous m’avez habitué, mais qui me touche toujours profondément. L’amitié que vous me témoignez, cher et bien aimé grand maître, je vous la rends avec toute la force dont je suis capable et j’y joins un dévouement absolu. Je suis fier d’une chose, à cette époque de ma vie où je ne suis plus fier de rien, c’est d’avoir f votre estime. Quand on a marché dans votre rayonnement, on en garde quelque chose ; c’est

[4/] ma consolation ; cela me rend calme dans ma tristesse et me console de l’affreuse vie que nous vivons ici. Adieu cher grand maître, je vous aime de tout mon cœur et je suis tout à vous Théophile Guérin

P. S. Je ne vous charge de rien pour personne, je vais me mettre à écrire à tous mes chers amis de Guernesey.

P. S. Lacroix vient de me remettre, pour vous, ce qu’il appelle quelques lignes ______________________________________

g J’ai fait votre commission à Jules Simon, il prétend vous avoir écrit très-longuement et paraît fâché de la perte de la lettre. Est-ce vrai ? ---------------------a. ici, Victor Hugo a écrit, en biais : Refusé – je ne veux que des éditions sincères. - b. en sc de : nouvelle. - c. pour notre génération : add. sup. - d. add. sup. - e. ici un ou deux mots rayés et illisibles. - f. d’, en sc de : vous. - g. ce dernier paragraphe est de l’écriture d’A. Lacroix.α. un court extrait du début de cette lettre figure dans IN/WS 1937, pp. 436-437, ().1. Mocquard (Jean-François). 1791.11.11, à Bordeaux - 1864.12.09, à Paris. Sous la Restauration, il rejoint l’opposition libérale et, comme avocat, plaide en faveur des Quatre Sergents de La Rochelle. Sous-préfet de la Monarchie de Juillet, il démissionne en 1839. Dès 1840, il se lie à Louis-Napoléon Bonaparte, participe à sa campagne présidentielle de 1848, devient secrétaire particulier, puis chef de cabinet du Président élu, prépare le coup d’Etat du 2 décembre et reste chef de cabinet de l’empereur jusqu’à sa mort.

f585 sc * une feuille de papier pelure blanc de 19,5 x 30 cm.f585 -

Edits Daelli

f586 sc * 1863.03.12 * papier à en-tête G. Daelli et C. Editori de 21,5 x 27 cm.f586 -

M. Victor Hugo Milano le 12 mars 1863 À Guernesey via Londres.

J’ai payé à MM. Lacroix 227 francs pour votre compte. J’ai aussi envoyé 500 francs à M. Charles votre fils pour ses droits d’auteur sur ses Misérables. – voilà que je conclue quelque chose de nouveau pour la propriété française en Italie. Aussi je viens vous faire une remarque très importante, je crois, pour vous. – Comment protégez-vous vos propriétés littéraires en Italie ? Ici on vous imprime à chaque instant et personne ne songe à votre propriété. On est je pense à la 50e édition de Notre Dame et du Dernier jour, et on continue sans aucun obstacle à vous reproduire dans tous vos ouvrages sans faire attention à vos droits. Est-ce que vous avez abandonné ces droits à un éditeur ou bien n’en voulez-vous pas tirer parti ? Vous me demandez un prix quelconque pour le Dernier jour. – Comment voulez-vous que je vous paye un droit quand le livre est vendu 20

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cent le volume sans interdiction de votre part. – Voyez-y M. V. Hugo. – Vous avez fait beaucoup pour moi et je me tiens obligé à vous soit pour gratitude soit pour dévouement soit parce que je suis en partie votre éditeur. Considérez donc les lois et les derniers traités de l’Italie avec la France et voyez si vous n’avez pas le droit d’interdire toute édition de vos livres en Italie sauf qu’ici vous payez un droit d’auteur et dans ce cas voyez s’il vous plairait de faire valoir ces droits, et comment, et en quel mesure. Je fairé pour vous tout ce qui me serait possible et selon vos instructions. En attendant je dois renoncer à réimprimer le Dernier jour parce que je ne pourrais payer un droit sur un petit livre qui s’imprime chez tous les libraires en Italie et dont le prix est réduit à 20 cent de vente. – Certes si vous y ajouteriez une quelque demie douzaine de pages inédites et toutes les lettres sur la peine de mort et vos discours sur Brown, et le livre serait plus recherché. Et pour ça je me confierais à votre bonté pour moi. – [……….a]. – Je vous envoie une brochure que l’on m’a chargé de vous faire parvenir. – Agréé M. V. H. mes sentiments très profonds et très sincères pour vous.

G. Daelli ---------------------* cette lettre s’avère difficile à transcrire en raison d’un texte quelque peu blanchi et dans un français incertain.a. ici, une phrase que nous ne parvenons pas à déchiffrer.

f587 sc * 1864.04.06 * brouillon sur une feuille blanche de 18 x 23 cm.f587 -

A M. Daelli, libraire à Milan

Je déclare, en vertu de mon droit d’auteur et a des traités littéraires internationaux b conférer à M. Daelli, lib. A Milan c, pour douze années à partir du jour de la mise en vente à Paris, le droit de traduction en italien de mon livre intitulé William Shakespeare, et je confirme la cession faite de ce droit à M. Daelli, libraire à Milan, par mes éditeurs cessionnaires MM. A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, éditeurs d à Bruxelles. e J’autorise M. Daelli à prendre [les] mesures nécessaires pour sauvegarder la propriété du livre et poursuivre les contrefacteurs, la responsabilité g des frais de poursuites incombant à M. Daelli en sa qualité d’exploitant des droits de traduction. Hauteville-House 6 avril 1864

Victor Hugo---------------------a. de mon droit d’auteur et : add. sup. - b. ici, rayé : et de mon droit d’auteur. - c. lib. à Milan : add. sup. - d. add. sup. - e. ici, rayé : M. Daelli offrant de prendre la responsabilité des frais de poursuites . - f. une première rédaction partiellement conservée : Je l ’autorise à prendre [prendre : écrasé par M. Daelli] les [écrasé par : prendre, qui commence en marge gauche]. - g. à partir de : de poursuites … : add. dans l’interligne d’une écriture très fine.

f588 sc * 1863.04 * brouillon sur une feuille blanche de 18 x 23 cm.f588 -

Je déclare autoriser M. Daelli, libraire à Milan, à publier une traduction italienne de mon livre William Shakespeare, en vertu des traités littéraires internationaux. Je lui confère ce droit pour douze ans, à partir du jour de la mise en vente du livre à Paris confirmant la cession.

f589 blancf590 sc * 1864 * une feuille d’épreuve imprimée, soit deux pages de 14 x 21 cm.f590r -

épreuve – des pages II et III de la Première partie, Livre I Shakespeare – Sa vie, I – portant les corrections des paginations XI et XII devenues II et III.

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f590v 63

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f591 à 603 sc * 1862 * Opuscule imprimé (13 x 21, 5 cm) de 20 pp. (y compris la première couverture) + 4 pp. contenant un prospectus consacré aux œuvres complètes de Shakespeare traduite par M. Guizot…. ; sur la dernière couverture, sont énumérées des « œuvres de M. Guizot ».

- Shakspeare / et ses traducteurs / MM. Guizot & François-V. Hugo. // Réponse / à l'article de M. Hector Malot / inséré dans l'Opinion nationale du 5 janvier 1862. / Paris : Librairie académique / Didier et Cie, Libraires-éditeurs, / 35 quai des Augustins. // 1862Contient : pp. 3 à 6 : Réponse … ; pp. 7 à 20 : MM. Guizot et F. V. Hugo. Traducteurs de Shakspeare. PLUS prospectus de quatre pages pour la traduction des œuvres complètes de Shakspeare par Guizot.

Ouvrage numérisé, en mode image et texte, sur le site HATHI TRUST Digital Library ().f604 sc * 1866 * Opuscule imprimé (11,5 x 19 cm) de 8 pp. y compris les couverturesf604 - [1/]

MODERN CORRUPTION

of

SHAKESPEARE’s TEXT

A LETTER TO A FRIEND

ON THE SUBJECT OF

“CASSELL’s ILLUSTRATED SHAKESPEARE”

LONDON : PRINTED FOR PRIVATE CIRCULATION __

1866.

---------------------α. Cette première édition, selon l’aveu même de l’auteur – « A few copies of this pamphlet were printed » - connut une faible diffusion. D’où, en 1869, une seconde édition, « with some alterations » - et parmi ces modifications, la suppression des citations empruntées aux notes de Marion de Lorme. On trouvera cette seconde édition, numérisée en mode image et texte, sur le site GOOGLE BOOKS . Réf. BRITISH LIBRARY : 11765.aaa.5.

f605 [gauche]

f605 [droite]

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[2/] “To blot old books, and alter their contents.” SHAKESP., Rape of Lucrece. “Our authour probably little thought, when he wrote this line, that his own compositions would afford a more striking example of this species of devastation than any that has appeared since the first use of types.”— MALONE, note on the above passage. _____________________

“If I do not put on a sober habit, Talk with respect, and swear but now and. then, Like one well studied in a sad ostent, To please his grandam, never trust me more." SHAKESP., Mer. of Ven., ii. 2. _____________________

“Behold yon simpering dame, Whose face between her forks presages snow; That minces virtue, and does shake the head To hear of pleasure's name.” SHAKESP., K. Lear, iv. 6. _____________________

“My first business I have considered to be the correct exhibition and explanation of the noble work of work of our great dramatist with which the volume professes to be specially occupied” – Prof. C RAIK, The English of Shakesp., preface, p. v.

[3/]

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MY DEAR –

You may remember that I have more than once stated to you my opinion that the work issued under the title of “Cassell’s Illustrated Shakespeare” is not a genuine reprint of the poet’s works. I have just completed an examination of the three plays first printed in that edition, and take the liberty of calling your attention to the result. The work is advertised under the above title, after which is added, “Edited, with Notes, by Charles and Mary Cowden Clarke,” who must, of course, take the responsibility of the alterations, mutilations, corruptions, or whatever we may choose to call them, which deface these noble dramas. It is to be observed that no warning is given to the reader, of any changes made on the score of false delicacy

4/though there are a large number of petty glosses on passages plain to the meanest intellect. Compare the text, in the five following instances, with that of the Edition of 1623. (I transcribe from Booth’s Reprint.)

TEMPEST, act i, sc. 1.

Gon. I'll warrant him for drown- Gonz. I'le warrant him for ing though the ship were no drowning, though the Ship were stronger than a nutshell, and as no stronger than a Nutt-shell, and leaky as unstanched wound. - as leaky as unstanched wench. Cassell’s Ed., p. 4 - Ed. 1623, p. 1

Ditto, act iv, sc. 1. Trin. Monster, I do smell all Trin. Monster, I do smell all horse-pool; at which my nose is horse-pisse, at which in great indignation.—Cassell’s My nose is in great indignation. Ed., p. 35. — Ed. 1623, p. 15. [Erroneously

Printed as verse]

TWO GENT of VER., act i sc. 1.

Pro. Here’s too small a pasture Pro. here’s too small a Pasture for such store of muttons. for such store of Muttons. Speed. If the ground be over- Sp. If the ground he ouer Charged, you were best tether her. Charg’d you were best sticke her. — Cassell’s Ed., p. 48 — Ed. 1623, p. 21.

Ditto, act ii, sc. 2.

Launce This left Launce this left shoe is my mother it shoe is my mother it hath the worser sole. This shoe hath the worser sole ; this shoe is my mother, and this my father ; with the hole in it, is my mother ; a vengeance on’t &c. – Cassell’s and this my father ; a veng’ance Ed., p. 58. on’t, &c. – Ed. 1623, p. 25

MER. W. of WIND., act v., sc. 5.

Fal. I think the devil will not Fal. I thinke the dinell wil not Have me, lest the oil that’s in me haue me damn’d,

5/ should set his place on fire ; he Least the oyle that’s in me should would never else cross me thus. — set hell on fire ; Cassell’s Ed., p. 129. He would neuer else cross me

Thus. – Ed. 1623, p. 51.

Were Charles and Mary Cowden Clarke asked to give a reason for the above alterations, they would probably say that, in this refined age, Shakespeare's words and phrases are sometimes too gross. Many words current in the 16th and 17th centuries, and printed at full length in our Bibles, are not new tolerated in “good society,” I admit: but, if we begin to rewrite Shakespeare, where is the operation to end? In the course of another century, the alterations necessary to adapt these plays to prudish tastes will perhaps be twice as

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numerous ;— another Mary Cowden Clarke will arise, and make still wider havoc ; - and so on till Shakespeare’s text be gradually “improved off the face of the earth” But why are not the Editors consistent ? The two following passages are given in their original simplicity in Cassell’s Shakespeare :—

TWO GENT of VER., act ii sc. 5.

Spee. Why then, how stands the matter with them? Lau. Marry thus, when it stands well with him, it stands well with her.—Cassell’s Ed, p. 62; Ed. 1623, p. 27.

Ditto, act iii, sc. 1.

Sp. Item, she is too liberall. La. Of her tongue she cannot ; for that’s writ downe she is slew of ; of her purse, shee shall not, for that ile keepe shut : Now, of another

6/thing shee may, and that cannot I helpe.—Cassell’s Ed., p. 70; Ed. 1623, p. 31. In conclusion, I would ask you to peruse the following note Edmund Malone on a passage in “Romeo and Juliet,” act ii, sc. 1 : — “Ah, Romeo, that she were, ah, that she were An open-etcætera, then a poperin pear”

“Ah, Romeo, &c.” These two lines, which are found in the quartos of 1597, 1599, and in the folio, were rejected by Mr. Pope, who in like manner has rejected whole scenes of our authour; but what is more strange, his example has in this instance been followed by the succeeding editors. “However improper any lines may be for recitation on the stage, an editor in my apprehension has no right to omit any passage that is found in all authentick copies of his authour’s works. I know not on what authority it has been said, that these lines are a proof that either the poet or his friends knew sometimes how to blot. They appear not only in the edition already mentioned, but also in that copy which has no date, and in the edition of 1637. “I have adhered to the original copy. The two subsequent quartos and the folio read with a slight variation. “An open – or thou a poperin pear. “Shakespeare followed the fashion of his own time, which was, when something indecent was meant to be suppressed, to print etcætera, instead of the word. See Minsheu’s Dictionary, p. 112, col. 2. Our poet did not consider, that however such a practice might be admitted in a printed book, it is absurd where words are intended to be recited. When these lines were spoken, as undoubtedly they were to our ancestors, who do not appear to have been extremely delicate, the actor must have evaded the difficulty by an abrupt sentence......” — Malone’s Shakspeare. vol. ix, p. 56.

Malone was one of those “mere verbal critics” at whom it is the fashion to sneer now-a-days. He knew nothing of the grand “appreciative” style of criticism, which he would probably have looked upon as humbug.

7/ That the public press should have spoken in flattering terms of Cassell’s Shakespeare, while keeping silent on the point of its many corruptions, might astonish some persons ; to you and me it is no matter of wonder. I am, my dear Friend, yours very truly,

“Il faut que vous soyez un homme bien infâme, etc. “Au lieu de ces huit vers il y avait, dans le manuscrit de l'auteur, quatre vers qui ont été supprimés à la représentation, et que nous croyons devoir reproduire ici. Marion, aux odieuses propositions de Laffemas, se tournait sans lui répondre vers la prison de Didier. “Fût-ce pour te sauver, redevenir infâme, Je ne le puis ! — Ton souffle a relevé mon âme, Mon Didier ! près de toi rien de moi n'est resté, Et ton amour m'a fait une virginité. “Il est fâcheux que, dans notre théâtre, l'auteur, même le plus consciencieux, le plus inflexible, soit si souvent obligé de sacrifier aux susceptibilités inqualifiables de la portion la moins respectable du public les passages parfois les plus austères de son œuvre, et qui, comme celui-ci, en contiennent même l'explication essentielle. Il en sera toujours ainsi, tant que les premières représentations d'un ouvrage sérieux ne seront pas exclusivement dominées par ce public grave, sincère, et pénétré de la pureté sereine de l'art, qui sait écouter des paroles chastes avec de chastes oreilles. ______________

“Pour les raisons déjà exprimées dans la note précédente, à la représentation, au lieu de : “Faire au premier venu Pour y dormir une heure offre de mon sein nu. On dit : “Vendre au premier venu

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Un amour à son gré, naïf, tendre, ingénu. “Il n'y a rien qui soit plus grossier, à notre sens, que ces prétendues délicatesses du public blasé, lesquelles craignent moins la chose que le mot, et excluraient du théâtre tout Molière.” — V ICTOR HUGO, Notes appended to the Play of “Marion Delorme.”---------------------α. Les citations de Victor Hugo, sont extraites des Notes annexée à Marion de Lorme (II et III), cf. éd. Seebacher-Rosa, 1985, Théâtre I, pp. 825-826.

f608 blancf609 à 613 sc * 1864.04.15 * Extrait de : Revue Nouvelle. Tome premier – Première année – 8e

livraison. (16 x 25 cm).f609 à 613 -

Contient : 1ère et 2e de couverture : (1) titre de la 8e livraison et (2) sommaire des livraisons précédentes de la 2e à la 7e.pp. 369-374 : Le Beau serviteur du Vrai, par Victor Hugo. α

3° de couverture : Bulletin bibliographique de Ch. Revert.

Cette livraison est numérisée, en mode image et texte, sur le site Gallica : ---------------------α. La Revue nouvelle publie le dernier chapitre (5) du Livre (VI) de la 2e partie de William Shakespeare intitulé : Le Beau serviteur du Vrai : II, VI, 5. Cf. éd. Seebacher-Rosa, 1985, pp. 408-411.

f614 à 617 blancf618 à 919 sc * 1863 * Copie - avec corrections de Victor Hugo - ayant servi pour l'impression.