1885 - Le Franc Maçon n°12 - 12-19 décembre 1885 - 1ère année.pdf

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  • Premire Anne. N* 12. Le Numro : O Centimes. Dn Samedi 12 au Samedi 19 Dcembre 1885

    Libert_Egra,li-t>

    Fraternit

    TravailSolidarit

    Justice Paraissant le SaixieciiIIIIIMWW rimimniiiiiiiir il' iT'r^"F'rT'rMM'T*' I """"HirrrtfflimTiriTirinniTiTirriMwrmimwMriiririrMM n iMiinwrTrnffiMiiMTimgiwr^mir'ii^^

    Bien penserIlBiexi dire

    Bien faire

    VritLumire

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    "rotre journal est galement mis en vente dans les Jolhgues des principales gares.

    s O:M::M:,A.I:R:E

    Manifestation politique. Esprit des Morts et des Vivants. Protestants et Catholiques. A quoi sert le Diable. L'Ouvrire. Palinodie. La Femme et l'Eglisecatholique. Une curieuse circulaire. -- L'Univers etl'Universit. Protestation de l'vque de Pamiers. Revue des Thtres. Bibliographie.

    feuilletons : Le Mariage d'un Franc-Maon. Petitsdialogues philosophiques.

    Mifeffli MiiipC'tait hier soir, Lyon, grande manifes-

    ation clricale. La rcente lutte lectorale

    ^Mllil iMiiwiMlliiililMIBIIIIBIIIH^HIIMIWMtilWlllBiMllllMHIMrWniMlWlirnTWW'"WI

    faisait un regain de succs cette fted'une habile conception politique et reli-gieuse qui, chaque anne, au 8 dcembre,est, pour l'tranger, une des curiosits dela seconde ville de France. La ligue conser-vatrice, compose des ractionnaires detoutes les religions et de tous les partis mo-narchiques, allumait tous ses lampions. Ily en avait partout sur le coteau de Four-vires, cette sacre colline, ainsi nommeparce que les moines de toutes robes, sui-vant leur usage ancien de s'installer tou-jours o la vue est la plus merveilleuse,l'exposition la meilleure au soleil levant,ont couvert la montagne de leurs sminairesde leurs chapelles et de leurs couvents.

    Mais la rclame clricale s'tendait toute la ville, et la Croix-Rousse, ne lecdait gure la colline sainte qui lui faitface au del de la Sane. Les quais de laGuillotire, des Brotteaux, de St-Clair, bril-laient de mille feux ; les clricaux des rivesdu Rhne rivalisaient avec leurs compresdu ct de la Sane. Ceux-l, cependant,plus heureux, avait la joie envoye d'enhaut de voir rpondre l'clat de leurs lan-ternes vnitiennes par les flammes de Ben-gale sorties des mains pures de smina-ristes qui, tout l'allgresse du triomphe,tiraient des fuses pieuses et lanaientdes ptards bnis.

    Pendant cette manifestation clatantequi nous rappelait trop la coalition du4 octobre, que faisaient nos reprsentants Paris? Nous obtiendront-ils l'union dansle parti rpublicain ? Il aurait fallu pouvoirtransporter la fois toute la majorit qui sedivise et s'miette au milieu de cet embra-sement de Lyon, la grande ville rpubli-caine, illumine dans toutes ses rues, jus-qu'au sommet de ses montagnes, par lesconservateurs unis sur le mot d'ordre desprtres.

    C'est un spectacle instructif, cette illu-mination allant du rez-de-chausse jus-qu'au dernier tage.

    On voit en bas le commerant qui faitson talage-annoce au jour fix par leclerg, car le gouvernement lui importe peusi les affaires ne vont pas, et il n'a cure que

    son exposition scintillante de becs de gazvienne augmenter l'clat de la fte anti-rpublicaine.

    Aux premiers tages, les adversaires oules mcontents, catholiques ou protestants,voire mme le.s professeurs ou fonctionnai-res qui margent au budget de la Rpu-blique, tous ceux qui prennent leurs pr-cautions pour ne pas dplaire un nouveaurgime, puisqu'on ne risque rien en mani- festant contre le gouvernement rpublicainet qu'on se cre des titres pour l'avenir.

    Et, tout en haut, les recrues des cerclescatholiques, bien fournies de chandelles,brlant comme des cierges, pour porter larclame politico-religieuse jusque dans lesrues les plus dmocratiques.

    Sans doute, les lampions multiplis cetteanne ne sont qu'une nouvelle manuvrede la minorit, mais ils clairent une tenaceet habile propagande; ils se sont augmentsparce que -les ennemis de la Rpublique ontrepris courage, et qu'ils ont failli triompherpar leur union des divisions de la majorit.On a manifest avec plus d'entrain, parcequ'on sent une force organise en prsenced'une force qui tend se laisser entamer.

    Et qu'on ne s'illusionne pas en parlantd'une fte pieuse, d'habitudes, d'usagessans signification politique, il y a bien lune manifestation. Qui donc en cette soirea song au pch originel, dont la Viergefut tout coup dbarrasse en 1854? Com-bien des allumeurs de lampions sont capa-bles de se souvenir de la thorie qui fit d-cider l'Immacule-Gonception? et savaient-ils, en vrit, s'ils mettaient l'allumette leurs mches pour le miracle du Saint-Es-prit ou pour la conception de Ste-Anne ?

    Jamais les gens qui se posent en dfen-seurs de la religion ne l'ont moins connue etmoins pratique que les clricaux d'aujour-d'hui. On fait du nom un mot de ralliement,la chose n'occupe pas. Ce n'est pas pour lelire qu'on porte le livre de messe ou lebrviaire sous le bras, c'est pour le jeter la tte de ses adversaires.

    +

    ESPRIT DES MORTS ET DES VIVANTSLe peuple le plus libre, par cela seul qu'il est le plus

    libre, est en mme temps le peuple le plus vivant.E. PELLETAN.

    Les rvolutions les plus terribles sont prfrables ungouvernement despotique. CHATEAUBRIAND.

    Toute religion, homme, est un exemplaireDe l'impuissance ayant pour appui la colre.

    VICTOR HUGO.

    La rforme fut une de ces protestations qui ouvrent unesoupape l'touffement universel. G. SAND

    C'est dans la vraie libert que se trouve le remde leplus efficace contre l'anarchie. Mmc DE STAL.

    L'ignorance et la peur : voil les deux pivots de toutereligion. Cur J. MESLIER.

    L'esprit du gouvernement est un esprit laque, la loi estindiffrente. E. LABOULAYE.

    (!) Les femmes n'ont qu' se souvenir de leur origine,et sans trop vanter leur dlicatesse, songer, aprs tout,qu'elles viennent d'un os surnumraire, o il n'y avait debeaut que celle que Dieu voulut y mettre* BOSSUET.

    . + .

    Rien n'est plus trange en ce temps de compro-missions politiques que l'alliance des clricaux etd'un certain nombre de protestants.

    Lorsqu'on remonte dans l'histoire, et que d'uncoup d'il rapide, on parcourt le rcit des vne-ments qui mirent aux prises les fidles des papeset les dissidents chasss du giron de l'Eglise parles abus de tous genres du clerg romain, ons'tonne que la passion religieuse ait pu exciterdes haines aussi impitoyables. Mais si cet antago-nisme sanglant entre les adorateurs du Christ esttoujours un sujet nouveau de surprise pour lelibre penseur, combien n'est-il pas plus tonnencore de l'union actuelle entre ces ennemis qui,pour tant de raisons, semblaient irrconciliables !

    Sans rappeler les cruelles perscutions de l'Editde Nantes, en revenant seulement de quelquesannes en arrire, on trouve des vexations catho-liques qui auraient d mettre une barrire in-franchissable entre ces allis des dernires lec-tions.

    Qui et cru que ces protestants , mis par les ca-tholiques hors des' cimetires bnis par le prtre,viendraient se joindre aux clricaux contre lesrpublicains ? qui pouvait supposer qu'ils pousse-

    Feuilleton du " FRANC-MAON " (11)

    LE MARIAGED'UN FRANC-MAON

    (Suite)

    C'est ainsi qu'eut lieu la crmonie du mariagede Jacques Mignot avec Louise Lebonnard. Cetut magnifique. Le riche ngociant, comme ont entre gens cossus, mit les petits plats dans*s grands. Tout le ban et l'arrire-ban de latamille Lebonnard figurait au grand complet, a suite des deux poux ; toute la ville avait tinvite assister la crmonie nuptiale et auDa* qui terminait la soire. Du ct de Jacques,ar contre, il n'y avait que son pre et sa mre.^es parents de la Croix-Rousse ne se souciaient

    |Uere de s'aller fourvoyer en aussi noble com-agnie et leurs simples allures redoutaient fort19 laons crmonieuses de tout ce beau monde.

    Quant Antoine Mignot et sa brave femme,ils avaient fait contre trop belle fortune boncur. Le pre s'tait par d'un superbe habitnoir battant neuf, la mre avait tir du placardla robe de soie des grandes crmonies, et ilstaient arrivs, un peu beaucoup embarrasss,mais l'air trs tranquille, en gens qui peuventpasser partout la tte haute tandis que biendes plus hupps perdraient fortement de leurassurance s'il fallait raconter leur vie par lemenu et dans ses dtails les plus prudemmentlaisss dans l'ombre.

    La crmonie la mairie fut rapide et peusolennelle. La loi a peut-tre tort de ne pas en-tourer de plus de pompe l'acte civil qui rgledfinitivement la destine des deux poux. Ildevient trop facile, quand on a t mari l file,entre deux ou trois noces qui attendent, par unadjoint press d'en finir et bredouillant les textesde la loi, il devient trop facile d'oublier que lemariage la mairie est tout, tandis que le mariage l'glise n'est rien.

    Ce dut tre le cas pour Louise Lebonnard.Autant la crmonie civile lui avait paru froideet peu mouvante, autant fut-elle saisie d'untrouble profond quand elle entra dans cetteglise pare pour la recevoir, parfume d'encenset pleine des harmonies que les orgues lanaient toutes voles.

    Le culte catholique a eu l'adresse de conserverles formes d'un symbolisme mystique qui plataux pieuses imaginations et rallie le cur desfemmes. Les crmonies de la pice de monnaie,

    de l'change des anneaux, du pole que desenfants tendent comme un voile d'hymen sur latte des nouveaux maris, tout cela portait l'imagination et aux sens de la jeune fille. Pen-dant que le prtre lisait l'allocution qui est dergle dans tout beau mariage, elle se laissaitbercer par ces compliments dlicatement adresssaux fiancs et leurs familles, en mme tempsqu'elle souriait aux souhaits d'avenir que le mi-nistre de son Dieu lui adressait paternellement.Elle oubliait que les mmes compliments et lesmmes souhaits seraient prodigus le lendemain tous les maris qui payeraient le mme tarif, etque la longueur du discours tait mesure toutcomme le nombre des cierges, la quantit desmorceaux de musique et la blancheur des bas desoie du superbe suisse qui la prcdait en faisantsonner sa hallebarde arme pacifique d'un guer-rier dont les seuls ennemis sont les chiens duquartier et les gamins de la paroisse.

    Puis ce fut le banquet de noce. M. Lebonnard, toutes les protestations de Jacques, n'avait rienvoulu entendre. La noce serait complte, et lesmaris l'embelliraient jusqu'au bout. On dna doncet fort longuement ; on but la sant de Louise ;on rcita des vers (il y a toujours un pote dansles grands mariages, de mme qu'il y a toujoursun tnor dans les noces de cabaret). Puis le bal,l'envahissement des salons de M. Lebonnard parune cohue d'invits et d'invites, allant tous ettoutes se faire prsenter aux maris, prodiguantleurs madrigaux et leurs banalits, sollicitant unedanse de la jeune femme, pendant que le jeune

    homme est oblig de rendre cette politesse quelque dame indique discrtement par sa belle-mre.

    Enfin, minuit moins un quart, Louise dispa-raissait, accompagne de Mmc Lebonnard. Jacquess'clipsait de son ct, et, pendant que le balbattait son plein, que les dames tourbillonnaientbruyamment et que les danseurs oubliaientl'heure,la marie, revtue de sa robe blanche et cachedans un lgant costume de voyage, se sauvaitdirectement la gare de Perrache, dans la voi-ture de son pre, mene bon train par le cocher dela maison.

    Dj les billets taient pris pour l'Italie, etbientt, dans l'intimit de leur coup rserv,Louise tombait dans les bras de son jeune mari,en lui disant entre deux baisers: Enfin tu m'ap-partiens, mon amour, je t'ai, je te possde, et jesnis heureuse

    Premires tendresses de la" lune de miel, sou-venirs dlicieux des bonheurs effeuills peu peuet des ivresses doucement apprises. On ne ra-conte pas les priodes de flicit parfaite. Levoyage de noces de Jacques et de Louise dura unmois, et ils rentrrent aussitt aprs Lyon,pour y vivre non plus d'amour idal, mais de vierelle.

    (A suivre.)

  • LE FRANC-MAON

    raient l'ingratitude jusqu' combattre ceux-mmesqui dfendaient leurs morts d'une suprme in-sulte, et qu'on les verrait s'enrgimenter parmiceux qui rejetaient leurs cadavres protestants dela terre sainte des cimetires catholiques.

    Il ne faut cependant que lire les dbats desChambres en 1881 pour retrouver les dtails sur-prenants de cette intolrance catholique, et se re-mettre en mmoire l'ardente dfense des droitsprotestants par ces rpublicains dont les plus im-placables adversaires aujourd'hui sont parfoisceux-mmes dont ils ont fait respecter les morts.

    Qu'on suive les dtails donns par M. XavierBlanc, le rapporteur au Snat du projet de loi surl'abrogation de l'article 15 du dcret de prairialan XII. Au milieu des faits inous d'intolrancecatholique, que de citations curieuses ! C'est d'a-bord cette affaire Tamlier qui fit tant de bruiten son temps. Une protestante, anglaise d'origine,depuis quelques annes naturalise franaise,meurt Ville-d'Avray, le cur refuse de laisserentrer son corps dans le cimetire. On le met dansune cabane o les ouvriers plaaient leurs outils.On parlemente avec le cur, les ngociations avecle prtre catholique se prolongent ; il rsiste et neveut pas profaner sa terre sainte, bien bnite parlui. Le corps d'une protestante dtruirait toutl'effet de sa crmonie apostolique et romaine surle terrain achet par la commune pour y enterrerses morts. Le cadavre reste dix-huit jours dans lapetite cabane, la famille attendant du bon vouloirde M. le cur un coin de terre pour celle quin'est plus. De guerre lasse, on emporte cettebire Svres, et c'est l que, grce au bon sensd'un autre cur, elle peut avoir enfin une spul-ture.

    Et ce cur transgressait le rglement de sonEglise; celui qui tait dans la vrit, dans lefanatisme de l'Eglise romaine, c'tait le prtre deVille-d'Avray; lisez, avec le rapporteur du projetde loi, le rglement de l'Eglise.

    La spulture ecclsiastique n'est que pour lesfidles. On ne la doit donc donner ni aux enfantsmorts sans baptme, ni aux adultes infidles, hr-tiques ou excommunis, ni ceux qui sont mortsen tat manifeste de pch comme ceux qui sont tusen duel. Les usuriers ou concubinaires publics, ceuxqui n'ont pas satisfait au devoir pascal, tous les p-cheurs impnitents doivent tre privs de la spul-ture et des prires ecclsiastiques. S'ils ont t enter-rs en lieu saint, ils doivent tre ts. Cette peinesert couvrir leur mmoire d'infamie et donnerla terreur aux vivants.

    Et M. Chesnelong, ne pouvant contester l'exac-titude du texte, interrompit en disant :H| Cela ne tombe pas sous votre apprciation. i~ Puis, c'est un enfant de deux ans (affaire Jous-seaume) qu'il faut, suivant le rglement, ter du cimetire, que son petit corps avait, parat-il,profan.

    C'est encore un protestant, nomm Karash,qui a t inhum dans un terrain achet par lui,o sa femme et ses enfants, catholiques, sont en-terrs, il doit tre exhum ! Voil le divorce aprsla mort, mis en pratique par l'Eglise qui a tantcombattu la loi du divorce.

    A-t-on oubli ce qui s'est pass la mort duDr Vidard, Divonne (Ain). Le rapporteurau Snat signalait aussi cet acte de folle intol-rance : le cimetire protestant tait plein, lecur refusa une place dans le cimetire catho-lique, le maire proposa de creuser la fosse endehors du cimetire. L'indignation fut gnrale.Les jeunes gens portrent le corps jusqu'aux li-mites de la commune, o les pompes funbres deGenve vinrent le chercher. Et le rapporteur, M.Xavier Blanc, ajoutait : Ainsi, ce bon citoyen, ancien mdecin militaire, dcor de la Lgion d'honneur, repose sur la terre trangre, n'ayant(( pas trouv une place dans le cimetire de la commune dont il fut le bienfaiteur.

    Et nous voyons des protestants entrer dans lesrangs de la ligue clricale. L ils luttent contreles rpublicains qui les ont dfendus.

    A quoi sert l Diable

    On raconte un trait de simplicit qui fait honneurau bon cur d'un moine italien.

    Ce bon homme, prchant un jour, se crut obligd'annoncer son auditoire que, grce au ciel, forced'y rver, il avait enfin dcouvert un moyen sr derendre tous les hommes heureux. Le diable, disait-il, ne tente les hommes que pour avoir en enfer descompagnons de son malheur ; adressons- nous doncau pape qui possde les clefs et du paradis et de l'en-fer ; engageons-le prier Dieu, la tte de toute l'E-glise, de vouloir bien se rconcilier avec le diable,le reprendre en faveur, le rtablir dans son premierrang; ce qui ne peut manquer de mettre fin sesprojets sinistres contre le genre humain. >

    Le bon moine ne voyait peut-tre pas que le diableest, pour le moins, aussi utile que Dieu aux minis-tres de la religion; ceux-ci se trouvent trop bien deleurs brouilleries , pour se prter un accommo-dement entre deux ennemis, sur les combats des-quels leur existence et leurs revenus sont fonds. Siles hommes cessaient d'tre tents de pcher, le mi-nistre des prtres leur deviendrait inu/ile. Le mani-chisme est videmment le pivot de toutes les reli-gions; mais, par malheur, le diable, invent pour

    justifier la divinit du soupon de malice, nousprouve tout moment l'impuissance ou la maladresse deson csleste adversaire.

    (Le bon sens du cur Meslier.)

    L'OUVRIERE Nous avons prcdemment, au dbut de ce jour-nal, expos notre opinion sur les grandes lignesde l'volution maonnique dansle monde moderne. .

    Quelques personnes ont bien voulu s'intresser ces rapides aperus et nous ont pri de bienles prciser t en formuler une conclusion pra-tique. .

    Nous le faisons trs volontiers, sans avoir, cer-tes, la prtention de rien imposer d'absolu. Sidonc quelques-uns de nos lecteurs s'inscriventcontre nos thories, nous serons trs heureux derecevoir leurs observations et de modifier nosides, s'il y a lieu, aprs lecture. Nous leur de-mandons le mme crdit.

    Il convient, tout d'abord, de rappeler en deuxmots ce que nous avions dvelopp. Nous avionsdonn pour programme la Maonnerie d'man-ciper l'individu dans le peuple, et le peuple dansl'humanit ; de donner aux uns et aux autres laplus grande somme d bien-tre et d'indpendancepossible, en leur rendant, dans toute sa plnitude,la notion de leur propre responsabilit.

    * Qui dit responsabilit dit indpendance de lapense, indpendance de la manifestation de cettepense. Pour tre responsable, il faut videmmentque l'esprit soit libre d'agir ou de ne pas agir, decroire ou de ne pas croire. L o il y a servitudemorale ou matrielle, la responsabilit disparat.

    La Maonnerie, qui professe la thorie absoluede la responsabilit, doit donc l'individu de lerendre libre, de le dgager de l'ignorance et del'erreur, de lui donner sur toutes choses ds notionsexactes, conformes la raison et la science. C'estainsi qu'elle peut prparer des hommes et des peu-ples libres, c'est--dire heureux. Heureux non pasdu fait seul de la libert, mais heureux, parce quela responsabilit de l'homme anoblit l'existence,parce qu'elle l'attire vers le beau, le vrai, le juste,qu'elle le dtourne des lchets morales commedes lchets matrielles.

    La responsabilit a pour corollaire indispen-sable la libert ; nul n'est responsable s'il n'estlibre, et le premier devoir maonnique est d'assu-rer l'homme la libert dans l'ordre matrielcomme dans l'ordre moral.

    Le premier point du programme maonnique, l'heure o il s'agit moins de conqurir que de con-server, peut donc se rsumer en un mot instruc-tion.

    L'instruction, la Rpublique la rpand large-ment par ses matres d'cole. Est-ce assez? non.La Maonnerie doit faire plus. Elle doit appren-dre aux hommes se servir de l'instruction qu'elleleur a fait donner.

    Et cela ne peut se faire que dans les Loges oudans des centres d'action similaires.

    Un article de la Constitution interdit l'accs deces Loges aux illettrs ; un article des rglementsparticuliers n'autorise cet accs qu' des condi-tions pcuniaires souvent assez lourdes. Si l'onmodifiait ces deux articles, on diminuerait les ga-ranties qui sont la base fondamentale de l'organi-sation maonnique. Mais si on ne les modifie pas,on arrte au seuil de nos temples bien des sym-pathies, que le temps changera peut-tre en hos-tilit, par dception d'amour-propre. Il y a l uncercle vicieux au premier chef.

    On nous permettra de ne pas nous y engager etde dplacer la question. Nous ne pouvons toucheraux Loges symboliques parfaites, actuellementexistantes, mais rien ne nous empche de cons-tituer, sous la protection des Loges, avec l'appuidirect de la Maonnerie, des centres d'associationauxquels nous donnerons des statuts moins stricts,et qui seront pour le parti dmocratique, ce queles Cercles catholiques sont pour nos adversaires.

    Je suppose que quelques Maons lyonnais vien-nent me trouver, me dire : votre ide est bonne,excutons- la. Je suppose, en outre, que les di-verses Loges de notre ville nous promettent unappui moral, et demain, en pleine Guillotire, aucur de Lyon, dans ce grand centre ouvrier, jerponds que bien des dfiances contre la Maon-nerie s'effaceront, et que nous y gagnerons autantd'adeptes que nous y trouvons aujourd'hui d'indif-frents.

    Et certes, la Rpublique et la Dmocratie n'au-raient pas s'en plaindre.

    Or, voici comment je rverai l'organisation deces cercles, de cette association, qui doubleraitles forces de la Franc-Maonnerie , en mettantses doctrines la porte de tout le monde ; en leur prparant un terrain o le bon grainfructifierait, qui ne serait pas celui des papes etdes superstitions, mais celui de l'humanit.

    Je l'appellerai l'Ouvrire , cette associationprotge des Loges. Son accs serait facile ceux qui le dsireraient ; j'entends aux hommeslibres et de bonnes murs, qui ont dans leurscurs des soifs de vrit, des aspirations de jus-tice, et que l'isolement condamne l'avortementou la rvolte strile. V Ouvrire runirait,grouperait toutes les bonnes volonts de ces faibles,de ces dsarms, de ces impuissants, et elle enconstituerait un si formidable faisceau, que lespuissants du jour seraient bien forcs de compteravec elle ,

    Estimant que les socits ne sont fortes qu' lacondition de prsenter un caractre spcial quidiffrencie fortement leurs membres des membresdes socits similaires, j'emprunterai aux soci-ts anciennes quelques-unes de leurs formalitsextrieures, groupant tous leurs adhrents parle souvenir d'une rception uniforme, par lapossession d'un mode de reconnaissance parti-culier.

    Et ces soins remplis, je dresserai l'Ouvrireson splendide programme moral. Sa bibliothque,judicieusement compose, runirait ses adhrents,les longues soires d'hiver. Les membres seulspourraient y venir ; mais l'ouvrire, dans ses stu-dieuses veilles, pourrait accompagner l'ouvrier ;car, elle aussi, la Socit qui porterait son nomferait large la place laquelle elle a droit. N'est-elle pas lamatresse du logis , l'nge du foyer ? N'est-ce pas elle qui dcide en dernier ressortsur bien des opinions conjugales, et le progrs,pour tre accueilli dans la pratique, ne doit-il pasd'abord avoir sa sanction ?

    Je me proccupe peu ici des objections politi-ques. Lapolitique, l'lectorat de la femme, il n'enest pas question, mais de son foyer, mais de sonmnage, mais de sa patrie, qui est la runionde tous ces petits mnages et que la femme peut,au moins indirectement, favoriser dans sa marchevers le progrs, en la sauvant des prtres.

    Sparer la femme du mari est un mauvaisprocd. Il vaut mieux les avoir l'un et l'autre,pour les convaincre en mme temps, pour dve-lopper en eux, d'un mme coup, ces sentimentsde prvoyance et de solidarit en germe chezl'ouvrier et que la science conomique fconde.La caisse de retraite de l'Ouvrire, sa caisse de se-cours, les associations coopratives de consomma-tion, qu'elle aiderait de tout son pouvoir, rendraientau centuple, tous les adhrents, les faibles sacri-fices pcuniaires qui leur auront t demands audbut. Soucieuse un aussihaut degr, du bien-tremoral que du bien-tre matriel, l'Ouvrire favo-riserait dans son sein la discussion courtoisementcontradictoire, o l'on apprend la tolrance desopinions ; elle appellerait tour tour son aideles confrenciers les plus sympathiques de notreville, donnant ceux-ci le moyen de propager,dans un milieu favorable, les ides qui leur sontchres; ceux-l, l'occasion d'entendre bien desides ignores, d'apprendre des faits pas mmesouponns ; en un mot, de complter leur duca-tion de l'esprit par le contrle de notions saines,sainement exposes. Il y aurait l un terrain neu-tre o la raison reprendrait son empire entre lesreculades de droite et les exagrations sociales.

    Chimre, vision, utopie ! Les objections arri-vent de toutes parts, faisant ressortir toutes lesdifficults du projet, toutes ses impossibilits,dirait-on volontiers. Ce que j'affirme d'enthou-siasme est ni par la raison froide, comme si l'onne voyait pas que le problme est rsolu contrenous, que les Cercles catholiques sont l, ayantdevin l'avenir, et offrant au futur Archimde lepoint d'appui du soulvement du monde : l'associa-tion ouvrire.

    Elle existe l'tat latent, cette association queje prconise ; ses lments se groupent au hasarddes circonstances. Un rien la fera surgir touteconstitue. Pourquoi ne pas prendre les devants ?Si une pareille association s'organisait Lyon,des associations analogues se multiplieraient vite son exemple, dans notre pays. Elles le feraientassez, j'en suis certain, sans pression d'aucunesorte.

    Mais il faudrait donner l'exemple.Qui attachera le grelot ?Nous pensons que la chose vaut d'tre exami-

    ne et qu'on pourrait lui faire l'honneur de ladiscussion. Il dpend de nos lecteurs de nous ren-seigner sur ce point.

    PALINODIEOn lit dans l'Echo de Fourvires, la dernire page.Vient de paratre, Jeanne d'Arc sur les autels, par le

    Pre J.-B.-J. Ayroles, de la Compagnie de Jsus. 1 vol.in-12 de 500 p., 4 fr. Gaume et tf e, diteurs, 3, rue del'Abbaye, Paris.

    Faire de l'histoire de Jeanne d'Are le programme d'uneentire rgnration de la France dans l'ordre religieux,social, moral et politique ; montrer l'hrone, une foissur les autels, reconstituant notre pays sur sa vritablebase^ le surnaturel divin, dont elle fut le symbole, c'estnne ide neuve, juste, patriotique et chrtienne. Elle a ins-pir un religieux de la Compagnie de Jsus un volumeplein d'aperus varis, du plus saisissant intrt, d'unsouffle vivifiant.

    Ce livre est destin faire vibrer toutes les fibres d'uneme franaise. Nous le signalons et nous le recomman-dons avec empressement l'attention de nos lecteurs.

    Faut-il donc que nous soyons obligs de rappeler quelsont t les bourreaux de l'hrone de Vaucouleurs.

    Jeanne, dit Guizot, avait t prise Compigne, le 23 mai au soir; la nouvelle en arriva Paris le 25 mai au matin ; ds le lendemain 26, le greffier de l'Universit crivit : au nom et sous le sceau de l'inquisition de France une sommation au duc de Bourgogne tendant ce que la Pucelle fut remise, pour ester en droit devant ledit inquisiteur, et pour rpondre au bon conseil, faveur, et aide des bons docteurs et matres de l'Universit de Paris.

    Pierre Cauchon, vque de Beauvais, avait t l'ins- tigateur de cette dmarche ; quelques semaines plus tard, le 14 juillet, voyant qu'aucune rponse du duc de Bour- gogne n'arrivait, il fit renouveler par l'Universit la mme demande en termes plus pressants, et il y ajouta en son propre nom, que Jeanne, prise Compigne, dans son diocse, lui appartenait comme juge spirituel.

    Ils affirment de plus : que selon les droits, usage coutume de France, tout prisonnier de guerre ft roi, dauphin, ou autre prince pouvait tre rachet nom du roi d'Angleterre, moyennant une indemnit A dix mille livres alloue au preneur.

    Pendant quatre mois encore le duc de Bourgogne hsitiEnfin, le 21 novembre 1430, il cda la tentation et auinfmes suggestions de Cauchon.

    Faisant droit la patriotique requte de l'vque