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    Institut international de

    planification de lducation

    Renforcer le partenariatcole-communaut

    Bnin, Niger et Sngal

    Candy Lugaz et

    Anton de Grauweavec

    Cheikh Diakhat,

    Justin M. Dongbehounde

    et Ibo Issa

    Rformer la gestion pour lEPT

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    Rsultats dune recherche au Bnin, au Niger et au Sngal

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    Renforcer le partenariat

    cole-communautRsultats dune recherche au Bnin, au Niger et au Sngal

    Candy Lugaz et Anton de Grauwe

    En collaboration avec

    Cheikh Diakhat, Justin Mahougna Dongbehounde et Ibo Issa

    Institut international deplanification de lducation

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    Les ides et les opinions exprimes dans ce volume sont celles de lauteur etne reprsentent pas ncessairement celles de lUNESCO ou de lIIPE. Lesappellations employes dans ce volume et la prsentation des donnes quiy figurent nimpliquent de la part de lUNESCO ou de lIIPE aucune prise de

    position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de leursautorits, ni quant leurs frontires ou limites.

    La publication de ce document a t finance grce la subvention delUNESCO et aux contributions de plusieurs tats membres de lUNESCO dontla liste figure la fin de ce document.

    Publi parlInstitut international de planification de lducation7-9, rue Eugne Delacroix, 75116 Paris, Francee-mail : [email protected] web de lIIPE : www.iiep.unesco.org

    Maquette de couverture : IIPEPhoto de couverture : Plan International. Une cole visite au BninComposition : Linale Production

    Impression et brochage : Atelier dimpression de lIIPEISBN 92-803-2351-1 UNESCO 2010

    mailto:[email protected]:[email protected]://www.iiep.unesco.org/http://www.iiep.unesco.org/http://www.iiep.unesco.org/mailto:[email protected]
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    TABLE DES MATIRES

    Liste des abrviations 7

    Liste des tableaux 9

    Liste des schmas 11

    Remerciements 12

    Rsum 13

    I. Introduction 15 1.1 Participation, partenariat, communaut :

    pourquoi tudier, comment interprter ? 15 1.2 Le programme de recherche 20 1.3 Objectifs et structure du document 25

    II. Le partenariat cole-communaut :synthse des tudes de cas 27

    2.1 Prsentation des communauts et des coles tudies 27 2.2 Des facteurs de russite 33 2.3 Autres facteurs 57 2.4 Suggestion de politiques pour renforcer le partenariat

    cole-communaut et conclusion 59

    III. Un partenariat cole-communaut de qualit :exemples au Bnin, au Niger et au Sngal 67

    3.1 Une cole au Bnin 67

    3.2 Une cole au Niger 94 3.3 Une cole au Sngal 131

    Bibliographie 167

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    LISTE DES ABRVIATIONS

    AFD Agence franaise de dveloppement

    AG Assemble gnrale

    AME Association des mres ducatrices

    APE Association des parents dlves

    APP Activits pratiques productives

    Asdi/Sida Agence sudoise daide au dveloppement international

    (Swedish International Development CooperationAgency)

    BAPE Bureau de lAssociation des parents dlves

    BEPC Brevet dtudes du premier cycle

    BFEN Brevet de fin dtudes moyennes

    CAP Certificat daptitude professionnelle

    CAPE Collectif des APE au niveau communal

    CAPED Cellule danimation pdagogiqueCCS Chef de circonscription scolaire

    CCG Cadre de concertation et de gestion

    CEAP Certificat daptitude pdagogique

    CEP Certificat dtudes primaires

    CEPE Certificat dtudes primaires lmentaires

    CFEE Certificat de fin dtudes lmentaires

    CFEN Certificat de fin dtudes normales

    CFEPD Certificat de fin dtudes du premier degr

    CGE Comit de gestion de lcole

    COGES Comit de gestion des tablissements scolaires

    CREC Comparative Education Research Centre

    CRS Catholic Relief Services

    CS Circonscription scolaireFCFA Franc de la Communaut financire dAfrique

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    Liste des abrviations

    FEDAPE Fdration dpartementale des APE

    IDEN Inspection dpartementale de lducation nationale

    IDS Institute of Development StudiesIIPE Institut international de planification de lducation

    INEADE Institut national dtude et daction pour ledveloppement de lducation

    INFRE Institut national de formation et de recherche

    ISSEG Institut suprieur des sciences de lducation de Guine

    JICA Japan International Cooperation Agency

    JICA/EPT JICA cole pour tousLOSEN Loi dorientation du systme ducatif nigrien

    MEBA Ministre de lducation de base et de lAlphabtisation

    ONG Organisation non gouvernementale

    PCR Prsident du Conseil rural

    PDDE Plan dcennal de dveloppement de lducation

    PDEF Programme de dveloppement de lducation et de la

    formationPDRH Projet de dveloppement des ressources humaines

    PNIR Programme national dinfrastructures rurales

    PROAP UNESCO Principal Regional Office for Asia andthe Pacific(Thalande)

    SCOFI Scolarisation des filles

    UNESCO Organisation des Nations Unies pour lducation,

    la science et la culture

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    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 2.1 Profil des communauts tudies en 2005-2006 28

    Tableau 2.2 Profil des coles tudies en 2005-2006 30

    Tableau 2.3 Taux de russite lexamen dans les colestudies en % (2004-2005) 32

    Tableau 2.4 Profil des BAPE dans les coles tudies 34

    Tableau 2.5 Nombre dannes passes par les enseignantsdans la localit de lcole (valeur mdiane) 58

    Tableau 2.6 Nombre dannes passes par les enseignantsdans lcole (valeur mdiane) 58

    Tableau 2.7 Nombre denseignants fonctionnaires, contractuels,communautaires et volontaires dans les colestudies au Bnin, au Niger et au Sngal 59

    Tableau 3.1 Effectifs de lcole Bnin 5 en 2005-2006 70

    Tableau 3.2 volution des effectifs de lcole Bnin 5de 2002-2003 2005-2006 70

    Tableau 3.3 Taux de russite et de redoublementde lcole Bnin 5 en 2004-2005 71

    Tableau 3.4 Caractristiques du personnel enseignantde lcole Bnin 5 75

    Tableau 3.5 LAPE, une structure interne lcole selonle directeur, les enseignants, les lves

    et les membres du BAPE 82Tableau 3.6 volution des effectifs de lcole Niger 3

    de 2003-2004 2005-2006 98

    Tableau 3.7 Recrutement des filles lcole Niger 3de 2003-2004 2005-2006 98

    Tableau 3.8 Rsultat des examens lcole Niger 3de 2003-2004 2005-2006 99

    Tableau 3.9 Les infrastructures de lcole Niger 3 99Tableau 3.10 Caractristiques des lves de lcole Niger 3 101

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    Liste des tableaux

    Tableau 3.11 Caractristiques des enseignants interviews lcole Niger 3 102

    Tableau 3.12 Caractristiques des membres du BAPE/COGESet de lAME rencontrs lcole Niger 3 106

    Tableau 3.13 Plan daction de lcole Niger 3(anne scolaire 2004-2005) 114

    Tableau 3.14 Plan daction de lcole Niger 3(anne scolaire 2005-2006) 116

    Tableau 3.15 LAPE, une structure interne lcole selonle directeur, les enseignants, les lves

    et les membres de lAPE 119Tableau 3.16 Implication du BAPE/COGES dans lcole

    selon les domaines 121

    Tableau 3.17 Implication du directeur et des enseignantsdans les activits de lAPE/COGES 123

    Tableau 3.18 Effectifs de lcole Sngal 4 (2005-2006) 135

    Tableau 3.19 volution des effectifs de lcole Sngal 4

    de 2003-2004 2005-2006 136Tableau 3.20 Rsultats au CFEE de lcole Sngal 4

    de 2002-2003 2004-2005 136

    Tableau 3.21 Nombre de redoublants par cours lcoleSngal 4 en 2005-2006 137

    Tableau 3.22 Nombre de redoublants lcole Sngal 4par anne scolaire 138

    Tableau 3.23 Rpartition des manuels par cours et par titres lcole Sngal 4 139

    Tableau 3.24 Caractristiques du personnel enseignantde lcole Sngal 4 142

    Tableau 3.25 Place de lAPE dans lcole selon le directeur,les enseignants et les lves de lcole Sngal 4 153

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    LISTE DES SCHMAS

    Schma 1.1 chelle de participation selon Arnstein 17Schma 1.2 chelons de participation selon Deschler et Sock 18

    Schma 1.3 Un modle de coopration entre lcoleet les parents dvelopp Hong-Kong 18

    Schma 3.1 Planification et mise en uvre du plan dactionparticipatif de lcole Niger 3 113

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    REMERCIEMENTS

    Les auteurs tiennent remercier Djnabou Bald de lInstitut suprieurdes sciences de lducation de Guine (ISSEG), pour sa participation la synthse des tudes de cas.

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    RSUM

    Depuis des dcennies, lamlioration de la qualit de lducation estune grande proccupation des dcideurs nationaux dans le mondeentier. De nombreuses tudes ont mis en vidence les diffrents facteurs

    jouant un rle essentiel cet gard, parmi lesquels les interactions entreles diffrents acteurs au niveau de lcole, en particulier le personnelenseignant, les parents et la communaut dans son ensemble.

    Aujourdhui, la plupart des dcideurs et des chercheurs de la

    scne internationale reconnaissent lutilit de la participation descommunauts au fonctionnement et la gestion de lcole. Il importedonc didentifier les pistes qui contribueront forger une vritablerelation de partenariat entre lcole et la communaut.

    Dans cette perspective, lIIPE a coordonn une recherche auprsde 13 coles primaires de trois pays dAfrique de lOuest le Bnin,le Niger et le Sngal , dont lobjectif tait danalyser la nature du

    partenariat liant lcole la communaut et de dgager des stratgiesvisant le renforcer. Lanalyse sest concentre sur des coles o larelation avec lAssociation de parents dlves (APE) et le Comit degestion de lcole (CGE) tait juge satisfaisante. La prsente tudeexpose les principaux rsultats et conclusions de cette recherche.

    Le champ danalyse des enqutes de terrain menes dans le cadrede cette recherche a couvert lensemble des dimensions du partenariatcole-communaut ; une attention particulire a t accorde la

    structure, au fonctionnement et au rle jou par les APE et CGE.Cette recherche a permis didentifier des facteurs dterminants dece partenariat. Ceux-ci sont lis au contexte de lcole, au degrdouverture de lcole et de la communaut, la composition et aufonctionnement des structures de reprsentation des parents et de lacommunaut, au rle cl jou par certains individus au sein de lcoleet de la communaut et lappui de partenaires extrieurs. Dautresfacteurs semblent jouer un rle moins important, en particulier le

    niveau de ressources des communauts et le profil des enseignants.

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    Rsum

    De prcdentes tudes sur la question taient arrives uneconclusion qui a t confirme par cette recherche : limplication descommunauts dans le fonctionnement et la gestion de lcole ne va pas

    toujours de soi, et mrite dtre encourage et soutenue afin quellecontribue pleinement lamlioration de la qualit de lducation. Surla base des rsultats de la recherche, cette tude suggre des stratgies

    pour renforcer le partenariat. La participation des communauts aufonctionnement et la gestion de lcole ne vise pas remplacerltat. Elle requiert, au contraire, que le gouvernement renforce sonimplication, notamment en mettant disposition des textes lgislatifsconcernant les APE et les CGE et en donnant aux acteurs de lcole et

    de la communaut une formation sur leurs nouvelles responsabilits.Lappui dacteurs reprsentant ltat au niveau local tel que le bureaudconcentr dducation ou un formateur relais est essentiel.

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    I. INTRODUCTION

    1.1 Participation, partenariat, communaut : pourquoi tudier,comment interprter ?

    Pourquoi tudier le partenariat cole-communaut ?

    Depuis des dcennies, lamlioration de la qualit de lducationest une grande proccupation des dcideurs nationaux dans le mondeentier. Elle lest devenue surtout au vu des progrs impressionnants

    raliss pour dmocratiser laccs lducation. Lducation pourtous naura aucune valeur relle si lenseignement offert est dune

    pitre qualit. Cependant, il nest pas facile damliorer celle-ci : cesdernires annes, plusieurs tudes ont mis laccent sur la diversit desfacteurs dterminant la qualit du systme ducatif et de lcole. Parmiceux-ci, les interactions entre diffrents acteurs au niveau de lcole et,en particulier, les relations entre le personnel enseignant, les parentset la communaut dans son ensemble, se rvlent essentielles (voir,

    entre autres, Bray, 2001 ; Carron et Ta Ngoc, 1996 ; Scheerens, 2000 ;Shaeffer, 1994).

    Le rle que les parents dlves et les communauts peuvent jouerdans le fonctionnement et la gestion de lcole (et ce, dans des contextesdiffrents, dans des pays dvelopps ou en voie de dveloppement)est mis en vidence depuis plusieurs dcennies. Les parents sontnaturellement censs tre les partenaires les plus directs des matresdans lducation de leurs enfants (Carron et Ta Ngoc, 1996, p. 279).

    En outre, ils contribuent la plupart du temps lobtention des ressourcesfinancires et matrielles de ltablissement scolaire. Ils sont doncdirectement concerns par ce qui se passe au niveau de lcole, et ontleur mot dire ce sujet. Toutefois, les parents et la communaut ontdans bien des cas une attitude passive ; ils considrent lcole commeun domaine rserv aux enseignants et extrieur eux. Cette attitude estdailleurs conforte par le comportement des professeurs, qui refusentquils participent la gestion des affaires scolaires.

    Depuis plusieurs annes, des politiques ont t mises en uvredans de nombreux pays dans le but daccrotre la participation des

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    Introduction

    parents et des communauts au fonctionnement et la gestion delcole. Lutilit potentielle de la participation communautaire et dun

    partenariat entre cole et communaut ne fait aucun doute. Leurs

    avantages ont t souligns par plusieurs auteurs. Michener (1998,p. 2106) en distingue deux types : des bnfices pour le planificateur, savoir une plus grande efficacit administrative et financire ; des

    bnfices pour les participants, en particulier le renforcement de leurscomptences et de leur autonomie. Shaeffer (1994, p. 23) note cinqobjectifs auxquels la participation peut contribuer :

    un objectif idologique : renforcer le pouvoir autonome des

    communauts ; un objectif conomique : accrotre les ressources disponibles et

    faire partager les frais du service offert ; des objectifs politiques : dune part, renforcer la lgitimit du

    gouvernement, dautre part, dvelopper la dmocratie locale ; des objectifs lis au programme, en particulier son appropriation

    par la population, ce qui rend sa mise en uvre plus efficace etamliore ses chances dtre durable ;

    un objectif de renforcement des capacits et des comptences auniveau local.

    Un bnfice, qui nefigure pas de manire explicite dans cet ventail,est la responsabilisation de lcole vis--vis de la communaut. En effet,laccent qui a t mis rcemment sur limplication des communautsdans la gestion de lcole est fortement li aux proccupationsconcernant la bonne gouvernance. La dcroissance de labsentismedes enseignants la suite de la mise en place de comits de gestion

    pouvant exercer un contrle sur le personnel de lcole, comme celasemble avoir t le cas, entre autres, au Salvador (Jimenez et Sawada,1998) et au Rajasthan (Rajagopal et Sharma, 1999), est cite comme

    preuve de limpact positif du partenariat sur la gouvernance.

    Les concepts

    Les concepts participation et communaut se prtent diffrentes interprtations. Lanalyse de limpact de la participation

    de la communaut sur le fonctionnement de lcole dpend desinterprtations utilises.

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    Introduction

    En ce qui concerne la participation, Arnstein (1969) a t lundes premiers auteurs proposer une chelle indiquant lintensit dela participation citoyenne. Elle fait une distinction entre huit niveaux,

    allant du plus profond au plus superficiel (schma 1.1).

    Schma 1.1 chelle de participation selon Arnstein

    8 Contrle par les citoyens7 Dlgation de pouvoirs6 Partenariat5 Apaisement4 Consultation3 Information2 Thrapie1 Manipulation

    Source :Arnstein (1969).

    Certains dtails de cette chelle peuvent videmment fairelobjet dune critique : faut-il considrer lapaisement comme uneforme plus riche de participation que la consultation ? Ny a-t-il pas

    un mlange entre les formes (par exemple, consultation et partenariat)et les objectifs (par exemple, thrapie et apaisement) ? Quoi quil ensoit, ce schma a lavantage de mettre laccent sur la grande diversitdes niveaux de participation. Plusieurs auteurs lont adapt. Shaeffer(1994, p. 16-17) propose sept chelons, dont le cinquime est la

    participation la fourniture dun service, souvent en tant que partenaire,avec dautres acteurs . Deschler et Sock (1985) ont li les diffrentschelons quatre types de participation, qui permettent galement de

    faire la diffrenciation entre participation relle et pseudo-participation(schma 1.2).

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    Introduction

    Schma 1.2 chelons de participation selon Deschler et Sock

    I

    Participation relle

    A. Autonomisation 8 Contrle par les citoyens

    B. Coopration 7 Dlgation de pouvoirs6 Partenariat

    IIPseudo-participation

    A. Assistentialisme 5 Apaisement4 Consultation

    B. Domestication 3 Information2 Thrapie1 Manipulation

    Source :Deschler et Sock (1985).

    Epstein (1995) a ralis un schma semblable qui concerne plusspcifiquement limplication des parents dans lducation de leursenfants. Six types sont dfinis : les soins parentaux, la communication,le volontariat, lapprentissage la maison, linclusion dans lagouvernance et la collaboration mutuelle. En se fondant en partie surcette base, Hong-Kong a mis en place un modle de coopration entrecole et parents constitu de sept niveaux (schma 1.3).

    Schma 1.3 Un modle de coopration entre lcole et les parentsdvelopp Hong-Kong

    1 Communication unilinaire

    2 Communication mutuelle

    3 Les parents participent un programme qui sadresse spcifiquement eux

    4 Les parents assistent lcole

    5 Les parents sont impliqus dans une organisation parentale

    6 Lcole consulte les parents au sujet de ses politiques

    7 Les parents participent la gestion de lcole

    Source : Manzon, 2004, p. 44.

    Le niveau de participation potentiel dpend en partie de louverturede lespace concern : ainsi, lcole peut tre un espace ferm,ouvert sur invitation ou ouvert par revendication (VeneKlasen et al.,2004, p. 5).

    Ces diffrentes modlisations font une distinction claire entreparticipation (terme assez gnral) et partenariat (forme spcifique de

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    Introduction

    participation qui va au-del de linformation ou de la consultation).Celle-ci peut tre dfinie comme une relation dengagement mutuel

    base sur une vision partage et un esprit de solidarit (Capacci et

    Pozniak, 2004, p. 11). Le dialogue est indispensable un vritablepartenariat.

    Le terme communaut est vague et peut dsigner diffrentstypes dacteurs. Dans le cas de la communaut de lcole, il peutdsigner les parents des lves actuels, ou tous les parents desenfants dge scolaire, ou encore tous ceux qui vivent dans lairede recrutement de lcole (ce qui soulve le problme des rgions

    urbaines o il ny a pas de dlimitation gographique claire). Toutefois,quelques caractristiques permettent de dfinir les membres dunevritable communaut, savoir une culture commune, une proximitgographique, des objectifs communs, une diffrenciation par rapportaux autres communauts.

    Par ailleurs, il est important de raliser quune communautnest jamais compltement homogne et harmonieuse. Elle consisteen diffrents groupes dont les intrts sont parfois communs, parfois

    conflictuels (Guijt et Shah, 1998). Ces conflits peuvent exister deuxniveaux. Au sein de la communaut, plusieurs groupes existent : lesenseignants, les lves, leurs parents, la direction, les parents desnon-scolariss, les fonctionnaires, etc. De plus, au sein de chacun deces groupes, il peut y avoir des divergences dintrt et des discordes.Ceci est particulirement vrai dans des pays caractriss par de fortesdisparits, comme lAfrique du Sud (Grant Lewis et Naidoo, 2004,

    p. 7-8), ou par un systme de castes, comme le Npal.

    Au niveau de lcole, la communaut est la plupart du tempsreprsente par des associations de parents dlves (APE)1 ou parun comit de gestion de lcole (CGE), dont les membres sont lesreprsentants des parents dlves inscrits lcole, le directeur dcole,les enseignants, voire dautres membres de la communaut comme lechef de village ou de quartier, selon le cas. Des pays ont dvelopp cesstructures afin que les parents ou la communaut aient le sentiment de

    1. Les dsignations Association des parents dlves (APE) et Bureau de lAssociation des parentsdlves (BAPE) seront utilises indiffremment dans cette tude et font chacun rfrence cettestructure au niveau de lcole.

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    simpliquer dans la vie de ltablissement et quils puissent avoir leurmot dire concernant sa gestion et exiger dtre informs rgulirementde ses rsultats. Dans certains contextes, ces structures sont nes de

    la pratique et se sont dveloppes en dehors dun cadre institutionnelformel, ce qui montre lintrt des parents pour lcole ainsi que leurvolont de participer sa gestion et de contribuer son amlioration.

    Une recherche entreprise par lIIPE sur la dcentralisationde lducation dans quatre pays dAfrique francophone de lOuest(Bnin, Guine, Mali et Sngal), en collaboration avec des instituts derecherche nationaux et lONG Plan (Lugaz et De Grauwe, 2006), sest

    intresse notamment lappui fourni aux coles par les communauts.Elle a dmontr la diversit des relations entre les APE ou les CGE etles coles. Dans certains cas, les APE ou les CGE nexistent que surle papier et ne sont pas fonctionnels. Dans dautres cas, seuls quelquesacteurs cls, savoir le directeur dcole, le prsident de lAPE et letrsorier, communiquent entre eux. Ces personnes monopolisent alorsle pouvoir de dcision. Parfois, la mauvaise gestion ne fait quagrandirle foss qui existe entre lcole et la communaut. Toutefois, on

    constate dans dautres contextes lexistence dun vritable partenariatentre cole et communaut, auquel participent lAPE et le CGE. Cepartenariat est alors utile tous les acteurs et contribue lamliorationde lcole et au dveloppement social de la communaut.

    1.2 Le programme de recherche

    Limportance des relations cole-communaut et la diversit decelles-ci ont amen lIIPE, des instituts de recherche nationaux et

    lONG Plan entreprendre une recherche plus dtaille sur la questionsuivante : quels sont les facteurs qui expliquent et dterminentlexistence dune bonne relation entre lcole et la communaut ? Lancessit dexaminer comment un partenariat peut devenir une sourcede responsabilisation a t souligne par plusieurs auteurs (Cornwall,2000 ; Gaventa et al., 2002).

    La recherche sest concentre sur le fonctionnement des APE etdes CGE ainsi que sur leurs relations avec les acteurs de lcole et de

    la communaut. Elle repose sur plusieurs hypothses :

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    Introduction

    lengagement et limplication durables des communauts dansleurs coles sont essentiels pour amliorer celles-ci, en particulierdans des contextes o dautres acteurs sont peu prsents ;

    les communauts peuvent soutenir lcole dans diffrentsdomaines, en tant lcoute de ses besoins et en assumant la miseen uvre de certaines activits, dchargeant ainsi le personnelenseignant ;

    limplication des communauts dans les affaires de lcole peutfavoriser la responsabilisation de lensemble des acteurs, dansun souci de partage des tches, de transparence et dimputabilit(accountability);

    lexistence dune APE et dun CGE fonctionnels, reprsentatifsde la communaut et permettant cette dernire de sexprimeret dexiger que le personnel de lcole lui rende des comptes,est considre comme un lment essentiel dune bonne relationentre lcole et la communaut.

    Cette recherche a t mise en uvre conjointement par lIIPEet lONG Plan. La collaboration avec Plan a t justifie par son

    exprience du terrain et des communauts locales. Cette ONG travailleen outre avec diffrents acteurs au niveau local, savoir les coles,les districts et les municipalits, et tend se rapprocher des dcideursnationaux. Il sagissait donc dun partenaire utile pour lIIPE : Plan anon seulement particip financirement au programme de recherche,mais a aussi fourni une expertise des problmatiques locales, ce qui afacilit la conduite de la recherche et contribu sa russite.

    Approche mthodologique

    Cette recherche a t mise en uvre dans trois pays de lAfriquede lOuest francophone : le Bnin, le Niger et le Sngal. Elle visait en

    particulier tirer des leons de cas o la relation entre lcole et lAPEou le CGE tait satisfaisante.

    Un atelier technique coordonn par lIIPE a t organis endcembre 2005 Cotonou. Il a runi le chercheur principal et le conseillerdducation de lONG Plan de chacun des trois pays. Lencadrement

    tait assur par deux spcialistes de lIIPE et par le conseiller rgionalpour lAfrique de lOuest de Plan. Grce aux travaux de latelier, les

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    Introduction

    chercheurs nationaux ont pu entreprendre un exercice pilote dans troiscoles afin de tester le cadre danalyse et les instruments dentretien.Ils ont ensuite entrepris leur recherche dans des coles de leur pays

    ayant une relation satisfaisante avec lAPE et le CGE. Un ensemble de13 tablissements a t tudi : quatre au Sngal, quatre au Niger etcinq au Bnin. Quatre dentre eux (deux au Niger et deux au Sngal)se trouvaient en rgion urbaine.

    Dans chaque pays, la recherche a t conduite par une quipedirige par un chercheur principal2. Elle tait de nature qualitative,la principale stratgie de collecte dinformations consistant en des

    entretiens avec un grand nombre dacteurs : le directeur de lcole, lesenseignants, un groupe dlves, le bureau de lAPE et du CGE, desparents dlves nappartenant pas ces structures, le chef du villageou du quartier, les reprsentants de lautorit locale lue, ainsi queles chefs de ladministration scolaire, de lONG et du Collectif desAPE au niveau communal (CAPE), lorsquune telle structure existait.Lobjectif tait dapprendre de lexprience de ces acteurs, de recueillirleur opinion sur les facteurs ayant un impact sur le partenariat entre

    lcole et la communaut, et de dterminer la faon de construire unerelation fructueuse entre les deux.

    Les entretiens ont port sur les questions suivantes :

    la prsentation de lcole, de la communaut, de lAPE et de leurfonctionnement interne ;

    la relation entre lAPE et lcole (directeur, enseignants,lves) ;

    la relation entre lAPE et la communaut ; la relation entre lAPE et des acteurs externes (bureau local,

    mairie, rseau des APE, ONG et agences daide).

    Les entretiens se sont drouls sur le terrain, en gnral dans lescoles et parfois dans les bureaux des circonscriptions scolaires ou desdistricts. Les chercheurs ont ainsi pu observer, bien que de manire trs

    brve, laction des partenaires sur le terrain. Ils ont ensuite rdig desmonographies sur chaque tablissement. De plus, des questionnaires

    2. Justin Dongbehounde, de lInstitut national pour la formation et la recherche en ducation (INFRE), auBnin ; Ibo Issa, coordinateur principal du projet JICA cole pour tous, au Niger ; Cheikh Diakhat, delInstitut national dtude et daction pour le dveloppement de lducation (INEADE), au Sngal.

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    Introduction

    visant complter les informations recueillies lors des rencontres ontt distribus au directeur de lcole, aux enseignants, aux lves ainsiquaux membres du bureau de lAPE (BAPE), aprs les entretiens

    raliss avec chacun dentre eux.

    Quelques dfis mthodologiques

    Quelques problmes mthodologiques ont t rencontrs au coursde cette recherche. Ils taient lis trois types de difficults :

    apprcier ce quest une bonne relation entre lcole et lacommunaut, reprsente par lAPE ou le CGE ;

    connatre en dtail le fonctionnement interne de ces structures ; traduire les conclusions de ce travail de recherche en conseils de

    politique ducative.

    Lobjectif tait de tirer des leons de cas o la relation departenariat entre lcole et la communaut est relle. Mais commentidentifier des tablissements o un tel partenariat existe sans avoir tudi

    pralablement un certain nombre dcoles ? Les indicateurs quantitatifsne sont pas dune grande aide : dans la plupart des pays, y compris lestrois pays tudis, le systme dinformation de gestion ducative necontient pas dindicateurs sur la relation cole-communaut. Si lon

    pouvait, sur la base dun chantillon, faire une collecte de donnes cesujet, elle nous en apprendrait plus sur lexistence dune relation quesur sa nature.

    La solution semblait alors didentifier les coles en se fondantsur lapprciation de diffrents acteurs bien informs et proches de

    lcole administration locale, partenaires extrieurs quant lanature de leurs relations avec la communaut et au dynamisme de leurAPE ou CGE. Le recours ces critres didentification, relativementgnraux, visait couvrir des situations contrastes et comprendrequels facteurs dterminent la qualit de la relation entre lcole et lacommunaut. Sur cette base, il a t possible de faire une slection etdexclure un grand nombre dcoles : celles o le CGE ou lAPE ntait

    pas du tout fonctionnel(le) et celles o il y avait des conflits entre cole

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    Introduction

    et communaut3. Il nen demeure pas moins que, dans quelques casretenus et tudis, il nexistait pas de vritable partenariat entre lcoleet la communaut.

    Certaines coles taient caractrises par une trs bonne relationentre le directeur dcole et lAPE ou le CGE, mais les autres acteurs( savoir les enseignants, les lves et le reste de la communaut) ne

    participaient pas ces changes. Ainsi, loin dtre laffaire de tous,la relation entre tablissement et communaut se limitait quelquesindividus. La recherche a aussi port sur une cole (Sngal 3) dontlAPE a t trs dynamique, avant de sombrer dans une vritable

    lthargie.Ces cas particuliers ont toutefois t utiles : ils ont permis

    didentifier les faiblesses de certaines APE, pourtant considrescomme performantes, et de les comparer dautres qui jouaientvritablement un rle dintermdiaire et constituaient un espace dedialogue entre lcole et la communaut dans leur ensemble. Inclure desAPE ou des CGE de ce genre dans le cadre de cette recherche a montrla difficult de concevoir et de dfinir les critres de performance de

    ces structures. Si elles sont perues comme tant actives par certainsacteurs (notamment le directeur dcole, qui les prsente de manirefavorable ladministration scolaire et ses partenaires), une analyseen profondeur de leurs relations avec le reste des acteurs fait apparatreleurs faiblesses. Cette constatation a permis daffiner les caractristiquesdune bonne relation entre lcole et la communaut.

    Par ailleurs, les chercheurs ont rencontr des difficultslorsquils ont voulu comprendre en dtail le fonctionnement internede ces structures, en particulier la gestion des ressources financires.Diffrentes raisons peuvent expliquer cette situation.

    Tout dabord, il y a la mainmise de certains acteurs sur cesressources. Par exemple, il arrive souvent que le directeur dcole, qui

    jouit dun certain statut au sein de la communaut et qui est conscientdes besoins de ltablissement, se pose en gestionnaire et contourne

    3. Cela ne veut pas dire que ltude de situations conflictuelles est inutile ni quun conflit ne peut pastre porteur de changement, au contraire. Mais dans une recherche limite un petit nombre dcoles,il semblait prfrable davoir un groupe assez homogne en ce qui concerne la nature de la relationcole-communaut.

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    Introduction

    lAPE ou le CGE. Le manque de qualifications et de comptences desmembres de lAPE ou du CGE dans ce domaine favorise souvent cettesituation. Labsence de planification dans lutilisation des ressources,

    ainsi que les difficults recouvrer lensemble des cotisations desparents dlves expliquent aussi pourquoi les quipes de chercheursont eu du mal obtenir des informations sur la gestion. Idalement, lesquipes auraient d assister des runions dAPE ou de CGE, maiscela na pas t possible pour des considrations pratiques, la dure deleur sjour sur le terrain tant limite4.

    Enfin, il nest pas facile de traduire les conclusions de cette

    recherche en conseils de politique ducative cause de plusieursfacteurs. Dabord, la distance entre le niveau ministriel et lcoleest grande, et elle lest encore plus dans les pays examins, o leministre de lducation nest ni particulirement efficace ni pourvu demoyens suffisants. Le ministre est alors moins influent que certaines

    personnes qui occupent des positions dautorit (parfois de manireinformelle) au sein de la communaut. Ensuite, plusieurs conclusionsde la recherche ont trait des facteurs sociaux ou culturels, sur lesquels

    le ministre de lducation a peu demprise et qui se traduisent de cefait difficilement en conclusions politiques.

    1.3 Objectifs et structure du document

    Ce document, qui vise prsenter les rsultats de la rechercheconduite auprs dcoles, dAPE et de CGE au Bnin, au Niger et auSngal, comprend deux parties :

    La premire analyse et synthtise les principales leons de cette

    recherche. Aprs une prsentation des communauts et des colestudies, elle identifie en particulier :

    des facteurs qui semblent jouer un rle dans une bonnerelation entre lcole et la communaut ;

    dautres facteurs qui paraissent avoir moins dimportance cet gard ;

    4. Une recherche trs approfondie, qui entre en dtail dans le fonctionnement de ces associations et examineles dbats et discussions, comme celle de Naidoo (2005) en Afrique du Sud, exige un sjour de plusieurssemaines, voire de plusieurs mois, dans lcole. Ainsi, Naidoo a pu tudier six coles sur une priodedenviron deux ans.

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    des pistes suivre pour dvelopper et dynamiser la relationcole-communaut.

    Cette synthse repose sur des extraits des monographies portantsur cet ensemble dcoles, en particulier sur des citations des acteursextraites des entretiens5.

    La deuxime partie prsente trois tudes de cas prpares parles quipes de recherche au Bnin (Bnin 5), au Niger (Niger 3)et au Sngal (Sngal 4). Elles ont t slectionnes parmi unensemble de 13 tudes de cas car elles illustrent de faon frappanteles conclusions prsentes dans la synthse.

    Par souci de confidentialit, le nom des coles tudies a tremplac dans ce document par les appellations suivantes : Bnin 1,Bnin 2, Bnin 3, Bnin 4, Bnin 5 ; Sngal 1, Sngal 2, Sngal 3,Sngal 4 ; Niger 1, Niger 2, Niger 3, Niger 4.

    5. Les citations des tudes de cas sont donnes dans le texte entre guillemets, et celles des acteurs interviews,en italique.

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    II. LE PARTENARIAT COLE-COMMUNAUT :SYNTHSE DES TUDES DE CAS

    2.1 Prsentation des communauts et des coles tudies

    Les communauts

    Le tableau 2.1 expose le profil des communauts tudies. Lenombre dhabitants dans les communauts visites au Bnin, auSngal et au Niger varie entre 1 500 et 175 000. Il existe diffrents

    groupes ethniques et culturels.

    Dune manire gnrale, le taux dalphabtisation dans cescommunauts est trs faible, surtout en milieu rural. Selon les donnesfournies, il serait denviron 32 % et bien plus faible encore chez lesfemmes. Une forte pauprisation et un fort taux de chmage frappentune grande partie des populations de ces communauts. Lexoderural est galement trs important. Lagriculture et llevage sont les

    activits principales dans les zones rurales ; en revanche, dans leszones urbaines, il y a de nombreux fonctionnaires.

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    Tableau 2.1 Profil des communauts tudies en 2005-2006

    coles Zone Nombre

    dhabitantsdans la localit

    Groupes ethniques Activits

    Bnin 1 Rurale 3 317 Adja, Haoussa, Niago,Fon

    Agriculture

    Bnin 2 Rurale 3 000 Adja, Fon, Haoussa,Nago

    Agriculture, commerce

    Bnin 3 Rurale 1 500 Adja Agriculture, levage, petitcommerce, transformationslgres

    Bnin 4 Rurale 3 000 Adja, Fon Agriculture, commerce,artisanat, fonctionnariat

    Bnin 5 Rurale nd Adja, Fon Agriculture, commerce

    Niger 1 Urbaine 3 000 Djerma Agriculture, levage, petitcommerce

    Niger 2 Urbaine nd Haoussa, Peulh,Touareg, Zarma

    Agriculture, levage, petitcommerce, artisanat

    Niger 3 Rurale 3 000 Haoussa, Touareg,

    Peulh

    Agriculture, levage, petit

    commerce, artisanatNiger 4 Rurale 4 462 Djerma, Haoussa, Peulh Agriculture, levage,artisanat, commerce

    Sngal 1 Urbaine 8 500 Wolof, Pulaar, Srre,Bambara, Diola, Ndiago

    Fonctionnariat, travailouvrier, commerce,artisanat, levage

    Sngal 2 Rurale 6 575 Wolof, Pulaar, Maure Agriculture, levage,artisanat, commerce

    Sngal 3 Urbaine 175 000 Wolof, Pulaar, Maure Fonctionnariat, pche,

    artisanat, commerce,chmage

    Sngal 4 Rurale 4 000 Wolof Agriculture, petitcommerce, levage

    nd : non disponible.Source :tudes de cas au Bnin, au Niger et au Sngal.

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    Le partenariat cole-communaut : synthse des tudes de cas

    Les coles

    Le tableau 2.2 revient sur les principales caractristiques des

    tablissements sur lesquels portait la recherche. Dans toutes les colestudies au Sngal, leffectif total de filles dpasse celui des garons.Au Niger et au Bnin, il est denviron 40 ou 45 %, lexception dedeux coles au Niger (33 et 36 %).

    Dans la plupart des coles, le ratio lves/matre est relativementlev, se situant aux alentours de 50. Il lest plus particulirement dansdeux coles au Bnin (environ 70), mais natteint pas 40 dans deuxcoles au Niger et une au Sngal.

    Les tablissements tudis bnficient dans leur ensemble dusoutien de partenaires extrieurs, comme lONG Plan et lagencedaide japonaise JICA au Niger. Les coles Niger 1, 2 et 4 reoiventmme lappui de plusieurs partenaires. Les caractristiques de cetteaide seront examines plus loin. Seules deux coles sngalaises nereoivent aucun appui.

    Par ailleurs, les lves rsident gnralement proximit de leur

    tablissement ; lcole Sngal 3 fait exception, car elle obtient de sibons rsultats que les habitants des villages voisins y inscrivent leursenfants. La situation est plus variable en ce qui concerne les enseignants :certains habitent sur site, dautres ont une certaine distance parcourir.Cependant, aucun dentre eux ne rside plus dune heure de lcole.

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    Tableau 2.2 Profil des coles tudies en 2005-2006

    coles Salles

    declasse

    Effectifs

    dlves

    Nombre

    denseignants

    Ratio

    lves/matre

    Appui actuel

    de partenairesextrieurs

    Dure du trajet ou distance moyenne

    entre le lieu dhabitation de llve etlcole

    Dur

    entde lFilles

    (%)Total

    Bnin 1 4 48 450 6 75 Plan 500 mtres DeBnin 2 6 40 411 6 68,5 Plan, UNICEF,

    AGeFIBnd De

    Bnin 3 6 nd nd 6 nd Plan 1,5 km 30 m 50

    Bnin 4 6 44 420 7 60 Plan La plupart des lves vivent proximit delcole ; le plus loign est 2 km.

    De len

    Bnin 5 6 40 391 7 56 Plan Les lves vivent pour la plupart proximit de lcole.

    De 4

    Niger 1 7 45 286 8 36 Plan, Projet coleet Sant, JICA,Ambassade duCanada

    5 minutes 4 km

    Niger 2 7 49 483 14 34,5 COSAGE, JICA Pas plus de 15 minutes pied 10 mNiger 3 5 33 169 3 56 JICA Pas plus de 15 minutes pied DeNiger 4 9 36,5 397 8 50 Plan, Projet cole

    et Sant, PRADEB5 minutes en moyenne ; certains vivent 40 minutes de lcole.

    Pluplu

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    coles Sallesde

    classe

    Effectifsdlves

    Nombredenseignants

    Ratiolves/matre

    Appui actuelde partenaires

    extrieurs

    Dure du trajet ou distance moyenneentre le lieu dhabitation de llve etlcole

    Durentde l

    Filles

    (%)

    Total

    Sngal 1 15 51 719 21 34 Aucun De 8 m 4 km, la plupart des lveshabitant le quartier de lcole

    De

    Sngal 2 10 55 636 14 45,4 Plan Moins de 15 minutes DeSngal 3 12 53 636 12 53 Aucun Variable : les plus loigns sont 6 km ; la

    plupart des lves viennent de quartiersvoisins.

    Varde 3

    Sngal 4 12 56 569 15 38 Non La plupart des lves habitent proximitde lcole.

    Les

    nd : non disponible.Source : tudes de cas au Bnin, au Niger et au Sngal.

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    Dans plusieurs tablissements, les taux de russite lexamen defin de primaire sont bons, se situant 90 % ou plus (tableau 2.3) danssix coles.

    Tableau 2.3 Taux de russite lexamen dans les coles tudiesen % (2004-2005)

    cole Zone Taux de russite lexamen

    Bnin 1 Rurale nd

    Bnin 2 Rurale 96,3

    Bnin 3 Rurale nd

    Bnin 4 Rurale 90,7Bnin 5 Rurale 100

    Niger 1 Urbaine 56

    Niger 2 Urbaine 53,12

    Niger 3 Rurale 54,2

    Niger 4 Rurale 92,6

    Sngal 1 Urbaine 57,2

    Sngal 2 Rurale 33,7

    Sngal 3 Urbaine 90

    Sngal 4 Rurale 90

    nd : non disponible.Source :tudes de cas au Bnin, au Niger et au Sngal.

    Le profil des BAPE tudis (tableau 2.4) varie selon les payset les coles. La date de cration des APE et de leurs bureaux est

    gnralement la mme que celle de ltablissement auquel ils sontlis. Beaucoup dAPE existent depuis plus de 20 ans. Leur dernierrenouvellement date de 2003, 2004 ou 2005 ( lexception de deuxcoles sngalaises), ce qui est conforme aux rglements demandantun renouvellement tous les deux ou trois ans. Le nombre de membrescomposant ces bureaux diffre selon le cas : ils sont moins nombreuxau Sngal (environ six) quau Niger (autour de 18 membres dans troiscoles).

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    Tableau 2.4 Profil des BAPE dans les coles tudies en 2005-2006

    coles Date decrationdu BAPE

    Membres Dure du trajet ou distance moyenneentre le lieu dhabitation et lcole

    Profession des membres

    F TotalBnin 1 1978 nd 9 100 m CultivateursBnin 2 1970 nd 9 nd Maons, cultivateurs, menuisiers, couturiersBnin 3 1978 nd 11 De 5 10 minutes CultivateursBnin 4 1948 2 13 De 10 15 minutes CultivateursBnin 5 1997 2 14 Moins de 2 km nd

    Niger 1 1979 3 nd 5 minutes Mnagres, cultivateursNiger 2 1996 Au moins 4 18 Les membres du bureau rsident dans le

    quartier de lcole.Enseignants retraits, mnagres,cultivateurs, entrepreneurs

    Niger 3 1982 8 17 10 minutes Cultivateurs, mnagresNiger 4 1980 Au moins 7 18 10 minutes Cultivateurs, mnagres, commerants

    Sngal 1 1978 nd 8 100 m nd

    Sngal 2 1955/56 2 6 15 minutes Chef du centre dexpansion rurale, ouvrier,chauffeur, mnagre, matrone, sans-emploi

    Sngal 3 nd nd nd nd nd

    Sngal 4 1990 3 7 Les membres du bureau rsident dans levillage de lcole.

    nd

    * : ge mdian des membres rencontrs durant les entretiens. ** : ge mdian des membres du bureau.nd : non disponible.Source :tudes de cas au Bnin, au Niger et au Sngal.

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    Les femmes sont gnralement bien reprsentes dans lesBAPE, mme si linformation manque concernant certaines coles.Toutefois, on remarque quelles sont souvent minoritaires. Elles sont

    particulirement nombreuses (sept femmes sur 18 membres) dans lecas de lcole Niger 4.

    On remarque des diffrences dge entre les membres ; certainssont relativement jeunes (de 25 30 ans), dautres plus gs (lundeux a 72 ans). La moyenne dge est proche de 50 ans dans plusieurscas. La majorit des membres des APE et des CGE ont des enfantsinscrits lcole. Par ailleurs, ces structures runissent des membres

    ayant des profi

    ls diffrents qui sont relativement reprsentatifs de lacommunaut : il sagit gnralement de cultivateurs, de maons, demnagres, de commerants, etc. La plupart dentre eux vivent

    proximit de lcole.

    Dans de nombreux bureaux, le mandat de certains membres estreconduit depuis plusieurs annes (jusqu plus de 10 ans dans quelquescas).

    2.2 Des facteurs de russitePlusieurs facteurs contribuant une bonne relation entre lcole et

    la communaut ont t identifis partir des tudes de cas. Ces facteurssont lis :

    au contexte ; louverture rciproque de lcole et de la communaut ; la composition et au fonctionnement des structures de

    reprsentation des parents et de la communaut ; au rle cl jou par certains individus au sein de lcole et de la

    communaut ; lappui de partenaires extrieurs.

    Il est parfois fait rfrence des constats ou des conclusionsdautres tudes semblables celle-ci sur la relation cole-communaut.

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    Le partenariat cole-communaut : synthse des tudes de cas

    Le contexte

    Tout dabord, les relations au sein des communauts tudies sont

    bonnes. La plupart du temps, elles semblent tre satisfaisantes, dnuesde conflits, que les communauts soient homognes ou comprennentdiffrents groupes ethniques, culturels et sociaux. Par exemple, lequartier dans lequel se trouve lcole Sngal 1 est caractris par unediversit ethnolinguistique. Comme la soulign le chef de quartier, il y a les Wolof plus nombreux, beaucoup de Pulaar, des Srre, des

    Bambaras, des Diolas, des Ndiago . Les chercheurs ont prcis cesujet que la population du quartier est essentiellement marque par

    une diversit de couches sociales (fonctionnaires, ouvriers au chmage[...], commerants, artisans, leveurs, etc. [...] . Malgr ces diffrences,les rapports entre les groupes sont harmonieux. Le chef de quartier a eneffet prcis que les discordes taient rares.

    Le rle jou par le chef de quartier, qui entretient de bonnesrelations avec le reste de la communaut et veille la prvention dedisputes, contribue cette situation. Il a dit sappuyer sur un conseilde quartier au sein duquel chaque ethnie est reprsente par son chef

    coopt.En outre, il existe une culture de participation dans plusieurs

    communauts tudies. Cela a t soulign par le responsable duCollectif des APE au niveau communal, rencontr dans le cadrede ltude sur Bnin 5 : Les habitants de ce village sont habitusaux runions. Ils aiment discuter, donner leur point de vue, critiquerlautre.

    Louverture de lcole la communaut, et rciproquement

    Louverture de lcole, ou plus prcisment de son personnelenseignant, la communaut est essentielle. Or, elle ne va pastoujours de soi. Des recherches ont dmontr que certains enseignantsconsidrent que la communaut na pas les comptences ncessaires

    pour avoir son mot dire sur le fonctionnement et sur la gestion delcole ; ils estiment que ces domaines leur sont rservs. Les parents

    dlves et la communaut dans son ensemble peuvent dailleurspartager ce point de vue. Les professeurs ont tendance accuser lesparents lorsque les rsultats scolaires sont mauvais ; ils vont rarement

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    les rencontrer pour chercher avec eux une solution aux problmes(Carron et Ta Ngoc, 1996, p. 171-176). Pourtant, lexpriencemontre que mme les parents dont le niveau dducation est faible sont

    capables dapporter dimportantes contributions et dsirent le faire (Bray, 2001, p. 36). Des tudes au Nicaragua (Rivarola et Fuller, 1999 ;Gershberg, 1999) ont soulign un des facteurs qui freinent le dialogue :les acteurs locaux, en particulier les enseignants, nont pas lhabitudede discuter et de cooprer avec les membres de la communaut, leurtradition tant de respecter les instructions venant den haut.

    Lattitude du personnel enseignant envers la communaut est donc

    essentielle, comme la soulign Swift-Morgan (2006) dans une tudeconsacre la participation des communauts au fonctionnement et lagestion des coles en thiopie. Les parents rencontrs dans le cadre decette recherche ont prcis quils oseraient davantage simpliquer si les

    professeurs taient plus accueillants et considraient quils pouvaientjouer un rle important (Swift-Morgan, 2006, p. 359). De mme,Bray (2001, p. 36) a mis laccent sur le fait quil faut encourager lesenseignants crer le contact et couter .

    Des chercheurs ont soulign lattitude positive du personnelenseignant dans plusieurs coles tudies au Niger et au Sngal, quise manifestait de diffrentes manires :

    en maintenant des contacts informels avec les parents dlves etle reste de la communaut par des visites aux familles loccasionde diffrentes crmonies traditionnelles telles que mariage,

    baptme ou funrailles (cas de Sngal 4 et de Niger 3) ; en mettant les infrastructures de lcole la disposition de la

    communaut afin quelle puisse y mener ses propres activits.Par exemple, Sngal 3 dispose dune salle des matres qui serten mme temps de sige au Collectif des directeurs dcole delIDEN, au conseil de quartier, aux organisations communautairesde base du quartier et lquipe pdagogique ;

    un des matres de cette mme cole a prcis quau cours delanne prcdant lenqute, il avait rendu visite toutes lesfamilles des lves de sa classe. Il a soulign: Certains parents,agrablement surpris, nont pas hsit acheter des boissons

    pour mon accueil, trs mus de ma prsence. De telles visites

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    Le partenariat cole-communaut : synthse des tudes de cas

    sont rvlatrices de la volont des enseignants de connatre lesparents dlves et de discuter avec eux du travail de leurs enfants.Cette dmarche est envisage de manire positive par les parents

    dlves. Carron et Ta Ngoc (1996, p. 198-199) ont mis laccentsur le fait que de telles visites taient considres comme uneactivit de routine dans la province du Zhejiang, en Chine : lesenseignants y consacrent environ trois heures par semaine. Enfaisant une comparaison avec dautres cas o ces visites taientmoins frquentes, voire inexistantes, ils ont conclu : Il nest

    pas douteux que, dans le cas du Zhejiang, les contacts entre lesmatres et les parents sont beaucoup plus intensifs (Carron et

    Ta Ngoc, 1996, p. 199) ; dans dautres cas, les enseignants acceptent que les parents

    dlves simpliquent dans les affaires de lcole. Les chercheursont soulign au sujet de Niger 4 : Les parents viennent jusquenclasse pour senqurir du travail de leurs enfants. Les mresviennent chaque lundi, mercredi et vendredi. Le chef du villageen personne a lhabitude de leur rendre visite lcole pour lesconseiller et les encourager. Il en est de mme pour le maire de

    la commune. Ceci ne semble pas heurter les professeurs. Lundentre eux a soulign : Nos relations sont trs bonnes et nous

    souhaitons que a continue dans ce sens. Sngal 1, lAPEpasse souvent demander aux enseignants les difficults quilsrencontrent et solliciter lorganisation de cours supplmentaires

    pour les lves .

    Une telle ouverture du personnel enseignant la communautcontribue au dveloppement dune relation de partenariat entre eux. Uncontre-exemple issu des tudes de terrain renforce cette ide. Niger 1,les villageois ont regrett que les professeurs refusent de vivre parmieux. Les chercheurs ont prcis cet gard : Toutes les enseignantesquittent leur village le matin pour se rendre lcole Niger 1 dispenserles cours et revenir dans laprs-midi. Et comme lcole se trouve lentre du village, ces enseignantes ont peu ou nont pas doccasion decontact avec la communaut. Le charg de lducation de la mairiea not : Les enseignants peuvent passer toute lanne scolaire sansmettre pied au village ; lancien directeur a quitt parce quil na pasvoulu rejoindre le logement du directeur construit par Plan Niger. (...)

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    Dans cette cole, pour connatre le matre, il faut aller lcole.Lesenseignantes ont elles-mmes reconnu cet tat de fait. Lune dentreelles a dclar : Nous navons aucun contact avec la communaut.

    Une telle attitude constitue un vritable frein au dveloppement dunerelation de partenariat entre cole et communaut.

    Sil est essentiel que le personnel enseignant souvre lacommunaut, la communaut doit, elle aussi, souvrir lcole.Plusieurs lments peuvent la motiver le faire, comme lattitude

    positive, le srieux et le professionnalisme des professeurs. Il est toutaussi essentiel quelle ait foi en lducation comme outil de mobilit

    sociale. Les dmarches de sensibilisation conduites par des acteurslocaux ou par des partenaires extrieurs seront dcisives pour que lacommunaut sintresse aux questions ducatives, en particulier dansdes contextes o la scolarisation des enfants nest pas une priorit eto lcole est perue comme un lment tranger. titre dexemple,le prsident de lAPE de Niger 2 a soulign le rle important jou parla reprsentante de lAssociation des mres ducatrices (AME), quisensibilise les mres pour inscrire leursfilles lcole et les laisser

    poursuivre leurs tudes mme aprs le mariage ou laccouchement.Dans le cadre de ltude sur Niger 3, laccent a t mis sur le faitque lIman de la mosque profite toujours du moment de la prire

    pour rappeler aux fidles que la qute du savoir est un devoir pourchaque musulman et que nul na le droit dempcher son enfant daller lcole . De la mme manire, le BAPE, le COGES et lAMEde Niger 3 ont identifi des femmes considres comme des sagesdu village et leur ont demand de faire du porte--porte afin quellesrencontrent les villageoises chez elles et discutent avec elles des

    problmes de la scolarisation des filles. Par ailleurs, les marabouts ontt invits prcher dans les mosques sur des thmes dvelopps parlIslam qui prnent la ncessit de la scolarisation des filles.

    Les communauts rencontres au Bnin, au Niger et au Sngalont fait preuve dun vritable intrt pour les questions ducatives. Leurouverture lcole et son personnel sest manifeste de diffrentesmanires :

    Accueil des enseignants venant dailleurs et contacts informelsavec eux. Dans le cas de Sngal 4, les habitants du village

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    Le partenariat cole-communaut : synthse des tudes de cas

    ont pris linitiative dhberger les professeurs chez eux, leurs propres frais, avant que ceux-ci emmnagent dans deslogements de fonction construits par la communaut, sur le site

    de ltablissement. Aprs le dmnagement, les populationset les enseignants [ont maintenu] de bons rapports en se rendantmutuellement visite et en se faisant des cadeaux (les populationsoffraient des mets dlicieux, et les enseignants leur donnaient dusavon, du sucre, du caf et du th) . Le fait que les professeurstaient logs dans le village avait un autre avantage pratique : celuide raccourcir la dure de leur trajet pour aller lcole. En effet,labsentisme des enseignants sexplique parfois par lobstacle de

    la distance. Fourniture de ressources financires et matrielles et participation

    des activits visant amliorer le site de ltablissement. Dansle cas de Bnin 5, les habitants du village ont essay de fairefructifier les revenus issus de leurs activits par des mcanismesde microcrdit, afin de pouvoir contribuer financirement audveloppement des coles du village. Niger 4, des oprationsde salubrit taient organises chaque mercredi ; lensemble des

    couches sociales du village (et particulirement les femmes) yparticipaient de faon massive. Le prsident du COGES a ainsisoulign : Aujourdhui, notre cole est devenue lendroit le plus

    propre du village (). Et cela est le rsultat de lengagement dela communaut de faire de leur cole un espace agrable la viedes enfants.

    Participation de la communaut aux diffrentes runions de lAPEou du comit de gestion. Plusieurs acteurs ont mis laccent sur ce

    fait, qui montre que la communaut est rellement proccupe parles questions ducatives. titre dexemple, les acteurs rencontrs Sngal 1 ont dclar : Tous les deux ans, il y a un nouveaubureau, et tous les parents viennent ; la salle est pleine et il y a

    souvent de vives discussions.

    Les structures de reprsentation des parents, de lacommunaut et du personnel de lcole (BAPE ou CGE)

    Les structures de reprsentation des parents, de la communautet du personnel de lcole (BAPE et CGE) ont t cres dans

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    le but de favoriser une relation de partenariat entre lcole et lacommunaut. Toutefois, elles ne sont pas toujours efficaces et nont pasautomatiquement dimpact. Cette recherche, qui repose sur lanalyse

    des BAPE et des CGE fonctionnels, a permis didentifier plusieurslments lis en particulier leur composition et leur fonctionnement,lments essentiels dans la relation de partenariat.

    La composition du BAPE ou du CGE revt une certaineimportance. Plusieurs auteurs ayant analys la question de la participationdes communauts se sont demands qui participe rellement (Swift-Morgan, 2006, p. 348). Dans bien des cas, il apparat que les BAPE et

    les CGE sont loin de reprsenter lensemble de la communaut auprsde lcole : ces structures sont plutt composes de groupes (plusparticulirement dlites locales) qui ne sont pas toujours proccups parles besoins des groupes dfavoriss (Bray, 2003, p. 38). Swift-Morgansest donc pos la question suivante : est-ce quune communaut

    participe si seulement ses principaux responsables sont impliqus ? (Swift-Morgan, 2006, p. 348).

    Idalement, les structures de type BAPE ou CGE devraient

    reprsenter lensemble des acteurs concerns par la relation departenariat ( savoir les lves, leurs parents, la communaut o lcolese trouve et le personnel enseignant) afin de favoriser un vritabledialogue. Or, une telle reprsentativit complte tait rare dans lescoles tudies. Dans tous les cas, ces structures sont constitues dereprsentants de diffrents groupes. En gnral, ce sont les reprsentantsdes parents dlves, le directeur dcole, ainsi que le chef de village (ouencore le chef de quartier ou le chef religieux), qui sont conseillers, ou

    membres de droit. Dans certains tablissements, notamment au Niger,les enseignants sont aussi reprsents. Dans le cas de Niger 2 et 3, lesreprsentants dorganisations de la socit civile agissant au sein de lacommunaut, comme les associations des mres ducatrices (AME),faisaient partie du CGE. Dans le cas de Niger 4, le CGE comprenaitmme un reprsentant des lves.

    Mme si les femmes sont minoritaires dans les BAPE des colestudies, elles sont bien reprsentes (tableau 2.4). Dautres recherchesont montr que ce nest pas toujours le cas. Dans certains pays, comme auMalawi, la lgislation exige que les femmes participent ces structures

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    et fixe des quotas, mais ceux-ci sont rarement respects. Les femmesne simpliquent pas dans les BAPE parce que leurs tches domestiquesne leur en laissent pas le temps. Et lorsquelles sont membres de ces

    structures, elles nosent pas intervenir dans le processus de dcisions,ou encore, leur opinion nest pas considre comme valable par leshommes, qui dominent les discussions (Rose, 2003a, p. 15). Il en rsulteque la prpondrance des hommes dans les comits dcole occultecertaines questions importantes pour les filles (Bray, 2001, p. 30).

    La lgislation sur les APE et les CGE au Bnin et au Sngal nepose pas de condition quant la participation des femmes et ne fixe

    aucun quota. Au Niger, en revanche, le CGE doit tre compos dunereprsentante de lAME ou dun groupement fminin. Par ailleurs, laparticipation active des femmes la vie de lcole ( titre individuel oupar le biais des AME) a t souligne par les personnes interroges dansplusieurs tablissements.

    Si la composition de ces structures nest pas toujours idale dans lescoles tudies, elle peut tre considre comme satisfaisante, car elle

    permet aux reprsentants des parents dlves, au personnel enseignant

    et la communaut de se rencontrer et de discuter entre eux.Il faut se demander si les reprsentants de ces diffrents groupes

    sont considrs comme tels par les membres de ces groupes. En dautrestermes : partagent-ils les proccupations et les intrts de lensemble dugroupe quils reprsentent ? Lanalyse des tudes de cas a montr que lesBAPE ou les CGE taient gnralement perus comme des structuresreprsentatives de la communaut, pour plusieurs raisons :

    Leurs membres vivaient proximit de lcole. Ainsi, dans le casde Bnin 5, le chef du village a prcis que le BAPE reprsentaitbien laire qui entoure lcole. Le secrtaire gnral du bureauactuel a indiqu : Tous les parents ont voulu changer le bureau

    pour que les membres soient du village. Ce ntait pas le cas desmembres de lancien bureau. De mme, au cours de lenqute surBnin 3, les parents hors BAPE ont prcis : Chaque quartierest reprsent dans le bureau lexception de deux dentre eux qui

    nen ont manifest aucun signe de frustration. Les membres reprsentent les diffrents groupes culturels et sociaux

    de la communaut, ainsi que les parents des lves non scolariss.

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    En ce qui concerne le BAPE de Niger 2, le chef de quartier a prcisque le bureau reprsente tous les parents aussi bien ceux qui ontdes enfants lcole que ceux qui nen ont pas.

    Ces mmes membres ont t dsigns par une assemblereprsentant la communaut et caractrise par un fort taux de

    participation.

    Dans la plupart des cas,les membres des bureaux sont lus selonun processus dmocratique. Dans le cas de trois coles au Niger, les

    personnes interroges ont insist sur le fait que la rgle de dsignationpar consensus avait t remplace rcemment par llection des

    membres. Nanmoins, dans dautres coles, de telles procdures ne sontpas encore appliques : cest le cas notamment de Sngal 4, o largle du consensus prvaut et o il ny a pas de vote.

    Dans certaines coles tudies, la reprsentativit des membres deces structures et lefficacit de leurs mcanismes dinstitution ntaient

    pas pleinement satisfaisantes. Par exemple, la question de lge desmembres du BAPE ou du CGE a t souleve. Dans certains cas, lesmmes membres taient rlus depuis plusieurs annes, ce qui expliquait

    quils soient trs gs. Ainsi la directrice de Bnin 1 a dclar : Lacaractristique essentielle de cette cole () est que tout le bureauest toujours reconduit chaque lection. Les parents hors APE ontdailleurs unanimement dit que : seule la mort peut enlever le prsidentdu bureau. Le respect qui est d ces personnes en raison de leur gene permet pas de les remplacer ni de faire des lections ouvertes.

    La directrice de Bnin 3 a dit lquipe de chercheurs : Cestdifficile en milieu Adja, notamment dans ce village, de remplacerquelquun avant que la mort ne lemporte. Le remplacement est souvent

    source de frustration. Il est vite assimil lincapacit de la familledappartenance de la personne remplace assumer avec honneur etdignit des responsabilits que le village lui a confies. On a t bienoblig de tenir compte de cette ralit culturelle pour que dans lactuelbureau de lAPE on soit oblig de maintenir cinq anciens membres. Quant au directeur de Niger 4, il a affirm : Ds quon pose le problmede renouvellement, la communaut avance le critre dge et les ans

    sont automatiquement reconduits sans vote. Or, ceci pose de vraisproblmes en ce qui concerne :

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    la reprsentativit. Les membres des BAPE ne reprsentent plusncessairement lensemble des parents dlves de lcole : du faitde leur ge, certains nont plus denfants lcole ;

    la lgitimit. Puisque le mandat des membres est reconduitrgulirement ;

    lefficacit. Le directeur de Sngal 1 considre que le potentielde la communaut nest pas exploit et mobilis, malgr la bonnevolont et le srieux du BAPE : Il faut encore plus de dynamismedans les initiatives. Peut-tre cause de leur ge, ce besoin se fait

    sentir.

    premire vue, limposition dun processus dlection parvote secret semble tre une panace, puisquil est plus dmocratiqueet reprsentatif quune dsignation par ladministration ou par unleader politique. Mais, prcisment cause des conflits au sein descommunauts, la dfaite dun candidat des lections peut amener lexclusion volontaire du groupe que ce candidat reprsente (Rajagopalet Sharma, 1999, p. 60).

    Parmi les facteurs contribuant une relation de partenariat entre

    cole et communaut, la qualit de la communicationentre lAPE oule CGE, lcole et la communaut a t souligne maintes reprisesdans les tudes de cas.

    Pour assurer cette qualit, il faut tout dabord que les diffrentsacteurs communiquent rgulirement, notamment grce des runionsauxquelles chacun peut assister et participer. Swift-Morgan (2006,

    p. 359) a soulign quil tait important de convier les parents hors APEou CGE ces rencontres afin quils se sentent impliqus. Dans troiscommunauts au Niger, lensemble des acteurs concerns participaientaux runions :

    Niger 2, le bureau a affirm que toute la communaut est invite prendre part toutes les runions et assembles gnrales (AG)quil organise . Par ailleurs, ces AG, il nest pas surprenantde constater la prsence des parents ayant des enfants lcoleou non, ainsi que celle des autorits coutumires et politiques du

    quartier. Le chef du village de Niger 3 a affirm avoir particip lui-mme

    trois assembles gnrales qui ont vu la participation de toute

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    la communaut et aussi des enseignants de lcole qui taientinvits comme dhabitude . cet gard, les chercheurs ontsoulign : Les parents dlves hors APE sont aussi pleinement

    impliqus dans la rsolution des problmes de lcole carrgulirement convis aux diffrentes runions et AG. Parailleurs, un enseignant de cet tablissement sest exprim en cestermes : Nous sommes toujours convis aux runions du BAPEet du COGES ; donc nous connaissons comment ils animentleurs structures ; nous sommes comme des membres du bureau,car notre avis est toujours demand lorsquil faut prendre desdcisions.

    En ce qui concerne Niger 4, les runions de BAPE se tiennent deconcert avec toutes les structures partenaires de lcole, savoirle COGES, lAME et le CLD. [...] Selon les propos du prsidentet du directeur dcole, ces runions sont ouvertes aux parentshors bureau qui dsirent y assister en tant quobservateurs.

    Certains acteurs, en particulier les enseignants et les lves, ontparfois regrett de ne pas tre invits ces runions, qui leur permettraient

    de faire entendre leur voix, de communiquer leurs besoins et dtreinforms des principales dcisions.Ainsi, Bnin 5, les professeursont fait part lquipe de recherche de leur souhait davoir davantagede contacts avec le BAPE, notamment afin de lui exprimer directementleurs besoins. Ils ont dclar : Comme il y a la hirarchie, nous

    sommes obligs de faire nos dolances au directeur. Ce serait mieux sion pouvait les faire de nos propres voix. Parfois certaines dolancesque nous faisons ne sont pas satisfaites. Si on pouvait expliquerdirectement au BAPE nos besoins pour quils puissent en tenir compte,ce serait mieux. Il y a unfiltre au niveau de la direction. Quant auxlves, ils ont indiqu : quand ils sont en runion, il faut nous inviter.Si quelque chose nous manque, on pourrait leur dire.

    Le BAPE (ou le CGE) se doit dentrer en contact et de communiquerrgulirement avec la communaut, puisquelle sert dinterface entre la

    population et lcole. Swift-Morgan (2006, p. 356) a soulign que laqualit du partenariat cole-communaut est proportionnelle au degr

    de communication de ces structures avec le reste de la communaut.Lexistence de mcanismes efficaces de transmission de linformationde lAPE vers la population a t mise en vidence plusieurs reprises

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    au cours de cette recherche. Ainsi, dans le cas de Niger 3, unsystme de zonage du village a t mis en place pour mieux assurerla circulation de linformation. Chaque quartier est considr comme

    une zone et, ce titre, dispose dun dlgu charg de transmettre lesinformations aux habitants de son quartier. Ce systme permet toute la communaut dtre au courant des conclusions des runionsdans les meilleurs dlais . Par ailleurs, pour des actions urgentes,linformation est donne dans les mosques. Niger 2, le BAPE arecours aux services du crieur public, qui informe tous les habitantsdu quartier des runions et AG. Il faut noter que si de tels mcanismesde diffusion se rvlent particulirement ncessaires dans des localits

    tendues et de grande taille, ils restent utiles dans tous les cas.

    La qualit de la communication entre cole et communautrepose aussi sur des visites rgulires des membres de lAPE ou duCGE lcole. Celles-ci leur permettent de rencontrer le personnelenseignant et de senqurir de leurs besoins ainsi que des problmesauxquels ils font face. Elles tmoignent de leur intrt pour lcoleet peuvent contribuer ce que les professeurs considrent les parents

    dlves comme des partenaires. Dans le cas des coles tudies, lafrquence de ces visites ainsi que la grande disponibilit de lAPE oudu CGE ont t soulignes par la plupart des acteurs rencontrs. Parexemple, le directeur de Bnin 5 a dclar : Les membres du BAPE

    sont toujours disponibles et sarrangent pour tre l quand on a besoindeux. Quand il y a des problmes lcole, au moment des travauxchamptres ou pendant la saison des pluies, les parents ne peuvent pastre disponibles, mais eux oui. tout moment que je les sollicite, ils nemnagent pas leurs efforts. La preuve : le BAPE a t prvenu hier soirde votre visite, et ils sont l ce matin pour vous rencontrer ; ils sonttoujours disponibles quand on a besoin deux. Les propos du chef devillage rejoignent ceux du directeur : Ils font bien leur travail. Si lesmatres les appellent, nimporte quelle heure, ils sont l.

    La nature de linformation communique par lAPE ou le CGE auxdiffrents acteurs est elle aussi essentielle. Si cette structure fait preuvede transparence, la population lui fera confiance, ce qui favorisera

    le dveloppement dune relation de partenariat. La communicationdinformations relatives aux activits de lAPE ou du CGE et de lcole, leurs plans daction, en particulier leur utilisation des ressources, est

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    indispensable car cela permet le dveloppement de vritables relationsde responsabilisation entre ltablissement et la communaut.

    Ainsi, Niger 2, lors de llaboration du plan daction delcole, cest la communaut tout entire qui analyse les problmes, lesclasse par ordre de priorit et dcide de ceux qui doivent tre traits.Cest toujours au cours dune AG largie cette mme communautque le plan daction propos par le COGES est valid. La communautest informe par la mme voie de la gestion des ressources quelle amobilises pour lexcution du plan daction de lcole. Les parentsrencontrs ont dclar durant les entretiens : Nous sommes tellement

    impliqus dans les activits menes en faveur de lcole par le Bureaude lAPE quil ne peut y avoir de conflits entre nous. Un membredu bureau de COGES a prcis : Nous sommes obligs dinformerla communaut de tout ce que nous faisons et de demander sonaccord puisquil sagit dutiliser les moyens mobiliss par cette mme

    population.

    Le manque dinformation risque daboutir desincomprhensions, voire des conflits, daffaiblir la confiance en

    ces structures, et donc de nuire au partenariat entre lcole et lacommunaut. Une mre dlves hors APE de Sngal 1 a exprimle souhait dtre plus implique dans le BAPE, pour en savoirdavantage sur les fonds collects et sur leur utilisation, ainsi quesur les rentres dargent provenant dautres sources : Je les aivus lever des poules, mais je ne sais pas o va cet argent ; cestnormal quon soit informs. Elle juge ce dfaut de communicationcomme le point faible du bureau. Dautres parents de la mme

    cole ont eux aussi dplor le manque de communication entrele bureau et les autres parents. Selon eux, le fait de corriger cettesituation pourrait motiver davantage tout le monde, surtout quandon nous donne toutes les informations sur les fonds.

    La nature des activits mises en uvre par lAPE ou leCGE et la rapidit daction de ces structures jouent aussi un rledans le dveloppement dune relation de partenariat entre cole etcommunaut. Dans lensemble des tablissements tudis, ces activitscorrespondent aux besoins de lcole : elles portent par exemple surlamlioration des infrastructures scolaires, sur le recrutement et le

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    Le partenariat cole-communaut : synthse des tudes de cas

    paiement denseignants communautaires, ainsi que sur la sensibilisationaux questions ducatives. Les membres du BAPE de Sngal 1 ontindiqu : Tous les deux ou trois mois, on fait une runion pour voir

    ce qui ne marche pas lcole et on se concerte avec le directeur pourdgager les priorits et agir par rapport nos capacitsfinanciresmais on ne rpond jamais des commandes qui ne rpondent pas lintrt de lcole. De mme, le directeur de Sngal 4 a salu lesactivits du BAPE de son tablissement : Le BAPE est bien impliqu,il prend des initiatives pertinentes et des actions qui correspondentaux besoins de lcole []. Les interventions du BAPE sont toujoursattendues, parce que porteuses dinitiatives ou dides qui vont dans le

    sens du dveloppement de lcole.

    Certaines activits de lAPE ou du CGE profitent aussi danscertains cas la communaut. ce sujet, un parent hors bureau APE de

    Niger 4 a soulign : Le BAPE simplique dans des activits autres quecelles de lcole, comme la construction du centre de sant intgr.

    Plus particulirement, organiser des activits fdratrices, quiconcernent lensemble des acteurs de lcole et de la communaut et

    qui sont mises en uvre par eux, est une stratgie intressante pourdvelopper le partenariat entre lcole et la communaut. Il peut treutile de se concentrer dans un premier temps sur des activits concrtes,dont le rsultat sera visible aux yeux de tous. Cela constituera unemanifestation concrte du partenariat. Ainsi le prsident du COGESde Niger 2 a indiqu : Avant, lemplacement de cette cole, il yavait une mare qui servait de dpotoir dordures pour les habitantsdu quartier, mais grce aux efforts du BAPE, du COGES et de la

    communaut, cet endroit est aujourdhui un lieu habitable. Sngal 3, lensemble des acteurs se sont runis pour rhabiliter

    le site de lcole qui tait dans un tat de dgradation avance. Ilstaient tous motivs par lenvie de prserver cet tablissement, qui

    jouit dune excellente rputation grce ses bons rsultats scolaires.Lquipe de chercheurs a soulign juste titre ce sujet : Lamobilisation et limplication communautaires ne sont des dynamiques

    porteuses que lorsque les enjeux sont compris et partags par tous lesacteurs communautaires, qui en font la mme lecture et partagent une

    proccupation commune.

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    Les diffrentes tudes de cas ont montr que les BAPE ou les CGEinterviennent dans des domaines spcifiques, lis leur profil, tandisque dautres acteurs (directeur, enseignants ou mme des structures

    dlves, de type coopratives scolaires ) simpliquent dans desactivits diffrentes. Dans le cas de Bnin 4, il a t prcis que les

    bureaux dlves sont en relation avec le personnel enseignantpour la rsolution des problmes concernant la propret de lcole,la discipline, le travail et lassiduit. Au Sngal, les enseignantsde Sngal 3 ont insist sur la ncessit de redynamiser le BAPE. Eneffet, les professeurs taient surchargs de travail cause de la lthargiedu bureau : Il y a des blocages dus des surcharges au niveau des

    matres, car certaines tches pourraient tre gres par les parents. Un partage des tches entre les diffrents acteurs agissant au niveaude lcole, dont le BAPE ou le CGE, et donc la complmentarit deleurs interventions sont le signe dun bon partenariat et contribuent lamlioration de la qualit de lducation. En effet, une recherchercente dans certains des mmes pays conclut : Alors que les effortsdun seul individu sont facilement dpasss par les difficults, lacollaboration de tous peut faire la diffrence. Les coles qui fonctionnent

    de la manire la plus satisfaisante sont celles o il existe de bonnesrelations entre la communaut et les enseignants, et o lAPE aide lechef dtablissement et les enseignants (Lugaz et De Grauwe, 2006,

    p. 139).

    Rcemment, au Niger et au Sngal, la lgislation a prvu lacration de comits de gestion de lcole (CGE) pour compenserle fonctionnement relativement dcevant des APE. Dans lestablissements tudis, une bonne entente rgne entre le BAPE et leCGE : le BAPE est charg de sensibiliser et de mobiliser les parentsdlves, ainsi que de soutenir les activits de lcole, tandis que leCGE est un outil de planification et de gestion de lcole. Ces structureset les acteurs rencontrs semblent avoir une comprhension claire deleurs activits. Leurs relations se caractrisent mme par une certainecollaboration. Nanmoins, dans dautres contextes, leur coexistence

    pose des problmes, notamment en ce qui concerne le partage desresponsabilits (Lugaz et De Grauwe, 2006, p. 130-131). Plusieursfacteurs semblent expliquer cette situation, plutt positive, existantdans les coles tudies dans le cadre de cette recherche :

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    Le partenariat cole-communaut : synthse des tudes de cas

    lexistence de textes dfinissant les rles du CGE ; une comprhension claire et mutuelle des rles de chacun au niveau

    de lcole et de la communaut. Ceci confirme ce que Bray (2001,

    p. 33) a soulign : les acteurs peuvent collaborer efficacementsils ont une ide prcise de leur rle et sont respectueux les unsdes autres ;

    le fait que certains acteurs (comme le directeur dcole)appartiennent ces deux structures et veillent au respect de leursdomaines de comptences respectifs.

    Au Ghana, par exemple, les choses ne se passent pas de manire

    aussifl

    uide. Selon une tude de Mfum-Mensah (2003), lexistencede deux structures (laParents-Teachers Associationet les comits degestion) a cr des conflits entre elles et entre leurs membres, causedune confusion dans la dfinition de leurs rles respectifs ; de plus,elles ont hrit de jalousies et de rivalits qui existaient avant leurcration.

    Le rle cl jou par certaines personnes au sein de lcole oude la communaut

    Force est de constater partir des tudes de cas que certainespersonnes jouent un rle cl dans le dveloppement dune relation departenariat entre lcole et la communaut.

    Dans plusieurs exemples, les initiatives prises par le directeurdcole ont t soulignes. En ce qui concerne Niger 3, laccent a tmis sur la qualit et la frquence des contacts informels entretenus

    par le directeur avec les parents dlves. Celui-ci a affirm : Mes

    contacts avec les parents sont permanents, non seulement en tant quesecrtaire gnral du BAPE et du COGES, mais aussi dans le cadre desrapports sociaux, je dirai mme familiaux, que jentretiens avec toute lacommunaut. Un des parents interviews a dailleurs soulign : Ledirecteur de notre cole est tellement intgr que nous le considronscomme un des ntres. Dans le cas de Bnin 5, le directeur a incit lacommunaut simpliquer dans lamlioration du site scolaire : mon arrive, il y avait juste une classe tle. Jai pris contact avec les

    villageois qui mont aid mettre des portes et des fentres dans cetteclasse. Puis jai contact un responsable de dveloppement rural, qui

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    Renforcer le partenariat cole-communaut

    nous a offert des tables-bancs pour cette classe. Jai ensuite demand la sous-prfecture, qui a aid finir le premier btiment.

    Le dynamisme de lancienne prsidente du BAPE de lcoleSngal 3 a t soulign par lensemble des acteurs rencontrs : Lancienne prsidente, qui tait animatrice la radio en retraite, avaitrussi insuffler au bureau un rel dynamisme autour du problmevital qua connu lcole, il y a cinq ans, un dfi toute la communaut :ltat de dlabrement de lcole.

    Dans certains cas, le chef du village ou de quartier sertdintermdiaire entre lcole et la communaut. Lors de ltude de

    Sngal 1, le chef de quartier a soulign : Jai dcid daller pauler[le directeur] en rencontrant les populations afin de leur expliquer lancessit dengager le quartier dans les activits de lcole.

    Plusieurs facteurs semblent expliquer que ces individuspuissent jouer un rle crucial dans la dynamisation de la relationcole-communaut :

    leur personnalit ;

    leur foi dans le bien-fond de lcole ; leur position dans la communaut et la fonction quils occupent.

    Elles leur donnent une certaine autorit et leur permet dtrerespects par les autres membres de la communaut, ainsi quedtre rgulirement en contact avec lensemble des acteurs ;

    la faiblesse du cadre rglementaire rgissant le fonctionnementdes APE ou des CGE. Elle leur permet (en particulier au directeurdcole et au prsident de ces structures) dassumer un certain

    leadership dans la relation cole-communaut.Cependant, si ces individus jouent effectivement un rle cl dans

    la dynamisation de cette relation, cela nest pas sans danger. Sil nerepose que sur eux, le partenariat entre lcole et la communaut estfragile. Sngal 3, le dpart de lancienne prsidente de lAPE aconduit la lthargie du bureau et laffaiblissement de la relation entrelcole et la communaut. Lquipe de recherche a soulign : Toutlaisse entendre que lAPE tait la remorque de la prsidente qui en

    tait le poumon. La vitalit de lAPE tait ds lors fortement tributairede sa prsence, et sa fonctionnalit dpendante delle. La lthargie

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    Le partenariat cole-communaut : synthse des tudes de cas

    de lAPE sexplique par le dpart de la dynamique prsidente et leprofil de ses remplaants, moins actifs, moins entreprenants et moinsmobilisateurs .

    De telles situations peuvent parfois faciliter la mainmise decertains acteurs (comme le directeur dcole ou le prsident de lAPE)sur le BAPE et le CGE. Un tel leadership ne va pas dans le sens dun

    partenariat entre cole et communaut. Comme la soulign lquipede recherche du Sngal, le BAPE risque alors dtre laffaire dequelques parents, du directeur et des enseignants, mme sils sont les

    plus honntes de leur communaut .

    En effet, ce monopole risque de donner lieu certainesdrives. Sngal 2, le dficit de communication et le dirigisme du

    prsident qui exercerait un certain monopole dans le fonctionnementinterne de lAPE ont t dnoncs par les membres du BAPE. Lundes parents hors BAPE rencontrs a dclar : Le prsident fait tout,cest--dire que cest lui qui initie la plupart des activits et fait toutesles dmarches dvolues en gnral aux membres du BAPE.

    Le cas de lAfrique du Sud est instructif. la suite de la disparitiondu rgime de lapartheid, ce pays a mis en place des School Management

    Boards, qui ont un pouvoir de dcision important, notamment en ce quiconcerne les frais scolaires, le choix des langues denseignement et lerecrutement des enseignants. Les parents forment toujours une majoritdans ces structures, dont les membres sont lus de manire dmocratique.La lgislation cet gard est claire et bien respecte. En thorie, celagarantit un renforcement du pouvoir de la communaut et oblige lcole travailler en partenariat avec elle. En pratique, cependant, daprs

    plusieurs recherches (Grant Lewis et Naidoo, 2004 ; Bamberg, 2001 ;Naidoo, 2005), plusieurs problmes sont apparus dans un grand nombredtablissements. Bien que ces structures