178 LA HOUILLE BLANCHE sans compte ler s six o sepu t ... · du sol, aux a sources de la Garonn e...

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178 LA HOUILLE BLANCHE sans compter les six ou sept cents vies humaines qui ont été englouties en 1S7S et en 1897. Et c'est en surélevant indé- finiment les digues qui bastionnent Toulouse contre la Garonne que les partisans exclusifs des formules mathé- matiques ont prétendu pouvoir atténuer de nouvelles catastrophes ! Les reboisements pyrénéens n'ont jamais pu envisager d'autres objectifs que la protection immédiate de quelques centres thermaux montagneux. On ne les a jamais laissé s'élever jusqu'à de véritables conceptions d'intérêt public, les seules que doit envisager la loi de restauraiion des mon- tagnes. Peut-on nier que depuis 3o ans, depuis le jour l'hydrographie marine commença à réclamer la restauration du sol, aux a sources de la Garonne », le pasteur des Pyré- nées, « barreur )) en son genre, comme celui des Alpes,n'ait livré à la lèpre torrentielle des milliers d'hectares de taillis- troutables ? En face des moyens si restreints par lesquels « l'idée forestière » arrive parfois à pénétrer dans les milieux pastoraux ; à côté des timides avertissements qui de temps à autre marquent au Parlement les étapes désastreuses de la « lutte contre l'eau )*>, n e voit-on pas s'organiser des obstructions occultes, des résistances tacitement et puis- samment encouragées, qui font de certaines vallées, de certaines régions, des foyers irréductibles de dénudation ? Aussi paraît-il bien hasardé de vouloir assigner, comme on a prétendu le faire en France, le terme de 45 ans pour l'achèvement de l'œuvre nationale du reboisement ? Cette œuvre est de celles qui une fois entreprises n'ont plus de fin, car parallèlement à elle, mais infiniment plus vite, pro- gresse la dénudation. S'opposer à cette dernière dans les Pyrénées, si merveilleusement arrosées qu'elles se reboise- raient d'elles-mêmes si on pouvait aménager leurs res- sources pastorales, sera déjà faire œuvre utile de restaura- tion, oeuvre sociale. Des Pyrénées aux Alpes, les hydrauliciens organisent aujourd'hui la croisade de la houille blanche. Son étroite union avec celle que les navigateurs poursuivent dans l'Ouest et le Sud-Ouest de la France doit nécessairement aboutir à une révision utile des lois dites « de protection » de notre sol montagneux, qui sont aussi celles <( d e pro- duction ». Depuis longtemps déjà on s'en préoccupe. Dans le Centre, on a émis des vœux contre la progression fâcheuse des défrichements culturaux. L'exhaussement du ht de l'Isère a fait réclamer l'extension des boisements dans le haut bassin de la rivière. L'insuffisance croissante des eaux alpines dérivées dans la basse Provence, y a déterminé un courant marqué d'opinion en faveur des reboisements du haut Verdon et de la haute Durance. Les Chambres de commerce de ia basse Gascogne, de la basse Loire, se préoccupent de la réarmature forestière des régions de sources de leurs fleuves. De plus en plus les grandes agglo- mérations poussent la recherche des eaux d'alimentation dans la montagne, loin des contaminations du ruissellement. Ces revendications de « la lutte pour l'eau », remontant ainsi des estuaires aux sources de nos grands fleuves, aux origines des eaux, finiront par se grouper. S'il est inutile qu'elles cherchent la a nationalisation » des forêts et des pelouses de hauteurs pour arriver au ménagement des eaux, du moins elles doivent tendre à une stricte réglementation de leur usage, le soustraire aux abus qui les dévastent. Les voies sont indiquées. Après les avoir longtemps tracées nous-mêmes, il nous faut les chercher hors de France aujourd'hui, avec la loi fédérale suisse; en nous inspirant des sentiments de solidarité nationale analogues à ceux que le président Roosewelt sut développer si haute- ment en 1902 dans son message au Congrès des Etats-Unis* en suivant aussi le courant d'idées qui porte à diffuser renseignement des choses sylvo-pastorales dans tous les pays de montagnes. On doit user de tous les moyens, étatistes,moralisateurs; ne pas oublier que notre sol exceptionnellement riche est exceptionnellement voué aux dévastations des eaux. La situation géographique de la France qui en fait encore une région de houille blanche privilégiée, l'expose plus que tout autre pays aux désastres torrentiels : les forêts d'abord, les pelouses de hauteurs ensuite, lui donnent seules la possibilité de domestiquer ses richesses hydrauliques. L.-A. FABRE, Inspecteur des Eaux et Forêts, L E S M A R É M O T E U R S > Depuis quelque temps; on parle beaucoup de houille blanche et Ton fait sans cesse remarquer la force énorme perdue parle flux et le reflux de la mer. Les côtes de VAtlantique pourraient, en effet, fournir une force considérable et la France serait privilégiée sous ce rap- port. Mais, pour capter cette force, il n'est pas facile de se rendre compte des dépenses à faire, tant que Ton n'a pas fait les calculs préliminaires à tout projet. Le Bulletin technolo- gique de novembre dernier, parlant de la ho'uille blanche et de l'utilisation des marées, m'en fournit l'occasion. Naturellement, avec l'eau comme moteur, la turbine hydrau- lique s'impose, et la turbine centripète, dite oc américaine ï étant la moins encombrante et ce système marchant le mieux noyé, c'est sur ce genre d'appareil moteur que j'établirai les calculs. Je prends une courbe de marée quelconque et j'en divise la hauteur en trois parties égales, dont une de ces p a r t i e s for- mera la chute motrice de la turbine. (Voir le graphique ci- après). Partant de la basse mer, la mer m o n t a n t e m e t t r a d e u x heures pour établir la chute, avec un réservoir qui se serait vidé préa- lablement; pendant 3 heures ! / 8 , la t u r b i n e f o n c t i o n n e r a i t avec écoulement dans le réservoir, dont la capacité serait calculée de manière à donner une chute presque constante, c'est-à-dire que la mer et le réservoir monteraient en même temps à peu près de la même quantité ; puis, pendant une demi-heure de pleine mer, je suppose ce réservoir se remplissant jusqu'au niveau à la mer. Il faut alors attendre 2 heures 3 / 8 pour faire la c h u t e néces- saire, la mer descendant. La chute établie, pendant 4 htntti on peut faire marcher la turbine, le réservoir se v i d a n t dans la mer et son niveau utile s'arrêtant au tiers de la hauteur de^ marée, par rapport aux basses mers. A ce moment, et pendant une demi-heure, le réservoir achève de se vider s a n s tiavai utile. Il en résulte donc un travail à peu près constant de 7 heures s par marée durant environ 12 heures jI / 4 . (5) Bulletin de la Société des Anciens Elèves des Ecoles ^Arts Métiers, 5 (mai 1 go3). Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1903035

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178 L A H O U I L L E B L A N C H E

sans c o m p t e r les six ou sept cents vies h u m a i n e s qu i on t é té eng lou t i e s en 1 S 7 S et en 1 8 9 7 . E t c'est en s u r é l e v a n t i n d é ­finiment les d igues qu i b a s t i o n n e n t T o u l o u s e con t r e la G a r o n n e q u e les pa r t i s ans exclusifs des fo rmules m a t h é ­m a t i q u e s on t p r é t e n d u p o u v o i r a t t é n u e r de nouve l l e s ca t a s t rophes !

Les r e b o i s e m e n t s p y r é n é e n s n ' o n t j amais p u env i sager d ' a u t r e s objectifs que la protec t ion i m m é d i a t e de q u e l q u e s centres t h e r m a u x m o n t a g n e u x . O n ne les a j amais laissé s 'é lever j u squ ' à de vé r i t ab les c o n c e p t i o n s d ' i n t é r ê t p u b l i c , les seu les q u e doi t env i sage r la loi de r e s t au ra i ion des m o n ­t agnes . P e u t - o n n ie r q u e d e p u i s 3o a n s , d e p u i s le jour o ù l ' h y d r o g r a p h i e m a r i n e c o m m e n ç a à r éc l amer la r e s t au ra t i on d u sol , aux a sources de la G a r o n n e », le p a s t e u r des P y r é ­nées , « b a r r e u r )) en son g e n r e , c o m m e celui des A l p e s , n ' a i t l ivré à la lèpre to r ren t i e l l e des mi l l i e r s d 'hec ta res de taillis-troutables ?

E n face des m o y e n s si r e s t r e i n t s p a r lesquels « l ' idée fores t iè re » a r r i ve parfois à p é n é t r e r d a n s les mi l i eux p a s t o r a u x ; à côté des t i m i d e s a v e r t i s s e m e n t s qui de t e m p s à a u t r e m a r q u e n t au P a r l e m e n t les é t a p e s désas t r euses de la « lu t te cont re l 'eau )*>, ne v o i t - o n pas s 'o rgan i se r des o b s t r u c t i o n s occu l t e s , de s r é s i s t ances t a c i t e m e n t et p u i s ­s a m m e n t e n c o u r a g é e s , qu i font de ce r ta ines vallées, de cer ta ines r é g i o n s , des foyers i r r é d u c t i b l e s de d é n u d a t i o n ? A u s s i paraî t - i l b ien h a s a r d é de vou lo i r a s s igne r , c o m m e o n a p r é t e n d u le faire en F r a n c e , le t e r m e de 45 a n s p o u r l ' a c h è v e m e n t de l 'œuvre na t iona le du r e b o i s e m e n t ? Ce t t e œ u v r e est de celles q u i u n e fois e n t r e p r i s e s n ' on t plus de fin, car p a r a l l è l e m e n t à el le , m a i s in f in iment p lus vi te , p r o ­gresse la d é n u d a t i o n . S ' o p p o s e r à cet te d e r n i è r e dans les P y r é n é e s , si m e r v e i l l e u s e m e n t a r r o s é e s qu ' e l l e s se r ebo i se ­ra i en t d ' e l l e s -mêmes si on p o u v a i t a m é n a g e r leurs r e s ­sources pas to ra l e s , s e ra déjà faire œ u v r e uti le de r e s t au ra ­t ion , oeuvre socia le .

Des P y r é n é e s aux A l p e s , les h y d r a u l i c i e n s o rgan i sen t a u j o u r d ' h u i la c ro i sade de la houille blanche. Son é t ro i te u n i o n avec celle q u e les n a v i g a t e u r s p o u r s u i v e n t d a n s l 'Oues t et le S u d - O u e s t de la F r a n c e do i t n é c e s s a i r e m e n t a b o u t i r à une rév is ion uti le des lois di tes « de pro tec t ion » de n o t r e sol m o n t a g n e u x , qu i s o n t auss i celles <( de p r o ­duc t ion ».

D e p u i s l o n g t e m p s déjà on s'en p r é o c c u p e . Dans le C e n t r e , on a é m i s des v œ u x con t r e la p rog re s s ion fâcheuse des dé f r i chements c u l t u r a u x . L ' e x h a u s s e m e n t du ht de l ' I sè re a fait r é c l amer l 'extension des bo i semen t s dans le h a u t bassin de la r iv iè re . L ' insuff isance c ro issan te des eaux a lp ines dér ivées d a n s la basse P r o v e n c e , y a dé t e rminé un c o u r a n t m a r q u é d 'op in ion en faveur des r ebo i semen t s d u h a u t V e r d o n et de la h a u t e Durance . Les C h a m b r e s de c o m m e r c e de ia basse Gascogne , de la basse L o i r e , se p r é o c c u p e n t de la r é a r m a t u r e fores t iè re des rég ions de sources de leurs fleuves. De p l u s en p lus les g randes agglo­m é r a t i o n s p o u s s e n t la r e c h e r c h e des eaux d ' a l i m e n t a t i o n d a n s la m o n t a g n e , loin des c o n t a m i n a t i o n s du ru i s s e l l emen t . Ces r evend ica t i ons de « la lu t te p o u r l 'eau », r e m o n t a n t ainsi des es tua i res aux sources de nos g r a n d s fleuves, a u x or ig ines des eaux , finiront pa r se g r o u p e r . S'il est inu t i l e qu ' e l l e s che rchen t la a na t iona l i sa t ion » des forêts et des pe louses de h a u t e u r s p o u r a r r ive r au m é n a g e m e n t des eaux , d u m o i n s elles do iven t t e n d r e à u n e s t r ic te r ég l emen ta t i on de l eu r u sage , le s o u s t r a i r e aux a b u s qu i les dévas ten t .

Les voies son t i n d i q u é e s . A p r è s les avo i r l o n g t e m p s t racées n o u s - m ê m e s , il n o u s faut les che rche r h o r s de

F r a n c e a u j o u r d ' h u i , avec la loi fédérale s u i s s e ; en nous i n s p i r a n t des s e n t i m e n t s de so l idar i té na t i ona l e analogues à ceux q u e le p r é s i d e n t R o o s e w e l t su t d é v e l o p p e r si haute­m e n t en 1902 d ans son m e s s a g e au C o n g r è s des Etats-Unis* en su ivan t auss i le c o u r a n t d ' idées qui p o r t e à diffuser r e n s e i g n e m e n t des choses s y l v o - p a s t o r a l e s d a n s tous les pays de m o n t a g n e s .

O n do i t u se r de tous les m o y e n s , é t a t i s t e s ,mora l i s a t eu r s ; ne pas o u b l i e r q u e n o t r e sol e x c e p t i o n n e l l e m e n t riche est e x c e p t i o n n e l l e m e n t v o u é aux d é v a s t a t i o n s d e s eaux. La s i tua t ion g é o g r a p h i q u e de la F r a n c e qui en fait encore une rég ion de hou i l l e b l a n c h e p r iv i l ég iée , l ' expose plus que t o u t a u t r e pays aux d é s a s t r e s t o r r e n t i e l s : les forêts d'abord, les p e l o u s e s de h a u t e u r s e n s u i t e , lui d o n n e n t seules la poss ib i l i t é de d o m e s t i q u e r ses r ichesses h y d r a u l i q u e s .

L . - A . FABRE,

Inspecteur des Eaux et Forêts,

L E S M A R É M O T E U R S >

D e p u i s q u e l q u e t e m p s ; o n p a r l e b e a u c o u p d e h o u i l l e blanche et T o n fait s a n s c e s s e r e m a r q u e r la force é n o r m e p e r d u e parle flux et le reflux d e la m e r .

L e s cô t e s d e VAtlantique p o u r r a i e n t , en effet, fourn i r une force c o n s i d é r a b l e et la F r a n c e s e r a i t p r i v i l é g i é e sous ce rap­p o r t . M a i s , p o u r c a p t e r ce t t e f o r c e , il n ' e s t p a s facile de se r e n d r e c o m p t e d e s d é p e n s e s à f a i r e , t a n t q u e T o n n'a pas fait l e s c a l c u l s p r é l i m i n a i r e s à t o u t p r o j e t . L e Bulletin technolo­

gique d e n o v e m b r e d e r n i e r , p a r l a n t d e la h o ' u i l l e b l a n c h e et de l ' u t i l i s a t i o n d e s m a r é e s , m ' e n f o u r n i t l ' o c c a s i o n .

N a t u r e l l e m e n t , a v e c l ' eau c o m m e m o t e u r , la t u r b i n e hydrau­l i q u e s ' i m p o s e , et la t u r b i n e c e n t r i p è t e , d i t e oc américaine ï

é t a n t la m o i n s e n c o m b r a n t e et ce s y s t è m e m a r c h a n t le mieux n o y é , c ' es t s u r ce g e n r e d ' a p p a r e i l m o t e u r q u e j 'é tabl i ra i les c a l c u l s .

J e p r e n d s u n e c o u r b e de m a r é e q u e l c o n q u e et j ' e n divise la h a u t e u r en t r o i s p a r t i e s é g a l e s , d o n t u n e d e ces parties for­m e r a la c h u t e m o t r i c e d e la t u r b i n e . ( V o i r le g raph ique ci-a p r è s ) .

P a r t a n t d e la b a s s e m e r , la m e r m o n t a n t e m e t t r a deux heures p o u r é t a b l i r la c h u t e , a v e c u n r é s e r v o i r q u i se s e r a i t vidé préa­l a b l e m e n t ; p e n d a n t 3 h e u r e s ! / 8 , la t u r b i n e f o n c t i o n n e r a i t avec é c o u l e m e n t d a n s le r é s e r v o i r , d o n t la c a p a c i t é s e r a i t calculée de m a n i è r e à d o n n e r u n e c h u t e p r e s q u e c o n s t a n t e , c 'est-à-dire que la m e r et le r é s e r v o i r m o n t e r a i e n t e n m ê m e t e m p s à peu près de la m ê m e q u a n t i t é ; p u i s , p e n d a n t u n e d e m i - h e u r e de pleine m e r , je s u p p o s e ce r é s e r v o i r se r e m p l i s s a n t j u s q u ' a u niveau à la m e r .

I l fau t a l o r s a t t e n d r e 2 h e u r e s 3 / 8 p o u r fa i re la chute néces­s a i r e , la m e r d e s c e n d a n t . L a c h u t e é t a b l i e , p e n d a n t 4 htntti o n p e u t faire m a r c h e r la t u r b i n e , le r é s e r v o i r se vidant dans la m e r et s o n n i v e a u u t i l e s ' a r r ê t a n t a u t i e r s d e la hauteur de^ m a r é e , p a r r a p p o r t a u x b a s s e s m e r s . A ce m o m e n t , et pendant u n e d e m i - h e u r e , le r é s e r v o i r a c h è v e d e se v i d e r sans tiavai u t i l e .

Il e n r é s u l t e d o n c u n t r a v a i l à p e u p r è s c o n s t a n t de 7 heures s p a r m a r é e d u r a n t e n v i r o n 12 h e u r e s j I / 4 .

(5) Bulletin de la Société des Anciens Elèves des Ecoles ^Arts Métiers, n° 5 (mai 1 go3) .

Article published by SHF and available at http://www.shf-lhb.org or http://dx.doi.org/10.1051/lhb/1903035

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L A H O U I L L E B L A N C H E

qq t rava i l p e u t , en c e r t a i n e s c i r c o n s t a n c e s , n e p r é s e n t e r aucun i n c o n v é n i e n t , m a l g r é l ' h e u r e c o n s t a m m e n t c h a n g e a n t e ; mais, p o u r la p l u p a r t d e s ca s , cet é ta t de c h o s e s p o u r r a i t ê t r e très p r é j u d i c i a b l e .

On p o u r r a i t c e p e n d a n t a v o i r u n e force c o n s t a m m e n t d i s p o ­nible, mais avec l ' a d j o n c t i o n d e d e u x a u t r e s r é s e r v o i r s .

Comme c h a c u n d e ces r é s e r v o i r s d e v r a i t a v o i r s e n s i b l e m e n t la même su r face q u e le p r e m i e r d o n n a n t u n r e n d e m e n t de - heures s u r 12 h e u r e s o n v o i t q u ' i l s a u r a i e n t u n faible r e n d e m e n t (12 h . * / 4 — 7 h . Vs ' 3 = 2 h . V4 e n v i r o n ) et qu'il serait p r é f é r a b l e d ' e m p l o y e r ce* r é s e r v o n s a u m ê m e t i t r e que le p r e m i e r , i l y a u r a i t de p l u s b e a u c o u p m o i n s d e c o m p l i ­cations.

Tous ces chiffres n e s o n t é v i d e m m e n t q u ' a p p r o x i m a t i f , les marées n ' a y a n t p a s les m ê m e s a m p l i t u d e s et ces a m p l i t u d e s elles-mêmes é t an t i n f l u e n c é e s p a r les v e n t s , t e m p ê t e s , e t c .

Supposons m a i n t e n a n t u n e a m p l i t u d e d e m a r é e de 6 m . — c'est à peu p rè s la m o y e n n e s u r les cô tes de F r a n c e — la c h u t e à utiliser pa r la t u r b i n e s e r a i t d o n c de 2 m . S u p p o s o n s q u ' i l faille réa l iser u n e fo rce de 100 c h v . au r e n d e m e n t o , y 5 de la turbine, il f a u d r a i t u n d é b i t m o t e u r d e S . o o o l à la s e c o n d e , soit 18.000 m 3 à r h e u r e .

Vi h

3 V s

1<> Vidaogn totale du réscrvon EudjlhMiiienl de la chute 1 d

3f) }\mh(> de la turbine . . . 4o R e m p i i ^ i g p du réservoir 5o Eu tb l i . ^wnl de la chute G<J Manitc dp la luiiune . . . 7« V i d a n t e du réservoir . . .

COURBE

DE MA.RÉC

La marche la p l u s l o n g u e é t a n t de 4 h e u r e s , à m a r é e d e s c e n ­dante, le r é se rvo i r d e v r a a v o i r u n v o l u m e d e 18 000 X 4

~ 72.000 m 3 , s u r 4 m. d e h a u t e u r , s o i t u n e s u r f a c e d e 1 ha 80.

Le volume to ta l d u r é s e r v o i r d e v r a i t ê t r e de 18.000 X 6

— 108.000 m 3 . Il f a u d r a i t d o n c q u e Je r é s e r v o i r p u i s s e é c o u l e r *o8.ooo m 3 —72.000 = 3 6 . o o o m 3 en u n e d e m i - h e u r e p o u r se vider à la p l e i n e m e r et f o u r n i r à n o u v e a u u n m ê m e t r a v a i l à la marée s u i v a n t e , s o i t p a r s e c o n d e r o m 3 et à r a i s o n de 2 m . de vitesse m o y e n n e , 5 d e s e c t i o n d ' é c o u l e m e n t .

Le r endemen t d ' u n h e c t a r e d e r é s e r v o i r s e r a i t d o n c d e

! j g = 56 chv. p e n d a n t 7 h . i / 8 s u r 12 h . */A, s o i t ^ / s

= 32 chv. en chiffres r o n d s . ~ '* Evidemment, s'il é t a i t p o s s i b l e d ' a v o i r d e s c h u t e s d e 7 m. 5o ,

R e n d e m e n t de l ' h e c t a r e é t a n t de p l u s de 40 c h v , il y a u r a i t c e r t a i n s avantages p a l l i é s c e p e n d a n t p a r la d i f f icu l té d ' é t a b l i s ­sement et le coû t des d i e u e s .

n ne peut g u è r e fa i re , p r a t i q u e m e n t , s o u s 2 m. o u 2 m . 5o ^ c h u t e , des t u r b i n e s d e p l u s d e 100 c h v . P o u r fa i re u n e

s

A

a ation s é r i euse , i l f a u d r a i t d o n c u n é n o r m e m a t é r i e l , q u i g , e r a i t ^ o r t cher , et u t i l i s e r d e s r i v i è r e s , d e s a n s e s , e t c .

1 n ° u s p r e n o n s , p a r e x e m p l e , u n e r i v i è r e de t r è s fa ib le

d é b i t , i n f l u e n c é e p a r les m a r é e s , a y a n t à son e m b o u c h u r e 200 m . d e l a r g e u r , c ' e s t -à -d i r e q u ' u n e d i g u e d e 200 m . p u i s s e b a r r e r , il s e r a i t p o s s i b l e de m e t t r e 5o t u r b i n e s f o r m a n t 5.000 c h v , , p e n d a n t e n v i r o n 14 h e u r e s p a r j o u r n é e e n t i è r e . La r i v i è r e s e r v a n t d e r é s e r v o i r d e v r a i t , p o u r les 6 m. de m a r é e c o n s i d é r é e , a v o i r u n v o l u m e d e 5.400.000 m 3 et u n e s u i f a c e de p l u s de 90 h e c t a r e s . O r , l ' i n s t a l l a t i o n d ' u n e t u r b i n e de ce t t e fo rce , les m a ç o n n e r i e s t e r m i n é e s , v a u t 20.000 f r ancs ; il faut b i e n c o m p t e r , a u m i n i m u m , s u r 60.000 f rancs d e m a ç o n n e r i e s et a u t r e s a p p a r a u x p a r t u r b i n e , ce q u i f o r m e r a i t au to t a l u n e s o m m e de 4 m i l i t o n s p o u r c a p t e r u n e force de 5 000 c h v . , soi t 800 f r a n c s p a r c h e v a l , p o u r u n e m a i e h e de 14 h e u r e s pa r j o u r .

Si le p r i x d ' u n e i n s t a l l a t i o n faite d a n s ces c o n d i t i o n s ne p a r a î t p a s t r è s é l e v é , il est b o n d e r e m a i ejuer q u ' i l n 'y a u r a i t g u è r e d ' i n s t a l l a t i o n s , d a n s ce cas t o u t p a r t i c u l i e r , à faire et q u e n o u s s o m m e s l o i n de la c a p t a i i o n d e s m i l l i a r d s de c h e v a u x d i s p o n i b l e s ; ca r je n e s u p p o s e p a s q u e Ton fasse d e s d i g u e s de 3 o u 4 k m . en m e r p o u r u n e c a p t a i i o n g é n é r a l e .

11 faut r e m a r q u e r q u ' i l n ' e s t p a r l é q u e d e l ' e m p l o i d ' u n seu l r é s e r v o i r , l e q u e l s e r a i t c o m m u n à t o u t e s les t u r b i n e s .

Si T o n v o u l a i t a v o i r u n e m a r c h e c o n s t a n t e , ia c o m p l i c a t i o n d e s m a ç o n n e r i e s et le c o û t des d i g u e s c o m p l é m e n t a i r e s fe ra ien t u n e u t o p i e d e la q u e s t i o n d e s m a r é m o t e u r s , à m o i n s de c i r ­c o n s t a n c e s t o u t e x c e p t i o n n e l l e s q u i ne p e u v e n t g u è i e ex i s t e r . Il y a u r a i t l i e u a l o r s de r e c o u r i r à u n e c o m b i n a i s o n m é c a n i q u e , d 'affecter , p a r e x e m p l e , p l u s i e u r s de ces t u r b i n e s à a c t i o n n e r d e s p o m p e s é l e v a n t l ' eau à de g r a n d e s h a u t e u r s , p o u r s 'en s e r v i r e n s u i t e c o m m e m o t e u r de t u r b i n e s à g r a n d e v i t e s s e . L ' é t a b l i s ­s e m e n t de r é s e r v o i r s s u r les fa la i ses a i d e r a i e n t à ce t te c o m b i ­

n a i s o n .

T o u j o u r s en fa i san t d e s h y p o t h è s e s , suppo­

s o n s u n e t u r b i n e d e 100 c h v . , a c t i o n n a n t une p o m p e é l é v a t o i r e a u î e n d e m e n t de 0,80; n o u s a u r o n s 80 c h v . é l evés , l e s q u e l s , p a r l ' i n t e r m é -d i a i r . d 'une n o u v e l l e t u r b i n e au r e n d e m e n t de 0,75, n e d o n n e r o n t p l u s q u e 60 c h v . d i s p o n i ­b l e s . P o u r a v o i r u n e force c o n s t a n t e p e n d a n t les 24 h e u r e s de la j o u r n é e , i l f a u d r a i t d o n c a v o i r 23 t u r b i n e s , d o n n a n t d i r e c t e m e n t p e n d a n t 7 h e u r e s 2.3oo c h v . , et 27 t u r b i n e s d o n n a n t i n d i r e c t e m e n t p e n d a n t 5 h e u r e s , 2.268 c h v .

A v e c les p o m p e s , le r é s e r v o i r et les t u r b i n e s s u p p l é m e n t a i r e s , o n vo i t q u e le c o û t d u c h e v a l

d i s p o n i b l e constant s ' é l ève ra i t à p l u s d e 2.000 f r a n c s . C e chiffre d i s p e n s e d e t o u s c o m m e n t a i r e s ,

C e t t e é t u d e s u c c i n c t e , d a n s l a q u e l l e j ' a i l a i s sé d e cô té de g r a n d s et g r a v e s i n c o n v é n i e n t s , te ls q u e les v a r i a t i o n s de m a r é e s , l ' é v e n t u a l i t é de s t e m p ê t e s , les e n s a b l e m e n t s , e t c . , m e p o r t e à p e n s e r q u e , c e r t a i n e m e n t , b i en de m e s c o l l è g u e s se s o n t a m u s é s à fa i re ces c a l c u l s ; q u ' i l s o n t r e c o n n u p r o b a b l e ­m e n t q u e les m a r é m o t e u r s é t a i e n t u n e fict ion et q u ' i l s n ' o n t v o u l u d é c o u r a g e r p e r s o n n e .

M a i s , e n c o r e , f a l l a i t - i l a v o i r , un j o u r o u l ' a u t r e , u n a p e r ç u . Je r e g r e t t e b e a u c o u p q u ' i l n e r é p o n d e pas à u n auss i b o n r é s u l t a t q u e les a r t i c l e s , p a r u s j u s q u ' à ce j o u r c o n c e r n a n t l ' e m p l o i des m a r é e s , p o u v a i e n t fa i re e n t r e v o i r . P e u t - ê t r e m e su i s - j e l a n c é d a n s d e fausses h y p o t h è s e s o u a i - j e c o m p r i s de s m a c h i n e s n e d o n n a n t p a s les m e i l l e u r s l e n d e m e n t s ; i l faut l ' e s p é r e r . C e s e r a i t avec b e a u c o u p de p l a i s i r q u e je l i r a i s les r é f u t a t i o n s d e s i d é e s c i - d e s s u s é m i s e s , et d ' a u t r e s i d é e s n o u ­ve l l e s d o n n a n t d e m e i l l e u r s r é s u l t a t s .

THOUVENIN.