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1370 - Du 20 au 26 novembre 2020 Prix : 15 Dhs GRAND ESPOIR, PETITES RÉSERVES VACCIN COVID-19 La campagne de vaccination initiée par le Roi Mohammed VI est sur les rails. Les deux vaccins sélectionnés par le Royaume se révèlent sûrs et efficaces. Révélations et interviews exclusives sur les dessous d’une stratégie qui s’annonce payante. Dr Abdelhakim Yahyane, Directeur de la Direction de la Population au ministère de la Santé. Pr Bouchra Meddah, Directrice du Médicament et de la Pharmacie au ministère de la Santé. OPÉRATION DES FAR À GUERGARAT Le Polisario seul au monde

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1370 - Du 20 au 26 novembre 2020

Prix : 15 Dhs

GRAND ESPOIR, PETITES RÉSERVES

VACCIN COVID-19

La campagne de vaccination initiée par le RoiMohammed VI est sur les rails. Les deux vaccins sélectionnés

par le Royaume se révèlent sûrs et efficaces. Révélationset interviews exclusives sur les dessous d’une stratégie

qui s’annonce payante.

Dr Abdelhakim Yahyane,Directeur de la Direction

de la Population au ministère de la Santé.

Pr Bouchra Meddah,Directrice du Médicament et de la Pharmacie au ministère de la Santé.

OPÉRATION DES FAR À GUERGARAT

Le Polisario seul au monde

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Direct04 La cour de cassation algériennedécide de rejuger l’affaire06 Atteinte de Covid, AminatouHaïdar empêchée d’embarquer dansun avion de la RAM

Couverture08 Grand espoir, petites réserves12 Pr Bouchra Meddah :“Les deux vaccins chinois et britanno-suédois sont efficaces et sûrs”15 Les surenchères du vaccin miracle16 Dr Abdelhakim Yahyane :“La stratégie de vaccinationest en cours de validation ”18 Le vaccin chinois a été testéà grande échelle20 Entretien avec Moulay Mustapha Ennaji22 Le vaccin chinois et nous !

Dossier24 Le Polisario seul au monde26 Que peuvent vraimentles séparatistes?28 Le Polisario agresseur à Guergarat30 La fin d’une dure nostalgie ?

32 La tentation aventuriste

Economie34 Partenariat Crédit Agricole du Maroc-SONACOS36 Un amendement de la PLF 2021prévoit de défiscaliser les intérêts perçuspar les personnes physiques résidentes39 Nouvelle politique d’import-substitution

Société40 Témoignage d’une Marocaine quia perdu ses parents atteints de Covid-1942 UNICEF Maroc donnela parole aux enfants44 Maria Omnès, une dame de cœur

Culture46 Il y a un quart de siècle,Mohammed Kheir Eddine est mort

Sport47 CAN 2022 : Les Lions en bonne voiepour le Cameroun

Chronique50 L’hymne national, 50 ans de vie…Un symbole identitaire de haute valeur

SOMMAIRE

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GRAND ESPOIR, PETITES RÉSERVESVACCIN COVID-19

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Tariq Sijilmassi

Maria Omnèsrecevant un prix.

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A.A.

Afin d’accompagner la dynamique et le développement d’un secteur agricole fort et performant en Afrique francophone, i-confé-rences organise la septième édition de l’Africa Agri Forum les 9 et 10 décembre 2020 à Yaoundé. Ce forum est organisé en partenariat avec OCP Africa et avec l’appui de l’Union Africaine. «Fort du succès de ses précédentes éditions à Abidjan et Libreville et afin de témoigner de sa vocation régionale et son intérêt d’accom-pagner les ambitions des pays de l’Afrique Centrale, l’Africa Agri Forum 2020 a choisi comme destination Yaoundé pour offrir au Cameroun une plateforme B to B qui mettra sa capitale au cœur des débats visant le développe-ment de ce secteur hautement straté-gique pour la région», déclarent les organi-sateurs.

«Le vol de l’électricité coûte au Maroc près de 1,2 milliard de dirhams par an. Un projet de loi pour lutter contre ce phénomène a été déposé au Secrétariat général du gouvernement et sera bientôt adopté».

Que se passe-t-il au juste dans le système politico-judiciaire al-gérien? La cour suprême algé-

rienne a accepté, mercredi 18 novembre 2020, le pourvoi en cassation de Saïd Bouteflika, frère et ex- conseiller du président déchu Abdelaziz Boutefli-ka et de deux ex-patrons du renseigne-

ment, condamnés à 15 ans de prison pour «complot» contre l’armée et l’Etat. L’affaire sera rejugée à la suite d’un pour-voi introduit par la défense et le parquet général militaire de la cour de Blida, près d’Alger, selon la cour suprême.La cour d’appel militaire de Blida n’a pas fixé de date précise pour le nouveau procès de Saïd Bouteflika, des géné-raux Mohamed Mediène, dit Toufik, et Athmane Tartag ainsi que de la militante trotskiste Louisa Hanoune qui, elle, a recouvré la liberté. Arrêtés en mai 2019,

les quatre accusés avaient été condam-nés en septembre de la même année à 15 ans d’emprisonnement lors d’un pro-cès éclair devant le tribunal militaire de Blida, pour complot contre l’autorité de l’Etat et de l’armée. Ils étaient accusés de s’être réunis en mars 2019 pour élaborer un plan de déstabilisation du haut com-

mandement de l’armée, qui demandait alors publique-ment le départ du président Bouteflika pour sortir de la crise née du «Hirak», sou-lèvement populaire qui a contraint l’ancien chef de l’Etat à la démission en avril 2019.Les peines de Saïd Bou-teflika, de Toufik, l’ancien chef du Département du renseignement et de la sé-curité (DRS), et de son ex-bras droit Athmane Tartag, qui lui avait succédé, ont

été confirmées en appel en février 2020. Louisa Hanoune, secrétaire générale du parti des travailleurs (PT, trotskiste), avait pour sa part vu sa peine réduite de quinze ans à trois ans de prison, dont neuf mois ferme. Elle a été libérée en février 2020.La décision de la cour suprême algérienne intervient à moment où le président algé-rien, Abdelmjid Tebboune, se trouve tou-jours hospitalisé à l’étranger. Autant dire que tout le système algérien est plongé dans le chaos et l’improvisation l

La cour de cassation algériennedécide de rejuger l’affaire

Aziz Rabbah, ministre de l’énergie et des mines

Saïd Bouteflika,

Athmane Tartag et

Mohamed Mediène.

OCP AFRICA

Africa Agri Forum 2020 posera ses valises à Yaoundé

Procès de Saïd Bouteflika et des généraux Mediène et Tartag

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Denis François, 55 ans, n’est plus. Le consul général de France à Tanger se serait suicidé, ce jeu-

di 19 novembre 2020, dans sa résidence dans la ville du Détroit. On l’a retrouvé pendu chez lui dans la matinée. Pour l’heure, les circonstances de son pré-sumé suicide demeurent indéterminées. L’enquête est en cours. Il a pris ses fonc-tions le 15 septembre 2020, suite à sa nomination par décret du président fran-çais Emmanuel Macron, soit seulement un peu plus de deux mois avant cet évé-nement fâcheux. Pour rappel, il a succé-dé à ce poste à Thierry Vallat. Jusqu’à sa récente nomination, il était conseiller

au Quai d’Orsay, en poste à Paris. Il oc-cupait le poste de conseiller des affaires étrangères au ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français. Il a débuté a carrière en janvier 1995 en qualité d’attaché de l’administration centrale à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger. Pendant de lon-gues années, il a assuré la fonction de membre du conseil d’administration de la Caisse autonome de retraites complé-mentaires et de prévoyance du transport (CARCEPT) avant d’occuper plusieurs postes de responsabilité, notamment au sein du ministère de l’Europe et des Af-faires étrangères l

Un peu plus de deux mois après sa nomination, le consul généralde France à Tanger, Denis François, retrouvé pendu dans sa résidence

Drame

M. K.

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Le Sénégal appuie l’interventiondu Maroc à El Guergarat

Soutien

A.A.

Atteinte de Covid, Aminatou Haïdar empêchée d’embarquer dans un avion de la RAM

La séparatiste Aminatou Haïdar a été empêchée d’embarquer sur le vol de ce mercredi 18 novembre 2020 à destination

de Las Palmas parce qu’elle a été testée positive à la Covid-19.«Suite à la diffusion sur certains ré-seaux sociaux d’informations erronées concernant les conditions de vol d’une passagère au nom de Aminatou Haïdar, Royal Air Maroc a tenu à préciser que, conformément au protocole de l’état d’urgence sanitaire, la compagnie natio-nale a été saisie par les autorités sani-taires de Laâyoune, en vue de signaler

que la passagère en question a été testée positive à la Covid-19», ajoutant que celle-ci a dès lors été empêchée d’em-barquer sur le vol.Cette coordination entre les autorités sanitaires, les autorités locales et la compagnie nationale, vise à préserver la santé des passagers et la sécurité des vols, a souligné la même source, rappe-lant que conformément aux procédures de RAM et à celles de la quasi-totalité des compagnies aériennes, les per-sonnes positives à la Covid-19 ne peuvent logiquement accéder à un vol et risquer de contaminer la totalité des passagers l

SÉCURITÉ

Dans une position franche, le président sénégalais, Macky Sall, a salué

dans une lettre adressée à S.M. Mohammed VI le sens de la mesure et de la retenue dont le Royaume du Maroc fait preuve, en vue de maintenir la stabilité de la zone tampon de Guergarat. «Dans l’esprit de sa position traditionnelle sur ce dossier, le Sénégal réitère son soutien au Royaume du Maroc dans la défense de ses droits légitimes», écrit notamment le Président

Macky Sall. C’est probablement la première fois qu’une telle position diplomatique pro-Maroc est officiellement affichée par le Sénégal alors qu’il était connu par le passé pour adopter des positions plutôt nuancées sur le dossier du Sahara pour ne pas froisser l’Algérie. Mais la lettre envoyée au Souverain est venue marquer un changement important dans le rapprochement diplomatique qui se renforce entre les deux pays l

Un exemple à suivre. Depuis 2014, les jeunes du lycée Al Jabr, à Fès, s’activent en faveur de leur communauté.

Dans le cadre de leur club Interact Al Jabr, plusieurs actions sont menées pour venir en aide aux plus démunis et aux sans-abris à travers la distribution de paniers alimentaires ou de ftours en période de Ramadan. Des actions de nettoyage et de peinture sont également effectués au niveau des espaces verts de la ville de Fès, sans oublier leur militantisme en faveur de sujets sociétaux comme la lutte contre la violence à l’encontre des femmes. Le club Interact Al Jabr fait partie des 14.911 clubs soutenus par l’organisation Rotary au niveau de 145 pays l

Le club Interact Al Jabr de Fès sur tous les fronts

A.A.

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PAR MAROUANE KABBAJ

La course mondiale effrénée pour se procurer les vaccins justifiela vision anticipative de la stratégie de vaccination initiée par le RoiMohammed VI. Les deux vaccins sélectionnés par le Royaume se révèlent efficaces. Les résultats des essais cliniques ont été publiés dans desrevues scientifiques de renom. Des révélations inédites qui rassurentet rassérènent les Marocains. La confiance s’installe.

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Efficacité et importation des vaccins anti-Covid, lancement de la campagne nationale…

La brouille se dissipe. La confiance s’installe. Moins de flou et d’incompréhensions. Plus de clarté. Désormais, on en sait un peu plus sur le comité national scientifique ad hoc pour l’élabo-

ration de la stratégie vaccinale contre la Covid-19 dont l’objectif premier et principal est d’élaborer une stratégie de vaccination de la population marocaine et la soumettre pour approbation à la haute sphère de l’autorité du pays mais aussi d’assurer le suivi des essais cliniques.Les propositions d’une stratégie de vaccination ont été faites. Seul le Roi Mohammed, en sa qualité de chef d’Etat, aura le dernier mot sur ce qui sera mis en œuvre, en partant du principe selon lequel c’est la priorisation scientifique qui déterminera, notamment, les personnes pour lesquelles les vaccins pourraient être bénéfiques en priorité et qui courent un risque plus important, où qu’elles se trouvent, qui devraient y avoir accès. Bien en-tendu, l'opération touchera en premier lieu le personnel stratégique, ou le personnel de première ligne, en l’oc-currence, le personnel de Santé, les autorités publiques, les forces de sécurité et le personnel de l’éducation na-

tionale, ainsi que les personnes âgées et les personnes vulnérables au virus, avant de s’élargir au reste de la population. La décision reviendra au Roi, et c’est naturel, étant donné qu’il s’agit là de la santé et de la sécurité de 25 millions de Marocains. Oui, finalement, ce sont 25 mil-lions d’âmes qui sont censées recevoir le vaccin anti-Co-vid. Sont inclues les personnes atteintes du Covid-19, asymptomatiques, même si elles sont en bonne santé, beaucoup plus pour une question d’éthique, car au final, cette frange de la population peut ne pas être vaccinée, selon l’avis de grands experts scientifiques en la matière de par le monde. Ceci dit, elles conserveront leur droit à recevoir le vaccin.

Une vision anticipativeMais par quel vaccin les Marocains seront-ils vaccinés? Et quels critères, objectifs bien entendu, ont présidé au choix de tel ou tel autre vaccin? La réponse à ces deux questions capitales et vitales est apportée par la profes-seure Bouchra Meddah, directrice du Médicament et de

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la Pharmacie au ministère de la Santé (voir son interview dans ce même dossier dédié à la stratégie de vaccination natio-nale). En substance, il s’agit du vaccin chinois de Sinopharm et du vaccin britan-no-suédois d’AstraZeneca. Pourquoi ces deux-là et pas d’autres? Tout bonnement, parce qu’ils sont efficaces et sûrs. Mais pas seulement. Ils sont les plus avancés sur un plan chronologique. L’épidémie avance à grands pas. Irréductible et im-placable. Et on craint pour la santé des citoyens. C’est le souci lancinant du Roi Mohammed VI.

Essais cliniques concluantsAutre critère de poids, non moins impor-tant, voire même pesant dans la prise de décision: les conditions de stockage et de distribution comme la conservation des vaccins entre 2 et 8°C. Cette donnée est cruciale en ce sens où elle évite au Maroc des dépenses faramineuses, se chiffrant vraisemblablement à des dizaines de millions de dollars, pour s’équiper en une chaîne de froid à -60 ou -70° que néces-site la conservation d’autres vaccins, no-tamment américains. Et puis, admettons que le vaccin soit prêt en décembre 2020 ou janvier 2021. Il va falloir au minimum trois mois pour équiper 83 provinces, avec tout ce que cela induit comme grande mobilisation de ressources humaines for-mées et disponibles. Contrairement aux vaccins chinois et britanno-suédois, dont la conservation ne pose aucun problème et n’exige point un investissement en temps et en argent. «Le ministère de la Santé dispose d’une chaîne de froid ef-ficace pour la conservation des vaccins de routine avec un volume de stockage de sécurité», rassure Dr Abdelhakim Yahyane, directeur de la Direction de la

Population au ministère de la Santé (voir son interview également). Pour ce qui est des essais cliniques concluants et déterminants dans le choix des deux vaccins pour la campagne de vaccination anti-Covid, la nouvelle est ré-confortante. Les résultats des études de la première et la deuxième phases sont prometteurs et encourageants, de l’avis des deux membres du comité scientifique et technique ad hoc.Reste les résultats des essais dans leur phase III. A ce propos, ce qu’il faut rete-nir, c’est que l’essai clinique de phase III du vaccin Sinopharm est une étude randomisée en double aveugle réalisée au Maroc (sur un échantillon de 600 vo-lontaires) mais aussi dans plusieurs pays au monde entier, dont les Emirats Arabes Unis, le Bahrein, l’Egypte et l’Argentine. Ces essais, qui doivent durer en principe un an, sont au troisième mois. Mais des résultats préliminaires sont attendus d’ici fin décembre 2020.Cela coïncidera fort probablement avec le début de la campagne de vaccination au Maroc avec le vaccin chinois de Sino-pharm. L’étendue de la campagne sera fonction de l’arrivage du vaccin de Chine. Déjà, un premier avion transportant le premier arrivage fera l’aller-retour de Chine au Maroc fin novembre courant. Ce dernier sera destiné au personnel stra-tégique. Si les quantités importées sont suffisantes, cette frange de la population sera vaccinée en deux semaines. Pour le reste de la population, au cas où les doses nécessaires s’avèrent dispo-nibles en temps voulu, l’opération n’excè-dera pas un mois. Mais c’est sans comp-ter avec les premiers arrivages du vaccin d’AstraZeneca, qui seraient acheminés courant janvier 2021.

En tout état de cause, le Maroc a une ex-périence probante en matière de vaccina-tion massive. Le pays est équipé et prêt à administrer jusqu’à 500.000 doses par jour si toutefois toutes les conditions sont réunies et si tout se passe comme prévu. Informer, c’est communiquer. Et commu-niquer, c’est faire adhérer. Il est vrai que le ministère de la Santé a en partie failli à ce paradigme depuis le début de l’épi-démie, mais aujourd’hui, ce qui retarde la campagne de communication relative à la stratégie de vaccination est plus fort que le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, ou du Chef de gouvernement, Saâd Eddine El Othmani. C’est une décision souveraine qui revient au Roi Mohammed VI.

Une expérience probanteA ce stade, c’est déjà un bon signe de révéler ces informations stratégiques et susceptibles de balayer d’un revers de la main les spéculations inhérentes aux vaccins sélectionnés, leur efficacité et leur

EN SE VACCINANT ET EN FREINANT LA PROPAGATION DU NOUVEAU CORONAVIRUS,

VOIRE EN L’ÉRADIQUANT, LA RELANCE DE L’ÉCONOMIE NATIONALE SERA EFFECTIVE.

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LES DEMANDES SUR LES VACCINS SONT

PRESSANTES EN PROVENANCE DE

PLUSIEURS CONTRÉES.

innocuité. Sur ce dernier point, le vaccin chinois est actuellement en stade de fa-brication. En Chine, on l’a testé sur des Chinois. Aucun effet secondaire grave à déclarer, pour l’heure. Un problème hante, cependant, les res-ponsables marocains, comme leurs pairs de par le monde, les demandes sur les vaccins sont pressantes en provenance de plusieurs contrées. Si l’Europe a fait

son choix d’opter unanimement pour le futur et hypothétique vaccin de Sanofi (qui ne sera prêt, selon le top management des laboratoires, qu’en juin 2021), plu-sieurs pays ont commandé à Sinopharm et à AstraZeneca comme à d’autres. Heureusement que le Maroc a pris l’ini-tiative très tôt. Et c’est cette initiative, il faut en convenir, qui a suscité quelques appréhensions ci et là sur l’efficacité et la

sécurité du vaccin du moment que les es-sais cliniques ne sont pas terminés. Pour le moment, les résultats des essais sont apaisants. Fallait-il attendre la fin des essais avant de le commander ou commander celui d’AstraZeneca? C’est là toute la question. Mais, d’un point de vue de gouvernance et de santé des Ma-rocains, le Souverain, comme tout citoyen marocain, observe avec inquiétude l’évo-lution ascendante plus ou moins effrénée de la courbe des contaminations et des décès Covid. A lui seul, cet argument peut convaincre et rassurer tout Marocain et le faire adhérer à cette vision anticipative qui, finalement, comme elle a été explici-tée dans les discours royaux, priorise la santé des Marocains. Et puis, en se vacci-

nant et en freinant la propagation du nou-veau coronavirus, voire en l’éradiquant, la relance de l’économie nationale sera effective.Sans quoi, les restrictions de déplace-ments et les contrôles et la paralysie de secteurs d’activité entiers empêchera cette relance avec tout ce que cette situa-tion engendrera comme retombées éco-nomiques et sociales fâcheuses l

Signature d’un mémorandum d’entente entre le Maroc le groupe R-Pharm

pour l’acquisition d’un vaccin anti Covid-19.

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“Les deux vaccins chinois et britanno- suédois sont efficaces et sûrs ”

INTERVIEW DU PR BOUCHRA MEDDAH,Directrice du Médicament et de la Pharmacie au ministère de la Santé

Interview réalisée parMarouane KABBAJ

Faites-vous partie du comité scien-tifique et technique ad hoc? Si oui, qui sont ses autres membres et quel est son rôle dans la prise des décisions relatives, notamment, au protocole sanitaire? Il s’agit du Comité National Scien-tifique ad hoc pour l’élaboration de la stratégie vaccinale contre la Co-vid-19. Ce Comité a été créé par une décision ministérielle et a reçu un mandat du ministre de la Santé pour élaborer une stratégie de la vaccina-tion de la population marocaine. Ce comité technique et scientifique est chargé également d’assurer le suivi de l’essai clinique. Le comité tech-nique et scientifique est composé d’un ensemble d’experts éminents dans différents domaines, à savoir en santé publique, de médecins spé-cialistes et professeurs universitaires en épidémiologie, en réanimation, en pneumologie, en pédiatrie et en microbiologie-infectiologie, et des membres es qualité relevant du mi-nistère de la Santé, dont je fais partie.

Pouvez-vous d’abord expliquer les critères sur lesquels le minis-

tère de la Santé a fait le choix des deux candidats vaccins de Sino-pharm et d’AstraZeneca en en écartant d’autres?De prime abord, il est clair que plu-sieurs pays sont en course depuis des mois et se bousculent pour trou-ver, les premiers, le vaccin qui fonc-tionne. Mais, il y a aussi une prise de conscience, parmi les gouverne-ments, qu’il faut assurer l’accès au vaccin en quantité suffisante.Le Maroc a fait des efforts considé-rables et a pu signer des contrats avec deux grands laboratoires producteurs de vaccins: Un premier contrat avec le laboratoire chinois Sinopharm et un second avec le laboratoire britan-no-suédois AstraZeneca. Le choix du vaccin par le Maroc se basait sur plusieurs critères. D’abord, deux critères fondamentaux qui sont l’efficacité et la sécurité des vaccins. En effet, le vaccin doit être efficace, c’est-à-dire qu’il doit permettre une meilleure immunisation contre le virus SARS-COV 2 et ne pas présen-ter de toxicité ou d’effets indésirables graves. Il faut souligner que jusqu’à maintenant, les études cliniques ont prouvé que les deux vaccins choisis par le Maroc remplissent ces deux conditions principales.Ensuite, il y a le recul d’expérience, assez important avec la technologie utilisée pour le développement et la fabrication de ces deux vaccins. Aus-si, il existe d’autres critères de choix relatifs aux conditions de stockage et de distribution, comme la conserva-tion des vaccins entre 2 et 8°C. En

Pharmacienne spécialiste en pharmacie industrielle depuis 2007 et professeure de pharmacologie à la Faculté de médecine et de pharmacie de Rabat depuis 2009, Pr Bouchra Meddah intègre le ministère de la Santé en l’an 2000 et gravit les échelons jusqu’à occuper son poste actuel. A cette dame, bosseuse infatigable, on confère aussi une lourde responsabilité, celle d’être inspectrice assermentée du ministère de la Santé. Dans cette interview exclusive, Pr Bouchra Meddah fait des révélations inédites sur les vaccins sélectionnés par le Maroc, qui vont être la base de la campagne de vaccination programmée incessamment, et sur leur efficacité et leur innocuité.

“ LES VACCINS CHINOIS ET BRITANO-SUÉDOIS SONT LES PLUS SÛRS EN TERMES DE PROCÉDÉS DE FABRICATION.”

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la Santé, rassurés par rapport aux résultats tirés jusque-là? Comment se portent les 600 volontaires maro-cains?Les résultats des phases 1 et 2, qui sont publiés dans une des revues scienti-fiques internationales de renommée, telle JAMA pour le vaccin chinois, ont démontré que le vaccin est efficace et inoffensif. Cette efficacité est évaluée selon deux critères, l’ascension des an-ticorps neutralisants et la comparaison entre le nombre de cas Covid-19 dans les groupes placebo et vaccin. Les effets secondaires apparus chez les volontaires marocains sont tous bénins comparativement à ceux observés avec la majorité des vaccins et aucun effet indésirable grave n’a été observé. Nos volontaires se portent bien et seront sui-vis pendant une année après la fin du schéma vaccinal.

Quand prévoyez-vous de terminer la phase III des essais cliniques de Si-nopharm?Des résultats préliminaires seront dis-ponibles d’ici fin de l’année 2020, mais la phase III des essais cliniques durera une année pour évaluer le profil de sé-curité par la détection de l’apparition de nouveaux évènements indésirables.

Comment les Marocains peuvent-il avoir confiance quand vous déclarez que la production en masse du vac-cin se fera dans les prochaines se-maines alors que le délai prévu pour commencer la vaccination est très court?C’est un défi que le laboratoire phar-maceutique doit surmonter dans une telle situation d’urgence sanitaire. Une augmentation progressive du processus de fabrication a eu lieu dans la plupart des pays producteurs de vaccins. Ces derniers ont multiplié leurs sites de pro-duction afin de couvrir le marché de-mandeur.

Des rumeurs disent que le vaccin est déjà préparé et qu’il sera importé

outre, ces deux vaccins sont parmi les plus avancés chronologiquement, com-parés à d’autres vaccins, et les plus sûrs en termes de procédés de fabrication.

On dit candidat vaccin car les essais cliniques ne sont pas encore termi-nés et, par conséquent, le vaccin n’est pas encore validé. Où en sont aujourd’hui les essais du candidat vaccin de Sinopharm dans leur phase III?L’essai clinique de phase III du vaccin de

Sinopharm est une étude multicentrique randomisée en double aveugle réalisée dans plusieurs pays au monde entier, à savoir les Emirats Arabes Unis, le Bahrein, l’Egypte, la Jordanie, le Pérou et l’Argentine. Nous en sommes au 3e mois de la phase III, qui durera une an-née, avec possibilité d’avoir des résul-tats préliminaires en 2020. Les volon-taires de l’essai seront suivis pour une durée d’une année.

Etes-vous, au niveau du ministère de

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de la Chine prochainement. Qu’en dites-vous?Dans l’urgence sanitaire que le monde entier subit, les phases des essais cli-niques sont menées en parallèle, tenant compte du besoin urgent d’un vaccin qui s’impose. Par conséquent, le la-boratoire pharmaceutique a déjà lancé la production à grande échelle depuis quelques mois. Il faut noter que pour la première fois, une production en masse est démarrée avant la finalisation des essais cliniques vu la situation pandé-mique qu’on vit actuellement.

Comment à ce jour aucune informa-tion n’a été divulguée au sujet des vaccins, alors qu’en principe, la campagne de vaccination se projette dans le futur proche?Il faut rappeler que la phase III n’est pas encore finie et aucune information officielle n’est déclarée par les labora-toires pharmaceutiques. Le ministère de la Santé suit de près les actualités mondiales au sujet des vaccins et en-tretient un contact permanent avec ses partenaires. Tout ce qu’on peut com-muniquer comme information, c’est que les résultats des phases 1 et 2 sont prometteurs et encourageants en l’attente des résultats préliminaires de la phase III. D’un autre côté, chaque campagne de vaccination doit être préparée à l’avance. Pour cela, une campagne de communication a été lancée au niveau des médias pour informer l’opinion pu-blique et éviter la propagation des fake news sur les réseaux sociaux mais aussi pour rassurer les citoyens.

Concernant le candidat vaccin d’AstraZeneca, qu’en est-il des es-sais cliniques? A quelle phase se trouvent-ils? Et où se déroulent ces essais?Le vaccin candidat d’AstraZeneca est l’un des projets les plus avancés aussi, il est en phase III d’essai clinique dans plusieurs pays au monde, à savoir, le Royaume uni, les Etats unis, le Brésil, l’Afrique du Sud et le Japon… et plu-sieurs pays ont conclu des contrats pour mise sur le marché de ce vaccin, tel que les Etats unis, la Suisse, la France, l’Allemagne, l’Italie, les Pays bas et le Maroc.Il est à rappeler que les résultats des phases 1 et 2 du vaccin d’AstraZene-ca sont publiés dans une des revues scientifiques internationales de renom-mée, The Lancet. Le candidat vaccin AstraZeneca donne également des ré-sultats promoteurs. La phase III des es-sais cliniques est toujours en cours, et les résultats définitifs sont prévus d’être communiqués avant la fin de l’année.

Quand aura-t-on les résultats finaux des essais cliniques de ce vaccin? Les résultats intermédiaires seront com-muniqués fin novembre 2020, mais le suivi sera assuré jusqu’à l’année pro-chaine (octobre 2021).

Y a-t-il dans le pipe d’autres vaccins en prospection?Il existe d’autres candidats vaccins dé-veloppés aux différents pays au monde entier dont le projet est avancé comme celui de CanSino Biological Inc (Chine), Gamaleya Reasearch Institute (Russie),

Janssen Pharmaceutical Companies (Belgique), Moderna (USA) et Pfizer (USA).

Quel message pouvez-vous donner, en tant que responsable du ministère de la Santé, pour rassurer les Maro-cains sur l’innocuité des vaccins qui seront utilisés lors de la future cam-pagne de vaccination?D’une part, il faut savoir que grâce aux efforts et à la vision anticipative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le peuple marocain sera l’un des premiers au monde à avoir accès au vaccin et tout cela pour sa protection et pour lui per-mettre de retourner à sa vie normale. Surtout que la situation épidémiologique actuelle est alarmante et a engendré l’encombrement dont souffrent les ser-vices de santé dans des régions où la situation est difficile. D’autre part, du point de vue scienti-fique, le vaccin en phase III a réussi des études précliniques d’innocuité sur 5 espèces animales. Les résultats de ces essais ont démontré que le vaccin est tolérable et n’a engendré aucun effet indésirable grave. Après ces études pré-cliniques, le vaccin a fait l’objet de deux études cliniques sur l’Homme en phases I et II tout en vérifiant les différents sché-mas de vaccination et la mesure du taux de production d’anticorps. La phase III a été entamée après la réussite du vac-cin candidat aux étapes précédentes chez l’Homme sur une population de volontaires des différents pays dans le monde. Aussi, la campagne de commu-nication sera lancée pour expliquer des aspects liés à la vaccination afin que les citoyens puissent en connaitre les bases, les orientations et le mode opé-ratoire, le but étant d’assurer leur adhé-sion à cette opération et de garantir une «confiance collective» concernant la sécurité et l’efficacité du choix marocain.Et, pour conclure, nous assurons que le vaccin ne peut être administré aux citoyens qu’après avoir eu les preuves scientifiques qui montrent son efficacité et sa sécurité l

“ LE VACCIN EST TOLÉRABLE ET N’A ENGENDRÉ AUCUN EFFET INDÉSIRABLE GRAVE.”

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Les surenchères du vaccin miracleLA GUERRE DES LABOS PHARMACEUTIQUES AUTOUR DE L’EFFICACITE DES VACCINS

V isiblement dépassés par la crise sanitaire, les pays se sont lan-cés dans une course aveugle au vaccin, qui semble se dessiner

comme l’ultime espoir pour lutter contre la pandémie. En face, les laboratoires pharma-ceutiques concoctent une surenchère scienti-fique dans le but d’attirer le maximum de com-mandes. Voilà à quoi s’en tenir actuellement à l’heure où la deuxième vague du virus s’avère virulente. En une semaine, les annonces sur l’efficacité de projets de vaccin contre le Co-vid-19 se sont enchaînées à une vitesse effré-née. Cette surenchère montre que les enjeux financiers de cette course planétaire sont in-commensurables.L’alliance américano-allemande Pfizer/BioN-Tech a dégaîné la première en affirmant, le lundi 9 novembre 2020, que son vaccin était efficace à 90%, selon des résultats intermé-diaires. Deux jours plus tard, les Russes de

l’institut Gamaleïa ont renchéri de 2% (92%).Lundi 16 novembre 2020, c’est la société de biotechnologie américaine Moderna qui a assuré que l’efficacité du sien était de 94,5%. Puis, mercredi 18, le consortium Pfizer/BioN-Tech a annoncé que les résultats complets de son essai clinique étaient meilleurs encore que les intermédiaires, avec une efficacité de 95%.

Motif d’espoirMême si ces annonces successives poussent à l’optimisme et boostent les bourses mon-diales, des questions scientifiques, notam-ment en rapport avec les effets secondaires des différents candidats vaccins, restent en-core pour le moment en suspens. D’abord, on ne sait pas si ces vaccins empêchent carré-ment l’infection par le coronavirus, et donc la transmission du Covid-19, ou s’ils réduisent seulement la sévérité de la maladie.

Depuis une semaine, les laboratoires pharmaceutiques rivalisent d’annonces médiatiques autour de l’efficacité de leurs vaccins contre la Covid-19.

Mais derrière ces annonces se cache une stratégie commerciale agressive.

Aissa AMOURAG

A LA DATE DU 12 NOVEMBRE,L’ON RECENSE 48 CANDIDATS

VACCINS TESTÉS SUR L’HOMME.

Et, surtout, on ne sait pas pendant combien de temps ils protègent, car on n’a pas le recul suffisant pour le dire : l’efficacité a été calcu-lée seulement une semaine après l’injection de la deuxième et dernière dose du vaccin pour Pfizer/BioNTech, et deux semaines pour Moderna. Pfizer et Moderna sont déjà passés à l’étape de demande d’une autorisation de commercialisation à l’Agence américaine des médicaments. Début septembre 2020, l’OMS avait indiqué

ne pas s’attendre à une vaccination géné-ralisée contre le Covid-19 avant la mi-2021. Dans son dernier point, daté du 12 novembre, l’OMS recense pas moins de 212 projets de vaccins en cours. Mais seulement 48 candi-dats vaccins sont actuellement évalués dans des essais cliniques sur l’Homme à travers le monde (contre 11 à la mi-juin). Onze en sont au dernier stade, la phase 3, où l’efficacité du vaccin est mesurée à grande échelle sur des dizaines de milliers de volontaires répartis sur plusieurs continents.Parmi ces onze-là, les plus avancés sont ceux de Moderna et de Pfizer/BioNTech. Egalement en phase 3, on trouve le Spoutnik V russe, le vaccin d’AstraZeneca et de l’Uni-versité d’Oxford ou encore plusieurs projets de différents laboratoires chinois (Sinovac, Sinopharm ou CanSino). Les 37 autres en sont encore à la phase 1, qui vise avant tout à évaluer la sécurité du produit; ou à la phase 2, où on explore déjà la question de l’efficaci-té. Le premier essai clinique du vaccin contre la Covid-19 a été réalisé dans le monde le 15 mars 2020 alors que la pandémie venait de commencer en Europe et en Afrique l

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Faites-vous partie du comité scientifique ad hoc de vaccination anti-covid? Quel est son rôle dans la prise des décisions relatives à la campagne de vaccination?Oui, je fais partie du comité ad hoc scien-tifique et technique de la vaccination anti-SARS COV 2. Ce comité a un rôle important dans la préparation de la stratégie vaccinale et propose des recommandions

sur les mesures à prendre. L’une de ses missions est d’apporter à l’autorité sanitaire une expertise collective médicale et scien-tifique sur les mesures à mettre en œuvre pour l’élaboration et la mise en œuvre de la campagne.

On avance que des essais sans placebo ont été effectués sur un échantillon de

Né à Rabat en 1967, Dr Abdelhakim Yahyane est marié et père de deux enfants. Diplômé de la Faculté de médecine de Rabat, de l’ISCAE et de l’Université Paris Est Créteil (les fondamentaux de la protection sociale), l’ancien Chef de la Division de la Santé Maternelle et Infantile, ex-Délégué provincial du ministère de la Santé et membre du comité scientifique et technique de la vaccination anti-SARS COV 2, nous parle de la stratégie de vaccination tant attendue par les Marocains.

“La stratégie de vaccinationest en cours de validation ”

ENTRETIEN AVEC DR ABDELHAKIM YAHYANE,Directeur de la Direction de la Population au ministère de la Santé

600 volontaires. Est-ce vrai?Il n’y a pas d’essais cliniques sans placebo et les protocoles à suivre sont très rigou-reux. Concernant les essais cliniques relatifs aux vaccins, ils sont en double aveugle, c’est-à-dire que ni le bénéficiaire ni le médecin ne connaissent le produit ou le placebo. Toute information disant qu’il n’y a pas de placebo est non fondée et relève de la rumeur.

Quels sont les détails de la stratégie de vaccination nationale anti-Covid et de son déploiement géographiquement et en fonction des vaccins sélectionnés?Actuellement, la stratégie de vaccination est en cours de validation. Son déploiement sera basé sur la transparence et l’équité. Toutes les régions et les provinces et préfec-tures recevront les quantités de vaccins nécessaires dans les conditions optimales de conservation.

Quel est le calendrier de la campagne de vaccination? Et quelles populations re-cevront les vaccins par ordre de priorité?Les populations qui recevront les vaccins en premier sont celles soulignées dans le communiqué du Cabinet royal. Il s’agit du personnel stratégique. Ensuite, d’autres tranches d’âges seront concernées, selon la priorisation scientifique, notamment les personnes pour lesquelles ils pourraient être bénéfiques, où qu’elles se trouvent, et d’abord celles pour qui les risques sont les plus grands, devraient y avoir accès.

Comment annoncer une campagne de vaccination et échafauder une stratégie nationale alors que les essais cliniques

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“ LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ DISPOSE D’UNE CHAÎNE DE FROID EFFICACE

POUR LA CONSERVATION DES VACCINSDE ROUTINE.”

Propos recueillis par Marouane KABBAJ

sur les candidats vaccins chinois ou britannique ne sont pas encore achevés et lesdits vaccins validés?Il existe tout simplement une course effré-née mondiale pour se procurer les vaccins. Ces derniers sont dans leurs dernières phases des essais et bientôt ils seront au-torisés. Donc, il faut se préparer bien avant l’arrivée des vaccins pour en bénéficier le plus tôt possible.

Dispose-t-on à l’échelle nationale de la chaîne de froid nécessaire pour la conservation des vaccins?Le ministère de la Santé dispose d’une chaîne de froid efficace pour la conservation des vaccins de routine avec un volume de stockage de sécurité. Mais, devant l’am-pleur de cette campagne de vaccination, il y aura besoin d’un volume supplémentaire de

stockage et les services compétents du mi-nistère de la Santé font le nécessaire pour la réception des vaccins dans les conditions optimales garantissant leur qualité en mobili-sant toute la chaîne logistique existante et supplémentaire.

En Europe, il y a actuellement un débat sur l’incompatibilité du vaccin anti-Co-vid avec le vaccin anti-grippe. D’après vous, qu’en est-il alors que le ministre de la Santé a déjà lancé la campagne anti-grippe?

En général et pour les vaccins de routine, tous les vaccins inactivés peuvent être ad-ministrés sans aucun intervalle à respecter entre deux vaccins s’ils sont différents. La réponse immunitaire des vaccins inactivés n’interfère pas avec celle d’autres vaccins du même type. L’intervalle de temps importe donc peu, mais, sur un plan immunitaire, il est préférable d’espacer les vaccins. Cer-tains scientifiques proposent de respecter un intervalle de 2 à 3 semaines entre le vaccin anti-Covid et le vaccin anti-grippe l

“Un vaccin ne permettra pas à lui seul de mettre un

terme à la pandémie”. Alors que le monde entier attend, impatiemment, un vaccin sal-vateur contre la pandémie du Covid-19, que la vie reprenne son cours normal, la déclara-tion de Tedros Adhanom Ghe-breyesus, DG de l’OMS, a pris tout le monde de court. Lors de son allocution à la 147e session du Conseil exécutif de l’OMS, tenue le 16 novembre 2020, le patron de l’OMS a affirmé que «depuis le début de la pandémie, nous savions qu’un vaccin serait essentiel pour parvenir à la maîtriser.Cela étant, il faut rappeler qu’un vaccin viendra complé-

ter les autres outils dont nous disposons, sans les remplacer pour autant». Pourquoi le vaccin ne permet-tra-t-il pas à lui seul de mettre un terme à la pandémie? Se-lon les dires du DG de l’OMS, au départ, les stocks seront limités et la priorité sera donc donnée aux soignants, aux personnes âgées et aux autres populations à risque. «Cela devrait, espérons-le, entraîner une réduction du nombre de décès et permettre aux systèmes de santé de faire face à la situation. Le virus conservera néanmoins une grande marge de manœuvre», avertit Ghebreyesus. Il faudra donc poursuivre la surveillance, le dépistage,

l’isolement et les soins reste-ront nécessaires. Il faudra continuer de recher-cher les cas contact et de les mettre en quarantaine, selon l’OMS. «Il faudra encore et toujours associer la population aux mesures et chacun devra continuer de prendre ses pré-cautions. Nous avons encore un long chemin à parcourir», poursuit Ghebreyesus. De même, entre l’administra-

tion du vaccin et une réponse immunitaire, il faudra compter deux mois, nous confie Mou-lay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de Virologie de l’Université Hassan II de Casa-blanca (Voir interview page 20 et 21). Un vaccin, c’est bien, mais gare au relâchement, car nous ne serons pas, pour autant, sortis de l’auberge l

M. A. HAFIDI

Même avec un vaccin, nous neserons pas encore sortis de l’auberge

SELON LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’OMS :

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Le monde fait face à une crise sanitaire sans précédent,il a fallu donc recourir à une procédure d’urgence

pour la validation des vaccins.

Depuis l’annonce par le Ma-roc de l’achat du vaccin chinois, tout un chacun y va de sa propre analyse. Les conjectures et les spé-culations vont bon train. Il y

en a qui ont vu dans cette opération un mar-ché à bas prix, d’autres ironisant sur la qua-lité du produit chinois… Ce n’est pas l’avis du Pr Azeddine Ibrahimi, directeur du labora-toire de biotechnologie médicale à la faculté de médecine à Rabat et membre du comité scientifique et technique ad hoc. Pour lui, il faut d’abord rappeler l’approche marocaine, anticipative et participative, avec l’implica-tion et le souci royal pour les professionnels de la santé, notamment, en première ligne dans la lutte contre le virus et l’élaboration des stratégies adéquates. «L’approche ma-rocaine se basait sur deux volets: le premier est non médical et consiste à prendre toutes les dispositions pour bloquer l’évolution de la pandémie et casser la chaîne de transmis-sion du virus, à travers le confinement, qui a été total puis partiel ou par région, voire par quartier, à travers aussi les mesures d’hy-giène, gel hydro-alcoolique et l’obligation du port du masque. Ces gestes-là doivent rester de rigueur le temps qu’il faut. Le deuxième volet est médical et, là, le Maroc a été parmi les premiers pays au monde à avoir instau-ré un protocole sanitaire, qui a évolué pour arriver à la formule actuelle combinant l’anti-biotique, le zync, la vitamine C et un anticoa-gulant. Avec ce mode de combat, le Maroc a

Le vaccin chinois a été testé à grande échelle

L’APPROCHE MAROCAINE DE LUTTE CONTRE LE COVID-19 EXPLIQUÉE PAR LE PR AZEDDINE IBRAHIMI

pu limiter sensiblement le nombre de morts comparativement d’ailleurs à d’autres pays plus puissants», précise Pr Ibrahimi dans un entretien avec Maroc Hebdo. Et d’ajouter que, dans ce cadre, le Maroc a, depuis des mois, commencé les contacts avec les grands laboratoires du monde, en Europe, en Amérique et en Asie et que les scientifiques marocains, présents sur le terrain, ont multiplié les efforts pour essayer de comprendre la nature de ce virus et com-ment agir pour endiguer la pandémie. Ain-si, il a été préconisé depuis le mois d’avril que seule une vaccination de masse peut répondre à l’urgence de la situation. D’ail-leurs le comité scientifique et technique est pluridisciplinaire, ouvert aux propositions de tous les spécialistes dans le cadre d’une démarche participative et transparente, sou-ligne M. Ibrahimi

Tarifs préférentielsConcernant le choix du vaccin chinois et pas un autre, M. Ibrahimi explique que «ce vaccin a montré son efficacité, il est déjà uti-lisé en Chine et aux Emirats arabes unis et plusieurs pays ont commandé des millions de doses. Ensuite, c’est un vaccin qui peut être stocké entre 2 et 8°, contrairement à celui de Pfizer, qui doit être stocké à -80°. Donc, sur le plan de la chaîne de froid, le vaccin chinois est le plus adéquat. Enfin, et c’est important à souligner, l’accord entre le Maroc et la Chine porte aussi sur le transfert de technologie. Nous allons pouvoir produire

au sein de la Cité technologique de Tanger ce vaccin, qui est basé sur la technique du virus inactivé et non pas atténué.» Le professeur à la faculté de médecine pré-cise également que le vaccin chinois a fait l’objet de plusieurs études publiées dans des magazines scientifiques de renom. Quant à son prix, le Maroc table sur des tarifs préfé-rentiels, précise M. Ibrahimi, sachant que la commande porte sur des millions de doses. Ceci sans oublier que le Maroc diversifie son approvisionnement en vaccins, pas unique-ment chinois. L’achat de plusieurs millions de doses du vaccin d’AstraZeneca, qui est développé par une autre technologie, est en cours.Il faut dire qu’actuellement que les deux vaccins sont à la dernière phase des tests, la phase trois, et leurs producteurs ont déjà des commandes. Sauf pour Pfizer et Mo-derna, dont toute la production est vendue d’avance dans le cadre de l’approche parti-cipative adoptée par les USA pour mettre au point le vaccin anti-Covid. Tous les vaccins attendent l’autorisation de mise sur le mar-ché.A la question de savoir qui donne cette autorisation, un organisme international comme l’OMS ou chaque pays a sa propre

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Noureddine JOUHARI

réglementation, M. Ibrahimi lève toute ambi-guïté en disant que «l’OMS assure un suivi puisqu’il s’agit d’une pandémie internatio-nale, mais ne donne pas d’autorisation de mise sur le marché. L’Union européenne a son agence des médicaments qui autorise la mise sur le marché des produits phar-maceutiques. Les USA ont leur puissante agence des médicaments. Au Maroc, nous avons une direction au niveau du ministère de la santé qui seule est habilitée à donner le feu vert ou pas». Mais, ajoute-t-il, les pa-ramètres sont universels: pour qu’un vaccin soit autorisé à la vente sur le marché, il faut

qu’il réponde à trois critères que sont l’inno-cuité, l’efficacité et un mode de fabrication répondant aux normes.

Feu vertReste la question que tous les spécialistes se posent, à savoir la durée de l’immunité acquise. Le monde fait face à une crise sanitaire sans précédent, il a fallu donc re-courir à une procédure d’urgence pour la validation des vaccins. Il faut attendre un an avant de pouvoir se prononcer sur la durée de l’immunité acquise par les patients ayant été traités par ces vaccins. A partir de là, les

scientifiques peuvent apporter des amélio-rations aux vaccins si toutefois cela s’avère nécessaire.Quant à ce que l’on appelle les médica-ments d’immunothérapie comme moyen de mettre fin au virus, M. Ibrahimi est ca-tégorique: «Valeur aujourd’hui, il n’y a pas de médicaments d’immunothérapie. Deux laboratoires américains ont sorti des échan-tillons à base d’anticorps de synthèse. L’un d’eux, le laboratoire Eli Lilly dispose d’une autorisation provisoire aux USA, alors que celui de la société Regeneron a été d’ail-leurs utilisé par Donald Trump avec une «compassionate authorization». Mais il n’y a pas de production à l’échelle commerciale. En plus de cela, le coût d’un traitement pa-reil est extrêmement cher. Si cette technique était abordable, pourquoi alors tout le monde cherche le vaccin?»M. Ibrahimi insiste sur l’engagement citoyen en ce sens que pour permettre de combattre efficacement la pandémie, un préalable s’impose: le respect des mesures sanitaires dictées par les pouvoirs publics. Tout relâ-chement peut conduire à une situation non maitrisable, avertit-il l

Pr Azeddine Ibrahimi, directeur du laboratoire de biotechnolo-gie médicale à la faculté de médecine de Rabat.

IL FAUT ATTENDRE UN AN AVANT DE POUVOIR SE PRONONCER SUR LA DURÉE DE L’IMMUNITÉ

ACQUISE PAR LES PATIENTS AYANT ÉTÉ

TRAITÉS PAR CES VACCINS.

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Les Marocains se posent beaucoup de questions concernant les vaccins, leur efficacité et le choix par le Maroc du vaccin chinois. Est-ce le bon choix, selon vous? Permettez-moi tout d’abord de planter le décor. Actuellement, le Covid-19 se pro-page au Maroc à une grande vitesse, le facteur R avoisine désormais 1,22, c’est grave. Si on ne fait pas attention, la si-tuation risque d’être très dangereuse. Il existe deux solutions, la première est la protection grâce aux mesures barrières, la deuxième, la plus efficace, est la vac-cination. Si on atteint un taux d’immunité de 80% de la société marocaine, on sera épargnés par ce danger. La course au

“Se faire vaccinerne veut pas dire êtreimmédiatement immunisé”

Comment avancent les essais cliniques? Comment se déroulera la campagne de vaccination? Quelle est la différence entre les vaccins chinois et britannique et pourquoi la vaccination n’est-elle pas suffisante pour mettre fin à la pandémie? Le point avec Moulay Mustapha Ennaji, directeur du laboratoire de Virologie de l’Université Hassan II de Casablanca.

ENTRETIEN AVEC MOULAY MUSTAPHA ENNAJI,directeur du laboratoire de Virologie de l’Université Hassan II de Casablanca

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Propos recueillis par Mohamed Amine HAFIDI

le nécessaire pour les personnes défavo-risés, même si le prix ne va pas être cher.

Le Maroc acheminera par voie aérienne les premières doses de vaccins à par-tir de décembre. Quand est-ce qu’on pourra passer à la phase production? Est-ce qu’on dispose des moyens hu-mains et technologiques pour le faire? Le Maroc compte effectivement produire le vaccin grâce à un transfert de technolo-gie, mais on va y aller doucement car ça va être une première pour le Maroc. So-thema pourrait s’occuper de la phase pro-duction du vaccin Sinopharm, puisque le laboratoire marocain a déjà conclu un ac-cord avec le chinois pour gérer les essais cliniques au Maroc. Je pense que nous serons capables de relever ce challenge, car nous disposons, surtout, des moyens humains. Même si on n’a jamais produit de vaccins pour les humains, nous comp-

vaccin est à son apogée actuellement. Au début, ils étaient 200 laboratoire à travers le monde à annoncer leur travaux de re-cherche pour le développement d’un vac-cin. A l’heure où je vous parle, 15 vaccins ont atteint leur étape finale et 5 sont en phase de production. Parmi ces 5 vac-cins, figure celui du chinois Sinopharm, avec lequel le Maroc a signé un accord.

Certains se demandent si le Maroc a fait le bon choix en optant pour le vac-cin chinois pour la première étape de la campagne de vaccination. Que leur répondez-vous?Je leur dirais tout simplement que la Chine dispose d’un très grande expertise avérée dans le domaine des vaccins. Elle dispose d’un histoire riche en réussites et en exploits. Certains ne le savent pas, mais figurez-vous que de grands labo-ratoires tels que AstraZeneca, Pfizer ou encore Moderna, qui développent actuel-lement des vaccins anti-Covid, disposent de partenariats avec les Chinois pour la production de leurs vaccins.

Un flou caractérise la campagne de vaccination au Maroc. Comment va-t-elle se dérouler?La campagne de vaccination va commen-cer le 1er décembre 2020 et devra durer trois mois. Elle sera répartie en quatre étapes, chacune ciblant un groupe en fonction de sa vulnérabilité et le risque d’exposition au virus. La cadence de vac-cination sera de 200.000 personnes par jour au niveau urbain et rural. Toutes les infrastructures disponibles seront mises à l’oeuvre, comme les hôpitaux communau-taires, les CHU, les universités, en plus d’unités mobiles.Le premier groupe ciblé par la campagne sera constitué par ce qu’on appelle les «Frontliners», à savoir les médecins, les infirmiers, les forces de l’ordre et le corps enseignant, ensuite ça sera au tour des personnes âgées de 65 et plus. Les en-fants de moins de 18 ans ne sont pas concernés par la vaccination. Pour le mois de décembre, ce sont 5 millions de doses du vaccin Sinopharm qui seront concer-

nées par la campagne. Ensuite, à partir du 1er janvier, commencera la vaccination de 24 millions de Marocains par le vaccin d’AstraZeneca, et/ou d’autres vaccins.

Quelle est la différence entre le vaccin de Sinopharm et celui d’AstraZeneca?Le vaccin du chinois Sinopharm est de type «old fashion» qui ne présente pas de problématique et qui donne une immunité sûre. Pour le britannique AstraZeneca, il a développé ce qu’on appelle les vaccins nouveaux, qui sont basés sur une nouvelle technologie. Le laboratoire travaille aussi sur un autre vaccin de type «old fashion» comme celui de Sinopharm. On peut l’ac-quérir également. Vous savez, ce qui est important à mes yeux, c’est l’efficacité du vaccin et les deux laboratoires ont prouvé l’efficacité de leurs vaccins. Maintenant, le Maroc ne va pas se contenter, à mon sens, de ces deux laboratoires. Il y aura

plusieurs autres offres de laboratoires qui ont avancé dans leurs processus de développement. Des laboratoires basés en France, Italie, Inde, Corée du sud, les Etats-Unis et même Israël.

Comment avancent actuellement les essais cliniques de Sinopharm au Ma-roc? Les essais cliniques auprès des 600 vo-lontaires ont été clôturés avec succès.

Le vaccin sera-t-il gratuit? Obligatoire? Je ne pense pas que le vaccin sera obliga-toire. Mais l’objectif est d’assurer une im-munité collective à hauteur de 80%. Pour ce qui est de la gratuité, je ne dispose pas d’informations mais je ne pense pas que le prix sera une barrière ou contrainte à une vaccination. Je pense que l’Etat fera

tons déjà deux laboratoires qui produisent des vaccins destinés aux animaux, Bio-pharma, à Rabat, et MCI, à Mohammedia.

Le directeur général de l’OMS a alerté sur la nécessité de maintenir les me-sures barrières et que le vaccin, seul, ne mettra pas fin à la pandémie…Il a raison. Ce que beaucoup ne savent pas, c’est que dès l’administration du vaccin anti-Covid, il faudra compter deux mois pour que notre corps y réponde et produise l’immunité nécessaire pour faire face au Covid-19. En attendant cette ré-ponse immunitaire, il faut continuer à adopter les mesures barrières. Il faut faire attention, se faire vacciner ne veut pas dire être immédiatement immunisé l

“ L’OBJECTIF EST D’ASSURER UNE IMMUNITÉ COLLECTIVE À HAUTEUR DE 80% DE LA POPULATION MAROCAINE. ”

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PAR ANASS DOUKKALI *

LE VACCIN CHINOIS ET NOUS !

E n annonçant le lancement im-minent d’une opération mas-sive de vaccination contre le coronavirus, pendant que les essais cliniques sur un vaccin

chinois sont en cours d’achèvement au ni-veau de structures hospitalo-universitaires de Rabat et Casablanca, le Maroc revient en force sur la scène internationale. Si le Maroc est l’un des premiers pays à mettre en place une stratégie de vaccination, c’est qu’il a fait le bon choix de se tourner dès le début de la pandémie vers la Chine, dont le soutien aux efforts du Royaume dans sa lutte anti-Covid-19 n’a jamais failli. Un soutien qualifié de précieux, efficace et généreux par le Maroc, qui rappelons-le, avait tenu à exprimer sa solidarité avec la Chine en envoyant des équipements médi-caux dont ce pays avait besoin au début de l’épidémie. Des faits qui confirment l’adage chinois qui dit: «celui qui donne une goutte d’eau recevra l’eau de source». Plus encore, ce soutien de nos amis chinois s’inscrit dans un cadre de partena-riat bilatéral plus large et de haut niveau dans la lutte contre le Covid-19. Un par-tenariat sincère et pragmatique porté par les deux chefs d’État, qui ont convenu le 31 août dernier du lancement au Maroc de la troisième phase des essais cliniques du vaccin, et de promouvoir la coopération pour son développement et sa production localement, dans le cadre de l’accord sani-taire signé auparavant entre les deux pays. Le Maroc pourra ainsi assurer sa propre fourniture en vaccin, et par la même occa-sion celle d’autres pays, particulièrement en Afrique. Considéré comme l’un des plus avancés chronologiquement et le plus sûr en termes d’essais, de preuves d’efficacité et de pro-

cédés de fabrication que tous les autres vaccins actuellement en préparation sur le marché, le vaccin chinois contre le Co-vid-19 devrait commencer à arriver chez nous avant la fin de l’année. Dix millions de doses devraient ainsi être livrées au Royaume et administrées en deux doses de 21 jours d’intervalle aux populations prioritaires, constituées de personnel de première ligne, de personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques, avant l’élargissement au reste de la population.En attendant une évaluation objective et scientifique sur la base des résultats pré-liminaires des essais cliniques de phase 3 qui seront publiés très prochainement, la confiance et l’optimisme à l’égard de la sé-

curité et de l’efficacité du vaccin règnent au sein de nos experts. Cette phase qui s’est déroulée au Maroc et dans bien d’autres pays de la zone Mena et de l’Amérique la-tine ayant fait confiance à ce vaccin, vise à étudier l’immunogénicité, qui correspond à l’augmentation des anticorps neutralisants après l’injection des deux doses de vaccin. Menés sur de larges et diveres popula-tions de personnes (plus de 50.000 pour ce vaccin), ces essais multicentriques, ré-alisés dans de nombreux centres d’études et hôpitaux, permettent de comparer l’effi-cacité du vaccin face à un placebo. Ni le

participant, ni l’équipe médicale ne savent quel produit reçoit chacun des participants (essai en double aveugle), ce qui permet d’écarter tout préjugé ou jugement faussé sur son efficacité ou ses effets indésirables, qui sont évalués dans les phases 1 et 2.Concernant les essais de phases 1 et 2 du vaccin chinois, les analyses des résultats ont été publiés dans des revues scienti-fiques. La première phase permet de cer-ner la toxicité du vaccin à travers l’évalua-tion de la sécurité d’emploi, son seuil de tolérance ainsi que les effets indésirables. Elle permet aussi de définir la dose et la fréquence d’administration qui seront re-commandées pour les phases suivantes. Pour la phase 2, le but est de démontrer l’efficacité du vaccin et définir la dose opti-male par rapport à celle recommandée.Il est important de noter que le vaccin chinois est développé selon un procédé classique et connu n’utilisant pas des tech-nologies innovantes, ce qui le rend plus sûr. Il s’agit en effet d’un vaccin inactivé qui utilise un virus «tué», ne se répliquant pas dans les cellules humaines, d’où la néces-sité d’administrer une deuxième dose pour maximiser la réponse immunitaire.En faisant le choix de se tourner d’abord vers son nouveau partenaire stratégique que représente la Chine, le Maroc a vou-lu se soustraire aux conséquences de la bataille acharnée que se livrent les grands laboratoires mondiaux, dans une compé-tition planétaire où les enjeux financiers sont énormes. En misant par contre sur ce Laboratoire chinois, il est en train de réus-sir plusieurs batailles, celles du temps, de l’approvisionnement, du financement, du transfert technologique et de la souverai-neté pharmaceutique l

COVID 19

LE MAROC POURRA ASSURER SA PROPRE

FOURNITURE EN VACCIN ET, PAR LA MÊME OCCASION,

CELLE DE PAYS AFRICAINS.

(*) Universitaire, Ancien ministre.

Le Maroc a fait le bon choix de se tourner dès le débutde la pandémie vers la Chine, dont le soutien aux effortsdu Royaume dans sa lutte anti-Covid-19 n’a jamais failli.

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Comme l’avait pertinemment relevé le roi Mohammed VIdans son dernier discours de la Marche verte, la partie séparatistese trouve actuellement dans un “scénario typiqued’une fuite en avant”.

Cela faisait plus de quatre ans que le Maroc menaçait d’intervenir à Guergarat contre le Front Polisario, qui à maintes reprises pendant ce laps de temps

avait déployé ses miliciens dans cette zone située à la frontière entre le Royaume et la Mauritanie et cherché à y entraver la circulation des biens et des personnes. À cet égard, le roi Mohammed VI, dans son dernier discours de la Marche verte du 7 novembre 2020, avertissait que si “le Ma-roc, fidèle à lui-même, ne se départira pas du bon sens et de la sagesse dont il a cou-tume”, il n’en restait pas moins que “c’est avec la dernière vigueur et la plus grande fermeté qu’il s’opposera aux abus cher-chant à porter atteinte à la sécurité et à la stabilité de ses provinces du Sud”, alors que le mouvement séparatiste venait en-core, depuis le 21 octobre, de revenir à la charge en procédant, cette fois, carrément à la mise en place d’un bouclier humain constitué d’une soixantaine de personnes.

Une solution diplomatiqueDe fait, il ne fallait pas s’étonner de l’an-nonce faite dans la matinée du 13 no-vembre par l’état-major général des Forces armées royales (FAR), via un com-muniqué, de “la mise en place” pendant la nuit “d’un cordon de sécurité en vue de sé-curiser le flux des biens et des personnes à travers la zone tampon de Guergarat”.

“Cette opération non offensive et sans aucune intention belliqueuse se déroule selon des règles d’engagement claires, prescrivant d’éviter tout contact avec des personnes civiles et de ne recourir à l’usage des armes qu’en cas de légitime défense,” soulignait l’état-major général des FAR. Plus tard dans la journée, ce dernier don-

nait, dans un deuxième communiqué, plus de détails en indiquant qu’“au cours de [l’]opération, la milice armée du Polisario a ouvert le feu sur les FAR qui ont pour leur part riposté et obligé les miliciens à prendre la fuite” et qu’en outre ces mêmes miliciens “ont volontairement incendié le camp de tentes qu’ils avaient érigé et pris la fuite à bord de jeeps et de camions vers l’Est et vers le Sud, sous les yeux des ob-servateurs de la Minurso”, la mission de paix des Nations unies au Sahara maro-cain. Pour sa part, le ministère des Affaires étrangères, également dans un communi-qué, se félicitait de ce que l’opération des FAR “s’est déroulée de manière pacifique, sans accrochage ni menace pour la sécu-rité des civils” et rappelait, surtout, que le Maroc avait au préalable privilégié “une solution diplomatique à travers les bons offices des Nations unies” à laquelle le Polisario est cependant resté insensible puisqu’il “a poursuivi ses actes de provoca-tion et d’intrusions illégales”. “Le Polisario (...) assume, seul, l’entière responsabilité

Le Polisario seulau monde

OPÉRATION DES FAR À GUERGARAT

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cessez-le-feu” qu’elle considère comme “graves”, n’a pas vraiment pris et fait et cause pour le Polisario. Au contraire, le communiqué de son mi-nistère des Affaires étrangères “appelle” ce qu’il considère comme étant “les deux parties”, à savoir le Maroc et le Polisario, “à faire preuve d’un sens de responsabilité et de retenue, et au respect, dans son inté-gralité, de l’accord militaire n°1” encadrant le cessez-le-feu du 6 septembre 1991.

Responsabilité et retenueCe qui revient, de fait, de la part d’Alger à prendre officiellement ses distances avec toute velléité de la part du mouvement sé-paratiste de ne plus se plier au dit accord. Car dès le lendemain de l’opération des FAR, le soi-disant “ministre” des Affaires étrangères de la soi-disant “République arabe sahraouie démocratique” (RASD), au nom de laquelle le Polisario revendique la partie du Sahara marocain ancienne-ment colonisée par l’Espagne, Mohamed Salem Ould Salek, déclarait dans des pro-pos relayés par l’Agence France-Presse (AFP) que le cessez-le-feu “appartient au passé”. En même temps, la soi-disant “Armée populaire de libération sahraouie” (APLS), qui représente en fait les milices du Polisario, effectuait à Mahbes, au ni-veau du mur de défense marocain, des tirs de harcèlement, auxquels les FAR ont riposté “avec fermeté, occasionnant la destruction d’un engin porte-armes” se-lon les informations de la page Facebook FAR-Maroc. Le 9 novembre déjà, le soi-di-sant “gouvernement sahraoui”, et après qu’il eut accusé les forces marocaines de déguiser des groupes avec des habits ci-vils dans le but de les introduire à Guerga-rat, estimait que “l’entrée de tout élément militaire, sécuritaire ou civil marocain (...)

sera considérée comme une agression flagrante”; ce qui est un comble sachant qu’en soi, la présence du Polisario dans la zone, qu’il qualifie lui-même de “zone tam-pon” (un lapsus?), rompt l’accord militaire nº1. Désormais, le mouvement séparatiste s’en trouve à saisir le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour “intervenir d’urgence”, comme le met en exergue une lettre signée de la main de son secrétaire général Brahim Ghali, sa-chant que c’est ce que M. Guterres a jus-tement plus de trois semaines durant tenté de faire, sans succès toutefois. M. Guterres s’est d’ailleurs vu remercier, au cours de l’appel téléphonique qu’ils ont eus ce 16 novembre, par le roi Mohammed VI pour ses “tentatives louables”. Pour l’anecdote, le Polisario a présenté, ce 17 novembre, cet appel et ainsi que l’attachement qu’y a exprimé le Souverain au cessez-le-feu à un signe de “confusion” de l’État maro-cain “suite aux frappes incessantes des combattants de l’ALPS”, mais personne n’est dupe: le mouvement séparatiste est incapable aujourd’hui de soutenir une guerre contre le Maroc, contrairement par exemple à l’époque des années 1970 et 1980 où ses techniques de guérilla pou-vaient lui permettre encore, par à-coups, de faire mouche. En se faisant l’écho, le 16 octobre sur Ra-dio Alger, de l’intention des dirigeants poli-sariens de signer des “accords de défense mutuels” avec des “pays” et “peuples amis”, M. Ould Salek reconnaissait d’ailleurs cet état de fait, car pourquoi des accords si, comme il l’assure, le Polisario est à lui seul capable d’occasionner aux FAR “des dégâts humains et matériels”? En fait, il faudrait que l’Algérie puisse intervenir pour parler véritablement d’un conflit, et cela deux éléments pouvaient le laisser penser

LE CHEF D’ÉTAT-MAJOR DE L’ARMÉE ALGÉRIENNE N’EST AUTRE QUE SAÏD

CHENGRIHA, QUI APPELAIT LES MILICES SÉPARATISTES À ATTAQUER LE MAROC.

et les pleines conséquences,” prévenait le même département dans un autre commu-niqué. De partout, les soutiens ont plu en-vers le Maroc, notamment au niveau arabe où l’on a vu la moitié des États de la Ligue arabe (les six pays du Golfe que sont l’Ara-bie saoudite, Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar, en plus des Comores, de Djibouti, de la Jordanie, du Yémen et de la Somalie) apporter un appui affirmé au Royaume. Au plan afri-cain, des pays comme le Gabon, la Guinée équatoriale, la République centrafricaine ou encore Sao Tomé-et-Principe ont éga-lement salué l’opération des FAR. Globale-ment, il n’y a que la Namibie qui s’est ins-crite en faux contre le Maroc, elle dont les dirigeants continuent malheureusement de mélanger la lutte du peuple namibien pour son indépendance du régime colo-nial sud-africain et le différend d’essence purement régionale entre le Royaume et l’Algérie autour du Sahara marocain. La voisine de l’Est elle-même d’ailleurs, si elle “déplore vivement les (...) violations du

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il y a quelques semaines encore: d’abord, le récent changement de Constitution, qui autorise enfin l’armée nationale populaire (ANP) algérienne à opérer à l’étranger, même si c’est un secret de polichinelle que cette dernière était directement intervenue au Sahara marocain pour appuyer le Po-lisario dans les deux batailles d’Amgala de janvier et février 1976 et qu’elle n’avait donc pas attendu la nouvelle loi fondamen-tale pour renoncer à sa soi-disant doctrine; ensuite, le fait que l’actuel chef d’état-ma-jor de l’ANP ne soit autre que Saïd Chen-griha, dont tout le monde se rappelle les déclarations polémiques révélées en mars 2016 par Médi1 TV, à l’époque où il n’était encore que commandant de la troisième région militaire algérienne, appelant les milices séparatistes à attaquer le Maroc. Mais la réaction de la communauté inter-nationale suite à l’opération des FAR à Guergarat doit désormais refroidir la junte algérienne, qui ne voudra sans doute pas se retrouver davantage isolée qu’elle ne l’est déjà.

Sentiment de frustrationDe fait, et comme l’avait pertinemment re-levé le roi Mohammed VI dans son dernier discours de la Marche verte, le Polisario se trouve actuellement dans un “scéna-rio typique d’une fuite en avant”. On peut même, tout simplement, parler de frustra-tion, car même la guerre juridique initiée au cours de la dernière décennie n’a pas porté ses fruits, alors que le Polisario pensait par exemple exclure le Sahara marocain de l’accord de février 2012 avec l’Union eu-ropéenne (UE) sur les mesures de libérali-sation réciproques en matière de produits agricoles et de produits de la pêche, ou encore entraver l’exportation du phosphate saharien au prétexte que ses revenus ne profiteraient pas à la population du Saha-ra marocain -ce qui est faux car ceux-ci sont intégralement réinvestis par le groupe OCP dans la région. À l’international, ils ne sont désormais plus que 29 pays à conti-nuer de reconnaître la soi-disant “RASD”, et on a même vu ce 14 novembre le Guya-na de Cheddi Jagan et Walter Rodney, qui fut un bastion du séparatisme sahraoui à

l’époque de la guerre froide, couper tout lien avec l’entité polisarienne. De nombreux pays ont même commen-cé, à partir de décembre 2019, à inaugu-rer des consulats au Sahara marocain en signe de reconnaissance de la souveraine-té du Royaume sur la région, et si Alger, au départ, évoquait une “mesure d’une gravité exceptionnelle” quand les Comores ouvraient le bal, elle s’est bien gardée toutefois par la suite de réagir surtout que désormais un pays aussi puissant que les Émirats est également entré dans la danse. Le ministre des Affaires étrangères algérien, Sabri Boukadoum, ne semblait, ainsi, pas crédible quand il déclarait le 1er novembre, en marge du référendum constitutionnel, que “nous n’avons peur de personne”. Dans des indiscrétions publiées en avril 2019 dans le média électronique pa-narabe Rai Al-Youm, l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a sans doute, in fine, le plus parfaitement synthétisé le sentiment prégnant au sein des grands chancelleries en confiant que celles-ci “ne veulent pas de l’établissement d’un État séparant la Mauritanie et le Ma-roc géographiquement”, lui qui ne fut pour-tant pas pendant son mandat un grand ami du Maroc, mais bien le contraire: il avait nommément cité les États-Unis et l’Eu-rope, ce qui devait sans doute se baser sur des échanges qu’il a eus avec leurs responsables. Il est, pour ainsi dire, plus que temps pour que le Polisario et l’Algérie reviennent à la raison. Dans son discours de la Marche verte du 6 novembre 2018, le roi Moham-med VI avait proposé la création d’un mé-canisme politique conjoint de dialogue et de concertation avec la voisine de l’Est, et même si bien sûr cela n’est pas évident de changer de fusil d’épaule après plus de quarante-cinq ans à tenir un certain dis-cours hostile à l’intégrité territoriale du Ma-roc, il en va de l’avenir du Grand Maghreb et de la sécurité et de la prospérité de ses peuples. Aux uns de savoir de quel côté de l’Histoire ils souhaitent se ranger l

Wissam EL BOUZDAINI

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Les milices polisariennesne boxent absolument pasdans la même catégorie queles Forces armées royales,et c’est en fait insultant pources dernières de les comparerà une simple bandede coupeurs de route.

Que peuvent vraiment les séparatistes?LE POLISARIO ROMPT LE CESSEZ-LE-FEU

Le roi Mohammed VI a été clair et net à ce sujet au cours de l’appel téléphonique qu’il a eu le lundi 16 novembre 2020

avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres: l’interven-tion des Forces armées royales (FAR) dans la zone de Guergarat, à la fron-tière maroco-mauritanienne, ne revient pas de la part de la partie marocaine à renoncer à l’accord de cessez-le-feu signé sous égide onusienne avec le Front Polisario en septembre 1991. “[Le Souverain] a réaffirmé à M. Gu-terres l’attachement constant du Maroc au cessez-le-feu,” a révélé le Cabinet royal dans un communiqué publié dans la foulée dudit appel téléphonique. Sauf que le Polisario, donc, ne semble pas vouloir l’entendre de la même oreille. Son secrétaire général, Brahim Ghali, a dès après l’intervention des FAR of-ficialisé la rupture par le mouvement du cessez-le-feu, ce qui s’est notamment traduit par des tirs de harcèlement au niveau de la localité de Mahbès, que traverse le mur de défense déployé dans les années 1980 par le roi Has-san II pour protéger le territoire national des incursions polisariennes depuis l’Algérie. Il a même parlé, dans une interview diffusée ce 18 novembre par Radio Algérie internationale (RAI), de

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Que peuvent vraiment les séparatistes?LE POLISARIO ROMPT LE CESSEZ-LE-FEU

“poursuivre la lutte” jusqu’à faire de la partie du Sahara marocain anciennement colo-nisée par l’Espagne, qu’il revendique, un État indépendant sous les auspices d’une soi-disant “République arabe sahraouie dé-mocratique” (RASD).

Ridicules gesticulationsEn a-t-il toutefois seulement les moyens? Car avec les FAR, on parle d’une armée ré-gulière classée septième du monde arabe et sixième en Afrique selon l’indice améri-cain Global Fire Power. En termes de dé-penses, seule l’Algérie arrive à lui tenir la dragée haute dans la région, la voisine de l’Est s’accaparant même 44% du budget de défense africain en 2019 selon le très cré-dible Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI) -10,3 milliards de dollars d’armements achetés au cours de l’année concernée-, mais avec ceci dit de nombreux contrats surfacturés permet-tant au commandement de l’armée natio-nale populaire (ANP) algérienne de s’auto-graisser la patte en salées rétrocomissions -comme l’avait révélé le scandale des 200 chars T-90 commandés en catimini à la Russie en 2014. Le Maroc s’est d’autant plus doté, en novembre 2017, d’un système satellitaire français de type Pléiades lui ayant par exemple permis, en janvier 2018, d’immédiatement déceler des tentatives du Polisario de transférer une soi-disant “struc-ture administrative” de la partie de la zone tampon située à l’Est du mur de défense, dans la lignée de sa propagande tentant de présenter cette zone comme de soi-disant “territoires libérés” de la soi-disant “RASD”, ainsi que l’installation, déjà, de soi-disant “postes frontières” à Guergarat en particu-lier.En d’autres termes, les milices séparatistes ne boxent absolument pas dans la même catégorie que les FAR, et c’est en fait insul-

tant en soi pour ces dernières de les com-parer à ce qui constitue, en fin de compte, littéralement une simple bande de coupeurs de route. Suite aux tirs de harcèlement qu’il a tenté d’ouvrir sur les FAR à Mahbès, le Polisario s’est ainsi vu rapidement neutra-liser et même perdre un engin porte-armes dont le type n’a toutefois pas été révélé par la page Facebook du forum Far-Maroc, à l’origine de l’information. Les gesticulations de ses dirigeants, M. Ghali en tête, frisent à cet égard le ridicule, et l’Algérie elle-même, qui pourtant le finance, l’abrite, l’arme et le soutient diplomatiquement, a aussitôt fait de prendre ses distances avec lui, ne tenant visiblement pas à être mêlée à une guerre où elle se trouvera davantage marginalisée au sein de la communauté internationale. Et sans l’Algérie, le Polisario ne pourra bien sûr rien, et il est le premier à le savoir. C’est pour cela que le soi-disant “ministre” des Af-faires étrangères de la soi-disant “RASD”, Mohamed Salem Ould Salek, avait évoqué le 16 octobre sur Radio Alger la possibilité de signer des “accords de défense” avec des “pays” et des “peuples amis”, à un mo-ment où la voisine de l’Est était en passe de changer de Constitution pour autoriser enfin son armée à intervenir à l’étranger et donc éventuellement de prêter main-forte au mouvement séparatiste dans une guerre contre le Maroc. Le Polisario avait même, le 9 novembre, agité la menace de la fin

de l’accord de cessez-le-feu si “l’entrée de tout élément militaire, sécuritaire ou civil marocain” était constatée à Guergarat, où il avait déployé plusieurs de ses éléments à partir du 21 octobre. En termes d’équi-pements, le mouvement séparatiste peut seulement compter sur du vieux matériel d’origine principalement soviétique, à sa-voir notamment des véhicules de combat d’infanterie BMP-1 et des lance-roquettes multiple Katioucha ainsi que des obusiers 122 mm M1938, qu’il utilise régulière-ment dans des manoeuvres depuis no-vembre 2014. Il n’a tout simplement pas les moyens de se renforcer, et en même temps Alger garde à l’esprit l’exemple du Liban, où le fait que l’Organisation de libé-ration de la Palestine (OLP) se soit retrou-vée totalement libre de ses mouvements avait amené, en avril 1975, au déclenche-ment de la guerre civile, ce que la capitale algérienne ne saurait bien sûr jamais per-mettre. De fait, elle a, sciemment, toujours fait en sorte de limiter la force de frappe du Polisario, en circonvenant au surplus son action aux seuls camps de Tindouf, des-quels ne peuvent par ailleurs que diffici-lement s’extraire les milliers de Marocains qu’y séquestre le mouvement séparatiste depuis plus de quarante-cinq ans. Le Ma-roc peut, si l’on peut dire, encore dormir sur ses deux oreilles l

W. EL BOUZDAINI

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Le Polisario agresseur à Guergarat

La presse du voisin de l’Est et ses porte-voix, séparatistes et autres, s’échinent à mettre en cause le Royaume en faisant référence à son «agression militaire» à Guergarat. Quand

l’Algérie fait état d’une «large vague d’indigna-tion internationale» à ce sujet, voilà qui prête à sourire; l’on a affaire à une nouvelle posture... Plus intéressant est le communiqué du minis-tère algérien des Affaires étrangères, en date du 16 novembre 2020. Il n’a été publié que trois jours après l’intervention marocaine pour

assurer et sécuriser le trafic civil et commercial –on a vu Alger plus réactive et plus prompte…Relevons le choix des termes: l’Algérie «dé-plore vivement», elle ne condamne pas -elle n’ignore pourtant pas le factuel sur le terrain; elle constate de «graves violations» du ces-sez-le-feu sans incriminer spécialement le Ma-roc; elle appelle «les deux parties» à respecter l’accord militaire N°1 et «à faire preuve d’un sens de responsabilité et de retenue...»Cela dit, quelles sont les responsabilités réelles dans cette tension créée dans la zone tampon entre le Maroc et la Mauritanie? Le

Royaume a agi dans la légalité internationale. Il dispose pleinement du droit de défendre son intégrité territoriale et d’imposer in situ le res-pect des résolutions du Conseil de sécurité. L’opération menée par les FAR, le vendredi 13 novembre, s’est déroulée de manière pa-cifique dans cette zone tampon; elle visait à rétablir la libre circulation au niveau de ce passage frontalier. Il n’y a eu ni accrochage ni menace pour la sécurité des civils. Sur place, les responsables de la MINURSO ont pu en prendre acte et rendre compte au Secrétaire général de l’ONU. Tout le reste entretenu par le mouvement séparatiste n’est que pure dé-sinformation à coup de fake news...

Légalité internationaleQu’en est-il maintenant de l’accord militaire N°1? C’est un document complémentaire à l’accord de cessez-le-feu en date du 6 sep-

La présente situation de tension créée par les milices armées du Polisario; tant à Guergarat que dans d’autres localités, pose un problème que ne saurait évacuer la communauté internationale: elle est un recours illicite à la force. De quoi fonder le Maroc à exercer son droit de légitime défense.

UNE VIOLATION DU CESSEZ-LE- FEU ET DE L’ACCORD MILITAIRE N°1

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Le Polisario agresseur à Guergarat

Le mouvementséparatiste n’est plus habilitéà avoir quelque «statut» de partie dans le processus de règlement politique.

Mustapha SEHIMI

tembre 1991. Il a été signé par la MINURSO et transmis au Polisario en décembre 1997 et aux FAR en janvier 1998. Il énonce les directives et les procédures précises que les deux parties doivent suivre dans l’application du cessez-le-feu. Il régit les activités relatives à la surveil-lance du cessez-le-feu; il détermine également les droits des observateurs militaires de la MI-NURSO et les procédures à suivre en cas de violation du cessez-le-feu. Il définit les termes géographiques pertinents. Une zone tampon, d’une largeur de 5 kilomètres, court le long du mur de sable, au sud et à l’est de cette ligne. Les zones d’accès restreint se découplent, elles, en deux zones d’une largeur de 30 km, la première au nord et à l’ouest du mur de sable, la seconde à l’est de celui-ci. A noter ici que le mur de sable relève de la première zone d’accès restreint, alors que la zone tam-pon fait partie de la deuxième. Enfin, les zones soumises à des restrictions limitées couvrent les bandes de terre situées des côtés nord et ouest de la première zone d’accès restreint et des côtés sud et est de la seconde. Pour ce qui est des activités militaires dans ces zones, l’accord définit les interdictions sui-vantes: entrée par voie terrestre ou aérienne

de personnel ou de matériel militaires, tirs d’armes à l’intérieur ou au-dessus de cette zone. De tels actes «sont interdits en toute cir-constance et constituent des violations».

Politique d’implantationL’Accord militaire N°1 prévoit certaines excep-tions applicables à des activités pouvant être autorisées le cas échéant mais après notifica-tion préalable ou approbation par la MINUR-SO. Il permet et assure la circulation, le trafic civil et commercial, mais pas l’implantation dans la zone tampon de Guergarat. En aucun cas, il ne peut s’agir de «territoires libérés», encore moins de frontière.Le mouvement séparatiste, lui, a multiplié les violations de l’accord militaire N°1. Il s’emploie à donner le statut de «capitale» à Bir Lahlou, en y recevant les «ambassadeurs» de Cuba, et de Namibie et en y organisant diverses manifestations administratives et politiques comme si la prétendue «RASD» était une enti-té étatique reconnue par la communauté inter-nationale -ce qui n’est le cas ni à l’ONU, ni à la Ligue Arabe ni dans d’autres instances régio-nales ou continentales -la seule exception est celle de l’OUA, qui l’a admise en 1984, dans des conditions connues de tous, avec le par-rainage de l’Algérie et le concours coupable d’Edem Kodjo, alors secrétaire général de cette organisation continentale. Aujourd’hui, la «RASD» n’est pas reconnue par 165 pays... Le mouvement séparatiste a mis en place une politique d’implantation, déplaçant ses structures de Tindouf à Bir Lahlou. Il a ain-si mis à profit le cessez-le-feu pour modifier le statu quo institué en septembre 1991 et violer l’accord militaire N°1. Il faut ajouter le maintien de la présence illégale d’éléments armés du Polisario dans la zone tampon de Guergarat, d’autres dans la zone de Mahbès, à proximité immédiate du mur, dans une zone interdite. Cette violation a été commise le 29 mars 2018, avec des véhicules militaires -des tentes ont été dressées et des constructions ont été érigées. Un processus de transfert a été, par ailleurs, engagé pour implanter des structures administratives et militaires des camps de Tindouf vers la zone située à l’Est du dispositif de sécurité au Sahara marocain où se trouvent les localités de Bir Lahlou et de

Tifariti. Il y a là une volonté manifeste de modi-fication du statu quo et d’instauration d’un fait accompli avec une partition du territoire. Une violation flagrante des accords avec l’ONU.Le cessez-le -feu de 1991 est ainsi battu en brèche par le mouvement séparatiste. Son responsable, Brahim Ghali, est allé plus loin encore en annonçant, voici quelques jours à peine, que le Polisario n’allait plus le respecter et qu’il allait reprendre la guerre contre le Ma-roc. Jusqu’à présent, ce cessez-le-feu, datant de vingt neuf ans, était entendu comme une cessation des hostilités durant un temps don-né et dans un espace donné. Il a été négocié sous les auspices de l’ONU. Or, la présente si-tuation de tension et de conflictualité créée par les milices armées du Polisario tant à Guerga-rat que dans d’autres localités (Mahbès, ...) pose un problème que ne sauraient évacuer ni la communauté internationale ni le Conseil de sécurité: elle est un recours illicite à la force. De jure, c’est une violation des dispositions de l’article 2 de la Charte des Nations Unies sur le «non recours à la menace ou à l’emploi de la force, contre l’intégrité territoriale ou l’indé-pendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies». De quoi fonder le Maroc à exercer son droit de légitime défense, au sens de l’article 51 de la Charte. Les actes du Polisario dans la zone tampon de Guergarat sont autant d’actions qui menacent la paix et la sécurité internationales. Le Secrétaire général de l’ONU a exprimé sa «grave préoccupation»; des puissances influentes aussi, ainsi que des organisations régionales et internationales.«Le cessez-le-feu, c’est fini», fanfaronne le président de la «RASD»! Il se disqualifie ainsi davantage et son mouvement et séparatiste n’est plus habilité à avoir quelque «statut» de partie dans le processus de règlement politique du différend relatif au Sahara maro-cain. Les faux semblants et les leurres cèdent désormais la place aux véritables termes de cette question nationale impliquant au premier chef, et depuis quarante cinq ans, la seule par-tie véritable - l’Algérie! Une nouvelle donne, escamotée depuis des lustres... l

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La fin d’une durenostalgie ?Le président sud-africain a dû clarifier sa position entre,d’une part, un Maroc assurant son destin, qui avance, qui construit; et, d’autre part, une Algérie qui met ses plushauts dirigeants et cadres en prison pour corruption.

GUERGARAT ET AFRIQUE DU SUD

Par Driss ENNAHDIEL IDRISSI,ancien ambassadeur.

Le blocage opéré à Guerguerat par une milice inféodée au Gé-néral Changriha n’est pas une affaire spontanée. Il fut dans les papiers bien avant l’éviction du Président Bouteflika. Il a été

ficelé du vivant de l’ancien chef d’Etat-ma-jor algérien Ahmed Gaid Salah. Repris par l’actuel chef d’Etat-major par intérim, il a été repensé à l’extrême.Pour en découdre avec le Maroc, il fallait élire un Président conciliant, mobiliser les médias et sceller la communication, en-voyer au charbon le personnel diploma-tique, et rameuter tous ses amis, des Etats, des ONG et aussi des oisifs de tous bords. Il fallait aussi garder la pression sur la Ré-publique Sud-Africaine pour l’aide pour le conseil, des chars et du satellite …!Pour engager cette confrontation, des étapes ont été prévues, autant rapides qu’élémentaires: une milice agitée; une réaction énergique du Maroc, pensée sau-vage; crier au loup pour l’ONU et ameuter la communauté internationale.Mais… Patatras. D’abord, malgré le tinta-marre de la milice et ses provocations, le Maroc n’a pas réagi et a laissé du temps au temps; ensuite Le Président Tebboune s’est retrouvé hospitalisé; puis vint la résolution du Conseil de Sécurité avec une introuvable virgule qui aurait permis des interprétations divergentes.

Il reste, enfin, cette déconvenue pour nos voisins, œuvre de l’Afrique du Sud, qui tout en ne se reniant pas, trouva des formules pour rester dans sa dignité. Et en effet, une première formule consista en deux tweets du 11 octobre 2020, publiés par le ministre des finances de la République Sud-Africaine recommandant, dans un premier tweet, une alliance d’Etats pour en finir avec une «co-lonisation», puis, certainement, mieux ré-instruit, souhaitant, dans un second tweet, l’intervention des anciens mouvements de libération, lesquels sont soit caducs soit au pouvoir. Vaste programme!

Dignité perdueToutefois, l’analyse pointilleuse laisse ap-paraître que l’Afrique du Sud dit non au Général Changriha, pas de conseillers, pas de matériels. Elle laisse à penser, vu le ma-rasme économique mondial, que l’Afrique du Sud refuse de se lancer dans une aventure douteuse avec ses dépenses imprévues…La seconde formule tient au contenu du communiqué de l’Union Africaine. En fili-grane apparaît la position sud-africaine, certainement motivée par le fait que le chef de l’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa, est aussi le Président de l’UA, et il serait bien singulier qu’un tel président soutienne une guerre contre un membre de l’organisation qu’il préside.Il reste le plus délicieux intelligemment, une plausible explication d’une nature admirable, bien humaine: fort possible donc que ce soit une majeure raison intellectuelle qui a dicté cette position responsable de l’Afrique du Sud en relevant que le Président de l’Afrique du Sud…. a construit son aura en étant le champion toutes catégories dans la lutte contre toute forme de corruption.Il a dû donc se poser de drôles de ques-tions sur nos voisins: le frère du Président Bouteflika, deux premiers ministres, une bonne fourchette de ministres, un paquet de généraux, des directeurs d’offices pu-bliques, des patrons d’entreprises privées sont en prison pour corruption et dilapidation d’argent publique. Le président sud-africain a dû apprendre aussi que, demain, il est fort possible que d’autres personnes influentes, dont des enfants des plus hauts respon-

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l’amour pour le peuple, de l’engagement pour la dignité, la justice, la droiture? M’a-t-on raconté des bobards pour des objectifs inavoués, paroles, gestes et actions contradictoires?Il a pu penser aussi aux agressions que l’on nous accole. Frontières? Mais il sait que l’UA est la garante de l’intangibilité des frontières, et donc le discours est di-latoire! Drogues? La lecture médiatique locale laisse apparaître qu’avec les oa-sis, ce pays est dans l’auto-suffisance totale, et pour la dure, il est central, pas besoin du Maroc! Investissement? Mais cela dépend des choix de patrons cherchant sérieux, garantie, facilité et rapides débouchés!...

Le président de la République sud-afri-caine a dû solliciter sa destinée pour retenir le juste, et a certainement fait un examen de conscience pour clarifier sa position entre, d’une part, un pays assu-rant son destin, qui avance, qui construit, qui aide et soutient frères et amis, dans le respect et surtout la discrétion; et, d’autre part, un Etat qui met ses plus hauts dirigeants et cadres en prison pour corruption et dilapidation, après en avoir fait, dans des silences complices et des connivences coupables, des icones, tout en se servant du Maroc pour occuper son peuple.Si cet examen de conscience a été fait, c’est tout à l’honneur de l’Afrique du Sud, en ajoutant que le Président de l’Afrique de Sud peut être certain que l’affaire du Sahara est un stupide montage: au mieux, une guerre pour des egos déme-surés contre le Maroc, au pire, le fertile terreau d’une souterraine corruption qui frappe à tous les étages d’un bizarre sys-tème. Ni plus, ni moins l

sables en fonction actuellement, pour-raient être présentés à la justice pour les mêmes motifs.Le chef d’Etat de l’Afrique du Sud a ser-ré les mains de ces prisonniers, a dé-jeuné ou dîné avec eux, a ri avec eux, a eu des accolades sans retenue avec eux. Il a surtout échangé religieusement, pensant partager avec eux la même pré-occupation.

Objectifs inavouésCe Président, propre et intègre, à l’image de son Mandela, a dû se poser maintes questions. Où est l’erreur? L’on m’a trompé en me caressant la fibre pa-triotique, celle de l’authenticité, celle de

Cyril Ramaphosa,chef de l’Etatsud-africain.

L’AFRIQUE DU SUD REFUSE DE SE LANCERDANS UNE AVENTURE DOUTEUSE AVEC

SES DÉPENSES IMPRÉVUES.

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L’état des lieux dans le pays voisin mérite que l’on y revienne:il est révélateur d’une situation d’impasse intérieure qui nourrit l’hostilitéde plus en plus marquée à l’endroit du Royaume.

Les provocations du mouvement sé-paratiste à Guergarat, zone tampon du Maroc et de la Mauritanie, re-montent à 2016; elles se sont pour-suivies en 2017 puis, à intervalles

fréquents dans les années suivantes. Jusqu’à ces deux derniers mois et de manière encore plus accentuée depuis le 23 octobre 2020. Il y avait là un agenda lié à la délibération de la question du Sahara marocain par le Conseil de sécurité; elle a été sanctionnée par la résolu-tion 2548 du 30 octobre. Celle-ci a fait droit à la position marocaine, à une large majorité de membres de cette haute instance onusienne, deux pays seulement s’étant abstenus (Russie et Afrique du Sud).L’échec est patent pour l’Algérie. Le Conseil de sécurité a en effet réitéré sa position sur des points importants: un processus de négocia-tion sur le format des deux tables rondes de Genève (décembre 2018 et mars 2019, avec quatre parties: Maroc, Algérie, Mauritanie et Polisario); une solution de compromis politique réaliste; enfin, prévalence de l’initiative maro-caine du 11 avril 2007, continûment qualifiée de projet «sérieux crédible et réaliste». Ce même texte insiste par ailleurs sur l’implication de l’Algérie, citée à cinq reprises, pour apporter son concours à ce processus.L’Algérie, donc! Toujours! Elle porte le mou-vement séparatiste depuis quatre décennies et demie; elle avait accueilli alors en 1973 un groupe de Sahraouis en rupture de ban au Maroc pour leurs idées et leurs menées sub-versives dans une certaine mouvance d’ex-trême-gauche autour d’Ila Al Amam et d’autres réseaux. L’occasion était trop belle pour Bou-médiène pour ne pas parrainer un tel mou-

vement anti-marocain derrière le slogan de l’autodétermination du peuple sahraoui. Mais quel peuple? Les camps de Tindouf ont été rapidement mis sur pied pour accueillir toutes sortes de réfugiés, ceux fuyant la sécheresse des pays sahéliens voisins, ceux de l’ex-Rio de Oro sous occupation espagnole, ceux, enfin, qui escomptaient délocaliser leurs activités il-licites de trafics de toutes sortes.L’Algérie encore! C’est l’implication directe de son armée à la fin janvier 1976, à Amgala I, si-tuée à 260 km de la frontière ouest algérienne. C’est une bataille militaire entre l’ANP et les FAR qui se solde par une victoire marocaine (200 morts et 106 prisonniers du pays belligé-rant voisin). Il y aura, trois semaines plus tard, Amgala II, réoccupée par le Maroc quelques mois plus tard. L’Algérie a soutenu alors qu’elle apportait seulement du ravitaillement et de l’aide médicale aux éléments séparatistes. De fait, il est établi que ce sont des militaires algé-riens qui étaient sur le théâtre des opérations avec des canons de campagne, des mortiers, des canons anti- aériens, des batteries anti-aé-riennes et même des missiles SA-6. A la fin 1975, l’on comptait quelque 20.000 personnes ainsi regroupées dans les populations civiles (bédouins, éleveurs) et acheminées à Tindouf pour les présenter à l’ONU comme des «réfu-giés» ayant fui les forces marocaines... L’hostilité au Royaume: voilà bien la clé de lec-ture des relations conflictuelles d’Alger avec Rabat! Déjà en octobre 1963 -un an après l’in-dépendance du voisin de l’est- ce fut la Guerre des sables. Le projet maghrébin porté par les trois pays durant la séquence précédente de l’émancipation a avorté; depuis, il n’a pas pu vraiment être réanimé et ravivé. Cet affron-

L’ALGÉRIE ET GUERGARAT

La tentation aventuriste

PAR MUSTAPHA SEHIMI

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tement a été déclenché par Ben Bella et Boumediène. Le premier parce qu’il était confronté à une forte opposition intérieure (soulèvement en Kabylie sous la houlette de Hocine Aït Ahmed, à la tête du nouveau parti FFS, dissidence au Sud avec le colonel Chaâbani,...). Ben Bella en a profité pour renforcer son pouvoir personnel en démet-tant Ferhat Abbas, président de la nouvelle Assemblée nationale; en interdisant le PRS de Mohamed Boudiaf, le PCA aussi; et en instituant le FLN comme seul parti légal et national. Pour Boumédiène, alors ministre de la défense, c’était une autre opportunité: celle d’affirmer son autorité sur l’ANP alors que des colonels historiques des wilayas du temps de guerre étaient présents et que les séquelles du coup de force de l’état-major de Ghardimaou contre le GPRA un an aupa-ravant étaient encore prégnantes. L’»union sacrée» contre le Maroc était le mot d’ordre de la propagande. Elle était également ins-trumentalisée au service d’un tiers-mon-disme progressiste qu’a voulu incarner l’Al-gérie de Ben Bella, puis de Boumédiène et de Bouteflika dans les décennies soixante et soixante-dix.L’altérité avec le Maroc se déployait aussi sur d’autres terrains de rivalité et d’hostilité. L’Algérie se voulait un contre-modèle par rapport à un Maroc dont la forme de régime était monarchique, dont les options de dé-veloppement étaient libérales, alors qu’elle proclamait d’abord l’autogestion puis le «so-cialisme». Aujourd’hui, quel est le solde? Une Algérie faillie, un système économique sinistré, un Etat entre les mains de mafias militaires et d’affaires, une élite aux postes de décision gérant ses intérêts, ce qui n’ex-clut pas au passage, diverses formes de purges comme c’est le cas depuis un an.Sur quoi peut se retrouver l’hypothèse de la cohésion sociale? Pas sur les performances économiques ni sociales du régime de-puis près de soixante ans. Pas davantage sur la consolidation de l’Etat de droit, de la démocratie ni des libertés! Pas plus sur un consensus social autour d’un modèle de dé-veloppement inclusif et équitable! Ne reste que la maintenance et la polarisation sur

le Maroc. Le nouveau patron de l’armée, Saïd Chengriha, vient encore, ces jours-ci, à propos de Guergarat, de qualifier le Maroc «d’ennemi traditionnel». Il avait déjà recouru à cette même rhétorique en 2016, alors qu’il commandait le Sud-Tindouf. Il avait ainsi qualifié le Sahara marocain de territoire «injustement spolié par le tyran-nique occupant Maroc». Et il avait poussé les milices armées du mouvement sépara-tiste, à la mi-mars de cette même année 2016, à occuper Bir Lahlou et Tifariti, des localités placées sous la supervision de la MINURSO. A cette date, des manœuvres communes même avaient été effectuées par l’ANP et le Polisario, à quelques kilo-mètres de la frontière est du Maroc...L’état des lieux dans le pays voisin mérite que l’on y revienne: il est révélateur d’une situation d’impasse intérieure qui nourrit l’hostilité de plus en plus marquée à l’en-droit du Royaume. Une donnée que l’on peut préciser à travers plusieurs éléments. La crise majeure de l’Algérie n’offre pas de piste de solution. La question démocratique est stérilisée -on l’a vu lors de l’élection de Tebboune voici onze mois, puis avec le référendum sur la nouvelle Constitution le 1er novembre courant (40% de Oui, 23% du corps électoral) et le spectre d’une crise économique, sociale et financière condui-sant à l’insolvabilité à terme. Le système, en l’état, n’est pas réformable, les diri-geants s’agrippant à des «statuts» et à des rentes de toutes sortes.L’option aventuriste contre le Maroc est-elle à écarter? Elle se cristalliserait non sur des frontières communes partagées de quelque 1.800 km mais autour du point de passage de Guergarat entre le Maroc et la Mauritanie, dans une zone tampon de 3,5 km. L’Algérie ne se présente pas ainsi officiellement et diplomatiquement en

«première ligne» sur ce front, mais c’est le mouvement séparatiste qui serait dans l’affichage. L’opération mettrait en cause la réaction du Maroc avec des développe-ments au sein de l’ONU, de son secrétaire général ainsi que d’autres puissances. Un processus d’internationalisation, tentant de rebattre les cartes après les résolutions du Conseil de sécurité -dont la 2548 du 30 octobre. Pour l’heure, peine perdue: le Ma-roc a su déjouer ce plan et faire montre de retenue. De sagesse. De responsabilité. Et de fermeté.Une montée des périls n’est pas à exclure d’ailleurs; elle provoquerait une rupture de la paix invoquée par l’Algérie pour dénon-cer les conditions dans lesquelles s’est déroulée l’intervention marocaine pour le rétablissement de la liberté du trafic civil et commercial à Guergarat; elle serait égale-ment un facteur de resserrement des rangs au sein de l’ANP et de la hiérarchie militaire après tant de purges, de règlements de comptes, de mises à la retraite et de peines de prison -une opportunité de susciter, autant que faire se peut, un semblant de consensus ou de collégialité. Enfin, le gel de la dynamique sociale et contestataire en marche dans l’Algérie d’aujourd’hui, avec le hirak du 22 février 2019, qui a conduit au départ de Bouteflika et qui n’a pas fini d’ébranler son successeur, Abdelmajid Te-bboune, et les hiérarques, militaires et civils et autres, qui soutiennent cet échafaudage précaire et répressif. Et Guergarat, dans tout cela? Un poste avancé dans la poli-tique d’hostilité fortement opérationnelle de l’Algérie au Maroc, liée à une culture persistante de conflictualité pouvant don-ner forme et contenu à une tentation aven-turiste. Des conséquences imprévisibles, portant atteinte à la paix (relative) et à la sécurité dans cette région… l

GUERGARAT? UN POSTE AVANCÉDANS LA POLITIQUE D’HOSTILITÉ FORTEMENT

OPÉRATIONNELLE DE L’ALGÉRIE AU MAROC.

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Dans le but de faciliter le règlement des achats des intrants agricoles effectués par les agriculteurs au-près des Centres Régionaux de

la SONACOS, le Crédit Agricole du Maroc (CAM) et la SONACOS ont développé un service de paiement digital à travers l’appli-cation téléphonique mobile «Imtiazat-e».Ainsi, Sonacos compte, à travers cette mo-dalité de paiements, faire bénéficier l’agricul-teur d’une meilleure sécurité et commodité de paiement des achats effectués auprès de ses centres régionaux sans avoir à se sou-cier de transporter et de manipuler l’argent liquide.Pour le Crédit Agricole du Maroc, ce partena-riat s’inscrit dans le cadre de l’engagement, ferme et volontariste, dans l’accompagne-ment de «Génération Green», pour laquelle le Groupe a mis en place un dispositif com-plet d’envergure apportant des solutions in-novantes à l’ensemble des composantes de la nouvelle stratégie. Il confirme également la volonté du CAM de servir au mieux les agri-culteurs et les ruraux en leur facilitant l’accès aux services bancaires et en assurant l’inclu-sion financière des populations les plus éloi-gnées grâce, notamment, aux opportunités

Grace au savoir-faire et au profession-nalisme de ses dirigeants, et à leur tete le Président du Directoire, Tariq Suijilmassi, le Crédit Agricole du Maroc est devenu, au fil des temps, cette banque universelle qui s’adresse à tous les marchés et segments de clientèle : exploitations agricoles com-merciales, particuliers et professionnels, entreprises agro-industrielles, Corporate…. Savoir-faire et professionnalisme A vocation de mission de service public, la banque universelle s’est, par ailleurs, atte-lée, tout au long de ces dernières années, à renforcer ses acquis et pérenniser les perfor-mances réalisées jusque-là. Par ailleurs, le Groupe Crédit Agricole du Maroc n’a eu de cesse de veiller à conso-lider sa croissance financière et a continué d’œuvrer pour l’essor du monde agricole et rural à travers la promotion et la mise en œuvre d’actions garantissant son accom-pagnement aussi bien financier que non fi-nancier. Fort d’une approche innovante et de modes d’intervention adéquats, le CAM n’en finit pas d’accompagner, chaque fois que né-cessaire les acteurs du monde agricole, de l’agro-industrie et du monde rural. Il reste, ainsi, fortement et particulièrement engagé en faveur de l’agriculture et du dé-veloppement socio-économique en milieu rural. Principale banque de financement du secteur agricole au Maroc, le Groupe Crédit Agricole du Maroc travaille en coordination avec les pouvoirs publics afin de valoriser les activités agricoles et stabiliser les popula-tions rurales en améliorant durablement leur niveau de vie.Aussi, à travers la mise en service de ce paiement mobile, le CAM vient, encore une fois, renforcer les efforts entrepris par le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche Ma-ritime, du Développement Rural et des Eaux et Forêts pour la transformation digitale et la modernisation du secteur agricole, notam-ment dans le cadre de la nouvelle stratégie «Génération Green 2020-2030» l

offertes par la digitalisation.Le paiement par téléphone mobile est dé-sormais possible par simple scan du code QR sur le Bon de Commande de la Sona-cos. L’agriculteur confirme le règlement en toute sécurité de ses factures auprès des Centres Régionaux de la SONACOS sans avoir besoin de se munir, de transporter ou de manipuler de l’argent liquide. Pour rappel, «Imtiazat-e» est une applica-tion mobile gratuite développée par le Cré-dit Agricole du Maroc et faisant partie d’une large gamme de produits digitaux déployés par la banque dans le cadre de ses efforts de digitalisation et d’inclusion financière.Téléchargeable sur Google Play et installée directement sur le téléphone portable, l’ap-plication permet aux agriculteurs de gérer leurs activités à tout moment et en toute au-tonomie. Elle permet également de consul-ter son compte, de renouveler les crédits à court terme, de suive les subventions de l’Etat (FDA), de souscrire à l’Assurance Mul-tirisque Climatique, d’initier une demande de financement des intrants agricoles (se-mences, engrais…) , de suivre ses engage-ments auprès du CAM ainsi que ses règle-ments fournisseurs, …

Le paiement sans cash,c’est maintenant possible

PARTENARIAT CRÉDIT AGRICOLE DU MAROC-SONACOS

Un parcours 100% digital est dédié à la filière céréalièreet permettant aux clients de disposer de leurs semences en quelques

minutes de façon rapide et sécurisée.

Seddik MOUAFFAK

le Groupe Crédit Agricoledu Maroc continue d’œuvrer pour l’essor du mondeagricole et rural.

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Le stockage des aliments tireson épingle du jeu

teur en période post-Covid, la président de la commission logistique de la CGEM, compte sur «l’écoute et le soutien» du gouvernement, en répondant favora-blement aux doléances des opérateurs. Il s’agit principalement d’accompagner les professionnels dans leur processus de digitalisation, d’assurer plus de clarté et d’efficacité par rapport à la prime à la casse, d’éviter une éventuelle augmen-tation des prix par Autoroutes du Maroc et d’entamer une réflexion globale sur le gasoil, que ce soit sur le volet de la taxe intérieure de consommation ou de la taxe sur la valeur ajoutée l

C omme le BTP, la logistique et le transport sont des indicateurs d’une bonne ou mauvaise santé

de l’économie. Impacté par la crise du Covid-19, le secteur de la logistique évolue actuellement en dents de scie et navigue à vue. «Nous avons enregistré une baisse d’activité de 40% durant le deuxième tri-mestre. Nous avons ensuite repris à partir de juillet grâce à la relance de l’écono-mie marocaine, mais actuellement nous ne disposons pas encore de visibilité, comme la grande majorité des secteurs. Nous sommes dans l’improvisation», nous déclare Hicham Mellakh, président de la commission logistique de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM). A fin septembre, le secteur enregistre une baisse d’activité comprise entre 15 et 20%, mais «heureusement», il n’y a eu ni plans sociaux ni fermetures d’entreprises, nous fait savoir Mellakh. Si le secteur, dans sa globalité, a subi la crise du Covid-19, quelques segments ont toutefois été épar-gnés et ont même tiré leur épingle du jeu.

Confinement oblige, l’e-commerce, la livraison et l’emballage ont vu leur acti-vité exploser, contribuant, en parallèle, à l’augmentation d’activité de quelques unités de stockage. «C’est vrai que les unités spécialisées dans le stockage ont pu profiter du e-commerce, tiré principalement par un ou deux opérateurs de la place. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’il ne s’agit prin-cipalement que du stockage alimentaire, celui industriel, par exemple, a véritable-ment souffert en cette période», nuance toutefois Mellakh. Pour assurer une bonne reprise du sec-

CRISE LIÉE AU COVID-19

C asablanca Finance City (CFC) a annoncé, lundi 16 novembre 2020, la signature d’un partenariat avec

le Belgian Finance Center (BFC) établissant les bases d’une coopération durable en vue de promouvoir les opportunités d’investissement entre la Belgique, le Maroc et l’Afrique. Cet accord fournira dans une plate-forme d’échange en vue d’encourager les meilleures pratiques

et le partage de connaissances dans les domaines du financement des PME et de la gouvernance d’entreprise, indique CFC dans un communiqué. C’est à ce titre que le CEO de CFC, Saïd Ibrahimi, n’a pas manqué de faire part de sa joie de signer ce partenariat avec le Belgian Finance Center, soulignant que «celui-ci permettra de renforcer notre coopération avec la Belgique qui est un partenaire historique du Maroc».Le partenariat couvre en particulier deux thématiques capitales dans le cadre de la relance post-Covid, à savoir le financement des petites et moyennes entreprises (PME) et la gouvernance des entreprises, a-t-il ajouté, notant qu’il «est également un gage

de reconnaissance de l’excellence des relations qui nous unissent».Pour sa part, le président du BFC, Bruno Colmant, n’a pas manqué d’exprimer son souhait de promouvoir la coopération de la Belgique avec le Maroc et l’Afrique.«Comme CFC, le BFC est membre fondateur de la World Alliance of International Financial Centers, ce qui prouve notre volonté de développer l’aide mutuelle entre les pays», a-t-il dit, faisant savoir que les centres financiers ont la capacité de promouvoir la croissance économique et la coopération internationale grâce aux liens qu’ils tissent entre eux et à leurs compétences technologiques l

M. A. HAFIDI

S. M.

CASABLANCA FINANCE CITY ET LE BELGIAN FINANCE CENTER S’ALLIENT POUR LA PROMOTION DE L’INVESTISSEMENT : PARTENARIAT DURABLE

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Un emprunt national, pour quoi faire?

Pour permettre à l’Etat de se financer en mobilisant l’épargne publique, un amen-dement a été voté à l’una-nimité au sein de la com-mission des finances de la

première chambre, apportant, ainsi, une défiscalisation totale des intérêts perçus par les personnes physiques résidentes,

non soumises au régime du résultat net réel ou simplifié, sur les emprunts publics.Cet amendement exonère, en effet, les particuliers, en leur donnant une sorte de carotte fiscale pour les encourager à souscrire aux emprunts d’Etat qui se-ront lancés à partir de 2021. Sauf qu’au-jourd’hui, les particuliers ne peuvent acheter directement des bons du Trésor.

Ce qui a poussé certains observateurs avertis à en déduire que l’Etat est en train de préparer le terrain pour lancer un emprunt qui ciblera cette catégorie de la population.L’amendement, voté à l’unanimité par les parlementaires la semaine dernière, s’impose plus que jamais surtout lors-qu’on sait que la récession économique ne fait que réduire dramatiquement les recettes de l’Etat, et le besoin de financer de grands chantiers nationaux, comme la relance de l’économie ou l’élargissement de la couverture sociale. Ou même pour financer la grande campagne de vaccina-tion contre la Covid dont on ne connaît pas encore le coût.Rappelons que le Maroc avait déjà eu re-cours par le passé à ce mécanisme pour financer de grands projets ou de grands chantiers. Ainsi, la politique des grands barrages a été financée par des opéra-tions d’emprunts nationaux ouverts au grand public.

Marché des adjudicationsRappelons également les deux grands emprunts lancés par le Maroc pour le dé-veloppement des provinces du Sud pour

Pour rétablir la confiance en l’avenir, il ne reste qu’une seulemanière de mobiliser les ressources nationales: celle qui permettraà l’Etat de financer des investissements productifs ou des chantierssociaux stratégiques.

UN AMENDEMENT DE LA PLF 2021 PRÉVOITDE DÉFISCALISER LES INTÉRÊTS PERÇUSPAR LES PERSONNES PHYSIQUES RÉSIDENTES

Saâd EddineEl Othmani

et MohamedBenchaâboun.

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Seddik MOUAFFAK

une maturité de 15 ans. Le premier en 1975 et le second en 1985.Depuis, et surtout avec le programme d’ajustement structurel (le PAS), le Maroc a lancé plusieurs opérations similaires. C’était d’ailleurs une des recommanda-tions qui nous ont été faites par les ins-titutions financières internationales pour réduire notre endettement extérieur en le substituant par de la dette interne. Ces emprunts connaissaient de grands suc-cès. A l’époque, les taux étaient d’ailleurs très attractifs, ça allait jusqu’à 13%.Délaissés depuis la fin des années 1990, au profit des levées directes du Trésor sur le marché des adjudications, les em-prunts nationaux sont passés à l’oubli. Et c’est sous Fathallah Oualalou, alors ministre des Finances du gouvernement El Youssoufi, que cette page a été tour-née. L’objectif étant de participer au déve-loppement des marchés financiers et de mobiliser l’épargne institutionnelle pour le financement des besoins du Trésor. Depuis, un particulier ne peut plus prêter directement à l’Etat, sauf en passant par un intermédiaire: en souscrivant à des OPCVM investis eux-mêmes dans des bons de Trésor. Pour l’instant, ce qu’on peut dire c’est que l’objet du futur emprunt marocain n’est pas encore connu. Silence radio au ministère des finances.

Montage financierOr, ce dernier a autant intérêt à lancer cet emprunt que c’est une occasion pour réduire la thésaurisation et absorber la grande quantité de cash en circulation dans l’économie. Une manière de la «blanchir» au nom de l’intérêt général de la nation. Reste toute la question de savoir qu’est ce qui motivera les grands épargnants, les détenteurs de capitaux, visibles ou cachés, à mettre leur argent dans un emprunt d’Etat ?Sur un autre plan, ce nouvel emprunt sera certainement différent des autres. En tout cas dans son montage financier. Selon l’avis de certains financiers des plus aver-tis, les emprunts des années 1970 et des années 1980 visaient la petite épargne.

Aujourd’hui, la situation est différente, puisqu’avec la crise économique, il serait difficile de mobiliser cette épargne. Plutôt, c’est la grande épargne qui sera visée. Et son montage ne sera que différent.En tous cas, l’Etat n’a pas besoin de re-courir à un grand emprunt national pour financer ses besoins, puisque le marché aussi bien intérieur qu’extérieur est ac-cessible, liquide, et offre des taux très bas. Donc, l’objectif n’est pas juste de le-ver de l’argent, mais de faire rentrer dans le circuit de l’argent qui dort jusque-là, une épargne cachée. Surtout, fait-il le rap-peler, un emprunt d’Etat est très coûteux par rapport à une levée classique sur le marché obligataire. Pour ces memes ex-perts financiers, c’est peut-être aussi une manière de mobiliser la grande épargne, le grand capital, sans recourir à la fiscalité sur la fortune ou sur le patrimoine.Se pose, enfin, une autre question non moins importante, celle de la destination de cet emprunt national. Servira- t-il à fi-nancer l’investissement productif ou tout

simplement à faire face aux dépenses de fonctionnement? Si cette deuxième option qui l’emporte, alors, l’emprunt na-tional sera de moindre importance et son impact sur l’économie ne sera que margi-nal. Et ce d’autant plus que le Royaume n’a eu de cesse de recourir, jusqu’ici, aussi bien à l’endettement intérieur qu’ex-térieur. Encore une fois, on est pas sorti de l’auberge. Surtout lorsqu’on sait que l’existence, aujourd’hui, d’une épargne de précaution non négligeable par ces temps de crise, ne peut que refléter, de la part des opérateurs économiques, d’un certain manque de confiance en l’avenir.Pour rétablir cette confiance, il ne reste qu’une seule manière de mobiliser ces ressources nationales pour les remettre dans le circuit économique: celle qui per-mettra à l’Etat de financer des investisse-ments productifs ou des chantiers sociaux stratégiques pour l’avenir de la nation l

L’OBJECTIF N’EST PAS JUSTE DE LEVERDE L’ARGENT, MAIS DE FAIRE RENTRER

DANS LE CIRCUIT DE L’ARGENT QUIDORT JUSQUE-LÀ

Bank Al Maghribveille au grain.

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S. M.

Des agences exclusivement professionnels et TPE

L a SGMB poursuit, plus que jamais, le déploiement de son plan d’accélération destiné à renforcer

son dispositif d’accompagnement et de proximité en faveur d’un segment de clientèle des plus privilégiés , celui des professionnels et des TPE. Un segment qui constitue un relai de croissance important. Elle vient, en effet, d’ouvrir un espace leur exclusivement dédié. Son premier d’une dizaine prévus dans les principales zones économiques du pays. «Bénéficiant d’un emplacement stratégique en plein cœur du quartier Maarif, l’agence Twin Center de Casablanca fait peau neuve et devient une agence au service exclusif de la clientèle des Professionnels – professions libérales, dirigeants d’entreprises, commerçants, artisans – et TPE», détaille la banque dans son communiqué.Le dispositif propose, ainsi, des «offres sur-mesure et un accompagnement complet» axé sur la proximité, l’écoute et le conseil. Il se veut un centre d’expertise en termes de financement, leasing, assurances, services de banque au quotidien. «L’Agence 100% Pro-TPE est l’incarnation des valeurs du nouveau modèle relationnel mis en place dans le cadre de notre plan de transformation Avenir 2019-2022 qui vise, entre autres,

à rendre la banque encore plus simple et plus accessible avec plus de proximité pour une intensification de la relation client», indique Mehdi Benbachir, DGA – Société Générale Maroc.À noter que suite au Discours Royal du 11 octobre 2019, la SGMB a mis en place un plan d’accélération d’accompagnement des TPE et des jeunes créateurs d’entreprises. Il est décliné autour de quatre composantes principales, s’inscrivant dans une démarche d’inclusion financière active, d’écoute et de coopération renforcée avec les petites structures. La première composante consiste en la création d’espaces Pro/TPE dans les principales zones économiques du pays. La deuxième a pour objectif le déploiement d’un dispositif «référents TPE» dans la plupart des villes où Société Générale Maroc est présente. Un road show sera programmé dans les territoires pour aller à la rencontre des jeunes entrepreneurs, mieux appréhender leurs difficultés dans la concrétisation de leurs projets, mais aussi pour leur permettre d’échanger avec des chefs d’entreprises, des experts en coaching et des experts bancaires qui partageront leurs expériences et bonnes pratiques l

LA SOCIÉTÉ GÉNÉRALE MAROC (SGMB) DÉMARRE SONPROGRAMME D’AGENCES DÉDIÉES AUX PROFESSIONNELS ET TPE

S. MOUAFFAK

L es salariés de la Samir n’en peuvent plus. Ils sont plus qu’en colère. Les derniers rescapés,

au nombre de 684, ne croient plus au miracle. Ils exigent, plus que jamais, une solution radicale à la crise qui secoue l’unique raffinerie du Royaume, à l’arrêt depuis 5 ans et en liquidation depuis mars 2016. Aujourd’hui, ils attendent des responsables qu’ils se décident une fois pour toutes: soit la reprise de l’activité, soit la fermeture définitive de l’entreprise. Dans ce cadre, une réunion entre les représentants des salariés et le syndic est prévue pour les jours à venir.C’est qu’au bout de cinq ans, ils ont tout donné pour maintenir à flot l’entreprise. Sans résultat. Ainsi, dès l’annonce de l’exploitation par l’ONHYM des bacs de stockage de la Samir, ils s’étaient déployés pour lui baliser le terrain, menant travaux d’entretien et de réorganisation du personnel. Six mois plus tard, le contrat de location n’a toujours pas été signé et en interne, on pronostique déjà une suspension, voire une annulation de l’opération. L’été 2015, ils étaient près de 1.100 employés à vivre la mise à l’arrêt du raffineur. Ils sont aujourd’hui 684 à subir de plein fouet sa décrépitude. Des rescapés qui se sentent «abandonnés» à la fois par le l’Etat et les organes chargés de la liquidation.Aussi bien le gouvernement, en privatisant, que le tribunal de commerce, en procédant à la liquidation de l’entreprise, se sont dérobés à leurs responsabilités ou se sont montrés impuissants dans la gestion de cet épineux dossier l

SYNDIC ET SALARIÉSSE RENCONTRENT POURDISCUTER D’UN ÉVENTUELACCORDLe cri de colèredes rescapés de la SAMIR

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Les milieux d’affaires seront-ilsà la hauteur?

NOUVELLE POLITIQUE D’IMPORT-SUBSTITUTION

Cette année encore, la balance commerciale devrait enregistrer, en fin d’exercice, un taux né-gatif. Rien qu’à fin septembre,

le manque à gagner pour l’économie na-tionale représentait, selon les dernières statistiques disponibles de l’Office des changes (OC), quelque 116 milliards de dirhams (MMDH), soit un taux de couver-ture des importations par les exportations de soixante pour cent seulement. Les rai-sons en sont multiples et d’aucuns citent notamment la multiplication des accords de libre-échange, alors que le Maroc est actuellement engagé avec 55 pays dans des accords de ce type, mais il y a aussi la question de la faiblesse de la structure de production marocaine, parfois même inexistante malgré de fortes potentialités en la matière et ce dans différents secteurs. À cet égard, le ministre de l’Industrie, Moulay Hafid Elalamy, de passage le 9 juin 2020 à la Chambre des représentants, regrettait que le Royaume continue d’importer des lits d’hôpitaux et des tables d’écoliers en même temps qu’il était en mesure de sortir de ses usines des respirateurs et des réac-teurs d’avion. “Ils disent, et ceci vous l’avez entendu: il n’y a rien à faire. Comment cela, il n’y a rien à faire?,” s’était-il insurgé.

Banque de cent projetsLa deuxième phase du plan d’accéléra-tion industrielle, dévoilé justement par M. Elalamy au cours du Conseil national de l’entreprise (CNE) organisé le 24 sep-tembre par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) par voie d’internet, vise notamment à parer à cet

Afin de réduire un déficit commercial devenu chronique au fur et à mesure, il n’est nulle autre solution que de favoriser le made in Maroc. Une centaine de nouveaux projets seront lancés

dans les douze prochains mois, promet le ministre de l’Industrie.

Wissam EL BOUZDAINI

ligne, le lendemain du CNE, d’une banque de cent projets sur le site du ministère en question et couvrant huit filières au total. M. Elalamy en avait parlé dès sa sus-mentionée intervention à la Chambre des représentants de juin et avait alors promis que l’État accompagnerait les porteurs des projets aussi bien avec des business plans détaillés, un accompagnement par le biais de Maroc PME ou encore une aide pour trouver des financements auprès des banques. Ce qu’il a réitéré au moment de la signature des 17 conventions, en ajou-tant que l’objectif était que d’ici 2021, 500 projets soient retenus, totalisant quelque 34 MMDH et permettant de réduire de plus de 18% les importations du Maroc dans lesdites filières. Aux milieux d’affaires na-tionaux d’oser l

L’OBJECTIF ÉTAIT QUE, D’ICI 2021, 500 PROJETS

SOIENT RETENUS, TOTALISANT

QUELQUE 34 MMDHétat de fait, et dans ce sens l’on a tous vu 17 conventions signées au siège du minis-tère de l’Industrie à Rabat le 11 novembre pour réaliser des projets d’investissements dans les secteurs de l’agroalimentaire -huit conventions-, du textile et du cuir -quatre mémorandums d’entente et deux conven-tions- et la plasturgie, de l’emballage et plasticulture et de l’électrique et électro-nique -trois conventions.Le choix de ces secteurs en particulier n’est pas fortuit et fait suite, au vrai, à la mise en

Moulay Hafid Elalamy.

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“Les cliniques privéesont tué mes parents”

TÉMOIGNAGE D’UNE MAROCAINE QUI A PERDU SES PARENTS ATTEINTS DE COVID-19

“Faouzia Kada-Zaïr, 67 ans et Ab-derrahim Bendjennat, 72 ans. Mes parents, ma seule source d’inspiration, ma joie de vivre, ma vie, viennent de décéder, le

même jour, un samedi, à Casablanca, à cause du Covid-19. Mais pas seulement. Ils se sont éteints à cause de l’incompétence et de l’avidité des cliniques privées. A cause de la gestion ca-tastrophique de cette pandémie. A cause d’un système pourri jusqu’à l’os.Tout a commencé le samedi 20 octobre à 21h. Suite à un coup de fatigue soudain ayant frappé ma mère, nous avons consulté un médecin du Samu. Il se déplace chez nous et soupçonne une atteinte au Covid-19. Il nous envoie en ur-gence vers une clinique privée dans le quartier Oasis afin d’effectuer un scanner des poumons. Il nous rejoint par la suite, non pour s’assurer de l’état de santé de sa patiente, ma mère, mais, en bon commercial, il est venu récupérer sa commission sur le scanner et une éventuelle hospitalisation à la clinique. Résultat du scan-ner: 40 à 60% des poumons étaient atteints. Notre course pour un lit d’hospitalisation a alors commencé. Nous avons eu beau chercher par-tout, tous les établissements de santé étaient saturés.

Manque d’humanismeHeureusement, un ambulancier nous a déni-ché une place dans une clinique privée sur le boulevard Anoual. Ce qui nous a le plus mar-qués chez cette clinique, c’était leur manque d’humanisme et non-assistance à ma mère en situation de détresse respiratoire. J’étais bloquée au rez-de-chaussée et je me sentais

Dans ce témoignage poignant et émouvant, Chafika Bendjennat nous retrace son calvaire avec les médecins et cliniques privés. Selon elle, ses parents atteints de Covid-19 auraient pu être sauvés,

mais l’incompétence, l’avidité et l’arrogance ont eu le dernier mot.

impuissante face aux appels téléphoniques de ma mère, qui me demandait de l’aide. J’ai croi-sé un réanimateur à l’accueil, il l’a examinée et a confirmé le côté extrêmement urgent de sa situation. Il a pu rejoindre, trois heures après, les soins intensifs. Après nous avoir donné des ordonnances avec des médicaments à 12.000 dirhams et une autre à 5.000 dirhams, c’est le réanimateur de cet étage qui prend la relève. Sans l’approcher, ni la toucher, il ne faisait que répéter «Cette malade est fatiguée», sans nous renseigner efficacement. Face au manque de personnel et d’assistance, je n’ai pas quitté ma mère. Je restais avec elle 12 heures par jour. Il faut savoir que dans ce service Covid, les 14 patients sont suivis par seulement 2 infirmières. Ma patience a toute-fois atteint sa limite, lorsque notre mère nous

envoie un message de détresse un samedi soir pour nous dire que sa bouteille d’oxygène est vide depuis un moment, et que l’infirmière lui a répondu «Je ne peux rien faire pour toi. Tu n’as qu’à patienter». Une attente qui a duré 6 heures, alors qu’elle était en détresse respiratoire. Dimanche, je fais un scandale, le propriétaire de la clinique me répond alors sans sourciller, «Je ne peux pas renvoyer mon infirmière», sans s’attaquer au vrai problème. A partir du lundi, ma mère commence à se remettre petit à petit, ses analyses sont plutôt meilleures de jour en jour. Après 13 jours passés à la clinique, on nous demande de la faire sortir, mais ses poumons étaient encore atteints à hauteur de 85%. Elle était affaiblie et présentait encore des risques. Ils n’ont pas été du même avis. Une facture de 140.000 dirhams nous a été présen-

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Témoignage recueilli par M. A. HAFIDI

tée, nous demandant de la faire sortir d’urgence pour libérer la place à d’autres «victimes». J’ai essayé de négocier ce montant exorbitant. On m’a sommé de payer, sinon j’aurais dû me diriger vers le secteur pu-blic. Une fois à l’extérieur de la clinique, ce que nous avons redouté arrive. Ma mère a rechuté. Après une autre hospitalisation, ils l’ont laissée agoniser à une sa-turation de 65%, pendant plusieurs heures, sans que personne ne bouge le petit doigt. J’ai crié pour qu’on la fasse descendre en ranimation. Quelques heures après, ma mère a rendu son dernier soupir.

Message de détressePendant ce temps, mon père était, à son tour, hospi-talisé dans une clinique à Aïn Borja. Il avait une satu-ration de 94% sans oxygène et des poumons atteints à 10%, son cas n’était pas grave. Mais ce qui a causé sa mort, c’est une femme médecin très médiatisée et qui se remplit bien les poches en cette période grâce à ses consultations express à partir de 1.500 dirhams. Après 9 heures d’attente dans son cabinet, elle lui a prescrit un traitement sans anticoagulant en injection et sans antiviral alternatif à la chloroquine. Elle lui re-commande un confinement à domicile. Entre-temps, sa saturation a baissé à 88, puis à 70, face au refus de médecins de se déplacer jusqu’à chez lui. Nous avons commencé à louer 2 bouteilles d’oxygène par jour, à raison de 1.800 dirhams la bouteille pour maintenir mon père en vie le temps de trouver une place dans une clinique. Il a été hospitalisé 4 jours après, j’étais soulagée car je croyais qu’il était enfin entre de bonnes mains. Mais malgré leur humanisme et attention, le staff médical de la clinique s’est avéré incompétent. Ils ne nous donnaient pas d’informations fiables et étaient dans l’approximatif. On nous assurait qu’il se portait beaucoup mieux et qu’il a même entamé des exercices avec le kiné. A notre grande surprise, on nous appelle quelques jours après pour nous annonce son intubation, un jour après il nous quittait. Le même jour que ma mère. Pour le faire sortir, il fallait rajouter un reliquat de 4.660 dirhams, en plus de 70.000.00 en-caissés d’ailleurs le premier jour de son hospitalisation. Nous sommes face à des réanimateurs et à un staff médical incompétent en ce qui concerne le traitement du Covid-19, qui travaillent à l’aveuglette et qui n’ont aucun recul, même après plusieurs mois de pandé-mie. J’ai très mal pour mon pays. Je me dis que dans d’autres circonstances, mes parents seraient toujours en vie. Je sens énormément de frustration, de tristesse et de colère” l

Tu as raison Redouane Semlali, oui je te tutoie. Dans ta der-nière sortie médiatique, aussi incompréhensive, maladroite et, le moins que l’on puisse dire, arrogante, t’as eu le culot de débiter: «Les cliniques privées ne peuvent pas gérer la

misère et la pauvreté des Marocains. Celui qui n’est pas satisfait par les tarifs n’a qu’à aller se plaindre à Rabat». Non, vous ne rêvez pas. Le président de l’Association nationale des cliniques privées a bien proféré ces propos insultants. Il n’en est pas à sa première bêtise. Ce récidiviste, en voulant esquiver la cupidité d’une profession, s’est tiré une balle dans le pied.En insultant les Marocains qui ont fait sa richesse, Semlali fait preuve d’un grand manque de reconnaissance et d’une absence inouïe du sens de la solidarité et d’entraide, en cette période exceptionnelle. «Notre raison de vivre, ce sont les malades», tu as raison. Les ma-lades sont ta raison de vivre, et ta source d’opulence. Tu as raison de les regarder de haut. Toi qui as été accueilli à bras ouverts, la semaine dernière, par le ministre de Santé. Tu as raison de nous insulter, notre ministre de tutelle ne nous défend pas. Les conflits d’intérêt et autres connivences sont monnaie cou-rante dans ce gouvernement. Tu as raison d’admettre que vous recevez des chèques de garantie, pourtant interdits par la loi, défiant les lois du pays. Car, tu le sais bien, tu ne seras pas traîné en justice. Tu as raison de nous mentir sur les prix de l’oxygène. Dans un élan de mauvaise foi, tu avances le chiffre de 6.000 à 8.000 dirhams par jour en oxygène, alors que les cliniques privées rechargent leurs bonbonnes à 600 dirhams, pour les facturer à 300 dirhams l’heure. Faisons le calcul, un patient en détresse respiratoire a besoin de deux bonbonnes d’oxygène par jour, ce qui coûte 1.200 dirhams à la clinique. En lui facturant 300 dirhams par jour, la clinique se fait un bénéficie de 6.000 dirhams. Rien que ça.Tu as raison de tirer à boulets rouges sur l’Etat, qui t’as permis de t’engraisser, car absent d’un secteur vital pour les Marocains, les je-tant en pâture aux mafieux de la santé et ouvrant ce secteur aux investisseurs peu scrupuleux d’éthique et d’humanisme. Des témoignages, nous en avons reçu des dizaines, où le manque de professionnalisme, d’incompétence et de non-respect de la loi par des cliniques privées est avéré, preuves à l’appui. Et ta dernière sor-tie médiatique insultante et méprisante envers ce peuple n’est que la partie apparente d’un secteur qui se croit au-dessus des lois l

Redouane Semlali,tu as raison de nous insulter !

Mohamed Amine Hafidi

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UNICEF Maroc donnela parole aux enfants

ENFANTS VULNÉRABLES EN PÉRIODE DE COVID-19

Plus la crise du Covid-19 persiste, plus son impact sur les services de l’éducation, de la santé, de la nutrition et sur le bien-être des

enfants, de manière générale, et leur ex-position à différentes formes de violence est profond. Pour plaider la cause des droits de l’enfant vulnérable en cette pé-riode de crise et à l’occasion de la jour-née mondiale de l’enfance, l’UNICEF au Maroc lance la campagne «Visages et Histoires». Cette campagne donne la voix directement aux enfants vulnérables. Elle se déroule jusqu’au 10 décembre 2020, journée internationale des droits de l’Homme. «La fragilité des enfants s’est exaspérée avec la crise du Covid-19. Je fais réfé-rence ici particulièrement aux enfants en

situation de handicap, aux enfants en si-tuation de migration, aux enfants dans le milieu rural, aux enfants vivant dans les institutions, aux enfants privés de cadre familial et aux enfants issus de manière générale de familles pauvres, dont la fra-gilité a été accentuée à cause des effets secondaires et de l’impact socio-écono-mique de cette crise», déclare Giovanna Barberis, représentante de l’UNICEF Ma-roc.

Des histoires partagées Selon elle, tout au long de la pandémie du Covid-19, «il y a eu un mythe persistant selon lequel les enfants sont à peine tou-chés par la maladie. Mais ce n’est que la pointe visible de l’iceberg. Les perturba-tions des principaux services et la montée

En cette période de crise de Covid19, les enfants en situation de vulnérabilité sont plus que jamais exposés à la violation de leurs droits. Pour plaider leur

cause, l’UNICEF au Maroc lance la campagne «Visages et Histoires».

Mohamed Amine HAFIDI

CHAQUE ENFANTA DROIT À TOUS SES

DROITS, QUEL QUE SOIT LE CONTEXTE.

en flèche des taux de pauvreté constituent la plus grande menace pour les enfants», souligne Mme Barberis. Pour plaider publiquement leur cause, l’UNICEF Maroc a choisi de donner la parole directement aux enfants pour qu’ils exigent eux-mêmes la protection de leurs droits. «Yassine, Fatima Zahra, Fadoua, Fatima, Aboubakar, Ahmed, Zineb, Ha-nane, Ghita, Hicham, Hasnaa … sont des jeunes qui nous ont ouvert leur cœur et ont accepté de partager avec nous leurs histoires. Ce sont des exemples vivants qui démontrent que venir à bout de la vulnérabilité, des défis et privations des droits est possible s’il y a concours des ef-forts pour cela», précise Meriam Amjoune, jeune défenseur des droits de l’enfant au-près de l’UNICEF au Maroc. La campagne «Visages et Histoires», mise en place en association avec plu-sieurs partenaires de l’UNICEF au Ma-roc et bénéficiant du soutien financier de l’USAID et de l’Union européenne, consti-tue ainsi «une matérialisation de l’engage-ment des enfants dans la conception et la mise en œuvre des actions de plaidoyer les concernant. Elle associe des enfants en situation de handicap, de migration, des jeunes filles rurales, des enfants qui ont vécu l’expérience de l’exploitation, des enfants en contact avec la loi ou privés de cadre familial et d’autres», souligne l’UNICEF. Son message central est que chaque enfant compte, chaque enfant a droit à tous ses droits, quel que soit le contexte et doit jouir des mêmes opportu-nités pour y accéder l

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Driss Guerraoui élu président de la région MENACONSEIL INTERNATIONAL D’ACTION SOCIALE

Le président du Conseil de la concurrence, Driss Guerraoui, a été élu récemment, à l’unanimité, pour un quatrième mandat, en tant

que membre du Conseil d’administration du Conseil International d’Action Sociale (CIAS), président de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Cette élection est intervenue à l’occasion de l’Assemblée générale du Conseil, tenue par visioconférence le 8 novembre 2020 et qui a également élu un nouveau président de cette instance, à savoir le Sud-Coréen Sang-Mok Suh, ainsi que 8 présidents ré-gionaux: Taylor Nyanhette, du Zimbabwe, pour la région Afrique de l’Est et du Sud, Amacodou Diouf, du Sénégal, pour la région Afrique centrale et occidentale, Suresh Pathare, de l’Inde, pour la région

Asie du Sud et Chinchai Cheecharoen, de Thaïlande, pour la région d’Asie du Sud-Est et Pacifique.Il s’agit aussi de Chua Hoi Wai de Hong Kong pour la région Asie du Nord-Est, Ronald Wiman de Finlande pour la région Europe, Michèle Matthews des Etats-Unis d’Amérique pour la région Amérique du Nord et Caraïbes et Cristina Riscalla Madi du Brésil pour la région d’Amérique Latine.Organisation mondiale non gouvernemen-tale fondée en 1928, le Conseil Internatio-nal d’Action Sociale, qui siège à Utrecht, aux Pays-Bas, est l’une des premières organisations internationales non gouver-nementales à obtenir le statut consultatif spécial auprès des Nations-Unies et de ses Agences spécialisées, notamment le Conseil Économique et social (ECOSOC),

l’OIT, l’UNESCO, l’OMS, la FAO ou encore l’UNICEF.Le Maroc a intégré le conseil d’administra-tion du CIAS en juin 2010, à la suite de son élection à l’unanimité par son assemblée générale tenue à Hong Kong l

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PORT

RAIT

Le bénévolat est une seconde nature, une raison d’être et la joie de vivre pour Maria Omnès, née Hajama. Cette franco-ma-rocaine est née à Casablanca le 20 décembre 1967. A l’âge

de 6 ans, à la suite du décès de son père, elle migre en France en compagnie de sa mère et ses deux frères. Arrivée à Toulon en 1976, elle s’est installée en 1984 à la Valette-du-Var, où elle occupe, entre autres responsabi-lités, de 2008 à 2014 le poste de conseillère municipale déléguée aux finances et de 2008 à 2020 le poste de conseillère municipale affaires sociales. Mère d’une fille (Sophie), Maria concilie avec sérénité et bienveillance bénévolat, mandat local, vie associative, vie de famille et vie professionnelle. Beaucoup plus en France mais aussi au Maroc, ses ac-tions sociales et humaines, sa présence sur le terrain et son dévouement inconditionnel aux Marocains de France font parler d’elle. Des actions qui lui ont valu des distinctions à l’Hexagone mais aussi dans son pays d’ori-gine. Début novembre 2020, l’association «Les amis de l’établissement Louis Le Cha-telier», à Sidi Slimane, partenaire privilégié de l’Institut français de la ville, lui décerne un Trophée en guise de reconnaissance de ses conseils et de son accompagnement béné-vole sur les démarches juridiques et adminis-tratives visant à s’installer en France au profit de professeurs et de futurs étudiants.Elle a reçu, aussi, la Médaille d’Honneur des services du bénévolat- Echelon or, les palmes d’or du bénévolat, en plus des tro-phées du Conseil National des Marocains de France et de la Maison du Maroc à Marseille.Le 10 mars 2019, madame Asma Chraïbi,

directrice générale du Cabinet Conseil MDM Migration et développement, à Kenitra, lui rend hommage à l’occasion de la journée in-ternationale de la femme en reconnaissance de son excellent et parfait parcours profes-sionnel et de dévouement pour défendre et porter aide et assistance aux personnes en situation de vulnérabilité et de précarité. Ce n’est pas tout. Malgré toutes ces distinctions et bien d’autres, Maria est connue pour être discrète.

Disponibilité et dévouementSouvent, c’est de bouche à oreille qu’on noue contact avec elle. Et quand on fait appel à elle, elle se montre toujours dispo-nible, de jour comme de nuit. Anas, étudiant en deuxième année d’un Master en finance à l’université de Toulon, se rappelle encore des circonstances qui l’ont conduit à faire la connaissance de Maria. «Dès que j’ai mis les pieds pour la première fois sur le terri-toire français, à l’aéroport de Marseille, une bande de mineurs m’ont volé mon précieux sac qui contenait tous mes papiers d’identi-té et la somme de 1300 euros que mes pa-rents m’ont donnée pour payer mon premier loyer et subvenir à mes besoins pendant mes premières semaines en France. Je me suis retrouvé sans papiers et sans argent. Je me suis dirigé alors au Consulat du Ma-roc à Marseille pour leur demander ce que je devais faire et si je pouvais refaire mon passeport notamment. Le personnel consu-laire était accueillant mais il m’a dit qu’il ne pouvait pas me refaire mon passeport avant de payer 120 euros. En m’apprêtant à quit-ter le consulat, le responsable à l’accueil me demande d’attendre et me chuchote qu’une

dame nommée Maria viendra me chercher à la gare de Toulon. Une fois arrivée, elle me réconforte, m’ouvre un compte bancaire en 30 minutes et intervient auprès de la direc-tion de ma résidence pour avoir les clés de mon logement. Elle a subvenu à mes be-soins durant une longue période et m’a aidée à refaire mes papiers».Mouncif Bouchareb, 47 ans, cadre bancaire, confie que Maria est une dame très influente et très respectée par les autorités et a un imposant carnet d’adresses des hommes d’affaires. Il raconte qu’elle a été d’un grand soutien à titre personnel et a toujours ré-pondu favorablement aux sollicitations des personnes en difficulté ou dans le besoin qui passent par son truchement. Aussi, il se rap-pelle l’avoir aidée à faire la connaissance et ramener des clients importants à une filiale d’une banque marocaine à Toulon.Le cas social de Dounia Boulaid, 38 ans, qui habite dans la commune de Cogolin, si-tuée dans le département du Var, en région Provence-Alpes-Côte d’Azur, est un peu différent. Sa mère, lui rendant visite en sep-tembre 2009, tombe gravement malade. On découvre chez elle une tumeur cancéreuse en stade final. Entre confusion et désarroi, Dounia ne trouve réconfort qu’auprès de Ma-ria, qu’elle a connue par le biais d’une proche de sa famille. Cette dernière l’aide à obtenir un titre de séjour provisoire, à lui organiser en urgence un rendez-vous avec un grand professeur spécialiste, supporte une partie des frais exorbitants de l’opération, lui col-lecte le reste de la somme et l’assiste jusqu’à rétablissement.Les premiers pas de Maria dans le bénévo-lat débutent en 1982, à l’âge de 15 ans. Elle

Maria Omnès, une dame de cœurDéléguée régionale de la Fondation du Bénévolat en France, volontaire à plusieurs associations,

à 52 ans, Maria Omnès, née Hajama, est le recours incontournable pour des milliers de Marocainsen France, jeunes, étudiants, familles démunies et personnes en détresse. Son parcours atypique

et sa discrétion sont exemplaires.

TRENTE-DEUX ANS DE BÉNÉVOLAT SANS FRONTIÈREAU SERVICE DES MAROCAINS DE FRANCE

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Maria Omnès lors d’une activité officielle en France.

Marouane KABBAJ

s’est portée volontaire pour faire l’interprète de femmes marocaines rencontrées dans son entourage familial. Très vite, elle ressent le besoin d’aider ceux qui vivent des situa-tions difficiles.Durant cette même année et jusqu’en 1984, Maria répond à la demande de Mme Dou-mergue, professeur de français à Toulon, qui cherche des volontaires pour rendre visite à des professeurs retraités, sans famille, le mercredi et le samedi après-midi.

Ses premiers pas dans le bénévolatDevenue adulte, elle poursuit son engage-ment en apportant aide, écoute, conseil et soutien au service de la communauté maro-caine et à tous ceux qui la sollicitent. Le tout à titre bénévole et gracieux.Elle élargit le champ de ses actions pour ve-nir en aide aux femmes maltraitées, aux per-sonnes âgées, aux étrangers ayant demandé le droit d’asile, aux familles demandant le ra-patriement à l’étranger d’un défunt pour les-quelles elle sollicite une aide financière et les guide dans leurs démarches administratives, aux étudiants Marocains pour lesquels elle sollicite des aides financières et essaie de trouver un hébergement ou se porte caution. Elle effectue aussi des visites aux malades dans les hôpitaux. Au Maroc, elle apporte son soutien aux plus démunis au Maroc,

notamment à des femmes sans ressources à qui elle envoie des médicaments, des fau-teuils roulants, et des vêtements, jouets et livres aux orphelinats de Casablanca et de ses environs, voire même de l’aide pour des interventions médicales ou chirurgicales en France ou l’aide au retour des retraités vers le pays d’origine… Maria mène aussi un combat très personnel auprès des femmes primo-arrivantes en France afin qu’elles s’in-sèrent dans la société française ainsi qu’au-près de leurs époux auxquels elle explique qu’en France, la femme a les mêmes droits que son conjoint. Depuis 2008 jusqu’à ce jour, elle vient en aide aux étudiants dans

“ AU FIL DES ANNÉES, SES ACTIONS LUI VALENT UNE RECONNAISSANCE MÊME DE

HAUTS RESPONSABLES FRANÇAIS.”leur recherche de stage et d’emploi. Elle œuvre pour l’obtention d’aides financières par le biais du large réseau de personnes qu’elle s’est constitué au fil des années.Au fil des années, ses actions lui valent une reconnaissance même de hauts respon-sables français. En janvier 2011, le général de Corps d’armée Paul Rocher, Président des Saint-Cyriens de Toulon et maire-ad-joint au Sénateur-Maire de la Valette-du-Var, écrit dans une lettre: «Mme Maria conseil-lère municipale à mes côtés et Conseillère communautaire dans l’agglomération Tou-lon Provence Méditerranée se dévoue sans compter auprès des ressortissants maro-

cains de Provence Alpes Côte d’Azur et de Languedoc-Roussillon pour les aider dans leurs démarches auprès des autorités admi-nistratives et judiciaires et auprès des organi-sations de services publics et privés».Experte judiciaire près la Cour d’Appel d’Aix en Provence, traductrice-interprète du fran-çais à l’arabe littéraire et l’arabe dialectal auprès du Tribunal de grande instance de Toulon, du Tribunal pour enfants, des com-missariats et de la Gendarmerie du Var, Lieutenant dans la réserve citoyenne, Prési-dente des Amis de la Gendarmerie de Tou-lon-Hyères, sa formation et son expertise ju-ridique et judiciaire et son réseau bien étoffé à travers la France, elle le met au service des Marocains en difficulté et en mal d’insertion ainsi que tous ceux qui la sollicitent.«Je n’ai qu’une raison d’être, être utile autant que possible à ceux qui me sollicitent», dit-elle l

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Le poète solitaire

IL Y A UN QUART DE SIÈCLE, MOHAMMED KHEIR EDDINE EST MORT

Un chat passe a côté et c’est toute une littérature d’ici et d’ailleurs qui me vint à l’es-prit; du Chat noir d’Edgar Allan Poe, au «chat poète»

de feu Mohammed Kheir Eddine; cette petite créature que le grand homme de lettres (mais aussi de litres, selon l’ex-pression de feu Azizi, grand frère de Tayeb Seddiki), tutoie un jour: «Tu com-prends la poésie, et à chaque fois que la plume court sur le papier tu te redresses comme pour applaudir, tu saisis tout rien qu’à ce bruit insolite», dit l’auteur d’Il était une fois un vieux couple heureux. Eh oui, Kheir Eddine a su donner une dimension autre à la poésie; il la transmet à l’animal, qui en entend le son et qui s’en réjouit comme un humain, voire plus que l’hu-main.De ce fait magique du pouvoir du mot, je ne laisserais pas échapper ce quart de siècle de sa disparition (décédé le 18 novembre 1995), sans me pencher sur quelques uns de ses vers tout en rendant hommage à son âme errante qui apparte-nait déjà à cet ailleurs si présent dans ses poèmes aux moments où il les écrivait.Dans La Nausée noire, l’auteur poète nous fait part d’une détresse qui le plonge dans un néant infini; un néant qui rappelle ses «écrits sismiques», où il pleure les restes d’une ville chère.. une ville mère..

Le 18 novembre 1995, l’écrivain marocain Mohammed Kheir Eddine est mort. Ses livres continuent de faire débat. Il est plus que

jamais vivant, diront certains. Témoignage.

Houda ALFACHTALIEcrivaine et poétesse

TOUT CELA SE TERMINE PAR UN CRI DE COEUR; UN APPEL AUX MOEURS D’UN HOMME

SOLITAIRE QUI AIME SA SOLITUDE ET LA REVENDIQUE HAUT ET FORT.

son Agadir détruite en 1961 sous l’effet d’un séisme qui restera gravé dans la mé-moire de tout un peuple. Dans ce poème, Kheir Eddine n’a «nulle cause pour vivre»; un fait que seule une âme déracinée, per-due dans les débris de ses propres murs peut établir, conclure et écrire. Il s’en va donc errer dans cette ville déserte où, à chaque angle, les rues le «croisent»; une image où tout un être se bouscule et se jette d’un bout de la ville à l’autre telle une grosse pierre de sang dans un corps ma-lade. Cri de cœurTout cela se termine par un cri de coeur; un appel aux moeurs d’un homme soli-taire qui aime sa solitude et la revendique haut et fort: «Laissez-moi seul avec mes risques, mes douleurs et mes cicatrices», son âme trahie ne pouvait trouver son salut dans le bruit de la foule, sa plume rebelle devait prendre ses distances pour mieux s’éloigner et pour mieux s’écrire.Et le vin vint ...comme seul et unique re-fuge; ce fut son voyage, sa métaphore, sa musique de l’au-delà, son défi de la société, de l’institution, des gens, de leur argent et de tous ses pouvoirs sur eux: «Je bois à la santé de la mort», écrit-il dans son poème Temps Mêlés; il se ré-volte et puis il se tait.. son silence est beau, révélateur, essentiel, porteur de vé-

rités, diseur de pensées inouïes et ô com-bien profondes!! Un silence que seul un bon entendeur saurait lire; et c’est dans ce sens que Kheir Eddine vient l’imposer dans un ton impératif où il ordonne à son lecteur de se taire et de le lire: «Visez mon front entre les rides et regardez un autre déchiqueté qui ne parle plus», des mots qui incitent à une écoute attentive et profonde d’un silence absolu, intense et audacieux... un silence «plein», un acte de recul, une sorte de retrait qu’il prend par rapport à une agitation sociétale futile qu’un esprit rebelle et un corps fatigué ne peuvent tolérer.. Un silence qui marque la force d’une présence inégalable de l’homme intelligent, sensible, penseur et différent qu’il fut.Lire Kheir Eddine est une vraie transpor-tation vers des mondes où l’être, le lieu et le temps se croisent, se confondent et se compliquent … le dire et le décrire en quelques mots reste donc une aventure très risquée faute de temps et d’espace suffisants pour lui consacrer un écrit digne de son oeuvre et de sa personne l

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Le Maroc devrait officiellement, en mars prochain, rejoindre le Sénégal, l’Algérie, le Mali et la Tunisie à la prochaine Coupe

d’Afrique des nations (CAN) de football, prévue en janvier et février 2022 au Ca-meroun, qualifié lui en tant que pays hôte. Victorieux lors de sa double confronta-tion avec la République centrafricaine sur le score de 4-1 à Casablanca et de 2-0 à Douala -la Confédération africaine de football (CAF) avait déclaré, le 21 oc-tobre, le Stade Barthélemy-Boganda de Bangui impraticable, ce qui a amené les Fauves du Bas-Oubangui à solliciter le Cameroun pour accueillir leur ren-contre-, il caracole désormais en tête du groupe B des éliminatoires et n’aura

besoin que d’un nul face à la Maurita-nie, son premier poursuivant avec cinq points de retard, pour assurer sa par-ticipation à la reine des compétitions footballistiques africaines.

Charnière centraleEt même s’il se rate face à la voisine du Sud, qu’il devra affronter chez elle, il pourra toujours se rattraper face au Burundi, qu’il avait déjà dominé en novembre 2019 à Bujumbura par trois buts à zéro. Il faudrait, ainsi, une véri-table catastrophe pour que les Lions de l’Atlas ne participent pas à ce qui serait leur 17ème CAN, eux dont le seul titre

voudra se rattraper de son penalty raté face au Bénin en Égypte en quart de finale de la précédente CAN -élimina-tion du Maroc aux tirs aux buts-, ou encore Achraf Hakimi, étincelant au poste d’ailier droit même si d’habitude il évolue plus en arrière dans son club de l’Inter, en Italie.Globalement, “coach Vahid” semble avoir de plus en plus de certitudes sur son groupe, en dehors d’hésitations quant à la charnière centrale, où il a successivement associé Samy Mmaee à Zouhair Feddal puis à Nayef Aguerd -ce dernier, qui monte en puissance au Stade Rennais depuis le début de saison, a prouvé qu’il était digne des comparaisons avec Medhi Benatia-, ainsi que pour le poste de buteur, bal-loté entre Youssef El-Arabi et Youssef En-Nesyri. Il a, en tout cas, quatorze mois encore devant lui pour peaufiner sa touche l

date de 44 ans déjà et le trophée rem-porté en Éthiopie en 1976 par la géné-ration des Faras et Acila. La sélection entraînée par Vahid Ha-lilhodzic, en poste depuis août 2019 et qui a déjà dirigé à la CAN la Côte d’Ivoire en 2010 -quart de finale- et l’Al-gérie en 2013 -premier tour-, fera tout, on peut le gager, pour réitérer l’exploit de ses aînés. Elle pourra, dans ce sens, notamment compter sur les perfor-mances de ses éléments expatriés en Europe, à l’instar du meneur de jeu de Chelsea, Hakim Ziyech, triple buteur et double passeur décisif face à la Répu-blique centrafricaine et qui sans doute

Les Lions en bonne voie pour le CamerounÉLIMINATOIRES DE LA CAN 2022

La sélection entraînée par Vahid Halilhodzic pourra compter sur les performances de Hakim Ziyechou encore Achraf Hakimi pour rééditer l’exploit des Faras et Acila en Éthiopie en 1976.

W. EL BOUZDAINI

Vahid Halilhodzic

GLOBALEMENT, “COACH VAHID” SEMBLEAVOIR DE PLUS EN PLUS DE CERTITUDES

SUR SON GROUPE.

SPOR

T & Lo

isirs

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COUR

RIER

& Web

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FOCUS

Ali Alaoui, Salé

Bravo pour votre dernier dossier consacré aux dépassements des cliniques privées dans leur traitement des cas Covid-19. Je salue votre professionnalisme et votre courage.Nous ne pouvons plus nous voiler la face, ce secteur est corrompu et ne se soucie guère des Marocains. Leur seul leitmotiv, c’est le gain rapide.Ce qui me met le plus en colère, c’est l’inertie des pouvoirs publics face à des pratiques douteuses et illégales et très connues par tout le monde. Je me demande pourquoi le gouvernement ne fait rien pour sanctionner ces hors-la-loi l

R.J , Casablanca

Khalid Aït Taleb doit agir contre la pratique du chèque de garantie dans les cliniques privées

J’ai vu le ministre de la santé, Khalid Aït Taleb, s’indigner par rapport aux chèques de garantie demandés aux patients par les cliniques privées. Un ministre ne s’indigne pas, il agit, il met fin à cette pratique et il doit tout simplement appliquer la loi. Le chèque de garantie est une pratique cou-rante dans le système privé de santé. Il est régulièrement demandé par les cliniques privées et personne n’ose mettre fin à cette pratique financière illégale. Par ailleurs, l’ancien secrétaire général du ministère de l’économie et des finances, Zouheir Chorfi, avait fortement critiqué les cliniques pri-vées en disant qu’elles ne déclarent pas la totalité de leurs revenus à l’administration fiscale l

Khalid El Hati, Marrakech

Dossier cliniques privées

Biden, wonderful and wise man

Joe Biden est si populaire et bon orateur qu’on s’at-tend à son élection. Certes, je suis en état d’écrire que le Maroc est ravi de l’élection du président Biden (2021-2024) sans omettre d’indiquer le soutien du Maroc à la candidature de la démo-crate Hillary Clinton en 2016. Avec Trump à la Maison Blanche, il faut reconnaître que la qualité et la dimension des relations entre le Maroc et l’Amérique se sont sensiblement renforcées à la différence de son prédécesseur, le démocrate Barack Obama. Il m’est autorisé de souligner que le Maroc a toujours été proche des républicains, parti majoritaire au congrès. Vu sa démocratie et sa sagesse pour les plus justes causes, j’ose espérer que la question de notre Sahara atlantique béné-ficiera à l’ONU d’appui ferme de l’administration américaine sous l’autorité du Président Biden. Pendant sa visite au Maroc, en qualité de Vice-pré-sident américain, Biden déclarait que le Maroc jouit d’une grande place dans son cœur, en tant que premier pays à reconnaître l’indépendance de son pays, appréciant hautement le rôle du Maroc dans le continent africain et la diplomatie maro-caine pour la stabilité et la sécurité dans l’Afrique. Compte tenu des relations séculaires qui lient, depuis 243 ans, le Maroc à l’Amérique, le Maroc étant le premier État à avoir reconnue en 1777 l’indépendance des États Unis d’Amérique sous le règne du Sultan Mohammed III (1757-1790) et George Washington, premier Président d’Amé-rique (1789-1797). Cet évènement demeure dans les mémoires des deux pays comme une date fétiche où le destin a été scellé. A cet égard, je suggère que le sage Biden en fasse autant, en deve-nant le premier président américain à reconnaître que le Sahara atlantique fait partie intégrante du Maroc, quitte à ouvrir un consulat américain à Laâyoune. Biden sait fort bien que l’Algérie cherche noise au Maroc, et que les troupes algé-riennes créent des troubles au Sahara marocain. A dire vrai, il est plus facile d’être dictateur, mais il est très difficile d’être démocrate comme Biden, à qui je souhaite plein succès… l

LES CLINIQUES PRIVÉESAU BOX DES ACCUSÉSLes cliniques privées ont montré, encore une fois, leur face abjecte de voracité et de cupidité. En exploitant la situation sanitaire et son aggravation dans le pays avec ce que cela a impliqué comme la saturation de la capacité hospitalière déjà fragilisée par plusieurs décennies de politique d’abandon et de négligence de la part des pouvoirs publics, les cliniques privées se trouvent plus que jamais fortement critiquées par les Marocains. Ces derniers ne cessent, en effet, de dénoncer, depuis déjà plusieurs années, les abus et les comportements inadmis-sibles des dirigeants de ces cliniques qui courent derrière l’argent. Une course effrénée et inhumaine vers le profit alors que le premier objectif d’une clinique privée est de soigner les malades. Or la situation actuelle, marquée par la crise sanitaire et ses conséquences négatives sur le pouvoir d’achat des Marocains, doit logiquement pousser les patrons des cliniques privées à adopter un compor-tement de solidarité avec les malades et leurs familles. Je ne dis pas qu’il faut dispenser gratuitement les soins, mais il ne faut pas renchérir sur les prix et les honoraires. Je considère cette clinique qui a demandé 200.000 dirhams à un malade du Covid-19 comme une énorme infraction à la loi. Dans un Etat de droit, cette clinique ne devrait pas échapper à la sanction.

Noufissa Abidi, Casablanca

COUVERTURE

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J’ai lu avec intérêt votre article traitant des nominations à de hautes fonctions (Maroc Hebdo n°1367, du 30 octobre au 5 novembre 2020). Avant de donner mon avis, je me demande si la conjoncture actuelle, marquée par la crise éco-nomique et sanitaire, permet ce genre de nomination surtout que les caisses de l’Etat sont presque taries. Par ailleurs, je m’interroge sur les critères de coopta-tion à ces postes de haute responsabilité pour dire que des militants des partis politiques ne sont pas dotés, dans la majorité des cas, des compétences requises pour la gestion de la chose publique. Le copinage et les intérêts personnels des ténors des partis ne peuvent supplanter aux intérêts suprêmes du pays. De ce fait, le choix inapproprié de responsables incompétents renforce la mauvaise gestion et pérennise la corruption et la tradition ancienne du «renvoi de l’ascen-seur» à qui de droit l Said Jaid, Salé

Nominations de hauts fonctionnaires

J’ai vu l’ancienne candidate sicoaliste à l’élection présidentielle, Ségolène Royal, qui fut également ministre dans le gouvernement de l’ancien président, François Hollande, tenir des propos sensés et lucides sur la position d’Emmanuel Macron par rapport à l’islam. «Un chef d’Etat ne dit pas qu’il va continuer avec les caricatures mais il va plutôt continuer avec la liberté d’expression», avait-elle notamment déclaré sur la chaîne d’information française CNews. Ségolène Royal se dit choquée, au même titre que les musulmans, par les caricatures insultantes du Prophète Mohammed publiées dans des médias français l

Aboubakr Zaki, Agadir

Quand Ségolène Royal recadre Emmanuel Macron

J’avais suivi la campagne électorale d’Emmanuel Macron au moment où ce dernier annonçait sa candidature à l’élection présidentielle française en mai 2017. Pendant sa campagne, il ne cessait de soutenir les droits des musulmans de France

et de les défendre contre la montée de l’extrême droite qui appelait à l’adop-tion d’une immi-gration sélective. Mais une fois au pouvoir, le même Emmanuel Macron se dresse non seulement contre les musulmans de France mais contre

les musulmans du monde entier. Une position hostile qui n’honore pas le chef d’Etat français, qui aspire à se présenter à un deuxième mandat. Mais je crains qu’Emmanuel Macron ne subisse le même sort que son ancien homologue améri-cain, Donald Trump, qui s’accroche au pouvoir et refuse de reconnaître sa défaite face à Joe Biden. Mais Macron peut toujours sauver sa réélection en s’excusant aux musulmans du monde entier pour les caricatures insultantes qu’il a ordonné de republier sur les bâtiments publics l

Emmanuel Macron risque de connaître le même sort que Donald Trump

Malika Rais, Agadir

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Par AHMED ELMIDAOUI - PARIS

Alors que de nombreux pays d’Europe, d’Asieet d’Afrique ont modifié ou changé leurs hymnes

nationaux, “Manbita al ahrar” a traversé des décennies sans une ride.

UN SYMBOLE IDENTITAIREDE HAUTE VALEUR

 gé aujourd’hui de 50 ans, l’hymne national a été adopté par feu Hassan II en no-vembre 1970, lors d’une cérémonie en hommage au poète Ali Sqalli Houssaini, auteur de cette œuvre nationale qui continue de résonner d’une manière tou-jours nouvelle dans la mémoire collective des Marocains, comme un symbole

identitaire de haute valeur. Et c’est en ce même mois de novembre 2005 que le roi Mohammed VI a fixé officiellement par dahir cet hymne qui sera au fil des années notre symbole d’appartenance à une même nation, animée par ce désir mutuel de vivre ensemble et cette volonté commune de faire de grandes choses ensemble. Rédigé par le poète Ali Sqalli Houssaini qui nous a quittés, lui aussi en ce même mois de novembre (le 5 novembre 2018), jour où le Maroc célébrait le 43ème anniversaire de la Marche verte, une épopée glorieuse chargée de hautes significa-tions en termes d’appartenance nationale, l’hymne marocain a été savamment choisi, parmi plusieurs textes, par feu Hassan II qui a bien tenu à lui apporter une touche particulière donnant tout son sens à l’appartenance identitaire et à la cohésion nationale, ainsi qu’aux valeurs de paix et de tolérance qui font gloire à la nation marocaine. Et c’est en 1970 à Mexi-co que “Manbita al ahrar” a été pour la première fois chanté et retransmis par les télévisions du monde entier, lors du match opposant le Maroc à la République fédérale d’Allemagne qui s’est soldé par une victoire peu méritée des Allemands contre les Lions de l’Atlas (2-1).. Et nos jeunes des années 50-60 retiennent toujours, en souvenir impérissable, cette image de notre onze national qui peinait à réciter les couplets d’Ali Sqalli, essayant tant bien que mal de remuer les lèvres pour donner l’impression qu’il chante bien notre hymne national qui retentissait fort dans le grand stade de Mexico.La beauté et la portée de notre hymne national, sa composition musicale originale, son rythme et surtout son contenu chargé à la fois d’affirmations identitaires et de valeurs d’ou-verture et de paix, lui ont valu une distinction tout à fait particulière de la part des médias étrangers, notamment le quotidien britannique, Daily Telegraph, fondé en 1855, qui l’a plé-biscité en tant que meilleur hymne national (forme et contenu) interprété lors du dernier Mondial, Russie-2018. Manière de dire que si la compétition mondiale se jouait aussi sur le terrain des hymnes, le Maroc serait incontestablement champion du monde. Manière d’af-firmer aussi qu’il n’ya pas un grand moment d’émotion pour les joueurs mais aussi pour les supporters et les téléspectateurs, plus fort que celui de faire retentir les hymnes des nations. Alors que de nombreux pays d’Europe, d’Asie et d’Afrique ont modifié, voire même changé leurs hymnes nationaux, pour des raisons diverses, l’hymne national marocain, a traversé des décennies sans une ride, conservant ainsi toute son authenticité et son originalité.Et c’est bien Abdeljalil Lahjomri, président de l’Académie royale du Maroc, qui a résumé si bien le sens et la portée de notre hymne national en apportant ce témoignage: “Quand on lit le texte de l’hymne national, on découvre qu’il a résumé avec élégance la quintessence de l’histoire du Royaume, tout en renforçant son image identitaire à l’extérieur” l

L’hymne national, 50 ans de vie…

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