10_Dietemann - IRM Du Rachis Et Moelle - Variantes de La Normale,Pieges Et Difficultes Dgn

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125 J OURNÉES F RANÇAISES DE R ADIOLOGIE 2006 F ORMATION M ÉDICALE C ONTINUE N° 10 Variantes de la normale ; images pièges et difficultés diagnostiques en IRM médullaire et rachidienne L’imagerie du rachis est essentiellement basée sur la sca- nographie et l’IRM. Le scanner reste l’examen de première intention pour l’exploration des névralgies sciatiques et des névralgies cervico-brachiales. L’examen scanographique est également un examen fondamental en pathologie rachi- dienne traumatique et tumorale. L’IRM est une explora- tion dont les indications sont absolues en cas d’atteinte médullaire, qu’elle soit liée à une compression d’origine extradurale par une atteinte au niveau du contenant ou qu’elle soit liée à une pathologie intradurale, intra ou extra- médullaire. Malgré les performances de la scanographie et de l’IRM, il persiste des difficultés diagnostiques qui peuvent être liées à une technique inadaptée, à une méconnaissance d’arte- facts et de variantes de la normale, à une mauvaise orien- tation clinique, à une mauvaise connaissance du dossier clinique, mais aussi à l’existence d’éléments sémiologiques très atypiques, voire liées à l’association de plusieurs lésions ou de plusieurs pathologies. Difficultés ou erreurs diagnostiques liées à une technique inadéquate ou à des artefacts En IRM, l’absence d’injection de chélates de Gado- linium laissera échapper un certain nombre d’affec- tions, notamment les petites métastases leptoméningées périmédullaires ou de la queue de cheval [1] (Fig 1). L’exploration de l’espace intradural par l’IRM chez un patient qui présente une hyperprotéinorachie, voire une réaction cellulaire atypique, doit nécessai- rement comporter des coupes en T1 après injection de chélates de Gadolinium, afin de reconnaître les carcinomatoses méningées, les méningites chroni- ques bactériennes (tuberculose) ou granulomateu- ses (sarcoïdose). Dans certaines situations, l’exploration IRM doit comporter des séquences avec saturation de la graisse [2]. Cette saturation est particulièrement utile en T1 après injection de chélates de Gadolinium pour identi- fier les lésions vertébrales, pour reconnaître l’extension épidurale des tumeurs osseuses vertébrales, pour bien apprécier la prise de contraste de la fibrose sur les rachis lombaires opérés ou encore au niveau des dis- ques et surtout des corps vertébraux dans le cadre des suspicions de spondylodiscite (Fig 2). Cette saturation de la graisse est également utile pour différencier un hématome extradural spontanément hyperintense en T1 de l’hypersignal de la graisse épidurale normale [3]. La confirmation d’un processus tumoral graisseux de type lipome ou kyste dermoïde est facilitée par l’utili- sation de la saturation du signal de la graisse. La saturation du signal de la graisse en T2 est utile pour confirmer les lésions à T2 long (tumeurs, inflammation, œdème). Cette saturation en T2 peut être obtenue, soit en séquence STIR, soit en spin écho rapide avec application de l’impulsion de saturation du signal de la graisse (fat sat). La « Fat Sat » est très sensible aux hétérogénéités de champ et son efficacité disparaît en cas de champ B0 hétérogène (mauvais réglage de l’homogénéité, implants métalliques) ; des artefacts sont également notés lorsque le champ d’exploration est trop grand. Pour la recherche de foyers de démyélinisations médullaires dans le cadre d’une SEP, les coupes en T2 spin écho rapide sont insuffisantes et des coupes très fortement pondérées en T2 sont indispensables [4, 5] (Fig 3). Certains artefacts sont d’origine technique ou accen- tués par certains types de séquences. La présence de clips chirurgicaux ou de microdébris ferromagnétiques détachés des instruments chirurgicaux peut entraîner des artefacts susceptibles d’être confondus avec des formations kystiques hypointenses en T1 [6]. La pré- sence de telles sources d’artefacts voit les anomalies de signal fortement accentuées en T2 écho de gradient. Les coupes axiales en T2 au niveau cervical et thora- cique utilisent des séquences en écho de gradient qui sont très sensibles aux phénomènes de susceptibilité JL D IETEMANN , S K REMER , A B OGORIN , M K OOB , C A UDIBERT , A G YSS , M A BU E ID , G Z ÖLLNER Service de Radiologie 2, CHU de Strasbourg-Hautepierre

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Dietemann - IRM du rachis et moelle

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  • J O U R N E S F R A N A I S E S D E R A D I O L O G I E 2 0 0 6 F O R M A T I O N M D I C A L E C O N T I N U E N 10Variantes de la normale; images piges et difficults diagnostiques

    en IRM mdullaire et rachidienne

    Limagerie du rachis est essentiellement base sur la sca-nographie et lIRM. Le scanner reste lexamen de premireintention pour lexploration des nvralgies sciatiques et desnvralgies cervico-brachiales. Lexamen scanographiqueest galement un examen fondamental en pathologie rachi-dienne traumatique et tumorale. LIRM est une explora-tion dont les indications sont absolues en cas datteintemdullaire, quelle soit lie une compression dorigineextradurale par une atteinte au niveau du contenant ouquelle soit lie une pathologie intradurale, intra ou extra-mdullaire.

    Malgr les performances de la scanographie et de lIRM,il persiste des difficults diagnostiques qui peuvent tre lies une technique inadapte, une mconnaissance darte-facts et de variantes de la normale, une mauvaise orien-tation clinique, une mauvaise connaissance du dossierclinique, mais aussi lexistence dlments smiologiquestrs atypiques, voire lies lassociation de plusieurs lsionsou de plusieurs pathologies.

    Difficults ou erreurs diagnostiques lies une technique inadquate ou des artefacts

    En IRM, labsence dinjection de chlates de Gado-linium laissera chapper un certain nombre daffec-tions, notamment les petites mtastases leptomningesprimdullaires ou de la queue de cheval [1] (Fig 1).Lexploration de lespace intradural par lIRM chezun patient qui prsente une hyperprotinorachie,voire une raction cellulaire atypique, doit ncessai-rement comporter des coupes en T1 aprs injectionde chlates de Gadolinium, afin de reconnatre lescarcinomatoses mninges, les mningites chroni-ques bactriennes (tuberculose) ou granulomateu-ses (sarcodose).

    Dans certaines situations, lexploration IRM doitcomporter des squences avec saturation de la graisse[2]. Cette saturation est particulirement utile en T1aprs injection de chlates de Gadolinium pour identi-fier les lsions vertbrales, pour reconnatre lextensionpidurale des tumeurs osseuses vertbrales, pour bienapprcier la prise de contraste de la fibrose sur lesrachis lombaires oprs ou encore au niveau des dis-ques et surtout des corps vertbraux dans le cadre dessuspicions de spondylodiscite (Fig 2). Cette saturationde la graisse est galement utile pour diffrencier unhmatome extradural spontanment hyperintense enT1 de lhypersignal de la graisse pidurale normale [3].La confirmation dun processus tumoral graisseux detype lipome ou kyste dermode est facilite par lutili-sation de la saturation du signal de la graisse.La saturation du signal de la graisse en T2 est utile pourconfirmer les lsions T2 long (tumeurs, inflammation,dme). Cette saturation en T2 peut tre obtenue,soit en squence STIR, soit en spin cho rapide avecapplication de limpulsion de saturation du signal de lagraisse (fat sat). La Fat Sat est trs sensible auxhtrognits de champ et son efficacit disparat encas de champ B0 htrogne (mauvais rglage delhomognit, implants mtalliques) ; des artefactssont galement nots lorsque le champ dexplorationest trop grand.

    Pour la recherche de foyers de dmylinisationsmdullaires dans le cadre dune SEP, les coupes en T2spin cho rapide sont insuffisantes et des coupes trsfortement pondres en T2 sont indispensables [4, 5](Fig 3).

    Certains artefacts sont dorigine technique ou accen-tus par certains types de squences. La prsence declips chirurgicaux ou de microdbris ferromagntiquesdtachs des instruments chirurgicaux peut entranerdes artefacts susceptibles dtre confondus avec desformations kystiques hypointenses en T1 [6]. La pr-sence de telles sources dartefacts voit les anomalies designal fortement accentues en T2 cho de gradient.Les coupes axiales en T2 au niveau cervical et thora-

    J L D I E T E M A N N , S K R E M E R , A B O G O R I N , M K O O B , C A U D I B E R T , A G Y S S , M A B U E I D , G Z L L N E R1 2 5

    cique utilisent des squences en cho de gradient quisont trs sensibles aux phnomnes de susceptibilitService de Radiologie 2, CHU de Strasbourg-Hautepierre

  • J F R 2 0 0 6 F O R M A T I O N M D I C A L E C O N T I N U EFig 2 Mtastases vertbrales multi-ples. A: en T1, les lsions mtastatiquesapparaissent hypointenses. B: en T1aprs injection de chlates de Gadoli-nium sans saturation du signal de lagraisse, le rehaussement des localisa-tions secondaires entrane unegalisation du signal et une disparitionde limage de plusieurs mtastases. C:en T1 aprs injection de chlates deGadolinium avec saturation du signalde la graisse, lensemble des localisa-tions secondaires est dmontr sous laforme dune hyperintensit.

    Fig 2

    Fig 1 Mtastases leptomninges auniveau des racines de la queue decheval et en primdullaire. Les coupessagittales en T1 (A) et en T2 (B) ne dmon-trent que de petites irrgularits auniveau des racines de la queue decheval, essentiellement visualises sur leT2. Seul le T1 aprs injection de chlatesde Gadolinium (C) dmontre les multipleslocalisations secondaires, sous la forme deprises de contraste, nodulaires au niveaudes racines de la queue de cheval et enbandes autour du cne terminal.

    Fig 1

    B CA1 2 6

    B CA

  • J L D I E T E M A N N , S K R E M E R , A B O G O R I N E T A L .Variantes de la normale ; images piges et difficults diagnostiques en IRM mdullaire et rachidiennemagntiques. Aprs une intervention de type Cloward,de tels artefacts peuvent simuler la persistance dunecompression de nature ostophytique (hypointense enT2). La confrontation un T2 spin cho beaucoupmoins sensible ce type de phnomne permet dviterlerreur ; la confrontation un examen scanographiquepermet galement de lever dfinitivement le doute(Fig 4).

    Les artefacts de flux sont particulirement fr-quents. En coupes sagittales en T2 spin cho rapide,ils se localisent en arrire de la moelle thoraciquesuprieure et moyenne. Ils sont particulirementmarqus chez lenfant. En coupes axiales en T2, cesartefacts sont trs marqus en spin cho rapide, tanten cervical quen thoracique. En T2 en cho de gra-dient, ces artefacts disparaissent. Les trous noirs primdullaires lis au flux de LCS ne doivent pastre confondus avec des dilatations vasculaires

    Erreurs ou difficults diagnostiques lies des variantes de la normale

    Contrairement la scanographie, notamment danslexploration des lombosciatiques, les frquentes et mul-tiples variantes radiculaires sont aisment reconnues enIRM. La plus classique de ces variantes radiculairesest reprsente par la gaine commune deux racines[7, 8, 9, 10]. Ces gaines communes concernent les raci-nes L5 et S1 ou les racines S1 et S2. Parfois, il existeune association de ces deux types de racines conjointesavec, dun ct, une gaine commune L5-S1 et, delautre ct, une gaine commune S1-S2. Ces gainescommunes comblent lespace foraminal et pidural etsimulent parfois, en scanographie, une hernie discaleou un processus tumoral radiculaire. Lanalyse durcessus radiculaire osseux L5, qui est en gnral largilorsquil existe une gaine commune, et lanalyse dutrajet des racines coupe par coupe permettent en gn-ral, dj sur lexamen scanographique, dvoquer unetelle variante et de faire le diagnostic diffrentiel avecune hernie discale ou une tumeur radiculaire. Desreformations obliques dans laxe des racines sont ga-lement trs utiles pour ce diagnostic diffrentiel [8]. Encas de difficult persistante, lIRM rsoudra aismentce problme et le recours la radiculosaccographie nesera pas ncessaire.

    Des kystes radiculaires peuvent galement simulerdes pathologies, notamment tumorales radiculaires.Ceci est particulirement le cas au niveau des racinesthoraciques infrieures o ces kystes sont relati-vement frquents au niveau foraminal. Le signalliquidien du kyste corrige dventuelles erreurs enscanographie.

    Les kystes de Tarlov touchent les racines sacres etlargissent souvent le canal sacr et les trous sacrspour parfois simuler un processus tumoral intracanalaireen scanographie. Des densits proches des densits duLCS et labsence de prise de contraste permettentdcarter le diagnostic de processus tumoral. LIRMconfirme le diagnostic de kyste, grce au signal liquidien[8, 11, 12].

    Les dilatations veineuses pidurales isoles et diffu-ses sont rares, mais lorsquelles existent, elles peuventsimuler une hernie discale, voire une infiltration piduraletumorale [13]. Il est classique de noter des dilatations vei-neuses pidurales sus et sous-jacentes une hernie dis-cale. En scanographie, cette dilatation des veinespidurales majore lapprciation de la taille et ventuel-lement de la migration dune hernie discale. Cette diffi-cult nexiste pas en IRM o il est facile de diffrencierle matriel discal des veines pidurales. Des dilatationsveineuses pidurales sont galement possibles dans lecadre dune hypotension intracrnienne, notamment audcours dune ponction lombaire. En IRM en T1 aprsinjection de chlates de Gadolinium, le rehaussement

    Fig 3 Sclrose en plaques avec lsions dmylinisantes au niveau dela moelle thoracique. A: la coupe sagittale en T2 en spin cho rapidelaisse suspecter un hypersignal intramdullaire (flche). B: la coupe sagit-tale en T2 STIR confirme cet hypersignal. La squence rvle plusieursautres hypersignaux (flches).

    Fig 3

    A B1 2 7

    (Fig 5). des veines pidurales ne doit pas tre confondu avec une

  • J F R 2 0 0 6 F O R M A T I O N M D I C A L E C O N T I N U EFig 4 Artefact de susceptibilit magntique au niveau de la partie postrieure de lespace intersomatique C5-C6 au dcours dune arthro-dse selon la technique de Cloward. A: la coupe axiale en T2 en squence Medic (T2 cho de gradient) semble dmontrer une compression dela face antro-latrale gauche du fourreau dural par une lsion hypointense qui pourrait correspondre un rsidu dostophyte ltage C5-C6(flche). B: la coupe scanographique correspondante ne dmontre aucune lsion compressive rsiduelle. C: la coupe sagittale en T2 en spin chorapide ne visualise aucune lsion compressive rsiduelle. D: la coupe sagittale en T1 en cho de spin retrouve un petit artefact sous la forme dunhyposignal li la prsence de dbris ferromagntiques (flche).

    A CB

    D

    Fig 4

    B C

    Fig 5 Artefacts de flux. A: la coupe sagittale en T2 en spin cho rapide note de multiples hypointensits au sein du LCS rtromdullaire thoracique.B: les artefacts de flux sont particulirement marqus en coupes axiales en spin cho rapide ltage thoracique (flches). C: en T2 en cho de gradient,ces artefacts de flux disparaissent.

    A

    Fig 5 1 2 8

  • J L D I E T E M A N N , S K R E M E R , A B O G O R I N E T A L .Variantes de la normale ; images piges et difficults diagnostiques en IRM mdullaire et rachidienneinfiltration tumorale ou des phnomnes inflammatoi-res. Ces dilatations veineuses sont surtout notes auniveau des plexus veineux antro-latraux en C1, C2 etC3 ainsi quen L5 et S1. Ces plexus apparaissentsymtriques en coupes axiales (Fig 6).En IRM, aprs injection de chlates de Gadolinium, laprise de contraste du ganglion spinal est systmatique etne doit pas tre confondue avec un processus tumoralau niveau du nerf rachidien.

    Le syndrome de Bertolotti (sacralisation ou hmisa-cralisation de L5) peut tre voqu sur les coupes sagit-tales en T2 du rachis lombaire, du fait de labsencede dshydration et de la prsence dune hypoplasie dudisque L5-S1. Les coupes frontales et axiales identifientla transversomgalie et la noarticulation avec laileronsacr (Fig 7).

    Une vertbre en aile de papillon peut, sur descoupes axiales ou sagittales, simuler un tassement ouune lyse vertbrale (Fig 8).

    Les ossifications des ligaments jaunes sont frquen-tes au niveau thoracique et prdominent dans la rgionthoracique infrieure. Ces ossifications se traduisentpar une hypointensit pidurale en T2 sur les coupes

    sagittales paramdianes. En cas de doute, la scano-graphie peut confirmer le diagnostic [14]. Ces ossifica-tions ne deviennent quexceptionnellement pathognes[15] (Fig 9).

    Au niveau de la moelle pinire, lidentification dunhypersignal linaire de type liquidien est frquente surles coupes sagittales en T2. Les coupes axiales identi-fient lanomalie sur la ligne mdiane au niveau de la par-tie antrieure de la moelle pinire. Cette anomalie designal correspond une dilatation du canal pen-dymaire qui stend parfois sur plusieurs niveaux ver-tbraux et qui se localise en thoracique moyen ou auniveau de la jonction cervico-thoracique. Cette ano-malie ne correspond pas une syringomylie volutive,dautant plus quaucune malformation de Chiari ny estassocie et doit tre considre comme une variantede la normale, sans caractre pathogne sur le plan cli-nique [16] (Fig 10).

    Un faux hypersignal est parfois dcrit sur les coupessagittales en T2 au niveau du cne mdullaire et cor-respond en fait au LCS, localis entre les racines ant-rieures et postrieures de lextrmit suprieure de la queue de cheval .

    A B C

    Fig 6 Dilatation des veines pidurales cervicales dans le cadre dune hypotension intracrnienne au dcours dune ponction lombaire, destine rechercher une dissmination mninge dune hmopathie. Les coupes sagittales en T1 avant (A) et aprs (B) injection de chlates de Gadolinium notentune structure isointense los spongieux en T1 avant injection et qui se rehausse aprs injection de chlates de Gadolinium, particulirement hauteur deC2 et de C3 (flche). Langio-IRM veineuse aprs injection de chlates de Gadolinium (C, D) confirme la nature veineuse de ce rehaussement avec dilatation

    D

    Fig 6 1 2 9

    des plexus veineux antro-latraux au niveau du canal rachidien (toiles).

  • J F R 2 0 0 6 F O R M A T I O N M D I C A L E C O N T I N U EB C

    Fig 8 Vertbre en aile de papillon en L4. Les coupes sagittales en T1 (A) et en T2 (B) semblent visualiser un tassement vertbral au niveau de

    A

    Fig 8

    A B

    Fig 7 Syndrome de Bertolotti. A: la coupe sagittale en T2 dmontre un disque L5-S1 hypoplasique, mais normalement hydrat (flche). Vousnoterez une hernie discale L4-L5. B: la coupe frontale en T1 dmontre une hmisacralisation droite avec identification dune noarticulation entrelaileron du sacrum et la transversomgalie L5 droite (flche noire). La racine L5 droite (flche blanche) chemine dans un canal osseux et est sus-ceptible dtre comprime par les lsions dgnratives dveloppes au niveau de la partie interne de la noarticulation (toile).

    Fig 7 1 3 0

    la partie postrieure du corps de L4. C: la coupe frontale en T1 dmontre une vertbre en aile de papillon cet tage (flche).

  • J L D I E T E M A N N , S K R E M E R , A B O G O R I N E T A L .Variantes de la normale ; images piges et difficults diagnostiques en IRM mdullaire et rachidienneErreurs ou difficults diagnostiques lies une mauvaise connaissance du dossier clinique par le radiologue

    La dcouverte dune lsion intramdullaire avecsyndrome de masse, voire avec prise de contraste intra-mdullaire, peut correspondre des pathologies trsvaries, et cest la bonne connaissance du dossier clini-que, notamment de lvolution des symptmes, quipermet damliorer lorientation tiologique [17, 18, 19,20]. Linstallation des troubles cliniques de manire aiguou subaigu oriente plutt vers une ischmie, une sclroseen plaques ou une mylite. En cas dinstallation progres-sive des symptmes, ce sont les diagnostics de pathologiestumorales primitive ou secondaire, dabcs ou de sarco-dose qui pourront tre retenus. Une lsion tumorale nesera rvle de manire aigu que dans deux circonstan-ces, en post-traumatique ou lorsque survient une hmor-ragie spontane au sein de la tumeur. Dans ce dernier cas,lIRM reconnatra aisment lhmorragie. En cas depathologie aigu, il est clair que lexamen du liquide cr-brospinal permettra lorientation diagnostique dfinitivedans bon nombre de cas.

    Dans le cadre des lombosciatiques et des nvralgiescervico-brachiales, la connaissance du niveau radi-culaire est fondamentale. Dans toutes les atteintes detype crural (atteintes L2, L3 ou L4), il convient de pr-ter une attention toute particulire lespace paraver-tbral. De nombreuses cruralgies sont rvlatrices, soitdune pathologie discale extraforaminale, soit ven-tuellement dune pathologie tumorale paravertbrale[7, 21, 22] (Fig 11).

    Toutes les sciatiques L5 ou S1, survenant dans uncontexte noplasique au niveau lombaire, doivent, si

    Fig 9

    Fig 9 Ossifications multitages des ligaments jaunes au niveau tho-racique. Les coupes sagittales en T2 (A, B) visualisent de multipleshypointensits au sein de lespace pidural postrieur en paramdian,avec de discrtes empreintes sur le fourreau dural, correspondant desossifications non compressives (flches).

    A B

    Fig 10 Dilatation du canal pendymaire thoracique. LIRM en coupessagittale en T2 (A) et axiale (B) note un hypersignal centromdullaire, cor-respondant une petite dilatation non pathogne du canal pendymaire

    A B

    Fig 10

    Fig 11 Cruralgie droite rvlatrice dun abcs du psoas droit hauteur

    Fig 11 1 3 1

    (flche). de L2 (flche).

  • J F R 2 0 0 6 F O R M A T I O N M D I C A L E C O N T I N U Eelles ne sont pas expliques par une pathologie disco-vertbrale classique, faire rechercher une lsion auniveau du sacrum ou sur le trajet du nerf grand sciati-que, au niveau de la grande chancrure sciatique [8].

    Il faut galement tre particulirement vigilant en casde nvralgie cervico-brachiale C8-D1. Il est indis-pensable dexplorer lapex pulmonaire la recherchedun ventuel syndrome de Pancoast-Tobias.

    Erreurs ou difficults diagnostiques lies une smiologie atypique des lsions

    Certaines hernies discales peuvent poser dimpor-tants problmes de diagnostic en scanographie, voire

    mme en IRM. En scanographie, lorsquune hernievolumineuse occupe lensemble du canal rachidien, ellepeut tre didentification dlicate et seule une radiculo-saccographie ou une IRM peut rsoudre le problme.Dans dautres cas, une hernie discale volumineuse avecfragment libre peut simuler en scanographie, voire enIRM, une lsion tumorale, notamment de type neuri-nome. Certaines hernies discales, avec fragment librevers le rcessus latral ou le foramen, peuvent tre res-ponsables drosions osseuses pseudotumorales [23].Seule la mise en vidence dun signal proche de celui dudisque sur une IRM avec prise de contraste priphriqueannulaire, permet dvoquer ce diagnostic (Fig 12).Dexceptionnelles migrations de hernies discales enpostro-latral peuvent simuler des processus expansifsde type hmatome extradural chronique ou abcs [24].Des migrations transdurales peuvent simuler une tumeurde la queue de cheval . Des fragments libres anciensrevtent parfois des formes kystiques.

    A C

    B

    Fig 12 Hernie discale L4-L5 gauche descendante avec fragment libre au niveau du rcessus radiculaire L5 gauche. Ce fragment libre est res-ponsable dune rosion osseuse au niveau du rcessus radiculaire et peut faire voquer un processus tumoral. Les coupes axiales en T1 avant (A)et aprs injection de produit de contraste (B) visualisent un largissement du rcessus radiculaire L5 gauche (flche). La lsion apparat isointense audisque intervertbral et prsente un rehaussement qui prdomine priphrie. La coupe sagittale paramdiane gauche en T1 (C) confirme une lsionisointense au disque intervertbral L4-L5 (flche). La coupe sagittale paramdiane gauche en T2 (D) note un signal lgrement hyperintense au niveau

    D

    Fig 12 1 3 2

    de la lsion (flche).

  • J L D I E T E M A N N , S K R E M E R , A B O G O R I N E T A L .Variantes de la normale ; images piges et difficults diagnostiques en IRM mdullaire et rachidienne En ce qui concerne les pathologies mdullaires, lesfistules artrio-veineuses durales peuvent treparticulirement trompeuses et sur lIRM, seul peut appa-ratre un largissement multitag du cordon mdul-laire avec signal hypointense en T1 et hyperintensecentro-mdullaire en T2. Les vaisseaux, notammentles veines de drainage dilates de la fistule, peuventtre didentification dlicate, mme si lexplorationIRM est dexcellente qualit. Devant tout hyper-signal diffus intramdullaire, ce diagnostic doit trevoqu et tout doit tre mis en uvre pour visualiserles veines de drainage de la malformation, notam-ment par linjection de chlates de Gadolinium etlutilisation de squences T2 3D de type CISS 3D[25, 26, 27] (Fig 13).

    En IRM, les mylites radiques peuvent galementposer dimportants problmes de diagnostic diffren-tiel. la phase subaigu et aigu de cette affection, uneffet de masse mdullaire peut tre not avec hyposi-gnal en T1, hypersignal en T2 et parfois mme prise decontraste [28]. Cest le contexte clinique qui doit fairevoquer le diagnostic. Cest le suivi sous traitement

    anti-dmateux qui permettra de confirmer le diag-nostic, en dmontrant lapparition progressive duneatrophie mdullaire.

    Le diagnostic des kystes arachnodiens rachidiensest difficile, car ils ne se traduisent que par effet demasse sur le cordon mdullaire, habituellement dansla rgion thoracique, sans aucune anomalie de signalassocie au niveau de lespace sous-arachnodien [29].La dformation localise de la moelle pinire, lie unkyste arachnodien rtromdullaire thoracique, est pro-che de celle note en cas de hernie congnitale de lamoelle pinire. Dans ce cas, la moelle fait hernie tra-vers un dfect dure-mrien antrieur qui sige en gn-ral en thoracique moyen [30]. La dformation localisede la moelle ne doit pas tre interprte comme uneatrophie, mais doit conduire la ralisation de coupescomplmentaires en T2 3D haute rsolution de typeCISS 3D en sagittal avec des reformations multiplanai-res para-axiales ainsi qu des squences de flux. En casde doute, un myloscanner est prconis (Fig 14).

    La maladie dHirayama, ou mylopathie flexion,uniquement dcrite au Japon et en Chine, existe pro-bablement galement en Europe [31]. Cette affectionest lie un dveloppement disproportionn entre lerachis et lenveloppe mninge (croissance rapide chezun adolescent). Cette dernire apparat alors tendueet, lors de la flexion, elle comprime la moelle au niveaude la rgion cervicale infrieure. Les patients dvelop-pent une atrophie au niveau des extrmits distales desmembres suprieurs. LIRM dmontre une atrophiemdullaire cervicale infrieure et, lors de la flexion, dufait dune dure-mre trop courte, lespace pidural sedilate et les veines pidurales remplissent cet espacevide.

    Le gaz pidural est une dcouverte relativement banale.En cas de dgnrescence discale majeure, le gaz inter-somatique diffuse vers lespace pidural. Exceptionnel-lement, des bulles de gaz peuvent se trouver pigesdans lespace pidural et deviennent alors compres-sives [32]. Ce gaz pidural est hypointense sur les dif-frentes squences ; il peut tre difficile diffrencierde calcifications. La scanographie devient alors uncomplment indispensable pour tablir la nature desanomalies de signal fortement hypointenses en T1 eten T2.

    Erreurs ou difficults diagnostiques lies lassociation de plusieurs lsions ou pathologies

    Le diagnostic de stnose du canal rachidien cervical oulombaire doit toujours tre trs troitement corrl autableau clinique. Dans 20 % des cas, les deux stnoses

    Fig 13 Fistule durale thoracique. A: La coupe sagittale en T2 dmontrede trs discrtes anomalies de signal en rtromdullaire, pouvant corres-pondre de petites structures vasculaires dilates (flche). B: La coupefrontale en CISS 3D confirme les dilatations vasculaires lies llargisse-

    Fig 13

    A B1 3 3

    se trouvent associes [33, 34].ment des veines primdullaires secondaires la fistule durale.

  • J F R 2 0 0 6 F O R M A T I O N M D I C A L E C O N T I N U E La mise en vidence de prises de contraste lepto-mninges au niveau de la queue de cheval et enprimdullaire, sans contexte noplasique connu, doitfaire rechercher une localisation maligne intracrbraleou pinale.

    Lassociation dun hmangioblastome crbelleux etdun hmangioblastome du canal rachidien est une

    situation particulirement frquente, dans la maladiede von Hippel-Lindau, et lexploration simultane de lafosse postrieure et de lensemble du canal rachidienest indique en cas de diagnostic dhmangioblastome.

    Lidentification dune localisation mtastatique sur lundes segments rachidiens doit conduire une explora-tion systmatique de la totalit du rachis.

    B C

    Fig 14 Kyste arachnodien rtromdullaire thoracique. A: la coupe sagittale en T2 dmontre un dplacement vers lavant de la moelle thoracique avecune petite dformation au niveau de sa face postrieure (flche). B: la coupe sagittale en T2 haute rsolution en squence CISS 3D dmontre la paroi sup-rieure du kyste arachnodien (flche). C: la coupe axiale en T2 note la dformation de la face postrieure de la moelle pinire et le dplacement de cettedernire vers la partie antrieure du canal rachidien (flche).

    A

    Fig 14 1 3 4

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  • Difficults ou erreurs diagnostiques lies une technique inadquate ou des artefactsErreurs ou difficults diagnostiques lies des variantes de la normaleErreurs ou difficults diagnostiques lies une mauvaise connaissance du dossier clinique par le radiologueErreurs ou difficults diagnostiques lies une smiologie atypique des lsionsErreurs ou difficults diagnostiques lies lassociation de plusieurs lsions ou pathologiesretour au sommaire