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100% NEWS NUMÉRO 6, 1 ER MARS 2013 Web journal indépendant et gratuit Disponible par mail tous les 1 ers et 15 de chaque mois Stanislas Marçais concurrence . modernisation . smartphone . concertation

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100% NEWSNUMÉRO 6, 1ER MARS 2013Web journal indépendant et gratuitDisponible par mail tous les 1ers et 15 de chaque mois

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édito« Mais comment peut-il manquer aujourd'hui de l'argent pour maintenir et prolonger ces conquêtes [sociales de la Résistance] alors que la production de richesses a considérablement augmenté depuis la Libération, période où l'Europe était ruinée ? Sinon parce que le pouvoir de l'argent, tellement combattu par la Résistance, n'a jamais été aussi grand, insolent, égoïste, avec ses propres serviteurs jusque dans les plus hautes sphères de l'État. Les banques désormais privatisées se montrent d'abord soucieuses de leurs dividendes, et des très hauts salaires de leurs dirigeants, pas de l'intérêt général. » « Prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l'ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l'actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. Je vous souhaite à tous, à chacun d'entre vous, d'avoir votre motif d'indignation. C'est précieux », exhortait Stéphane Hessel, résistant et diplomate, né en 1917, dont la flamme s’est éteinte cette semaine. Dans son essai publié en 2010 et devenu un phénomène d’édition, Stéphane Hessel défendait l’idée selon laquelle l’indignation est le ferment de l’« esprit de résistance ». Les expérimentations prévues par l’article 44 de la LFSS sont gelées, la concurrence déloyale des VTC en passe d’être encadrée mais la polémique médiatique semble dévoyer la réalité. Aucun article des médias grand public n’a encore salué l’action des taxis au bénéfice du maintien de l’économie de proximité, de l’accès au soin et de l’emploi. Difficile de rester indifférent, d’autant que la pérennité de nombreuses entreprises est toujours engagée. La force de coopération des taxis semble rejaillir à chaque coup dur que rencontre la profession. « Indignés » de voir leurs entreprises en sursis, nombre de chefs d’entreprise se regroupent, arrivant à concilier liberté et mutualisation des moyens. Comme le disait Albert Camus : « Les gouvernements, par définition, n’ont pas de conscience. »

La Rédaction

Publication : LNM communication Rédactrice en chef : Hélène Manceron

helene.manceron [at] gmail.comSecrétaire de Rédaction : Laurent Thelliez

Mise en page et couverture : Stanislas Marçais

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A lors que certaines CPAM montrent du doigt les agissements de quelques transporteurs

peu scrupuleux, il semblerait qu’une majorité de taxis passent sous silence les manquements de ces mêmes CPAM. «  Nous sommes régulière-ment saisis par des adhérents victimes d’impayés, même s’ils utilisent la télétransmission », déplore la FNDT. Pour faciliter l’information des dossiers et le cadrage des prescriptions en matière de trans-port, la CNAMTS a édité le système Pec+. Déjà utilisé par les ambulanciers, il va être testé par des taxis. Selon Christophe Laveau, FTI45 et vice-pré-sident de la FNTI, qui s’est porté volontaire pour évaluer cette proposition de nouvelle organisation de la prescription transport, « ce système pourrait réduire les impayés ».

I nauguration de la nouvelle station de la gare Saint Charles, signa-ture d’une charte de bonne conduite pour valoriser leur savoir-faire : les taxis marseillais sont bien en train d’écrire une nouvelle

page de leur histoire. Il faut dire que les ambitions de la ville et de la communauté d’agglomération risquent de bouleverser les habitudes et obliger les taxis à repenser leur activité s’ils veulent rester dans la course. Pour la définition du prochain plan de déplacements urbains 2013-2023, une organisation professionnelle s’est présentée forte de pro-positions afin que les taxis marseillais ne soient pas marginalisés.Interview d’Éric Bouclon, secrétaire général de la STM.

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VTC et TAP, vigilants face aux engagements« 

Les taxis font plier le gouvernement », « L’État recule face aux taxis et aux ambulanciers »… De fait, le communiqué de presse conjoint des trois ministères déclarait le 28 février

dernier : « À la suite des discussions engagées avec les organisations professionnelles de taxis au mois de janvier, les représentants de la ministre des Affaires Sociales et de la Santé, du ministre de l’Intérieur et de la ministre de l’Artisanat, du Commerce et du Tourisme leur ont présenté, le 26 février, l’intention du gouvernement de réformer le régime des VTC (voitures de tourisme avec chauffeur) et de geler les expérimentations envisagées concernant le transport de patients. » Hélas, contrairement à ce qu’on a pu lire dans les médias, le gouvernement n’a rien abandonné, notamment sur le transport de malades assis et côté VTC, les taxis ne semblent pas satisfaits du recadrage envisagé. Commentaires et perspectives.

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Directrice de Publication : Hélène Manceron

A l’heure où les taxis ruraux s’inquiètent du devenir de leurs entreprises, Richard Darbéra, chercheur au CNRS et spécialiste

des transports urbains, s’interroge sur la question de la tarification des taxis urbains. Analysant les spécificités des taxis français, et surtout parisiens, au regard des taxis des autres pays du monde qu’il a pu étudier, l’auteur envisage les répercussions sur la réglementation taxi du développement des smartphones en douze points quelques peu provocateurs.

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>>> suite de l’article page 4

>>> suite de l’article page 6

« La fin du taximètre ou la fin du taxi des villes ? »

crédit : Mbzt Wikicommons

>>> suite de l’article page 5

Pas de PDU sans les taxis100% Marseille

>>> suite de l’article page 7

Vers une coopération commerciale entre CPAM et taxis ?

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crédit : LNM communication

Les capacités et les ambitions de Marseille-Provence Métropole ouvrent de nouvelles perspectives

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Mardi 26 février, les taxis étaient réunis place Beauvau à Paris pour une réunion interministérielle sur la profession

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nement de la CNAMTS à réduire les dépenses de transports de malades, particulièrement le budget taxi, comme pour en faire un symbole, alors qu’il ne représente qu’une part infime de celui de l’Assurance maladie. Témoins quotidiens du fonctionnement concret du système de santé, les taxis ont déjà proposé plusieurs pistes d’éco-nomies. Pourquoi ne pas s’attacher à réduire le budget des journées hospitalières par exemple ? Mais les autorités de Santé ne souhaitent pas toucher où cela pourrait faire mal, car de telles mesures signifieraient peser de nouveau sur les personnels hospitaliers déjà soumis à de rudes contraintes...Comme l’indique le communiqué interministériel, « les discussions sur les réformes structurelles à mener se poursuivront désormais avec les organisations professionnelles du taxi et de transport sanitaire dans le cadre de la définition de la stratégie nationale de la santé. » Le paysage est désormais planté pour les négociations de la prochaine convention nationale, mais rien n’est encore joué…

tifs aux VTC soient publiés d’ici l’été et au cours du deuxième semestre pour ce qui concerne les mesures législatives. »Pourtant, ces mesures ne semblent pas satisfaire tout le monde… « Nous allons poursuivre les

échanges, notamment sur les possibilités de recours à des sanctions pénales contre les agissements de concurrence

déloyale », nous précise Didier Hogrel, président de la FNDT. Quant à Ahmed Senbel, il constate qu’un « décret sur le racolage est programmé mais le cadrage en matière de réservation préalable n’a pas été retenu. »

M ardi 26 février, au ministère de l’Inté-rieur, les portables des représentants des organisations professionnelles ont

chauffé dès la sortie de la réunion organisée dans le cadre du suivi des négociations : l’article 44 de la loi de financement de la Sécurité sociale ne sera pas mis en application ! « Une réussite de la mobilisation de la profession ! » se félicite la FNAT. Pour autant, le soulagement n’était pas de mise chez tous. « Une réunion très positive, mais la situation des VTC reste préoccupante », tempère Ahmed Senbel, pré-sident de FTI75 Ile-de-France et vice-président de la FNTI.VTC, un cadrage pas encore aboutiDans son communique de presse, l’UNT récapi-tule les dispositions prises pour cadrer l’activité des VTC : « Suppression des équivalences pour les titulaires du baccalauréat et nécessité pour accéder à la profession d'une expérience professionnelle en transport de personnes exclusivement  ; mise en place d'une formation initiale, dont le contenu reste à déterminer, qui pourrait faire l'objet d'une validation avec un encadrement strict des centres

de formation ; inter-diction d'élément distinctif sur ces véhicules pouvant, de près ou de loin, être confondus avec les taxis ; obligation d'une vignette sur le pare-brise et la vitre arrière permettant l’identification par les forces de police ; formation continue obligatoire tous les 5 ans  ; mise en place d'un code NAF spécifique ; obligation d'avoir la justification de la commande pré-alable  ; obligation de déclaration de la totalité des véhi-cules utilisés par les entreprises  ; créa-tion d'un délit de

racolage. » Preuve de leur bonne volonté, les pouvoirs publics ont déjà établi un calendrier, comme l’annonce le communiqué interminis-tériel : « Afin que les mesures annoncées puissent être rapidement effectives, le gouvernement s’est engagé à ce que les textes réglementaires rela-

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VTC et TAP, vigilants face aux engagements

La liste des maladies prises en charge à 100% influe sur le volume de

malades à transporter.

TAP : quelles seront les mesures d'économies ?Concernant le transport de malades, la situa-tion reste préoccupante pour les entreprises taxi. Même si les craintes des professionnels ont été entendues par le gouvernement et si le ministère des Affaires sociales et de la Santé a décidé de geler les expérimentations, les écono-mies drastiques sur le transport de malades par taxi restent d’actualité. « Nous redoutons que la CNAMTS nous propose une solution semblable à celle appliquée désormais au remboursement des médicaments. Le budget s’est effectivement réduit car la liste des maladies prises en charge a été raccourcie. Si tel est le cas, nous ne pourrons que faire écho à la contestation des associations de malades  », déclare Didier Hogrel. « L’activité médicale a beaucoup chuté dans le Loiret. Nous remarquons qu’il y a moins de transports, même si le nombre de malades augmente. On reproche pourtant aux taxis une augmentation de 12 % », renchérit Christophe Laveau, président FTI45 et vice-président FNTI. Tous s’étonnent de l’achar-

Didier Hogrel, président de la FNDT.

Ahmed Senbel, président FTI 75 IDF, vice-président FNTI

Que ce soit en gares ou aux aéroports, le prochain cadrage des VTC sera rapidement évalué concrètement.

L'ensemble des organisations professionnelles semble coopérer pour pour la défense du taxi.

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territoire et que l’on dépasse une vision se limitant à la ville », affirme Éric Bouclon. La volonté du STM d’être force de propositions bouscule les pratiques habituelles en partici-pant concrètement à l’amélioration de la situation. « C’est notre rôle de dégager les taxis « sur le cheval » et de traiter les dossiers à leur bénéfice », souligne, blagueur, Éric Bouclon. Autre dossier également en cours au STM, la taxe de sta-tionnement dont doivent s’acquitter annuellement les 1 114 taxis marseillais. Elle est de 392,88 € par an pour un taxi phocéen alors qu’elle coûte 104 € à un taxi lyonnais... Une énigme que nous ne manquerons pas de tenter d’élucider dans nos prochaines parutions.

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Le PDU ne se fera pas sans les taxis« 

Descendez à la capitale  » nargue la cité phocéenne dans sa promotion de Mar-seille-Provence 2013 comme capitale

européenne de la culture. Facile à dire quand, en plus, le soleil est annoncé pour le week-end. Il faut avouer que le territoire a les capacités de ses ambitions. La communauté d’aggloméra-tion Marseille-Provence Métropole regroupe 18 communes et plus d’un million d’habitants dont près de 830 000 en centre-ville. Le budget investi en 2010 dans la politique des transports était de 333 millions d’euros contre 151 millions pour la politique de propreté et le traitement des déchets qui fait souvent débat… Reconnus au PDULe PDU – plan de déplacements urbains – d’une ville, détermine l’organisation du transport des personnes et des marchandises ainsi que la circulation et le stationnement dans un péri-mètre déterminé, souvent un bassin d’activité. Les objectifs du PDU de Marseille sont larges  : développement des modes doux avec construc-tion de pistes cyclables  ; organisation de pôles de transport ; compatibilité de circulation entre tramways et taxis ; changement des sens de cir-culation et itinéraires malins à expérimenter à nouveau… « C’est un passage obligé », constate Éric Bouclon, secrétaire général du STM, Syndi-cat des taxis marseillais. « On passe du-tout voi-ture au tout-piéton. » Le projet est suivi de très près au STM. « Le STM a pris l’initiative d’in-tégrer les taxis marseillais à la définition en cours du PDU », nous explique-t-il. En effet, les 1 560 taxis de Provence avaient été oubliés des prépa-ratifs et études. Après un sincère mea culpa de la communauté urbaine pour n’avoir pas associé plus amont les taxis, les échanges se développent. Pour Marseille, l’enquête publique a débuté en décembre 2012 et sera soumis à approbation en juin 2013 pour une mise en œuvre jusqu’en 2023.Des stations en site protégéEmpruntant la porte ouverte par la communauté urbaine Marseille-Provence Métropole, les taxis marseillais ont pu proposer des solutions d’amé-lioration de leur service et ainsi que leur partici-pation au développement des modes alternatifs de transport au détriment de la voiture solo. Un de principaux points noirs quotidiens de l’activité taxi était jusque-là le non-respect des stations. « Différentes solutions ont été envisagées et testées, jusqu’à un système de bornes mobiles dont l’investissement s’avère trop important. Nous avons donc soumis l’idée de créer des stations sur des espaces protégés de la circulation », nous explique Éric Bouclon. Place Castellane, par exemple, la station a été installée en site propre,

hors circulation. Respectée, elle donne désormais satisfaction aux taxis comme aux clients. Contribuant à la modernisation du service taxi à Mar-seille, cette proposition semble avoir été retenue par la Mairie qui devrait l’aborder lors de son prochain conseil municipal. Le dialogue entre taxis et communauté d’agglomération a en

outre permis d’éviter quelques couacs sur le trottoir. Ignorant

en effet les différentes réglementations qui organisent les modes de trans-port de moins de neuf places, il avait été envisagé de réserver une station d’attente sur la voie publique pour le développement des transporteurs de personnes à vélo… « Il faut que l’on raisonne en terme de

Le non-respect des stations entrave le service taxi.

crédit : Robert Valette Wiki commons

Place Castellane,la station en site propre a démontré son efficacité.

Taxis parisiens, retrouvez tous les mois notre partenaire :

Eric Bouclon, secrétaire général du Syndicat des Taxis Marseillais - STM

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c’est le risque pour nombre de clients de subir la même mésaventure qu’a connue l’animatrice télé Valérie Damidot lors des fêtes de fin d’année : 192 € pour une course de 3 kilomètres !Une tendance internationaleDans la Apple Ville ou Google City, comme les nomme non sans ironie Richard Darbéra, « plus besoin d’autorité régulatrice pour administrer les tarifs et fixer le nombre de licences. La simple inte-raction de l’offre et de la demande déterminera, comme elle le fait déjà pour le transport aérien, les tarifs et les nombres de véhicules nécessaires pour différents niveaux de service. Le rôle du régula-teur se résumera à empêcher, dans chacune des villes, qu’un prestataire d’application atteigne une position de monopole. » Aïe ! Faudra-t-il attendre que se produisent quelques « gros crashs » dans le trans-port urbain et que se mani-feste le désir légitime des clients d’arriver entiers à destination pour assister au retour d’une auto-rité régulatrice ? Quant à préserver le secteur de monopoles, quels qu'ils soient, ne serait-ce point une utopie lorsque l’on voit ce qu’il est advenu du transport scolaire et les remous qui agitent le transport de malades assis ? D’après l’expert du CNRS, cette réflexion est encore futuriste mais les évolutions du transport de moins de neuf places à New York, Londres ou Berlin tendent

vers cette perspec-tive. Marketing ou juste prix ?Fort de ses recherches, Richard Darbéra évalue la situation de la concurrence  : « On compte en Île-de-France environ 10  000 taxis sans taximètre [sic]. Ils ont pour nom officiel « voitures de tourisme avec chauffeur » (pro-bablement plus de 2000 véhicules) ou « transports occa-sionnels de voya-geurs » (environ 8 000). Dans la première catégorie,

on trouve des entreprises comme Voitures jaunes ou Uber. Dans la deuxième, Shuttle et les innom-brables navettes d’aéroports et d’hôtel. Les appli-cations pour téléphones intelligents existent déjà aussi. […] Pour l’instant, en France, ces applica-

100% débatLa fin du taximètre ou la fin du taxi des villes ?

D ans son article paru le 12 février dernier dans la revue Ville, Rail & Transports, revue d’informa-tions consacrées aux politiques de transport sur le

territoire national, en Europe et dans le monde, Richard Darbéra expose les implications du développement des smartphones dans le taxi. Si son analyse de l'évolution de l’offre taxi nous paraît dans l'ensemble pertinente, certains propos de ses propos invitent néanmoins au débat. Extraits et commentaires.Une vision futuriste« Pourquoi les taxis ont-ils un lumineux ? » Commençant son exposé par un questionnement faussement naïf, l’au-teur souligne certes la praticité du sys-tème pour le client qui, d'un simple coup d’œil, peut évaluer si le taxi est libre ou pas, mais semble oublier certains essen-tiels de l’activité taxi tel que la possibilité de contrôle offerte aux forces de police pour le bien des clients et le respect des transporteurs... Tout en rappelant le juste prix que garantit l'existence d’un compteur et affirmant, par un retour d’expérience historique sur plusieurs pays, qu'en milieu urbain, l’introduction d’une concurrence des taxis tradition-nels par les prix est impossible, l’auteur extrapole sur l’impact des nouvelles technologies dans le transport de moins de neuf places. « Changement de décor », nous prévient-il d’emblée. Richard Dar-béra se met alors à surfer sur le fan-tasme de la mise en relation instantanée qu'apportent les nouvelles technologies et l’organisation des communautés vir-tuelles. Concrètement, aucun avantage sur le service déjà rendu par les centraux radio, à l'exception peut-être du choix entre un transport à deux ou à quatre roues… En revanche, côté chauffeur, « le taxi pourra choisir à quel prix il mettra aux enchères sa pro-chaine course ! » Mais où seront les voitures ? Qui seront les chauffeurs ? Un forfait aux enchères aux heures de pointe,

À Google City, le pouvoir de régulation risquerait de revenir à la meilleure politique marketing et commerciale.

R. Darbéra lors de son intervention à l'Union internationale des transports routiers.

tions ne peuvent mobiliser au mieux que quelques dizaines de véhicules. On est loin des milliers de véhicules affiliés à myTaxi en Allemagne ou à HailoCab et GetTaxi à Londres, ou Taxi Magic aux États-Unis. »Il souligne le développement des applications taxis, notamment à Paris, mais semble considèrer la course d’approche comme un frein au déve-loppement du taxi. Selon l’auteur, la plupart des clients la perçoivent cette rémunération de cette « réservation instantanée » comme un supplément indu, estimant ne devoir payer qu’à partir de leur prise en charge. À voir si

les points de vue n’évolueront pas au fil des expériences car, entre une course d’approche évaluée au compteur et la marge faite sur un transport grâce à une tarification au forfait mise aux enchères, laquelle se révélera la plus avantageuse pour la clientèle ?Particularités françaisesLes taxis de France évolueront-ils comme leurs homologues allemands qui ont vu leur organisation en cen-traux radio chamboulée par l’arrivée des applications smartphones ? Dans son article, notre expert ne fait pas de prédiction mais souligne « que l’on ne retrouve nulle part ailleurs qu’en France des centraux de réservation aussi bien retranchés derrière leur position de monopole, ni des taxis avec une aussi forte emprise politique. » Ne serait-ce pas un parti pris ? Les taxis seraient-ils blâmables de la solidarité et de la réactivité dont ils peuvent témoigner à l’égard de leurs organisations pro-fessionnelles ou du central auquel ils sont affiliés ? Les mois et années à venir ne devraient pas tarder à nous donner la réponse car 46,6 % de Fran-çais sont d’ores et déjà équipés d’un smartphone (source Médiamétrie, septembre 2012).Richard Darbéra est chercheur au Latts, Laboratoire Techniques, Ter-ritoires et Sociétés, unité mixte de recherche du CNRS. Il est l’auteur de plusieurs contributions et ouvrages sur le transport en milieu urbain dans le monde, dont Où vont les taxis, éd. Des-cartes & Cie, 2009.

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s’est inscrit dans le groupe test organisé dans son département. 5 taxis participeront aux tests qui devraient durer 3 mois et débuter en avril pro-chain. « Ça marche déjà pour les ambulanciers qui, lorsqu’ils exploitent également des licences, peuvent déjà facturer les transports effectués avec leurs taxis avec Pec+ Pour l’instant, on n’a encore rien testé. À priori, il n’y aura pas de surcoût technologique », nous informe-t-il. On peut remarquer le nouveau transfert de charge administrative que l’Assurance maladie reporte derechef sur ses partenaires de la chaîne de soins. « Ce système peut néanmoins être une avancée car il permet de vérifier les droits disponibles de l’as-suré et pourrait réduire fortement les impayés. », espère Christophe Laveau. Les taxis sont déter-minés à maintenir coûte que coûte l’activité de transport de malades pour leurs entreprises. Les organisations professionnelles relaient et négo-cient les propositions avec une institution qui semble avoir accepté de les intégrer au processus de réorganisation du transport de malades. La CNAMTS doit remplir ses objectifs de réduc-tion budgétaire. Les taxis semblent volontaires mais circonspects sur la justesse et l’efficacité des mesures engagées.

« Il est nécessaire de mettre en place une rationalisation des paiements. On vend un service avec remise, facturé a poste-

riori et dont les taxis n’ont aucune garantie de paiement », précise Didier Hogrel, président de la FNDT également taxi en exercice dans l’Essonne. Avec un système où le client peut reprendre son billet après avoir mangé le gâteau, le chiffre d’affaires des entreprises taxis semble précarisé. Pour encadrer les prescriptions de malades assis et tenter de répondre à cette situa-tion, la CNAMTS propose aux taxis de tester Pec+. Les tests devraient commencer au prin-temps.Assez d’ardoises pour une cathédraleJérôme Maret, taxi dans l’Essonne, a réussi à juguler l’hémorragie avant qu’il ne soit trop tard. Prenant en charge une enfant en soins en CMPP depuis la rentrée de septembre 2012, notre taxi, fonctionnant couramment avec la télétransmis-sion, effectue transports et facturations confor-mément à la prescription dont il dispose. Les vacances de Noël se passent et récemment, il reçoit un courrier recommandé l’informant que le taux de prise en charge de l’enfant n’était pas celui escompté et qu’il devait, séance tenante, rembourser les paiements lui ayant été adres-sés en règlement des transports effectués pour la patiente. Il alerte le CMPP duquel dépend l’enfant, qui avertit les parents. Fin heureuse, la mutuelle prend en charge le complément du remboursement obtenu par les parents. L’enfant pourra poursuivre son traitement. « Toutes les semaines, des enfants arrêtent leur thérapie », témoigne pourtant Jérôme Maret. L’accès aux soins semble mis à mal et le fonctionnement même des rares centres de soins de proximité à nouveau remis en question. Quant aux écono-mies, elles ne sont pas flagrantes. Témoin l’his-toire de la patiente successivement opérée des genoux pour pose de prothèses qui se retrouve contrainte à conduire son véhicule pour se faire soigner. Bonne blague qui s’est seulement arrêtée que lorsque la dame a pu à retrouver ses droits à transport suite à un abcès au genou évitant de justesse une nouvelle opération ! Une multitude de cas se fait écho de département en départe-ment. Souvent ce sont les taxis qui paient, font la trésorerie, comme dans cette histoire où le taxi est obligé de rembourser 25 000 € à la CPAM alors qu’il désespère de voir payer ses transports dont le montant s’élève à 70 000 €. Les CPAM ont beau les inviter à recouvrer le transport auprès des patients, cela reste plus facile à dire qu’à faire. Solliciter des personnes dont la maladie

La prescription médicale en question100% terrain

Le système Pec+ qui s'adressait d'abord aux ambulanciers permet notamment de vérifier les droits à prise en charge des assurés.

s’est aggravée, ou la famille lorsque la personne transportée est défunte, est très délicat, surtout si le taxi veut éviter toute mauvaise publicité, notamment en ruralité…Qui Pec+ paiera le moins ?Pour rationaliser les procédures de prescrip-tion, d’information et de contrôle, la CNAMTS a lancé à l’automne dernier le service Pec+, Pec signifiant prise en charge. « Le projet de déma-

térialiser à terme l’en-semble de la prestation transport a débuté

début 2012 », nous avait indiqué un responsable départemental de CPAM lors du lancement. L’objectif de Pec+ est de dématérialiser les actes administratifs des prestations de transport pour, entre autres, fiabiliser leur facturation. Une bonne idée qui ne s’adressait jusqu’à présent qu’aux entreprises d’ambulances mais dont les taxis pourraient bénéficier.Avant son application généralisée, les taxis de huit départements testeront Pec+ dans les prochains mois. «  C’est une proposition de la CNAMTS d’ouvrir Pec+ aux taxis.  » nous pré-cise Christophe Laveau, vice-président de la FNTI. Également taxi en activité en Loiret, il

Les impératifs administratifs des CPAM génèrent des situation très délicates sur le terrain.