1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la...

11
1,00 € Numéros précédents 2,00 € L’O S S E RVATORE ROMANO EDITION HEBDOMADAIRE Unicuique suum EN LANGUE FRANÇAISE Non praevalebunt LXXI e année, numéro 20 (3.633) Cité du Vatican mardi 19 mai 2020 Que Jean-Paul II Que Jean-Paul II continue d’intercéder continue d’intercéder pour la paix dans le monde pour la paix dans le monde A cent ans de la naissance de Karol Wojtyła pages 3, 6 et 7 DANS CE NUMÉRO Page 2: Audience générale du 13 mai. Le Pape rappelle l’attentat contre Jean-Paul II. Page 3: Regina caeli du 17 mai. La semaine «Laudato Si’». Page 4: Message pour la journée mondiale du migrant et du réfu- gié. Pa- ge 5: Message pour la journée des infirmiers. Page 8: Conver- sation avec Johnny Dotti, par Marco Bellizi. Page 10: Une démocratie appelée narration, par Colum McCann. Page 11: Informations. Page 12: 14 mai: journée de prière et de jeûne. Décès du cardinal Corti.

Transcript of 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la...

Page 1: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

1,00 € Numéros précédents 2,00 €

L’O S S E RVATOR E ROMANOEDITION HEBDOMADAIRE

Unicuique suum

EN LANGUE FRANÇAISENon praevalebunt

LXXIe année, numéro 20 (3.633) Cité du Vatican mardi 19 mai 2020

Que Jean-Paul IIQue Jean-Paul II

continue d’i n t e rc é d e rcontinue d’i n t e rc é d e r pour la paix dans le mondepour la paix dans le monde

A cent ans de la naissance deKarol Wojtyła

pages 3, 6 et 7

DANS CE NUMÉROPage 2: Audience générale du 13 mai. Le Pape rappelle l’attentat contreJean-Paul II. Page 3: Regina caeli du 17 mai. La semaine «LaudatoSi’». Page 4: Message pour la journée mondiale du migrant et du réfu-gié. Pa- ge 5: Message pour la journée des infirmiers. Page 8: Conver-sation avec Johnny Dotti, par Marco Bellizi. Page 10: Une démocratieappelée narration, par Colum McCann. Page 11: Informations. Page12: 14 mai: journée de prière et de jeûne. Décès du cardinal Corti.

Page 2: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

page 2 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 19 mai 2020, numéro 20

Audience générale du 13 mai

Dieu est comme un pèreauquel on peut tout demander

Chers frères et sœurs, bonjour!Nous accomplissons aujourd’hui le deuxiè-

me pas sur le chemin de catéchèse sur laprière, commencé la semaine dernière.

La prière appartient à tous: aux hommes dechaque religion, et probablement aussi à ceuxqui n’en professent aucune. La prière naîtdans le secret de nous-mêmes, dans ce lieu in-térieur que les autorités spirituelles appellentsouvent le «cœur» (cf. Catéchisme de l’Eglisecatholique, nn. 2562-2563). Ce qui prie en nousn’est donc pas quelque chose de périphérique,ce n’est pas l’une de nos facultés secondaireset marginales, mais c’est le mystère le plus in-time de nous-mêmes. C’est ce mystère quiprie. Les émotions prient, mais on ne peutpas dire que la prière soit seulement une émo-tion. L’intelligence prie, mais prier n’est passeulement un acte intellectuel. Le corps prie,mais on peut parler avec Dieu également enétant affecté par l’invalidité la plus grave.C’est donc tout l’homme qui prie, si son«cœur» prie.

La prière est un élan, c’est une invocationqui va au-delà de nous-mêmes: quelque chosequi naît au plus profond de notre personne etqui sort de nous-mêmes, parce qu’il ressent lanostalgie d’une rencontre. Cette nostalgie quiest plus qu’un besoin, plus qu’une nécessité:c’est un chemin. La prière est la voix d’un«moi» qui vacille, qui avance à tâtons, à la re-cherche d’un «Toi». La rencontre entre le«moi» et le «Toi» ne peut pas se faire avecdes calculatrices: c’est une rencontre humaineet très souvent on avance à tâtons pour trou-ver le «Toi» que mon «moi» est en train dec h e rc h e r.

La prière du chrétien naît en revanched’une révélation: le «Toi» n’est pas resté enve-loppé dans le mystère, mais il est entré en re-lation avec nous. Le christianisme est la reli-gion qui célèbre sans cesse la «manifestation»de Dieu, c’est-à-dire son épiphanie. Les pre-mières fêtes de l’année liturgique sont la célé-

bration de ce Dieu qui ne reste pas caché,mais qui offre son amitié aux hommes. Dieurévèle sa gloire dans la pauvreté de Bethléem,dans la contemplation des Rois Mages, dansle baptême dans le Jourdain, dans le prodigedes noces de Cana. L’Evangile de Jean con-clut par une affirmation synthétique le grandhymne du Prologue: «Nul n’a jamais vu Dieu,le Fils unique, qui est dans le sein du Père,lui, l’a fait connaître» (1, 18). C’est Jésus quinous a révélé Dieu.

La prière du chrétien entre en relation avecle Dieu au visage très tendre, qui ne veut faireressentir aucune peur aux hommes. C’est lapremière caractéristique de la prière chrétien-ne. Si les hommes étaient depuis toujours ha-bitués à s’approcher de Dieu un peu intimi-dés, un peu effrayés par ce mystère fascinantet terrible, s’ils s’étaient habitués à le vénéreravec une attitude servile, semblable à celled’un sujet qui ne veut pas manquer de respectà son seigneur, les chrétiens s’adressent en re-vanche à Lui en osant l’appeler d’une manièreconfidentielle par le nom de «Père». Jésusutilise même l’autre mot: «papa».

Le christianisme a banni du lien avec Dieutout rapport «féodal». Dans le patrimoine denotre foi ne sont pas présentes des expressionscomme «assujettissement», «esclavage» ou«vassalité»; mais des termes comme «allian-ce», «amitié», «promesse», «communion»,«proximité». Dans son long discours d’adieuaux disciples, Jésus dit cela: «Je ne vous ap-pelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ceque fait son maître; je vous appelle amis, cartout ce que j’ai appris de mon Père, je vousl’ai fait connaître. Ce n’est pas vous quim’avez choisi; mais c’est moi qui vous ai choi-sis et vous ai institués pour que vous alliez etportiez de fruit et un fruit qui demeure; alorstout ce que vous demanderez au Père en monnom, il vous l’accordera» (Jn 15, 15-16). Maisil s’agit d’un chèque en blanc: «Tout ce quevous demanderez au Père en mon nom, jevous l’a c c o rd e » !

Dieu est l’ami, l’allié, l’époux. Dans la priè-re on peut établir un rapport de confianceavec Lui, au point que dans le «Notre Père»Jésus nous a enseigné à lui adresser une sériede demandes. Nous pouvons tout demander àDieu, tout; tout expliquer, tout raconter. Peuimporte si, dans la relation avec Dieu, nousnous sentons en faute: nous ne sommes pasde bons amis, nous ne sommes pas des en-fants reconnaissants, nous ne sommes pas desépoux fidèles. Il continue à nous aimer. C’estce que Jésus démontre définitivement lors dela Dernière Cène, quand il dit: «Cette coupeest la nouvelle Alliance en mon sang, qui vaêtre versé pour vous» (Lc 22, 20). Dans cegeste, Jésus anticipe au Cénacle le mystère dela Croix. Dieu est un allié fidèle: si les hom-mes cessent d’aimer, Lui continue cependant àaimer, même si l’amour le conduit au Calvai-re. Dieu est toujours près de la porte de notrecœur et il attend que nous lui ouvrions. Etparfois, il frappe à notre cœur, mais il n’estpas envahissant: il attend. La patience deDieu avec nous est la patience d’un père, dequelqu’un qui nous aime beaucoup. Je diraisque c’est à la fois la patience d’un père etd’une mère. Toujours proche de notre cœu r,et quand il frappe, il le fait avec tendresse etavec beaucoup d’a m o u r.

Essayons tous de prier ainsi, en entrantdans le mystère de l’Alliance. De nous mettredans la prière entre les bras miséricordieux deDieu, à nous sentir enveloppés par ce mystèrede bonheur qu’est la vie trinitaire, à nous sen-tir comme des invités qui ne méritaient pastant d’honneur. Et à répéter à Dieu, dansl’étonnement de la prière: est-il possible quetu ne connaisses que l’amour? Il ne connaîtpas la haine. Il est haï, mais il ne connaît pasla haine. Il connaît seulement l’amour. Voilàquel est le Dieu que nous prions. C’est lecœur incandescent de toute prière chrétienne.Le Dieu d’amour, notre Père qui nous attendet nous accompagne.

A l’issue de l’audience générale, le Pape s’estadressé aux fidèle francophones:

Je salue cordialement les personnes de languefrançaise. Lorsque nous prions, efforçons-nousde nous adresser à Dieu avec confiance, com-me un enfant s’adresse à son Père, chassanttoute peur et toute distance. Il est toujoursproche de nous, nous pouvons tout lui dire ettout lui demander. Que Dieu vous bénisse!

Le Pape François rappelle l’attentat contre Jean-Paul II

Le regard tourné vers Fatimapour implorer la fin de la pandémie

A l’issue de l’audience générale, en saluant les fidèlespolonais, le Pape a rappelé la mémoire liturgique de laVierge de Fatima ainsi que le centième anniversaire dela naissance de Jean-Paul II:

Je salue cordialement tous les Polonais. Nous célé-brons aujourd’hui la mémoire liturgique de la Viergede Fatima. Revenons en pensée à ses apparitions età son message transmis au monde, ainsi qu’à l’atten-tat contre Jean-Paul II, qui attribuait le salut de savie à l’intervention maternelle de la Sainte Vierge.Dans notre prière, demandons à Dieu, par l’i n t e rc e s -sion du Cœur immaculée de Marie, la paix pour lemonde, la fin de la pandémie, l’esprit de pénitenceainsi que notre conversion. Lundi prochain sera cé-lébré le centième anniversaire de la naissance desaint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise enmondovision pour tous. Rendons grâce à Dieu denous avoir donné cet Evêque de Rome, ce saintévêque, et demandons-lui de nous aider: qu’il aidecette Eglise de Rome à se convertir et à aller del’avant. Je vous bénis de tout cœu r.

Page 3: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

numéro 20, mardi 19 mai 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 3

Regina caeli du 17 mai

Que Jean-Paul II continue d’i n t e rc é d e rpour la paix dans le monde

CChers frères et sœurs, bonjour!L’évangile de ce dimanche (cf. Jn 14, 15-21)présente deux messages: l’observance descommandements et la promesse de l’EspritSaint.

Jésus relie l’amour pour Lui à l’observancedes commandements, et il insiste sur ce pointdans son discours d’adieu: «Si vous m’aimez,vous garderez mes commandements» (v. 15);«Celui qui a mes commandements et qui lesgarde, voilà celui qui m’aime» (v. 21). Jésusnous demande de l’aimer, mais il explique: cetamour ne s’épuise pas dans un désir de Lui,ou dans un sentiment, non, il requiert la dis-ponibilité à suivre son chemin, c’est-à-dire lavolonté du Père. Et celle-ci se résume dans lecommandement de l’amour mutuel — le pre-mier amour [dans la mise en œuvre] — donnépar Jésus lui-même: «Comme je vous ai ai-més, vous aussi aimez-vous les uns les autres»(Jn 13, 34). Il n’a pas dit: «Aimez-moi, commeje vous ai aimés», mais «aimez-vous les unsles autres comme je vous ai aimés». Il nousaime sans rien nous demander en retour.

L’amour de Jésus est gratuit, il nenous demande jamais rien en retour.Et il veut que son amour gratuit de-vienne la forme concrète de la vie en-tre nous: c’est sa volonté.

Pour aider les disciples à marchersur ce chemin, Jésus promet qu’ilpriera le Père d’envoyer «un autreParaclet» (v. 16), c’est-à-dire un Con-solateur, un Défenseur qui prenne saplace et leur donne l’intelligencepour écouter et de courage pour ob-server ses paroles. C’est l’EspritSaint, qui est le Don de l’amour deDieu qui descend dans le cœur duchrétien. Après la mort et la résurrec-tion de Jésus, son amour est donné à

La semaine «Laudato Si’»

Construire ensemble un monde meilleur

Samedi 16 mai a débuté la semaine «LaudatoSi’», sur le thème «Tout est lié». Organiséepar le dicastère pour le service du développe-ment humain intégral, le Mouvement catho-lique mondial pour le Climat et Renova+, àl’occasion du cinquième anniversaire de la pu-blication de l’encyclique, elle invite les com-munautés catholiques du monde entier, pa-roisses, diocèses, congrégations religieuses, as-sociations, écoles et autres institutions à ap-profondir leur engagement pour la sauvegardede la création et la promotion d'une écologieintégrale. Au cours de la semaine, diverses ini-tiatives en ligne seront lancées afin de cons-truire un avenir plus juste et plus durablepour la Terre et l'humanité, en suivant l’espritde Laudato Si’, où le Saint-Père explique que«tout est lié». L'initiative se terminera le 24mai par une journée mondiale de prière.

C'est le Pape qui a annoncé l'événement le3 mars dernier, invitant, par le biais d'un mes-sage vidéo, à une participation la plus largepossible: «Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui viendront après nous,

aux enfants qui grandissent? Je renouvellemon appel urgent pour répondre à la criseécologique, le cri de la terre et le cri des pau-vres ne peuvent plus attendre. Prenons soinde la création, un don de notre Dieu le Créa-teur», déclarait François dans ce message.

Au cours des cinq dernières années et de-puis la publication de Laudato Si’, des milliersde communautés dans le monde entier ontpris des mesures pour mettre en œuvre la vi-sion de l'écologie contenue dans l'encyclique.Mais la crise environnementale est si gravequ'il faut faire plus encore.

Le cinquième anniversaire de Laudato Si’coïncide avec deux échéances majeures liées àla protection de l’environnement: c’est cetteannée qu’expire le délai pour que les pays an-noncent leurs plans pour atteindre les objec-tifs de l'accord de Paris sur le climat; c'estaussi l'année où devait se tenir la Conférencedes Nations unies sur la biodiversité, prévueen octobre, en Chine, mais qui a été reportéeà une date à préciser.

ceux qui croient en lui et qui sont baptisés aunom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.L’Esprit lui-même les guide, les éclaire, lesfortifie, afin que chacun puisse marcher dansla vie, même dans l’adversité et les difficultés,dans les joies et dans les peines, en restant surle chemin de Jésus. Cela est possible juste-ment en restant dociles à l’Esprit Saint, afinque sa présence active puisse non seulementconsoler mais transformer les cœurs, les ouvrirà la vérité et à l’a m o u r.

Face à l’expérience de l’erreur et du péché— que nous faisons tous —, l’Esprit Saint nousaide à ne pas succomber et il nous fait saisiret vivre pleinement le sens des paroles de Jé-sus: «Si vous m’aimez, vous garderez mescommandements» (v. 15). Les commande-ments ne nous sont pas donnés comme unesorte de miroir, dans lequel se reflètent nosmisères, nos incohérences. Non, il n’en n’estpas ainsi. La Parole de Dieu nous est donnéecomme Parole de vie, qui transforme le cœu r,la vie, qui renouvelle, qui ne juge pas pourcondamner, mais guérit et a pour but le par-don. La miséricorde de Dieu est ainsi. UneParole qui est lumière pour nos pas. Et toutcela est l’œuvre de l’Esprit Saint! Il est leDon de Dieu, il est Dieu lui-même, qui nous

aide à être des personnes libres, des personnesqui veulent et savent aimer, des personnes quiont compris que la vie est une mission pourannoncer les merveilles que le Seigneur ac-complit en qui a confiance en Lui.

Que la Vierge Marie, modèle de l’Eglise quisait écouter la Parole de Dieu et accueillir ledon de l’Esprit Saint, nous aide à vivrel’Evangile avec joie, dans la conscience d’ê t resoutenus par l’Esprit, feu divin qui réchauffeles cœurs et illumine nos pas.

A l’issue du Regina caeli, le Pape a ajouté lesparoles suivantes:

Chers frères et sœurs! C’est demain le cente-naire de la naissance de saint Jean-Paul II, àWadowice, en Pologne. Nous le rappelonsavec beaucoup d’affection et une grande re-connaissance. Demain matin, à 7h00, je célé-brerai la Messe, qui sera retransmise dans lemonde entier, à l’autel où repose sa dépouillemortelle. Du Ciel, qu’il continue à intercéderpour le Peuple de Dieu et la paix dans lemonde.

Dans certains pays, les célébrations liturgi-ques avec les fidèles ont recommencé; dansd’autres, on est en train d’évaluer cette possi-bilité; en Italie, à partir de demain, on pourracélébrer la Messe avec le peuple; mais s’ilvous plaît, respectons les règles, les prescrip-tions qui nous sont données, pour préserverainsi la santé de chacun et de la population.

Au mois de mai, dans de nombreuses pa-roisses c’est la tradition de célébrer les Messesde première communion. Evidemment, à cau-se de la pandémie ce beau moment de fête aété reporté. C’est pourquoi je désire envoyerune pensée affectueuse aux petits garçons etaux petites filles qui auraient dû recevoir pourla première fois l’Eucharistie. Très chers en-fants, je vous invite à vivre ce temps d’attentecomme une opportunité pour mieux vous pré-parer: en priant, en lisant le livre du catéchis-me pour approfondir la connaissance de Jé-sus, en grandissant dans la bonté et dans leservice aux autres. Bon chemin!

A u j o u rd ’hui commence la semaine Laudatosi’, qui finira dimanche prochain, au cours delaquelle on rappelle le cinquième anniversairede la publication de l’encyclique. En ce tempsde pandémie, où nous sommes plus cons-cients de l’importance du soin de notre mai-son commune, je souhaite que toute la ré-flexion et l’engagement communs aident àcréer et fortifier des attitudes constructivespour la sauvegarde de la création.

Et je souhaite à tous un bon dimanche. S’ilvous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi.Bon déjeuner et au revoir.

Page 4: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

page 4 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 19 mai 2020, numéro 20

Message pour la journée mondiale du migrant et du réfugié

Le drame invisible des déplacésinternes exacerbé par la pandémieNous publions ci-dessous le message du PapeFrançois pour la 106e journée mondiale du migrantet du réfugié, qui sera célébrée le 27 septembre 2020.Consacré au thème des déplacés internes — «desmillions de familles qui fuient la faim, la guerre,d’autres graves dangers» — le message s’articuleautour de six couples de verbes qui correspondent àautant d’actions concrètes et se conclut par une prièreà saint Joseph.

Contraints à fuir comme Jésus Christ.Accueillir, protéger, promouvoiret intégrer les déplacés internes.

Au commencement de l’année, dans mon discoursaux membres du corps diplomatique accréditéprès le Saint-Siège, j’ai mentionné parmi les défisdu monde contemporain le drame des personnesdéplacées à l’intérieur de leur propre pays: «Lesconflits et les urgences humanitaires, aggravéespar les bouleversements climatiques, augmententle nombre des personnes déplacées et se répercu-tent sur les personnes qui vivent déjà dans un étatde grande pauvreté. Un grand nombre de paystouchés par ces situations manquent de structuresadéquates permettant de subvenir aux besoins detous ceux qui ont été déplacés» (9 janvier 2020).

La section migrants et réfugiés du dicastèrepour le service du développement humain inté-gral a publié les «Orientations pastorales sur lesdéplacées internes» (Cité du Vatican, 5 mai 2020),un document qui se propose d’inspirer et d’ani-mer les actions pastorales de l’Eglise dans ce do-maine particulier.

Pour ces raisons, j’ai décidé de dédier ce Mes-sage au drame des personnes déplacées internes,un drame souvent invisible que la crise mondialecausée par la pandémie du covid-19 a exacerbé.De fait, par sa véhémence, sa gravité et son exten-sion géographique, cette crise a redimensionnébeaucoup d’autres urgences humanitaires qui af-fligent des millions de personnes, reléguant initia-tives et aides internationales, essentielles et urgen-tes pour sauver des vies humaines, au fin fonddes agendas politiques nationaux. Or, «ce tempsn’est pas le temps de l’oubli. Que la crise quenous affrontons ne nous fasse pas oublier tantd’autres urgences qui portent avec elles les souf-frances de nombreuses personnes» (Message Urbiet Orbi, 12 avril 2020).

A la lumière des tragiques événements qui ontmarqué l’année 2020, j’étends ce Message, dédiéaux personnes déplacées internes, à tous ceux quiont vécu et continuent de vivre des situations deprécarité, d’abandon, d’exclusion et de rejet àcause du covid-19.

Je voudrais partir de l’image qui inspira le PapePie XII à pour rédiger la Constitution apostoliqueExsul Familia (1er août 1952). Lors de la fuite enEgypte, l’Enfant Jésus fait l’expérience, avec sesparents, de la condition tragique de personne dé-placée et de réfugié «caractérisée par la peur, l’in-certitude, les désagréments (cf. Mt 2, 13-15.19-23).De nos jours, hélas, des millions de familles peu-vent se reconnaître dans cette triste réalité. Pres-que chaque jour, la télévision et les journaux don-nent des nouvelles de réfugiés qui fuient la faim,

la guerre, d’autres graves dangers, àla recherche de la sécurité et d’unevie digne, pour eux-mêmes et pourleurs familles» (An g e l u s , 29 décembre2013). En chacun d’eux, Jésus estprésent, contraint de fuir pour sesauver, comme à l’époque d’Héro de.Sur leurs visages, nous sommes appe-lés à reconnaître le visage du Christaffamé, assoiffé, nu, malade, étrangeret prisonnier, qui nous interpelle (cf.Mt 25, 31-46). Si nous le reconnais-sons, c’est nous qui le remercieronsd’avoir pu le rencontrer, l’aimer et les e r v i r.

Les personnes déplacées nous of-frent cette occasion de rencontre avecle Seigneur, «même si nos yeux pei-nent à le reconnaître: avec les vête-ments déchirés, les pieds sales, le vi-sage déformé, le corps blessé, incapa-ble de parler notre langue» (Homélie,

SUITE À LA PA G E 5

15 février 2019). Il s’agit d’un défi pastoral auquelnous sommes appelés à répondre par les quatreverbes que j’ai indiqués dans le Message de cettemême journée en 2018 : accueillir, protéger, pro-mouvoir et intégrer. Je voudrais maintenant leurajouter six paires de verbes qui correspondent àdes actions très concrètes, liés entre eux dans unerelation de cause à effet.

Il faut c o n n a î t re pour c o m p re n d re . La connais-sance est une étape nécessaire vers la compréhen-sion de l’autre. Jésus lui-même nous l’enseignedans l’épisode des disciples d’Emmaüs: «Et il ad-vint, comme ils conversaient et discutaient ensem-ble, que Jésus en personne s’approcha, et il faisaitroute avec eux; mais leurs yeux étaient empêchésde le reconnaître» (Lc 24, 15-16). Quand on parlede migrants et de personnes déplacées, trop sou-vent on s’arrête aux chiffres. Mais il ne s’agit pasde chiffres, il s’agit de personnes! Si nous les ren-controns, nous parviendrons à les connaître. Et enconnaissant leurs histoires, nous parviendrons àcomprendre. Par exemple, nous pourrons com-prendre que cette précarité dont nous avons faitl’expérience dans la souffrance à cause de la pan-démie est un élément constant de la vie des per-sonnes déplacées.

Il est nécessaire de se rendre le prochain p ours e r v i r. Cela semble évident, mais souvent ça nel’est pas. «Mais un Samaritain, qui était en voya-ge, arriva près de lui, le vit et fut pris de pitié. Ils’approcha, banda ses plaies, y versant de l’huileet du vin, puis le chargea sur sa propre monture,le mena à l’hôtellerie et prit soin de lui» (Lc 10,33-34). Les peurs et les préjugés — beaucoup depréjugés — nous font garder nos distances d’avecles autres et nous empêchent souvent de «nousrendre leur prochain» pour les servir avec amour.S’approcher du prochain signifie souvent être dis-posés à courir des risques, comme nous l’ontenseigné de nombreux médecins, infirmiers et in-firmières ces derniers mois. Etre proche pour ser-vir va au-delà du pur sens du devoir; Jésus nousen a donné l’exemple le plus grand quand il a la-vé les pieds de ses disciples: il s’est dévêtu, s’estagenouillé et s’est sali les mains (cf. Jn 13, 1-15).

Pour se réconcilier il faut é c o u t e r. Dieu lui-mêmenous l’enseigne lorsque, en envoyant son Filsdans le monde, il a voulu écouter les gémisse-ments de l’humanité avec des oreilles humaines:«Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donnéson Fils unique, […] pour que le monde soit sau-vé par lui» (Jn 3, 16-17). L’amour, celui qui récon-cilie et qui sauve, commence par l’écoute. Dans lemonde d’a u j o u rd ’hui, les messages se multiplient,mais on perd l’attitude de l’écoute. Or, ce n’estqu’à travers une écoute humble et attentive quenous pouvons arriver à véritablement nous récon-cilier. Durant l’année 2020, pendant des semaines,le silence a régné dans nos rues. Un silence dra-

matique et inquiétant qui nous a toutefois fournil’occasion d’écouter le cri des plus vulnérables,des personnes déplacées et de notre planète gra-vement malade. Et, en écoutant, nous avons l’op-portunité de nous réconcilier avec le prochain,avec beaucoup de ceux qui sont rejetés, avecnous-mêmes et avec Dieu, qui ne se lasse jamaisde nous offrir sa miséricorde.

Pour g ra n d i r il est nécessaire de p a r t a g e r. Lepartage a été l’un des éléments fondateurs de lapremière communauté chrétienne: «La multitudedes croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme.Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais en-tre eux tout était commun» (Ac 4, 32). Dieu n’apas voulu que les ressources de notre planète neprofitent qu’à quelques-uns. Non, le Seigneur n’apas voulu cela! Nous devons apprendre à partagerpour grandir ensemble, sans laisser personne decôté. La pandémie nous a rappelé que nous som-mes tous dans le même bateau. Nous retrouveravec des préoccupations et des craintes communesnous a démontré, une fois encore, que personnene peut s’en sortir tout seul. Pour grandir vrai-ment, nous devons grandir ensemble, en parta-geant ce que nous avons, comme ce garçon quioffrit à Jésus cinq pains d’orge et deux poissons…Et il y en eut assez pour cinq mille personnes (cf.Jn 6, 1-15)!

Il faut impliquer pour p ro m o u v o i r. C’est ce queJésus a fait avec la Samaritaine (cf. Jn 4, 1-30). LeSeigneur s’approche d’elle, il l’écoute, parle à soncœur pour ensuite la guider vers la vérité et latransformer en annonciatrice de la bonne nouvel-le: «Venez voir un homme qui m’a dit tout ce quej’ai fait. Ne serait-il pas le Christ ?» (v. 29). Par-fois, l’élan pour servir les autres nous empêche devoir leurs richesses. Si nous voulons vraiment pro-mouvoir les personnes auxquelles nous offrons as-sistance, nous devons les impliquer et les rendreprotagonistes de leur propre relèvement. La pan-démie nous a rappelé combien la coresponsabilitéest essentielle et que ce n’est qu’avec la contribu-tion de tous — même des catégories souvent sous-évaluées — qu’il est possible d’affronter la crise.Nous devons «trouver le courage d’ouvrir des es-paces où tous peuvent se sentir appelés, et per-mettre de nouvelles formes d’hospitalité et de fra-ternité ainsi que de solidarité» (Méditation, placeS a i n t - P i e r re , 27 mars 2020).

Il est nécessaire de c o l l a b o re r pour c o n s t r u i re .C’est ce que l’apôtre Paul recommande à la com-munauté de Corinthe: «Je vous en prie, frères,par le nom de notre Seigneur Jésus Christ, ayeztous un même langage; qu’il n’y ait point parmivous de divisions; soyez étroitement unis dans lemême esprit et dans la même pensée» (1 Co 1,10). Construire le Royaume de Dieu est un enga-gement commun à tous les chrétiens et c’est pour-

Des migrants évacués suite à l’épidémie de covid-19 dans le camp de Lesbos

Page 5: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

numéro 20, mardi 19 mai 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 5

Message du Pape pour la journée internationale consacrée aux infirmiers

De bons samaritains gardiens et serviteurs de la vieUn appel «aux responsables des nations du mondeentier, afin qu’ils investissent dans la santé commebien commun primaire» a été lancé par le Pape dansun message diffusé à l’occasion de la journéeinternationale de l’infirmière, qui a été célébrée lejeudi 12 mai dans le cadre de l’année internationaledes sages-femmes et du personnel infirmier, proclaméepar l’Organisation mondiale de la santé. Nouspublions ci-dessous le message du Pape.

Chers frères et sœurs!Nous célébrons aujourd’hui la journée internatio-nale de l’infirmière, dans le contexte de l’annéeinternationale des sages-femmes et du personnelinfirmier fixée par l’Organisation mondiale de lasanté. En ce même jour nous commémorons aussile bicentenaire de la naissance de Florence Night-ingale, qui inaugura la profession d’infirmière mo-derne.

En ce moment historique, marqué par l’u rg e n c esanitaire mondiale provoquée par la pandémie duvirus covid-19, nous avons redécouvert combien lafigure de l’infirmière, mais aussi celle de la sage-femme, jouent un rôle d’importance fondamenta-le. Nous assistons quotidiennement au témoigna-ge de courage et de sacrifice des opérateurs sani-taires, en particulier des infirmières et des infir-miers, qui avec professionnalisme, abnégation,sens de responsabilité et amour pour le prochainassistent les personnes affectées par le virus, aurisque même de leur santé. Cela est prouvé par lefait que, malheureusement, le nombre des opéra-teurs de santé qui sont morts dans l’accomplisse-ment fidèle de leur service est élevé. Je prie poureux — le Seigneur les connaît chacun par leurnom — et pour toutes les victimes de cette épidé-mie. Que le Ressuscité donne à chacun d’eux lalumière du paradis et le réconfort de la foi à leursfamilles.

Depuis toujours les infirmiers jouent un rôlecentral dans l’assistance sanitaire. Chaque jour, aucontact des malades, ils font l’expérience du trau-matisme que la souffrance provoque dans la vied’une personne. Ce sont des hommes et des fem-mes qui ont choisi de répondre «oui» à une voca-tion particulière: celle d’être de bons samaritainsqui assument la vie et les blessures du prochain.Gardiens et serviteurs de la vie, lorsqu’ils adminis-trent les thérapies nécessaires, ils donnent coura-

ge, espérance et confiance (cf. Nouvelle Charte desopérateurs sanitaires, nn. 1-81).

Chères infirmières et chers infirmiers, la respon-sabilité morale guide votre professionnalisme, quine se réduit pas aux connaissances scientifico-te-chniques, mais qui est constamment illuminée parla relation humaine et humanisante avec le mala-de. «En prenant soin des femmes et des hommes,des enfants et des personnes âgées dans chaquephase de leur vie, de la naissance à la mort, vousêtes engagés dans une écoute continuelle, attentifsà comprendre quelles sont les exigences du mala-de, dans la phase qu’il est en train de traverser.Devant la singularité de chaque situation, en fait,il ne suffit jamais de suivre un protocole, mais ilest demandé un continuel — et fatiguant! — effortde discernement et d’attention à chaque person-ne» (Discours à la Fédération des infirmiers profes-sionnels, 3 mars 2018).

Vous — et je pense aussi aux sages-femmes —,vous êtes proches des personnes dans les mo-ments cruciaux de leur existence, la naissance etla mort, la maladie et la guérison, pour les aider àsurmonter les situations les plus traumatisantes.Parfois vous vous trouvez à leurs côtés lorsqu’ellessont mourantes, apportant réconfort et soulage-ment dans les derniers instants. Par votre dévoue-ment, vous êtes parmi les «saints de la porte d’àcôté» (cf. Homélie, 9 avril 2020). Vous êtes l’ima-

ge de l’Eglise «hôpital de campagne», laquellecontinue de remplir la mission de Jésus Christ quis’est fait proche et a guéri des personnes souffrantde tout genre de mal et qui s’est penché pour la-ver les pieds de ses disciples. Merci pour votreservice à l’humanité!

Dans de nombreux pays, la pandémie a misaussi en lumière beaucoup de carences au niveaude l’assistance sanitaire. Pour cela, je m’a d re s s eaux responsables des nations du monde entier,afin qu’ils investissent dans la santé comme biencommun primaire, en renforçant les structures eten employant davantage d’infirmiers, afin de ga-rantir à tous un service adéquat de soins, dans lerespect de la dignité de chaque personne. Il estimportant de reconnaître de façon concrète le rôleessentiel que cette profession recouvre pour lesoin des patients, l’activité d’urgence territoriale,la prévention des maladies, la promotion de lasanté, l’assistance dans le domaine familial, com-munautaire, scolaire.

Les infirmiers et les infirmières, comme aussiles sages-femmes, ont droit et méritent d’ê t remieux valorisés et impliqués dans les processusqui concernent la santé des personnes et de lacommunauté. Il est démontré qu’investir sur euxaméliore les résultats en termes d’assistance et desanté globale. Il faut dès lors développer leur pro-fil professionnel, en fournissant des instrumentsappropriés au niveau scientifique, humain, psy-chologique et spirituel pour leur formation; com-me aussi améliorer leurs conditions de travail eten garantir les droits afin qu’ils puissent accom-plir en toute dignité leur service.

En ce sens, les associations d’opérateurs sanitai-res ont un rôle important car, en plus d’offrir uneformation organique, elles accompagnent chaqueadhérent en lui faisant sentir qu’il fait partie d’uncorps unique et qu’il n’est jamais perdu et seuldevant les défis éthiques, économiques et humainsque la profession comporte.

Aux sages-femmes, en particulier, qui assistentles femmes enceintes et qui les aident à donnernaissance à leurs enfants, je dis: votre travail estparmi les plus nobles qui existent, consacré direc-tement au service de la vie et de la maternité.Dans la Bible, les noms de deux sages-femmeshéroïques, Shiphra et Pua, sont immortalisés aucommencement du livre de l’Exode (cf. 1, 15-21).A u j o u rd ’hui encore le Père céleste vous regardeavec gratitude.

Chers infirmiers, chères infirmières et sages-femmes, puisse cet anniversaire mettre au centrela dignité de votre travail, au bénéfice de la santéde la société entière. A vous, à vos familles et àtous ceux que vous soignez, je vous assure de maprière et j’accorde de grand cœur la Bénédictionap ostolique.

Rome, Saint-Jean-de-Latran,le 12 mai 2020

Message pour la journée du migrant et du réfugiéSUITE DE LA PA G E 4

quoi il est nécessaire que nous apprenions àcollaborer, sans nous laisser tenter par les ja-lousies, les discordes et les divisions. Et, dansle contexte actuel, il faut réaffirmer: «Ce tempsn’est pas le temps des égoïsmes, parce que ledéfi que nous affrontons nous unit tous et nefait pas de différence entre les personnes»(Message Urbi et Orbi, 12 avril 2020). Pour pré-server la maison commune et faire en sortequ’elle ressemble toujours davantage au projetoriginel de Dieu, nous devons nous efforcer degarantir la coopération internationale, la soli-darité globale et l’engagement local, sans lais-ser personne en dehors.

Je voudrais conclure par une prière suggéréepar l’exemple de saint Joseph, en particulierlorsqu’il fut contraint de fuir en Egypte poursauver l’Enfant.

Père, tu as confié à saint Joseph ce que tuavais de plus précieux: l’Enfant Jésus et sa mère,pour les protéger des dangers et des menaces desmauvais.

Accorde-nous aussi de ressentir sa protection etson aide. Lui qui a éprouvé la souffrance de ceuxqui fuient à cause de la haine des puissants, fais

qu’il puisse réconforter et protéger tous ces frères etsœurs qui, poussés par les guerres, la pauvreté etles nécessités, quittent leur maison et leur terrepour se mettre en chemin et chercher refuge versdes lieux plus sûrs.

Aide-les, par son intercession, à avoir la forced’aller de l’avant, le réconfort dans la tristesse, lecourage dans l’é p re u v e .

Donne à ceux qui les accueillent un peu de latendresse de ce père juste et sage, qui a aimé Jésuscomme un véritable fils et qui a soutenu Marietout au long du chemin.

Lui, qui gagnait son pain par le travail de sesmains, puisse-t-il pourvoir aux besoins de ceux àqui la vie a tout pris, et leur donner la dignitéd’un travail et la sérénité d’une maison.

Nous te le demandons par Jésus Christ, tonFils, que saint Joseph sauva en fuyant en Egypte,et par l’intercession de la Vierge Marie, qu’il aimaen époux fidèle, selon ta volonté. Amen.

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 13 mai 2020,Mémoire de Notre-Dame de Fatima

Page 6: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

numéro 20, mardi 19 mai 2020 L’OSSERVATORE ROMANO pages 6/7

Homélie de François lors de la Messe célébrée sur la tombe du Pape polonais à l’occasion du centenaire de sa naissance

Avec Jean-Paul II Dieu a visité son peupleA l’Angelicum création de l’institut de culture Saint Jean-Paul II

Développer la réflexion sur l’hommeet ses racines culturelles

Le lundi 18 mai, à 17h00, à l’occasion du centenairede la naissance de Karol Wojtyła, l’Institut de cultureSaint Jean-Paul II a été inauguré au sein de lafaculté de philosophie de l’université pontificale Saint-Thomas d’Aquin à Rome. A cette occasion, le PapeFrançois a fait parvenir au recteur de l’Angelicum —qui eut parmi ses élèves le futur Pape polonais, alorsjeune étudiant — la lettre que nous publions ci-dessous.

A mon cher frèreMichał Paluch, O.P.

Recteur de l’université pontificaleSaint Thomas d’Aquin

Le jour où l’on célèbre le centenaire de la naissan-ce de saint Jean-Paul II, le plus illustre élève decette université, est inauguré à l’An g e l i c u m , au seinde la faculté de philosophie, l’Institut de culturequi porte son nom. Je désire exprimer ma satisfac-

tion pour cette initiative et j’adresse mes saluta-tions cordiales à toute la communauté académiqueet à ceux qui sont réunis pour cet événement, enparticulier aux représentants des deux Fondationspolonaises, Futura Iuventa et Saint Nicholas, quisoutiennent le nouvel Institut.

Celui-ci a pour principale finalité la réflexionsur la culture contemporaine. Dans ce but, ses pro-moteurs entendent faire appel à la collaborationdes plus éminents philosophes, théologiens ethommes et femmes de culture, dans sa plus vasteexpression. Et saint Jean-Paul II est, à la fois, l’ins-pirateur et le premier et plus important artisan decette œuvre, avec le patrimoine riche et multiformequ’il a laissé et, avant encore, par l’exemple de sonesprit ouvert et contemplatif, passionné de Dieu etde l’homme, de la création, de l’histoire et de l’art.

Ses diverses expériences de vie, dont notammentles drames historiques et ses souffrances personnel-les, interprétées à la lumière de l’Esprit, le condui-sirent à développer avec une profondeur particuliè-re la réflexion sur l’homme et sur ses racines cultu-relles, comme référence incontournable pour touteproclamation de l’Evangile. En effet, dans sa pre-mière encyclique, il écrivit: «Nous abordons enmême temps toutes les cultures, toutes les idéolo-gies, tous les hommes de bonne volonté. Nous fai-sons cette approche avec l’estime, le respect et lediscernement qui, depuis le temps des apôtres, ontmarqué l’attitude missionnaire et du missionnaire. Ilsuffit de rappeler saint Paul et, par exemple, sondiscours devant l’Aréopage d’Athènes. L’attitudemissionnaire commence toujours par un sentimentde profonde estime face à “ce qu’il y a en touthomme”, pour ce que lui-même, au fond de sonesprit, a élaboré au sujet des problèmes les plusprofonds et les plus importants; il s’agit du respectpour tout ce que l’Esprit, qui “souffle où il veut” aopéré en Lui» (Redemptor hominis, n. 12; cf. Dis-cours à l’Unesco, 2 juin 1980).

Nous avons besoin de conserver cette attitudevivante, si nous voulons être une Eglise en sortie,une Eglise qui ne se contente pas de conserver etd’administrer ce qui existe, mais qui veut être fi-dèle à sa mission.

Je suis très heureux que cette initiative soit réali-sée au sein de l’université Saint Thomas d’Aquin.En effet, l’An g e l i c u m accueille une communautéacadémique constituée par des professeurs et desétudiants provenant du monde entier et elle est unlieu adapté pour interpréter les défis importantsdes cultures d’a u j o u rd ’hui. La tradition de l’o rd redominicain, avec le rôle important qu’y occupe laréflexion rationnelle sur la foi et ses contenus, arti-culée de manière magistrale par le Docteur Angé-lique, ne peut que favoriser ce projet, afin qu’ilsoit caractérisé par le courage de la vérité, de la li-berté d’esprit et par l’honnêteté intellectuelle (cf.Saint Paul VI, Lett. ap. Lumen Ecclesiae, 20 novem-bre 1974, n. 8; saint Jean-Paul II, Enc. Fides et ra-tio, n. 43).

Avec ces vœux, je vous renouvelle mon encoura-gement et ma reconnaissance, cher frère, ainsi qu’àceux qui ont donné vie au nouvel institut. Jesouhaite un bon travail aux professeurs, aux étu-diants et au personnel et je leur envoie de toutcœur ma Bénédiction apostolique.

Rome, Saint-Jean-de-Latran,le 18 mai 2020

Décret de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements

La mémoire liturgique de sainte Faustine Kowalskadans le Calendrier romain général

La statue de Faustine dans l’église romaine Santo Spirito in Sassiaoù le Pape François a célébré la fête de la Divine miséricorde le 19 avril

Message vidéo du Pape François aux jeunes de Cracovie

Entrer dans le Christ avec toute notre vie

A cent ans de sa naissance, le Pape François a rappelésaint Jean-Paul II en célébrant, dans la matinée dulundi 18 mai, la Messe sur la tombe et à l’autel qui luiest dédié dans la basilique vaticane. Nous publions ci-dessous l’homélie improvisée par le Pape à cette occasion:

«Le Seigneur aime son peuple» (Ps 149, 4) avons-nous chanté, c’était le refrain du chant entre les lectu-res, et également une vérité que le peuple d’Israël ré-pétait, il aimait répéter: «Le Seigneur aime son peu-ple». Et dans les moments obscurs, toujours «Le Sei-gneur aime»; il faut attendre comment se manifesteracet amour. Et quand le Seigneur envoyait un pro-phète pour cet amour, un homme de Dieu, la réac-tion du peuple était: «Le Seigneur a visité son peu-ple» (Ex 4, 31), parce qu’il l’aime, «il l’a visité». Et lafoule qui suivait Jésus disait la même chose en voyantce que faisait Jésus: «Le Seigneur a visité son peuple»(Lc 7, 16).

A u j o u rd ’hui, nous pouvons dire ici: il y a cent ans,Dieu a visité son peuple. Il a envoyé un homme, il l’apréparé à être évêque, et à guider l’Eglise. En faisant

mémoire de saint Jean-Paul II, reprenons cela: «LeSeigneur aime son peuple», le Seigneur a visité sonpeuple, il a envoyé un pasteur.

Et quels sont, disons, «les traits» du bon pasteurque nous pouvons trouver en saint Jean-Paul II? Ilssont nombreux! Mais citons-en trois seulement. Com-me on dit que les jésuites disent toujours les choses...Trois, disons trois: la prière, la proximité avec le peu-ple, et l’amour de la justice. Saint Jean-Paul II étaitun homme de Dieu parce qu’il priait et il priait beau-coup. Mais comment se fait-il qu’un homme qui atant à faire, tant de travail pour guider l’Eglise... atant de temps pour prier? Il savait bien que le pre-mier devoir d’un évêque est de prier. Et ce n’est pasVatican II qui l’a dit, c’est saint Pierre qui l’a dit,quand ils ont fait les diacres ils ont dit: «quant ànous, évêques nous resterons assidus à la prière et auservice de la parole» (cf. Ac 6, 4). Le premier devoird’un évêque est de prier. Et lui le savait, et il le fai-sait. Modèle de l’évêque qui prie, le premier devoir.Et il nous a enseigné que lorsqu’un évêque fait sonexamen de conscience le soir, il doit se demander:

combien d’heures ai-je prié aujourd’hui? Un hommede prière.

Deuxième trait, homme de p ro x i m i t é . Ce n’était pasun homme séparé de son peuple, au contraire, il allaità la rencontre de son peuple; et voyagea dans le mon-de entier pour rencontrer son peuple, pour chercherson peuple, pour être proche. Et la proximité est l’undes traits de Dieu avec son peuple. Rappelons que leSeigneur dit au peuple d’Israël: «Quelle est la grandenation dont les dieux se fassent aussi proches queYahvé notre Dieu l’est pour nous?» (cf. Dt 4, 7). Uneproximité de Dieu avec le peuple qui se fait ensuiteétroite en Jésus, qui se fait forte en Jésus. Un pasteurest proche de son peuple, au contraire s’il n’est pasproche, ce n’est pas un pasteur, c’est un hiérarque,c’est un administrateur, bon peut-être, mais ce n’estpas un pasteur. Proximité avec son peuple. Et saintJean-Paul II nous a donné l’exemple de cette proximi-té: proche des grands et des petits, de ceux qui sontproches et de ceux qui sont loin, toujours proche, ilse faisait proche.

Troisième trait, l’amour de la justice. Mais la justicepleine! Un homme qui voulait la justice, la justice so-ciale, la justice des peuples, la justice qui chasse lesguerres. Mais la justice pleine! C’est pour cela quesaint Jean-Paul II était l’homme de la miséricorde, carmiséricorde et justice vont ensemble, on ne peut pasles distinguer [dans le sens de séparer], elles vontensemble: la justice est la justice, la miséricorde est lamiséricorde, mais on ne trouve pas l’une sans l’a u t re .Et, en parlant de l’homme de la justice et de la misé-ricorde, pensons à ce qu’a fait saint Jean-Paul II afinque les gens comprennent la miséricorde de Dieu.Pensons combien il a promu la dévotion à sainteFaustine [Kowalska], dont à partir d’a u j o u rd ’hui, lamémoire liturgique sera pour toute l’Eglise. Il avaitsenti que la justice de Dieu avait ce visage de miséri-corde, cette attitude de miséricorde. Et cela est undon qu’il nous a laissé: la j u s t i c e - m i s é r i c o rd e et la misé-ricorde juste.

Prions-le aujourd’hui, pour qu’il nous donne àtous, spécialement aux pasteurs de l’Eglise, mais àtous, la grâce de la prière, la grâce de la proximité, etla grâce de la justice-miséricorde et de la miséricorde-justice.

CO N G R É G AT I O N POUR LE C U LT E DIVIN

ET LA DISCIPLINE DES SACREMENTS

Prot. N. 229/20

DÉCRET D’INSCRIPTION

DE LA C É L É B R AT I O N DE SAINTE

FAU S T I N E KO WA L S KA , VIERGE,DANS LE CALENDRIER ROMAIN GÉNÉRAL

«Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui lecraignent» (Lc 1, 50). Ce que la Vierge Marie achanté dans le Ma g n i f i c a t contemplant l’œuvre salvi-fique de Dieu en faveur de chaque génération hu-maine, a trouvé un écho dans l’expérience spirituellede sainte Faustine Kowalska qui, par un don duCiel, a vu dans le Seigneur Jésus Christ le visagemiséricordieux du Père et elle en est devenue l’an-nonciatrice.

Née dans le village de Głogowiec, près de Łó dź,Pologne, en 1905, et morte à Cracovie en 1938, sain-te Faustine a consommé sa jeune existence parmi lessœurs de Notre-Dame de la Miséricorde, se confor-mant généreusement à la vocation reçue de Dieu etmûrissant une vie spirituelle intense, pleine de donsmystiques et en correspondance fidèle à ceux-ci. Le

santes du peuple de Dieu, pasteurs et fidèles laïcs,l’invocation de la miséricorde divine et son témoi-gnage rendu crédible par le mode de vie desc ro y a n t s .

C’est pourquoi le Souverain Pontife François, ac-cueillant les pétitions et les vœux des pasteurs, desreligieux et religieuses, ainsi que des associations defidèles, considérant l’influence exercée par la spiri-tualité de sainte Faustine dans différentes régions dumonde, a ordonné que le nom de sainte Marie Faus-tine (Elena) Kowalska, vierge, soit inscrit au Calen-drier romain général et sa mémoire facultative soitcélébrée par tous le 5 octobre.

Cette nouvelle mémoire doit être inscrite danstous les Calendriers et livres liturgiques pour la célé-bration de la Messe et de la liturgie des heures, enadoptant les textes liturgiques joints à ce décret quidoivent être traduits, approuvés et, après la confir-mation de ce dicastère, publiés par les conférencesépiscopales.

Nonobstant toute disposition contraire.

De la Congrégation pour le culte divin et la disci-pline des sacrements, le 18 mai 2020.

ROBERT Card. SARAHP ré f e t

ARTHUR RO CHES e c ré t a i re

Nous publions ci-dessous le Message vidéo retransmisà la télévision polonaise, que le Pape François a adressédans la soirée du lundi 18 mai aux jeunes de Cracovie,à l’occasion du centenaire de la naissance de saintJean-Paul II:

Chers jeunes,Cette année, nous fêtons les cent ans de la naissancede Jean-Paul II. C’est une belle occasion pourm’adresser à vous, jeune de Cracovie, en pensant àcombien il aimait les jeunes, et en rappelant ma ve-nue parmi vous pour la JMJ de .

Saint Jean-Paul II a été un don extraordinaire deDieu à l’Eglise et à la Pologne, votre patrie. Sonpèlerinage terrestre, commencé le 18 mai 1920 à Wa-dowice et terminé il y a quinze ans à Rome, a étémarqué par la passion pour la vie et par la fascinationpour le mystère de Dieu, du monde et de l’homme.

Je m’en souviens comme d’un grand de la miséri-corde: je pense à l’encyclique Dives in misericordia, àla canonisation de sainte Faustine et à l’institution duDimanche de la Divine Miséricorde. A la lumière del’amour miséricordieux de Dieu, il saisissait la spécifi-cité et la beauté de la vocation des femmes et deshommes, il comprenait la nécessité des enfants, desjeunes et des adultes, en considérant également leurs

conditionnements culturels et sociaux. Tous pou-vaient en faire l’expérience. Vous aussi pouvez au-j o u rd ’hui en faire l’expérience, en connaissant sa vieet ses enseignements, disponibles à tous égalementgrâce à internet.

Chacun et chacune de vous, chers jeunes garçonset filles, porte l’empreinte de sa propre famille, avecses joies et ses douleurs. L’amour et le soin pour lafamille est le trait caractéristique de Jean-Paul II. Sonenseignement représente un point de référence sûrpour trouver des solutions concrètes aux difficultés etaux défis que les familles doivent affronter de nosjours (cf. Message au congrès «Jean-Paul II, le Pape dela famille», Rome, 30 octobre 2019).

Mais les problèmes personnels et familiaux ne sontpas un obstacle sur la voie de la sainteté et dubonheur. Ils ne l’étaient pas non plus pour le jeuneKarol Wojtyła, qui dans sa jeunesse souffrit de la dis-parition de sa mère, de son frère et de son père. Etu-diant, il fit l’expérience des atrocités du nazisme, quilui enleva tant d’amis. Après la guerre, en tant queprêtre et évêque, il dut affronter le communismeathée.

Les difficultés, même dures, sont une épreuve de lamaturité et de la foi; une épreuve que l’on ne sur-monte qu’en se fondant sur la puissance du Christ

mort et resssuscité. Jean-Paul II l’a rappelé à toutel’Eglise dès sa première encyclique, Redemptor homi-nis, où il dit: «L’homme qui veut se comprendre lui-même jusqu’au fond […] doit, avec ses inquiétudes,ses incertitudes et même avec sa faiblesse et son pé-ché, avec sa vie et sa mort, s’approcher du Christ. Ildoit, pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec toutson être» (n. 10).

Chers jeunes, c’est ce que je souhaite à chacun devous: d’entrer dans le Christ avec toute votre vie. Etje souhaite que les célébrations du centenaire de lanaissance de saint Jean-Paul II inspirent en vous ledésir de cheminer courageusement avec Jésus, qui est«le Seigneur du risque, il est le Seigneur du toujours“plus loin”. [...] Le Seigneur, comme à la Pentecôte,veut réaliser l’un des plus grands miracles dont nouspuissions faire l’expérience: faire en sorte que tesmains, mes mains, nos mains se transforment en si-gnes de réconciliation, de communion, de création. Ilveut tes mains — jeune garçon, jeune fille, il veut tesmains — pour continuer à construire le monde d’au-j o u rd ’hui» (Discours lors de la veillée de prière de laJ M J, Cracovie, 30 juillet 2016).

Je vous confie tous à l’intercession de saint Jean-Paul II et je vous bénis de tout cœur. Et vous, s’ilvous plaît, n’oubliez pas de prier pour moi. Merci!

récit de ce que le Seigneur a faiten elle pour le bien de tous, elle-même l’a décrit dans le Journalde son âme, sanctuaire de la ren-contre avec le Seigneur Jésus: àl’écoute de Celui qui est Amouret Miséricorde, elle a comprisqu’aucune misère humaine peutse mesurer avec la miséricorde quicoule inépuisable du cœur duChrist. Elle est donc devenuel’inspiratrice d’un mouvement vi-sant à proclamer et à implorer lamiséricorde divine pour le mondeentier. Canonisée en l’an 2000 parsaint Jean Paul II, le nom de sain-te Faustine s’est répandu rapide-ment dans le monde entier, pro-mouvant dans toutes les compo-

Page 7: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

page 8 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 19 mai 2020, numéro 20

Conversation avec le sociologue et pédagogue Johnny Dotti

Repartir du silenceMARCO BELLIZI

Le silence, le vide, l’immobilité, la même souf-france qui s’est abattue sur les vies de tous leshommes comme un voleur dans la nuit, sont dé-sormais devenus une réalité quotidienne pourchacun de nous. Mais à la différence d’un grandnombre d’entre nous, Johnny Dotti, écrivain, pé-dagogue, entrepreneur social et professeur d’ana-lyse et de gestion de phénomènes sociaux com-plexes à l’université catholique de Milan, consi-dère que le véritable défi, à l’avenir, ne consistepas tant à trouver le système pour surmonter cescompagnes gênantes, mais d’être capables de nepas les laisser disparaître. Bergamasque, il a étéobligé de regarder en face le virus, alors que dansla petite ville de Lombardie, les deuils s’ajoutaientaux deuils. Johnny Dotti est un homme animépar une sainte aversion pour les fioritures, un deces intellectuels qualifiés normalement de déran-geants. Tout au moins par qui considère que lavie est, ou devrait être, une promenade tranquilleparmi ses propres certitudes granitiques.

En cette période de profonds doutes, il semble quel’unique point ferme soit le suivant: nous ne seronsplus les mêmes. Certains commencent à penser qu’ils’agit déjà d’un lieu commun. Qu’en dites-vous?

Je dis que ce n’est pas automatique. Je dis quecette situation interpelle profondément notre li-berté et notre responsabilité. Il n’existe aucun au-tomatisme en vertu duquel étant donné que cetraumatisme a eu lieu, alors il y a une transforma-tion. Pour être transformés en changement, enchoses nouvelles, les traumatismes ont besoinavant tout d’être nommés, accueillis, acceptés.Puis ils ont besoin d’être interprétés. Il me sembleque les signaux qui arrivent encore maintenant,alors que nous vivons ce moment difficile, sontambivalents, comme presque toutes les choses dela vie de l’homme, d’ailleurs. Cela dépendra de lafaçon dont notre liberté répondra à ces sollicita-tions, à la façon dont nous savons les lire. Si l’onne voit que la demande accrue de sécurité ou uneplus grande intervention de la part des autoritésafin qu’elles garantissent notre avenir, il est clairque nous irons vers une régression étatique d’unepart, et vers l’augmentation de la technique éta-tique, de l’a u t re .

C’est la préoccupation qui commence à se faire jourchez de nombreuses personnes... Intellectuels, analystes,politologues, parmi lesquels, récemment, l’israélien Yu-val Noah Harari, mettent en garde contre le dangerque des hommes politiques irresponsables, qui jusqu’àhier discréditaient la science, les autorités publiques etles moyens de communication, puissent à présent êtretentés d’emprunter la voie de l’autoritarisme, en sou-tenant que l’on ne peut être certains que les citoyensse comportent de façon appropriée face à une urgencecomme celle que nous traversons, parce que désormais,nous vivrons avec le danger qu’elle se représente...

Naturellement, je ne le souhaite pas, mais c’estune hypothèse possible. Il est clair que si les fron-tières des continents se refermeront, nous ironsvers des situations où il faudra repenser à desmarchés économiques locaux, dans lesquels je nesais pas ce que des pays comme l’Italie, par exem-ple, qui vit d’exportations, pourront faire. Si vousme posez la question, je suggérerais, je suggère àmoi-même, à ceux que j’aime, aux autres, de re-partir de ce que nous dit notre intériorité, notrespiritualité. Je pense que la composante intellec-tuelle, la composante sensible, qui nous aident à«donner les formes» doivent être inspirées un peuplus par ce que l’esprit nous dit face à ces faits,autrement je crains que nous continuerons de ré-péter ce que nous avons appris au cours des 300dernières années, et il y aura alors une dérivetechnocratique, il y aura des formes économiquestoujours plus froides. Moi je ne travaille pas pour

cela. C’est pourquoi je dis qu’au-j o u rd ’hui, travailler pour l’avenir signi-fie se mettre en condition de le géné-rer, autrement, les déclarations optimis-tes ressemblent un peu à celles du ma-gicien Otelma [personnalité italiennede la télévision, ndt], sans vouloiroffenser personne.

Le monde fait l’expérience d’un gigantes-que mea culpa, certainement inspiré parla souffrance et par la peur, mais dansquelle mesure honnête et fécond, on l’igno-re encore. Définir ce que nous devrionsêtre semble honnêtement assez facile. Maissavons-nous comment le devenir?

En attendant il est apparu de façontrès claire que nous sommes fragiles.Nous continuons encore d’avoir lesmêmes comportements, au XXIe siècle,

SUITE À LA PA G E 9

quand malgré toute notre puissance, nos grandsinstruments de communication, l’homme est fragi-le, je suis fragile, vous êtes fragile, ma famille estfragile, l’Italie est fragile. Jusqu’à hier, ce quenous avons fait est d’essayer de réparer cette fragi-lité. Nous vivons entourés de thérapies: dèsqu’apparaît un problème, nous devons le résou-dre. Ce n’est plus le chemin à suivre. Et reconnaî-tre la fragilité, dans mes paroles de catholique, si-gnifie «la mutualiser», rencontrer l’autre, rencon-trer la fragilité de l’autre. La «solution» résidedans le partage. Du reste, au cours de l’h i s t o i re ,cela a conduit à la découverte des très grandesformes d’économie: je pense évidemment auxcoopératives, aux miséricordes, aux banques po-pulaires, aux banques de crédit coopératif. Autantde formes de mutualisation du besoin. La nou-veauté aujourd’hui réside dans le fait que nousdevons mutualiser des besoins différents entre despersonnes différentes. Mais la question de fondsest celle-ci: la fragilité est-elle un principe pour le-quel il faut œuvrer? Je m’explique: non pas afinqu’elle soit évitée ou surmontée, mais afin qu’elledevienne générative (parce que c’est de là quevient la vie)? Je pense que oui, je travaille pourqu’il en soit ainsi. La tentation diabolique de sur-monter à nouveau la fragilité par la puissancen’est pas loin. On la voit déjà: on trouvera un au-tre vaccin et tout ira bien; nous arrangerons les fi-nances publiques et tout ira bien. Bien sûr, cesont des choses importantes, les vaccins et les fi-nances publiques. Mais ce n’est pas cela qui nousconduira à une civilisation humaine, plus pleine,plus belle, plus juste. Cela, c’était la voie d’avant.Et la voie d’avant nous a conduits là où noussommes à présent.

Nous avons tous été projetés dans une dimension ré-duite, dans laquelle l’horizon qui se présente à nosyeux se limite souvent à la fenêtre, ou à une cour. Enrevanche, nous sommes tous exhortés, et presque con-damnés, à réimaginer l’avenir. Avec quels instru-ments?

Je donne un exemple: une autre grande éviden-ce aujourd’hui est la solitude. Le problème estplutôt qu’elle ne devienne pas un isolement. Maisafin qu’elle soit une valeur, il faut la capacité devivre un voyage et un monde intérieur. Je le dis àma façon, étant donné que je me suis beaucoupintéressé à saint Joseph: il faut vivre le monde in-visible, qui est aussi réel que le monde visible.L’invisible est une dimension fondamentale de laréalité. La solitude du reste est une reconnaissan-ce de l’autre. Si l’on ne savait pas qu’il y a unprochain, on ne pourrait pas se définir «seul».Or, jusqu’à hier, cette solitude bénie a été com-plètement éloignée. Nous fuyons tous la solitude.Nous avons cherché un monde d’émotions, deconsommation, en faisant semblant qu’elle n’exis-tait pas. C’est le principe de base pour remodelerdes formes communautaires, de relation avec lesautres. Si l’on ne fait pas cela, on recommencera

tous à courir comme des hamsters dans une cage,ce que nous avons fait jusqu’à présent.

Une cage très technologique...

Nous avons vécu, en particulier récemment, àune époque binaire. Le monde numérique est trèsbeau, très intéressant. Mais il a une grande limite:il est 0 et 1. Et il a constamment besoin d’ê t rerempli. Il déteste le silence. Le vide en revancheest un vide constitutif, avec le silence, pour don-ner forme à la vie. Parce que les paroles viennentdu silence, et retournent au silence. Il n’y a pasde parole féconde qui ne vienne du silence. Sivous êtes face à votre mère ou à un ami qui est entrain de mourir, votre silence rend profond vosparoles, et invite même à son silence. La mêmechose chez les amants, qui généralement chucho-tent. La parole a une dimension profondémentliée au silence. Il est vrai que dans l’Evangile, il ya écrit qu’au commencement était le verbe. Mais«le» commencement n’était pas le verbe, c’était lesilence. Cela nous donne-t-il des indications so-ciales? Des indications politiques? Des indicationséconomiques? Absolument. De façon banale, onpourrait dire qu’il faut donner du poids auxmots. Les mots ne sont pas des termes qui indi-quent quelque chose, les mots ont le pouvoir defaire naître et de tuer les choses. Pensez à ce quecela veut dire en politique, dans la relation avecses enfants, avec les personnes que l’on aime. Ré-cupérer le silence dans les relations humaines si-gnifie récupérer la parole. Cela est une invitationimmense qui nous vient aujourd’hui de la réalité,de toute cette mort qui nous entoure.

Les images des rues vides, des places désertes, d’uncôté sont très belles mais de l’autre, elles communi-quent plus que tout autre chose le sentiment de notreéchec. Pourtant, malgré les interdictions, on recom-mence à voir des images de personnes qui s’assem-blent dans les rues traditionnelles du shopping, surles marchés en plein air. S’agit-il d’un besoin irrépres-sible de rapports sociaux ou d’une terreur incontrôla-ble du vide?

Nous avons joué à tout remplir. La consomma-tion impulsive à laquelle nous avons été formésau cours des cinquante dernières années n’a étéqu’une grande fuite du vide. Nous ne le suppor-tons pas, le vide. Nous avons constamment be-soin de le remplir. Le moment présent nous de-mande en revanche de le traverser, de nous laissertraverser par lui. L’image du Pape sur la placeSaint-Pierre déserte est une image forte parcequ’elle transmet le courage de traverser le vide dela vie. Les formes sociales, les formes humaines,les formes affectives, naissent toutes du vide. Ledésir ne s’allume pas s’il n’y a pas de vide. Jen’arrive pas à voir les étoiles s’il y a de la fumée,je dois avoir un ciel dégagé, je dois être dans l’ob-

Page 8: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

numéro 20, mardi 19 mai 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 9

SUITE DE LA PA G E 8

scurité. Cela en dit long sur les temps du travail,sur les temps du repos, sur les temps de la médi-tation, sur les temps qui ne doivent pas toujoursêtre vécus dans la hâte, de façon accélérée quandparfois, il faut aller un peu plus lentement. Vo -yez... vide, silence et solitude sont des formes del’«habiter». Si vous vivez dans un «logis», il estévident que vous ne pouvez pas vivre dans le vi-de, dans le silence, dans la solitude: vous devenezfous. «Logis» est un terme que nous avons em-prunté et appliqué de façon artificielle aux mai-sons pour les hommes. Jusqu’au siècle dernier, onl’utilisait pour les soldats et pour les animaux. Ilne peut y avoir de «logis» pour une famille. Ilfaut qu’il y ait une «maison» qui prévoit des es-paces, des relations, qui prévoient un dedans etun dehors. La même chose vaut pour le terme«appartement», qui vient de la tradition impérialeportugaise et française. Mais les appartementsdans ce cas étaient à l’intérieur du palais. La mai-son en revanche n’est pas un appartement et n’estpas un logis: c’est le lieu et le temps dans lequelnos relations s’épanouissent parce qu’elles ne sontpas gardées comme dans un nid, mais elles se dé-veloppent parce qu’elles sont placées dans un ré-seau. Parce que la maison, comme la famille, est àla fois un nid et un réseau. Nos villages, jadis,étaient construits en répondant à ce concept: laplace, les voisins, les maisons à balcons, les fer-mes. Voyez, les choses que je dis sont absolument«traditionnelles». Mais elles n’ont rien à voir avecquelque chose d’antique, elles concernent le pas-sage d’un principe. Or, nous devons remettre cesprincipes, transformés, aux nouvelles générations.Mais sans intériorité, nous ne réussirons pas à lafaire. Je dirais plus: au cours des dernières années,il y a eu une confusion entre les biens publics etles biens communs. Les biens communs ne sontpas des biens publics. C’est pourquoi je crainsune étatisation. Dire que notre vie est liée à celledes autres ne veut pas dire imaginer une fois deplus un Etat comme Hobbes, qui impose ses loisà tous par la force et la violence. Cela signifie fai-re un pas en avant dans le sens démocratique. Lesbiens communs, le bien-être, la santé, l’école, sontle bien de tous. Les formes pour lui donner vie,afin que tous y participent, ne sont pas nécessai-rement la fiscalité générale, la bureaucratie, leslois. Ce sont également des formes d’auto organi-sation, d’autolimitation du profit, de productionet de distribution de la valeur au sein de la liber-té. Il faudrait reprendre don Sturzo, ce qu’il disaitentre la grande guerre et l’épidémie de grippe es-pagnole (comme par hasard), de même que nousnous trouvons entre la grande crise économiquede 2007 et à présent la pandémie. C’est pour celaque les mots ont une importance. En revanche,parfois, nous sommes un peu banals, superficiels.Cela vaut aussi pour moi, naturellement...

Des réflexions qui devraient faire partie depuis tou-jours du patrimoine intellectuel d’un catholique...

Les catholiques sont en arrière: depuis plusieursannées, il semble qu’ils ne soient plus en mesurede rien générer; ils sont complètement aplatis surla législation, quand tout va bien, et d’autre part,sur la conquête du pouvoir. Cela n’est pas l’his-toire catholique. Les pères de l’Eglise disaient: ar-rêtez-vous et vous arriverez avant. Cela ne veutpas dire ne pas s’engager. Mais il y a une grandedifférence entre le productivisme et générer. Gé-nérer est une attitude qui exige le désir de mettreau monde, qui exige de prendre soin. Et laisseraller ce dont tu as pris soin. Le productivisme,qui est ce qui détermine notre incapacité à resterimmobiles, pousse à multiplier indéfiniment leschoses, et est lié au nihilisme. Certainement pasau salut, qui est lié en revanche à la plénitude dela vie.

Cela rappelle beaucoup la dichotomie produire-con-s o m m e r. . .

Une autre dichotomie binaire. Pour un trinitai-re comme moi, les trente dernières années ont étéun désastre. Nous ne pouvons pas continuer àproduire pour consommer. Je crois au fait de gé-nérer: qu’est-ce que cela veut dire dans les formeséconomiques, dans les formes sociales, dans l’édu-cation? J’espère que nous irons au-delà du tempsde l’étude et du travail. Il y a un temps où l’onétudie, on étudie, on étudie... Et puis il y a untemps où l’on travaille. Cela n’est pas notre tradi-tion. Avant que n’éclate l’épidémie, j’ai eu lachance de voir une exposition sur Raphaël. Ra-phaël meurt à 32 ans et il ne s’est pas mis à étu-dier et ensuite à faire ce qu’il a fait. Caravage, quiest né dans ma région: il n’a pas étudié d’ab ord,puis il s’est mis à faire le Caravage. Michel-Ange,Leonard, est-il besoin que je continue? Lucio Dal-

sibles»? Mais nous n’y croyons plus. Nouscroyons que les choses invisibles sont celles quideviendront tôt ou tard visibles au microscope.Mais il n’en n’est pas ainsi. Le grand péché dontnous provenons est la séparation. Diable, «diabal-lo», signifie séparer. Symballo signifie ce qui unit.Nous avons besoins d’actions symboliques, dep ensées symboliques, de paroles symboliques. Leterme «symbole» aujourd’hui est catalogué com-me «signification», «signe». En revanche, le sym-bole est vivant. Le terme est symbolique, l’actionest symbolique. Nous avons besoin d’actions poli-tiques symboliques, d’actions économiques sym-boliques, d’actions spirituelles symboliques, d’ac-tions culturelles, symboliques. Dans ce sens noussommes très misérables, très découverts. Nouscourons derrière les procédures, les processus,

Repartir du silence

trouver un sens profond. La mort défie la vie.Mais pas dans le sens de victoire ou d’échec: outu deviens davantage ce que tu es, ou tu le de-viens moins. Une autre chose. Je vis dans une pe-tite communauté de familles: je rends grâce àDieu d’avoir vu mes enfants réagir avec intelligen-ce. J’ai appris que les jeunes ont beaucoup, dansle cœur, s’ils sont interpellés par de grandes cho-ses. Mes trois enfants, le quatrième ne vit pasavec nous, ont très bien réagi. Cela m’a donnébeaucoup confiance. Ce ne sont pas des jeunes«affalés», par exemple. Je les ai vus faire à man-ger, s’occuper de leur mère qui n’allait pas bien,s’occuper des autres, nettoyer, aller couper lebois, faire preuve d’ironie. J’essaie de beaucoupapprécier les nouvelles générations... sans douteaussi parce que beaucoup de gens m’ont aiméquand j’étais petit. Il faut avoir le courage de pro-poser des défis aux jeunes, parce que la vie est undrame qui te présente des défis. C’est pourquoi jeme mets en colère quand je vois des systèmeséducatifs qui séparent le temps de la responsabili-té du temps de l’apprentissage. C’est une énormee r re u r.

Est-ce la plus grande erreur du «vieux monde»? Enadmettant qu’il y en aura un nouveau?

Avoir séparé le visible de l’invisible et avoir sé-paré le temps de l’éternité. L’homme est un êtretempiternel et la réalité est faite de visible et d’in-visible. Je suis étonné par mes frères croyants.Nous disons cela dans le «Credo» mais nous nesavons pas ce que nous disons. Ne disons-nouspas «créateur de toutes les choses visibles et invi-

l’analyse. C’est le grand péché. Non pas parceque les procédures, les processus, les analyses nesont pas importants, mais ils ne peuvent êtrel’unique regard sur la réalité.

Nous avons entendu de nombreux discours, de nom-breuses déclarations, de nombreuses histoires au coursdes dernières semaines. Y a-t-il une phrase qui vousa davantage frappé, de façon négative ou positive?

«La science nous sauvera»: je trouve que c’estune phrase idolâtre, stupide, qui va contre lascience même. La science est une méthode d’ob-servation de la réalité. Et nous, nous la faisonsdevenir «la» vérité. Je trouve que c’est une gran-de erreur. Par ailleurs avec d’immenses intérêtssous-jacents, parce qu’il est clair désormais quel’on parle de technoscience et de technobusiness.Le grand drame en Lombardie a été cela. La poli-tique sanitaire qui a été faite au cours des 35 der-nières années de façon absurde, en abandonnanttous les territoires, a conduit dans ma région, àBergame, à des milliers de morts, je dis des mil-liers, au moins le triple de ceux qui ont été décla-rés. Ce qui a eu lieu est la conséquence de la cen-tralisation des opérations techniques, qui permetde grandes affaires. La phrase en revanche quim’a le plus frappé de façon positive est celle liéeà une photographie d’une ruelle de Naples, danslaquelle il y avait un panier accroché, où il y avaitécrit: «Si vous pouvez mettez, si vous ne pouvezpas, prenez». Dans cette simple affirmation popu-laire il y a presque tout. Il y a le mystère de labeauté de qui nous sommes et de ce que nouspouvons être.

la. Je trouve stupide l’idée qu’il failled’abord étudier, puis ensuite trouverdu travail. Cela vaut jusqu’à l’univer-sité, monde dont par ailleurs je faismoi aussi partie. Le moment présentne nous dit pas de reconnecter leschoses, il ne nous rappelle pas ausymbole. Bien sûr, il faut toujoursétudier, pendant toute la vie. Et il esttrès important de consacrer un cer-tain temps à l’étude. Mais on ne peutpas faire continuer les jeunes jusqu’àvingt-cinq ans. C’est une folie. Apropos de perversions sociales: enItalie, on quitte sa famille à 34 ans,cela vous semble normal? Et pour-quoi ne part-on pas? Parce que lamaison a été un «appartement», par-ce que nous sommes obsédés par lacertitude et par la sécurité. Mais,voyez-vous, cette période est ambiva-lente: elle peut nous pousser à utili-ser des formes plus profondes, plushumaines, ou bien elle nous pousseraà nous refermer encore plus, parceque la peur produit l’effet inverse.

Personnellement, que vous enseigne cetteu rg e n c e ?

Je le dis ainsi: il m’est apparu plusévident que si je n’inclus pas la mortdans ma vie, je ne vivrai pas. Que jene peux pas l’éliminer. Et que si jeveux appeler la mort sœur, je dois y

Page 9: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

page 10 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 19 mai 2020, numéro 20

Le récit au cœur du message pour la journée mondiale des communications sociales

Une démocratie appelée narrationAvec la réflexion que nous proposons ci-dessous ànos lecteurs, nous entamons aujourd’hui une sériede textes d’approfondissement sur le thème dumot de l’année, à savoir Le récit, issu du messa-ge du Pape François pour la journée mondialedes communications sociales.

COLUM MCCANN*

Pendant l’été 1932, Albert Einstein — alorsqu’il explorait la «pulsion de haine» des hom-mes — écrivit une lettre à Sigmund Freud, enlui demandant s’il considérait possible de «di-riger l’évolution psychique des hommes demanière à ce qu’ils deviennent capables de ré-sister aux psychoses de la haine et de la des-truction pour libérer la civilisation de la fatali-té de la guerre».

Ces deux hommes comptaient, bien sûr,parmi les esprits les plus influents de leurtemps. Einstein: le père de la relativité, legrand pacifiste, le scientifique original quis’intéressait à la théorie du tout. Freud: le cé-lèbre neurologue, le père de la psychanalyse,un explorateur de l’esprit et du corps.

Le monde était sur le fil du rasoir de ladestruction et avait déjà assisté, à travers leshorreurs de la première guerre mondiale, auxpremiers avertissements de sa ruine. Einsteinet Freud ressentaient la responsabilité moraleet publique de se prononcer contre les chan-gements inquiétants qui étaient en train de fa-çonner le monde.

Einstein cultivait avec un immense intérêtl’idée d’une paix mondiale, et il considéraitque Freud pouvait l’aider à trouver unerép onse. Dans la réponse officielle de Freudqui suivit, et qui arriva par le courrier quel-ques semaines après la demande initiale, l’Au-trichien se dit honoré qu’on lui ait posé cettequestion, mais qu’il considérait plutôt impro-bable que quelqu’un puisse être en mesure desupprimer ou de moduler la tendance agressi-ve des hommes. Dans le monde, il n’y a pasbeaucoup de personnes dont la vie s’écouleavec douceur, dit-il. Il est facile de contaminerles hommes par la fièvre de la guerre et l’hu-manité a un instinct actif pour la haine et ladestruction. Selon lui, il était extrêmementimprobable de réussir à supprimer les tendan-ces agressives de l’humanité.

Toutefois, à la fin de sa lettre, Freud offraitun rayon de lumière. Il disait que l’esp éranceque la guerre ait une fin n’est pas chimérique.Tout ce qui créait des liens émotifs entre lespersonnes agissait inévitablement contre laguerre. Ce qu’il fallait rechercher, soutenaitFreud, était «une communion de sentiments»et «une mythologie des pulsions». En d’a u t re stermes: une histoire.

Récemment, Sa Sainteté le Pape François,avec une grande éloquence, a invité le mondeà considérer le récit comme l’un des moyensles plus puissants dont nous disposons pourchanger notre monde. «Avec le regard duNarrateur — le seul qui a le point de vue final— nous nous approchons ensuite des protago-nistes, nos frères et sœurs, qui sont les acteursà nos côtés de l’histoire d’a u j o u rd ’hui», écrit-il. «Oui, parce que personne n’est un figurantsur la scène mondiale et l’histoire de chacunest ouverte à un possible changement. Mêmelorsque nous racontons le mal, nous pouvonsapprendre à laisser de l’espace à la rédemp-tion, nous pouvons aussi reconnaître, au mi-lieu du mal, le dynamisme du bien et lui fairede la place».

La narration est notre grande démocratie.C’est cette chose à laquelle nous avons tousaccès. Nous racontons nos histoires parce quenous avons besoin d’être écoutés. Et nousécoutons des histoires parce que nous avonsun besoin d’appartenance. La narration fran-chit les frontières. Elle enjambe les limites. El-

le brise les stéréotypes. Et elle nous donne ac-cès au plein épanouissement du cœur humain.

Mais les histoires sont aussi dangereuses.Les histoires sont des armes. Les histoirespeuvent nous blesser. Les histoires peuventnous briser le cœur. Les histoires peuventnous enlever nos maisons, nos terres, nospays. Nous vivons à présent dans ce qui esttoujours davantage défini comme une«époque exponentielle»: une séquence d’évo-lutions rapidement ponctuées, une sorte demanège de l’accélération, où tout est plus ra-pide-plus petit, plus rapide-plus économique,plus rapide-plus incompréhensiblement réduit.Mais nous refusons toujours plus de nousécouter les uns les autres. Beaucoup d’e n t renous entrent dedans. Nous tirons les rideaux.Nous bloquons les systèmes GPS sur notreimagination.

Nous aimons penser que nous nous écou-tons les uns les autres, mais en réalité nous nele faisons pas. Nous aimons penser que nouspermettons à nos enfants d’embrasser le mon-de, mais le plus souvent nous voulons seule-ment les isoler. Nous entendons toujours plussouvent: Ne t’approche pas de ma vérité!N’entre pas dans ma chambre! Je suis à gau-che, toi à droite! J’ai raison, tu as tort! Dansde nombreux domaines — en particulier dansle domaine politique — nous voyons le besoinnarcissique d’être corrects. Nous sommes de-venus tellement atomisés, tellement petits, etnous courons le danger croissant de séparerpar des murs, aussi bien au sens littéral quefiguratif, nos capacités d’empathie. C’est alorsque se présente l’idée du récit.

Il y a huit ans, en 2012, j’ai eu le grand pri-vilège de devenir l’un des co-fondateurs deNarrative 4, une organisation mondiale pourl’échange d’histoire. Avec de nombreux écri-vains et activistes — dont Lisa Consiglio,Ishmael Beah, Terry Tempest Williams, Dar-rell Borque, Greg Khalil et Assaf Gavron —nous avons vu que monde était construit pardes histoires et que raconter l’histoire d’a u t ru ipouvait permettre cette «empathie radicale»que nous cherchions à cultiver. Le préambuleétait simple: Tu racontes mon histoire, je ra-conte la tienne. Nous nous demandions ce quise serait passé si les simples actes d’écouter etde parler étaient devenus des choses capables

de renforcer nos idées de paix, d’égalité, dedémocratie et de compréhension.

Narrative 4 existe désormais dans 12 pays,dont l’Irlande, les Etats-Unis, le Mexique,l’Afrique du Sud et, avec un programme en-core à ses débuts que nous espérons dévelop-per, en Italie. Chaque année sont organisésdes centaines de milliers d’échanges, en parti-culier à travers les enseignants qui, au fond,sont les vrais gardiens des histoires et de lanarration. Nous travaillons principalementavec des adolescents, mais le programme fonc-tionne pratiquement avec tous, égalementavec des enfants très petits.

Ce que nous entendons faire dans Nar-ra tive 4 c’est élargir les poumons du monde.C’est également de cela dont parlaient Eins-tein et Freud. Et, naturellement, c’est ce quele Pape François a reconnu si profondément.Une communauté de sentiment et une mytho-logie des pulsions. Et qu’est-ce qu’une his-toire, sinon une mythologie des pulsions? Etqu’est-ce qu’un auditeur, sinon quelqu’un quifait partie d’une communauté de sentiment?

Ce que le Pape François reconnaît instincti-vement c’est que, quand nous racontons notrehistoire, nous offront en sacrifice ce qui est leplus cher. Demeurant dans notre cœur et dansnotre tête, les histoires sont parmi les rareschoses, avec la foi, qu’on ne peut pas nousenlever. Nos histoires sont inattaquables, mê-me par les balles. Mais nous devons réussir àles raconter. L’espace et le temps doivent nousêtre donnés. Nous devons être écoutés. Etdans le même temps, nous devons devenir desauditeurs.

L’écrivaine Zora Neale Thurston a dit unefois qu’il n’y a pas de plus grand poids à sup-porter que celui d’une histoire non racontée.La source d’une grande part de notre souf-france naît de l’incapacité d’exprimer ce quidemeure au fond de nous.

C’est l’une des vérités les plus extraordinai-res de l’expérience humaine contemporaine:nous ne devenons réellement vivant que sinous sommes disposés à écouter ce qui est ar-rivé à quelqu’un d’autre, parce que ce qui estarrivé à quelqu’un d’autre, à présent, nous estarrivé. Racontez donc votre histoire. Et, sur-tout, écoutez les autres.

*Ecrivain irlandais

Une illustration consacrée au roman «Apeirogon» de Colum McCann publiée sur «The New York Times» en février dernier

Page 10: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

numéro 20, mardi 19 mai 2020 L’OSSERVATORE ROMANO page 11

L’OSSERVATORE ROMANOEDITION HEBDOMADAIRE

Unicuique suumEN LANGUE FRANÇAISENon praevalebunt

Cité du Vaticanredazione.francese.or@sp c.vaw w w. o s s e r v a t o re ro m a n o .v a

ANDREA MONDAd i re c t e u r

Giuseppe Fiorentinov i c e - d i re c t e u r

Jean-Michel Couletrédacteur en chef de l’édition

Rédactionvia del Pellegrino, 00120 Cité du Vatican

téléphone + 39 06 698 99400 fax + 39 06 698 83675

TIPO GRAFIA VAT I C A N A EDITRICEL’OS S E R VAT O R E ROMANO

Service photo: [email protected]

Agence de publicitéIl Sole 24 Ore S.p.A,

System Comunicazione PubblicitariaVia Monte Rosa, 91, 20149 Milano

s e g re t e r i a d i re z i o n e s y s t e m @ i l s o l e 2 4 o re . c o m

Abonnements: Italie, Vatican: 58,00 €; Europe: 100,00 € 148,00 $ U.S. 160,oo FS; Amérique latine, Afrique,Asie: 110,00 € 160,00 $ U.S. 180,00 FS; Amérique du Nord, Océanie: 162,00 € 240,00 $ U.S. 260,00 F S. Renseignements:téléphone + 39 06 698 99489; fax + 39 06 698 85164; courriel: abonnements.or@sp c.vaBelgique: Editions jésuites ASBL 141, avenue de la Reine 1030 Bruxelles (IBAN: BE64 0688 9989 0952 BIC:GKCCBEBB); téléphone o81 22 15 51; fax 081 22 08 97; [email protected] n c e : Bayard-Ser 14, rue d’Assas, 75006 Paris; téléphone + 33 1 44 39 48 48; [email protected] Editions deL’Homme Nouveau 10, rue de Rosenwald 75015 Paris (C.C.P. Paris 55 58 06T); téléphone + 33 1 53 68 99 [email protected]. Suisse: Editions Saint - Augustin, casepostale 51, CH - 1890 Saint-Maurice, téléphone + 41 24 486 05 04, fax + 41 24 486 05 23, [email protected] - Editions Parole et Silence, LeMuveran, 1880 Les Plans sur Bex (C.C.P. 17-336720-5); téléphone + 41 24 498 23 01; [email protected] Canadaet Amérique du Nord: Editions de la CECC (Conférence des Evêques catholiques du Canada) 2500, promenade Don Reid,Ottawa (Ontario) K1H 2J2; téléphone 1 800 769 1147; [email protected]

Collège épiscopal

Avis à nos lecteurs

Nous rappelons à nos lecteurs que les traduc-tions en langue française des Messes à Sainte-Marthe sont publiées chaque jour sur le sitew w w.v a t i c a n n e w s .v a / f r / o s s e r v a t o re ro m a n o . h t m l .Depuis hier, lundi 18 mai, les Messes du PapeFrançois ne sont plus retransmises en direct àla suite de la reprise des Messes en présencedes fidèles en Italie.

Audiencesp ontificales

Le Saint-Père a reçu en audience:

5 mai

S.Em. le cardinal ANGELO BE C C I U, préfet de laCongrégation pour les causes des saints.

9 mai

S.Em. le cardinal MARC OU E L L E T, préfet de laCongrégation pour les évêques.Leurs Excellences:

— Mme AMAL MUSSA HUSSAIN AL-RU B AY E ,ambassadrice d’Irak, en visite de congé;

— M. ANTONIUS AGUS SR I Y O N O, ambassa-deur d’Indonésie, en visite de congé.

C i rc o n s c r i p t i o necclésiastique

6 mai

Le Saint-Père a disposé la fusion de l’a rc h i d i o -cèse d’Ottawa et du diocèse d’Alexandria-Cor-nwall (Canada), et a nommé archevêque de lanouvelle circonscription ecclésiastiqued’Ottawa-Cornwall S.Exc. Mgr TERRENCEPR E N D E R G A S T, S.J.

En outre, le Saint-Père a nommé archevêquecoadjuteur de l’archidiocèse d’O ttawa-Corn-wall (Canada) S.Exc. Mgr MARCEL DAM-PHOUSSE, le transférant de la charge d’évêquede Sault Sainte Marie.

Né le 19 mars 1963 à Saint-Joseph, Manitoba(Canada), il a été ordonné prêtre le 28 juin1991 pour l’archidiocèse de Saint-Boniface.Nommé évêque d’Alexandria-Cornwall le 16juin 2012, il a reçu l’ordination épiscopale le 2septembre suivant. Il a été transféré dans lediocèse de Sault Sainte Marie le 12 novembre2015. Au sein de la conférence épiscopale il estmembre de la commission pour l’éducation.

Nominations

Le Saint-Père a nommé:

5 mai

le père JACQUES ASSANVO AH I WA , du clergé deGrand Bassam (Côte d’Ivoire), jusqu’à présentmaître de conférence à l’université de Strasbourg:évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Bouaké(Côte d’Ivoire), lui assignant le siège titulaired’Elefantaria di Mauritania.

Né le 6 janvier 1969 a Kuindjabo, districtd’Aboisso, diocèse de Grand-Bassam (Côted’Ivoire), il a été ordonné prêtre le 13 décembre1997, pour le clergé de Grand Bassam.

6 mai

S.Exc. Mgr AM I LT O N MANOEL DA SI LVA , C.P.:évêque de Guarapuava (Brésil), le transférant dusiège titulaire épiscopal de Tusuro et de la charged’auxiliaire de l’archidiocèse de Curitiba.

Né le 2 mars 1963 à Osvaldo Cruz, diocèse deMarília, Etat de São Paulo (Brésil), il a été ordon-né prêtre le 17 décembre 2000. Le 7 juin 2017 il aété nommé évêque titulaire de Tusuro et auxiliairede Curitiba, et a reçu l’ordination épiscopale le 19août suivant. Au sein de la conférence épiscopalebrésilienne, il est membre de la commission pourla jeunesse et secrétaire de la région Sul 2, quicomprend les circonscriptions ecclésiastiques del’Etat du Paraná.

S.Exc. Mgr LUIZ ANTÔNIO LOPES RICCI: évêquede Nova Friburgo (Brésil), le transférant du siègetitulaire épiscopal de Tindari et de la charged’auxiliaire de l’archidiocèse de Niterói (Brésil).

Né le 16 mai 1966 à Bauru, Etat de São Paulo(Brésil), il a été ordonné prêtre le 10 juillet 1997pour le clergé de Bauru. Le 10 mai 2017 il a éténommé évêque titulaire de Tindari et auxiliaire del’archidiocèse de Niterói, et a reçu l’o rd i n a t i o n

épiscopale le 16 juillet suivant. Au sein de la con-férence épiscopale du Brésil, il est membre de lacommission pour la doctrine de la foi.

S.Exc. Mgr GUY DESRO CHERS, C.Ss.R.: évêque dePembroke (Canada), le transférant du siège titu-laire de Melzi et de la charge d’auxiliaire du dio-cèse d’Alexandria-Cornwall.

Né le 23 mai 1956 à Hull, Québec, actuel dio-cèse de Gatineau (Canada). Il a émis ses vœuxperpétuels dans la congrégation des pèresrédemptoristes à Sainte-Anne-de-Beaupré le 29août 1987. Le 7 janvier 1989, il a été ordonné prê-tre à Hull dans la province rédemptoriste deSaint-Anne-de-Beaupré. Le 12 décembre 2018, il aété nommé évêque titulaire de Melzi et auxiliaired’Alexandria-Cornwall, et a reçu l’ordination épis-copale le 19 mars 2019.

8 mai

le père MARCO TASCA, O.F.M. Conv., ancien minis-tre général de l’ordre des franciscains mineursconventuels: archevêque métropolitain de l’a rc h i -diocèse de Gênes (Italie).

Né à Sant’Angelo di Piove di Sacco, Padoue(Italie), le 9 juin 1957, il a émis ses vœux définitifsdans l’ordre des frères mineurs conventuels le 28novembre 1981. Il a reçu l’ordination sacerdotalele 19 mars 1983.

S.Exc. Mgr NICOLÁS BAISI, jusqu’à présentévêque titulaire de Tepelta et auxiliaire de l’a rc h i -diocèse de La Plata (Argentine): évêque de Puer-to Iguazú (Argentine).

Né à Bella Vista, diocèse de San Miguel (Ar-gentine), le 15 juillet 1964, il a été ordonné prêtrele 21 novembre 1993 pour le diocèse de San Mi-guel. Nommé évêque titulaire de Tepelta et auxi-liaire de La Plata le 8 avril 2010, il a reçu l’o rd i -nation épiscopale le 19 juin suivant.

9 mai

le père Angel Luis Río Matos, du clergé du dio-cèse de Mayagüez (Porto Rico), vicaire judiciaireet curé de «San Sebastián Mártir» dans ce mêmediocèse: évêque de Mayagüez (Porto Rico).

Né à Aguada (Porto Rico) le 5 octobre 1956, ila été ordonné prêtre le 11 janvier 1985 pour leclergé de Mayagüez.

11 mai

le père LOUIS TY L KA , du clergé de l’archidio cèsede Chicago (Etats-Unis d’Amérique), jusqu’à pré-sent curé de la Saint Julie Billiart Parish à TinleyPark et président du conseil presbytéral du mêmesiège (Illinois): évêque coadjuteur de Peoria(Etats-Unis d’Amérique).

Né le 26 mai 1970 à Harvey, archidiocèse deChicago, Illinois (Etats-Unis d’Amérique), il a étéordonné prêtre pour l’archidiocèse de Chicago le18 mai 1996.

12 mai

le père PETER MICHAEL MUHICH, du clergé dudiocèse de Duluth (Minnesota, Etats-Unisd’Amérique), jusqu’à présent recteur de la cathé-drale Our Lady of the Rosary du même siège:évêque de Rapid City (Etats-Unis d’Amérique).

Né le 13 mai 1961 à Eveleth, dans le diocèse deDuluth, Minnesota (Etats-Unis d’Amérique). Il a

été ordonné prêtre pour le clergé de Duluth le 29septembre 1989.

Démissions

Le Saint-Père a accepté la démission de:

6 mai

S.Exc. Mgr ANTÔNIO WAGNER DA SI LVA , S.C.I.,qui avait demandé à être relevé de la charge pas-torale du diocèse de Guarapuava (Brésil).

7 mai

S.Exc. Mgr JOSEPH R. BINZER, évêque titulairede Subbar, qui avait demandé à être relevé de lacharge d’auxiliaire de l’archidiocèse de Cincinnati(Etats-Unis d’Amérique).

8 mai

S.Em. le cardinal ANGELO BA G N A S C O, qui avaitdemandé à être relevé de la charge pastorale del’archidiocèse métropolitain de Gênes (Italie).S.Exc. Mgr MARCELO RAÚL MARTORELL, quiavait demandé à être relevé de la charge pastoraledu diocèse de Puerto Iguazú (Argentine).

9 mai

S.Exc. Mgr ALVA R O CORRADA DEL RÍ O, S.J., quiavait demandé à être relevé de la charge pastoraledu diocèse de Mayagüez (Porto Rico).

Page 11: 1,00 € Numéros précédents 2,00 € OL’ S S E …...saint Jean-Paul II: je célébrerai la Messe à 7h00, de-vant l’autel de sa tombe, et elle sera retransmise en mondovision

page 12 L’OSSERVATORE ROMANO mardi 19 mai 2020, numéro 20

Au cours de la Messe à Sainte-Marthe le Pape s’unit à la journée organisée par le Haut comité pour la fraternité humaine

Prière et pénitencepour invoquer la fin de la pandémie

Le 14 mai, le Pape François a consacré latraditionnelle Messe du matin à Sainte-Marthe àla journée de prière et de jeûne organisée en cejour par le Haut comité pour la fraternitéhumaine. Il a introduit la célébration à traversles paroles suivantes:

Le Haut comité pour la fraternité humaine a or-ganisé aujourd’hui une journée de prière et dejeûne pour demander à Dieu miséricorde etpitié en ce temps tragique de pandémie. Noussommes tous frères. Saint François d’Assisedisait: «Tous frères». C’est pourquoi, hommeset femmes de toute confession religieuse, nousnous unissons aujourd’hui dans la prière etdans la pénitence, pour demander la grâce dela guérison de cette pandémie.

Au cours de la célébration eucharistique, le Pa-pe a prononcé l’homélie suivante:

Dans la première lecture, nous avons enten-du l’histoire de Jonas, dans le style del’époque. Comme il y avait «une certaine pan-démie», nous ne savons pas bien laquelle,dans la ville de Ninive, peut-être une «pandé-mie morale», [la ville] allait vraiment être dé-truite (cf. Jon 3, 1-10). Et Dieu envoie Jonasprêcher: prière et pénitence, prière et jeûne(cf. vv. 7-8). Face à cette pandémie, Jonas pritpeur et s’enfuit (cf. Jon 1, 1-3). Ensuite, le Sei-gneur l’appela pour la deuxième fois et il ac-cepta d’aller prêcher (cf. Jon 3, 1-2). Et au-j o u rd ’hui nous tous, frères et sœurs de chaquetradition religieuse, nous prions: une journéede prière et de jeûne, de pénitence, organiséepar le Haut comité pour la fraternité humaine.

Chacun de nous prie, les com-munautés prient, les confessionsreligieuses prient, elles prientDieu: tous f r è re s , unis dans lafraternité qui nous rassemble ence moment de douleur et de tra-gédie.

Nous ne nous attendions pasà cette pandémie, elle est venuesans que nous nous y atten-dions, mais à présent elle est là.Et beaucoup de gens meurent.Beaucoup de gens meurent seulset beaucoup de gens meurentsans pouvoir rien faire. On peutparfois penser: «Ce n’est pasmon cas, grâce à Dieu je me suissauvé». Mais pense aux autres!Pense à la tragédie et aussi auxconséquences économiques, lesconséquences sur l’éducation, lesconséquences..., ce qui se passe-ra après.

C’est pourquoi aujourd’hui,nous tous, frères et sœurs, dechaque confession religieuse,nous prions Dieu. Peut-être quelqu’un dira-t-il: «C’est du relativisme religieux, on ne peutpas le faire». Mais comment on ne peut pas lefaire! Prier le Père de tous? Chacun prie com-me il sait le faire, comme il peut, comme il l’aappris dans sa propre culture. Nous ne prionspas l’un contre l’autre, une tradition religieusecontre une autre, non! Nous sommes tous

unis en tant qu’êtres humains, comme f r è re s ,en priant Dieu, selon sa propre culture, selonsa propre tradition, selon ses propres croyan-ces, mais en tant que frères et en priant Dieu,c’est l’important! Frères, en jeûnant, en de-mandant pardon à Dieu pour nos péchés,pour que le Seigneur ait miséricorde de nous,pour que le Seigneur nous pardonne, pourque le Seigneur arrête cette pandémie. C’esta u j o u rd ’hui un jour de fraternité, en regardantl’unique Père: frères et paternité. Un jour dep r i è re .

L’année dernière, et même en novembre del’année dernière, nous ne savions pas cequ’était une pandémie: elle est venue commeun déluge, elle est venue d’un coup. A pré-sent nous nous réveillons un peu. Mais il y atant d’autres pandémies qui font mourir lesgens et nous ne nous en rendons pas compte,nous regardons de l’autre côté. Nous sommesun peu inconscients face aux tragédies qui, ence moment, ont lieu dans le monde. Je vou-drais seulement vous donner les statistiquesofficielles des quatre premiers mois de cetteannée, qui ne parlent pas de la pandémie ducoronavirus, elles parlent d’une autre. Pendantles quatre premiers mois de cette année, 3 mil-lions 700 mille personnes sont mortes de faim.Il y a la pandémie de la faim. En quatre mois,presque 4 millions de personnes. Cette prièred’a u j o u rd ’hui, pour demander que le Seigneurarrête cette pandémie, doit nous faire réfléchiraux autres pandémies dans le monde. Il y ena tant! La pandémie des guerres, de la faim ettant d’autres. Mais l’important est qu’au-j o u rd ’hui — ensemble et grâce au c o u ra g e qu’aeu ce Haut comité pour la fraternité humaine— ensemble nous avons été invités à prier cha-cun selon sa propre tradition et à vivre unejournée de pénitence, de jeûne et aussi de charité,d’aide aux autres. Cela est important. Dans lelivre de Jonas, nous avons entendu que le Sei-gneur, quand il vit comment avait réagi lepeuple — qui s’était converti —, le Seigneurs’arrêta, il arrêta ce qu’Il voulait faire.

Que Dieu arrête cette tragédie, qu’il arrêtecette pandémie. Que Dieu ait pitié de nous etqu’il arrête aussi les autres pandémies si terri-bles: celle de la faim, celle de la guerre, celledes enfants sans instruction. Et nous deman-dons cela comme des f r è re s , tous ensemble.Que Dieu nous bénisse tous et ait pitié denous.

Décès du cardinal italienRenato Corti

Le mardi 12 mai, le cardinal italien Renato Corti,évêque émérite de Novare, est décédé à Milan, à l’âgede 84 ans. Le défunt cardinal était né à Galbiate,dans l’archidiocèse de Milan le 1er mars 1936, et avaitété ordonné prêtre le 28 juin 1959. Elu à l’églisetitulaire de Zallata et nommé dans le même tempsauxiliaire de Milan le 30 avril 1981, il avait reçul’ordination épiscopale le 6 juin suivant. Transféré ausiège résidentiel de Novare le 19 décembre 1990, ilavait renoncé à la charge pastorale du diocèse le 24novembre 2011. Il avait été créé cardinal par le PapeFrançois au cours du consistoire du 19 novembre 2016avec le titre de San Giovanni a Porta Latina. Ayantappris la nouvelle de sa mort, le Pape a envoyé à MgrFranco Giulio Brambilla, successeur du cardinal Corticomme évêque de Novare, le télégramme suivant.

Ayant appris la nouvelle du décès du cher cardinal Renato Corti, je désire vous exprimer, ainsiqu’à toute la communauté diocésaine, aux proches du regretté cardinal et à tous ceux qui l’ontconnu et apprécié, ma proximité, en pensant avec affection et admiration à ce frère qui a servile Seigneur Jésus et son Eglise avec un dévouement exemplaire et une âme délicate.

Je pense avec gratitude à l’intense ministère spirituel et pastoral qu’il a accompli sans s’épar-gner, mais en se consumant pour l’Evangile, d’abord dans son archidiocèse natal de Milan, enparticulier dans la formation des séminaristes et des prêtres et comme vicaire général, puis pen-dant de longues années comme doux et sage pasteur de cette Eglise de Novare.

Je pense également à son amour authentique pour la mission et au ministère de la prédica-tion qu’il a exercé avec une grande générosité, animé en tout du désir passionné de communi-quer l’Evangile du Christ.

J’élève ma prière au Seigneur afin que, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, ilaccueille ce fidèle serviteur et éminent pasteur dans la Jérusalem céleste, et je donne de toutcœur à ceux qui pleurent son départ terrestre la bénédiction apostolique, avec une pensée spé-ciale pour ceux qui l’ont assisté et accompagné avec amour au cours des derniers temps.

FRANCISCUS P P.