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10/1 10 Conférence internationale du Travail Compte rendu provisoire Quatre-vingt-onzième session, Genève, 2003 Septième séance Mercredi 11 juin 2003, 11 heures Présidence de M. Wamalwa et de M. Wojcik RAPPORT DU PRÉSIDENT DU CONSEIL DADMINISTRATION ET RAPPORT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL: DISCUSSION (suite) Original anglais: Le PRÉSIDENT (M. WAMALWA) — Nous reprenons la discussion des deux rapports dont nous sommes saisis. M. BOTI (ministre de la Fonction publique, du Tra- vail, de la Sécurité sociale et de l’Insertion profession- nelle, République centrafricaine) — Je tiens tout d’abord, au nom de la délégation qui m’accompagne à cette session et en mon nom propre, à présenter mes vives et chaleureuses félicitations à M. Michael Christopher Wamalwa, Vice-président et ministre du Travail du Kenya, pour sa brillante nomination à la Présidence de notre Conférence. Ces félicitations vont également à l’endroit des membres de son bureau, dont le concours reste précieux pour le plein succès de nos travaux. Je saisis également cette opportunité pour traduire, au nom du gouvernement national de transition de mon pays, les félicitations et le renouvellement de vœux de plein succès à M. Juan Somavia, Directeur général du BIT, pour sa brillante réélection à un nou- veau mandat de cinq ans qui prendra effet à compter du 4 mars 2004. Cette réélection est le témoin de votre totale adhésion aux idéaux de notre Organisation, mais aussi des résultats et du dynamisme que vous avez su insuffler à cet organisme depuis votre première élection. Qu’il me soit enfin permis, au nom du Président de la République centrafricaine, le général de division François Bozize, au nom du Premier ministre, chef du gouvernement national de transition, le professeur Abel Goumba, de joindre ma voix à celles des émi- nents orateurs qui m’ont précédé à cette tribune pour saluer et remercier le peuple suisse, et particulière- ment la population du canton de Genève, pour la qua- lité de l’accueil et l’hospitalité traditionnelle qu’elle a toujours su réserver aux différentes délégations à la Conférence. La RCA, mon pays, est gouvernée depuis le 15 mars 2003 — date du sursaut patriotique ayant mis fin à un régime dictatorial — par un gouvernement national de transition. Si, par principe, toute prise de pouvoir par la force reste condamnable, force est de constater que la situa- tion de la RCA ne peut s’interpréter de la sorte, car ce changement populaire est d’une autre nature et constitue une coalition entre toutes les forces vives de la nation et son armée. Le but de cette entente est de mettre fin à la longue misère et l’extrême pauvreté apparemment irrémé- diables dans laquelle toute la population de Centrafri- que se débat désespérément depuis plus de dix ans. Cette transition ne met pas fin au processus démo- cratique en cours. Bien au contraire, elle est assortie d’un délai qui prendra fin en janvier 2005 avec des consultations populaires. C’est à ce titre précis que les organisations professionnelles des travailleurs de Centrafrique, soucieux d’apporter leur part de contri- bution à l’édifice national pour plus de justice sociale, ont décidé de rentrer dans ledit gouvernement avec des objectifs précis et mesurables à l’issue de cette transition: la réforme de la législation nationale du travail qui comprend, entre autres, la modernisation du code du travail, l’examen de la législation au regard des conventions ratifiées et des recommanda- tions de l’OIT, la lutte contre le travail des enfants dans ses formes les plus intolérables; la protection sociale, notamment la restructuration de l’organisme de la sécurité sociale, la promotion de la sécurité et santé au travail avec un accent particulier sur la lutte contre le VIH/SIDA en milieu de travail; la définition d’une politique explicite et consensuelle en matière de promotion d’emploi; le dialogue social pour un partenariat actif dans le monde du travail; la maîtrise de la masse salariale et des effectifs de la fonction publique afin d’aider l’Etat à être à la hauteur de ses engagements financiers. Le rapport du Directeur général du BIT sur la manière de s’affranchir de la pauvreté par le travail relève d’une grande actualité et d’une richesse excep- tionnelle pour nos pays en voie de développement. Ce rapport donne une fois de plus à l’OIT une place centrale dans le système international et renforce sa crédibilité. C’est pourquoi je souscris, au nom du gouverne- ment de mon pays, à l’analyse développée dans ce rapport pour deux principales raisons. Premièrement, l’intervention de l’OIT par ces différentes approches en vue de juguler au mieux la question de la pauvreté est un facteur capable d’accroître une grande visibilité du rôle et de l’enjeu socio-économique des ministères en charge du travail auprès des partenaires en développement dans les institutions de Bretton Woods qui ne privilégient que les ministères en charge des finances et de l’économie. Les questions de l’emploi productif et rémunéra- teur pour toutes les catégories de la population active trouveront une place de choix dans les différents documents du cadre stratégique de lutte contre la pauvreté et ne seront plus considérées comme une question transversale sans solution spécifique. Pour finir, j’exprime par la même occasion la grati- tude du gouvernement de mon pays à l’endroit du bureau de l’OIT pour l’Afrique centrale dont la

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10Conférence internationale du Travail

Compte rendu provisoireQuatre-vingt-onzième session, Genève, 2003

Septième séanceMercredi 11 juin 2003, 11 heures

Présidence de M. Wamalwa et de M. Wojcik

RAPPORT DU PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

ET RAPPORT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL:DISCUSSION (suite)

Original anglais: Le PRÉSIDENT (M. WAMALWA)— Nous reprenons la discussion des deux rapports dontnous sommes saisis.

M. BOTI (ministre de la Fonction publique, du Tra-vail, de la Sécurité sociale et de l’Insertion profession-nelle, République centrafricaine) — Je tiens toutd’abord, au nom de la délégation qui m’accompagne àcette session et en mon nom propre, à présentermes vives et chaleureuses félicitations à M. MichaelChristopher Wamalwa, Vice-président et ministre duTravail du Kenya, pour sa brillante nomination à laPrésidence de notre Conférence.

Ces félicitations vont également à l’endroit desmembres de son bureau, dont le concours resteprécieux pour le plein succès de nos travaux.

Je saisis également cette opportunité pour traduire,au nom du gouvernement national de transitionde mon pays, les félicitations et le renouvellement devœux de plein succès à M. Juan Somavia, Directeurgénéral du BIT, pour sa brillante réélection à un nou-veau mandat de cinq ans qui prendra effet à compterdu 4 mars 2004. Cette réélection est le témoin de votretotale adhésion aux idéaux de notre Organisation,mais aussi des résultats et du dynamisme que vousavez su insuffler à cet organisme depuis votre premièreélection.

Qu’il me soit enfin permis, au nom du Président dela République centrafricaine, le général de divisionFrançois Bozize, au nom du Premier ministre, chef dugouvernement national de transition, le professeurAbel Goumba, de joindre ma voix à celles des émi-nents orateurs qui m’ont précédé à cette tribune poursaluer et remercier le peuple suisse, et particulière-ment la population du canton de Genève, pour la qua-lité de l’accueil et l’hospitalité traditionnelle qu’elle atoujours su réserver aux différentes délégations à laConférence.

La RCA, mon pays, est gouvernée depuis le15 mars 2003 — date du sursaut patriotique ayant misfin à un régime dictatorial — par un gouvernementnational de transition.

Si, par principe, toute prise de pouvoir par la forcereste condamnable, force est de constater que la situa-tion de la RCA ne peut s’interpréter de la sorte, carce changement populaire est d’une autre nature etconstitue une coalition entre toutes les forces vives dela nation et son armée.

Le but de cette entente est de mettre fin à la longuemisère et l’extrême pauvreté apparemment irrémé-

diables dans laquelle toute la population de Centrafri-que se débat désespérément depuis plus de dix ans.

Cette transition ne met pas fin au processus démo-cratique en cours. Bien au contraire, elle est assortied’un délai qui prendra fin en janvier 2005 avec desconsultations populaires. C’est à ce titre précis que lesorganisations professionnelles des travailleurs deCentrafrique, soucieux d’apporter leur part de contri-bution à l’édifice national pour plus de justice sociale,ont décidé de rentrer dans ledit gouvernement avecdes objectifs précis et mesurables à l’issue de cettetransition: la réforme de la législation nationale dutravail qui comprend, entre autres, la modernisationdu code du travail, l’examen de la législation auregard des conventions ratifiées et des recommanda-tions de l’OIT, la lutte contre le travail des enfantsdans ses formes les plus intolérables; la protectionsociale, notamment la restructuration de l’organismede la sécurité sociale, la promotion de la sécurité etsanté au travail avec un accent particulier sur la luttecontre le VIH/SIDA en milieu de travail; la définitiond’une politique explicite et consensuelle en matièrede promotion d’emploi; le dialogue social pour unpartenariat actif dans le monde du travail; la maîtrisede la masse salariale et des effectifs de la fonctionpublique afin d’aider l’Etat à être à la hauteur de sesengagements financiers.

Le rapport du Directeur général du BIT sur lamanière de s’affranchir de la pauvreté par le travailrelève d’une grande actualité et d’une richesse excep-tionnelle pour nos pays en voie de développement.Ce rapport donne une fois de plus à l’OIT une placecentrale dans le système international et renforce sacrédibilité.

C’est pourquoi je souscris, au nom du gouverne-ment de mon pays, à l’analyse développée dans cerapport pour deux principales raisons.

Premièrement, l’intervention de l’OIT par cesdifférentes approches en vue de juguler au mieuxla question de la pauvreté est un facteur capabled’accroître une grande visibilité du rôle et de l’enjeusocio-économique des ministères en charge du travailauprès des partenaires en développement dans lesinstitutions de Bretton Woods qui ne privilégient queles ministères en charge des finances et de l’économie.

Les questions de l’emploi productif et rémunéra-teur pour toutes les catégories de la population activetrouveront une place de choix dans les différentsdocuments du cadre stratégique de lutte contre lapauvreté et ne seront plus considérées comme unequestion transversale sans solution spécifique.

Pour finir, j’exprime par la même occasion la grati-tude du gouvernement de mon pays à l’endroit dubureau de l’OIT pour l’Afrique centrale dont la

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coopération technique reste déterminante dans lechoix des objectifs prioritaires de mon département.

La RCA reste profondément attachée aux valeursde l’OIT. Elle continuera, comme elle le fait depuisplus de quarante ans, à la soutenir pour une paixsociale durable dans le monde.

Original anglais: M. NG (ministre de la Main-d’œuvre, Singapour) — Au nom de la délégation deSingapour, je souhaite adresser mes salutations lesplus chaleureuses au Président, à l’occasion de sonélection à la tête de la 91e session de la Conférenceinternationale du Travail.

Nos félicitations vont également au Directeur gé-néral du BIT pour sa réélection à un second mandat.C’est là une réélection qui reflète toute la confianceque les mandants lui accordent.

Le Syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) estune menace qui met en péril les économies et la santédes pays qui sont affectés par cette maladie. A la findu moi de mai, le SRAS avait affecté plus de 8 000 per-sonnes à travers le monde et avait causé la mort deplus de 700 d’entre elles.

L’OIT a estimé que les pays directement touchéspar le SRAS (Chine, Hong-kong, Singapour etTaïwan) risquent de perdre plus de 30 pour cent deleurs emplois dans les domaines du tourisme et desvoyages. On enregistrera une perte de plus de 5 pourcent dans ces secteurs dans les autres pays du monde.

Nous sommes satisfaits de constater que l’OMS arayé le nom de notre pays de la liste des zonesde transmission récente, mais nous maintenons notrevigilance à son plus haut niveau.

Singapour mène des efforts constants dans cettelutte contre le SRAS, lequel a gravement affectéles flux touristiques qui passent par notre pays. Lesdépenses intérieures ont reculé à cause de la chute dessecteurs du détail, de l’alimentation, du transport etautres secteurs connexes. Nous avons à cet égard misen place un fonds d’urgence de 230 millions de dollarsqui s’accompagne d’avantages fiscaux et d’une aug-mentation des bourses de formation visant à diminuerles coûts engendrés par la propagation de ce virus.

Notre stratégie se concentre sur le front de la santépublique. Il s’agit de détecter, d’isoler et de contrôler,afin d’hospitaliser rapidement les victimes du SRAS.Les personnes qui sont en contact avec les victimessont mises en quarantaine pour dix jours, en vertu dela loi. Les intéressés, y compris les travailleurs étran-gers, bénéficient d’une indemnité pouvant atteindre70 dollars par jour pour compenser leurs pertes.

Nous nous efforçons de mener des efforts concertésau niveau national sur plusieurs fronts. Il s’agit dedispenser aux employeurs et aux travailleurs, ycompris les travailleurs étrangers, des conseils en cequi concerne les mesures à prendre pour se protégercontre le virus et de les orienter sur le plan médical.

Aux frontières, nous avons mis en place descapteurs thermiques pour mesurer la températuredes personnes et endiguer ainsi la propagation duSRAS à l’intérieur et à l’extérieur de Singapour. Lestravailleurs étrangers provenant de régions affectéessont mis en observation pendant dix jours et reçoiventun traitement médical s’ils ont des symptômes.

Des citoyens conscients de l’intérêt public ont misen place un fonds visant à apporter un appui aux victi-mes du SRAS. A la fin du mois de mai 2003, le fondsavait dépassé dix millions de dollars et continuait àprogresser.

Les trois partenaires sociaux Singapour, le Congrèsnational des syndicats de Singapour, la Fédérationdes employeurs de Singapour et le ministère de laMain-d’œuvre ont fait une déclaration conjointe visantà appuyer les mesures de réduction des coûts prisespar les pays affectés par le SRAS.

J’aimerais maintenant parler de questions touchantl’OIT. A la suite de la ratification par Singapour de laconvention (nº 100) sur l’égalité de rémunération,1951, en mai 2002, nous avons adopté une déclarationtripartite avec nos partenaires sociaux pour affirmernotre volonté de mettre en œuvre ce principe del’égalité de rémunération entre hommes et femmes.Par ailleurs, le code de bonne conduite en matièred’emploi adopté en décembre dernier par la Fédérationdes employeurs et les syndicats à renforcer notre désirde promouvoir et de respecter les bonnes pratiquesau travail, indépendamment de la race, de la religion,de l’âge, du sexe, de la situation de famille et deshandicaps.

Singapour est satisfait de constater que l’OIT pour-suit le dialogue avec le gouvernement du Myanmarconcernant l’élimination du travail forcé dans ce pays,et nous espérons que ce dialogue sera fructueuxet pourra ouvrir la voie à l’adoption de la convention(nº 29) sur le travail forcé, 1930, ainsi qu’à la promo-tion du travail décent.

Au cours des dernières années, l’OIT a mis l’accentsur l’initiative des Etats Membres tendant à formulerun plan d’action pour le travail décent, c’est-à-dire untravail productif qui assure la protection des droitsfondamentaux des travailleurs, accroît les revenus etoffre des garanties sociales. Ces principes sont confor-mes à la philosophie de Singapour sur le développe-ment et la gestion de la main-d’œuvre nationale.

Nous soutenons l’initiative de l’OIT et appliquonsles principes du travail décent dans notre politique del’emploi. La délégation de Singapour se félicite àl’avance des débats fructueux relatifs aux différentspoints à l’ordre du jour de cette session de la CIT.Sous l’impulsion de son Président, la Conférenceaboutira, j’en suis sûr, à des résultats positifs.

Original anglais: Mme CHAO (secrétaire d’Etat auTravail, Etats-Unis) — C’est un plaisir d’être ici pourreprésenter les Etats-Unis à la 91e session de la Confé-rence internationale du Travail. Mes félicitations vontégalement au Vice-président du Kenya, MichaelChristopher Wamalwa, pour son élection en tant quePrésident de la Conférence.

Je voudrais profiter de l’occasion pour féliciter leDirecteur général de la vision pénétrante qu’il montredans son rapport sur le thème «S’affranchir de la pau-vreté par le travail», l’un des défis les plus importantsque le monde ait à relever aujourd’hui.

Une ligne de l’introduction de ce rapport indique lecaractère de ce défi: «Les gens pauvres affrontent cha-que jour avec la volonté de survivre, mais sans aide nipossibilité d’améliorer leur sort.» C’est notre travailen tant que ministres du Travail d’aider ces gens àaméliorer leur sort. Je voudrais vous parler ce matinde l’approche adoptée par les Etats-Unis pour aider àaméliorer le sort des enfants qui travaillent et ceuxdont la vie est menacée par le VIH/SIDA.

Depuis 1995, le gouvernement des Etats-Unis aalloué plus de 313 millions de dollars pour financerdes projets internationaux visant à empêcher et àéliminer le travail des enfants dans 51 pays. Cesprojets ont pour but de sortir les enfants de leur

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environnement de travail dangereux et de cesconditions d’exploitation, d’accorder des possibilitésd’éducation aux enfants travailleurs, de mener desinvestigations et de sensibiliser la société au problèmeposé par le travail des enfants.

Je voudrais parler d’une forme particulière de tra-vail des enfants qui mérite une attention spéciale,c’est la tragédie effroyable des enfants-soldats. Il y adans le monde à peu près 300 000 enfants qui pren-nent part à des conflits armés. Ces enfants font l’objetde brutalités et sont obligés de servir en tant quecombattants, gardes, espions et même prostitués. Onleur enlève leur innocence, on les place au quotidiensur le chemin du mal et on les prive de toute chance devie normale. C’est une forme d’exploitation qu’aucunmembre de la communauté des nations civilisées nedoit jamais tolérer. C’est pourquoi, au mois de mai decette année, j’ai convoqué une conférence internatio-nale à Washington, qui a réuni plus de 500 représen-tants de nations et d’agences du monde entier quiont pris l’engagement de mettre fin à cette horreur.Nous avons le plaisir de dire que le Directeur générallui-même et d’autres personnalités de l’OIT se sontjoints à nous pour cette conférence historique.

A cette Conférence, j’ai annoncé une nouvelle ini-tiative du ministère du Travail de 13 millions de dol-lars pour empêcher l’enrôlement d’enfants-soldats etfinancer leur réinsertion. Il y a là 7 millions de dollarsqui ont été fournis par l’intermédiaire l’OIT, 3 mil-lions de dollars pour les besoins éducatifs des anciensenfants-soldats de l’Ouganda, et 3 millions de dollarspour un projet d’éducation pour les enfants-soldats enAfghanistan.

Ce n’est là qu’un exemple de l’engagement du gou-vernement des Etats-Unis à collaborer avec toutesles nations pour éliminer cette pratique et préserverles enfants de la vie terrible d’enfant-soldat.

Je suis très heureux que l’OIT ait proclamé la jour-née de demain, 12 juin, deuxième journée mondialeannuelle contre le travail des enfants et qu’à cetteoccasion, le sort peu enviable des enfants que l’onembrigade de force pour les engager dans des conflitsarmés sera au centre de l’attention. Nous ne pouvonsleur rendre leur enfance mais nous devons les aider àreconstruire leur vie.

Une autre tragédie qui empêche les travailleursvulnérables à s’en sortir est la pandémie de VIH/SIDA: les experts estiment que dans les pays d’Afri-que les plus touchés par ce fléau un adulte sur cinq estinfecté. C’est l’un des plus grands défis de notre tempssur le plan social, économique et du travail; ce fléau adéjà emporté plus de 20 millions de vies. Cela a deseffets effroyables sur le développement économiqueet prive de nombreux travailleurs des années les plusproductives de leur vie.

Je suis fier de dire que le gouvernement des Etats-Unis, sous la direction du président George W. Bush,a lancé un effort d’aide urgente sans précédent pourcombattre l’épidémie de VIH/SIDA. Le présidentBush, comme vous l’avez entendu, a engagé 15 mil-liards de dollars sur les cinq années à venir pourrenverser la tendance dans les pays les plus touchés del’Afrique et des Caraïbes. Les buts de cette initiativesont d’empêcher 7 millions d’infections nouvelles, detraiter 2 millions de personnes contaminées et desoigner 10 millions de personnes contaminées etd’orphelins du SIDA.

A l’appui de cet effort, le ministère du Travailcombat la pandémie de VIH/SIDA en appliquant un

certain nombre de stratégies destinées à aider lesemployeurs et les travailleurs. Le ministère financel’éducation et la prévention du SIDA sur les lieux detravail. Il accorde une assistance technique pour l’éla-boration de politiques de non-discrimination à l’égarddes travailleurs qui souffrent du SIDA. Nous collabo-rons avec le gouvernement et les leaders du monde dutravail et de l’entreprise pour encourager la créationd’environnements du travail.

Le département du Travail a déjà fourni 19,5 mil-lions pour 17 projets dans 16 pays. Dix millionssupplémentaires ont été alloués à ce programme etnous avons le plaisir de travailler en partenariatavec l’OIT à l’élargissement des programmes de luttecontre le SIDA.

Nous espérons faire plus au moment ou le ministè-re met en œuvre le plan d’aide urgente. Les deux ini-tiatives que j’ai exposées aujourd’hui, à savoir élimi-ner l’utilisation d’enfants soldats dans des conflitsarmés et venir en aide aux travailleurs contaminés parle SIDA peuvent notablement contribuer à améliorerle sort des enfants et des travailleurs dans le monde.

Je remercie les Etats Membres qui collaborent avecnous dans le cadre de ces initiatives, et j’encouragemes collègues de l’OIT à se joindre à nous pour soute-nir ces objectifs très valables.

Mme DE VITS (déléguée des travailleurs, Belgique)— «Les recettes des institutions financières interna-tionales engendreront la croissance, la croissance en-gendrera l’emploi, l’emploi engendrera la diminutionde la pauvreté.» C’est la formule magique qui est bienconnue mais qui ne fonctionne pas.

La pauvreté persiste. Cette réalité est un échecde la communauté humaine, elle est une insulte à ladignité de millions de personnes. Et pour ceux-là,le monde n’est pas un village mais est bel et bien unenfer.

Pourtant, les engagements politiques ne manquentpas. Pourquoi devons-nous donc aujourd’hui consta-ter qu’ils sont restés lettre morte? Qu’est-ce qui doncne marche pas?

L’Organisation internationale du Travail est proba-blement une des mieux placées pour répondre àcette question, elle qui possède une clé essentiellepour résoudre le problème du développement et de lapauvreté. Cette clé, c’est le travail décent.

Le Directeur général et le Président de la Confé-rence, vu l’intérêt qu’ils lui portent, l’ont biencompris. Qu’ils en soient remerciés. Ce mot «décent»a évidemment toute son importance. L’emploi doit eneffet être suffisamment rémunérateur et de qualité. Ilne sert à rien de l’augmenter si cela revient à augmen-ter le nombre de travailleurs pauvres, comme le phé-nomène est bien connu dans certains pays, les mêmessouvent que l’on n’hésite pourtant pas à poser,devrais-je dire imposer comme modèle de développe-ment.

Face à ces hommes et ces femmes qui se retrouventdans la misère, de par le seul fait de ne plus pouvoirtravailler en raison de leur âge, de leur santé oud’autres facteurs, n’avons-nous que notre pitié à of-frir, n’avons-nous vraiment que la charité à mettre enavant? Non! Même si des coups de pouce sont certesparfois nécessaires, cela ne saurait suffire. L’emploidoit aussi donner accès à un système de sécurité socia-le digne de ce nom, faisant l’objet d’un véritable fi-nancement. Cet emploi décent, nous le voulons pourtous les travailleurs.

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Faire transiter les travailleurs de l’informel vers leformel, conformément à la déclaration adoptée à laConférence l’année passée, est ici un premier défi detaille qui nous attend, et faire entrer artificiellementle travailleur informel dans une définition d’entrepre-neur, c’est pour nous loin d’être la solution miracle.

Le deuxième défi est de ne pas adopter une appro-che minimaliste. Créons des solidarités et non pas desconcurrences entre pauvres et entres travailleurs! Nefaisons pas sortir certains de la pauvreté pour en faireentrer d’autres! Soyons aussi efficaces. N’oublionspas ce que révèle le rapport de la Conférence des Na-tions Unies pour le commerce et le développement:c’est en augmentant le niveau de vie général et nonpas par des mesures spécifiques aux segments les plusprécarisés que les pays les moins avancés obtiendrontles meilleurs résultats dans leur lutte contre l’extrêmepauvreté.

Pour mettre en œuvre ce travail décent pour tous,l’OIT, nous le savons, a un atout entre ses mains: sapolitique normative. Nous ne pouvons pas l’affaiblir.Notre campagne pour la ratification des conventionsde base doit être couronnée de succès. Les normes nesont pas un frein mais la condition du développement,elles n’en sont pas la conséquence mais le préalable.Ce sont elles qui permettront de faire en sorte que leproduit d’une diminution de la dette ou d’un meilleuraccès au marché soit aussi redistribué en faveur deceux qui, aujourd’hui, n’ont pas accès aux richesses.

La Commission mondiale sur la dimension socialede la mondialisation, j’en suis sûr, s’en souviendra.

Comme représentante des travailleurs, je peuxaujourd’hui vous dire que les syndicats entendent évi-demment promouvoir le travail décent comme moyende lutte contre la pauvreté. Pour remplir ce rôle quiest le nôtre, nous entendons que l’OIT renforce etnon affaiblisse notre capacité de représenter lespauvres. Nous entendons aussi que, dans certains paysici représentés, les assassinats de syndicalistes cessentet ne restent pas impunis.

Enfin, comme représentante européenne des tra-vailleurs, nous entendons qu’à l’échelon de l’Unionnotre système social soit renforcé. Il est la preuvequ’une autre mondialisation, plus solidaire, est possi-ble. Nous entendons aussi que les compétencescommerciales et de coopération au développementsoient développées en vue d’une mondialisation quisoit synonyme de développement pour tous.

Vous vous serez aperçus que nous n’avons pasoublié vos engagements pris au Sommet mondialpour le développement social et dans la Déclarationdu Millénaire. Ensemble, interlocuteurs sociauxet responsables gouvernementaux, en charge dutravail mais aussi du commerce et des finances, dansle cadre d’une approche intégrée, faisons en sorteque ces engagements ne soient pas de vainespromesses. Faisons en sorte que le travail décentpour tous soit plus que quatre petits mots dans chaquediscours.

M. BOISSON (délégué des employeurs, France) —Je tiens tout d’abord, au nom de la délégationdes employeurs français, à féliciter le PrésidentWalmalwa pour la qualité du discours qu’il a prononcélundi à l’ouverture de notre débat sur le rapport duDirecteur général.

Je félicite également le Directeur général, d’abordpour sa brillante réélection — ce nouveau mandat decinq ans est un élément tout à fait positif pour l’avenir

de notre institution —– et ensuite pour le travail qu’ilnous présente aujourd’hui avec ce rapport intituléS’affranchir de la pauvreté par le travail.

La pauvreté est à la fois une injustice insupporta-ble, une atteinte à la dignité des personnes, une malé-diction — vient de dire le Président Mbeki — un frein,voire un obstacle au développement économique etsocial, un danger de rupture sociale et un risqued’éclatement de la société.

Dès lors qu’il est clair que c’est avant tout par letravail et la création d’emplois qu’il faut lutter contrela pauvreté, qui est mieux placé, plus légitime quel’OIT en la matière? Personne, puisque le cœur denotre mandat, c’est le travail et l’emploi.

Mais attention, notre légitimité n’est pas notre apti-tude à discourir, c’est avant tout notre capacité à agir,à modifier le cours des choses. C’est la vertu du tripar-tisme qui suppose l’association étroite de trois mots:tripartisme, réalisme et responsabilité.

Je crois que c’est le sens des propos du Directeurgénéral, dans son introduction, lorsqu’il écrit que«notre expérience sur le terrain donne au mandathistorique de l’OIT une réalité concrète partout dansle monde».

Dans cet esprit, nous approuvons pleinementles trois orientations qu’il a rappelées lundi: lier lesnormes et la coopération technique, transférer desbudgets du siège vers les bureaux régionaux, prendreen compte la complexité des situations locales.

Concernant la question cruciale des liens entrele travail, l’emploi et la pauvreté, il ne s’agit pasd’aborder la question sous son aspect émotionnel,mais de procéder à des études sérieuses et de propo-ser des réponses précises, d’en mesurer l’impact sur leterrain et de corriger les réponses s’il y a lieu.

J’ai la conviction que la mondialisation — end’autres termes le développement des échanges etle progrès technique — peut et doit apporter deséléments de solution pour combattre la pauvreté.

Mais, d’une part, j’entends des condamnations sansappel d’une mondialisation qui serait incapable defaire reculer le chômage et, d’autre part, je suis sensi-ble au discours nuancé du Président Walmalwa qui,tout en soulignant les inégalités qui peuvent se déve-lopper, indique que la mondialisation est porteuse dechances, de prospérité économique.

Par ailleurs, on a bien compris en écoutant le Prési-dent kényan que l’exemple qu’il cite de son pays montreque le type de gouvernement est un facteur clé d’unebonne adaptation à la mondialisation.

Nous devons procéder à un bilan dépassionné desconditions de la mondialisation et des raisons pourlesquelles ce qui permet à de nombreux pays deprogresser échoue ailleurs. Je crois que c’est un desapports majeurs que nous attendons de la Commis-sion mondiale sur la dimension sociale de la mondiali-sation.

Les organisations nationales d’employeurs sont aucœur des efforts à faire pour appliquer les programmeset les objectifs du BIT, concernant notamment ledéveloppement de l’esprit d’entreprise nécessaire à lacréation d’emplois et au développement du travailindépendant, qui est une des réponses à la pauvretéet qui constitue de surcroît un facteur importantd’intégration des entreprises et des travailleurs dansl’économie formelle.

A cet égard, la formation, la mise en valeur desressources humaines, l’acquisition de compétencessont essentielles. Il y a là une responsabilité conjointe

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des employeurs, des gouvernements et des tra-vailleurs afin que l’éducation prenne en compte lesbesoins en matière d’emplois. Nous menons enFrance actuellement une importante négociation surla formation tout au long de la vie et nous espérons laconclure avant l’été.

Sur l’approche intégrée, qui revêt pour nous uneimportance majeure, je reprendrai simplement lesmots de notre vice-président exécutif: «On ne peutpas échouer.» Concernant le débat en cours sur la san-té et la sécurité au travail, les employeurs françaissont attentifs à ce que soit bâti un véritable pland’action redéployant l’ensemble de nos moyens avec,comme objectif, d’élever le niveau de sécurité destravailleurs partout où ils travaillent.

Je voudrais conclure en soulignant l’opportunitéexceptionnelle pour l’OIT d’agir, si j’ose dire, auxdeux bouts de la chaîne: sur le terrain, au plus près dela réalité, en définissant des politiques permettant laprise en charge directe, par les acteurs locaux, desproblèmes qu’ils ont à affronter et en favorisant ainsil’exercice de leurs responsabilités. Cela, c’est sur leterrain. Au sommet de l’édifice, en développant lespartenariats avec les autres institutions internationa-les, dans le respect des mandats de chacune d’entreelles, l’OIT peut ainsi devenir une sorte de catalyseurd’un multilatéralisme efficace qui s’adapterait enfinaux mutations que nous vivons.

(M. Wojcik prend place au fauteuil présidentiel.)

Original anglais: Mme EAGLE (ministre desPersonnes handicapées, Royaume-Uni) — Je voudraisféliciter le Directeur général pour son rapport, quidonne à réfléchir. Au Royaume-Uni, nous sommestrès heureux de voir l’accent qui continue à être missur l’emploi et sur le travail décent comme meilleursmoyens de sortir de la pauvreté. Accroître le nombrede gens occupant des emplois productifs est absolu-ment essentiel pour relever les deux défis principauxqui se présentent à l’aube du XXIe siècle, celui dela révolution démographique et de l’élimination de lapauvreté.

Les données de l’OIT nous disent qu’il y avait180 millions de personnes sans emploi à la fin de l’andernier, soit 20 millions de plus qu’il y a deux ans. Et ilest peu probable que nous assistions à un renverse-ment de cette tendance cette année. Au Royaume-Uni, nous avons maintenant moins d’un million dechômeurs, et près de 75 pour cent de notre populationen âge de travailler a un emploi. Mais nous ne nousreposons pas sur nos lauriers. Nous sommes soucieuxde trouver des moyens d’aider autant de gens quepossible à retrouver un travail s’ils sont capables detravailler. C’est la réalité. Nous savons qu’il y a énor-mément de personnes au chômage ou inactives quisouhaiteraient travailler au Royaume-Uni, et la ten-dance démographique actuelle fait qu’il est impératifd’augmenter la proportion de gens qui occupent desemplois productifs. C’est la raison pour laquelle nousœuvrons de notre mieux aux fin du plein emploi.

Un récent rapport des Nations Unies met enévidence l’impact de l’évolution démographique surla croissance économique.

Depuis 1970, les pays en développement à faibletaux de natalité et à croissance démographique pluslente ont enregistré une augmentation de leurproductivité, de l’épargne et des investissements pro-ductifs, qui ont entraîné une croissance économique

plus forte. Lorsqu’ils ont vraiment le choix, lespauvres choisissent d’avoir des familles moins nom-breuses que celles de leurs parents. Cette baisse de lanatalité au niveau micro se traduit, en une génération,par une croissance économique potentielle au niveaumacro, avec un groupe de personnes en âge detravailler plus important qui soutient un nombrede personnes dépendantes plus jeunes ou plus âgéesmoins important. C’est là une chance de croissanceunique qu’il faut saisir.

Cette chance est à saisir lorsque le nombre dejeunes baisse à cause de la baisse de la natalité, carlorsque le pourcentage de personnes âgées commenceà augmenter, il est trop tard. L’expérience des Tigresasiatiques dans les années quatre-vingt, puis quatre-vingt-dix nous le montre. Lorsque le pourcentage deleur population en âge de travailler a commencé àaugmenter jusqu’au milieu des années soixante-dix,ces pays ont connu une évolution très rapide jusquedans les années quatre-vingt-dix.

D’autres régions entrent maintenant dans cettephase de transition. L’Asie du Sud y entrera entre2015 et 2025. En Amérique latine et dans les Caraïbes,l’augmentation relative de la population en âge detravailler a commencé il y a au moins cinq ans, maiscette évolution est moins marquée du fait des grandesdisparités d’une région et d’un pays à l’autre. Le ratiooptimal sera atteint entre 2020 et 2030.

La situation est similaire en Afrique du Nord et enAsie occidentale et centrale. En revanche, en Afriquesubsaharienne, seuls 11 pays devraient atteindre ceration optimal, lié à la population en âge de travailler,avant 2050. Mais, un autre facteur est entré en jeu.Une des conséquences les plus terribles de la pandé-mie du VIH/SIDA est l’effet démesuré qu’elle a sur lapopulation des enfants en bas âge, qui laisse entrevoirle spectre d’une génération manquante. Ces payspourraient de ce fait manquer cette chance de crois-sance fondée sur l’évolution démographique.

Que faire? Tout d’abord, faire en sorte que les gensaient un emploi. Le cadre macroéconomique estessentiel, mais nous avons également besoin demicrostratégies pour lutter contre le chômage desjeunes, pour aider les chômeurs de longue durée, lespersonnes handicapées et les travailleurs âgés afin defaire en sorte que tout le monde puisse travailler. Celadoit être la base d’une stratégie globale de l’emploi.

Ensuite, il faut que le travail soit rémunérateur.Au Royaume-Uni, nous avons dû réfléchir à nospolitiques de sécurité sociale afin que tous ceux quiobtiennent un emploi, que ce soit à plein temps ou àtemps partiel, en retirant plus d’avantages que s’ilsavaient continué à percevoir des prestations sociales.

Ensuite, il faut que le travail renforce nos compé-tences. C’est capital pour chacun d’entre nous. Pourêtre compétitif dans l’économie mondiale, il faut queles gens puissent avoir accès à la formation tout aulong de leur vie professionnelle.

En outre, il faut que le travail soit sans risque. Toutle monde a droit à un environnement de travail res-pectueux de la sécurité et de la santé des travailleurs.Enfin, il faut que le travail soit équitable et se poser laquestion de savoir si nos politique de l’emploi sontéquitables pour les gens d’origine ethnique différente,pour les handicapés, pour les femmes ou encore pourles personnes plus âgées. Comment faire pour quenotre marché du travail n’exclue aucune catégorie detravailleurs? La pauvreté, où qu’elle sévisse, est unemenace pour la prospérité, où que celle-ci règne.

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Avoir un travail ou un emploi est la meilleure manièrede sortir de la pauvreté. Nous devons redoublerd’efforts pour faire en sorte que ceux qui sont enmesure de travailler puissent travailler et que ceux quine sont pas en mesure de travailler aient la sécurité.

Original anglais: Lord BRETT (délégué des tra-vailleurs, Royaume-Uni) — Je voudrais tout d’abordféliciter le Président et ses collègues pour leur élec-tion à ces importantes fonctions.

En ma qualité de délégué des travailleurs pour lecongrès des syndicats, je tiens à féliciter le Directeurgénéral pour cette parfaite synthèse de la stratégie dutravail décent. Comme lui, nous pensons que la seuleguerre qui mérite d’être menée est la guerre contre lapauvreté et l’injustice.

Cependant, en dépit des efforts que nous dé-ployons ensemble au sein de l’OIT, la mondialisationn’engendre ni la justice sociale ni le respect des droitsdes travailleurs. Le congrès des syndicats ne dit pas:«Stop! Nous voulons descendre du train de la mondia-lisation.» Ce train est en marche et la mondialisationest, à certains égards, irréversible. Mais elle ne peut sepoursuivre dans sa forme actuelle.

A économie mondiale, règles mondiales. Lerapport du Directeur général a le mérite de mettre enévidence les liens qui unissent, premièrement, lesdroits des travailleurs et l’accès à l’autonomie, ledialogue social, le tripartisme, la démocratie, unebonne législation et la gouvernance — aux niveauxnational et international; deuxièmement, la santépublique et l’hygiène du travail, la sécurité sociale,l’éducation et la formation; et, troisièmement, la luttecontre la pauvreté et un développement durable etéquitable pour le monde.

Quelle devra être, en conséquence, l’action del’OIT à l’avenir? Il faut que l’OIT poursuive, avec lesmoyens nécessaires, la campagne en faveur de la rati-fication et de l’application universelles des conven-tions fondamentales, et continue à œuvrer par unsystème multilatéral cohérent. Mais si ces normesportent sur les libertés fondamentales et l’égalité, letravail décent, lui, ne peut exister sans la sécurité del’emploi et la sécurité sociale, ni sans la sécurité et lasanté au travail, tandis que les politiques actives dumarché du travail permettent de parvenir au pleinemploi.

D’où l’importance de la présente session de laConférence. Le Directeur général décrit bien les défisque pose l’économie informelle si l’on veut réaliserl’objectif du travail décent pour tous. Le marché nepeut fonctionner correctement sans les droits depropriété et si les contrats ne sont pas régis par la loi.Et pour le marché du travail, il faut que les droitset devoirs des parties à la relation de travail soientdéfinis. C’est la raison pour laquelle nous devonsavoir une discussion fructueuse sur le champ d’appli-cation de la relation de travail. Et si nous considéronsque la sécurité et la santé au travail sont elles aussiessentielles, il faut que la discussion sur une approcheintégrée soit couronnée de succès.

Nous devrions lancer une nouvelle campagne enfaveur de la ratification et de l’application desconventions qui traitent du plein emploi, de la sécuri-té de l’emploi ainsi que de la santé et de la sécuritéau travail. Nous savons que si elles sont menéesavec les moyens nécessaires, les campagnes de cetype donnent des résultats. Nous savons aussi que laratification et la mise en œuvre universelles de ces

conventions accéléreraient la progression du travaildécent dans le monde entier.

Le Congrès des syndicats considère qu’il est utilede conclure des alliances avec la société élargie pourpromouvoir le respect des normes internationales dutravail.

Et, d’ailleurs, nous sommes en train de mettre enplace des alliances stratégiques avec des ONG quisont sincèrement engagées dans la mise en œuvre deces normes et reconnaissent la compétence de l’OITen la matière.

La concertation avec d’autres acteurs de la sociétécivile est utile, mais ce sont le dialogue social et le tri-partisme qui sont le mieux à même de garantir uneprotection durable parce qu’ils reposent sur la repré-sentativité.

C’est pourquoi, avec les entreprises et les ONG, jetravaille sur la dimension culturelle car elles peuventeffectivement favoriser l’avènement d’une culturefondée sur le respect de la loi. Elles peuvent aussiconstituer un espace de concertation sociale, maisdes codes sociaux ne peuvent remplacer les deuxéléments indispensables pour garantir la protectionà long terme des travailleurs et de leurs familles, àsavoir le devoir qu’a le gouvernement d’adopter deslois à cet effet et le dialogue social entre employeur etsyndicat.

La démocratie ne provient pas des bonnes inten-tions de l’élite, elle émane de la participation du peu-ple à la défense de ses propres intérêts. Aucun autrerégime, pas même les plus paternalistes — les fameusesdictatures éclairées — ne peut protéger les travailleurs.Seule la démocratie, politique et dans l’entreprise,peut transformer la société.

Les syndicats ont toujours eu un rôle à jouer. Maisnous savons aussi que le partenariat social sert nonseulement les droits des travailleurs, mais aussi l’inté-rêt des entreprises. Il permet aux entreprises de pros-pérer grâce à l’investissement à long terme dans uneformation de qualité et un dialogue social qui favori-sent la productivité. Cependant, les entreprises quiveulent avancer sur cette voie doivent composer avecla vue à court terme des analystes financiers.

Par conséquent, j’exhorte les entreprises désireusesde contribuer à un développement durable de se join-dre à nous pour lutter contre cette vue à court terme.Il faut qu’elles exigent, elles aussi, d’être jugées surd’autres critères, sur leur bilan social et pas seulementsur leur performance à la Bourse.

La syndicalisation est essentielle pour que lestravailleurs puissent défendre leurs droits, pour ledéveloppement et pour la lutte contre la pauvreté.Ensemble, grâce à une bonne gouvernance et àdes syndicats puissants, nous pourrons ramener leslaissés-pour-compte au sein de la société. La meilleu-re façon d’aider les gens à progresser a toujours étél’organisation syndicale; elle permet de mobiliserl’énergie nécessaire pour conforter la démocratie, ladignité, la prospérité.

Organiser le secteur formel et informel est undéfi majeur dans nombre de pays. Le rapport retientquelques-uns des nombreux exemples de bonnes pra-tiques. Il évoque également les difficultés auxquellesse heurtent, par exemple, les syndicats de travailleursmal payés du secteur formel, qui voudraient recruterdes collègues non syndiqués. Plutôt que de donner desfonds aux ONG qui, même si elles sont bien intention-nées, ne peuvent représenter les travailleurs, lesministères, désireux d’appuyer les efforts d’organisa-

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tion, devraient financer les organisations de tra-vailleurs.

Les gouvernements ne peuvent pas protéger tousles citoyens si les rentrées fiscales sont insuffisantes etils ne peuvent garantir des services publics efficacesdans des domaines aussi importants que l’inspectiondu travail, par exemple. Si les multinationales veulentvraiment la primauté du droit, elles doivent payerl’impôt plutôt que de s’y soustraire. Elles doiventfavoriser l’emploi formel afin que leurs fournisseurset leurs travailleurs soient inclus dans la base d’impo-sition et soient protégés par la loi.

Il ne faut pas non plus écouter tous ceux quivoudraient prendre en otages les travailleurs de l’éco-nomie informelle en leur disant qu’ils perdraient deleurs moyens de subsistance s’ils se placent sous laprotection de la loi. L’expérience de tous les paysdéveloppés prouve que l’amélioration de la situationdes travailleurs, par la syndicalisation, la négociationcollective et la protection juridique, permet de créerdes emplois de qualité et engendre une sociétémeilleure.

Original espagnol: M. ABASCAL (ministre duTravail et de la Prévoyance sociale, Mexique) — Legouvernement du président Fox s’est fermementengagé à améliorer le niveau et la qualité de vie desMexicains. Le ministère dont j’ai la charge est au cen-tre de cette action. En effet, comme l’a dit M. Somavia,qui a été réélu à juste titre à la tête de cette Organisa-tion, la pauvreté n’est pas seulement le problème despauvres, mais aussi un défi pour tous ceux qui luttenten faveur de la justice sociale et d’une croissancedurable.

Le chemin pour parvenir à ces grands objectifs pas-se par le travail. Le travail est un droit et un devoir del’homme dont la valeur économique, sociale, éthique,intellectuelle et spirituelle est telle que, sans luil’épanouissement harmonieux des personnes et de lasociété et l’élimination de la pauvreté sont impossibles.

La condition essentielle pour que le travail remplis-se sa fonction, c’est que les sociétés et les gouverne-ments reconnaissent que l’homme est au centre dudéveloppement, non pas comme une ressource parmid’autres, mais en tant que créateur et bénéficiaire detravail. De même qu’il est devenu manifeste que letravail n’est pas la propriété de l’Etat, nous devonspartout dans le monde et pour toujours, mettre fin àl’idée selon laquelle le travail serait une marchandise.Ainsi, toutes les personnes sans exception ont droit autravail, les jeunes, les femmes, les personnes âgées, lestravailleurs migrants, les indigènes, les handicapés etles pauvres. Tous doivent avoir la possibilité d’accé-der au travail, dans l’équité et la justice.

Si le monde revalorise la dignité de la personne et,par conséquent, son importance dans l’économie etl’entreprise; si le monde revalorise le travail en tantque moyen pour l’individu de se réaliser et d’accéderaux bienfaits du développement; si le monde revalori-se l’entreprise en tant que communauté humaine pro-ductive, alors les politiques publiques pourront êtreadaptées à l’idée que le travail est le patrimoine leplus important des personnes et des familles. Ainsi,on parviendra au plein emploi. C’est alors que pré-vaudra la valeur transcendantale qu’a le travail pourédifier la justice et satisfaire à l’intérêt commun. C’estalors seulement que les employeurs et les entreprisesassumeront leurs responsabilités sociales. Voilà lesprémisses de la politique de l’emploi mexicaine. Les

ministères du Travail apportent une contributionfondamentale à la promotion de l’emploi et du travaildécent et, par conséquent, à la réduction de la pauvreté.

En premier lieu, ils ont la possibilité de promouvoircette conception humaniste de la personne, du travailet de l’entreprise, afin que les politiques publiquesla renforcent, que les employeurs l’adoptent et queles travailleurs en prennent pleinement conscience.Ainsi, les partenaires sociaux assumeront les droits etdevoirs qu’implique cette conception humaniste.

L’instrument le plus important à cette fin est ledialogue social. L’expérience mondiale montre qu’ilest bon que les mécanismes de dialogue n’excluentpersonne et qu’ils soient décentralisés et institution-nels. Ils seront des espaces privilégiés pour enrichirla démocratie grâce à une participation responsabledes facteurs de production, du gouvernement et desdiverses entités sociales.

Deuxièmement, les ministères du Travail peuventélaborer des politiques publiques qui favorisentl’investissement productif et l’emploi. Au Mexique,nous nous efforçons de perfectionner les instancesde dialogue social, afin de parvenir aux accords néces-saires pour continuer de renforcer l’état de droit,d’améliorer la culture, les lois et les institutions dutravail, pour favoriser notre développement énergéti-que et pour moderniser notre système fiscal. Cetensemble de mesures favorisent le travail et, parconséquent, l’éradication de la pauvreté.

Troisièmement, les ministères du Travail doiventpromouvoir la coopération entre travailleurs etemployeurs, par le biais de la conciliation et de l’arbi-trage, afin de favoriser la paix sociale. De plus, ilsdoivent mettre efficacement en relation les offres etles demandes d’emplois.

Enfin, les ministères du Travail doivent contribuerà accroître l’employabilité et la capacité d’entrepren-dre de chacun. Ces deux points sont des points essen-tiels pour diminuer la pauvreté et pour créer des ri-chesses, au moyen de la productivité, de lacompétitivité et de l’investissement. N’oublions paspour autant que, l’autre donnée de l’équation, c’estune juste distribution de la richesse, au sein de chaquesociété et entre les pays.

Nous, Mexicains, nous savons qu’il est impératif depromouvoir l’emploi et d’accroître le revenu des per-sonnes. Les travailleurs, les entrepreneurs et le gou-vernement ne sont engagés dans ce sens le1er mai 2003. Nous nous réjouissons que l’OIT favori-se la réflexion mondiale au sujet des défis liés au tra-vail décent, afin que les efforts déployés à l’échellemondiale pour privilégier l’emploi, dans le cadre de lalutte contre la pauvreté, bénéficient aux peuples etaux familles.

Si, avec notre travail, nous réussissons à transfor-mer cette réflexion en mesures concrètes alors nouscontribuerons à mondialiser la solidarité.

Original anglais: M. TATEISI (délégué des em-ployeurs, Japon) — Le rapport du Directeur généralde cette année nous rappelle qu’il est urgent de résou-dre le problème de la pauvreté partout dans le monde.La disparition de la pauvreté doit permettre à l’indivi-du non seulement de devenir autonome sur le planéconomique, mais de vivre dans la dignité et d’acqué-rir les moyens d’assumer une vie de citoyen à part en-tière. Le fait que de nombreuses personnes ne puis-sent plus utiliser leurs compétences, simplementparce que l’Etat n’est pas à la hauteur de sa tâche, en-

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traîne un véritable gâchis, dont tout le monde — l’in-dividu et la société dans son ensemble — fait les frais.

Personne ne peut nier que le travail est une véritableclef pour celui qui veut parvenir à être économique-ment autonome, qui souhaite connaître le sentimentd’épanouissement qui résulte de la pleine réalisationde son potentiel et qui désire se sentir réellementintégré à la société dans laquelle il vit.

Il est également indéniable que l’éradication dela pauvreté suppose que le pays concerné disposelui-même de suffisamment de richesses, qui sont elles-mêmes le fruit de diverses activités économiques.D’où l’importance d’une activité économique soute-nue de la part des entreprises, grandes ou petites. Lafonction des entreprises est en effet de créer de larichesse et de la distribuer — sous forme de salaires,de taxes et de dividendes — aux divers acteurs quiparticipent à leurs activités. Elles utilisent par ailleursla richesse excédentaire pour investir et renforcerleurs activités, dans le but de créer encore plus derichesse. Le fonctionnement des entreprises est donctel que leurs gains permettent s’assurer une produc-tion de richesse continue, raison pour laquelle ellesjouent un rôle absolument indispensable pour accroî-tre la richesse d’un pays.

Il importe de reconnaître que les entreprisesmultinationales, même si elles sont souvent âprementcritiquées, créent de la richesse et créent des emploispartout dans le monde et qu’elles contribuent parlà même à atténuer l’emprise de la pauvreté. Ellesfavorisent également la croissance des entrepriseslocales par le biais de transferts de technologie et dediverses formes d’aide. Il s’avère donc indispensablede tirer le meilleur parti des multinationales et de leurpotentiel, et c’est aux gouvernements qu’il incombede créer les conditions les plus propices au déroule-ment de leurs activités.

Les entreprises alimentent le circuit des échanges àtous les niveaux, en offrant aux employés un travail,aux consommateurs des biens et des services de quali-té, aux actionnaires des dividendes et à l’Etat des re-cettes fiscales. De par leur fonctionnement même,elles ont donc déjà vocation à servir l’intérêt public.Mais cela ne suffit pas, car elles ne sont malgré toutque l’un des rouages de la société, et, de ce fait, sonttributaires du développement harmonieux de cettedernière. Elles exercent aujourd’hui une très forteinfluence, et c’est la raison pour laquelle le thèmede leur responsabilité sociale est au cœur de tant depréoccupations. En effet, elles ont actuellement pourmission d’instituer des valeurs sociales et économi-ques et d’avoir une conscience aiguë des besoins etdes carences qui se manifestent sur le plan social.

Un débat sur le thème de la pauvreté ne peut éviterd’aborder une autre question fondamentale, celle del’équité. Il se peut que l’individu ne se soucie de sondegré de pauvreté que lorsqu’il compare sa situation àcelle d’autrui. Il est en plus facile d’accepter d’êtrepauvre lorsque tout le monde autour de soi l’est égale-ment. Le sentiment de frustration survient avec la prisede conscience qu’il existe d’importantes différences,et que celles-ci semblent irréductibles. Il peut êtreinstructif à cet égard d’évoquer la croissance écono-mique du Japon après la guerre. Dans les premiersstades de cette forte croissance, les écarts de revenusétaient faibles, ce qui a favorisé la naissance d’uneclasse moyenne importante, dont la consommationa crû proportionnellement aux revenus. Une fortecroissance, soutenue essentiellement par la consom-

mation privée, s’est alors enclenchée, et c’est essen-tiellement grâce à la relative homogénéité des revenusque la pauvreté a pu être tenue en échec.

Il incombe aux gouvernement de prendre les diversesmesures qui permettent d’assurer une redistributionéquitable des richesses. Cependant, l’équité nécessiteégalement la mise en place d’une perspective commu-ne par le biais du dialogue social. Le fonctionnementtripartite de l’OIT est à cet égard un atout précieuxqu’il importe de promouvoir systématiquement.

Je souhaiterais, avant de conclure, évoquer laquestion des droits fondamentaux au travail desfonctionnaires de mon pays, question que l’OITétudie actuellement dans le cadre de la réforme denos services publics. Selon moi, il est essentiel d’éta-blir un véritable consensus en menant des discussionsapprofondies, selon les perspectives les plus variées,sur l’ensemble des conditions dont doivent bénéficierles fonctionnaires qui travaillent pour le bien-être dela société.

Original anglais: M. PATER (délégué gouverne-mental, Pologne) — Au nom du gouvernement de laPologne, je souhaite féliciter le Président à l’occasionde son élection à ce poste important.

Nous sommes sûrs que, sous sa conduite, cetteConférence atteindra les objectifs que nous avonsposés et définis par nous-mêmes.

C’est aussi un plaisir pour moi de féliciter M. JuanSomavia à l’occasion de sa réélection au poste deDirecteur général du Bureau international du Travail.Nous lui souhaitons un grand succès dans ces hautesfonctions.

La mondialisation économique offre des perspecti-ves de croissance, et non des certitudes. C’est auxgouvernements et aux organisations internationalesqu’il appartient de créer les conditions propres à undéveloppement durable en ne laissant personne enmarge de ce processus. Voilà pourquoi, ces dernièresannées, les conséquences sociales de la mondialisa-tion figurent au centre de nos réflexions.

La pauvreté prive les gens de la dignité. La pauvre-té conduit à l’exclusion sociale. Si elle est transmised’une génération à l’autre, elle crée des dangers parti-culiers pour la société et les individus. La pauvretémet en danger le développement social. En plaçantl’homme hors de la société, elle peut le dresser contrecelle-ci. Elle l’exclut du marché et se prive de sa con-tribution à la prospérité commune. Elle peut nourrirles conflits sociaux et favoriser les idéologies populis-tes. Tous ces aspects ont été très précisément décritspar le rapport du Directeur général.

Le thème du rapport intéresse tous les Membres del’Organisation internationale du Travail, indépen-damment de leur niveau de développement économi-que et social. L’Union européenne considère la luttecontre la pauvreté et l’exclusion sociale comme unepriorité clé de la Stratégie de Lisbonne. Elle se fondesur le postulat selon lequel la croissance économiqueet la cohésion sociale se renforcent mutuellement. Lacohésion sociale conduit au succès économique.

Combattre la pauvreté est une des priorités les plusimportantes du gouvernement polonais. Le chômageest la cause principale de la pauvreté en Pologne. Leshandicaps, le bas niveau d’éducation, le fait d’êtresans abri et les pathologies sociales accroissent la pau-périsation.

Nous préparons actuellement, en coopérationétroite avec nos partenaires sociaux et des ONG, une

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stratégie nationale générale de lutte contre la pauvre-té et l’exclusion sociale. Nous sommes convaincusque, dans notre situation particulière, l’emploi, mêmes’il est sous-payé, est la clé qui permet de restaurer ladignité de l’homme, de le réintégrer dans la société,et, à longue échéance, de surmonter la pauvreté. Nousavons donc modifié en 2002 notre législation dutravail pour réduire le coût du travail et les chargesadministratives de l’emploi. La deuxième étape de ceprocessus législatif est en cours.

Notre but n’est pas de défendre tous les emploisexistants, mais de favoriser la création de nouveauxemplois. Notre évolution vers un marché du travailplus flexible reste compatible avec la défense desdroits des travailleurs. De nouveaux règlements ontété introduits pour garantir le respect de ces droits.En soutenant l’employabilité, nous donnons à nostravailleurs la possibilité de jouir de leur droit de tra-vailler d’une façon plus adaptée à notre temps.

Le passage de l’assistance au travail est aussi aucœur de la réforme prochaine. Le nouveau systèmefavorisera les activités rémunératrices et orienteravers le marché du travail des personnes qui sont auchômage ou qui sont exclues.

La société du bien-être à laquelle nous aspironsne peut se passer d’une société civile servie par lespartenaires sociaux et le secteur des organisationsnon gouvernementales. La loi qui vient d’être adop-tée sur les activités visant le bien public et les servicesvolontaires qui, crée les bases de la stabilité sociale deces organisations et régit la participation volontaire àleurs activités, peut être considérée comme un pasimportant dans cette direction.

Original anglais: M. SMITH (délégué gouverne-mental, Jamaïque) — Au nom de mon pays, jevoudrais féliciter le Président de son élection à cettefonction pour la 91e session de la Conférence interna-tionale du Travail, ainsi que les Vice-présidents.

La délégation jamaïcaine remercie le Directeur gé-néral, M. Juan Somavia, de son rapport S’affranchirde la pauvreté par le travail, ainsi que le Président duConseil d’administration pour son rapport qui souli-gne les activités du Conseil d’administration pendantla période 2002-03.

Nous sommes reconnaissants au Directeur généralde souligner à cette 91e session le problème fondamen-tal de la pauvreté. Le rapport du Directeur général ne ledit pas, mais nous allons le dire, c’est que, au vu desressources, de la technologie et de la capacité deproduction, la persistance de la pauvreté, et cela inclutla pauvreté extrême, doit être aujourd’hui considéréecomme une question de choix au niveau mondial.

Les données sont très parlantes. Près de troismilliards de personnes sur la planète vivent dans lapauvreté. Plus de la moitié de la population des paysen développement et des économies en transition vitdans la pauvreté.

Dans ma propre région, l’Amérique latine et lesCaraïbes, le nombre total de personnes qui viventdans la pauvreté a en fait augmenté au cours desannées quatre-vingt-dix alors que c’était une périodede croissance marquée dans nombre de grands paysindustriels.

Le rapport du Directeur général sur les déséquilibresmondiaux et l’omniprésence de la pauvreté est certaine-ment un rapport qui trouve un écho dans notre région.

Il parle d’une réalité que nous vivons, et il le faitd’une manière pénétrante qui appelle avec à-propos

des actions correctives aux niveaux communautaire,national et mondial. Autre aspect important, il identi-fie aussi le rôle essentiel que cette institution, l’OIT,doit jouer en vertu de son mandat et que les partenai-res tripartites doivent également assumer eu égard àleurs rôles économiques et sociaux.

La Jamaïque considère que, en identifiant tout àfait correctement la création d’emplois comme laligne de front dans la guerre contre la pauvreté, et enencourageant ou en prenant la création d’emploiscomme un objectif plutôt que comme la conséquenced’autres facteurs comme la stabilité macroéconomiqueou même la croissance économique, l’OIT a établinon seulement une priorité que nous appuyons com-plètement, mais aussi un guide d’action efficace pourles Etats Membres et la communauté internationale.

Nous sommes d’accord, et je cite, qu’un emploipleinement productif et librement choisi est la pre-mière façon de réduire et d’éliminer la pauvreté ex-trême.

Les éléments indispensables pour produire desemplois décents sont notamment les suivants: il fautsuffisamment d’emplois dans la quantité recherchéepar les travailleurs des pays en développement et queleur économie soit capable de produire.

Il faut notamment — je sais que le BIT est actif dansce domaine mais qu’il doit intensifier ses efforts —former et développer les compétences, renforcer lespetites et micro-entreprises, investir dans l’emploi etdans la communauté, dans la sécurité sociale, aborderla question des risques au travail, éliminer le travaildes enfants, lutter contre la discrimination, en parti-culier la discrimination fondée sur sexe et la santé,notamment par rapport au SIDA.

La région des Caraïbes se compose de petits Etatsqui sont très fortement intégrés dans l’économiemondiale par les échanges, les investissements et lesmouvements de population. Mais cela ne signifie pasque la région soit réellement intégrée, et nousappuyons la déclaration — je cite — que des stratégiespurement nationales pour une croissance durable enfaveur des pauvres et des emplois ont peu de chancesde réussir dans un monde où les économies sont deplus en plus intégrées. C’est une façon de reconnaîtrela réalité de notre interdépendance.

L’expérience régionale nous a fait prendre cons-cience de l’importance des cadres internationauxd’investissements, d’échanges et de finances pour nosperspectives économiques. Ils doivent être de natureà renforcer nos efforts au niveau national. Aussiprions-nous instamment les institutions internationa-les de s’associer à l’effort du BIT visant à conférertoute l’importance voulue à la création d’emplois.

Des initiatives importantes, comme le Réseau pourl’emploi des jeunes et l’Agenda global pour l’emploitripartite, combinées à un meilleur accès aux marchésdans les secteurs d’intérêt pour l’exportation, à unpartenariat renforcé avec des investisseurs étrangerset à un allègement de la dette, peuvent contribuer àune intégration plus efficace de nos petits pays dansl’économie mondiale. Permettez-moi de dire que parintégration efficace nous entendons une intégrationqui contribue à un développement durable et àl’éradication de la pauvreté.

La pauvreté est la face inhumaine de la mondialisa-tion. Elle prive les gens de leur dignité et leur refuseles moyens matériels de subsistance. Donc, l’idée des’affranchir de la pauvreté par le travail permet à nou-veau d’espérer que cet aspect peut être transformé

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par une intervention aux niveaux communautaire,national et international. Aux deux premiers niveaux,le gouvernement de la Jamaïque poursuit ses effortsd’éradication de la pauvreté par le biais d’un pro-gramme national et de toute une série de programmessocio-économiques qui font notamment intervenir lamise en place de filets de sécurité dans les limites desressources disponibles, la réhabilitation des centresurbains, la création et le financement de petites etmicro-entreprises et le développement des infrastruc-tures. Nous avons réussi à faire reculer un peu la pau-vreté, mais nous reconnaissons que le défi est ardu. Ceproblème reste énorme et son règlement passe par lacroissance économique et la création d’emplois.

Au niveau mondial, nous continuerons de collabo-rer avec l’OIT et d’autres institutions multilatérales,comme nous le faisons au niveau national avec nospartenaires sociaux, dans un effort redoublé pour as-surer la création d’emplois décents en plus grandequantité, sans quoi il ne sera pas possible de rempor-ter le combat contre la pauvreté.

Original hongrois: M. BORSIK (conseiller techni-que et délégué suppléant des travailleurs, Hongrie) —Tout d’abord, je veux féliciter le Président de son élec-tion à ce poste important. Je suis convaincu que sonexpérience et sa sagesse contribueront au succès decette Conférence dont nous profiterons tous.

C’est un grand plaisir pour moi, en tant que membrede la délégation hongroise et délégué des travailleurs,de participer à la Conférence internationale du Travailet de pouvoir ainsi vous informer des problèmes etdes opinions des travailleurs hongrois.

J’ai aussi le privilège de pouvoir exprimer lareconnaissance des travailleurs hongrois et de leursorganisations pour l’aide que l’OIT, et le bureau deBudapest, nous ont accordée ainsi qu’à d’autres paysde la région.

Le second semestre de 2002 a vu la reprise du forumle plus important des relations internationales enHongrie, le Conseil de la réconciliation des intérêts.Comme il ressort de rapports établis par l’Unioneuropéenne, les négociations tripartites ont étéquelque peu perturbées de 1998 à 2002. Aujourd’hui,malgré certaines difficultés, grâce à la réconciliationnationale des intérêts des diverses parties, des accordsimportants ont été conclus.

Il y a plusieurs obstacles que les travailleurs hon-grois doivent surmonter. Notre adhésion à l’Unioneuropéenne le 1er mai 2004 aura des répercussionssur l’emploi dans notre pays, et les problèmes et lestensions devront être pris en considération.

Les principes énoncés au paragraphe 58 du quatriè-me rapport du Groupe de travail du Conseil d’admi-nistration sur le programme et la structure de l’OITrelèvent, selon nous, d’un devoir commun des plusimportants. Il est donc primordial que l’OIT mette enavant l’importance de la liberté et de la dignité.

La liberté et la dignité ne peuvent être garantiesdans la vie pratique que par une protection juridiqueappropriée et par une action suivie du gouverne-ment et des représentants des travailleurs et des em-ployeurs.

Maintenant, je voudrais attirer votre attention surdeux phénomènes.

Premièrement, les possibilités d’emploi des tra-vailleurs sont réduites par le travail informel quireprésente une part importante de notre économie. Jesuis convaincu que nous devons prendre des mesures

sérieuses et fermes pour faire reculer ou mettre unterme à ce phénomène. C’est une tâche importante dugouvernement, mais nous attendons également unautre comportement de la part des employeurs.

Deuxièmement, nous estimons que les dispositionsen matière de protection de notre Code du travail doi-vent être renforcées car la protection des travailleursest insuffisante. La législation doit être appliquéeau quotidien. Malheureusement, les problèmes sontrès fréquents. C’est pourquoi nous estimons qu’il esttrès important que nos gouvernements veillent aurespect de la loi, quitte à recourir à des sanctions.

Les représentants des travailleurs ne peuvent pasattendre que ces problèmes soient résolus automati-quement. Des changements positifs ne peuvent inter-venir que dans le cadre d’une coopération avec lesorganisations d’employeurs et le gouvernement.

Par conséquent, les lignes directrices de cetteConférence sont très importantes pour les relationsde travail, parce qu’elles nous aident à atteindre nosbuts communs.

Original espagnol: M. ALVAREZ GAIANI (délé-gué des employeurs, Argentine) — Je voudrais féliciterle Président de son élection, et le Directeur général denous avoir présenté un rapport qui aborde un sujetcentral pour le gouvernement, les travailleurs et lesemployeurs, un sujet qui correspond aux priorités etaux besoins de la majorité des pays représentés ici.

En particulier, je dois souligner que l’Argentine estmanifestement l’un des pays que le choix de ce sujetintéresse tout particulièrement. Personne ne peutignorer le fait que, malheureusement, l’Amérique la-tine a subi ces dernières années de graves crises: leMexique d’abord, puis le Brésil et, plus récemment,notre pays. Ces crises ont eu un fort impact non seule-ment sur le plan local, mais aussi sur l’opinion publi-que internationale.

Dans notre cas, la crise a entraîné une dévaluationsans précédent de la monnaie nationale et l’impossibi-lité d’honorer les engagements financiers internatio-naux, en raison de la forte chute des niveaux de pro-duction et de consommation.

Ainsi, notre pays a connu des niveaux jusqu’alorsinconnus de chômage et, par conséquent, de pauvreté.

Le taux de chômage a dépassé 20 pour cent, le sous-emploi et l’emploi dans le secteur informel ont touchéplus de 50 pour cent de la population, d’où une aggra-vation de la marginalisation et de la pauvreté.

Le monde s’est alors demandé comment l’Argenti-ne, avec ses ressources naturelles et humaines, avaitpu en arriver là.

Nous aussi, nous étions perplexes devant le proces-sus difficile qu’a déclenché une récession profonde deplusieurs années laquelle a entraîné une chute specta-culaire du produit intérieur brut et du revenu par ha-bitant, et une situation comparable seulement à lagrande dépression du siècle dernier.

Mais, après avoir supporté la crise économique etsociale, le gouvernement, les travailleurs et les em-ployeurs ont fait front et ont recherché une solutionpour réinsérer le pays dans le monde, pour redresserla production et par le biais de mesures sociales effica-ces, pour tenir compte des secteurs les plus durementtouchés.

Cette tâche était loin d’être facile mais, tous les sec-teurs de la société ayant estimé qu’elle ne pouvait pasêtre remise à plus tard, elle est menée avec fermetédepuis dix-huit mois.

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Le rapport du Directeur général indique que letravail est essentiel pour éliminer progressivement etdurablement la pauvreté, et que le secteur privé aun rôle à jouer en tant que moteur de la créationd’emplois, il investit, entreprend et exploite de nou-veaux marchés sur la base de modèles économiquesdurables. Nous partageons tout a fait cet avis.

En effet, les entrepreneurs argentins, et en particu-lier l’Union industrielle argentine que je préside, sontconvaincus que le seul cercle vertueux possible estcelui de la production et de l’emploi, dans le cadre depolitiques et d’une croissance durables.

Nous avons dit en de nombreuses occasions, etnous tenons à le réaffirmer ici, que nous sommesprofondément convaincus que la mondialisation com-porte des défis mais aussi des possibilités, à conditionde disposer d’une stratégie adéquate et axée sur lesinvestissements, sur la technologie, sur la formationdes ressources humaines, et sur la création de vérita-bles emplois en faveur de la communauté.

Nous l’avons dit, en raison de la situation d’urgen-ce, il a fallu des mécanismes de protection socialepour atténuer les souffrances et la marginalisation.Mais, comme le rapport du Directeur général l’indi-que, on ne peut pas éradiquer la pauvreté si l’écono-mie ne crée par des possibilités d’investissement etde développement des entreprises, et des postes detravail et des moyens de subsistance durables.

Pour cela, il faut des «règles du jeu», y compris auniveau du commerce international, pour que nosproduits aient effectivement accès aux marchés. Dansbeaucoup des secteurs où nous sommes aujourd’huicompétitifs sur le plan international, nous sommesfreinés par des barrières douanières ou para-douaniè-res qui entravent le libre échange. Nous savons quesupprimer ces obstacles aurait un impact immédiat —création d’entreprises, accroissement des volumes deproduction et, par conséquent, emplois en plus grandnombre et de meilleure qualité.

Je souhaiterais souligner que la crise grave qu’aconnue l’Argentine a donné lieu à un effort considé-rable de dialogue social pour remédier à la situation etatténuer les effets sociaux de la crise.

A cette occasion, gouvernement, travailleurs etemployeurs ont su rechercher des solutions pour apaiserles tensions sociales et pour répondre aux besoins enmatière de production et de travail.

On a recherché le dialogue et des intérêts légitimesont été sacrifiés.

Des ponts ont été jetés et on a trouvé des solutions,non seulement grâce à notre vocation nationale pourla recherche de solutions constructives mais aussigrâce à l’application sur le plan local de l’esprit et dela culture de cette organisation tripartite.

Rien n’est plus difficile que de se concerter entemps de crise, lorsque des employeurs n’ont plusd’entreprises, que des secteurs productifs ne produi-sent plus et que des travailleurs sont privés d’emploiet de salaire.

L’expérience nous a montré que cela était difficilemais qu’il fallait absolument démontrer à la sociéténotre intention commune de surmonter cette situa-tion d’urgence.

Je pense que cette attitude collective a contribué, ily a plus d’un an, à consolider la reprise à nous mettresur la voie de la croissance économique, en créant desemplois et en surmontant la crise sociale.

Cette session de la Conférence devrait prendrenote du fait que les employeurs argentins sont dispo-

sés à soutenir les efforts du gouvernement argentin enfaveur de la reconstruction. Nous voulons produire,nous voulons créer des emplois, nous voulons quenotre pays soit de nouveau présent sur la scène inter-nationale.

A cette fin, nous devons continuer dans la voie de lacroissance économique, et réaffirmer les fonctionsessentielles de l’Etat, parmi lesquelles il ne faut pasoublier la nécessité de dispenser une éducation et uneformation adaptées au nouveau monde du travail.

L’Argentine a déjà commencé à inverser la tendan-ce à la récession de ces dernières années, laquelle s’esttraduite, par la disparition d’entreprises et d’emplois.

Depuis cette tribune, nous voulons en appeler ànouveau à l’effort tripartite du nouveau gouverne-ment national, afin que avec les travailleurs et lesemployeurs, et par le biais du dialogue social, nouspartagions la responsabilité commune de revenir à lacroissance. Cette croissance, comme l’indique lerapport du Directeur général, est le véritable cheminde l’emploi, de l’éradication de la pauvreté et del’affirmation d’un modèle de développement durable.

Original anglais: M. POTTER (délégué des em-ployeurs, Etats-Unis) — Au nom des employeurs desEtats-Unis, j’aimerais féliciter le Président et les Vice-présidents de leur élection à la présidence de cetteConférence.

Les employeurs des Etats-Unis sont heureux devoir cette analyse réfléchie du rôle que l’OIT peutjouer dans la réduction de la pauvreté. La pauvreté,avec l’absence de croissance économique et d’em-plois, est l’une des principales causes du terrorismemondial. Avec l’Agenda global pour l’emploi, que leConseil d’administration a récemment terminé, l’OITest en mesure d’apporter une contribution efficace àla création d’emplois et à la réduction de la pauvretéaux niveaux national et international. Cet agendas’appuie sur les forces de l’OIT, en matière de déve-loppement des qualifications, de renforcement descapacités des entrepreneurs, de croissance des PMEet de protection des droits des travailleurs, y comprisl’abolition du travail des enfants. La stabilité futurede l’humanité dépend en partie du succès de l’OIT.

Le Directeur général a raison quand il dit en page 7que «le travail est la principale issue à la pauvreté».Pour fournir un environnement politique internatio-nal et national qui soit favorable à la création d’em-plois, il faut trouver un juste milieu entre le besoin desouplesse et de compétences spéciales des entreprisespour faire face à la concurrence sur les marchésinternationaux et le besoin de protections sociale,d’éducation et de formation des travailleurs pouravoir une certaine sécurité économique.

L’une des clés à la création d’emplois et de l’aug-mentation des niveaux de vie est la croissance de laproductivité. Dans les pays en développement, le plussimple pour augmenter la productivité est de rehaus-ser le niveau d’éducation général de la population etde s’assurer que les enfants vont à l’école, car l’éduca-tion des enfants est essentielle. Sinon c’est une géné-ration de perdue. L’accès à une éducation de base estessentielle pour tout le monde. Comme le montre le«Dream Program, Inc.» de Burlington, Vermont, dansmon propre pays, lorsque l’on met des établissementsde l’enseignement supérieur et des entreprises enrelation avec des enfants des projets de logementspour les pauvres, les enfants pauvres ont envie depoursuivre leurs études.

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Obtenir les droits de l’homme au travail est absolu-ment essentiel pour un succès à long terme. La Décla-ration de l’OIT relative aux principes et droits fonda-mentaux au travail; la Déclaration de 1998, est uninstrument essentiel dont dispose l’OIT pour amélio-rer le respect des droits des travailleurs. Un suivi plusciblé de cette Déclaration est axé sur des résultatsconcrets et mesurables est également essentiel. Com-me nous terminons la première série de rapportsglobaux à cette Conférence, il nous faut absolumentprocéder à une évaluation pour savoir si le suivi aideles pays Membres qui connaissent des échecsincessants en matière politique à mettre en œuvreet appliquer les principes des huit conventions fonda-mentales. L’élimination de la pauvreté sans droits del’homme au travail est inacceptable. Et l’améliorationdurable des conditions de travail partout dans lemonde en dépend.

Il était surprenant de lire au chapitre 5, dans la partiesur l’intégration mondiale, la mise en garde du Direc-teur général, qui évoque un risque de dégradation desnormes environnementales et des normes du travail,alors même qu’il n’existe aucune donnée sérieuse surce sujet. Dans son rapport à la quinzième Réunionrégionale des Amériques de l’OIT, qui s’est tenue àLima en décembre dernier, le Directeur général a citéFrank Vargo, vice-président des affaires économiquesinternationales de l’Association nationale des fabri-cants américains, disant que les entreprises ne cher-chent pas à investir dans des pays qui ont des normesinférieures en matière de travail et d’environnement.Ce n’est pas cela qui attire les investissements. Lessociétés sont tout à fait prêtes à accepter des législa-tions contraignantes. Cela n’empêche pas de faire desaffaires. Mais l’application de normes du travail va depair avec la création d’un environnement favorable àl’investissement, ce qui contribue à la réduction de lapauvreté. Comme le montrent les recherches de l’OITet de l’OCDE, il n’y a pas de dégradation.

La mondialisation est une force puissante propice àdes changements positifs. Quoique ces pourcentagessoient inacceptables, le tableau 2.1 du rapport duDirecteur général montre que les pourcentagesglobaux de population vivant avec moins de 2 dollarsE.-U. ou d’un dollar E.-U. par jour ont baissé au coursdes dix dernières années. Et comme le montre le Rap-port de la Banque mondiale de 2001, intitulé «Globa-lization, Growth and Poverty: Building an InclusiveWorld Economy», les inégalités dans la plupart despays en développement en mondialisation ont dimi-nué depuis 1990. Bien que la croissance économiquerapide en Chine ait creusé le fossé entre les zonesrurales et les zones urbaines, le rapport montre que sicette augmentation de l’inégalité en Chine est le prix àpayer pour la croissance, il a permis une énormeréduction de la pauvreté. La mondialisation est doncle meilleur instrument que nous ayons à notre disposi-tion. Il faut l’utiliser pour créer des emplois, donneraccès à l’information et à la technologie et finalementréduire la pauvreté.

Cette discussion sur la diminution de la pauvretédans un contexte mondial ne mène à rien cependant sion ne tient pas compte d’autres facteurs juridiques,politiques et économiques. Il faut en effet un environ-nement social, politique, juridique, économiquestable, des droits de propriété sûrs, l’application descontrats, la réduction du service de la dette, une struc-ture des prix des marchandises, l’accès aux marchés etaux marchés de capitaux, des échanges libres, moins

de taxes et de dépenses publiques et un environnementéconomique ouvert, avec surtout une infrastructurepour les investissements directs.

Pour finir, j’aimerais rendre hommage à mon pré-décesseur, Thomas B. Moorhead, brutalement décédéen avril. Il était venu à l’OIT en 1985, il a été déléguédes employeurs en 1994, et Vice-président de laConférence en 2000. Aussi bien en tant que déléguédes employeurs américains à l’OIT que comme hautresponsable du ministère du Travail auprès de l’OIT,il a souvent critiqué l’Organisation, mais il l’a faitparce qu’il voulait que l’OIT s’améliore. Il adoraitcette institution. Il l’a emportée avec lui dans la tombe.Il croyait vraiment qu’elle pourrait améliorer la viedes travailleurs. Il a travaillé ces deux dernièresannées à l’éducation des enfants pauvres et à l’élimi-nation de la pauvreté. Et pour reprendre le toaste desIrlandais: «Puisse le Seigneur le tenir dans la paumede sa main.»

Original espagnol: Mme IGLESIAS (ministre duTravail, Venezuela) — Nous souhaitons nous référerau rapport du Directeur général, S’affranchir de lapauvreté par le travail, qui porte sur un objectif auquelnous nous rallions tous, à savoir la lutte contre lapauvreté qui touche tous nos pays.

M. Somavia décrit à juste titre le travail décentcomme une voie possible pour venir à bout de lapauvreté. Nous sommes également d’avis que la luttecontre le chômage ne peut justifier la créationd’emplois médiocres, la dégradation des conditionsde travail, la suppression de la protection accordéeaux travailleurs par la loi ou la restriction des droits autravail.

Nous devons tendre à la création de sourcesd’emplois décents. Nous devons, pour cela, passer àune démocratie véritable qui n’en reste pas auxdiscours d’intention et ne se limite pas aux seulesréformes politiques, débouchant également sur desmesures économies et sociales.

Nous voulons parler d’un système pluraliste capa-ble de déboucher sur des solutions permettant deconstruire dans la pratique, et sur la base de l’Etatde droit, l’Etat de justice. C’est cette voie que noussuivons à l’heure actuelle au Venezuela. Nous jetonsles bases d’un modèle économique propre à favoriserle développement dans la justice.

Cela signifie notamment qu’il faudra consacrer dutemps et des ressources à la formation professionnelledes travailleurs et également des employeurs. Ilfaudra aussi favoriser le développement des micro-entreprises, des petites entreprises et des coopératives,accroître et perfectionner la sécurité sociale, améliorerles conditions de travail, faire disparaître le travail desenfants et, bien entendu, mettre fin à tous les types dediscrimination.

Les chiffres présentés par le Secrétaire général surl’état de la pauvreté dans le monde, font apparaître augrand jour le vrai visage de la mondialisation néolibéra-le. Car ce que l’on mondialise, c’est bien la pauvreté. Ceque l’on a mondialisé, c’est une croissance synonymed’exclusion sociale. Echec fracassant, qui progressive-ment, comme dans une prise de conscience, débouchesur un engagement éthique et moral des peuples dumonde à l’égard d’eux-mêmes. Tous les gouvernementssont tenus de suivre cet engagement.

Les pauvres ne sont pas à l’origine de la pauvreté;nous qui croyons à la justice sociale en sommes dumoins convaincus. Nous estimons de plus qu’aucune

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solution ne sera possible sans une participation activedes peuples. Il apparaît sous cet angle que les pauvressont partie intégrante de la résolution des problèmeséconomiques. Pour venir à bout de la pauvreté, il fautdonc nécessairement donner des moyens d’action auxpauvres.

Par conséquent, nous devons rechercher de nouvellesfaçon de promouvoir le dialogue social en tant quesocle de la démocratie véritable dont nous avonsparlée. Le dialogue entre les élites ne suffit plus, desélites qui se mettent d’accord entre elles au nom depeuples toujours plus exigeants, toujours plus dému-nis et de plus en plus conscients de leurs droits. Lagestion des affaires publiques demande maintenantune plus grande transparence et une plus grandeparticipation à la prise de décisions. Il faudra pourcela remplacer le dialogue au sommet par une dialo-gue entre les acteurs sociaux véritables.

Au Venezuela, où le taux de syndicalisation esttoujours resté inférieur à 18 pour cent, et où plus de70 pour cent des organisations syndicales sont desorganisations de la fonction publique, il serait vain dechercher à instaurer un dialogue social réel, un tripar-tisme véritablement démocratique sans s’adresser auxacteurs de base, c’est-à-dire aux chefs d’entreprise,aux travailleurs et aux administrations locales. Ilfaudra ce faisant, bien entendu, respecter l’autonomieet la liberté d’action de toutes les organisationssyndicales existantes, veiller à assurer un pluralismeaussi large que possible et mettre fin à la situation quia prévalu pendant plus de quarante ans dans notrepays et qui était caractérisée par la mise sous tutelle,par l’Etat, des organisation d’employeurs et detravailleurs.

Nous sommes engagés depuis plus d’un an sur lechemin du dialogue social entre ces acteurs véritables.Dans un grand nombre de secteurs (fabrication auto-mobile, produits pharmaceutiques, textile, tourisme,transports, PME, coopératives et bâtiment) lesacteurs véritables, c’est à dire les employeurs, ceuxqui dirigent les entreprises, les travailleurs qui assu-rent la production jour après jour, leurs organisationssyndicales de base et enfin, le gouvernement, ontconclu des accords pour le dialogue social fondés surun effort tripartite visant la formulation d’objectifscommuns. Nous avons constaté dans la pratiqueque le dialogue était un instrument puissant pour laprotection des sources d’emplois et la promotion dutravail décent.

Nous avançons vers le dialogue social, non seule-ment en évitant les nouvelles exclusions, mais aussi enintégrant ceux qui ont toujours été exclus. Les organi-sations syndicales se multiplient dans le secteur privé,dans les PME et dans le secteur de la sous-traitance,qui, il y a un an encore, ne comptait aucun type deregroupement. Les organisations d’employeurs despetites et moyennes entreprises et des micro-entreprisesgagnent en importance, de même que le mouvementcoopératif. Jour après jour, le dialogue social serenforce au Venezuela. Je veux pour preuve de cettemagnifique pluralité l’importance des délégationsde travailleurs et d’employeurs qui représententnotre pays ici.

Dans le secteur public, nous avons cessé de privati-ser à tout crin. Nous avons en outre commencé à nouspencher sur la question de la reprise des entreprisespar l’Etat, en cogestion avec les travailleurs. Ilconvient de signaler à cet égard que le conseil d’admi-nistration de la société pétrolière nationale et celui du

service public chargé de la production et de la distri-bution électrique sont composés à 20 pour cent dereprésentants d’organisations syndicales élues par lestravailleurs. C’est ainsi également que l’on construitle dialogue social dans la pratique.

Enfin, nous souhaitons réitérer devant vous tous,l’engagement du peuple et du gouvernement de laRépublique bolivarienne du Venezuela en faveur dela justice et de la paix.

Original anglais: M. PEET (ministre du Travail etde l’Immigration, Bahamas) — C’est pour moi unhonneur de vous féliciter au nom du gouvernement etdu peuple des Bahamas, pour avoir été élus à ces posi-tions importantes et nous espérons pouvoir travaillerdans le cadre d’un tripartisme authentique. Je souhaitesaisir cette occasion pour féliciter M. Juan Somaviapour sa réélection comme Directeur général du BIT.Je souhaite lui rendre un hommage vibrant car il s’estengagé sans relâche afin de donner corps aux initiativesde l’OIT destinées à réduire les niveaux de pauvretédans le monde, comme cela est présenté dans lerapport.

Il est nécessaire de vaincre la pauvreté dans lemonde et chacun de nous doit travailler dans ce sensdans son propre pays. Dans le cadre des efforts àcet effet, nous avons, aux Bahamas et sous la directiondu premier ministre, M. Perry Christi, mis sur piedrécemment un programme de renouvellementurbain qui s’intitule The Farm Road Project. L’objec-tif de ce projet est de déterminer et d’appliquer desmoyens plus efficaces en vue de réduire le niveaude la pauvreté dans notre pays, à commencer parl’île de New Providence avant de passer aux FamilyIslands.

Le Programme vise à promouvoir le sentimentd’estime de soi et de dignité parmi les travailleurs enleur fournissant formation et éducation et en lesaidant à améliorer leurs conditions de logement.

Le sort des enfants, des personnes âgées et despersonnes handicapées est également couvert par ceprogramme, qui est appuyé par les ministères desServices sociaux, de l’Education de la jeunesse, duSport, de la Culture, de la Sécurité sociale, du Travailet de l’Immigration.

Nous nous efforçons également de faciliter latransition entre l’école et le travail en fournissant auxfuturs diplômés une formation sur le terrain, exigéeactuellement pour l’obtention du diplôme. Nousavons établis également des programmes pour ledéveloppement des jeunes afin de préparer leurentrée sur le marché du travail.

Il est du devoir du gouvernement des Bahamas detravailler avec les partenaires sociaux pour assurerdes emplois à tous nos citoyens.

Les derniers amendements de la législation dutravail prévoient des conditions de travail et des pres-tations plus équitables pour toutes les parties. D’unautre côté, le gouvernement des Bahamas a pu stabiliserle secteur des services financiers et du tourisme encréant un climat favorable aux investissements écono-miques, ce qui a entraîné l’augmentation du nombrede la main-d’œuvre qualifiée.

Notre banque de données relatives aux qualifica-tions ainsi que l’initiative «centre de services onestop» permet aux employeurs, aux travailleurs et auxpersonnes au chômage de mettre des annonces ainsique leur CV sur l’Internet et ce, en vue d’améliorer leniveau de vie de notre population.

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Tous ceux d’entre nous qui sont privilégiés et quiont la chance de représenter nos gouvernements ausein de cette Organisation doivent reconnaître quele meilleur moyen de lutter efficacement contre lesmaux qui rongent nos pays est d’y impliquer nostravailleurs et nos employeurs.

Nous devons nous concentrer sur tout ce qui nousunit plutôt que sur les divergences, tout en respectantet protégeant les droits de ceux qui ont un point devue différent.

Le gouvernement des Bahamas maintient sonengagement de renforcer les liens amicaux existantentre les travailleurs et les employeurs dans notrepays, dans notre région et dans le monde. Cet engage-ment a été le moteur d’une relation tripartite encoreplus consultative et participative entre nos partenairessociaux.

Nous avons l’intime conviction que le dialoguesocial continu est le seul moyen pour nos pays d’éradi-quer la pauvreté. Aucun partenaire ne peut à luiseul trouver toutes les réponses. Seuls nos efforts decollaboration pourront créer et maintenir des initiativesqui améliorent la sécurité de l’emploi et éliminentainsi le travail forcé et la discrimination sur le lieu detravail. Nous devons nous engager véritablementdans la réalisation de ces objectifs précieux et nonpas agir simplement par acquis de conscience. Nousdevons déployer des efforts sincères.

Pour conclure, je souhaite réitérer l’engagementdes Bahamas en faveur de la formation continue denotre main-d’œuvre et leur soutien à l’égard decertains programmes des secteurs public et privé afinde faire reculer la pauvreté et d’améliorer la situationet le bien-être de nos citoyens.

Nous avons entamé des discussions avec d’autresnations des Caraïbes autour de la création d’uneuniversité du travail et de l’accueil de la réunion desministres du Travail du CARICOM au début del’année 2004. Ces deux objectifs parmi d’autres pour-raient offrir à mon pays et aux partenaires tripartitesdu CARICOM des possibilités réelles de réduireles maux sociaux qui touchent la communauté desCaraïbes et le reste du monde.

Original arabe: M. KHREISHI (représentant destravailleurs, Palestine) — Je félicite le Président pourson élection à la présidence de cette Conférence.

Je salue également le Directeur général de l’OIT ettous les membres de cette Conférence.

Que ce soit les femmes, les hommes ou les vieillardsen Palestine, tout le monde vit sous le couvre-feu. Lepeuple palestinien s’est adressé hier à la communautéinternationale afin qu’elle l’aide à fournir du lait auxenfants, des médicaments aux malades et afin qu’ellepuisse aussi mettre fin à l’occupation de ses territoi-res. Nous remercions les organisations syndicales,sœurs et amies, qui nous ont fourni une aide trèsprécieuse et surtout la Confédération internationaledes syndicats arabes ainsi que la Confédérationmondiale du Travail. Nous remercions égalementles organisations arabes, que ce soit en Egypte, auSoudan, en Syrie, en Jordanie ou en Tunisie.

Toutes ces organisations nous ont aidé, nous ontfourni une aide alimentaire, des médicaments et dulait pour nos enfants.

Il est vrai que la pauvreté, où qu’elle se trouvemenace la prospérité partout. L’extrême pauvreté etla famine chronique en Palestine menacent toute larégion.

Soixante-sept pour cent des citoyens Palestiniensvivent au-dessous du seuil de pauvreté. Le chômageaussi est très élevé. Cette situation est provoquée parla seule force d’occupation qui existe dans la région.

Jusqu’à quand notre peuple devra-t-il subir lafamine et la pauvreté? Quand la communauté inter-nationale va-t-elle se réveiller pour mettre fin à cettepauvreté dans notre pays?

Le revenu national brut en Palestine, avant l’Intifadapalestinienne, n’atteignait même pas quatre milliardsde dollars. Par contre, ce même revenu national brutde l’autre pays, à savoir Israël, est supérieur à 110 mil-liards de dollars. Ces deux entités, ces deux Etats ontété établis sur la vieille terre de Palestine, la Palestinehistorique.

Tout ce que nous voulons, c’est bâtir nos institu-tions nationales, nos institutions dans le domaine dutravail et pour le faire, nous avons besoin de l’aide detoutes les institutions internationales et en particulierde l’OIT. Nous avons besoin de programmes transpa-rents où les travailleurs et les employeurs peuventêtre consultés en même temps que les organisationsdes travailleurs et l’Autorité palestinienne. Tout celaest inexistant chez nous à l’heure actuelle, et cela esttrès bien connu. La raison de cette situation est aussibien connue: l’occupation.

Le khalife Omar Ibn al-Khattab a dit: «Si la pauvre-té était un homme, je la tuerais.» Ne pensez-vous pasqu’il est nécessaire que tous les efforts de la commu-nauté internationale et des travailleurs s’unissentpour libérer le peuple palestinien de cette situation?

Dans la Bible, il est dit que la Palestine est la terredu lait et du miel. Je voudrais vous demander pour-quoi nos cultures sont détruites et pourquoi notreterritoire s’est transformé en terre stérile? Depuisl’époque du Christ, nous avons toujours vécu dansla prospérité. Et pourtant dans la Bible il est dit quenotre terre était la terre du lait et du miel.

Les programmes dont nous avons besoin, doiventêtre clairs et fructueux et les trois parties, dont l’auto-rité palestinienne, doivent, sans marginalisation,être consultées sans ingérence de certaines parties quidirigent les politiques conformément à leurs intérêts.

Nous avons écrit au Directeur général, que nousrespectons énormément, et nous lui avons dit quenous ne comprenons pas la situation actuelle etque nous n’acceptons aucune ingérence dans les pro-grammes, même si ces programmes nous paraissentsatisfaisants.

Nous avons besoin d’appui pour le Fonds palesti-nien pour l’emploi. C’est un Fonds qui fournit desservices à tous les travailleurs en Palestine. Ce n’estpas un fonds qui s’adresse à certaines catégories et pasà d’autres. C’est pour cela que nous demandons auministère du Travail d’appliquer les programmesqui sont élaborés en prenant les décisions de manièreégale et en respectant les principes fondamentaux del’OIT à savoir, l’égalité et la consultation.

Monsieur le Président, vous venez du Kenya. Vousêtes du pays du combattant Jomo Kenyatta qui amené votre pays vers la libération et l’indépendance.

En fin de compte, je ne peux que rappeler et saluerle peuple irakien qui est en train de souffrir sousl’occupation américaine à l’heure actuelle. Nousremercions aussi et saluons tous les travailleurs ettous les pays amis.

Original italien: M. CEDRONE (délégué destravailleurs, Italie) — Cette année, le rapport du

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Directeur général traite de la pauvreté, mais aussi dela discrimination sur le lieu du travail, question qui, àmon avis, est au cœur de l’activité de l’OIT.

Eliminer la discrimination, c’est faire respecterl’un des principes fondamentaux de la dignité et dela liberté de la personne, lesquelles constituent leséléments primordiaux de toute démocratie.

Par conséquent, le rôle des partenaires sociaux estimportant, et ils doivent être soutenus par une actionrigoureuse des gouvernements en faveur de l’élimina-tion des discriminations au travail.

Nous savons, toutefois, comme le rapport l’a indi-qué, qu’il y a encore beaucoup à faire, tant dans lespays développés que dans les pays en développementoù, outre la discrimination, comme l’ont dit beaucoupd’orateurs, il faut aussi lutter contre le chômage. Car,bien souvent, le travail n’est qu’une chimère. Danscertains pays, il n’y a pas de systèmes de protection,pas de syndicats, et il est impossible d’agir.

Il s’agit de phénomènes inacceptables et incompré-hensibles. Il est inacceptable, en effet, que plusieursEtats approuvent dans les instances internationales,dont celle-ci, les déclarations sur les droits del’homme, les droits sociaux, voire celles citées dansla première partie du rapport du Directeur général,mais ne résolvent rien par la suite.

C’est le cas à l’OIT: plusieurs pays ne ratifient pasles conventions adoptées, même après des décennieset, pire encore, même s’ils les ratifient, ils ne lesrespectent pas. Par conséquent, les organisationsinternationales ne sont pas crédibles vis-à-vis del’opinion publique mondiale et sont considéréescomme coûteuses et inutiles.

Aujourd’hui, alors que l’économie et le monde sontde plus en plus mondialisés et interdépendants, celan’est plus possible.

Il faut donc changer les règles du jeu. Il faut plus detransparence dans les décisions et les actions. Il fautdes mécanismes pour garantir le respect des règles etdes décisions prises, par le biais de contrôles et desanctions.

Voilà pourquoi le syndicat a proposé de prévoirdans les accords commerciaux relevant de l’Organisationmondiale du Commerce le respect des conventions del’OIT par les pays intéressés, au moyen d’une actioncommune OIT-OMC.

Mais cette question a été retirée de l’ordre du jourde la prochaine Conférence de l’OMC à Cancún.L’Union européenne, qui était auparavant plus dispo-nible, a finalement accepté cet ajournement.

Ainsi, encore une fois, les intérêts économiqueset commerciaux ont primé les droits et la dignité dela personne. Nous ne pouvons pas l’accepter. C’estpourquoi il pourrait être utile, à ce propos, que laCommission mondiale sur la dimension sociale dela mondialisation de l’OIT — personne n’en a parlé,d’ailleurs — fasse connaître ses conclusions avant laprochaine Conférence de l’OMC.

Le rapport montre que nous avons besoin d’uneOrganisation internationale du Travail plus forte etplus incisive, avec une capacité d’action accrue, dansle but de la rendre plus crédible vis-à-vis de l’opinionpublique. C’est pourquoi nous demandons que lesgouvernements, outre le respect des conventions,observent leurs engagements financiers. Nous deman-dons également que les activités du centre de Turinsoient intégrées dans le budget ordinaire de l’OIT etqu’elles ne dépendent pas des contributions volontai-res de certains gouvernements. Nous demandons

enfin que l’OIT exerce un rôle principal dans lareconstruction du tissu social de la Palestine, de l’Iraq,de l’Afghanistan et de tous les pays frappés par desguerres maintenant oubliées.

En un mot, nous souhaitons une OIT renforcée, carelle est un exemple de démocratie participative. Ilfaut que l’on respecte ses conventions qui ne doiventpas être simplement des instruments que l’on exhibecomme une fleur à la boutonnière, pendant les fêtesde famille.

M. KAMARA (ministre de l’Emploi et de la Fonc-tion publique, Guinée) — Chaque année, à pareilmoment, nous nous penchons sur des sujets majeursqui interpellent la communauté internationale dansle domaine du travail. Permettez-moi de saluer etféliciter à cet égard le Conseil d’administration et leDirecteur général du BIT pour la qualité des rapportsproduits. Le choix des thèmes inscrits à l’ordre du jourtraduit la volonté de notre Organisation de poursuivresans relâche sa mission fondamentale et historiquequi est de créer les conditions d’une paix durable et laprospérité pour tous.

Notre Conférence a inscrit à son ordre du jour unthème d’une grande actualité, celui du travail décentcomme moyen de lutte contre la pauvreté.

L’intérêt de la question réside en ce qu’il existeaujourd’hui un paradoxe entre, d’une part, une accé-lération du progrès technique et technologique, etd’autre part, une aggravation du phénomène de lapauvreté. A l’opulence des uns s’oppose une misèreaccablante qui frappe des millions de personnes àtravers le monde et qui semble ne plus devoir s’arrêtersi des mesures urgentes et appropriées ne sont pasprises dans un esprit de solidarité internationale.

Le rapport du Directeur général du BIT nousinterpelle sur une gestion commune, solidaire de laquestion afin de rendre notre monde plus juste par unrecul, une éradication de la pauvreté.

En Guinée, le gouvernement a fait de l’éliminationde la pauvreté la priorité des priorités à travers unesérie de mesures et de politiques parmi lesquellesfigurent en bonne place: l’adoption, depuis 2002,d’une Stratégie de réduction de la pauvreté qui sertaujourd’hui de modèle dans la sous-région Afrique del’Ouest; la mise en place, sous l’égide du PNUD et duBIT, d’un processus de formulation d’une politiquenationale de l’emploi; l’adoption d’un plan nationalde lutte contre le VIH/SIDA avec un important volettripartite axé sur le monde du travail; l’élaborationde politiques sectorielles en faveur des couches dés-héritées et des couches vulnérables; la ratificationde conventions fondamentales de l’OIT, notammentla convention (nº 182) sur les pires formes de travaildes enfants, 1999.

Toutes ces actions traduisent la ferme volontédu gouvernement de mon pays de contribuer efficace-ment au mieux-être et au progrès économique etsocial des populations.

La mise en valeur des ressources humaines et laformation est une question importante inscrite àl’ordre du jour de notre session.

En Guinée, des progrès significatifs ont été accom-plis en la matière à travers l’Office national de forma-tion et de perfectionnement professionnel (ONFPP)qui a en charge la mise en œuvre de la politique natio-nale en matière de formation et de perfectionnementprofessionnel en cours d’emploi. Toutefois, force estde reconnaître qu’un effort important reste à faire en

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cette matière. C’est pourquoi, le gouvernement solli-cite vivement l’assistance de l’OIT ainsi que desautres institutions impliquées sur la question.

S’agissant du champ d’application de la relationde travail, la délégation de mon pays, la Républiquede Guinée, apprécie hautement l’intérêt que suscitecette question, car pour nous, et conformément àl’esprit des relations professionnelles, l’entreprise estle cadre dans lequel s’insère le contrat de travail et oùs’exerce le droit syndical. C’est aussi et surtout, ausens économique, une entité où se conjuguent, sousl’autorité des responsables, des éléments matériels etfinanciers avec le concours du capital humain pourproduire des biens et des services.

A la différence de nombreux codes de travail, lalégislation guinéenne du travail a substitué aux délé-gués du personnel les délégués syndicaux. Dans cettedémarche, le législateur a estimé que les déléguéssyndicaux, de par leur formation et leur mandat, sontplus aptes à faire aboutir certaines revendicationsessentielles des travailleurs et à assurer ainsi la paixsociale. C’est pourquoi, les délégués syndicaux nesont pas désignés mais élus conformément auxdispositions du Code du travail en vigueur. Et dans lapratique, le dialogue social et la concertation régulièresont devenus un mode d’action préventive qui renforceles bases de la coopération tripartite et le partenariat.

La question des activités normatives de l’OIT dansle domaine de la sécurité et de la santé au travail estun point important inscrit à l’ordre du jour de notresession. Les risques liés au travail humain ont faitl’objet de nombreuses normes, études et analysesde l’OIT depuis sa création. Cependant, le travailcontinue d’être une source de risques dans certainssecteurs d’activité. C’est pourquoi, il est essentiel depoursuivre les efforts au sein de notre Organisationpour mettre en place des plans d’action opérationnelssusceptibles de limiter les nuisances dues aux acci-dents du travail, aux maladies et autres désagrémentsinhérents à chaque profession.

Dans cette optique, la délégation de mon pays, laRépublique de Guinée, fait siennes les conclusions etrecommandations de l’étude approfondie réaliséepar le BIT avec l’espoir que les plans d’action qui enrésulteront contribueront à l’amélioration des condi-tions de travail et de vie des travailleurs de nos Etats.

Notre session va se pencher également sur la miseau point d’un système plus sûr d’identification desgens de mer. La République de Guinée, pays côtier, seréjouit particulièrement du fait que cette questioncontinue d’être une préoccupation majeure de notreOrganisation. En effet, le secteur maritime joue unrôle important dans le développement des économiesmodernes. Mais, comme on le sait, la mondialisationéconomique a entraîné des modifications importantesdans le domaine des activités du transport, du com-merce, ainsi que dans les conditions de mobilité desgens de mer. A cela s’ajoute l’insécurité que viventde nombreux travailleurs de la mer, notamment

ceux liés par des contrats avec des entreprises interna-tionales.

Mon pays, la République de Guinée, qui a ratifié laconvention (nº 133) sur le logement des équipages(dispositions complémentaires), 1970, estime qu’unnouvel instrument juridique pourrait garantir davan-tage la sécurité des gens de mer.

Permettez-moi à présent d’aborder un sujetparticulièrement sensible et essentiel pour mon payset la sous-région ouest africaine, celui de la paix et dela sécurité.

En effet, la paix et la sécurité — au plan internatio-nal comme au plan régional et sous-régional — sont lacondition sine qua non de la stabilité des Etats et d’undéveloppement durable. A cet égard, mon pays avaitlancé ici, à l’occasion de la session de la Conférenceinternationale du Travail de 2002, un appel à lacommunauté internationale pour une action plus sou-tenue de celle-ci en faveur de l’établissement de lapaix et de la sécurité dans la région de l’Afrique del’Ouest. Notre appel, je suis heureux de le dire ici, aété entendu par la communauté internationale.

Pour conclure, je voudrais à cet effet particulière-ment remercier le Directeur général du BIT qui a bienvoulu appuyer une initiative inédite des syndicats dela République de Guinée, lesquels ont décidé des’investir désormais dans le domaine de la gestion etde la prévention des conflits en Afrique. La mise encommun, par cette nouvelle formule, des efforts del’ensemble des partenaires sociaux de la sous-régionpermettra de rétablir l’espoir, qui est déjà à l’horizon.

Je voudrais terminer mon intervention en renouve-lant les remerciements de la délégation guinéenneà l’endroit de Monsieur Juan Somavia et de sesnombreux collaborateurs pour leur soutien très posi-tif à la République de Guinée. Mon pays s’emploieraà renforcer la coopération avec le BIT en vue depromouvoir davantage ses idéaux qui sont des sourcesd’inspiration pour l’avènement d’un monde de paix,de justice sociale et de démocratie.

RATIFICATION

D’UNE CONVENTION INTERNATIONALE

DU TRAVAIL ET D’UN PROTOCOLE PAR LA BELGIQUE

Original anglais: Le PRÉSIDENT (M. WOJCIK) —Je donne la parole au Greffier de la Conférence, qui aune annonce à faire.

Le GREFFIER de la CONFÉRENCE — J’ai leplaisir d’annoncer à la Conférence que, le 10 juin2003, le Directeur général a enregistré la ratificationpar la Belgique de la convention (nº 180) sur la duréedu travail des gens de mer et les effectifs des navires,adoptée en 1996, ainsi que du Protocole de 1996 rela-tif à la convention (nº 147) sur la marine marchande(normes minima), qui date de 1976.

(La séance est levée à 13 h 15.)

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Huitième séanceMercredi 11 juin 2003, 15 heures

Présidence de M. Wojcik et de M. Noakes

RAPPORT DU PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION

ET RAPPORT DU DIRECTEUR GÉNÉRAL:DISCUSSION (suite)

Original anglais: Le PRÉSIDENT (M. WOJCIK)— Nous reprenons la discussion générale du rapportdu Président du Conseil d’administration et du rap-port du Directeur général.

Original allemand: Mme DEMBSHER (déléguéegouvernementale, Autriche) — Nous savons tous quele Directeur général, M. Somavia, depuis plus de dixans est un des moteurs principaux de la lutte contre lapauvreté. Et je n’exagérerai pas si je dis que c’est luil’initiateur du Sommet social de Copenhague qui s’esttenu en 1995 et qui a lancé cette lutte déterminée con-tre la pauvreté à l’échelon international. Et beaucoupde nations ont été sensibilisées à cette cause, y com-pris l’Autriche.

Depuis ce Sommet social, nous avons, en Autriche,un rapport régulier sur la pauvreté, et la Stratégie del’Union européenne pour la lutte contre la pauvreté,qui se traduit maintenant par un plan d’action autri-chien contre la pauvreté, s’inspire justement de l’es-prit de Copenhague.

Le fondement de cette lutte contre la pauvreté etl’exclusion sociale, en Autriche, est une politique éco-nomique, sociale et de l’emploi intégrée. Le titre de cerapport S’affranchir de la pauvreté par le travail pour-rait tout à fait décrire la voie suivie par l’Autriche.L’Autriche a toujours considéré qu’une politiqueciblée de l’emploi visant la création d’emplois produc-tifs et donnant un revenu suffisant était la meilleurefaçon de sortir de l’engrenage de la pauvreté. Cettepolitique est plutôt réussie, dans la mesure où l’Autri-che, comparée à d’autres pays dans le monde, connaîttrès peu de chômage. Nous avons, en fait, moins de lamoitié de la moyenne de l’Union européenne.

En outre, nous avons aussi comme base importantede protection sociale un système d’assurance socialecomplet qui prend la forme d’une assurance obligatoi-re qui couvre les personnes actives et les personnesqui sont à leur charge. C’est un système qui permetd’avoir accès à une assurance maladie, une assurancechômage, retraite et accidents.

Et, en plus, il y a aide sociale. C’est donc le deuxiè-me filet de sauvetage, si vous voulez, qui est appliquéde façon différente dans les neuf Etats fédérésd’Autriche.

Nous avons certes un taux de pauvreté relative-ment bas, avec 4 pour cent de pauvreté absolue et11 pour cent de personnes menacées de pauvreté,mais le gouvernement est conscient des faiblesses dece filet de sécurité sociale. C’est pour cela qu’il s’est

fixé au début de l’année des objectifs ambitieux qu’ilsera difficile de mettre en œuvre.

Il a prévu, par exemple, une assurance chômagepour les nouvelles formes de travail telles que lessous-traitants, les indépendants, ainsi que les entre-preneurs, mais aussi l’harmonisation de l’aide socialequi n’est pas uniforme en Autriche, toute une série demesures pour l’égalité de traitement des personneshandicapées, la promotion des travailleurs plus âgés,et celle de l’éducation.

Il a également prévu de porter le salaire minimum à1 000 euros. Là, les partenaires sociaux seront amenésà travailler ensemble pour relever ces salaires minimadans le cadre d’accords collectifs. Cette augmentationdu salaire minimum viendrait améliorer la conditiondes femmes.

Vous savez qu’il nous reste encore un point faible,et c’est l’écart salarial important entre les femmes etles hommes. En général, les femmes gagnent 30 pourcent de moins que les hommes, et elles sont plus à ris-que en ce qui concerne la pauvreté, avec 13 pour cent,contre 9 pour cent pour les hommes, et les femmesseules avec enfants sont encore plus touchées que lesautres.

Pour les aider, il est prévu d’instaurer une assuran-ce-vieillesse spéciale pour les femmes, ainsi que pourles cas de divorce. Nous avons aussi, l’an dernier, misen place des allocations familiales pour les enfants demoins de quatre ans.

Concernant la maternité, l’Autriche s’apprête àratifier la convention (nº 183) sur la protection dela maternité, 2000. Le dossier est déjà passé à la Com-mission sociale du Conseil national et a été transmisau Parlement. Donc, plus rien ne doit faire obstacle àsa ratification.

En fait, un des grands atouts de l’Autriche est saprotection des travailleurs. Nous avons réussi à rédui-re le nombre d’accidents du travail de 35 pour cent cesdix dernières années, pour arriver seulement à100 000 cas par an. Fin mai, pour la deuxième fois, leprix d’Etat pour la sécurité au travail a été décerné àdes entreprises modèles. Je pense que nous sommestout à fait d’accord pour dire que la sécurité est unélément central de la lutte pour un travail décent etcontre la pauvreté. Il s’agit de maintenir les tra-vailleurs en bonne santé pour qu’ils puissent travaillerle plus longtemps possible et pour ensuite avoir droità une pension suffisante à la fin de leur vie active.

Pour ce qui est de notre responsabilité à l’égardde l’Europe et du monde, nous avons inscrit la luttecontre la pauvreté et l’équilibre économique entre lesnations dans notre programme concernant la durabili-té qui a été adopté en 2002. A cet égard, j’attendsavec intérêt le rapport et les suggestions de la

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Commission mondiale sur la dimension sociale de lamondialisation.

Je voudrais maintenant, pour terminer, vous direcombien nous remercions le Directeur général pourson rapport sur la lutte contre la pauvreté. En effet, jepense qu’une bonne stratégie de l’emploi est lameilleure voie pour sortir de cette ornière de lapauvreté.

C’est pour cela que j’espère qu’à côté de ces stratégiespour un travail décent l’Agenda global pour l’emploiapportera aussi sa contribution.

Original espagnol: M. MARIUS (représentant,Centrale latino-américaine des travailleurs) — Nousnous faisons l’écho des félicitations méritées adres-sées au Président pour son élection à la tête de cette91e session de la Conférence internationale du travail.Nous adressons également nos félicitations à M. JuanSomavia pour sa réélection à la tête du BIT.

Le rapport qui nous est présenté est axé sur la situa-tion des travailleurs pauvres et des pauvres exclus dumonde du travail, et ce sujet reflète une problémati-que cruciale pour l’Amérique latine, qui n’est pas lecontinent le plus pauvre, mais bien celui où l’injusticesévit le plus.

Le chômage, la misère, la marginalisation, l’absen-ce de protection sociale, la violation des droits fonda-mentaux et l’impunité sont des phénomènes toujoursplus répandus, attestant de l’échec d’un modèle dedéveloppement fondé non pas sur la personne ni surle travail mais sur un profit démesuré et sur l’égoïsme,ce qui contribue à accroître chaque jour le désespoirdes populations et une instabilité politique et socialenéfaste.

Dans notre région, certains signes semblent encou-rageants, comme l’évolution du Brésil et de l’Argenti-ne, et les travailleurs latino-américains souhaitentvivement qu’ils se concrétisent et ne débouchent passur de nouvelles frustrations.

La consigne qui consistait à dire «la croissanced’abord, la redistribution ensuite» n’a pas produit lesrésultats escomptés. Elle a montré à notre sens que leproblème ne venait pas du manque d’efficacité desstratégies, ni de l’inadéquation des mesures d’applica-tion, mais bien de la nature même du modèle. Voilàpourquoi nous estimons qu’il est erroné de penser quele modèle de mondialisation peut être humanisé. Eneffet, c’est de son essence même que découlent les ré-sultats obtenus, décevants si l’on estime que l’objectifvisé était le développement global de nos peuples.

Voilà pourquoi il est plus que jamais indispensablede réfléchir ensemble et de développer notre créativi-té pour imaginer, mettre au point et promouvoir desmodèles et des stratégies de développement d’un typenouveau, axés sur la personne et le travail, fonction-nant grâce à la justice sociale et inspirés par unesolidarité commune.

Ce défi est encore plus difficile à relever à l’heureactuelle alors que la domination mondiale apparaîtsous un nouveau jour et que les droits de l’homme, lajustice sociale et la solidarité cèdent le terrain devantle pouvoir des armes et les appétits impérialistes deceux qui visent le contrôle des sources d’énergie, etle mépris croissant affiché à l’égard des institutionsinternationales, du dialogue et de la concertation.

Dans ce cadre international, l’OIT figure de plus enplus comme un obstacle, la gardienne obsolète deprincipes et de droits méprisés, le frein à une préten-due modernité, privilège des marchands. Nous esti-

mons au contraire que, malgré ses limites, l’OIT estplus que jamais nécessaire. Malgré les critiques toutà fait légitimes qui peuvent être formulées à sonendroit, nous devons donc renforcer l’Organisation etl’inscrire de façon plus pertinente sur la scène interna-tionale.

Les mauvais exemples du nouveau cadre interna-tional génèrent et alimentent des copies médiocres enAmérique latine, où la Colombie, le Guatemalaet Cuba sont le théâtre de violations continues et sys-tématiques des droits fondamentaux des travailleurset d’une impunité croissante.

Nous saluons l’heureuse initiative du Directeurgénéral, qui a créé la Commission mondiale sur la di-mension sociale de la mondialisation. La réunion surle dialogue latino-américain organisée en décembredernier constitue une lueur d’espoir pour la régionmais aussi un défi que nous devons relever.

Sans un dialogue franc et ouvert, sans la recherchecritique de modèles de développement d’un autretype, nous ne parviendrons pas à relever les défis quise présentent à nous, comme la zone de libre-échangedes Amériques. La dette extérieure et d’autres mauxpourraient bien alors perpétuer la domination surpeuples et le sous-développement de nos pays.

Dans la lutte passionnante pour un monde plus jus-te, plus respectueux, et plus solidaire, axé sur le travailet l’épanouissement général de l’individu, l’OIT doitjouer un rôle fondamental qu’elle seule peut assumer.Nous nous engageons à la seconder dans ses efforts.

Original anglais: M. BATBAYAR (ministre de laPrévoyance sociale et du Travail, Mongolie) — Je vou-drais très cordialement féliciter le Président pour sonélection à la tête de la 91e session de la Conférenceinternationale du Travail. Mes félicitations valentégalement pour les trois Vice-présidents. Je suis sûrque, sous leur houlette, la Conférence internationaledu Travail accomplira son mandat et sa mission avecsuccès.

Je voudrais transmettre au Directeur Général leplein soutien et les sincères félicitations du gouverne-ment de la Mongolie pour sa réélection bien méritée àses fonctions. La Mongolie s’attend à un élargisse-ment de cette coopération fructueuse qui existe entrenotre pays et l’OIT sous le nouveau mandat du Direc-teur général, lequel découvrira lui-même notreenthousiasme quand il visitera notre pays.

Les rapports du Président du Conseil d’administra-tion et du Directeur général nous présentent unechance unique de réfléchir à la situation actuelle dudomaine social et du travail.

La dimension sociale de la mondialisation, la pré-sentation de l’Agenda global pour l’emploi, l’évalua-tion des DRSP, la promotion de la microfinance, l’étu-de de faisabilité sur un fonds mondial social — telssont les points forts des activités de votre organisationdepuis la dernière session, et la Mongolie salueces nouvelles initiatives. Je souhaite égalementrendre hommage ici au Président sortant du Conseild’administration, Lord Brett, dont la contribution estpleinement reconnue par mon pays.

Nous approuvons les conclusions des rapports quinous sont soumis, à savoir que nous devons lutter con-tre la pauvreté sous toutes ses formes, y compris lapauvreté au niveau des revenus. La Mongolie appuiepleinement les propositions de programme et debudget pour 2004-05. Nous accueillons de manièreparticulièrement favorable la nouvelle politique qui

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prévoit d’augmenter les dotations budgétaires pourl’assistance technique, et les centres régionaux del’OIT.

La Mongolie poursuit ses réformes sociales et éco-nomiques, alors qu’elle se transforme en une sociétémoderne. Cependant, la transition vers une économiede marché produit des effets secondaires, surtoutdans le secteur social et du travail. C’est une réalitécommune à toutes les économies en transition.

Notre erreur par le passé est d’avoir considéré quele chômage et la pauvreté n’étaient que des effetssecondaires et de ne pas leur avoir donné la prioritédans notre action politique. Nous avons révisé cettepolitique. La Mongolie estime que le succès de toutepolitique de croissance économique se mesure par letaux de réduction du chômage et de la pauvreté et parl’instauration de la justice sociale.

La Mongolie a ratifié six conventions fondamenta-les de l’OIT et envisage de ratifier les conventionsnos 29 et 105 sur le travail forcé.

J’ai le plaisir de vous informer que, suite aux effortset à l’action de notre gouvernement, le chômageen Mongolie est tombé à son taux le plus bas des dixdernières années.

Nous reconnaissons cependant qu’il existe encoredes écarts entre les zones rurales et urbaines. Il s’agitde conditions spécifiques à notre pays, qui connaîtdes migrations internes en augmentation, lesquellesalimentent le secteur informel et l’économie sur sonterrain. Tous ces facteurs faussent le marché du travail.

En outre, les changements climatiques et les catas-trophes naturelles fréquentes ont une incidence né-faste sur la qualité de vie et l’emploi des communau-tés rurales. C’est pourquoi notre politique sociale etdu travail doit tenir compte de la dimension sociale dela mondialisation, mais aussi de la polarisation locale.

Les défis qui se présentent à la communauté tripar-tite qui est la nôtre sont plus redoutables que jamais.Pour réaliser les Objectifs de développement pour leMillénaire et l’Agenda global pour l’emploi, chacundevra travailler encore plus efficacement. Le succèsest à ce prix.

Original vietnamien: M. LE (vice-ministre du Tra-vail, des Invalides et des Affaires sociales, Viet Nam)— Je prends la parole au nom de la délégation du VietNam et félicite M. Michael Christopher Wamalwa,vice-président et ministre de la Reconstruction natio-nale du Kenya, de son élection à la présidence de laConférence internationale du Travail. Je pense quenotre Conférence sera un grand succès.

Je suis très heureux de vous informer qu’un bureaude l’Organisation internationale du Travail a étéouvert à Hanoi, au Viet Nam, et est entré en activitéen février 2003. Les actions menées par le bureau, à cejour, ont été très concrètes et efficaces et conduitesavec beaucoup de responsabilité. Nous pensons quela coopération entre l’OIT et le Viet Nam en serarenforcée aux fins du développement et de la justicesociale.

Ma délégation salue l’excellent rapport globalL’heure de l’égalité au travail. A l’instar des troisprécédents rapports globaux qui ont été présentésà la Conférence, il dresse un tableau complet del’application des principes antidiscriminatoires autravail.

Le gouvernement du Viet Nam partage la convic-tion de l’OIT que l’élimination de la discriminationest un facteur essentiel de la justice sociale, de la

protection de la dignité, de l’emploi, de la libéra-tion, de la sécurité sociale et du bien-être destravailleurs.

Nous souhaitons aussi rappeler que l’égalité entreles hommes et les femmes au travail, y compris enmatière de rémunération, consacrée dans les conven-tions nos 100 et 111, qui ont été les deux premièresconventions que le Viet Nam a ratifiées après être re-devenu Membre de l’OIT en 1992, a fait l’objet de dis-positions intégrées dans le Code du travail, entré envigueur le 1er janvier 1995. A cette époque, le gouver-nement du Viet Nam a établi un comité national pourle progrès des femmes afin d’encourager leur partici-pation dans les différentes structures politiques,économiques, sociales et culturelles du pays. Il a aussimis en place un système de mécanismes visant àprotéger les droits des femmes au travail dans ledomaine, notamment, de la santé, de l’éducation, dumariage et de la famille.

Nous sommes pleinement d’accord avec les diffé-rents points mentionnés par le Directeur général dansson rapport S’affranchir de la pauvreté par le travail.Les efforts conjoints de la communauté internationa-le et les efforts individuels des différents pays pourfaire reculer la pauvreté ont été renforcés et ont don-né de grands résultats. Au Viet Nam, après plus d’unedécennie de réforme économique, en parallèle avec lemaintien d’une croissance annuelle de plus de 7 pourcent, nous avons vu le taux de la pauvreté se réduirechaque année. Ce résultat est dû aux efforts qui ontété faits et à l’attention accordée à cette question parle gouvernement, qui a défini l’éradication de la pau-vreté comme objectif stratégique. Ce programmecomprend des mesures concrètes telles que l’attribu-tion ciblée des ressources pour aider 1 700 des com-munautés les plus pauvres à améliorer leurs infras-tructures: routes, écoles, cliniques, réseau électrique,marchés ruraux, assainissement des eaux, et j’enpasse, dans le but de renforcer la capacité des gensà trouver un emploi ou à créer leur propre emploiindépendant.

Pour poursuivre ces efforts et consolider les résul-tats déjà obtenus, le gouvernement du Viet Nam arécemment annoncé la mise en place d’une stratégieglobale de croissance et de lutte contre la pauvreté,dans laquelle l’emploi joue un rôle très importantdans la promotion du développement économique etqui tient compte des questions de sécurité sociale.A l’heure actuelle, le gouvernement du Viet Nam,conjointement avec les partenaires sociaux, travailleen coopération avec le bureau de l’OIT à Hanoi pourétablir un programme d’activités en faveur du travaildécent, fondé sur la stratégie globale susmentionnéeet l’Agenda pour le travail décent de l’OIT.

Ce programme devrait répondre aux prioritésnationales en matière de croissance, de réduction dela pauvreté ainsi qu’à celles définies par l’OIT. Celapermettra de renforcer la coopération entre l’OITet le Viet Nam dans le domaine de la lutte contre lapauvreté.

Pour ce qui est de la législation du travail au VietNam, après l’approbation par l’Assemblée nationaled’une loi portant sur la révision de plusieurs articlesdu Code du travail, le gouvernement a promulgué unevingtaine de textes législatifs afin de rendre le Codeplus clair. Ces révisions et ajouts font que la législationdu travail au Viet Nam est désormais plus adaptée àl’économie de marché et aux normes internationales.Les droits des parties prenantes à la relation de travail

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sont ainsi mieux protégés, ce qui renforcera le proces-sus d’intégration internationale.

Par ailleurs, nous voudrions partager avec vousl’expérience vécue concernant les conséquences né-fastes du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS)sur le monde du travail, le marché de l’emploi et lesentreprises, et notamment les secteurs les plus tou-chés que sont l’aviation civile et le tourisme. Commevous le savez sans doute, le Viet Nam a été un des pre-miers pays à être touché par ce syndrome. Toutefois,grâce aux mesures prises par le gouvernement etgrâce à l’aide de l’Organisation mondiale de la santé(OMS), le Viet Nam est parvenu à juguler cette mala-die. Pour être plus précis, depuis le 8 avril, aucun nou-veau cas de SRAS n’a été signalé. Le Viet Nam a étéle premier pays que l’OMS a officiellement suppriméde la liste des pays touchés par la maladie (28 avril2003). Le Viet Nam a ainsi pu relancer son activitécommerciale et touristique et poursuivre son actiondans le domaine de l’investissement, aux fins de lacroissance économique, de la promotion de l’emploiet de l’augmentation des revenus des travailleurs.

Je saisis cette occasion pour vous informer que, le28 mai 2003, le Président de la République socialistedu Viet Nam a officiellement ratifié la conventionno 138 de l’OIT.

Le Viet Nam s’emploie également à mettre enœuvre, avec le concours de l’OIT, dans le cadre del’IPEC, certains projets de lutte contre le travail desenfants et le trafic des enfants et des femmes au VietNam.

Je voudrais remercier l’Organisation internationa-le du Travail pour l’appui et l’assistance qui nous ontété prodigués au cours des années passées et qui, jel’espère, seront poursuivis dans les années à venir.

Original anglais: M FAHEY (ministre du Travail,Irlande) — C’est un grand honneur pour moi quede prendre la parole devant les participants à cette91e session de la Conférence internationale du Travail.

L’une des premières priorités du gouvernementirlandais, qui a été élu il y a de cela un an cette semaine,a été de conclure un nouvel accord social entre legouvernement, les employeurs et les syndicats quis’intitule «Soutenir le progrès». Ce nouvel accordreprésente, tout comme ceux qui l’ont précédé, uneévolution du partenariat social. Il importe que lesystème irlandais de partenariat social demeure dyna-mique et à même de réagir aux changements d’unenvironnement plus vaste plutôt que de demeurerrigide et inflexible.

La première partie de ce nouvel accord s’articuleautour de dix domaines clés à propos desquels denouvelles mesures seront formulées, par consensus,pendant la durée de l’accord qui est de trois ans.Parmi ces domaines, citons le logement, la migrationet l’interculturalisme, les chômeurs à long terme, lestravailleurs vulnérables et licenciés, les désavantagesen matière d’éducation et les soins aux enfants, auxhandicapés et aux personnes âgées.

Le modèle de partenariat social irlandais a porté denombreux fruits, notamment en nous assurant unestabilité qui est essentielle pour que le gouvernement,les employeurs et les travailleurs puissent faire desplans pour l’avenir.

Le chapitre 5 de ce nouvel accord porte sur la miseen place d’une société juste et intégrée, et son objectifpremier est l’édification d’une telle société, à mêmede garantir que les personnes disposent de ressources

et de possibilités pour vivre une vie digne et qu’ellesaient accès à des services publics de qualité indispen-sables pour améliorer leurs chances dans la vie et leurexpérience. Cet objectif clé est au premier plande l’excellent rapport du Directeur général intituléS’affranchir de la pauvreté par le travail.

La deuxième partie du nouvel accord concerne lesalaire et le lieu de travail. Outre une recommanda-tion en faveur d’une hausse des salaires sur 18 moisen un printemps, des engagements ont été prispour équilibrer la vie personnelle et professionnel-le et concernant les indemnités de licenciementréglementaires, le salaire minimum national, lareprésentation des travailleurs et une initiative anti-inflation.

Le rapport du Directeur général va dans le mêmesens lorsqu’il analyse le lien qui existe entre l’absencede travail décent et la pauvreté et souligne, par consé-quent, le besoin de se concentrer sur les politiquesvisant à promouvoir plus d’emplois de meilleurequalité en tant que composante essentielle de la dyna-mique mondiale en faveur de la réduction et del’éradication de la pauvreté.

Les causes de la pauvreté sont nombreuses et inter-dépendantes. C’est pourquoi l’un des aspects les plusencourageants de cette nouvelle approche de la ré-duction de la pauvreté est l’accent mis sur une politi-que cohérente ancrée sur un cadre de développementglobal. L’Irlande est heureuse de constater que dansson programme et budget pour 2004-05, l’OIT envisa-ge d’intensifier le travail qu’elle mène avec les man-dants dans les pays membres souhaitant s’appuyer sur l’Agenda pour le travail décent pour cibler leursprogrammes et politiques sur la création de meilleursemplois, de meilleure qualité, et sur l’améliorationde l’insertion sociale. L’OIT peut rendre plus facileune analyse conjointe et jeter une passerelle entre «lacommunauté des travailleurs» et les débats sur la poli-tique nationale de développement et les initiativesinternationales, dans le but de favoriser une compré-hension commune de la contribution que l’approchedu travail décent peut apporter pour relever le défide la pauvreté. Un agenda souple pour les débatsnationaux entre les partenaires sociaux peut inclure,comme cela a été le cas avec succès en Irlande, le dé-veloppement des entreprises et de l’emploi, le droit àla protection sociale et la réforme du droit du travail,le dialogue social, l’égalité entre femmes et hommeset les partenariats.

Avant de conclure, je voudrais revenir brièvementsur la question de la santé et de la sécurité inscriteà l’ordre du jour de cette Conférence. En tant queministre responsable de ces questions en Irlande, jeconstate souvent que les résultats dans ce domainedépendent — suivant le principe du tripartisme prônépar l’OIT — d’un travail concerté entre employeurset travailleurs. C’est avec beaucoup d’intérêt quej’attends les résultats des activités normatives del’OIT dans ce domaine.

En conclusion, je voudrais rendre hommage au tra-vail mené par le Congrès irlandais des syndicats pouratteindre les objectifs de la convention (nº 182) sur lespires formes de travail des enfants, 1999, et en particu-lier les efforts qu’il a déployés pour sensibiliser lestravailleurs et les syndicats irlandais à ce problème. Jevoudrais également le féliciter de sa participationavec l’ONG consacrée au lancement récent d’unecampagne intitulée «L’école est le meilleur lieu detravail», et je leur souhaite plein succès.

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Enfin, je voudrais informer la Conférence que legouvernement irlandais, par le biais de son program-me d’aide, vient d’annoncer son intention de dégager600 0000 euros pour la période 2003-04 pour lesprogrammes de l’OIT, dans le domaine du travailforcé et de la servitude pour dette. C’est une consé-quence directe de l’intervention de mon prédécesseurà la Conférence de 2001 et j’attends des résultatspositifs des initiatives qui seront couvertes par cefinancement

M. JUQUEL (délégué des travailleurs, France) —Le monde est marqué de profondes inégalités quicontinuent à se creuser entre pays riches et pays pau-vres et au sein même de chacun des pays. Cette situa-tion porteuse de misère, de négation de la personnehumaine est aussi source de tension, de frustrations,de violence.

Le thème du rapport du Directeur général S’affran-chir de la pauvreté par le travail représente un enjeudécisif pour l’évolution de notre planète. A un mo-ment où l’édifice de concertation et de négociation dudroit international vient d’être gravement mis en cau-se, il est important de rappeler le préambule de laConstitution de l’OIT: «Une paix universelle et dura-ble ne peut être fondée que sur la base de la justicesociale» et la Déclaration de Philadelphie qui prévoitque «la pauvreté, où qu’elle existe, constitue undanger pour la prospérité de tous».

Nous partageons le constat implacable de ce rap-port et ses préconisations. Si l’emploi ne se décrètepas, il est cependant nécessaire d’avoir une politiquevolontariste dans ce domaine.

C’est ce qui a amené mon organisation, la CGT,avec les autres organisations syndicales françaises etcelles des pays membres de l’OCDE, à s’adresser auG-8 qui vient de se tenir à Evian et aux pays del’OCDE pour leur demander notamment de relancerla croissance mondiale pour répondre aux besoinsessentiels des populations, de développer l’emploi,d’assurer un haut niveau de protection sociale et depromouvoir un développement durable et une écono-mie responsable.

Cessons d’opposer économique et social. Il ne peuty avoir de développement durable de l’un sans déve-loppement de l’autre. Un engagement tripartite fort,tant au niveau international que national, est uneexigence pour faire durablement reculer la pauvreté.En ce sens, nous pensons que le rôle et la place del’OIT doivent être renforcés dans les institutions etnégociations internationales. Cela implique d’autrepart la reconnaissance concrète du fait syndical et lerespect et le soutien de tous au développement dusyndicalisme.

Nous croyons profondément qu’un autre mondeest possible comme le précise le rapport, mais c’estensemble que nous devons le construire avec unemondialisation régulée par une forte dimension socia-le, les droits fondamentaux.

Nous partageons le constat que la lutte contre lesdiscriminations est un élément fort de la lutte contrela pauvreté et qu’affranchir la société des discrimina-tions de toute sorte passe en premier lieu par la luttecontre celles-ci dans le monde du travail.

Cette question touche tous les pays, la Francecomme les autres. On assiste, ces dernières années enEurope, à une poussée des nationalismes, des populis-mes s’appuyant souvent sur la xénophobie et le racis-me qui trouvent un écho élargi parmi les travailleurs

en situation salariale modeste et avec des conditionsd’emploi précaires.

Les questions autour de la sécurité et les mesuresprises par certains gouvernements dans ce cadrerisquent d’aggraver l’image négative de «l’étrangerbouc émissaire» et contribuent à générer des compor-tements discriminants.

Nous sommes d’accord avec le rapport pour direque l’on ne peut pas compter sur la seule loi dumarché pour faire disparaître ces comportements.

Le syndicalisme, comme les employeurs et les gou-vernements, a un rôle tout particulier à jouer pouréradiquer le racisme de l’entreprise et de la société.

Les organisations syndicales ont à faire respecterles lois en ce domaine par les employeurs dans les en-treprises. Elles ont aussi à combattre toute expressionde racisme dans leurs propres rangs parmi leurs adhé-rents.

De nouvelles formes de discrimination voient lejour. Ainsi, en France, les jeunes des cités populaires,quelle que soit leur origine, connaissent des difficultésparticulières en matière d’emploi, notamment.

Le chômage et la précarité ravivent des discrimina-tions, particulièrement en direction des femmes, lesincitant à l’exclusion du travail et à rester au foyer. Laplupart des emplois à temps partiel non choisis, lasous-traitance, les contrats de courte durée aggraventles inégalités et contribuent à la pauvreté des salariés.

Agir efficacement contre les discriminations et lapauvreté est par conséquent indissociable de l’actionet des politiques menées pour l’inclusion sociale, laréduction du chômage, la formation professionnelle,de meilleures conditions de travail et d’emploi et lastabilité de l’emploi.

Enfin, pour terminer à quelques semaines del’ouverture de la Conférence ministérielle de l’OMCà Cancún, je voudrais insister sur l’importance durespect des normes fondamentales du travail et sur lanécessité de la prise en compte de celles-ci par l’OMCdans l’élaboration de sa politique.

Original espagnol: M. PÉREZ DEL CASTILLO(ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Uruguay)— Le rapport S’affranchir de la pauvreté par le travailincite à la réflexion et est un hymne à l’optimismedans la lutte contre ce fléau.

Ce fléau cruel, nous ne devons cesser de le combat-tre. Il est extrêmement difficile en cinq minutes seu-lement de traiter certains des nombreux thèmes quiméritent d’être examinés pour être mis en œuvre.

J’aimerais tout d’abord aborder la perte de dignitédu père ou de la mère de famille du fait de la pauvreté.La caractéristique la plus préjudiciable et la plus dé-moralisante de la pauvreté, comme il est indiqué dansle rapport, est la «perte de dignité». Le fait d’êtrecapable de subvenir à ses besoins et de contribuer aubien-être de sa famille et de la communauté grâceau travail conduit au respect de soi et des autres. Cesmots tout à fait appropriés permettent de soulignerque, pour se perfectionner, l’homme a besoin de sesentir utile et créatif et de démontrer qu’il est capablede gagner le revenu nécessaire pour lui et pour lessiens.

Il y a une pauvreté ancienne dont on n’a souventpas conscience, mais il y a également une pauvreténouvelle qui résulte, elle, du chômage et de la diminu-tion de la qualité de vie. Elle est beaucoup plus diffici-le à supporter que l’ancienne pauvreté car il s’agitd’un retour en arrière avec toutes les séquelles que

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cela peut comporter, et aussi d’une perte du capitalhumain dont la communauté disposait.

Il est indispensable de convaincre ceux qui ont unemauvaise vision économique, que la pauvreté, si l’onpeut dire — mais en fait j’ai des doutes à ce sujet —n’est pas une bonne affaire pour les pays: elle affaiblitle marché des consommateurs, mais encore et surtout,elle augmente les dépenses nécessaires pour promou-voir l’éducation, récupérer le capital humain perdu etassurer la sécurité dans les villes.

Par conséquent, je n’ai pas besoin de rappeler lesliens qui existent entre la pauvreté et le chômage.Rappelons-nous le fait que le chômage a un visagehumain dont il faut tenir compte avant de parler deschiffres et de rappeler les diagnostics. En effet, lechômage n’est pas un chiffre, il a bel et bien un visage.On aperçoit des visages très durs, certains qui sonttrès proches de nous et qui reflètent la désillusion etl’espoir perdu.

En Uruguay, nous avons lancé avec déterminationdes initiatives génératrices d’emplois dans tout leterritoire national en instaurant un climat favorableaux investissements qui permet de créer des emploisstables. Néanmoins, nous appuyons également desformes d’interventions rapides et ponctuelles quipuissent atténuer les effets conjoncturels et empêcherla détérioration sociale dans les secteurs vulnérables.

Il faut maintenir la capacité d’emplois du pays enévitant que de plus en plus d’individus s’orientent versdes circuits marginalisés, et cela au moyen d’investis-sements préventifs dans les domaines sociaux etéconomiques. Cette perspective est parfois négligéelorsque les dépenses publiques sont envisagées àcourt terme.

Nous nous trouvons à une croisée des chemins.Il est évident qu’il faudra surmonter les intérêtségoïstes et les préoccupations sectorielles. Il faudraégalement voir les choses et ne pas rejeter catégori-quement une proposition au vu de la personne quien est l’auteur.

Des efforts devront être déployés par la sociétédans son ensemble y compris au moyen d’une mobili-sation tripartite. Le tripartisme est un instrumentprivilégié pour la consultation et la recherche d’unaccord, ou d’un dialogue, mais cela ne peut jamaisremplacer un gouvernement démocratique ni faireobstacle à l’exercice, par les élus, de leurs responsabi-lités politiques.

Il ne sera plus possible pour la plus grande partiedes individus de trouver pour la vie un emploi salariéstable. C’est pourquoi il nous faudra promouvoir l’es-prit d’entreprise et la création de micro et de petitesentreprises. En effet, comme il est indiqué à la page 9du rapport du Directeur général, des milliers de per-sonnes qui ne manquent pas d’idées et qui pourraientmonter leur propre affaire ont besoin pour cela derecevoir une formation: elles créeraient alors leurpropre emploi.

Le rapport évoque aussi le maintien des pauvresruraux dans les campagnes pour éviter les conséquen-ces fâcheuses de l’exode rural. Ces gens arrivent enville, mais ne trouvent ni travail, ni logement, ni écoleni nourriture suffisante, et se retrouvent dans desenvironnements urbains déjà surchargés.

Autre élément de réflexion, la croissance économi-que accompagnée d’équité et de bonne répartitiondes richesses, en particulier une croissance à forteintensité d’emploi, en donnant la priorité aux investis-sements qui favorisent ce flux de croissance.

Je souhaite également mettre l’accent sur le lienentre la pauvreté et la mauvaise répartition desrichesses, à l’intérieur des pays mais également entreeux. Cela ne vient pas toujours de l’impérialisme maisil est vrai que les pays les plus riches doivent, sans tar-der, ouvrir des perspectives commerciales et consentirpar justice, et pas seulement par générosité, à éliminerles barrières tarifaires et les obstacles au commerceinternational. Il faut ouvrir les portes du libre-échan-ge et ce sera la meilleure manière de contribuer audéveloppement économique et social des nationsles plus pauvres. Un autre monde est possible. Il estaussi possible de combattre l’indigence et l’extrêmepauvreté. Il est temps de s’unir pour mener ce combat,l’objectif étant le bonheur de l’homme et de lafemme.

Pour conclure, une petite note d’optimisme danscette lutte. Nous devons aujourd’hui nous bercerd’utopie et d’illusions et faire en sorte que cette uto-pie n’en soit plus une et qu’elle devienne réalité. Nebaissons pas les bras mais travaillons tous ensemblepour que cette illusion d’une société plus juste et plussolidaire que nous avons eue, que nous avons encoreet que beaucoup conservent, ne soit plus un simpleslogan politique.

Original russe: Mme MORAVA (ministre du Travailet de la protection sociale, Bélarus) — Avant tout, jevoudrais féliciter M. Wamalwa de son élection à lafonction de président de la 91e session de la Conféren-ce internationale du Travail et je lui souhaite pleinsuccès dans son travail.

Je voudrais aussi exprimer notre gratitude au Di-recteur général, M. Somavia, pour son rapport, où ilnous présente sa vision du rôle de l’OIT pour résou-dre un des plus grands problèmes de notre époque,celui de la pauvreté.

Le monde actuel se caractérise par son dynamismeet la grande diversité des processus qui s’opèrent dansles domaines économiques et sociaux. La mondialisa-tion de l’économie mondiale crée de nouvelles possi-bilités. Cependant, il est évident en même temps quepas tout le monde, dans le monde, ne peut bénéficierdes avantages de la mondialisation.

La concurrence croissante conduit à une restructu-ration de la production et entraîne des suppressionsd’emplois et une augmentation du chômage. On asouvent recours à des formes flexibles d’emploi et là,la protection des travailleurs en pâtit.

Les intérêts de centaines de millions de travailleursexigent une participation active de l’OIT aux ques-tions de protection des travailleurs et de leurs droitssociaux.

La conception du travail décent permet d’arriver àun équilibre indispensable entre, d’une part, les tâ-ches à accomplir dans le domaine du développementéconomique où sévit une âpre concurrence interna-tionale et, d’autre part, l’obligation de garantir uneprotection sociale aux personnes qui travaillent.

Le travail décent présuppose le respect des droitsdans le domaine du travail et le rejet de toutes formesde travail forcé et de discrimination. Le travail desenfants reste encore un problème brûlant dont lescauses sont multiples: économiques, sociales et cultu-relles.

En juin 1999, la Conférence internationale du tra-vail a adopté la convention n° 182 sur les pires formesde travail des enfants. Cette convention figure à justetitre parmi les conventions fondamentales de l’OIT.

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Notre pays, le Bélarus, a donc ratifié, outre 47 con-ventions de l’OIT, la convention sur les pires formesde travail des enfants, cette dernière en 2000. Nouspensons que la ratification de cette convention partous les Membres de l’OIT marquera une étapeimportante dans la lutte pour l’éradication du travaildes enfants.

Les conventions et recommandations de l’OITnous servent de base pour l’élaboration de la législa-tion nationale. Au cours de cette session sera exami-née la question de l’activité normative du BIT dans ledomaine de la sécurité et de l’hygiène au travail. Il esttemps, en effet, de faire le point de l’harmonisation etde la pertinence des normes de l’OIT dans ce domainesi important. Il s’agit de déterminer dans quelle mesu-re ces normes sont observées dans la pratique.

Nous soutenons la proposition en faveur d’une con-vention cadre concernant les éléments essentielsd’une gestion rationnelle et efficace des systèmesnationaux de sécurité et de santé au travail dans lesconditions actuelles. Une telle analyse serait égale-ment utile dans d’autres domaines, notamment danscelui de l’assurance sociale.

La politique sociale du gouvernement Bélaruscorrespond tout à fait aux approches de l’OIT. Malgréles difficultés que nous connaissons dans cette pério-de de transition, le gouvernement Bélarus fait toutson possible pour traduire dans la pratique l’Agendapour le travail décent de l’OIT. Conformément à sonprogramme de développement social et économiquepour le quinquennat 2001-05, l’objectif principal de lapolitique sociale est de relever le niveau de vie denotre population et de réduire la pauvreté.

A l’heure actuelle, notre pays s’est donné pourobjectif de réformer le secteur social et le secteur dutravail. Nous sommes en train de réformer le systèmedes retraites, de l’aide sociale et des prestations socia-les; nous améliorons le niveau de rémunération etnous menons également une politique dans le domainede l’emploi.

Nous sommes convaincus que dans ce processus deréforme, il est indispensable de mettre à profit l’expé-rience positive de la communauté internationale.

A cet égard, notre pays attache une importanceparticulière à une coopération active avec l’OIT.

Le Bélarus soutient la politique de l’OIT qui viseà assurer une plus grande présence de l’OIT sur leterrain, et à adapter son aide consultative et techniqueaux besoins réels des pays bénéficiaires. Et bien sûrnous sommes tout à fait d’accord avec le Directeurgénéral lorsqu’il affirme, n’en déplaise aux scepti-ques, qu’un monde nouveau est possible, un mondeexempt de pauvreté.

Nous devons faire notre possible aussi bien dans lecadre de l’OIT qu’en dehors pour atteindre cet objectif.

Original anglais: Mme MUGANZA (secrétaired’Etat chargée de la Formation professionnelle, desMétiers et du Travail, Rwanda) — C’est avec un trèsgrand plaisir que la délégation du Rwanda saisit cetteoccasion pour féliciter de leur élection les membresdu bureau, et en particulier le vice-président duKenya sous la direction duquel, j’en suis convaincue,cette Conférence pourra conclure ses délibérationsavec succès.

Je voudrais d’autre part féliciter M. Somavia poursa réélection en tant que Directeur général du BIT etlui souhaite, au nom de ma délégation, plein succèsdans sa mission.

Le gouvernement du Rwanda souscrit aux objectifsde l’OIT et à son action normative. Il est déterminé àfaire en sorte que tous ceux qui travaillent sur son ter-ritoire aient un travail décent, c’est-à-dire productif,rémunérateur et effectué dans des conditions de liber-té, d’égalité, de sécurité et de dignité.

C’est dans cette perspective que nous appuyonstous les efforts déployés dans le domaine de la coopé-ration technique, notamment en faveur du dialoguesocial, du respect des droits des travailleurs, de l’em-ploi et de la protection sociale.

Ma délégation a étudié le rapport du Directeur gé-néral avec infiniment d’intérêt. A ce propos, je vou-drais mentionner le fait que le gouvernement duRwanda produit régulièrement les rapports qui sontrequis en vertu de l’article 22 de la Constitution del’OIT.

En ce qui concerne la rémunération des travailleursdu Rwanda, la législation énonce très clairement qu’àcompétences égales, et pour un travail de même natu-re exécuté dans les mêmes conditions, la rémunéra-tion doit être égale, indépendamment de l’origine,de l’extraction sociale et du sexe des travailleurs. Legouvernement de mon pays veille, en étroite collabo-ration avec les organisations d’employeurs et detravailleurs, à ce que ces dispositions soient dûmentrespectées.

En ce qui concerne le paiement des salaires, notrelégislation du travail stipule que le salaire doit êtredirectement versé au travailleur concerné, à moinsque celui-ci n’ait accepté d’autres arrangements. Enoutre, le salaire doit être exclusivement payé dans unemonnaie ayant cours légal au Rwanda, et le paiementen nature d’une partie ou de la totalité du salaire estdéfendu.

Je voudrais également mettre l’accent sur le faitque, pour garantir l’égalité de chances et de traite-ment dans la politique nationale visant à éliminer tou-te forme de discrimination dans l’emploi et la profes-sion, l’article 12 du Code de travail, stipule que toutedistinction, exclusion ou préférences, fondée surla race, l’appartenance ethnique, la couleur, le sexe, lareligion ou l’opinion politique est interdite.

Pour ce qui est de la protection des travailleurscontre le travail forcé, je tiens à indiquer que, dans lalégislation du travail qu’il a récemment promulguée,le gouvernement interdit formellement le travail for-cé ou obligatoire. Le Rwanda a ratifié la conventionn° 29.

La formation et le perfectionnement professionnels’inscrivent prioritairement dans notre stratégie delutte contre la pauvreté et de développement durable.Je suis sûre que cette Conférence adoptera un instru-ment permettant de promouvoir les politiques et lesprogrammes de formation et de perfectionnementprofessionnel.

En ce qui concerne la réduction de la pauvreté, jevoudrais souligner que le Rwanda se trouve dans unesituation difficile car il aurait besoin, pour y parvenir,d’un taux de croissance très élevé. La pauvreté a étéperpétuée par la mauvaise gestion des affaires publi-ques et les politiques de division et d’exclusion qui ontcaractérisé mon pays au cours du siècle passé. Elle aensuite été aggravée par le génocide de 1994 qui a faitplus de 1 million de morts en cent jours. Depuis, legouvernement d’unité nationale met l’accent sur lareconstruction du pays et la réconciliation nationale.Aujourd’hui, 60 pour cent de la population du Rwan-da vit en dessous du seuil de pauvreté. La plupart sont

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des femmes et des enfants. Les programmes d’aideaux catégories vulnérables sont prioritaires dans lesplans d’action et les budgets nationaux. Notre objec-tif, tel qu’énoncé dans notre stratégie pour 2020, estde réduire ce pourcentage de 60 à 25 pour cent, etd’augmenter le revenu par habitant de 250 à 1 000 dol-lars E.-U. au cours des quinze années à venir.

Le gouvernement s’emploie à créer un climat deliberté, de bonheur et de prospérité, dans lequel lapopulation soit consultée lorsque sont prises des déci-sions qui la concernent. C’est d’ailleurs dans cet espritqu’à été récemment rédigée la Constitution du Rwan-da. Le gouvernement fera porter ses efforts surl’infrastructure collective et sur le redressement desdéséquilibres du marché.

Avant de conclure, je voudrais vous dire combiennous sommes heureux de l’aide que nous avons reçuepour mieux gérer nos ressources humaines, promou-voir le tripartisme et le dialogue social et formulerdes stratégies nationales par l’emploi et la formationprofessionnelle. Elle nous a montré la voie que nousdevons suivre pour reconstruire le pays.

Je souhaite que cette session soit couronnée de succès.

Original espagnol: M. TREJOS (vice-ministre duTravail et de la Sécurité sociale, Costa Rica) — Je tiensà vous saluer tous, au nom du peuple et du gouverne-ment de mon pays, le Costa Rica. Nous espérons quela 91e session de la Conférence internationale du Tra-vail nous permettra de concrétiser nos espoirs.

Je tiens aussi à dire notre reconnaissance au Direc-teur général et à tous les fonctionnaires du Bureauinternational du Travail à Genève, ainsi qu’aux fonc-tionnaires du bureau régional de l’OIT au Costa Rica,qui ont coopéré aux efforts que notre gouvernement adéployés pour mettre en œuvre les principes des huitconventions fondamentales, lesquelles ont été toutesratifiées par notre pays.

Le Directeur général, dans son excellent rapport,nous a sensibilisés au fait qu’il est urgent de donnerune dimension humaine à l’économie mondiale.L’OIT, depuis sa création, remplit dûment sa missionen vue d’améliorer la situation des personnes partoutdans le monde, et réaffirme que la paix universelle etdurable ne peut être fondée que sur la justice sociale.Voilà l’objectif primordial de l’OIT. A ce sujet, le Di-recteur général indique que le travail est le moyen des’affranchir dignement de la pauvreté, grâce à la pro-motion de politiques publiques, du respect des droitsau travail, d’institutions sociales et de solutions sur lemarché du travail pour que tous puissent gagner leurvie de manière décente et satisfaire aux besoins deleurs familles.

J’aimerais profiter de l’occasion qui m’est offertepour indiquer que mon gouvernement abonde dans lesens de l’OIT. L’Etat, émane des citoyens et, par con-séquent, il doit répondre à leurs aspirations et à leursbesoins. Parmi ces aspirations et besoins, le travail oc-cupe une place essentielle: il doit donner un sens à lavie, la rendre digne et être au service de l’homme.Qu’il s’agisse d’un travail physique ou intellectuel, cequi est important, c’est qu’il reflète la nature del’homme et de la femme en leur donnant une raisonde vivre. Le travail est donc un droit de la personne,bien évidemment, mais aussi une obligation, pourelle-même et envers les autres personnes. Cettenotion est consacrée dans notre Constitution politi-que, laquelle considère le travail comme un droit de lapersonne et comme une obligation envers la société.

Aujourd’hui, nous ne pouvons pas nous isoler dumonde dans lequel nous vivons. Toutefois, nous de-vons nous engager à rechercher une mondialisationdifférente, une mondialisation maîtrisée dans laquellechacun accédera à un travail décent dans le respectdes libertés démocratiques et des droits individuels etcollectifs, afin que la notion de travail décent ne soitplus une chimère mais un objectif réalisable.

Dans notre pays grâce aux efforts de toutes et detous nous sommes parvenus à des résultats et à deschangements importants pour le développementhumain. Si nous voulons vraiment tirer parti de lamondialisation, nous devons faire de la lutte contrela pauvreté la raison d’être de toute activité économi-que. Il ne s’agit pas de priver les employeurs de cequ’ils ont gagné, mais de créer des emplois, et de faireen sorte que les travailleurs jouissent de leurs droits,que les salaires soient justes et que tous les tra-vailleurs et leurs familles aient une protection sociale.Garantir le plus haut niveau possible de bien-être à lapopulation est un objectif central qui inspire l’actiondu gouvernement du Costa Rica, grâce aux effortsmenés de longue date dans des secteurs tels que l’édu-cation, la santé, la sécurité sociale et la formation.

Il faut prendre en compte le fait que la communau-té mondiale, comme la plupart des communautés, estloin d’être idéale. Tous ne bénéficient pas d’un traite-ment impartial, tous n’ont pas les mêmes opportunités.La pauvreté à l’évidence est un phénomène mondialqui touche toutes les sociétés. Aucune nation n’yéchappe.

Pour conclure, j’aimerais appuyer le Directeurgénéral et ce qu’il propose en faveur de toutes lespersonnes. Dans ce cadre, nous exhortons tous les ac-teurs à parvenir par le dialogue, à des initiatives quigarantiront de meilleures conditions pour tous lestravailleurs et, par conséquent, pour nos sociétés.

M. OKOMBI SALISSA (ministre du Travail, del’Emploi et de la Sécurité sociale, Congo) — Permet-tez-moi, au nom de la délégation congolaise, que j’ail’honneur de conduire, du gouvernement de mon payset en mon nom personnel, d’adresser mes félicitationsà Son Excellence M. Michael Christopher Wamalwapour son élection à la présidence de la 91e session dela Conférence internationale du Travail ainsi qu’auxtrois vice-présidents élus. Je ne doute point que sousleur conduite la présente session sera couronnée desuccès.

J’aimerais également féliciter M. Juan Somaviapour sa réélection à la tête de notre Organisationcommune.

La délégation de la République du Congo apprécieà sa juste valeur le rapport du Directeur général duBIT S’affranchir de la pauvreté par le travail.

En effet, la lutte contre la pauvreté constitue undéfi majeur de notre temps. Nous partageons le pointde vue selon lequel la pauvreté ne pourrait être élimi-née sans un engagement tripartite décisif. S’affranchirde la pauvreté par le travail décent suppose la mobili-sation de tous, tant au niveau national qu’internatio-nal, dans un réel élan de solidarité.

C’est pourquoi le Congo, mon pays, soutientl’action du BIT en direction de l’Afrique qui porte surles cinq domaines prioritaires et interdépendantssuivants: la réduction de la pauvreté, la bonne gouver-nance, la gestion des crises, la prévention du VIH/SIDA et la réduction de son impact, l’intégrationrégionale.

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Le Congo encourage également l’œuvre du BITdans le cadre de la promotion et du renforcement dudialogue social dont les résultats sont significatifsdans certains pays d’Afrique. Dans ce cadre, qu’il mesoit permis de signaler qu’il s’est tenu à Brazzavillecourant 2003 une réunion nationale tripartite sur ledialogue social sous l’égide du Programme pour lapromotion du dialogue social en Afrique francophone(PRODIAF).

L’évolution économique et sociale qu’a connue lemonde au cours de la décennie écoulée est marquéepar de profondes transformations survenues dans lemonde du travail sous l’effet de la mondialisation etremet en cause l’actuelle recommandation (nº 150)sur la mise en valeur des ressources humaines, 1975.L’adoption d’un nouvel instrument plus dynamique,facile d’application et plus utile aux Etats Membres etaux partenaires sociaux s’avère nécessaire.

S’agissant du champ d’application de la relation detravail, qui constitue le point de notre ordre du jour, ilconvient de noter que certaines catégories de tra-vailleurs demeurent sans protection du fait de l’étatactuel de la plupart des législations nationales du tra-vail et aussi des instruments de l’OIT, qui ne couvrentque les travailleurs salariés occupés pas un employeuridentifiable.

Le Congo appuie la discussion qui sera engagée aucours de cette Conférence et qui permettra de cernerce problème dans toute son étendue et ses composan-tes.

De même qu’il apporte son soutien à la discussiongénérale qui devrait déboucher sur l’élaboration d’unplan d’action visant à promouvoir une utilisation plusrationnelle et mieux ciblée des normes et autres ins-truments de l’OIT relatifs à la sécurité et à la santé autravail.

Ce plan d’action est d’autant plus indispensableque les bouleversements sociaux et économiques sur-venus à l’échelle mondiale ont une incidence particu-lièrement importante sur les conditions de travail.

Je ne saurais terminer mon propos sans exprimer lagratitude de la République du Congo et de son Prési-dent, S.E. Denis Sassou Nguesso, au Directeur généraldu BIT qui ne ménage aucun effort dans l’intérêt detoutes les parties qui composent notre Organisation.

Original anglais: M. ARNOLD (conseiller techni-que et délégué suppléant des employeurs, Nouvelle-Zélande) — Je voudrais tout d’abord féliciter le Prési-dent pour son élection et lui présenter mes meilleursvœux.

Cette année le thème du rapport du Directeur gé-néral est S’affranchir de la pauvreté par le travail.Dans ce rapport, le Directeur général souligne quec’est le monde du travail qui détient la clé d’une limi-tation véritable, progressive et durable de la pauvreté.Ce rapport reconnaît que l’emploi ne se décrète pas,non plus que l’élimination de la pauvreté. Mais dansle même temps, ce rapport semble rejeter la thèseselon laquelle la croissance économique serait néces-saire si l’on veut créer de l’emploi. Ceux qui ont suivila recette qui dit «croissance d’abord, redistributionensuite» l’ont fait sans grand succès, nous dit le rap-port. Et pourtant, on ne voit pas comment un payspeut faire croître l’emploi si ce n’est par le biais de lacroissance économique.

Les pays développés peuvent offrir à leurschômeurs un filet de sécurité, mais paradoxalement,cela peut être synonyme de pauvreté, comme on

entend ce mot normalement. Dans les pays dévelop-pés, la pauvreté est un concept très différent de lamisère dont se préoccupe le rapport.

Pour les pays développés, il est tout à fait faisabled’établir dans le domaine de l’emploi des protectionslégales qui ont pour effet de condamner ceux quin’ont pas de travail à vivoter et à dépendre de l’Etat.Si l’emploi est le seul moyen de sortir de la pauvreté, ilne doit pas être balisé par des restrictions excessives.Lorsque cela se produit, ceux qui ont des emplois àoffrir hésitent à embaucher. Il est alors plus difficiled’aborder les questions de justice sociale dont sesoucie le rapport.

La législation ne peut pas créer des emplois pro-ductifs, elle ne peut que créer avec succès une infras-tructure de soutien. Utiliser une trop grande propor-tion du profit et des recettes à des fins deredistribution nuit à la création de richesses, qui est laseule à pouvoir générer des emplois productifs.

Les gouvernements ne savent pas repérer les ga-gnants. Leur tâche devrait être d’encourager l’activitédes entreprises qui fait croître l’emploi.

Pour éliminer la pauvreté, il faut à la fois des entre-prises et des institutions publiques qui les soutien-nent. Les gouvernements doivent fixer des normesminimales mais ne pas placer la barre si haut queseules les grandes entreprises pourraient espérer lesatteindre. Les gouvernements doivent éviter la tenta-tion de faire du zèle législatif.

Il importe que les conditions de vie s’améliorentpour tout le monde, comme cela est le cas dans lespays développés. Dans ces pays, la pauvreté ne signi-fie pas généralement être privé de l’essentiel, celasignifie le plus souvent un niveau de vie qui estnettement en dessous de la moyenne. Dans le mondedéveloppé, des facteurs sociaux peuvent contribuer àla pauvreté, mais une réglementation trop stricte del’emploi y est également pour quelque chose.

Malheureusement, comme bien des pays dévelop-pés, l’OIT elle-même peine souvent à accepter deslimitations à son activité législative ou quasi législativequi seraient pourtant souhaitables. Par exemple, laconvention révisée sur la protection de la maternitéadoptée il y a trois ans n’a été ratifiée que par quatrepays, dont aucun n’accorde de congé de maternitéaussi généreux que celui qu’accorde la Nouvelle-Zélande.

On aurait pu attendre des pays dont on pensait, àtort en l’occurrence, que leur protection de la mater-nité était meilleure que celle de la Nouvelle-Zélande,qu’ils ratifient rapidement la convention. S’ils ne l’ontpas fait, c’est bien à cause de l’approche contraignantede cette convention.

Les conventions devraient porter sur des principeset laisser aux Etats le soin de définir la meilleuremanière de les mettre en pratique. Une approchecontraignante véhicule un souci d’uniformité, ce quin’est pas praticable et qui de surcroît permet à tousceux qui considèrent que la lettre de loi n’a pas étéobservée de s’en plaindre. Il est compréhensible queles gouvernements souhaitent éviter ce type de diffi-culté même si dans le même temps ils sont tout à faitdisposés à appliquer le principe en question. Leproblème est qu’une approche trop contraignanterend la ratification impossible. Il se peut que le principeen pâtisse lui aussi.

La convention sur la protection de la maternitén’est qu’un exemple parmi d’autres d’une protectionqui n’atteint pas son but. Etablir un rapport entre les

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échanges commerciaux et les normes du travail en estun autre. L’incapacité dans laquelle se trouvent lespays en développement à appliquer des normes quisont en fait eurocentrées nous préoccupe depuis denombreuses années.

En conclusion, une approche contraignante ne peutpas résoudre le problème de la pauvreté. On devraitcomprendre qu’imposer des normes du travail contrai-gnantes émanant du monde développé à des pays quin’ont pas la capacité de les mettre en œuvre ne feraqu’aggraver la pauvreté de leurs citoyens, et il en va demême, et c’est regrettable, pour les pays développés oùl’association de bonnes intentions et de contraintesexagérées débouche trop souvent sur une pénuried’emplois.

Original anglais: Mme SHOULEVA (vice-premièreministre, ministre du Travail et de la Politique sociale,Bulgarie) — Je voudrais tout d’abord, au nom de ladélégation de la République de Bulgarie, féliciter lePrésident ainsi que les Vice-présidents qui ont été élusà l’unanimité à des postes aussi importants. Je voussouhaite un plein succès dans votre tâche.

Le rapport du Directeur général est propre à stimulerl’échange de points de vue et d’opinions sur l’idée que letravail est l’un des principaux moyens de lutter contre lapauvreté. Une analyse détaillée de l’expérience dans cedomaine permet de conclure qu’il conviendrait d’adop-ter tout un ensemble de mesures politiques et économi-ques adaptées aux difficultés auxquelles sont confrontésbon nombre de pays dans le monde.

Le rapport souligne que plus de la moitié de lapopulation des pays en développement et des paysen transition vit dans la pauvreté. Or la Bulgarie estassimilable à une économie de transition.

Le gouvernement bulgare entend transformer radi-calement cet état de fait, un engagement qui apparaîtclairement dans la stratégie pour une politique socialequ’il a adoptée. Cette stratégie introduit en effet unenouvelle approche qui doit permettre de résoudre lesproblèmes sociaux les plus graves de la Bulgarie enharmonisant les politiques économiques, financièreset sociales. Elle a pour but ultime de réduire lapauvreté et de créer des possibilités d’emploi plusnombreuses et plus stables en répondant aux besoinsdu marché du travail. Cette politique vise avant tout àfavoriser l’emploi par la mise en œuvre de mesuresd’intervention directe sur le marché du travail(instauration de programmes de formation destinésaux chômeurs et aux personnes actives et des mesuresd’incitation devant encourager les employeurs àrecruter des personnes qui se trouvent dans unesituation difficile, par exemple).

Pour ce qui concerne le chômage de longue durée,notre programme national intitulé «De l’aide socialeà l’emploi» reflète bien la nouvelle approche adoptéeen vue d’une politique du marché de l’emploi vérita-ble, non plus passive mais active. Il s’agit en d’autrestermes de privilégier non pas le versement passifde prestations et d’indemnités mais l’accès au marchédu travail, ce qui passera par la création d’emploisd’intérêt public. Un autre programme similaire viseà fournir des emplois aux chômeurs qui n’ont pastravaillé suffisamment longtemps pour pouvoir pré-tendre à la retraite. Un autre programme cherche àpromouvoir l’accès à l’emploi des jeunes diplômés.Grâce à ces programmes et à d’autres encore, le tauxde chômage actuel en Bulgarie est le plus bas de cestrois dernières années.

Le rapport du Directeur général note en outre quel’économie informelle favorise la délinquance et lacorruption, ainsi que la création d’un marché dutravail «gris». Il nous faut encore faire face à ce défiparticulier. Nous avons décidé qu’il était essentield’agir sans retard pour mettre fin à une pratiquegénéralisée chez les employeurs, qui ne contrac-tent qu’une assurance minimum pour leurs em-ployés. Nous sommes maintenant parvenus à l’issuede négociations avec les partenaires sociaux, àarrêter des seuils d’assurance minima par secteuret par profession, ce qui a permis d’augmenter lesrecettes de l’Institut national de sécurité sociale etd’améliorer la situation des travailleurs en matière deretraite.

Notre gouvernement a introduit tout un ensemblede mesures, visant à appuyer les employeurs et pro-mouvoir l’emploi, mesures qui ont permis d’améliorerla situation de groupes vulnérables.

Je voudrais souligner dans le peu de temps qui mereste que la lutte contre la pauvreté est un souci pre-mier pour notre gouvernement. La Banque mondialeet le ministère du Travail et de la Politique sociale ontlancé conjointement un projet relatif à la lutte contrela pauvreté.

Je souscris pleinement au passage du rapport quidit que le dialogue social a joué un rôle clé dans lacréation des conditions nécessaires à l’expansion despossibilités de travail décent en tant que préalable àl’avènement d’une société sans exclusive et à l’amé-lioration des conditions de vie. La Bulgarie va mettresur pied très bientôt un conseil économique et socialchargé d’œuvrer pour un dialogue fructueux entre lespartenaires sociaux et les ONG.

La lutte contre l’extrême pauvreté exige des politi-ques qui tiennent compte de tous les aspects de la viedes personnes ciblées. Le sujet principal du rapport etses conclusions nous encouragent à mettre en œuvreles programmes d’action recommandés pour réduirela pauvreté par le biais du travail décent.

Original arabe: M. GUIDER (représentant, Orga-nisation arabe du travail) — Au nom de Dieu,Clément et Miséricordieux, j’ai tout d’abord le plaisirde féliciter le Président pour la confiance de la Confé-rence qui l’a élu Président de la présente session. Al’Organisation arabe du travail, nous suivons avecbeaucoup d’intérêt les activités et les programmesréalisés par l’Organisation internationale du Travaildurant la période écoulée. Et, à cette occasion, j’ai leplaisir de présenter mes félicitations au Directeur gé-néral, M. Juan Somavia, en lui souhaitant plein succèsdans la poursuite de ses efforts pour réaliser leprogramme d’action annoncé. Nous espérons que larégion arabe bénéficiera d’une part accrue desprogrammes et des activités pour répondre auxbesoins des partenaires sociaux dans la région.

Il y a lieu de souligner que le rapport du Directeurgénéral sur la relation entre le travail décent et la ré-duction du chômage et de la pauvreté traite d’un phé-nomène social en extension, et nous souhaitons queles idées et propositions qui y figurent se concrétisentdans les faits, dans notre monde contemporain.

De même, nous trouvons dans le rapport sur l’éga-lité dans le monde du travail afin d’éliminer la discri-mination dans l’emploi et la profession, le fruit ducombat mené par l’Organisation au cours des annéespassées pour la lutte contre ce phénomène, et enparticulier dans les régions où les travailleurs arabes

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migrants souffrent de la discrimination et de l’inégalitéà cause d’opinions racistes erronées. Je pense aussiaux souffrances subies chaque jour par nos tra-vailleurs en Palestine, au Golan syrien et dans lesfermes de Chebaa au Sud-Liban. Ainsi à l’OAT, noussoutenons les objectifs nobles soulignés dans lerapport pour la promotion de l’égalité dans le mondedu travail.

A propos de ce rapport, nous soulignons deuxpoints essentiels. Premièrement: nous sommes pro-fondément étonnés que le rapport, pour la premièrefois, emploie l’appellation «pays de l’Afrique du Nordet du Moyen-Orient» au lieu de «pays arabes». Ce quinous amène à poser des questions qui nécessitent uneréponse convaincante à ce sujet.

Deuxièmement, nous demandons à cette tribunequi s’intéresse à l’égalité, à la non-discrimination etaux principes et normes du travail humanitaire, quel’Organisation internationale du Travail prenne posi-tion en envoyant une mission d’enquête sur les licen-ciements de travailleurs en Iraq, où le nombre deslicenciés a atteint 500 000, ce qui signifie l’existenced’un demi-million de familles sans revenu ni subsis-tance, alors que nous savons tous que c’est là unbesoin indispensable pour l’individu et la famille.

Le village mondial, le nouvel ordre mondial: cesont là des termes et expressions répandus depuis lesannées quatre-vingt-dix, et qui reflétaient une visionoptimiste à l’aube du siècle futur. Chacune de cesidées a donné l’impression qu’on se rendra enfincompte que nous sommes une seule famille. Malheu-reusement, il est devenu clair que nous n’avons pasouvert la voie à un monde exempt de racisme, de fa-natisme et de positions à courte vue. Nous sommes, eneffet, revenus à la loi de la jungle et au règlement desquestions par la guerre, l’agression et la falsificationdes réalités, créant de faux prétextes afin de réaliserdes gains économiques en faisant fi de l’humanité del’individu, de ses croyances et de sa liberté sociale. Cequi se passe dans le monde aujourd’hui a laissé beau-coup de penseurs douter de l’efficacité des institu-tions internationales. Le fondement d’une politiquemondiale efficace du travail a totalement changé et lacapacité des organisations de maîtriser les événe-ments ne dépend plus de leur pouvoir d’influencecomme c’était le cas dans le passé.

Nous sommes convaincus que pour assurer lapérennité des organisations internationales, ycompris l’Organisation internationale du Travail, ilest nécessaire de construire un ordre mondial com-plémentaire couvrant le monde entier et protégeantaussi bien les Etats que les individus, un ordremondial honnête, honorable, ne faisant pas deuxpoids et deux mesures, et dans lequel il ferait bon vivre.

Original anglais: M. GONZI (Vice-premier Minis-tre, ministre de la Politique sociale, Malte) — Permet-tez-moi avant toute chose d’exprimer les félicitationsde mon gouvernement au Directeur général non seu-lement à l’occasion de sa réélection pour un nouveaumandat de cinq ans à la tête de l’Organisation interna-tionale du Travail, mais tout particulièrement pour lamanière très inspirée dont il a conduit cette Organisa-tion au cours de son mandat précédent.

Je peux simplement dire que son leadership sefonde sur des valeurs, tout particulièrement celle del’inclusion sociale au nom de laquelle nous luttonspour une forme de progrès qui ne laisse personne enmarge.

Tel est le message clair qui ressort de l’ordre dujour de la 91e session de la Conférence, ainsi quedu rapport que nous a présenté le Directeur général.

Notre ordre du jour couvre tout un éventail deproblèmes traitant de l’inclusion sociale, un ordre dujour qui propose un nouveau plan de lutte contre lapauvreté dans le monde, de nouvelles formes detravail et des mesures permettant d’améliorer la sécu-rité de l’emploi, de mettre un terme au travail forcé, etde lutter contre la discrimination sur le lieu de travail.Permettez-moi de revenir sur trois de ces points.

Tout d’abord, le gouvernement de Malte fait sienl’essentiel du message du Directeur général, à savoirque l’on ne peut s’affranchir de la pauvreté que par letravail. Il est certain qu’aucune législation ne peutéradiquer à elle seule la pauvreté, mais l’éducation lepeut. Les investissements dans les écoles et dans desinfrastructures scolaires adéquates sont des élémentscruciaux qui sans aucun doute amèneront un change-ment des niveaux de pauvreté que l’on rencontre en-core dans le monde. Je lance donc un appel urgent à laConférence pour qu’elle garde cette perspective àl’esprit dans les efforts qu’elle fait afin d’aller del’avant dans ce domaine.

Je voudrais ensuite évoquer la nécessité d’un inves-tissement dans l’apprentissage tout au long de la vie.Cela concerne la formation et le développement desressources humaines dans une économie mondialequi demande une capacité à réagir aux changementsqui s’opèrent à un rythme extrêmement rapide. Maltea une économie insulaire et elle adhérera à l’Unioneuropéenne le 1er mai 2004. Cela nous ouvre des pos-sibilités qui ne peuvent être réalisées qu’en étantMembre. Toutefois, notre histoire nous a enseignéune leçon très simple: notre progrès économique etsocial ne peut se faire que si nos ressources humainessont à même de répondre au scénario technologiqueet économique permettant la création d’emplois.

Mais cela ne peut se faire que si des efforts concer-tés sont faits pour investir dans la mise en valeur et laformation tout au long de la vie de nos travailleurs.Certes, il est important pour moi de souligner que ceteffort doit être un effort tripartite où chaque partenai-re social à un rôle vital à jouer.

Le troisième point a trait au champ d’applicationde la relation de travail et à la santé et la sécurité autravail. Je suis heureux à ce propos de pouvoir vousdire qu’au cours de ces cinq dernières années, mongouvernement, avec la contribution précieuse de nospartenaires sociaux, est parvenu à établir un nouveaucadre législatif pour l’emploi et les relations indus-trielles, l’égalité des sexes, les systèmes de coopérati-ves de travail, la discrimination, la santé et la sécuritéau travail, sans oublier le dialogue social. Ce proces-sus s’est déroulé sur une période de temps très courteet nous sommes conscients qu’il faut un temps d’adap-tation pour maîtriser le processus de mise en applica-tion de modifications législatives aussi profondes.

Il nous faut maintenant entrer dans la phase deconsolidation. Cela permettra de mieux comprendreles responsabilités respectives et d’instaurer un dialo-gue social plus nourri et un processus décisionnel tri-partite. Nous nous attendons également à une partici-pation meilleure et plus étendue de la société civile.

Je conclurai en faisant une simple déclaration: ledialogue social concerne la gouvernance, la pauvretéest elle aussi intimement liée à la gouvernance. Noussommes tous confrontés aux mêmes défis car le travailest le premier mécanisme pour combattre l’exclusion

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sociale et le dénuement. Le travail restaure la dignitéet encourage l’indépendance et l’interdépendance.Même dans ce domaine il existe des problèmes spéci-fiques: la participation accrue des femmes dans l’éco-nomie productive, la réhabilitation par le travail deceux qui ont été au chômage pendant de longues pé-riodes, les handicapés et les personnes qui souffrentde problèmes mentaux, le problème des inégalitésface à l’informatique et celui de la réduction desinégalités de rémunération.

La Conférence nous offre une excellent plate-forme, pas seulement pour discuter des problèmes,mais aussi pour découvrir des solutions.

Original arabe: M. AL MANA (délégué des em-ployeurs, Qatar) — Au nom de Dieu, Clément etMiséricordieux, que la paix de Dieu soit avec vous.

Je voudrais tout d’abord, au nom des employeursdu Qatar, féliciter le Président pour son élection à latête de cette Conférence. C’est un plaisir pour moi deprendre part à cette Conférence en tant que présidentde la Chambre de commerce et d’industrie du Qatarqui représente les employeurs de tous les secteurs.

C’est un honneur pour moi de participer au côtéd’autres délégués aux discussions des sujets relatifs àtous les secteurs du travail. Le travail est le moyend’assurer la survie de l’être humain, but que recher-chent les travailleurs et les employeurs.

L’attention est désormais accordée à l’améliorationdes niveaux de vie de tous les individus en améliorantleurs conditions de travail et leurs revenus.

La législation relative aux droits des individus et àl’organisation des relations entre travailleurs et em-ployeurs a permis de protéger les droits de chacunedes deux parties.

Au Qatar, la promulgation de la Constitution, sousl’égide de Son Altesse Sheik Hamad Ben Kalifa al-Thani, prince du Qatar, a instauré les fondements dela justice au sein de la société. En effet, la constitutiongarantit les droits des individus et affirme l’égalitéentre l’homme et la femme et le droit de la femmede travailler à côté de l’homme dans beaucoup desecteurs; elle met l’accent sur l’éducation et en faitune priorité pour l’Etat.

L’exercice de la démocratie qui commence à seconcrétiser dans l’Etat du Qatar grâce notammentaux élections du Conseil municipal central, a permisl’instauration d’un dialogue social et la proposition desolutions aux questions d’intérêt populaire.

Je voudrais affirmer que l’Etat du Qatar accordeune grande importance au secteur privé et compte surlui dans le processus de développement global queconnaît le pays à l’heure actuelle. Le secteur privé estfortement encouragé par l’Etat. De son côté laChambre de commerce et d’industrie du Qatardéploie des efforts intenses afin de préserver les avan-tages du secteur privé, de chercher à les augmenteret d’encourager ce secteur à se développer dans lesdomaines des petites et moyennes industries.

Accorder de l’intérêt au secteur privé signifieattacher de l’importance aussi bien aux intérêts desemployeurs que des travailleurs. C’est ainsi que lesaffaires dans le secteur privé attirent un bon nombrede travailleurs ce qui a pour conséquence de créerdes emplois et de réduire, le chômage à son plus basniveau. Tout cela se répercute sur la situation écono-mique générale et le niveau de revenu par habitant.

Je voudrais souligner que la Chambre du commer-ce et d’industrie du Qatar suit avec intérêt les activités

de l’OIT, et plus particulièrement celles relatives ausecteur privé, à son rôle dans le développement etdans la création d’emplois et à l’extension des possibi-lités de travail pour les femmes.

Nous espérons renforcer la collaboration avecl’Organisation et tirer profit de son expérience dansces domaines.

Par ailleurs, l’Etat du Qatar respecte tous les ins-truments internationaux, et plus particulièrementceux relatifs aux droits de l’homme. Il s’agit là encorede la preuve qu’il assure la protection de l’individuquelles que soient son appartenance religieuse etses croyances. La Constitution garantit d’ailleurs lerespect de tous ces droits.

Enfin, je voudrais vous dire qu’au Qatar nous atta-chons une grande importance aux droits des indivi-dus. Nous assistons nos frères dans touts les pays envue de la protection de ces droits. Nous sommes con-tre la discrimination raciale sous toutes ses formes etcontre l’exploitation des individus dans tous les pays,et plus particulièrement l’exploitation des enfants.

Je vous remercie de votre attention et souhaiteplein succès à cette Conférence et que la paix de Dieusoit sur vous.

Original anglais: Mme FENTON (déléguée des tra-vailleurs, Nouvelle-Zélande) — Au nom de la déléga-tion des travailleurs de Nouvelle-Zélande, je tienstout d’abord à féliciter le Président et le Vice-prési-dent pour leur élection. Je me réjouis de pouvoirm’exprimer sur l’excellent rapport du Directeur géné-ral. Je souscris entièrement aux vues exprimées àla page 13 concernant la nécessité de renforcer lesprincipes et droits fondamentaux au travail et le dialo-gue social, de consolider le pouvoir de négociation destravailleurs pauvres et de favoriser l’égalité entrehommes et femmes.

Le Conseil des syndicats de Nouvelle-Zélandeattache un très grand prix aux activités de l’OIT. Il estcapital pour les syndicats de pouvoir s’appuyer surcette organisation tripartite qui élabore des conven-tions, propose des orientations sur des sujets fonda-mentaux ainsi que des analyses permettant decomprendre le fonctionnement des marchés du travaildans un monde de plus en plus intégré. Mes proposporteront aujourd’hui sur l’une des conventions del’OIT.

L’an dernier, au mois de décembre, le gouverne-ment néo-zélandais a annoncé qu’il ratifierait en 2003la convention (nº 98) sur le droit d’organisation et denégociation collective, 1949. Notre ministre du Tra-vail avait à cette occasion déclaré qu’une telle ratifica-tion était possible parce que la loi sur les relationsprofessionnelles consacre le droit des employés à sesyndiquer et favorise la négociation de contratscollectifs d’emploi. Je partage ce point de vue etme félicite de la ratification de cette très importanteconvention.

La Confédération internationale des syndicats li-bres, dans une analyse récente sur les normes fonda-mentales du travail en Nouvelle- Zélande, a noté quela législation actuelle — notamment la loi sur les rela-tions professionnelles que je viens d’évoquer —présente plusieurs lacunes, notamment en ce quiconcerne le droit de grève, la protection des grévistescontre toute forme de discrimination et la promotionde la négociation collective.

Le gouvernement travailliste de Nouvelle-Zélandea entrepris la révision de la loi sur les relations profes-

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sionnelles. Lors de son élection, le parti travaillisteavait annoncé l’an dernier que l’objectif principal decette révision serait de promouvoir la libre associa-tion des travailleurs et la négociation collective, quin’étaient alors que simplement tolérées.

Cette révision a pour objectif de régler un certainnombre de questions, notamment celle de savoir s’ilconvient de renforcer le cadre administratif en vue defaciliter les négociations collectives avec plusieursemployeurs, en particulier lorsque la taille des entre-prises, dans certains secteurs d’activité, rend ces négo-ciations inefficaces, ainsi que celle qui concerne la va-lidité des dispositions de la loi sur les relationsprofessionnelles visant à empêcher la prise de mesu-res tendant à contrecarrer ou à éviter le recours à lanégociation collective.

La réalité est la suivante: bien que notre législationactuelle favorise la bonne foi et la négociation collec-tive, elle n’a prévu ni les sanctions ni les mesures quipermettraient un véritable progrès; de ce fait, les con-ventions collectives ne touchent encore que 15 pourcent des travailleurs.

Dans notre pays, les problèmes qui entravent lefonctionnement du marché du travail datent de 1991,année où a été introduite la loi sur les contrats d’em-ploi. En effet, du jour au lendemain, cette loi a suppri-mé un système soigneusement élaboré de sentencesarbitrales qui assuraient un salaire et des conditionsde travail minima, sur la base d’une couverture défi-nie par profession et par secteur.

Il est depuis longtemps évident que la nouvelle loisur les relations professionnelles — qui repose surd’excellents principes tels que la bonne foi et la pro-motion des conventions collectives — aura fort à fairepour assurer aux travailleurs un niveau de protectionanalogue à celui dont ils bénéficiaient dans le cadre del’ancien système de sentences arbitrales. Nous devonstoutefois veiller à la réalisation concrète des objectifsqui inspirent cette loi.

Je me félicite donc aujourd’hui de ce que notregouvernement ait ratifié la convention no 98, carcela constitue la preuve de son attachement au res-pect des droits des travailleurs et de sa déterminationà aider les travailleurs à s’organiser et à mener desnégociations collectives. Le Conseil des syndicats vacollaborer avec le gouvernement et les employeurspour la mise en œuvre effective de cette convention enAotearoa (Nouvelle-Zélande).

Original espagnol: M. ARTHUR ERRAZURIZ(délégué des employeurs, Chili) — Tout d’abord, aunom de la délégation des employeurs du Chili, j’aime-rais transmettre au Président et aux délégués desgouvernements, des travailleurs et des employeurs lessalutations des entrepreneurs du Chili.

J’aimerais profiter de cette occasion pour féliciterle Directeur général, M. Somavia, mon compatriote,pour sa réélection au poste de Directeur général.

Pour notre délégation, une fois de plus, cette confé-rence est l’occasion unique d’aborder et de débattrede questions du travail, importantes pour les tra-vailleurs et les entrepreneurs qui participent à l’activitéproductive quotidienne de chacun de nos pays.

Nous avons jugé opportun d’évoquer brièvement laquestion de la discrimination dans l’emploi et ses con-séquences sur la création de débouchés pour l’emploi,la liberté d’embauche, la réduction de la pauvreté etle travail décent. Toutes ces questions font l’objet depoints à l’ordre du jour de la Conférence, des rapports

précédents du Directeur général et de celui qu’il asoumis à la présente session.

L’époque actuelle nous impose un besoin fonda-mental, à savoir de faire en sorte que nos pays s’insè-rent le mieux possible dans un monde globalisé danslequel le développement et l’augmentation de laproductivité constituent des instruments importantsdont l’objectif principal doit être l’amélioration de laqualité de vie de tous nos peuples.

Pour relever de manière appropriée ce défi, il estnécessaire de dépasser les structures anciennes baséessur l’antagonisme entre les travailleurs et les em-ployeurs, des structures qui avaient une raison histori-que mais qui sont totalement dépassées aujourd’hui.

Elle ont fait place à une relation beaucoup plusharmonieuse dans laquelle la collaboration entre tra-vailleurs et employeurs s’est améliorée.

Ainsi, il est indispensable que l’on évite decontinuer à créer des discriminations arbitraires dansl’emploi. En particulier, il est important de ne paspermettre qu’au nom de certains types de discrimina-tion négative on exclue ce droit essentiel qu’est laliberté de recrutement, parce que cela génère égale-ment des inégalités, ce qui à son tour affecte l’égalitédes chances d’accès à l’emploi et aggrave le cerclevicieux de la pauvreté ainsi que la perte d’efficacitéet de productivité.

Il est très rare de trouver un code du travail qui necontienne pas de dispositions interdisant la discrimi-nation fondée sur l’âge, le sexe, la religion, la race oul’opinion politique. Toutefois, bien souvent, ces dispo-sitions restent une déclaration d’intention que le restedes articles des codes du travail se chargent d’annuler.

La principale source de discrimination dans l’em-ploi n’est pas la conduite des employeurs, comme larédaction de ces dispositions le suggère, mais unensemble de prescriptions légales qui, sous une appa-rence de protection du droit des travailleurs, impo-sent des structures tellement rigides qu’elles laissent àl’extérieur du système de grands groupes de la société.

C’est le cas, par exemple, quand on fixe des condi-tions minimales excessives dans des domaines commela journée de travail ou le salaire minimum, qui nedonnent pas la possibilité aux jeunes ou aux femmes,ou aux personnes qui ont des restrictions de temps enraison d’autres obligations inéluctables, d’occuper deleur plein gré des emplois adaptés à leurs disponibili-tés ainsi qu’à leurs qualifications. J’en veux pour seulepreuve les chiffres du chômage des jeunes.

Nous devons améliorer l’intégration des exclusdans le secteur productif. Nous ne pouvons continuerà connaître une croissance macroéconomique impor-tante, alors qu’un grand nombre de personnes sontexclues par la législation du travail qui, paradoxale-ment, prétend les protéger.

La présentation prochaine au Congrès national parle gouvernement d’un important projet de loi, quireconnaît le problème que constitue la croissancesans exclusion, suscite cependant en nous beaucoupd’espoir.

Le projet vise à adapter la législation aux réalitésactuelles, en protégeant le droit au travail digne etdécent, tout en préservant la liberté de recrutementcomme manifestation de l’autonomie de la volontédes personnes, qui sont en droit de choisir les condi-tions de travail qui correspondent le mieux à leursbesoins.

Des initiatives comme celle-ci nous rappellentqu’en fin de compte nous sommes tous égaux, et s’il

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est vrai que l’Etat doit faciliter de bonnes relations detravail, c’est à l’individu qu’il appartient de décidercar c’est lui qui connaît le mieux ses besoins et ses dé-sirs propres.

Dans un autre mode d’idée, et comme présidentde la Fédération internationale des administrateursde fonds de pension, qui réunit 24 pays qui ontremplacé les systèmes de retraite par répartition pardes systèmes par capitalisation individuelle, je nesaurais manquer d’évoquer l’apport que ces réformesont fait à la croissance économique des pays quiles ont adoptées, thème qui a disparu du débat.

Les dividendes élevés des fonds de pensionnon seulement assurent de meilleures retraites auxtravailleurs affiliés, mais aussi, parce qu’ils sont inves-tis dans les secteurs économiques qui ont le plus grandpotentiel dans chacun de nos pays, contribuent defaçon décisive à la croissance économique du pays et,par conséquent, à l’amélioration du niveau d’emploi.

Pour finir, je souhaite exprimer toute notre satisfac-tion pour l’excellent travail qui s’effectue au coursde cette Conférence. Nous espérons que les séancesrestantes seront tout aussi fructueuses que cellesqui sont déjà passées, afin que l’OIT continue às’acquitter pleinement du rôle important qui lui a étéassigné par ses Etats Membres.

Original turc: M. KILIC (délégué des travailleurs,Turquie) — Au début de mon intervention je voudraisféliciter le Président de la Conférence de son élection.Je voudrais également féliciter le Directeur généralpour ses activités couronnées de succès ainsi que poursa réélection à ce poste important.

Le rapport soumis par le Directeur général à laConférence indique la solution à apporter aux problè-mes croissants de la pauvreté et du chômage dans leprocessus de mondialisation. Je le remercie d’ailleursde ce rapport. La pauvreté, où qu’elle soit, constitueune menace à la prospérité. Des individus heureux nepeuvent survivre dans des sociétés qui ne sont pasheureuses. Les gouvernements, dans leur lutte contrela pauvreté, devraient s’acquitter de leurs responsabi-lités et créer des possibilités de travail décent.

Les pays développés ont également des responsabi-lités importantes à cet égard. Le pouvoir des sociétéstransnationales qui portent une lourde responsabilitéen ce qui concerne la pauvreté dans le monde, devraitêtre limité. Le Fonds monétaire international, laBanque mondiale et l’Organisation mondiale ducommerce devraient être démocratisés. Et l’ondevrait s’assurer que ces institutions œuvrent dansl’intérêt de l’humanité tout entière. Un effort particu-lier devrait être fait pour résoudre le problème dans ledomaine de la sécurité et de la santé des travailleurs,un problème créé par la mondialisation pour servir lesintérêts financiers des transnationales.

Le chômage augmente dans le monde et en Tur-quie. Cette augmentation est largement imputableaux privatisations, dépourvues de dimension socialeet humaine. En dépit de la croissance économique,l’injustice sociale, la pauvreté et le chômage ne ces-sent de gagner du terrain. La croissance économiquedevrait s’obtenir d’une manière qui assure le bien-être des hommes.

L’aggravation du chômage donne l’occasion de fou-ler au pied les droits des travailleurs et de démantelerl’Etat social. Ces initiatives portent atteinte auxéquilibres sociaux et au dialogue social dans les paysconcernés. Les gouvernements devraient honorer

leurs promesses vis-à-vis de l’électorat et ne pas créer«du travail à n’importe quel prix», mais plutôt offrirdes possibilités de travail décent.

La masse laborieuse turque croit dans le dialoguesocial. Toutefois, le nouveau Code du travail, qui a étépromulgué le 22 mai 2003, n’a pas été adopté sur labase d’un consensus. Sous le prétexte d’introduire dela flexibilité dans le monde du travail, les droits acquisdes travailleurs ont été amendés dans l’intérêt desemployeurs. Si la flexibilité conduit à des pratiquespréjudiciables aux travailleurs, il pourrait en résulterdes troubles sociaux au travail et dans la société.Nous serons attentifs à l’application de ce code etnous recourrons aux possibilités légales et au dialo-gue social pour venir à bout des problèmes qui seposeront.

J’attends donc l’entrée en action effective descommissions de consultation tripartites, en vertu del’article 114 du nouveau Code du travail. Le ministredu Travail et de la Sécurité sociale a manifesté jusqu’àprésent sa bonne volonté en matière de dialoguesocial.

Je pense que le dialogue social, qui a été ignoré parsuite de pressions diverses, devrait être ravivé et quela même bonne volonté devrait être démontrée pourrésoudre les problèmes qui pourraient se présenterlors de la mise en application du code. Le Directeurgénéral a également noté dans son rapport que l’orga-nisation démocratique des travailleurs devrait êtreassurée. Je demande donc que soient prises les dispo-sitions nécessaires pour aligner notre législation dutravail sur les conventions ratifiées de l’OIT afin quesoient octroyés aux fonctionnaires tous les droitsstipulés dans la convention (nº 87) sur la liberté syndi-cale et la protection du droit syndical, et dans laconvention (nº 98) sur le droit d’organisation et denégociation collective.

Je demande instamment également que lesactivités que le bureau de l’OIT en Turquie mène avecsuccès soient appuyées par de nouveaux projets decoopération technique et de formation du Bureauinternational du Travail.

Mon pays est confronté à un autre problème impor-tant, à savoir celui des arriérés de rémunération.Les arriérés des membres du Belediye-I dépassent100 millions de dollars E.-U. Dans les secteurs privéet public, certains établissements ne versent plus lessalaires et rognent sur les avantages. Il en résulte destroubles sociaux. Je demande donc que ces salairessoient payés dans les meilleurs délais.

Le dernier sujet que je voudrais aborder porte surune décision importante adoptée par les Pays-Bascontre les intérêts des travailleurs turcs à la retraite.Les Pays-Bas ont mis un terme au paiement desprestations supplémentaires aux travailleurs turcs quisont au bénéfice d’une prestation d’invalidité et sontinstallés en Turquie, et ce en violation avec la conven-tion (nº 118) sur l’égalité de traitement (sécuritésociale) de l’OIT. Je pense que l’OIT devrait s’oppo-ser à cette violation.

Le peuple turc de travailleurs veut la paix dans lemonde, et je souhaite que le peuple irakien puissedéterminer démocratiquement son avenir dans lesmeilleurs délais et que lui soient garantis les droits destravailleurs et les droits et libertés syndicaux, confor-mément aux principes et Conventions de l’OIT.Le peuple turc de travailleurs qui a une grande expé-rience dans ce domaine, est prêt à apporter la contri-bution nécessaire.

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Original anglais: M. MAMMADOV (délégué desemployeurs, Azerbaïdjan) — Je vous salue au nom dela Confédération nationale des organisations d’em-ployeurs d’Azerbaïdjan. Je souhaite plein succès àcette 91e session de la Conférence internationale duTravail et exprime toute notre gratitude pour tous lesefforts accomplis par le Directeur général du BITpour préparer son rapport de cette année, qui a pourthème l’un des principes fondamentaux de l’OIT: l’éli-mination de la discrimination dans l’emploi et la pro-fession. Je voudrais aussi féliciter l’OIT pour lacampagne qu’elle a menée afin d’éliminer la discrimina-tion dans l’emploi et la profession, et de promouvoirl’égalité entre les sexes ainsi que pour ses program-mes spéciaux visant à entreprendre des activités desensibilisation, à renforcer les connaissances et lescompétences et faciliter le dialogue social, afin detrouver une solution aux problèmes liés à l’égalitéentre les sexes.

A l’instar des autres pays de la CEI, l’Azerbaïdjana atteint un stade historique et déterminant dans sonprocessus de transition et de développement. La tran-sition présente un certain nombre d’aspects négatifstels que la réduction des revenus, l’augmentation duchômage, l’affaiblissement de l’aide sociale et de lasécurité qui frappent indifféremment hommes etfemmes. Par suite du passage à l’économie de marché,les changements politiques fondamentaux qui se sontopérés aux niveaux social et économique ont influésur les hommes et les femmes de manière différente.L’intégration des questions d’égalité devient unequestion importante pour le bien-être et les condi-tions de travail décentes des hommes comme desfemmes, qui doivent partages des intérêts communsdans les domaines social et du travail, et éliminertoute discrimination dans l’emploi et la profession.

La pauvreté est liée à des problèmes économiquesd’emploi. L’éradication de la pauvreté par l’emploiexige que l’on supprime les inégalités entre les sexeset que l’on favorise l’égalité des droits des hommeset des femmes au travail. La promotion de l’égalitéentre les sexes dans le monde du travail demande unenvironnement propice pour que chacun puisse jouirde ses droits.

En Azerbaïdjan, l’égalité est garantie par la consti-tution et la cause de l’égalité y est défendue depuisfort longtemps. La Constitution nationale, le Code dutravail, la loi sur l’emploi et d’autres dispositions lé-gislatives garantissent l’égalité des droits entre fem-mes et hommes dans les domaines de l’emploi et de laprofession, dans l’éducation et dans d’autres secteurs.

En tant qu’organisation patronale de l’Azerbaïd-jan, nous voulons créer et maintenir un emploiproductif pour contribuer à réduire le chômage et lapauvreté. Les employeurs de notre pays respectent lesprincipes fondamentaux de l’OIT et reconnaissent laliberté syndicale et les droits de négociation collecti-ve, l’élimination de toutes les formes de travail forcéou obligatoire, l’abolition effective du travail desenfants et l’élimination de la discrimination dansl’emploi et la profession.

La Confédération nationale des organisationsd’employeurs d’Azerbaïdjan a établi une collabora-tion avec l’OIT depuis 1999 et bénéficie depuisd’un certain nombre d’activités visant à renforcer lesorganisations patronales azerbaïdjanaises. Cette trèsbonne coopération avec l’OIT s’est soldée par lasignature d’un accord tripartite entre le gouverne-ment et les syndicats et a contribué au développement

du dialogue social dans le pays. Le programme depromotion des PME pour 2003-2005, récemmentadopté par décret du Président de l’Azerbaïdjan,fournit une bonne base pour le développement desPME en tant que source importante de croissanceéconomique.

En tant qu’organisation patronale, nous avonscompris que l’augmentation des activités d’entreprisedes femmes constitue non seulement un moyen im-portant de réduire la pauvreté et de créer des emplois,mais aussi un outil efficace de croissance et de viabili-té économique.

Grâce au WED, au Bureau de l’égalité entrehommes et femmes à Genève, et au bureau deMoscou, nous avons lancé le projet régional sur ledéveloppement de l’esprit d’entreprise chez les femmes,par l’intermédiaire d’organisations patronales enAzerbaïdjan et en Géorgie, ce qui nous permettrad’évaluer la situation dans ce domaine.

En conclusion, je voudrais présenter quelques sug-gestions de la part de notre confédération patronalequi pourrait renforcer notre coopération avec l’OIT:une aide à l’élaboration de politiques sur l’égalité deschances dans l’emploi à l’intention des employeursafin d’accroître la productivité de la main-d’œuvre; unappui aux organisations patronales pour qu’elles en-couragent les femmes entrepreneurs en Azerbaïdjan,et l’intégration du projet OIT/WED en Géorgie et enAzerbaïdjan dans d’autres projets exécutés dans cedomaine; l’organisation de séminaires pour les em-ployeurs dans des entreprises multinationales pour cequi concerne la réglementation des relations profes-sionnelles et de la négociation collective au niveau del’entreprise; l’organisation de séminaires pour renfor-cer le dialogue social et promouvoir des mécanismesefficaces de consultation tripartite; enfin, des atelierset une formation pour la mise sur pied d’un systèmede santé et de sécurité au travail dans notre pays.

Je voudrais souligner une fois encore l’importancede l’égalité dans l’emploi et la profession et son inci-dence sur le développement économique durable.

(M. Noakes prend place au fauteuil présidentiel.)

Original anglais: M. AHMAD (délégué des tra-vailleurs, Pakistan) — Au nom des travailleurs duPakistan, j’ai le grand plaisir de féliciter le Présidentet les Vice-présidents à l’occasion de leur élection.Nous transmettons les salutations fraternelles de ladélégation des travailleurs à tous les délégués.

Nous apprécions vivement le rapport du Directeurgénéral S’affranchir de la pauvreté par le travail etnous voulons également le féliciter de sa réélection.Nous espérons que les objectifs de cette grande orga-nisation seront atteints.

Le rapport examine la situation relative à lapauvreté et au chômage dans le monde; ainsi, plusd’un milliard de personnes ont moins d’un dollar parjour pour vivre et beaucoup plus vivent en dessous duseuil de pauvreté dans des conditions d’extrêmedénuement. Le taux de chômage est très élevé etle fossé entre pays riches et pays pauvres se creuse,comme il est indiqué à la page 7.

En 1960, le revenu du cinquième de la populationmondiale le plus riche était trente fois supérieur à ce-lui du cinquième le plus pauvre. En 1999, le rapportétait de 74 à 1. Les ressources, au lieu d’être achemi-nées vers les pays en développement, en sont retiréespour être orientées vers les pays développés. Vingt

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pour cent des plus nantis détiennent 86 pour cent dela richesse du monde et une action internationales’impose pour atteindre des objectifs minimaux etun commerce équitable pour l’allègement de la dettepour permettre aux pays en développement de traiterla question de la réduction de la pauvreté au lieud’être contraints d’appliquer constamment des mesu-res de déréglementation, des ajustements structurelset des privatisations, tout en ouvrant leurs marchés(sur l’ordre de l’OMC) sans protection sociale appro-priée.

Le transfert de technologie est également essentielet nous soutenons le Fonds de solidarité socialemondiale qui est proposé. Les dépenses d’armementdoivent être réaffectées au développement social etéconomique et à la lutte contre le VIH/SIDA.

Je dis cela car la Déclaration de Philadelphie dispo-se que la pauvreté, où qu’elle existe, constitue undanger pour la prospérité de tous. Une action doitêtre entreprise au niveau des pays pour promouvoir ledéveloppement et la mise en valeur des ressourceshumaines qui doivent correspondre aux besoins dumarché du travail. Des alliances stratégiques sontnécessaires entre les divers secteurs de l’économie,grâce au dialogue social, et en respectant les conven-tions de l’OIT qui protègent les travailleurs, en vuede promouvoir le développement industriel et desrelations professionnelles cordiales, et au bout ducompte, de combler le fossé entre riches et pauvres.Notre objectif doit être d’abolir le féodalisme, de pro-mouvoir l’égalité entre hommes et femmes, d’élimi-ner le travail des enfants et d’améliorer la protectionsociale.

Au Pakistan, nous avons réussi à réduire dans unecertaine mesure la pauvreté. En Asie du Sud-Est,40 pour cent de la population vit en deçà du seuil depauvreté, ce qui réclame une action tripartite. Nousavons tenu des réunions tripartites qui ont pris desrecommandations détaillées concernant l’atténuationde la pauvreté.

Le gouvernement nouvellement élu s’est d’ailleursengagé à réduire la pauvreté. Nous espérons que legouvernement, qui a promulgué en 2002 une ordon-nance antérieure sur les relations professionnelles,respectera ses obligations internationales et ouvrira lavoie au dialogue.

Des mesures ont été prises pour promouvoirl’emploi.

Le gouvernement a récemment annoncé l’affecta-tion de nouveaux fonds à la promotion de l’emploi.

Dans une économie qui se mondialise, les relationsbilatérales sont nécessaires également pour promou-voir l’emploi, éliminer la pauvreté et mettre en valeurles ressources humaines. Nous apprécions et soute-nons le travail de l’OIT dans les domaines de laformation, de l’éducation ouvrière, de la protectionsociale, du dialogue social, de la santé et de la sécuritéau travail et de l’égalité entre hommes et femmes.Nous apprécions également le travail du bureaurégional de l’OIT pour l’Asie et le Pacifique et dubureau d’Islamabad et nous espérons que l’OITpoursuivra ses efforts dans tous les pays de larégion, y compris le Pakistan pour traiter de cesquestions.

L’objectif du travail décent ne peut être atteintque grâce à une action nationale et internationale etj’espère que cette Conférence sera un jalon dansles efforts pour créer un avenir meilleur pour lestravailleurs.

Original anglais: Mme LUCERO (représentanteFraternité des syndicalistes d’Asie) — Au nom de laFraternité des syndicalistes d’Asie, l’organe régionalede la Confédération mondiale du travail, je souhaiteadresser mes salutations à tous les participants à la91e session de cette Conférence internationale duTravail et me joindre à eux pour adresser mes félicita-tions au Directeur général pour l’exposé complet,pertinent et concret qu’il nous a fourni concernantl’élimination de la pauvreté par le travail décent. Il esten effet intéressant de suivre ainsi une analyse descauses profondes de la pauvreté et de se voir présen-ter en même temps un agenda et une stratégie pouréradiquer ce fléau de la surface de la terre.

Vous êtes sans doute d’accord avec moi que pournous Asiatiques qui vivons dans un continent où setrouve plus de la moitié des pauvres du monde, ceproblème exposé par le Directeur général noustouche profondément.

Nous connaissons les espoirs et les aspirations destravailleurs et des paysans extrêmement pauvres quitravaillent pendant de longues heures et de cespêcheurs qui risquent leur vie en mer pour nourrirleur famille. Nous pensons aux travailleurs émigrésqui font un travail illégal et souvent dangereux etimmoral fuyant les conditions misérables vécues dansleur pays d’origine. Nous pensons aux enfants desrues qui ne savent pas quelle est la différence entre letravail et le jeu. Nous pensons aux personnes âgées etaux handicapés laissés à eux-mêmes et qui n’ont pasde couverture sociale. Nous pensons aux jeunes filleset aux femmes ouvrières agricoles ou femmes deménage qui n’ont pas la chance de bénéficier du déve-loppement social. C’est là un vrai gâchis. Méritons-nous ce destin?

Le rapport souligne bien que, «alors qu’il n’y ajamais eu autant de richesses dans le monde, ceux quivivent dans la misère se comptent par millions». Etrepauvre est totalement inhumain et constitue une attein-te à la dignité et fournir un travail décent à chacun c’estassurer la dignité de tous.

A la Fraternité des syndicalistes d’Asie, nouspensons que la présentation de ce sujet à cette organi-sation internationale traduit bien notre préoccupa-tion à garantir la justice sociale pour tous. Nous parta-geons cette vision d’une société humaine et juste pourtous. Nous exhortons toutes les parties prenantes ettous nos partenaires sociaux à prendre les mesuresnécessaires afin de mettre un terme à cette misère.Joignons nos efforts pour promouvoir l’équité dans ladistribution et le partage des richesses de ce monde.

Alors que nous œuvrons à réaliser les Objectifs duMillénaire pour le développement, construisons aussicet autre monde qui est possible.

Original anglais: M. MARICA (ministre du Travail,du Développement technologique et de l’Environne-ment, Suriname) — Je remercie le Président de lapossibilité qui m’est donnée de m’adresser à mescollègues et aux autres délégués participant à cettesession de la Conférence internationale du Travail. Jefélicite également le Président à l’occasion de sonélection à la présidence de cette Conférence.

C’est un honneur pour moi de pouvoir encore unefois prendre part aux discussions sur l’excellent rap-port du Directeur général à l’occasion de la 91e ses-sion de la Conférence internationale du Travail.

Ce rapport, associé aux rapports précédents, nousdonne les instruments nécessaires pour lutter contre

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la pauvreté et parvenir au but que nous nous sommesfixé, à savoir créer des possibilités de travail décent.

Dans son rapport, le Directeur général attirel’attention sur la menace que fait peser sur le mondeentier le VIH/SIDA. En tant que membre de la com-munauté des Caraïbes, je voudrais attirer spéciale-ment l’attention sur la menace que pose cette épidé-mie dans les Caraïbes.

Des études récentes ont montré que, dans cetterégion, un pourcentage relativement important de lapopulation est atteinte du SIDA. On sait que notrerégion se compose essentiellement de petits Etatsavec des petites économies et que l’impact du VIH/SIDA sur notre productivité et notre compétitivitééconomiques est dévastateur et réduit l’efficacité desmesures que nous prenons pour attirer des investisse-ments étrangers et créer des emplois décents.

Nous devons travailler pour résoudre ce problème.Au Suriname, tout récemment, un programme de col-lecte d’argent pour fournir gratuitement des médica-ments aux malades atteints du SIDA a été lancé. Legrand succès de cette action nous permettra d’utiliserlargement les compétences des travailleurs contami-nés.

Une autre question soulevée dans le rapport duDirecteur général qui a attiré mon attention, c’estl’élimination du travail des enfants. Une fois de plusdes statistiques choquantes nous sont présentées. Jevoudrais à ce propos souligner de nouveau que si nousvoulons éliminer à l’avenir le travail des enfants, nousdevons aspirer à un avenir sans pauvreté. A mon avis,le meilleur moyen de réduire la pauvreté est de créerdes emplois productifs et décents.

Je tiens à déclarer que mon gouvernement s’estengagé à ratifier la convention (nº 182) sur les piresformes de travail des enfants, 1999. Tout le travailpréliminaire a été mené à bien et nous en sommes austade final de la ratification.

Le rapport du Directeur général montre que, dansnotre lutte contre la pauvreté, nous devons faire faceà de nombreuses menaces et, à mon avis, la premièremesure que nous devons prendre c’est la création àl’issue de consultations tripartites d’un cadre légalmoderne grâce auquel la main-d’œuvre sera encoura-gée à améliorer sa productivité aux plans qualitatif etquantitatif, et les employeurs seront tenus d’amélio-rer les conditions d’emploi.

A la lumière de ces principes, le gouvernement duSuriname, représenté par le ministère du Travail, esten train de procéder à des consultations tripartites quidevraient conduire à l’amendement de notre législa-tion du travail.

En ce qui concerne le point qui se rapporte à lamise en valeur des ressources humaines et à la forma-tion, j’ai le plaisir de vous informer que mon ministèrea récemment lancé un projet d’enseignement profes-sionnel pour le développement des compétences et lerenforcement des institutions.

La sécurité et la santé sur le lieu de travail sont desdroits fondamentaux des travailleurs. Nous sommesen train de réviser la législation nationale en la matiè-re et les premiers débats sur l’introduction d’une nou-velle loi sur la sécurité et la santé ont commencé.

Je voudrais conclure, Monsieur le Président, endéclarant que le gouvernement du Suriname s’engageà soutenir tous les efforts de l’OIT en faveur du travaildécent afin d’atténuer la pauvreté et de promouvoirun développement durable pour les travailleurs et lesemployeurs.

Nous espérons vivement que l’OIT soutiendranotre gouvernement dans l’amélioration des mesuresqu’il prendra concernant le travail des enfants, leVIH/SIDA et l’éradication de la pauvreté.

Original anglais: M. ERNESTA (ministre desAffaires sociales et de l’Emploi, Seychelles) — Pourson remarquable rapport, intitulé S’affranchir de lapauvreté par le travail, le Directeur général, M. JuanSomavia, nous fait part, une fois encore, de sesexcellentes idées et propositions pour surmonter lesénormes difficultés de la lutte contre la pauvreté.

Une des questions qui se posent à nous est lasuivante: «Pourquoi, malgré tous les progrès que nousavons accomplis à ce jour, la moitié de la populationmondiale vit toujours avec moins de deux dollars parjour, et plus de 1,3 milliard d’individus vivent dansune pauvreté chronique et tentent de survivre avec undollar ou moins par jour?» La souffrance de tant depersonnes est une preuve patente des inégalités et desdysfonctionnements qui existent encore au XXIe siè-cle. Ne devrait-on pas envisager la libéralisation desmarchés dans une autre perspective? Pourquoi ne pasmettre le commerce au service du développement?

Le rapport du Directeur général — document stimu-lant — nous donne une vision globale des principesfondamentaux qui devraient régir tout programmed’éradication de la pauvreté et met en évidence le rôlede l’OIT et de ses mandants.

J’appuie entièrement le Directeur général lorsqu’ilaffirme la nécessité d’un engagement tripartite sansfaille pour éliminer la pauvreté. Gouvernements, em-ployeurs et travailleurs ont un rôle essentiel à jouerdans la mise en place de systèmes sociaux et économi-ques favorables au développement, à la croissanceet au travail décent, par conséquent la création derichesses et la protection des droits du travailleur.

Mais l’élimination de la pauvreté ne relève pas dela seule responsabilité de l’OIT ni des gouverne-ments. C’est un processus de longue haleine qui re-quiert des efforts concertés et soutenus aux niveauxlocal, national et international.

Qui plus est, la pauvreté, comme nous le savonstous, a plusieurs visages et se manifeste de diversesfaçons. Elle va bien au-delà du fait de ne pas avoir detoit ou d’avoir faim. L’absence de choix, l’analphabé-tisme, le sentiment d’impuissance, la maladie etl’exclusion sociale, sont autant de facettes de lapauvreté. C’est un problème multidimensionnel quirequiert une approche multisectorielle.

Je voudrais maintenant vous parler des solutionsque les Seychelles ont apportées à ce problème et desdéfis qu’elles doivent encore relever.

Nous avons réalisé de grands progrès sur la voie dudéveloppement économique et social, par lequel noussommes classés au 47e rang à l’échelle mondiale etnous comptons parmi les 53 pays ayant atteint un bonniveau de développement humain. En tant que petitEtat insulaire, nous sommes très fiers de ces résultatsqui témoignent de nos efforts, de notre synergie, denotre volonté politique et de l’efficacité de notre poli-tique de développement axée sur l’être humain.

Les enseignements que nous pouvons tirer à ce jourde notre expérience confirment l’observation duDirecteur général selon laquelle il faut combattre lapauvreté sur tous les fronts par une action cohérente.En 2000, le gouvernement des Seychelles a adopté sastratégie de développement social, dans le cadre delaquelle le gouvernement et tous les partenaires se

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sont engagés à prendre des mesures qui répondenttoujours mieux aux besoins spirituels et matériels denotre peuple. Nous avons procédé à un audit de per-formance en 2001 et réorienté notre action sur la basede larges consultations à tous les niveaux.

C’est ainsi que nous sommes passés de la logique del’assistance à celle de l’autonomisation de la popula-tion. Cette année, sur le thème «Dynamisme social etéconomique», nous lançons un programme visant àinciter et à aider les familles à travailler davantage et àproduire plus de richesse. Nous continuerons cepen-dant à venir en aide aux catégories vulnérables et dé-favorisées. Nous devons tenir le pari de continuer surnotre lancée et même d’améliorer encore nos résul-tats, ce qui est difficile pour un petit Etat insulaire, quiest tributaire du tourisme. L’industrie du tourisme estfragile. Elle emploie directement et indirectement25 pour cent de la population active; c’est-à-dire quetoutes menaces contre la paix et la stabilité mondialesremet en cause notre capacité à aider les pauvres às’affranchir de la pauvreté par le travail.

Force est de constater que le monde se trouve faceà des enjeux inédits. Les résultats de la libéralisationdes échanges et de la mondialisation ne sont pas à lahauteur de nos attentes. Les pauvres s’appauvrissentet les riches s’enrichissent.

En conclusion, permettez-moi de féliciter le Direc-teur général et son équipe pour ce rapport qui donne àréfléchir.

Enfin, je voudrais vous rappeler que l’aide etl’allègement de la dette des pays pauvres ne peuventpas tout. Si on leur laisse la possibilité de participeraux échanges commerciaux, les pauvres du mondes’affranchiront progressivement par le travail, cela nefait aucun doute.

Original anglais: M. ABDELLA (ministre du Tra-vail et des Affaires sociales, Ethiopie) — Permettez-moi tout d’abord, au nom du gouvernement d’Ethio-pie, de féliciter le Président pour son élection à la têtede la 91e session de la Conférence internationale duTravail.

Permettez-moi de saisir cette occasion pour remer-cier le Bureau international du Travail pour les docu-ments qui nous ont été soumis en vue de faciliter lesdélibérations qui se déroulent dans le cadre de cetteConférence.

Je souhaite féliciter le Directeur général, M. JuanSomavia, pour sa réélection à la tête de l’Organisationpour un nouveau mandat de cinq ans et nous lui for-mulons nos vœux de plein succès. Cela dit, nous aime-rions relever certains points du rapport du Directeurgénéral qui nous préoccupent. Il va sans dire que sanscroissance économique, il ne saurait y avoir de reculde la pauvreté, et sans la réduction de la pauvreté,nous ne pouvons espérer garantir un emploi et unrevenu décents. Assurer des conditions décentes detravail et de vie aux peuples et les protéger de l’adver-sité constitue un défi pour la plupart des pays afri-cains, et plus particulièrement des pays d’Afriquesubsaharienne qui vivent dans une extrême pauvreté.

Nous constatons que la pauvreté ne cesse de s’ac-croître. C’est là une réalité africaine. Les économiesdes pays africains ne sont pas capables de s’adapter àla croissance de la main-d’œuvre. Malgré lesnombreux efforts visant à résoudre le problème duchômage, les résultats restent faibles pour beaucoupde nos pays. La stratégie générale en matière de crois-sance de l’emploi appliquée dans les économies

africaines n’est pas réaliste car celles-ci sont essentiel-lement basées sur l’agriculture. L’importance de cesecteur dans la création d’emplois demeure forte.Augmenter la productivité du travail dans le secteuragricole sera essentiel pour accroître l’emploi globalet traiter des problèmes de chômage et de sous-emploi.

Compte tenu de cette situation, l’Ethiopie a lancéune stratégie d’industrialisation et de développementagricole (ADLI) reconnaissant que l’accroissementdes investissements dans l’agriculture conduira néces-sairement à la croissance économique et éventuelle-ment à un meilleur niveau de vie parmi les pauvres.Dans la détermination de la stratégie, la réalité dupays, dans tous ses aspects, a été prise en compte. Ladensité de notre population rurale et son niveau devie ont été aussi considérés comme des indicateursmajeurs. Cependant, cette approche n’ignore pas lesautres secteurs économiques en vue de réaliser undéveloppement agricole durable. Tout en sachant quele développement agricole conduira à l’industrialisa-tion, la stratégie de développement industriel a étéélaborée par le gouvernement, en même tempsque celle du développement agricole, les deux étantinterdépendantes et se renforçant mutuellement.

Les inconvénients sociaux, politiques, économiqueset culturels accumulés pendant une longue périodede notre histoire ne peuvent être résolus en un courtlaps de temps. Il existe cependant certains signesencourageants qui augurent d’un succès prochain.

Nous croyons fermement que pour que les effortsnationaux produisent des résultats tangibles, il est né-cessaire de tenir également compte des engagementsau niveau de la mondialisation.

Les normes internationales du travail en tantqu’instruments de base qui influent sur le développe-ment économique et la justice sociale devraient êtrerespectées par les pays membres en vue d’améliorer leniveau de vie de leurs populations.

Je voudrais donc à cet égard, réitérer l’engagementde mon gouvernement de rester lié par le processus depromotion des principes et objectifs de l’OIT. En con-séquence, c’est une satisfaction pour moi d’informercette Conférence que le Conseil des représentants dupeuple d’Ethiopie, qui est la plus haute autorité del’Etat, a récemment ratifié deux des conventionsfondamentales de l’OIT, à savoir la Convention(no 29) sur le travail forcé, 1930 et la Convention(no 182) sur les pires formes de travail des enfants,1999. Ainsi, l’Ethiopie aura ratifié toutes les conven-tions fondamentales de l’OIT.

En ce qui concerne les autres points inscrits àl’ordre du jour, ma délégation voudrait exprimersa satisfaction pour tous les rapports soumis pourexamen. Les questions relatives à la formation et audéveloppement des ressources humaines, aux rela-tions en matière d’emploi, aux normes de sécurité etde santé au travail et à l’identification des gens de mersont importantes. En particulier, les efforts déployéspar l’OIT pour remplacer les instruments obsolètespar des instruments plus actuels et plus utiles comptetenu des changements sociaux et économiques.

En conclusion, je souhaite à l’OIT plein succès dansl’exercice de son mandat, spécialement en matière depromotion du travail décent et de lutte contre la pau-vreté dans le monde.

Original espagnol: M. SUBIRANA SUÁREZ (mi-nistre du Travail et des Petites Entreprises, Bolivie) —

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En premier lieu, je souhaite saisir cette occasion pourféliciter le Président de son élection. Il peut comptersur notre collaboration pour que ces délibérationssoient couronnées de succès. De même, je tiens àremercier le Directeur général, M. Juan Somavia, durapport qu’il a présenté et qui nous permettra d’orien-ter et d’élargir les débats. Nous le félicitons égalementpour sa réélection bien méritée.

Il est important de souligner que la présente sessiona pour principal thème le travail décent et digne.La promotion de l’égalité des sexes, l’élimination dutravail des enfants et la lutte contre le SIDA vont dansce sens. La Bolivie a accompli des progrès significatifsdans la réalisation de ces objectifs.

A l’occasion de la Journée mondiale contre le tra-vail des enfants, la Bolivie est heureuse d’annoncerque, le vendredi 6 juin à 15 heures, elle a soumis auBureau international du Travail l’instrument de ratifi-cation de la convention nº 182 de l’OIT sur les piresformes de travail des enfants. Les efforts que la Boli-vie déploie pour éliminer cette forme honteuse de tra-vail ont dépassé le cadre de l’instrument internationalsusmentionné pour se concentrer sur la législationnationale. Conformément à la Convention relativeaux droits de l’enfant de 1990, la Bolivie a établi, envertu de la loi 1702 adoptée en juin 1996, des servicesmunicipaux pour la défense des droits des enfants etdes adolescents. Cette initiative unique au monde apermis à la Bolivie de se doter de 324 centres dedéfense des droits des enfants et des adolescents,soit le nombre de municipalités dans le pays. Afind’étayer ces mesures importantes, un nouvel instru-ment juridique, le Code des enfants et des adoles-cents, est entré en vigueur en 2000 pour garantir la pro-tection de cette catégorie vulnérable de la population.

Pour renforcer la législation nationale et interna-tionale susmentionnée, en vertu de la résolution220849, la Commission nationale d’éliminationprogressive du travail des enfants a été instituée.Chargée de mettre en oeuvre un plan national, cettecommission interinstitutionnelle est composée dereprésentants des pouvoirs exécutifs législatifs etjudiciaires, et des institutions spécialisées. Ellebénéficie aussi de la contribution précieuse de lasociété civile, par le biais d’organisations non gouver-nementales et de la coopération d’organismes inter-nationaux afin d’institutionnaliser cet importantinstrument d’élimination du travail des enfants, leministère du Travail a créé, en vertu de la résolutionministérielle 597/2002, un commissariat qui a desfonctions de secrétariat technique et de coordinationde toutes les organisations qui interviennent dans lacommission interinstitutionnelle.

Cette commission interinstitutionnelle a identifiéquatre principaux secteurs qui ont recours en Bolivieau travail d’enfants: le secteur minier, les plantationsde canne à sucre, l’exploitation sexuelle à des finscommerciales, et le travail domestique. Pour ce quiest des trois premiers secteurs, des études ont étéréalisées et des propositions formulées. Pour ce quiest du dernier, des propositions seront formulées à lafin du mois.

Je tiens à remercier le bureau régional de l’OITpour sa collaboration et pour son appui en ce quiconcerne la question de la sécurité au travail.

Avec ces mesures concrètes, la Bolivie réaffirmeson engagement d’éliminer les pires formes de travaildes enfants, et manifeste sa volonté de continuer àœuvrer dans cette voie.

Par ailleurs, à propos de l’objectif de l’égalité dessexes dans tous les secteurs, la Bolivie est parvenue àpromulguer la loi 24/50 qui prévoit le régime salariédes travailleurs domestiques et qui garantit uneprotection à ces personnes, la plupart étant desadolescentes et des femmes issues des catégoriesles moins protégées de la société. Cette loi a étépromulguée le 9 avril dernier.

Par ces deux grandes avancées — mesures en vuede l’élimination du travail des enfants et la législationinstituant le régime salarié des travailleurs domesti-ques — la Bolivie démontre son attachement auxprincipes de la conférence. L’égalité des sexes etl’élimination du travail des enfants sont deux moyensd’atteindre l’objectif d’un travail décent et digne.

Original espagnol: M. LEITZELAR VIDAU-RRETA (ministre du Travail et de la Sécurité sociale,Honduras) — La présence de la République duHonduras au sein de cette Conférence internationaleatteste de la confiance que nous portons à l’Organisa-tion internationale du Travail, confiance qui découlede l’appui conséquent que celle-ci apporte à l’Améri-que centrale avec les différents programmes et projetsqu’elle y déploie.

Le Conseil des ministres de l’Amérique centraleet de la République dominicaine, que j’ai l’honneurde présider, a axé son action dans le contexte de lamondialisation et de la libéralisation du commercesur la promotion du bien-être de la population de larégion, élaborant en matière des politiques novatricespropres à garantir le respect des droits fondamentauxet à favoriser la création d’emplois.

Nous avons pour mission de continuer à promouvoirune culture du dialogue social et de la concertationen vue de garantir la paix sociale et d’encouragerl’élaboration de politiques de l’emploi axée sur lacréation de postes de travail. Il s’agit en l’espèce delutter contre la précarité et promouvoir le travaildécent, notamment de sorte à réduire le chômage etle sous-emploi dans la région. Nous aiderons en outrenotre population à venir à bout de la pauvreté enencourageant la micro et la petite entreprise en tantque source d’emploi.

Qu’il me soit permis, dans ce cadre, de renvoyerau rapport du Directeur général, S’affranchir de lapauvreté par le travail, où il est question des pauvresqui sont exclus du monde du travail.

Cet aspect constitue une priorité dans mon pays.En effet, 80 pour cent du revenu des personnes activesprovient de l’activité professionnelle. Les caractéristi-ques du marché du travail et les modalités del’insertion de la population active sont desfacteurs déterminants pour la croissance économiqueet la redistribution équitable des bienfaits qui endécoulent.

Nous ne pouvons pas ignorer dès lors qu’il importede mener à bien de toute urgence des changementsprofonds en vue de créer les conditions nécessairespour stimuler la croissance de l’activité économique.Pour ce faire, il faut définir et promouvoir, pour ce quitouche à l’emploi et aux salaires, une politique propreà déboucher sur l’élaboration d’un modèle efficace etéquitable pour la négociation sociale entre les diffé-rents facteurs de production. Ce modèle devra être àmême de promouvoir l’investissement et la producti-vité, un dernier élément qui permet d’améliorer lesconditions de vie des travailleurs et celles de leurfamille.

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Le gouvernement de la République du Hondurass’emploie à mettre en œuvre une stratégie de réduc-tion de la pauvreté fondée sur une approche globale àlong terme et orientée vers la transformation du pays.Il s’agira en définitive de réduire de façon significativeet durable l’importance de la pauvreté et de la pauvretéextrême en s’appuyant sur une croissance économiquedurable et équitable favorisant l’accès des pauvres auxressources productives.

Cette stratégie comporte plusieurs objectifs àcaractère général tendant vers une améliorationimportante des conditions de vie de la population duHonduras. Elle vise plus précisément à améliorer laqualité et la couverture de services de base tels quel’éducation, la sécurité et la santé par la mise en placede prestations nouvelles. Elle doit aussi garantir unecroissance dynamique, synonyme d’emplois plusnombreux et de meilleure qualité. Elle vise parailleurs à ce que la moitié de la population active aitachevé son éducation secondaire.

Le développement constitue une conditionnécessaire à l’augmentation de la compétitivité del’économie et à l’accroissement des possibilités dontla population dispose pour sortir de la pauvreté.

L’importance de l’extrême pauvreté exige lerenforcement des filets de protection sociale visant cer-taines catégories telles que les femmes chef de famille,les enfants, les migrants et les minorités ethniques.

La pauvreté qui sévit dans notre pays nous amène àélaborer des programmes de travail pour les person-nes sans emploi, ce qui permet de faire diminuerle taux de chômage et de lutter dans le même tempscontre la délinquance juvénile.

Au titre de la stratégie de réduction de la pauvreté,nous remercions l’OIT pour l’étude qu’elle a menée àbien sur le sujet Travail et pauvreté au Honduras, uneétude qui nous a permis de faire le point sur les liensentre travail et pauvreté. Cette prise de consciencenous aidera à réaliser la réforme nationale projetée etnous donnera les moyens d’améliorer la qualité de viedu plus grand nombre.

Je tiens à réitérer, au nom du gouvernement de laRépublique du Honduras, notre appui aux politiqueset actions que l’OIT mène sous la houlette du Direc-teur général et du Conseil d’administration, en vuede réduire la pauvreté et de défendre les droits fonda-mentaux des travailleurs.

Luttons pour un monde du travail plus juste et plushumain!

Original russe: Mme KARAGOUSOVA (ministredu Travail et de la Protection sociale, Kazakhstan) —Je voudrais d’abord m’associer aux félicitations quiont été faites au Président à l’occasion de son électionà ce poste élevé. Je suis sûr que sous sa direction com-pétente, la Conférence remplira avec succès les tâchesimportantes qu’elle doit accomplir.

Nul doute qu’une actualité d’une grande importan-ce s’attache au thème du rapport du Directeur géné-ral, M. Juan Somavia, S’affranchir de la pauvreté parle travail. Nous soutenons entièrement l’idée de cerapport selon laquelle ce n’est qu’en joignant nosefforts, que la communauté mondiale, les organisa-tions internationales et tous les partenaires sociauxpourront lutter avec succès contre la misère sur laplanète. En effet, il faut présenter un front uni contrela pauvreté en utilisant les avantages de la mondialisa-tion tout en évitant toutes ses conséquences négativeséventuelles.

Je voudrais souligner l’attitude constructive etconséquente de l’OIT pour parvenir à ce but, assurerun travail décent et productif aux travailleurs dans desconditions de liberté, d’égalité, de sécurité et de digni-té humaine. Afin d’assurer la réalisation des droits dutravail et de l’emploi, éviter la discrimination et proté-ger les emplois. Le Kazakhstan met en application lesnormes internationales reconnues. Aujourd’hui laRépublique a ratifié les huit conventions fondamenta-les de l’OIT, y compris la convention (nº 182) sur lespires formes de travail des enfants, 1999.

Le gouvernement du Kazakhstan partage complète-ment l’approche intégrée de l’OIT pour lutter contre lapauvreté. Ainsi, il met en œuvre depuis 4 ans déjà unprogramme en ce sens. La preuve en est aussi donnéepar la politique du pays qui donne des résultats sensibles.

Aujourd’hui, le niveau du chômage a considérable-ment diminué. Il est de 9,6 pour cent. L’emploi de lapopulation est favorisé par l’afflux d’investissementsétrangers qui ont stimulé la croissance économique etla création de nouveaux emplois. La hausse del’emploi a été facilitée par des programmes adoptés etmis en œuvre par le gouvernement du Kazakhstanpour l’innovation industrielle et de développementdes campagnes. Cela nous a permis de réduire consi-dérablement la pauvreté. Alors qu’elle touchait1,5 million de personnes, elle n’en affecte plusque 1,3 million pour une population de 15 millionsd’habitants.

Les progrès des réformes économiques reconnuspar tous dans la sphère sociale ont permis au gouver-nement du Kazakhstan de créer des mécanismesd’accroissement des revenus de la population grâce àune politique dans le domaine des salaires. Au coursdes 2 dernières années, les salaires des institutionspubliques, qui sont entretenus par le budget de l’Etat,ont augmenté de 30 pour cent et l’an prochain nousavons l’intention d’accroître le salaire minimum de32 pour cent.

Les prestations sociales, notamment les retraites,s’accroissent aussi et elles seront également accrues,de plus de 30 pour cent.

Lors de notre rencontre d’avant-hier avec le Direc-teur général, j’ai de nouveau constaté l’importanceque l’OIT prête au respect du principe du tripartismedans la lutte contre la pauvreté. Sous ce rapport, jevoudrais confirmer qu’aucune des questions relativesà la mise au point de la réalisation de la politique so-cio-économique du Kazakhstan n’est examinée sansla pleine participation des partenaires sociaux. Voilàplus de 10 ans qu’existe au Kazakhstan une coopéra-tion fructueuse entre les 3 parties et tous les ans desaccords tripartites sont signés qui permettent de lutteravec succès contre la pauvreté et le chômage.

La coopération entre le Kazakhstan et l’OIT se dé-veloppe avec succès. Aujourd’hui le Kazakhstan estreconnu comme étant un leader dans la région centre-asiatique tant pour le niveau que par l’échelle de cettecoopération. Nous avons accueilli avec plaisir le choixdu Kazakhstan parmi de nombreux pays à économieen transition pour la réalisation du projet multidisci-plinaire concernant le travail décent. Nous espéronsqu’il sera réalisé avec succès et rapidement, ce quirépondrait à nos efforts pour réduire la pauvreté parle biais du développement économique aux niveauxlocal, de l’emploi et d’une aide sociale bien ciblée.

Nous apprécions hautement l’aide technique etconsultative de qualité qui nous a été accordée sirapidement par l’OIT dans la sphère sociale.

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Le Kazakhstan a commencé la mise au point d’unnouveau Code du travail et, avec l’OIT, il a déjàpréparé une nouvelle loi sur la sécurité et la santé autravail. Le Kazakhstan a toujours respecté ses engage-ments dans le cadre de l’OIT, y compris en ce qui con-cerne la présentation d’un rapport sur les conventionsratifiées.

Les retards en ce qui concerne ces rapports étaientliés à la lourde charge de travail des autorités législati-ves et à la réalisation des réformes dans le domainesocial.

Le travail suppose la création, la création supposeun perfectionnement constant et un enrichissementdes connaissances. Tout cela ne peut se faire que dansdes conditions de paix et de coopération.

Nos rencontres annuelles ici sont une manifesta-tion de ce désir de la paix et de cette soif de création.

Original anglais: M. ZHARIKOV (représentant,Fédération syndicale mondiale) — Je tiens toutd’abord à féliciter le Président pour son élection à laprésidence de cette Conférence. La Fédération syndi-cale mondiale, au nom de ses vingt millions d’affiliéset d’associés dans près de cent trente pays, soutientfermement le rapport du Directeur général qui nousparle de S’affranchir de la pauvreté par le travail, etqui définit le rôle de l’OIT dans la stratégie interna-tionale de développement. Le rapport attire l’atten-tion sur les engagements internationaux depuis leSommet mondial de Copenhague jusqu’à la Déclara-tion du Millénaire de l’ONU. Le déficit d’exécutionde ces engagements et programmes d’action est notoi-re. La détérioration récente de la situation socialemondiale est le résultat direct de la non-applicationde ces engagements solennels.

Le mécontentement des peuples du monde quise manifeste sous forme de grèves nationales, demanifestations de masse et d’actions de protestation,depuis des jours, des mois et des années montre bienque les travailleurs souffrent des politiques néo-libé-rales imposées sous le nom de mondialisation. Desunités de production sont fermées, des emplois sontsupprimés un peu partout et les niveaux de vie dimi-nuent, et par-dessus le marché il y a des tentatives quisont faites pour supprimer les systèmes de pensions etde sécurité sociale ou de privatiser ces secteurs pourque les grands monopoles puissent faire davantage deprofits aux dépens des individus.

Nous demandons que l’OIT tire des leçons quis’imposent de la vague de protestations syndicalesdont nous sommes témoins dans toutes les régions,avec des travailleurs qui manifestent pour défendreleur droit acquis de haute lutte à la sécurité sociale etaux pensions, ainsi qu’à des salaires et des conditionsde travail équitables.

Il est absolument injuste que des peuples et despays se voient forcés de vendre leurs entreprises na-tionales et leurs services publics, y compris des sec-teurs comme l’énergie, l’éducation et la santé publi-que, à des monopoles étrangers et locaux au nom de lamondialisation. Un pays risque même d’être taxé depays « non démocratique» s’il garde ses industriesstratégiques et ses services essentiels dans le secteurpublic. La mondialisation doit être acceptée tellequelle, avec l’obligation de rogner la législation dutravail et de restreindre les droits syndicaux.

Le Fonds monétaire international, la Banquemondiale et l’Organisation mondiale du commerceimposent ces politiques de quasi néocolonialisme.

Ainsi qu’il est dit dans le rapport du Directeur géné-ral, le montant de l’aide que reçoivent les pays endéveloppement n’atteint même pas la moitié de leursdécaissements au titre du service de la dette. Lessyndicats et les organisations de la société civile qui sesont réunis au forum social mondial ces dernierstemps ont dénoncé le fait que les relations économi-ques inégales sont la cause première de la pauvreté etde la misère qui s’accroissent dans le monde entier.

Malgré les conventions de l’OIT et sa récentedéclaration sur les droits fondamentaux au travail,peu de choses ont changé dans les politiques et lesattitudes des grands employeurs et les pays des plusgrandes corporations transnationales.

La première superpuissance financière et militairedu monde, les Etats-Unis, n’a même pas songé à rati-fier les conventions fondamentales de l’OIT. On saitque plus de 85 pour cent des travailleurs des Etats-Unis ne peuvent pas exercer leur droit d’association,la chasse aux syndicats étant devenue dans ce paysune industrie organisée.

Nous nous souvenons de la déclaration du Direc-teur général, il y a deux ans, disant que démocratiserla mondialisation est le rôle de l’OIT. La question estde savoir dans quelle mesure les programmes del’OIT ont avancé dans cette direction. Dans quellemesure l’OIT a réussi à véhiculer les craintes ressen-ties un peu partout au sujet des retombées économi-ques et sociales énormes de la version néo-libérale dela mondialisation, qui apporte plus de chômage etde pauvreté chaque jour.

Nous proposons que l’OIT utilise un indice pourévaluer le degré d’application des conventions fonda-mentales de l’OIT. Elle doit insister pour que les em-ployeurs et en particulier les sociétés transnationalesprécisent dans leur rapport annuel, le degré d’applica-tion des conventions de l’OIT par leurs filiales dansles différents pays.

Nous espérons également que le dialogue socialà l’OIT associera toutes les tendances aux niveauxinternational et régional, reflétant les principes et lespratiques en vigueur dans le système des NationsUnies.

La FSM déplore que, alors que des programmessociaux ne sont pas réalisés à cause du manque suppo-sé de ressources, d’énormes sommes sont dépenséespour des aventures militaires comme la récente occu-pation illégale de l’Irak par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Le génocide de la population palestiniennepar le régime israélien se poursuit avec des mesuresrépressives de plus en plus intenses et inhumaines.

En conclusion, je voudrais répéter que la Fédéra-tion syndicale mondiale soutient les efforts que faitl’OIT pour que les priorités sociales décrites dans lerapport et à cette Conférence soient largement accep-tées et soutenues, afin de permettre à des millions depersonnes dont les droits sont bafoués et qui sont con-damnées à la pauvreté et à la misère, de s’affranchirde la pauvreté par le travail.

Original anglais: M. SUNMONU (représentant,Organisation de l’unité syndicale africaine) — Permet-tez-moi tout d’abord de me joindre aux orateurs pré-cédents pour féliciter le Président ainsi que lesmembres du bureau de la Conférence de leur électionbien méritée. Je saisis aussi cette occasion pour félici-ter le Directeur général, M. Juan Somavia, pour saréélection à l’unanimité des membres du Conseild’administration pour un second mandat à la tête du

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BIT. Le thème analysé dans le rapport du Directeurgénéral S’affranchir de la pauvreté par le travail est lasolution la plus appropriée pour résoudre la situationdifficile dans laquelle se trouve plus de la moitié de lapopulation mondiale en raison des politiques écono-miques néo-libérales qui ont été appliquées.

De l’avis de l’Organisation de l’unité syndicale afri-caine et de la grande majorité des travailleurs qu’ellereprésente, la pauvreté ne saurait être effectivementcombattue si on ne s’attaque pas à ses principalescauses. On ne peut, comme le dit un proverbe africain,«lutter contre la lèpre avec une pommade pourl’acné».

Les principales causes de la pauvreté des pays dutiers monde sont au nombre de trois. Tout d’abord, lespolitiques économiques néo-libérales qui mettent leprofit avant les personnes, comme le Président del’Afrique du Sud, M. Thabo Mbeki, l’a expliqué avecbrio ce matin.

Deuxièmement, le fardeau de la dette et le servicede cette dette au moyen de ressources qui devraientêtre consacrées au développement socioéconomique.Il faut au demeurant souligner que le montant de ladette qui a déjà été payée représente plus de trois foisle montant du capital initial. Il n’y a aucune raisonsocioéconomique de ne pas prononcer un moratoireinconditionnel.

Troisièmement, les barrières commerciales discri-minatoires élevées contre les produits industriels etagricoles des pays du tiers-monde sur les marchés depays industrialisés.

Les politiques économiques néo-libérales ontinduit la pauvreté, le chômage, l’exclusion sociale etl’injustice dont souffrent la majorité écrasante del’humanité. Outre le fardeau de la dette, elles ontentraîné la perte de souveraineté et l’instabilité queconnaissent la plupart de ces pays.

L’OIT, forte de la structure tripartite qu’elle estla seule à posséder dans le système des Nations Unies,se doit de traiter de ces questions et de lutter contrecette pauvreté sans cesse croissante dans le monde.

L’Agenda du travail décent de l’OIT est acceptépar tous les mandants de l’OIT. C’est un vrai moyenpour créer de la richesse et une meilleure solution queles stratégies de réduction de pauvreté. Lorsque dela richesse sera créée grâce aux stratégies de travaildécent, la pauvreté disparaîtra automatiquement.

C’est en gardant cet objectif à l’esprit que l’Organi-sation de l’unité syndicale africaine a lancé son pro-gramme de développement de l’esprit d’entreprise etdes petites entreprises dans le cadre des syndicats afri-cains grâce à l’assistance technique et financière del’OIT et du PNUD. Les enseignements tirés de la pre-mière phase de ce projet pilote sont consolidés avec lesoutien actif du secteur de l’emploi du BIT et nousespérons pouvoir étendre ce projet à d’autres paysafricains membres de notre organisation.

Parmi nos autres domaines d’activité, nouspouvons citer la formation d’experts syndicaux et lacréation de coopératives syndicales. L’aide du bureaudes activités pour les travailleurs (ACTRAU) nous aété précieuse. Elle nous a permis de renforcer la capa-cité de nos membres dans le cadre des programmesd’éducation des travailleurs au développementsocioéconomique, du nouveau partenariat pour ledéveloppement de l’Afrique (NEPAD), du dialoguesocial, de l’éradication de la pauvreté et de l’intégra-tion des questions relatives à l’égalité entre lessexes.

Nos activités dans le cadre de la protection socialetelles que la lutte contre le VIH/SIDA, la sécurité etla santé au travail et les travailleurs migrants, sontsoutenues par le Secteur de la protection sociale(PROTECT).

C’est grâce à l’appui du bureau régional de l’OIT etdu bureau des activités pour les travailleurs que nossyndicats sont activement impliqués dans les proces-sus du NEPAD, ainsi que dans l’Union africaine. Sansl’appui technique et financier de l’OIT, les travailleursafricains et les syndicats n’auraient jamais pu jouer unrôle effectif et efficace dans le développement socio-économique de l’Afrique.

Dans le cadre de nos activités pour la promotion,pour la ratification et le respect des normes interna-tionales du travail et l’éradication du travail des en-fants, nous avons bénéficié de l’assistance financièreet technique du Secteur des normes.

L’échec des économies politiques néo-libérales aentraîné le développement phénoménal de l’écono-mie informelle. L’OUSA et les organisations qui ysont affiliées ont décidé d’aider les travailleursnon protégés, sous-payés, et surexploités du secteurinformel afin d’organiser et de transformer une partimportante de ce secteur.

L’aide de l’OIT, dans le cadre des efforts que nousdéployons pour transformer cette importante écono-mie informelle en une économie moderne dynamiquesera très appréciée. Son potentiel de créationd’emplois décents est considérable et le succès de nosactivités dans ce secteur sera mené à l’aune des trans-formations que nous pourrons opérer. Je me doisd’exprimer ma profonde reconnaissance pour l’assis-tance technique et financière fournie par le Bureauet les secteurs, et je remercie le Directeur général duBIT et ses fonctionnaires au nom de notre organisa-tion et de l’ensemble des travailleurs africains pourtoute leur aide.

Nous continuons à avoir besoin de cette assistancetechnique et financière pour permettre aux tra-vailleurs africains et aux syndicats d’être maîtres deleurs destinées et de créer des emplois décents afinque règnent la prospérité, la paix et la démocratie quiassureront le développement de l’Afrique.

Original anglais: M. O’NEILL (ministre du Travailet des Relations professionnelles, Papouasie-Nouvelle-Guinée) — Au nom du gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée et au nom de ma délégation, jevoudrais féliciter cordialement M. Wamalwa de sonélection à la présidence de la Conférence.

Nous sommes convaincus que sous sa conduiteéclairée, la Conférence aboutira à des résultats con-crets dont tous les Etats Membres bénéficieront.Nous tenons également à féliciter M. Somavia de saréélection en tant que Directeur général du Bureauinternational du Travail.

Le gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinéesalue la qualité et la richesse des informationscontenues dans les rapports du Président du Conseild’administration et du Directeur général et dans lerapport global sur la discrimination, en vertu du suivide la Déclaration relative aux principes et droitsfondamentaux au travail.

Nous réaffirmons notre soutien à l’OIT, qui estl’autorité compétente pour établir des normes de tra-vail et pour promouvoir et défendre le tripartisme etle dialogue social, gages de progrès et de développe-ment.

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Le gouvernement de mon pays apprécie l’assistan-ce technique et la coopération que lui apporte l’OITpar le biais de différents programmes et activités des-tinés à réduire autant que possible le coût social de lamondialisation. Nous tenons également à soulignerles efforts que déploie avec détermination l’OIT pourfaire progresser la justice sociale dans le monde. Elleveille notamment à ce que les femmes, les jeunes etles personnes handicapées qui bénéficient d’une pro-tection et de conditions de travail décentes, dans lerespect de la liberté, de l’équité de la sécurité et de ladignité humaine.

Le rapport global de la Conférence souligne le faitque le travail est la voie royale pour libérer la sociétéde la discrimination. C’est une question dont laPapouasie-Nouvelle-Guinée débattra avec les parte-naires sociaux et qu’elle inclura dans ses politiques dedéveloppement.

Mon pays a ratifié toutes les conventions fonda-mentales de l’OIT en 2000 et met en œuvre la Déclara-tion de l’OIT sur les droits et principes fondamentauxau travail. Pour honorer ces engagements, le gouver-nement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a dû réviserla législation nationale de telle sorte qu’elle soitconforme aux dispositions des conventions fonda-mentales et de leurs dispositions dans notre loi dutravail.

Ces activités sont conformes aux objectifs de déve-loppement de mon pays et de mon gouvernement enmatière de croissance économique et sociale. Le gou-vernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée a les ob-jectifs de développement économique suivants: labonne gouvernance, la prestation de services efficaceset une croissance économique axée sur les exporta-tions, le développement rural et la réduction de lapauvreté.

Pour atteindre ces objectifs de développement, legouvernement de mon pays prend note du rapport duDirecteur général qui met en lumière notre expérien-ce en ce qui concerne l’acquisition de compétencespour des moyens de subsistance durables, l’investisse-ment dans des emplois et la communauté, la promo-tion de l’entrepreunariat et notre volonté d’élaborer unAgenda pour l’emploi, de bâtir une société mondialeplus intégrée et de forger des partenariats.

Nous nous réjouissons de la révision de la recom-mandation nº 150 sur la mise en valeur des ressourceshumaines de manière à tenir compte des changementstechnologiques et à mettre l’accent sur l’apprentissa-ge tout au long de la vie. Nous espérons que cetterecommandation révisée sera basée sur les expériencesmenées dans différents pays. Les réformes dans cespays ont été menées grâce à un dialogue social appro-fondi avec différentes parties prenantes du monde del’éducation et de la formation.

Mon pays a développé une politique pour mettreen place un bureau du développement des compéten-ces qui coordonnera toutes les formes de formation etqui établira un cadre national de la formation. Nousmettons également en œuvre un programme d’ajuste-ments structurels à un coût social minimum, unprogramme d’activités pour les mandants de l’OITqui comporte différents objectifs, à savoir les droits etprincipes fondamentaux au travail, un emploi décentet un revenu décent pour les hommes et les femmes, laprotection sociale pour tous, et le tripartisme, et ledialogue social.

Après la Réunion sous-régionale sur le travaildécent qui a eu lieu aux Fidji en novembre 2002, la

Conférence sur l’emploi et la formation de 2003 etl’Atelier tripartite sur le travail décent de mai 2003,nous avons transformé ce programme d’ajustementsstructurels à un coût social minimum en un programmed’action pour le travail décent. Il est apparu clairementà la Conférence qu’il fallait un cadre pour la politiquede l’emploi pour la plupart de nos populations des zonesrurales et du secteur informel. Nous voulons traiter lesproblèmes de la protection des travailleurs abordésdans le rapport, en révisant différentes lois.

En conclusion, nous attendons avec impatience deconnaître les résultats de la discussion plénière etnous participerons à toutes les commissions pouraccumuler connaissances et expérience.

Original anglais: M. ZINCK (ministre du Travail,des Relations professionnelles et de la Productivité,Fidji) — J’aimerais féliciter chaleureusement le Prési-dent et les trois Vice-présidents pour leur élection.D’emblée, je suis heureux de vous assurer de la coo-pération et de l’appui de la délégation des Fidjiaux activités de la Conférence. Je saisis aussi cette oc-casion pour souligner l’aide inestimable que le BITapporte à mon pays et à la région du Pacifique. Enparticulier, je souhaite remercier le bureau de l’OITpour le Pacifique Sud.

Cela étant, il est impérieux de prévoir une assistan-ce plus régulière et plus ciblée et d’utiliser plus ration-nellement les ressources que fournit l’OIT à l’échellenationale et régionale.

Le rapport global sur le suivi de la Déclaration del’OIT relative aux principes et droits fondamentauxau travail porte essentiellement sur l’élimination de ladiscrimination sur le lieu de travail, question qui pré-occupe particulièrement mon pays.

Mon gouvernement estime que l’élimination dela discrimination et la promotion de l’égalité dansl’emploi et la profession sont indissociables. Ainsi, laConstitution nationale des Fidji dispose que tous lescitoyens doivent être traités de façon égale, quels quesoient leur race, leur couleur, leur sexe ou leur confes-sion. A cette fin, nous veillons à ce que les dispositionsen vigueur soient renforcées dans le projet en cours deloi sur l’industrialisation, afin de garantir la protectioncontre la discrimination sur le lieu de travail et, enparticulier, contre le harcèlement sexuel. Ce projetde loi intègre huit instruments importants qui sont envigueur et permettra d’aligner la législation et la prati-que sur la Constitution nationale et sur les conven-tions pertinentes de l’OIT. En même temps, il tientcompte des préoccupations d’organisations nongouvernementales et d’autres parties intéressées.

La délégation des Fidji fait bon accueil à la discus-sion générale sur la portée de la relation de travail.Nous sommes particulièrement intéressés par desdébats à propos des formes futures des relationsprofessionnelles, et de l’impact des nouvelles techno-logies sur les économies formelle et informelle. Cettequestion est difficile et nous ferons tout notre possiblepour la traiter. Mon gouvernement a décidé de réacti-ver le Forum national tripartite créé en 1976. Uneréunion est prévue le mois prochain pour établirla charte de ce forum et lancer ses travaux. Bienqu’informel, ce type d’institution tripartite est trèsrespecté dans le Pacifique car il est un mécanismequi illustre bien le souci de consensus, fondé sur labonne volonté et la confiance, qu’ont les cultures duPacifique à propos de toutes les questions qui contri-buent à la constitution d’une nation.

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Aux Fidji, la scène sociale a changé et on comptedésormais deux centrales syndicales nationales. Legouvernement a pris l’initiative de les inviter à partici-per au Forum national tripartite, car elles représen-tent beaucoup de travailleurs et divers secteurs que legouvernement respecte et apprécie. Nous avons prisla même initiative pour les employeurs et nous nousfélicitons des services consultatifs juridiques de l’OITdans ce domaine, et de la confirmation qu’en agissantde la sorte nous n’allons pas à l’encontre de la Consti-tution de l’OIT. De fait, nous exerçons notre droit deconsultation, conformément à la convention (nº 144)sur les consultations tripartites relatives aux normesinternationales du travail, 1976.

Nous espérons, et nous sommes convaincus, que lespartenaires sociaux reconnaîtront les possibilitésqu’offre l’initiative que le gouvernement a prise deréactiver le forum, cela à leur demande. Nous devonsaussi souligner qu’il incombe à tous les partenairessociaux de promouvoir le plein emploi productif etlibrement choisi en faveur de tous.

J’aimerais évoquer brièvement les activités norma-tives de l’OIT en matière de sécurité et de santé autravail. La délégation des Fidji fait bon accueil à ladiscussion générale sur les principaux défis dans cedomaine, et sur l’évolution à suivre.

En tant que pays maritime, les Fidji approuventl’adoption d’un instrument visant à accroître la sécuri-té et à garantir l’identification des gens de mer. Pourles Fidji, cette question revêt maintenant beaucoupd’importance, en raison surtout des menaces qui pè-sent sur le monde et de notre situation géographique,sur les couloirs de navigation du Pacifique.

Les Fidji ont ratifié 24 conventions, dont les huitconventions fondamentales. Nous sommes à jour denos obligations en matière de présentation de rap-ports et nous le resterons. Il ressort de l’examen desactivités que mon gouvernement mène aux finsde l’application des instruments et de la Constitutionde l’OIT que nous sommes de nouveau sur la bonnevoie. Nous en sommes à un moment important de notrehistoire, à une période de transition sous la directiond’un nouveau gouvernement, et nous sommes pleine-ment attachés aux principes et pratiques de l’OIT.

Nous continuons dans la voie que nous noussommes tracée et nous solliciterons les conseils del’OIT et de la communauté internationale pour que,finalement, chacun aux Fidji jouisse d’un meilleurniveau de vie et de plus de justice sociale.

Nous devons tous nous engager en faveur du travaildécent pour tous.

Original anglais: M. TABANI (délégué des em-ployeurs, Pakistan) — Je félicite le Président et lesVice-présidents pour leur élection à l’unanimité.

Nous sommes certains que, sous leur conduite,cette Conférence prendra les décisions qui sont néces-saires pour résoudre certaines des questions les plusproblématiques auxquelles se heurte le monde du travail.

La reprise économique mondiale en 2002, selonl’OMC, était inégale, et les chiffres préliminaireslimitent la croissance de l’année entière à 1,5 pourcent. L’incertitude plane sur les perspectives decroissance pour 2003. La guerre au Moyen-Orientlance un défi aux relations internationales et annonceune nouvelle gouvernance mondiale incertaine.

La situation défavorable dans l’emploi au cours desdeux dernières années a contrarié la tendance à la ré-duction du nombre de ceux qui travaillent en dessous

du seuil de pauvreté, qui avait été obtenue à la fin desannées quatre-vingt-dix. L’OIT estime que, à la fin de2002, le nombre de travailleurs en dessous du seuilde pauvreté a atteint son niveau de 1998 qui était de550 millions. Si la tendance actuelle se poursuit, lesObjectifs de développement pour le Millénaire desNations Unies, qui sont de réduire la pauvreté dansle monde de moitié d’ici à 2015, seront fortementcompromis dans bien des endroits du monde.

Au vu du scénario économique mondial, le rapportdu Directeur général S’affranchir de la pauvreté par letravail est opportun et concentre notre attention surles questions actuelles. Il est complet et lance un appelà tous les Etats Membres afin qu’augmente l’emploiet baisse le nombre de ceux qui vivent en dessous duseuil de pauvreté. Il débat des huit objectifs fixés parle Sommet du Millénaire.

Le rapport traite des effets négatifs de la mondiali-sation qui entraînent l’insécurité, la persistance del’inégalité et l’exclusion sociale. Le Directeur générala défini sa stratégie dans le rapport: «Il faut briserl’engrenage de la pauvreté et lui substituer une dyna-mique de création d’opportunités et de richesses auniveau local.» Le rapport prend les quatre objectifsstratégiques de l’OIT en détail et en profondeur, detelle sorte que les Etats Membres puissent fairebon usage de la teneur, des idées et des programmesspéciaux de réduction de la pauvreté.

Une question importante que doit traiter cetteConférence est l’accès amélioré ou accru des PME aufinancement qui est une clé de la croissance. Les PMEsont la plus grande partie de l’emploi dans beaucoupde pays en développement et sont le fondement dusecteur privé. Une autre question très importante estla question de l’emploi des jeunes, qui a été reprisetrès sérieusement par le Secrétaire général des Na-tions Unies qui, en sa qualité de président du Groupede haut niveau sur le réseau d’emploi pour les jeunes,a demandé à l’OIT de prendre les devants pour orga-niser le travail à venir de ce réseau. Nous nous réjouis-sons et nous attendons avec impatience les résultatsconcrets qui émaneront du travail de ce groupe.

Je voudrais féliciter le bureau régional de l’OIT àIslamabad qui a participé activement aux efforts dugouvernement pakistanais pour éradiquer la pauvre-té. Celui-ci a joué un rôle actif pour inclure le conceptd’emploi dans la rédaction de nos programmes dePRSP. Le bureau a organisé une vaste palette deprogrammes sur les quatre objectifs de l’OIT etpoursuit les programmes IPEC pour le Pakistan.

Nous espérons que la coopération et l’assistanceaux partenaires tripartites se poursuivront. Le bureaude Bangkok nous a fourni orientation et coopération.

Je voudrais conclure en rappelant à cette assem-blée la déclaration conjointe émanant du Directeurgénéral de l’OMC, du Directeur du FMI et du Prési-dent de la Banque mondiale, à l’occasion de la réu-nion du conseil général de l’OMC qui s’est tenu àGenève, le 13 mai dernier: «Nous en appelons auxchefs de gouvernement, lors de la prochaine réuniondu G8, pour qu’ils fournissent l’orientation politiquenécessaire pour permettre aux négociations commer-ciales de reprendre.» L’opinion politique au G8 doitsavoir apprécier pleinement l’importance de la libéra-lisation du commerce dans le monde, notamment ence qui concerne l’agriculture, secteur d’une importan-ce cruciale pour le développement. Le commerce estessentiel non seulement au vu des avantages directsqui en découlent, mais aussi parce qu’il accroît le flux

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d’investissements financiers et matériels vers les paysen développement, qui engendre la croissance durevenu et la croissance des possibilités d’emploi quiaideront les populations à sortir de la pauvreté et àrendre les économies plus résistantes aux chocs. Unmeilleur accès aux marchés pour les exportations despays en développement est essentiel pour accroîtreleur croissance économique et la faire durer pourréduire la pauvreté dans le même temps. Une actionaudacieuse est nécessaire pour rendre plus solides lesfondements par lesquels des échanges plus libresaccroîtront la confiance et contribueront à renforcerles économies émergentes et leur reprise.

Je suis sûr que ces propos abondent dans le sens durapport du Directeur général et mettent en lumièreles actions concrètes et nécessaires qui doivent êtreengagées par les pays riches et industrialisés afin degarantir la réduction de la pauvreté dans le mondeentier.

Original anglais: M. NAJAFIMANESH (conseillertechnique et délégué suppléant des employeurs, Répu-blique islamique d’Iran) — Au nom de la Confédéra-tion des employeurs de la République islamiqued’Iran, nous nous félicitons de la tenue de la 91e ses-sion de la Conférence internationale du Travail etsaluons les efforts déployés par le Directeur généralet le Bureau pour élaborer le rapport intitulé S’affran-chir de la pauvreté par le travail.

La lutte contre la pauvreté et le travail décent sontdes éléments qui doivent être abordés du point de vuenational et international. Il y a en effet malheureuse-ment un fossé important entre les pays du Sud et ceuxdu Nord pour ce qui touche au revenu et aux techno-logies. Pour le combler, il faut promouvoir la coordi-nation entre les pays en développement et les paysdéveloppés et prendre en considération les valeurshumanitaires.

La formation est l’un des instruments les plus effi-caces pour lutter contre la pauvreté et la discrimina-tion. Elle demande cependant une assistance techni-que des pays industrialisés qui doit être mise à profiten synergie.

Nous vivons à une époque où les médias se sontfortement développés et où la transmission de l’expé-rience et l’enseignement sont facilités par les techno-logies de l’information. Tout cela abolit les distanceset renforce les capacités en matière technique et enmatière de gestion.

L’assistance technique de l’OIT a donc eu des effetspositifs jusqu’ici et les efforts persévérants quel’Organisation a consentis portent leurs fruits. Nousnous en félicitons et nous souhaitons instammentqu’un bureau de l’OIT soit créé aussi tôt que possibleà Téhéran.

La lutte contre la pauvreté ne concerne pas que lesgouvernements et les employeurs mais passe aussi parl’étroite coordination des autres partenaires sociauxtels que les regroupements de travailleurs et d’em-ployeurs et les gouvernements. La liberté syndicalerevêt une importance cruciale à cet égard. Sans elle,toute action visant à lutter contre la pauvreté et ladiscrimination est vouée à l’échec.

Nous sommes heureux d’annoncer que des mesuresont été prises pour que notre pays signe la convention(nº 87) sur la liberté syndicale et la protection du droitsyndical, 1948. Le Code du travail est en cours demodification à cette fin, une opération qui bénéficiede la coopération de l’OIT et de l’assistance des

partenaires sociaux. La Confédération des em-ployeurs estime que ce projet est prioritaire pour lepays.

L’Iran est riche de 2 500 années d’histoire. C’estl’un des pays les plus importants de la région, qui faitle lien entre les pays d’Europe et les pays d’Asie etoccupe de ce fait une position stratégique importante.Le pays dispose d’un marché régional élargi de300 millions de personnes et est situé à proximitéde vingt pays en développement d’une grande impor-tance.

L’Iran dispose de ressources économiques trèsconsidérables et bon marché (9 pour cent des réservesde pétrole, 15 pour cent de l’ensemble des réserves degaz, une main-d’œuvre bon marché et de l’énergie), cequi en fait un territoire attractif pour l’investissement.

Le pays couvre une surface de 1,6 million de km² etcompte 65 millions d’habitants environ, dont 65 pourcent dans les zones urbaines et 35 pour cent dans leszones rurales. La population iranienne a moins de30 ans à 70 pour cent, et sa structure est donc jeune.On dénombre dans le pays 20 millions d’étudiants,dont 1,6 million d’étudiants universitaires, ce qui sup-pose un fort potentiel en termes de population active.

Malgré les atouts cités ci-dessus, l’Iran n’est pasparvenu à occuper la place qui lui revenait dans l’éco-nomie mondiale, et ce suite à différents incidentsmalheureusement survenus dans les vingt dernièresannées.

L’Iran compte 1 pour cent de la population mondia-le sur son sol mais ne participe qu’à hauteur de0,3 pour cent au volume mondial des exportations. Aucours des dernières années, l’Iran a pris des mesurespour parvenir à occuper la position qu’elle mérite. En1988, l’économie du pays a commencé à décoller. Lesprogrammes économiques du moment mettaientl’accent sur l’importance du marché. L’Iran est dansune phase de transition économique.

En 2001, le PIB était de 119 millions de dollarsselon la méthode Atlas et le revenu par habitant de1750 dollars. En 2002, le PIB de l’Iran a affiché unecroissance de 6,5 pour cent. La répartition du PIBpour 2001 était la suivante: 7 pour cent pour le pétro-le, 17 pour cent pour l’agriculture, 22 pour cent pourl’industrie et les mines et 55 pour cent pour les servi-ces. L’investissement stable représentait 30 pour centdu PIB en 2000.

En 2002, l’Iran a exporté pour plus de 24 millionsde dollars, dont 5 millions seulement pour les produitsautres que le pétrole. Le revenu du pays dépend à80 pour cent du pétrole.

L’économie iranienne passe d’une économie diri-giste à une économie de marché et tire le moteur deson progrès de l’industrie. Les programmes suivantsont été mis en œuvre pour réaliser cette transition:libéralisation de l’économie, passage à une économiede marché, réduction de la bureaucratie, élaborationde réglementations, privatisations, unification du tauxde change, expansion des exploitations non pétroliè-res et remplacement des importations.

La lutte contre la pauvreté au niveau nationalest l’un des programmes principaux du gouvernementet des confédérations d’employeurs pour l’exercice2004. La création d’environ 900 000 postes de travaila été prévue par an. Néanmoins, pour ce faire, ilfaut des investissements, c’est-à-dire garantir lasécurité.

D’autres défis nous attendent encore: promouvoirl’esprit d’entreprise, la gestion et la productivité,

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procéder à des privatisations et attirer l’investisse-ment étranger.

Nous sommes convaincus que l’investissementcréera de la richesse. Nous discuterons peut-être bien-tôt de la façon de répartir cette richesse plutôt que dela pauvreté. Je tiens pour finir à remercier encorel’OIT pour les efforts déployés afin d’améliorer lesrelations professionnelles dans notre pays et dedévelopper l’assistance technique.

Original vietnamien: M. DANG (délégué des tra-vailleurs, Viet Nam) — Au nom des travailleurs viet-namiens et de leurs syndicats, je voudrais saluer lePrésident et tous les délégués de la 91e session de laConférence internationale du Travail, qui, je l’espère,sera couronnée de succès.

Nous apprécions à leur juste valeur le rapport duDirecteur général et celui du Président du Conseild’administration. Le Directeur général nous a présen-té un excellent rapport intitulé S’affranchir de la pau-vreté par le travail. Nous partageons le point de vue duDirecteur général selon lequel la pauvreté est un cau-chemar, un cercle vicieux dont on ne sort pas et qui secaractérise par un état de santé déficient, une capacitéde travail réduite, une faible productivité et une espé-rance de vie raccourcie.

La pauvreté a ses conséquences: scolarité insuffi-sante, faibles qualifications, revenus médiocres,procréation prématurée, mauvaise santé et décèsprécoces. Elle constitue un obstacle au développe-ment durable.

Nous sommes au XXIe siècle, siècle de l’économiefondée sur le savoir et pourtant des tas de gens viventdans la pauvreté. Aucun pays n’y échappe et elle frap-pe durement les pays en développement et les pays entransition. Pour l’éradiquer, il faut conjuguer lesefforts aux niveaux national et international. Il faut,en outre, qu’il existe un engagement tripartite etl’OIT doit jouer un rôle important dans cette lutte.Nous soutenons aussi l’expérience et la stratégiementionnées dans le rapport du Directeur généralpour s’affranchir de la pauvreté.

La Confédération générale des travailleurs du VietNam représente et défend les droits et les intérêtslégitimes des travailleurs vietnamiens, qui sont consa-crés par la Constitution et les diverses lois nationales.

Au cours des soixante-quatorze dernières annéesde notre histoire, les syndicats vietnamiens ontgrandement contribué à la cause de l’indépendancenationale et à la construction du pays. Ils jouent ac-tuellement un rôle important dans l’industrialisationet dans la modernisation du pays, pour qu’un jourcelui-ci devienne riche et opulent et abrite une sociétécivilisée, juste et démocratique.

Le IXe Congrès des syndicats du Viet Nam auralieu en octobre 2003. Les orientations, les tâches et lesprogrammes d’action des syndicats vietnamiens aucours des cinq prochaines années seront axés sur lacréation d’emplois, la formation et le recyclage, laréduction du chômage, l’amélioration des relations dutravail, des conditions de vie et de travail, la santé et lasécurité au travail, la sécurité sociale, l’égalité, la luttecontre la discrimination fondée sur le sexe, le recul dela pauvreté, l’abolition du travail des enfants, etc.Notre point de vue est que le développement écono-mique doit aller de pair avec le développement socialet que l’être humain doit être au centre de ce dévelop-pement, d’où l’importance de la mise en valeurdes ressources humaines. Nous nous employons éga-

lement à revoir le contenu et les méthodes de l’activi-té syndicale et à renforcer nos capacités en tant qu’or-ganisations, afin de pouvoir répondre aux attentesdes travailleurs dans le cadre de la transition vers uneéconomie de marché et de l’intégration dans l’écono-mie internationale.

Nous nous efforçons de mettre en œuvre les conven-tions et les normes de l’OIT dans le contexte du VietNam et de développer des relations amicales et decoopérer avec les syndicats du monde entier.

Au nom des travailleurs et des syndicats du VietNam, je voudrais exprimer notre reconnaissance pourl’aide amicale des organisations syndicales du mondeet pour le soutien efficace fourni par l’OIT ces derniè-res années aux travailleurs et syndicats vietnamiens.

Nous sommes convaincus que l’amitié et la coopé-ration entre travailleurs et syndicats du monde conti-nueront à se développer dans un souci de paix dedéveloppement, de démocratie et de progrès social, etpour que les travailleurs aient une vie meilleure.

Original anglais: M. JAIN (délégué des employeurs,Inde) — Au nom du groupe des employeurs de l’Indeet au nom de l’ensemble de la délégation indienne,c’est un honneur pour moi que de féliciter très cordia-lement le Président et chacun des trois Vice-prési-dents pour leur élection.

Le rapport édifiant présenté par le Directeur géné-ral, intitulé S’affranchir de la pauvreté par le travail,présente un point de vue actuel, ainsi qu’un certainnombre des éléments d’un plan stratégique visant àéradiquer la pauvreté. Le rapport fait valoir, à justetitre, qu’un emploi ou un travail rémunéré constituela clé de l’élimination progressive et durable de lapauvreté.

Dans le contexte de l’éradication de la pauvreté etde la promotion de la croissance économique, le pointde l’ordre du jour lié à la formation et la mise envaleur des ressources humaines prend toute sonimportance. La mondialisation et l’apparition de lanouvelle économie exigent une main-d’œuvre haute-ment qualifiée. Le développement des compétencesest ainsi essentiel pour conserver un emploi, et celadevient un excellent élément de sécurité sociale. Lapromotion du travail indépendant doit égalementdevenir un des piliers de la démarche de l’OIT enmatière de création d’emplois. L’OIT devrait contri-buer à créer un fonds spécial pour le développementdes compétences dans les pays en développement.

La mondialisation devrait permettre d’éliminer lapauvreté grâce à la libre circulation et aux liens entreles capitaux, la technologie, les services et le person-nel. On constate effectivement une meilleure circula-tion des capitaux dans une certaine mesure, une circu-lation accrue de la technologie, mais nous assistons àun moindre mouvement et même à la création debarrières à la circulation de personnel qualifié. Il y aégalement des barrières contre la sous-traitance auniveau planétaire. De telles barrières non tarifairesvont à l’encontre de l’esprit d’une véritable mondiali-sation et l’OIT devrait travailler à l’élimination de cesbarrières dans la mesure où elles enfreignent le princi-pe de libre accès au marché, affirmé dans les négocia-tions multilatérales et les forums. En fait, il s’agit d’unvéritable déni de marché.

Le champ de la relation du travail, par ailleurs, quiest le cinquième point à l’ordre du jour, doit être traitéavec beaucoup de prudence, car il pourrait avoir degraves répercussions sur plusieurs économies. Dans le

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contexte de la mondialisation et de la compétitivité,les entreprises devraient s’en tenir à leur métier prin-cipal, en laissant les activités périphériques à ceux quisavent le faire de façon plus rentable et efficace. Cettesouplesse dans la relation du travail est d’ailleurscompatible avec un traitement juste des travailleursqui doit être garanti.

Afin d’encourager un développement économiqueharmonieux, les différences qui existent entre les dif-férents pays doivent être prises en compte pour ce quiest des conditions et des niveaux de développement.Ceci devrait être une condition préalable à l’applica-tion des obligations et des normes. Les obligationsdevraient tenir compte des limites fixées par les possi-bilités économiques, en particulier pour des pays endéveloppement tels que l’Inde, sinon le processus lui-même de développement s’en trouvera gravementaffecté. Les trois piliers de l’OIT doivent travaillerdans un contexte de collaboration tripartite afin d’at-ténuer les inégalités à l’intérieur d’un pays et entre lesdifférents pays. Comme le souligne le Directeur géné-ral dans son rapport, l’écart de revenus qui existait en1960 entre le cinquième le plus riche de la populationmondiale et le cinquième le plus pauvre, était de30 contre 1. En 1999, il est devenu le 74 contre 1.

Un autre point important est celui de la sécurité etde la santé au travail. Un sujet qui exige une étudeapprofondie avant d’adopter un instrument quel qu’ilsoit afin d’élaborer une approche globale et intégréede la question, tout en tenant compte des conditionset des contraintes existant dans les différentes socié-tés et les différentes économies.

En Inde, un pays de plus d’un milliard de person-nes, un effort concerté dans un cadre démocratiqueest actuellement déployé pour régler le doubleproblème de la pauvreté et du chômage dans un espritde justice sociale. Le nombre de personnes vivantsous le seuil de la pauvreté a été ramené à environ unquart de la population. Le niveau de vie, d’une façongénérale, progresse. L’Inde est en fait l’une des écono-mies qui connaît le taux de croissance le plus rapideen cette ère de globalisation.

Nous sommes ravis de l’initiative prise par l’OITqui vise à étendre la sécurité sociale à travers l’adop-tion d’une fiducie sociale mondiale. De telles initiati-ves vont contribuer à atteindre les objectifs du Millé-nium pour le développement et elles devraient êtremises en œuvre conjointement avec d’autres initiativesdes agences des Nations Unies, telles que le Pactemondial.

Finalement, nous aimerions vous assurer, au nomdes employeurs de l’Inde, que nous accordons unegrande importance à la responsabilité sociale dansl’entreprise et à la question de la gestion d’entrepriseafin de renforcer la dynamique de la croissancedurable. Nous espérons que les efforts déployés parl’OIT pourront être couronnés de succès et s’inscriredans un cadre socio-économique mondial où person-ne, qu’il s’agisse d’un pays, d’une famille ou d’unepersonne, ne sera exclu.

Original allemand: M. RAMME (représentant,Confédération internationale des cadres) — Au nomde la Confédération internationale des cadres, laconfédération qui chapeaute les cadres employés,qu’il me soit permis de féliciter le Président pour sonélection au poste de président de cette session de laConférence internationale du Travail. Je lui souhaiteplein succès pour la réalisation de cette tâche extrê-

mement importante. Je tiens également à féliciter lescollaborateurs du BIT pour les résultats impression-nants de leur travail, résultats qui sont repris dans lerapport.

Ce rapport donne des informations excellentessur les droits fondamentaux des travailleurs dans lemonde entier et sur les différentes solutions visant àaméliorer le statut des travailleurs.

Au nom de la confédération, je souhaite aborderles points suivants dans mon intervention. J’aimeraisd’abord parler du lien existant entre l’emploi et lafamille. Ce sujet fait l’objet d’une attention particuliè-re dans votre rapport. Comme vous le savez peut-être,il y a peu nous avons organisé à Prague, avec le con-cours de la Commission européenne, une conférenceinternationale dont le thème était l’égalité des sexesdans les postes de direction.

Selon nous, c’est en essayant de concilier l’activitéprofessionnelle et les responsabilités familiales quel’on obtiendra une relation équilibrée entre les sexessur le lieu de travail. Non seulement en raison del’évolution démographique de nombreux pays indus-trialisés tels que l’Europe ou les pays d’Amérique duNord, mais aussi parce que les femmes ont droit àl’épanouissement, la part des femmes dans la popula-tion active sera à peu près égale à celle des hommesdans les prochaines décennies, surtout pour la main-d’œuvre qualifiée car cette main-d’œuvre se fera deplus en plus rare dans les prochaines années dans lespays industrialisés.

Afin de relever le défi du vieillissement démogra-phique dans ces sociétés, il est évident que la part desfemmes dans la population active augmentera. Nous-mêmes en tant que cadres, alors que le nombre desfemmes est encore trop faible parmi nous, noussaluons cette évolution et nous encourageons les par-tenaires sociaux à faire de leur mieux pour garantiraux femmes un accès égal aux postes de travail.

Une politique qui a pour objectif de concilier l’acti-vité professionnelle et les responsabilités familialespermet également aux femmes de rester compétitivessur le marché du travail, car ainsi, pendant les annéesoù elles élèvent leurs enfants, elles ne sont pluscontraintes d’interrompre plus longtemps leur activi-té professionnelle. Les femmes accumulent les expé-riences en terme d’entreprises, continuent à se formeret sont, par conséquent, plus productives.

De plus, elles apportent des compétences socialesgrâce à leurs responsabilités familiales. Cela est vraiaussi pour les hommes qui, comme l’ont montréles pays scandinaves, jouent un rôle important dans lafamille et apportent donc eux aussi des compétencesacquises dans leur vie familiale.

La Confédération internationale des cadres encou-rage même pour les postes d’encadrement une certai-ne flexibilité des horaires, car le travail à temps partielpermet aux femmes qui travaillent de concilier leurstâches ménagères et leur activité professionnelle.C’est important pour les femmes mais c’est égalementimportant pour les pères, qui peuvent ainsi participerplus activement à la vie familiale.

Nous soutenons, par conséquent, la création d’em-plois qui permettent de concilier travail et vie familia-le, et ce partout et dans tous les pays, mais surtoutdans les petites et moyennes entreprises, qui n’ont pasles moyens des grandes entreprises.

Nous demandons aussi pour les femmes des salai-res comparables à ceux des hommes. A travail égal,salaire égal. On ne peut pas accepter qu’une femme

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soit moins bien payée qu’un homme simplement par-ce que c’est une femme.

Nous souscrivons aux initiatives lancées par l’OITpour mettre cela en œuvre. Par ailleurs, je souhaiteattirer l’attention de cette assemblée sur la situationtoujours aussi peu satisfaisante des cadres dansplusieurs pays en ce qui concerne le droit de créerdes associations et de conclure des conventionscollectives.

Les droits de liberté syndicale sont parfois bafoués,comme c’est le cas par exemple au Canada. Noussommes convaincus que l’OIT doit faire jouer soninfluence dans certains pays afin que le droit descadres à la liberté syndicale soit reconnu au mêmetitre que celui des autres travailleurs.

Je suis heureux de pouvoir vous dire que notreconfédération œuvre un peu partout en faveur d’unmonde du travail juste et digne. Je tiens à vous remer-cier pour l’attention que vous avez portée à mon inter-vention.

Original anglais: Mme SHURENCHIMEG (con-seillère technique et déléguée suppléante des em-ployeurs, Mongolie) — J’ai l’honneur et le plaisir devous saluer au nom de la Fédération des employeursde Mongolie. Je souhaite féliciter M. Somavia pour saréélection en qualité de Directeur général du BIT etle remercier pour le rapport si complet qu’il a proposéà notre réflexion. Ce document, qui a pour thèmeprincipal le travail, considéré comme le meilleurmoyen pour sortir de la pauvreté, nous présente lesdiverses activités menées par l’OIT dans le cadre del’Agenda pour le travail décent.

Comme vous le savez, la Mongolie est un pays entransition qui, à l’instar de nombreux autres paysen développement, est confronté à des problèmessociaux tels que la pauvreté et le chômage, deuxphénomènes qui sont de toute évidence étroitementliés au démarrage économique de notre pays.

Nous sommes entièrement d’accord avec le Direc-teur général lorsqu’il affirme que chacun desmandants de l’Organisation a un rôle concret à jouerdans la lutte contre la pauvreté et que le secteur privédoit être un moteur pour la création d’emplois. Nousestimons que notre responsabilité sociale nous impo-se de participer à la lutte contre la pauvreté et decontribuer, par le bais d’activités créatrices d’emplois,au développement de notre pays.

L’Organisation des employeurs de Mongolie estrelativement jeune; elle a en effet vu le jour en 1991,consacrant la réapparition du secteur privé enMongolie. Ce secteur représente aujourd’hui plus de60 pour cent du PIB. Je tiens à ce propos à signalerle rôle décisif qu’a joué l’OIT dans la formation et ledéveloppement d’une organisation d’employeurs enMongolie. C’est en effet grâce à l’OIT, ainsi qu’auxorganisations internationales d’employeurs et aux or-ganisations d’employeurs de certains pays — je pensenotamment à la Fédération japonaise des entreprises— que notre organisation est aujourd’hui largementreconnue, tant sur le plan national qu’à l’écheloninternational.

La plupart de nos membres sont des petites etmoyennes entreprises qui ont été créées récemmentet ne possèdent par conséquent que peu d’expérience.Nous savons que nous comptons également des mem-bres potentiels parmi tous les créateurs d’entreprises«en puissance» qui travaillent actuellement dans lesecteur informel — qui ne cesse de se développer —

et ne demandent qu’à acquérir une formation dansle domaine de la gestion d’entreprise. Il est parconséquent fondamental que ces personnes puissentaccéder à toutes les ressources et informations dontelles ont besoin.

Dans son rapport, le Directeur général note que leprogramme de formation mis au point par l’OIT àl’intention des petits entrepreneurs (Gérez mieuxvotre affaire) est utilisé dans plus de 80 pays. Noussavons que ce programme a fait la preuve de son effi-cacité à long terme, et c’est la raison pour laquellenous souhaitons faire partie du groupe des pays quil’ont adopté.

En étroite collaboration avec le ministère du Tra-vail et des Affaires sociales, le ministère de l’Industrieet du Commerce et avec l’aide des consultants del’OIT, la Fédération des employeurs de Mongolie amis au point une version originale de ce programmede formation et prépare actuellement les premièrespropositions de projets.

Nous espérons que l’OIT nous aidera à mettre enœuvre ce programme, dans l’intérêt des nombreusespersonnes qui œuvrent à la création d’emplois.

En Mongolie, nous avons coutume de dire que lamer n’est en fin de compte constituée que de simplesgouttes d’eau. Aussi avons-nous l’espoir que chacunde nos efforts, aussi minimes soient-ils, contribuera àaméliorer la situation de l’emploi partout dans lemonde.

Je souhaiterais également attirer votre attentionsur la question du développement des compétencesprofessionnelles. On peut aujourd’hui observer enMongolie un important déséquilibre entre l’effectifdes titulaires d’un diplôme universitaire et celui destravailleurs qualifiés. Les employeurs ont les plusgrandes difficultés à trouver des travailleurs qualifiés,alors que les individus diplômés ou bénéficiant d’uneformation de haut niveau sont en surnombre surle marché de l’emploi. Les personnes qui sont à larecherche d’un emploi ne sont pas en mesure derépondre aux impératifs de la vie professionnelle. Lesemployeurs aimeraient par conséquent participeractivement à l’élaboration des programmes des insti-tutions de formation professionnelle et à l’organisa-tion de stages de formation.

Je tiens également à signaler que les principes fon-damentaux de l’OIT — le tripartisme et le dialoguesocial — donnent de bons résultats en Mongolie.Nous devons certes œuvrer sans relâche à améliorernos relations et notre coopération avec le gouverne-ment et les organisations de travailleurs, mais dix ansd’expérience nous ont appris que, pour autant que lestrois partenaires soient effectivement déterminés àinstaurer un véritable partenariat, le tripartisme peutêtre un outil efficace pour l’élaboration et la mise enœuvre des politiques sociales et de l’emploi.

Original anglais: Mme ASPAR, s’exprimant au nomde M. VAN LEEUWEN (représentant, Internationalede l’éducation) — L’Internationale de l’éducationsoutient vigoureusement l’appel lancé par le Direc-teur général en faveur d’un engagement tripartitedécisif pour s’affranchir de la pauvreté.

En tant que fédération mondiale représentant lesprofesseurs et autres personnels de l’enseignement,nous sommes les témoins directs des ravages qu’infli-ge la pauvreté aux communautés du monde. Commenotre vocation est de nous trouver là où il y a des fa-milles, des enfants et des jeunes, l’écrasante majorité

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de nos 26 millions de membres vit et travaille auprèsdes pauvres.

On ne sait pas toujours que les enseignants fonteux-mêmes partie des pauvres. Dans trop de pays endéveloppement, leurs maigres salaires sont versésavec des mois de retard; et, même lorsqu’ils perçoi-vent leur salaire, ils sont rémunérés au-dessous duseuil de pauvreté.

Pour survivre, pour nourrir leur famille, ils doiventeffectuer un autre travail — conduire un taxi, travaillercomme portier de nuit dans un hôtel ou tenir une peti-te échoppe à un coin de rue. Les rapports du Comitéconjoint OIT/UNESCO d’experts sur le statut des en-seignants ont témoigné maintes fois de cette situation.

Les conséquences de ce maintien des enseignantsdans la pauvreté sont dramatiques. Lorsqu’ils sontforcés de prendre un second travail à l’extérieur del’école pour survivre, on imagine l’impact que cela asur la qualité de l’éducation. Pourtant, un groupe dechercheurs de la Banque mondiale a eu le toupet dediffuser un document attaquant les enseignants. Ils’agit du projet de chapitre sur l’éducation prévu pourla prochaine édition du Rapport sur le développe-ment dans le monde. Il y a des problèmes réels. Cer-tes, et je viens de les mentionner, mais on ne peut ré-gler les problèmes qu’en en comprenant les causes, etla cause principale du problème c’est que les ensei-gnants de nombre de communautés font intégrale-ment partie des travailleurs pauvres. Ils se battentquotidiennement pour la survie, comme le décrit lerapport de manière très concrète.

La réponse n’est pas de blâmer les pauvres pourleur sort. Les pauvres ne sont pas la cause de la pau-vreté.

L’Internationale de l’éducation s’efforce de trouverdes solutions constructives avec la Banque mondiale,contribuant par le biais de l’éducation à la lutte contrela pauvreté. Mais nous sommes préoccupés par la di-rection que prend aujourd’hui la Banque, qui semblevouloir rejeter la faute sur les victimes. C’est dans cecontexte que nous attendons avec intérêt le prochainrapport de la Commission mondiale sur la dimensionsociale de la mondialisation.

Dans l’intervalle, il reste beaucoup à faire. Nouscontinuons à appuyer l’IPEC, le Programme de luttecontre le travail des enfants, et nous nous félicitons del’appui vigoureux donné à cette initiative par la CISLet nos collègues d’autres fédérations mondiales.

Aucun pays n’échappe à la pauvreté, et la pénuriecroissante d’enseignants que connaissent les pays in-dustriels est directement liée à la difficulté de requali-fier ou de recruter des enseignants dans les zones oùla pauvreté et la violence vont trop souvent de pair.

La violence scolaire va s’aggravant. Certaines destragédies de ces dernières années se sont produitesdans des zones résidentielles: Colombine aux Etats-Unis, Erfurt en Allemagne, Dumblane en Ecosse.Au-delà de ces tragiques exemples des dysfonctionne-ments de la société moderne, nos membres sont con-frontés à une violence quotidienne, principalementdans les zones défavorisées, où tout espoir a été per-du. L’un des éléments essentiels du passage de l’alié-nation à l’espoir est la notion centrale du rapport se-lon laquelle c’est par le travail que les gens peuvents’affranchir dignement de la pauvreté. La vocation,l’éducation et la formation constituent l’une des clés.

L’Internationale de l’éducation jouera un rôle actifdans les travaux de l’OIT visant à réviser la recom-mandation (nº 150) sur la mise en valeur des ressour-

ces humaines, 1975, pour l’adapter aux conditions etaux besoins d’aujourd’hui.

Près de 60 pour cent de nos membres sont des fem-mes. Nous représentons l’une des professions les plusféminisées. Il est temps de réaliser l’égalité au travail,et nous continuerons d’être à l’avant-garde de l’actionvisant à mettre en œuvre cette partie essentielle de laDéclaration de l’OIT.

Depuis la session de l’an dernier de la Conférence,nous avons obtenu un succès important avec la libéra-tion du docteur Taye Woldesmiate, président de l’As-sociation des enseignants éthiopiens, qui vient de pas-ser six ans en prison. M. Woldesmiate sera avec nouscette semaine en temps que membre de notre déléga-tion. Nous remercions le Directeur général, ainsi queses collègues et le Comité de la liberté syndicale, dusoutien sans faille qu’ils nous ont apporté dans nos ef-forts pour obtenir la libération de M. Woldesmiate, etnous apprécions la volonté manifestée par l’OIT desuivre l’évolution de la situation alors que notre collè-gue poursuit courageusement son action.

En Colombie, pays dont le cas est examiné depuislongtemps par le Comité de la liberté syndicale, lesnouvelles sont moins brillantes. On continue à tuerdes enseignants à raison d’un par semaine ou à les exi-ler. Le maintien du soutien de l’OIT peut contribuerde manière cruciale à l’élimination de la violence per-manente et au rétablissement du respect des droitsfondamentaux.

Ainsi, la lutte continue — une lutte contre la violenceet la pauvreté, contre le travail des enfants, contre laviolation des droits fondamentaux, une lutte pour uneéducation de qualité pour tous, pour la mise en placede services publics efficaces dans nos communautés,pour le droit à la formation et pour le retour del’espoir.

Original russe: M. MUKASHEV (délégué des tra-vailleurs, Kazakhstan) — Adoptée il y a cinq ans, laDéclaration relative aux principes fondamentaux etdes droits au travail a eu un effet positif sur le déve-loppement des relations sociales du travail dans notrejeune Etat indépendant. En cinq ans, le Kazakhstan aratifié en plus 12 conventions de l’OIT, dont toutes lesconventions fondamentales. A l’initiative de la Fédé-ration des syndicats, notre parlement a adopté une loide partenariat social. Les négociations collectives et laconclusion d’accords et de contrats se sont générali-sées au Kazakhstan.

Aujourd’hui, au Kazakhstan, outre l’accord répu-blicain, les accords sur les tarifs ont été conclus par lamajorité des syndicats industriels et des syndicatspour les secteurs non productifs et par toutes les asso-ciations régionales de travailleurs des provinces. Desconventions collectives sont désormais en vigueurdans 70 pour cent des entreprises et organisations oùil y a des syndicats.

En outre, je ne peux pas manquer de signaler le rôletripartite des syndicats dans la réalisation des pro-grammes de lutte contre la pauvreté et le chômagedans la République. S’agissant de résoudre les problè-mes sociaux et du travail, les programmes de coopéra-tion entre la République du Kazakhstan et l’OITjouent un rôle important.

Je voudrais saisir l’occasion pour exprimer ma re-connaissance au Bureau international du Travail et auspécialiste principal des activités pour les travailleurs,M. Sten Taft Peterson, et aux autres collaborateurs duBIT pour leur contribution et l’aide donnée au syndi-

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cat du Kazakhstan. En outre, eu égard à l’importancede la Déclaration de l’OIT, nous devons tout mettreen œuvre pour en appliquer les principes.

Comme l’indique le rapport global, le Kazakhstanest encore le théâtre de violations des droits syndi-caux, de discrimination des travailleurs, surtout dansles entreprises privées étrangères. L’emploi s’accroîtlentement bien que le chômage tende à se résorber.

Nous nous efforçons de remédier à cette situationet, quand c’est nécessaire, nous demandons assistanceà l’OIT. Ce fut le cas quand nous nous sommes plainsdes actes de la compagnie américaine Tengizshevroil.Grâce à la réaction rapide et aux recommandationsdu Conseil d’administration, des changements positifsont eu lieu dans les rapports entre l’administration etles syndicats.

La situation est maintenant presque normale. LaRépublique du Kazakhstan construit activement unmodèle de développement équilibré et durable. Notrepays commence à devenir un Etat social. La croissanceéconomique permet de s’attaquer aux tâches sociales.Rien que l’an dernier, les revenus et salaires ontaugmenté en pouvoir d’achat de plus de 8 pour cent.Le Président du Kazakhstan a défini de nouvelles mesu-res d’accroissement des salaires et des retraites etd’amélioration des conditions des citoyens à bas revenu.

Un processus actif de démocratisation et d’édifica-tion d’une société civile est en cours dans notre pays.On prête une attention croissante au respect desdroits de l’homme et à la création des conditions dutravail décent.

Les syndicats du Kazakhstan sont déterminés àcréer des conditions acceptables d’un développementsain et équitable.

Ainsi, avec l’aide du bureau de l’OIT à Moscou,nous avons élaboré et présenté au gouvernementnotre conception d’une rémunération améliorée dutravail au Kazakhstan dans un contexte d’économiede marché.

Nous avons amorcé le travail pour rédiger un codedu travail intégral.

Nous sommes fermement convaincus qu’il doit sefonder sur les normes internationales et les principesfondamentaux du travail.

La participation des experts de l’OIT à l’élabora-tion d’un projet de Code du travail serait précieuse etutile. Nous espérons aussi que, conformément au pro-gramme de coopération avec l’OIT, celle-ci accorderason concours au Kazakhstan et aux partenairessociaux, et apportera son aide consultative et pratiquedans la solution des problèmes sociaux du travail.

Original espagnol: M. MALLCU (délégué des tra-vailleurs, Bolivie) — Position de la Centrale ouvrièrebolivienne lors de la 91e session de la Conférenceinternationale du Travail. La Bolivie, en tant que paysMembre de l’Organisation internationale du Travail,a ratifié les huit conventions fondamentales de l’OIT.

Le Code du travail énonce des principes fondamen-taux tels que la protection du travailleur, le respectdes droits, la sécurité sociale, la stabilité profession-nelle, le salaire minimum, le droit d’association syndi-cale, etc.

Néanmoins, la Centrale ouvrière bolivienneconstate que le gouvernement n’a ni l’autorité ni lavolonté politique d’appliquer et de mettre en œuvreces dispositions normatives. Les employeurs, quant àeux, promettent de créer des emplois permanents parle biais de la réactivation de l’appareil productif,

arguant que cela permettra de garantir des conditionsde durabilité et de satisfaire les besoins essentiels destravailleurs et de leurs familles.

En Bolivie, il n’existe pas véritablement de rela-tions de travail tripartites. En effet, les employeursdes sociétés nationales et multinationales n’assumentpas leurs responsabilités et ne prennent pas de mesurepour résoudre les problèmes socioprofessionnels parle biais du dialogue. Qui plus est, les structuresadministratives sont souvent mises en place dans leseul but de bloquer ou retarder toute action visant àgarantir le respect des normes et à réaffirmer le droitdes travailleurs à être traités de manière équitable,sur le plan de la rémunération et des conditions detravail.

Par ailleurs, les normes sont violées de façon per-manente et ne sont pas appliquées. Le gouvernementne respecte pas les engagements et les accords négo-ciés annuellement avec la Centrale ouvrière bolivien-ne et ses antennes. Il n’a pas su garantir le respect desaccords par les employeurs, qui s’appuient sur l’arti-cle 55 du décret suprême 21060, lequel octroie touteliberté en matière d’embauche et de licenciement,y compris sans motif pour ne pas appliquer les règlesen vigueur. L’employeur a ainsi toute latitude pourprendre des décisions unilatérales.

Le décret suprême 21060 et son article 55 sont con-traires à la Déclaration de l’OIT relative aux principeset droits fondamentaux au travail et transforment cesderniers en mots vides de sens.

Aucun des principes se rapportant aux domainessuivants: droit d’association, liberté syndicale, con-vention collective, travail forcé, travail des enfants,sécurité sociale, discrimination dans l’emploi et dansla profession, ne sont appliqués par les employeurs.Les dirigeants syndicaux sont licenciés, tout simple-ment parce qu’ils exigent le respect de leurs droits.

En ce qui concerne les politiques et les stratégiesde lutte contre la pauvreté, il faut davantage mettrel’accent sur le renforcement de la capacité des parte-naires sociaux, afin que l’emploi occupe une placecentrale dans les politiques économiques et sociales.

S’agissant du travail décent dans le cadre de l’Etatde droit, il faut mettre en avant les principes d’égalité,de dignité, d’équité et de participation. Une démocratiedans un contexte de misère n’est pas une démocratie.Les syndicats et les travailleurs sont des acteurs fon-damentaux de la démocratie. En effet, celle-ci impli-que dialogue et concertation. De ce fait, il ne peut êtrequestion de travail décent si les droits fondamentauxdes travailleurs ne sont pas respectés, notammentl’égalité des chances et de travail pour tous. Ce sont làles caractéristiques de base d’un travail de qualité,auquel nous avons tous droit.

Ces considérations nous amènent à demanderl’appui technique de l’OIT pour mettre en œuvre laDéclaration tripartite relative aux principes et droitau travail et abroger l’article 55 du décret suprême21060.

Afin que les enfants, les jeunes, les adultes et toutesles personnes de Bolivie et du monde puissent avoirvraiment droit à un futur plus digne et pour que le tra-vail décent puisse devenir réalité bientôt, la Centraleouvrière bolivienne doit aujourd’hui plus que jamaisrester autonome tout en développant ses liens avec lemonde syndical international et ainsi renforcer lemouvement des travailleurs.

(La séance est levée à 19 h 05.)

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No 10 – Jeudi 12 juin 2003

IMPRIMÉ EN SUISSE

TABLE DES MATIÈRES

Pages

Septième séance

Rapport du Président du Conseil d’adminis-tration et rapport du Directeur général: Dis-cussion (suite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1Orateurs: M. Boti, M. Ng, Mme Chao, Mme De Vits,

M. Boisson, Mme Eagle, Lord Brett, M. Abascal,M. Tateisi, M. Pater, M. Smith, M. Borsik, M. AlvarezGaiani, M. Potter, Mme Iglesias, M. Peet,M. Khreishi, M. Cedrone, M. Kamara

Ratification d’une convention internationaledu travail et d’un protocole par la Belgique . . 16

Huitième séance

Rapport du Président du Conseil d’adminis-tration et rapport du Directeur général: Dis-cussion (suite) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Orateurs: Mme Dembsher, M. Marius, M. Batbayar,

M. Le, M. Fahey, M. Juquel, M. Pérez del Castillo,Mme Morova, Mme Muganza, M. Trejos, M. OkombiSalissa, M. Arnold, Mme Shouleva, M. Guider,M. Gonzi, M. Al Mana, Mme Fenton, M. ArthurErrazuriz, M. Kilic, M. Mammadov, M. Ahmad,Mme Lucero, M. Marica, M. Ernesta, M. Abdella,M. Subirana Suárez, M. Leitzelar Vidaurreta,Mme Karagousova, M. Zharikov, M. Sunmonu,M. O’Neill, M. Zinck, M. Tabani, M. Najafimanesh,M. Dang, M. Jain, M. Ramme, Mme Shurenchimeg,Mme Aspar, M. Mukashev, M. Mallcu