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Larhyss Journal, ISSN 1112-3680, n° 03, Juin 2004, pp.115-128 © 2004 Laboratoire de Recherche en Hydraulique Souterraine et de Surface Larhyss/Journal N° 03, Juin 2004 DEMARCHE D’INTEGRATION DU CONCEPT QUALITE – SECURITE - ENVIRONNEMENT AUX SYSTEMES D’ALIMENTATION EN EAU POTABLE BAHMED L. 1 , DJEBABRA M. 1 , ABIBSI A. 2 . 1 Département Hygiène et Sécurité, Université de Batna – Algérie. 2 Département Génie Mécanique, Université de Biskra – Algérie. RESUME La concurrence internationale impose une course sans fin à la compétitivité dans laquelle il ne faut croire qu’à la recherche scientifique en vue d’améliorer la qualité des produits et des services. La surveillance de la qualité de l’eau destinée à la consommation humaine est fondée sur une évaluation et une supervision continues et vigilantes du point de vue de la santé publique, de la salubrité et de l’acceptabilité des approvisionnements publics en eau de boisson. Les problèmes d’alimentation en eau potable en Algérie relèvent des aspects à la fois quantitatifs (accroissement constant de la consommation) et qualitatif (pollution sous ses diverses formes). Pour répondre à ces besoins, le législateur algérien a mis en place un dispositif réglementaire qualifiée d’approche à obligation de moyens. Or, il est connu que cette approche souffre de beaucoup de contraintes. D’où la nécessité d’évoluer vers une autre approche dite à obligation de résultats. S’inscrivant dans ce contexte, l’objectif de cet article est de proposer un système de management fondé sur une démarche d’intégration progressive et participative des facteurs Qualité (de l’eau destinée à la consommation humaine), Sécurité (du système d’alimentation en eau potable et celle des consommateurs) et Environnement (sécurité et qualité des points de prise d’eau), QSE. Ce genre de démarche peut être adaptée et appliquée à toute la chaîne d'alimentation en eau potable avec une prise en considération de ces trois dimensions simultanément, non seulement, dans la conception des ouvrages mais aussi dans leur gestion quotidienne avec une répartition des actions en amont (points de prise d'eau et infrastructures) et en aval (réseau de distribution caractérisé par son irrégularité, ses pertes, son âge etc.…). MOTS CLES : Management, Qualité, Sécurité, Environnement, Intégration.

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  • Larhyss Journal, ISSN 1112-3680, n 03, Juin 2004, pp.115-128 2004 Laboratoire de Recherche en Hydraulique Souterraine et de Surface

    Larhyss/Journal N 03, Juin 2004

    DEMARCHE DINTEGRATION DU CONCEPT QUALITE SECURITE - ENVIRONNEMENT AUX SYSTEMES

    DALIMENTATION EN EAU POTABLE

    BAHMED L.1, DJEBABRA M.1 , ABIBSI A.2. 1 Dpartement Hygine et Scurit, Universit de Batna Algrie. 2 Dpartement Gnie Mcanique, Universit de Biskra Algrie.

    RESUME La concurrence internationale impose une course sans fin la comptitivit dans laquelle il ne faut croire qu la recherche scientifique en vue damliorer la qualit des produits et des services. La surveillance de la qualit de leau destine la consommation humaine est fonde sur une valuation et une supervision continues et vigilantes du point de vue de la sant publique, de la salubrit et de lacceptabilit des approvisionnements publics en eau de boisson. Les problmes dalimentation en eau potable en Algrie relvent des aspects la fois quantitatifs (accroissement constant de la consommation) et qualitatif (pollution sous ses diverses formes). Pour rpondre ces besoins, le lgislateur algrien a mis en place un dispositif rglementaire qualifie dapproche obligation de moyens. Or, il est connu que cette approche souffre de beaucoup de contraintes. Do la ncessit dvoluer vers une autre approche dite obligation de rsultats. Sinscrivant dans ce contexte, lobjectif de cet article est de proposer un systme de management fond sur une dmarche dintgration progressive et participative des facteurs Qualit (de leau destine la consommation humaine), Scurit (du systme dalimentation en eau potable et celle des consommateurs) et Environnement (scurit et qualit des points de prise deau), QSE. Ce genre de dmarche peut tre adapte et applique toute la chane d'alimentation en eau potable avec une prise en considration de ces trois dimensions simultanment, non seulement, dans la conception des ouvrages mais aussi dans leur gestion quotidienne avec une rpartition des actions en amont (points de prise d'eau et infrastructures) et en aval (rseau de distribution caractris par son irrgularit, ses pertes, son ge etc.). MOTS CLES : Management, Qualit, Scurit, Environnement, Intgration.

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    I. INTRODUCTION

    A la suite des scheresses graves et prolonges, les ressources en eau ont fortement diminu ces vingt dernires annes. Il y a des pnuries d'eau chroniques et saisonnires aigus dans la plupart des pays d'Afrique (BEATRICE, 2000). La demande en eau augmente rapidement du fait de l'accroissement de la population, de l'urbanisation, de l'industrialisation et des besoins pour l'irrigation. Les ressources en eau disponibles sont fortement pollues par les rejets d'eaux uses urbaine et industrielle et par les nitrates en provenance des engrais agricoles. La question des ressources en eau reste une proccupation majeure pour l'Algrie car, d'une part, 95% du territoire a un climat aride, et, d'autre part, les ressources potentielles, issues du volume annuel des pluies que reoivent les bassins versants ne sont que partiellement mobilisables. Malgr ces donnes inquitantes, on continue un gaspillage et une utilisation irrationnelle d'une eau mobilise pourtant grands frais. Le traitement des eaux potables n'est pas toujours assur de faon satisfaisante, ce qui fait que de temps autre des pidmies se dclarent (cholra et maladies transmissibles par voie hydrique). Lobjectif de cette tude est de dvelopper une dmarche dintgration du triptyque Qualit Scurit - Environnement au niveaux des systmes d'alimentation en eau potable, ce qui constitue une mthodologie nouvelle par rapport celle applique au niveau du secteur industriel (LARADE, 1999), (BERT, 2000) et (MORNEVAL, 2001). Nous justifions le choix de ltude du triptyque QSE par le fait que la qualit et la scurit ne concernent pas seulement celles des services et des systmes techniques d'alimentation en eau potable mais aussi lintgrit du systme environnement (nature, faune, flore). Le management des trois notions simultanment est considr comme un dfi stratgique relever dans le sens dopportunits intressantes. Les intrts dune telle intgration reposent sur lide suivante : cette opration doit tre perue comme un moyen daccrotre les performances des systmes de management des systmes d'alimentation en eau potable et de les dynamiser par la cration doutils communs destins faciliter les processus de dcision inhrents au management. Pour atteindre cet objectif, la structuration de cet article est fonde sur trois tapes fondamentales : Dans une premire tape, nous rappelons les problmes de leau en Algrie. La seconde tape sera rserve la rponse actuelle aux problmes de leau (quest une rponse juridique, rappelons-le) ainsi que ses limites. Pour pallier ces limites, une autre rponse aux problmes de leau fera lobjet de la troisime et dernire tape de cette tude. Il sagit dune proposition dune

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    dmarche dintgration du triptyque QSE pour le management du systme dalimentation en eau potable. Cette dmarche permet de rpondre une proccupation nationale frquemment formule par spcialistes du domaine mais relativement insatisfaite car lapproche utilise tait incomplet voire sommaire.

    II. LES PROBLEMES DE LEAU EN ALGERIE

    Les ressources en eau, utilises pour nos divers besoins, proviennent des eaux dites de surface (ruissellement des eaux de pluie, coulement des cours d'eau) que l'on peut en partie stocker dans des barrages et retenues de diverses tailles, et des eaux souterraines accumules par les nappes aquifres, alimentes galement par l'infiltration d'une partie des eaux de pluie. Ces dernires totalisent en Algrie un volume moyen annuel de 12,4 milliards de m3. Les tudes les plus rcentes (MATE, 2000) estiment 4,7 milliards de m3 le volume global que l'on pourra mobilier (stocker dans des barrages) partir des eaux de surface, au moment o tous les barrages qu'il est possible (techniquement et financirement) de raliser seront installs : ce volume ne reprsente que 38% du volume annuel global des eaux de surface. Pour ce qui est des eaux souterraines, leurs rserves permettent d'exploiter un volume annuel de quelques 6,8 milliards de m3 et elles exigent, par consquent, de coteux forages. En termes de ressources mobilisables, l'Algrie dispose d'un plafond annuel de 11,5 milliards de m3 qui se rpartissent comme suit (MATE, 2000) : Mobilisation des eaux de surface (barrages) : 4,7 milliards de m3. Exploitation des nappes souterraines : 1,8 milliards de m3 (pour le nord

    de lAlgrie) et 5 milliards de m3 (pour le sud de lAlgrie). Soit un total de 11,5 milliards de m3.

    Cette situation nous classe dj parmi les pays qui se situent en dessous du seuil de pnurie de la disponibilit en eau, fix internationalement 1000 m3/ an/ habitant. La disponibilit de l'eau est en effet actuellement, avec une population de 30 millions d'habitants, de 383 m3/an/habitant et passera en 2020 avec une population de quelque 44 millions d'habitants, 261 m3/an/habitant, pour ce qui concerne les ressources mobilisables.

    II.1 Aspects quantitatifs L'utilisation de l'eau concerne essentiellement l'alimentation en eau potable et industrielle et l'irrigation. En effet, partir des capacits de mobilisation

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    installes1, la production annuelle d'eu potable et industrielle s'lve 1,3 milliards de m3/an, alors que le volume distribu n'atteint que 1,015 milliards de m3/an soit 52% des capacits de mobilisation installes (HADJ, 1997). Les consommations domestiques en eau potable totalisent 980 millions de m3, ce qui assure thoriquement une dotation moyenne de 160 l/jour/habitant pour les populations desservies, ce qui est en principe satisfaisant (HADJ, 1997). Cela demeure toutefois thorique car du fait des pertes dans les rseaux (entre 40 et 50% des volumes produits) et d'un systme de gestion inefficace, les citoyens sont confronts la pnurie d'eau, travers les coupures.

    II.2 Aspects qualitatifs La pollution des eaux se manifeste sous diffrentes formes (GAID, 1984) : Pollution domestique : provient des habitations, et gnralement,

    vhicules par les rseaux d'assainissement jusqu' la station d'puration. Elles se composent des eaux de vannes d'vacuation des toilettes et des eaux mnagres d'vacuation des cuisines et des salles de bain. Les dchets prsents dans ces eux souilles sont constitus par des matires organiques dgradables et des matires minrales. Ces substances sont sous forme dissoute ou en suspension.

    Pollution industrielle : provient des usines et est caractrise par une grande diversit selon l'utilisation de l'eau ; les produits qui gnrent cette forme de pollution sont des matires organiques et graisses (industrie agroalimentaire, rejets d'abattoirs), des hydrocarbures, des mtaux (traitement de surface, mtallurgie), des acides, des bases, des produits chimiques divers (industrie chimique, tanneries), matires radioactives (centrales nuclaires, traitement des dchets radioactifs) et eau chaude (circuits de refroidissement des centrales thermiques).

    Pollution agroalimentaire : l'agriculture est une source de pollution des eaux qui n'est pas du tout ngligeable car elle se caractrise par de fortes teneurs en sels minraux (azote, phosphore, potassium) qui proviennent des engrais qui sont particulirement riches en azote dont l'excs peut passer dans les eaux souterraines et les eaux de surface et des purins et lisiers (levages) ainsi que la prsence de produits chimiques de traitement (pesticides, herbicides). Parmi les produits qui gnrent, galement, cette forme de pollution figurent les matires organiques et graisses (industrie agroalimentaire, rejets d'abattoirs).

    La production des eaux uses urbaines est estime environ 500 millions de m3 par an. Comme pour l'alimentation en eau potable, la quasi-totalit de la

    1 Il sagit de barrages en fonction, forages et sources qui ont une capacit de 1,9 milliard de m3.

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    population agglomre (urbaine et rurale) est raccorde au rseau public d'assainissement (MATE, 2000). Le taux de la population agglomre raccorde au rseau d'gouts publics tait en 1996 de 85%. S'il existe une certaine amlioration du cadre de vie l'intrieur des agglomrations, force est de constater une augmentation des rejets d'eaux uses d'origine urbaine dans les oueds. Ceci constitue une menace grave pour la qualit des ressources en eau (MATE, 2000). A cela, il faut ajouter les rejets d'eux uses des units industrielles raccordes au rseau d'gouts communaux. Une carte thmatique sur la qualit des eaux superficielles indique des quantits importantes de phosphore et d'azote. Ceci explique les phnomnes d'eutrophisation, savoir l'enrichissement d'une eau en sels minraux (nitrates et phosphates notamment). Compte-tenu des dangers lis aux eaux uses domestiques, un programme de ralisation de stations d'puration a t engag par les pouvoirs publics dans les annes 80. Une cinquantaine de stations d'puration ont t ainsi ralises. Ces stations permettent de traiter environ 4 millions quivalent/habitant (MATE, 2000). Dix autres stations ayant une capacit de 1,2 million quivalent/habitant sont en cours de ralisation travers le pays. Actuellement, la capacit d'puration du pays a atteint environ 5 millions quivalent/habitant. Les stations d'puration sont censes apporter une amlioration substantielle de l'hygine publique et de la protection des ressources hydriques. Elles sont malheureusement inoprantes pour l'essentiel (SAADI, 1998).

    II.3 Aspects financiers Le manque de moyens financiers s'explique par le fait qu'il est plus ais d'obtenir des crdits pour la ralisation de stations d'puration, mais pas pour leur fonctionnement et leur maintenance. Les frais de gestion sont supposs tre la charge de l'usager quest le pollueur mais le tarif de l'eau n'en tient pas compte. Les collectivits locales ne disposent toujours pas de moyens financiers pour assurer la gestion des systmes d'puration ou des infrastructures d'assainissement en gnral. Cette situation se rpercute gravement sur l'environnement et notamment sur la qualit des eaux superficielles.

    II.4 Consquences de la pollution de leau Au cours des dernires annes, nous assistons une progression proccupante de ces maladies sous forme d'pidmies n'pargnant aucune rgion du pays. Parmi ces maladies, citons celles transmission hydrique qui sont le rsultat de manifestations pathologiques d'origine bactrienne, parasitaire ou virale. Ces

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    maladies reprsentent la premire cause de morbidit parmi les maladies dclaration obligatoire. La fivre typhode, infection la plus courante, reprsente elle seule entre 44 % et 47% du total des dclarations des maladies transmission hydrique. Le cholra svit l'tat endmique avec des pousses pidmiques tous les quatre ans environ. Chaque anne, les maladies diarrhiques dues la contamination de l'eau tuent environ 2000 enfants. Ces dcs pourraient tre vits, si toute la population avait accs des services adquats d'approvisionnement en eau et assainissement (MATE, 2000). Chaque anne, notre pays dpense 1,5 milliard de dinars, soit 23 millions de dollars, pour lutter contre les maladies transmission hydrique (MATE, 2000).

    III. LA REPONSE REGLEMENTAIRE AUX PROBLEMES DE LEAU EN ALGERIE

    Du fait des multiples contraintes voques, l'eau est devenue un enjeu majeur dans la politique nationale de dveloppement. La gestion de l'eau s'appuie essentiellement sur deux importantes lois (TIAR, 1997) : La loi relative la protection de l'environnement et la loi portant Code des eaux qui a pour objet la mise en uvre d'une politique tendant assurer une utilisation rationnelle de l'eau. La politique nationale de l'eau, telle qu'elle est ainsi envisage, s'articule autour de trois axes principaux : lconomie de leau, la gestion unitaire de leau et la protection de l'eau par notamment l'assainissement. L'conomie de l'eau sous-entend qu'il faut mettre fin au gaspillage, travers la rduction des fuites (rnovation des rseaux de distribution), et une tarification quitable et approprie de l'eau. En matire de fuites, l'objectif vis est la rduction du taux de fuites, estim 50% (seuil normalis : 20%) (MATE, 1995a). La tarification de l'eau doit tre quitable et permettre l'accs l'eau mme aux plus dmunis, par le biais d'une facturation accessible tous pour un volume li au "minimum vital" en eau. Cette tarification doit galement tre module, car les tranches suivantes de facturation doivent permettre de recouvrir intgralement le cot conomique induit par la mobilisation de cette eau et sa distribution (MATE, 1995b). Cette gestion rationnelle doit imprativement redonner nos ressources en eau leur valeur conomique et prendre donc en compte la ncessaire rentabilit du service de l'eau. La protection de l'eau par notamment l'assainissement doit inclure le raccordement aux rseaux, l'entretien de ces derniers et l'puration des eaux uses. Par ailleurs, l'assainissement s'impose aussi bien comme impratif incontournable de la protection des milieux et de la sant des citoyens, que

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    comme moyen d'augmenter la disponibilit de l'eau, en utilisant des eaux pures pour l'irrigation (MATE, 1995b). Il convient de dfinir une politique claire en matire de gestion, d'inventaire, de conservation et d'utilisation des ressources en eau. Celles-ci ayant des impacts multidimensionnels, doivent faire l'objet d'un plan de rpartition quilibr entre les divers utilisateurs (TABET-AOUL, 1998). En Algrie, la rponse rglementaire aux problmes de leau souffre de beaucoup de contraintes telles que (TIAR, 1997) : l'inflation rglementaire (beaucoup de textes), le conflit de comptences entre les administrations, des textes comportant d'importantes lacunes en matire de protection

    des milieux aquatiques, des textes inappliqus pour causes de manque de moyens, priorit la

    croissance conomique, Si nous prenons le cas de la ville de Batna, situ en Est de lAlgrie, comme un exemple concret d'illustration de limplication de plusieurs partenaires dans le rseau de surveillance de la qualit des eaux potables, nous numrons : La commune de Batna (APC) et l'EPDEMIA (l'entreprise de gestion des

    eaux de la ville de Batna) sont considres juridiquement comme tant les propritaires directes des sources d'eau potable.

    La direction de lhydraulique qui est la direction mre de l'EPDEMIA et dont le rle est la gestion des eaux souterraines et l'exploitation des forages.

    Linspection de lenvironnement est un organisme jouant le rle de pivot en assurant une inspection rgulire des diffrents forages, des laboratoires de contrle et en contrlant svrement et rigoureusement certains commerces qui peuvent ventuellement provoquer des tats de pollution tels que les stations de lavage, les abattoirs, les cafs, les restaurants et toutes les entreprises de la ville.

    La Direction de la Sant Publique (DSP) quest une institution dont le rle est d'appui en matire de contrles et d'analyses supplmentaires pour confirmer ou contredire les rsultats obtenus de l'EPDEMIA ou le laboratoire communal. Elle est galement charge de faire des propositions la commune ou l'EPDEMIA concernant les mesures prendre pour la prservation de la qualit des eaux potables et la protection de la population.

    LUniversit quest considr comme un port scientifique de premier ordre qui conoit et apporte son soutien technique aux diffrents partenaires officiels cits ci-dessus.

    La rponse rglementaire aux problmes de leau, quest qualifie d'approche obligation de moyens, souffre de beaucoup de ces contraintes d'o la ncessit d'voluer vers une autre approche dite approche obligation de rsultats.

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    IV. LAUTRE REPONSE AUX PROBLEMES DE LEAU EN ALGERIE

    Pour faire face aux insuffisances, voques brivement ci-dessus, une autre rponse aux problmes de leau potable en Algrie est alors possible. Il sagit dune rponse que nous qualifiions dapproche obligations de rsultats. Car, elle est inspire de la dmarche de dveloppement des systmes de management. La mise en place de cette dmarche ncessite, logiquement, la description du systme dalimentation en eau potable qui fera lobjet de la section suivante.

    IV.1 Description du systme dalimentation en eau potable La description de ce systme est fourni par la figure suivante :

    Prise

    deau Ouvrage de

    transport Ouvrage de traitement

    Ouvrage de stockage

    Ouvrage de distribution

    Fig.1 : Systme dalimentation en eau potable

    Lexamen de la figure 1 montre que : cette chane est complexe et dont le fonctionnement nest pas toujours

    connu ni bien matris, la configuration des ouvrages montre bien quil sagit de la

    configuration la plus fragile (configuration srie) o la dfaillance dun seul bloc (dautant plus quil se situera en amont) risque dentraner larrt de la distribution deau.

    Ces deux remarques nous incitent tudier la vulnrabilit de ce type de systmes qui est prsente ci-aprs.

    IV.2 Vulnrabilit du systme dalimentation en eau potable. Cas de la ville de Batna

    Trois variantes caractrisent ltude de la vulnrabilit dun systme dalimentation en eau potable (VINONNEAU, 1990). Elles sont dtailles ci-aprs.

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    IV.2.1 Analyse de la scurit dalimentation en eau potable Lobjectif de cette premire variante est danalyser les risques de perturbation ou darrt dalimentation en eau potable. En terme de cette analyse, on sintresse aux causes et aux consquences de ce type de risque. Selon cette premire variante, la ville de Batna est alimente par des eaux souterraines qui sont captes et disperses dans de diffrentes zones afin de les stocker dans des rservoirs qui subissent un traitement spcifique pour tre ensuite distribues. Le nombre de forages existant au niveau de la ville de Batna est de 25 forages diviss en deux groupes savoir les forages du champ externe situ loin de la ville et les forages du champ interne localiss proximit de la ville. Chaque forage comprend un systme anti-choc se qualifiant d'anti-blier et ayant la forme d'une grosse citerne renfermant 1/3 d'eau et 2/3 d'air comprim dont le rle principal est la protection des pompes en cas o le refoulement se fera forte pression au moment d'une coupure de courant forte tension lectrique en se dclenchant automatiquement. Les causes dinscurit dalimentation en eau potable de la ville de Batna que nous avons recenses sont du type : malveillance, erreurs humaines, dfaillances techniques, mauvaise gestion, forte demande en priode dt, concurrence au niveau de la prise deau (agriculteurs et industrielles), la scheresse et la pollution diffuse. Ces causes affectent considrablement la vulnrabilit du systme dalimentation en eau potable. Lnumration de lensemble de ces causes possibles, permet dvaluer limpact de linscurit dalimentation en eau potable. En ralit, ces impacts sont difficile apprcier car : - les usagers ne sont pas ncessairement touchs de la mme faon pour cause

    dune desserte ingale en eau potable, - le moment o se produit lincident et sa dure.

    IV.2.2 Analyse de la scurit des consommateurs Selon cette variante, on sintresse la qualit de leau destine la consommation humaine. Il sagit, rappelons-le, dune scurit optimale (sans la ngliger et sans quelle soit absolue). Selon cette variante, leau capte pour la ville de Batna subit un traitement unique qui est la dsinfection par l'hypochlorite de sodium et de calcium concentr dont l'objectif est d'liminer les coliformes qui s'y trouvent. En ce qui concerne la qualit bactriologique des eaux de la ville de Batna, des analyses sont effectues par les services de l'EPDEMIA et leurs rsultats indiquent des signes de bonne qualit. La surveillance de la qualit des eaux de la ville de Batna destines la consommation humaine est fonde sur un programme dont les lments sont multiples : gnie sanitaire, examens physique, biologique, chimique et

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    institutionnel des approvisionnements en eau qui porte sur les lments de l'exploitation et de la gestion qui pourraient faire courir des risques sur la sant des consommateurs. Pour cela, l'valuation complte des risques dans un rseau pareil doit comprendre un examen minutieux et critique des paramtres suivants : qualit de la source, son dbit et sa protection, suffisance et fiabilit du traitement, rseau de distribution (qualit, pression et continuit), contrle de la qualit (dossier, chantillonnage et preuves), mesures contre les interconnexions et le siphonnage en retour, chlore rsiduel dans le rseau de distribution (s'il y a lieu), procds de construction et de rparation des installations (y compris la dsinfection avant la mise en service), modalits de maintenance et niveau de l'exploitation.

    IV.2.3 Analyse de la scurit de lenvironnement Suivant cette variante, on sintresse aux points de prise et de rejets deaux. Cette analyse, comme la prcdente, doit porter sur la qualit des eaux. Signalons que seule lanalyse des eaux aux points de prise deau quest pratique par les services deau. Les trois variantes de ltude de la vulnrabilit du systme dalimentation en eau potable correspondent au triptyque QSE. Pour cette raison, la suite de ce papier sera rserve la dmarche dintgration de ce triptyque.

    V. METHODOLOGIE DINTEGRATION DU TRIPTYQUE QSE

    Les rsultats de notre tude se sont solds par le dveloppement d'une mthodologie d'intgration du triptyque QSE par illustration de la dmarche sur lexemple concret quest celui de la commune de Batna- Algrie. Lvaluation du degr dinfluence de la fusion des concepts Qualit, Scurit et Environnement sur les performances techniques et conomiques des systmes dalimentation en eau potable est fonde sur lanalyse des principaux types dindicateurs stratgiques par domaine (TURGEON, 1997). Pour des entreprises dalimentation en eau potable dsireuses doffrir des services de stockage et de distribution deau de qualit et moindre cot, de matriser les risques de dysfonctionnement des systmes techniques (perturbation ou arrt dalimentation en eau potable), de la prservation de ltat de sant des consommateurs et de veiller ralise des analyses rgulires de la qualit des points de prise deau (scurit de lenvironnement), plusieurs questions se posent : Quelle vision adopter court terme et long terme?, Quelle stratgie choisir?, Comment sorganiser ?, Qui former, informer et comment?, Quel(s) outil(s) dvelopper et utiliser?, Comment communiquer?

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    Cest pour aider les organismes concerns par lalimentation en eau potable rpondre ces questions que nous avons choisi dorienter nos recherches sur llaboration dune dmarche de management permettant dintgrer les facteurs Qualit, Scurit et Environnement dans le systme de management gnral. Les raisons dune telle intgration sont les suivantes : acqurir un avantage concurrentiel et un bnfice dimage, raliser des conomies, connatre et matriser ses nuisances et mieux grer les risques, mettre en uvre un plan daction global.

    Comme tout projet, lintgration repose sur lassemblage de composantes, leurs articulations et leur coordination comme lindique la figure 2. La prsentation de notre dmarche dintgration prend en considration les exigences lies aux trois rfrentiels sur lesquels nous avons fonds notre tude : ISO 9001 version 2000, OHSA 18001 version 1997 et ISO 14001 version 1996 sur une base comparative travers des similitudes et des diffrences (BAHMED, 2002b).

    Systmes sgrgus

    Q/ S/ E

    Moyens

    Contraintes

    Planification- Mise en uvre- Mesures et analyses

    Systme intgrQ.S.E

    Humains Communication

    Temps Implication

    Fig.2 : Mthodologie dintgration du triptyque Q/S/E.

    Lorganisation du projet dintgration du triptyque QSE au niveau des systmes d'alimentation en eau potable est reprsente par la figure 3. Lors de lapplication pratique, les synergies des managements environnemental, de la qualit et de la scurit peuvent tre exploites utilement (BAHMED, 2002a). Un systme de management intgr est un systme qui requiert une harmonisation et une compatibilit dans la matrise des lments qualit, scurit et environnement. Ainsi, comme cela a t voqu prcdemment, un systme intgr est constitu de parties communes, de parties distinctes mais cohrentes et matrises de faon similaire.

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    Comit de Direction

    Comit de pilotage

    Responsable QSE Animateurs

    Validation

    Travail terrain

    Valide les directions

    Prsente

    Valide les tapes Collecte l'information Assure le relais sur le terrain

    Anime

    Assiste

    Fig.3 : Organisation du projet dintgration du triptyque QSE

    Ce genre d'intgration dans les systmes d'alimentation en eau potable doit tre fond sur une rorganisation des responsabilits, une restructuration du systme et une modification de l'approche managriale. C'est pourquoi, cette mthodologie d'intgration doit tre axe au niveau de la structure du systme (dfinition des processus et leur champ dapplication) et au niveau du fonctionnement de chaque processus o il faut insister sur : la rpartition des responsabilits, la formation, la sensibilisation du personnel, la communication.

    Les lments et les tapes du management des risques peuvent tre intgrs dans un systme de management de la qualit ou dans un systme de management environnemental ou dans un systme de management de la scurit, tout comme les diffrents lments du management de la qualit, du management de la scurit et du management environnemental peuvent ltre dans le processus de management des risques (fig. 4).

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    Management de la qualit

    Management de la scurit

    Management environnemental

    Prise de

    conscience des risques

    Reconnaissance des dangers

    Contrle/ Rtroaction

    Analyse des

    risques

    Matrise des risques

    Risques

    Fig.4 : Intgration du processus de management des risques dans les systmes de

    management de la qualit, de la scurit et de lEnvironnement.

    VI. CONCLUSION

    L'intgration du triptyque QSE dans un systme dalimentation en eau potable doit correspondre un tat d'esprit afin d'tre prsente au quotidien dans les activits de chacun. A ce titre, elle ncessite une prise de conscience de tout le personnel, des connaissances sur les systmes, la qualit, la scurit et l'environnement tous les niveaux hirarchiques. Les avantages d'une telle intgration se rsument dans les points suivants : intgration volontariste, participative et progressive. prise en considration des trois dimensions qualit, scurit et

    environnement non seulement dans la conception des ouvrages mais aussi dans leur gestion quotidienne.

    rpartition des actions en amont (points de prise d'eau et infrastructure) et en aval (rseau de distribution caractris par son irrgularit, ses pertes, son ge, ).

    Ce genre dintgration nest possible que si les concepts Qualit, Scurit et Environnement sont devenus une partie des lments de base de la culture des entreprises dalimentation en eau potable.

  • Dmarche dintgration du concept Qualit Scurit - Environnement aux systmes dalimentation en eau potable

    Larhyss/Journal N 03, Juin 2004 119

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