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Pour une rencontre

nationale

des 5-16,"JIN

Avoir sorti « Les Pétroleuses .. , c'est d'abord une victoire contre notre propre isolement, notre propreabsence d'expression Qui ne faisait que refléter le silence des femmes sur elles-mêmes.

Par la discriminatio.qtt la surexploitation des femmes dans le travail, par le maintien du rôle traditionnel de lafamille, par l'éducation répressive des enfants, par sa morale du travail et de la reproduction, la classe dominante'exerce sur les femmes un pouvoir indispensable à ses intérêts. La lutte des femmes contre tous les aspects de leuroppression remet profondément en cause lesstructuresfle la société de classe et les valeurs qu'elle impose.

Lancer ce journal, c'est lancer un instrument de haison ent~ les femmes ; celles qui luttent dans I'entreprise,celles qui se battent pour l'avortement et la contraception libres et remboursés, celles qui se sonëregroupées dansles quartiers, boites, facultés, lycées et aussi celles qui n'ont encore rien fait de tout cela mais se posent de§questions.

Tiré à 5000 exemplaires, le journal a été diffusé par les groupes et envoyé en province aux groupes que nousconnaissions. La première apparition publique des « .Pétroleuses » a eu lieu le 8 mars, lors de la manifestation desfemmes de la CGT et des grévistes des banques : des journaux ont été échangés, des discussions se sont engagées,notre présence étant généralement bien accueillie. Aujourd'hui, le fait de poser les problèmes des femmes en tantque tels est devenu possible à partir de la situation dans le travail, la famille, la société. Aujourd'hui, denombreuses' femmes prennent conscience que les problèmes ne sont pas individuels et que les solutions ne-peuvent pas non plus être individuelles.

En fonction de l'écho. rencontré par le journal, en fonction de l'existence de nombreux groupes tant à Parisqu'en province et des discussions qui se sont menées, particulièrement sur le rapport entre lutte des femmes etlutte des classes, nous pensons qu'il est maintenant possible de passer à un nouveau stade.

Les groupes, c'est bien; le journal, c'est un grand pas en avant, mais vers quoi ? N'est-il pas possible,maintenant, de se définir, de confronter les expériences, de se donner des objectifs et de s'organiser en unmouvement autonome des femmes?

Pour en discuter, les groupes de quartier parisiens appellent à une rencontre nationale des femmes ouverteà tous les groupes - qu'ils se réclament ou non du MLF - et à toutes les femmes.

Lors de cette rencontre, il ne s'agira pas seulement de raconter notre oppression mais de réfléchir ensemblesur le travail, la famille, la sexualité, l'auto-organisation des femmes, le journal, les campagnes à mettre sur pied;tout en resituant notre oppression dans le cadre du système qui s'en nourrit et la perpétue.

Nous pensons qu'il ne suffira pas de se rencontrer une fois l'an mais qu'il faut commencer à construire unvéritable mouvement des femmes qui luttent. Non pas un « parti de femmes » avec une directionélue et une plate-forme d'aàhèSiôïï, non pas un regroupement à l'occasion d'une initiative spectaculaire une foispar an, mais un lieu de prise de conscience et d'élaboration. Un mouvement qui nous permette à la foisd'approfondir l'analyse de notre oppression et de mener des luttes, fonctionnant par coordinations et assises P.ts'exprimant dans un journal.. ' , .

Seul un mouvement autonome des femmes est capable de situer et de combattre notre oppression là où elleest.

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9 -10 juin 1974,les

~

NOUS ARRETONS D'ETRE BONNICHESET TORCHEUSES DE GOSSES! .'

Nous ferons la grève du travail domestique,abêtissant, abrutissant, qui nous est dévolu« ,naturellement» ! Travail gratuit quireprésente une économie pour les capitalistes,en crèches, restaurants, laveries et autreséquipements collectifs.

NOUS ARRETONS DE SOIGNER,D'ASSITER DE SECONDER!

Nous ferons la grève du travail salarié.Nous en avons assez de faire les travaux lesplus durs à l'usine, d'être les plus mal payées.Nous en avons assez d'être confinées dans desprofessions dites « féminines'»: d'êtreserveuses, soignantes, d'aocueillir, d'éxécuter,de ranger ... Parce que nous sommes incapablesde « créer », que nous sommes « faites» pourlaver la vaisselle!

NOUS ARRETONS DE NOUS TAIRE,D'APPRENDRE, D'ETRE DOCILES! '

Nous ferons la grève du travail scolaire et .universitaire. A l'école comme à la maison onnous prépare à notre rôle de future mère etépouse.

Nous en avons assez de faire des étudeslittéraires « pour distraire nos futurs maris» ...« C'est bien connu, une femme c'est idiot, çane peut pas faire des maths, ni êtreingénieur» ! Exceptées quelques« phénomènes}) qui sont d'ailleurs« anormales », pas de « vraies femmes ».

NOUS ARRETONS DE DORLOTER, DECAJOLER, DE GARDER LES ENFANTS!

En fait d'« éducation », c'est plutotd'élevage qu'il faut parler. Avec le travail, lescourses, les transports, le ménage... nousn'avons pas le temps de nous occuper desenfants, notre rôle se réduit à leur transmettreles rapports de domination-soumission-répression que nous subissons.

L'idée d'une grève des femmes a été lancéepar les Féministes Révolutionnaires.

Nous, Pétroleuses, en ferons des journéesde lutte contre notre oppression. La grève seraun moyen d'affirmer notre force et de"nnc:.t.rllirtJ> lp mouvement,

----------

__NOUS· ARRETONS 11

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MAIS COMMENT?

Dans les entreprises, nous pournonsorganiser une heure de débrayage, avecassemblée générale de discussion (avec lesoutien, chaque fois que cela est possible, dessections syndicales).

Dans les quartiers, nous pourrions nousrassembler :

- pour porter notre linge sale à la mairie- pour occuper une salle publique avec les

enfants, etc.Autant d'actions pour imposer une prise en

charge collective de toutes les tâchesdomestiques et de l'éducation des enfants.

Nous briserons notre isolement dans lefoyer. Partout, nous nous regroupons !

Dans les écoles, les CET, les lycées, lesfacultés. Nous pourrions organiser desdiscussions, des forums, des sketches. Partout,nous dénoncerons la discrimination que noussubissons dans l'enseignement et la formationprofessionnelle.

Partout nous prendrons la parole, nousserons dans la rue pour affirmer ce que nousvoulons. Mais aussi pour montrer que nousvoulons vivre autrement.

La grève des femmes ne sera pas une grèvecomme les autres. Par la grève, nousaffirmerons une fois de plus que la libérationde l'humanité tout entière, la transformationdes rapports sociaux, la libération sexuelle ...ne se fera pas sans nous, sans le mouvementdes femmes.

MADELEINE

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CE QUE· FEMME VEUT !!...

A L'OMBRE DES MARIS

Avez-vous vu Mme Anémone Giscardd'Estaing? Jolie., Mme Anémone Giscardd'Estaing, souriante, séduisante, met bien envaleur son époux: on l'envoie dans lescolonies faire campagne pour son mari.

Mme Chaban-Delmas, elle, seral'ambassadrice de toutes les femmes auprès deson mari -candidat.

Mnre Danielle Mitterrand, elle, a été croixde guerre à 17 ans, ce qui ne l'a pas empêchéed'être bonne mère et bonne épouse.

De qui se moque-t-on ? Les candidatsnous présentent tous leurs femmes comme despotiches; c'est qu'ils nous considèrent commedes potiches.

Avez-vous vu comme tout à coup ilss'intéressent à nous?

Ils ont tous leur mot à dire sur lacontraception et « l'interruption degrossesse » (soyons polis !).

Les uns sont « pour» dans certainesconditions, les autres sont « contre», sansparler de Royer qui, si on le laissait faire, nousramènerait, au nom de la famille; de l'hygièneet de la maîtrise de soi, aux bonnes vieillesceintures de chasteté de nos aïeules ...

C'EST EN LUTTANT ...

Pourquoi tout à coup parle-t-on de ceschoses à la TV, alors que la loi (de 1920)l'interdit encore? C'est parce que nos luttesl'ont imposé!

C'est parce que depuis deux ans nousluttons pour l'avortement et la contraceptionlibres et gratuits, c'est parce que le MLACexiste, qu'il a organisé des avortementsillégaux, parce que nous sommes descenduesdans la rue pour réclamer le droit de déciderce qui nous concerne seules.

Ce n'est pas aux députés, c'est auxfemmes de décider.

La lutte pour l'avortement et lacontraception libres et gratuits continue !

ILS NOUS FONT DES FLEURS

Le Programme Commun propose laretraite à 60 ans pour les hommes et à 55 anspour les femmes. Qu'est-ce qu'ils sont gentilsavec nous!

Sommes-nous donc plus fragiles?Vieillissons-nous mal ?

Non, c'est simplement reconnaître que lesfemmes sont plus usées par le travail. C'estsimple, nous en faisons le double: environ 70heures par semaine pour une femme mariéeavec deux enfants. Après le boulot, lestransports, c'est les gosses, le ménage, lacuisine, la vaisselle ...

Nous voulons des restaurants collectifs àbas prix dans tous les quartiers pour nouslibérer de la popote et de la vaisselle.

Nous voulons des laveries à bas prix, deslocaux collectifs dans tous les immeubles, desterrains de jeux, car les enfants n'ont pasbesoin d'adultes quand ils ont où jouer.

Nous voulons des écoles, des garderies,des colonies de vacances, des crèches ouvertes24 heures sur 24, pour nous permettre devivre et pas seulement de travailler.

Lorsque les femmes de la Coframaille ontoccupé l'usine jour et nuit, le problème a ététrès vite: qui va s'occuper des enfants? Etelles ont organisé collectivement la garde desenfants!

ET AU BOULOT?

Une femme qui travaille, qu'est-ce que çaveut dire? Les transports, le bruit, le travailemmerdant, subalterne ...

Il paraît que les femmes ne sont pasqualifiées, mais quelle formationprofessionnelle leur est offerte? CET coutureou employée de bureau, avec un CAP decouture, on est employée comme OS dansl'électronique (pas qualifiée mais agile desdoigts) .

Il paraît qu'on ne peut pas donner auxfemmes' de travaux pénibles. Merci, messieurs.Mais les ouvrières des filatures de Roubaixsoulèvent des ballots de plus de 50 kilos.Cessons l'hypocrisie. Avec les machines, lestravaux pénibles ne devraient plus exister, nipour les femmes ni pour les hommes.Cela aucun candidat ne le fera,car pour eux c'est le profit avant tout.

Il paraît aussi qu'on ne peut pas faireconfiance aux femmes, parce qu'elles sontsouvent absentes. Une grossesse et on les paie14 semaines à ne rien faire. Mais quand noussommes enceintes" nous leur préparons leurfuture maind'œuvre, comme lorsque nousélevons leurs gosses. Et quand les gosses sontmalades? Nous exigeons des congés pourgarder les enfants malades pour le père etpour la mère.

Sous-qualifiées, fragiles, souvent absentes,ce sont les arguments qu'ils utilisent pournous sous-payer. Nous ne ramenons à lamaison qu'un salaire d'appoint et on ne se batpas pour un salaire d'appoint.

Mais les choses changent ...Dans les banques, les femmes qui

regardaient les hommes lutter, se sont cettefois mises en lutte pour leur salaire et contrele travail abrutissant et routinier.

Nous ne-voulons pas de salaire d'appoint,nous voulons un salaire réel.

Cela, les candidats de la droite ne nous ledonneront sûrement pas. Nous ne voulons pasde leur salaire maternel qui nous confinerait àla maison: on comprend que les femmes quif ont un travail abrutissant et mal payépréfèrent rester à la maison s'occuper desenfants, mais nous ne voulons pas d'unpis-aller: 1000 F à l'usine ou 500 F au foyer!Qu'est-ce que cela change? Nous voulonsnous libérer de notre rôle de gardienne dufoyer. Nous ne voulons pas, comme proposele Programme Commun, qu'on nous donne lemoyen d'être de bonnes mères et de bonnesépouses. Nous voulons être des êtres humainsà part entière.

CE QUE NOUS VOULONS

* L'avortement et la contraception libres etremboursés par la Sécurité Sociale, car nousclamons, n'en déplaise à Royer, notre droit auplaisir.* A travail égal, salaire égal; nondiscrimination des sexes dans I'emnlo+ ; réelleformation professionnelle pour acquérir uneréelle indépendance et une vie en dehors dufoyer.* Des crèches gratuites, ouvertes 24 heures sur24. Des laveries à bas prix, des restaurantscollectifs, pour nous libérer des tâchesménagères.

Ce que nous exigeons en tant que femmeset travailleuses remet en cause directement lesprofits des patrons et la vie que nous menons.C'est parce qu'il existe l'exploitation que noussommes surexploitées.

Organisons-nous sur les quartiers et dansles entreprises !

Regroupons-nous pour lutter et imposernos droits!

N'attendons pas les élections, luttons!

Groupe Femmes 20ème

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(quand les

Aujourd'hui 15 mai.du matin, nous (3 fil-les du groupe quartier du 13ème) sommes ve-nues à la Salpétrière pour y rencontrer les élè-ves infirmières en grève depuis 3 semaines.Nous assistons à une assemblée généraleenthousiaste qui a lieu au soleil car il n 'y a pasde salles disponibles pour les rebelles de l'or-dre hospitalier (200 élèves dont 92 % de fil-les) .

La lutte s'étend, la lutte se durcit, c'est-à-dire que journaux et syndicat(s) (CFDT) com-mencent à les entendre.

Pourtant la lettre qu'elles ont envoyé àGiscard a reçir une réponse en dehors de laquestion; Mitterrand,. quant à lui, leur aconseillé d'aller regarder dans le ProgrammeCommun, où il n'y a rien.

Pourtant, le résultat de ces trois semainesde grève, c'est rien, ou pire que rien, puisquel'école Rothschild, la plus véhémente danscette grève (80 % des effectifs) a été fermée.L'administration combat le mouvement deson mieux en envoyant des mots aux parentsou en menaçant les élèves de devoir rattraperles stages qu'elles auraient dû suivre, et ceci,sans être payées.

Pourquoi la grève? Au départ pour refuserquatre mois de stage à temps plein, où lesélèves auraient finalement servi de personnelpasse partout, remplaçant tantôt les filles de .salles, tantôt les infirmières diplômées, cela auplus grand profit de l'administration, pour quicette mesure représentait l'économie du per-sonnel qu'elle s'évitait ainsi d'engager, au plusgrand dommage des élèves (absence de profes-seurs), au plus grand dommage ... des malades.Le slogan des élèves est clair : « vous avez étéou vous serez un jour entre nos mains, maisnous vous prévenons : par le manque de pro-fesseurs, de formation, de matériel, NOUSSOMMES DES DANGERS PUBLICS! »

Mais les revendications dépassent large-ment cette question : être infirmière est unmétier de femme, et là comme ailleurs, le cor-rélat du « sur-travail» est le sous-paiement.L'Assistance publique leur fait l'aumône de350 F par mois (prélevés sur les malades et laSécurité sociale), moyennant un engagementde 5 ans à l'AP, ou le remboursement de18 000 ou de 22 000 F selon les cas. Les élè-ves infirmières demandent entre autres chosesun statut à l'échelon national, qui feraitqu'elles dépendraient du Ministère de la San-té, et non plus de l'Assistance publique.L'avantage de ceci serait de leur garantir unsalaire, et de manière officielle, le droit deréunion et de grève.

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« petites bleues )). , )VOient rouge ....

Venues pleines d'intentions, nous les avonsquestionnées pour savoir si la corrélation en-tre leur situation de femme et leur futurmétier d'infirmière, avec tout ce que celasuppose de soumission, de douceur, en unmot de « féminité» avait été discuté au coursde cette grève.

La première réponse fut régative, au sensoù ces problèmes n'ont pas fait l'objet d'unediscussion particulière. La raison en est,d'après elles, au caractère plus « libéré» de lanouvelle promotion; ainsi, le port du panta-lon dans les cours (et non les salles de mala-des) a été obtenu depuis un an déjà; quant àla fameuse blouse bleue, les externes omettantsciemment et de manière rédibitoire de la por-ter, elles ont obtenu qu'elle ne soit plusobligatoire. Pourtant, si les filles de cetteannée se remuent plus que celles des annéesprécédentes - la preuve en est faite par cettegrève - il n'empêche qu'elles se révoltentcontre l'image de marque de l'infirmièrequ'on leur inculque à grands renforts depratiques quasi policières.

A Ivry, la liste noire des élèves qu'on saitprendre la pillule est affichée à l'entrée del'école. Partout les chambre sont fouillées enl'absence de leurs occupantes, la permissionde minuit (acquis des grèves de l'an dernierles élèves internes se devant de rentrerauparavent à 9 H) vaut de sévères réprimandesà qui l'outrepasse. Si une élève franchi t laporte de l 'hôpital un homme à son bras, elleest immédiatement cataloguée par lesmonitrices. Le s visites masculines sontinterdites dans les chambres de « jeunesfilles» ;... la liste des brimades serait longue.

J,'l .'!IJ;;/AL 'hôpital dispose ainsi des moyens

concrets d'imposer ce qu'on enseigne aux élè-ves dans les cours de déontologie. La propa-gande et .la répression concourrent à faire del'infirmière la petite femme, l'éternelle subal-terne. La dernière trouvaille du Ministère de laSanté - l'humanisation des hôpitaux - consisteà palier les carences en personnel, matériel etlocaux par la consigne de sourire donnée auxinfirmières.

Ce sourire qu'on dit naturel à « la femme»est maintenant officiel - quelle coincidence-pour le plus grand profit de ceux qui trouventque la santé coûte trop cher.

Des filles du groupe 13ème.

...•••••••••••• ••

Nous sommes un groupe d'une dizaine d'institstravaillant sur 2 arrondissements à nous réunirrégulièrement. Au départ, il y a eu quelques copinesqui s'étaient rencontrées dans les écoles, qui aimaientse revoir, discuter ensemble au café, qui désiraient« institutionnaliser» ces rencontres occasionnellespour aller plus au fond des choses. Parmi elles aussi,des filles d'un groupe MLF, qui souhaitaient retrouveren tant que femmes des copines qu'elles connaissaientsurtout sur le plan professionnel. Or, d'excellentescollègues ne peuvent venir ou refusent ces réunionspour des raisons spécifiques à l'oppression desfemmes: difficultés matérielles d'organisation vis àvis des m6mes, ou problèmes psychologiques parrapport aux maris. Nous nous interrogeons sur cesdifficultés qu'éprouvent les femmes à se libérer,matériellement d'abord, mais aussi à accepter d'autresformes de réunions que les assemblées mixtes, à seregarder et à se reconnaitre en tant que femmes. Nousparlons de la sexualité, de la maternité, du mariage,du célibat, de la situation et du mouvement desfemmes. Nous réfléchissons aussi, puisque nouspratiquons le même métier, sur la façon dont nousnous y retrouvons en tant que femmes, sur le rôle quenous y jouons, sur les raisons qui nous l'ont faitchoisir. Dans ce but, nous avons élaboré unquestionnaire à diffuser dans les établissements. Nousaimerions avoir le maximum de points de vue. Nousdésirerions également des contacts avec d'autresgroupes semblables, s'il en existe, et avec toutes lesfilles que ça intéresse. Ce groupe est ouvert à toutesles instits de la région parisienne.

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B..a•Nous avons accepté, imprudemment, de

rédiger un article sur la maternité. Nous étionsun certain nombre de filles, mères ou non,apparemment motivées. par ce thème,

pour des raisons très différentes, dontcertaines, explicites, comme le désir d'êtremères ou au contraire l'impression d'êtresubmergées par les problèmes liés aux enfantset de ne pas voir clairement comment il seraitpossible d'en sortir. Mais la plupart desmotivations sont restées plus quemystérieuses.

Une question qui est revenue sans cesse etpresque malgré nous dans nos discussions: ledésir de maternité. C'est en général quelquechose qui va de soi. La maternité , c'estl'épanouissement, l'accomplissement, le destinbiologique, la « tâche sacrée» de la femme, .quel que soit son milieu. La réponsepresqu'automatique d'une femme mariée sansenfants à qui on demande si elle est mère:« Pas encore ». Très peu de femmes sedemandent pourquoi elles veulent avoir unenfant:

La frigidité? Mais c'est dépassé ma chère, c'étaitbon pour nos mères !

Notre seul problème sexuel est bien de « faire»l'amour et non plus de se « faire faire » l'amour !

Vous n'avez rien compris? En deux mots: nenous laissons plus écraser par notre partenaire,soyons actives, bref, chevauchons-le! Et, enfin,enfin nous serons sur ce chemin tan t cherché de lalibération sexuelle!

• t •••L'envie de vivre dans son corps

l'expérience de la maternité a été présentepour nous toutes. L'envie d'avoir un enfantnous a souvent conduites à fermer les yeuxsur toutes les contraintes que cela pouvaitreprésenter. Béatrice et Danièle ont pris leurdécision un peu comme un défi. Elles nevoulaient pas que les contraintes pèsent surelles et pensaient qu'elles arriveraientindividuellement à s'en tirer autrement.

Dans le désir d'enfant, il y avait aussi une« envie de vivre »; période très euphoriquepour Béatrice, pour Danièle: envie de créerquelque chose avec son compagnon dans unmonde extérieur qui devenait un peu morneaprès 68, envie de pouponner de retrouvercette relation corporelle privilégiée avec undeuxième enfant.

Vouloir un enfant désiré pour Sylvie dontle premier enfant n'était pas voulu.

Mireille au contraire ne veut pas d'enfantcar pour elle avoir un enfant c'est devenirencore plus dépendante de Jules. Elle ne veutpas de gosse parce que cela impliquerait unecertaine stabilisation, boulot, logement, etc.Pour elle, la maternité est un test qui lui faitpeur. Peut-être a-t-elle l'impression de ne pasêtre une femme comme les autres, et que lejour' où elle aurait envie d'avoir un enfant, ellepourrait révéler à tout le monde qu'elle nepeut y arriver. A l'inverse, pour plusieursd'entre nous qui avons eu des gosses, lamaternité était aussi un test qui nous assuraitde notre fécondité.

Pierrette, bien que son enfant ait étédésiré, n'arrivé pas bien à se souvenirpourquoi elle l'a fait. Il lui semble que pourelle, cela allait de soi. Elle a cependantattendu six ans de vie commune pour lemettre en chantier, pour que s'opère un« équilibre» (jamais atteint) avec son Jules.Mais c'est surtout la venue de l'enfant qui luia posé des problèmes. Elle s'est aperçue quepour elle, avoir un enfant c'était faire vivre àun être ce qu'elle n'avait pas connu. Elleprojetait toutes ses frustrations et l'espoird'en sortir. C'est sa vision globale du mondequ'elle investissait dans son enfant.

Il

Il

Nous, ce qui nous intéressait, c'était desavoir si derrière les conditionnementsauxquels aucune d'entre nous n'échappetotalement, nous pouvions déceler les ra cinesde notre désir, positif ou négatif face à lamaternité. Nous nous sommes refusées àprendre en compte le fameux instinct dereproduction, bien que l'une d'entre nous aitmentionné que le fait que nous soyions desmammifères avait sans doute quelque partun influence sur notre désir.

Celles qui avaient des enfants ont essayéd'expliquer comme nt ce désir leur était venupuisque dans le groupe nous avions toutes l~chance de n'avoir eu que des enfants désirés.Pour la plupart d'entre nous, le désir d'enfantsétait lié à la relation que nous avions avecnotre compagnon. Michèle n'avait jamais eu

. envie de gosse avant de rencontrer Roger etc'est tous les deux qui ont eu envie d'avoir unenfant. Danièle et Béatrice avaient une envieabstraite avant de connaitre les hommes avecqui elles vivent actuellement. Mais Danièle aattendu 6 ans avant de se décider. Béatrice au «

~~~:::el'a décidé après six m<) <> <> <> <> <> <> <> <> <> <> <>

Non, ce n'est pas un gag, c'est seulement la recettequi nous est dispensée à longueur de pages par lesjournaux qui se veulent très modernes, du type« Cosmopolitan », « Union », etc.

Nous sommes traditionnellement - nous disons,nous, en raison de notre oppression - passives, quece soit à la maison, au travail ou au lit.

Qu'on se Je dise : la passivité est démodée. Nousn'avons plus d'excuse puique ces journaux nousdonnent la solution.

Mais sous ses allures « actives et modernes », larecette « chevaucher l'homme» renouvellel'em]2allaglLd'un produit bien connu: un bon lit, une

bonne cuisine, voilà ce qu'il faut pour garder unhomme!

Et paf, nous voilé. remises à notre place : dessus oudessous nous restons au service de l'homme.

Annie ne veut pas avoir d'enfant qui, dansles conditions actuelles, ,ne pourrait être qu'unpoids à caser dans la journée et souvent lesoir; et encore, cela demande des moyens;une charge qui lui bouffe le temps qu'elle aencie de consacrer à son travail, à son activitépolitique. Elle ne veut pas être la seuleresponsable du développement d'un enfant, niêtre la seule attache affective. Dans cesconditions, il ne pourrait être qu'une partied'elle-même. En couple, le problème reste demême nature, il est encore plus compliqué.Tant qu'il ne nous sera pas po ssible de vivredes relations affectives plus larges que lecouple, il sera très difficile de faire de nosenfants des êtres qui existent poureux-mêmes. Pourtant, elle a le désir profondd'en avoir et croit que ce désir-là est biendifférent de celui qu'elle avait dans la têteauparavant.

A la suite de cette 'retation de nosexpériences personnelles, nous' nous sommesaperçues que nous avons été incapables defaire la part du conditionnement dans notredésir, ce qui finalement aurait été nousremettre en cause.

Pourtant, les raisons pour lesquelles onnous fabrique uri « instinct maternel », cequ'on nous fait subir pour nous l'inculquersont pour nous claires.

A u total, on a .d'un côté essayé decomprendre pourquoi on voulait des enfants,de l'autre on a tenté d'analyser le rôle que lasociété actuelle imposait à la femme. Endehors de ce conditionnement auquel aucuned'entre nous n'échappe, y a-t-il autre chose,un autre pourquoi du désir?

Par ailleurs, nous n'avons pas parlé desproblème s que posaient les relationsmère-enfant, des problèmes affectifs que celasuppose (une fois de plus, il nous faudra fairela part du conditionnement dans notrecomportement ... ). Nous n'avons pas parlé des.charges matérielles ni de comment on pourraitconcevoir des solutions pour que la materniténe soit plus une charge. Nous le ferons dansd'autres articles.

GROUPE 13ème

Pourquoi avoir pris cette recette pour illustrer cediscours? Tout simplement parce que c'est le sujetd'un article.

Nous avons ri - mi-figue, mi-raisin - durant sa'lecture à haute voix.

Parce que notre sexualité, ce n'est pas toujours lagloire, parce que le soir on est écrasée de fatigue,parce que la journée on travaille, qu'il y a desmoments où ça ne va pas du tout avec Jules ou Julie,etc. Ça c'est bref, c'est dit en négatif.

En positif, chacun le vit à sa manière, sans avoirbesoin de petits dessins pour savoir faire.

Et mon désir naît quand au fond de la tristesse etdes fardeaux, je te regarde enfin. Quel privilège!

MICHELE

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BANQUESde la grève • • •

au

eROUJIlJE

FEMMES

60 % de femmes dans les banques.Une grève de 6 à 9 semaines pour :

400 F de prime50 points d'indice pour tousl'augmentation des effectifset bien sûr le paiement intégral des

journées de grève.

UNE ORGANISATIONDEMOCRATIQUE DE LA LUTTE(a sse m b lées générales, comités de grève,commissions) ,

ET POURTANTLES FEMMES, A L'EXCEPTION DES

MILITANTES, N'ONT PU Y PRENDRE LAPAROLE.

Nous avons rencontré des femmes, qui sesont regroupées au Crédit Lyonnais, à la BNP,à la Société Générale, en essayant de tirer lebilan de leur participation à la lutte, desproblèmes auxquels elles ont été confrontées,parce qu'elles étaient femmes.

POUR LA PREMIERE FOIS, AU COURSD'UNE" LUTTE, DES TRAVAILLEUSESONT EPROUVE LA NECESSITE DE SERETROUVER DANS UN GROUPE, AVECL'IDEE D'APPROFONDIR LEUR PRISE DECONSCIENCE DE FEMMES ET DE LAPOPULARISER AUPRES DES AUTRESFEMMES DES BANQUES.

. Le débat engagé entre les copines desbanques et nous a èté très riche. Nous n'avonspu, dans cet article, que retranscrire, en lesregroupant, les thèmes qui nous paraissaientles plus significatifs.

* i= * * * * * * * *

ACTIVES MAIS SANS INITIATIVE

AGNES: Ce qu'il me semble important de dire c'estque pendant la grève on se battait en tant quetravailleuses et non en tant que femmes. On s'estaperçu, plutôt vers la fin de la grève, que nous avionstoutes pas mal de problèmes et que, nous trouvantisolées, nous n'avions pu les résoudre: surtout du

. point de vue de la prise de parole et des initiatives.Bien sûr, on était actives pendant la grève: tâches

matérielles, collages, distributions de tracts, et c'étaittrès important, beaucoup de femmes y participaient,donc collectivement c'était d 'un grand apport.

Mais pour d'autres femmes, pour nous, on avaitquelque chose à dire et on n 'y arrivait pas. Et ça c'estfondamental, surtout au niveau de la prise de paroledans le comité de grève. Bien sûr, certaines yprenaientia parole, mais pas n'importe quelle femme,des militantes.

FRANCINE: (Crédit Lyonnais) La création dugroupe femmes s'est Iaite vers la fin de la grève.Depuis quelque temps déjà on avait envieindividuellement de créer ce groupe. C'était parti deplusieurs constatations:

- au niveau des syndicats, on avait très peu deplace finalement, on ne s'y exprimait pas tellement;

- et puis il y avait la manif du MLAC prévue le6 avril, ceiaa été l'élément qui a permis de concrétisernotre idée.

On s'est réunie, mais la manif a été annulée.On a fait quand même d'autres réunions POUR

TIRER I,E BILAN DE' LA GREVE, C'ET AIT LAFIN DE LA GREVE.

En tirant les conclusions de notre action dans lagrève, on s'est rendu compte QUE NOUS N'AVIONSPAS FAIT TOUT CE QU'IL FALLAIT FAIRE. IL YA VAIT DES ELEMENTS POSITIFS, par exempleNOTRE PARTICIPATION TRES ACTIVE A LAGREVE.

MAIS CEPENDANT NOUS N'AVIONS PASRESOLU LE PROBLEME DES ENFANTS ETAUSSI NOUS N'AVIONS PAS EU ASSEZD'INITIATIVES. ON ETAIT LE GROS DE LATROUPE, ON PARTICIPAIT AUX ACTIONSDECIDEES, MAIS JAMAIS ON A PROPOSEQUELQUE CHOSE DE POSITIF.

Individuellement, on a pris conscience qu'on étaitparticulièrement exploitées, dans l'entreprise, commedans la société, mais jusqu'à présent on n'avait rienfait.

Dans le syndicat, on discute sur nos problèmescommuns, avec les hommes, mais jamais on abordeces problèmes-là, jamais on ne met en avant nosproblèmes particuliers. Donc, on s'est dit que cen'était pas dans la structure des syndicats qu'onpouvait le faire. On pourra peut-être le faire mais plustard. Il fallait d'abord faire un groupe extérieur.

SYLVIE (BNP): Dans ton service, comment celas'est-il passé la première fois?

FRANCINE (CL): Dans mon service, parmi lesfemmes, on a toujours pris conscience des difficultésde rémunération, de promotion et de formation. Dèsqu'on a fait notre cahier· de revendications, on aexposé tous nos problèmes. Mais après quand on afait le groupe femmes, à l'échelle du Crédit Lyonnais,on s'est rendu compte que de tous les cahiers derevendications, seul le nôtre parlait des problèmesfemmes.

GRACE A LA CREATION DU GROUPE, A CEMOMENT-LA, ON LES A INTRODUITS DANS LESCAHIERS DE REVENDICA TIONS DES AGENCES.

LE PROBLEME FEMMES A DEJA ETE POSE,ET ÇA C'EST UN ACQUIS.

Maintenant, nous allons nous-mêmes élaborer desrevendications qu'on demandera au syndicat derevendiquer auprès de la direction, et plus tard, si onprend assez de force, on les posera nous-mêmes.

JOSEE (BNP~ : Nous, avec 2 ou 3 copines, on avait eul'idée de faire un groupe, dès le début, mais il ya eutellement de trucs que c'est passé au second plan.

SYLVI E (BNP) : Oui, mais on voit que c'est possibleen fin de grève. Au Lyonnais, elles ont créé le groupepour poser leurs revendications de femmes!

CLAI RE (CL) : Non, non, le cahier de revendicationsest venu bien après.

*

CONSEQUENCE:UN GROUPE FEMMES AU CREDIT LYONNAIS

.:

AGNES (CL) : Les personnes qui sont venues à lapremière réunion du groupe femmes sont celles quiont eu une prise de conscience, elles disaien t qu'ellesn'avaient pu s'exprimer, qu'elles n'avaient pu prendredes initiatives, c'est surtout ça. On avait quand mêmepas mal de choses à dire et en fin de compte on n'arien fait.

FRANCINE (CL): OUI, ON N'A PAS DU TOUTPRIS EN CHARGE LE PROBLEME DES ENFANTSET ÇA C'EST TRES GRAVE. LA, NOTRE ROLEAURAIT ETE TRES IMPORTANT POUR IMPOSERUNE SOL UTION COLLECTIVE.

PAS DE CRECHE

Avec une telle proportion de femmes dans lesbanques, dont de très nombreuses mères de famille,pour leur permettre une participation à part entière àla grève, la garde des enfants doit être résolue(pendant la grève, les crèches des banques nefonctionnent plus et des difficultés d'argent sefaisaient ressentir pour payer crèches et nourrices).

AGNES (CL) : Des femmes venaient aux assembléesgénérales à St Martin Boulanger avec leurs enfants.Elles regardaient leur montre, elles étaient obligées derentrer parce qu'il y avait l'enfant. Souvent mêmedans la journée, elles ne pou vaien t pas se consacreraux réunions et je suis persuadée qu'elles auraientpréféré rester.

Plusieurs copines sont allées individuellement aucomité de grève pour qu'il soulève- et prenne encharge la question. Elles ont essuyé un refus.

AGNES (CL): TOUT LE MONDE NOUS ESTTOMBE DESSUS, en disant: vous ne vous rendez pascompte de ce que cela veut dire; il faut desinfirmières, un médecin, un local, des gensspecialises ..il Y a aussi le Jock-out et les flics.

POURQUOI CE REFUS?

Parce que le problème n'a pas été pris en chargepar les mères de famille, parce que les femmes ontl'habitude de se débrouiller seules, parce qu'au seinmême du comité de grève peu avaient des enfants. Etvoilà, le cercle se referme, qui empêche les femmes des'engager pleinement (1).

Mais les enfants peuvent aussi servir de prétexte à" certaines.

SYLVIE (BNP) : J'en connais une qui ne voulait pasassister aux assemblées générales, ni aux réunions, niparticiper à l'occupation, , pour s'occuper strictementde son enfant, en « profiter »,

JOSEE (BI\JP) : Une crèche ou une garderie pourraitêtre prise en charge, non seulement par ceux ou cellesqui n'ont pas d'enfants, mais aussi par celles qui enont. ELLES PEUVENT PRENDRE CONSCIENCEQUE LES RAPPORTS QU'ELLES ONTD'HABITUDE AVEC LEURS ENFANTS PEUVENTCHANGER. On s'est aperçu pendant la grève qu'entrenous les rapports ont été modifiés. Pourquoi n'enserait-il pas de même avec les enfants?

(1) Toutefois, la solution de la « crèche sauvage» n'apas fait l'unanimité, surtout au début. 'Micheline,

'seule mère de famille présente, a expliqué qu'elleaurait refusé d'amener sa fille, habituellement confiéeà une nourrice (qu'elle paie 25 F par jour alors quel'allocation de garde est de 9 F!) pour ne pasbouleverser ses habitudes et pour lui éviterd'harassants transports. Il nous est impossible. deretranscrire ici l'importance du débat sur les crèchesd'entreprise, les crèches sauvages pendant les luttes,ce qui soulève le problème complexe des relations desmères à leurs enfants. l'Jous avons décidé d'yconsacrer une brochure.

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Ne pouvait-on profiter de cette période assezexceptionnelle qu'est la grève pour prendre en chargeles enfants dans leur ensemble et ne plus considéreruniquement le sien comme une « chose» bien à soi?Je pense que ce problème important aurait méritéd'être débattu pendant la grève.

UN FREIN A LA LUTTE:LA FAMILLE

'Pour les femmes, la participation à une grève nonseulement les engage dans la lutte pour la satisfactionde leurs revendications dans l'entreprise, mais elleremet aussi en cause leur vie traditionnellementcloisonnée entre le boulot et la maison, les enfants etle mari.

DANI ELE (Pétroleuses) : Est-ce que la grève a permisà certaines femmes de se demander: pourquoi est-ceà moi d'aller chercher le gosse alors que je participe àune grève importante à mes yeux? Certaines femmesn'ont-elles pas été amenées à poser le problème de quis'occupe des enfants dans la famille?

MICHELINE (BNP) : J'ai eu ce genre de problèmes, jeme levais à la même heure, comme si j'allais au boulotet il fallait que j'agisse de telle sorte que mon heurede rentrée au bercail coïncide avec l'heure normale.Non pas que mon mari était contre la grève, mais il nefallait pas en faire trop.

DANIELE (Pétroleuses): As-tu parlé avec tescollègues de ce problème du mari?

MICHELINE (BNP): Non, parce que je n'avais pasl'impression, dans mon agence, qu'elles avaient lesmêmes problèmes. Pourtant, je ne me prend pas pour

.une Victime, beaucoup de femmes sont dans mon cas.

AGNES (CL) : Une femme m'a dit clairement qu'ellevoulait rester occuper la nuit. Elle l'a fait une fois. Çaa été un drame chez elle, son mari l'a battue. D'autresa~si m'en on t parlé.

*********

ET LES RAPPORTS AVEC LES HOMMES?

PENDANT LA GREVE

ET LES PARE~JTS?On embauche très jeune dans les banques ...

HELENE 18 ans (SG) : Je ne pouvais absolument pasrester aux réunions après 6 heures et encore moinsoccuper, j'avais une trouille effroyable que mon pèreme tabasse quand je rentrerai. Et pourtant, jeressentais énormément le besoin d'assister à cesréunions. Mon problème est le même que celui desfemmes mariées. J'allais travailler le matin et je devaisêtre ren trée à 7 heures le soir pour rester à regardermes paren ts dans le creux des yeux.

C'ETAIT POURTANT UNE OCCASION DEVOIR A UTRE CHOSE, DE DISCUTER UN PEU DETOUT ET DE SOR TIR UN PEU DE LA VIE DETOUS LES JOURS.

JOSE E (BNP): Il y a eu un problème pourl'occupation la nuit au Trocadéro. Il y avait des gensde la CFDT qui étaient contre le fait que les femmesoccupent. Ils expliquaient que le service qui étaitoccupé était un service de mecs, que donc il n 'y avaitque les mecs qui pouvaient occuper. ..

Il y a eu aussi autre chose: les femmes qui ontquand mëtne occupé sont allées spontanément auxtâches ménagères, à la cuisine, elles ont fait labouffe, la vaisselle, c'est vrai que ça pose unproblème.

DANI ELE (pétroleuses): A plusieurs reprises, vousavez dit que les rapports avaient changé entre vous.Est-ce que les femmes étaient toujours considéréescomme des objets sexuels, ou avez-vous eu aussil'impression que cela aussi avait changé?

J'OSEE (BNP) : Au Trocadéro, il y a eu une fillemineure qui a occupé et son père l'a su : il atéléphoné en expliquant que si sa fille ne sortait pasimmédiatement, il envoyait les flics pour la chercheret il attaquait les syndicats pour détournement demineure. JOSE E (BNP) : Concrètement, il n 'y a jamais eu de

problèmes. Les mecs ne nous on t jamais considérécomme des objets. Mais finalement quereprésentions-nous pour eux? Dans ce groupequ'était le comité de grève et ceux qui étaien t autourde lui, il y avait peu de filles. On avait un statutparticulier, on était privilégiées.

Il y a une façon de nier les filles qui consiste à nierl'ensemble des filles et à en sortir quelques unes dumagma. Tu vois! On sert de caution aux mecs!

Ceci souligne que, dès qu'il s'agit d'une femmemineure ou mariée, ce qui est traditionnellementconsidéré comme « privé» (par elle ou par les autres)est un frein à sa participation réelle à la grève.

C'est finalement sa place dans la famille qui doitêtre remise en cause pendant la lutte.

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********** ***********AU BOULOTET MAINTENANT?

DANIELE (Pétroleuses): Quelle est l'attitude desmecs envers les filles, celles qui soulèvent lesproblèmes en particulier?

CATHERINE (Pétroleuses) : Et maintenant,queUesperspectives ? Qu'est-ce qu'on fait de cette prise déconscience?

CLAI RE (CL) : Ça les fait rigoler. Ils veulent biennous laisser parler, mais il ne faut pas que ça duretrop longtem ps.

MICHELINE (BNP) : Ce qu'on en fait? Je n'ai pasattendu mars,74 pour prendre conscience de notreinfériorité! Il Y a quand même une petite lueur. Lapreftve c'est que je suis ce soir parmi vous. Je ne suisqua"fid même pas dansle marasme le plus complet.Mais je crois que c'est une tâche de longue haleine. Ilfaut une telle dose de courage et de persévéranceque... Et comme les conditions de vie ne nouspermettent pas d'être gonflées à bloc ... Il y a desmoments, comme par exemple cette grève, où on sedit: chouette, je ne suis pas le crottin que je croyaisêtre.

Elle nous explique ensuite qu'en ce qui concerne lapromotion, la préférence sera donnée à un hommemême s'il a été engagé trois ou quatre mois après lafemme.

AGNES (CL): Dans mon service, les femmes sejugent par rapport aux hommes. C'est incroyable!Elles te diront sincèrement préférer travailler avec leshommes, sans aller jusqu'à dire que le travail. entrefemmes est mesquin ....

CLAIRE (CL) : Il n'y a pas que cela, il faut dire quebien souvent les travaux de femmes sont tellementemmerdants qu'on finit par avoir plein de problèmesentre nous. Il se trouve que les services qui sontintéressants sont ceux où il y a une majoritéd'hommes ... COINCIDENCE ? ...

IGNES (CL) : Mais les femmes n'ont pas l'habitudede parler entre elles. Ce qui est grave c'est qu'elless'isolent.

IL NE FAUT PAS SE LEURRER, LA GREVEC'ETAIT BIEN. MAIS JE VOIS QU'AUJOURD'HIAPRES LA REPRISE DU TRAVAIL, TOUT LEMONDE EST RENTRE DANS SON CADREFAMILIAL, L'ACCEPTE ET SE RESIGNE.

JOSE E (BNP): Il y a autre chose c'est que lasolidarité féminine est quelque chose d'imperceptibleau niveau du boulot, dans la mesure où tout secristallise autour des mecs. Dans mon servive où onest une majorité de filles, on est atomisées autour desmecs.

Les relations que je peux avoir avec les filles, misesà part quelques exceptions, passent toujours par lesCllecs, alors qu'eux se retrouvent immédiatement,forment un bloc. Nous, bien que nettement plusnombreuses qu'eux, nous ne formons pas un bloc.

**~******

o

****.*****Bien qu'il y ait eu une certaine lueur, on n'a rien

îeit pour l'entretenir ...Si! CREER LE GROUPE FEMMES!

DANIELE (Pétroleuses): Il est apparu de manièreévident dansla discussion qu'il y a eu des 'blocages àdifférents niveaux.

Il n'y a pas de discussion sur les « problèmesfemmes» dans les boites. Les syndicats et lesstructures qui vous représentent dans la lutte ne lesprennent pas réellement en charge.

Les femmes elles-mêmes ne veulent pas parlerd'elles, considérant que leurs problèmes sontindividuels, privés. Dans nos groupes (Pétroleuses)nous nous en sommes rendues compte. NOUSVIVONS TOUTES LES MEMES PROBLEMES liésaux structures de cette société, de notre mode de vie.

Comment le groupe peut-il contribuer à impulserces discussions, auprès des femmes dans vos services,dans la boite? C'est apparu pendant la grève, il mesemble important de les poursuivre.

AGNES (CL) : Bien sûr, c'est ce que nous espéronsfaire. Nous avons déjà parlé de l'avortement. Nousprojetons même d'organiser un débat sur la boite. Onveut aussi imposer des consultations du PlanningFamilia1. C'est un axe prioritaire.

CLAIRE (CL) : On s'est donné comme prochain sujet« La femme dans la publicité ». Quand on a parlé desfemmes dans la grève, on s'est rendues compte qu'àchaque fois qu'on disait quelque chose, ça soulevaitd'autres questions et ça posait en fait tout leproblème de notre place dans la société. Tout part dela même chose, finalement il n 'y a pas tellementd'ordre.

A la BNP, un MLAC s'est constitué, un groupefemmes se prépare.

A la Société Générale, des filles se contactent.Le groupe femmes du Crédit Lyonnais envisage

déjà une coordination inter-bancaire des groupes.

AGNES (CL) : Je voudrais préciser que s'il y a ungroupe femmes au Crédit Lyonnais, toutes les femmesne sont pas prêtes à venir y discuter. Seulement cellesqui ont le plus pris conscience de leur condition.

Il y a des femmes, actives pendant la grève, qui nese retrouvent pas au sein des groupes femmes, parceque la grève n'était que revendicative et quemaintenant qu'elle s'est terminée, tout le monde estren tré chez soi.

CLAIRE (CL) : Je ne pense pas que ce soit définitif.Dans (5 mois, nous verrons arriver beaucoup de cesfemmes qui vont entendre qu'on a créé un groupe,qui vont voir ce qu'on a fait.

DANIELE, DANIELLE Paris 18ème. CATHERINE, NICOLE Groupe Editio»AN NIE Paris 13ème

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les

Que voilà, ma sœur, un film réjouissant! Je t'enparle, perce qu'autour de moi, il a beaucoup travailléles conSC1ences. Un petit copain m'avait dit d'un .prudenr et. gêné (Je sais pas si tu as rema;qué m:~~« ils » deviennent prudente et gênés quand « ils »parl~nt avec des Petroleuses) : « Tu devrais aller voirce îilm ... Il m'a posé beaucoup de problèmes. J'ai ri~?ut le. temps, mais j'étais mal à l'aise ... Je sentais queJ eureis pas « dû» rire. C'est un fil t'phallocrate », Voilà le grand mot est la-ch' Mm. res, 1'" .' e. 01 enrea né, Je ne sets pas très bien ce que ça veut dire« ph~llocrate ». Est-ce que c'est un film où lesmeSS1eurs torden t les seins des dames et couchen tavec elles sans leur dema?der leur avis? Je comprendu~ truc com"!e ça, mets ce que je vois moins bienc est le cotitreire. Qu'est-ce que c'est que le contrairede ~hallocra.te, .est-ce que ça existe? Donc, avec tout?a, J~.me suis dit : un fil1!l qui « les » met mal à l'aise,11faut quand même V01rça (Hé OU1 ma pauvre cequ'« ils» disent continue à m'impressionner. Queveux-tu, on n'est pas encore sorties de l'auberge .. .).

Alors, voilà, je les ai vues, « Les Valseuses » et ...j'ai ri tout le .temps, mais vraiment ri, tu sais, sansaucune mauvaise conscience. D'abord, il y a deuxloulous magnifiques. Je sais pas lequel tu préfères,moi c'est celui qui commande pas. Il a des boucles,ma chère, et de ces airs boudeurs ... avec en plus deschemises à carreaux, des pantalons blancs et une vesteen velours bleu nuit que c'est un vrai régal. Et je ne teparles pas de l'anatomie parce que, je ne sais pas sic'est pareil pour toi, mais moi quand c'est si loin,j'arrive pas à m'exciter.

Ensuite, il y a une scène ultra-réjouissante pournous, mais alors là, extraordinaire, très libératrice, tuvois? Imagine deux admirables spécimens du sexe entrain de s'escrimer sur une de nos compagnes. Tu astout en même temps: la pratique et la théorie, parcequ'ils sont si contents d'eux qu'en plus ils expliquent,ils commen ten t : la marche à suivre, les astuces àconnaitre, bref, la technique, je ne te dis que ça, laTECHNIQUE. Et le plus drôle, le plus merveilleux,c'est qu'à l'autre bout - très loin - elle - toi, moi -elle ne suit aucune marche, ne respecte aucun code,ne réagit à aucune astuce. Elle ne dit rien, ne selamente pas, ne fait même pas semblant: elle attendque ça se passe. (Tu connais bien ça hein? Moiaussi). Je suppose que c'est pour ce genre de chosesque certains critiques ont parlé d'elle en disant « lapetite pute ». Encore des types qui ne regardentjamais leurs femmes ...

Et, bien sÛT, personne ne prend la peine des'interroger sur le fait' qu'elle se met à jouir aumoment le plus inattendu, avec un autre partenaire,affreux celui-là, maigre, triste, puceau, brefl'anti-mâle, et, le pire, sans aucune, mais alors làaucune technique. Tu comprends, s'ils commençaientà accepter cette idée que son plaisir il est à elle et pasà . l'autre, qu'il est dans sa tête, dans son ventre etdans sa peau, qu'elle en est maitresse et souveraine,qu'elle le décou vre, le conquiert et le savoureindépendamment de leur volonté à eux, ce seraitterrible, ça serait la fin de quelque chose, la fin d'unrègne. Mais pour toi et moi, n'est-ce pas, pour nous,quelle évidence que cette fin-là elle est çté1à.commencée.

Valseuses

Et encore heureux! Parce que je t'ai menti un peutout à l'heure, j'ai un peu arrangé pour aller tout desuite à l'essentiel. En réalité, j'ai pas ri tout le tempset même pas ri du tout la première demi-heure. Lacolère grondait, tu comprends, s'ils étaientseulement un peu bêtes mais en plus Ils sontdangereux. Au début donc, tu vois une série de hautsfaits illustrant la Noble Geste Mâle: par exemple ilspoursuivent et terrorisent (et qui n'aurait pas eu latrouille dans un cas semblable? ) une bonne damepaisible qui ren tre chez elle sans embêter personne.Tu connais comme moi ce genre d'héroïsme, tu t'yheurtes tous les jours, dans toutes les rues, dans tousles chemins creux. Alors, je me disais, toute ramasséedans mon fauteuil: non c'est pas possible, il fautvraiment en finir, ils sont vraiment trop cons, ilsesquintent tout. Mais c'est difficile de leur en vouloirlongtemps: ils ne savent rien et ils n'ont rien à dire.Leur arsenal est rouillé et leurs pétards leur partententre les doigts: quelques figures de boxe apprisesdans la cour de l'école maternelle et une ou deuxidées ramassées au catéchisme: la femme c'est sale,ou: il y a les petites putes qu'on utilise et LAFEMME devant qui on s'écrase. Comme tu les voisrien de très, très neuf dans l'ensemble.

. ,cuiemo

1••••

, La femme devant qui ils s'écrasent c'est Jeanne(Moreau) et ça il faut absolument LA voir. Au début,elle sort de prison et elle marche dans une rue. Elleest très droite, très sombre, très lointaine. Tucomprends, c'est quelqu'un qui a une histoire. Toi etmoi, on n'oserait même pas lui demander l'heure,mais eux, les deux sexes ambulants, ils n'ont rien vu,rien compris. Il y a jupe donc ils suivent. D'abord, elleessaie de continuer son chemin, son histoire, mais tussis comme moi que dans ces cas-là, ils ne nouslaissent même pas « penser n, Alors, elle se décide,elle décide de pas être suivie, de pas être le gibier etelle se retourne. Et c'est à ce moment, ce momentfabuleux où elle refuse très tranquillement de jouerl'éternel jeu de la proie et du chasseur que tout setransforme et que tout commence. Les deux barbares,les deux petits mâles s'humanisent: ils découvrent leplaisir, la tendresse, la joie de vivre, la beauté, ladouceur, l'amitié, la vie quoi. Et les initijtrices, cellesqui tirent tous les fils, les vraies héroines du films, cesont les femmes. Pas étonnant: nous avons dans nosmains les cartes maitresses.

JEANNE (bien sûr !)

Les Valseuses. Film de EÈrtrand Hier. ~après sonroman, du même titre.

Elles valsent, les femmes, entre les mains de deuxfilous, sympathiques, pétulant de santé et de gaîté. Ilscumulent la force de leur age avec la fraîcheur desenfants qu'ils sont restés.« Ils jouent bien », disentsouvent les spectateurs en sortant ... trop bien! c'estdu bon cinéma, de celui qui vou; distrait en vous ino-culant la dose nécessaire d'optimisme pour ne plusvoir le reste!

[l! la bonne avanture de ces filous à bonne étoile,on retient le culte de l'orgasme, et les défis que ceculte provoque sur les mœurs bourgeoises tradi-tionnelles. C'est une sorte de rêve pour les révoltés ...hommes! Et les femmes? ?

A peine sont-elles« provocantes », telles du gibier,souvent apeurées, sur la défensive, ou bien désabu-sées, et même, désespérées.

r .. ~L 1Sons J.~e,~ .,......

L'espoir de ces femmes, c'est le pâle espoir deconnaître l'orgasme, du moins pour les filles jeunes etapétissantes; les autres, elles peuvent aller serhabiller, sinon se suicider.

cens ce rêve, sans fin et plein d'illusions trom-peuses), c'est eux les forts, les purs, les durs quisavent vivre leur révolte, en conquérants, envainqueurs.

Leur liberté sexuelle y apparait comme le label deLA libération, alors qu'elle n'est rien de plus que:

- femmes baisées,- femmes qui attendent que le viril voyou leur

montre le chem in du sexe.

Célestine.

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REPORTAGE ..... REPORTAGE ..... REPORTAGE ..... REPORTAG

DARBOY ..... DARBOY

Il nous a semblé important de savoir quelleavait été la nature de la participation des fem-mes dans le conflit Lip (cf. le nO des « Pé -

\troleuses » ; à l'imprimerie Darboy où la luttea été menée de façon très similaire, on a cher-ché de même à connaitre l'opinion des fem-mes sur la lutte. Car un élément propre à l'en-treprise se dégage : le départ immédiat des ca-dres et du personnel ouvrier strictement fémi-nin à l'annonce des licenciements collectifs,sans indemnités.

Pour comprendre la situation de ces fem-mes, il faut savoir que c'était une entreprisefamiliale, composée de deux bâtiments situésà 500m l'un de l'autre, dont l'un était réservéaux bureaux et ateliers des hommes (où setrouvaient les machines) et l'autre au façon-nage (c'est-à-dire: pliage, découpage de car-"tons, brochures, présentoirs, etc.) qui étaientdes ateliers où travaillaient uniquement -desfemmes.

La liquidation de cette entreprise est décla-rée le 18 février (alors que 140 millions decommandes sont en cours!) et les 93 ouvrierset employés sont licenciés sans indemnité.

Les réactions face à ce licenciement col-lectif ont été diverses selon les services. Immé-diatement les 25 cadres des bureaux sontpartis (à l'exception d'un seul), ainsi que tou-tes les femmes du façonnage, sauf une.

Ceux qui décidèrent de lutter pour leurdroit aux indemnité, étaient une trentaine:c'est-à-dire la majorité des hommes' ouvrierssur machines, ainsi que la totalité des femmesaux bureaux (dactylos, standardiste, monteu-se-dessinatrice), plus la seule femme du façon-nage.

A l'unanimité, l'occupation fut votée le 1ermars avec le soutien actif de l'UL-CGT et desélus municipaux. Après avoir réclamé vaine-ment leurs droits aux autorités compétentes,ils popularisent leur lutte à Montreuil et ail-leurs et décident le redémarrage de la produc-tion de l'entreprise (désaprouvés par le syn-dicat du livre parisien CGT).

Après plus de 70 jours d'occupation, lestravailleurs ont obtenu presqu'en totalité leursindemnités, en faisant jouer la loi votée grâceà la lutte des travailleurs de Lip : « En cas defaillite, les travailleurs sont créanciers privilé-giés (donc premiers payés) sans attendre lamise en vente de l'entreprise». Cette loi étaitapplicable qu'à partir du 1er mars, mais heu-reusement la liquidation du 18 février neparut au Journal officiel que le 20 mars!

Ce sont ces 6 fenpnes qui participèrent ac-tivement à l'occupation au même titre que leshommes, qui ont tenu à s'expliquer sur la dif-férence des réactions des femmes entre les bu-reaux et le façonnage.

Pourquoi ce départ en masse des femmes del'atelier?

Cet abandon trouve ses sources dans lesconditions et relations de travail de cet atelieroù les femmes jeunes avaient peu de temps demaison et pas de qualification. L'une d'entreelle nous l'explique ainsi:

..... DARBOY

- d'abord à cause de la division par leschefs

« Pourquoi faut-il, quand il y a des chefs,qu'ils nous séparent? ... Ce que je trouve drô-le, c'est qu'il y a encore des petites femmes de20 ans qui restent comme il y a 50 ans, sanschercher à évoluer, sans chercher à compren-dre pourquoi le chef préfère une femme plu-tôt qu'une autre et va faire ce partage qui faitqu'il y en a une qui pleure, l'autre qui a unecrise de nerfs... Et celle qui est préférée, aulieu de comprendre le jeu de patron, va sesentir supérieure!! ... et puis sans arrêt les pe-tits cancans, les petites histoires sur le dos desautres ...

Il y a celles qui comprennent ce qui se pas-se, mais qui ont peur; pourtant, je leur disais:si tu n'existes pas, si tu n'es pas à ton poste, lechef n'a rien, lui non plus n'a pas lieu d'exis-ter! »

- des conditions et relations dans le tra-vail

« On n'arrive pas à avoir une bonne enten-te quand une nouvelle entre, lui dire genti-ment « sans te tuer, tu feras comme ça ; çasera très bien, et ça sera bien pour tout lemonde» ... non, on lui dit rien, et ou on lalaisse foncer comme une folle à se crever, etau bout de 8 jours elle en pourra plus et d'unseul coup la cadence va tomber, ou on dit, sielle est pas vive, c'est qu'elle sait pas travail-le r , c'est qu'elle est inférieure... Mais pour-tant, c'est pas une preuve, parce qu'on faittant de l'heure, qu'on est supérieure à uneautre, celle qui en fait moins, elle est peut-êtreaussi intelligente qu'une autre. Les chefs, eux,ils voulaient rien savoir, au contraire, ilsétaien t heureux de cela et faisaient tout pourqu'elle s'en aille, ils disaient: « elle est inuti-le ».

« Ici, c'est comme n'importe où, avant unefemme avait plusieurs années de présence,vis-à-vis d'une nouvelle, c'était comme si elleavaient acheté la maison, comme si l'usine luiappartenait !... C'est pas parce qu'on a des an-nées de maison qu'on n-e doit pas gagner lemême salaire, puisqu'on fait le même travail ;"mais on pourrait compenser l'ancienneté pardes primes de quelque chose. » 1

« Vous ne pouvez pas savoir, c'étaient descadences à 's'abrutir; vous rentriez abrutiesaprès 9 H de travail (à 6,95 Fdel'heure !).Moi, j'appelais ça du lavage de cerveau! Unefois à la maison, on avait tout juste le tempsde se faire à manger, la vaisselle, un peu detélé ... et encore! Puis, ce qui était terrible,c'est quand on avait son poste, c'était termi-né, impossible de changer! 0!2..P0uvait gard~rle même poste pendant 18 ans. On en avaitras-le-bol! On aurait voulu changer! Mais tou-jours ces mêmes mouvements ... on était com-me des robots. »

- de l'absence de syndicalisation« Les filles, elles avaient honte de prendre

un timbre, une carte , pourtant elles se plai-gnaient toute la journée, mais c'est pourtantnormal de se défendre! elles ne se rendaientpas compte que si elles avaient été toutes bienunies, syndiquées toutes, on aurait pu fairequelque chose!

Ce sont les hommes qui voulaient qu'il yait une femme déléguée pour savoir ce qui sepassait au façonnage, mais c'est pas possiblede faire du syndicalisme dans une ambiancepareille!

Puis les hommes, ils nous aidaient pas euxnon plus! eux aussi ils disaient « le façon-nage, c'est inutile, ça vaut pas la peine d'êtremieux payé»

«Quant aux filles qui venaient se plaindre,au lieu de me suivre, y a des cas, mais c'estformidable! ... je revendiquais, et au momentoù on les mettait au pied du mur, le patrondisait: « c'est ça ou ça». Elles m'abandon-naient... c'était la fin, elles perdaient leursmoyens, elles disaient non, qu'elles avaientrien demandé, comme des petites filles! ...

- du conditionnement de la femme« On est encore des femmes objets, c'est

que les hommes ne laissent pas les femmesprendre leurs responsabilités... très peud'hommes admettent qu'unefemme prenne unlivre qui parle de politique, ou un journal. Lesfemmes votent, mais elles votent comme leurmari. Très peu ont d'opinion personnelle, onse sentent concernées! ... elles sont condition-nées, et quand vous pensez autrementqu'elles, vous leur faites peur! vous êtes dan-

.. gereuse ! ».

Et maintenant, avec l'occupation? : « j'aiappris à connaitre les femmes du bureau dansla lutte. J'ai été surprise de rencontrer despoints de vue qui me plaisent. » concluait lafemme du façonnage. Celles des bureaux,coincées entre les différents membres de lafamille qui formaient la direction, disaientqu'elles n'avaient pu participer aux grèves; ceque comprenaient les délégués du personnel,pour la plupart des ouvriers; mais que mainte-nant elles avaient pu briser leur isolement avecles ouvriers des machines, et elles se sont ex-pliqué.

C'est vraiment cet aspect de la lutte quiapparait essentiel, car cette unité sera décisivedans la remise en route de l'usine, rachetéepar un nouveau patron et où tous les occu-pants devraient être réembauchés.

Elles et ils restent vigilants devant toutesles manœuvres d'intimidation du nouveau pa-tron qui leur a déjà dit « au début, pas desyndicat ! Puis vous commencerez à 10 h detravail par jour pour aider au redémarrage del'entreprise, etc., etc. »

****~********~**********~~ * Groupe femmes 5È'me.

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L'oppression de la fille en tant que fille commencedès sa naissance: chaussons roses ou chaussonsbleus? L'éducation à l'école et l'éducation dans lafamille sont les deux mamelles de l'oppressionspécifique de la fille, car cette éducation n'est pasn'importe laquelle, elle n'est pas semblable à cellereçue par le grand frère ou le cousin.

La première éducatrice est donc la famille, celluleclef de cette société. C'est au berceau qu'on apprendla distinction entre les sexes, entre le rôle du père etcelui de la mère. On saute sur les genoux de l'un, onjoue, et on est nourrie, lavée, soignée par l'autre. ILnous apprend la force, l'autorité, l'indépendance, etELLE la douceur et la soumission. De plus, au petitgarçon ses parents diront: « Ne pleure pas, tu es unhomme JJ, mais chez leur fillette ils guetteront lepremier, signa de « coquetterie JJ, innée à leurs yeuxbien entendu.

Plus tard, au temps de l'école et du lycée, garçonset filles auront bien appris à agir conformément auxlois de la distinction entre sexes. Ainsi, avant le diner,la fille mettra le couvert ou aidera à la cuisine, mais lefils conservera des tâches plus nobles comme parexemple ouvrir la bouteille de vin. ~

Dans la famille comme à l'école, on apprend àrespecter l'ordre établi. A la fin du XIXème siècle,Jules Ferry et ses amis, ayant peut-être résolu leproblème posé par l'Eglise de savoir si oui ou non les'femmes avaient une âme, ont concédé aux filles ledroit à l'instruction publique. On ouvrit donc deslycées spécialement pour les fiDes. Mais, au fait,pourquoi ne pas avoir simplement permis l'inscriptiondes filles dans les lycées existants? L'enseignementdonné ne serait-il pas le même? Nous avons doncdroit dans cette « bonne société démocratiquebourgeoise JJ de faire des études avec bien entendu,pour ce qui est de la théorie, égalité totale .entre filleset garçons.

Cependant, cette bonne éducation-est tout d'abordréservée aux filles de la bourgeoisie, car les autres nepeuvent se permettre matériellement de suivre desétudes longues; elles doivent s'intégrer rapidementdans la vie active, surtout si elles ont des frères quipesserotit avant elles pour faire des études puisque lajeune fille est avant tout destinée à se marier, àfonder un foyer, son métier restant annexe. Les CETleur dispensent un enseignement en vue de métiersbien féminins comme par exemple couturière.

Que ce soit dans les CET ou dans les lycées, où lesfilles sont orientées vers les études littéraires ouétudes dites « féminines JJ en attendant le mariage, ladivision entre filles et garçons s'accentue.

Le rôle subalterne des filles amène chez ellescertaines relations inexistantes chez les garçons,comme le problème de savoir qui est la plus belle, quiplaira le plus. Inutile de décrire le nombre de minutespassées à chaque inter-classe pour se recoiffer, semaquiller. Inutile de souligner l'importance prise parla mode vestimen taire.

******-H ***(~l" tg ).FEMMES NOUVELLES

Sous le titre « FEMMES: VOTEZ FLORA JJ, ungroupe MLF de Lyon a diffusé un « bulletin de vote JJ

détonant:« ( ... ) Nous les femmes nous devons agir ensemble

sans délai:Pour l'avortement libre et gratuit et la

contraception pour les jeunes filles, contre le « devoirconjugal JJ, les brutalités « viriles JJ, la claustra tion aufoyer, l'insécurité dans la rue, la pornographiemisogyne et la double journée.

- Pour établir dans chaque quartier, sous contrôlepopulaire: 10 fois plus de crèches et garderies,ouvertes aux enfants de 1 moïsà 6 ans 24 h sur 24 h,des restaurants, laveries et salles de réunionspubliques.

- Pour le versement direct de la moitié du salairedu mari aux ménagères, la suppression des métiers« réservés JJ à chaque sexe, la semaine de 30 heures etdes salaires décents pour les travailleuses.

Nous les femmes, nous voulons cela par dessustout pour avancer vers le but:

- la participation des femmes à la productionsociale, dans un monde où le salariat et le patronatdoivent être abolis, comme le réclame le syndicalismeou vrier. Nous ne désirons pas cesser d'êtreentretenues pour devenir exploitées!

- la suppression de la famille patriarcalemonogamique, cellule fermée de propriétaires pri-véségoïstes hostiles à la communauté et reposant surl'oppression de la femme par le mari, des enfants parIp..<: n~rp.n ts. .

La répression sexuelle y est totale: tous fal-'l::"-'ftSson t interdits entre garçons et filles, les fillesenceintes sont mises à la porte et les filles mariéesdifficilement acceptées.

La discipline est plus forte dans les lycées de filles,la politique moins tolérée. L'obligation est faited'avoir des blouses, ainsi nous représentons un lycée« ordonné et ptopte,», Pour que la propreté et l'ordrerègnent toute l'année, on établit le changement deblouses tous les 15 jours. Blouse rose, blouse beige,couleurs féminines mais strictes ! Dans les lycées defilles uniquement cet ordre est instauré. Tout estorganisé de façon à ce que les filles resten t filles :parexemple, les cours de couture, l'enseignement~nager ... Mais aussi le sport: nous avons d'abordune réduction des heures de gymnastique, ensuite,nous ne jouons pas à des « jeux violents JJ.

La répression sexuelle inhérente à cette sociétés'abat tout spécialement sur le « sexe faible JJ.L'école, mais plus encore la famille transmettentLEUR idée de la sexualité, c'est à dire avant tout laprocréation, l'Amour avec un grand A dans le couple,marié bien entendu et fidèle: en un mot le foyer.

Il y a quelques contradictions dans la famille à cesujet: il faut cacher tout ce qui est sexuel maiscependant la joie de la mère éclate au grand jourquand la fille a ses règles pour la première fois et safierté est visible quand son fils fait ses premières« expériences JJ. C'est le signe de la « virilité JJ de sonfils, mais si sa fille agit de même, alors c'est qu'elle a« le vice dans la peau JJ. La fille soumise et passivedoit plaire et attendre les propositions des « mâles JJ.Il y a généralement complicité entre la mère et la fillepour les affaires de cœur.

Si la fille est soumise, elle doit être possessive et cemême hors du couple. En effet, il faut soulignerl'importance de sa dépendance vis à vis du garçonavec qui elle sort. C'est son « bol d'air frais JJ qui lachange de sa vie quotidienne, routinière, du lycée à la

maison.pour elle, perdre ce garçon, c'est perdre sa seuleîeaëtte ouverte sur la vie.

Les garçons sont possessifs égaiem~nt mais paspour les mêmes raisons: chaque fIlle est « sa

nenerte JJ, son bien, même s'il sort avec plusieursfilles. Pour lui, c'est signe de sa virilité, de sasupériorité d'homme. D'ailleurs, pour eux, les filles,et les filles seules, doivent se « débrouiller JJ pour cequi est de la contraception. C'est leur problème et sielles ne veulent pas être enceintes, elles doiventprendre leurs précautions.

De plus chez les garçons court le mythe de lalibération des femmes, ce qui pour eux donne: « Tuveux pas baiser avec moi, donc t'es pas libérée JJ.Effectivement, nous ne sommes pas « libérées JJ, euxnon plus, car il est impossible d'avoir une libertétotale sans un changement des structureséconomiques et sociales et des mentalités.

Quand une fille refuse dé faire l'amour avec lui, legarçon, vexé dans son amour-propre, ne supporte pasun tel refus et il dira souvent: « Ah ! T'es avec unautre JJ ou bien: « T'es pas libérée, t'as la trouille, t'esune conne JJ.

La famille, par ses structures et son idéologie,pousse les jeunes vers l'homosexualité surtout dans lespremières années de l'adolescence. Il semble quel 'homosexualité entre filles est plus facilementacceptée car elle cadre mieux avec le rôle desoumission et de passivité.

C'est donc dès l'enfance et tou t au long del'adolescence que famille et école s'entendent pourbourrer le crâne des filles, pour les préparer à leurrôle de femme belle et bête, soumise et tendre, mèreet ménagère.

Voilà la division du travail selon les sexes dèsl'enfance.

Voilà la répression sexuelle renforcée pour lesfilles. ,

Voilà l'école des jeunes filles en fleurs ...Groupe Femmes Lycée 16ème

************* ** * * * * * * * *Nous les îemmes, il nous revient d'indiquer la voie

pour réaliser « l'Unité Humaine JJ, la réconciliationdes sexes pour laquelle combattait Flora Tristan il y a,"" ,.J ............ "",,"',..0 ?"\~T7t"1

***********

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le Premier mai, nous étions dansla me _Le premier Mai, nous étions plusieur mil-

liers dans la rue pour exprimer notre détermi-nation: continuer à mener la lutte, mêmependant la campagne électorale.

Pour nous, les femmes, il n'y a pas de trèvedans notre exploitation et notre oppressionquotidiennes.

Re gr oupées derrière la banderolle des« Pétroleuses», no.us avons crié :

C'est la première apparition de masse des« Pétroleuses ». Le tract explicatif en quatre:pages.que nous avons distribué a été bien re-cu, et de nombreuses femmes ont rejointnotre cortège.

A noter: nous avons été les seules à organi-ser une crèche improvisée, dans deuxvoitures! La carence à ce propos des autresorganisations participantes est manifeste, et ilfaut exiger qu'elles mettent aussi en place descrèches.

Nos mots d'ordre manquaient peut-être en-core d'imagination et d'élaboration, mais leplus positif est que soient apparues les« Pétroleuses », avec un certain nombre degroupes parisiens.

- NON A L'EXPLOITATION :. nous nevoulons J?lus être les dernières employées etles premieres licenciées ; nous ne voulons plusd'un double travail pour un demi salaire.

- NON A L'OPPRESSION: nous ne se-rons plus des pondeuses salariées, nous ne. se-rons plus des mineures sociales sur lesquelles« on se penche » pendant la valse des bulle-tins.

PAS DE TREVEDANS LA LUTTE DES FEMMES!

LA SOCIETE QUE NOUS VOULONSNE SE FERA PAS SANS NOUS!

NOUS NE SO~n\1ES PAS MERES OUPUTAINS!

GISCARD: NOUS N'ABANDONNERONS PASNOTRE LlBERATIONN

Giscard est passé et la colère me prend.Mitterrand, ç'aurait été une victoire de classe-

très partielle et très précaire, c'est. vrai - mais dans lamesure où la libération des femmes ne s'accomplirapas sans la victoire du prolétariat sur la bourgeoisie,une bataille gagnée ne nous laissait pas indifférentes,ni intellectuellement, ni affec tivem en t, ni mêmematériellement.

Giscard c'est ;-- une politique d'augmentation des prix, et par

rapport à ça nous n'avons qu'un moyen de défense:des comités de contrôle des prix;

- une politique de licenciements; les petitesentreprises, le textile, jugées non rentables par lecapitalisme monopolistique vont sauter les

premières . (cela a d'ailleurs commencé). Quiretrouve-t-on dans ces boites: les femmes ;

- une valorisation de la femme au foyer. Pournous faire avaler la pilule du retour au foyer, Giscard,précédé en cela par « Laissez-les-vivre », a promisdurant sa campagne électorale un vague salairematernel. Si l'on songe que l'allocation de salaireunique représente actuellement 100 F par mois, onpeut imaginer que ce salaire représentera à peu près200 F par mois. Ce qui revient à dire que notre travailménager et maternel vaut entre 0,50 F et 1 F del'heure pour la capitalisme. On comprend dans cesconditions qu'il renâcle à construire des crèches, deslaveries collectives et des restaurants de quartier;

- une défense des « valeurs familiales ». Bien qu'ilsoit l'émanation du grand capital, celui qui a besoinde femmes bien contraceptées et bien avortées,Giscard est soutenu par l'extrême-droite qu'onretrouve à « Lsissez-les- Vivre », Aussi la libéralisationet la gratuité de l'avortement sont loin d'êtresacquises. Et nous aurons encore des luttes dures àmener.

Le mouvement des femmes se construira à traversnos revendications et nos luttes unifiées' dans lesquartiers, les lycées, les CET et les entreprises. Il serala seule garantie contre l'enlisement dans des défaitesou même des victoires partielles.

Il sera surtout la garantie que nous voulons nouslibérer de notre propre oppression et que nousn'abandonnerons pas notre parole, nos désirs, notrevolonté de changement de société.

VANESSA

CE QUE LES PETROLEUSES CHANTAIENT DANSLA MANIFESTATION DU 1er MAI(Sur l'air de Cadet Roussel) :

Giscard on va aller t'causerDu prix d'la viande et d'la chertéAu lieu d'payer le prochain termeLes aristos à la lanterneAh Ah Les femmes vraimentSe moquent d'un homme intelligent

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L'initiative revient à la coordination parisienne degroupes femmes. Le numéro 0 et celui-ci ne seronqu'un premier élan; nous sommes conscientes du che-min à faire pour que ce journal devieene un outiladéquat pour le Mouvement des Femmes. '

Son besoin s'est fait vivement sentir il y a un andéjà, lorsque les groupes constataient la difficultéd'avoir des échanges, de mener des débats sur la basede pratiques aussi variées que pouvaient l'être cellesdes groupes depuis 2 ou 3 ans.

En effet, stimuler les différents modes d'expres-sion des femmes est une des tâches fondamentales denotre mouvement. La parole orale dans le groupe, laparole transcrite sur des panneaux pour provoquerdes discussions, ont été les modes dominants jusqu'àprésent.

Certes, des grooupes ont déjà écrit, et même diffu-sé des bulletins. Mais le rôle dese Pétroleuses» est debriser le localisme ~es groupes) et de promouvoirl'expression écrite, la plus la large et la plus variée, surla base de nos activités de femmes M.L.F., tendancelutte de classes.

Il n'y a pas eu de Comité de rédaction désigné.Pour le premier journal, des groupes ont proposé lesdifférents articles sur lesquels ils avaient déjà travaillé,dans le cadre de leur activité tte groupe). C'est ce quia donné au journal l'aspect que nous avons critiqué:des articles« pavés», mis bout à bout.

Pour le 2ème numéro, nous avons mis en place uneéquipe technique sous la forme suivante:

un des groupes « femmes» s'est chargé de réu-nir les articles et d'assurer la continuité matérielle dela réalisation de ce journal. Les thèmes traités onttous été présentés par les groupes ou par des femmeset discutés à la coordination. .

A partir des critiques faites sur le numéro 0, lacoordination avait fixé trois priorités: la vie des grou-pes, l'actualité des luttes, et la rencontre nationale.

C'est donc la coordination qui a joué le rôle deComité de rédaction. Pour l'instant, le problème de« censure», c'est-à-dire le choix des articles, ne s'estpas posé pour la simple raison que les propositionsn'ont pas dépassé le volume du numéro.

Nous sommes conscientes que si le journal « lesPétroleuses» continue, un certain nombre de problè-mes se poseront. L'avenir du journal, son contenu, estun des problèmes à aborder à la rencontre. Lescontr ibut ions de toutes sont nécessa ires.

" •• ; A • ! ~•• '&.' • ~ • ! •-,i •••• 4 •••••

t= EMM t: 5 ••• N [BJ\.' EL LE 5Nous voudrions donner ici des nouvelles des

groupes. Plusieurs lettres nous sont parvenues degroupes constitués, en difficulté, en voie dec~titution, en croissance... Alors, nous avons un

etit problème: faut-il faire état de toutes?L'officialisation ainsi réalisée ne risque-t-elle pas deg~ner les groupes? Nous avons décidé pour cenuméro 1 de mentionner exclusivement lesdocuments qui ont été diffusés par les groupes et quisont donc connus localement. SVP, dans vosprochaines lettres, précisez-nous si nous pouvonsparler de vous, ou mieux, écrivez un petit ou un grandarticle à par~tre dans le prochain numéro, disant ceque vous faites.

Un Comité de femmes du Mans dénonce dans saplate-forme la législation et la répression en matièred'avortement, lutte pour l'ouverture de centresd'information sur la contraception, exige pour toutesles femmes au travail :

qualification égale- à travail égal, salaire égal- pas de discrimination au niveau de l'embauche

et de la formation professionnelle_ non pénalisation de la maternité dans la vie

professionnelle (garantie de l'emploi).Et pour toutes les femmes:

- socialisation des tâches domestiques.Pour le Comité de femmes, la libération de la

femme ne se réalisera que par la suppression de ladouble exploitation: en tant que femme et en tantque travailleuse.

A Rouen, les GFL (Groupes Femmes en Lutte)existent depuis plus d'un an. Un premier bilan vientd'être tiré sur le groupe Hôpital Psychiatrique parquelques femmes. Ce texte: « Libération des femmes,' *comment? Avec quel outil? », dit entre autres:

« Notre intervention est restée jusqu'à présenttrop syndicale, c'est à dire que tout comme dans legroupe nous n'avons jamais traité profondément del'oppression de la femme, nous n'avons jamais sorti detracts disant ce qu'on pense à ce sujet, pourquoi nousne nous organisons pas au MLF ou dans l'UFF,qu'est-ce que nous voulons... nombreux points àéclaircir entre nous-mêmes et faire connaitre nospositions.

De même les groupes femmes ne se développerontpas si tous ces points ne sont pas étudiés et si chacuned'entre nous ne fournit pas un certain boulotmilitant, suivant ses possibilités bien sûr ».

Dans les conclusions: « Nous pensons que nousdevons nous orienter d'ores et déjà dans laperspective d'une organisation nationale des femmesen lutte »,

~~4:.~.~À~~

rr=

un coup de téléphone**

malheureu x ou

les femmes

* l'administrationet** Vous avez écrit aux PETROLEUSES, à la BP 25,* 75860 Paris Cedex 18, et la lettre vous est' revenue

avec la mention « inconnu à l'adresse indiquée » , -T out ça, c'est parce que les femmes, c'est bien

connu, en dehors de leur cuisine, ne comprennent* rien à la vie active.Bref, Colette avait une boite postale. Et nous nous

sommes dit: utilisons cette boite postale. Pierrette* passe un coup de téléphone à un copain qui travailleaux PTT (eh oui, il aurait peut-être mieux valu que ce* soit une copine? ), il lui confirme que c'est possible.

Ce n'était pas possible. Depuis, il nous a fallu deux* mois de démarches pour récupérer quelques lettres.

Michèle a même écrit au rebut à Libourne!

*

* Mais maintenant c'est fait, on a signé et re-signé,tamponné, photocopié, prouvé notre identité.

Les réponses sont assurées si le courrier est reçu à :LES PETROLEUSESBP 25·75860 ParisCedex 18

*

* ** * * * "*,* ** *

LE JOURNAL, C'EST IMPORTANT. MAIS IL Y A UN PROBLEME QUE NOUS DEVONS 1 E SRESOUDRE A PARIS, C'EST LE LOCAL. C'EST POURQUOI NOUS LANÇONS UNE JSOUSCRIPTION. PRECISER « POUR LE LOCAL» ET ENVOYER:

PETROLEUSE~

CCP LA SOURCEN°3411736

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