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6 0123 Vendredi 24 août 2012 Des haricots de guar sur un marché d’Ahmedabad (Etat du Gujarat), dans le nord-ouest de l’Inde. AMIT DAVE/REUTERS planète New Delhi Bombay Calcutta 10 20 15 5 0 2008 600 400 200 0 2008-2009 SOURCES : NCDEX IN ; APEDA AGRI EXCHANGE. 2009-2010 2010-2011 2011-2012 2009 2010 2011 2012 Estimation 500 km Un marché en croissance accélérée Etat projetant d’en cultiver RAJASTHAN GUJARAT PENDJAB HARYANA KARNATAKA ANDHRA PRADESH CHHATTISGARH Etat cultivant du guar en milliers de dollars la tonne a PRIX DE LA GOMME DE GUAR a LA CULTURE DU GUAR EN INDE en milliers de tonnes a EXPORTATIONS DE LA GOMME DE GUAR DEPUIS L’INDE New Delhi Correspondance L es vaches du Rajasthan ont du souci à se faire. Les compa- gnies pétrolières texanes se sont mises à consommer une légu- mineuse qui leur servait de four- rage, en forme de long haricot et poussant dans les régions déserti- ques ou semi-désertiques d’Inde. Le guar, qui n’était cultivé au départ que pour nourrir le bétail, puis a été utilisé dans l’industrie agroalimentaire comme agent émulsifiant, est devenu très recherché par les compagnies pétrolières pour exploiter leurs gisements grâce à la technique de la fracturation hydraulique. La poudre ou la gomme tirée des graines de guar facilite en effet, en épaississant les fluides injectés dans la roche, l’extrac- tion du gaz ou du pétrole, puis leur récupération. Alors que quel- ques grammes de guar suffisent pour fabriquer une crème glacée, il en faut en moyenne neuf ton- nes pour un forage de pétrole ou de gaz de schiste. En Inde, d’où proviennent 80 % de la récolte mondiale du guar, cet- te hausse brutale de la demande a entraîné une flambée des cours. « Entre 2010 et 2012, le prix de la tonne est passé de 1 500 à 20 000 dollars [de 1 200 à 16 000 euros]. Et nous avons enco- re aujourd’hui quatre ou cinq nou- veaux clients américains par mois », indique Shwet Kamal Shar- ma, le directeur de l’usine Lotus Gums & Chemicals située à Jodh- pur. L’entreprise devrait tripler son chiffre d’affaires cette année. Mais son patron reste prudent. Le marché à terme de la légumineu- se a été suspendu en mars, après une multiplication par dix des cours en seulement un an. Et, avec une superficie cultivée qui devrait au moins doubler cette année en Inde, les cours ont déjà diminué de moitié depuis le deuxième trimestre. « Avec la mauvaise mousson qui s’annonce, les agriculteurs se sont massivement tournés vers la culture du guar », explique Purus- hottam Sharma, coauteur d’un article sur la légumineuse publié dans la Revue de recherche sur l’économie agricole. Mais il ajou- te: « La production de guar est très volatile d’une année sur l’autre, car elle est souvent cultivée dans des zones non irriguées et sans engrais. La récolte dépend des conditions climatiques. » C’est seu- lement en octobre et en novem- bre, après la saison de la mousson, que les agriculteurs sauront si la production était bonne. Grâce à la demande des compa- gnies pétrolières texanes, le guar est devenu, dans les régions déser- tiques d’Inde, une mine d’or. Des paysans, comme les producteurs de coton au Pendjab, se sont convertis à cette culture, alors que le guar était jusque-là réputé comme étant la plante des pau- vres, poussant sur des petits lopins de terre aride. Rien qu’au Rajasthan, qui four- nit la moitié de la production indienne de guar, les surfaces cultivées ont augmenté d’un tiers, passant de 3 millions d’hec- tares en 2011 à 4 millions d’hecta- res cette année. Résultat, les semences sont devenues rares. La coopérative publique du Rajasthan a décidé de n’en autoriser la vente qu’aux agriculteurs les plus fragiles, appartenant à la caste des intou- chables ou à des tribus réperto- riées. Les cultivateurs qui les reçoi- vent s’engagent à vendre leurs récoltes aux fabricants de gomme de guar. L’un de ces producteurs, Vikas WSP, qui devrait voir son chiffre d’affaires passer de 180 millions d’euros cette année à 900 millions d’euros en 2013, a ainsi distribué près de 3 000 ton- nes de semences à environ 200 000 paysans. Des équipes d’agronomes ont été constituées pour les aider à maximiser leurs rendements. Les fabricants de gomme ont aussi sécurisé leurs approvisionne- ments de semences en nouant des partenariats avec des universi- tés du pays. D’autres Etats indiens que le Rajasthan ou l’Haryana, second producteur du pays, expérimen- tent eux aussi cette culture. Même si les promesses de réussi- te sont loin d’être certaines. Car la plante doit être cultivée dans une zone tropicale ou semi-tropicale, et sur une terre aride. Les cultivateurs de guar ne sont peut-être pas devenus aussi riches que des émirs du Qatar, mais la légumineuse a au moins changé leur vie. Au Rajasthan, les concessionnaires de tracteurs ont vu leurs ventes exploser. Les prix des terres dans les régions arides ont rapidement augmen- té. Et les mariages, dont la saison débute cet automne, s’annoncent somptueux. Le miracle du guar pourrait tou- tefois être de courte durée, au ris- que de mettre en difficulté toute la filière industrielle. Deux bre- vets sur des produits synthéti- ques de substitution ont été dépo- sés en juin aux Etats-Unis, où l’in- dustrie pétrolière préfère dépen- dre d’un brevet plutôt que des alé- as de la mousson. L’entreprise parapétrolifère américaine Baker Hugues, qui a mis au point l’Aqua- perm, a déclaré avoir remplacé 5 % de sa consommation de guar par ce produit synthétique. Sa concurrente Halliburton a com- mencé à utiliser un autre substi- tut, le Permstim, dans quelques forages pétroliers aux Etats-Unis. « Les produits synthétiques sont encore loin d’avoir les mêmes pro- priétés que le guar », assure toute- fois Purushottam Sharma. Les vaches du Rajasthan vont devoir encore attendre pour brouter à nouveau leurs haricots préférés. p Julien Bouissou Deux brevets sur des produits synthétiques de substitution ont été déposés en juin aux Etats-Unis Des paysans, comme les producteurs de coton au Pendjab, se sont convertis à cette culture En France, l’hydrocarbure non conventionnel en débat Le haricot de guar indien dopé par le gaz de schiste La plante, dont la gomme sert aux forages pétroliers, vaut de l’or pour les paysans. Mais le filon risque de se tarir Aux Etats-Unis, l’eau manque pour permettre la fracturation hydraulique Les huiles et gaz de schiste seront au cœur de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre. Le premier minis- tre, Jean-Marc Ayrault, et Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, n’ex- cluent pas d’autoriser l’exploita- tion de ces hydrocarbures non conventionnels – présents dans le sud-est et l’Ile-de-France – si une technique moins polluante que la fracturation hydraulique était découverte. M. Ayrault a indiqué, le 22 août sur RMC et BFMTV, « que le débat n’était pas tranché ». Interrogée lors des Journées d’été d’Europe Ecolo- gie-Les Verts, Delphine Batho, ministre de l’écologie, a répondu qu’elle se prononçait en fonction de ce qui existe : « Actuellement, la fracturation hydraulique est la seule solution technique qui exis- te et elle pose problème (…). Je pense que la transition énergéti- que, ce n’est pas d’aller vers de nouveaux hydrocarbures. » En France, la fracturation hydraulique est interdite depuis la loi du 13 juillet 2011. New York Correspondant La sécheresse qui sévit dans plus de la moitié des Etats-Unis a singu- lièrement compliqué l’exploita- tion du pétrole et du gaz de schis- te. Les sociétés de forage recher- chent désespérément les milliers de mètres cubes d’eau nécessaires à la fracturation de la roche, ce qui les oppose maintenant aux fer- miers qui essaient de conserver leurs précieuses ressources hydrauliques. Au Kansas, les entreprises qui ont vu leur approvisionnement en eau limité par l’Etat ont propo- sé aux agriculteurs de pomper l’eau de leurs étangs ou d’accéder à leurs puits, monnayant des som- mes parfois considérables : jus- qu’à 85 000 dollars (68 000 euros) par an d’après Select Energy, l’une des entreprises qui se consacrent à ce genre de prospection. Mais les fermiers sont inquiets car ils ne voient pas la fin de leurs soucis. « Ils ont peur de rester sans eau », déclarait à la chaîne CNN Jeff Gordon, direc- teur d’exploitation de la compa- gnie pétrolière Texas Coastal Energy, qui fore au Kansas depuis un an. Ils pensent d’abord à leur bétail et à leurs récoltes. » Ce qui crée des tensions. Au Colorado, les agriculteurs se sont vus devancés par les sociétés de forage lors des ventes aux enchè- res des ressources hydrauliques, une pratique courante dans beau- coup d’Etats. « Elles ont beaucoup plus d’argent et nous concurren- cent sur le marché », se plaint Bill Midcap, du syndicat agricole des Rocheuses (Rocky Mountain Far- mers Union), qui inclut aussi le Wyoming et le Nouveau-Mexique. Au Texas, qui souffre de la sécheresse depuis un an, certai- nes municipalités assises sur le gisement de Barnett Shale, com- me celle de Grand Prairie, ont interdit l’utilisation de l’eau dans l’exploitation du pétrole de schis- te. D’autres villes ont prohibé son transport. Le boom pétrolier menacé Car les foreurs ont dû parfois recourir à des solutions extrê- mes : acheminer l’eau d’autres Etats par camion (d’aussi loin que la Pennsylvanie), ou creuser leurs propres puits. Dans le cas du pétrole de schiste, c’est une opéra- tion encore rentable – le prix du baril dépasse les 90 dollars (72 euros) –, mais ce n’est pas le cas du gaz dont les cours ont chu- té de 70 % en quatre ans. Si la sécheresse persiste, elle pourrait menacer le boom pétrolier, en par- ticulier pour les petites entrepri- ses qui ne peuvent faire face à ces coûts supplémentaires. Il faut donc chercher des solu- tions. « Ces dernières années, la fracturation hydraulique est deve- nue un vrai sujet de débat », affir- me Brian Werner, porte-parole du Northern Colorado Water Conser- vancy District. Le groupe écologis- te Environment Texas a demandé à ses juristes d’obliger les foreurs à recycler l’eau de la fracturation, normalement inutilisable car mélangée à du sable et à des pro- duits chimiques. Dans l’Oklahoma, la fractura- tion hydraulique n’a pas encore posé de problèmes mais l’Etat pré- voit une augmentation de la demande en eau de 33 % d’ici à 2050. « C’est une question très sen- sible sur laquelle nous commen- çons à nous pencher », assure Brian Vance, de l’Oklahoma Water Ressources Board. Le Grand Ouest américain n’est pas seul concerné. En Pennsylva- nie, où se trouve le gisement de Marcellus, l’un des plus vastes des Etats-Unis (il s’étend de New York à la Virginie), la Susquehanna River Basin Commission a suspen- du, le 16 juillet, les permis de prélè- vement d’eau dans les rivières, ce qui affecte directement plus de soixante sociétés de forage. « Les prospecteurs vont devoir apprendre à mieux gérer les res- sources hydrauliques, affirme David Brown, directeur de pro- gramme à l’Agence américaine océanique et atmosphérique, car l’eau va devenir de plus en plus rare au fur et à mesure que le cli- mat se réchauffe. » (Intérim.) p

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6 0123Vendredi 24 août 2012

Des haricots de guar sur unmarché d’Ahmedabad (Etat duGujarat), dans le nord-ouest de l’Inde. AMIT DAVE/REUTERS

planète

New Delhi

Bombay

Calcutta

10

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0

2008

600

400

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2008-2009

SOURCES : NCDEX IN ; APEDA AGRI EXCHANGE.

2009-2010 2010-2011 2011-2012

2009 2010 2011 2012

Estimation

500 km

Un marché en croissance accélérée

Etat projetant d’en cultiver

RAJASTHAN

GUJARAT

PENDJAB

HARYANA

KARNATAKA

ANDHRAPRADESH

CHHATTISGARH

Etat cultivant du guar

en milliers de dollars la tonnea PRIX DE LAGOMME DE GUARa LA CULTURE DU GUAR EN INDELA CULTURE DU GUAR EN INDE

en milliers de tonnesa EXPORTATIONS DE LAGOMME DE GUAR DEPUIS L’INDE

NewDelhiCorrespondance

L es vaches du Rajasthan ontdusouciàsefaire.Lescompa-gnies pétrolières texanes se

sontmisesàconsommerunelégu-mineuse qui leur servait de four-rage, en forme de long haricot etpoussantdans les régionsdéserti-ques ou semi-désertiques d’Inde.

Le guar, qui n’était cultivé audépart que pour nourrir le bétail,puis a été utilisé dans l’industrieagroalimentaire comme agentémulsifiant, est devenu très

recherché par les compagniespétrolières pour exploiter leursgisements grâce à la technique dela fracturationhydraulique.

La poudre ou la gomme tiréedes graines de guar facilite eneffet, en épaississant les fluidesinjectés dans la roche, l’extrac-tion du gaz ou du pétrole, puisleur récupération.Alors quequel-ques grammes de guar suffisentpour fabriquer une crème glacée,il en faut en moyenne neuf ton-nes pour un forage de pétrole oude gaz de schiste.

En Inde,d’oùproviennent80%delarécoltemondialeduguar,cet-te hausse brutale de la demandeaentraîné une flambée des cours.«Entre 2010 et 2012, le prix de latonne est passé de 1 500 à20 000 dollars [de 1 200 à16000euros]. Etnousavonsenco-reaujourd’huiquatreoucinqnou-veaux clients américains parmois», indiqueShwetKamalShar-ma, le directeur de l’usine LotusGums &Chemicals située à Jodh-pur.

L’entreprise devrait tripler sonchiffre d’affaires cette année.Mais son patron reste prudent. Lemarché à terme de la légumineu-se a été suspendu en mars, aprèsune multiplication par dix descoursenseulementunan.Et, avecune superficie cultivée quidevrait au moins doubler cetteannée en Inde, les cours ont déjàdiminué de moitié depuis ledeuxième trimestre.

«Avec la mauvaise moussonqui s’annonce, les agriculteurs sesont massivement tournés vers lacultureduguar», expliquePurus-hottam Sharma, coauteur d’unarticle sur la légumineuse publiédans la Revue de recherche surl’économie agricole. Mais il ajou-te : «Laproductiondeguar est trèsvolatile d’une année sur l’autre,car elle est souvent cultivée dans

des zones non irriguées et sansengrais. La récolte dépend desconditionsclimatiques.»C’estseu-lement en octobre et en novem-bre, après lasaisonde lamousson,que les agriculteurs sauront si laproduction était bonne.

Grâceà lademandedescompa-gnies pétrolières texanes, le guarestdevenu,dans lesrégionsdéser-

tiques d’Inde, une mine d’or. Despaysans, comme les producteursde coton au Pendjab, se sontconvertis à cette culture, alorsque le guar était jusque-là réputécomme étant la plante des pau-vres, poussant sur des petitslopins de terre aride.

Rienqu’au Rajasthan, qui four-nit la moitié de la production

indienne de guar, les surfacescultivées ont augmenté d’untiers, passant de 3millions d’hec-tares en 2011 à 4millions d’hecta-res cette année.

Résultat, les semences sontdevenues rares. La coopérativepublique du Rajasthan a décidéde n’en autoriser la vente qu’auxagriculteurs les plus fragiles,

appartenant à la caste des intou-chables ou à des tribus réperto-riées.Lescultivateursqui lesreçoi-vent s’engagent à vendre leursrécoltesauxfabricantsdegommede guar. L’un de ces producteurs,Vikas WSP, qui devrait voir sonchiffre d’affaires passer de180millionsd’euros cette annéeà900millions d’euros en 2013, a

ainsi distribué près de 3000ton-nes de semences à environ200000paysans.

Des équipes d’agronomes ontété constituées pour les aider àmaximiser leurs rendements. Lesfabricants de gomme ont aussisécurisé leurs approvisionne-ments de semences en nouantdespartenariatsavecdesuniversi-tés du pays.

D’autres Etats indiens que leRajasthan ou l’Haryana, secondproducteur du pays, expérimen-tent eux aussi cette culture.Même si les promesses de réussi-te sont loin d’être certaines. Car laplante doit être cultivée dans unezone tropicale ou semi-tropicale,et sur une terre aride.

Les cultivateurs de guar nesont peut-être pas devenus aussiriches que des émirs du Qatar,

mais la légumineuse a au moinschangé leur vie. Au Rajasthan, lesconcessionnaires de tracteursont vu leurs ventes exploser. Lesprix des terres dans les régionsarides ont rapidement augmen-té. Et les mariages, dont la saisondébute cet automne, s’annoncentsomptueux.

Lemiracleduguarpourrait tou-tefois être de courte durée, au ris-que de mettre en difficulté toutela filière industrielle. Deux bre-vets sur des produits synthéti-quesdesubstitutionontétédépo-sés en juinaux Etats-Unis, où l’in-dustrie pétrolière préfère dépen-dred’unbrevetplutôtquedesalé-as de la mousson. L’entrepriseparapétrolifère américaine BakerHugues,quiamisaupoint l’Aqua-perm, a déclaré avoir remplacé5% de sa consommation de guarpar ce produit synthétique. Saconcurrente Halliburton a com-mencé à utiliser un autre substi-tut, le Permstim, dans quelquesforages pétroliers aux Etats-Unis.

«Les produits synthétiques sontencore loin d’avoir les mêmes pro-priétés que le guar», assure toute-fois Purushottam Sharma. Lesvaches du Rajasthan vont devoirencore attendre pour brouter ànouveau leursharicots préférés.p

JulienBouissou

Deuxbrevetssurdesproduitssynthétiquesdesubstitution

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Despaysans,commeles

producteursdecotonauPendjab,

sesontconvertisàcetteculture

EnFrance, l’hydrocarburenon conventionnel endébat

LeharicotdeguarindiendopéparlegazdeschisteLaplante,dont lagommesertauxforagespétroliers,vautde l’orpour lespaysans.Mais le filonrisquedesetarir

AuxEtats-Unis, l’eaumanquepourpermettrelafracturationhydraulique

Leshuiles et gazde schisteseront au cœur de la conférenceenvironnementale des 14 et15septembre. Le premierminis-tre, Jean-MarcAyrault, etArnaudMontebourg,ministre duredressementproductif, n’ex-cluent pasd’autoriser l’exploita-tionde ces hydrocarbures nonconventionnels – présents dansle sud-est et l’Ile-de-France –siune techniquemoins polluanteque la fracturation hydrauliqueétait découverte.M.Ayrault aindiqué, le 22août sur RMCetBFMTV,«que le débat n’était pastranché». Interrogée lors desJournéesd’été d’Europe Ecolo-gie-LesVerts, DelphineBatho,ministre de l’écologie, a réponduqu’elle se prononçait en fonctionde ce qui existe :«Actuellement,la fracturation hydraulique est laseule solution technique qui exis-te et elle pose problème (…). Jepense que la transition énergéti-que, ce n’est pas d’aller vers denouveaux hydrocarbures.»EnFrance, la fracturationhydraulique est interdite depuisla loi du 13juillet 2011.

NewYorkCorrespondant

La sécheressequi sévit dansplusde lamoitié des Etats-Unis a singu-lièrement compliqué l’exploita-tiondupétrole et dugaz de schis-te. Les sociétés de forage recher-chentdésespérément lesmilliersdemètres cubesd’eaunécessairesà la fracturationde la roche, ce quiles opposemaintenant aux fer-miersqui essaientde conserverleursprécieuses ressourceshydrauliques.

AuKansas, les entreprisesquiont vu leur approvisionnementeneau limitépar l’Etat ontpropo-sé auxagriculteursdepomperl’eaude leurs étangsoud’accéderà leurspuits,monnayantdes som-mesparfois considérables: jus-qu’à 85000dollars (68000euros)parand’aprèsSelect Energy, l’une

des entreprisesqui se consacrentàcegenredeprospection.

Mais les fermiers sontinquiets car ils ne voient pas lafin de leurs soucis. «Ils ont peurde rester sans eau», déclarait à lachaîne CNN Jeff Gordon, direc-teur d’exploitation de la compa-gnie pétrolière Texas CoastalEnergy, qui fore auKansasdepuis un an. Ils pensent d’abordà leur bétail et à leurs récoltes.»

Cequi créedes tensions.AuColorado, les agriculteurs se sontvusdevancéspar les sociétésdeforage lorsdesventes auxenchè-resdes ressourceshydrauliques,unepratique courantedansbeau-coupd’Etats. «Elles ont beaucoupplusd’argent etnous concurren-cent sur lemarché», seplaintBillMidcap,du syndicat agricoledesRocheuses (RockyMountainFar-mersUnion), qui inclut aussi le

Wyominget leNouveau-Mexique.AuTexas, qui souffre de la

sécheressedepuisun an, certai-nesmunicipalités assises sur legisementdeBarnett Shale, com-mecelle deGrandPrairie, ontinterdit l’utilisationde l’eau dansl’exploitationdupétrole de schis-te. D’autres villes ont prohibé sontransport.

Le boompétroliermenacéCar les foreurs ontdûparfois

recourir à des solutions extrê-mes: acheminer l’eaud’autresEtats par camion (d’aussi loin quela Pennsylvanie), ou creuser leursproprespuits. Dans le cas dupétrolede schiste, c’est uneopéra-tion encore rentable – le prix dubaril dépasse les 90dollars(72euros) –,mais ce n’est pas lecas dugaz dont les cours ont chu-té de 70%enquatre ans. Si la

sécheressepersiste, elle pourraitmenacer le boompétrolier, enpar-ticulierpour les petites entrepri-ses quinepeuvent faire face à cescoûts supplémentaires.

Il faut donc chercherdes solu-tions.«Ces dernièresannées, lafracturationhydrauliqueest deve-nueunvrai sujetde débat», affir-meBrianWerner, porte-paroleduNorthernColoradoWaterConser-vancyDistrict. Le groupeécologis-te EnvironmentTexas a demandéà ses juristesd’obliger les foreurs àrecycler l’eaude la fracturation,normalement inutilisablecarmélangéeàdu sable et à despro-duits chimiques.

Dans l’Oklahoma, la fractura-tionhydrauliquen’a pas encoreposédeproblèmesmais l’Etat pré-voit une augmentationde lademandeen eaude 33%d’ici à2050. «C’est une question très sen-

sible sur laquelle nous commen-çonsànous pencher», assureBrianVance, de l’OklahomaWaterRessourcesBoard.

LeGrandOuest américainn’estpas seul concerné. EnPennsylva-nie, où se trouve le gisementdeMarcellus, l’undesplus vastesdesEtats-Unis (il s’étenddeNewYorkà laVirginie), la SusquehannaRiverBasinCommissiona suspen-du, le 16juillet, les permisdeprélè-vementd’eaudans les rivières, cequi affectedirectementplusdesoixantesociétésde forage.

«Les prospecteurs vont devoirapprendreàmieuxgérer les res-sources hydrauliques,affirmeDavidBrown, directeur depro-grammeà l’Agenceaméricaineocéaniqueet atmosphérique, carl’eau vadevenir de plus en plusrareau fur et àmesure que le cli-mat se réchauffe.» – (Intérim.)p