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Le Ribat, Monastir.

CIRCUIT VII

Les villes ribatMourad Rammah

VII.1 MONASTIRVII.1.a Le RibatVII.1.b Ribat de Sidi el-Ghedamsi (option)

VII.2 LEMTAVII.2.a Le Ribat (option)

VII.3 SOUSSEVII.3.a Le RibatVII.3.b La Grande MosquéeVII.3.c Médersa el-ZaqqaqVII.3.d Qoubba Bin el-QhaouiVII.3.e Mosquée de Sidi Ali AmmarVII.3.f Mosquée Bouftata VII.3.g La casbah et les remparts

taire de premier plan. Leurs ribats acqui-rent une renommée toute particulière etservirent de noyaux pour le développe-ment urbain ultérieur. La double voca-tion militaire et religieuse des ribats sereflète dans leur architecture robuste etaustère, caractérisée par l’emploi de lapierre et des voûtes en moellons et lebannissement des couvertures en bois etdes structures légères. Or ce type archi-tectural se propagera partout dans leSahel tunisien et Sousse et Monastirdevinrent les deux villes-ribats par excel-lence. Tout en se référant à la même école archi-tecturale, elles connurent, néanmoins, uneévolution quelque peu différente. En effet,Sousse devient au IIIe/IXe siècle le siège dela flotte aghlabite et la plus importante basemilitaire maritime qui servit à la conquêtede la Sicile en 211/827, ainsi qu’une plaquetournante du commerce méditerranéen,sans pour autant perdre de son attrait surles savants musulmans dont certains luiréservèrent une place de prédilectionparmi les bastions de l’Islam. Parallèlement, Monastir acquit une voca-tion plus spirituelle et devint au Moyen Âgeun lieu de pèlerinage lors des fêtes reli-gieuses et nombreux sont encore les Sahé-liens, surtout les Mahdois, qui souhaitentinhumer leurs morts dans sa terre bénie. En fait, l’évolution de Sousse et Monastirétait parfaitement complémentaire, elleincarnait toute la dialectique de l’espritdu ribat.

Aperçu historique

Située à l’extrémité du cap, l’antique Rus-pina tire son nom du punique Rous Penna,dont la traduction latine Caput Anguli setrouve justifiée par l’angle très marqué

Ribat, cour intérieure,Lemta.

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Les incursions de la flotte byzantine lelong des côtes qui ont suivi la conquêtemusulmane, obligèrent les Ifriqiyens à sedoter d’une ligne intermittente de défen-se constituée de forteresses dénomméesribats. Elle se dressèrent le long du litto-ral de Tanger à Alexandrie et communi-quèrent entre elles au moyen des feuxqu’on allumait au sommet de leurs tours.Les ribats servirent de refuge pour leshabitants des campagnes environnanteset furent habités par des moines guer-riers. Les séjours prolongés des plusillustres savants, jurisconsultes et ascè-tes ifriqiyens renforcèrent le prestigespirituel de ces bâtiments et les trans-formèrent en véritables couvents-forte-resses et centres du savoir, constituantdes courroies de transmission de la cultu-re arabo-musulmane le long de la riveseptentrionale de l’Afrique du Nord. La pro-ximité de Sousse et Monastir de Kairouanet leurs positions stratégiques commepostes de guet avancés pour la défensede la capitale leur confèrent un rôle mili-

que décrit le littoral à cet endroit. Ce pro-montoire était un emplacement idéal pourla défense du littoral. Ce qui explique lechoix du gouverneur abbasside HarthamaIbn A‘youn, en 178/795, d’y implanterson modèle de ribat importé de l’Orient.L’engouement des savants et ascètes del’Ifriqiya pour la nouvelle institution faci-lita le peuplement du nouveau ksar et,entre le IIe-IIIe/p.m. IXe siècle, plusieursribats furent édifiés à Monastir, tels le ribatIbn el-Ja‘ad, le ribat Dhuayib en 239/854.Supplantée par Sousse qui devint la basenavale des Aghlabides, et plus tard parMahdia qui devint la capitale des Fatimi-des, Monastir dut se contenter tout aulong du Moyen Âge d’un rôle essentielle-ment spirituel et devint un lieu de pèleri-nage et de ribat et un des bastions de l’orthodoxie face à l’épreuve chiite.Néanmoins la ville ne cessa de se déve-lopper et el-Bekri, qui écrivait au milieudu Ve/XIe siècle, en donna la descriptionsuivante: “... c’est une vaste forteresse,très élevée, qui renferme un faubourgconsidérable. Au centre de ce faubourg,on voit une deuxième forteresse très gran-de et remplie de logements, de mosquéeset de châteaux à plusieurs étages. Ontrouve dans cette place forte un grandnombre de bains. Naguère, les habitantsde Kairouan y envoyaient beaucoup d’ar-gent et des aumônes très abondantes.Dans le voisinage d’el-Monastir est une sali-ne immense qui fournit aux navires descargaisons de sel destinées aux autres pays.El-Monastir possède, dans ses environs,cinq mahris construits avec une grandesolidité et habités par des gens dévots”.Monastir ne semble pas avoir souffert aumême titre que Kairouan des invasionshilaliennes, et el-Idrissi nous rapportequ’au milieu du VIe/XIIe siècle “Mahdia n’ani jardins ni vergers. Pas de palmeraies.

Les fruits lui sont apportés de Monastir...Monastir, poursuit-il, est un groupe detrois forteresses habitées par des gensdévots. Les Arabes (hilaliens) ne causentaucun dommage à leurs vergers ni à leursplantations. Les habitants de Mahdia seservent de petites embarcations pourtransporter leurs morts à Monastir où ilsles enterrent”. L’exode des musulmans deSicile à la suite de la conquête normandepuis celui des Kairouanais ont certaine-ment contribué à l’urbanisation de la ville.Il semble même que lors de la prise deMahdia par les Normands en 542/1148,Monastir échappa au même sort et servitde refuge pour les Mahdois. C’est sansdoute à partir de cette époque qu’il fautsituer l’extension de Monastir et la nais-sance d’un de ses faubourgs. La déchéan-ce de Kairouan puis celle de Mahdia, àl’époque hafside, entraînèrent la décadencede Monastir qui se replia sur elle-même etcontinua à végéter. Léon l’Africain, qui avisité Monastir au début du Xe/XVIe siècle,nous la décrit ainsi: “Elle est entourée defortes et hautes murailles. A l’intérieur,

Ruines du Ribat deSidi el-Ghedamsi, Monastir.

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forte et un centre de rayonnement du sou-fisme et de l’ascétisme.

VII.1 MONASTIR

Prendre la route côtière vers Sousse.

VII.1.a Le Ribat

Le monument se situe sur la route de la corni-che.Entrée payante. Horaires: de 8:30 à 17:30 du16 septembre au 31 mars et de 8:00 à 19:00le reste de l’année. Fermé le lundi. Parking surla place. Toilettes.

Le ribat fut édifié, en 178/795-179/796,par le général abbasside Harthama Ibn

les maisons sont également d’une cons-truction soignée. Une chose est certaine,c’est que les habitants sont pauvres... Al’intérieur de Monastir, il y a un grandnombre de propriétés plantées d’arbresfruitiers tels qu’abricotiers, figuiers, pom-miers, grenadiers et un nombre infini d’o-liviers. Mais le souverain accable la villed’impôts”. D’ailleurs, Monastir finira parse révolter contre le sultan hafside Mou-lay Hassan qui devint l’allié des Espagnols.Entre 945/1539 et 955/1549, la ville futplusieurs fois saccagée par les arméesnavales de Charles Quint conduites parAndré Doria. Au Xe-XIe/f. XVIe siècle, ellefut conquise par les Turcs. A l’époquemouradite, lors des luttes entre les deuxfrères de Mourad, Monastir se rangea ducôté de Mohamed qui s’y réfugia en1091/1680. Tout au long de l’époquemoderne, Monastir redevint une place

Le Ribat, facade sur lacour, Monastir .

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Monastir

A‘youn et dut subir divers agrandisse-ments à travers les âges. A l’origine, dansson premier état de construction, le ribatse compose d’une enceinte rectangulairedont les angles sont flanqués de tours. Al’angle sud-est se dresse un haut minaretcylindrique qui rappelle les influencesmésopotamiennes. A l’intérieur, la courest entourée de portiques sur lesquelsdonnent les cellules. Au premier étage setrouve la salle de prière constituée de 2travées et de 7 nefs, la nef axiale étantplus large que les autres. Cette disposi-tion architecturale, appliquée pour la pre-mière fois dans une salle de prière, seraune constante dans toutes les mosquéesifriqiyennes. Le plan architectural du ribat de Hartha-ma servira de modèle aux principauxribats ifriqiyens dressés le long de la côteau IIIe/IXe siècle. L’aile nord de ce ribat, quidevait avoir une superficie de 1 300 m2, aété complètement modifiée et le monu-ment a dû subir plusieurs agrandisse-ments dont on distingue quatre étapesessentielles. Dans une première étape, à l’entrée pri-mitive, dont il est séparé par une couret-te, fut ajouté un pavillon formé d’un por-che flanqué de deux colonnes quisupportent un arc en plein cintre outre-passé. Ce porche, qui rappelle celui de laGrande Mosquée de Mahdia (postérieu-re), mène à des pièces couvertes de voû-tes en berceau. Au premier étage, setrouvait la salle de prière constituée de 7 nefs rythmées par 2 travées et couver-tes, à l’exception de la nef centrale, devoûtes en berceau; la nef médiane étantdans sa moitié sud recouverte d’unecalotte sphérique surbaissée sans trompes.Tout porte à croire qu’il y avait là unesalle de prière dont le mihrab a été obtu-ré. Sa disposition architecturale évoque

celle du ribat primitif situé exactementdans son prolongement. Ce pavillon date-rait, d’après une inscription conservée aumusée du Louvre, du milieu du IVe/Xe siè-cle; cette inscription lapidaire se réfère àdes travaux menés par Abou el-Qassimel-Tammar, en 355/966, qui semblentconcerner cette aile du ribat. Ce pavillon,qui servira plus tard de ribat pour les fem-mes, est mentionné par el-Bekri au milieudu Ve/XIe siècle. Cette vocation expliquela nécessité de doter le ribat d’une nou-velle porte afin de séparer le passage desfemmes de celui des hommes. C’est decette époque que semble dater l’actuelleentrée coudée du ribat. Le décor se trou-vant au-dessus de son arc offre, en effet,cinq niches plates coiffées par des arcsoutrepassés et surmontés d’une frise àmotifs floraux, un agencement ornemen-tal caractéristique du style fatimo-ziride;on le retrouve sur la façade du porche dela Grande Mosquée de Mahdia, sur lafaçade orientale de la mosquée de Sfax etsur celle la mosquée de Sidi Ali Ammar.La deuxième phase de construction a con-

Le Ribat, salle àl’étage, Monastir.

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Monastir

— des feuillets de Coran et de manus-crits provenant de Kairouan et d’Egyptedatés du IVe/Xe siècle au XIIe/XVIIIe.À côté de ces derniers se trouvent desobjets en bronze, surtout d’époque fati-mide et ziride, parmi lesquels se distin-guent un lustre rare en bronze d’époquehafside, des plats en céramique aghlabideset fatimides.

VII.1.b Ribat de Sidiel-Ghedamsi (option)

On accède au monument par la route de lamarina. Monument en cours de fouilles aumoment de la rédaction.

Situé sur une île aujourd’hui rattachée à laterre ferme, il fut l’objet de plusieurs cam-pagnes de fouilles qui ont permis d’exhu-mer l’essentiel du site et de mettre au jourle plan initial du ribat et les différentes éta-pes de son extension. Cette île porte lenom d’un saint, originaire de Ghdamas,qui a vécu au cours du IVe/Xe siècle, et quifut inhumé sur les lieux. En fait, le ribat aété édifié, en 257/871, par un richissimekairouanais, Ibn el-Ja‘ad. Sa constructionrépond à des considérations stratégiques età la nécessité d’assurer une meilleure com-munication entre les différents ribats du capde Monastir, par la construction d’un postede guet sur l’île qui se trouve à la pointe ducap. Le monument a été édifié sur desvillas et des mosaïques d’époque romaine.Il présente la forme d’un carré de 22,50 mde côté. Flanqué de quatre tours circulai-res aux angles, il est consolidé au milieudes deux murs nord et sud par deux tourscarrées qui jouent le rôle de citernes pourla récupération des eaux des terrasses. Onvoit clairement, sur le système d’entrée ducôté occidental, le vestibule et les cellules

sisté en l’agrandissement des côtés nord etest, que l’on daterait de l’époque aghlabi-de, époque qui connut la consolidation dumonument par des tours carrées. Des tra-vaux datés de 827/1424, comme l’attesteune plaque commémorative hafside enécriture naskhi et conservée au-dessus dela porte de l’entrée coudée, font passer lasuperficie de la forteresse à 4 200 m2.La troisième étape de construction date,sans doute, de l’époque d’Ibrahim CharifPacha, en 1115/1704. Il s’agit de modi-fications qui portent sur des points spéci-fiques tels que l’aménagement de l’aileest, du rez-de-chaussée du ribat des fem-mes en salle de prière, l’adjonction detours polygonales aux angles nord-ouestet sud-est ainsi que la tour circulaire del’angle nord-est qui sont en rapport avecles progrès de l’armement.La quatrième étape, due à l’initiative deHammouda Pacha (1195/1781-1228/1813),en fait une forteresse et décide le transfertdes étudiants à la zaouïa de Sidi Dhouib.De même Hussein Bey II, en 1238/1823-1250/1835, restaure le ribat et le consoli-de. C’est de cette époque que doit dater laconstruction des bastions aux angles nord-est et sud-est. L’aspect peu homogène desmurs extérieurs de la forteresse est dû à demultiples consolidations échelonnées entrele XIe/XVIIe siècle et le XIIIe/XIXe siècle.D’autre part, la salle de prière du ribat pri-mitif abrite depuis 1959 un petit muséedes arts islamiques où sont exposés:— une collection de stèles funérairesmonastiriennes qui s’étalent du Ve/XIe siè-cle au IXe/XVe siècle et dont les inscrip-tions passent du coufique fleuri au naskhi.— une collection de pièces de textileségyptiennes essentiellement abbassides etfatimides.— quelques reliures kairouanaises data-bles du IVe/Xe siècle et Ve/XIe siècle.

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du rez-de-chaussée. Il semble que ce ribatse composait d’un seul niveau, à l’exempledu ribat de Lemta.

Le mausolée de Bourguiba est un exempled’art musulman contemporain, richementdécoré.

VII.2 LEMTA

La ville se trouve à mi-chemin entre KsarHellal et Monastir.

Agglomération d’origine libyco-punique,Leptiminus est mentionnée pour la pre-mière fois, au IVe siècle av. J.-C. Ralliée àRome, lors de la troisième guerre puni-que, en 146 av. J.-C., elle profita, aprèsla défaite de Carthage, du statut d’uneville libre. Elevée au rang de colonie parTrajan, elle devint le chef-lieu de larégion domaniale de Leptiminensis.Après la conquête byzantine, elle devintla résidence du commandement militairede la Byzacène. Sa renaissance date del’époque aghlabide: d’un simple ribat quisert de refuge aux pêcheurs, Lemtadevint un des plus importants ports del’Ifriqiya. Néanmoins, elle fut supplantéepar Mahdia, au IIIe-IVe/d. Xe siècle. Auxalentours de Lemta se trouve une salinequi produisait, selon el-Bekri, un sel detrès bonne qualité.

VII.2.a Le Ribat (option)

Entrée payante. Pour visiter le ribat, se pré-senter à la municipalité. Horaires: en semainede 8:30 à 13:00 et de 14:00 à 17:45, le ven-dredi et le samedi de 8:30 à 13:00. Parkingsur la petite place.

Il fut édifié par le prince aghlabide AbouIbrahim Ahmad, en 245/860. Il est leprototype du ribat à un seul niveau. Con-trairement à Sousse et Monastir, quiétaient des bourgs importants dont lapopulation avait besoin de forteressesassez spacieuses pour servir de lieu derefuge en cas d’attaque ennemie, il sem-ble que Lemta était, au IIe-IIIe/d. IXe siè-cle, un hameau très peu peuplé, ce quiexplique la différence entre les ribats deSousse et de Monastir qui étaient plussophistiqués et dotés de défenses plusimportantes; en effet, le ribat de Lemtane disposait pas de tour vigie mais étaitflanqué de quatre tours aux angles. Sasalle de prière se trouve au rez-de-chaus-sée, du côté sud. Son entrée, très simple,est constituée d’un arc en plein cintreoutrepassé trapu et d’accès direct.

VII.3 SOUSSE

Reprendre la route côtière jusqu’à Sousse.

Fondée au IIe/IXe siècle av. J.-C. par lesPhéniciens afin de servir de point d’atta-che pour leurs bateaux de commerce enMéditerranée occidentale, Sousse connutà l’époque romaine un essor remarquableet se distingua comme l’une des princi-pales cités d’Afrique. Aucun fait mar-quant n’est signalé à l’époque vandale nibyzantine, tout comme à la premièrepériode musulmane. Devant la supréma-tie qu’exerçait la marine byzantine sur laMéditerranée occidentale et face à l’anarchie qui régnait en Ifriqiya tout lelong du IIe/VIIIe siècle, les musulmanschoisirent de se retrancher à l’intérieurdu pays alors que Sousse, formée de quelques hameaux, vivait sous la protec-

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Lemta

occupait dans la géographie économiquede l’Ifriqiya. Tout au long de son histoireet selon les fluctuations politiques, Sous-se se développa tantôt en rapport directavec son arrière-pays, tantôt en ruptureavec celui-ci, en se cantonnant principa-lement dans des activités maritimes.La fin du IVe/Xe siècle et le début duVe/XIe siècle furent notamment unepériode de grande croissance urbaine.Mais cette prospérité fut brusquementarrêtée à l’arrivée des Hilaliens quiravagèrent le pays. Le sort de Sousse passaentre les mains de Jebara Ibn Kamel, chefarabe allié des Zirides. Coupée de sonarrière-pays, elle se recroquevilla sur elle-même et ne put survivre que grâce à sesrelations commerciales maritimes avec lesautres ports méditerranéens. Commeplusieurs villes du littoral, elle fut annexée par les Normands de Sicile etdemeura sous leur domination pendantquinze ans, jusqu’à l’avènement desAlmohades en 555/1160. Au VIIe/XIIIe siècle, la ville bénéficia d’unegrande attention de la part des Hafsidesqui la dotèrent de plusieurs monuments.Mais lorsque, au Xe/XVIe siècle, le sultanMoulay Hassan fit appel aux Espagnolspour l’aider à retrouver son trône, Soussese souleva contre les envahisseurs; deuxexpéditions punitives l’endommagèrentsévèrement.Les Turcs, en parvenant à pacifier le pays,récupérèrent la ville. Le XIe/XVIIIe sièclefut marqué par deux faits. A l’intérieur,Sousse fut profondément secouée par lesluttes intestines qui mirent aux prises lesfrères Mohamed et Ali Bey de 1085/1675à 1097/1686, puis Mourad III et son cou-sin Romdhane qui se réfugia à Sousse oùil fut pourchassé et décapité en 1110/1699.A l’extérieur, Sousse participa, comme laplupart des villes côtières, à la Course qui

tion de son ribat, sorte de fortin qui ser-vait de poste de guet et de refuge à seshabitants. Au IIe-IIIe/d. IXe siècle, les Agh-labides parvinrent à pacifier le pays et às’assurer la maîtrise de la mer. Ils choisi-rent Sousse afin de leur servir de basenavale et Ziyadat-Allah Ier la dota en205/821 d’une casbah qui engloba le ribatet l’arsenal où stationnait une garnisonmilitaire; le tout fut entouré d’un rem-part. C’est ainsi que Sousse servit depoint de départ pour la conquête de laSicile en 211/827, ce qui raviva la lutteentre Aghlabides et Byzantins, d’où unesérie d’incursions dont les sources histo-riques se font l’écho. Ce danger incita lespremiers princes aghlabides à renforcerl’infrastructure défensive de leur base,cible des attaques les plus percutantes. Une nouvelle casbah fut édifiée par AbouAbbas en 229/844 puis, quinze ans plustard, Abou Ibrahim Ahmed entoura laville d’une enceinte en pierre de taille.Sousse profita depuis d’une paix relativequi favorisa son développement. D’unebase à vocation militaire, elle se rehaussaau rang des plus grandes villes de l’Ifriqiyaet servit de principal débouché maritimeà Kairouan.L’artisanat s’y développa et notammentle tissage d’étoffes fines, fort appréciéesà l’étranger. Le problème de son appro-visionnement en eau potable fut résolupar l’aménagement de la sofra, ancienneciterne romaine transformée en prisonà l’époque aghlabide. Une canalisationamène l’eau des environs jusqu’à l’inté-rieur des murailles. La fondation de Mah-dia par le calife fatimide el-Mahdi, en304/917, la relégua au second plan;Sousse souffrit énormément lors du siègeimposé par le Kharijite Abou Yazid en333/945. Néanmoins, elle avait pu serelever grâce à la place de choix qu’elle

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sévissait alors dans toute la Méditerranéeet fut à ce titre plusieurs fois l’objet dereprésailles de la part des Etats européensdont notamment la France et Venise. AuXIIe/XVIIIe siècle, lors de la rébellion d’AliPacha en 1140/1728, Sousse opta pour lecamp de Hussein ibn Ali et fut le théâtrede plusieurs batailles, jusqu’à la victoirefinale des Husseinites en 1170/1757. Enreconnaissance, le bey Mohamed accordaà Sousse plusieurs droits et privilèges. Parcontre, au XIIe/XIXe siècle, lors de larévolte menée par Ali ibn Ghdhahum,elle se rangea du côté des rebelles. Aprèsl’échec de l’insurrection, le généralAhmed Zarrouk, envoyé du bey, exerçaune répression impitoyable sur Sousse quine cessa de perdre de son importancejusqu’au débarquement des troupesfrançaises en septembre 1881. Ellen’était alors qu’une bourgade de 8 000habitants.

VII.3.a Le Ribat

Laisser le véhicule au pied des remparts, ave-nue Mhamed Ali, et marcher une centaine demètres en passant par la place des Martyrs.Entrée payante. Horaires: de 8:30 à 17:30 du16 septembre au 31 mars et de 8:00 à 19:00le reste de l’année. Parking sur la place.

Face à la Grande Mosquée se trouve leribat. Cette forteresse-monastère fut sansdoute fondée à la fin du Ier/d. VIIIe siècle,mais complètement réaménagée par Ziya-dat Allah Ier au sein de la Grande Forte-resse, el-Qasr el-Kebir, qu’il édifia en205/821. Une garnison composée d’unecinquantaine de moines guerriers vouésau djihad y résidait en permanence. Cetteparticularité confère à cet ouvrage mili-taire un double caractère, militaire et reli-

gieux, qui se traduit d’une façon mani-feste dans l’austérité du bâtiment, l’exi-guïté des chambres et le choix du plan. Le ribat, de forme carrée de 36 m decôté, bâti en pierres, est pourvu auxangles de tours rondes sauf à l’angle sud-est où s’élève un minaret circulaire, debase carrée, d’une superbe beauté. Il

Le ribat, tour d’angle,Sousse.

Plan du Ribat de Sousse.

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hama, auteur de plusieurs ouvrages mili-taires analogues se trouvant sur le frontoriental. Le porche du ribat est surmonté d’un dis-positif de défense formé par un ensemblede mâchicoulis constitués par des fentesparallèles en pierre. Ces assommoirs sontsurmontés par un édicule à coupole surtrompes, en pierre de taille, qui constituele plus ancien spécimen de son genre quinous soit parvenu; il permet d’étudierl’évolution de ce prototype de coupolevenu d’orient et adopté par l’Infriqiya auIIe/VIIIe siècle, et qui atteignit sa maturitéavec la coupole du mihrab de la GrandeMosquée de Kairouan (IIIe/IXe siècle). Lacoupole du ribat de Sousse constitue uneétape intermédiaire qui se distingue parle passage direct de l’octogone à la calot-te circulaire. Du porche, on accède à unvestibule carré couvert d’une voûted’arête bien appareillée qui semble con-firmer la survivance de certaines tradi-tions byzantines et romanes. La cour cen-trale est entourée de quatre galeries dontles arcades reposent sur des piliers enpierre de taille et que couvre une série devoûtes en berceau. Les ailes nord et est,refaites en 1134/1722, sont couvertes envoûtes d’arête. Le rez-de-chaussée estconstitué de 33 cellules exiguës, couver-tes de voûtes en berceau faites en moel-lons. On accède au premier étage par unescalier qui débouche sur une allée des-servant des cellules sur trois côtés; le qua-trième côté est réservé à la salle de priè-re. Cette dernière est constituée de onzenefs et de deux travées. Le mur de la qibla,qui se confond avec le rempart d’encein-te, est percé d’archères: les fidèles peu-vent ainsi se transformer à tout momenten guerriers pour défendre le ribat.Nul trait ne peut exprimer d’une façonplus éloquente le caractère mixte du ribat:

s’inspire du prototype des minaretsabbassides qui s’est répandu au Maghrebà partir de la fin du IIe/VIIIe siècle. Aumilieu des courtines figurent des tourssemi-circulaires, exception faite du côtésud, où s’élève un porche rectangulairequi précède l’unique entrée du fortin.Cet accès direct qui a précédé les entréesen chicane dans les bâtiments défensifsest apparu en Ifriqiya à partir du IIIe/IXe

siècle. L’accès au bâtiment semble s’ins-pirer des entrées des palais abbassidesd’Ukhaydhir et de Atshan qui ont beau-coup influencé l’architecture extérieuredu ribat de Sousse —lequel, par ailleurs,constitue une reproduction du plan ini-tial du ribat de Monastir, fondé par Hart-

Grande Mosquée,inscription coufiquementionnant le nom de Moudam, Sousse.

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Sousse

institution à la fois religieuse et militaire.A la fin de la confrontation entre les deuxrives de la Méditerranée et à la suite del’évolution des techniques de guerre, leribat a perdu son rôle militaire et gardéune vocation essentiellement spirituelle.Plusieurs ribats furent transformés en éco-les où l’on professait les sciences reli-gieuses; d’ailleurs, les plans des médersasen Tunisie s’inspirent parfaitement dutype architectural des ribats.

VII.3.b La Grande Mosquée

A 100 m au sud du monument précédent.Entrée payante. Horaires: de 8:00 à 13:00.

La Grande Mosquée de Sousse fut édifiéepar le prince aghlabide Abou el-AbbasMohamed en 236/851. Elle a la formed’un quadrilatère (59 m x 51 m) et secompose d’une salle de prière précédéed’une cour. Cette dernière, plus large queprofonde (41 m x 26 m), bordée de por-tiques sur trois côtés, date également del’époque aghlabide. Le quatrième porti-que, situé au-devant de la salle de prière,est une adjonction qui remonte probable-ment au Ve/XIe siècle, mais elle futcomplètement restaurée en 1085/1675.En haut de la façade du portique courtune inscription coufique mentionnant lenom de Moudam, l’affranchi chargé parle prince de superviser les travaux. Cetteinscription est la plus ancienne frise épi-graphique décorant la cour d’unemosquée qui nous soit parvenue. Con-trairement à la majorité des mosquées-cathédrales tunisiennes, celle de Soussene comporte pas de minaret; cette absen-ce peut s’expliquer par la proximité de latour vigie du ribat. Néanmoins, l’appel àla prière se faisait du haut de la tour d’an-

gle nord-est qui est surmontée d’un édi-cule à coupole datable de l’époque ziride(Ve/XIe siècle).La salle hypostyle comporte 13 nefs et 6travées. Avec la nef médiane, plus largeque les nefs latérales, et la coupole devantle mihrab, elle reprend la disposition en Tde la mosquée de Oqba, mais elle en diffè-re par son architecture. Les nefs sont cou-vertes non pas de plafonds mais de voûtesen moellons que renforcent des arcs dou-bleaux en plein cintre reposant sur despiliers robustes de plan en croix. Cettesalle de prière semble être passée par troisétapes. Il est probable que Abou el-AbbasMohamed ait procédé à l’agrandissementde l’oratoire de la casbah de Ziyadat Allahpour obtenir une salle à 13 nefs et 3 tra-vées, couvertes de voûtes en berceaux.Les trois travées du fond, couvertes envoûtes d’arêtes, furent rajoutées parIbrahim II en 247/862. Le mihrab, quant àlui, est d’époque ziride, comme l’attestentla décoration du cul-de-four par une sériede niches à fond semi-cylindrique et laprésence de bagues à inscriptions coufi-

Grande Mosquée, sallede prière, Sousse.

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Sousse

pes en coquilles s’inscrivant dans deuxarcs reposant sur des petits piliers en sail-lie, eux-mêmes supportés par des cor-belets. Des arcs outrepassés appareilléset dont le fond est percé d’ouverturesrelient les trompes entre elles. Au-des-sus se développe un bandeau épigraphi-que de style coufique. L’ensemble reposesur des tympans sculptés de décorationsflorales qui s’inspirent du répertoiredécoratif kairouanais.

VII.3.c Médersa el-Zaqqaq

En sortant de la mosquée se diriger à gauchevers la rue Tazerka.

Il s’agit d’un complexe cultuel forméd’une médersa, d’une mosquée et d’une

ques fleuries sur les colonnes qui flanquentle mihrab. Ces motifs architecturaux etdécoratifs sont hérités du répertoire ziride.La salle de prière est surmontée au ni-veau de la nef médiane de deux coupo-les. La coupole ziride, au-devant du mihrab actuel, est simple et austère; elleest surmontée d’une calotte hémisphé-rique posée directement sur un tambourcarré. L’intérieur du dôme révèle l’em-ploi de trompes dénuées de tout décoret circonscrites de voussures reliéesentre elles par des arcatures. La secondecoupole qui précédait le mihrab de Abou el-Abbas, située au niveau de laquatrième travée, partant du mihrabactuel, reprend le principe de la cons-truction des dômes aghlabides de l’éco-le de Kairouan. La calotte circulaire lissecoiffe un tambour octogonal sur trom-

Médersa el-Zaqqaq,cour, Sousse.

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chambre funéraire. Le monument tire sonnom de celui d’un homme pieux qui avécu au cours du IVe/Xe siècle et qui auraitété inhumé dans sa propre maison; cettedernière fut aménagée à une époque ulté-rieure en une médersa. Une entrée cou-verte d’une voûte d’arête mène à unecour à portiques bordée de chambrespour étudiants sur trois côtés; la partiesud fut complètement détruite lors desbombardements de 1943. La coupole dumausolée, érigée à l’angle nord-est, datesans doute de l’époque husseinite(XIIe/XVIIIe-XIIIe/XIXe siècles). Intérieure-ment, le tambour carré porte aux anglesdes trompes en coquilles, inscrites dansdes arcs polylobés. La calotte en tubes depoterie est une forme très fréquente dansla région du Sahel tunisien. A l’anglenord-ouest se dresse un minaret octogo-nal de type ottoman (XIIe/XVIIIe); il estformé de trois registres de niches platespourvues d’arcs polylobés revêtus decarreaux de faïence. Il est datable duXIIe/XVIIIe siécle.

VII.3.d Qoubba Bin el-Qhaoui

Descendre la rue Sidi Bouraoui jusqu’au pas-sage couvert de la rue Mustapha Rezam quiaboutit au monument. La Qoubbat Bin el-Qhaoui abrite le musée des Arts et TraditionsPopulaires de Sousse et de ses environs.Entrée payante. Horaires: de 9:00 à 13:00 etde 15:00 à 17:30. Le dimanche seulement de10:00 à 14:00. Fermé le vendredi. Toilettes.

Cet édifice fort curieux est datable duVe/XIe siècle. Il s’agit vraisemblablementd’un monument funéraire qui abritait letombeau d’une personnalité religieuse oupolitique de la ville. Le porche d’entréeest formé d’une porte rectangulaire appa-

reillée, surmontée d’une coquille inscri-te dans un arc polylobé, s’ouvrant surtrois voussures outrepassées encadréespar une corniche en dents de scie. Desniches à fond plat ou semi-cylindriquesmeublent les écoinçons. A droite, 8 niches en forme de mihrab embellissentla façade du mur extérieur au-dessusduquel est érigée la coupole. Ce décorn’est pas sans rappeler celui de la façadelatérale de la grande mosquée de Sfaxd’époque ziride (fin IVe/Xe siècle). L’intérieur de l’édifice est formé d’unesalle carrée couverte d’une voûte à can-nelures rayonnantes. Des trompes encoquilles à voussures établissent la tran-sition entre la coupole et la base carrée.Elles sont reliées entre elles par des

Qoubba Bin el-Qhaoui, coupole àsillons en zigzags,Sousse.

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blement au XIe/XVIIe ou au XIIe/XVIIIe siè-cle, un caravansérail a été ajouté à l’édi-fice; il fut complètement rénové aucours des années 80 et abrite actuelle-ment le musée municipal des Arts etTraditions Populaires.

VII.3.e Mosquée de Sidi AliAmmar (monument non ouvert à la visite)

A partir de la rue Mustapha Rezam, s’engagerdans le Souk Rbaa, puis marcher vers la rue deParis, en direction de la rue el-Mar, où est situéle monument.

Le masjed de Sidi Ali Ammar se distinguepar sa façade sculptée qui rompt avec lasobriété de l’architecture soussienne del’époque aghlabide. Il est constitué dedeux registres:— Le registre inférieur est formé detrois arcs outrepassés dont les derniersclaveaux ne dépassent pas les abaquesdes piliers, ce qui constitue un premierindice de datation du monument de lafin du IVe/Xe siècle. L’arc central, plusélaboré que les autres et disposant d’uneclef en saillie, coïncide avec la ported’entrée.— Le registre supérieur est formé desept niches à fond plat ou semi-cylindri-que; elles sont surmontées, soit d’arcspolylobés ou simples, soit de triangles.Des médaillons, comportant des motifsfloraux et des étoiles à six branches, rap-pellent certains motifs du porche de laGrande Mosquée de Mahdia. L’ensem-ble est coiffé d’une moulure en dents descie, déjà rencontrée dans la coupole dumihrab aghlabide de la Grande Mosquéede Sousse. Le décor de la façade de lamosquée de Sidi Ali Ammar est très

défoncements à triples voussures. Onnotera l’évidente analogie que présentecette coupole avec le monument funé-raire appelé Qoubba des Banou Khou-rassan (Ve/fin du XIe siècle). Extérieure-ment, la calotte est ornée de sillons quis’élèvent en zigzags de la base au som-met. Ce décor évoque celui de certainescoupoles almoravides, notamment cellede la Qaraouiyine de Fès, celle deMarrakech, ainsi que la coupole de lamosquée de Sidi Marwan, à Bône, édi-fiée en 424/1033. Tout porte à croirequ’il s’agit d’un monument du Ve/XIe

siècle, mais dont l’origine de certainséléments décoratifs, surtout les sillonsen forme de Z, reste obscure. A unedate relativement récente, très proba-

Mosquée Sidi AliAmmar, façade,Sousse.

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caractéristique du répertoire fatimo-ziri-de, déjà attesté dans la façade orientalede la Grande Mosquée de Sfax ainsi quedans la coupole ziride de la Grande Mos-quée de Tunis. Tout semble prouver quecette mosquée fut édifiée entre le milieudu IVe/Xe siècle et le début du Ve/XIe siè-cle.

VII.3.f Mosquée Bouftata(monument non ouvert à la visite)

Plus au sud, se diriger vers l’extrémité de la rueel-Mar qui se termine par un sabat ou passagecouvert. La mosquée Bouftata est face à ce pas-sage, dans la rue el-Maaser du quartier BabQibli.

Une belle inscription coufique sculptéeen relief sur la façade de l’oratoire per-met d’en attribuer la construction auprince aghlabide Abou Iqal el-Aghlab, qui

Mosquée Bouftata,inscription coufiquesur la façade del’oratoire, Sousse.

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Mosquée Sidi AliAmmar, détail d´unedes niches à fond plat,Sousse.

qu’on puisse en suivre l’évolution histo-rique. La mosquée Bouftata constitue undes plus anciens exemples qui nous soitparvenus. Cet oratoire, bien qu’il fûtune fondation princière, est dépourvude tout décor qui puisse distraire l’œil.Le choix d’une telle architecture austè-re semble ainsi refléter une politiqueofficielle dans l’urbanisation de Sousse,marquée par un aspect défensif. L’ar-chitecte de cette mosquée paraît élabo-rer les formules qui vont être appliquéesavec plus d’ampleur par l’architecte dela Grande Mosquée édifiée une dizained’années plus tard.

a régné de 223/838 à 226/841. L’ora-toire est précédé d’une galerie voûtée enberceau dont la façade est défoncée partrois arcs outrepassés. Cette dispositionest presque unique dans l’architectureifriqiyenne de la haute époque.La salle de prières, presque carrée (7,85 x 7,70 m), est divisée en 3 nefs et3 travées; elle est couverte de voûtes enberceau qui supportent des arcs-doubleauxtransversaux retombant sur des pilierscruciformes. Le principe des oratoires à 3 nefs futpartout adopté dans le monde musulmande l’Atlantique jusqu’en Afghanistan sans

Casbah, vue générale,Sousse.

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VII.3.g La casbah et les remparts

Revenir vers la rue souk el-Caïd que l’onremontera jusqu’à Bab el-Gharbi. Tourner àgauche sur le boulevard Maréchal Tito jus-qu’au monument. Celui-ci abrite le Muséearchéologique de Sousse. Entrée payante. Horaires: de 9:00 à 12:00 etde 14:00 à 18:00 du 16 septembre au31mars et de 8:00 à 12:00 et de 15:00 à19:00 le reste de l’année. Fermé le lundi. Par-king à l’entrée. Toilettes.

L’enceinte de Sousse, qui couvre unesuperficie de 32 ha et dont le périmètredépasse 2,3 km, fut édifiée en 244/859par le prince aghlabide Abou IbrahimAhmed. Bâtie en moellons et par endroitsen pierre de taille, elle est couronnée decréneaux dont la forme arrondie perpé-tue une tradition byzantine. Le tracé desremparts semble reprendre le mur byzan-tin dont il subsiste quelques tronçons.L’enceinte était percée de trois portes:Bab el-Bahr (Porte de la Mer), Bab el-Qibli (Porte de la Qibla) et Bab el-Gharbi(Porte Occidentale). Trois autres portesfurent aménagées plus tard: Bab Jedid (LaNouvelle Porte en 1280/1864) Bab el-Finga (Porte de la Guillotine) et Bab el-Jebli (Porte Nord) entre 1892 et 1895. Al’époque moderne, certaines parties desremparts ont été reprises afin de pouvoiraccueillir des pièces d’artillerie. A l’an-gle sud-ouest se dresse la casbah qui futédifiée, en 235/850, par le prince aghla-bide Abou el-Abbas Mohamed; cette for-teresse abritait la garnison militaire et lesiège du gouverneur. La citadelle futmaintes fois remaniée, du IIIe/IXe sièclejusqu’à l’époque contemporaine, mais lapartie la plus ancienne est certainementle manar de Khalaf, du nom de l’affranchidu prince aghlabide qui supervisa les tra-

vaux de fondation: elle remonte à ladate de fondation de la casbah elle-même. Cette tour à signaux, de 30 m dehauteur, présente des analogies certai-nes avec le minaret de la Grande Mos-quée de Kairouan dont elle s’inspire trèsnettement, et offre un exemple de ladiffusion de l’école architecturale kai-rouanaise dans la région du Sahel.Formé de deux étages accessibles à par-tir d’un escalier aménagé dans l’épais-seur du mur, le noyau central était meu-blé par quatre chambres superposées, etcouvertes de voûtes de différentes for-mes. Cette disposition, à aucun momentreprésentée auparavant dans l’art musul-man, se retrouvera dans les minaretsalmohades. Remarquons que l’édifica-tion de la tour de Khalaf permet un meil-leur contrôle du littoral maritime quecelui offert par la tour du Ribat; eneffet, alors que celle-ci se trouve à 27 mau-dessus du niveau de la mer, le niveaude la tour de Khalaf est à 77 m, per-mettant ainsi d’améliorer la portée durayon visuel à plus de 13 km. Remparts, Sousse.

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