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© Éditions Magnard, 2006 1 re STG Histoire Géographie Histoire Géographie 1 re STG Coordination : Laurent SOUTENET, José RIQUIER, Hugues MARQUIS Histoire Anne ANGLES, Lycée Léon-Blum – Créteil Cécile BETERMIN-MAIRE, Lycée Jean-Macé – Niort Jean-Max GIRAULT, Académie de Poitiers Alain LAGNIER, Lycée Victor-Louis – Talence Laurent MARIEN, Lycée Jean-Dautet – La Rochelle Hugues MARQUIS, IUFM Poitou-Charentes Jacques PUYAUBERT, Lycée Élisée-Reclus – Sainte-Foy-La-Grande Laurent SOUTENET, Académie de Poitiers Géographie Françoise CHERMETTE, Lycée technologique Jean-Zay – Thiers Arnaud CLERMIDY, Lycée Hugues-Capet – Senlis Françoise DRAIN, Lycée Charles-de-Gaulle – Compiègne Éric FROMENT, Collège Ferdinand-Bac – Compiègne José RIQUIER, Lycée Louis-Thuillier – Amiens Michel SAUVADE, Lycée Blaise-Pascal – Ambert Frédéric YOUINOU, Lycée François-Truffaut – Beauvais www.magnard.fr LIVRE DU PROFESSEUR Aide à la mise en œuvre du nouveau programme d’Histoire-Géographie 1 re STG

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1re STG

HistoireGéographie

HistoireGéographie

1re STG

Coordination : Laurent SOUTENET, José RIQUIER, Hugues MARQUIS

HistoireAnne ANGLES,Lycée Léon-Blum – Créteil

Cécile BETERMIN-MAIRE,Lycée Jean-Macé – Niort

Jean-Max GIRAULT,Académie de Poitiers

Alain LAGNIER,Lycée Victor-Louis – Talence

Laurent MARIEN,Lycée Jean-Dautet – La Rochelle

Hugues MARQUIS,IUFM Poitou-Charentes

Jacques PUYAUBERT,Lycée Élisée-Reclus – Sainte-Foy-La-Grande

Laurent SOUTENET,Académie de Poitiers

GéographieFrançoise CHERMETTE,Lycée technologique Jean-Zay – Thiers

Arnaud CLERMIDY,Lycée Hugues-Capet – Senlis

Françoise DRAIN,Lycée Charles-de-Gaulle – Compiègne

Éric FROMENT,Collège Ferdinand-Bac – Compiègne

José RIQUIER,Lycée Louis-Thuillier – Amiens

Michel SAUVADE,Lycée Blaise-Pascal – Ambert

Frédéric YOUINOU,Lycée François-Truffaut – Beauvais

www.magnard.fr

LIVRE DU PROFESSEURAide à la mise en œuvre du nouveau programme

d’Histoire-Géographie 1re STG

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© Éditions Magnard, Paris, 2006ISBN : 2-210-10216-2

Aux termes du Code de la propriété intellectuelle, toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle de la présente publi-cation, faite par quelque procédé que ce soit (reprographie, microfilmage, scannérisation, numérisation…) sans le consentementde l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2et suivants du Code de la propriété intellectuelle.L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obtenue auprès du Centre Français d’exploitation du droitde Copie (CFC) – 20, rue des Grands-Augustins – 75006 PARIS – Tél. : 01 44 07 47 70 – Fax : 01 46 34 67 19.

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3Le nouveau programme d’Histoire-Géographie 1re STG

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Le nouveau programme d’Histoire-Géographie 1re STG . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Les choix et les démarches pédagogiques du manuel de 1re STG Magnard . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Thème 1. Diffusion et mutations du modèle

industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Les problématiques du thème . . . . . . . . . . . . . . . 15

Les notions du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

La démarche du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Les pages d’ouverture du thème . . . . . . . . . . . . . 16

Les cartes-clés du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Les leçons du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Les sujets d’étude [Approfondissements] du thème . . 23

Les pages Méthode du thème . . . . . . . . . . . . . . . 32

Les pages Horizon Bac du thème . . . . . . . . . . . . . 33

Thème 2. Guerres et paix (1914-1946) . . . . . . 35

Les problématiques du thème . . . . . . . . . . . . . . . 35

Les notions du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

La démarche du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

Les pages d’ouverture du thème . . . . . . . . . . . . . 36

Les cartes-clés du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Les leçons du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

Les sujets d’étude [Approfondissements]

du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 44

Les pages Méthode du thème . . . . . . . . . . . . . . . 54

Les pages Horizon Bac du thème . . . . . . . . . . . . . 55

Thème 3. La construction de la République . . 57

Les problématiques du thème . . . . . . . . . . . . . . . 57

Les notions du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

La démarche du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58

Les pages d’ouverture du thème . . . . . . . . . . . . . 58

Le sujet d’étude [Étude de cas] du thème . . . . . . . 58

Les leçons du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

Les sujets d’étude [Approfondissements]

du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Les pages Méthode du thème . . . . . . . . . . . . . . . 75

Les pages Horizon Bac du thème . . . . . . . . . . . . . 76

Thème 1. Peuplement, réseaux

et mobilités en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

Les problématiques du thème . . . . . . . . . . . . . . . 77

Les notions du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78

Les pages d’ouverture du thème . . . . . . . . . . . . . 78

Les cartes-clés du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . .79

Le sujet d’étude [Étude de cas] du thème . . . . . . . 79

Les leçons du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82

Les sujets d’étude [Approfondissements]

du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Les pages Méthode du thème . . . . . . . . . . . . . . . 93

Les pages Horizon Bac du thème . . . . . . . . . . . . . 94

Thème 2. Dynamiques de localisation

des activités en France . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95

Les problématiques du thème . . . . . . . . . . . . . . . 95

Les notions du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96

Les pages d’ouverture du thème . . . . . . . . . . . . . 96

Les cartes-clés du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . .96

Les leçons du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98

Les sujets d’étude [Approfondissements]

du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104

Les pages Méthode du thème . . . . . . . . . . . . . . 115

Les pages Horizon Bac du thème . . . . . . . . . . . . 116

Thème 3. Les territoires européens . . . . . . . . 119

Les problématiques du thème . . . . . . . . . . . . . . 119

Les notions du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120

Les pages d’ouverture du thème . . . . . . . . . . . . 120

Les cartes-clés du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . .120

Les leçons du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

Les sujets d’étude [Approfondissements]

du thème . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

Les pages Méthode du thème . . . . . . . . . . . . . . 136

Les pages Horizon Bac du thème . . . . . . . . . . . . 137

Sommaire

HISTOIRE GÉOGRAPHIE

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5Le nouveau programme d’Histoire-Géographie 1re STG

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IntroductionLes programmes de la classe de première de la série STG sont conçus pour enseigner aux élèves les connaissances nécessairesà la compréhension du monde dans lequel ils vivent.Tenant compte des spécificités de cette série et de l’horaire dans lequel ils sont appelés à être mis en œuvre (une trentaine d’heuresen histoire comme en géographie), ils adoptent une démarche qui respecte la cohérence de chaque discipline sans prétendre à l’ex-haustivité, ni temporelle ni spatiale. Dans la continuité de la classe de seconde, ils visent à approfondir des notions, dont les plusimportantes apparaissent en caractères gras.Le programme d’histoire est développé autour des événements fondateurs du monde contemporain.Celui de géographie privilégie l’étude des territoires et l’organisation de l’espace.L’un et l’autre suivent une progression parallèle qui met l’accent sur la France et l’Europe en première, et sur l’espace mondial enterminale. Ils permettent d’aborder avec les élèves des thèmes qui comportent un enjeu civique majeur pour nos sociétés.Ces programmes entendent fournir à tous les élèves un socle commun de connaissances et de références en laissant à chaque ensei-gnant la possibilité d’effectuer des choix en fonction de ses objectifs, des intérêts des élèves, voire de l’actualité.C’est pourquoi ils comportent, en histoire comme en géographie, trois thèmes généraux traités chacun en deux temps :– un développement obligatoire de la question (A) auquel on consacrera la majorité du temps indiqué pour l’ensemble du thème ;– un sujet d’étude à choisir parmi trois propositions (B) auquel on réservera le troisième tiers temps.Le professeur décide de l’ordre dans lequel il aborde les étapes A et B, le sujet d’étude pouvant être traité en préalable ou en appro-fondissement. Dans le premier cas de figure il peut choisir de le traiter selon la démarche pédagogique de l’étude de cas, en histoirecomme en géographie, afin de conforter ce qui a été initié dès la classe de seconde dans le cadre des nouveaux programmes desséries générales.

HistoireLa France, l’Europe et la genèse du monde contemporainLe programme entend aider l’élève à se situer dans le temps présent à partir de trois entrées :– nationale : les fondements de la culture républicaine française et ses adaptations ;– européenne : l’expérience décisive des deux conflits mondiaux dans l’aspiration à la paix et à la coopération ;– mondiale : la diffusion d’un modèle économique et culturel conçu, exporté ou imposé par l’Europe.Sa mise en œuvre s’appuie sur des supports documentaires aussi variés que possible.

Le nouveau programmed’Histoire-Géographie 1re STG

I. La construction de la République (8 – 10h)

A. Moments et actesfondateurs (1880-1946)

NationÉtat-Nation

NationalismeColonisationColonialisme

DémocratieRépublique

parlementaireLibéralismeRadicalismeSocialisme

LaïcitéLaïcisation

Sécularisation

A. On montre comment la République est fondéesur trois piliers en s’arrêtant sur quelques momentsdécisifs

Les années 1880-1914 font triompher une cons-cience nationale unitaire qui passe par l’acquisi-tion de références collectives (déclaration des droitsde l’homme et du citoyen, symboles, mémoire).Elles élargissent les modes d’accès à la nationa-lité (1889, droit du sol). La colonisation est alorsjustifiée au nom d’une mission civilisatrice

La construction de la démocratie est réalisée pardes lois qui établissent les grandes libertés et favo-risent la fondation de partis, de syndicats, d’as-sociations (1880-1914). Elle est consolidée grâceà l’extension des droits sociaux et à l’égalité poli-tique entre les sexes (Front Populaire, Libération).Elle peut être remise en cause (Vichy).

Préparée par la laïcisation de l’école, la loi de 1905décide la séparation entre État et religions,garantit la liberté de pensée et de culte pourchaque citoyen, crée les conditions d’une pacifi-cation sociale.

Thèmes générauxQuestions (A)

et sujets d’étude (B)Notions Commentaire

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B. Débats et combats.Un sujet d’étude au choix :

– L’affaire Dreyfus

– L’année 1940

– La défense nationale

B. L’étude recourt notamment aux documentslittéraires, artistiques, audio-visuels et aux témoi-gnages.

L’affaire Dreyfus est retenue comme événementdécisif dans la vie politique française et la lutte pourles droits de l’homme.

Au-delà de l’armistice, le choix entre acceptation,collaboration et résistance met en jeu les valeursqui fondent la démocratie.

Le sujet traite des grands débats et des orienta-tions stratégiques de la défense de la France dansses dimensions militaires, économiques et civiles.L’étude est prolongée jusqu’à nos jours et introduitla dimension européenne.

II. Guerres et paix (1914-1946) (10 – 12h)

A. L’Europe au cœur desgrands affrontements : lesbouleversements territo-riaux liés aux deux guerresmondiales,les totalitarismes contre les démocraties,les génocides.

Guerre totaleBellicismePacifisme

Résistance

TotalitarismeFascismeNazisme

Stalinisme

Crime contrel’humanité

Crime de guerreGénocide

A. On présente les événements militaires des deuxguerres essentiellement à l’aide de cartes.

La Première Guerre mondiale marque durablementles sociétés par le renforcement de l’État et par l’ex-périence de la violence. On posera la question duconsentement des opinions.La Seconde Guerre mondiale franchit de nouveauxseuils dans la violence du fait des objectifs dunazisme et de l’impérialisme japonais, de l’impli-cation des civils, des armes utilisées (bombeatomique).

On oppose les idées-forces des totalitarismes(Allemagne nazie et URSS stalinienne) et des démo-craties, à travers leurs fondements, leurs objectifs,leur fonctionnement.

On décrit et on analyse les mécanismes quientraînent les génocides de la Première Guerremondiale (Arméniens), puis de la Seconde Guerremondiale (Juifs, Tziganes).

B. La recherche de la paix.Un sujet d’étude au choix

– De la SDN à l’ONU

– Les grands procès aprèsla Seconde Guerremondiale

– Pacifisme et pacifistes

B. Le sujet d’étude s’attache aux efforts déployéspour construire la paix et aux difficultés qu’ilsrencontrent.

L’échec de la SDN éclaire la mise en place del’ONU, son organisation, ses buts, ses moyens.

On s’intéresse aux procès qui suivent la fin de laSeconde Guerre mondiale en France, en Allemagne(Nuremberg), au Japon (Tokyo).

On montre la diversité du pacifisme, les problèmesqu’il rencontre, son influence.

III. Diffusion etmutations du modèleindustriel à partir de l’Europe (8 – 10h)

A. Capitalisme, sociétéindustrielle, cultureeuropéenne à la conquêtedu monde (milieu XIXe siècle – milieu XXe siècle).

Âge industriel

CriseCroissance

Classe sociale

Libre-échangeProtectionnisme

Impérialisme

A. On étudie la montée du capitalisme industriel quiinvente de nouveaux modes de production (usine,entreprise) et dynamise l’Europe, puis les Etats-Uniset le Japon.– Cette extension n’est pas linéaire, elle connaît descycles et passe par des moments de crise.– Elle entraîne la croissance des villes, transformeen profondeur les sociétés et suscite des mouve-ments de résistance.– L’industrialisation se diffuse à l’échelle dumonde de manière très inégale et selon desmodalités différentes.

Thèmes générauxQuestions (A)

et sujets d’étude (B)Notions Commentaire

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B. Modèle industriel etchangement social dumilieu du XIXe siècle aumilieu du XXe siècle.Un sujet d’étude au choix :– Les mutations d’unefilière économique

– Le mouvement ouvrier

– Immigration etimmigrants

B. Autant que possible, l’étude recourt aux docu-ments littéraires, artistiques, audio-visuels.

Les transformations techniques sont mises enrelation avec leurs conséquences sociales etculturelles.

Le mouvement ouvrier est appréhendé à travers sonévolution et la diversité de ses manifestations dansl’espace.

Avant 1914, un vaste mouvement d’émigrationconduit à l’installation d’Européens dans l’en-semble du monde ; progressivement, le mouvements’inverse. L’étude associe la description des fluxmigratoires, la présentation des immigrants et cellede leurs représentations, notamment littéraires etcinématographiques.

Thèmes générauxQuestions (A)

et sujets d’étude (B)Notions Commentaire

I. Les territoireseuropéens (8 – 10h)

A. Caractères d’unité et de différenciation des territoires européens.

TerritoireÉtat

RégionAménagementEnvironnement

FrontièreIntégration territoriale

A. La lecture de cartes à différentes échelles(spatiales et temporelles) permet de caractériserles territoires européens, sous les différentsaspects d’un maillage politique dense, récent etmouvant, de la diversité linguistique, de la diffé-renciation physique.La position et la singularité du territoire françaisau sein de cet ensemble sont analysées.Cette approche cartographique permet de cernerla nature de l’objet géographique « Europe » et posela question de ses limites.

Thèmes générauxQuestions (A)

et sujets d’étude (B)Notions Commentaire

B. Des territoires gérés et aménagés, l’exempled’une région européenne.Un sujet d’étude au choix :

– Une région française– Une région d’un autreÉtat de l’UnionEuropéenne– Une régiontransfrontalière

B. La région choisie, examinée au titre de sa singu-larité (structures et dynamiques territoriales), estl’occasion d’analyser les enjeux de l’aménagement,de l’environnement et du développement durable.

Sur ce territoire s’inscrivent et s’articulent lesactions volontaristes engagées par les autorités degestion (Région, État, Union Européenne).

GéographieLes territoires et leur aménagement en France et en EuropeLe programme de géographie de la classe de première porte sur l’étude de la France et de l’Europe, dans les contours de l’UnionEuropéenne. Il a pour ambition de donner à l’élève la possibilité d’appliquer au pays, à ses régions et à l’ensemble européen, lesraisonnements géographiques acquis en classe de seconde, notamment autour de la question essentielle de l’aménagementdes territoires.Cette investigation géographique privilégie l’approche par les cartes à toutes les échelles. La dimension européenne ne sauraitêtre comprise comme l’addition de monographies de pays mais au contraire comme une mise en perspective des probléma-tiques nationales, qui se traitent de plus en plus dans une logique européenne. Il s’agit d’une réflexion fondamentale surl’impact de la construction européenne dans les dynamiques françaises, et sur le rôle de la France en Europe. La France, sesrégions, l’Europe : ces trois niveaux de décision, d’organisation, d’appartenance sont à prendre en compte ainsi que les rapportsqu’ils entretiennent et leur évolution.

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II. Peuplement,réseaux et mobilités en France (8 – 10h)

A. La distribution de lapopulation.

UrbanisationMétropolisation

EnclavementRéseau

A. L’examen de cartes de densité fait apparaîtreles « vides » et les « pleins » du territoire nationalet l’importance du fait urbain. On montre que lestrames de peuplement ainsi mises en évidence nesont pas statiques : le territoire est parcouru parde multiples mobilités (de travail ou de loisirs) quijouent à diverses échelles temporelles et spatia-les ; les migrations internationales influent aussisur la répartition de la population. L’organisationdes réseaux de transports participe au phénomènede métropolisation dont bénéficient principalementParis et quelques unités urbaines.

B. Des territoires en fonc-tionnement.Un sujet d’étude au choix :

– Les mobilités à l’échellede la région ou d’uneagglomération urbaine– L’organisation destransports à l’échelle de la région ou d’uneagglomération urbaine– Une organisationintercommunale et ses réalisations

B. Les constats et tendances présentés demanière générale à l’échelle du territoire nationalsont précisés à l’échelle locale en prenant commeréférence le lieu où se situe le lycée.

Cet approfondissement peut prendre la forme d’undossier, progressivement alimenté puis présentépar les élèves, les amenant à préciser quels sontles modes d’organisation et d’utilisation de leurespace de vie et d’activités.

Cette étude nourrit la réflexion sur la superpositionet l’articulation entre elles d’aires fonctionnelles(bassin d’emploi, aire de chalandise ou deservice...), des nouveaux territoires (communautésde communes, communautés d’agglomération, parcnaturel) et les aires administratives.

III. Dynamiques de localisation des activités en France (8 – 10h)

A. Activités et territoires. LocalisationFlux

Acteurs spatiauxContraintesRessources

Risques

A. Il convient de s’interroger sur la localisation desactivités et les facteurs qui la déterminent :pourquoi ici et pas ailleurs ?

Les facteurs d’attraction ou de répulsion sont varia-bles dans l’espace et dans le temps, en fonctiondes données propres du lieu (ressources etcontraintes, parmi lesquelles les données natu-relles) et des types d’activités ; s’y ajoutent de plusen plus des facteurs extérieurs qui jouent àl’échelle nationale, européenne ou internationale.

B. Une activitééconomique.Un sujet d’étude au choix :

– Dans le domaineagricole– Dans le domaineindustriel– Dans le domainetouristique

B. L’étude plus approfondie d’un secteur écono-mique s’appuie sur une filière de production.

En complément au programme d’économie, cetteapproche permet de placer l’entreprise dans soncontexte territorial, de montrer le jeu des acteurséconomiques, leurs stratégies d’implantation et deproduction aux différentes échelles (depuis celledu lieu de l’activité ou de l’unité de productionjusqu’aux échelles européenne ou mondiale).

Cette étude intègre les enjeux environnemen-taux.

Thèmes générauxQuestions (A)

et sujets d’étude (B)Notions Commentaire

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9Les choix et les démarches pédagogiques du manuel de 1re STG Magnard

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Le nouveau manuel de 1re STG Magnard s’inscrit dans la continuité de la collection lancée lors de la publication desprogrammes de la série STT, en 1995. Cette filiation repose avant tout sur la volonté de proposer aux élèves et profes-seurs un outil de travail, en classe et à la maison, simple et accessible, répondant aux contraintes horaires de la sérieet au coefficient dont est affectée cette discipline à l’épreuve du baccalauréat. Cet objectif repose sur des démar-ches et méthodes adaptées, impliquant les élèves dans la construction d’une connaissance historique et géographique.Le changement de programme, comme le passage de l’épreuve orale à une épreuve écrite, demandent de refonderla démarche formatrice du manuel.Les choix effectués dans ce manuel de première respectent les termes officiels du programme et prennent en compteles recommandations des documents d’accompagnement, ce pourquoi la présentation suivante met principalementen parallèle des extraits des textes officiels et les options pédagogiques qui ont présidé à l’organisation généraledu manuel et à ses contenus.

Les choix et les démarchespédagogiques du manuel

de 1re STG Magnard

Extrait du programme et des documents Les options pédagogiques d’accompagnements du manuel Magnard

I. Un manuel adapté à la série et aux élèves

1. L’adaptation aux horaires

Les horaires des différents enseignements technologiqueset généraux des classes de première et terminale STG ontété publiés dans le BO n° 7 du 12 février 2004 ; la placequi y est faite à l’histoire et à la géographie (2 heures heb-domadaires) impose de donner à chaque séance d’ensei-gnement cohérence et unité démonstrative. Toute préten-tion à l’exhaustivité est exclue.Ces programmes entendent fournir à tous les élèves unsocle commun de connaissances et de références enlaissant à chaque enseignant la possibilité d’effectuerdes choix en fonction de ses objectifs, des intérêts desélèves, voire de l’actualité. C’est pourquoi ils comportent, en Histoire comme enGéographie, trois thèmes généraux traités chacun endeux temps :– un développement général obligatoire de la question(A) auquel on consacrera la majorité du temps indiquépour l’ensemble du thème ;– un sujet d’étude à choisir parmi trois propositions (B)auquel on réservera le troisième tiers temps.

Le fondement pédagogique du manuel est de faire repo-ser la progression annuelle sur un volume de pages quientre parfaitement dans le cadre horaire dévolu à cettesérie. Ainsi, le nombre de doubles pages Leçon et Sujetd’étude respecte strictement celui des heures qu’il estpossible de consacrer dans l’année à chaque thème.

Chaque thème comporte des leçons et trois sujets d’étu-de, dont un seul sera traité au choix du professeur et desélèves. L’horaire global des thèmes entre dans une four-chette de 8 à 12 heures : le manuel propose de traiterles questions à raison de 4 à 6 heures par thème, et deconsacrer 3 heures au sujet d’étude choisi, étant enten-du que chaque double page de Leçon ou de Sujet d’étu-de fait l’objet d’un traitement en une heure de cours. Ladouble page est de ce fait l’unité horaire de base dumanuel. Au final, pour chaque thème, il reste, 2 à 3 heu-res pour d’autres séquences à consommer pour des acti-vités méthodologiques (méthode de lecture du document,préparation à l’épreuve écrite du baccalauréat).

2. Une démarche de leçon cohérente

Les méthodes mises en oeuvre dans l’enseignement del’histoire et de la géographie placent la dimension critiqueau centre des pratiques pédagogiques. Elles sont en elles-mêmes éducatives. [...] En faisant de l’histoire et de lagéographie, les élèves apprennent le temps de laréflexion. Par l’exercice du raisonnement toujours secon-dé par l’analyse critique, ils sont portés à relativiser uneinformation rapide, conjoncturelle, non hiérarchisée.

Le traitement de la question A, à travers les pagesLeçons, et du sujet d’étude repose sur l’étude d’unensemble documentaire dont la composition, par lavariété des documents et des points de vue, permetd’exercer l’esprit critique et de nourrir la réflexion. Ladémarche est guidée par un questionnement bien dosé,le cas échéant confrontant et croisant plusieurs docu-ments ; elle permet au bout de compte de répondre àune problématique et d’extraire des informations quicomposent en grande partie la substance du cours.

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Cette organisation donne lieu à une démarche cohéren-te et formatrice, qui part d’une interrogation premièrepour aboutir à l’élaboration d’une connaissance ordon-née et accessible, en passant par une activité de lectu-re et d’interprétation d’un corpus documentaire n’excé-dant que rarement cinq éléments.

3. La consolidation des méthodesQuelles que soient la démarche adoptée et les modalitésde travail mises en place, le document demeure au cent-re de l’enseignement de l’histoire et de la géographie. Àcet égard, le programme recommande de diversifier lanature et le type de documents et incite, spécialement enhistoire, à recourir aux documents littéraires, artistiques,et audio-visuels, souvent en marge encore des situationsd’apprentissage.

Le manuel répond à cet objectif essentiel en accordantune place encore importante, à ce niveau du lycée, auxméthodes de lecture et d’interprétation critique de docu-ments. De ce point de vue, les pages Méthode propo-sent, en histoire comme en géographie, une grandevariété de documents, dont la méthode d’analyse estprécisément détaillée, selon une démarche clairementbalisée, reprise d’un document à l’autre, quel que soit sanature ou son type. Ce faisant elles facilitent les situa-tions de travail et d’apprentissage des pages Leçon,Sujet d’étude et des pages Horizon Bac.

II. Le manuel et le nouveau programme de 1re STG

1. L’ordre des thèmes

Si la conception globale du programme obéit à une pré-sentation à deux niveaux d’échelle (La France, L’Europe),la présentation formelle des trois thèmes n’implique paspour autant une obligation de traitement dans le mêmeordre ; chaque thème possède son autonomie et nedépend pas de ce qui suit ou de ce qui a été étudié enamont. Tout professeur peut opter par conséquent pourune progression annuelle différente. Il peut donner ainsidavantage de sens à sa responsabilité pédagogique, dèslors que les équilibres généraux et les objectifs du pro-gramme sont respectés.Il apparaît ainsi que le thème I du programme, en histoirecomme en géographie, est plus difficile à aborder d’em-blée et par conséquent il peut être intéressant de com-mencer l’année scolaire par les thèmes II ou III.

Le manuel Magnard propose aux élèves et aux profes-seurs un parcours annuel – qu’au demeurant ils sont lib-res de suivre ou non – différent de l’ordre de présenta-tion du texte officiel du programme. Cette conception,qui bouleverse quelque peu les habitudes de traitementdes programmes, répond à des objectifs pédagogiquesimportants :– en histoire le thème Diffusion et mutations du modèleindustriel à partir de l’Europe (thème III du programme)ouvre le manuel, tandis que le thème La construction dela République (thème I du programme) le ferme, lethème II Guerre et paix (1914-1946) demeure en secon-de position. La préoccupation est ainsi de débuter l’an-née scolaire par un thème d’approche plus aisé, qui cor-respond par ailleurs à la progression adoptée en pre-mière des séries générales. Le thème III est réservé ausecond semestre, lorsque le professeur a pu asseoir sesroutines pédagogiques et qu’il connaît bien ses élèves.Il est alors dans de meilleures conditions pour traiter defaits et de notions plus complexes ;– en géographie la contrainte est de même nature, ce quiexplique que le manuel débute par le thème II du pro-gramme Peuplement, réseaux et mobilités en France ;ce choix permet de remettre en place des éléments deconnaissance sur la France étudiés en collège, et sur-tout de commencer l’année en prenant appui sur l’envi-ronnement régional des élèves (dans le cadre du sujetd’étude) ; on peut alors leur demander de confectionnerun dossier, à l’instar des pages sur la mobilité dans l’ag-glomération clermontoise du manuel. L’entrée en matiè-re dans le programme est ce faisant plus dynamique. Lethème III du programme Dynamiques de localisation desactivités en France constitue le second temps de ladémarche, en continuité logique avec l’étude du peuple-ment et des mobilités, tandis que l’approche Des terri-

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11Les choix et les démarches pédagogiques du manuel de 1re STG Magnard

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toires européens (thème I du programme) fait l’objet dela troisième phase du manuel, qui a adopte une pro-gression en boucle : échelle régionale, échelle nationale,échelle européenne, pour revenir in fine à l’échelle régio-nale. En outre, l’approche cartographique (croisement decartes, démarche multiscalaire) suggérée par le com-mentaire du programme est, encore une fois, plus aiséeà mettre en œuvre dans la seconde moitié de l’annéelorsque des méthodes de travail ont été instaurées s’a-gissant des méthodes cartographiques.

2. L’articulation des Leçons (Question A) avec le Sujetd’étude (B)

Chaque thème du programme, en histoire et en géogra-phie, comporte deux parties à traiter : la première intitu-lée « Question » est obligatoire, la seconde est proposéeau choix parmi trois « Sujets d’étude ». Ainsi le programmecombine un corpus commun de connaissances et de réfé-rences pour tous les élèves de la série, et une liberté dechoix s’appliquant à la manière d’explorer des sujets et deconstruire des démarches […].La question constitue le développement général du thèmede programme. Elle doit être obligatoirement traitée […].Le sujet d’étude ouvre une large possibilité de choix et d’i-tinéraires pédagogiques. Le sujet choisi est le complémentindispensable de la question, car il permet, dans un tempséquivalent à environ le tiers du volume total de la ques-tion, soit d’ouvrir, soit de porter un éclairage spécifique surla question.En effet, les sujets d’étude peuvent être abordés à l’initiati-ve du professeur – et des élèves si l’option est prise de lesassocier au choix – soit après la question, soit en amont decette dernière, au quel cas elle adoptera la démarche péda-gogique de l’étude de cas. En outre certains sujets d’étudeincitent les élèves à réaliser des dossiers.

La combinaison Leçons (Question A) et Sujet d’étude (B)constitue la nouveauté majeure du programme de 2005de cette série. La mise en œuvre permet à la fois unchoix parmi les trois sujets d’étude et concernant l’ord-re de traitement entre la question et le sujet d’étude. Cedernier choix implique une réflexion particulière sur ladémarche globale.

Les Leçons (Question A) ne posent pas de problème par-ticulier ; elles abordent les contenus majeurs du thèmeen cinq ou six doubles pages.La place du Sujet d’étude (B) requiert par contre uneattention particulière, selon qu’il est développé enamont ou en aval de la question. Le manuel ne peut,pour des raisons de volume, proposer tous les sujetsselon les deux approches, un seul sujet d’étude situé enamont de la question est traité en histoire (L’affaireDreyfus : la République à l’épreuve, p. 100-105), et engéographie (La mobilité dans l’agglomération clermon-toise, p. 142-147). Ce qui importe en la matière c’estla démarche, les utilisateurs du manuel pouvant fortbien choisir de traiter l’un des autres sujets en amont,dès lors que la méthode est appréhendée elle peut êtretransférée d’un sujet d’étude à l’autre. En appui lespages qui suivent proposent néanmoins des indicationspour opérer ces changements selon les choix faits parles professeurs :– pour un Sujet d’étude en amont, la démarche applica-ble est celle de l’étude cas ; les trois doubles pages off-rent une progression et un questionnement en troistemps à partir d’un corpus documentaire ; dans cettedémarche on doit passer du singulier au général, le trai-tement des trois doubles pages s’achève sur la formu-lation des grandes interrogations de la question, qu’ain-si il introduit dans le manuel dans l’encart Synthèse etcontexte du sujet d’étude, où le lien est fait avec lesleçons concernées par ces interrogations ;– pour un Sujet d’étude en aval, l’étude du même corpusa vocation à approfondir et enrichir l’étude des leçons ;dans cette hypothèse de travail le résultat de la démar-che aboutit à la construction d’une information intituléedans le manuel Faire le point sur le sujet d’étude.Dans les deux situations on voit bien le lien étroit quiunit le Sujet d’étude et les Leçons.

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3. Les notions centrales du programmeLes programmes de la série STG ne constituent pas uneversion réduite et allégée des programmes des sériesgénérales. Ils ont une cohérence propre assurée pour cequi est de la forme par un schéma identique pour chacu-ne des deux entrées historiques et géographiques. Sur lefond, cette cohérence tient aux six grands thèmes d’étuderetenus, aux notions identifiées et explicitement dési-gnées.

Le programme présente les notions au sein d’une colon-ne centrale, et distingue certaines d’entre elles par descaractères gras. De ce fait elles occupent un statut par-ticulier qui doit inciter les professeurs à ne pas perdre devue leur acquisition dans la continuité du traitement d’unthème, même si quelques unes peuvent traverser l’en-semble du programme, au-delà de leur signalement surune question donnée.Le manuel prend en compte cette attente en mettant enévidence les notions dans les leçons par des caractèresgras et des renvois aux pages Repères, Les notions duprogrammes, p. 258-261, où elles sont détaillées. Lesnotions sont rappelées dans la page d’ouverture duthème. Ce balisage dans la continuité du manuel estd’autant plus nécessaire que les notions font l’objet dequestions spécifiques dans la nouvelle épreuve écrite dubaccalauréat.

III. Le manuel et la préparation à l’épreuve écritedu baccalauréat

1. Les pages Horizon Bac

Le projet de texte concernant la nouvelle épreuvedistingue deux parties :– la première demande aux candidats de répondre briè-vement à une série de 6 à 8 questions pouvant portersur des repères des situations géographiques ou histo-riques, des acteurs, des lieux, etc. ; cette partie del’épreuve s’applique aux questions A ;– la seconde partie prend appui sur un ou plusieurs docu-ments et exige du candidat qu’il en dégage la portée pourla compréhension d’une question, ou qu’il les confronte,ou qu’il dégage l’essentiel dans un croquis cartogra-phique ; cette partie s’applique aux sujets d’étude

Dans la perspective de l’examen en terminale le manuelpropose une préparation des épreuves progressive danschacun des thèmes. Pour chacun thème deux doubles pages Horizon Bacsont consacrées à l’épreuve du Bac, l’une à la premièrepartie, l’autre à la seconde, selon le découpage systé-matique suivant :– la page de gauche détaille la démarche pour répondredans de bonnes conditions aux questions posées, en cesens elles constituent des exemples clairs et formateurs ;– la page de droite propose des exercices à faire enreprenant la démarche de la page de gauche.Pour le professeur les réponses attendues sont dans lespages du présent livret.S’agissant de la seconde partie, qui porte sur un ou plu-sieurs documents, l’initiation proposée s’inscrit parfaite-ment dans les recommandations et exercices qui fontl’objet des pages Méthode consacrées à l’étude d’undocument. Cette cohérence renforce l’acquisition desrepères méthodologiques pour les élèves, lesquelsacquièrent ce faisant au fil des pages des routines d’i-dentification et de questionnement pour tout type dedocument. Le manuel a fait le choix de ne pas aborder en premièrel’exercice de cette seconde partie portant sur la réalisa-tion d’un croquis cartographique ; il sera détaillé dansl’ouvrage de la classe de Te.

2. La préparation à l’épreuve du baccalauréat dans lespages Leçon et Sujet d’étude du manuel

Le passage de l’épreuve orale à une épreuve écrite cons-titue un enjeu d’importance pour les professeurs decette série. La préparation des élèves à l’écrit supposeun changement à la fois des pratiques de classe, et un

Le manuel ne répond pas uniquement aux nouvelles pré-occupations de l’épreuve écrite du baccalauréat par lesseules pages Horizon Bac ou Méthode. Effectivementl’utilisation des pages Leçon permet de comprendre lelien qui existe entre l’exploitation des documents et l’é-

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13Les choix et les démarches pédagogiques du manuel de 1re STG Magnard

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autre rapport aux outils, en particulier au manuelscolaire :– pour ce qui est des pratiques de classe il s’agit doré-navant de parvenir à un meilleur dosage des phases d’é-changes oraux avec les élèves, de réduire la part relati-ve du cours dialogué à réponses fermées en ouvrant lesquestionnements afin de laisser des possibilités d’ex-pression plus nourrie aux élèves ; c’est un objectif depremier plan pour mettre en cohérence l’oral et les exi-gences de l’expression écrite ;– il convient, en outre, d’utiliser le manuel le plus sou-vent possible pour faire travailler les élèves en situationd’autonomie, à partir des ressources documentaires eten recherchant l’élaboration d’une information construi-te. Ces démarches ont pour contrainte de consommer dutemps en classe, aussi faut-il cerner les apprentissagesfactuels et notionnels du programme afin de ne pas s’en-liser dans des recherches ou apports d’informationssecondaires, des lectures de documents trop denses etchronophages. Le rééquilibrage des apprentissages en classe ou à lamaison en faveur de l’écrit exige une réflexion forte surles entrées et les démarches de leçons.

laboration d’une information (voir supra I, 2) structuréeet concise. De plus, les questions initient au travail deprélèvement et de croisement d’informations, utile pourla seconde partie de l’épreuve ; ce questionnementaccoutume l’élève à des réponses brèves, élément favo-rable pour la première partie de l’épreuve ; surtout, il luidemande systématiquement de passer à la rédaction, àla suite d’une question visant à synthétiser toute laphase d’exploitation de documents.Il en va de même pour les pages des sujets d’étude, oùla démarche est similaire. Des petits logos balisent dansles blocs Questions du manuel ces consignes derédaction.

3. La préparation à l’épreuve du baccalauréat dans lesautres pages du manuel

Les questions la première partie exigent l’acquisition denombreux repères factuels, notionnels, spatiaux et chro-nologiques.

Là encore le manuel propose aux professeurs et à leursélèves des outils pour faciliter l’apprentissage de cesrepères :– chaque thème s’ouvre sur par une ou deux doublespages Cartes-clés qui rassemble des cartes au volumed’information volontairement allégé, de manière à cons-tituer sur la globalité des thèmes du programme unensemble de repères spatiaux accessible ; chaque paged’ouverture du thème comporte également une frisechronologique simple qui répond aux mêmes objectifss’agissant des repères chronologiques ;– enfin, le manuel sur une douzaine de pages Repères(p. 258-271) associant les définitions des notions (voirsupra II, 3), une batterie de trois frises chronologiquesclaires sur le programme d’histoire, de grandes cartescomplémentaires en histoire comme en géographie,ainsi que le lexique pour fixer les mots-clés utilisés dansles leçons des deux disciplines.

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Thème 1

15Thème 1 Diffusion et mutations du modèle industriel

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Les problématiques du thème

Extrait du programme et des documents Le traitement du manuel Magnardd’accompagnements

A. Capitalisme, société industrielle,culture européenne à la conquête du monde(milieu XIXe siècle – milieu XXe siècle)On étudie la montée du capitalisme industriel qui invente de nouveaux modes de production (usine,entreprise) et dynamise l’Europe, puis les États-Unis et le Japon.Il s’agit de montrer, dans la longue durée, comment Leçon 1 : Un siècle de croissance économique, p. 18-19est né le capitalisme industriel. Quels sont les aspects de la croissance de 1850 à 1939 ?Cette extension n’est pas linéaire, elle connaît Leçon 2 : Les fondements de l’industrialisation, p. 20-21des cycles et passe par des moments de crise. Sur quelles bases repose l’industrialisation ?On n’entrera pas dans le détail des crises […].

Elle entraîne la croissance des villes, transforme en Leçon 3 : Industrialisation et révolution urbaine, p. 22-23profondeur les sociétés et suscite des mouvements Comment l’industrialisation transforme-t-elle la ville ?de résistance. Leçon 4 : Des sociétés profondément transformées,[…] les sociétés européenne, nord-américaine et japonais p. 24-25[…] connaissent d’importantes mutations sociales : Comment l’industrialisation modifie-t-elle l’organisationapparition de nouvelles classes sociales (bourgeoisie et les pratiques sociales ?capitaliste industrielle, prolétariat) et mutations des classes moyennes […]. Il sera important de préciser la notion de classe sociale.

L’industrialisation se diffuse à l’échelle du monde de Leçon 5 : L’exportation du modèle industriel, p. 26-27manière très inégale et selon des modalités différentes. Comment l’industrialisation se diffuse-t-elle dans leLes puissances européennes les plus transformées par monde ?l’industrialisation animent un mouvement d’expansion Cartes-clés : Diffusion et domination du modèleet d’européanisation, indissociable d’un fort sentiment de industriel, p. 16-17supériorité d’une volonté civilisatrice et d’une suprématie scientifique et technologique.

B. Modèle industriel et changement social du milieu du XIXe siècle au milieu du XXe siècle

Les mutations d’une filière économique Sujets d’étude [Approfondissements]Les transformations techniques sont mises en relation Les mutations de la filière automobile, p. 28-33avec leurs conséquences sociales et culturelles. 1. L’automobile, une nouvelle industriePar filière, il faut entendre les différentes phases de 2. L’automobile devient un produit de masseproduction d’un bien ou d’un service. A titre d’exemple, 3. Vers une société de l’automobileon peut envisager l’évolution de la filière de la production de textile, de la construction automobile ou du secrétariat. On mettra en relation ce sujet d’étude d’histoire avec

celui de géographie, L’automobile, une filièredynamique, p. 194-199.

Diffusion et mutations du modèle industriel

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Les notions du thèmeLes notions du programme : Âge industriel ; Crise ;Croissance ; Classe sociale ; Libre-échange ; Protection-nisme ; Impérialisme. Pour une définition de ces notions,voir les Repères, p. 258-259.

La démarche du thèmeAu plus près du programme, ce thème a été mis en œuvrede façon à proposer une démarche claire et accessibleaux élèves. La première leçon les invite à observer lescaractères de la croissance économique sur l’ensemblede la période considérée. Il s’agit ensuite d’identifier lesfondements de l’industrialisation, puis l’impact sur lesespaces et les sociétés. La nouvelle hiérarchie des puis-sances à la veille de la Seconde Guerre mondiale est miseen relation avec l’exportation du modèle industriel.

Les pages d’ouverture du thème– La naissance de la classe ouvrière, p. 12-13Pellizza a peint plusieurs tableaux sur le thème de la« marche des travailleurs ». L’idée de ce tableau est venueà ce lecteur de Marx, Engels, Bebel, en 1891 alors qu’ilréalise l’esquisse d’une scène devant s’intituler Lesambassadeurs de la faim. Il commence à peindre en 1898Le chemin des travailleurs dont le titre définitif, Lequatrième état est trouvé en 1902 après une relecture deL’histoire socialiste de la Révolution française de Jaurès.Le flot humain semble se mettre en chemin, quitter peut-être la campagne pour se diriger vers la ville. La cons-truction de l’œuvre, les attitudes, les vêtements renvoientà l’idée d’homogénéité et de solidarité de ce groupe à laforce tranquille. Le pas est décidé, la démarche lucidecomme le laissent supposer les échanges entre les

marcheurs. Cette métaphore de l’humanité en marche,témoigne de l’émergence des masses dans les cons-ciences. Elle nous donne un point de vue sur les profon-des mutations socio-économiques et politiques de l’époque.

– La science et l’innovation, p. 14-15Il n’est pas inutile de rappeler que le célèbre photogra-phe Robert Doisneau (1912-1994) a commencé sacarrière comme photographe industriel aux usinesRenault de Boulogne-Billancourt. En photographiant ainsice gigantesque générateur d’impulsion dans le laboratoirede Frédéric et Irène Joliot-Curie, il nous livre son témoi-gnage sur le progrès technologique. Il rend, tout d’abord,hommage à l’innovation, fruit de la recherche et de l’in-vestissement financier. Puis, il met en valeur la placeprésente et future de l’électricité qui conditionne le déve-loppement industriel comme l’équipement ménager.Enfin, la prise de vue en plongée renvoie à la fois aux prou-esses de l’œuvre humaine, mais aussi au risque poten-tiel de déshumanisation.

Les cartes-clés du thème

– 1. L’Europe industrielle, p. 16Les deux premières cartes offrent la possibilité decomparer le développement industriel en 1850 et en 1938en Europe. Celle-ci est marquée en 1850 par un déve-loppement industriel limité et inégal concentré sur le Nord-Ouest. Les bassins miniers suscitent le développementde régions industrielles associant extraction et transfor-mation. Les grands centres urbains sont le plus souventlocalisés dans ces espaces, témoignant du lien fort entrel’industrialisation et l’urbanisation. Les voies de commu-

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Le mouvement ouvrierLe mouvement ouvrier est appréhendé à travers son Le mouvement ouvrier (milieu XIXe – milieu XXe siècle),évolution et la diversité de ses manifestations dans p. 34-39l’espace. 1. Un mouvement organiséPar mouvement ouvrier, il faut entendre l’ensemble des 2. Revendications et conflitsorganisations issues de la classe ouvrière (syndicats, 3. Mouvement ouvrier et politiquepartis ouvriers) […]

Immigration et immigrants Immigration et immigrants, p. 40-45Avant 1914, un vaste mouvement d’émigration conduit 1. De l’émigration européenne à l’immigration enà l’installation d’Européens dans l’ensemble du monde ; Europeprogressivement le mouvement s’inverse. L’étude 2. Partir pour construire une vie meilleureassocie la description des flux migratoires, la 3. Vivre l’immigrationprésentation des immigrants et celle de leurs représentations, notamment littéraires et cinémato-graphiques.

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nications (dont les fluviales pour les pondéreux) ne s’or-ganisent pas encore en un réseau européen. La carte de1938 témoigne du nouvel essor et de la diversificationdes activités industrielles. L’espace industriel apparaîtpérenne même si la crise frappe ici ou là. On note aussiune extension, même limitée, de l’industrialisation en direc-tion de l’Est et du Nord. Les mutations se retrouvent dansla diversification des sources d’énergie (hydroélectricité,pétrole) d’une part et des productions industrielles(chimie) d’autre part.

– 2. Les États-Unis, 1re puissance industrielle(1938), p. 17 L’analyse de la carte prolonge celle de l’espace européen.Elle fait apparaître une concentration des espaces indus-triels sur le quart Nord-Est et la région des Grands Lacs,qui rappelle la colonisation du territoire. Certains bassinstraditionnels sont déjà touchés par les difficultés. Lessources d’énergie sont également diversifiées (pétrole,hydroélectricité) comme les productions (automobile,agroalimentaire). Le développement urbain touche à la foisles grands centres industriels et les grands ports de lacôte Est, interface des États-Unis avec l’Europe.

– 3. Les nations industrielles dominent le monde,p. 17Le développement industriel renforce la puissance desÉtats concernés et leur domination dans le monde. Lacarte montre une organisation centre-périphérie : les troispôles industriels (États-Unis, Europe, Japon) s’imposentcomme les centres de ce système. Le reste du mondeétant des périphéries plus ou moins intégrées. La colo-nisation est une manifestation concrète de ces liens domi-nants-dominés.

Les leçons du thème

– Présentation des documents Doc. 1 : Cette représentation de la tour Eiffel en 1900associe plusieurs éléments caractéristiques de la BelleÉpoque. Construite pour l’Exposition universelle de1889, la tour de 300 m symbolise l’essor de la cons-truction métallique et le relèvement de la France. Onzeans plus tard, en 1900, à l’occasion d’une nouvelle expo-sition universelle, elle retrouve une seconde jeunessegrâce à l’éclairage électrique. Cela illustre l’apportdésormais massif de cette source d’énergie et des inno-vations techniques qui lui sont associées (le métro parisienest construit la même année). La démarche rend tangiblela volonté de rayonnement de la capitale. C’est le débutd’une longévité inattendue puisque provisoire, elle estsauvée de la destruction en 1909 grâce à l’installationd’un émetteur radio. Désormais, la tour Eiffel symbolise

1. Un siècle de croissanceéconomique, p.18-19

Paris et la France dans les jours heureux… et les autres(doc. 4 p.117).

Doc. 2 : L’industrialisation entraîne une profonde mutationdes économies en modifiant la répartition des secteursd’activités. En France, en Allemagne et aux États-Unis, latendance est la même : la chute du secteur primaire, lacroissance des secteurs secondaires et tertiaires. En1930 le secteur secondaire est dominant en France eten Allemagne alors que les États-Unis sont déjà en voiede tertiarisation.Doc. 3 : Le graphique de la production industrielle fran-çaise en volume entre 1845 et 1938 met en évidence unecroissance forte sur l’ensemble de la période (multipli-cation par 5). Elle n’est cependant pas linéaire maisponctuée par des crises. On distingue notammentl’impact de la Première Guerre mondiale, la relance écono-mique des années 1920 et l’impact de la crise de 1929.

Doc. 4 : L’affiche publicitaire de 1934 pour les produc-tions du constructeur automobile Panhard et Levassortémoigne du développement et de la diversification desmoyens de transports. On y retrouve l’automobile,l’avion, le bateau et le train. Les innovations sont au cœurde ces progrès (machine à vapeur, moteur à explosion,métallurgie et sidérurgie) qui se traduisent, comme pourle Normandie, le plus gros paquebot de l’époque, par unecourse au gigantisme et à la vitesse. Son auteur AlexisKow (1900-1978), illustrateur et styliste de talent est àl’époque responsable des publicités de la marque.

Doc. 5 : Cet histogramme a pour fonction de mettre enrelation croissance et hausse des salaires. Celle-cimontre la réalité d’un partage des fruits de la croissance.L’augmentation du niveau de vie est à mettre en relationavec la croissance, comme avec le rythme de l’indus-trialisation. Même si la hausse est variable selon lesdécennies et selon les pays.

Doc. 6 : John Steinbeck dans Les Raisins de la colèremontre certains effets paradoxaux de la crise de 1929.La surproduction conduit les autorités à détruire lesproductions pour stopper l’effondrement des cours. Le butest d’enrayer la surproduction qui provoque l’effondrementdes revenus paysans en détruisant les « surplus ». Lesvictimes de la crise, ne peuvent avoir accès à ces produits.La situation permet aux compagnies les moins en diffi-culté de grossir encore en absorbant d’autres entreprises,accentuant les concentrations. Cette description montrela brutalité des régulations opérées pour assainir unmarché frappé par la surproduction. Les effets de cesmécanismes jugés « naturels » par les Républicainsamènent le démocrate Roosevelt au pouvoir.

– Réponses aux questions1. Le secteur primaire est majoritaire dans les trois paysen 1860, mais il amorce un déclin entre 1860 et 1880,passant en dessous des 50 %. En 1930, il est tombé à36 % en France, entre 27 et 29 % aux États-Unis et enAllemagne. Cette baisse montre le recul du poids des acti-vités agricoles dans les économies de ces pays en coursd’industrialisation. La tendance est à la hausse pour le

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secteur secondaire. Évalué à près de 25 % en 1860, ilbénéficie d’une poussée entre 1860 et 1880 et d’unenouvelle hausse mais moins forte jusqu’en 1930. On noteque ce secteur n’atteint pas les niveaux du secteurprimaire : l’augmentation du secteur tertiaire accompa-gne celle du secteur secondaire. Aux États-Unis, l’éco-nomie semble déjà amorcer sa tertiarisation. En effet, lesecteur tertiaire passe en tête avec 40 % en 1930, devantle secteur secondaire évalué à 32,5 %.

2. Les doc. 1 et 4 mettent en avant les prouesses tech-niques et technologiques en 1889 et en 1934.L’exposition universelle est par nature la vitrine des derniè-res découvertes et innovations. On y retrouve l’importancedu fer et de la construction métallique, l’électricité et leslampes et projecteurs. Le doc. 4, une affiche publicitairede la société Panhard, expose aussi les innovations dansle domaine des transports. L’automobile est mise enperspective à côté du transport maritime (transatlantiqueen particulier), des chemins de fer, et du transport aériendont les progrès son considérables.

3. Le graphique met en évidence la hausse des salairesentre 1840-1842 et 1911-1913. Le rythme d’évolutionreste inégal sur la période et selon les pays. La croissancedes salaires est forte au Royaume-Uni dans la secondemoitié du XIXe siècle, elle semble plutôt marquer le pasau début du XXe siècle. Plus forte qu’en Allemagne au XIXe

siècle, elle devient plus faible au début du XXe siècle. Lacroissance la plus forte et durable reste celle des États-Unis ; la plus faible sur la période retenue est celle dela France. Cette croissance est à mettre en relation avecl’augmentation du niveau de vie, comme avec le rythmede l’industrialisation.

4. La tendance générale de l’évolution de la croissanceindustrielle française est à la hausse de 1845 à 1938.Elle est multipliée par 3 entre 1845 et 1915, et par 2 entre1918 et 1940. Notons qu’elle n’est cependant ni linéaire,ni régulière. La courbe est interrompue entre 1914 et1919, période qui correspond à la Première Guerremondiale. On repère une autre crise majeure en 1930.C’est l’impact du krach boursier de 1929 qui perturbel’économie française avec un certain décalage. Celui-cis’explique essentiellement par les dévaluations nombreu-ses du franc dans les années 1920.

5. Les campagnes n’échappent pas à la crise de 1929.Elles subissent une crise de surproduction. Les marchésurbains en raison des difficultés économiques desconsommateurs n’absorbent plus les produits agricoles.Aux chômeurs des villes s’ajoutent rapidement leschômeurs des campagnes. Les produits agricoles sevendant très mal, les prix s’effondrent. John Steinbeck meten évidence un paradoxe : les productions sont détruitesalors que le nombre des affamés grossit. La mesure,économiquement rationnelle, est socialement terrible.

6. La croissance industrielle se traduit d’abord par unetransformation de l’économie. Les productions derichesse bénéficient d’une forte croissance, alors que lesecteur secondaire prend un poids prépondérant dans l’ac-tivité économique. Le secteur primaire retombe autour de

30 %. On observe des progrès techniques par le biais desdécouvertes et des innovations. Les transports sont ainsiplus rapides, les voyages plus confortables. La croissanceindustrielle a un impact sur les populations, sur les niveauxde vie. La croissance profite ainsi aux salariés de l’in-dustrie qui voient leurs revenus augmenter. Cette crois-sance n’implique cependant pas une période de progrèslinéaire, elle est marquée par des crises de surproduc-tion, comme le montre ici John Steinbeck.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette photographie de l’usine berlinoise AEG en1912 illustre le développement de l’industrie, en particulierélectrique. À cette époque, AEG domine avec Siemens l’in-dustrie électrique. Son fondateur Emil Rathenau, unentrepreneur berlinois, a fait de son entreprise un despremiers groupes industriels mondiaux, en mettant sur lemarché l’ampoule électrique Edison. On peut observer unespace industriel vaste (architecture métallique, éclairagezénithal) et rationalisé qui concentre une main-d’œuvre etdes outils de production nombreux. Cette main-d’œuvreouvrière et mixte cantonnée à des tâches simples et répé-titives est soumise à la surveillance des contremaîtresvêtus de costumes et coiffés d’un chapeau melon.

Doc. 2 : La réussite du groupe Thyssen illustre l’enri-chissement rapide des entrepreneurs et l’arrivée denouvelles dynasties industrielles dans les secteurs-clés. Ici, dans la sidérurgie, la réussite d’un Thyssen n’estpas sans rappeler celle de Krupp, Schneider, ou de Wendel.La naissance de grands groupes devient une nécessitépour assurer la croissance des entreprises industrielles.Dès la fin du XIXe siècle, le groupe Thyssen devient un« Konzern », un grand groupe industriel associant activi-tés industrielles et bancaires. Cette concentration permetde contrôler l’essentiel d’une filière, depuis les char-bonnages jusqu’aux laminoirs.

Doc. 3 : Cette liste des innovations souligne l’ampleurdes progrès réalisés durant le siècle étudié. La rechercheest dynamique et permanente dans tous les domainesaussi bien en Europe occidentale, berceau de l’indus-trialisation, qu’aux États-Unis.

Doc. 4 : Pour offrir des produits concurrentiels l’entreprisePhilips augmente sa production par des gains de produc-tivité. L’optimisation des résultats est obtenue au prixd’une rationalisation du travail qui permet une hausse dela production avec moins de main-d’œuvre. La productionde lampes s’accroît de 20 % avec une main-d’œuvre prèsde deux fois moins nombreuse, la productivité parouvrier est multipliée par 2,25.

Doc. 5 : La naissance des grands groupes impose un capi-talisme industriel. Les entreprises géantes sont souventcotées et leurs actions, représentant une part de l’en-treprise, négociées en Bourse. Cette pratique permet de

2. Les fondements de l’industrialisation, p. 20-21

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faire face aux besoins croissants d’investissements. Ledocument se compose de l’action dans la partie supé-rieure et de coupons dans la partie inférieure. Ceux-cipermettent de retirer les dividendes, cette part des béné-fices redistribuée chaque année aux actionnaires.

Doc. 6 : C’est chez Alsthom comme ouvrière fin 1934 puischez Renault à Boulogne-Billancourt que Simone Weil(1909-1943) découvre le travail en usine. «Un professeuragrégé (de philosophie) en vadrouille dans la classeouvrière », dira-t-elle. Elle consigne dans son Journal d’usinetous les détails de ce « contact avec la vie réelle ». Sontémoignage posthume, dénonce la déshumanisation dutravail, les cadences de production (chronométrage), lasurveillance permanente et le caractère répétitif dutravail non qualifié qui emploie la plupart des femmes.Ce mécontentement orientera le débat politique à l’oc-casion des législatives de 1936.

– Réponses aux questions1. Sidérurgie, métallurgie : convertisseur de fonte enacier ; aluminium. Chimie : aspirine ; polystyrène ; nylon.Énergies : derrick de forage pétrolier ; lampe à filament ;transport d’électricité haute tension ; pile atomique.Transports et communications : téléphone Bell ; moteurà explosion ; pneumatique ; transport aérien ; 1res auto-routes ; avion de transport bimoteur ; avion à réaction ;transistor. Image et son : pellicule photographique ;cinématographe ; TSF ; télévision. BTP : 1er gratte-ciel àChicago.Près de la moitié de ces innovations sont réalisées auxÉtats-Unis ce qui montre le dynamisme de la recherchedans ce pays. Les pays européens sont aussi à l’originede beaucoup d’innovations : l’Allemagne dans le secteurde la chimie, la France dans le domaine de la communi-cation et des énergies, alors que le R.-U. a une recher-che plus diversifiée.

2. Le travail en usine répond à des contraintes fortes.L’espace est rationalisé, le travail est divisé en tâches ets’organise le plus souvent sur une chaîne. Les cadencesde travail imposées sont chronométrées. L’objectif estd’augmenter la productivité et la production. Cette orga-nisation conduit à une déshumanisation de l’ouvrier, quidoit répéter toujours la même tâche, à une allure rapideet sous la surveillance du contremaître.

3. Les gains de production s’observent dans la dernièrecolonne du tableau : la production par ouvrier s’élève de6 200 unités en 1902 à 14 000 en 1906. On peut aussila déduire des deux premières colonnes puisque la produc-tion de lampes augmente entre 1904 et 1906 tandis queles effectifs continuent de chuter.

4. Les mutations de l’entreprise Thyssen reflètent une poli-tique de concentration verticale, puis de développementinternational. À l’usine de Mülheim fondée en 1871 s’ajou-tent en 1884 une fonderie et une fabrique de machine.Thyssen prend le contrôle des premières activités de lafilière avec l’achat des titres de concessions de char-bonnages. Pour maîtriser les flux de matières premièreset des productions, il crée des ports sur le Rhin et dans

la Ruhr. L’entreprise bascule clairement dans le capita-lisme industriel en s’associant avec des charbonnagesfrançais et en fondant la banque rhénane de Mülheim.Thyssen devient à cette date un « Konzern ».

5. L’industrialisation est favorisée par une accumulationde facteurs. Les innovations, une nouvelle organisationde la production, la constitution de grands groupes indus-triels et le développement de la société par actions concou-rent à cette industrialisation. (On illustrera le propos avecdes exemples pris dans la double page.)

– Présentation des documents Doc. 1 : Berlin, au début du XXe siècle est devenue l’unedes principales métropoles d’Europe. Capitale du jeuneIIe Reich, elle bénéficie du développement industriel etdémographique. L’industrialisation transforme durablementson paysage marqué par l’utilisation du fer (pont, gare).Cette carte postale colorisée de la Friedrichstrasse (rueFrédéric), dans le quartier de la gare montre une rue trèsactive, au croisement du chemin de fer, du métro et devoies routières. Les rues sont plus larges et bénéficientd’un éclairage public. Les trottoirs délimitent l’espaceréservé aux véhicules tandis que la gare de métal et deverre demeure le symbole de la domination du chemin defer au début du siècle.

Doc. 2 : En 1850, seul le Royaume-Uni, berceau de l’in-dustrialisation, a réalisé sa transition urbaine (55 %), lesautres pays ne la font que dans l’entre-deux-guerres. Cephénomène est rendu possible par l’évolution démogra-phique, l’industrialisation et un puissant flux migratoiredes campagnes vers les villes.

Doc. 3 : Ce sont essentiellement les grandes métropo-les qui bénéficient de la croissance : la population deLondres est multipliée par 4, celle de Paris par 2. Les popu-lations de grands centres émergents comme Berlin, NewYork et Chicago, sont multipliées par 10 et se comptentpar millions.

Doc. 4 : Emile Verhaeren, né au milieu du XIXe siècle prèsd’Anvers, est un poète belge de langue française. Dans lesannées 1890, il se passionne pour les questions sociales.Après la Première Guerre mondiale, il est l’auteur de poèmespacifistes. Dans Les Campagnes hallucinées, il rend compteà sa manière des mutations du monde. Ici l’essor urbain.Il montre une ville à la recherche d’espace pour accueillirles migrants et les activités industrielles. Emile Verhaerena une vision critique de la ville, dominée par le bruit et lapoussière, conséquences d’une activité incessante.

Doc. 5 : À partir de 1900, la construction du métro à Parisrévolutionne les méthodes de déplacement. Il répond auxbesoins d’une population urbaine croissante et de plusen plus mobile, et à la nécessité d’une nouvelle organi-sation de l’espace. Chaque mode de transport trouve ainsisa place. Les travaux en cours montrent également les

3. Industrialisation et révolutionurbaine, p. 22-23

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réseaux d’assainissement qui améliorent la vie des popu-lations urbaines depuis quelques décennies.

Doc. 6 : Mulhouse illustre les transformations liées à l’in-dustrialisation. L’usine avec sa cheminée semble dominerce quartier en 1887. Les ouvriers sont logés à proximité,dans des habitations mises à disposition par les indus-triels. On peut établir un lien avec les corons des régionsminières tant les bâtiments sont identiques. On distingueégalement les jardins potagers individuels. En octroyantces logements, les patrons se réservent la possibilitéd’exercer un contrôle plus facile sur leur main-d’œuvre.L’arrière-plan de la gravure montre la campagne ce quiprouve le caractère récent de ce développement urbain.

– Réponses aux questions1. Les courbes à la hausse des populations urbainesdémontrent les progrès de l’urbanisation. Le Royaume-Uniqui a déjà réalisé sa transition urbaine en 1850 afficheun taux d’urbanisation supérieur à 90 % en 1938.L’Allemagne, la France et les États-Unis réalisent leur trans-ition durant la période considérée, respectivement vers1890, et dans l’entre-deux-guerres. Les taux d’urbanisationde ces quatre pays compris entre 15 et 55 % en 1850,s’échelonnent entre 52 % et 92 % en 1838.

2. On y retrouve sur cette représentation de laFriedrichstrasse une forte présence de la constructionmétallique (gare, pont, façade de magasins). La voie ferro-viaire (train et métro) croise au niveau inférieur la route avecles premiers bus et les cyclistes. Les trottoirs séparentl’espace piétonnier de la voie routière. L’éclairage public,rassurant, permet de prolonger la vie de cette rue à la nuittombée. On distingue des magasins aux chalands de toutesclasses sociales. Le poème de Verhaeren reprend uncertain nombre de ces éléments : la ville est marquée parles flux et l’activité économique. Lieu de vie malgré lescontraintes du bruit et de la poussière, elle est, enfin, unespace d’attraction et d’innovation.

3. Ce quartier appartient à la périphérie de Mulhouse :la campagne apparaît juste derrière. L’existence de cefaubourg est lié au développement industriel : l’usinedomine l’ensemble. L’activité industrielle s’organiseautour de bâtiments d’exploitation et d’un four avec sahaute et large cheminée. À l’arrière-plan de grossesbâtisses isolées, sans mur mitoyen. Au premier plan leslogements correspondent à des maisons identiques etaccolées. Les jardinets renforcent l’idée d’un quartier detransition entre ville et campagne.

4. L’industrialisation bénéficie à la ville qui change de poidset de visage. Accueillant l’industrie, elle renforce safonction d’échange et de commerce. Ainsi, elle attire lespopulations à la recherche d’un travail et d’une viemeilleure. Progressivement la population urbaine devientmajoritaire dans les pays industrialisés. Ces espacesurbains s’étalent sur les campagnes environnantes ets’élèvent avec la construction d’immeubles. Certainesmétropoles deviennent multimillionnaires. La ville est aussiun espace de vie, offrant les commodités modernes avecles réseaux d’électricité, de gaz, d’adduction d’eau et de

collecte des eaux usées, les transports et les activitésculturelles et de loisirs. La construction de nouvelles hallesde fer et de verre permet de drainer les productions agri-coles des campagnes.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette photographie posée doit être confrontéeau doc. 2. Il s’agit de repérer un groupe social fortementtypé associé à l’industrialisation. On pourra faire décrirela tenue dont la casquette assure l’unité (vêtementsmodestes, pantalon peu seyant, chemise ou vesteouvertes...). À l’évidence il s’agit d’une photographie prisesur le lieu de travail. En dehors de ce cadre, l’ouvrier peutparfois « s’endimancher ».

Doc. 2 : Avec la croissance la société connaît un enri-chissement global. De nouvelles classes sociales appa-raissent avec le développement du petit commerce : cesont les classes moyennes, déjà évoquées par Gambettaà la fin du XIXe siècle. Elles sont le symbole de l’enri-chissement, mais restent vulnérables en cas de crise. Endéfendant des valeurs telles que l’épargne et l’instruction,elles sont un des piliers du régime républicain. Ce bureaude tabac associé au café rappelle aussi les nouvellespratiques sociales. La comparaison des photographies1 et 2 permet de différencier deux groupes sociaux clai-rement différents : les ouvriers et les classes moyennes.

Doc. 3 : L’enrichissement global de la société n’efface pasles disparités des modes de vie. La bourgeoisie capita-liste conforte sont statut d’élite. Les ouvriers apparais-sent comme des laissés pour compte : leurs dépensesse limitent au strict nécessaire et à la survie de la familleencore nombreuse (7 personnes). La mention d’une coti-sation pour le syndicat ou les sociétés de secours mutuelsprouve l’éveil d’une conscience de groupe et la volontéde combattre solidairement la pauvreté et la précarité.

Doc. 4 : Cette affiche publicitaire illustre les pratiquescommerciales et publicitaires qui se développent de plusen plus. Elle vante la cuisine électrique qui constitue uneinnovation. On relèvera que la cuisine est associée nonseulement à la femme, mais à une employée de maison.Ce qui permet de cerner la « cible » du message. Sonauteur, Jean Carlu (1900-1997), contribue à faire accéderentre les deux guerres la création graphique au rang d’artà part entière. Très influencé par le cubisme, il utilisesouvent des profils « à la Picasso ». En 1932, il fondel’Office de propagande graphique pour la paix. Il passela guerre aux É.-U. où il réalise des affiches en faveur dela France libre.

Doc. 5 : La chronologie de ces événements permet demesurer le développement des activités de loisirs et dessports en particulier. Certains acquièrent une très grandepopularité qui montre aussi l’enrichissement des popula-tions qui accèdent aux loisirs de masse. Les sports méca-

4. Des sociétés profondémenttransformées, p. 24-25

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niques font référence au développement de l’automobileet à la recherche de vitesse. Les Jeux olympiques, la coupeDavis et la Coupe du monde de football illustrent une dimen-sion désormais mondiale. Les résultats des champions sontmis au service des stratégies nationales. On peut rappeleraussi le succès populaire du Tour de France.

Doc. 6 : Cette affiche (vers 1900) de Mers-les-Bains estl’une des nombreuses publicités de stations touristiquesréalisées avec les compagnies de chemins de fer. Les billetsà tarif réduit comme la mention sur la proximité de Parismontrent la banalisation du transport ferroviaire. Lastation illustre le développement du littoral et du tourismebalnéaire. L’enrichissement des populations offre la possi-bilité d’accéder aux nouvelles pratiques sociales mention-nées (théâtre, music-hall, casino…). La présence quasiexclusive de populations plutôt bourgeoises rappelle qu’iln’y a pas encore de démocratisation dans ce secteur.

– Réponses aux questions1. La comparaison des deux photographies permet dedistinguer l’ouvrier du petit commerçant. Si au premierregard on note quelques éléments communs comme lacasquette, il est clair que le commerçant bénéficie d’unniveau de vie supérieur et d’un rang social plus élevécomme le laisse penser la chemise blanche boutonnéejusqu’au col serré par une cravate. On distingue égalementle port d’un gilet, également boutonné sous la veste ducommerçant. Son fils porte lui aussi cravate et gilet.2. La comparaison des trois budgets annuels nous éclairesur les différents niveaux de vie. Le budget de la familleouvrière représente moins de 15 % de celui de haute bour-geoisie alors qu’elle est plus nombreuse (7 personnes).Le budget de la petite bourgeoisie se situe à un rang inter-médiaire. L’essentiel des revenus de la famille ouvrièreest dépensé dans les biens de première nécessité (nour-riture, loyer, chauffage, éclairage…). La famille de la petitebourgeoisie peut entretenir des domestiques et consac-rer près d’un quart du budget à la santé, l’habillement,aux vacances et aux menus plaisirs. Les besoins depremière nécessité de la famille de la haute bourgeoisiecorrespondent à moins de la moitié des revenus.3. Cette publicité générique de l’entre-deux-guerres (il nes’agit pas d’un produit ou d’une marque) ne peuts’adresser à l’ensemble de la population. Elle concerneles revenus intermédiaires voire élevés. Outre l’achat del’appareil électrique, sans doute coûteux, il faut disposerd’une installation adaptée. Il est intéressant de noter quela femme est une domestique. La publicité vante le prixmodeste de l’appareil ce qui ne doit pas abuser : êtreéconome relève des valeurs « bourgeoises ». Les qualitésdéclinées en bas d’affiche rappellent la nouveauté quereprésente ce type de cuisson. Pour les compagnies d’élec-tricité, il s’agit de convaincre une clientèle éprise de valeurs« sûres ». 4. Le développement des stations balnéaires apparaît liéà celui du chemin de fer qui cofinance peut-être l’affiche.Le train est le moyen de transport qui permet aux touris-tes urbains (Parisiens) de se rendre sur le littoral.L’inscription au bas de l’affiche montre la politique

commerciale de la société de chemin de fer envers lesfamilles. Ainsi, Mers-les-Bains est à cette époque unestation balnéaire familiale qui n’est pas le monopole dela haute bourgeoisie. Cependant, les activités proposéesnécessitent de disposer d’argent : casino municipal,théâtre, music-hall, attractions… 5. La croissance correspond à une augmentation de laproduction de richesses. Les budgets des famillesvarient selon les classes sociales avec des écarts de 1à 15. Les ouvriers restent encore assez démunis. Lesprofessions libérales et le petit commerce forment lesclasses moyennes. Ce sont ces populations que visentles affiches publicitaires vantant les produits innovantscomme les appareils électroménagers. Elles profitent,après la haute bourgeoisie, des lieux villégiature notam-ment les stations balnéaires de la Manche et del’Atlantique qui offrent des activités attractives (music-hall,théâtre…). Les sports prennent une dimension nouvelle.Si le tennis ou les sports mécaniques sont encoreréservés aux classes supérieures et moyennes, lefootball ou le Tour de France cycliste suscitent l’enthou-siasme populaire.

– Présentation des documentsDoc. 1 : La fresque de Diego Rivera (1886-1957)témoigne de la puissance industrielle des Etats-Unis àtravers l’exemple du développement de la filière auto-mobile. Cette œuvre dégage une impression de tensionproductive. Dans l’usine, l’homme fait corps avec lamachine. On retrouve ici une chaîne de production carac-téristique (il s’agit de celle de la Ford T). La présence d’ou-vriers noirs rappelle l’attractivité du quart Nord-Estaméricain sur la population des États du Sud. Peintremexicain et militant d’extrême gauche (il hébergeaTrotski à Mexico), il donna plusieurs grandes fresques.Celle-ci est une des plus célèbres.

Doc. 2 : Cette affiche britannique de 1927 est destinéeà promouvoir l’empire colonial en soulignant ses atoutset avantages. Elle invite les Britanniques à consommerdes produits de leur Empire. Cela revient à dissuader lesconsommateurs d’acheter des produits concurrents.Elle souligne aussi l’étendue et la puissance de l’Empire.Les liens coloniaux seront renouvelés au début des années1930 avec la création du Commonwealth. On relèvera l’im-portance des routes maritimes pour assurer l’unité de cetEmpire, en particulier l’axe Méditerranée-mer Rouge.

Doc. 3 : La montée en puissance des États-Unis affectele regard des Américains sur le monde à l’image dusénateur de l’Indiana Albert Beveridge à Boston ce 28 avril1898. Il soutient une stratégie d’engagement des États-Unis sur l’ensemble du monde. Ce discours s’inscritd’ailleurs dans le contexte de la crise de Cuba quidébouche sur une victoire américaine qui, oblige Madridà céder Porto Rico, les îles Hawaï, l’île de Guam, les

5. L’exportation du modèleindustriel, p. 26-27

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Philippines (traité de Paris1898). Ces territoires devien-nent des bases économiques et militaires américaines.Au début du XXe siècle, les États-Unis affichent leur volontéimpériale.

Doc. 4 : Le tableau permet de prendre la mesure de lapuissance européenne et de la montée des puissancesextra-européennes. Jusqu’à l’entre-deux-guerres, l’Europeoccidentale et les États-Unis représentent toujours plusde 70 % de la production industrielle mondiale. LeRoyaume-Uni abandonne la première place aux États-Unisau début du XXe siècle. La Première Guerre mondiale ouvreune période de recul de l’Europe occidentale. La crise de1929 entraîne aussi celui des États-Unis. À l’inverse, leJapon progresse, même si le retard reste fort. La Russie(URSS à partir de 1922) apparaît à la veille de la SecondeGuerre mondiale comme la seconde puissance industrielle,au moins statistiquement. Enfin, le reste du monde, aprèsun palier en 1929 à 23,5 %, voit se stabiliser sa partautour de 21 %.

Doc. 5 : La filature à Tokyo en 1890 témoigne du déve-loppement industriel du Japon. Depuis l’ère Meiji, le paysse met à l’école de l’Occident pour procéder, sous l’im-pulsion de l’État, à son industrialisation : aciéries,tissage et filature, cimenteries, verrerie, chantiers navals.Soucieux de son indépendance, le Japon finance lui-mêmeces investissements en mobilisant l’épargne nationale eten prélevant des fonds par le biais d’une fiscalitélourde. La mobilisation de la population, indispensable àla réussite du projet, est le fait de campagnes d’infor-mation et de propagande.

– Réponses aux questions1. Le Royaume-Uni est la première puissance industrielleen 1870, talonné par les Etats-Unis qui malgré une indus-trialisation plus tardive bénéficie d’une croissance forte.La part du Royaume-Uni dans la production industriellemondiale décline jusqu’en 1938, tombant en dessous des10 %. Dès le début du XXe siècle les États-Unis deviennentla première puissance industrielle et confortent leurposition jusqu’à la crise de 1929. Malgré un recul signi-ficatif (– 10 %) ils gardent à la veille de la Seconde Guerremondiale une première place qu’ils ne quitteront plus.

2. Le sénateur Beveridge souligne le lien voire l’interdé-pendance entre l’industrialisation et l’impérialisme. Cedernier offre des débouchés aux produits américains parde nouveaux marchés sous contrôle et des sources d’ap-provisionnement en matières premières, énergies ouressources. C’est un moyen d’éviter la surproduction commed’affirmer la puissance et la grandeur des États-Unis.

3. Après des années d’isolement l’empereur Mutsu Hitoouvre le Japon sur l’Occident en 1868 et copie son indus-trialisation au point de figurer dès 1929 parmi les princi-pales puissances industrielles du monde. On observe laprésence d’une main-d’œuvre féminine témoignant d’uneprofonde mutation économique et sociale. À la veille de laSeconde Guerre mondiale, le Japon reste dans une phasede croissance et semble en mesure de rivaliser avec despuissances industrielles plus anciennes comme la France.

4. En privilégiant la consommation des produits en prove-nance de son empire le Royaume-Uni espère accélérer ledéveloppement des colonies tout en s’assurant unapprovisionnement bon marché. C’est aussi une mesureprotectionniste qui freine l’importation de marchandisesde l’Europe continentale.

5. L’industrialisation bouleverse la hiérarchie des puis-sances dans le monde entre la fin du XIXe et le milieu duXXe siècle. La part de l’Europe occidentale, berceau de l’in-dustrialisation, dans la production industrielle mondialechute de 1870 à 1938. L’industrie allemande est pluspuissante que celle du Royaume-Uni dès la veille de laPremière Guerre mondiale. La Russie (URSS) s’affirme en1938 comme la seconde puissance industrielle. Les États-Unis malgré une industrialisation plus tardive devancentl’ensemble des puissances européennes au lendemaindu premier conflit mondial. Le reste du monde représenteen 1938 un quart de la production industrielle, ce quitémoigne de la diffusion du modèle industriel européen.Le Japon, en particulier, émerge au rang de grande puis-sance industrielle capable de rivaliser avec des puissanceseuropéennes.

BIBLIOGRAPHIE

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Les sujets d’étude[Approfondissements] du thème

– Démarche du sujet d’étude• Le traitement du sujet d’étude en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 106 à 114) tel qu’il est proposépermet de revenir sur plusieurs thématiques : la crois-sance industrielle (leçon 1) ; les innovations, l’organisa-tion de la production, la concentration des entreprises(leçon 2) ; les transports et la transformation des villes(leçon 3) ; la condition des ouvriers et les nouvellespratiques culturelles (leçon 4) ; la diffusion de l’indus-trialisation dans le monde (leçon 5). • Le traitement proposé du sujet d’étude en amont duthème selon la démarche de l’étude de cas reprendrales trois points de l’encadré Faire le point sur le sujetd’étude, p. 33 en proposant des pistes de contextuali-sation : En quoi l’industrie automobile constitue-t-elle unmoteur de l’industrialisation et de sa diffusion ? (leçons 1,2 et 5) ; Comment l’ automobile transforme-t-elle lessociétés ? (leçons 3 et 4).• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomieautour de la filière automobile : « Automobile et publicité» à partir du sujet d’étude, « Innovation et industrialisa-tion » à partir du sujet d’étude et des leçons. On pourra,avec profit, croiser approches historique et géogra-phique autour de cette thématique (voir le sujet d’étudeL’automobile, une filière dynamique, p. 194-199).

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette une du supplément illustré du Petit Journal(1894) témoigne d’une révolution. Les chevaux ontdisparu pour laisser place au moteur : les « auto-mobiles »(versus hippomobiles) sont tractées au moyen de lamachine à vapeur ou du moteur à explosion. Cetteimage souligne le lien entre l’invention et son applicationindustrielle, l’innovation. Elle permet aussi de mesurer lacuriosité du public pour ces nouveaux véhicules. La noto-riété du Petit Journal, dont le tirage atteint un million d’exem-plaires vers 1890, contribue à faire connaître ce nouveaumoyen de transport au grand public. Enfin, on rappellerale rôle pionnier de l’industrie automobile française.

Doc. 2 : Cette photographie des années 1930 est riched’enseignements. La file de véhicules montre la premièredémocratisation de l’automobile. La présence de pompesà essence révèle une innovation technologique liée auxsources d’énergie comme la généralisation du moteur àexplosion. La station service et l’aménagement urbain

1. L’automobile, une nouvelleindustrie, p. 28-29

Les mutations de la filièreautomobile, p. 28-35

témoignent d’une réorganisation de la ville privilégiantla circulation automobile.

Doc. 3 : Cet extrait de Mort à crédit de Céline illustre lesnécessaires mises au point d’une machine encore malmaîtrisée. Celle-ci est déjà synonyme de rêve et de loisir.Il est à noter que Céline, missionné par la Société desnations en tant que médecin hygiéniste, a pu observer deprès la fabrication des automobiles Ford à Detroit. Il décritdans Le voyage au bout de la nuit, les conditions inhu-maines du travail à la chaîne (doc. 1 p. 26).

Doc. 4 : Le graphique révèle la forte croissance de laproduction des automobiles en France. Cette activité nais-sante dans la fin du XIXe siècle est en mesure de produireprès d’un quart de million de véhicules dans les années1930. La filière automobile s’organise très rapidement.Le développement de la production est spectaculairejusqu’à la Première Guerre mondiale (en 1903, la Franceréalise près de la moitié de la production mondiale avectrente constructeurs) et à nouveau dans les années 1920.On peut relever la reprise de la production après la crisede 1929.

Doc. 5 : Frederick L. Allen met en exergue les innovationssurvenues pour produire des véhicules plus fiablesdésirés par le consommateur. On retrouve notamment lerôle important d’Henry Ford dans la filière. Tout un secteurd’activité s’organise avec le développement de stationsd’essence et celui d’ateliers de réparations. La compa-raison avec le texte précédent (doc. 3) montre la fiabi-lité acquise des véhicules. Le succès de ceux-ci est misen relation avec le déclin des autres moyens detransports. Villages et villes jusqu’alors prospères grâceau chemin de fer, dépérissent tandis que la prospéritéparcourt les axes routiers en particulier la route 61 quimène de Chicago à La Nouvelle-Orléans.

Doc. 6 : La liste de ces innovations montre la recherchepermanente et l’amélioration technique et technolo-gique de l’automobile. On remarque l’accélération desinnovations dans l’Entre-deux-guerres par rapport auxpremières décennies. L’origine des innovations (France,Allemagne, États-Unis) confirme la place de ces pays dansle processus d’industrialisation.

– Réponses aux questions

1. Ces deux générations témoignent de manière évidentedu passage du prototype au produit diffusé. Le moteur àexplosion s’est imposé au détriment des moteurs à vapeurou à gaz. Les innovations se sont accumulées : vitrage,carrosserie, pneumatiques… Le doc. 2 montre égalementles nombreux aménagements sur la voie publiquedestinés aux véhicules (stations d’essence, lieux destationnement).

2. La production automobile française se développe demanière considérable dès le début du XXe siècle jusqu’àla Première Guerre mondiale : elle atteint les 40 000 véhi-cules en 1913. Après la guerre, on observe un véritabledécollage, la production est multipliée par vingt entre 1920et 1930. La très forte croissance des années 1920, favo-

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risée par l’utilisation des nouvelles méthodes de produc-tion venues d’Amérique, est freinée dans les années 1930par les effets de la crise économique.

3. Les innovations accompagnent la croissance de laproduction dans quatre domaines essentiels : la motori-sation (moteur à essence à quatre temps, moteur à 2 et4 cylindres), la vitesse (synchronisation des vitesses, boîteà 4 vitesses), la sécurité et le confort (les pneumatiques,voitures entièrement carrossées, suspensions).

4. L’automobile est un indicateur et un acteur des trans-formations des modes de vies en Amérique. Elle participeà un enrichissement global de cette société et offre uneplus grande mobilité. La voiture implique des aména-gements qui transforment les paysages : routes pavées,ateliers de réparations, stations essence, commerces…L’automobile change aussi les dynamiques spatiales : lesaxes traditionnels de transport nécessitant de lourdesinfrastructures (chemin de fer et trolleys interurbains) décli-nent au profit des axes routiers, comme la route 61. Àl’âge du chemin de fer succède l’âge de l’automobile.

– Présentation des documentsDoc. 6 : Cette affiche de 1935 représente les installationsRenault sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt. Fondéele 1er octobre 1898, la société Renault devient lepremier constructeur français en 1905. La Première Guerremondiale transforme l’usine en arsenal. La paix revenue,Louis Renault revient à la fabrication de véhicules àmoteur. Pour produire en grande série, il construit lanouvelle usine de l’île Seguin. En 1935, avec son kilomètrede long, sa centrale thermique et sa piste d’essais, elleest une des plus modernes de l’époque. Les statistiquesqui encadrent la vue renvoient au gigantisme de l’opé-ration. L’île Seguin est devenue un des lieux-symboles dumouvement ouvrier jusqu’aux années 1980. L’analyse dusite et de la situation doit permettre de réfléchir à la notionde localisation.

Doc. 7 : L’Automobile-club de France est créé à Paris en1895 par le marquis de Dion. L’association a pour but defaire connaître l’automobile. Elle est à l’origine des premiè-res grandes courses (1906 : Grand Prix de l’Automobileclub de France). Cet extrait du Bulletin de l’Automobile-Clubde Picardie et de l’Aisne annonce la fin d’une époque autournant du siècle dans la filière automobile. Il annoncela démocratisation de l’automobile rendue possible parune production standardisée d’un produit plus accessi-ble à un plus grand nombre. C’est aussi un moyen detransport, un moyen de locomotion et plus seulement unmoyen d’agrément et des loisirs des bourgeois. Cettedémocratisation ne sera effective en France qu’après laSeconde Guerre mondiale.

Doc. 8 : L’automobile devient un secteur d’activitécomme en témoigne cette publicité. Édouard Michelin

2. L’automobile devient un produit de masse, p. 30-31

imagine en 1891 le pneumatique démontable pour la bicy-clette. Le premier pneumatique démontable pour voitureautomobile est breveté en 1895. Le fabricant offre à partirde 1900 dans son guide des conseils pratiques aux voya-geurs, auxquels s’ajoutent à partir de 1910 les premiè-res cartes routières au 1/200 000. Le personnage deBibendum est né en 1894 de la vue de deux piles depneus. « Avec des bras et des jambes, cela ferait unbonhomme ! » suggère Édouard Michelin. Quant au nom,il vient d’un croquis du dessinateur O’Galop représentantun buveur de bière s’exclamant « Nunc est bibendum ! »,« C’est maintenant qu’il faut boire ! ».

Doc. 9 : Après un passage aux automobiles Mors, l’in-génieur André Citroën crée en 1912 une fabrique d’en-grenages (origine du chevron). Il voyage aux Etats-Unis oùil visite les usines Ford. En 1915, il fait construire uneusine quai de Javel à Paris pour produire des obus. Aprèsla guerre, il revient à l’automobile. De nouvelles usinessont ensuite créées à Levallois (1922), Saint-Ouen(1924), Clichy (1925). Cette chaîne de montage amèneà s’interroger sur les méthodes de production. On yretrouve la rationalisation de l’espace et des moyens deproduction. Le travail à la chaîne permet des productionsplus importantes comme l’indique la perspective de laphotographie

Doc. 10 : Une grande partie des éléments du débat surles méthodes de Ford est reprise sur cette affiche d’uncomité de grève qui s’organise dans les usines Renaulten 1913, année où l’entreprise connaît ses premiersmouvements sociaux. À la veille de la Première Guerremondiale, l’usine compte près de 5 000 employés. Lepoint de vue des ouvriers est clairement explicité. Ledocument témoigne aussi du développement de mouve-ments de revendications ainsi que des moyens d’action.

Doc. 11 : Le développement de la filière automobile estmarqué par la concentration des entreprises, par rachatou fusion. C’est le cas ici des sociétés Mercedes et Benzen 1926. Le document montre que la fusion d’entrepri-ses résulte d’une approche pragmatique. Il s’agit pour lesdeux sociétés de tirer des avantages concrets de ceprocessus : partage de technologie et de savoir-faire, gainsde productivité, extension à l’échelle mondiale de la distri-bution de leurs automobiles.

– Réponses aux questions1. L’usine Boulogne Billancourt illustre le succès et la puis-sance de la filière automobile en France dans l’entre-deux-guerres. Cette installation représente un quartier industrielde la banlieue parisienne de 120 ha intégrant l’île Seguin.C’est un espace de production rassemblant 17 000machines outils et 30 000 ouvriers faisant vivre300 000 personnes. C’est un espace de consommationde matières premières (100 000 tonnes d’acier) etd’énergie (65 000 kW). La présence de la centrale ther-mique et de la piste d’essai en sous-sol renforce le carac-tère moderne et la puissance de ce site industriel.

2. Le développement de la production automobileaccentue l’émulation aux niveaux des innovations et de

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la productivité. La fusion industrielle offre la possibilitéaux industriels de partager leur savoir-faire, les coûts dela recherche et de la production et de conquérir desnouveaux marchés. La filière automobile intègre à la foisune dimension horizontale (interactions avec les autresactivités) et verticale (le produit avec tous les stades del’élaboration). Elle s’organise autour de la production, dela transformation, de la commercialisation du produit dansle cadre de groupes industriels, fruits d’une concentrationd’entreprises (Mercedes-Benz).

3. La chaîne de montage de l’usine Citroën illustre lesnouvelles méthodes de production. On distingue une utili-sation rationnelle de l’espace, des moyens de productionet de la main-d’œuvre. Il s’agit de produire de manièrestandardisée, un nombre croissant de véhicules dans untemps donné, en réduisant au mieux déplacements etgestes inutiles. La production est segmentée en tâchesdifférentes, l’ouvrier réalisant toujours la même. Cesméthodes sont contestées par les ouvriers qui dénoncentla déshumanisation du travail, les cadences chronomé-trées et la dévalorisation des savoir-faire. L’adhésion àun syndicat et la grève apparaissent comme des moyensde réaction. On se reportera également aux Tempsmodernes de Charlie Chaplin.

4. L’adoption de nouvelles méthodes de production inspi-rées par Taylor, adaptées à la filière automobile par Fordet reprises en France par Renault et Citroën, permet unepremière croissance de la production automobile au prixd’une adaptation des sites de production comme àBoulogne-Billancourt. Les contraintes de la concurrenceconduisent à la concentration d’entreprises et à laformation de groupes à l’image de Mercedes-Benz.Ceux-ci permettent des gains de productivité. La diver-sification de l’offre, la stimulation de la demande par desopérations publicitaires et un enrichissement global desconsommateurs favorisent cette production de masse.

– Présentation des documentsDoc. 12 : La démocratisation de l’automobile est possiblepar une production certes moins onéreuse mais égalementpas des possibilités de crédit illustrées par cette publi-cité de la société Renault. La DIAC (Diffusion industrielleet automobile pour le crédit) est un organisme de cettesociété qui propose des prêts pour faciliter l’achat duvéhicule. On remarquera la référence aux États-Unis oùces crédits sont déjà pratiqués. Expliquer que le créditn’est pas une « tare » revient à rappeler que la démo-cratisation de l’automobile s’est accompagnée d’unchangement profond des mentalités face à la consom-mation, elle-même stimulée par l’achat à crédit.

Doc. 13 : Le succès de l’automobile s’explique par lesavantages et les facilités qu’elle procure. Elle résulte aussides campagnes de promotion. La publicité, les expositionsinternationales ou encore les grands magasins ont

3. Vers une société de l’automobile,p. 32-33

contribué largement à susciter la consommation. Citroënfait preuve sur ce point d’originalité. C’est ainsi qu’en1922, à l’ouverture du 7e salon de l’Auto, un avion écritdans le ciel de Paris le nom de Citroën en lettres de fumées’étirant sur 5 km. Pour rénover les panneaux de signa-lisation routière, Citroën dote la France d’un grandréseau de plaques indicatrices portant son nom. 1922marque aussi le début d’une série d’expéditions en Afriqueet en Asie (doc. 15). De 1925 à 1934, Citroën écrit sonnom sur la Tour Eiffel en lettres lumineuses de 30 m dehaut. On peut mettre en rapport ce document avec lesprécédents en particulier le guide Michelin et la DIAC deRenault.

Doc. 14 : Cette affiche rappelle la politique offensive deRenault d’achat à crédit et illustre la démocratisation del’automobile. Volkswagen est créée en 1936, sur décisiond’Adolf Hitler. Il souhaite que chaque citoyen allemandpuisse posséder une voiture (Volkswagen = voiture dupeuple). La mise en oeuvre est confiée à FerdinandPorsche, alors technicien chez Mercedes. Hitler utilise unetendance générale au profit de sa politique. La « voituredu peuple » reste un slogan plus qu’une réalité jusqu’àla guerre.

Doc. 15 : L’expédition Citroën « Centre-Asie » (30 000 kmde Beyrouth à Pékin), aussi qualifiée de Croisière jaune(1931-1932) est une formidable opération de promotionpour montrer les prouesses technique de ses véhicules.Elle fait suite à la traversée du Sahara (1922-1923) età la Croisière noire (1924-1925). Derrière l’opérationpromotionnelle, on prend la mesure de l’avance techno-logique de l’Europe sur le monde. L’affiche évoque uneautre grande innovation de la période : le cinéma désor-mais parlant.

Doc. 16 : Cette illustration montre à quel point l’auto-mobile est présente dans la vie quotidienne et dans lesmentalités au point qu’elle apparaît incontournable etomniprésente dans ce futur imaginé par l’illustrateur éclec-tique Guy Sabran en 1934. L’automobile est présentedans les différents supports culturels : romans, films,journaux et même la bande dessinée qui, elle aussi, sedémocratise.

– Réponses aux questions1. En plus du rapport qualité prix, Renault vante le recoursau crédit. La DIAC (Diffusion industrielle et automobile pourle crédit, organisme de crédit de la société Renault)propose des possibilités d’achat à crédit. Elle assimilecette pratique à un signe de prospérité inspirée des États-Unis et s’en sert comme un argument commercial. C’estle moyen de stimuler les acquéreurs potentiels nedisposant pas des fonds nécessaires à un achatimmédiat.

2. La promotion de l’automobile auprès des consom-mateurs est offensive. Les groupes industriels ontrecours à tous les supports possibles de publicité(encarts publicitaires dans la presse, publicités lumi-neuses, distribution de tracts publicitaires, expositionsdans les foires et les grands magasins…). Les industriels

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réalisent les premières études de marchés à cet effet. Ilsstimulent l’achat par des propositions de crédit, et parfoisfavorisent l’épargne avec le soutien de l’État comme lemontrent les campagnes de propagande du régime naziavec Volkswagen.

3. La Croisière jaune est une démonstration de la fiabi-lité technique du produit. Elle associe l’automobile au rêve,à l’aventure et à l’exotisme. L’affiche a intégré l’idée quel’automobile est un produit connu. Elle met l’accent surl’exploit réalisé, les prouesses techniques et le dépay-sement. Elle insiste donc sur son usage comme moyende découverte et d’aventure. Le cinéma, autre innovationde l’époque, est utilisé à des fins promotionnelles.

4. La vision du futur du dessinateur Guy Sabran donneà la voiture une position centrale. Les flux de piétons sontdétournés par des passerelles. L’espace urbain estaménagé en fonction de ce mode de transport qui paraîtdominant. L’automobile symbolise la modernité, lamobilité et la liberté. Un effet de saturation de lachaussée peut être interprété comme une mise en gardede l’illustrateur contre un produit qui envahit l’espace devie, contre l’excès de machines, contre un monde en voiede déshumanisation.

5. L’automobile apparaît comme un bien indispensableà la vie quotidienne et un produit de plus en plus acces-sible grâce à l’épargne et au crédit. C’est un objet deliberté qui assure une mobilité sans limite aux usagers.C’est un objet performant et confortable grâce aux inno-vations successives qui permet aux utilisateurs dedépasser leurs limites. Présente dans tous les supportsculturels et artistiques (presse, cinéma, bande dessinée,littérature, peinture…) l’automobile devient un objetd’aventure, d’exotisme, de rêve et de désir.

– Démarche du sujet d’étude• Le traitement du sujet d’étude en approfondissementtel qu’il est proposé permet de revenir sur la probléma-

Le mouvement ouvrier (milieu XIXe

milieu XXe siècle), p. 34-39

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tique centrale abordée précédemment. Elle porte sur lesconséquences de l’industrialisation, à savoir la trans-formation des sociétés et les résistances qui l’accom-pagnent.• Un traitement du sujet d’étude en amont du thème selonla démarche de l’étude de cas pourra s’appuyer sur cetteproblématique qui renvoie plus particulièrement à laleçon 4. Laquelle peut elle-même servir de point de départau traitement de cette partie.• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomieautour du mouvement ouvrier : « Le mouvement ouvrieret les réformes sociales en France » à partir du sujetd’étude et de l’ensemble des thèmes 1 et 3, « Les ouvriersau travail » à partir du sujet d’étude et des leçons.

– Présentation des documentsDoc. 1 : L’alignement des effectifs, la pose, visent àmontrer l’importance de cette entreprise de fabricationde machines-outils, qui tient tout autant au nombre et àla discipline de ses ouvriers qu’à la dimension de seslocaux et à la puissance des machines, mises elles aussien évidence. Au cœur de la Ruhr, Düsseldorf illustre lapuissance industrielle allemande.

Doc. 2 : Conscients de la force de leur nombre les ouvrierss’organisent. La syndicalisation à la veille de la PremièreGuerre mondiale est une réalité mais l’engagement resteinégal selon les pays. On remarque que le taux de syndi-calisation ne correspond pas toujours à l’ancienneté dudéveloppement industriel.

Doc. 3 : Les sociétés mutuelles de secours sont une despremières formes d’organisation ouvrière. Elles sontencouragées par l’État qui délivre ici un diplôme d’hon-neur à un mutualiste méritant. Ce soutien permet à l’Étatde limiter son engagement dans le domaine social. En1870 on compte près de 6 000 sociétés de secours et800 000 sociétaires. C’est la loi du 1er avril 1898 quidonne à la mutualité un véritable statut ouvrant tous leschamps d’activité de la protection sociale : assurance vie,assurance invalidité, retraite, œuvres sanitaires etsociales (dispensaires et pharmacies), allocationschômage. En 1900-1901, 15 000 sociétés de secoursmutuel protègent 2,6 millions d’adhérents. Avec les loisde 1928-1930, les mutualistes vont jouer un rôle depremier plan dans leur gestion. L’ordonnance du 19octobre 1945 abroge la charte de 1898 et définit denouvelles orientations aux « sociétés mutualistes », encomplémentarité avec la Sécurité sociale.

Doc. 4 : Il définit l’action des sociétés mutuelles. Tout enapportant un soutien matériel, elles permettent de déve-lopper parmi les ouvriers un sentiment de groupe et unesprit solidaire. Elles contribuent dans le même tempsà une forme de contrôle social.

1. Un mouvement organisé, p. 34-35

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Doc. 5 : Les ouvriers créent des syndicats capables dedéfendre leurs intérêts, y compris dans un rapport de forceavec les patrons. Ici, l’organisation ne se limite à unedéfense de type corporatif mais prône une actioncommune avec les chambres syndicales des autres profes-sions.

Doc. 6 : La seconde moitié du siècle XIXe voit la créationde plusieurs syndicats de cheminots britanniques, parmilesquels l’Amalgamated Society of Railway Servants(ASRS), (1871) et l’Amalgamated Society of LocomotiveEngineers and Firemen (ASLEF) (1880). Vers 1890 lenombre des syndiqués des chemins de fer est d’environ48 000 sur un total de 381 000 travailleurs. Ce chiffrecontinue d’augmenter pour atteindre 116 000 vers1910, les deux tiers des syndiqués appartenant àl’ASRS. La National Union of Railwaymen (NUR) est forméeen 1913 de la réunion de l’ ASRS, de l’United Pointsmenand Signalmen’s Society et de la General Railway WorkersUnion. La bannière du syndicat des chemins de fer renvoieau modèle syndical britannique. Les positions s’inscriventdans une perspective politique de lutte contre la pauvretéet le capitalisme, signe du lien très fort entre les syndi-cats et le parti travailliste.

– Réponse aux questions1. La société de secours mutuels, antérieure aux syndi-cats instaure une forme de solidarité entre les ouvriers quimutualisent une partie de leurs revenus pour bénéficierd’une assistance multiforme. Le diplôme témoigne d’unsoutien aux personnes âgées, d’une assistance médicale,d’une aide à l’instruction et à la garde d’enfants. Le texteinsiste plutôt sur les effets d’un contrôle social sur cettepopulation (baisse de « l’ivrognerie et de débauche »).

2. Le syndicat ouvrier est une association militante, d’as-sistance et de combat. Il participe au renforcement del’esprit de groupe des ouvriers. Il défend les droits desouvriers, lutte pour l’amélioration de leurs conditions detravail et de vie. La bannière du syndicat témoigne d’unedimension politique (voire politisée) du combat ouvrier plusmarquée au Royaume-Uni où le parti travailliste est l’éma-nation politique des syndicats professionnels.

3. La syndicalisation à la veille de la Première Guerremondiale révèle l’engagement inégal des ouvriers. LeRoyaume-Uni et Allemagne affichent une forte syndicali-sation des ouvriers. Il faut examiner avec prudence le tauxde syndiqués pour 10 000 habitants qui ne tient pascompte de la proportion des ouvriers dans cette popu-lation. Le cas français est révélateur : le taux de 2,59 %est à nuancer en raison du caractère majoritairement ruralde cette population avant 1914.

4. Les premières mobilisations ouvrières privilégient l’as-sistance et la solidarité. Elles prennent la forme debourses au travail et de sociétés mutuelles de secours.Le syndicat est une forme de mobilisation plus militanteet de combat. C’est une organisation professionnelle quiporte les revendications des ouvriers dans un rapport deforce avec les patrons et l’État. L’action privilégiée restela grève, d’abord sans, puis avec occupation d’usine. Elle

suscite souvent une répression sévère. La lutte est prolon-gée dans le champ politique par l’intermédiaire des partisréformistes ou révolutionnaires, aboutissant à l’adoptiond’une législation sociale.

– Présentation des documents

Doc. 7 : Cette affiche de Jules Grandjouan (1890-1920)célèbre caricaturiste et affichiste social (voir aussi ledoc. 12) reprend un des thèmes de la lutte des ouvriers :la retraite. Deux arguments dominent : la retraite est troptardive pour les ouvriers compte tenu de leurs conditionsde travail et de vie. La CGT parle de la « retraite desmorts ». Cette confédération syndicale est créée en 1895.Bien qu’ayant réclamé dès cette date le droit à la retraitepour tous, la CGT s’oppose à son congrès de 1910 à laloi du 5 avril sur les retraites ouvrières et paysannes : ellecritique leur gestion par capitalisation.

Doc. 8 : La grève est l’action la plus employée, elle estle moyen de pression efficace pour faire entendre lesdoléances ouvrières. Ici la grève a éclaté dans l’usineRiquier, fabricant de serrures à Fressenneville dans laSomme. La grève se caractérise parfois par des débor-dements violents, comme ici avec la mise à sac de lamaison du patron, et fait l’objet le plus souvent d’unerépression sévère (doc. 12). 18 personnes sont arrêtéesmais aucune n’est condamnée : toutes ayant bénéficiéde l’amnistie.

Doc. 9 : Le document évoque les difficultés de la condi-tion ouvrière en France à la fin du XIXe, à une époque anté-rieure aux réformes sociales majeures. Les revendicationsdes grévistes s’organisent autour de trois thèmes prin-cipaux : les salaires, la première revendication, l’organi-sation et la durée du travail.

Doc. 10 : Cette photographie témoigne d’un effet demasse lors des grandes grèves du « Bel été 36 ». Ellemontre une grève avec occupation de l’usine Renault deBoulogne-Billancourt. L’union et la solidarité entre cesouvriers sont manifestes. Le geste symbolique du poinglevé montre la force de la culture révolutionnaire dans cemilieu des ouvriers d’usine.

Doc. 11 : Ce tableau présente les différentes législationssociales adoptées en Allemagne, en France et auRoyaume-Uni sur l’ensemble de notre période. Il soulignel’intervention claire de l’État dans le domaine social quiexerce à la fois un contrôle et une protection. Ces légis-lations demeurent inégales selon les pays et s’élaborentà des rythmes différents. On notera le rôle précurseur del’Allemagne, avec un système mis en place par Bismarckqui voulait détourner les ouvriers de la social-démocratie.

Doc. 12 : Ce dessin de Grandjouan paru dans L’Assietteau beurre, journal militant et satyrique, dénonce larépression des grèves, et, en particulier, le recours àl’armée. L’auteur assimile les grévistes à des révolu-tionnaires (drapeau rouge) et à des anarchistes (drapeau

2. Revendications et conflits, p. 33-37

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noir). Le rapport de force et la violence dominent la unede ce journal.

– Réponse aux questions1. Le doc. 7 s’élève contre le projet de retraite proposéen France en 1910. La revendication porte sur lemontant de ces retraites, sur la durée des cotisations etl’âge de la retraite, ainsi que sur l’oubli des épouses, enparticulier les veuves. Un autre argument insiste sur lefossé entre le traitement des ouvriers et celui des fonc-tionnaires, en particulier. L’affiche met en accusation uneRépublique qualifiée de bourgeoise par l’auteur.

2. Les ouvriers se font entendre par des actions non-violen-tes comme des campagnes d’information relayées par desjournaux engagés. Le moyen privilégié reste cependantla grève, forme d’expression la plus efficace. Elle peutprendre différentes formes : avec ou sans occupationd’usine, avec manifestation sur la voie publique. Dans cedernier cas, elle porte atteinte à l’ordre public, exerçantainsi une pression supplémentaire sur le pouvoir politique.

3. La réaction de l’État est double. Il peut, d’une part,choisir la répression privilégiant la garantie de l’ordrepublic, en mobilisant même l’armée. D’autre part il répondà certaines revendications ouvrières par l’adoption d’unelégislation sociale.

4. L’amélioration de la condition ouvrière est réalisée entrois temps. La solidarité entre les ouvriers dans le cadredes sociétés mutuelles de secours permet une premièreamélioration de leur condition. La lutte syndicale qui s’ins-crit dans un rapport de force avec le patronat débouchesur de nouveaux acquis, limités cependant à chaque entre-prise. La grève et les manifestations sur la voie publiquecomme l’action politique des partis socialistes contrai-gnent les États à développer une législation sociale.

– Présentation des documentsDoc. 13 : Cette affiche allemande illustre la fraternisationouvrière à l’échelle mondiale. Elle reprend l’appel de KarlMarx adressé aux prolétaires de tous pays à s’unir. Outrela présence d’un ouvrier de chaque continent, onremarque celle, en haut, de l’allégorie de la Liberté. LaIIe Internationale prend la suite de la Ire (1864-1876).Fondée au congrès de Paris en 1889, elle incite à lacréation de sections dans tous les pays et organise descongrès internationaux. Elle est marquée par les conflitsentre réformateurs et révolutionnaires. En mars 1919, uneIIIe Internationale (Komintern) est créée à l’initiative deLénine afin de fédérer les partis communistes. Après cettescission, la IIe Internationale rassemble les partis socia-listes et sociaux-démocrates.

Doc. 15 : En 1875, le programme de Gotha rassembleles propositions des sociaux-démocrates allemands quiont fait le choix de la réforme plutôt que de la révolution.

3. Mouvement ouvrier et politique,p. 38-39

Le projet est à la fois politique – il revendique la démo-cratie et les libertés fondamentales – et social avec lapromotion d’une législation sociale généreuse.

Doc. 16 : Lénine reprend les thèses de Marx sur la luttedes classes, moteur de l’Histoire, dont la logiquedébouche sur le renversement violent de la bourgeoisiepar le prolétariat. Dans cet extrait de L’État et laRévolution, il prône donc un mouvement radical et révo-lutionnaire, fondé sur le combat du capitalisme, pourinstaurer une dictature du prolétariat préalable à unesociété sans classe et sans État.

Doc. 17 : L’extrait du discours de Marcel Cachin auCongrès de Tours de 1920 révèle la division entre lessociaux-démocrates, partisans de la réforme, et les révo-lutionnaires. C’est l’acte de naissance du Parti commu-niste français, groupe majoritaire qui quitte la SFIO, pours’aligner sur le Parti communiste russe.

Doc. 18 : Cette une du journal de la CGT du 8 juin 1936rend compte de la victoire des ouvriers après la signaturedes accords Matignon. Ceux-ci accordent garanties etdroits sociaux ainsi que des augmentations de salaires.Ces accords entre organisations professionnelles sontsignés sous les auspices du nouveau gouvernement deFront populaire.

– Réponses aux questions1. Le slogan de Karl Marx invitait les travailleurs et pluslargement les classes laborieuses à s’unir entre elles, au-delà des frontières, contre les bourgeoisies pour renver-ser l’ordre établi au moyen d’une Révolution. L’Unionsacrée montre lors du déclenchement de la PremièreGuerre mondiale l’échec de cette stratégie. En Francecomme en Allemagne, les syndicats comme les partis degauche ont fait bloc avec les autres partis face àl’ennemi national.

2. Le Parti social-démocrate allemand veut transformerla condition ouvrière en renforçant le statut de citoyen dansun régime plus démocratique et en accordant une légis-lation sociale qui protège davantage l’ouvrier en lui garan-tissant plus de droits.

3. Lénine fait le choix de la Révolution pour donner auxtravailleurs la place qui leur revient selon lui. La dictaturedu prolétariat est une étape révolutionnaire qui doit permet-tre d’abattre le capitalisme. La finalité du projet est d’unesociété sans classes. Cachin fait sienne la stratégie deLénine et appelle à un alignement sur Moscou.

4. Cette une de journal se réjouit de la signature desaccords de Matignon, qui permettent des augmentationssalariales et des garanties sociales supplémentaires. LaCGT est l’une des signataires des accords.

5. Les principes et les valeurs auxquels les syndicats etdes partis politiques adhèrent, les rassemblent. Tousportent les revendications ouvrières, pour l’améliorationdes conditions de vie des travailleurs et pour leur donnerune place correspondant à leur nombre dans la société. Les méthodes d’actions les divisent. Les syndicatsinscrivent leur combat dans le domaine professionnel, et

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ont recours le plus souvent à la grève et aux manifesta-tions. Les partis politiques ouvriers prolongent la lutte dansla vie politique. Les partis communistes (PCF, PCUS…)appellent à la révolution, seul moyen selon eux pourreconstruire la société sur de nouvelles bases. Les partissocialistes font le choix de la réforme et la participationgouvernementale, pour rendre la société plus juste et plusdémocratique.

– Démarche du sujet d’étude • Ce sujet d’étude est proposé en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 18 à 27) car c’est l’industria-lisation qui a déclenché le plus grand mouvement migra-toire de l’histoire.• Cependant, on peut le traiter en étude de cas en déga-geant plusieurs problématiques qui font le lien avec lesleçons : Quelle est la place de l’émigration européenne dansla diffusion de l’industrialisation dans le monde ? (leçon 5) ;En quoi les immigrants sont-ils un facteur de transforma-tion sociale ? (leçons 3 et 4) ; Comment prendre en comptecette mobilité démographique dans le processus d’indus-trialisation et de croissance ? (leçons 1 et 2).• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomieautour de ce sujet : « L’immigration en France » (à partirdu sujet d’étude) ; « Immigration et classe ouvrière (encroisant avec le sujet d’étude Le mouvement ouvrier…,p. 34-39) ; « La domination de l’Europe sur le monde(1850-1939) » (toute la partie Histoire du manuel)…

– Présentation des documentsDoc. 1 : Ce planisphère présente les principaux flux d’émi-gration depuis l’Europe vers tous les autres continents. Entre

1. De l’émigration européenne àl’immigration en Europe, p. 40-41

Immigration et immigrants, p. 40-45

BIBLIOGRAPHIE

– Démier, F., « La société européenne au XIXe siècle,hiérarchies et mobilité sociales », La Documentationphotographique, n° 8024, La Documentation fran-çaise, décembre 2001– Rebérioux, M., Georges, C., Moret, F., « Socialisme etUtopie », La Documentation photographique, n° 8016,La Documentation française, août 2000– Rioux, J.-P., Sirinelli, J.-F. (dir.), Histoire culturelle de laFrance, tome 4, Le temps des masses : le XXe siècle, LeSeuil, 1998, p. 9-201

FILMOGRAPHIE

Claude Berri : Germinal, 1993.

1820 et 1914, c’est plus de 50 millions d’individus qui s’ins-tallent hors d’Europe, dans les « nouveaux mondes ». Lecontinent américain reste la première destination.

Doc. 2 : Ces flux massifs d’émigrants sont inégaux selonles époques et selon les pays d’Europe. En Russie commeen Italie, ces flux croissent sur l’ensemble de la période,en France et en Allemagne, ils atteignent un pic à la findu XIXe siècle et globalement fléchissent dans la premièremoitié du XXe siècle. La Russie compte plus de 1 700 000émigrants de 1851 à 1910 lorsque le Royaume-Uni(Irlande comprise) en compte près de 13,5 millions.

Doc. 3 : Cette photographie tirée du film de Charlie Chaplinillustre le plus puissant flux d’émigration d’Europe. LesÉtats-Unis sont la première destination des Européens.Jusqu’au début du XXe siècle, ce jeune État accueille large-ment les immigrants. L’image est tirée du film The immi-grant (The Mutual Company, 1917). Le film de Chaplinreprend l’image de l’immigrant pauvre, souvent paysan (lesfemmes ont des foulards sur la tête).

Doc. 4 : Ces trois graphiques permettent d’apprécier lasituation des étrangers en France en 1851, en 1901 eten 1931. En raison du droit du sol, la liaison entre étran-gers et immigrés en France est étroite. Les pays fronta-liers sont les pays de départ de la plupart des immigrés.On observe en 1931 le flux important depuis la Pologne,et la montée des flux depuis l’Afrique.

Doc. 5 : La sévère crise démographique de l’entre-deux-guerres amène les responsables politiques à s’interrogersur l’intégration et la naturalisation des émigrés qui pour-raient compenser l’inertie démographique. Le projet deloi de 1927 illustre cette préoccupation. La dernièrephrase de l’extrait témoigne de l’enthousiasme relatif dudéputé et même des craintes que la loi peut susciter.

– Réponses aux questions1. Les Européens se dirigent vers tous les continents, enparticulier les Amériques. Le film de Chaplin rappelle queles États-Unis sont la première destination des Européensde l’Ouest jusqu’au milieu du XIXe siècle, puis desEuropéens de l’Est. L’afflux massif de ces populationsconduit les autorités américaines à construire le port d’EllisIsland. Les migrations vers la Sibérie et le Turkestan illus-trent l’expansion coloniale russe.

2. Entre 1880 et 1890 le Royaume-Uni est en tête despays d’émigration avec 3,2 millions de départs.L’Allemagne et l’Italie en fournissant respectivement 1,3million et 992 000 émigrants sont des foyers d’émigrationimportants. Au début du XXe siècle, le Royaume-Unidemeure un pôle d’émigration important, devancé cepen-dant par l’Italie qui fournit désormais 1,6 million de person-nes. L’émigration allemande s’est effondrée. La Russiedevient le troisième pays d’émigration avec près d’unmillion d’individus dont le plus grand nombre se dirige versla Sibérie ou l’Europe de l’Ouest. La France est très enretrait de ce mouvement : la décennie 1880-1890correspond à un pic d’un peu plus de 100 000 émigrants.

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3. Les effectifs des étrangers montrent que la France estplutôt un pays d’accueil qu’un pays de départ. La part desimmigrés dans la population française s’élève à 1,1 % en1851, 2,6 % en 1901 et 6,5 % en 1931. Elle est doncmultipliée par 6. Sur l’ensemble de la période, les émigrésdes pays frontaliers sont les plus nombreux. La Belgiqueet l’Italie sont les deux premiers pays d’origine jusqu’audébut du XXe siècle. À partir de cette date, on observe unemontée des flux polonais et espagnols. L’arrivée desAfricains témoigne d’une immigration extra-européenne,en liaison avec les relations coloniales de la France.

4. Le député Mallarmé voit dans les émigrés une solutionà la crise démographique. L’intégration de ces populationspeut permettre de compenser le déficit de populationobservé dans les années 1930. Ces populations sontaussi une main-d’œuvre disponible pour participer au déve-loppement économique de la France.

5. L’Europe du milieu du XIXe jusqu’au milieu du XXe siècleest avant tout une terre d’émigration. La transitiondémographique et les conditions économiques et socialessont des facteurs d’explication de ces flux. Le Royaume-Uni (dont l’Irlande) est au XIXe siècle le premier espaced’émigration. L’Italie lui succède au XXe siècle. Certainspays présentent un pic d’émigration dans la décennie1880 (Pays scandinaves, Allemagne, France) avant unenouvelle croissance des flux au début du XXe siècle. À partirde 1870 la Russie s’affirme comme un pays d’émigration.Ses émigrés atteignent presque le million à la veille dela Première Guerre mondiale. La France fait figure d’ex-ception, elle est davantage un pays d’immigration. Sa crisedémographique amplifiée par la Première Guerre mondialerenforce son statut de pays d’accueil. Les immigrés appa-raissent comme une solution à cette préoccupation ainsiqu’une main-d’œuvre de substitution.

– Présentation des documentsDoc. 6 : La couverture de l’almanach du petit colon de1893 met en valeur l’œuvre de la colonisation telle qu’elleest perçue à la fin du XIXe siècle. Elle est illustrée par ledéveloppement urbain, portuaire, agricole. Le chemin defer rappelle l’industrialisation et la modernisation destransports. On retrouve l’idée développée par lesRépublicains d’une France civilisatrice. Le colon symbo-lise ici la population européenne qui a choisi l’Algérie.

Doc. 7 et 8 : Ces deux documents rapportent trois témoi-gnages différents d’immigrés : celui d’un enfant, d’unefemme et d’un homme dans l’entre-deux-guerres. Ilspermettent de suivre trois destins depuis le départ du paysd’origine jusqu’à leur installation. Le premier témoignageévoque une immigration illégale. On retrouve les élémentsdes filières d’immigration avec les passeurs. Les témoi-gnages suivants font état d’une immigration légale etsuscitée par les industriels. Celle-ci bénéficie d’une inté-

2. Partir pour construire une viemeilleure, p. 42-43

gration rapide dans le bassin houiller, avec papiers en règleet octroi d’un logement.

Doc. 9 : Les flux d’émigration ne relèvent pas toujours dela recherche d’un travail : ils sont aussi motivés parfoispar la recherche d’un refuge. C’est le cas de ces popu-lations juives d’Europe centrale (aigle à deux têtesaustro-hongrois) qui cherchent asile aux États-Unis (aigleaméricain). Le départ de ces populations est la consé-quence de l’antisémitisme et des pogroms d’Europecentrale et orientale à la fin du XIXe siècle.

Doc. 10 : La photographie montre une famille polonaisedans la Cité de la Chapelle à Billy-Montigny (Pas-de-Calais)en 1925. Elle est à mettre en relation avec le doc. 8. LesPolonais sont recrutés par des bureaux de la Sociétégénérale d’immigration (SGI) installés en Pologne. Ce sontenviron 700 000 Polonais qui émigrent vers la France dansles années 1920, envoyés dans les mines du Nord–Pas-de-Calais. La photographie évoque le dynamisme démo-graphique de ces populations. On peut mettre en relationcette vue avec le doc. 5, qui reprenait l’idée d’un « dépeu-plement » de la France.

– Réponses aux questions1. L’Algérie d’après cet almanach apparaît comme unedestination attractive : elle offre la possibilité d’une viecalme sans pour autant être archaïque comme entémoigne les relations maritimes, le développement del’urbanisation, la présence du chemin de fer et l’accès àla presse. L’idée de prospérité domine à travers une agri-culture florissante centrée sur la viticulture, l’élevage etla céréaliculture.

2. Les Italiens et les Polonais sont à la recherche d’unemploi, source de revenus. Ils s’orientent vers la filièreindustrielle et minière, où ils trouvent des emplois peuqualifiés. Cette immigration répond souvent à un appeldes employeurs. Ceux-ci se chargent des démarches admi-nistratives. Ils facilitent leur intégration, en proposant deslogements. Cette immigration peut également être plusspontanée par le biais de filières illégales.

3. Les inscriptions hébraïques, en haut du document,permettent d’identifier une immigration juive aux États-Unis. Ce pays est ici un pays refuge pour des populationsvictimes d’un antisémitisme latent en Europe qui s’exprimeparfois par des pogroms en Europe centrale et orientale.

4. Les pays industrialisés trouvent dans l’immigration undouble intérêt. C’est un moyen de compenser parfois unecrise démographique, comme en France. Ces populationsprésentent le plus souvent des comportements démo-graphiques plus dynamiques (doc. 10). Les immigrés sontaussi une main-d’œuvre, souvent meilleur marché, dansun contexte de développement industriel qui crée denombreux emplois.

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– Présentation des documentsDoc. 11 et 12 : La confrontation de ces deux photogra-phies de l’entre-deux-guerres souligne l’ambiguïté de lapolitique d’immigration comme celle de la perception desimmigrés. Le besoin de main-d’œuvre à la fin de la guerreconduit à un accueil festif des immigrés, tandis que la criseéconomique des années 1930 les rend indésirable.

Doc. 13 : Ce document insiste sur la réalité d’une inté-gration à travers le témoignage d’un immigré italien. Lesbals populaires et plus largement les fêtes ouvrières desannées 1930 sont l’occasion d’échanges et de mélangesculturels. La dernière phrase interroge sur les limites deces acculturations : le bal du dimanche n’était-il pasréservé aux seuls Français ?

Doc. 14 : La photographie des enfants d’immigréspolonais recevant des cours de langue et de culture d’ori-gine financés par le gouvernement polonais interroge surle caractère définitif de ces déplacements de population.Cet enseignement peut témoigner de l’attachementdurable au pays d’origine ; il peut montrer aussi la perspec-tive d’un retour envisagé de ces populations. LesPolonais ont en effet beaucoup de mal à s’intégrer. Ilsrestent entre eux et reconstruisent en terre étrangère unemicro-société en exil, en attendant un hypothétiqueretour au pays. C’est ce que constate le préfet du Pas-de-Calais dans un rapport du 11 octobre 1929 : « LesPolonais travaillant aux mines, vivant en groupe, n’ont quepeu ou pas de rapports avec nos ressortissants. Loin deles rechercher, ils s’efforcent de vivre uniquement entreeux, encouragés en cela par leurs ministres du culte etpar leurs autorités consulaires elles-mêmes. »

Doc. 15 : La caricature de Roger Roy, parue dansGringoire (du 18 septembre 1936), journal de la droiteextrême, fasciste, anti-républicaine, anticommuniste et anti-sémite, assimile les populations immigrées, ici lesréfugiés politiques aux déchets de l’Europe qui seraientdéversés sur la France par les régimes autoritaires et tota-litaires limitrophes (Allemagne nazie, Italie fasciste,Espagne franquiste). On peut citer les paroles d’HenriBéraud dans le même journal du 7 août 1936 : « Sommes-nous le dépotoir du monde ? Par toutes nos routesd’accès, transformées en grands collecteurs, coule surnos terres une tourbe de plus en plus grouillante, de plusen plus fétide […]. »

Doc. 16 : Les difficultés des années 1930 amènent legouvernement français à multiplier les mesures restric-tives et répressives à l’encontre des émigrés, ceux quirecherchaient un travail comme ceux qui cherchaient uneterre d’asile (réfugiés espagnols). Ces populations immi-grées demeurent souvent des boucs émissaires face auxdifficultés rencontrées.

3. Vivre l’immigration, p. 44-45– Réponses aux questions1. La petite fête réservée aux immigrants italiens par laville de Puteaux témoigne d’un accueil positif de ces popu-lations. Encadrée parfois par des compatriotes déjà instal-lés, elle est le signe d’une intégration en marche. Les balspopulaires et plus largement les fêtes ouvrières desannées 1930 évoqués par Richard Selva, lui-mêmed’origine italienne, sont l’occasion d’échanges culturels.Le doc. 14 laisse entendre que la génération suivante estdéjà acculturée puisqu’il est offert aux enfants des coursde langue d’origine.

2. La caricature publiée dans Gringoire illustre les senti-ments de rejet de immigrés par les courants les plus réac-tionnaires et les plus hostiles aux immigrés. Ces dernierssont assimilés à des déchets des pays voisins, qui pollue-raient la France. C’est l’expression d’un rejet de ces indi-vidus installés récemment en France et la volontéclairement affichée de les expulser. La crise économiquerenforce ces sentiments d’exclusion et contraignent lesgouvernements à adopter une législation de plus en plusrestrictive, qui conduit finalement à des expulsionscollectives d’immigrés encadrées par les autorités(Leforest, Pas-de-Calais, 1934).

3. Les immigrés sont confrontés à deux types de difficulté.La première est de nature législative et administrative.Dans les années 1930 les lois imposent des contraintesde plus en plus lourdes à ces populations et freinent parconséquent leur intégration. D’autre part, les senti-ments de rejet, de xénophobie, constituent une nouvelleépreuve pour des populations déjà fragiles. L’aggravationdes conditions économiques liées à la crise pèsed’autant plus sur ces populations qu’elles sont souventdes boucs émissaires.

BIBLIOGRAPHIE

– Blanc-Chaleard, M.-C., « Les immigrés et la France XIXe-XXe siècles », La Documentation photographique, LaDocumentation française, n° 8035, 2003– Dewitte, Ph. (dir.), Immigration et intégration, coll. L’étatdes savoirs, La Découverte, Paris, 1999– Schor, R., Histoire de l’immigration en France de la findu XIXe à nos jours, Armand Colin, Paris, 1997– Noiriel, G., Population, immigration et identité nationaleen France, XIXe-XXe siècle, coll. Carré Histoire, Hachette,Paris, 1992– Deroo, É., L’illusion coloniale, édition Taillandier,Paris, 2005– « L’immigration en France au XXe siècle », Historienset Géographes, n° 383, juillet-août 2003

SITES INTERNET

– Histoire sociale de l’immigration :http://barthes.ens.fr/clio– Immigration italienne : http://cedei.univ-paris1.fr– L’exposition permanente de la cité internationale del’immigration : http://www.histoire-immigration.fr/

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Les pages Méthode du thème

L’extrait du Monde d’hier est le témoignage d’un intel-lectuel ouvert, bon connaisseur de l’Europe grâce à sesmultiples voyages, et qui porte un regard sensible et critiquesur la société à laquelle il appartient. Avec du recul, maismarqué par ses souvenirs, il présente dans ces quelqueslignes l’Europe de la Belle Époque, les nouveautés de laseconde révolution industrielle, les changements de la viequotidienne et la naissance d’un esprit européen.

Identifier le document– Il s’agit du témoignage d’un contemporain des événe-ments évoqués. Notons que la rédaction de cette œuvreest tardive par rapport aux faits relatés. – Stefan Zweig, auteur dramatique, essayiste et romancier,est né à Vienne en 1881. De nombreux voyages lui permet-tent de connaître le monde. Il fréquente des intellectuelscontemporains (Romain Rolland) et les milieux pacifistes.Malgré ses convictions, il accepte le devoir patriotique en1914. Déclaré inapte aux combats, il ne prend pas part auxhostilités. Poursuivi par les nazis à cause de son ascen-dance juive, il choisit l’exil. Il termine son autobiographie,Le monde d’hier, avant de s’installer au Brésil en septem-bre 1941. Il se suicide le 22 février 1942.– La bonne compréhension du document nécessite dereplacer l’œuvre dans son contexte. Cet extrait est publiépendant la Seconde Guerre mondiale. Il ne faut pourtantpas s’y tromper, la société décrite est celle de la BelleÉpoque comme en témoigne par exemple l’allusion àBlériot, qui accomplit la traversée de la Manche en 1909. – L’utilisation de ce pronom montre le caractère auto-biographique de l’œuvre. Le lecteur retrouve les grandesmutations du siècle tout en découvrant des éléments dela vie de l’auteur.– L’auteur fait preuve dans ses propos d’un bel optimisteet d’une confiance soutenue, teintée d’une certaine nostal-gie. Celle-ci s’explique par le caractère tardif de la rédac-tion, achevée durant le second conflit mondial.– Le monde d’hier résume le projet littéraire de Zweig. Ils’agit de décrire la Belle Époque, un monde et une sociétéen mouvement, transformés par l’industrialisation, le déve-loppement technologique et économique. C’est untableau dynamique d’un passé désormais révolu.

Analyser et exploiter le document– Les villes subissent de profondes mutations. La popu-lation urbaine s’accroît au rythme de l’arrivée desruraux. Les espaces urbains se dotent de nouveaux équi-pements : éclairage public, transports en commun. Ilsdeviennent des centres de culture grâce aux théâtres,bibliothèques et musées. La vie quotidienne est boule-versée par ces transformations. Les salles de bains, etles commodités se démocratisent. Le téléphone pénètreles milieux petit bourgeois. Les loisirs ne sont plus un luxe

Réponses aux questions, p. 46

réservé à une élite, la réduction du temps de travail permetaux ouvriers d’y accéder. Ces progrès bénéficient à toutel’Europe, ce qui tend à estomper les frontières. « Pour lapremière fois, un sentiment de solidarité européenne »apparaît.– La seconde révolution industrielle est à l’origine de l’es-sentiel de ces changements. Le rythme des découver-tes scientifiques et des innovations s’accélère, commeleur diffusion. Le moteur à explosion, la maîtrise de l’élec-tricité et les progrès de la médecine sont autant defacteurs modifiant la vie quotidienne. La croissance dela production, la création d’emplois conduisent à un lentenrichissement de la population, à une améliorationglobale des conditions de vie.– L’Europe apparaît au sommet de sa puissance dans lediscours de Stefan Zweig. Cette puissance, ressentie parles Européens eux-mêmes, semble faire naître un senti-ment de supériorité. Ce continent se caractérise par sondynamisme et sa modernité. – Le texte de Stefan Zweig semble sur plusieurs pointstrop optimiste. Les progrès de la seconde révolution indus-trielle sont réels mais s’imposent à un rythme lent et irré-gulier en raison des fluctuations économiques. Lesprogrès s’inscrivent également dans une perspectiveconcurrentielle qui exacerbe les rivalités entre lesgrandes puissances économiques. Le protectionnismereste souvent la solution pour protéger les marchés lorsdes crises économiques. Les changements de la vie quoti-dienne profitent encore à une minorité de la population,même si « le prolétariat s’élevait pour prendre sa part ».Les conditions de vie des ouvriers restent difficiles et leslégislations sociales progressent lentement. À « l’espriteuropéen » répondent les réactions xénophobes et l’an-tisémitisme qui traversent les frontières de l’Europe (affaireDreyfus en France). Le point de vue de Stefan Zweig restedonc subjectif. L’écrivain s’abandonne à la nostalgie.

– Le monde évoqué est déjà bien loin de celui qu’il observeau moment où il écrit. À la Belle Époque ont succédé laPremière Guerre mondiale, l’entre-deux-guerres et lamontée des totalitarismes. Le manuscrit est achevé aprèsle déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.

Identifier le document– Le document est un graphique en barres ou histo-gramme. Il montre la répartition et l’évolution du nombred’habitants par véhicule automobile à quatre dates(1913, 1920, 1925, 1930) et pour trois pays (France,États-Unis, Allemagne).– Il s’agit d’un organisme public français, l’Institutnational des statistiques et des études économiques.– La filière automobile est un excellent témoin desavancées technologiques, du développement industriel etde son impact sur les pratiques sociales. C’est une filièrecentrale de la révolution industrielle. Le nombre d’habi-tants par véhicule révèle le taux d’équipement automo-

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bile des populations. Il permet de mesurer leur enri-chissement et les transformations des modes de vie.– Donner une perspective européenne et américaine dudéveloppement de l’automobile. Souligner le rôle desÉtats-Unis pays du fordisme, et montrer la diffusion dumodèle américain en Europe.

Analyser et exploiter le document– Le nombre d’habitants par véhicule chute sur l’ensemblede la période et pour les trois pays retenus.– L’évolution du nombre d’habitants pas véhicule aux États-Unis montre le caractère pionnier de ce pays pour l’in-dustrie automobile. En 1913 le nombre de véhicules auxÉtats-Unis est nettement supérieur proportionnellementà celui des pays européens. Dès 1920, on observe unesituation plancher dans ce pays. À la veille de laPremière Guerre mondiale les pays européens accusentun net retard. Le recul du nombre d’habitants parvéhicule semble plus régulier sur la période concernée.La France apparaît dans une situation intermédiaire. – Les soubresauts économiques n’affectent que partiel-lement le développement de l’industrie automobile dansces pays. La Grande Guerre n’entame pas la croissancede cette filière. Elle semble tout juste accélérer son déve-loppement aux États-Unis et le freiner en Allemagne.L’évolution reste dominée par la croissance industrielle. – Le rythme de développement est très rapide auxÉtats-Unis dès le début de la période ce dont témoignele nombre d’habitants pas automobile en 1913 puis en1920. Le rythme de développement paraît plus irrégulier.L’indicateur en France chute de 42 % alors qu’enAllemagne, il ne baisse que de 22 % sur la même période.Dans la première moitié des années 1920, le rythme dedéveloppement témoigne d’une tendance identique (l’in-dicateur est divisé par trois en Allemagne comme enFrance). La deuxième moitié des années 1920 témoigned’un rythme de développement plus rapide en Francequ’en Allemagne touchée par une récession dès 1928.– Ce graphique témoigne d’évolutions sociales et écono-miques. La baisse du nombre d’habitants par véhiculeautomobile révèle l’augmentation du taux d’équipementdes sociétés et la croissance de leurs pouvoirs d’achat.C’est aussi une indication du changement des modes devie, moins sédentaires, et d’un plus grand accès auxloisirs.

Les pages Horizon Bac du thème

Que représente l’usine dans le processus d’industrialisation ?Face à la concurrence économique, l’usine répond au défid’innovation et de rentabilité. Les industriels doiventproposer des produits sans cesse renouvelés et perfor-mants qui mobilise la recherche scientifique et technique,au coût élevé. Seule une augmentation sensible de laproduction par des machines plus nombreuses et un

Questions à traiter, p. 49

temps d’activité plus long assure un gain de productivitéadéquat pour garantir les profits. Une production indus-trielle implique donc une rationalisation de l’espace deproduction (l’usine) comme des méthodes (le travail à lachaîne, la rotation des personnels). Elle rassemble desmoyens plus importants (machines), de la main d’œuvreplus nombreuse (salariés : ouvriers plus ou moins quali-fiés, contremaîtres et ingénieurs) et des capitaux.L’usine, en remplaçant les ateliers ruraux, témoigne dela concentration industrielle.

Quel est le rôle de la recherche et de l’innovation dans ledéveloppement de l’industrie (milieu XIXe-milieu XXe siècle) ?L’innovation est l’application industrielle d’une invention.C’est un des moteurs du processus d’industrialisation.Celle-ci est stimulée par la machine à vapeur et son appli-cation dans les transports dès le début du XIXe siècle.Associée au rail, elle est à l’origine d’une révolution destransports qui amplifie les échanges et réduit les distan-ces. Le moteur à explosion trouve son application dès1885 dans l’industrie automobile, renouvelant les modesde déplacement. L’innovation n’est cependant qu’un desfacteurs de l’industrialisation. La transition démographiqueamplifiée par les progrès de la médecine en Europe auXIXe siècle conduit à l’augmentation de la population. Cesont autant de consommateurs et de main-d’œuvre pourle développement industriel. L’accumulation de capitaux,par des familles bourgeoises est un autre facteur duprocessus industriel, au même titre que les progrès del’agriculture enregistrés dès la fin du XVIIIe siècle.

Dans quelle mesure l’État est-il un acteur économique ?L’intervention croissante de l’État dans l’activité indus-trielle caractérise l’évolution des économies au début duXXe siècle. Elle se limite alors à des politiques protec-tionnistes. Le développement des administrations est unepremière étape de l’action de l’État dans la vie écono-mique. Cette évolution est renforcée à l’occasion desguerres par des politiques dirigistes. Les crises écono-miques incitent les États à devenir de véritables acteurséconomiques. L’État finance ainsi des travaux d’infras-tructures, indispensables à la modernisation d’un pays(réseaux de transports). Les interventions de l’États’étendent au domaine social dès la fin du XIXe siècle parl’adoption d’une législation destinée à protéger lestravailleurs. Dans le cas des régimes totalitaires, l’Étatimpose un contrôle complet de l’économie.

Réponse Cette iconographie extraite du supplément illustré du quoti-dien populaire Le Petit Journal illustre un mouvement degrève des électriciens à Paris. Ce supplément était acces-sible au grand nombre grâce à son prix modeste de5 centimes. Ce 8 mars 1907, la capitale est plongée dansle noir. La voie publique est bondée, il règne uneatmosphère de désorganisation. Les forces de l’ordre sontprésentes et éclairent de leurs torches les passants. Le

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café reste ouvert : bougies et lampions assurent auxconsommateurs un éclairage minimum.La désorganisation ambiante fait prendre conscience del’importance de l’électricité dans le milieu urbain. Lamodernisation des villes s’est accompagnée d’uneélectrification de l’éclairage public, des commerces etdes habitations. On remarque, en effet, que les immeu-

bles sont également plongés dans le noir. À l’évidence,les électriciens détiennent un puissant moyen depression.Cette grève témoigne de la naissance d’un mouvementsyndical dont les actions révèlent une solidarité quiconcerne de nombreux corps de métier, une organisationet des moyens de revendication efficaces.

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Thème 2

35Thème 2 Guerres et paix (1914-1946)

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Les problématiques du thème

Extrait du programme et des documents Le traitement du manuel Magnardd’accompagnements

A. L’Europe au coeur des grands affrontements

Centrée sur la période 1914-1946, cette séquence place l’Europe au cœur de l’enseignement à travers l’étude des deux guerres mondiales, des totalitarismes, des efforts pour construire la paix.

On présente les événements militaires des deux guerres Cartes-clés : La Première guerre mondiale et sesessentiellement à l’aide de cartes. conséquences, p. 56-57 et L’Europe en guerre (1939-Combinées à une chronologie, les cartes peuvent servir de 1945), p. 58-59support à un rappel de quelques événements clés […]. Repères : frise p. 262-263 et cartes p. 264-265

La Première Guerre mondiale marque durablement les Leçon 1 : La Première guerre mondiale : la brutalité sociétés par le renforcement de l’État et par l’expérience d’un conflit, p. 60-61de la violence. On posera la question du consentement En quoi la guerre de 1914-1918 atteint-elle un degré de des opinions. violence inconnu jusqu’alors ?On retient surtout l’expérience d’une violence qui atteint Leçon 2 : La Première Guerre mondiale : une guerre une ampleur et un caractère collectif sans précédent […]. totale, p. 62-63

Pourquoi peut-on parler de guerre totale ?

La Seconde Guerre mondiale franchit de nouveaux seuils Leçon 4 : La marche à la guerre (1933-1939), p. 66-67dans la violence du fait des objectifs du nazisme et de Pourquoi, vingt ans après la paix de Versailles, l’Europel’impérialisme japonais, de l’implication des civils, est-elle engagée dans la Seconde Guerre mondiale ?des armes utilisées (bombe atomique). Leçon 5 : La Seconde Guerre mondiale : seconde Elle déplace et dilue les distinctions traditionnelles qui guerre totale, p. 68-69permettaient d’opposer le front et l’arrière. Entre 1939 et 1945, la guerre totale franchit de

nouveaux seuils : lesquels et pourquoi ?Leçon 6 : Les génocides, p. 70-71Comment les nazis organisent-ils l’extermination des Juifs et des Tziganes ?

On oppose les idées-forces des totalitarismes (Allemagne Leçon 3 : Les totalitarismes : des systèmes nouveaux,nazie et URSS stalinienne) et des démocraties, à travers p. 64-65leurs fondements, leurs objectifs, leur fonctionnement. Qu’est-ce qui caractérise les totalitarismes entre les deuxLe but qui n’a été atteint nulle part mais vers lequel ces guerres ?trois régimes ont tendu, a été d’abolir la « société civile » Leçon 4 : La marche à la guerre (1933-1939), p. 66-67en l’absorbant dans cette entreprise collective. Pourquoi, vingt ans après la paix de Versailles, l’Europe

est-elle engagée dans la Seconde Guerre mondiale ?

On décrit et analyse les mécanismes qui entraînent les Leçon 1 : La Première guerre mondiale : la brutalité génocides de la Première Guerre mondiale (Arméniens), d’un conflit, p. 60-61puis de la Seconde Guerre mondiale (Juifs, Tziganes). En quoi la guerre de 1914-1918 atteint-elle un degré de La planification des massacres jusqu’à la volonté violence inconnu jusqu’alors ?d’extermination Leçon 6 : Les génocides, p. 70-71

Comment les nazis organisent-ils l’extermination des Juifs et des Tziganes ?

Guerres et paix (1914-1946)

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Les notions du thème

Les notions du programme : Guerre totale ; Bellicisme ;Pacifisme ; Résistance ; Totalitarisme ; Fascisme ;Nazisme ; Stalinisme ; Crime contre l’humanité ; Crimede guerre ; Génocide.

Les notions se construisent au fur et à mesure des occur-rences tout au long du thème et, plus largement, de l’ap-prentissage de l’élève. Les Repères p. 258-259permettent de faire le point. Cependant, les définitionsproposées doivent rester ouvertes.

La démarche du thème

Ce thème articule les deux notions de guerre et de paixpour la période 1914-1946. La distance temporelle amènede plus en plus à considérer les deux guerres mondialescomme les pièces d’un ensemble plus vaste qui alimentela réflexion et interroge sur l’homme et les sociétés. Afinde conforter ou de fournir les points de repère indispen-sables l’accent a été mis sur les questionnementssuscités par des conflits identifiés dans leurs dimensionsspatiale et chronologique. Cartes, frises, notions, ques-tions et sujets d’études permettent au professeur de cons-truire un parcours dont les balises sont clairementidentifiées par les instructions officielles.

Les pages d’ouverture du thème

– La guerre de 1914-1918 est une rupture majeure,p. 52-53Ancien combattant de la Grande Guerre, John Nash (1893-1977) travaille de mémoire comme nombre de peintresde son temps. Dans cette œuvre d’assez grand format(79,4 x 107,3 cm) conservée à l’Imperial War Museum deLondres, l’artiste évoque l’assaut mené par le First ArtistRifles à Marcoing près de Cambrai, le 30 décembre 1917.L’auteur est l’un des douze rescapés (sur quatre-vingts)des premières minutes de l’assaut. Le cadrage près dusol rend l’ennemi invisible et l’espace à conquérir inac-cessible. La déchirure en zigzag de la tranchée devientune fosse pour les hommes tués par les tirs de prépa-ration d’artillerie. La neige fait ressortir l’ocre de la terreet des visages, le vert des uniformes, le sang perdu etun ciel qui se distingue à peine. L’absence d’emphase,le choix de la simplicité figurative, le climat rendudonnent à cette œuvre une singulière puissance pour direla guerre.

– La paix, p. 54-55Le 14 mai 1945, l’heure est à la célébration de la capi-tulation allemande (8-9 mai 1945). La photographie ennoir et blanc, prise au niveau du sol en contre-plongéemagnifie le défilé. La place de l’Étoile et l’Arc de

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B. La recherche de la paix

De la SDN à l’ONU Sujets d’étude [Approfondissements][Ce sujet d’étude] met l’accent sur le rôle des États et leur De la SDN à l’ONU : la recherche de la paix paraction diplomatique. L’établissement de la Société des l’organisation des États, p. 72-77nations en 1920, puis de l’Organisation des Nations unies, 1. La SDN, des illusions à l’impuissance et l’échecvise à substituer l’arbitrage à la guerre. [L’ONU] tire 2. Née de la victoire, l’ONUles leçons de cette première expérience. 3. Avec l’ONU, un monde nouveau ?

Les grands procès après la Seconde Guerre mondiale Les grands procès après la Seconde Guerre mondiale,On s’intéresse aux procès qui suivent la fin de la p. 78-83Seconde Guerre mondiale en France, en Allemagne 1. Nuremberg-Tokyo, des procès historiques(Nuremberg), au Japon (Tokyo). 2. En France, des procès pour en finir avec les années[…] le travail de deuil ne peut être conduit sans satisfaire noiresà l’exigence de justice. Celle-ci passe par l’organisation 3. Juger le crime contre l’humanitéde procès qui impliquent de définir les crimes avant de condamner les coupables.

Pacifisme et pacifistes À la recherche de la paix : pacifisme et pacifistes,L’aspiration à la paix est dominante en Europe après p. 84-89la Première Guerre mondiale. […] le pacifisme […], 1. Du pacifisme à l’acceptation de la guerreaction militante contre la guerre […], prend des formes 2. Diversité des pacifismesdifférentes selon les motivations et les objectifs poursuivis. 3. Les pacifismes et la montée des périls

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triomphe rétablissent le lien avec les triomphes passéset effacent le défilé de juin 1940. Cependant, la mani-festation est dédiée non à la victoire comme en 1919,mais à la paix. On comprend ainsi pourquoi le photogra-phe a voulu donner force à cette idée en centrant soncliché sur deux fillettes, habillées de robes que l’on devinetricolores rappelant l’alliance franco-américaine (étoileset croix de Lorraine). Le défilé d’unités féminines ainsi quela composition générale signent un renouvellement duregard sur la place des femmes dans une société quiaspire à pérenniser la paix.

Les cartes-clés du thèmeSix cartes clés permettent de situer les principales phasesdes deux conflits mondiaux et les principales modifica-tions territoriales qui en résultent. Elles sont complétéespar la carte p. 264 qui donne les résultats de la victoirealliée en Europe.

Concernant la Première Guerre mondiale, on pourra repérersur la carte 1 p. 56 les principaux États relevant des deuxsystèmes d’alliance. Les offensives des Empires centrauxdurant la période 1914-197 sont signalées et débouchentsur des avantages territoriaux repérables par la localisationdes fronts fin 1917. On rappellera que la sortie de guerrede la Russie est engagée dès 1917 par les deux révo-lutions de février et d’octobre. Les principales batailleset offensives qui permettent le succès de l’Entente sontsignalées. La carte 2 p. 57 illustre la naissance d’uneEurope nouvelle marquée par la disparition des empireset la création de nouveaux États. Les zones démilitariséeset les villes placées sous mandats de la SDN permettentde réfléchir aux rivalités futures, tandis que les territoi-res sous mandats illustrent le partage anglo-français del’Empire ottoman.

Les grandes phases et les principaux résultats enEurope de la Deuxième Guerre mondiale peuvent êtreparcourus à l’aide de 4 cartes p. 58, p. 59, p. 264 etp. 265. La carte p. 58 centrée sur les conquêtes de l’Axedistingue celles de l’Allemagne et de ses alliés. La cartep. 59 peut être étudiée en parallèle. On y retrouve lesgrandes étapes de la libération de l’Afrique du nord et del’Europe. Les territoires encore contrôlés par l’Allemagneau moment de la capitulation peuvent être comparés auxfrontières de l’Allemagne en 1924 : la guerre confrontedes États, mais aussi des idéologies. Il s’agit d’un conflitmené jusqu’à la disparition de l’adversaire. La cartep. 264, montre une Europe aux frontières remodelées par

L’Europe en guerre (1939-1945),p. 58-59

La Première Guerre mondiale,p. 56-57

les vainqueurs. Au lendemain de la Deuxième Guerremondiale, les États-Unis restent présents dans uneAllemagne sans État. Cette présence américaine peut êtremise en regard des gains territoriaux importants del’URSS. Les deux principaux vainqueurs de la guerredominent l’Europe. Ces constats peuvent être prolongéspar l’étude de la carte p. 265 à l’échelle mondiale. En1945, on peut déjà y lire la contestation des mouvementsd’émancipation.

Les leçons du thème

– Présentation des documents

Doc. 1 : Les photographies de combats réels sont très raresdurant la guerre de 1914-1918, les films d’actualités encoreplus. Le danger et la lourdeur du matériel (la caméra reposesur un trépied et pèse 46 kg) l’interdisent. Cette photo-graphie évoque les procédés utilisés par Léon Poirier dansle film pacifiste Verdun, visions d’Histoire réalisé en 1928.Comme sur les photogrammes de Poirier (1884-1968),parfois attribués à des photographes de guerre alle-mands, l’observateur se situe au niveau de la tranchée alle-mande. La claire silhouette du combattant français ausecond plan qui tombe frappé de plein fouet et la proximitédu combat plaident pour la reconstitution. Prise au niveaudu sol, cette vue peut être comparée à l’œuvre de John Nash(p. 52-53). Elle veut nous donner le point de vue descombattants. La bataille de Verdun, qui dure dix mois en1916, par son ampleur et sa brutalité, est devenue labataille- symbole de la Grande Guerre.

Doc. 2 : Cette lettre d’un jeune médecin aux armées, relateavec précision un assaut. Les lieutenants sont des offi-ciers subalternes, chefs de section : menant leurshommes au combat, ils sont particulièrement exposés etsubissent de lourdes pertes. Les sergents sont des sous-officiers appelés à remplacer les officiers tués. Lestatut de la destinataire, la sœur, (et non la mère ou lafiancée qu’il conviendrait d’épargner), explique sans doutele caractère réaliste de la description. Cette lettre de poilucomme beaucoup d’autres a été collectée en 1998, à lasuite d’une opération lancée par Radio France pourrecueillir les archives familiales des auditeurs.

Doc. 3 : Croquis schématique, ce document doit êtrecroisé avec les doc. 1 et 2. Il s’agit d’illustrer le dispo-sitif des lignes de front. L’espace séparant les premièreslignes est appelé glacis ou no man’s land.

Doc. 4 : Ce tableau statistique réalise une comptabilitédes pertes consécutives à la Grande Guerre en Europechez les principaux belligérants (tous ne sont pas cités).La confrontation des données des différentes colonneset entre elles permet d’inférer l’impact différencié de laguerre sur les sociétés qui y sont confrontées.

1. La Première Guerre mondiale : la brutalité d’un conflit, p. 60-61

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Doc. 5 : Cette photographie d’un blessé de la facetémoigne de l’intérêt nouveau porté par les historiens maisaussi par les romanciers et les cinéastes aux consé-quences physiques et psychologiques de la GrandeGuerre (Marc Dugain, La chambre des officiers). Exposéecomme d’autres à l’Historial de Péronne, elle illustre lasituation de rescapés, honorés mais perdus pour la viecivile.

Doc. 6 : Sur les 1,3 millions d’Arméniens massacrés parles Turcs de manière systématique et planifiée en 1915,la majorité meurt sans sépulture. Cette photographie priseen plein air dans la cour d’un hôpital est un des rares docu-ments visuels qui nous sont parvenus sur les massac-res. La vue a certainement été prise par un témoinsoucieux de faire connaître le sort de la minorité armé-nienne de Turquie aux belligérants. Le génocide est le pointd’aboutissement de massacres qui ont commencé bienavant (1895-1896, 1909) mais qui n’ont pas connu lecaractère systématique de 1915-1916. Le 30 mai 1915,une loi autorise les autorités militaires à déporter les popu-lations suspectes de travailler contre leur pays. LesArméniens doivent évacuer leurs résidences. Commencealors une longue marche vers la mort en direction de laMésopotamie. Ceux qui résistent à la faim et à l’épui-sement sont massacrés par des assauts de l’arméeturque. L’ambassadeur des États-Unis en Turquie donnel’alerte. Mais dans l’opinion alliée, le génocide arménienn’est pas dissocié du sort fait aux populations occupées.

– Réponses aux questions1. L’ordre de l’assaut est donné par l’état-major. En théorie,l’offensive a été préparée par des tirs d’artillerie. Mais,le no man’s land se transforme en abattoir. D’abord parceque la proximité des lignes permet aux Allemandsd’ajuster précisément leurs tirs (trois lieutenants tombentdès la sortie des tranchées). Ensuite parce que le réseaude fils de fer qui protège les lignes allemandes, n’a pasété détruit par les tirs de préparation d’artillerie. En février1915, la guerre de tranchées en est techniquement à sesdébuts. Le commandement donne la priorité à l’offensive.

2. Les doc. 1 et 2 rendent compte de la vie des combat-tants en première ligne. Ceux-ci sont confrontés à desconditions extrêmes de violence : un déluge de fer, de terreet de feu s’abat sur eux. Dispersés, livrés à eux mêmes,sur un terrain étiré, ils se construisent des abris dérisoires.Après le combat vient le temps du retour sur les lignesarrières pour les survivants : c’est l’occasion de repren-dre une vie faite de tâches plus ordinaires. Pour lesblessés, la situation est tout autre. La France endénombre plus de 3,5 millions. Les obus de groscalibres déchiquettent les corps par leurs éclats. Le« gueule cassée » fait probablement partie des polymu-tilés, si l’on en juge par ses décorations. Sauvé par lesprogrès de la médecine, sa réinsertion sera difficile. Cesmutilés de guerre sont un rappel terrible pour dessociétés européennes. Les pensions qui leur sontversées ne résistent pas à l’inflation de l’après-guerre.

3. La Grande Guerre fait de 9 à 10 millions de morts. Lespuissances secondaires n’apparaissent pas (Turquie,Serbie, Bulgarie). Le classement donné par le documenthiérarchise les pertes en % de la population totale. Envaleur brute et par ordre décroissant : l’Allemagne, laRussie, l’Autriche-Hongrie et la France sont les plustouchées. En pertes relatives : l’Autriche-Hongrie, laFrance, l’Allemagne, l’Italie, la Russie et la Belgique. Lalongueur de la guerre et des batailles, la puissance du feu,les déficiences des chaînes de soin, l’absence de trêvespermettant d’évacuer les blessés, l’engagement précoceou différé dans la guerre (Italie, É.-U.) expliquent les dispa-rités dans la comptabilité des morts.

4. L’Empire ottoman se situe « à cheval » sur l’Europe etsur l’Asie, frontalier de la Russie, de la Bulgarie et de laGrèce. Il compte de nombreuses minorités dont desArméniens chrétiens. Dans un contexte de guerre totale,ceux-ci sont considérés comme un ennemi intérieur àéliminer. Le génocide est enclenché au lendemain dedébarquement allié des Dardanelles. Les victimesexposées dans cette morgue à ciel ouvert sont toutesciviles.

5. La violence de guerre qui caractérise la Première Guerremondiale est sans équivalent avec les guerres passées.La puissance de feu est démultipliée, les batailles s’éti-rent dans le temps et dans l’espace, des offensivesinutiles ou mal préparées fauchent la jeunesse mobilisée.La guerre fait de 9 à 10 millions de morts parmi les mobi-lisés, elle atteint physiquement des millions de « gueulescassées ». Elle endeuille 1/3 des familles d’Europe etfrappe 1,3 millions de civils arméniens, victimes d’un véri-table génocide avant la lettre (première occurrence dumot : 1944).

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette photographie en noir et blanc est conser-vée à l’Imperial War Museum de Londres. Cadrée en formatpaysage, elle met en évidence les performances produc-tivistes de l’industrie d’armement britannique. La Grande-Bretagne ayant renoncé au volontariat recourt à l’obligationmilitaire. Pour ne pas désorganiser la production, elle faitappel aux femmes (les munitionnettes en France). Ellesne sont pas seules à suppléer les départs, mais ce sontelles qui accaparent d’abord le regard. Le thème de lafemme dans l’industrie d’armement est à la fois un thèmede propagande de guerre et le signe d’une réelle rupturedans le rôle assigné aux femmes par la société.

Doc. 2 : Le document est une affiche placardée dans toutela France en août 1914. Pour une population encore majo-ritairement rurale (55 % de ruraux en 1911), la guerreéclate au pire moment : les mobilisables et une partie desanimaux de trait sont partis. L’aspect de la fiche évoquel’ordre de mobilisation affiché quelques jours plus tôt. Ilest cependant moins impératif. Il s’agit de convaincre les

2. La Première Guerre mondiale :une guerre totale, p. 62-63

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femmes d’assumer une responsabilité vitale : nourrir lepays, approvisionner les combattants.

Doc. 3 : Il s’agit de la une d’un périodique illustré pourenfants, La Croix d’Honneur. Ce périodique est un des deuxtitres spécialisés dans la guerre publiés par le groupe depresse parisien Offenstadt. Ce dernier est un spécialistede la presse pour la jeunesse (voir L’épatant, Cri-cri, Fillette,etc.). Publié depuis janvier 1915, la Croix d’honneur doitson succès à des méthodes reprises et adaptées de lapresse illustrée pour adultes. On y trouve une illustrationgrand format en une pour accrocher le lecteur, des feuille-tons, des photographies à l’intérieur, peu de texte pourne pas rebuter le public, un ton patriotique correspondantà la fois à la règle imposée par les services de censuremais aussi à la demande d’un jeune public affecté parla guerre (pères, frères mobilisés), un prix de ventemodique. C’est par la presse que se gagne aussi « laguerre des enfants » (S. Audoin Rouzeau).

Doc. 4 : Il s’agit d’un bon de souscription à un empruntde guerre allemand. Celui-ci est demeuré inutilisé. Laguerre se prolongeant, la bataille de Verdun (février-décembre 1916) faisant rage, la bataille de la Sommeayant mobilisé des moyens importants, il faut financerl’effort de guerre. La mobilisation de l’épargne des parti-culiers apparaît comme la solution pour les États.L’image associée à la créance assimile le crédit fait à l’Étatà l’impôt du sang versé par les mobilisés.

Doc. 5 : Ces extraits d’un discours prononcé par l’évêqueanglican de Londres en 1915 sont cités par l’historienbritannique Jay Winter (The experience of World War One,1988). Ce discours réagit à la nouvelle du génocidearménien. Cela amène le prélat à définir les enjeux idéo-logiques du conflit. On évitera de généraliser cetteposition à l’ensemble des Eglises. Dès novembre 1914,Benoît XV dénonce la guerre dans son encyclique Ad beatis-simi : « De tous côtés domine la triste image de la guerre,et il n’y a pour ainsi dire pas d’autre pensée, qui occupeles esprits. Des nations – les plus puissantes et les plusconsidérables – sont aux prises : faut-il s’étonner si, munisd’engins épouvantables, dus aux derniers progrès de l’artmilitaire, elles visent pour ainsi dire à s’entre-détruire avecdes raffinements de barbarie ? Plus de limites auxruines et au carnage : chaque jour la terre, inondée parde nouveaux ruisseaux de sang, se couvre de morts etde blessés. » Ses tentatives de médiation et sa propo-sition de « paix blanche » le 1er août 1917 ne seront pasentendues.

– Réponses aux questions1. La Première Guerre mondiale est aussi une guerre dela production. Des industries civiles sont reconverties enusines d’armement organisées pour la production demasse de produits standardisés (obus, par exemple).Femmes et jeunes gens sont utilisés dans des industriesjusqu’alors réservées aux hommes. La part des femmesdans l’industrie métallurgique passe ainsi en France de7 à 20 %. Les conditions de travail sont dures pour cescombattants d’un nouveau genre. Les salaires sont

faibles, les horaires s’allongent, la syndicalisation recule,avant de remonter à partir de 1917.

2. Les emprunts sont destinés à financer les dépensesextraordinaires des États engagés dans la guerre. En l’ab-sence de fonds suffisants pour assurer l’équipement desarmées et l’approvisionnement du front, les États setournent vers l’impôt et vers l’épargne individuelle.Donner son or compense le sang que l’on n’offre pas àla patrie. En conséquence, la dette publique est multipliéepar 8 en France, par 30 en Allemagne.

3. C’est parce que les hommes sont mobilisés que lesfemmes sont sollicitées par Viviani. Les femmes onttoujours été utilisées aux travaux des champs, mais il neleur appartenait pas de décider de la date des moissons,de labourer ou de faucher. La guerre leur impose destravaux supplémentaires, exténuants, les hommes contrô-lant à distance par courrier et depuis le front (voir le rôlede la correspondance).

4. La Croix d’Honneur s’adresse à des enfants et recrée,en partie, le conflit. L’uniforme porté par les soldatsfrançais n’est plus constitué en 1916 d’une tunique bleueet d’un pantalon rouge garance, mais de la tenue bleuhorizon avec le casque Adrian. On notera que le dessi-nateur a éclairci le bleu foncé de la tunique de 1914 pourle mettre au goût du jour. Aux soldats français la résolu-tion, aux Allemands la passivité. Alors que ceux-citombent sous l’assaut, il n’y a pas un blessé en face.Inutile de préciser que ce n’est pas le réalisme qui carac-térise cette publication. Cette vision de l’assaut peut êtrecroisée avec le doc. 2 p. 60.

5. Il s’agit de sauver « la liberté », « l’honneur », « ce qu’ily a de plus noble », « le monde », « la civilisation ». Lesatrocités de guerre sont exclusivement et sans récipro-cité imputées à l’ennemi, déloyal depuis l’invasion de laBelgique trahie jusqu’aux Arméniens massacrés.L’adversaire est indifférencié (Turcs et Allemands sontamalgamés). Cette construction de l’altérité n’est paspropre au Royaume-Uni, tous les États belligérants déna-turent l’adversaire au nom des principes mobilisés pourla cause. Ainsi, les Allemands luttent contre le despoterusse, les républicains français contre le Kaiser.

6. La guerre totale mobilise tous les secteurs de la vieéconomique. L’agriculture comme l’industrie sont mobi-lisées pour approvisionner le front. Les civils sont la cibled’une propagande efficace, ils prennent la place dessoldats mobilisés ; ils mettent leur épargne au service dela victoire. La guerre de « défense de la civilisation » contrela barbarie adverse ne peut se passer de l’engagementabsolu de tous les membres des sociétés. C’est de leurdegré d’implication autant que du courage des hommesengagés sur le front que dépend la victoire.

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– Présentation des documents

Doc. 1 : Les deux documents iconographiques illustrentl’embrigadement de la jeunesse en Allemagne et en URSS.Leur étude conjointe permet de retrouver des formescommunes.

a. Le document présenté est sans doute postérieur à laSeconde Guerre mondiale (Staline est en tenue demaréchal), mais il illustre bien une thématique qui se meten place dès les années 1930 : l’enfance reconnaissantecélèbre le « petit père des peuple ». Cela fait écho à lapropagande impériale d’avant 1917. On peut noter quele regard de Staline est dirigé vers ce jeune communisteau foulard rouge des Komsomols. Dans l’édification del’État soviétique la première place est donnée au parti.

b. Cette affiche de propagande nazie date de 1939(83 × 59,4cm, Presse und Propagandaamt derReichsjugendführung). En proposant un modèle idéalisé,elle vise à attirer la jeunesse vers l’organisation nazie.La composition et les détails permettent de mettre envaleur les thèmes essentiels du nazisme : mystique duFührer, en arrière plan, dont la vision ouvre la route à lajeunesse, adhésion de celle-ci au projet et identificationau Führer : les deux regards convergent vers un mêmeavenir.

Doc. 2 : Il s’agit d’un extrait de rapport publié à partir desarchives de la police politique soviétique. Prises par lesAllemands durant la guerre, celles-ci sont tombées auxmains des Américains en 1945. Elles permettent de mieuxconnaître la répression des années 1930. L’extrait metl’accent sur l’ampleur de la répression et sur son appa-rente acceptation. La force répressive, la propagande quifait des victimes les adversaires du régime, les occasionsd’ascension sociale ouvertes par les purges massives,sont des éléments d’explication. La « liquidation deskoulaks en tant que classe » décidée en 1929 entraînedes millions de paysans dans les camps. La famine orga-nisée en Ukraine permet de briser les résistances. Onnotera que la répression touche aussi les villes.

Doc. 3 : La vision raciste du monde mise en œuvre parle nazisme dès son origine, se déploie particulièrementdans l’antisémitisme. Elle constitue les adeptes supposésd’une confession en « race » et les exclut de la société.Les articles 1 et 4 montrent que désormais la citoyennetéallemande est ôtée aux Allemands de confession juive.Les articles 2 et 3 illustrent leur exclusion de la société.Les lois de Nuremberg pourront être resituées dans laprogression qui, avant-guerre, à partir de Mein Kampf, vades exactions des SA et SS, aux pogromes, à la Nuit decristal et aux premières déportations en camps.

Doc. 4 : L’ouvrier et la kolkhozienne de Véra Moukhinacouronne le pavillon soviétique à l’exposition universellede 1937. L’œuvre – emblématique de la mobilisation del’art et des artistes au service du régime – symbolise l’al-liance du prolétariat et de la paysannerie, thème central

3. Les totalitarismes : dessystèmes nouveaux, p. 64-65

de l’idéologie officielle soviétique. Le réalisme socialistequi propose une vision positive et enchantée des réalitéssoviétiques est ici pleinement respecté. On notera queles deux personnages, vainqueurs, se dirigent avecénergie vers « l’avenir radieux » chanté par le régime.

Doc. 5 : La statue d’Arno Brecker est réalisée en 1938.Sculpteur apprécié d’Hitler, reprenant la thématique du nuantique, l’auteur célèbre l’armée allemande et le triomphede la force. Sur le plan artistique son projet peut êtreopposé à celui des artistes condamnés par le régime,regroupés dans l’exposition des « arts dégénérés »tenue à Munich en 1937.

– Réponses aux questions1. Personnifié par le dictateur : guide et référence de lajeunesse.

2. Par la répression de masse qui brise les sociétés,notamment paysannes, mais aussi grâce à l’acceptationd’une part significative de la population.

3. Ils sont exclus de la citoyenneté et de la société alle-mande.

4. L’énergie de l’homme nouveau : homo sovieticus ethomo germanicus. Le triomphe de la force, de la décision,de la jeunesse et du mouvement.

5. En Allemagne et en URSS, le totalitarisme s’exprimepar la propagande omniprésente (affiche, art,) en faveurdu leader charismatique, l’embrigadement de la popula-tion (ici la jeunesse), la répression de masse et l’exclu-sion des groupes entiers de la population.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette carte historique localise les coups de forceallemands. Les oppositions de couleurs s’expliquent parla chronologie des extensions successives : en orange lesespaces rattachés avant 1936, en vert violet brun ce quia lieu après. On distingue les annexions allemandes etles extensions collatérales de la Hongrie. Un facteur d’ex-plication est mis en avant : le pangermanisme. Des flèchessignalent les alliances européennes de l’Allemagne et sescoups de force.

Doc. 2 : Les quatre vignettes mettent en scène lespremiers héros du dessinateur belge de bandes dessinéesHergé (de son vrai nom Georges Rémi, 1907-1983)nommé directeur du Petit Vingtième un supplémenthebdomadaire de jeunesse d’un journal catholiqueconservateur, Le XXe siècle. Créés en 1930, Quick et Flupkesont des ketjes (gamins) de Bruxelles. En 1933, annéede publication de cette série de vignettes, Hergé est à untournant. Il puise dans l’actualité le matériau des aven-tures de ses héros. Son trait s’oriente vers la ligne claired’où disparaissent ombres et volumes. Il signale le dangerreprésenté par le bellicisme des dictatures. La dénon-ciation fonctionne selon un système d’opposition binaire :

4. La marche à la guerre (1933-1939), p. 66-67

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aux discours musclés d’Hitler et Mussolini, Chamberlainet Herriot répondent par des discours incohérent(Chamberlain) ou impuissant (Herriot). Les deux enfants,décontenancés, exprimant le point de vue d’Hergé,manipulent la radio.

Doc. 3 : Il s’agit de la une de l’édition spéciale du quoti-dien Paris-Soir, publié après la signature des accords deMunich, le 1er octobre 1938. La mise en page valorise letitre sous la manchette. Ce quotidien lié au périodiqueMatch dont il assure aussi la promotion, exprime l’opi-nion dominante au lendemain de la rencontre desacteurs de la crise de Munich.

Doc. 4 : L’Époque, quotidien fondé en 1937, est unetribune de la droite nationaliste qui tire à 70 000 exem-plaires. Quelques jours avant la conférence de Munich,le député français se démarque de l’opinion générale etappelle à la méfiance : la sécurité de la Tchécoslovaquieest la condition de la sécurité de la France. Les accordsde Munich sont ratifiés par un vote de confiance de laChambre le 4 octobre 1938. 537 députés (88 %) lesapprouvent contre 73 (dont Henry de Kérillis). Cesaccords ont aussi été l’occasion du premier sondage d’opi-nion en France sous l’égide de l’IFOP, fondé en avril 1938par le sociologue Jean Stoetzel : en septembre 1938, 57 %des sondés les approuvent, tandis que 37 % les jugent« néfastes ».

Doc. 5 : Cette photographie, qui illustre la fin de laTchécoslovaquie, est à mettre en relation avec le texteprécédent. Prise depuis la foule des spectateurs et oubliéedans la presse occidentale, elle donne à voir l’entrée destroupes allemandes motorisées dans Prague. Le documentfait écho aux photographies de l’entrée des troupes alle-mandes en Autriche (doc. 6 p. 73) un an avant. Il permetde voir quelques unes des réactions des Praguois(poings tendus, tristesse, colère).

– Réponses aux questionsIl est possible d’élargir le corpus de documents en s’ap-puyant sur les pages 73, 80-89, 116-117

1. Les coups de force allemands concernent à l’Ouest laremilitarisation de la Rhénanie et la Sarre. À l’Est, ce sontl’Autriche puis la région des Sudètes qui sont annexés(1938). Ces remises en cause du traité de Versailles, sefont au nom du pangermanisme. L’invasion de ce qui restede la Tchécoslovaquie (mars 1939) puis de la Pologne(septembre 1939) se font au nom du droit à l’espace vital(Lebensraum). Pour la Pologne, les deux principes sontmis en avant, l’ouest de la Pologne étant peuplé pourl’essentiel de populations de langue allemande.

2. Hitler, comme Mussolini, tient un discours patriotiqueet guerrier. Ils haranguent les foules et utilisent unegestuelle adaptée. Mais, si tous deux en appellent aupatriotisme et exaltent la guerre, ils ont aussi dessingularités : Hitler désigne les « ennemis du Reich » (lesJuifs), Mussolini en appelle à la jeunesse et lui proposedes idéaux. Les dirigeants britanniques et français,tous deux anciens combattants de la Grande Guerre, enappellent aux valeurs des Anciens combattants et à l’esprit

de Genève. Ils mettent en œuvre, sous des formesdiverses, une politique « d’apaisement ».

3. Henri de Kerillis revient sur la stratégie d’alliances cons-truites par la France dans l’entre-deux-guerres. LaTchécoslovaquie, pays industrialisé doté d’une industried’armement, est une pièce maîtresse des alliances derevers signées par la France après la Grande Guerre. LaTchécoslovaquie abattue, Hitler a les mains libres pourattaquer ses voisins occidentaux.

4. La tribune (gros titre) la Paix, en majuscule et en gras,et la sous-tribune, accaparent 1/4 de la une. Lesoreilles qui encadrent la tribune en déclinent le proces-sus (avant à gauche, après à droite). Les trois photo-graphies insistent sur la complicité, la cordialité desrelations nouées par les chefs de gouvernement ou d’Étatprésents : poignées de main, conversations dans le creuxde l’oreille et sans traducteur, on est dans la mise enscène de la diplomatie ordinaire. Il s’agit d’illustrer unretour à l’ordre après la tension engendrée par l’annexionde la région des Sudètes. Le chef du gouvernementfrançais, Daladier, est salué comme un héros. Chamberlainn’est pas oublié : une souscription est lancée pour lui offrirune « maison de la paix » en France.

5. Les accords de Munich ne mettent pas fin auxannexions allemandes. La Tchécoslovaquie cesse d’exis-ter en mars 1939 et la Pologne est envahie le 1er septem-bre de la même année.

6. Les démocraties libérales attachées au système desécurité collective construit dans les années 1920 et sousla pression de leurs opinions publiques, ne s’opposentpas efficacement aux coups de force allemands. La crisede Munich, provoquée par l’annexion de la région desSudètes, amène les démocraties à entériner au nom del’appeasement l’annexion d’une région appartenant à leuralliée tchécoslovaque. La paix gagnée ainsi est précaire.Les dirigeants français ne sont pas dupes : le réarmementest entamé dès 1935 et accéléré en 1938. Mais lesconcessions successives renforcent encore le belli-cisme allemand : le 1er septembre 1939, l’invasion de laPologne marque le début de la Seconde Guerre mondiale.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette photographie prise depuis une corvettecanadienne (petit bâtiment d’escorte utilisé dans la lutteanti-sous-marine) illustre la guerre de matériel que selivrent les puissances. Entré en guerre une semaine aprèsl’Angleterre, le Canada fournit une contribution essentielleen matériel et en hommes aux alliés. La bataille en coursest celle de l’Atlantique. Les attaques des sous-marinsallemands, sont ciblées sur les convois de bateaux, lesliberty ships, destinés à relier l’Amérique du Nord auRoyaume Uni. Les corvettes canadiennes au prix de pertes

5. La Seconde Guerre mondiale,seconde guerre totale, p. 68-69

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importantes contribuent à sécuriser l’acheminement deces convois.

Doc. 2 : Ce texte est composé d’extraits d’un discoursdu président des États-Unis, Franklin Delano Roosevelt.Prononcé le 6 janvier 1942, un mois après l’agressionnippone contre Pearl Harbor par un président à mi-parcours de son troisième mandat, ce discours s’adressed’abord aux Américains. Il s’adresse aussi aux alliés desÉtats-Unis : la Grande Bretagne et l’URSS. Il s’adresse,enfin, à l’adversaire. Aux uns et aux autres, il rappelle lecaractère idéologique de la guerre. Cette dernière est laconfrontation, jusqu’à la défaite de l’adversaire, de prin-cipes diamétralement opposés. Le Victory program,ambitieux programme de production d’armements serala première arme de ce combat.

Doc. 3 : Cette affiche allemande placardée sur les mursde Paris le 29 août 1941 n’est pas complète. En zoneoccupée, le document en langue allemande vient toujoursen premier (doc. 22 p. 121). Rédigée par les forces d’oc-cupation, cette affiche diffusée après l’exécution des troisrésistants a une fonction d’exemplarité. D’Estienned’Orves, Barlier et Doornik ont été jugés par un tribunalmilitaire pour résistance. Le premier, polytechnicienbrillant, a précocement rejoint de Gaulle en Angleterre. Surordre du général, il a regagné la France pour organiser unréseau de renseignement. Trahi par un de ses agents, ilest arrêté avec Doornik et Barlier et fusillé au MontValérien. Au-delà de ces trois cas, nombreux seront ceuxqui, par le système des otages et des représailles collec-tives, seront exécutés ou déportés sans être impliquésdans des actes de résistance.

Doc. 4 : Ce tableau de statistiques a été réalisé par deshistoriens dans la vague éditoriale de la commémorationdu cinquantenaire de la fin de la Seconde Guerremondiale. Il ne prétend pas à l’exhaustivité. Un certainnombre de pays jugés secondaires ne figurent pas. Onnotera qu’il ne s’agit que d’estimations : tous lesnombres sont des valeurs arrondies, la comptabilité estapproximative (importance des disparus, difficultés àétablir la mort de certains déportés, brassage de popu-lations qui faussent les comptes, puissance des armesqui ne laissent pas de corps). Par son importance, par laplace des civils, cette comptabilité macabre est l’illus-tration même du franchissement de nouveaux seuils deviolence.

Doc. 5 : Cette photographie officielle est prise en février1945, à la fin de la conférence qui s’est tenue à Yalta,cité balnéaire située en Crimée. Elle illustre à la fois l’al-liance des nations unies contre l’Axe et le nouveau rapportdes forces qui s’esquisse en cette fin de guerre.

Doc 6 : Cette photographie aérienne, prise au lendemaindu 6 août 1945, met en évidence la « guerre dessorciers » (Churchill). La première bombe atomique,mise au point après la capitulation allemande du 8 mai,est lancée sur Hiroshima au moment même où des trac-tations ont lieu entre États-Unis et Japon. C’est à HarryTruman, tout récent président suite à la mort deRoosevelt, qu’est revenu la décision d’utiliser cette

arme. Hiroshima, port industriel au Sud de l’île de Honshu,est une plaque tournante de l’accueil de réfugiésnippons. La photographie n’a pas pour objet de dénoncerl’arme atomique. Publiée dans la presse américaine eteuropéenne, elle donne matière à l’exaltation de la puis-sance de feu américaine. En France, Albert Camus dansle quotidien Combat fait entendre une voix discordante.

– Réponses aux questions1. L’effort de guerre allié se traduit par la mise en placed’un programme d’armement sans équivalent dans l’his-toire de la guerre. Lancé en janvier 1942, ce programmefixe aux industries d’armement américaines des objectifsà atteindre (60 000 avions, 45 000 chars, 8 millions detonnes de bateaux en 1942). Il définit des procédures,détermine des modalités de financement. Pour gagner laguerre, les États-Unis affirment le rôle de l’État dans l’éco-nomie. Ils mettent en place un véritable pont maritime pourfournir à leurs alliés l’équipement et le ravitaillementindispensables à l’effort de guerre. Les progrès techniquespermettent de lutter, avec une certaine efficacité, contreles sous-marins allemands qui s’efforcent de désorganiserce pont maritime. La guerre, mondiale, ne peut se terminerque par la disparition d’un des adversaires.

2. Alors qu’entre 1914 et 1918 la guerre tuait d’aborddes combattants et endeuillait l’arrière, celle de 1939 à1945 ignore la distinction civils-combattants. Les soldatstués sont généralement moins nombreux que les civilsatteints par les bombardements systématiques, lespassages des armées, les représailles, les génocides. Ilssont également particulièrement éprouvés lorsqu’ilss’engagent dans les mouvements et réseaux résis-tants. Soumis au rationnement, ils sont vulnérables auxmaladies. Le Canada, les États-Unis ne pleurent que dessoldats tués au combat : leur territoire a été préservé detoute invasion. Aux 50 à 60 millions de morts officiels dela guerre, il faut ajouter des (dizaines de ?) millions decivils chinois, victimes de massacres de masse.

3. Un avion, une bombe, 70 000 morts sans compter lesdizaines de milliers de victimes qui meurent des suitesdes radiations reçues le 6 août 1945 : sur le plan « tech-nique » l’opération est efficace. Déjà entamée par laGrande Guerre, l’idée d’un progrès continu fondé sur lesdécouvertes scientifiques et technique, ne résiste ni à labombe atomique ni à la découverte des génocides. Lancéecontre une population citadine qui n’abrite pas d’arsenalou de troupes, la bombe A mise au point par une équipede savants de toutes origines est expérimentée in vivo enaoût 1945.

4. La Seconde Guerre mondiale met en œuvre des armesnouvelles. Pour remporter la victoire indispensable dansle cadre d’une confrontation d’idéologies adverses, lesbelligérants réorganisent leur économie en économie deguerre. Les États-Unis sont les plus à même de conce-voir un programme d’armement efficace, le Victoryprogram. Plus encore que durant la Première Guerremondiale, les civils sont mobilisés par la guerre : ils lafinancent, ils y participent en s’engageant dans des orga-

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nisations de résistance, ils en sont les premièresvictimes. Jamais de tels efforts n’ont été consentis.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette photographie en noir et blanc est due à unofficier SS. Ni datée ni localisée, elle donne à voir le pointde vue du bourreau. Peut-être prise à l’arrivée d’un convoi,(la gestion des camps a été confiée à la SS), elle permetd’identifier certaines caractéristiques des trains de lamort : le wagon à bestiaux, l’étroitesse de la claire-voiequi laisse entrer le froid en hiver et ne donne pas de fraî-cheur en été, les barbelés grillageant l’ouverture. La déshu-manisation est déjà à l’œuvre : des hommes ne subsisteque le haut de la tête. La photographie ne donne pas àvoir l’arrière-plan : l’entassement, la puanteur, la faim, lespremiers cadavres…

Doc. 2 : Cette carte historique est centrée sur l’Europecentrale et orientale. Elle superpose les frontièresissues de 1937 déjà modifiées et les frontières nouvel-les de l’Europe allemande. Elle distingue trois typesd’espaces concentrationnaires. On mentionnera lescamps de regroupement, les camps de transit –Compiègne, Drancy, Pithiviers (doc. 13 p. 119)… pour laFrance – qui ne figurent pas ici.

Doc. 3 : Changement d’échelle : cette carte donne à voirle camp d’Auschwitz comme un système concentration-naire proliférant. Implanté près de la petite ville polonaised’Oswiecim en 1940, le camp s’étend et se diversifiejusqu’à sa libération en février 1945. Un examen attentifde la carte permet de voir que le camp n’est pas unsystème clos, séparé du monde ordinaire.

Doc. 4 : Marie-Claude Vaillant-Couturier, résistante commu-niste, est arrêtée en février 1942, maintenue au secret,déportée en janvier 1943 à Auschwitz-Birkenau, puis àRavensbrück en août 1944. Ce texte est la retranscrip-tion écrite d’un des rares témoignages oraux utilisés aucours du procès des principaux dirigeants nazis qui se tientà Nuremberg de novembre 1945 à octobre 1946(1. Nuremberg-Tokyo, les procès historiques, p. 78- 83).Ce témoignage, par sa clarté, son souci de précision etde rigueur, sa volonté d’établir des faits (ici recueil etconfrontation de témoignages), le dépassement de l’ex-périence individuelle et la prise en charge d’un destincollectif (« nous ») fait une très forte impression, d’autantplus qu’il émane d’une femme fragilisée par l’épreuve del’internement. Ce sont ces témoignages qui, historique-ment, fondent un premier récit des procédures de gazagedes déportés raciaux. Ils sont confirmés par celui de RudolfHoess, lors de son procès devant le Tribunal spécial dePologne (1947) et par le travail d’archivage et derepérage des traces matérielles et documentairestrouvées à Auschwitz en 1945 ou plus tard.

Doc. 5 : Cette photographie, encore une fois prise par lesbourreaux, se situe au cœur d’un massacre de masse

6. Les génocides, p. 70-71

commis sur les marges occidentales de l’URSS après l’in-vasion allemande (juin 1941). Le génocide est déclenchésur le sol soviétique. Il est le fait d’unités mobiles cons-titué de SS, de policiers allemands, parfois de collabo-rateurs locaux. La procédure de ces massacres de masseest toujours la même : les populations juives et tziganessont séparées du reste de la population, acheminées versdes terrains isolés. Elles creusent une fosse communepuis sont exécutées en masse ou individuellement(repérer les témoins allemands de l’exécution et l’en-tassement des corps en fond de fosse) avant d’êtresommairement ensevelies. La durée des opérations demise à mort (trois jours à Babi Yar près de Kiev pour tuer30 000 personnes en septembre 1941), le contact directentre les victimes et leurs assassins est dévastateur pources derniers et va amener à privilégier d’autres méthodesde meurtre de masse, dont les chambres à gaz généra-lisées à partir de 1942.

Doc. 6 : Le tableau statistique est construit à partir deRaul Hilberg (La destruction des Juifs d’Europe). Les statis-tiques proposées sur ce thème ne sont que des esti-mations : d’abord parce que Juifs et Tziganes ne faisaientpas l’objet avant guerre d’un décompte spécifique ; ensuiteparce qu’avant l’arrivée des alliés, les nazis ont tout faitpour faire disparaître les traces du génocide ; enfin parceque les déportés qui sont acheminés à Birkenau pour êtregazés ne font pas tous l’objet de procédures d’enregis-trement à leur arrivée au camp. Pour réaliser des esti-mations, on évalue donc le nombre de Juifs ou de Tziganespar pays : on en soustrait le nombre de rescapés et l’onobtient un ordre de grandeur des disparus.

– Réponses aux questions1. Trois grands types de camps apparaissent sur la carte.Les ghettos en sont la forme première. Surveillés, grilla-gés, ils sont administrés par les détenus eux mêmes(Judenrat) et constituent des zones de mort lente autantque des camps de regroupement avant la déportation.Les camps de concentration, initialement affectés à larééducation des prisonniers politiques, sont en fait de véri-tables bagnes dont la main-d’œuvre est indéfinimentrenouvelée. Administrés par la SS qui loue parfois lesdétenus à des entreprises privées (doc. 3) ou à des labo-ratoires de recherche, ces camps sont de petitesgalaxies. Autour du camp principal gravitent une multitudede camps secondaires. L’espérance de vie y est dequelques mois. Les camps se situent pour l’essentiel dansles frontières de l’Allemagne de 1937. Certains sontassociés en Europe orientale aux camps d’extermination(camps mixtes).Les camps d’extermination apparus après la conférencede Wannsee (janvier 1942) sont des usines de mort desti-nées principalement aux Juifs et aux Tziganes. Ils sontsitués sur le territoire polonais.

2. Auschwitz II Birkenau se situe à 2 km du villaged’Oswiecim (Auschwitz en polonais) ; les chambres à gazen sont éloignées de 2,5 km ; la voie ferrée qui alimentele camp ceinture la ville. On en déduit que les habitants

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d’Oswiecim ne peuvent ignorer la destination du camp deBirkenau. Les fumées qui s’échappent des cheminées descrématoires empuantissent la ville. Cela explique que, dès1942, quelques mouvements de résistance polonaistentent d’alerter les dirigeants alliés et l’opinion occi-dentale du génocide en cours.

3. Un tiers de la population tzigane est massacré systé-matiquement, près de la moitié des Juifs d’Europe l’estaussi. Les Juifs dont le sort est mieux étudié ont fait l’objetd’exécutions collectives en URSS, ont disparu dans lesghettos ou pendant leur déportation ou encore d’épui-sement quand ils ont été soumis au travail forcé. Ils sontmassivement morts dans les chambres à gaz à partir de1942.

4. Si l’on peut parler d’industrialisation du crime à proposdes génocides, c’est parce que toutes les procéduresappliquées en temps de paix à la production de massesont affectées à la mort de masse. Les tâches sont parcel-lisées (doc. 4), des usines de mise à mort sont crééesde toutes pièces, les déportés sont acheminés commedu bétail, tués par lots. Leurs restes font l’objet d’unesélection : ce qui peut être récupéré est trié et réutilisé.Leurs corps sont incinérés. L’échelle (des millions demorts), la priorité assignée à l’entreprise de mise à mort(les trains continuent d’acheminer leurs lots de déportésau moment même où les fronts occidentaux et orientauxsont enfoncés) permettent donc bien de parler d’indus-trialisation du crime.

BIBLIOGRAPHIE

– « Auschwitz 1945-2005 », L’Histoire, n° 294, janvier2005– Auschwitz camp de concentration et d’extermination,éditions Le musée d’Auschwitz-Birkenau, Oswieçim,1998– Audoin-Rouzeau, S., Becker, A., Retrouver la guerre,Folio, Gallimard, 1998 – Audoin-Rouzeau, S., La guerre des enfants, A. Colin,1993– Audoin-Rouzeau, S., « La guerre au XXe siècle, 1.L’expérience combattante », La Documentation photo-graphique, n° 8041, La Documentation française,2005– Audoin-Rouzeau, S., « La guerre au XXe siècle,2. L’expérience des civils », La Documentation photo-graphique, n° 8043, La Documentation française,2005– Bock, F., Les sociétés, la guerre et la paix, 1911-1946,A. Colin, 2003– Dufour, J.-L., Vaïsse, M., La Guerre au XXe siècle.Hachette Supérieur, 2003– Hilberg, R., La destruction des Juifs d’Europe, Fayard,1988– Prost, A., Winter, J., Penser la grande guerre, un essaid’historiographie, Seuil, 2004

Les sujets d’étude[Approfondissements] du thème

– Démarche du sujet d’étude• Le traitement du sujet d’étude en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 60 à 71) tel qu’il est proposépermet de revenir sur trois moments abordés dans lapremière partie : Les conséquences de la PremièreGuerre mondiale (leçon 2), la marche à la guerre (leçon 4)et les conséquences de la Seconde Guerre mondiale(leçon 5).

• Le traitement proposé du sujet d’étude en amont duthème selon la démarche de l’étude de cas reprendra lespoints du Faire le point sur le sujet d’étude, p. 77 en lescontextualisant : Pourquoi la SDN ? (leçons 1 et 2) ;Pourquoi la SDN a-t-elle échoué ? (leçons 3 et 4) ;Pourquoi l’ONU ? (leçons 5 et 6).

• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomie :« La SDN et les coups de force des dictatures », à partirdu sujet d’étude et des leçons ; et « Le maintien de la paix,d’hier à aujourd’hui » à partir de ce sujet d’étude et decelui sur la Défense nationale p. 122 à 127.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Trois capitales étaient candidates pour accueillirle siège de la SDN. La Haye avait pour elle le souvenir desconférences de 1889 et 1907, l’existence du palais dela Paix édifié grâce à la fondation Carnegie et la présence

1. La SDN, des illusions de la paix à l’impuissance et l’échec, p. 72-73

De la SDN à l’ONU : la recherche de la paix par l’organisation des États, p. 72-77

– Rousseau, F., (dir.), Guerres, paix et sociétés. 1911-1946, Atlande, 2004– Rousseau, F., (dir.), La guerre censurée. Une histoiredes combattants européens de 14-18, Seuil, 1999– Wievorka, A., Le procès de Nuremberg, Le Mémorialde Caen, 2005

Sites Internet

– Dans l’atelier cartographique de Sciences-po Paris (enligne), fonds de carte : Europe en 1914, Europe en1938, Europe en 1947 ; cartothèque : camp d’exter-mination d’Auschwitz-Birkenau (plans).

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de la cour permanente d’arbitrage. Bruxelles, soutenuepar la France, est récusée par le président Wilson pourqui le poids de la guerre et le souvenir des combats yétaient rédhibitoires. Le siège de la SDN est fixé à Genève,capitale historique du calvinisme, siège de la Croix Rougeet surtout métropole d’un État neutre. La première assem-blée, convoquée par le président Wilson, eut lieu en 1920.On voit sur la photographie l’importance de la participa-tion. Le travail est facilité par la création de six commis-sions qui proposent des rapports ou des résolutions.L’assemblée plénière les adopte ou les rejette.

Doc. 2 : Deux grandes périodes peuvent être distinguéesdans l’évolution de la composition de la SDN.Juridiquement, jusqu’au milieu des années 1930, lenombre d’États membres progresse pour atteindre un pic– avec 60 pays adhérents – en 1934. À partir de cettedate, la régression est rapide, même si 44 États sonttoujours formellement adhérents de la SDN en 1944.Politiquement, le rythme est un peu différent puisque lesÉtats démissionnaires doivent respecter un délai de deuxans avant de quitter effectivement l’organisation. Le Japona pris la décision de quitter la SDN le 27 mars 1933 illus-trant ainsi la première démonstration d’impuissance del’organisation internationale impliquant une grande puis-sance. La sortie de l’Allemagne est annoncée le 14octobre 1933, alors qu’est réunie la Conférence pour laréduction et la limitation des armements. L’Italie, aprèsavoir été condamnée par la SDN qui essaye de mettre enplace des sanctions consécutives à l’agression del’Ethiopie, décide sa sortie de l’organisation internationaleà l’automne 1936, mais reste juridiquement membrejusqu’en 1939.

Doc. 3 : De 1925 à 1931, le ministre des Affaires étran-gères français tente de réconcilier la France et l’Allemagne.Sa politique reçoit un écho favorable chez Stresemann,ministre des affaires étrangères allemand. Le Pacte deLocarno est un premier succès. L’entrée de l’Allemagneà la SDN, le 8 septembre 1926, en est un second. Elleest célébrée avec beaucoup de lyrisme par ce discoursd’Aristide Briand prononcé dans l’enceinte du palais desNations à Genève. Illustration du « briandisme », carac-téristique de « l’esprit de Genève », on y retrouve le thèmede la « guerre-catastrophe humaine » et le rôle essentielque la SDN joue et doit jouer dans l’organisation de la paix.Cette vision a de profondes résonances dans lessociétés des pays satisfaits par la Paix de Versailles. EnFrance et en Angleterre, notamment, elle est défendue parde larges secteurs de l’opinion publique des années 1920.

Doc. 4 : La conférence pour la réduction et la limitationdes armements s’est ouverte en février 1932 dans l’en-thousiasme : une soixante d’États représentés (y comprisles États-Unis et l’URSS), de nombreuses délégations detous ordres. Très vite, les obstacles apparaissent :l’Allemagne se retire de la Conférence et de la SDN, le14 octobre 1933. Le 17 avril 1934, le gouvernementfrançais déclare assurer « désormais sa sécurité par sesmoyens propres ». La caricature illustre l’atmosphère quiprévaut alors : l’arbre qui étend son ombre sur les négo-

ciateurs est fait d’un canon. Ses branches sont des avionsde combat, ses fruits, des obus. À côté les résolutionset les plans pour la paix s’entassent dans la poubelle.Le texte en discussion contient deux indications : « armsembargo et Bolivia Paraguay ». En 1928, à l’occasion d’unincident entre ces deux États, la SDN avait décidé que tousses membres étaient égaux en droits et en devoirs. À cetteépoque, la France – notamment – refuse le réarmementde l’Allemagne, d’où la question de l’égalité des droits etde l’embargo.

Doc. 5 : La liste des coups de force de Hitler contre lapaix permet de cerner les logiques d’agression : réta-blissement du service militaire obligatoire pour disposerd’une armée nombreuse, la remilitarisation de la rivegauche du Rhin, réalisation de l’Anschluss, prise de laTchécoslovaquie qui lui donne le contrôle de son appareilindustriel. L’invasion de la Pologne marque le début dela Seconde Guerre mondiale. On pourra signaler que lesdispositions secrètes du pacte germano-soviétiquesignées 23 août 1939 organisent le dépeçage de laPologne. Le pacte lui-même laissait à Hitler les mainslibres pour commencer la guerre à l’Ouest. Ce documentest à mettre en relation avec la carte 1 p. 66.

Doc. 6 : Cette photographie prise le 12 mars 1938 montreune foule acclamant l’entrée des troupes allemandes enAutriche. L’Anschluss bénéficie de sympathies actives. Leparti pronazi rencontre alors de larges soutiens commel’illustrent les drapeaux et les saluts nazis de la foule aupassage des troupes allemandes. À mettre en relationavec le doc. 5 p. 67.

– Réponses aux questions

1. L’objectif de la SDN, organisation internationale desÉtats, est de garantir la paix. Ses statuts proposent l’ar-bitrage des différends et la mise en place de sanctionscontre les agresseurs éventuels.

2. Les succès de la SDN appartiennent aux années 1920.L’augmentation du nombre de ses membres jusque dansles années 1930 en est un (doc. 2). L’entrée degrandes puissances dans l’organisation en est un autre(Allemagne, doc. 3). La capacité à organiser des plébis-cites dans les zones contestées après la guerre en estun troisième (Haute-Silésie par exemple).

3. Les États-Unis refusent d’adhérer à la SDN, la Russiesoviétique n’y est pas admise avant 1934. L’absence desÉtats-Unis gagnés par « l’isolationnisme » – le sénat refused’approuver le traité de Versailles – rend difficile l’orga-nisation de la paix par la SDN et ses efforts pour la main-tenir. D’autant que son efficacité réelle est conditionnéepar l’accord entre grandes puissances.

4. Les échecs de la SDN se marquent d’abord par larégression du nombre de membres à partir de 1933, l’im-puissance à conclure positivement la Conférence de lapaix ouverte en 1932, l’incapacité d’empêcher les coupsde force du Japon en Asie et de l’Allemagne en Europe.

5. Organisation internationale des États, la SDN n’est pascapable de garantir la paix car les décisions doivent être

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prises à l’unanimité. Ne disposant pas de moyens mili-taires, elle est donc incapable de résister aux coups deforce du Japon, de l’Allemagne et de l’Italie. Les décisionsconcrètes étant conditionnées par l’accord des grandespuissances, celles-ci ont une large responsabilité dansl’impuissance de la SDN.

– Présentation des documentsDoc. 7 : Il s’agit d’une affiche de propagande de la« Grande alliance » durant la Seconde Guerre mondiale.L’accent est mis sur l’union qui fait la force et la puissance.Celle-ci se mesure non au nombre des hommes mais àla puissance de feu. La disposition des drapeaux permetde comprendre la représentation de l’Alliance pour sespromoteurs : au premier plan celui des États-Unis, justeà côté celui de la Grande Bretagne. L’URSS est à droite,séparée des deux autres moteurs de la grande alliancepar celui de la république chinoise (1928-1949).L’expression nations unies est employé dans la charte del’Atlantique (août 1941) pour désigner la grande allianceen formation contre l’Allemagne hitlérienne. Remarque,au premier plan de l’affiche il y a quatre des cinq futursmembres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU…

Doc. 8 : La charte de l’ONU est adoptée le 25 juin 1945à l’unanimité des 50 délégations présentes à la confé-rence de San Francisco. La conférence s’est ouverte le25 avril, alors que la victoire en Europe est certaine, maistandis que la guerre se poursuit dans le Pacifique (capi-tulation japonaise, le 2 septembre 1945). Géogra-phiquement, les 50 délégations présentes rassemblent23 États Américains, 9 pays asiatiques et les 4 pays indé-pendants d’Afrique. 13 États européens sont présents.Les vaincus et les neutres sont absents. L’extraitprésenté met l’accent sur le but de la nouvelle organi-sation: garantir la paix. La paix n’est possible que par lerespect des droits fondamentaux de l’homme, celui dudroit international, la volonté de favoriser le progrès social,à pratiquer la tolérance (on songe aux deux systèmespolitico-économiques qui coexistent chez les vainqueurs),à refuser de l’usage de la force et à recourir aux institu-tions internationales pour régler les différends.

Doc. 9 : L’extrait de l’article du Monde est intéressant parsa date, quelques semaines avant l’adoption de la Charte.On se rappelle que la France a refusé de signer commepuissance invitante n’ayant pas été associée à la confé-rence de Yalta et à la rencontre de Dumberton Oaks quiavaient organisé le cadre global de la nouvelle organi-sation. Le texte rappelle que le poids des cinq grands estdécisif : ils proposent aux petits pays, qui peuvent lesdiscuter, des textes devant être adoptés à la majorité desdeux tiers. Le journaliste met en doute l’efficacité desdispositions qui vont être retenues par la conférence deSan Francisco : l’entente entre les grandes puissancesrestera nécessaire. L’ONU naissante ne pourra être l’or-

2. Née de la victoire, l’ONU, p. 74-75

ganisation internationale démocratique des États, maiscelle du réalisme des grandes puissances.

Doc. 10 : Prise en février 1946, cette photographie illustreun moment de la vie du jeune Conseil de sécurité qui s’estréuni pour la première fois le 17 janvier : disposés autourd’une table en fer à cheval, les délégués des États votent.Derrière eux leurs collaborateurs les assistent. Lesséances du conseil de sécurité sont publiques, sa prési-dence est tournante chaque mois. Le secrétaire généralde l’ONU participe à la discussion sans droit de vote. Sixmembres non permanents sont élus par l’assembléegénérale en tenant compte de la répartition géographique.Ils s’ajoutaient aux cinq puissances disposant du droit deveto (États-Unis, Grande-Bretagne, France, URSS, Chine).À partir de 1966, le nombre des membres non permanentsest porté à dix.

Doc. 11 : Le planisphère rend compte des adhésions àl’ONU en 1945. Au-delà du contraste entre le continentaméricain et l’Afrique, la carte permet d’attirer l’attentionsur le Moyen-Orient, qui est déjà juridiquement indépen-dant pour l’essentiel ainsi qu’une partie significative del’Asie.

Doc. 12 : Cette représentation du système onusien metl’accent sur l’importance du Conseil de sécurité. Ellesignale les rôles du secrétaire général, du conseil écono-mique et social, de la cour de Justice de La Haye. Les insti-tutions spécialisées proviennent souvent d’organisationsantérieures à la Première Guerre mondiale et rassembléesune première fois sous l’égide de la SDN ou d’organisa-tions liées à elle (l’Organisation internationale du travail).

– Réponses aux questions1. Le message de l’affiche est double : les nations sontunies contre les forces de l’Axe (cf. charte de l’Atlantique) ;la puissance née de leur union et de leur mobilisationpermettra la victoire.

2. L’objectif principal de la charte est de garantir la paixqui sera issue de la victoire contre les forces de l’Axe. Pourcela des principes sont posés et une organisationnouvelle des États est mise en place.

3. L’Afrique est peu concernée car elle est, sauf excep-tions, colonisée. Alors que le mouvement de décoloni-sation est largement entamé au Moyen-Orient et amorcéen Asie.

4. Les sièges des organisations associées sont localisésdans les grandes capitales européennes (Genève, Paris,Rome) ou d’Amérique du Nord. On remarque que les insti-tutions associées à fort enjeu économique sont aux États-Unis (FMI, Banque mondiale).

5. Les principaux vainqueurs jouent un rôle fondamentaldans la vie de l’ONU : ils sont membres permanents duConseil de sécurité qui organise le maintien de l’ordre inter-national.

6. L’ONU prend la suite de la SDN en développant deuxaxes de son action. Celui des organisations associées ouspécialisées d’une part, celui de l’organisation de la paixd’autre part. Les premières poursuivent leur vie à travers

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des formes anciennes ou nouvelles (OMS). Le rôle duConseil de sécurité ainsi que la possibilité de faire appelà la force militaire distinguent l’ONU de sa devancière. Celarend possible les interventions concrètes qui auront lieudans la période suivante. Cependant, dans les deux orga-nisations, l’accord des grandes puissances dans l’orga-nisation et le maintien de la paix est essentiel.

– Présentation des documentsDoc. 13 : Editée en 1945, pour célébrer la naissance del’ONU, l’affiche reprend la thématique de la fondation d’unmonde nouveau à partir de la symbolique de l’arbre planté.Si, en France, l’image évoque les arbres de la liberté(1848, notamment), on peut y voir aussi la symboliquede l’arbre de vie : de son jeune tronc partent lesbranches dont les feuilles de même taille sont constituésde drapeaux. L’égalité des États est affirmée. Cependant,les États-Unis sont au faîte en position centrale : peut-on y voir la reconnaissance de leur rôle dans la naissanceet l’organisation de l’ONU ?

Doc. 14 : L’article 73 du chapitre XI de la charte conclutla discussion sur les colonies et les territoires non auto-nomes qui a largement occupé la conférence de SanFrancisco. Le chapitre XI ne prend pas en considérationles territoires sous tutelle et anciens mandats de la SDNqui relèvent des chapitres XII et XIII. Les territoires nonautonomes dont il est question sont les colonies et protec-torats. Les États-Unis, l’URSS, la Chine, les pays arabes,latino-américains et asiatiques sont opposés à la colo-nisation. La France de la conférence de Brazzaville(janvier-février 1944) « écarte toute idée d’autonomie, toutepossibilité d’évolution hors du cadre français et del’empire ». La Grande-Bretagne – sous la pression desdominions – est plus favorable à une évolution, allant pourcertaines colonies jusqu’à une lointaine indépendance.Dès lors, le texte de la Charte se contente d’évoquer « lamission sacrée » de favoriser « dans toute la mesure dupossible » les progrès sociaux et politiques des popula-tions colonisées. Malgré ces limites, bien des délégationsespèrent étendre le régime de tutelle afin que l’évolutionde ces territoires vers l’autonomie et l’indépendance pèsesur le devenir des colonies.

Doc. 15 : L’UNRRA, créée le 9 novembre 1943, est lapremière organisation à porter le nom des Nationsunies. Elle déploie ses efforts dans les zones libérées parles alliés en Europe. Les 2/3 des trois millions de dollarsde secours d’urgence sont apportés par les États-Unis.Les réfugiés et les prisonniers européens et asiatiquessont aidés par l’UNRRA jusqu’à sa disparition en 1949.Lui succèdent alors l’Organisation internationale pour lesréfugiés, puis le Haut-commissariat aux réfugiés à partirde 1951. La photographie, proposée ici sur le mode dureportage, illustre le rôle de l’organisation en Italie : uneinfirmière de l’UNRRA (l’uniforme signe la compétence et

3. Avec l’ONU, un monde nouveau ?,p. 76-77

le professionnalisme) apporte soin et assistance à unenfant nu. La composition renvoie à la thématique artis-tique (et chrétienne) de la mère à l’enfant.

Doc. 16 : L’affiche de l’UNESCO, sur le terrain de l’édu-cation et de la culture, reprend les mêmes procédés. Mais,alors que le document précédent prétendait rendrecompte sur le mode du reportage, la mise en valeur duprojet de l’UNESCO est présentée en mobilisant un artreconnu (la peinture) et ses procédés.

Doc. 17 : À l’initiative de la France et de la Grande-Bretagne, lors de la Conférence des Nations unies pourl’établissement d’une organisation éducative et culturelle(ECO/CONF) réunies à Londres en novembre 1945, estdécidée la création d’une organisation ayant pour but ledéveloppement d’une véritable culture de la paix. Son acteconstitutif déclare vouloir construire une « solidaritéintellectuelle et morale de l’humanité » afin d’empêcherun nouveau conflit. Il est ratifié par vingt États début 1946.Trente États ayant droit de vote participent alors à lapremière conférence générale de Paris. Son premier prési-dent (1946-1948) est le britannique Julian Huxley. Laphotographie permet de repérer la participation des États(drapeaux), et une assistance nombreuse.

– Réponses aux questions1. La naissance de l’ONU est porteuse d’un mondenouveau en train de naître.

2. Des territoires non autonomes. L’ONU recommande defavoriser les progrès politiques et sociaux dans lescolonies, sans qu’il y ait de caractère impératif : « danstoute la mesure du possible », « dans la mesure appro-priée aux conditions particulières de chaque territoire ».

3. L’ONU intervient dans l’aide aux populations, lesréfugiés par exemple, l’éducation et la culture. Le profes-seur pourra ajouter la santé (OMS)…

4. La création de l’ONU exprime la volonté de mettre enplace un monde nouveau, dans la mesure où les fonda-teurs ont, en 1945, le sentiment que les conditions écono-miques, sociales et culturelles contribuent à favoriser lapaix ou la guerre. Ils gardent en mémoire la déstabilisa-tion économique et sociale des années 1930 qui a vuprogresser le bellicisme. Ils sont également sensibles auxaspirations qui s’éveillent dans les colonies. Dès lors, leprojet onusien ne se résume pas à un dispositif desécurité internationale, mais vise à favoriser le dévelop-pement et le progrès pour établir les conditions favora-bles à la paix.

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– Démarche du sujet d’étude• Le traitement du sujet d’étude en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 60 à 71) tel qu’il est proposépermet de revenir sur les conséquences de la SecondeGuerre mondiale (leçons 5 et 6).• Le traitement proposé du sujet d’étude en amont duthème selon la démarche de l’étude de cas reprendra lespoints du Faire le point sur le sujet d’étude, p. 83 en lesresituant dans un questionnement qui est au cœur dusujet : En quoi les procès de Nuremberg et Tokyo sont-ilsune des issues à la violence du premier XXe siècle ?• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomie :« Les génocides », à partir du sujet d’étude et des leçons ;et « La mémoire de Vichy » à partir de ce sujet d’étudeet de celui sur l’année 1940, p. 116 à 121.

– Présentation des documentsDeux photographies en noir et blanc, prises par des photo-graphes accrédités, pour sensibiliser l’opinion à l’im-portance des procès, introduisent au cœur des tribunaux.

Doc. 1 : Plan d’ensemble. Il montre la justice en coursà Nuremberg. Le choix de la ville s’explique par des raisonssymboliques (grands congrès nazis) et pratiques (tribunal,prison et hôtels ont échappé aux bombardements). Laphotographie du procès de Tokyo (doc. 4) répond auxmêmes objectifs. Il s’agit de médiatiser l’ouverture duprocès. Mais le cadrage moins large ne permet pas devoir l’ensemble des protagonistes. Les deux tribunaux ontpour mission exclusive de juger les principaux dirigeantsdu pays.

Doc. 2 : Extrait de l’interrogatoire à charge et à décharged’un des généraux chargés de l’invasion de l’URSS en1941. Von Manstein cité comme témoin fera l’objet d’unprocès ultérieur et sera condamné à une lourde peine de

1. Nuremberg-Tokyo, des procèshistoriques, p. 78-79

Les grands procès après laSeconde Guerre mondiale, p. 78-83

BIBLIOGRAPHIE

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SITE INTERNET

– http://www.un.org/french/

prison. L’interrogatoire est mené par la défense, repré-sentée ici par le Dr Lanternser et par l’accusation, le procu-reur militaire américain Telford Taylor. La procéduresuivie est ici typiquement anglo-saxonne : le tribunal estune salle de travail où accusés et défense présentent destémoins et des preuves, les questionnent et font émergerla vérité.

Doc. 3 : Liste des accusés à Nuremberg, des crimes quileur sont imputés et des sanctions qui les frappent. Cedocument est à compléter par la liste des organisationsnazies, elles aussi jugées : Direction politique du parti nazi,Gestapo (police politique), SS, Jeunesses hitlériennes…Durant le procès les chefs d’accusation ont fini par êtrerassemblés (A+B ; C+D). Ce document élaboré par deshistoriens permet de rendre compte du verdict et dedégager une hiérarchie du crime.

– Réponses aux questions1. Les accusés à Nuremberg comme à Tokyo sont desresponsables de niveau national. À Nuremberg, on jugedes proches de Hitler, des membres du gouvernement,de l’état-major et de la Haute Administration ainsi que desidéologues. Les principaux responsables sont morts(Hitler, Himmler) ou en fuite (Eichmann). À Tokyo, ce sontessentiellement des militaires de l’Armée de Terre, desdiplomates ou des ministres qui sont jugés. L’empereur,l’aviation, les auteurs d’expériences médicales sur desprisonniers de guerre ne sont pas représentés. Il y a quatrechefs d’accusation à Nuremberg. Le crime contre la paix,le complot contre la paix (finalement regroupé avec leprécédent), les crimes de guerre et le crime contre l’hu-manité qui accapare l’essentiel de l’instruction.

2. Des interprètes traduisent en simultané les débats dansla salle du tribunal. Les accusés doivent pouvoir suivreles débats et les juges issus de quatre nations doiventpouvoir les comprendre et se concerter. Les projection-nistes et l’écran blanc situés entre l’accusation et ladéfense participent de la procédure accusatoire. Lessténographes et greffiers, personnages habituels dans untribunal, sont là pour transcrire et garder trace de la procé-dure. Les journalistes et preneurs de vues sont moins habi-tuels. Pour la postérité, ils doivent filmer les débats,enregistrer les réactions des accusés.

3. Les accusés comprennent les débats. Leur cas estexaminé individuellement. La défense est un droit scru-puleusement respecté. Elle peut citer des témoins àdécharge (doc. 2). La torture et l’invective sont proscri-tes. Les condamnations sont faites sur preuves.L’acquittement est possible, des circonstances atté-nuantes peuvent être prises en compte (doc. 3 et 4).

4. L’accusation s’appuie essentiellement sur des docu-ments. Pièces d’archives (doc. 2), photographies, objetsou films sont systématiquement convoqués pour établirla vérité. Trois films principaux sont montrés : Les campsde concentration nazis (États-Unis), un film soviétiqueconsacré aux camps d’Auschwitz et de Majdanek, un filmde montage d’actualités allemandes, Le Plan nazi. Lestémoins sont peu nombreux à être convoqués. On

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redoute leur fragilité si près de la Libération. Le témoignagede Marie-Claude Vaillant Couturier (doc. 4 p. 70) fait figured’événement.

5. Les procès qui se tiennent à Tokyo et à Nurembergrompent avec les pratiques judiciaires des régimes tota-litaires. Rendus par une cour internationale, ils font lavérité sur les crimes commis durant la guerre. La pratique de l’interrogatoire et du contre-interrogatoire,l’utilisation systématique des documents d’archives,la possibilité laissée aux accusés de se défendre, font duprocès de Nuremberg un procès équitable. À Tokyo,la justice rendue plus tard, à une époque où les relationsinteralliées se tendent est moins convaincante (absencede l’empereur et de ses proches). En faisant émerger laqualification de crime contre l’humanité, le tribunal deNuremberg a forgé un outil juridique indispensable aujugement des acteurs des génocides.

– Présentation des documentsDoc. 5 : Cette vue est prise par le photographe reporterRobert Capa qui a couvert les opérations de débarque-ment en Sicile puis en Normandie. Dans le sillage desarmées de Libération, il peut saisir sur l’instant et fron-talement la manière dont une partie de la population deChartres, à peine libérée, sanctionne la « collaboration hori-zontale ».

Doc. 6 : C’est un autre cortège en banlieue parisiennequi est photographié en octobre 1944. Au moment où deGaulle s’efforce de désarmer les milices patriotiques etd’organiser le retour à l’État de droit, ce cortège montrela « fièvre épuratoire » d’une partie de la population.

Doc. 7 : Les statistiques, réalisées par l’historien améri-cain Peter Novick (L’épuration française 1944-1945,1985) permettent de faire le point sur l’ampleur de l’épu-ration extra-judiciaire et judiciaire. Elles font justice de lalégende noire de l’épuration.

Doc. 8 : Le maréchal Pétain est jugé, à Paris en juillet-août1945 par une cour spéciale, la Haute Cour de Justice. Elleest composée de juges, de parlementaires et de vingt-quatre jurés. La photographie en noir et blanc prise deface, le présente avec l’un de ses avocats maître Isorni.Le cadrage retenu met le spectateur de la photographiedans la ligne de mire des juges et n’est donc pas neutre.

Doc. 9 : Il s’agit d’extraits de l’acte d’accusation dePhilippe Pétain prononcé par le procureur-général Mornet,le 11 août et publié le jour du verdict par le journal LeMonde. Outre l’approximation des chiffres de Mornet (voirla masse d’archives non encore classées), on note lecaractère d’abord politique du réquisitoire. Il s’agit de jugerla collaboration d’État.

Doc. 10 : Le général de Gaulle, dans ses Mémoires deguerre, écrits durant sa traversée du désert et dont le troi-sième et dernier tome est publié après la mise en place

2. En France, des procès pour en finiravec les années noires, p. 80-81

de la Ve République, revient sur l’action de Vichy. Selonson jugement rétrospectif, l’armistice est la fautepremière d’où découlent tous les crimes.

Doc. 11 : La vue a été prise en janvier 1945. RobertBrasillach est l’un des premiers intellectuels à faire l’objetd’un procès pour collaborationnisme.

Doc. 12 : Jean Galtier-Boissière, fondateur de la revue LeCrapouillot, fait une nouvelle fois preuve de son extrêmedistance par rapport à l’information officielle. Dans sonJournal de la Libération, il dénonce les insuffisances desCours d’épuration et exprime un point de vue largementrépandu dans la mouvance du parti communiste.

– Réponses aux questions1. La photographie montre un cortège dans une rue deChartres au moment de la Libération. Femmes, hommeset enfants encadrent une femme tondue qui porte unnouveau né dans ses bras. Les forces de l’ordre sontquasiment absentes. Avec sensibilité, Robert Capa nousplace au cœur du mécanisme de l’épuration extra-judi-ciaire : mouvement irrationnel et collectif qui veut faireexpier les longues années de peur, de souffrance et deprivation à ceux qui incarnent la collaboration. L’épurationextra-judiciaire désigne des coupables, leur fait subir desviolences symboliques ou réelles, les exécute parfoissommairement, la foule s’érigeant en justicière. Cettephotographie, diffusé dans la presse nationale et étran-gère, amène le nouveau pouvoir à mettre très vite en placedes chambres civiques ou des cours de justice pourrestaurer l’ordre.

2. Les accusés sont les responsables politiques du régimede Vichy et les collaborateurs. Philippe Pétain est jugé poursa politique de collaboration avec l’Allemagne (doc. 8 et10 p. 118). Mornet montre que Pétain n’a pas été unbouclier pour la France (voir Horizon Bac, p. 132). DeGaulle revient sur l’armistice, faute originelle de PhilippePétain. Les intellectuels qui ont soutenu la politique anti-sémite de l’Allemagne sont eux aussi les cibles de l’épu-ration judiciaire (Brasillach).

3. Les doc. 7 et 12 mettent en évidence le caractère rela-tivement modéré de l’épuration en France. L’épurationtouche moins de 1 % des Français (près de 6 % desBelges). La peine de mort est prononcée, mais pas systé-matiquement appliquée : par contumace (Céline), suiviede grâce (Pétain) ou commuée (la rigueur des tribunauxs’atténuant avec le temps). Les statistiques montrent quesur 90 089 sanctions, les exécutions représentent1,77 % des verdicts alors que la dégradation nationaletouche presque 56 % des condamnés. Selon Galtier-Boissière, une partie de l’administration (la magistrature,la police et l’armée notamment) et des industrielsdevrait être jugée et ne l’est pas (doc. 12). Le cortègede Stains réclame une épuration plus dure et revendiquel’existence de tribunaux populaires (doc. 6).

4. Dans la France de la Libération, c’est d’abord une justicesommaire et populaire qui est rendue contre les colla-borateurs les plus visibles : « femmes à boches », mili-ciens, commerçants enrichis par le marché noir… Il s’agit

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pour une population très largement attentiste de romprede manière spectaculaire avec l’ordre imposé par lestroupes d’occupation et par Vichy. 9 000 exécutions sefont ainsi hors de tout cadre légal. La restauration de l’Étatde droit se concrétise par de grands procès. Ce sontd’abord les intellectuels qui sont jugés. Viennent ensuiteles plus hauts responsables du régime de Vichy dontPétain. Leurs procès sont ceux de l’armistice et de la colla-boration : le crime contre l’humanité n’est pas retenu,n’étant pas encore intégré au droit français. Au total, l’épu-ration en France se caractérise par son caractère relati-vement modéré. Les peines prononcées sont pour plusde la moitié des dégradations nationales. D’où le mécon-tentement de certains.

– Présentation des documentsDoc. 13 : Extrait d’un ouvrage publié par le FNDIRP etintitulé La Déportation, il illustre de manière concrète lamanière dont les criminels sont identifiés. La procédured’instruction commence d’abord dans les camps. La vueen noir et blanc, ni précisément localisée ni précisémentdatée, oppose un détenu reconnaissable à son uniformerayé à un responsable des camps désigné commecoupable de violences. Des commissions d’enquêterecueillent les témoignages, croisent les témoignages, fontidentifier les criminels et circuler leurs photographies parmiles détenus pour établir les actes d’accusation.

Doc. 14 et 15 : Ce sont des textes normatifs. Lepremier, rédigé à Londres par une équipe de juristes,qualifie, pour les besoins du procès de Nuremberg, uncrime nouveau : le crime contre l’humanité. Cette quali-fication est reprise par l’ONU au terme d’un long proces-sus dont le doc. 15 marque le début. La résolution n’estdéfinitivement adoptée qu’en 1948. Cependant, elle n’estpas accompagnée de la création d’une cour pénale inter-nationale ou de la transformation des statuts du Tribunalmilitaire international de Nuremberg.

Doc. 16 : Cette chronologie marque l’irruption en Francedes procès pour crime contre l’humanité dans lesannées 1970-1980. Font l’objet de procédures desdignitaires nazis extradés par l’Allemagne (Barbie) confor-mément au principe de la déclaration de Moscou (1943)et des Français convaincus de participation au génocide(Touvier, Bousquet et Papon).

Doc. 17 : Ce texte de l’historien Franck Michelin met enévidence les limites du procès de Tokyo.

Doc. 18 : Le noir et blanc et l’atmosphère hivernale decette photographie accroissent encore la dimensiondramatique de cette enquête à Auschwitz. Le documentmet en évidence la manière dont des tribunaux spéciauxnationaux poursuivent l’œuvre entamée à Nuremberg enjugeant avec rigueur les criminels qui avaient jusque làéchappé à la justice. Pour cela, il faut collecter des

3. Juger le crime contre l’humanité,p. 82-83

preuves. La Guerre froide gène la collaboration entreAllemands de l’Ouest et Polonais.

Doc. 19 : Ce dessin de Jean Plantu, publié à la une duMonde en octobre 1999, dénonce la demande derévision du verdict condamnant Maurice Papon. Celui-cia été jugé moins d’un an auparavant par la Cour spécialede Bordeaux.

– Réponses aux questions

1. Le crime contre l’humanité est forgé pour le procès deNuremberg. Il s’agit de qualifier des crimes de masse,préparés systématiquement contre des gens du fait deleur appartenance politique, raciale ou religieuse. Ce chefd’accusation est rétroactif. Il concerne les génocides juifet tzigane. Son universalité lui permet d’être progressi-vement intégré aux juridictions onusienne et nationales.Dans ce dernier cas, les criminels peuvent être extradésou jugés sur leur sol. Il faut noter que l’Europe de l’Ouestmaintient avec plus de ténacité que l’Europe de l’Est lespoursuites engagées contre les criminels identifiés.

2. Commencée avec l’ouverture des camps (1945), laprocédure de recherche de criminels contre l’humanités’étend jusqu’à aujourd’hui. L’imprescriptibilité descrimes contre l’humanité, le rôle de certains enquêteursengagés (services secrets israéliens pour Eichmann, Filset filles de déportés en France), l’intervention de journa-listes investigateurs permettent la comparution tardive decriminels.

3. Cela s’explique d’abord par le fait que nombre decomplices de crimes contre l’humanité ont disparu(Bormann), dissimulent leur passé (Papon, Touvier,Waldheim), se sont réfugiés sous des noms d’empruntdans des pays d’Amérique latine (Barbie). Certains ontbénéficié d’importantes protections pour des raisons poli-tiques (Bousquet) ou de durcissement du contexte inter-national (Unité 731, Hiro-Hito). Des criminels contrel’humanité se cachent aussi parmi les détenus des campsrejoignant leurs bourreaux dans la zone grise du crimedécrite par Primo Lévi.

4. Le procès de Nuremberg en définissant le crime contrel’humanité, donne aux tribunaux nationaux les moyens depoursuivre les auteurs ou les complices des génocides.Ce chef d’accusation est progressivement intégré au droitnational des démocraties et au droit internationalonusien. Le caractère imprescriptible de ces crimesexplique que des procès puissent encore avoir lieu aujour-d’hui. Si certains crimes demeurent impunis, notammentau Japon, le dessin de Plantu illustre bien la sensibilitéde l’opinion. Pour elle, le caractère massif et aveugle dugénocide doit être sanctionné par une lourde peine.

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– Démarche du sujet d’étude• Le traitement du sujet d’étude en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 60 à 71) tel qu’il est proposépermet de revenir principalement sur les conséquencesdirectes et indirectes de la Première Guerre mondiale.• Le traitement proposé du sujet d’étude en amont duthème selon la démarche de l’étude de cas reprendra lespoints de l’encadré de la page 89 en les contextualisant :Comment s’explique la puissance du pacifisme dansl’entre-deux-guerres ? (leçons 1 et 2) ; Pourquoi le paci-fisme n’a-t-il pas empêché une nouvelle guerre ? (leçons3 à 6) ; Pourquoi l’ONU ? (leçons 5 et 6).• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomie :« Les anciens combattants et le pacifisme », à partir dusujet d’étude ; « Le pacifisme et les dictatures » à partirde ce sujet d’étude et des leçons.

– Présentation des documents Doc. 1 : Publié de Suisse en 1915, Au dessus de la mêléereprend les articles de Romain Rolland parus dans leJournal de Genève en 1914. Tolstoïen, l’auteur de Jean-Christophe, célébré par Péguy, est alors dénoncé par l’en-semble de la presse française. Les thématiques qu’ilexpose dans cet extrait seront largement reprises aprèsle conflit. On notera la dénonciation particulière des« tribuns socialistes » qui, après avoir fait campagne contrela guerre, se sont ralliés à l’Union sacrée. Enfin, on pourraretenir l’appel implicite à l’action. À l’issue du conflit, lalittérature pacifiste (Le Feu d’Henri Barbusse, Les Croix

1. Du pacifisme à l’acceptation de la guerre, p. 84-85

À la recherche de la paix :pacifisme et pacifistes, p. 84-91

BIBLIOGRAPHIE

– Auschwitz, camp de concentration et d’extermination,éditions Le musée d’Auschwitz-Birkenau, Oswieçim,1998– Delage, Ch., L’image dans le prétoire. De Nurembergà Milosevic, Denoël, 2006– Wievorka, A., Le procès de Nuremberg, Le Mémorialde Caen, 2005– Poliakov, L., Le procès de Nuremberg, coll. Archives,Gallimard, 1971

FILMOGRAPHIE

– De Nuremberg à Nuremberg de Frédéric Rossif, avecPhilippe Meyer, film français, documentaire, durée : 2 h57 min, 1989.

de bois de Dorgelès et À l’Ouest rien de nouveau d’E.M.Remarque) s’appuie sur l’expérience des tranchéespour refuser la guerre.

Doc. 2 : Le monument aux morts de Gentioux, dans laCreuse, est l’un des très rares monuments explicitementpacifistes. À l’initiative du maire, maréchal-ferrant, anciencombattant touché par les gaz et des anciens combattantslocaux, le monument est érigé en 1922. Cependant, il n’ajamais été inauguré officiellement (la préfecture n’admetpas son caractère pacifiste). Sous la liste des 63victimes, on voit l’inscription « Maudite soit la guerre ».L’enfant orphelin qui désigne l’inscription de son poinglevé (symbolique fortement ancrée à gauche) est un petitpaysan (sabots, casquette) en vêtement d’écolier. À samanière, ce monument refuse la « nationalisation de lamort » (George Mosse). Il illustre le fait que le pacifismen’est pas simplement urbain, mais aussi largement rural,parce que les campagnes comptent une part importantedes victimes de guerre.

Doc. 3 : Cette photo de Roger-Viollet a été prise rue SaintAntoine à Paris, le 14 juillet 1936. Les partisans du« Rassemblement populaire pour le Pain, la Paix et laLiberté » au pouvoir, manifestent dans la suite dessuccès remportés par le mouvement gréviste de mai-juin1936. Le cortège se signale par l’impact visuel dumessage qu’il souhaite délivrer (lettres du mot paix surle toit des véhicules). Il est organisé par le Rassemblementuniversel pour la Paix, créé fin 1935 dans la mouvancecommuniste, mais dont le recrutement s’étend bien au-delà : ses deux co-présidents sont le britannique RobertCecil et Pierre Cot, ministre radical du Front populaire. Lecongrès universel pour la paix réunira 4 900 délégués(dont 2 500 français) venant de 35 pays début septem-bre 1936 à Bruxelles.

Doc. 4 : Dans l’entre-deux-guerres, le parti travailliste estl’un des grands vecteurs, avec les Églises (mesurer l’évo-lution par rapport au doc. 5 p. 63) et les mouvements paci-fistes, du désir de paix en Grande-Bretagne. Les paysanglo-saxons voient se développer des mouvements paci-fistes puissants dans lesquels les références chrétien-nes jouent un rôle important. Le pacifisme s’exprimenotamment par l’affiche. Celle-ci joue sur des thèmeséprouvés : l’enfance innocente contre la brutalité desarmes, le choix des dépenses militaires improductivescontre l’avenir, la morale contre la force. Les résultats duPeace ballot le 27 juillet 1935 disent assez l’impact decette vision : l’appui à la SDN est partagé par presque11,5 millions de Britanniques, plus de 10 millions seprononcent pour des sanctions économiques en casd’agression et presque 7 millions se disent même favo-rables à des sanctions militaires. L’affiche exprime lesinquiétudes d’une opinion publique qui refuse la guerre,alors que se multiplient les agressions bellicistes. Sur leplan gouvernemental, cette attitude se traduit par la poli-tique d’apaisement.

Doc. 5 : Cet extrait de L’Étrange défaite rédigé par MarcBloch (1886-1944) au lendemain de la débâcle de1940, revient sur l’engagement des Français dans la

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guerre. L’historien, ancien combattant et patriote engagé,témoigne à sa manière de la culture de guerre issue dupremier conflit mondial pour une partie de la société fran-çaise (beauté et caractère sacré du sacrifice). Il fait ducaractère idéologique de la Seconde Guerre mondiale undes ressorts de l’acceptation du conflit par ces « Françaisde l’usine ou des campagnes » qui étaient les premiersvisés par l’argumentaire pacifiste.

– Réponses aux questions1. Sous la forme d’une adresse aux élites « guidesmoraux, maîtres de l’opinion, chefs religieux ou laïques[…] » Romain Rolland veut convaincre l’opinion. Partisande la paix en pleine guerre, il dénonce l’absurdité crimi-nelle du conflit qui déchire l’Europe. Écartant l’idée d’unefatalité, il appelle à la reconnaissance des responsabili-tés et implicitement à l’action contre la guerre. Ce faisant,il devient une référence des opposants à la guerre quiseront de plus en plus nombreux et divers à partir del’année 1917.

2. Le refus de la guerre peut se manifester à travers letémoignage des deuils et souffrances de la guerre (ici, lemonument aux morts), l’organisation ou la participationà des manifestations (doc. 3), l’organisation de campa-gnes d’opinion (affiches et sondage privé en GrandeBretagne doc. 4).

3. Dans les documents présentés, l’argumentaire pacifistese déploie sur trois axes, dont l’articulation fait la force.Le premier, moral, s’élève contre le scandale de la mortde masse organisée au cœur de l’Europe civilisée(doc. 1), le deuxième, mobilise les souffrances et les deuilsindividuels consécutifs aux combats (doc. 2), tandis quele troisième, en s’appuyant sur l’image de l’innocenceenfantine, oppose l’avenir aux poids des armes. Cependant,le spectacle de la patrie agressée, renforcé par le carac-tère dictatorial de l’agresseur lève l’hypothèque pacifisteà l’orée de la Seconde Guerre mondiale (doc. 5).

– Présentation des documents Doc. 6 : Des anciens combattants comme de Pouvreau-Baldy veulent sensibiliser l’opinion aux horreurs de laguerre. C’est le sens de cette statuette, intitulée pardérision Vive la guerre et interdite d’exposition au Salondes indépendants par le préfet de police de Paris. Ici,l’accent est mis sur les souffrances de la guerre et le deuilillustrés par un mort prisonnier des barbelés. En signe deprotestation, la statuette sera exposée dans la perma-nence du Journal des Mutilés de guerre. L’un de ses rédac-teurs écrira, dans le numéro du 27 mars 1926, un articlepassionné en faveur de l’œuvre censurée : « Cela impres-sionnera les foules, les déconcertera ? Tant mieux. On nepeut pas toujours danser : il faut penser quelquefois. »De Pouvreau-Baldy est également l’auteur du recueil Leséclats, poèmes du front. Aux armées 1914-1916 (1920).

2. Diversité des pacifismes, p. 86-87

Doc. 7 : Les anciens combattants, qui représentent lamoitié des adultes masculins dans la France des années1930, ont constitué de puissantes associations. Au-delàde l’action pour leurs revendications propres (pension ducombattant…), elles jouent aussi le rôle de gardiennesde « l’esprit combattant » et se posent en force moraleau nom des sacrifices de la génération du feu. Elles déve-loppent un pacifisme du vainqueur, fait de volonté dedéfense de la nation agressée et de soutien aux effortsd’organisation de la paix. Le document illustre ces deuxaspects. Il montre que la CNAC est favorable au renfor-cement de la SDN et de ses procédures. Il illustre ainsiles espoirs des années 1920 symbolisés par le pacteBriand-Kellog signé en 1928 à la veille d’un retournementcomplet de situation : 1931, agression japonaise enChine ; 1933, Hitler chancelier d’Allemagne.

Doc. 8 : Le 30 juillet 1922, Poincaré exige de l’Allemagnede Weimar – incapable de payer les réparations – la remiseen gage des mines de la Ruhr. La tension monte. La Franceest critiquée par l’Angleterre et les États-Unis, tandis queles initiatives se multiplient. L’affiche émane de citoyensd’Utrecht qui organisent alors une conférence de réconci-liation entre citoyens français et allemands. C’est à uneconstruction de la paix « par en bas » que s’essaye cemouvement pacifiste. On peut donc mettre en relation cedocument avec les « congrès de rapprochement » desannées 1920-1930. À noter le poids marginal des asso-ciations pacifistes en Allemagne : les 30 000 adhérentsde la DFG, en 1927, pèsent peu face aux adversaires dela paix de Versailles et de la République de Weimar.

Doc. 9 : Ce cahier de morale (cours complémentaire2e année), permet de saisir les conceptions dominantesvéhiculées par l’école et ses instituteurs : patriotisme (biendifférencié du chauvinisme), humanisme et volonté depaix. L’image du palais de la SDN renforce cette théma-tique. Dans les années 1930, une partie du syndicat desinstituteurs, derrière A. Delmas son dirigeant, se rangedu côté du pacifisme « à tout prix ».

Doc. 10 : Catholique favorable au ralliement à laRépublique, militant d’éducation populaire, dirigeant duSillon, député (1919 à 1924), fondateur du mouvementJeune République rallié au Front populaire en 1936, MarcSangnier (1873-1950) développe des campagnes paci-fistes et démocratiques durant tout l’entre-deux-guerres.Dans son domaine de Bierville, il organise ainsi plusieursrencontres franco-allemandes. La création de la Ligue fran-çaise des auberges de jeunesse en 1930, s’inscrit danscette vision.

Doc. 11 : L’efficacité graphique de Jean Carlu (doc. 4p. 24) a joué un rôle important à partir du milieu desannées 1920. Artiste reconnu, il crée en 1932 l’office depropagande graphique pour la paix. Placée sous lepatronage du ministère de l’éducation nationale cettejournée est popularisée par le RUP (doc. 3 p. 85). Onrelèvera les liens entre le gouvernement de Front popu-laire et les organisations qui le soutiennent. La vision estplanétaire et la figure symbolique du serpent (guerre = mal)

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est terrassée par le poing serré emblématique du Frontpopulaire.

Doc. 12 : La thématique de cette affiche est largementdiffusée dans les années 1930. Le désarmement moralsouhaité s’adresse d’abord aux familles, aux parents àtravers les enfants. En dénonçant la fausse innocence desjeux militaires de l’enfance (soldats de plomb), lacampagne souhaite éradiquer à sa source l’esprit deguerre dans la société. Car, derrière les beaux uniformesse cache la mort. Cette démarche éducative est portéenotamment par divers mouvements confessionnels et poli-tiques ainsi que par la ligue internationale des combat-tants de la paix dont le comité d’honneur comptenotamment Stefan Zweig, Georges Duhamel, JulesRomain et André Jeanson.

– Réponse aux questions1. Il s’agit d’une violente dénonciation de la guerre : del’ancien combattant, décoré, il ne reste qu’un squelettepris dans des barbelés. La violence faite au corps esttraduite par l’inexistence des bras, le casque troué etsurtout le crâne dont l’expression de douleur est encorecelle du visage.

2. La CNAC veut la paix par l’organisation de la sécuritécollective dans le cadre de la SDN. Elle demande à la foisl’extension de la SDN à de nouveaux États et le renfor-cement de ses procédures. Elle prône l’organisation decampagnes d’opinion pour développer ses thèses ets’engage à les mener en direction des anciens combat-tants et des jeunes des autres pays.

3. L’organisation d’une rencontre entre citoyens desanciens belligérants vise à rapprocher les pays par lespopulations. Les militants de la paix pensent que lapression populaire sur les dirigeants conduira ceux-ci àl’organiser une paix stable. Cette affiche peut-être reliéeau doc. 10.

4. La guerre est mauvaise car génératrice de souffranceset de deuils (doc. 1). La paix est possible. Elle peut êtregarantie par l’arbitrage (doc. 2) et favorisée par le rappro-chement des citoyens et des peuples (doc. 8). On peutla construire aussi par l’éducation populaire (doc. 10) etle désarmement moral (doc. 12), parfois avec l’appui desinstitutions (doc. 11).

5. Les doc. 10 et 12 mettent l’accent sur l’éducation dela jeunesse par les rapprochements « entre les jeunes detous milieux et de toutes nations » (doc. 10) et par le« désarmement moral » qui refuse la perspective de laguerre.

6. Les militants de la paix sont très divers. On trouve desartistes, beaucoup d’anciens combattants dans lespays vainqueurs et satisfaits par le Traité de Versailles,des enseignants, des chrétiens, des militants politiquesconservateurs ou communistes. La thématique de la paixest avancée par la dénonciation de la guerre, l’appui auxprojets de la SDN, la propagande directe dans la popu-lation (réunions nationales et internationales).

– Présentation des documentsDoc. 13 : Le relevé de l’argumentaire belliciste déployépar Hitler (affirmation du caractère total de la guerre, duprimat de la force contre le droit international, de lagrandeur de la guerre et du droit d’envoyer la jeunesseà la mort) peut être mis en relation avec l’argumentairepacifiste étudié dans les deux leçons précédentes.

Doc. 14 : Je suis Partout hebdomadaire fondé en 1930,adopte en 1936 une ligne éditoriale violemment hostileau Front populaire. L’accès à la rédaction d’intellectuelsrompant avec l’Action Française (Robert Brasillach,Claude Jeantet, Lucien Rebatet…) accentue une orien-tation fasciste. Ralph Soupault, dessinateur, appartientau Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot. Lespancartes brandies devant le sous-officier glorieux, acca-blent celui-ci. Elles rappellent les positions de l’extrêmedroite lors des crises internationales des années 1930 :contre l’URSS, les républicains espagnols (guerre civileen 1936), les Juifs, l’Ethiopie (Le négus est l’empereurd’Ethiopie Haïlé Sélassié attaqué par l’Italie en 1935), laChine (agression japonaise de 1931), les Tchèques (crisede Munich). Autrement dit, alignement sur les positionsde l’Italie et de l’Allemagne.

Doc. 15 : Totalement aligné sur la direction soviétiquedepuis 1924-25, le parti communiste français, stimulé parun afflux d’adhésions ainsi que par le renforcement deson poids électoral et syndical, est devenu l’un des prin-cipaux partis français. Il connaît la plus forte progressiondes partis du Front populaire. Le document illustre la puis-sance nouvelle de la propagande communiste (motori-sation, militants dévoués) et, surtout, la priorité donnéeà la défense de la paix pour soutenir l’URSS.

Doc. 16 : Cette affiche concerne la mobilisation des réser-vistes en 1938. Le Centre syndical d’action contre laguerre est né en 1938. Il regroupe essentiellement dessyndicalistes de la CGT influencés par les anarchistes.Les autres organisations signataires sont aussi repré-sentatives de courants « pacifistes à tout prix ». On peutrelever la signature de la Ligue internationale descombattants de la Paix fondée au début des années 1930et dont les effectifs ne dépassent pas les 10 000 adhé-rents (à comparer avec les 100 000 adhérents de la PeacePledge Union britannique). On note aussi la participationdu Parti socialiste ouvrier et paysan, scission de gauchede la SFIO, du Comité de vigilance des Intellectuels anti-fascistes qui joue un rôle important au tournant desannées 1934-1936, de La Patrie Humaine, journal deSébastien Faure… L’affiche placardée au moment de lacrise de Munich est une réponse à la mobilisation desréservistes décrétée par le gouvernement. Dans cecontexte international très tendu, les pacifistes qui s’ex-priment dans le document demandent la poursuite desnégociations avec Hitler.

3. Les pacifismes face à la montéedes périls, p. 88-89

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Doc. 17 : Dans ce texte célèbre publié dans l’organe dela SFIO, le 2 septembre 1938, Léon Blum, dirigeant du partiet ancien chef du gouvernement de Front Populaire, décritla situation internationale consécutive aux accords deMunich. Le partage « entre la honte et le lâche soula-gement » éprouvé par l’auteur a marqué les esprits. Ilexprime le refus de la guerre en 1938 et la conscienceque le système de Versailles a fait faillite. Par l’emploi deformules négatives pour caractériser le résultat desaccords de Munich, implicitement, il annonce le retour-nement possible de l’opinion vers l’acceptation à termede la guerre.

Doc. 18 : Marcel Déat a quitté la SFIO en 1933 avecMarquet et Renaudel. Il fonde le Parti socialiste de Francequi accueille les « néo socialistes ». Ministre de l’air en1936 dans le cabinet Sarrault, puis député de la circons-cription d’Angoulême en avril 1939, il encourage une poli-tique de compromis avec l’Allemagne. Collaborationnistedurant la guerre, il meurt – exilé – en Italie en 1955. Cetarticle de L’Œuvre connaît un grand retentissement, caril est publié dans un contexte international très tendu :en mars l’Allemagne achève la conquête de laTchécoslovaquie et revendique Dantzig. Cette demandeest rejetée le 29 mars par la Pologne qui obtient la garantiefrançaise et britannique le 31. Mais la position de l’URSSn’est pas encore fixée. En mai, le refus de « mourir pourDantzig » rassemble ceux qui sont favorables au compro-mis avec l’Allemagne.

– Réponses aux questions1. L’hebdomadaire Je Suis Partout prône la paix devantles agressions de l’Allemagne nazie, de l’Italie fascisteet du Japon militariste. Pour cet organe fasciste et anti-sémite la guerre défendrait l’intérêt des Juifs, descommunistes, du négus Ethiopien, de la Chine et desTchèques. On relève ici des arguments dont le lien estl’alignement sur l’Italie et l’Allemagne.

2. Les arguments pacifistes sont utilisés au service dela défense de l’URSS.

3. Il éprouve « honte » et « lâche soulagement ». Car lapaix n’est maintenue qu’en livrant à Hitler un État indé-pendant et allié de la France. Ce coup de force ruine l’idéede sécurité collective défendue par la SFIO dont doit êtregarante la SDN. Le soulagement devant l’éloignement dela guerre est largement partagé (doc. 3 p. 66).

4. Il refuse les alliances militaires à caractère automatiquequi ont déjà entraîné le premier conflit mondial. La guerrene peut être déclarée que sur des motifs engageant lasurvie « du territoire, des biens et des libertés » de laFrance et non pour des intérêts de peu d’importance pourla France. Ce pacifisme, en fait, résulte d’un alignementsur les positions allemandes.

5. L’affiche placardée au moment de la crise de Munichest une réponse à la mobilisation des réservistesdécrétée par le gouvernement. Dans ce contexte inter-national très tendu, les pacifistes qui s’expriment dansle document demandent la poursuite des négociationsavec Hitler.

6. Dans la France des années 1930, très divisée, les argu-ments en faveur de la paix sont mobilisés par deuxgroupes : les pacifistes intégraux qui refusent toute guerreet les acteurs politiques (extrême droite, parti commu-niste…). Pour ces derniers, l’argumentation conditionnéepar leurs positions face aux régimes hitlérien ou sovié-tique, est une arme du combat politique. Dans uncontexte de montée des périls, l’audience des pacifistesintégraux s’érode, même si la volonté de paix s’exprimejusqu’à la déclaration de guerre.

Les pages Méthode du thème

Identifier le document – Il s’agit d’une photographie de propagande.– Le parti nazi organise en 1927, 1929 et de 1933 à1939, son congrès annuel à Nuremberg. C’est l’occasionde faire une démonstration de force par la mobilisationdes adhérents et la mise en valeur du Führer. C’est unmoment important pour la propagande qui joue sur lesinstruments modernes de la mobilisation politique (défilé,discours véhiculés par l’image fixe et animée ainsi quepar la radio). – Ici, le photographe n’est pas un reporter qui rend compte,avec son regard, d’un événement politique. C’est un amipersonnel d’Hitler, nazi convaincu, qui participe cons-ciemment à la construction de l’image du Führer et dunazisme par le choix de la mise en scène. Dès lors, cetteimage fixe doit s’analyser comme un discours de propa-gande.

Analyser et exploiter un document– Le thème du document est le culte du chef, central dansla propagande totalitaire.

Réponses aux questions, p. 90

BIBLIOGRAPHIE

– Rousseau, F., (dir.), Guerres, paix et sociétés, 1911-1946, Atlande, 2004 – Vaïsse, M., (dir.), Le pacifisme en Europe des années1920 aux années 1950, Bruylant, 1993– Santamaria, Y., Le pacifisme, une passion française,A. Colin, 2005– Vandenbussche, R., Michel, A.-R., (dir.), L’idée de paixet ses représentations en Europe au XXe siècle, colloquede Lille, 27-29 mai 1999, université Charles-de-Gaulle–Lille 3, Presses du septentrion, 2001

SITE INTERNET

– Matériaux pour l’Histoire de notre temps, n° 30, 1993,S’engager pour la paix dans la France de l’entre-deuxguerre : http://www.persee.fr

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– Plan large, grande profondeur de champ : mise en valeurde la relation du Führer avec la Jeunesse hitlérienne.– Scène qui illustre l’embrigadement de la jeunesse, Hitlerpasse devant la masse rassemblée et disciplinée qui luirend hommage. L’embrigadement militariste des jeunesest signalé par l’uniforme, le salut et l’ordre en rang serré. – L’ambiance générale est celle de la mobilisation de lajeunesse, de son enthousiasme et son énergie auservice d’un homme vu de dos, personnification de lamobilisation du parti (uniforme et brassard) servi parl’apparat de la puissance (véhicule officiel, personnagesen uniformes).– L’embrigadement de la jeunesse, la militarisation durégime, le culte du chef sont quelques éléments du régimemis en lumière par ce document.

Identifier le document – Le 13 mai 1940, Winston Churchill est Premier ministre,depuis 3 jours. Il constitue le 11 mai un gouvernementd’union nationale. Membre du gouvernement Chamberlaindès le 5 septembre 1939, il voit sa popularité grandir enincarnant la volonté de lutter jusqu’au bout, habit qu’il avaitdéjà endossé lors de la Première Guerre mondiale.– Ce texte est un discours que le Premier ministre adresseaux députés anglais. Dans la monarchie parlementaireanglaise, le Premier ministre tire son pouvoir de laconfiance de la Chambre. – Prononcé au lendemain de l’offensive allemande quimarque la fin de « la drôle de guerre » à l’Ouest, il annonceun programme qui deviendra celui de la Grande-Bretagne.Le ton solennel et mobilisateur utilisé marque la déter-mination du Premier ministre qui engage la Grande-Bretagne dans une résistance acharnée à l’Allemagnenazie. On note le parti pris du « langage de la vérité »,variante des discours patriotiques habituellement tenusdans ces circonstances.

Analyser et exploiter le document – La « tyrannie monstrueuse » dénoncée par Churchill estcelle du totalitarisme nazi au pouvoir en Allemagne. Lasoumission de l’individu et de la société au projet belli-ciste et raciste des nazis conduit par le Führer est obtenuegrâce à l’embrigadement. Celui-ci est organisé par le partiunique et soutenu par la propagande omniprésente et unerépression impitoyable. Ces valeurs sont contradictoiresavec celles défendues par le système démocratique britan-nique.– Churchill propose la mobilisation de toutes les ressour-ces pour la victoire : elle suppose du sang (des combats),du labeur, de la sueur (mobilisation du travail), et deslarmes (des sacrifices). – Le but de guerre est simple : la victoire contrel’Allemagne, qui sera aussi une victoire de la démocra-tie contre le nazisme. Aucun accord n’est possible entreles deux systèmes opposés. Le prix à payer sera mesuré

Réponses aux questions, p. 91

en « mois de lutte et de souffrances ». À cette dateChurchill parie sur un engagement militaire rapide desÉtats-Unis.– Churchill parle de l’Empire britannique pour fairecomprendre que le rayonnement et la puissance britan-nique (commerce international, flotte puissance etpossession de vastes territoires) sont menacés par l’ex-pansion nazie.– Les événements ont donné raison au Premier ministrebritannique : le programme nazi appliqué dans les terri-toires soumis aboutit à l’extermination des Juifs d’Europe.La Grande-Bretagne est rejointe par les États-Unis endécembre 1941. La victoire contre le nazisme estobtenue par la mobilisation de toutes les ressources dela Grande alliance.

Les pages Horizon Bac du thème

Les nazis au pouvoir en Allemagne veulent créer un« homme nouveau » dans une société remodelée.Développant une vision raciste et organiciste du monde,les nazis veulent purifier « aryaniser » la population pourforger une nation belliciste composée d’Allemands unisdans le culte du chef, de la force, et mobilisée en perma-nence sur les directives du parti unique. Ils la purgent deséléments qui ne correspondent pas à leur projet (Juifs,« asociaux », handicapés…). Ceux-ci sont exclus de lasociété allemande, enfermés dans des camps ou desprisons, exécutés. Dans ce modèle, l’individu n’est rien,il est à la disposition de l’État et doit se soumettre à sesdirectives. Son contrôle permanent organise l’ensembledes aspects de la vie individuelle et collective. Le « chef »incarne le projet développé par la propagande. Doté d’unpouvoir absolu, il est le visionnaire et le guide infaillibleà qui un véritable culte est rendu.

Quelle est la nouvelle carte de l’Europe en 1945 ?La conférence de Yalta réunit la Grande-Bretagne, l’URSS,les États-Unis en février 1945. L’organisation de l’Europed’après guerre est évoquée. L’idée qu’un partage dumonde et des zones d’influences en Europe aurait étédécidé à cette conférence ne fait plus l’unanimité parmiles historiens. L’étude de la carte permet, notamment,de mettre l’accent sur la disparition de l’Allemagne commeÉtat, la reconstitution de la Pologne et le déplacement deses frontières vers l’Ouest au détriment de l’Allemagne,les gains territoriaux de l’URSS. L’Italie perd Tende et LaBrigue qui reviennent à la France, et l’Istrie au profit dela Yougoslavie.

Questions à traiter, p. 93

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Réponse

La SDN était paralysée par l’absence de forces militairespropres, l’obligation de l’unanimité, les rivalités entre lespuissances et le refus d’adhésion des États-Unis. Dansles années 1930, son action est encore affaiblie par d’im-portants départs. Les fondateurs de l’ONU veulentrompre avec ce schéma : les décisions du Conseil desécurité s’imposent à l’Assemblée générale qui n’est pascompétente en matière de sécurité internationale. Lesgrandes puissances sont de fait les garantes de la paixdu monde (rôle et composition du conseil de sécurité, droitde veto). Le Conseil de sécurité dispose de forces arméespropres. Cependant, comme pour la SDN, le maintien dela paix internationale suppose l’accord entre les grandespuissances.

Sujet à traiter, p. 95

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Thème 3

57Thème 3 La construction de la République

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Les problématiques du thème

Extrait du programme et des documents Le traitement du manuel Magnardd’accompagnements

A. Moments et actes fondateurs (1880-1946)Ce thème d’étude invite à une réflexion sur les fondements de la culture républicaine et non à un panorama détaillé de ce que fut la Troisième République.

Les années 1880-1914 font triompher une conscience Leçon 1 : La République : une démocratie, p. 106-107nationale unitaire qui passe par l’acquisition de Comment la République installe-t-elle durablement laréférences collectives (Déclaration des droits de démocratie ?l’homme et du citoyen, symboles, mémoire). Leçon 3 : La République, incarnation de la nation,

p. 110-111Comment se construit l’identité nationale ?

Elles élargissent les modes d’accès à la nationalité Leçon 3 : La République, incarnation de la nation,(1889, droit du sol). La colonisation est alors justifiée p. 110-111au nom d’une mission civilisatrice. Comment se construit l’identité nationale ?

Leçon 4 : La République en danger, p. 112-113À quelles menaces et contradictions la République a-t-elle dû faire face ?

La construction de la démocratie est réalisée par Leçon 1 : La République : une démocratie, p. 106-107des lois qui établissent les grandes libertés et Comment la République installe-t-elle durablement lafavorisent la fondation de partis, de syndicats, démocratie ?d’associations (1880-1914). Elle est consolidée Leçon 2 : L’affirmation des grands principesgrâce à l’extension des droits sociaux et à l’égalité républicains, p. 108-109politique entre les sexes (Front populaire, Libération). Quelles libertés et quels droits sociaux sont mis en

place par la République ?

Elle peut être remise en cause (Vichy). Leçon 4 : La République en danger, p. 112-113À quelles menaces et contradictions la République a-t-elle dû faire face ?

Préparée par la laïcisation de l’école, la loi de 1905 Leçon 5 : La naissance de la République laïque,décide la séparation entre État et religions, garantit p. 114-115la liberté de pensée et de culte pour chaque citoyen, En quoi la création de l’école laïque et la séparationcrée les conditions d’une pacification sociale. des Églises et de l’État ont-elles représenté un enjeu

majeur pour la République ?

B. Débats et combatsCes deux sujets d’étude visent à faire comprendre aux élèves que la République et la démocratie ne sont pas des données intangibles mais peuvent être l’objet de combats politiques et idéologiques autour d’enjeux essentiels. Sujet d’étude [Étude de cas]

L’affaire Dreyfus est retenue comme événement L’affaire Dreyfus : la République à l’épreuve, p. 100-105décisif dans la vie politique française et la lutte pour 1. Pourquoi l’affaire Dreyfus ?les droits de l’homme. 2. Pour ou contre Dreyfus : la France divisée

3. L’affaire Dreyfus, un révélateur pour la République

La construction de la République

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Les notions du thèmeLes notions du programme : Nation ; Démocratie ;Laïcité ; État-nation ; Nationalisme ; Colonisation ;Colonialisme ; République parlementaire ; Libéralisme ;Radicalisme ; Socialisme ; Laïcisation ; Sécularisation.Les notions se construisent au fur et à mesure des occur-rences tout au long du thème et, plus largement, de l’ap-prentissage de l’élève. Les Repères p. 258-259permettent de faire le point sur les notions.

La démarche du thèmeCe thème ne saurait conduire à une explication exhaus-tive de ce que fut (et est toujours) la construction de laRépublique. Il s’agit d’amener les élèves à réfléchir auxfondements de notre culture républicaine en mettantl’accent sur des références majeures inscrites avec préci-sion dans le temps. Ainsi « Moments et actes fondateurs(1880-1946) » et « Débats et combats » doivent-ils s’ar-ticuler soigneusement. C’est dans cette logique que leparti a été pris de traiter le sujet d’étude « L’affaireDreyfus » en étude de cas. Cet épisode de l’histoire répu-blicaine apparaît comme une étape particulièrement impor-tante dans la mise en place de la République et unmoment décisif dans l’affirmation des valeurs de cettedernière. Il donne chair aux développements ultérieurs.

Les pages d’ouverture du thème– La fête du 14 juillet, un symbole de laconstruction de la République, p. 96-97

L’œuvre d’Alfred Roll (1846-1919) constitue un témoi-gnage de premier ordre sur l’image que la IIIe Républiquea voulu donner d’elle-même. En créant une fête nationalela France met fin à dix ans de travail de deuil après ladéfaite de 1870. Le 14 juillet se veut, à l’image du 14juillet 1790, un jour de concorde et de joie pour une Francequi a retrouvé prospérité et prestige. Ce tableau symbo-lise l’harmonie entre la nation, son armée et le régimerépublicain. On mettra cette œuvre en relation avec le

tableau de J.-B. Edouard Remise de ses nouveauxdrapeaux et étendards à l’armée française, le 14 juillet 1880(doc. 1 p. 122). Peintre académique influencé par l’im-pressionnisme, Roll fut l’ami de Manet. 1880, fut aussipour lui l’année de la réalisation de sa Grève des mineurs,beaucoup moins consensuelle.

– Le suffrage universel, p. 98-99

La scène est la partie droite de l’œuvre de Bramtot (1852-1894). Derrière l’apparent réalisme, le message relève dusymbolique. Les personnages campent les différentescouches de la population que la République souhaite fédérer.L’homme du peuple, à la sobre dignité de celui qui détientla souveraineté, tend son bulletin au président du bureaude vote. La face claire de l’urne attire le regard et structurela scène. La rigueur paisible et solennelle du président dubureau est dominée voire inspirée par deux symboles de laRépublique : le drapeau tricolore et le buste de Marianne.Relevons que la scène est exclusivement masculine : lesuffrage ne deviendra donc réellement universel qu’en 1944.

Le sujet d’étude [Étude de cas] du thème

– Démarche du sujet d’étude• Le traitement proposé pour ce sujet d’étude en amontdu thème reprend la démarche de l’étude de cas bien iden-tifiée en géographie de seconde. L’encadré Synthèse etcontexte de l’étude de cas p. 105 propose des pistesde contextualisation. Il s’agit de mettre en perspectivedans ce moment d’histoire, les débats et combats qui ontnourri la conscience républicaine.• Le traitement du sujet d’étude en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 106-114) reprendra la mêmestructure. Il permettra de revenir sur plusieurs thématiquesabordées dans les leçons 1 à 5 : les institutions, les forcespolitiques et l’identité nationale (leçons 1 et 3), la mise

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Sujets d’études [Approfondissements]L’année 1940 : au-delà de l’armistice, le choix L’année 1940 : la République emportée, p. 116-121entre acceptation, collaboration et résistance met 1. Les Français sous le choc de la défaiteen jeu les valeurs qui fondent la démocratie. 2. La mise en place de la collaboration

3. Les débuts de la Résistance

La Défense nationale : le sujet traite des grands La Défense nationale, un enjeu pour la Républiquedébats et des orientations stratégiques de la défense p. 116-121de la France dans ses dimensions militaires, 1. Armée et nationéconomiques et civiles. L’étude est prolongée jusqu’à 2. De la défense des frontières à la défense globalenos jours et introduit la dimension européenne. 3. Indépendance nationale et intégration

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en question de la République (leçon 4), les principes répu-blicains (leçons 2 et 5).• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomieautour de l’affaire Dreyfus : « La Justice et l’affaireDreyfus », à partir du sujet d’étude ; « L’antisémitisme »en croisant ce sujet d’étude, avec « L’année 1940 » et lethème 2 « Guerre et paix (1914-1946) » (leçons 3 et 6et sujet d’étude Les grands procès après la SecondeGuerre mondiale), etc.

– Présentation des documentsDoc. 1 : La presse connaît alors une période exception-nelle, ne comptant pas moins de 250 journaux d’oùémergent quelques grands titres. Ainsi, Le Petit Journalest un quotidien à fort tirage qui s’est adjoint unmagazine hebdomadaire illustré dont le succès populaireest immédiat. Il est imité par Le Petit Parisien et par LaLanterne (1889). Cette une du 13 janvier 1895 relate l’évé-nement du 5 du même mois. Très célèbre, elle reflète uneconviction largement partagée cette année-là : Dreyfus estun traître et mérite un châtiment infamant. Dans la courd’honneur des Invalides, le capitaine Dreyfus, au garde-à-vous, dont les galons et les insignes ont été arrachés,subit l’humiliation de voir briser son épée, symbole de sonengagement pour la patrie. Le général Darras, qui vientde prononcer la sentence, est à cheval sur le côté droit.L’impact de ce dessin est considérable, tendant à accré-diter la thèse de l’accusation.

Doc. 2 : De cette chronologie explicative, on peut retenirquatre phases entrecroisées : la sanction qui frappeDreyfus pour espionnage, l’action militante des dreyfusards,le retournement progressif à partir de « J’accuse » et dusuicide du colonel Henry, la résistance de l’état-major.Doc. 3 : La une de L’Aurore du 13 janvier 1898 a uneimportance capitale. Créé en octobre 1897, le journaldevient aussitôt le principal organe du dreyfusisme.Clemenceau y collabore et signe son premier article ennovembre, lançant ainsi, jusqu’en 1905, la plus formidablecampagne de presse connue en France. La lettre ouvertede Zola s’adresse au président de la République, FélixFaure. Elle s’étale sur six colonnes à la une et se poursuiten page intérieure. Titrée par Clemenceau « J’accuse »,elle est tirée à 200 000 exemplaires. Elle survient aulendemain de l’acquittement d’Esterhazy, le coupabledémasqué par Picquart. Zola cherche à provoquer la justicecivile afin de rouvrir le dossier sur la place publique.Interpellant la plus haute autorité de la République, il révèledans le détail un complot monté par l’état-major etdénonce l’utilisation de pièces secrètes, au mépris desdroits de la défense. Zola réussit au-delà de ses espé-rances, mais va payer cher son engagement.

Doc. 4 : Ce « bordereau » est au centre de l’affaire d’espion-nage. Il s’agit d’une feuille manuscrite ramassée dans une

1. Pourquoi l’affaire Dreyfus,p. 100-101

corbeille à papier de l’ambassade d’Allemagne par unefemme de ménage, agent du contre-espionnage français.Destiné à l’attaché militaire de l’ambassade d’Allemagneà Paris, Von Schwartzkoppen, il émane, manifestement d’unofficier d’état-major. On apprendra beaucoup plus tard quec’est le commandant Esterhazy qui en est l’auteur. Pourl’instant, après comparaison sommaire d’écritures par DuPaty de Clam, la lettre est attribuée au capitaine Dreyfus,stagiaire à l’état-major. Le « bordereau » fournit un certainnombre de renseignements sur le secteur décisif qu’estl’artillerie (le « 120 » est un obusier de 120 mm de calibrequ’il s’agit de moderniser ; « les troupes de couverture »sont destinées à protéger les régiments d’artillerie lors desengagements). La fuite est particulièrement grave aumoment où la France cherche à rattraper son retard enarmement sur son puissant voisin d’outre-Rhin.

Doc. 5 : Une photographie de la salle du deuxième conseilde guerre tenu à Rennes, le jour de l’ouverture des débats,le 7 août 1899. À droite, l’accusé, Dreyfus assisté de sesdeux avocats, Me Demange et Me Labori. À gauche, lesjuges du tribunal militaire. Au premier plan, une assistancefournie. Ce procès, très médiatisé, est suivi dans le mondeentier. Il montre l’embarras de l’état-major et du généralMercier (à la barre). Le verdict condamnant Dreyfus à dixans de détention avec circonstances atténuantes, nedonne satisfaction à personne. En fait, son innocence estreconnue de manière implicite. L’armée n’a pas voulu sedéjuger. Ce verdict ouvre la voie à la grâce présidentiellede septembre. Cette photographie peut amener à uneréflexion sur la nature d’une justice militaire dépendanted’une hiérarchie. Les ministres de la Guerre étant alorschoisis dans les rangs du haut commandement, lesresponsabilités sont partagées.

– Réponses aux questions1. Le Petit Journal propose dans son supplément une illus-tration de la dégradation du capitaine Dreyfus, en janvier1895 à la suite de la condamnation de décembre 1894.Dans la cour des Invalides, le condamné se tient deboutdevant un sous-officier qui, au nom de l’institution militaire,brise la lame de son épée. Par cette mise en scène spec-taculaire, symbolique et exemplaire à laquelle participe latroupe, il s’agit de signifier que Dreyfus n’appartient plusà l’armée. La légende « Le traître » montre que cette publi-cation prend parti contre Dreyfus comme le fait alors l’im-mense majorité des Français.

2. Le « bordereau » montre que des renseignements mili-taires de première importance (quatre «notes » et un « projetde manuel ») ont été transmis secrètement par unofficier à l’ambassade d’Allemagne, le temps de les exploi-ter. Le fait que ce soit l’Allemagne, vainqueur de la Francedans la guerre de 1870-1871 et adversaire potentiel, quibénéficie de ces renseignements aggrave la responsabi-lité de l’officier espion. La lettre révèle, en outre, les enjeuxtechnologiques de la rivalité militaire franco-allemande dansun domaine qui se révèlera essentiel : l’artillerie.

3. Zola, auteur à succès, prend parti de manière fracassantepour la révision durant l’affaire Dreyfus en interpellant direc-

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tement le président de la République dans une lettre publiéeà la une du journal L’Aurore, le 13 janvier 1895. Il accusenommément le ministre de la Guerre de 1896 et les plushauts responsables de l’état-major, d’avoir monté oucouvert un complot pour prouver la culpabilité de Dreyfus.La justice militaire est aussi directement mise en cause.Zola a choisi de rouvrir le dossier en s’exposant volontai-rement à des poursuites. Il doit comparaître en justice pardeux fois en 1898. Condamné, il est contraint à l’exil. Zoladéfend le devoir de justice et les droits de l’homme : pourlui, le droit doit passer avant l’honneur de l’armée.

4. Le second conseil de guerre de Rennes d’août 1899condamne de nouveau, sans preuves, le capitaineDreyfus, ici debout devant ses juges, mais lui reconnaîtdes circonstances atténuantes. Avec la remise de la peinecommence le lent processus de révision.

5. En 1894, un « bordereau » destiné à l’ambassaded’Allemagne est saisi par le contre-espionnage français.Cette pièce prouve que des secrets militaires sonttransmis régulièrement à un pays considéré alors commeennemi. Accusé, le capitaine Dreyfus est condamné à ladéportation et dégradé de manière solennelle et infâmanteen janvier 1895. Bien peu de Français doutent alors dela culpabilité du « traître ». Cependant, un petit noyau,autour de sa famille, du colonel Picquart et deClemenceau, lutte pour démontrer son innocence. Maisc’est Zola qui fait campagne de manière spectaculaire pourla révision du procès, grâce à la publication de sa lettre« J’accuse » dans L’Aurore, le 13 janvier 1898. Si Zola està son tour condamné, l’Affaire est relancée. Le débat estouvert entre dreyfusards et antidreyfusards. Le suicide del’officier faussaire, le colonel Henry, rend la révision inéluc-table malgré l’opposition de l’armée.

– Présentation des documentsDoc. 6 : Ces affiches de propagande mettent en scène lesprincipaux accusateurs et défenseurs de Dreyfus. L’affichefavorable aux thèses de l’état-major rassemble les piliers duministère de la Guerre. Le général Mercier, ministre de laGuerre à l’origine de l’Affaire (1894),est persuadé de la culpa-bilité de l’accusé. Au centre de l’affiche, Joseph Cavaignac,nommé ministre de la Guerre en pleine tourmente (1898),à la place du général Billot. Il est à l’origine de l’internementde Picquart. Cependant, il fait arrêter Henry, le faussaire, dontle suicide provoque sa chute. Emile Zurlinden le remplace.Il refuse, à son tour, toute révision comme son successeurJules Chanoine, le troisième ministre de la Guerre de l’année1898 ! Le message est clair : l’armée, qui fait bloc derrièreses chefs, s’oppose à toute remise en cause du verdict dupremier conseil de guerre.L’affiche favorable à Dreyfus rassemble la petite poignéed’hommes qui ont lutté seuls contre tous : ce sont lespremiers dreyfusards dont ne fait pas partie Jaurès,d’abord hostile puis réticent, enfin actif. Manque Mathieu

2. Pour ou contre Dreyfus : la Francedivisée, p. 102-103

Dreyfus, à l’origine du sursaut. On peut éclairer le rôle jouépar Georges Picquart qui a été limogé pour avoir démontél’accusation, par Joseph Reinach, le premier historien del’affaire, par Bernard Lazare, le premier intellectuel à s’en-gager, par Auguste Scheurer-Kestner, vice-président dusénat qui a mis son poids politique au service de la causedreyfusarde. Ludovic Trarieux, avocat bordelais et sénateur,est le fondateur, en 1898, de la Ligue des droits del’homme dont il devient le premier président. Francis dePressensé, journaliste au Temps, a publié Un héros, lecolonel Picquart. Fernand Labori est l’avocat de Zola. Laforte personnalité de Clemenceau, journaliste et orateurincisif, permet de saisir l’importance du courant radicaldans le combat dreyfusard.Les deux affiches se répondent dans leur compositioncomme dans les valeurs invoquées. Seulement, derrièreles formules parfois semblables, se cachent des concep-tions différentes du pouvoir et de la société à mettre enparallèle avec les doc. 7 et 8.

Doc. 7 : Barrès, considéré comme un des plus importantsécrivains de son époque, fait figure de premier intellec-tuel antidreyfusard. Il s’était déjà fortement engagé derrièreBoulanger. Ce petit texte a le mérite de donner un aperçude son argumentation. Pour lui, la nation prime l’individu.L’intérêt supérieur du pays dont l’armée est un des fonde-ments essentiels peut nécessiter de sacrifier unepersonne, même éventuellement innocente. Influencé parDrumont, Barrès exploite l’antisémitisme qui transcendeles clivages. La force du nationaliste Barrès, qui tente deretourner les arguments dreyfusards, réside dans la conci-sion de son style.

Doc. 8 : La Petite République est un quotidien dirigé parAlexandre Millerand, député radical puis socialiste dontl’objectif est de défendre la République menacée parl’Affaire. Jaurès entre en campagne de manière très activeà l’été 1898, au moment de la mise à l’écart de Zola exiléen Angleterre. Il apporte, dans cet extrait, ses conceptionsrassemblées dans l’opuscule Les Preuves qui sontcelles de l’innocence de Dreyfus. Il montre la faillite desgrandes institutions, l’armée, les services de l’Étatcomme la justice civile. Dans sa quête de la vérité, il prendle relais du colonel Picquart et de Zola. Pourtant, au lende-main de « J’accuse », Jaurès avait signé l’appel dugroupe parlementaire socialiste qui renvoie dos à dos lesdeux parties. La prise de conscience tardive de Jaurèspermet de faire comprendre combien les avis ont puévoluer sur plus d’une décennie.

Doc. 9 : La légende commune aux deux dessins de presseest directement exploitable. Le Psst…!, au titre accrocheur,hebdomadaire sans texte surgit quinze jours après« J’accuse ». Ses auteurs, Forain et Caran d’Ache,passent pour les deux meilleurs caricaturistes dumoment. Ils défendent la thèse de l’état-major. On voit icila une croquée par Forain (signature en bas à droite).Cedant arma togae est le début d’une période oratoirede Cicéron « Que les armes le cèdent à la toge », c’est-à-dire ici au magistrat. Le képi d’officier représente lecommandement mis en cause par Zola. Il s’agit d’une

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réaction à chaud au procès de l’écrivain (« Impressionsd’audience »), soulignée par l’exclamation « Et on supporteçà ! ». Le fond mis à part, toute la force de la caricaturepolitique transparaît ici : économie de moyens, passion.Le Sifflet est lancé par le dessinateur Ibels, ami de Zola,pour contrebalancer Psst… ! Permutant les acteurs, cedessin montre un officier ventripotent qui projette labalance de la justice : il s’agit de retourner l’effet du dessinde Forain. Les deux journaux s’affrontent ainsi pendantun an et demi, en 1898-1899, puis cessent de paraître.

Doc. 10 : Le diptyque de Caran d’Ache est entré dansl’imaginaire collectif. Il montre combien, en plein procèsZola, les passions sont exacerbées et les avis partagésjusque dans les familles. Malgré la mise en garde del’aïeul, les passions sont les plus fortes. Un commentairelibre peut s’avérer très savoureux.

Doc. 11 : Dans ce court extrait d’un article paru dans LaRevue blanche en 1899, Charles Péguy s’insurge contrel’injustice faite à un homme au nom d’une mystique déve-loppée autour de l’honneur de l’armée. En dénonçant cemécanisme pervers, l’écrivain se place au dessus despartis pour rappeler les fondements de l’humanisme.Péguy est alors dans sa phase socialiste dont il attendbonheur et fraternité. Il voit dans l’épreuve imposée à laFrance le moyen de retrouver les chemins de justice etde vérité. Dreyfusiste activiste, il quitte La Revue socia-liste, à ses yeux trop timorée, pour La Revue blanche. Cettedernière (1889-1913) s’engage résolument derrière Zolaau lendemain de « J’accuse ». Toute l’équipe de rédaction,qui rallie de grands noms (Blum, Gide, Proust, Toulouse-Lautrec) devient le cœur du dreyfusisme. Elle se réclame,à l’instar de Péguy, des principes universels.

– Réponses aux questions1. Les slogans antidreyfusards et dreyfusards se répondenten reprenant les mêmes formules. Chacun se réclame dela France, de la République et de l’armée. Malgré les appa-rences, les messages sont antagonistes. Dans un cas, les« traîtres » sont les dreyfusards qui déstabilisent l’ordreétabli, dans l’autre, ce sont les antidreyfusards qui, préfé-rant l’injustice à la vérité, bafouent les valeurs démocra-tiques. La première affiche veut imposer l’idée de laculpabilité de Dreyfus au nom de la patrie dont l’armée estle soutien principal. La seconde, place au-dessus de tout,les droits de l’être humain et les valeurs universelles.

2. Ainsi que l’exprime Caran d’Ache dans Le Figaro, lesFrançais sont prêts à en venir aux mains pour défendreleur point de vue. L’opinion est fortement sollicitée parde grandes campagnes de presse qui utilisent desméthodes modernes dont l’impact est considérable.Chacun choisit son camp. Les antidreyfusards, trèssoudés autour de l’état-major, martèlent des slogans natio-nalistes qui trouvent un large écho. La défense de la terrede France intègre souvent des réflexes antisémites. Unpoint de vue inverse se développe chez ceux qui donnentpriorité aux droits fondamentaux de la personne humaine.

3. Les institutions les plus souvent mises en cause parles dreyfusards sont l’armée et la justice. C’est d’abord

l’armée où les conseils de guerre ont rendu des verdictsinjustes sur ordre d’un état-major qui a réagi par réflexede caste. Les officiers d’état-major se sont cru au-dessusdes lois. La justice civile qui aurait dû servir de contre-pouvoir, n’a pas joué son rôle. L’armée est au cœur dela polémique parce qu’elle a commis une erreur judiciairequ’elle a ensuite voulu imposer par tous les moyens,même les plus iniques.

4. Les Français sont déchirés par l’affaire Dreyfus. Lespassions politiques sont à leur comble, aiguisées par l’en-gagement militant des journalistes, des caricaturistes etdes écrivains. Les antidreyfusards, persuadés queDreyfus est l’espion traître à sa patrie, pensent défendrel’honneur de l’armée. La hantise de la revanche contrel’ennemi allemand est bien présente. À l’inverse, les drey-fusards, défenseurs des droits de l’homme et du citoyen,cherchent à imposer la révision du procès. Les points devue sont inconciliables. La République vit alors une crisemajeure tant la fracture est large. Ce sont deux concep-tions de l’État qui s’affrontent. Les institutions sont misesen cause de part et d’autre. La tension est maximale en1898-1899, lors du procès Zola et du procès de Rennes.

– Présentation des documentsDoc. 12 : La Libre Parole a joué un rôle décisif dans ledéveloppement de l’affaire. Fondée par Drumont en 1892à la suite de l’énorme succès de la France juive (1886),elle bénéficie d’une large audience. En pleine enquête surl’origine du « bordereau », c’est elle qui, le 1er novembre1894, annonce la culpabilité de « l’espion » Dreyfus. Uncoupable idéal puisqu’il est juif. Le dessin nous montredes affairistes organisant un complot. Comme « Judas »,Dreyfus reçoit, en sous-main, une bourse pour satrahison. Le dessin fixe également les traits stéréotypésdes visages afin de stigmatiser le bouc émissaire aux yeuxdu public. La répétition systématique de ces thèmes viseà mettre la communauté juive ou d’origine juive à l’écartde la nation. Drumont s’appuie sur un fond xénophobeet construit une idéologie antidémocratique dont l’objectifest de ruiner les valeurs libérales forgées pendant laRévolution. Son antisémitisme radical a fortementinfluencé de grands auteurs comme Barrès, Bernanos etCéline.

Doc. 13 : On retrouve les idées de Drumont dans cepremier extrait. En attaquant sans retenue « la Juiverie »– expression très péjorative – l’auteur prétend restaurerla puissance de la France en Europe. Il brandit le thèmerécurrent du complot sans l’assortir d’aucune preuvepuisque, à ses yeux, le Juif est forcément le mal absolu.La violence de cet écrit peut amener à faire comprendrejusqu’où peut conduire la logique antisémite qui annoncedes lendemains funestes. Ce texte de Barrès, tiré de Ce que j’ai vu à Rennes, lesecond procès Dreyfus, peut être étudié en parallèle puis-

3. L’affaire Dreyfus, un révélateur pourla République, p. 104-105

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qu’il repose sur le même postulat : le Juif est néfaste apriori, donc coupable. Étranger par essence à la commu-nauté nationale, il doit être combattu et banni. Commedans le doc. 7 où il emploie déjà le terme de « race »,Barrès forge une idéologie ouvertement raciste. Làencore, on peut faire mesurer quel danger de discrimi-nation se profile dans cette logique de l’exclusion.Rappelons que c’est de l’affaire Dreyfus que naît l’idéedu sionisme de Theodor Herzl.

Doc. 14 : Paul Déroulède, ici au centre de l’image, ceintde son écharpe tricolore – il est député – a fondé la Liguedes patriotes en 1882. D’abord modéré, il se lance dansl’agitation boulangiste antiparlementaire, ce qui vaut ladissolution de son organisation. Il prépare, dans une impro-visation manifeste, un coup d’État à l’occasion des funé-railles du président Félix Faure, le 23 février 1899. Lascène est relatée dans Le Petit Journal. Les personnagesdu premier plan sont des ligueurs qui cherchent àentraîner les soldats vers l’Élysée. Le comportement léga-liste du régiment est relevé positivement. Déroulède seraacquitté, puis après une nouvelle tentative de sédition,condamné au bannissement pour dix ans en 1900.L’incident, malgré l’échec patent, montre bien jusqu’oùcertains antidreyfusards ultranationalistes étaient prêtsà aller, c’est-à-dire jusqu’à la disparition de la démocra-tie parlementaire. Cette scène tout comme celle de la réha-bilitation de Dreyfus montre que l’armée est loin de fairebloc avec les ligues antidreyfusardes et qu’elle resteraloyale vis-à-vis du régime.

Doc. 15 : Jean-Denis Bredin livre ici un bilan somme toutepositif de l’affaire Dreyfus. Il y voit le triomphe de« l’ordre républicain » et des idéaux démocratiques. Pourlui, les excès antidreyfusards, dans leurs méthodes etleurs discours, ont décrédibilisé pour longtemps leursauteurs. Le soutien d’une large fraction des catho-liques, au camp antidreyfusard, a sans doute permis auxradicaux d’imposer la séparation des Églises et de l’État.De son côté, l’armée a dû accepter le jeu démocratique :la démocratie et la justice ont fini par triompher. D’autreslectures peuvent être avancées. La démocratie a étésauvée par les contre-pouvoirs et par une minorité agis-sante. Ses institutions et ses dirigeants se sont compro-mis ou ont longtemps hésité. De plus, la cassureidéologique est durable. Malgré sa défaite, le camp natio-naliste garde ses convictions et ses méthodes. Ellesressurgiront dans les années 1930 avec les mêmes carac-tères et les mêmes slogans. L’antisémitisme n’a pasdisparu loin s’en faut. La République a montré sesfragilités.

Doc. 16 : La réhabilitation de Dreyfus est obtenue parétapes. Le 12 juillet 1906, la Cour de Cassation, aprèsune longue étude du dossier, reconnaît « que de l’accu-sation portée contre Dreyfus rien ne reste debout »,« annule le jugement du Conseil de guerre de Rennes »et, surtout « dit que c’est par une erreur et à tort que cettecondamnation a été prononcée ». Ce jugement estdécisif parce qu’il rend à l’homme sa liberté et sonhonneur. C’est au tour de l’armée de faire son mea culpa

comme l’indique la légende de la photographie. La céré-monie a lieu à l’École militaire, à quelques pas du lieu del’humiliation. De capitaine dégradé, il est promu chef debataillon, c’est-à-dire commandant. Il deviendra lieutenant-colonel pendant la Grande Guerre.

Doc. 17 : La statue se trouve dans le 6e arrondissement,square Pierre-Lafue, à l’intersection du boulevard Raspailet de la rue Notre-Dame-des-Champs. L’inauguration, le16 octobre 1994, a été présidée par le maire de Paris,Jacques Chirac. L’intention de l’auteur donnée en légenderejoint l’appréciation de Charles Péguy (doc. 11). On peutciter également la reconnaissance officielle, le 7 septem-bre 1995, par l’armée de sa responsabilité dans « uneconspiration militaire ». Enfin, en 2006, le centenaire del’arrêt de la Cour de cassation est inscrit au calendrierdes célébrations nationales.

– Réponses aux questions1. Les antidreyfusards, comme Barrès et Drumont, utili-sent deux types d’arguments. Tout d’abord des argumentsnationalistes : la campagne menée en faveur de Dreyfusaurait pour but de « déshonorer l’armée » et d’affaiblir laFrance. En second lieu des arguments racistes : les Juifssont dangereux et traîtres parce que Juifs. Ils personni-fient le mal. Grâce à la violence répétée des paroles, desimages et des actes, il s’agit, pour les antisémites, detransformer cette communauté en bouc émissaire.

2. La République est gravement mise en cause dans sesfondements. D’abord, au niveau du droit de chacun à béné-ficier d’une justice honnête, équitable et impartiale.Ensuite, à celui de l’égalité : parce que Juif, Dreyfus nebénéficie pas de la présomption d’innocence. Pour les anti-dreyfusards, il est forcément coupable. Cette volonté dediscrimination s’oppose à la fraternité. En définitive, cesont des principes majeurs de la République qui sont direc-tement rejetés.

3. Paul Déroulède, un ardent nationaliste, tente derenverser le gouvernement à l’aide de l’armée en profi-tant des obsèques du président Félix Faure. Avec ses amisligueurs, il veut entraîner les troupes dans un coup d’État.Il menace directement la démocratie mais il échoue devantl’attitude de l’armée qui reste disciplinée et attachée àla République, à l’image du général Roget.

4. Malgré la violence des attaques antisémites, lacampagne pour la réhabilitation de Dreyfus progresse. En1899, après le procès de Rennes, le président Loubet legracie. Enfin, en juillet 1906, il est définitivement réha-bilité par la justice. L’armée le réintègre : il reçoit la Légiond’honneur. Le capitaine Dreyfus est lavé de tout soupçon :il retrouve tout à la fois sa dignité d’homme et son honneurd’officier.

5. Lors de l’affaire, la République a montré sa fragilité.Mais le droit a fini par triompher. La démocratie a d’abordété sauvée par les contre-pouvoirs. La classe politique aété longue à prendre ses responsabilités. Une recom-position profonde favorise la gauche en portant aupouvoir les dreyfusards. La République devient radicale.Les institutions civiles ont fonctionné si bien que l’armée

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a dû s’incliner devant la justice. La défaite des catholiquesintransigeants prépare la loi de séparation des Églises etde l’État de 1905. Cependant, la résistance à l’esprit répu-blicain est forte ; un courant d’extrême droite fortementstructuré n’a pas admis son échec. À terme, la Républiqueest renforcée : droits de l’homme et défense de la patrieloin d’être antagonistes, relèvent du même combat.

Les leçons du thème

– Présentation des documentsDoc. 1 : Clemenceau, président du Conseil, se tient deboutau premier rang du banc des ministres. De la tribune,Jaurès s’adresse à la Chambre en invectivant lesradicaux, tandis que la partie gauche de l’assemblée,formée des élus socialistes, soutient son « tribun ». Cetteenceinte permet donc aux passions de s’exprimer dansle respect des règles de la démocratie. Du haut du« perchoir », Eugène-Henri Brisson, radical commeClemenceau, préside les débats.

Doc. 2 : Les institutions de la IIIe République sont fixéespar les lois constitutionnelles de 1875. L’amendementWallon sur le mode d’élection du Président (janvier 1875),qui introduit le mot « république », est voté à une voix demajorité. À l’origine, la fonction de président du Conseiln’est pas prévue. Armand Dufaure est le premier àprendre, le 9 mars 1876, le titre de président du Conseildes ministres. D’autre part, lors de la création du Sénat,75 sénateurs étaient élus à vie. Les 225 autres l’étaient,par de « grands électeurs ». Il convient de bien distinguerla Chambre des députés de l’Assemblée nationaled’alors (Chambre et Sénat). Pour éviter les confusions,nous avons préféré sur cet organigramme l’appellationd’usage de « parlement » source de la notion d’« anti-parlementarisme ». On ne peut pas dire que les lois cons-

1. La République : une démocratie,p. 106-107

BIBLIOGRAPHIE

– Birnbaum, P., L’affaire Dreyfus. La République enpéril, Découvertes Gallimard, rééd., 2004– Duclert, V., Alfred Dreyfus, l’honneur d’un patriote,Fayard, 2006– Bredin, J.-D., L’Affaire, Fayard, rééd., 1994– L’Histoire, « L’Affaire Dreyfus. Vérités et menson-ges », janvier 1994.– Drouin, M., (dir.), L’affaire Dreyfus de A à Z. Dictionnaire,Flammarion, 2006

FILMOGRAPHIE

– L’Affaire Dreyfus, Film TV (2 x 100 min.) (1994).D’après l’oeuvre de Jean-Denis Bredin, l’Affaire.Adaptation Jorge Semprun et Yves Boisset. RéalisationYves Boisset.

titutionnelles de 1875 définissent véritablement un« régime d’assemblée ». C’est la pratique, qui l’imposedans les faits après la dissolution manquée de Mac-Mahonen 1877. L’abandon du recours à la dissolution réduitconsidérablement le rôle du président de la République.

Doc. 3 : Le parti radical socialiste (ou parti radical) estle premier parti politique français fondé sous la IIIeRépublique en 1901. Le mouvement radical existait avantcette date, il s’exprime notamment dans le programmede Belleville formulé par Gambetta lors des élections de1869. L’affaire Dreyfus a marqué un tournant pour lesradicaux, en posant les questions des droits de l’hommeet de la relation entre l’État et l’Église catholique. Leprogramme de 1907 illustre bien la pensée radicale :héritage de la Révolution, tout en rejetant le conceptmarxiste de lutte des classes ; défense de la propriété,tout en prônant un État régulateur intervenant dans ledomaine social (instruction, rapports sociaux) ; laïcité ;renforcement du suffrage universel.

Doc. 4 : Crées sous la Révolution, communes et muni-cipalités n’ont généralement pas, dans la premièremoitié du XIXe siècle, de bâtiment officiel. C’est en 1884que la loi fait définitivement du maire l’élu du conseil muni-cipal et lui impose de travailler dans une mairie spécia-lement affectée à cet emploi. La mairie est donc pourl’essentiel une création de la IIIe République. Ellemarque, avec l’école, le paysage de chaque commune.

Doc. 5 : La pratique de l’affichage électoral est liée à lamise en place d’une vie démocratique. De nombreuxtextes qui seront réunis dans un code électoral après laSeconde Guerre mondiale précisent les modalités dedéroulement des élections. Les élections de 1885 auscrutin de liste voient les républicains obtenir 383sièges grâce à leur alliance électorale et leurs adversai-res 201. Mais, trois groupes d’importance sensiblementégale s’organisent, isolant les opportunistes entre lesconservateurs et les radicaux et favorisant l’instabilitéministérielle. La crise parlementaire favorise l’action dugénéral Boulanger qui veut remettre en question le régime.En février 1889 le mode de scrutin uninominal est rétabli.

– Réponses aux questions1. Les députés sont élus au suffrage universel, direct etmasculin. La Chambre peut renverser le gouvernement,qui est donc responsable devant elle : la France est unedémocratie parlementaire.

2. Le parti radical veut que l’État intervienne davantagedans les rapports sociaux, garantisse l’égalité devant l’ins-truction et la justice devant l’impôt. Il souhaite que lesuffrage universel soit mieux pris en considération et quela République reste laïque.

3. La démocratie parlementaire s’appuie sur des baseslocales : le conseil est le garant du bon déroulement desélections qui désignent les responsables des pouvoirsexécutif et législatif. La mairie est le cœur de la vie civique.

4. La IIIe République réunit les caractéristiques d’unedémocratie parlementaire : responsables désignés par le

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suffrage universel, après des campagnes électoralesouvertes à plusieurs partis ; séparation des pouvoirs ;responsabilité politique du gouvernement face à lachambre des députés ; débats libres dans les assem-blées. Mais les femmes restent privées du droit de vote.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Après les lois constitutionnelles de 1875 et ladémission de Mac-Mahon en1879, la République devientréellement républicaine. La nouvelle Chambre élue aprèsla dissolution de 1877 (la seule de l’histoire de la IIIeRépublique) vote, en 1881, sous le gouvernement Ferry,les premières mesures garantissant les libertés person-nelles (réunion, presse). Il s’agit de montrer combien laRépublique est une construction législative.

Doc. 2 : Sous le gouvernement du radical Sarrien, la CGT(Confédération générale du travail), pour réclamer lajournée de 8 heures, annonce une manifestation à Parispour le 1er mai 1906. Clemenceau, alors ministre del’Intérieur, l’interdit et fait arrêter les secrétaires de laconfédération. Ainsi s’engage le conflit entre le parti radicalet la gauche ouvrière révolutionnaire. La diminution dutemps de travail est une revendication essentielle dumouvement ouvrier.

Doc. 3 : Appuyé par les grandes grèves du printemps1936, Blum peut, quatre jours à peine après son entréeofficielle en fonction comme président du Conseil, signerces accords, importants non seulement sur le fond, maisaussi sur la forme : le gouvernement sert de médiateurentre patronat et salariés, l’hôtel Matignon abritant la prési-dence du conseil. Une partie de ces acquis est remiseen cause après la fin du Front populaire, en 1938-1939.

Doc. 4 : Les deux semaines de congés payés restent, dansles mémoires, la « mesure-phare » du Front populaire. Lacréation du sous-secrétariat d’État chargé des sports etdes loisirs (confié à Léo Lagrange) suscite une politiqueglobale du temps libre : réduction des tarifs de cheminde fer et des hôtels pour les vacanciers, création d’au-berges de jeunesse, de clubs de loisirs, subventions authéâtre populaire, encouragement des pratiques sporti-ves… C’est le début d’une nouvelle conception del’État, qui prend en compte le bien-être des individus.

Doc. 5 et 6 : À l’exemple du rapport Beveridge (1942) quipréconise un Welfare state accompagnant chacun « duberceau à la tombe », le gouvernement provisoire de laRépublique française (GPRF), applique un programmesocial ambitieux dans un contexte politique favorable. LaSécurité sociale s’appuie sur la conviction que lesFrançais doivent être égaux et solidaires dans la protec-tion contre les risques de la vie. Le Préambule de laConstitution de 1946 se fait l’écho de cette exigence. Enconfiant la gestion des caisses maladie, vieillesse etretraite aux organisations professionnelles, Pierre Laroque

2. L’affirmation des grandsprincipes républicains p. 108-109

son initiateur a voulu qu’éloignée à la fois du systèmeprivatisé américain et du système étatisé soviétique, ellesoit un modèle de citoyenneté sociale.

– Réponses aux questions1. La République affirme les grandes libertés individuel-les (de réunion, de la presse, d’association) et syndicales.

2. Ce sont des droits sociaux. Ils portent sur les condi-tions de vie des personnes : droit aux loisirs, au repos.L’État se préoccupe donc du bien-être des personnes.

3. Il est question des salariés, et plus particulièrement,dans l’article 6, des ouvriers.

4. La Sécurité sociale est un organisme de protectionsociale pour tous, financé par tous : elle relève du principede solidarité. Elle protège de la précarité due à la maladie,à la maternité, à la retraite et aux arrêts de travail enversant des indemnités financées par les cotisationssociales.

5. La Seconde Guerre mondiale et la barbarie nazie ontdéchiré le monde, et plus particulièrement l’Europe. Lerégime de Vichy, né de la défaite de 1940, a collaboré avecHitler et a bafoué les droits de l’homme. Il est donc néces-saire de réaffirmer ces derniers après la restauration dela République.

6. La République a instauré et garanti des libertés fonda-mentales. Celles-ci peuvent relever des Droits de l’homme(liberté de la presse, de réunion et d’association), dudomaine syndical ou social (droit à la protection sociale,au travail, à la santé, à l’éducation, aux loisirs…). Ainsi,la conception du rôle de l’État évolue : l’individu et sonépanouissement sont eux aussi pris en compte.

– Présentation des documentsDoc. 1 : « Le triomphe de la République », sur la place dela Nation à Paris, est l’œuvre d’un ancien communard, amide Rodin, Jules Dalou (1838-1902). Le monument a étéinauguré, avec un modèle en plâtre, pour les cérémoniesdu centenaire de la Révolution en 1889, puis avec laversion définitive, en bronze, en 1899. La République, surun globe terrestre placé lui-même sur un char, estencadrée par le Travail et la Justice, chacun avec un enfantsymbolisant l’Instruction (livre). Le char est tiré par deuxlions, symboles du suffrage universel, guidés par le géniede la Liberté. À l’arrière du convoi, la Paix distribue lesfruits de l’abondance.

Doc. 2 : Cet ouvrage d’instruction morale et civiques’adresse à tous les enfants de l’école publique, laïque,gratuite et obligatoire (leçon 5 p. 114-115). Il reprend laDéclaration des droits de l’homme et du citoyen: la IIIeRépublique se pose ainsi en héritière des principes de1789. Ceci rassure également les possédants, car cetteRépublique, en réaffirmant la défense de la propriété etde l’ordre, se situe bien dans la perspective de 1789, et

3. La République, incarnation de la nation, p. 110-111

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non dans celle de 1793-94 ou celle, plus récente, de laCommune. L’instruction civique à l’école est l’occasiond’une propagande militante en faveur d’une républiquemodérée, idéale, rassembleuse de la nation, dispensatriced’ordre et de paix.

Doc. 3 : Ce document rappelle l’origine du 14 juillet. Onse reportera au tableau d’Alfred Roll, p. 96-97 et aucommentaire de l’œuvre fait plus haut. Cette célébrationfut l’occasion, pour la jeune République, de rassemblerla Nation autour de sentiments patriotiques, avec la distri-bution de nouveaux drapeaux aux régiments qui avaientperdu le leur en 1870-71 (tableau de J.-B. Édouard,p. 122), mais aussi l’installation solennelle de la statuedu lion de Belfort, place Denfert-Rochereau. Ce patriotismenourrit également l’expansion coloniale et le sentimentde revanche contre l’Allemagne. Enfin, rappelons qu’ils’agit d’un corrigé : il s’adresse donc aux écoliers. Deuxans après les lois Ferry de 1882, l’école est devenue unvecteur essentiel de la culture républicaine.

Doc. 4 : Des femmes ont représenté la Liberté dès 1789,mais c’est la République qui, en 1792, décide par décretde se représenter sous les traits de Marianne, femmevêtue à l’Antique et couverte d’un bonnet phrygien(signe distinctif des esclaves affranchis dans l’Antiquité).Son nom de « Marianne » se serait imposé à la mêmeépoque. Après la Commune, la IIIe République veut« pacifier » Marianne en la coiffant d’une couronne d’épisde blé, plus « sage » que le bonnet révolutionnaire. Sesbustes se répandent dans les mairies. Néanmoins, lamunicipalité d’Avignon en 1882 commande un modèleavec bonnet phrygien et écharpe rappelant les trois datesmajeures de la République : 1789, 1848, 1870.

Doc. 5 : Le navire de la République qui revendique lapremière expansion coloniale sous la monarchie, abordela rive mi-africaine, mi-asiatique avec un rameau d’olivieret une colombe. La France qui a renoué avec la prospé-rité cherche matières premières, débouchés pour sonindustrie et prestige international. Pour les républicains,la conquête coloniale doit permettre d’étendre sur tousles continents les valeurs de la République. La « missioncivilisatrice » se traduisit bien par des routes, chemins defer, écoles, hôpitaux, l’abolition de l’esclavage. Cependant,ces réalisations, masquent difficilement l’exclusion descolonisés du droit de vote, des postes à responsabilité,les spoliations, voire le travail forcé et même de vérita-bles massacres. Clemenceau fut un des rares hommespolitiques à dénoncer la « mission civilisatrice » des « racessupérieures » envers les « races inférieures ».

Doc. 6 : La Marseillaise, proclamée chant national le14 juillet 1795, avait été interdite sous l’Empire et laRestauration. Elle fut remise à l’honneur en 1830, puisrétablie hymne officiel en 1879. C’est une commissioncomposée de musiciens professionnels, diligentée par legénéral Boulanger (alors ministre de la Guerre) qui fixadéfinitivement la version « officielle » en 1887. Dans uncontexte de mobilisation contre l’Allemagne, le documentfait allusion aux armées qui battirent les Autrichiens etles Prussiens lors des guerres révolutionnaires. Le fait

que ce chant s’appelât, à l’origine, Chant de guerre pourl’armée du Rhin, et qu’il fût joué pour la première fois àStrasbourg, dans cette Alsace perdue (doc. 3) n’est sansdoute pas étranger à son adoption.

– Réponses aux questions1. Ces allégories personnifient la République, commesource de paix, de prospérité et d’abondance, de justiceet de souveraineté populaire.2. Il est question des libertés et droits fondamentaux :liberté individuelle, de conscience, égalité devant la loi,défense de la propriété, liberté de travail. Ce sont les prin-cipes hérités de la DDHC de 1789.

3. La République apporte ses bienfaits (Progrès, Civilisation,Commerce) à tous les peuples de l’Empire ; elle le fait dansla paix (elle tient un rameau d’olivier et est survolée d’unecolombe), mais secondée par des soldats de différentsâges, rappelant que la colonisation s’inscrit dans la conti-nuité nationale. Enfin, la présence de vaisseaux à l’arrière-plan suggère la puissance et l’avance technologique surles peuples colonisés. Cette allégorie d’une Républiquecivilisatrice sert de justification à la conquête et à la cons-titution d’un vaste empire colonial français.

4. Le patriotisme est entretenu par le souvenir de laRévolution de 1789 (doc. 2 et 3), et également par lesentiment de revanche contre l’Allemagne (doc. 3).

5. Les deux documents font référence à la Révolution fran-çaise : ils veulent montrer que la IIIe République est l’hé-ritière de ses valeurs et qu’elle les perpétue.

6. La République s’est présentée comme l’héritière et lacontinuatrice des valeurs de la Révolution (en contribuantau maintien et au développement des droits de l’homme)tout en rassurant les modérés en les préservant de sesexcès (protection de la propriété, respect des lois). Elles’est aussi approprié les valeurs de patriotisme, enprenant à son compte les plus grandes pages de l’histoirede France (la domination de l’Europe lors des guerres révo-lutionnaires, les premières conquêtes coloniales), en cher-chant le soutien de l’armée par l’expansion coloniale, enentretenant le sentiment de revanche contre l’Allemagneaprès la perte de l’Alsace-Lorraine, vécue comme un dramenational. Cette référence à la Révolution est constammentprésente, avec des symboles hérités de cette période :l’hymne national, le drapeau tricolore, la célébration du14 juillet, Marianne… L’école publique a été un desvecteurs de cet attachement à la République.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Le général Boulanger, ministre de la guerre estl’espoir des nationalistes à la suite de plusieurs prisesde positions retentissantes (affaire Schnaebelé, avril 1887)et de décisions populaires. Homme de belle prestance,il réunit sur son nom tous les mécontents (républicains

4. La République en danger,p. 112-113

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déçus, monarchistes, bonapartistes, la Ligue des patrio-tes…). Mis à la retraite, il est plébiscité dans plusieursélections partielles. Député de Paris le 27 janvier 1889,il est pressé par ses partisans de marcher sur l’Élysée.Hésitant, il fuit en Belgique, où il se suicide sur la tombede sa maîtresse en 1891. C’est la première manifesta-tion d’un nouveau courant anti-parlementaire français, quise manifestera ensuite lors de l’affaire Dreyfus. Doc. 2 : Les années 1890 sont marquées par une montéedu mouvement anarchiste qui récuse l’autorité de l’État.Les anarchistes se manifestent, à partir de mars 1892,par des actions violentes essentiellement tournéescontre les symboles du pouvoir. Ainsi une bombe exploseà la Chambre des députés (décembre 1893) sans fairede victime. Mais l’auteur de l’attentat, Vaillant, estexécuté. Comme le Président Sadi Carnot a refusé sagrâce, il est assassiné par un autre anarchiste, Caserio,à Lyon, le 24 juin 1894. Le pouvoir fait alors voter deuxlois répressives, appelées par la gauche « lois scélérates »parce qu’elles confondent anarchistes et socialistes.Doc. 3 : La femme reste éternellement mineure sous laIIIe République. Pourtant, elle peut voter dans certainsÉtats des États-Unis, en Australie, en Norvège… dès avantla Première Guerre mondiale. Celle-ci permet d’élargir cedroit au Royaume-Uni, en Belgique… Il faut attendre leFront populaire pour que des femmes intègrent le gouver-nement comme sous-secrétaires d’État : Irène Joliot-Curie(Recherche scientifique), Suzanne Lacore (Protection del’enfance) et Cécile Brunschvigg (Éducation nationale).C’est l’ordonnance du 21 avril 1944 qui leur accorde,enfin, ce droit fondamental qu’elles pratiquent pour lapremière fois aux élections municipales du 29 avril 1945.Doc. 4 : La loi du 26 juin 1889 a renforcé le droit du sol :désormais, toute personne née sur le sol français deparents étrangers et, à sa majorité, domiciliée en France,devient automatiquement française. Cette mesure octroiedes droits aux nouveaux citoyens (vote), mais impose aussides devoirs, avec les obligations militaires. Mais c’est lepremier aspect de cette loi que retiennent des mouvementsnationalistes, comme la Ligue de la patrie française. Ainsi,le problème de l’immigration est particulièrement sensibledans le Sud de la France, où les Italiens sont nombreux :des émeutes anti-italiennes ont lieu à Aigues-Mortes enaoût 1893, où, dans un contexte de crise économique, lessuites d’un conflit entre ouvriers français et italiens dessalines font au moins 8 morts et 50 blessés.Doc. 5 : L’« affaire Stavisky » a ébranlé la République.Homme d’affaire d’origine russe et israélite, fondateur ducrédit municipal de Bayonne, Stavisky détourne plusieursmillions de bons émis par cet organisme, gagés sur desbijoux volés ou faux. Ce scandale financier impliqueplusieurs personnalités de la classe politique éclabous-sée par la mort suspecte de Stavisky. L’enquête conclutau suicide. Cette crise provoque la chute du ministèreChautemps, remplacé par Daladier (30 janvier 1934). Savolonté de changer de préfet de police de Paris (le titu-laire, Chiappe, étant jugé trop favorable à la droite)exaspère l’extrême droite. Le 6 février 1934, une mani-festation, dirigée par l’Action française et certaines

ligues marche vers le Palais-Bourbon où éclate unefusillade qui fait 15 morts dont un policier. Daladier démis-sionne et est remplacé par Doumergue. Doc. 6 : L’antisémitisme est virulent en cette fin deXIXe siècle. La France juive de Drumont, essai paru en1886, est considéré comme le manifeste antisémite leplus systématique. La figure du « Juif errant », jamaisvraiment intégré, est très présente dans la droite d’alors,préparant le terrain des anti-dreyfusards dans l’affaire quidébute deux ans après (doc. 13).

– Réponses aux questions1. Ces actions s’attaquent à l’existence même de laRépublique : le général Boulanger est tenté de la renver-ser par un coup d’État, et les anarchistes s’attaquent àla tête même de l’État (Chambre des députés, présidentde la République).2. Les suffragettes réclament le droit de vote, alors réservéaux hommes. Elles ne l’obtiennent qu’en 1944 et le prati-quent pour la première fois en 1945. 3. L’auteur dénonce l’arrivée massive d’étrangers qui, dit-il, seraient des « rebuts » naturalisés contre leur gré et quimenaceraient non seulement les travailleurs français enprenant leurs emplois, mais aussi la souveraineté des élec-teurs en acquerrant le droit de vote. Ce discours est xéno-phobe, et même raciste. La loi critiquée est celle de 1889,qui renforce le droit du sol : toute personne née sur le solfrançais de parents étrangers et, à sa majorité, domici-liée en France, devient automatiquement française. 4. Les cibles des manifestants sont les députés corrom-pus dans l’affaire Stavisky. Mais le mouvement dégénèreen émeute en élargissant les critiques à toute laChambre, et en s’attaquant à son siège, le Palais-Bourbon,symbole de la République. C’est une expression extrêmede l’anti-parlementarisme.5. Un croisé (armure et bouclier ornés d’une croix, massed’arme) écrase un Juif dont l’image est caricaturée (nezcrochu, sac d’argent, tables de la Loi). C’est de l’anti-sémitisme. Les principes d’égalité des hommes et deliberté de conscience sont ici bafoués.6. Certains courants de pensée n’ont jamais adhéré auxprincipes de démocratie parlementaire : ce sont ceux qui,au suffrage des urnes, ont préféré l’usage de la force pourimposer leurs conceptions à la majorité des citoyens. Ilsont cru cela possible par des manifestations populairesdégénérant en coup d’État (boulangisme) ou au moins encrise de régime (6 février 1934). Les anarchistes, sansprétendre à la prise du pouvoir, ont œuvré à sa destruc-tion à la fin du XIXe siècle.

– Présentation des documentsDoc. 1 : La salle de classe est un « temple du savoir » :cartes murales, bibliothèque, maximes… La classe estmixte, d’âge varié : il s’agit d’une classe rurale unique.

5. La naissance de la Républiquelaïque, p. 114-115

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Doc. 2 : Celui qui fut ministre de l’Instruction publiquedans l’éphémère « Grand ministère » Gambetta (14novembre 1881-30 janvier 1882) était un adversaireacharné de l’Église et de l’enseignement catholique,partisan de l’instruction primaire gratuite, laïque et obli-gatoire pour filles et garçons. Il présente ici ses concep-tions de l’instruction morale et civique qui est une sortede « catéchisme républicain » : les enfants doivent nonseulement connaître le fonctionnement des institutionsmais aussi être persuadés que c’est là le meilleur systèmepossible. L’école devient un vecteur de respect de lasociété et de stabilité sociale, tout en permettant auxmeilleurs d’émerger et de mettre leurs talents au servicede la nation. Toutes ses idées furent appliquées peu aprèspar Jules Ferry (lois de juin 1881 et de mars 1882).

Doc. 3 et 5 : Grâce à son rapporteur, Aristide Briand, laloi du 9 décembre 1905 est un texte de compromis sesituant à égale distance des catholiques les plus intrans-igeants et de l’extrême gauche anti-religieuse. L’art. 1 estrévélateur à cet égard. Le plus fort des tensions religieusesa eu lieu avant. Tout d’abord avec la loi du 1er juillet 1901excluant les congrégations du statut général des asso-ciations. Ensuite, avec celle du 7 juillet 1904 interdisantl’enseignement congréganiste, même aux congrégationsautorisées. Si la plupart des évêques se montrentconciliants, le pape Pie X, par ses encycliques Vehementernos et Gravissimo officii (février et juillet 1906) n’acceptepas l’état de fait. Des heurts se produisent lors de certainsinventaires prévus par l’art. 3 (doc. 5). À la suite d’undécès, Clemenceau y met fin.

Doc. 4 : Ce témoignage est doublement intéressant. D’unepart, il montre la position d’une confession minoritaire enFrance (il n’y eut pas de heurts avec les protestants nid’ailleurs avec les juifs) qui approuve le projet de loi deséparation (inspiré de celui d’un fils de pasteur, Francisde Pressensé). D’autre part, il donne une définition de lalaïcité, en écho à la fameuse déclaration de Jules Ferryplus de vingt ans auparavant : « Il ne s’agit pas ici de voterpour ou contre Dieu : on ne vote pas Dieu dans lesAssemblées ». L’État se désengage du domaine religieux,qui relève désormais de la sphère privée.

– Réponses aux questions1. Cette photographie est représentative d’une situationplus générale. L’école met en avant l’égalité des chancesface à l’instruction jusque dans les milieux les plushumbles, pour les garçons comme pour les filles. Ellemontre aussi son attachement à des valeurs morales (cf.la maxime au-dessus du tableau) qui garantissent lacohésion de la société. L’école est alors un enjeu car,jusqu’en 1881, elle dépend souvent de religieux, hostilesà la République. Il s’agit donc de gagner les jeunes géné-rations au nouveau régime.

2. L’instruction civique a pour mission non seulement defaire connaître le fonctionnement des institutions, maisaussi de convaincre de « la supériorité du régime démo-cratique ». L’école milite pour la formation de futurs répu-

blicains. Enfin, l’idée de défense est brièvement évoquée(« se dévouer, si nécessaire […] pour la défendre »).

3. L’Église catholique voit se rompre les liens qui l’unis-saient à l’État depuis le Concordat de 1801. Cependant,ce qu’elle perd en salaire de ses ministres (ils étaientjusque là fonctionnaires), elle le gagne en liberté d’action.Les locaux du culte devenus publics, peuvent être mis àla disposition des organisations cultuelles créées pour lacirconstance. Notons que l’Alsace-Moselle qui était alle-mande à l’époque, est toujours de nos jours sousstatut concordataire.

4. Il s’agit d’une définition de la laïcité : la pratique reli-gieuse relève strictement du domaine privé, pas dudomaine politique. Pour l’auteur, la séparation, c’est laliberté. Cette opinion est partagée par les protestants,par les juifs et certains catholiques.

5. Des fidèles catholiques gardent l’entrée de leuréglise avec l’aide de deux ours enchaînés Ils s’interpo-sent ainsi pour empêcher l’inventaire de leur église, prévudans l’art. 3 de la loi de séparation. Cette scène peutdonner une idée des tensions suscitées lors de ces inven-taires, où la force publique fut parfois employée.

6. Avec la laïcité, la religion devient un domaine stricte-ment privé où le pouvoir politique n’a plus à intervenir, nidans l’organisation, ni dans le financement. L’école,présente jusque dans les villages, instruit les élèves dansune morale laïque et républicaine : il s’agit de lesconvaincre du bien-fondé des institutions qu’il faudrarespecter et, peut-être, défendre. De plus, s’adressant àtous, garçons et filles, riches et humbles, urbains et ruraux,elles se revendique comme le lieu de l’égalité d’où lesmeilleurs s’élèveront : c’est l’élitisme républicain.

Les sujets d’étude[Approfondissements] du thème

– Démarche du sujet d’étude• Ce sujet d’étude est proposé en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 106-114). Ce parti pris estconforté par la position chronologique de l’année 1940. • Cependant, on peut le traiter en étude de cas en déga-geant plusieurs problématiques qui font le lien avec lesleçons : Les événements de l’année 1940 mettent laRépublique en danger. À quelles menaces et contradictionsa-t-elle dû faire face ? (leçon 4) En quoi la Résistance est-elle porteuse des valeurs et de la symbolique de la démo-cratie et de la République ? (leçons 1 et 3) En quoi,

L’année 1940 : la Républiqueemportée, p. 116-121

On se reportera avec profit aux indications bibliogra-phiques des documents d’accompagnement.

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paradoxalement, le régime de Vichy, par sa négation de laRépublique, renforce t-il l’attachement des Français à celle-ci ?• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomieautour de l’année 1940. « La France et l’Allemagne en1940 » à partir du sujet d’étude ; « L’antisémitisme » encroisant ce sujet d’étude et celui sur l’affaire Dreyfus ainsique les leçons 3 et 6 du thème 2 ; ou encore « LesFrançais dans la Seconde Guerre mondiale », avec lethème 2…

– Présentation des documentsDoc. 1 : L’invasion de la France par l’Allemagne a débutéle 10 mai 1940. La résistance de l’armée s’effondre.L’avancée rapide de la Wehrmacht jette sur les routes desmillions de personnes, Belges et Français. Ici, desfamilles désemparées avec ce qu’elles ont de plusprécieux dans un baluchon assemblé à la hâte. Insistersur l’improvisation de ces départs où les gens sesentent abandonnés. Cet exode massif est l’un deséléments qui entrent en compte, selon François Bédarida(doc. 14) dans « la désagrégation » des structures,sociales et politiques, en particulier. Ce n’est pas parhasard si, le 17 juin, Pétain s’adresse « aux malheureuxréfugiés qui sillonnent nos routes ». Cette compassiontouche profondément les Français.

Doc. 2 : Cette chronologie est exploitable tout le long duthème. Limitée aux événements militaires et politiques,elle permet de se situer de manière commode.

Doc. 3 : Au Nord de la zone « non occupée », Vichy devientune capitale improvisée. Les accords d’armistice sontpassés avec l’Allemagne, le 22 juin. Hitler impose cedécoupage territorial. Dès juillet 1940, les Allemandsinstallent des postes de contrôle aux frontières de1871 de l’Alsace-Moselle, marquant leur volonté d’an-nexion, effective en 1942. De même, les deux départe-ments du Nord et du Pas-de-Calais sont rattachés aucommandement militaire de Belgique. La zone italienneest considérablement réduite par rapport aux ambitionsdu dictateur fasciste. Il faut insister sur le rôle joué parla ligne de démarcation, frontière intérieure qui permet uncontrôle tatillon de l’occupant. La France de Vichy, est unpays démembré et dominé où la souveraineté nationalerelève de l’invocation.

Doc. 4 : Le 10 juin 1940, le gouvernement français aquitté la capitale. L’armée allemande s’y installe pour delongues années. Hitler en uniforme, entouré de son état-major, peut savourer sa victoire. Il faut rechercher, danscette image de propagande, les éléments porteurs de senspour les contemporains. Ce peut être l’occasion d’unrappel des relations entre les deux puissances. Lecliché, traité sur le mode épique, illustre l’irruption del’image dans la guerre. Le sentiment de puissance qui s’en

1. Les Français sous le choc de ladéfaite, p. 116-117

dégage est à rapprocher des ambitions hitlériennes. Enfin,la Tour Eiffel bien sûr et l’esplanade du Trocadéro, devenueplace des Droits de l’homme, symbolisent le rayonnementde la France et de Paris.

Doc. 5 : Les tickets de rationnement vont accompagnerles Français jusqu’en 1949. La pénurie est imposée parla première phase des combats, la désorganisation de l’ap-pareil d’État, et, bientôt, par les exigences du vainqueur.Les prélèvements de toute nature vont s’accentuer avecla poursuite de la guerre. Les cartes d’alimentation appa-raissent pendant l’été 1940. Ces tickets, valables pourdeux mois, permettent, ici en 1940, d’obtenir 600 g deviande par semaine. La ration sera de 120 g en 1943.Toutes les denrées de première nécessité, le pain, le rizpar exemple, sont concernées.

Doc. 6 : Un reporter allemand fixe la scène d’un trans-fert vers l’Allemagne. La file de soldats français, les braslevés, est photographiée de dos, ce qui accroît l’impres-sion d’effondrement. Les hommes de troupe et les sous-officiers sont dirigés vers des Stalag, les officiers vers desOflag. Pendant la retraite, près d’un million et demi de mili-taires sont faits prisonniers par la Wehrmacht, essen-tiellement pendant la dernière semaine de la guerre,c’est-à-dire après le 17 juin. Les captures massivesenlèvent aux négociateurs français toute velléité de résis-tance à Rethondes. Elles fragilisent la position des parle-mentaires qui auraient voulu poursuivre la lutte. Cettemasse énorme d’otages devient un atout maître dans lamain du vainqueur. Pétain et Laval espèrent, en vain, leurretour prochain dans les foyers. Le prisonnier, enfant chéride Vichy, devient le symbole du pays meurtri dont laflamme patriotique ne s’éteint jamais. L’absence deshommes pèse sur les conditions de vie quotidienne.

– Réponses aux questions1. Civils et militaires français souffrent cruellement de l’in-vasion allemande. Ainsi, dans le doc. 1, les familles fuientsur les routes, dans le plus grand désordre, devant l’arméeallemande. Hommes, femmes et enfants marchent enemportant ce qu’ils ont pu sauver. De la même façon, dessoldats français en uniforme, avec casque et sac au côté,avancent en levant les bras sous la surveillance de mili-taires allemands (doc. 6). Ils marchent vers l’Allemagneoù ils vont rester prisonniers. L’exode (doc. 1) seproduit en mai-juin 1940, après l’attaque allemande surla Meuse. Les civils fuient vers le Sud pour se mettre horsde portée de l’ennemi. La capture et le transfert dessoldats vers l’Allemagne s’opèrent en juin 1940.

2. La présence allemande se manifeste d’abord parl’entrée de l’armée allemande et d’Hitler en personne àParis. Le fait de voir les grands chefs nazis parader auTrocadéro (doc. 4), près de la Tour Eiffel, accable lesFrançais. Le triomphe de l’Allemagne nazie paraît complet.Le territoire national est démembré. L’Allemagne imposeune occupation sur la zone Nord, laissant à Vichy, siègedu gouvernement français, le contrôle de la « zone libre ».L’Alsace-Lorraine et le nord de la France sont détachéspar le vainqueur qui affaiblit systématiquement le pays.

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Une ligne de démarcation, gardée par l’armée alle-mande, coupe la France en deux, d’Ouest en Est (doc 3).

3. Ces tickets de viande de septembre-octobre 1940donnent une idée de l’ampleur des sacrifices imposés auxFrançais. Ils sont dus aux pénuries de denrées alimen-taires. Ces restrictions s’expliquent par les combats, parl’exode, par le départ des hommes valides qui sontdétenus en Allemagne et par les livraisons à l’occupant.

4. La défaite militaire devant l’Allemagne nazie, en maiet juin 1940, a de lourdes conséquences sur la vie quoti-dienne des Français. Massivement, des familles ont aban-donné leur domicile dans l’exode. Elles doivent s’adapteret réapprendre à vivre. En zone occupée, l’armée alle-mande est omniprésente. Les passages entre les zonessont étroitement surveillés. Tout le littoral est souscontrôle. Pour vivre, pour travailler ou pour circuler, il fautse soumettre aux règles de l’occupant. La détention decentaines de milliers de prisonniers en Allemagne posed’énormes problèmes. Les hommes partis, les femmesdoivent prendre à leur charge les travaux agricoles – lesrécoltes de l’été 1940 en particulier –, le travail à l’usine.L’État impose aussi des tickets de rationnement, si bienque la préoccupation majeure est de trouver un minimumvital pour nourrir toute sa famille. Survivre devient uneobsession quotidienne.

– Présentation des documentsDoc. 7 : Cet acte constitutionnel a été préparé par le votesolennel des parlementaires, le 10 juillet 1940, au grandcasino de Vichy. 569 députés et sénateurs ont confié lespleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain. 20 sesont abstenus et 80 ont voté contre. Ce projet de loi, arrêtéle 8 juillet par le Conseil des ministres, est inspiré parLaval. Les 11 et 12 juillet, Pétain peut, l’horizon ainsidégagé de toute contrainte, mener à terme son projet derégime autoritaire où il cumule tous les pouvoirs. La IIIeRépublique meurt juridiquement à cette occasion. Enréalité, il n’y eut pas de véritable constitution. Ce simpletexte se contente d’entériner une situation de fait enconfiant au chef de l’État les pleins pouvoirs exécutif etlégislatif, à une réserve près, la déclaration de guerre.L’origine de cet acte est à rechercher dans la demanded’armistice de Pétain qui crée les conditions de sa prisede contrôle du pouvoir. Sur le plan idéologique, le textedu 11 juillet représente la revanche tant attendue de ladroite anti-parlementaire dont les racines plongent dansles thèmes césariens développés à la fin du XIXe siècleet dans les années 1930.

Doc. 9 : L’iconographie de la Révolution nationaletriomphe dans l’été 1940. Dans une première phase, elleest bâtie autour du maréchalisme. L’icône de Pétain, lehéros de la Grande Guerre, s’impose, reprenant la tradi-tion patriotique (les trois couleurs) et superposant endouceur de nouveaux symboles (la francisque, une

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devise en triptyque). La femme procréatrice et l’enfant,au centre, sont l’objet de toutes les sollicitudes du régime.Le peuple au travail perpétue les vertus ancestrales. Leculte de la personnalité comble un vide pour une opiniondésorientée qui accepte la logique de l’armistice et quivoit en Pétain un guide et un bouclier.

Doc. 8 et 10 : L’entrevue a été préparée, le 22 octobre,par un entretien entre Laval et Hitler. Le personnage aucentre est l’interprète. Le ministre des Affaires étrangè-res du Reich, Von Ribbentrop, assiste à l’entrevue.Cette photographie montre que la collaboration estinitiée au plus haut niveau. La propagande allemande l’aabondamment exploitée. Sur le fond, quoiqu’en dise Pétaindans son allocution, les deux parties ne sont pas au mêmeniveau. D’abord, c’est la France de Vichy qui a sollicitécette rencontre. En effet, il s’agit d’obtenir une base denégociation pour normaliser les relations franco-alle-mandes. Pétain est amené à faire des propositions concrè-tes pour soulager l’effort de guerre allemand. Hitler nepromet rien en contrepartie. Il a obtenu ce qu’il voulait :obliger la France à accepter son vainqueur de plein gréet à la face du monde. Ainsi « la collaboration », va dansle sens des objectifs du Reich. L’échec est complet pourla diplomatie vichyssoise. Ces deux documents peuventêtre expliqués en parallèle pour montrer le contexte généralet les grands enjeux du conflit en 1940. Ils posent aussile problème de la nature de ce régime collaborateur.

Doc. 11 et 13 : Vichy veut exclure tous ceux qui sontenglobés sous le vocable d’anti-France : étrangers, Juifs,francs-maçons, communistes… La politique antisémitede l’État français, on le sait depuis les recherches de l’his-torien Robert Paxton, ne répond à aucune exigence alle-mande. Les deux documents proposés montrent laprécocité et la radicalité de l’antisémitisme d’État. Lepremier statut des Juifs, du 3 octobre 1940 – un secondle durcit en juin 1941 – introduit le terme de « race », sibien que, pour la première fois en France, des citoyens,désignés par leur naissance, sont mis à l’écart de lacommunauté. On voit bien le fond antisémite qui se mani-feste violemment chez certains Français comme Rebatet(doc. 12). Les Juifs étrangers sont maintenus dans descamps, souvent dans la zone Sud, sur ordre des préfetsqui procèdent à un internement administratif par la loi du4 octobre. On rassemble des milliers d’hommes, defemmes et d’enfants, futures victimes des camps d’ex-termination. Ce sont les douaniers et les gendarmesfrançais qui accomplissent ces basses besognes commel’atteste la photographie.

Doc. 12 : Lucien Rebatet, d’abord journaliste à L’Actionfrançaise, s’impose à la rédaction de Je suis partout en1932, journal qu’il réactive en 1941. Il se convertit aufascisme dès 1935. Les Décombres, qui retracent le tempsde la défaite, paru en 1942, fut un énorme succès de librai-rie. Cet extrait permet de saisir l’outrance verbale del’auteur qui se revendique haut et fort du fascisme. Onperçoit aussi le rejet viscéral de tout ce qui est Juif à sesyeux. Il développe la thèse de la décadence de la Franceet ne voit de solution que dans l’ultra-collaboration, ce qui

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implique une entrée en guerre aux côtés de l’Allemagnenazie contre la démocratie honnie. C’est pourquoi, cefervent collaborationniste n’a pas de mots assez durs pourles Vichystes, présentés comme des politiciens timorés.C’est peut-être l’occasion de faire sentir les divergencesde vue et de sensibilité dans un camp présenté souventde manière uniforme et réductrice. Rebatet est arrêté le8 mai 1945, tout un symbole.

Doc. 14 : François Bédarida, historien des relations inter-nationales, propose une réflexion de fond sur l’impact dela défaite de 1940. Comment un événement militaire a-t-il pu mettre en péril, de manière radicale, les valeurs répu-blicaines ? Il attribue un rôle essentiel au ressortpsychologique qui s’est brisé. Au-delà, l’auteur insiste surl’effondrement des structures, des repères auquels’ajoute la pression nazie. Le terme de nation, qui revientà trois reprises, est là pour signifier l’interrogationmajeure. C’est à un faisceau de facteurs qu’il faut s’in-téresser afin de montrer la complexité de l’analyse. Dureste, Bédarida s’interroge comme s’interrogeait déjà MarcBloch dans L’Étrange défaite.

– Réponses aux questions1. Sous le régime de Vichy, les pouvoirs sont concentrés,selon la loi constitutionnelle du 11 juillet 1940, dans laseule personne du chef de l’État français. Ce dernierdispose tout à la fois de la plénitude du pouvoir exécutif(alinéa 1, 3) et du pouvoir législatif (2) ; seule restriction,il ne peut déclarer la guerre sans l’accord du parlement.Dans la pratique, le chef de l’État intervient dans ledomaine administratif (4), militaire (4, 5), judiciaire (6),diplomatique (7) et dans celui du maintien de l’ordre inté-rieur (8).

2. En médaillon, au centre, Pétain est d’abord lemaréchal – les sept étoiles –, le vainqueur de Verdun de1916, couronné de lauriers. Placé au dessus du peupleen paix, il est aussi le sage qui regarde vers l’avenir d’unair assuré. La propagande de la Révolution nationaledonne de Pétain l’image sublimée du sauveur de la nation.La devise Travail, Famille, Patrie remplace la devise répu-blicaine Liberté, Égalité, Fraternité. La France tourne le dosà la République.

3. Le terme de collaboration est ici utilisé dans le senscourant ; c’est l’idée de coopérer, de travailler encommun. Pétain prétend que la France qui reste « souve-raine » n’est pas soumise à son vainqueur (d’où la formule :« Je n’ai subi aucun diktat », mot qui rappelle le traité deVersailles, imposé par la France à l’Allemagne en 1919).En réalité, Pétain reconnaît que « l’armistice » impose « denombreuses obligations » à son pays. Son objectif estd’établir une paix durable avec le partenaire qu’est Hitler,en espérant obtenir des compensations et alléger l’oc-cupation. La caricature du journal anglais, le Daily Miror,se moque de Pierre Laval, la grenouille, qui vient frapperà la porte de l’Allemagne nazie avec un bouquet de fleurs.Laval est présenté comme l’initiateur de la collaborationà sens unique.

4. L’écrivain Lucien Rebatet est ouvertement et idéolo-giquement fasciste. Il poursuit plusieurs objectifs : à l’ex-térieur, faire la guerre à l’Angleterre aux côtés del’Allemagne, à l’intérieur, lutter contre les Juifs et faire unevéritable « révolution » pour instaurer un nouvel ordre.Rebatet veut ainsi accélérer la collaboration, d’où le termed’« ultra » utilisé pour le qualifier. On parle aussi de « colla-borationniste ».

5. Ces deux lois d’octobre 1940 lancent la persécutiondes Juifs français ou étrangers. La loi du 3 octobre faitdes Juifs une « race » à part, mise à l’écart de la nation.Cette discrimination est imposée par l’État français. Laloi du 4 octobre permet aux préfets d’interner les Juifsétrangers dans des camps, à l’exemple de celui dePithiviers. On aperçoit des Juifs devant des baraquements,parqués derrière une palissade et gardés par des gendar-mes comme des criminels.

6. L’historien, François Bédarida, qualifie 1940 d’« annéeterrible ». Il avance plusieurs explications pour justifiercette expression. Les Français ont été profondémentmeurtris par la défaite qui leur a fait perdre tout repère.De plus, de manière stupéfiante, les structures du paysse sont effondrées. Plus gravement encore, la France aperdu toute cohésion : la voilà menacée dans son« identité » alors que l’Allemagne accentue sa pression.

7. En 1940, la France de Vichy, dirigée par Pétain et Laval,choisit la collaboration avec l’Allemagne nazie. Cette poli-tique, justifiée par le maréchal devant les Français, revêtplusieurs aspects. Elle est militaire à cause des condi-tions imposées par l’armistice ; elle est financièrepuisque la France doit payer des frais d’occupation ; elleest politique parce que l’État français prend des enga-gements ; elle est symboliquement mise en scène par lapoignée de mains de Montoire. Les dirigeants françaiscroient dans la victoire de l’armée allemande et espèrenttirer bénéfice à terme de leur engagement. En réalité, ilsrenforcent l’ordre hitlérien et menacent l’unité de la nation.

– Présentation des documentsDoc. 16 : Les patriotes qui ont rejoint le général de Gaulle,parfois dès le 19 juin, prennent le nom de « Françaislibres ». Il s’agit de militaires démobilisés et de jeuneshommes qui ont rejoint l’Angleterre. Fin juillet 1940, leseffectifs de la France Libre atteignent 7 000 hommes.C’est beaucoup puisque de Gaulle est parti de rien, c’esttrès décevant au regard des espérances soulevées par« l’appel ». Les témoignages des FFL survivants conver-gent sur la motivation avant tout patriotique plus qu’i-déologique de leur engagement.

Doc. 17 : L’appel du 18 juin est le document patrimonialpar excellence. C’est l’occasion de montrer l’impact toutrelatif de la radio anglaise en France. Ce discours n’a pasété enregistré par la BBC. Inversement, montrer combiende Gaulle et les siens ont compris, dès l’origine, la néces-

3. Les débuts de la Résistance,p. 120-121

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sité de mener une guerre des ondes. L’aide, aussi, trèsimportante apportée par Churchill à celui qui n’estencore qu’un rebelle et un inconnu : le 28 juin, il le recon-naît comme « chef de tous les Français libres ». Sur le fond,« l’appel » s’appuie sur un raisonnement géopolitique. Onchercherait en vain toute référence idéologique. Enfin, c’estdans ce discours que pour la première fois apparaît le motde « Résistance ».

Doc. 18 : Cette affiche, placardée à Londres en juillet1940 – en vignette, en bas, la version anglaise – synthé-tise l’esprit de « l’appel du 18 juin » en y ajoutant uneformule qui fera fortune (« La France a perdu… »). Laforme, une affiche blanche de mobilisation, rehaussée d’unliseré tricolore et de drapeaux, a pour fonction detoucher la fibre patriotique du lecteur. Les mots évitentavec soin toute référence politique : celui de Républiquen’apparaît pas, en revanche sont utilisés « France » et« patrie ». Le message repose sur le contrasteliberté/servitude. La mention du grade comme celle d’unquartier général contribuent à affirmer une démarche quine tient, pour l’instant, que par la volonté de son initia-teur et le soutien de Churchill. Radio, affiches : les ressour-ces de la communication sont utilisées pour accompagnerla création de « la France libre ».

Doc. 19 : Le tract de Charles Tillon, du 18 juillet 1940,a été distribué à quelques milliers d’exemplaires àBordeaux. La légende fournit des éléments biogra-phiques. Elle montre aussi l’émergence d’un courant quiprendra toute sa place dans la lutte clandestine. Tillona un passé de militant communiste : mutin de la mer Noireen 1919, il soutient le Front populaire et l’Espagne répu-blicaine. En 1939-1940, Tillon ne suit pas la ligne paci-fiste et pro-soviétique du parti après le pactegermano-soviétique. Il s’oppose ainsi à Maurice Thorezqui n’engagera le parti dans la lutte qu’en juin 1941.Refusant la passivité, il appelle à la résistance. Cet extraitdu « manifeste » illustre la synthèse des idéaux commu-nistes et des valeurs patriotiques réalisée par cettefraction du PCF, alors marginale.

Doc. 20 : Le document présenté est la transcription d’unmanuscrit dont il respecte la mise en page. Il révèle toutela fragilité de cette manifestation en même temps que sonimportance symbolique. L’ampleur de la répression està la hauteur du défi : arrestations, fermeture des univer-sités, limogeages.

Doc. 21 : Cette petite revue Résistance diffuse, depuisdécembre 1940, les idées du réseau des savants dumusée de l’Homme, à Paris. Le groupe rassemblerajusqu’à 300 personnes et diversifiera ses activités : rensei-gnement militaire, aide aux aviateurs britanniques et auxprisonniers évadés. Comme le montre cet exemple, l’écritest au cœur de l’activité de propagande. Maurice Vildéfait référence à un « Comité national de Salut public » dontl’évocation doit marquer le lecteur. Un journal baptiséégalement Résistance est créé à Paris en octobre 1942par Marcel Renet. Ce second Résistance constitueensuite un mouvement en zone occupée.

Doc. 22 : Cet arrêt de la cour martiale a été placardé dansle dessein de terroriser la population. Une plaquerappelle à Troyes le sacrifice de Raymond Hossatte,premier résistant de l’Aube exécuté dans le département.C’est par ces affiches bilingues que les autorités alle-mandes annoncent ou relatent les exécutions de ceux quisont désignés comme saboteurs, francs-tireurs, terroristes(voir également doc. 3 p. 68). En septembre 1941, aprèsl’assassinat d’un officier allemand à Paris, la solution desotages est utilisée systématiquement par l’armée alle-mande. Cette politique de la terreur produisit auprès dela population le résultat contraire à l’effet recherché.

– Réponses aux questions1. Pour le général de Gaulle, la France doit poursuivre lecombat (doc. 17). Pourquoi fait-il le choix de la guerre ?Pour lui, la France a de sérieux atouts : son empire, la puis-sance maritime, coloniale de son allié britannique, enfin,le soutien de l’économie américaine. Son analyse diffèreradicalement de celle de Pétain qui considère, dans le cadrestrictement européen, la victoire nazie comme acquise. LaFrance du maréchal veut devenir un partenaire du vainqueurafin d’en obtenir des concessions (doc. 10). Pour deGaulle, qui raisonne à l’échelle planétaire, la défaite subiepar l’armée française s’explique par la supériorité maté-rielle et tactique de la Wehrmacht. En conséquence, l’es-sentiel est de forger les armes de la revanche. L’afficheapposée à Londres le 3 août 1940 (doc. 18) fait penserà une affiche officielle de mobilisation. De Gaulle emploieun ton solennel, des termes pathétiques capables derassembler la nation autour de lui.

2. Les motivations de ces premiers résistants sont multi-ples. L’amour de la patrie est constamment présent (doc.19, 20, 21). La libération du sol métropolitain apparaîtcomme un devoir sacré. Chacun veut préserver l’identiténationale en perpétuant une tradition de grandeur et desacrifice pour son pays (doc. 19, 20, 21). On trouve aussides motivations morales : préserver sa liberté, sauve-garder sa dignité d’homme face à l’oppression, en un motrester debout dans l’épreuve (doc. 19, 20, 21). Les moti-vations idéologiques peuvent être présentes (doc. 19) :elles animent les résistants communistes. Dans leur diver-sité, toutes ces initiatives convergent vers un butcommun. Ces hommes ou ces femmes risquent leur vieen s’engageant ainsi à résister à Vichy et à l’occupant(doc. 22). En effet, en zone occupée, les autorités alle-mandes pratiquent une répression impitoyable, espérantbriser net toute tentative de révolte. Cette affiche indiqueque le châtiment réservé par les nazis à un résistant –qualifié de « saboteur » ou de terroriste – est la mort. Cesera le cas pour les étudiants parisiens qui ont voulucommémorer l’armistice du 11 novembre 1918. Enplacardant cet avis l’occupant veut marquer les esprits.

3. Au début de la Résistance, les moyens utilisés pourcontinuer le combat sont, très disparates. La France libre,le mouvement du général de Gaulle utilise les médias, laguerre des ondes radiophoniques grâce à l’aide de la radioanglaise, la BBC (doc. 17). Parallèlement, de Gaulle

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cherche à constituer une petite armée, les Forces fran-çaises libres (FFL), qui devra participer à la libération avecses alliés (doc. 16). En métropole, où la présence alle-mande est dissuasive (doc. 22), les premiers résistantscherchent d’abord à interpeller leurs concitoyens par voiede tract (doc. 19, 20), d’affiches, de petits journaux(doc. 21), de manifestations symboliques (doc. 20) afinde provoquer une prise de conscience. Leurs moyens sontdérisoires, les réseaux sont très vulnérables, mais leurdétermination est entière (doc. 19, 20, 21).

4. Les premiers résistants, qu’ils soient engagés àLondres auprès du général de Gaulle ou bien sur le terri-toire métropolitain, manifestent une volonté peu commune.S’ils choisissent de risquer leur vie dans ce combat dontl’issue paraît bien incertaine en 1940, c’est qu’ils sontanimés par de très fortes convictions. Indéniablement, lesvaleurs patriotiques, indépendance, intégrité du solnational, souveraineté, sont dominantes. Tous les mouve-ments, tous les individus, des gaullistes aux communis-tes inclus, ressentent le même désir de chasserl’occupant. Le ciment de la résistance se retrouve danscette volonté partagée. Les valeurs démocratiques sontmoins souvent évoquées. Néanmoins l’aspiration à laliberté ainsi que le refus de toute forme d’oppressionrapprochent des résistants encore très dispersés dansl’action quotidienne. Les droits de l’homme ne sont pasévoqués en tant que tels pas plus que les préoccupationspoliticiennes. C’est l’heure du réveil. Entretenir l’espoir,voilà la priorité.

– Démarche du sujet d’étude• À la différence des autres sujets d’étude, « la Défensenationale » s’inscrit dans un cadre chronologique quidéborde largement celui de la partie A du thème danslequel il s’inscrit (Moments et actes fondateurs (1880-1946). En effet, il envisage l’évolution de notre défensede 1880 à nos jours. D’autre part, il dilate le champgéographique puisqu’il intègre la dimension européenne. Le traitement du sujet d’étude en approfondissement(après les leçons 1 à 5 p. 106-114) tel qu’il est proposépermet de revenir principalement sur une thématique

La Défense nationale, un enjeupour la République, p. 122-127

– Azéma, J.-P., Bédarida, F. (dir.), La France des annéesnoires, coll. Points Histoire, Le Seuil, 2000– Bertin-Maghit, J.-P., Les documenteurs des annéesnoires, Nouveau monde, 2004– Burrin, Ph., La France à l’heure allemande, 1940-1944,coll. Points Histoire, Le Seuil, 1997 – Laborie, P., L’opinion française sous Vichy, les Françaiset la crise d’identité nationale, 1936-1944, coll. PointsHistoire, Le Seuil, 2001

abordée dans les leçons : la place de la défense dans laconstruction de la République autour du lien armée-nation.En effet pour les républicains, le service militaire a été undes vecteurs essentiels, avec l’école, de construction dumodèle français de citoyenneté et d’intégration.• Le traitement proposé du sujet d’étude en amont duthème selon la démarche de l’étude de cas reprendra lepremier point de l’encadré de Faire le point sur le sujetd’étude, p. 127 en proposant comme piste de contex-tualisation : En quoi le lien armée-nation constitue-t-il unélément essentiel de la construction de la République ?(leçons 1, 3 et 4).• Plusieurs thèmes peuvent être proposés aux élèves pourla réalisation d’un dossier documentaire en autonomieautour de la défense nationale : « L’armée et la nation »à partir du sujet d’étude, mais aussi de « l’affaireDreyfus » et de « l’année 1940 ». « La défense du territoirefrançais de 1880 à 1940 » à partir du sujet d’étude etdes leçons de ce thème mais aussi du thème 2 :guerres et paix (1914-1946)…

– Présentation des documentsDoc. 1 : La loi du 6 juillet 1880 fait du 14 juillet la fêtenationale de la République. Celle-ci commémore la fêtede la Fédération (14 juillet 1790). L’accent est mis, dèsle début, sur le caractère patriotique et militaire de la mani-festation. Elle concerne toutes les communes. En 1880,pour le premier 14 juillet, le ministre de l’Intérieurprescrit aux préfets de veiller à ce que cette journée « soitcélébrée avec autant d’éclat que le comportent les ressour-ces locales ». À Paris, dans le programme prévu, deux céré-monies importantes doivent dominer la journée : ladistribution des nouveaux drapeaux à l’armée et l’inau-guration, sur la place de la République de la statue de laRépublique des frères Morice. Pour le défilé militaire, lechamp de Mars est abandonné au profit de l’hippodromede Longchamp. Devant 300 000 spectateurs et enprésence du président Jules Grévy, le ministre de la Guerredistribue de nouveaux drapeaux et étendards. Ce tableauest à mettre en relation avec celui d’Alfred Roll (p. 96-97).Le message est clair : dix ans après la défaite, la France,grâce à la République se tourne résolument vers l’avenirconfiante dans sa richesse, sa force et sa vitalité.

Doc. 2 : Mise en place par la loi Jourdan en 1898, la cons-cription n’est véritablement instituée que par la loi du 21mars 1905 qui crée un service militaire universelmasculin, obligatoire et égal pour tous. La conscriptionmarque durablement la société française. Beaucoup detraditions et coutumes se sont constituées autour d’elle.Avant l’incorporation: défilé des conscrits enrubannés,charivaris avec repas copieux, libations, tapages noctur-nes et autres débordements. Mais aussi pendant leservice : initiations des bleus, traditions des chants dechambrée et à l’approche de la « libération » : la quille du

1. Armée et Nation, p. 122-123

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libérable et le cercueil du Père Cent. La conscriptions’impose comme un rite de passage à l’âge adulte.

Doc. 3 : Avec le déclenchement de l’insurrection algérienneen 1954, le gouvernement français doit envoyer desrenforts pour maintenir l’ordre. En 1956, le cabinet GuyMollet décide d’appeler le contingent. La durée deservice passe de 6 à 9 mois puis à 24 mois en 1959.450 000 appelés servent en Algérie en 1957. Ils assurentdes missions de protection et de maintien de l’ordre. Lerecours au contingent dans une guerre de décolonisationimpopulaire fragilise le lien armée-nation et entraîne lamontée de contestations. Cependant, ce sont les appelésqui refusent de suivre la tentative de putsch desgénéraux les 22-25 avril 1961 et la font échouer.L’expérience de la guerre d’Algérie nourrira pendant desannées l’argumentaire anti-militariste.

Doc. 4 : Avant 1905, la durée du service aux armées estlongue, mais elle ne concerne pas tous les Français. Ona recours à une conscription allégée qui laisse une grandeplace aux exemptions et aux remplacements. Dans saforme moderne le service national est mis en place en1905 avec une loi imposant le service personnel, égal etobligatoire. Sa durée est fixée à deux ans. La tendancegénérale de la durée du service est à la baisse sur l’en-semble de la période. Au sortir de la Seconde Guerremondiale, les nécessités de la guerre moderne diminuentles besoins en hommes. La suspension du servicenational en 1997 traduit l’évolution des conceptionsnouvelles d’une défense qui s’appuie sur une arméeprofessionnelle, moins nombreuse et plus qualifiée.

– Réponses aux questions1. Historiquement, c’est dans la fête de la Fédération (14juillet 1790) qui met l’armée à l’honneur, que la fête natio-nale trouve sa référence. Héritée de la Révolution, la cons-cription fait de l’armée française une armée de citoyens.La présence de l’armée lors des cérémonies très popu-laires du 14 juillet (défilé militaire) souligne le lien entrearmée et nation.

2. En France, la conscription a été un outil d’intégrationde l’ensemble des populations vivant sur le sol français.En partageant une expérience commune au service de leurpays, des jeunes d’horizons très différents ont appris àse reconnaître les uns et les autres comme Français.

3. Voir la présentation du doc. 4.

4. À travers les appelés du contingent, c’est la nation toutentière qui remet en cause sa participation au conflit. Pourbeaucoup, le territoire national est limité à la métropoleet non à ce territoire lointain qu’est l’Algérie. Il s’agit aussid’une guerre de décolonisation. Les appelés n’avaient pasété mobilisés lors du conflit indochinois. L’engagementdes appelés dans ce conflit impopulaire a pour consé-quence de fragiliser le lien entre la nation et l’armée.

5. L’idéal du soldat-citoyen est né de la Révolution fran-çaise. Il est réaffirmé par la IIIe République lors de l’ins-titution du 14 juillet comme fête nationale. Il a été l’objetde débats, notamment sur la durée du service militaire.

C’est vraiment à partir de 1905 que le principe du serviceobligatoire et universel est appliqué. Ce service militaireest alors un temps fort dans la vie de plusieurs généra-tions de jeunes et un aspect essentiel du modèlefrançais d’intégration et de citoyenneté.

– Présentation des documentsDoc. 5 : La ligne Maginot est un dispositif complexeorganisé en profondeur depuis la frontière. Elle a pourfonction de garantir l’intégrité du territoire national en leprotégeant d’une nouvelle invasion allemande. À noter quel’Allemagne a construit un système de défense symé-trique : la ligne Siegfried ou Westwall.

Doc. 6 : Il est à mettre en relation avec le doc. 10. Lediscours de Jacques Chirac permet de préciser les orien-tations de la défense nationale aujourd’hui : assurer lasécurité du territoire et de ses populations, de ses bienset de ses ressources, mais aussi la sécurité des appro-visionnements et la défense des pays alliés. Les forcesnucléaires, comme les forces conventionnelles, sont unélément du dispositif de dissuasion qui s’inscrit dans unedéfense globale.

Doc. 7 : L’évacuation des ressortissants français de Côted’Ivoire en 2004 entre dans le cadre de l’opération Licornequi désigne la participation des forces armées françaises,sous commandement français, à l’opération des Nationsunies en Côte-d’Ivoire. L’opération Licorne a commencédès septembre 2002 avec le début des événements deCôte d’Ivoire, en dehors des Nations unies, dans le cadrede l’accord de coopération militaire entre les deux pays.

Doc. 8 : Le plan Vigipirate est un dispositif de sécuritédestiné à prévenir les menaces ou à réagir face auxactions terroristes. Sa création remonte à 1978 aumoment où l’Europe connaît une vague d’attentats. Le plana été déployé pour la première fois en 1991. Aujourd’hui,le plan Vigipirate retient quatre niveaux d’alerte. Àchacun de ces niveaux, définis par une couleur (jaune,orange, rouge, écarlate), le gouvernement déclenche unesérie de mesures pour atteindre un objectif déterminé.Le niveau le plus élevé est le niveau écarlate qui vise à« prévenir le risque d’attentats majeurs […] pouvant […]provoquer des effets dévastateurs, et [à] mettre en placeles moyens de secours et de riposte appropriés ». Lorsdes attentats à Madrid du 11 mars 2004, le plan Vigipirateest passé au niveau rouge pour les gares et la SNCF.

Doc. 9 : Le graphique traduit les conséquences de lasuspension de la conscription et de la professionnalisa-tion des armées, décidées par Jacques Chirac, en février1996 et organisées par la loi du 28 octobre 1997.Volontaires et civils succèdent aux appelés. La profes-sionnalisation des armées répond aux nouvelles réalitésgéostratégiques nées, en particulier, de la fin de la Guerrefroide : la menace d’une attaque directe du territoire ouest-européen a fait place au risque d’une multiplication de

2. De la Défense des frontières à ladéfense globale, p. 124-125

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conflits locaux qui nécessitent des réponses rapides.L’engagement des forces armées françaises dans cenouvel environnement international implique des forcesd’un haut niveau technique, immédiatement disponibles,« projetables », capables de s’intégrer rapidement à undispositif international.

Doc. 11 : L’appel de préparation à la défense (JAPD) acommencé en 1998 pour les garçons et en 2000 pourles filles. Ils sont convoqués à l’une des trois dates quileur sont proposées par l’administration du servicenational. Cette journée d’appel a pour objectif de les sensi-biliser aux questions liées à la défense de la nation. Lajournée est organisée sur des sites militaires ou civils.L’information est dispensée par des cadres d’active et deréserve. À l’issue de cette journée les jeunes reçoiventun certificat individuel de participation qui doit êtreprésenté pour s’inscrire aux examens et concourssoumis au contrôle de l’autorité publique.

– Réponses aux questions1. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la priorité est ladéfense du territoire contre les agressions extérieures,en particulier de l’Allemagne. La ligne Maginot, ligne forti-fiée le long de la frontière, illustre cette conception.

2. Les nouveaux enjeux sont la sécurité des approvi-sionnements, la défense de pays alliés, la protection desressortissants français à l’étranger, la prévention d’at-tentats terroristes, la participation aux opérations inter-nationales de maintien de la paix et la défense européenne.

3. L’armée s’adapte à ces nouveaux enjeux par laprofessionnalisation et l’augmentation de sa capacité d’in-tervention rapide.

4. La conscription est suspendue. N’étant pas supprimée,elle peut donc être réactivée. Les principes et l’organi-sation de la défense font l’objet d’un parcours decitoyenneté en trois étapes. La première consiste en unenseignement obligatoire au collège et au lycée. Ladeuxième est constituée par le recensement et la troi-sième par la journée de préparation à la défense. La JADPsensibilise les jeunes Français aux questions liées à ladéfense de leur pays et à leurs responsabilités civiques.

5. En un siècle, la défense s’est adaptée, dans ses objec-tifs (maintien de la paix dans le monde, intégration euro-péenne, lutte contre le terrorisme, assistancehumanitaire…) mais aussi dans ses moyens (moderni-sation des armements, professionnalisation). Aujourd’huila Défense n’est plus seulement militaire : globale, elleest l’affaire de tous.

– Présentation des documentsDoc. 12 : Il convient de bien distinguer sur cette carte lesdifférentes forces. Les forces de souveraineté agissentsur le territoire national. Les forces de présence et les

3. Indépendance nationale etintégration, p. 126-127

forces temporaires sont des forces dites « préposition-nées ». Elles sont déployées dans un but de préventiondes crises dans les pays liés à la France par des accordsbilatéraux (de défense ou de coopération). Les forces sousmandat international peuvent relever de statuts divers.Ainsi, dans les Balkans, sous mandat des Nationsunies, des unités et des états-majors français ontsuccessivement été engagés en Croatie et en Bosnie àpartir de 1992, puis en Albanie (1997), en Macédoine(1998), enfin au Kosovo (depuis 1999). Les militairesfrançais continuent d’y assurer leurs missions dans lecadre de l’ONU, de l’OTAN ou de l’UE.

Doc. 13 et 14 : L’engagement militaire français en Bosnieest effectif à Sarajevo dès l’été 1992, dans le cadre dela FORPRONU. Parallèlement, à partir d’avril 1993,l’OTAN met en place des dispositifs auxquels participentles forces françaises de l’opération Balbuzard : interdic-tion et surveillance aérienne et dispositif naval communavec l’UE. Suite aux accords de Dayton, ces forces setransforment et donnent naissance en décembre 1995à l’Implementation Force (IFOR) de l’OTAN. La France ycontribue à hauteur de 3 000 hommes.

Doc. 15 : Le concept d’« action civilo-militaire » (ACM) estrécent. Ce sont les actions menées durant la guerre duGolfe et la pratique américaine des civil affairs qui ontrécemment mis en évidence la nécessité d’associer solu-tions civiles et militaires. Les actions civilo-militaires fran-çaises visent à « faciliter l’exécution des missionsopérationnelles avant, pendant et après l’engagement desforces en favorisant l’acceptation et le soutien des popu-lations concernées ».

Doc. 16 : La brigade franco-allemande est une grandeunité interarmes binationale. Par son organisation, elleparticipe aux efforts de rapprochement franco-allemandtant aux niveaux des hommes, que des équipements oudes règlements. La brigade est placée sous comman-dement opérationnel du corps européen.

– Réponse aux questions1. Les forces françaises sont déployées dans le cadre desforces de souveraineté sur le territoire national (métropole,DOM, TOM, CT), dans le cadre de mandats internationaux(ONU, OTAN, UE), dans le cadre d’accords bilatéraux (forcesde présence ou temporaire en Afrique).

2. La France a rejoint l’OTAN au moment de sa créationen 1949. En 1966, de Gaulle la retire de la structure mili-taire intégrée de l’OTAN, mais elle en reste membre. Lacrise yougoslave provoque un rapprochement avec uneparticipation active des forces françaises aux opérationsde sécurisation de la région.

3. Tenté au lendemain de la guerre mais rejeté en 1954avec la CED, le projet d’une défense européenne estrelancé en 1988 avec l’annonce puis la création d’unebrigade franco-allemande et en 1999 avec l’instaurationd’une politique européenne commune en matière desécurité et de défense (PECSD).

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4. La France participe au maintien de la paix dans lemonde dans le cadre des missions de l’OTAN ou desNations unies (missions de sécurisation ou missions àcaractère humanitaire).

5. L’action de la France s’inscrit de plus en plus dans uncadre international par la présence des forces françaisessur tous les continents, mais aussi par sa participationau développement d’une capacité européenne propre enmatière de défense et son engagement au sein de l’al-liance atlantique. Par sa participation active aux relationsinternationales, la défense contribue à la prévention desconflits et des guerres.

Les pages Méthode du thème

Identifier le document– Le texte est un extrait d’article de presse tiré de la unedu quotidien Le Populaire.

Réponse aux questions, p. 128

BIBLIOGRAPHIE

– Collectif, De la patrie en danger aux nouvellesmenaces. 1792-2003. La défense nationale enquestion(s), Actes du colloque de Reims, 26-27 mai2004, coll. Documents, actes et rapports pour l’édu-cation, CRDP Champagne-Ardenne, 2006– Collectif, Enseigner la défense, revue de l’Associationdes professeurs d’Histoire-Géographie (APHG), n° 390,avril 2005– Gusse, D., Letestu, B., Magdonel, É. (dir.), 99 ques-tions sur la défense, Montpellier, CRDP du Languedoc-Roussillon, 2004– « Éducation à la citoyenneté », Publications de l’Unesco,2004. Sur la défense au service de la paix.– Institut des hautes études de défense nationale,Comprendre la défense, Éditions Economica, 2002– Crépin, A., Boulanger, Ph., « Le Soldat-citoyen, unehistoire de la conscription », La documentation photo-graphique, n° 8019, La Documentation française,février 2001– « La défense, une histoire de citoyenneté », TDC,n° 796, mai 2000– Guide républicain, l’idée républicaine aujourd’hui,Scérén-CNDP, Delagrave, 2004

SITES INTERNET

– Ministère de la défense : http://www.defense.gouv.fr– Institut des Hautes Études de Défense Nationale) :http://www.ihedn.fr– Portail de l’Union Européenne : http://europa.eu.int/ – « Citoyenneté et Défense » : dossier très completproduit par le Scérén-CNDP :http://www.cndp.fr/themadoc/defense/presenta-tion.htm

– Comme indiqué, Le Populaire est l’organe du Parti socia-liste (SFIO), c’est-à-dire Section française de l’Internationaleouvrière. Il exprime le point de vue officiel de cette orga-nisation politique de gauche.– Le sujet abordé est un récit de l’émeute qui vient d’em-braser Paris. La date a beaucoup d’importance puisquele journal relate à chaud un événement dramatique quis’est produit la veille au soir.

Analyser et exploiter le document– Le journal relate les émeutes du 6 février 1934 à Paris.Sont décrits les affrontements entre manifestants et forcesde l’ordre sur les Champs-Élysées et le pont de laConcorde. Ce dernier permet d’accéder au Palais-Bourbonqui est le siège de la Chambre des députés.– On peut distinguer, d’après ce récit, deux étapes. Dansun premier temps, la manifestation prend une formeviolente. Dans un second temps, elle dégénère en unevéritable émeute avec l’utilisation d’armes à feu contreles forces de l’ordre. – Durant ce drame, s’opposent les manifestants dont lenombre doit être considérable (« une vague ») et les forcesde l’ordre chargées de protéger le Palais-Bourbon. Cesdernières passent progressivement d’une attitude jugéepassive (« les mains dans les poches ») au tir à ballesréelles qui met fin à l’assaut. – Au début de l’année 1934, à la suite du scandaleStavisky mettant en cause des parlementaires, le régimetraverse une crise aiguë aggravée par le contexte écono-mique et social. L’antiparlementarisme avec les liguesd’extrême droite retrouve une nouvelle vigueur.– Pour le journal socialiste, les émeutiers ont tenté « uncoup de force fasciste » qui a « échoué ». L’emploi géné-rique de l’adjectif fasciste appliqué à des organisationsd’inspiration différente (Action française, ligues diverses…)renforce l’idée d’un complot structuré en phase avec lamontée en puissance européenne de ce nouveau courantidéologique. La foule est ici désignée de manière péjo-rative : « vague hurlante de manifestants », « les émeu-tiers », « les énergumènes », « perturbateurs ». Le Populaireprend donc ouvertement parti contre la manifestation etses dégradations. Il s’attache à montrer le bien-fondé dela réaction d’une police en état de légitime défense.– Réaction d’autant plus justifiée, selon le journal, que lesmanifestants étaient déterminés à « renverser laRépublique et le régime parlementaire ».

Identifier le document– Il s’agit d’un dessin de presse tiré de l’hebdomadaired’extrême droite Le Témoin.– Son auteur, Paul Iribe, directeur du journal, est à la foisjournaliste, dessinateur, caricaturiste et un décorateurimportant du courant « Art déco ».

Réponse aux questions, p. 129

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– Le thème s’inscrit dans un contexte d’antiparlementa-risme qui connaît son apogée le jour précisément de lapublication de ce journal, le 6 février 1934.

Analyser et exploiter le documentEn associant texte et image, il est possible de dégagerdeux registres d’égale emprise. Le registre supérieurassocie un poing surdimensionné et le jeu de mot lapi-daire « le poing(t) final ». Le registre inférieur associe undeuxième jeu de mots « dix solutions » et « dissolution »avec un Palais-Bourbon s’écroulant. Les couleursemployées sont celles du drapeau national. Le messageécrit semble en apparence simple : dans l’intérêt du pays,la solution à la crise ambiante est de dissoudre laChambre. La dissolution est une procédure prévue par lesinstitutions de la IIIe République pour dénouer une crise,puisqu’elle permet à l’exécutif de renvoyer les parle-mentaires devant les électeurs. Cependant, son utilisa-tion par Mac-Mahon en 1877, l’a déconsidérée et elle n’ajamais été employée depuis. Si l’on s’en tient au visuel,le message va beaucoup plus loin. Il ne s’agit plus deprovoquer de nouvelles élections, mais de mettre à basl’édifice parlementaire. Le poing de la colère populaire estune reprise de la symbolique de gauche et montre parquels moyens l’objectif doit être atteint. Ce document estdonc en phase avec l’état d’esprit de l’extrême droite anti-parlementaire dont les éléments les plus déterminés tente-ront de s’emparer du Palais-Bourbon, le 6 février 1934.

Les pages Horizon Bac du thème

Après la Première Guerre mondiale, quelle a été lapériode durant laquelle la République a consolidé les droitssociaux ?

Dans les années 1930, la France connaît un contexte decrise économique due aux effets différés du krach de WallStreet et politique avec la montée des ligues d’extrêmedroite et de l’anti-parlementarisme. Le Front Populaire estporté au pouvoir par les élections de mai 1936 : c’est unecoalition regroupant communistes, socialistes et radicaux.Stimulé par les grandes grèves du printemps 1936, lenouveau gouvernement, dirigé par Léon Blum, fait signerles accords de Matignon en juin, entre patrons etsalariés. Ces accords améliorent les conditions detravail (hausse des salaires, contrats collectifs de travail,élection de délégués du personnel, liberté syndicale…).Les mesures les plus emblématiques sont la création descongés payés et la semaine de 40 heures : elles mettentl’individu et son bien-être au centre des préoccupations.

La Marseillaise devient l’hymne officiel en 1879 ? 1880 ?1889 ?

La Marseillaise est un chant créé lors des guerres révo-lutionnaires en 1792. La République décide d’en fairel’hymne national en 1879 ; mais ni la partition ni lesparoles ne sont alors rigoureusement définies (ce n’a été

Questions à traiter, p. 131

le cas qu’en 1887… date qui n’apparaît pas dans laquestion). 1880 est l’année où le 14 juillet a été offi-ciellement choisi comme jour de la Fête nationale.Quant à 1889, c’est l’année du Centenaire de laRévolution (qui s’est traduite par l’érection de la statuede Dalou, « Le Triomphe de la République » et l’inaugurationde la tour Eiffel, pour l’exposition universelle de la mêmeannée). Toutes ces dates tournent donc autour de la mêmesymbolique, l’héritage de la Révolution de 1789 revendiquépar la IIIe République.

Comment définir la laïcité ?

La République a voulu dissocier les institutions et lesagents publics représentant l’autorité de l’État, dudomaine religieux. Celui-ci est désormais considérécomme relevant de la sphère privée. Dans cette perspec-tive, l’État se doit de respecter une stricte neutralité touten garantissant la liberté de conscience. Cela passe prin-cipalement par la mise à l’écart du religieux dans l’écolepublique dès 1881-1882, et par la loi de séparation desÉglises et de l’État (1905). La référence à la laïcité seraexplicitement affirmée dans les constitutions de 1946 etde 1958.

Répondre

Le régime de Vichy est né de la défaite de la France enmai-juin 1940. Quelle interprétation Pierre Laval, vice-prési-dent du Conseil, et le maréchal Pétain font-ils de ladéfaite ? Dans son discours du 9 juillet 1940, Laval metl’accent sur la force de l’ennemi qui, pour lui, n’expliquepas tout. Mais, à la différence du général de Gaulle dansson appel, il dénonce les causes de la faiblesse françaisecomme dues au « régime parlementaire » et à « tout unmonde qui a été et ne peut plus être ». Les citations dePétain dont le prestige est immense, accompagnent uneaffiche de propagande officielle. Elles ne mettent à aucunmoment en cause l’ennemi. La défaite, affectée avant toutd’une dimension morale (jouissance/sacrifice, revendi-quer/servir…) relève de la responsabilité du vaincu. Toutepoursuite des combats hors du territoire métropolitain estdisqualifiée. Ces discours conditionnent deux axesessentiels de la politique de Vichy. Tout d’abord, la miseen place d’un nouveau régime autoritaire en réaction avecla République dont la direction légitimement incombe àPétain (seul au milieu des décombres à maintenir droitle drapeau français) et, ensuite, une politique d’accom-modement avec l’Allemagne qui va se traduire par la colla-boration. Ainsi, ces deux documents montrent combienla défaite a été vécue par certains Français comme uneopportunité politique voire une revanche pour mettre enapplication leurs idées.

Sujet à traiter, p. 132-133

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Thème 1

77Thème 1 Peuplement, réseaux et mobilités en France

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Les problématiques du thème

Extrait du programme et des documents Le traitement du manuel Magnardd’accompagnements

A. La distribution de la populationL’examen de cartes de densité fait apparaître les « vides » Leçon 1 : Une occupation du territoire contrastée,et les « pleins » […] On montre que les trames de p. 148-149peuplement mises en évidence [...] ne sont pas statiques. Quelles sont les évolutions récentes de la population en Il s’agit d’étudier en premier lieu les contrastes des France ?trames de peuplement. Ceux-ci traduisent les mutations séculaires du territoire français […].

L’importance du fait urbain […]. Leçon 2 : Près de 80 % de citadins, p. 150-151Quelques faits sont à souligner et à développer : […] Quels sont les effets de la croissance urbaine sur la fin du recul de la population rurale et le développement l’organisation du territoire ?de la périurbanisation […] la concentration dans un nombre réduit de villes.

Le territoire est parcouru par de multiples mobilités Leçon 3 : La mobilité de la population, p. 152-153(de travail ou de loisirs) ; les migrations internationales Quelles sont les caractéristiques des mobilités de influent aussi sur la répartition de la population […]. population en France ?Les déplacements domicile/lieu de travail concernent de nos jours plus de 60 % des actifs (45 % en 1980).

L’organisation des réseaux de transports participe au Leçon 4 : Transports et métropolisation, p. 154-155phénomène de métropolisation dont bénéficient Quelles sont les relations entre les transports et les villes principalement Paris et quelques unités urbaines. en France ?Les aménagements structurants en matière de transport et de communication (TGV, autoroutes, aéroports) ont privilégié les axes et carrefours dynamiques, au détriment d’une circulation interne diffuse. […] La concentration des nœuds de communication sur les aires urbaines caractérise la métropolisation.

B. Des territoires en fonctionnementL’accès de régions au rang de collectivité territoriale en Leçon 5 : Les nouveaux territoires, enjeux de 1982 a fait de ces dernières un maillon essentiel du l’aménagement, p. 156-157découpage territorial. […] Les départements et les À quelle échelle l’aménagement du territoire se communes ont bénéficié à un moindre titre des lois de concentre-t-il aujourd’hui ?décentralisation, ils sont aujourd’hui affaiblis par la région et les nouvelles entités supra communales : communautés de communes et pays.Les nouveaux territoires de l’aménagement.[…] Les orientations nationales récentes confèrent désormais plus de responsabilité, à défaut de davantage de moyens, aux cadres politico-administratifs de proximité.En opérant un changement d’échelle, on conduit l’élève à s’interroger sur la gestion et l’aménagement d’un territoire régional.

Peuplement, réseaux et mobilités en France

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Les notions du thèmeLes notions du programme : Urbanisation ; Métro-polisation ; Enclavement ; Réseau (voir les Repères,p. 260-261) sont les notions privilégiées par le programme– qui ne commence pas par ce thème. En débutant parce thème, on doit nécessairement approcher les notionsde Territoire, État, Région, aménagement, environnement,

acteurs spatiaux (voir la définition de ces notions dansles Repères, p. 260-261). La mise en réseau descentres d’impulsion du territoire dans un contexte demétropolisation accroît l’enclavement des espacesmarginaux. Dans un cadre qui échappe de plus en plusà l’initiative de l’État, émergent de « nouveaux territoires »de l’aménagement, qui mobilisent, à l’échelle régionale,l’ensemble des acteurs spatiaux.

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Extrait du programme et des documents Le traitement du manuel Magnardd’accompagnements

Les mobilités à l’échelle de la région ou d’une Sujet d’étude [Étude de cas]agglomération urbaine. La mobilité dans l’agglomération clermontoise,

p. 142-1471. Une mobilité croissante2. Une mobilité liée à l’organisation du territoire3. La mobilité : un enjeu pour la ville

Sujets d’étude [Approfondissements]L’organisation des transports à l’échelle de la région L’organisation des transports franciliens, p. 158-163ou d’une agglomération urbaine. 1. Un système de transport sans équivalent en France

2. Satisfaire les besoins d’une Région métropole3. Une nouvelle gestion des transports franciliens

Une organisation intercommunale et ses réalisations. Un nouveau territoire, le Pays d’Arles, p. 164-1691. Un territoire en formation2. Un territoire de projet2. Un territoire à l’épreuve de la décentralisation

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Espace urbanisé ;parcs d’activités

Place Georges Pompidou

Bois, champs,espaces verts

RN 10

SNCF / RER C

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Siège social de Bouygues sur Guyancourt6Étang des Roussières, Guyancourt7Bouviers, quartier de Guyancourt8Ville de Saint-Cyr-l’École9

Versailles10Paris11

Bassin du centre commercial régionalEspace Saint-Quentin2

Gare de Saint-Quentin-en-Yvelines –Montigny-le-Bretonneux3

Immeuble international accueillant diversessociétés ainsi que la CPAM4

Immeubles de sociétés sur Guyancourt (membrede la Communauté d’agglomération)5

Les pages d’ouverture du thème– Saint-Quentin-en-Yvelines, ville nouvelle au Sud-Ouest de Paris, p. 136-137

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Montigny-le-Bretonneux (35 824 habitants) est la communecentrale et principale de l’agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines créée par le schéma directeur d’amé-nagement et d’urbanisme de 1965 pour répondre, avecquatre autres villes nouvelles, à la croissance anarchiquede l’agglomération parisienne. Son activité économiquetrouve sa source principalement dans le secteur tertiaire(1 590 entreprises). Plusieurs grands sièges sociaux d’en-treprises internationales sont installés sur la ville(SAIPEM, BMW France, COGEMA...), qui compte en outreun grand nombre de PMI-PME spécialisées dans lessecteurs technologiques. Fin 2002, l’État a ainsi décrétéla fin de l’opération d’intérêt national instituant le statutde ville nouvelle pour Saint-Quentin-en-Yvelines, dont lessept communes membres ont choisi un nouveau principed’intercommunalité, la Communauté d’agglomération.

– La dynamique des nouveaux territoires,p. 138-139Le pays de Brocéliande, en Ille-et-Vilaine, est situé à unetrentaine de kilomètres de Rennes (la moitié Est du terri-toire est dans l’aire urbaine de la métropole). Depuis1991, il associe 43 communes et 5 communautés decommunes (60 000 hab.). Il est reconnu comme « Pays »depuis 1997. La Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) a été miseen place le 1er janvier 1968. Avec Lille, Lyon, Strasbourg,elle est l’une des quatre communautés urbaines crééespar la loi du 31 décembre 1966 qui a fixé le cadre de sescompétences ou missions. Les 27 communes regroupent660 000 hab. et forment la 6e agglomération française.La communauté du pays d’Aix est une communauté d’ag-glomération née autour d’Aix-en-Provence en janvier2001 et associant 34 communes (330 000 hab.).Les trois exemples suggèrent la diversité des nouveauxterritoires. Si la CUB insiste sur le potentiel que repré-sentent l’association et la volonté d’agir ensemble, lesdeux autres documents privilégient le projet d’aména-gement du territoire local.

Les cartes-clés du thème

– 1. Les dynamiques démographiques régionalesentre 1999 et 2005, p. 140Cette carte rassemble les principaux indicateurs démo-graphiques sur les régions françaises (voir carte p. 266).Elle permet de mettre en évidence les grandes dynamiquesrégionales dans leur évolution la plus récente (enquêtesannuelles du recensement 2004-2005 de l’INSEE :http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP061058.pdf). Depar la diversité des données proposées (donnéesabsolues, relatives…) et l’échelle retenue, elle est un pointd’entrée récurrent pour la plupart des leçons de ce thème.

Dynamique géographiques et métropolisation, p. 140-141

On peut identifier plusieurs ensembles : une France duNord toujours féconde mais que l’on quitte ; un Centremarqué par le vieillissement mais redevenu attractif,contrastent avec le reste des régions françaises quicumulent solde naturel et migratoire positifs. À part lesrégions Île-de-France et Alsace, une opposition netteapparaît également entre les régions périphériques del’Ouest, des Midis et du Sud-Est dont le poids augmentedans l’ensemble national et les régions du Centre et duNord dont le poids s’affaiblit. « La France inverse ? » esttoujours d’actualité.

– 2. Une organisation possible de la France en 2020, p. 141Cette carte prospective est inspirée du rapport de Jean-Louis Guigou, « Aménager la France en 2020 », publié en2000 : « S’inscrivant dans un processus de relance dela planification territoriale de long terme […], la Datarpropose une contribution prospective axée autour d’unestructuration polycentrique des cadres territoriaux(maillage en pays, agglomérations et interrégions) et ouvrele débat sur les politiques d’aménagement du futur. »(http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/004001820/0000.pdf)Elle correspond à l’un des 4 scénarios proposés par laDatar, le « polycentrisme maillé » : « Le développement eststructuré par un réseau urbain dont le polycentrisme s’estaffirmé à deux échelles territoriales : celle des ensemblesinterrégionaux, cadres de coopération-concurrence entreles villes, et celle des agglomérations et pays, nouvellesmailles de gestion des projets locaux. » (p. 62 durapport).Ce scénario est celui retenu par la Datar : « Parmi lesquatre scénarios exploratoires évoqués, la Datar fait lechoix du polycentrisme maillé parce qu’il est certainementle mieux à même de concilier les trois impératifs du déve-loppement durable que sont la solidarité et la cohésionsociale, la performance économique et la préservation desgrands équilibres environnementaux. » (p. 64)

Le sujet d’étude [Étude de cas] du thème

– Démarche du sujet d’étude• Le programme suggère que les élèves constituent undossier ; le document d’accompagnement conseille de« commencer […] en traitant le sujet d’étude sur des terri-toires en fonctionnement selon la démarche d’étude decas. L’année peut s’ouvrir, ce faisant, par une approchegéographique consacrée à l’environnement de proximitédes élèves. » La mobilité concerne directement le vécudes élèves. Dans le cadre de l’éducation à l’environne-

La mobilité dans l’agglomérationclermontoise, p. 142-147

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ment et au développement durable, l’ADEME soutient laréalisation de « plan de déplacement d’école » (ex :http://www.apcede.com/air-transport/ecole.htm). Lesujet d’étude sur la mobilité à Clermont-Ferrand donne unexemple de constitution de dossier en suivant ladémarche de l’étude de cas familière depuis la classe de2e. Le dossier établit un diagnostic sur les différentsaspects de la mobilité, puis en recherche les facteurs expli-catifs avant de conclure sur les enjeux pour la ville et sonaménagement.• Étude de cas ou approfondissement ? Quelquespistes pour organiser l’articulation du sujet d’étude avecles leçons.Le sujet est proposé en étude de cas : le tableauSynthèse et contexte du sujet d’étude, p. 147 fournit lequestionnement conduisant à la contextualisation parles leçons.En approfondissement, le sujet d’étude peut permettrede prolonger les leçons 2, 3 et 5. Quelles sont les carac-téristiques de la mobilité à Clermont-Ferrand ? En quoi lapériurbanisation modifie-t-elle les modalités de déplacementdans l’agglomération clermontoise ? Quels sont les acteursde l’aménagement de l’agglomération pour résoudre lesproblèmes de mobilité ?

– Présentation des documentsDoc. 1 : La photographie a été prise le 19 septembre2005 à 18h20 (donc hors période de congés-vacancesscolaires) dans le sens Pont-du-Château–Clermont-Ferrand (pour la localisation, voir le doc. 12 p. 145). Ellepermet d’aborder les migrations pendulaires entredomicile (Pont-du-Château) et travail (Clermont-Ferrand),la primauté de l’automobile, et les difficultés de la gestionde ce trafic très intense aux heures de pointe peuvent êtresuggérées.

Doc. 2 : Ce graphique permet de comparer Clermont-Ferrand à d’autres agglomérations de taille comparable.La tendance générale est une hausse de la mobilité ces20 dernières années.

Doc. 3 : Le premier motif de déplacement est le travail,mais ce type de déplacement contraint est en diminution(36 % en 1992 contre 29 % en 2003) alors que les dépla-cements volontaires surtout de loisirs et d’achats sonten augmentation (46 % contre 50 %).

Doc. 4, 5 et 6 : Ils sont à étudier conjointement. Le doc.4 présente l’espace étudié ; le doc. 5 analyse les flux entreles différentes zones (les flèches du doc. 5 reprennentles couleurs des espaces géographiques dans lesquelselles s’inscrivent dans le doc. 4) ; le doc. 6 montre l’im-portance relative de ces flux.

Doc. 7 : Ce graphique évoque l’usage de la voiture qui estparticulièrement élevé à Clermont-Ferrand (2,4 déplace-ments sur 3,7 contre 2,1 à Grenoble sur 4,2).

1. Une mobilité croissante, p. 142-143

– Réponses aux questions1. Les déplacements se font plus nombreux, plus lointainset sont fortement individuels (utilisation majoritaire de lavoiture).

2. Le motif premier reste le travail, mais les déplacementsvolontaires (loisirs, achats…) sont importants.

3. Le graphique ci-contre montre une schématisationpossible des évolutions des déplacements.

4. La mobilité dans l’agglomération clermontoise est crois-sante : 3,73 déplacements par hab. s’effectuent par jouren moyenne, majoritairement sur le mode individuel. Lavoiture particulière est en effet le moyen le plus utilisépour se rendre au travail et pratiquer loisirs et achats. Lesheures de pointe sont les horaires de travail : 7h30-9het 16h30-18h30.

– Présentation des documentsDoc. 8 : Cournon (20 000 hab.) est située dans lacouronne dynamique de Clermont-Ferrand au Sud-Est. Lapopulation y a été multipliée par 12 en 40 ans. Sur laphotographie, on distingue bien le vieux centre et les exten-sions sous forme d’habitat collectif mais surtout pavillon-naire dévoreur d’espace et générateur de déplacementsindividuels.

2. Une mobilité liée à l’organisationdu territoire, p. 144-145

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Clermont-Ferrand : majorité des flux internes (37 %)

Majorité des flux externes (16 %)

Flux en forte augmentation (+ 38 %)

Flux en forte diminution

BanlieueMieux équipées en emplois eten services publicsPériphérie

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Doc. 10 : Cette carte fait clairement apparaître la crois-sance forte de la périphérie et donc illustre le phénomènede périurbanisation. La présence de terrains constructi-bles, moins onéreux permet aux ménages, bien équipésen voitures, de s’installer dans des communes plus éloi-

gnées de la ville mais de mieux en mieux équipées enmoyens de transport rapides de type voie express-auto-routes (doc. 11 et 12). L’urbanisation en doigts de gantsur le doc. 12 est bien visible.

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– Réponses aux questions1 et 4. On peut inviter les élèves à dresser un croquis de synthèse à partir des documents.

Pont-du-Château

Cournon

Riom

Clermont-Ferrand

PLAINE DE LALIMAGNE

MONTSDÔME

Les contraintes du milieu

Rebord du fossé limagnais (faille des volcans)

Plaine de la Limagne

Les infrastructures

L’habitat

Autoroute

Les équipements

Zones d’activités etgrands équipementspublics

Agglomération

Voie express ou départementale importante

Espace urbanisé

Axe de développementde l’urbanisation

+ –

2. L’extension de l’habitat selon les voies de communi-cation, nombreuses depuis 1966, illustrent le phénomènede périurbanisation.

3. Les villes centre de Clermont-Ferrand et de Riom ontconnu une baisse démographique marquée au profit deleur périphéries.

5. L’habitat majoritaire est le logement pavillonnaire.

6. Les facteurs qui amplifient les mobilités sont variés :des facteurs démographiques : la croissance de lapopulation s’est faite en périphérie non pas par croissancenaturelle mais par départ des populations jeunes du centrevers la banlieue ; des facteurs sociaux : ces départs sematérialisent par la construction de logements neufs, indi-viduels de type pavillonnaire. Ce type de périurbanisationtrès diffus dans l’espace urbain oblige à des déplacementsindividuels ; des facteurs physiques : un relief trèscompartimenté et méridien concentrent les déplacementssur un axe Nord-Sud, en plaine. Ainsi les infrastructurescréées depuis les années 1960 et la périurbanisation ont-t-elles trouvées à l’Est de l’agglomération de vastesterrains plans.

– Présentation des documentsDoc. 14 : La loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’éner-gie du 30 décembre 1996 donne l’obligation à toutes les

3. La mobilité : un enjeu pour la ville,p. 146-147

agglomérations de plus de 100 000 hab. d’établir un plande déplacement urbain (PDU). La loi fixe à 5 ans l’éva-luation de ce PDU. Il doit être compatible avec leschéma directeur régional et le plan régional pour la qualitéde l’air.La France s’est engagé en 1997, à Kyoto, à réduire de10 % les émissions de gaz à effet de serre. Les politiquespubliques doivent refléter cet engagement.

Doc. 17 : On remarquera que le tracé contribue à l’intermodalité (route, voie ferrée, bus mais aussi vélo : possi-bilité de location à la gare SNCF et en centre-ville). Comptetenu du tracé et des équipements desservis, on peut direque la ligne sera une véritable « colonne vertébrale » dela ville. Le tramway desservira 2 474 entreprises dans un péri-mètre de 100 m de part et d’autre du tracé c’est-à-dire10 816 emplois et 75 000 hab. dans un périmètre de500 m. Les 14 km de ligne permettront de traverser laville en 40 min.

– Réponses aux questions1. L’augmentation de la voiture particulière, la périurba-nisation et l’enclavement des quartiers collectifs sont lesévolutions relevées. C’est là un enjeu à la fois démo-cratique : il faut satisfaire tous les besoins de tous leshabitants, faciliter l’accès de tous aux équipements cultu-rels, sportifs. C’est aussi un enjeu environnemental puis-qu’il est nécessaire de limiter pollution et nuisances.

2. Le tracé du tramway passe par les principaux équipe-ments publics scolaires, universitaires, culturels, sportifs

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et de loisirs de l’agglomération. Mais il oublie la gare SNCFet l’un des pôles d’emploi industriel principal : l’usineMichelin.

3. Les acteurs sont les collectivités territoriales (lacommune, Clermont-Communauté, le Département, laRégion), l’État et l’UE. La méthode de concertation s’ins-crit dans une démarche de démocratie de proximitépuisque tous les grands partenaires sont consultés : État,collectivités territoriales, partenaires socio-économiques,citoyens.

4. L’aménagement du territoire rassemble les grandsacteurs traditionnels : l’UE à travers le FEDER ; l’État àtravers sa politique d’aménagement du territoire. Mais lapolitique de décentralisation a fait apparaître de nouveauxacteurs importants : la Région et les intercommunalitésqui viennent épauler les projets locaux. Ce que l’onconstate aussi, c’est que pour être menés à bien, lesprojets doivent aussi être bâtis dans la concertation entreles différents partenaires : usagers, acteurs écono-miques, élus et pouvoirs publics.

Les leçons du thème

– Démarche de la leçonQuelles sont les évolutions récentes de la population enFrance ?Cette leçon d’introduction au thème est l’occasion de fairele point sur l’acquis des élèves dans la connaissance dela répartition de la population française et de ses dyna-miques. Les ordres de grandeurs (densités), les principauxensembles régionaux et la population des principales villessont autant de points de repères indispensables pourconduire l’étude des leçons suivantes.La France est située rapidement dans le contexteeuropéen, à la fois puissance démographique et paysmoins densément peuplé que la moyenne de l’Union euro-péenne (UE). Le passage à l’échelle nationale permet d’op-poser les « vides » (densité < 30 hab./km2) et les « pleins »(densité > 100 hab./km2) du territoire, mais aussi de souli-

1. Une occupation du territoirecontrastée, p. 148-148

BIBLIOGRAPHIE

– Jamot, Ch., « Clermont-Ferrand », Mappemonde, avril2001– Bavoux, J.-J., Géographie des transports, A. Colin, 2005– « Les transports publics », TDC, n° 815, mai 2001

SITES INTERNET

– Deux études fondamentales sur les mobilités :www.clermont-metropole.org– Site du Pays de Clermont : www.grandclermont.com– www.letram.com

gner la polarisation du territoire autour des grandes unitésurbaines, dont il est important pour les élèves deconnaître, là aussi, la mesure.Une fois cette description réalisée, les principaux facteursexplicatifs, tant humains que naturels, peuvent faire l’objetd’un questionnement, sans négliger les évolutions de ces25 dernières années, comme l’héliotropisme ou l’exur-banisation.Au final, les élèves identifient la France comme assezreprésentative démographiquement des pays du Nord, etont identifié les pistes de réflexion des autres leçons duthème : urbanisation, mobilité, nouveaux territoires.

– Présentation des documentsDoc. 1 : À l ‘échelle communale, cette carte permet unelecture assez fine de l’inégalité du peuplement de laFrance : avec la présence du chevelu des fleuves et rivièreselle conduit les élèves à émettre un certain nombre d’hy-pothèses sur les facteurs de localisation ; elle fait ressor-tir également la hiérarchie des grandes unités urbaines etla difficulté d’en limiter spatialement l’étendue.Sur la forme, on peut amener les élèves à préciser lesméthodes construction de cartographique, mais surtoutréaliser un croquis de repérage qui sera utilisé ensuitepour l’ensemble du thème.

Doc. 2 : Le tableau permet d’esquisser une typologie desÉtats européens en fonction de leur poids démographiquemais aussi de leur densité : la France, puissance démo-graphique majeure de l’Europe est cependant moinsdensément peuplée que ses voisins et apparaît souventcomme une réserve d’espace (voir l’installation des britan-niques ou des néerlandais dans certaines régions).Ce document est également l’occasion de rappeler les prin-cipaux indicateurs démographiques et la façon dont onétudie une population : son évolution (croissance natu-relle), sa localisation (densité) et sa répartition (icipopulation urbaine ; on peut également rappeler lastructure par âge. La comparaison peut être élargie grâceaux ressources des sites de l’INED(http://www.ined.fr/fr/pop_chiffres/) ou de l’ONU(http://www.unfpa.org).

Doc. 3 : Un document classique qui se prête bien aucommentaire : en relation avec le doc. 1, se pose laquestion de la définition de la population urbaine trèsvariable selon les États. En ce qui concerne la France, laquestion est abordée dans le cadre du doc.1 p. 150.L’avantage du graphique en valeur absolue est demontrer le tournant des années 1970 avec la stabilisa-tion globaleme de la population rurale après plus d’unsiècle d’exode rural.

– Réponses aux questions1. La population se concentre autour de grandes unitésurbaines mais également le long d’axes structurants duterritoire :vallées, littoraux, bassins (densités > 100 hab./km2). Cecis’explique par la concentration des activités humainesdans ces espaces. À l’inverse, les montagnes, le Massif

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central mais aussi l’est du Bassin parisien ont desdensités inférieures à 30 hab./km2.

2. Si la France figure parmi les grandes puissances démo-graphiques de l’Union européenne, elle se distingue deses voisins par une densité et une population urbaine plusfaible (Espagne exceptée). À l’inverse la croissance natu-relle est plus forte.

3. La croissance urbaine est probablement l’évolutionrécente la plus remarquable quantitativement, maisaussi spatialement, avec l’exurbanisation. Pour cetteraison, l’opposition villes-campagnes reste marquéemais perd de sa pertinence en même temps que se déve-loppent les périphéries urbaines.

4. L’occupation du territoire connaît des contrastesmarqués qui s’accentuent : à l’opposé d’une vingtaine degrandes unités urbaines reliées entre elles par des axesconcentrant l’essentiel de la population, les ensemblesmontagneux restés ruraux ont des densités très faiblessouvent inférieures à 15 hab./km2.À l’image des autres États européens l’urbanisation s’ac-croît au même titre que la littoralisation pour répondre àl’évolution des activités et à l’héliotropisme. Cependantaussi bien la densité que le taux d’urbanisation n’ont pasatteint le niveau de la mégalopole européenne.

– Démarche de la leçonQuels sont les effets de la croissance urbaine sur l’orga-nisation du territoire ?Après avoir précisé le phénomène d’urbanisation mis enévidence dans la première leçon, les élèves sont conduitsà souligner le maillage du territoire sous forme de réseauxurbains à l’échelle nationale et régionale. Ce travail peutdéboucher sur une schématisation de quelques unes desdiverses formes de ces réseaux.La leçon porte ensuite sur les différentes caractéristiquesdes aires urbaines : la définition abordée sous l’angle dela population dans la leçon précédente, est ici complétéed’un point de vue spatial (découpage administratif, diffu-sion), des activités et des fonctions qui s’y développent.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Dans la logique de la carte 1 p. 148, cetensemble documentaire focalise l’étude sur le faiturbain : les schémas du bandeau inférieur explicitent lestermes de la légende, montrent la complexité croissantedu phénomène, et permettent d’envisager le cas échéantune étude à l’échelle locale sur l’environnement de l’éta-blissement en s’appuyant sur le SIG en ligne de la DIACT(Observatoire des territoires :http://www.territoires.gouv.fr).Le rôle des villes dans la structuration du territoire apparaîtaussi si l’on met en relation découpage départementalet fait urbain.

2. Près de 80 % de citadins,p. 150-151

La hiérarchie urbaine est esquissée par la taille variablede la nomenclature.

Doc. 2 : Ce tableau permet de mettre en évidence le poidsdémographique des aires urbaines et la concentration dela population dans un petit nombre d’entre elles. Ledocument se prête à la construction d’un croquis simplesous forme de figurés proportionnels à la population etd’un dégradé de couleurs en fonction de la contributionà la croissance démographique. Ressort alors le dyna-misme plus important des Suds.À noter que les aires urbaines retenues ici ne sont pasles 15 plus grandes par leur population mais celles quiont connu la plus forte croissance en valeur absolue ;manquent Douai-Lens, 11e rang avec 552 682 hab.,Rouen, 13e rang avec 518 316 hab. et Grenoble, 14e rangavec 514 559 hab.

Doc. 3 : Ce schéma traditionnel du « modèle » européend’aire urbaine met en évidence la typologie des espacesurbains en fonction des facteurs évoqués dans ladeuxième partie de la légende. Ce schéma peut fairel’objet d’une adaptation dans l’hypothèse de l’étude àl’échelle locale évoquée à propos du doc. 1.

– Réponses aux questions1. L’activité et la mobilité des populations joue un rôle deplus en plus important pour définir la population urbaine,avec la concentration d’un minimum de population dansun espace continu. On obtient alors des aires urbainesde dimension variable, souvent circulaires pouvantcouvrir une part importante, voire la totalité d’un dépar-tement ou d’une région administrative (voir l’aire urbainede Paris). Des communes « rurales » selon le seulcritère de population mais « périurbaines » selon lamobilité de leurs actifs résidents sont désormais intégréesdans la population urbaine.

2. Les aires urbaines les plus dynamiques peuvent s’ap-précier par l’étendue de leur couronne périurbaine et parleur croissance démographique. Le grand Sud-Est connaîtune croissance importante (de l’ordre de 15 %), l’aire pari-sienne connaît la plus forte croissance, mais perdmalgré tout de son dynamisme depuis les années 1990.Cela confirme la pertinence des facteurs d’évolutionévoqués dans la leçon 1, p. 149-150.

3. La croissance des espaces urbains se mesure à traverscelle de leur population et de son appropriation de l’espacevoisin. Cela conduit à la multiplication des flux centre-péri-phérie pour répondre à la spécialisation des espaces entrelogements et activités industrielles, commerciales etrécréatives. Le réseau de communication, notammentroutier joue donc un rôle important dans les dyna-miques d’extension de la ville.

4. On observe à l’échelle nationale un développement plusrapide des espaces urbains que du reste du territoire, ycompris à travers la croissance des pôles ruraux. Si l’Est et la capitale gardent une avance dans ce domaine,les principales agglomérations du Sud et de l’Ouestconnaissent aujourd’hui une croissance rapide qui tendà un rééquilibrage du maillage urbain du territoire. La zone

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d’influence et les relations de ces métropoles organisentun nouveau découpage du territoire autour de 5 grandsensembles régionaux plus vastes que les régions admi-nistratives existantes.Sur le plan local, l’extension des aires urbaines s’ac-compagne d’une redistribution des hommes et des acti-vités ; d’une spécialisation des espaces urbains enfonction des équipements, aménagements et des réseauxde communication. On assiste donc à un accroissementdes contrastes à l’intérieur des aires urbaines.

– Démarche de la leçon

Quelles sont les caractéristiques des mobilités de populationen France ?Au sens strict, la mobilité est un déplacement qui ne remetpas en cause le lieu de résidence mais crée temporai-rement une « autre » occupation du territoire au cours dele journée, du week-end ou des vacances par exemple.Après avoir rappelé et différencié les différents types demigrations qui marquent le territoire national, cetteleçon en tire les conséquences sur l’organisation spatialede la France.L’essentiel du mouvement migratoire est le fruit de mouve-ments internes : la France est l’un des pays d’Europe oùle solde migratoire a le plus faible impact sur l’accrois-sement de la population. (1/4 de cet accroissement contre4/5 dans l’UE à 25 en 2004). L’étude de ces migrationsinternes permet de comprendre leur rôle dans le renfor-cement des contrastes régionaux et la polarisationautour des centres urbains, voire le développement desSuds.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Cette carte originale par sa densité, tirée de LaDocumentation photographique, n° 8036, « La carte, enjeucontemporain », permet de visualiser l’importance desmobilités pour le travail. Elle souligne particulièrement lapolarisation de ces mobilités aux échelles locales, régio-nales (région lyonnaise ou littoral méditerranéen) et natio-nales (poids de Paris). Son grand intérêt par rapport audoc. 1 p. 148 qui donne la vision statique habituelle del’occupation du territoire est de suggérer l’importance desmouvements quotidiens de population.

Doc. 2 : Dans le prolongement du doc. 1, cette carte meten évidence le maillage d’un territoire régional et la concur-rence entre les différents pôles urbains. L’attraction pari-sienne affecte particulièrement le Sud de la région. D’aprèsune étude INSEE de 2002, « 12 % des actifs occupés vivanten Picardie et 22 % de ceux de l’Oise travaillent en Île-de-France. Les déplacements vers l’Île-de-France concernentavant tout la zone du Sud-Oise : plus de 50 000 person-nes, soit le tiers des actifs occupés habitant cette zone,vont chaque jour travailler en Île-de-France. »

3. La mobilité des populations,p. 152-153

Par rapport aux mobilités de travail au rythme le plussouvent quotidien, les mobilités de vacances sont saison-nières mais avec des rythmes très variés selon la desti-nation comme le montre une étude récente de l’INSEE(INSEE Première, n° 1050 – Novembre 2005, p. 3,http://www.insee.fr/fr/ffc/docs_ffc/IP1050.pdf). La migra-tion vers le Morbihan est essentiellement estivale alorsque la Savoie est attractive en été comme en hiver. Parisest un pôle touristique attractif tout au long de l’année.

Doc. 3 : À l’échelle de l’Europe on retrouve le mêmephénomène de métropolisation que celui évoqué pour laFrance. Ici aussi, cette métropolisation a profité au Sudfavorisé à la fois par l’héliotropisme et une pressionfoncière et sociale plus faible vis-à-vis des entreprises.Cette « revanche des Suds » est à rapprocher de phéno-mènes observés dans les autres pôles développés de laplanète (cf. « Sun Belt »).

Doc. 4 : Cette carte croise données absolues et relatives :elle met en évidence la concentration des populationsétrangères dans l’Est et le Sud-Est du territoire national.Quantitativement le nombre d’étrangers est à mettre enrelation avec les grandes métropoles françaises.

Doc. 5 : Le bilan migratoire régional entre 1990 et 1999confirme les dynamiques évoquées dans la partie précédentedu thème. Outre le gradient marqué entre Nord et Sud dupays on retiendra la situation de l’Île-de-France dont la crois-sance démographique repose aujourd’hui exclusivement surl’accroissement naturel et non plus sur l’attractivité.

– Réponses aux questions1. L’ensemble des documents proposés présente lesespaces urbains comme les points nodaux des échangeset mouvements de population. Par ailleurs, l’essentiel deces mouvements est lié à l’activité urbaine, soit qu’elle

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f m a m j j a s o n dSource : estimation direction du Tourisme.

Présence journalière des touristesfrançais en 2003

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soit émettrice de flux, soit qu’elle soit facteur d’attraction,tant par ses fonctions que par son image.

2. Les parties les plus attractives du territoire sont lesrégions ouvertes sur l’espace européen, à l’Est et au Suddu pays, Corse comprise. En données absolues, ce sontles régions qui comptent les principales aires urbainesqui sont les plus attractives, en raison de l’activité poten-tielle qu’elles proposent.

3. Les facteurs qui justifient actuellement les déplace-ments sont liés principalement à l’activité : mobilité pendu-laire pour relier travail et résidence, mais aussidéplacement des activités vers des zones plus attracti-ves, périphéries sous-industrialisées jusque là délaissées.L’héliotropisme joue donc également un rôle dans cesdéplacements.

4. Aujourd’hui les mobilités sont en augmentation sensiblesur le territoire français. Cet accroissement s’expliqueessentiellement par les déplacements internes. À l’échellerégionale les régions du Sud sont les plus attractives, aussibien pour l’activité que pour l’attrait climatique. Ces mouve-ments affectent également les aires urbaines et contribuentà l’extension rapide des couronnes périurbaines.Ces mobilités contribuent donc à l’affirmation des dyna-miques mises en évidence dans les deux premières leçonsde ce thème.

– Démarche de la leçonQuelles sont les relations entre les transports et les villesen France ?Les leçons précédentes ont permis d’établir les liens entremobilités des populations et essor de la métropolisation.

4. Transports et métropolisation,p. 154-155

Cette leçon caractérise les métropoles comme lesnœuds des réseaux de communication qui structurent leterritoire. Celles-ci bénéficient donc des flux tout autantqu’elles assurent le renforcement des principaux axes decommunication français.Cette dynamique contribue donc fortement à marginali-ser des espaces déjà les plus fragiles, sans que l’actiond’aménagement n’infléchisse véritablement cettetendance.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Contrairement aux cartes précédentes, l’orga-nisation du territoire par les transports ouvre très large-ment l’espace français sur l’extérieur. L’axe majeursaturé comme les axes en constructions ou en projet, s’ilsconfirment la prééminence de la capitale, s’intègrent égale-ment dans le quadrillage de l’espace européen par lesliaisons Nord-Sud et Est-Ouest. C’est dans ce contextequ’il faut interpréter la concentration des projets qui relientl’isthme Bordeaux-Montpellier et l’axe Paris-Lyon-Marseille.Le désenclavement du Massif central n’est donc pas unefin en soi, mais une obligation à plus petite échelle, afinde décongestionner l’axe rhodanien.

Doc. 2 : 25 km au Nord de Paris, Roissy–Charles-de-Gaulleest le premier aéroport national, le 3e européen et le 8e

mondial en 2004 avec 50,8 millions de passagers. Leterminal 2, « hub » d’Air France depuis 1996, assure plusde 50 % du trafic. L’intermodalité est assurée par l’im-plantation d’une gare TGV-RER au sein de l’aérogare etpar la desserte routière vers l’autoroute A 1 voisine. Desentreprises tertiaires et industrielles sont installéesdans des parcs d’activités proches, voire dans l’aérogare(hôtel Sheraton). Avec 3 000 emplois créés en 2003,Roissy est la zone la plus dynamique des 300 zones recen-sées en France.

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GTGV NordTGV NordGH

Accèsroutiervers A1

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Terminal aérien Terminal aérien

Gares RER et TGVG Hôtel SheratonH

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Doc. 3 : Ce texte permet de réaliser avec les élèves untravail de sélection d’informations sur les fonctionsurbaines, avant de les hiérarchiser. On peut poursuivreéventuellement par une recherche sur le poids relatif deParis dans l’activité nationale, voire internationale : si elleétait un pays, l’Île-de-France serait au 15e rang mondialavec 422 milliards d’euros de PIB en 2003, contre 415au Brésil ou 365 à la Russie.

Doc. 4 : Les vallées alpines sont probablement lesmeilleurs exemples de la saturation des axes routiers decommunication. Avec 1 247 000 camions en 2003, letunnel du Fréjus est le 2e tunnel alpin le plus fréquenté.La photographie met en évidence l’étroitesse du passage,l’importance des aménagements routiers nécessaires. Lavallée est aussi un couloir ferroviaire.

Doc. 5 : Dans l’ouvrage cité, Jean Ollivro souligne l’ac-croissement des mobilités déjà évoqué dans la leçon 3,p. 152-153. Il souligne ici que ces mobilités servent essen-tiellement les métropoles qu’elles relient au détriment desespaces traversés : c’est la définition même de « l’effettunnel » qui est donc donné ici.

– Réponses aux questions1. C’est l’Est du territoire, et principalement l’axeManche-Bassin parisien-couloir rhodanien-Méditerranéequi concentre les axes et carrefours de transportmajeurs. Cet axe majeur profite essentiellement aux carre-fours qui l’animent, c’est-à-dire aux principales métropolesfrançaises. Les espaces qui séparent ces métropoles netirent que peu de bénéfices de ces flux, en subissentmême parfois des conséquences négatives.

2. Sous réserve d’aménagements importants et d’unrisque de saturation accru, les montagnes ne sont pasun véritable obstacle aux axes de communications.Elles sont cependant les premières victimes de « l’effettunnel », au propre comme au figuré.

3. Paris est l’une des rares métropoles mondiales car elleest à la fois le centre de l’économie française, grande puis-sance mondiale, mais aussi le siège de nombreux orga-nismes internationaux ; enfin son rayonnement la placeau premier rang pour l’attraction culturelle et touristiquequ’elle exerce.

4. En donnant à Paris un accès aérien de tout premierplan, l’aéroport de Roissy renforce encore la vocation decarrefour de la capitale. Cette interconnexion accrue luidonne même une dimension de « hub » à l’échelle del’Europe du Nord-Ouest.

5. Les réseaux de transport et les grandes métropolesqui leur servent de carrefours principaux constituent « lacolonne vertébrale » du territoire français, le long de l’axeParis-Lyon-Marseille. De part et d’autre de celui-ci des« barreaux » réalisés ou en projet assurent la liaison avecla mégalopole européenne à l’Est, et l’isthme aquitain àl’Ouest, en direction de l’Espagne. Depuis longtemps lesvallées alpines ne font pas obstacle à ces relations, lefranchissement des Pyrénées et plus récent tandis quecelui du Massif central est en cours de réalisation.

L’essentiel de cette organisation renforce donc fortementles contrastes déjà identifiés entre centres urbains et péri-phéries du territoire.

– Démarche de la leçonÀ quelle échelle l’aménagement du territoire se concentre-t-il aujourd’hui ?Face au déséquilibre grandissant du territoire, l’État a trèstôt cherché à en atténuer les conséquences les plusfâcheuses. Aujourd’hui, face à la double exigence de lacompétitivité des territoires au sein de l’Union européenneet la défense d’un développement équilibré et durable,l’échelle d’aménagement pertinente apparaît de plus enplus comme le niveau régional. Au niveau inférieur, après l’intercommunalité dans lesannées 1990, les projets de territoire sont portésaujourd’hui de plus en plus par les « Pays ».

– Présentation des documentsDoc. 1 : La comparaison des deux cartes met enévidence la rapidité de déploiement des Pays.L’observatoire des territoires (http://www.territoires.gouv.fr)fournit à la fois toutes les définitions nécessaires et unevision plus détaillée à l’échelle régionale.

Doc. 2 : Le texte est issu des réflexions croisées de l’UMRdu CNRS « Espaces géographiques et Sociétés » et deKlaus R. Kunzmann, de l’Université de Dortmund, profes-seur à la faculté d’aménagement de l’espace. Il s’agit d’un« regard croisé sur l’aménagement du territoire en Franceet en Allemagne ». Le texte met en perspective l’histoirede l’aménagement en France, et souligne le développe-ment des partenariats public-privé dans le cadre de lacréation de la Délégation interministérielle à l’aménage-ment et à la compétitivité des territoires (DIACT).

Doc. 3 : Les grandes lignes du budget de la RégionPicardie mettent en relation les sources de financementet les piliers de l’action régionale. Le document peut-êtremis en relation avec le cas de la Région de l’établisse-ment, les budgets régionaux étant très facilement acces-sibles (notamment sur le sitehttp://www.dgcl.interieur.gouv.fr/index.html).

Doc. 4 : À travers un exemple de communication insti-tutionnelle d’une Communauté d’agglomération, estsuggérée la mise en activité des élèves autour de lacommunication des collectivités locales : les élèvesidentifient les critères de description de cette informationavant de déboucher sur une comparaison ou une typologie.

– Réponses aux questions1. La politique d’aménagement du territoire vise au déve-loppement durable de la France en interaction avec lecontexte de l’Europe et de la mondialisation. Cet objectifpasse par la résolution des problèmes évoqués dans les

5. Les nouveaux territoires, enjeuxde l’aménagement, p. 156-157

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leçons précédentes, notamment la question urbaine, etla définition d’une armature du territoire adaptée à cesévolutions.

2. Les échelles régionales et locales sont au cœur de laréflexion évoquée à la question 1. Cela signifie repenserla distribution des compétences entre les différentsacteurs, mais également les ressources liées à cescompétences.

3. L’économie, la formation, les politiques du logementet des transports sont au cœur des compétences desRégions.

4. Si la politique d’aménagement du territoire s’est cons-truite pour lutter contre les déséquilibres internes de laFrance, aujourd’hui il s’agit essentiellement de résoudreles problèmes liés à la métropolisation et à la saturationdes espaces centraux du territoire dans un contexte écono-mique qui dépasse largement les frontières nationales.La réponse proposée à cette difficile équation passe parune synergie accrue entre les acteurs nationaux maisaussi une intégration croissante avec la définition des poli-tiques de développement à l’échelle européenne oumondiale.

BIBLIOGRAPHIE

– « France 2005, portrait d’une société », SciencesHumaines, Hors-série, n° 50, sept.-octobre 2005– Piercy, Ph., La France, le fait régional, coll. CarréGéographie, Hachette, 3e éd., 2005– Le territoire français, coll. Carré Géographie, Hachette,2004– Guillaume, J., La France dans l’Union européenne, coll.Memento Géographie, Belin, 2004– Blanc-Chaléard, M.-Cl., « Les immigrés et la France »,La Documentation photographique, n° 8035, LaDocumentation française, 2004– Smits, F., La France, un territoire de l’Union européenne,coll. Initial, Hatier, 2003– Alvergne, Ch., Taulelle, F., Du local à l’Europe, les nouvel-les politiques d’aménagement du territoire, PUF, 2002– Marconis, R., « Urbanisation et urbanisme en France »,La Documentation photographique, n° 8025, LaDocumentation française, 2002– Noin, D., Chauvire, Y., La population de la France, coll.U, A. Colin, 2002– Brunet, R., « L’aménagement du territoire en France »,La Documentation photographique, n° 7041, LaDocumentation française, 1997– Damette, F., Scheibling, J., La France, permanenceset mutations, coll. Carré Géographie, Hachette, 1996– L’Atlas de France GIP-Reclus, La DocumentationFrançaise, 1995-2001, 14 volumes– Pumain, D., Saint-Julien, T., Ferras, R., France, Europedu Sud dans Géographie universelle, Brunet, R., (dir.),Belin-Reclus, 1990

SITES INTERNET

– www.diact.gouv.fr– www.insee.fr offre un espace enseignants.

Les sujets d’étude[Approfondissements] du thème

– Démarche du sujet d’étude

• Le sujet d’étude donne un exemple de constitution dedossier qui peut servir pour guider la réalisation d’undossier par les élèves sur l’organisation des transportsdans la région où se trouve leur lycée. Il s’agit d’abordde faire l’état des lieux sur les différents modes detransports, leur fonctionnement et leurs connexions àl’échelle régionale ; puis de rechercher les causes desparticularités du système de transport régional ; de s’in-terroger sur les acteurs et les aménagements nécessaires.• Approfondissement ou étude de cas ? Quelques pistespour organiser l’articulation du sujet d’étude avec lesleçons.Le sujet est proposé en approfondissement des leçons2, 4 et 5. Comment les transports sont-ils organisés dansune région-capitale ? Quels sont les effets de la métropo-lisation sur l’organisation des transports régionaux ?Quels sont les acteurs de l’aménagement des transportsrégionaux ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques. La région Île-de-France est unepuissante région métropolitaine : Quelle est la distributionde la population sur le territoire ? (leçon 1, p. 148-149 ;leçon 2, p. 150-151). Les transports doivent répondre auxbesoins de mobilité des personnes et aux besoins desmultiples activités franciliennes : Comment s’organisentles mobilités et les transports en France ? (leçon 3, p. 152-153 ; leçon 4, p. 154-155). La Région est un nouvel acteurdans l’organisation et la gestion des transports franci-liens : Quels sont les nouveaux territoires de l’aménage-ments ? (leçon 5, p. 156-157).

L’organisation des transportsfranciliens, p. 158-163

– www.ined.fr– Le site de l’Observatoire des territoires :http://www.territoires.gouv.fr/– Un dossier de Géoconfluences consacré à La France :des territoires en mutation : http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/territ/FranceMut/FranceMut.htm– Le site GéoLycée des éditions Magnard propose vosrégions en ligne :http://www.magnard.fr/geolycee/region/accueil.htm– La cartothèque de la Documentation française :http://www.ladocumentationfrancaise.fr/cartotheque/– Cartes en temps réel de la circulation en Île-de-France :http://www.sytadin.tm.fr/

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– Présentation des documentsDoc. 2 : Le STIF organise, cordonne et finance lestransports publics de voyageurs en Île-de-France. Ceux-ci sont assurés par la RATP, la SNCF et les compagniesde bus privés regroupées en association : l’OPTILE. Cesystème est unique en France.

Doc. 3 : Ce texte ne fait pas état des 3 aéroports fran-ciliens : Roissy–Charles-de-Gaulle (2e européen derrièreLondres), Paris-Orly et Le Bourget. C’est un établissementpublic, Aéroports de Paris, qui les exploite. Roissy et Orlyconcentrent 60 % du trafic de passagers et 90 % du fretfrançais.

Doc. 4 : La Défense est le 1er quartier d’affaires européenavec, entre autres, 150 entreprises et 3 centres decongrès. Il est équipé d’un des meilleurs réseaux detransports au monde : métro, train, RER, tramway, accèsdirect à l’A 86 et à A 14 ainsi que bus convergent versle nœud multimodal « cœur transport ». Ce réseau doitsatisfaire les besoins de 150 000 salariés, 20 000 hab.et 25 millions de visiteurs par an (400 000 par jour). D’oùdes projets : prolongement de la ligne RER Éole, liaisondirecte avec Roissy, couverture de la RN 13 entre LaDéfense et la porte Maillot (soumise au débat publicactuellement).

Doc 5 : Sur 386 ha (52 ha de plans d’eau ; 12 km dequais) le 1er port du Port autonome de Paris combine 5modes de transports : fluvial, maritime, ferroviaire,oléoduc et routier. Le Port autonome de Paris, établis-sement public créé en 1970, est le 1er port intérieurfrançais et le 2e en Europe.

– Réponses aux questions1. Il s’agit d’un réseau centrifuge très dense notammenten voies rapides surtout en Petite couronne (Paris et les3 départements limitrophes, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne).

2. Ce réseau peut être qualifié d’exceptionnel parce qu’ilest complet – routes, autoroutes, voies ferrées dont TGV,transports collectifs (métro, RER, tramway, bus, fluvial etInternet haut débit) –, dense, multimodal (intercon-nexions rapides) et moderne.

3. Les infrastructures marquent le paysage puisqu’ellespénètrent au cœur de la ville, concentrant les activitéséconomiques sur des espaces parfois très vastes(doc. 5). Elles remodèlent les paysages par un besoinincessant d’agrandissement (terrains encore inoccupésou transformés).

4. Les principaux intervenants sont l’État et les collecti-vités territoriales (Conseil régional, Conseils généraux,communes).

5. Les pouvoirs publics en Île-de-France se sont attachéà doter la région d’un réseau de transport dense etmoderne qui forme un maillage complet sur tous les

1. Un système de transport sanséquivalent en France, p. 158-159

modes (individuel, collectif, rapide…). Ces réseaux formentun tout puisque les interconnexions et l’intermodalité entreindividuel et collectif, transport local et régional ettransport national et international sont facilitées.

– Présentation des documentsDoc. 6 : On peut faire plusieurs remarques : l’essentieldes déplacements se fait en liaison internes (plus de70 %) et connaît une augmentation importante ; leséchanges entre les couronnes sont minoritaires (environ20 %) ; ces changements peuvent traduire un meilleuréquipement de proximité et une meilleure distribution desemplois au sein de l’Île-de-France.

Doc. 7 : Ces 3 graphiques font ressortir la position privi-légiée de l’Île-de-France à toutes les échelles (interna-tionale, nationale, locale) tant pour le fret que pour lesvoyageurs.

Doc. 9 : Les dernières recherches montrent que le déve-loppement des transports notamment en voies rapidesn’aboutit pas forcément au développement économiquesdes territoires traversés. Ce sont les ressources localesou régionales (humaines, naturelles, industrielles…) quiconstituent la condition du développement économique.Les infrastructures viennent alors en appui.

Doc. 11 : La mobilité individuelle des Franciliens a peuvarié ces 25 dernières années : 3,5 déplacements par jour(on pourra utilement comparer avec Clermont-Ferrand(doc. 2 p. 142). Mais la mobilité est plus grande à Parisqu’en Petite et Grande couronne. La marche n’est plusle mode prédominant depuis 1983. La voiture assuredésormais 44 % des déplacements. L’utilisation de lavoiture est liée au lieu de résidence : plus son s’éloignede Paris, moins est dense la desserte en transports encommun et plus l’utilisation de la voiture est nécessaire(inversement pour la marche à pied).

– Réponses aux questions1. Les principaux besoins de transports sont localisés enPetite et Grande couronne. Le mode privilégié est la voiturepour la périphérie, la marche à pied et les transports encommun pour Paris. C’est en Grande couronne que l’offrede transport en commun est déficiente.

2. C’est une région de transit car sa position est privilé-giée en France : la centralisation du pouvoir y a fait conver-ger les voies de communication ; Paris est au cœur d’unerégion agricole riche et innervée par la Seine qui est navi-gable sur l’ensemble de son cours. En Europe, la régionse situe non loin de la Mégalopole, elles est située surl’axe Nord-Sud, Est-Ouest et enfin à l’échelle mondiale(2e aéroport européen).

3. Les activités économiques, industrielles et tertiaires(tourisme, congrès) jouent à 3 échelles (locale, nationale

2. Satisfaire les besoins d’une régionmétropole, p. 160-161

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et internationale) d’où la nécessité d’un réseauperformant.

4. On attend des élèves qu’ils classent les informationspar grand type : des raisons économiques (1re région écono-mique française et de commandement (industrie, tertiaire :1re ville de congrès du monde, tourisme, commerce) ; desraisons géographiques (situation privilégiée sur le territoirenationale et européen) ; des raisons démographiques(région très peuplée (11 millions d’hab.) et densémentpeuplée, population à haut niveau de vie).

– Présentation des documentsDoc. 13 : Dans les années 1960, les politiques d’amé-nagement, dans le respect républicain de l’équité, se sontorientées vers le tout autoroute et le TGV. Aujourd’hui, lesprojets ont de nouveaux impératifs : limiter la pollution,préserver la nature et faire des économies d’où la volontéd’utiliser au mieux ce qui existe déjà et de privilégier l’in-termodalité. Le plan État-Région reflète donc cela.La carte fait état du plan État-Région : il s’agit d’undocument contractuel (contrat de plan) signé entre l’Étatet la Région. Le dernier en date est celui de 2000-2006.Le SDRIF (Schéma directeur régional de l’Île-de-France) estun document prévisionnel d’où des décalages entre SDRIFet contrat de plan.

Doc. 14 : La loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’éner-gie du 30 décembre 1996 donne l’obligation à toutes lesagglomérations de plus de 100 000 hab. d’établir un plande déplacement urbain (PDU). La loi fixe à 5 ans l’éva-luation de ce PDU. Il doit être compatible avec de SDRet le plan Régional pour la qualité de l’air. La France s’estengagée en 1997, à Kyoto, à réduire de 10 % les émis-sions de gaz à effet de serre. Les politiques publiquesdoivent refléter cet engagement.La dualité sociale et territoriale fait référence au différentielentre l’Ouest et l’Est de la région parisienne et plus encorele Sud-Ouest et le Nord-Est : le Nord-Est étant désavan-tagé en matière d’emplois, de qualité de vie, de logementet de mobilité.

Doc. 15 : 70 % des déplacements motorisés en Île-de-France sont internes à la banlieue (banlieue-banlieue) ;en Île-de-France, plus de 60 % sont des déplacements derocade (liaisons internes) en Petite ou Grande couronneet 26 % sont radiaux (liaisons externes) et 4 % sont detransit par Paris. La forte augmentation des déplacementsen banlieue et surtout en Grande couronne explique lestendances des politiques publiques à privilégier lesrocades notamment de transports en commun enbanlieue.

Doc. 16 : Environ 350 000 véhicules circulent à cet endroit(boulevard Périphérique et A 3). À proximité immédiate sontatteints des niveaux de pollution deux à trois fois supé-rieurs aux normes en matière de dioxyde d’azote (NO2)

3. Une nouvelle gestion destransports franciliens, p. 162-163

et de benzène. Le NO2 augmente les crises d’asthme etfavorise les infections pulmonaires ; le benzène est cancé-rigène. (Source : d’après la Mairie de Paris, 13 mai 2005.)À noter que les transports collectifs (fer et route) rejet-tent 10 fois moins de dioxyde d’azote dans l’atmosphèreque la voiture individuelle (source : ADEME). On ne retrouveles taux moyens de pollution parisienne qu’à 150 m dupériphérique et de l’échangeur.

Doc. 17 : La Région a depuis la loi du 13 août 2004relative aux libertés et responsabilités locales compé-tences pour les transports publics. Le doc. 17 fait étatd’un face à face à venir entre Région et commune de Paris.En effet, l’État cède 17 sièges au Conseil d’administra-tion du STIF. Ce qui fait au total 17 + 5 sièges à la Régionet 5 sièges (inchangé) à la commune de Paris et 1 siègeà chacun des départements.

– Réponses aux questions1. Les collectivités territoriales : Région, Département,communes mais aussi structures intercommunales sontles nouveaux acteurs des transports. La volonté affichéeest d’être au plus prés des besoins des citoyens et desacteurs économiques aux différentes échelles communaleet régionale. Mais les différentes échelles d’interventionpourront engendrer des conflits d’intérêts et des concur-rences entre les différentes collectivités territoriales.

2. Les orientations de la politique des transports montrentle souci de préserver l’environnement et la qualité de viedes habitants : ainsi, il est apparu nécessaire de privilégierles transports collectifs moins polluants et les modes decirculation doux (vélo, marche à pied).

3. Les besoins en transport sont les plus importants enbanlieue et notamment en Grande couronne, là où l’aug-mentation des emplois est la plus élevée depuis 1991.D’où une augmentation des déplacements à l’intérieur dela Grande couronne et la création ou la prolongation detracés de rocade.

4. On attend des élèves qu’ils dégagent des enjeux poli-tiques et sociaux : c’est un enjeu de démocratie locale :être au plus près des besoins de tous les citoyens ; desenjeux économiques : assurer une bonne desserte du terri-toire francilien permet de soutenir l’activité économique ;des enjeux environnementaux : promouvoir les transportscollectifs pour améliorer la qualité de vie des Franciliens.

BIBLIOGRAPHIE

– Bavoux, J.-J., Géographie des transports, A. Colin, 2005

SITES INTERNET

– Le plan de déplacement urbain de l’Île-de-France :www.pduif.org– Des études en ligne, des photographies, des cartesprécieuses pour travailler sur le sujet : www.iaurif.org– Un document intéressant sur la mobilité en Île-de-France : www.paris.fr

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– Démarche du sujet d’étude• Le sujet donne un exemple de constitution de dossierqui peut servir pour guider la réalisation d’un dossier parles élèves sur une organisation intercommunale et sesréalisations. Il s’agit de décrire les conditions dans lesquel-les s’est constitué le « nouveau territoire » et ce qui enfait l’identité ; de confronter le projet du pays aux réali-sations des différents acteurs ; de s’interroger sur leslimites de l’intercommunalité face à certains problèmesd’aménagement• Approfondissement ou étude de cas ? Quelquespistes pour organiser l’articulation du sujet d’étude avecles leçons.

Le sujet est proposé en approfondissement des leçons1, 2 et 5 sur les nouveaux territoires, enjeux de l’amé-nagement. Qu’est-ce qu’un « nouveau territoire » ? Quellessont les réalisations de l’intercommunalité ? Quels sont lesacteurs ? Quelle est la pertinence du nouveau territoirefaces aux problèmes d’aménagement ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques. La communauté d’agglomé-ration d’Arles rassemble la moitié de la population du Pays :Comment la population occupe-t-elle le territoire ? (leçon1, p. 148-149 ; leçon 2, p. 150-151). Le pays situé encarrefour au sein d’un espace en voie de métropolisationdevient un important pôle logistique : Quelles sont les rela-tions entre les transports et les villes ? (leçon 3, p. 152-153 ; leçon 4, p. 154-155). Le Pays d’Arles fédère lesacteurs les plus divers pour réaliser le projet de son terri-toire : À quelle échelle l’aménagement du territoire seconcentre-t-il aujourd’hui ? (leçon 5, p. 156-157).

– Présentation des documentsDoc. 1 : Le Pays d’Arles est un territoire de plus de 2 300km2 soit 1/3 de la superficie des Bouches-du-Rhône etpeuplé de 150 000 hab. soit seulement 8 % de la popu-lation du département (densité de 74,6 hab./km2 ;moyenne départementale : 345 hab./km2).

Doc. 2, 3, 4 et 5 : Les repères ci-dessous permettent dereplacer la démarche des intercommunalités dans lecontexte national. La nécessité ressentie de répondre àl’éparpillement des communes par une législation favo-risant la coopération remonte en fait à la fin du XIXe siècle. 1890 : création des syndicats intercommunaux à vocationunique (SIVU).1959 : création des syndicats intercommunaux à vocationmultiple (SIVOM).1983 : création des Syndicats d’agglomération nouvelle(SAN) autour des villes nouvelles.1992, 6 juin : loi Joxe sur l’administration territoriale dela République : tournant pour l’intercommunalité avec la

1. Un territoire en formation, p. 164-165

Un nouveau territoire : le Paysd’Arles, p. 164-169

création de deux nouvelles formes de regroupementscommunaux : communautés de communes en zonerurale et communautés de villes en zone urbaine. Il nes’agit plus seulement de gérer des équipements ou desservices publics communs, comme le faisaient notammentles SIVOM ou les SIVU, mais d’être un outil d’orientationdes choix politiques et de planification des projets dansdeux domaines précis : l’aménagement de l’espace et ledéveloppement économique.1995, 4 février : loi d’orientation pour l’aménagement etle développement du territoire (LOADT) dite loi Pasqua.Création des « pays ». Le pays n’est ni un échelon admi-nistratif, ni une collectivité territoriale supplémentaire, maisun territoire de projet.1999, 25 octobre : loi d’orientation pour l’aménagementet le développement durable du territoire (LOADDT) diteLoi Voynet. Elle relance de la politique d’aménagementdu territoire à travers les Pays1999, 12 juillet : loi Chevènement : création desCommunautés de communes, Communautés d’agglo-mération et Communauté urbaines ; l’intercommunalitédevient obligatoire. Les Communautés doivent former unensemble d’un seul tenant et sans enclave : de plus de50 000 hab. autour d’une ou plusieurs communes-centres,de 15 000 hab. pour la Communauté d’agglomération,de plus de 500 000 hab. pour la Communauté urbaine.2000, 13 décembre : loi Solidarité et renouvellementurbain (LSRU). Création des Scot (Schémas de cohérenceterritoriale) : il s’agit d’assurer la cohérence de l’amé-nagement à l’intérieur d’un même bassin de vie (habitat,transport).2004, 13 août : loi Liberté et responsabilité locale.Simplification des règles de fonctionnement et accélérationde l’intercommunalité. L’intercommunalité est inégale surle territoire français : la Bretagne, les Pays de Loire parexemple sont très en avance, alors que l’Île-de-France(malgré un rattrapage récent), la Corse sont en retard surla signature des contrats de pays (voir doc. 1 p 156). Au1er janvier 2006, 85,4 % de la population réside dans l’undes 2 573 EPCI (Établissement public de coopération inter-communale) qui regroupent au total 32 913 communes(pour plus de détails, voir : Données chiffrées intercom-munalité, ministère de l’Intérieur :http://www.dgcl.interieur.gouv.fr/donneeschiffrees/interco_SETL/intercochiffres.htm).

Doc. 2 : Saint-Martin-de-Crau est une commune de11 000 hab. située entre Alpilles et Camargue dans laplaine de la Crau. La loi Chevènement rendant l’inter-communalité obligatoire, Saint-Martin se résout en 2001à rejoindre la communauté de communes de la vallée desBaux. Le refus de celle-ci de l’intégrer conduit Saint-Martinà se rapprocher d’Arles. Le 4 décembre 2003, le Préfetsigne l’arrêté de création de la Communauté d’agglomé-ration, Arles-Crau-Camargue-Montagnette, avec effet au31 décembre 2003, comprenant 5 communes dontSaint-Martin. Le document produit par la commune de Saint-Martin dans son bulletin d’information montre les hési-tations, les réticences qui président parfois à la formationdes nouveaux territoires.

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Doc.4 : La carte montre la constitution actuelle du payset les limites de l’intercommunalité. Certaines communes(ex. : Saintes-Maries-de-la-Mer) n’ont pas franchi le pasen 2006. D’autres territoires de projet (parc naturelexistant ou à venir) recoupent le territoire du Pays.

Doc. 5 : Les contrats de pays traduisent en termes opéra-tionnels les orientations stratégiques déterminées dansla charte de développement. Conclus en application duvolet territorial des contrats de plan État-Région, ils compor-tent un programme pluriannuel d’actions élaboré enconcertation avec les financeurs, le plus souvent l’État,les Régions et les Départements intéressés, ainsi quel’Union Européenne. Voir l’Institut supérieur des métiers :http://observatoire.ism.asso.fr

Doc. 6 : Le logo de la Communauté d’agglomérationd’Arles rassemble quelques symboles du pays : les cornesde taureau et l’architecture des arènes ; l’arcade desarènes et la Montagnette ; la couleur des galets de laCrau ; la couleur du Rhône et de la Méditerranée.

Doc. 7 : Les arènes romaines construites vers 90 de notreère sont inscrites au patrimoine de l’Unesco depuis 1981.Elles peuvent accueillir 25 000 spectateurs lors descorridas et surtout des courses camarguaises trèspopulaires du Sud-Est de l’Hérault à la Camargue. Ellessymbolisent la richesse patrimoniale du pays.

– Réponses aux questions1. Le contexte fondateur est politique (une série de loisnouvelles sur l’aménagement du territoire) mais le textefait allusion aux pressions foncières (périurbanisationmarseillaise, avignonnaise).

2. Les facteurs qui font la cohérence du Pays d’Arles sont :– géographiques : la position du territoire entre delta duRhône, littoral camarguais et Alpilles ; à la croisée de fluxnationaux Nord-Sud et Est-Ouest le long du littoral médi-terranéen ; une densité très faible par rapport auxautres territoires environnant ;des espaces naturelsfragiles : Rhône, Camargue, Alpilles, Crau soumises auxinondations, aux feux l’été ; du point de vue urbain : leszones d’influence des villes majeures (Marseille,Montpellier, Nîmes) s’y étendent ;– économiques : agriculture fragilisée, industrie peudéveloppée et importance du tourisme ;– mais c’est le genre de vie (tauromachie, élevage dutaureau…), l’histoire (passé romain très marqué dans l’ar-chitecture) et l’attachement aux paysages qui sont lesfacteurs les plus marquants.

3. Les fragilités sont visibles à plusieurs niveaux : poli-tique : les communes doivent s’entendre et leur enga-gement n’est pas toujours très enthousiaste ; financier :le financement des projets engendre compromis etretard ; écologique : l’eau, l’environnement conditionnenttous les projets.

4. Le Pays d’Arles est un territoire qui présente une grandeunité. Une nature fragile, restée pour beaucoup sauvage,en fait un espace homogène. Mais le genre de vie avecl’omniprésence du taureau par exemple, l’importance du

tourisme, un passé riche donnent à la population le véri-table sentiment d’appartenance au Pays d’Arles.

– Présentation des documentsDoc. 8 : Il s’agit de la plate-forme de Katoen Natie à Saint-Martin-de-Crau. L’entreprise belge spécialiste des « solu-tions logistiques mondiales intégrées et sur mesure à desclients-partenaires » (Décathlon, Bayer, Renault…) estinstallée sur la zone industrielle Écopôle depuis fin 2003.Elle a inauguré une nouvelle plate-forme logistique enjanvier 2006, en présence du ministre délégué àl’Industrie et du président de Région et annoncé la créationd’une troisième tranche. L’image aérienne de synthèsemontre au premier plan les bâtiments actuels, au secondplan la future extension.

Doc. 9 : Les nombreuses zones d’activités de Saint-Martin-de-Crau sont désormais gérées par la communautéd’agglomération ACCM ce qui peut expliquer les hésita-tions de la commune face à la nécessité d’intégrer un EPCI(Établissement public de coopération intercommunale).En effet, la création, l’aménagement, l’entretien et lagestion de zones d’activité industrielle, tertiaire, artisa-nale, commerciale, touristique, portuaire ou aéroportuaired’intérêt communautaire, constituent l’une des compé-tences obligatoires des communautés d’agglomération.(Source : MINEFI, Collectivités locales.)

Doc. 10 : Ce texte décrit la démarche spécifique du Pays.S’agissant d’un territoire de projet, il faut réunir tous lesacteurs (conseil de développement) pour établir une chartede développement sur au moins10 ans. Le diagnostic estle premier élément de la charte. Il doit permettred’identifier :– la situation du territoire dans son environnement (parrapport aux concurrences régionales, nationales et inter-nationales, ainsi qu’aux possibilités de coopération), enintégrant le bilan des actions passées;– les problèmes majeurs auxquels le territoire estconfronté ainsi que ses ressources (matérielles, humaines,etc.) ;– les grands enjeux du territoire et les alternatives de déve-loppement possible. (Source : ETD, Projet de territoire.)

Doc. 11 : La position de carrefour du territoire entre l’axerhodanien et le littoral méditerranéen favorise le déve-loppement des pôles logistiques (environ 4 000 emplois,dont 900 emplois créés depuis 2 ans, voir doc. 8). Lesquatre principaux pôles sont présentés par le document :Saint-Martin-de-Crau (140 ha) ; plate-forme quadrimodaled’Arles (70 ha) ; plate-forme Distriport de Port-Saint-Louis(160 ha) ; Chateaurenard.Sur le Rhône, la plate-forme quadrimodale (route –chemin de fer – voie fluviale – voie maritime) d’Arles estorganisée autour du port fluvial, second en termes detonnage et d’activité sur le fleuve après le port Edouard-Herriot de Lyon.

2. Un territoire de projet, p. 166-167

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Docs. 12 et 13 : Le doc. 12 est à étudier en liaison avecle doc. 13. Il donne un exemple précis des efforts dereconversion des anciens ateliers SNCF d’Arles. La villed’Arles s’est engagée dans la constitution d’un pôlerégional de compétence orienté vers les nouveauxmédias numériques. Les doc. 10 et 13 sont des extraitsde la « charte d’objectifs partagés » entre l’associationdu Pays d’Arles et la Région PACA dans le cadre du contratde plan État-Région et de l’élaboration du schémarégional d’aménagement et de développement du terri-toire. (SRADT) Cette charte (qui n’est pas la charte dupays) prépare la négociation du contrat entre le Pays etla Région.

Doc. 14 : La Communauté de communes Rhône-Alpilles-Durance a créé le label Val de Provence. Elle édite un guideet a implanté des panneaux d’informations dans les 10communes composant l’intercommunalité.

Doc. 15 : La chambre de commerce et d’industrie d’Arlesmène une politique active de communication et de valo-risation du pays d’Arles. Elle a notamment créé unannuaire en ligne, « l’annuaire du web en pays d’Arles »comportant plus de 1 000 adresses dans les 36communes du pays et un « blog collaboratif » poursoutenir la dynamique économique du pays.

– Réponses aux questions1. La démarche de Pays peut être résumée à une mobi-lisation des multiples acteurs du territoire pour unemeilleure connaissance du territoire (diagnostic) et l’éla-boration d’un projet de développement à long terme. LePays doit fédérer, coordonner et impulser des projets.

2. Un pôle logistique est un lieu qui offre des servicesspécialisés pour favoriser le stockage, le traitement etl’acheminement des marchandises. Il se caractérise parsa position géographique : au cœur d’un réseau modernede transports à l’échelle régionale et nationale; sonaménagement : de vastes terrains disponibles à proximitéd’autoroutes ; des entreprises spécialisées dans ledomaine des transports (stockage, conditionnement, ache-minement). Le développement de cette filière dans le paysd’Arles s’explique par la situation de carrefour du terri-toire entre l’axe rhodanien et la façade méditerra-néenne ; la proximité du premier port français etméditerranéen.

3. La volonté de modernisation par l’image et le numé-rique est affirmée dans la création du médiapôle doubléd’un pôle numérique d’un et dans l’aménagement desanciens ateliers SNCF. Il s’agit de répondre aux consé-quences de la crise des années 1980 ; de sauvegarderle patrimoine et d’intégrer le territoire dans les réseauxles plus modernes de production et de transport d’in-formations et d’images. Il s’agit là d’un savoir-faire et d’uneproduction « propre » s’intégrant dans un environne-ment vert (nombreux espaces verts), ce qui confirme lavolonté de promouvoir et protéger l’environnement.

4. La création d’un guide touristique labellisé auxcouleurs du Pays permet d’affirmer la spécificité du terri-toire et de le placer sur le marché touristique comme

produit « local » et dans la tradition. Les chemins deProvence-Prestige entrent dans la même démarche,celle de valoriser les potentialités locales, à l’échelle duPays, des communes voire de l’exploitation agricole. Cetteproximité ne pèse pas sur l’environnement que l’on veutpréserver.

5. Les grands acteurs du contrat de pays sont l’État, laRégion, les communes, les Communautés de communeset les nombreux acteurs privés : chambre de commerce ;firme multinationale ; producteurs locaux, etc.

6. Le Pays analyse les potentialités du territoire, trace lesgrandes lignes de son développement, coordonne lesactions des acteurs privés, des communes, des inter-communalités. Ces dernières impulsent et finalisent,notamment en matière économique, de nouveaux projets,qui, parce qu’ils opèrent dans des espaces plus vastesavec des moyens financiers et juridiques nouveaux, sontplus efficaces.

– Présentation des documentsDoc. 16 et 17 : Le territoire traversé ou longé par leRhône s’inscrit en grande partie dans le delta. LaCamargue entre les deux bras du Rhône et la Méditerranéeest un espace disputé entre le fleuve, la mer et leshommes. La région a été isolée du fleuve et de la mer pardes digues mais pour assurer son alimentation en eaudouce et maintenir le milieu et les activités, des stationsde pompage de l’eau du Rhône et un réseau de canauxont été aménagés. La Camargue est ainsi un milieu arti-ficiel géré par l’homme dans le cadre d’un parc naturelrégional depuis 1970 (autre territoire de projet ; voirdoc. 4). Deux seules communes sont concernées pour86 300 ha (Arles et Saintes-Maries-de-la-Mer). Depuis2002 la gestion est assurée par un Groupement d’inté-rêt public du parc naturel régional associant les élus(communes, Département, Région), l’État, les propriétairescamarguais et l’ensemble des usagers. Plus du tiers dece territoire est couvert d’eau. L’étang de Vaccarès couvreenviron 65 km2 à lui seul. La gestion de l’eau, la protection contre les inondationssont donc une préoccupation importante du Pays, maisles acteurs de l’eau sont nombreux (doc. 19 et 21). LeSymadrem (Syndicat mixte interrégional d’aménagementdes digues du delta du Rhône et de la mer) est un établis-sement public regroupant 19 collectivités : les deuxrégions limitrophes (Languedoc-Roussillon et PACA), lesdeux départements (Bouches-du-Rhône et Gard) et 15communes suites aux dernières inondations.

Doc. 18 et 19 : Les inondations de décembre 2003 sontla conséquence d’une crue du Rhône provoquée par unépisode pluvio-orageux intense pendant plus de 48heures sur le quart Sud-Est de la France (20 départementsen « alerte orange » au sud de Lyon). La crue s’étend du1er au 4 décembre. La zone industrielle Nord, les quar-

3. Un territoire à l’épreuve de la décentralisation, p. 168-169

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tiers de Trébon et Montplaisir (doc. 19) ont été noyés sousdes hauteurs d’eau allant de 60 cm à 2 m à la suite dela rupture des digues de protections des passages sousla voie SNCF, l’eau étant bloquée par le canal deVigueirat construit en surplomb de la plaine. Les habitantsont été évacués. Les quais du centre-ville ont étésubmergés et abîmés. La campagne arlésienne a étéégalement inondée.

Doc. 20 : La vue aérienne oblique montre le site excep-tionnel des Saintes-Maries-de-la-Mer construit sur le cordonlittoral à l’Est du Petit Rhône (voir localisation sur ledoc. 1), entre la mer au premier plan et les étangs de l’in-térieur. Si les ressources touristiques sont évidentes, ledocument suggèrent aussi toutes les contraintes, tous lesrisques d’un tel aménagement.

Doc. 21 : Le document montre les limites de la décen-tralisation et comment la multiplicité des acteurs fragilisefinalement la gestion du risque. À la suite de ces inon-dations le périmètre d’action du Symadrem a été élargià toutes les digues de Camargue en décembre 2004 etle système de gestion de l’ensemble des digues a étéunifié.

– Réponses aux questions1. L’eau est omniprésente en Pays d’Arles puisque les 2bras du Rhône enserrent ce territoire. La Camargue occupeune grande partie de ce territoire. Mais les aménagements(canaux, systèmes d’irrigation, digues…) montrent quel’homme a voulu depuis longtemps maîtriser cet élémentvital et dangereux.

2. Il s’agit bien d’un risque majeur puisque les popula-tions sont exposées aux dangers des inondationsd’autant que les protections ne sont pas toujoursadaptées (remblais SNCF).

3. Les inondations de 2003 ont soulevé la question dela multiplicité de la gestion des digues (État, SNCF,Syndicats intercommunaux) ce qui atomise la construc-tion, l’entretien et la surveillance des digues. Le coût decette gestion ne peut être assuré par des petitescommunes ou structures sans moyens financiers.

4. Le rôle du Pays serait alors de coordonner la gestion,la surveillance, les secours, les démarches administra-tives…

5. Le Pays peut donc avoir un rôle fédérateur dans l’amé-nagement du territoire. Cependant, il n’en a pas lesmoyens juridiques ni financiers. D’autre part, la gestiondu Rhône dépasse largement le territoire du Pays et mêmela Région Provence–Alpes-Côte d’Azur. Seul l’État a, eneffet les outils législatifs, techniques, d’expertise et finan-ciers pour assurer la gestion d’ensemble du bassin versantd’un fleuve de plus de 800 km.

Les pages Méthode du thème

Identifier le document– Le document est un schéma qui représente les agglo-mérations par des figurés ponctuels et les contrastes dedensité par des plages colorées qui opposent couleurchaude (orange) et froide (vert). – L’échelle retenue est l’échelle nationale.– La légende est organisée autour de deux thèmes :l’urbanisation et la densité de population. Le phénomèneétudié est donc celui de la répartition de la populationfrançaise.– La nomenclature est absente, elle est indispensable pourlocaliser précisément les informations représentées.

Analiser et exploiter le document– Rennes / Nantes / Bordeaux / Toulouse / Clermont-Ferrand / Lyon / Marseille / Nice / Strasbourg / Lille.– Le réseau urbain associe un centre national et unecouronne de métropoles en périphérie.– Il oppose des espaces peuplés et urbanisés : bassinsde l’Ouest et du Nord, grandes vallées et littoraux à des« vides » : montagnes, espaces ruraux. – Ce déséquilibre s’explique par les contraintes naturel-les mais aussi par l’histoire politique, économique et lesévolutions récentes comme l’héliotropisme.

Répondre aux questions, p. 170

BIBLIOGRAPHIE

– Bleton-Ruget, A., Bodineau, P., Sylvestre, J.-P., (dir.), Payset territoires, éd. universitaires de Dijon, 2002

Sites Internet– Site de la Datar avec de nombreuses cartes actuali-sées sur l’état d’avancement des intercommunalités enFrance et des données statistiques sur chacuned’entre elle. Dossier enseignant avec la France en 2020téléchargeable : www.territoires.gouv.fr– Site de la région Provence–Alpes-Côte-d’Azur, très richeen cartes et ressources statistiques, contrats dePays… : www.cr-paca.fr– Site de l’intercommunalité d’Arles, Camargue, Crau,Montagnette : www.agglo-accm– Le blog du Pays d’Arles, le Pays d’Arles ne s’étant pasencore doté d’un site propre :www.paysdarles.org– Le site de Geoconfluences propose un dossierRisques et société : Arles sous les eaux du Rhône :http://geoconfluences.ens-lsh.fr/doc/transv/Risque/RisqueDoc.htm

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Analyser le document– Le graphique 1 est un graphique circulaire, le graphique2 un histogramme. – La source est absente pour le doc. 1, pour le doc. 2,on ne précise pas s’il s’agit de dépenses ou de recettes.

Analyser et exploiter le document– Ces deux documents traitent des finances des collec-tivités locales, plus particulièrement de leurs dépenses.L’étude porte principalement sur les Régions.– Il est possible de comparer leurs dépenses avec lesautres collectivités car à l’échelle nationale les donnéessont en valeurs relatives (doc. 1) et à l’échelle régionaleles 4 départements cités forment la Région Bourgogne(doc. 2).– Les dépenses régionales sont faibles proportionnelle-ment à celles des autres collectivités : le doc. 2 confirme,à l’échelle de la Bourgogne l’observation du doc. 1, mêmesi les dépenses des communes (exceptée Dijon) et grou-pement de communes ne sont pas mentionnées.– Les dépenses de la Région Bourgogne représententmoins du tiers des dépenses des 4 départements qui lacomposent et moins du double de celles de la métropolerégionale.– Dans ces conditions, la portée de la régionalisation setrouve limitée considérablement par les moyens dontdisposent ces collectivités par rapport aux autres collec-tivités locales.

Les pages Horizon Bac du thème

L’objectif de l’exercice et de permettre aux élèves de s’en-traîner à rédiger des réponses courtes et construites enréponse à une question géographique simple. C’est aussile moyen pour eux de vérifier qu’ils ont acquis les connais-sances adaptées aux attentes de l’examen.

Pourquoi distingue-t-on une « diagonale » traversant le terri-toire du Sud-Ouest au Nord-Est ?La diagonale qui traverse l’espace français du Sud-Ouestau Nord-Est est un espace en voie de dépeuplement, carac-térisé par de faibles densités (< 20 hab./km2) et une faibleurbanisation.Elle regroupe des régions particulièrement enclavées(Auvergne, Limousin, Champagne-Ardennes) et desrégions de passage entre Bassin aquitain et Méditerranée(Midi-Pyrénées) et Paris-Lyon (Bourgogne).

Le littoral du Sud de la France est-il attractif ?Aussi bien sur la façade atlantique que sur la côte médi-terranéenne le littoral du sud de la France est un espaceattractif. Alors qu’il était délaissé pour l’essentieljusqu’aux années 1960, il fonde aujourd’hui son déve-

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Répondre aux questions, p. 171loppement non seulement sur l’attraction touristique maisaussi sur l’héliotropisme qui affecte également lesautres secteurs de l’économie. L’attrait de métropoles àl’image particulièrement positive, comme le développe-ment de réseaux de communications complets expliquentque les soldes migratoires y soient parmi les plusélevés de France.

En quoi les métropoles sont-elles des acteurs géogra-phiques ?L’étalement urbain dépasse très largement le cadre admi-nistratif d’une seule commune. Si le pôle urbain centralgarde un rôle prépondérant, les collectivités s’organisentle plus souvent en communautés d’agglomération.Par la diversité des fonctions qu’elles concentrent, parleurs rôles de carrefour au cœur des réseaux de commu-nication et par les flux qu’elles génèrent elles étendentleur influence sur des territoires de plus en plus vastes,généralement à l’échelle régionale. La métropolisationcomme la politique de régionalisation font donc des capi-tales régionales un acteur géographique important dansla coordination des politiques d’aménagements.

Un exemple d’intercommunalité : le Pays d’Arles

Situer le documentIl s’agit d’une carte réalisée par un organisme de statis-tiques en 2002 : l’INSEE. Il est donc fiable.

Analyser le documentL’échelle régionale a été retenue. Mais les limites admi-nistratives communales et départementales ont permisde réaliser le document.Un aire urbaine est « un ensemble de communes d’un seultenant et sans enclave, constitué d’un pôle urbain (plusde 5 000 emplois) et par des communes rurales ou unitésurbaines (couronne périurbaine) dont au moins 40 % dela population résidente ayant un emploi travaille dans lepôle ou dans des communes attirées par celui-ci ».Celle d’Arles est composée d’un pôle et de communesrurales uniquement. Elle est très étendue par rapport àsa population. Le pôle urbain a donc un rayonnementimportant.

RépondreLes aires urbaines voisines (Avignon, Nîmes, Montpellier,Aix-Marseille) sont étendues voire très étendues et leurrayonnement est important : il peut parfois atteindre, voiredépasser les limites du département (Montpellier,Marseille).Arles est encerclée par des aires urbaines nettement plusimportantes. De ce fait, la constitution en Pays peut appa-raître comme un moyen de lutter contre la pression urbaineenvironnante, qu’elle soit politique, économique, culturelleou foncière.

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Thème 2

95Thème 2 Dynamiques de localisation des activités en France

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Les problématiques du thème

Extrait du programme et des documents Le traitement du manuel Magnardd’accompagnements

Il revient au professeur d’établir quand il le juge pertinent Le rapprochement est facilité par le traitement d’uneun rapprochement entre histoire et géographie ; certains même filière en sujet d’étude en histoire : Les mutationsthèmes d’étude y invitent plus que d’autres, ainsi : de la filière automobile, p. 28-33, et en géographie :Diffusion et mutations du modèle industriel en Europe L’automobile, une filière dynamique, p. 194-199 en histoire et Dynamiques de localisation des activités (voir infra).industrielles en géographie.

A. Activités et territoiresIl convient de s’interroger sur la localisation des activités Leçon 2 : Des espaces industriels entre héritage etet les facteurs qui la déterminent : pourquoi ici et pas renouveau, p. 186-187ailleurs ? Quelles sont les mutations des espaces industriels français ?Les facteurs d’attraction ou de répulsion sont variables Leçon 5 : Vers une diversification des espacesdans l’espace et dans le temps, en fonction des données touristiques, p. 192-193propres du lieu (ressources et contraintes, parmi Comment la France est-elle devenue le premier foyerlesquelles les données naturelles) et des types touristique du monde ?d’activités. Leçon 1 : Les mutations de l’espace économiqueS’y ajoutent de plus en plus des facteurs extérieurs français, p. 184-185qui jouent à l’échelle nationale, européenne ou Quels sont les effets de la mondialisation sur le territoireinternationale. français ?Quelle est la réalité du phénomène de « délocalisation » Leçon 3 : De nouveaux territoires pour l’industrie,abondamment développé dans les médias ? S’agit-il p. 188-189d’une fuite généralisée des activités vers d’autres lieux Pourquoi certains territoires sont-ils aujourd’huidu globe ? attractifs pour l’industrie ?Dans la concurrence entre territoires qui semble se Leçon 4 : Les nouveaux espaces de l’agriculturemanifester à l’échelle planétaire, quels sont les atouts française, p. 190-191du territoire français et quelles sont les stratégies Quels sont les effets et les évolutions de la politiqueexistantes ou à développer pour y assurer le maintien agricole commune ?et le développement d’activités et d’emplois ?

B. Une activité économiqueL’étude plus approfondie d’un secteur économique s’appuie sur une filière de production. Sujets d’étude [Approfondissements]En complément au programme d’économie, 1re partie des Sujets d’étude :cette approche permet de placer l’entreprise dans – 1. Un pôle automobile, Rennes, p. 194-195son contexte territorial,… – 1. Belle Dune, un village entre dunes et forêt, p. 200-201

– 1. Le maïs en Aquitaine, p. 206-207… de montrer le jeu des acteurs économiques, 2e partie des Sujets d’étude :leurs stratégies d’implantation et de production aux – 2. Une filière automobile en mutation, p. 196-197différentes échelles (depuis celle du lieu de l’activité – 2. Pierre et vacances, leader européen, p. 202-203ou de l’unité de production jusqu’aux échelles européenne – 2. La seconde filière céréalière nationale, p. 208-209ou mondiale). 3e partie des Sujets d’étude :Cette étude intègre les enjeux environnementaux. – 3. Perspectives et enjeux, p. 198-199Cette étude doit aussi permettre, dans la perspective de – 3. Poursuivre le développement, p. 204-205contribution à l’EEDD (Éducation à l’environnement pour – 3. Une filière en question, p. 210-21un développement durable), une prise de conscience quant aux effets écologiques [...].

Dynamiques de localisationdes activités en France

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Les notions du thèmeLes notions du programme : Localisation ; Flux ; Acteursspatiaux ; Contraintes ; Ressources ; Risques. La notion de localisation, centrale dans ce thème, estcomplexe et peut être abordée à différents niveaux (voirles Repères, p. 260-261).Lorsqu’elle désigne l’acte de choisir un lieu, elle met enjeu les acteurs spatiaux et engendre des flux. C’est dansce choix qu’intervient la mesure des ressources, descontraintes et des risques dont l’évolution peut conduireà remettre le choix en question au profit d’un autre lieu(délocalisation). On peut donc facilement mettre lesnotions du thème en réseau autour de cette notioncentrale. Voir également : Baud, P., Bourgeat, S., Bras, C.,« Industrie », « Localisation », « Délocalisation », dansDictionnaire de Géographie, Hatier, 2003.

Les pages d’ouverture du thème– LandyFrance, un nouveau pôle tertiaire au Nordde Paris, p. 176-177

LandyFrance est un exemple du renouvellement des loca-lisations des activités en France. Ancien espace indus-triel sinistré dans les années 1970, c’est aujourd’hui unpôle tertiaire et d’habitation avec un vaste programme encours de construction : 177 000 m2 de bureaux ; 500 loge-ments diversifiés ; un square d’un hectare, des commer-ces, services établissements d’enseignement. La

Paris

Stade de France Espaces verts

Quatiers d’habitations

Axes de communication

Activités tertiaires

construction du stade de France en 1998 a marqué ledébut du renouveau de ce vaste espace bénéficiant dela proximité de Paris et de voies de communicationmajeure (A 1 et A 86). La Communauté d’agglomérationde Plaine commune, qui regroupe huit communes, pilotel’opération de valorisation des friches industrielles.

– Kinépolis, le plus grand multiplexe de Francep. 178-179

Le groupe Kinépolis constitué en 1997 est un grouped’échelle européenne qui mise sur la complémentarité surun même site, proche des grandes agglomérations, de l’ac-tivité de diffusion cinématographique et d’autres activi-tés de loisirs. Le complexe de Lomme dans lilloise, estemblématique du développement périurbain récent desactivités tertiaires.Pour des informations sur le groupe Kinépolis :http://investors.kinepolis.com/index.cfm?PageID=15850&Language_code=FRA

Les cartes-clés du thème

– 1. Les espaces agricoles, p. 180

La carte des espaces agricoles croise deux données carac-téristiques des deux évolutions dominantes : une spécia-lisation accrue des espaces agricoles et une concentrationéconomique des exploitations, conditions actuelles de lapérennisation de l’activité agricole.Le recul des régions de polyculture désormais essentiel-lement réduites aux périphéries du Bassin parisien, duBassin aquitain et des Alpes est patent ; différents modèlesde spécialisation s’y substituent : cultures céréalières etindustrielles dominantes (Picardie, Beauce, Berry, Landes),élevage spécialisé (Bretagne, montagnes) ou encorecultures délicates et vignobles. C’est le produit à la foisd’aptitudes des terroirs mais aussi et surtout de choixéconomiques et techniques, largement encouragés par 30années de Politique agricole commune (PAC), misant surle productivisme (doc. 4 p. 191). Une étude croisée avecle doc. 1 p. 190 permettra de mesurer l’impact paysagerde cette spécialisation à échelle locale.Le phénomène de concentration économique est lisiblepar ses effets ; les régions à revenu agricole élevécorrespondent aux régions où la taille des exploitationsa connu une forte croissance (une augmentation de plusde 50 % de la taille moyenne des exploitations depuis1988). Le Bassin parisien et quelques régions d’agriculturetrès spécialisée, dont les vignobles de qualité forment l’es-sentiel aujourd’hui de la production agricole française envaleur. Les autres régions, qui n’ont pas mis en œuvre uneintensification poussée de l’agriculture sont actuellementen déprise et voient le progrès des friches, de la refo-restation (720 000 ha de surfaces agricoles perdus entre

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1992 et 1999) ainsi que la diminution rapide du nombredes actifs agricoles.

– 2. Les espaces industriels, p. 181

La carte des espaces industriels met l’accent sur l’héri-tage historique et sur les dynamiques actuelles de la loca-lisation industrielle. Elle résume la complexité actuelle dela situation française.De nombreuses régions témoignent de la précocité dudéveloppement industriel : Nord-Est en reconversion, poidsencore lourd de la capitale parisienne (1/6e des emploisindustriels) ainsi que des espaces sous-industrialisés :la périphérie Est du Bassin parisien, le Massif central etle Sud des Alpes. Toutefois, l’étude croisée avec la carte 2p. 186 est l’occasion de montrer le glissement amorcédepuis les années 1960, lui aussi lisible sur la carte, etrépondant aux facteurs actuels de localisation.Le poids déterminant de la maîtrise des technologies etdes savoir-faire fait émerger un Sud et un Ouest indus-triels où les activités sont concentrées autour desmétropoles régionales, sièges de technopôle. Ce sont lesindustries de haute technologie qui s’y implantent,tendance renforcée par la politique récente des pôles decompétitivité.Le contexte de la mondialisation valorise également lesespaces les plus ouverts et les mieux reliés, notammentdans une dimension européenne : littoraux et zones indus-trialo-portuaires, centres industriels desservis par desvoies de communication européennes (doc. 5 p. 189),reconversion accélérée des zones reliées à l’Union euro-péenne. C’est encore cette nouvelle dimension de l’éco-nomie mondiale qui stimule l’Alsace et la régionRhône-Alpes en en faisant des terres d’élection de l’in-vestissement international.La carte de l’industrie en France est aussi le reflet du jeucomplexe des acteurs. Le glissement vers le Sud etl’Ouest est aussi le résultat de la politique d’aménage-ment du territoire depuis quarante ans. L’inégale recon-version des vieilles régions industrielles est liée aussi auxchoix politiques. Ces facteurs essentiels de localisation, lisibles à échellenationale, le sont également à grande échelle quant ils’agit d’envisager la mise sur pieds des plate-formes multi-modales (doc. 1 p. 188) ou des systèmes productifslocaux, porteurs d’emplois (doc. 2 p. 188).

– 3. Les espaces touristiques, p. 182

La localisation des espaces touristiques en Francerésulte d’une politique volontariste désormais anciennequi vise à entretenir la place de leader mondial qu’occupele pays ainsi que la valeur économique de cette activité :7 % du PIB et premier poste de la balance des paiements.Ressources et intervention des acteurs de l’aménagementse combinent pour entretenir les flux importants de touris-tes européens et mondiaux. La carte permet de faire l’in-ventaire raisonné des ressources : patrimoine naturelmultiple des littoraux et des massifs montagneux, patri-moine historique et culturel présent sur tout le territoire

avec une concentration exceptionnelle dans la régioncapitale. Les aménagements, réalisés sous l’impulsion politique etfinancière de l’État, touchent aussi bien à la mise en valeurde ce patrimoine que son accessibilité et ses possibilitésd’exploitation économique. La politique des transports faitdes hautes montagnes et des littoraux français desespaces touristiques d’échelle européenne. Les plansd’équipement, qu’il s’agisse des grands ensemblesbalnéaires (mission d’aménagement du Languedoc-Roussillon en 1963) ou des stations de sports d’hiver (planNeige en 1964) ont créé des capacités d’accueil quisoutiennent cette politique. De même la création des parcsnaturels témoigne de la volonté de préserver un patrimoineà la source de l’activité touristique.À cette première localisation de l’activité touristique quiprivilégie le Sud et l’Ouest ainsi que le pôle parisien, s’ajou-tent d’autres espaces touristiques, certes économique-ment moins fertiles à échelle nationale, mais quitémoignent de la naissance de nouveaux territoirestouristiques. Il s’agit aussi bien des parcs d’attraction,à proximité des espaces métropolitains et des voies decommunication, que des espaces plus diffus du « tourismevert » (doc. 3 p. 192).

– 4. Les dynamiques du territoire, p. 183

La carte des dynamiques du territoire est le reflet d’uneéconomie où les trois secteurs traditionnels (primaire,secondaire et tertiaire) s’interpénètrent désormais au seinde filières qui marquent leur solidarité. Les pôles decompétitivité mis sur pieds en 2005 (carte 5 p. 185) ensont la concrétisation récente. Elle est également le résultat de facteurs renouvelés delocalisation qui permettent de dégager quatre espacesprincipaux : une région polarisée par Paris qui continueet amplifie sa domination sur l’économie nationale, desrégions du Nord-Est qui portent toujours la trace de leurpassé industriel, un vaste arc périphérique qui englobel’Ouest, le Sud et l’Est de l’hexagone et enfin les terresdélaissées de la « diagonale du vide ».Pour ces quatre grandes régions, les facteurs déterminantspar leur présence comme par leur absence sont lesmêmes.En premier lieu, dans une économie ouverte sur le monde,l’accessibilité des marchés extérieurs, sont privilégiéesles régions desservies par les axes majeurs du transportnational et européen ; la liaison avec les voies maritimesmondiales comme avec la mégalopole européenne est lefacteur majeur du dynamisme de l’Est français comme dela façade de la Manche. Encore mal relié, le centre françaisne peut prétendre à bénéficier de cette intégrationmondiale des économies et reste, par exemple délaissépar les investissements étrangers (carte 3 p. 184). Àgrande échelle, le développement des activités tertiairesle long des voies ou des nœuds de communication (doc.1 p. 184) participe du même mouvement.En second lieu, les régions dynamiques sont aussi cellesqui peuvent s’appuyer sur une ou plusieurs métropolessusceptibles de mobiliser acteurs et ressources du déve-

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loppement économique. Siège des entreprises, despouvoirs politiques locaux ou régionaux, lieux d’implan-tation des universités et des centres de recherche, concen-tration de population et donc de consommateurs, les pôlesurbains sont au cœur des activités, notamment tertiairesqui priment aujourd’hui.Cette carte ne rend pas compte du phénomène initié dansles années 1990 des délocalisations qui touchent l’in-dustrie mais aussi les services et répondent à deslogiques de rentabilité autres que les tendances lourdesexprimées ici.

Les leçons du thème

– Démarche de la leçonQuels sont les effets de la mondialisation sur le territoirefrançais ?La leçon permet d’inscrire la question de la localisationdes activités dans le contexte général de mondialisationqui commande désormais l’économie française. Elle estégalement destinée à aborder la multiplicité des acteursde ces localisations (État, collectivités locales, entrepri-ses). Elle aborde d’emblée la multiplicité des échellesauxquelles doivent se lire les évolutions. Les documentspermettent de mettre en évidence les liens étroits quiexistent entre les régions économiques françaises et l’ex-térieur : accessibilité des marchés extérieurs, dépendanceà l’égard des capitaux extérieurs, stratégie internationaledes entreprises française. Les conséquences spatialesde cette mondialisation, en terme de localisation maisaussi de délocalisation, sont abordées à grande commeà petite échelle.

– Présentation des documentsDoc. 1 : La Cité de l’Europe à Coquelles a été aménagéeen 1995 près de l’entrée du tunnel sous la Mancheinauguré en 1994. C’est une illustration des facteursnouveaux de localisation : l’ouverture sur l’Europe et laproximité des moyens de communications. Desservi parl’A 16, par la gare TGV de Calais-Frethun, au débouché desnavettes du tunnel et à proximité du port de Calais (1er

port passagers français) le site de Coquelles réunit uncentre commercial complété depuis 2003 par une galeriede magasins d’usines, un multiplexe, des hôtels, un centred’affaires, ainsi que des entreppôts logistiques.

1. Les mutations de l’espaceéconomique français, p. 184-185

Doc. 2 : Ce texte dresse une typologie dynamique desgrandes régions économiques françaises : la permanence,voire le renforcement du poids de l’Île-de-France ; troisgrandes régions qui attirent les localisations et dessinentun vaste arc périphérique ; des régions de déprisecorrespondant à d’anciens facteurs de localisation. Cetexte montre les limites de la politique volontariste d’amé-nagement qui peine à inverser les tendances de fond quesont la métropolisation forte du territoire et le déclin dessecteurs primaire et secondaire.

Doc. 3 : Cette carte montre l’importance globale des parte-naires européens (plus de la moitié des emplois créés parles IDE) mais les États-Unis sont le premier investisseurdevant l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. Lesrégions frontalières et les régions métropolisées sont leslieux d’accueil privilégiés.Doc. 4 : Le site du journal Ouest-France consacre undossier en ligne à cette entreprise (http://www.ouest-france.fr/dossiershtm/moulinex/). L’entrée par uneentreprise permet d’aborder la question des localisationsà la fois sur la longue durée et dans son environnementrégional. Le dossier Moulinex a également été abordé parLaurent Carroué in La mondialisation, A. Colin, 2002.

Doc. 5 : Cette carte permet d’introduire l’action de l’Étatet des collectivités locales dans la politique actuelle (juillet2005) en matière d’aménagement et de décision indus-trielle. 1,5 milliards d’euros sont prévus par l’État sur troisans pour concrétiser les 66 projets retenus par le CIADT(Comité interministériel d’aménagement du territoire). Lacarte ne retient que les pôles à vocation mondiale souventimplantés dans les régions à grandes métropoles ;plusieurs pôles ont également une dimension trans-régio-nale (voir également : http://www.competitivite.gouv.fr/).

Port Cité de l’Europe

Espace urbanisé

Autoroute et axe routier

Ligne TGV

A16Boulogne

Paris

Tunnel

Belgique

Royaume- Uni

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– Réponses aux questions1. La Cité de l’Europe est un centre commercial àl’anglo-saxonne qui concentre à la fois le commerce degrande distribution, les commerces d’enseignes et les acti-vités de loisirs associées désormais à ces pôles. Elle estinstallée sur de vastes terrains de la périphérie calai-sienne, à proximité du terminal du tunnel sous lamanche et de l’A 16. Elle draine une clientèle régionaleet britannique.

2. Les productions françaises, tous secteurs confondus,restent concentrées sur la région Île-de-France. On notetoutefois un rééquilibrage entre les régions françaises. Àla vieille distinction Est-Ouest se substitue lentement unnouvel équilibre au profit des périphéries métropoliséesdu territoire. Quelques régions restent cependant enretrait ; c’est toujours le cas, par exemple, du Massifcentral dont le poids économique demeure mineur.

3. La mondialisation est source de nouvelles localisationsd’activités sur le territoire national mais aussi cause dedélocalisation des industries traditionnelles. Par des inves-tissements extérieurs (IDE) ou dans le cadre de straté-gies d’entreprises françaises visant les marchésextérieurs, nombre de régions voient apparaître denouvelles activités, le plus souvent tertiaires. Le différentielde coût de production entre la France et des pays moinsdéveloppés se traduit par la fermeture d’unités deproduction (mais aussi de services) sur le territoire nationalet leur installation ailleurs en Europe ou dans le monde.

4. Face à la compétition internationale, l’État cherche àvaloriser les ressources et les savoir-faire français en favo-risant le rapprochement d’acteurs complémentaires(entreprises et collectivités) autour de projets technolo-giques compétitifs. Il reste un acteur important del’aménagement en soutenant des initiatives locales ourégionales.

5. Le cadre mondial et européen dans lequel s’inscritaujourd’hui l’économie française place les moyens decommunication au cœur de la localisation des activités.Ils sont essentiels à la production désormais souventscindée entre diverses unités ou réalisée dans le cadrede filières de production. Ils sont déterminants dans lecadre de la recherche constante de marchés extérieurs.Ils sont un critère de choix quand il s’agit de l’implanta-tion d’une entreprise étrangère à la conquête de marchésfrançais ou européens.Les régions les mieux desservies par le réseau national,l’Île-de-France en tête sont ainsi siège de l’essentiel del’activité. À échelle locale, la proximité des axes et desnœuds de communication est un facteur majeur d’im-plantation.Les régions à l’écart des grands axes ou celles pourlesquelles les aménagements restent incomplets sontlaissées pour compte.

– Démarche de la leçonQuelles sont les mutations des espaces industriels enFrance ?L’étude du tissu industriel français est au cœur de cettedeuxième leçon. Encore largement tributaire de son indus-trie malgré une tertiarisation accrue, l’économie françaises’articule autour des lignes de force héritées d’une lenteconstruction. C’est l’occasion de mettre en lumière lesprincipales périodes qui ont engendré différentes régions.Une partie du territoire français reste, malgré la désin-dustrialisation, commandé par des localisations héritéesdu XIXe siècle où ressources naturelles et abondance demain d’œuvre étaient les facteurs déterminants. Uneseconde « strate » de localisations est à rechercher dansle « basculement des années 1960 » : l’ouverture deséconomies dynamise les littoraux, l’intervention de l’Étatfavorise la déconcentration vers des terres jusqu’alors peuindustrialisées.Outre qu’elle laisse une trame, cette histoire des locali-sations est également la source des risques industriels,préoccupation majeure à l’heure de penser un dévelop-pement durable.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Le port de Dunkerque est le troisième portfrançais, port autonome depuis 1966. Le trafic a atteintun nouveau record en 2005 avec 53,3 millions de tonnes.C’est le premier port français d’importation des mineraiset charbon, de fruits, de cuivre et d’exportation d’acier etde sucre. Il profite d’une situation à proximité de la méga-lopole européenne et de la voie maritime la plus fréquen-tée dans le monde qui explique sa prospérité. Il bénéficied’une desserte autoroutière (A 16 et A 25), ferroviaire etfluviale (canal à grand gabarit) qui le met en liaison avecun vaste arrière-pays. C’est la plus grande zone industrialo-portuaire d’Europe, spécialisée en partie dans le domaineénergétique (voir aussi : http://www.portdedunkerque.fr).Une première usine sidérurgique « sur l’eau » existe àDunkerque dès 1913 (usine des dunes). Cependant la litto-ralisation des activités pour bénéficier des facilités dutransport maritime est spectaculaire à partir des années1960 avec l’installation de la raffinerie BP en 1958 et l’im-plantation de Sollac en 1959. En 1974, Usinor-Sollac meten service le haut fourneau n° 4 (10 000 t d’acier par jour)alors que la crise s’accentue en Lorraine. En 1990Péchiney s’installe à proximité de la centrale nucléaire deGravelines. La disparition des chantiers de constructionnavale a toutefois laissé place à des friches industriellesqui sont aujourd’hui en cours de réhabilitation au sein d’ungrand projet urbain lancé depuis les années 1990(projet Neptune). Le nouveau port de plaisance visible enbas à gauche de l’image fait partie des nouveauxaménagements.

Doc. 2 : La carte pointe les lignes de force anciennes dutissu industriel français encore lisible par les pourcentages

2. Des espaces industriels entrehéritage et renouveau, p. 186-187

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élevés qui subsistent au Nord-Est et dans les régionscentrées sur Paris et Lyon. Elle met également enévidence le rééquilibrage en cours depuis les années 1960au profit du Sud-Est et de l’Ouest français.

Doc. 3 : Ce texte est l’occasion d’aborder la question dela reconversion industrielle sous l’angle de l’implantationd’activités nouvelles et de la modification des facteursde localisation. Depuis début 2004, la plate-formeDelta 3 est la première activité pourvoyeuse d’emplois dela région en remplacement de l’orientation historique indus-trielle liée au charbon. Ce sont désormais les voies decommunication qui priment par la combinaison offerte demoyens autoroutiers, ferroviaires et maritimes via le canalde liaison avec Dunkerque. Une étude couplée avec ledoc. 1 est souhaitable.

Doc. 4 : Là encore, il s’agit d’une localisation historiquede l’industrie française dont la poursuite tranche avec lareconversion vue précédemment. On mettra en avant l’im-plication des acteurs publics, à toutes échelles, pour préser-ver le site. Si l’assemblage de l’A 380 est réalisé à Toulouse,l’aménagement intérieur est effectué à Hambourg.

Doc. 5 : Il ne s’agit plus d’aborder l’étude des facteursde localisation mais de sensibiliser les élèves auxrisques liés à l’industrialisation dans le cadre du déve-loppement urbain. On insistera sur l’extension du tissuurbain et sur les mesures de protection mises en œuvrepar l’État (PIG et PPI).

– Réponses aux questions1. Le site du port de Dunkerque est privilégié par l’ou-verture directe sur la voie maritime majeure de laManche et de la Mer du Nord ; la desserte en moyens detransports autoroutiers, ferroviaires et fluviaux ; l’existencede vastes terrains disponibles.

2. Le Nord-Est français fait figure de région industriellemajeure. La lecture fine de la carte permet de mettre enavant les régions où se trouvent soit une très grande agglo-mération (Paris, Lyon) ou une façade maritime importante.

3. Depuis le déclin du facteur « ressources naturelles »,l’implantation des industries est conditionnée par la situa-tion au regard des grandes voies d’échanges internatio-naux, l’existence d’équipements de transport et lavolonté politique de rééquilibrer le territoire ou derépondre au déclin des industries traditionnelles.

4. Il y a risque quand une société est menacée. Les acti-vités industrielles qui mettent en œuvre une technologiesusceptible de provoquer des accidents sont génératri-ces de risques. Ces risques sont décuplés par l’extensionurbaine qui englobe désormais des espaces industrielsinitialement implantés en périphérie comme à Toulouseou par l’accumulation d’installations dangereuses enmilieu urbain (raffineries, dépôts de carburant, centralenucléaire) comme à Dunkerque.

5. Des localisations héritées sont des localisationsfondées sur d’anciens facteurs. Il s’agit pour l’essentieldes localisations industrielles fondées sur la présence deressources du sous-sol et d’une main-d’œuvre abondante,

critères déterminants pour le développement des premiè-res révolutions industrielles. Le facteur essentiel dans uncontexte de mondialisation des économies est désormaisl’ouverture sur les marchés, qu’elle se traduise enterme de moyens de communication ou de compétitivitéface aux autres producteurs.

– Démarche de la leçonPourquoi certains territoires sont-ils aujourd’hui attractifspour l’industrie ?Les documents utilisés dans cette leçon visent à dresserun inventaire raisonné des nouveaux facteurs de locali-sation industrielle et partant une typologie des nouveauxespaces industriels en France. Le raisonnement met enjeu à la fois les ressources déterminantes pour l’im-plantation des industries mais également l’action desacteurs du développement économique. Le corpuspermet d’aborder ces questions à différentes échelles,du local (système productif local) au national (maîtrise destechnologies) ou à l’international (implantations asiatiquesen Alsace).

– Présentation des documentsDoc. 1 : La page d’accueil du site de Pyrène Aéro Pôle,plate-forme multimodale, met l’accent sur les atouts dugroupement de communes du canton d’Ossun ; outre l’en-vironnement naturel au pied des Pyrénées, il s’agit desinfrastructure de communication (autoroute A64, voie ferréeet aéroport Tarbes-Lourdes) mais aussi de l’environnementtechnologique (d’industries de haute technologie déjàimplantées, pôle universitaire technologique tarbais) ainsique des compétences d’aménagement des collectivitéslocales (voir http ://www.pyrene-aeropole.com/). Parmi les entreprises installées sur le site, on peut citer :ADB : décolletage et mécanique de précision ; ALUMAFEL :menuiseries aluminium ; DIATOMIC : fabrication de micropièces en céramique et montage de connecteurs en fibreoptique ; EADS SOCATA : aéronautique (aviation légère/aérostructures).

Doc. 2 : Le texte extrait du site de la DATAR (aujourd’huiDIACT) met en avant le rôle des acteurs privés notammentles PME-PMI. « Clusters, districts industriels, systèmesproductifs locaux ou réseaux d’entreprises sont autantd’appellations pour qualifier différentes formes de coopé-rations interentreprises. Toutes répondent cependant àune même problématique : réaliser collectivement cequ’une entreprise ne peut faire individuellement, faute detemps, de moyens financiers ou humains. Dans un envi-ronnement mondialisé, la concurrence ne se situe plusnécessairement chez le voisin mais à l’échelle nationalevoire internationale. » Source : ETD (Entreprises, Territoireset développement).Le travail du verre est présent dans cette région de Seine-maritime depuis le Moyen Âge. Actuellement une trentaine

3. De nouveaux territoires pourl’industrie, p. 188-189

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d’entreprises sont regroupées dans le système produc-tif local (SPL) qui est également en contact avec d’autresSPL à orientation proche, par exemple « Cosmetic Valley» dans la région Centre ou le « District industriel de MarihkaGrande » au Portugal. Une étude de la DATAR relevait unecentaine de SPL dans l’hexagone en 2002.

Doc. 3 : L’industrie de haute technologie est aujourd’huiun des secteurs moteurs de l’industrie en France. La cartepermet de relever la concordance entre la maîtrise tech-nologique et les principaux technopoles (par ex. à Lyonet Grenoble en Rhône-Alpes) ; c’est l’occasion d’introduirela notion de métropolisation des industries de pointe. Onrapprochera cette carte de la carte 5 p. 185 (pôles decompétitivité).

Doc. 4 : L’atout décisif pour les entreprises japonaisesest la situation dans l’espace rhénan et l’accessibilité àla zone euro. On retrouve l’importance des moyens detransport : liaison fluviale avec Rotterdam et aéroport Bâle-Mulhouse-Fribourg (« Euroairport » depuis 1987) :2e aéroport de fret en France, en cours d’extension. Cedernier est également le siège d’une plate-forme indus-trielle et commerciale qui regroupe 150 entreprises et plusde 7 000 emplois. L’aspect nouveau est ici la réalisationtransfrontalière. Voir le sujet d’étude Le Rhin supérieur,« laboratoire » de l’Europe ?, p. 246-251. Le texte metaussi l’accent sur la « palette de services » nécessaireaujourd’hui.

Doc. 5 : L’affiche reprend, avec l’exemple de la secondemétropole française, l’ensemble de ces nouveaux facteursde localisation. Ce document peut être utilisé au final dela leçon en guise d’évaluation.

– Réponses aux questions1. La communauté de communes du canton d’Ossun estl’initiatrice du projet de plate-forme. Son portail Internetinsiste sur la dimension européenne et la desserte enmoyens de transports ; plus largement, il s’agit de mettreen avant un environnement (nature, aménagements, entre-prises, …) attractif pour les entreprises.

2. Les entreprises misent sur leur complémentarité pourrenforcer leur présence face à la concurrence interna-tionale. Concrètement les entreprises ont instauré unsystème de mutualisation des achats en amont de leurproduction. Le système est encouragé par les collectivi-tés locales et l’État.

3. Les hautes technologies sont indissociables des métro-poles qui concentrent centres universitaires et laboratoiresde recherche (publics ou privés). La carte montre la concor-dance entre maîtrise des technologies et régions pourvuesd’une grande agglomération : Paris, Lyon, Toulouse,Marseille pour les quatre principales.

4. Si la mondialisation est bien l’accroissement constantdes échanges internationaux de biens, de personnes etd’invisibles, les espaces attractifs sont ceux qui offrentl’ouverture maximale sur les marchés, c’est-à-dire uneaccessibilité à échelle européenne et mondiale. La

proximité des frontières et/ou d’un réseau de transportefficace est donc déterminante.

5. Les métropoles sont au carrefour des trois facteurs delocalisation étudiés dans cette leçon. Elles sont lesiège de la maîtrise des technologie par la présence desuniversités et des centres de recherche et donc disposed’une main-d’œuvre de haute qualification indispensableau développement de l’industrie de pointe. Par leur situa-tion géographique ou simplement par le réseau detransport qui les relie, elles disposent de la dimensioneuropéenne vitale pour le développement industriel àl’heure des politiques communes. Elles sont égalementdes nœuds de communication qui favorisent l’implanta-tion d’une combinaison industrie – services – logistiqueau cœur de l’industrie du XXIe siècle.

– Démarche de la leçonQuels sont les effets et les évolutions de la politiqueagricole ?La leçon et le corpus documentaire qui la soutient tendentà mettre l’accent sur la situation paradoxale de l’agricultureen France. Elle est l’héritière d’une longue tradition quise traduit encore dans les paysages et dans l’organisa-tion des régions de production. Elle est d’autre part lereflet de mutations récentes qui tendent à bouleverser lagéographie agricole du pays : intensification agricole crois-sante de certaines régions au nom de la rentabilité ou,à l’inverse, déprise agricole des régions qui ne sont pasparvenues à s’intégrer à cette économie de marché.L’autre versant de la leçon est l’importance croissante dela question environnementale, qu’il s’agisse de la gestiondes ressources en eau ou de la protection de la qualitédes sols. La leçon pose alors la question de la remise encause possible du modèle productiviste initié par la PAC.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Le paysage montre une réussite de l’agricultureproductiviste française dans une région peu favorisée audépart, « Champagne pouilleuse », dépourvue de limon etsèche à cause de son sous-sol crayeux. Les engrais et uneintense mécanisation en ont fait l’une des régions agricolesles plus riches : céréales (avoine, blé, escourgeon, maïs,orge), luzerne et plantes sarclées (betterave à sucre,carotte, pomme de terre, etc.). La présence du silotémoigne de l’intégration dans la filière agroalimentaire.Le parcellaire rectiligne révèle le travail d’aménagementréalisé pour favoriser l’intensification des productions parla mécanisation complète de la production.

Doc. 2 : La carte croise trois données qui mettent enévidence les enjeux agricoles actuels. Il est aisé demontrer la concordance entre taille élevée des exploita-tions et importance du revenu agricole, de telle sorte quele Bassin parisien apparaît comme le cœur de l’agricul-ture intensive française. On n’omettra pas d’y ajouter la

4. Les nouveaux espaces de l’agriculture française, p. 190-191

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plaine d’Alsace ainsi que des régions dont le revenu estlié à l’orientation viticole ou maraîchère. La présence, trèsminoritaire, des exploitations biologiques permet d’in-troduire la remise en cause actuelle du modèle produc-tiviste et de faire le lien avec la carte 3. La Bretagne, zonede forte pollution est aussi celle de l’implantationmaximale de l’agriculture biologique (voir le sujet d’étudeLa Bretagne, région à la pointe de l’Europe, p. 234-239).« Ils ne sont que 7 000, soit 1 % de l’ensemble des exploi-tants agricoles. Près de 1 700 autres, en phase de conver-sion au moment du recensement agricole de l’année2000, les rejoindront d’ici peu. Ces agriculteurs ont choisil’agriculture biologique pour tout ou partie de leur exploi-tation. Leurs pratiques agricoles, qui écartent la majoritédes traitements chimiques et nécessitent beaucoup d’at-tention et de présence, n’ont certes pas vocation à deveniruniverselles. Elles connaissent toutefois un développe-ment rapide puisque le nombre d’exploitations de l’agri-culture biologique a doublé de 1995 à 2000 selonl’Observatoire national de l’agriculture biologique. »Source : Agreste.

Doc. 3 : En croisant cette carte avec la Carte-clé p. 180on fera remarquer que pollution chimique ou menaces surles ressources en eau sont à rapprocher de l’extensiondu productivisme, qu’il soit appliqué à l’élevage ou auxcultures. Voir le sujet d’étude Le maïs, une filière agro-industrielle majeure, p. 206-211.

Doc. 4 : L’extrait présente l’effet principal de la PAC surl’agriculture française : son orientation spécifique vers lesproductions de grande culture dans le cadre d’exploita-tions de plus en plus concentrées. Un rappel des étapesde la PAC peut être fait. Il peut s’accompagner d’un croi-sement avec la carte 3 qui pose le problème de la péren-nité du système intensif et permet d’introduire la réformeen cours, à savoir le découplage entre aide et production.

Doc. 5 : L’affichette présente le pôle de compétitivitéPicardie–Champagne-Ardenne retenu parmi les pôles àvocation mondiale en juillet 2005. Les deux collectivitésterritoriales veulent valoriser le potentiel des agrores-sources dans des domaines tels que les biocarburants,la plasturgie (emballage), l’industrie textile, la pharmacie,les biomatériaux ou l’agroalimentaire. Il intègre égalementles exploitants agricoles, les industries et les centres derecherche publics ou privés. Travaillant sur le domaine desénergies renouvelables, il prend en compte le dévelop-pement durable.

– Réponses aux questions1. Le paysage présente les deux caractéristiques princi-pales de l’agriculture intensive : la liaison entre agricul-ture et industrie agroalimentaire symbolisée par le silod’une part et un parcellaire géométrique destiné à favo-riser la mécanisation agricole.

2. La carte agricole française se partage entre les grandescultures, notamment céréalières ou à vocation industrielle,les cultures délicates (maraîchage, vignoble) et l’élevage.S’ajoutent les régions de polyculture et d’élevage hors-sol. L’évolution, soutenue depuis 40 ans par la PAC, est

à l’extension des régions d’agriculture intensive auxdépens des régions herbagères ; seules les régions haute-ment spécialisées dans une culture à forte valeurajoutée, comme les grands vignobles, résistent à cemouvement.

3. Le paradoxe agricole français réside dans une évolu-tion contradictoire ; le phénomène de concentration liéà l’intensification des pratiques agricoles reste fort ; il estencouragé récemment par le choix de valorisation par l’in-dustrie de certaines productions végétales ; les régionsqui ne s’y adaptent pas sont victimes de dépriseagricole. La réforme en cours de la PAC et le souci depréservation de l’environnement font naître une autreréflexion qui trouve une réalisation par exemple avec lamultiplication des exploitations biologiques.

4. Les ressources sont indéniablement menacées par lespratiques productivistes de l’agriculture : réserves en eau,qualité du sol et des nappes phréatiques. Trois réponsesface à cette situation : une prise en compte par la PACdes enjeux environnementaux depuis 1992 ; l’apparitiond’autres méthodes de production (biologiques ou raison-nées) ; de nouveaux débouchés : la transformation desressources en produits industriels à pollution limitéecomme les carburants verts.

5. On distingue deux types d’évolution des régions agri-coles : une tendance couplée à la spécialisation et à l’in-tensification des cultures, en fonction de leur rentabilitéd’une part, une tendance nette à la déprise et donc à lareconversion agricole dans les régions qui ne peuvent s’in-tégrer à cette agriculture concurrentielle d’autre part. Les évolutions récentes se traduisent par de nouvellespratiques agricoles (agriculture raisonnée, agriculture biolo-gique) qui prennent en compte la dimension environne-mentale ainsi que par la recherche de nouveauxdébouchés, industriels, pour valoriser les productions.

– Démarche de la leçonComment la France est-elle devenue le premier foyer touris-tique du monde ?L’activité touristique en France est favorisée par lesressources multiples du territoire. L’objet de cette leçonest de montrer comment à partir de ces ressources unepolitique a été mise en œuvre par les différents acteursdu secteur afin de faire du tourisme une activité écono-mique majeure. Cette politique est à l’origine de la cons-titution d’espaces touristiques spécifiques mais égalementd’une imprégnation plus large du territoire français. Dèslors que les aménagements interviennent, le risque estégalement présent ; sa prise en compte devient à son tourun facteur dans la localisation.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Val Thorens est au cœur d’un vaste domaineskiable de plus de 400 km2 qui joint les vallées de St-Bon

5. Vers une diversification des espaces touristiques, p. 192-193

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(Courchevel, La Tania), des Allues (Méribel, Brides lesBains), des Bellevilles (Saint Martin, Les Menuires, ValThorens). C’est la plus haute station d’Europe à 2 300 md’altitude, représentative de la politique d’aménagementdes Alpes initiée par l’État. C’est également une stationqui diversifie son offre vers le tourisme estival avec deséquipements qui rivalisent avec ceux de la station hiver-nale (piste de VTT, sentiers de randonnée, festival).Pour expliquer le fonctionnement d’une station intégrée,on pourra utiliser le modèle suivant :

Exemple de station de ski « intégrée » d’après R. Knafou.

Doc. 2 : Ce texte met l’accent sur le poids économiqueet l’internationalisation de l’activité touristique. Il permetd’aborder la notion de ressource de façon élargie ; auxressources naturelles, s’ajoutent désormais les ressour-ces patrimoniales. On peut concevoir aisément un travailde recherche sur les différentes ressources du tourismeen croisant ce document avec le doc. 1 à partir du sitede Val Thorens, la station dresse en effet un catalogueexhaustif de ses patrimoines.

Doc. 3 : Le document publicitaire édité par le départementdu Gard servira d’appui pour comprendre la notion detourisme vert. Le vocabulaire employé « secrètement »,« caractère affirmé » est à exploiter pour définir la « cible »visée par cette campagne.

Doc. 4 : La caricature de Ravanel est extraite d’undocument de l’ONG Pro Mont blanc ( fondée en 1991) pourune protection transfrontalière du massif du Mont Blanc.Elle invite les membres des associations adhérentes à

Amphithéâtre montagneux

Domaine skiable

N

S

Parking 1 970 m

2 650 m

Route d’accès

Circulation automobile

Vue sur la vallée

Vue sur les pistes

STATIONFront

de neige

Vallée

Circulation des piétonset des skieurs

Remontée mécanique

pratiquer un tourisme et un alpinisme « socialement etécologiquement durable » illustré par le personnage degauche, et dénonce la bétonisation de la montagne(doc. 1). Elle pose la question de la politique d’aména-gement des années 1960 et 1970 qui est aujourd’huiremise en question.

Doc. 5 : Cette couverture permet d’introduire le rôlenouveau de l’acteur public qui d’aménageur s’est faitprotecteur des ressources. Le site du conservatoire(www.conservatoire-du-littoral.fr) rappelle ses missions :« membre de l’Union mondiale pour la nature, c’est unétablissement public créé en 1975. Il mène une politiquefoncière visant à la protection définitive des espacesnaturels et des paysages sur les rivages maritimes etlacustres et peut intervenir dans les cantons côtiers enmétropole, dans les départements d’Outre-mer, à Mayotte,ainsi que dans les communes riveraines des estuaireset des deltas et des lacs de plus de 1 000 ha. » Au1er janvier 2006, le domaine s’étend sur 86 330 ha,880 km de rivages, 400 sites naturels. La couvertureporte également la marque d’un acteur privé très contro-versé (fondation Total) après le naufrage de l’Erika et lamarée noire de décembre 1999.

– Réponses aux questions1. Sur la photographie, apparaissent les divers infras-tructures d’hébergement : hôtels, résidences collectivesqui enserrent le centre de la station dédié aux commer-ces et aux loisirs ; vers le fond de la vallée se distinguela route qui permet l’accès ainsi que vers le sommet, ledépart des pistes et des équipements de remontée.

2. On peut demander une réponse sous forme detableau : Atouts naturels : les multiples littoraux ; le domaine clima-tique méditerranéen ; les hautes montagnes (pente etenneigement) ; la variété des paysages ; la situation inter-médiaire entre Europe du Nord et Europe du Sud.Patrimoine culturel : le patrimoine architectural ; le patri-moine historique ; le patrimoine religieux ; le patrimoineéconomique ; les autres formes de patrimoine culturel.

3. On peut exiger une réponse ordonnée qui classe lesdifférents aménagements à repérer dans les documentsen fonction de leur destination : infrastructures detransport, équipement d’hébergement, équipements deloisirs, aménagements à vocation de protection de l’en-vironnement.Pour les risques on demandera un classement quimette en évidence le risque naturel (avalanche, inonda-tion...), la pollution, les atteintes aux paysages.

4. Les évolutions récentes de l’activité touristique sontle fait de trois facteurs : une demande de plus en pluslarge et plus diverse, une recherche de nouvelles « produc-tions » touristiques (tourisme vert ; tourisme culturel) etun double souci de l’acteur public : valoriser et protégerle patrimoine.

5. Longtemps cantonné dans des régions qui pouvaientarguer d’un patrimoine naturel ou historique exceptionnel(littoral ; montagne ; monuments historiques) le tourisme

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est aujourd’hui une activité présente sur tous les terri-toires. Elle est activité principale ou activité secondaire,parfois moteur d’une reconversion régionale. Cette évolu-tion vient de l’extension sociale de l’activité touristiqueet de la diversification des attentes : tourisme vert dansle monde rural ; tourisme industriel ; tourisme urbain, etc.

BIBLIOGRAPHIE

• Généralités– Noin, D., Le nouvel espace français, coll. Cursus,A. Colin, 2003– http://www.insee.fr

• Agriculture et secteur agricole – Diry, J.-P., « Campagnes d’Europe, des espaces enmutation », La Documentation photographique, n° 8018,La Documentation française, 2000– « L’exploitation agricole française : des espaces et deshommes », TDC, n° 812, CNDP, 2000– Charvet, J.-P., La France agricole dans son environne-ment européen et mondial, Liris, 1997– www.agreste.agriculture.gouv

• Industrie et secteur industriel – Mérenne-Schoumaker, B., La localisation des industries,enjeux et dynamiques, coll. Didact Géographie, PUR,2002– Scheibling, J., « Une industrie française ? », LaDocumentation photographique, n° 8012, LaDocumentation française, 1999 – Dupuy, C. et Burmeister, A., (dir.), Entreprises et terri-toires. Les nouveaux enjeux de la proximité, La docu-mentation française, 2003 – Bloc-Duraffour, P., L’industrie française, coll. Synthèse,A. Colin, 1999– http://www.industrie.gouv , www.competitivite.gouv

• Tourisme et secteur touristique– Dewailly, J.-M. et Flament, E., Géographie du tourisme,coll. Campus, Sedes, 2000– Barron, P. et Yeles, N., Le tourisme en France : terri-toires et stratégies, coll. Prépa, A. Colin, 1999– Peyroutet, C., Le tourisme en France, coll. Repèrespratiques, Nathan, 1999– www.tourisme.gouv.fr

Les sujets d’étude[Approfondissements] du thème

– Démarche du sujet d’étude• La filière automobile a connu de profondes mutationstechnologiques et spatiales qui rendent compte des dyna-miques de localisations des industries en France depuisquelques décennies. Confrontée à une très vive concur-rence, la filière a connu de profondes mutations techno-logiques et spatiales. L’étude du pôle automobile deRennes permet de comprendre comment fonctionne unsite à l’échelle régionale. Puis le fonctionnement de lafilière est envisagé à l’échelle nationale et internationale.Enfin, il convient de s’interroger sur les perspectives.Comment assurer la pérennité des activités de la filièresur le territoire français ?

• Approfondissement ou étude de cas ? Quelquespistes pour organiser l’articulation du sujet d’étude avecles leçons.Le sujet est proposé en approfondissement dans leprolongement des 3 premières leçons : Quelles sont lesmutations spatiales de la filière automobile ? Quels sontles facteurs de localisation de la filière automobile enFrance ? Quelles menaces pèsent sur la filière et ses loca-lisations ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques. La filière automobile a connude profondes mutations spatiales : Quelles sont lesgrandes mutations de l’espace économique français ?(leçon 1, p. 184-185). Les évolutions technologiques, lespolitiques d’aménagement des territoires, la concurrenceinternationale ont modifié les localisations de la filière :Quels sont les principaux facteurs d’évolution des locali-sations des activités ? (leçon 2, p. 186-187 ; leçon 4,p. 190-191 ; leçon 5, p. 192-193). Les délocalisations,les enjeux environnementaux pèsent sur l’avenir de lafilière en France : Quels sont les atouts du territoire ?Comment les préoccupations environnementales inter-viennent-elles dans la localisation des activités ? (leçon 2,p. 186-187 ; leçon 3, p. 188-189, leçon 4, p. 190-191 ;leçon 5, p. 192-193).

• La filière automobile en histoire (thème 1) et en géogra-phie (thème 2).Il est intéressant de mettre en perspective les sujetsd’étude proposés en histoire (Les mutations de lafilière automobile, p. 28-33) et en géographie en propo-sant, par exemple, aux élèves de recomposer desdossiers autour de thèmes transversaux. Quelquespistes : « Évolution des localisations à travers l’exempled’un grand constructeur, tel Renault » ; « Évolution desmodes de production » ; « Automobile et société ».Les documents d’accompagnement recommandent « defaire travailler les élèves selon des démarches plus diver-

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sifiées ». Certains sujets peuvent faire l’objet d’une recher-che documentaire par les élèves qui réalisent « desdossiers à partir des documents issus du manuel,apportés par le professeur, ou recherché le cas échéantpar les élèves ».

– Présentation des documentsDoc. 1 : Le site de Rennes-la-Janais fabrique la CitroënC5 et la Peugeot 407 et depuis 2005 la Citroën C6 et lecoupé Peugeot 407, véhicules de haut de gamme.Rennes Métropole a créé en 2002 un parc industriel auto-mobile de 30 hectares (zone de la Touche Tizon), face ausite de production PSA Peugeot Citroën. Ce parc accueilledes équipementiers ou des services (par ex. : Gefco : logis-tique ; Visteon : panneaux de porte, climatisation ; Inergy :réservoir d’essence ; Lear : faisceaux électriques ;Bretagne Ateliers : ventilateurs) afin d’assurer le déve-loppement de liaisons synchrones entre l’usine et ses four-nisseurs. En concertation avec PSA, la Communautéd’agglomération a organisé un site fonctionnel: connexiondirecte à l’usine par un pont au-dessus de la départe-mentale 837, double réseau de circulation à l’intérieur duparc industriel des fournisseurs (PIF) afin de faciliter aumaximum les relations entre l’usine et les équipementiers.C’est le stade le plus avancé de l’intégration dans la filière.Le DRH d’une usine du PIF de Renault-Douai en préciseles avantages : « En synchrone, quand on a 70 minutespour produire et livrer, il n’est pas possible d’être à 20kilomètres. Le maximum possible est 2 ou 3 kilomètres.Donc il vaut mieux être dans le PIF. Il aurait fallu investir,si on avait été à l’extérieur, et les surfaces de stockagecoûtent cher. On n’a aucun intérêt à stocker. Nous on livreen camion dans l’enceinte de Renault, et on n’a pas d’au-torisation à demander, si Renault décide de travailler unjour férié. Si on est à l’extérieur du site, il faut demanderl’autorisation d’utiliser le trafic routier un jour férié pourle camion. »

Doc. 2 : Cette usine est l’exemple type de « déconcen-tration » dans l’automobile favorisée par la politique d’amé-nagement du territoire. La maison mère était installée quaide Javel. Citroën a transféré une partie de ses activitésvers la Bretagne en 1961.

Doc. 3 : La carte réalisée à partir du site Citroën-Ouestmontre le système d’approvisionnement de l’usine deRennes à partir des autres usines du groupe (Metz,Valenciennes...) et du réseau de sous-traitance del’Ouest (avant la création du PIF). Les livraisons se fonten fonction des commandes, (flux tendus), de façon àéviter les stocks. Les équipementiers et les sous-traitantsdoivent alimenter les chaînes dans un très court délai.La carte permet donc de comprendre ce qu’est une filièrede production.

Doc. 4 : La confrontation de la carte avec le texte deJacques Scheibling met en évidence les changements

1. Un pôle automobile : Rennes,p. 194-195

intervenus dans l’organisation du travail (juste à temps,robotisation). L’usine n’est plus conçue pour fabriquer l’in-tégralité d’une voiture mais pour être le lieu d’assemblaged’éléments venus d’autres usines du groupe ou de la sous-traitance régionale.

Doc. 5 : La carte permet de comprendre le fonctionnementde la filière à l’échelle nationale. L’organisation de la filièreest fondée sur la complémentarité des lieux de produc-tion et de montage distincts et distants. Le documentmontre la spécialisation des différents centres.

Doc. 6 : Le pôle automobile de Rennes bénéficie aussidu dynamisme de la technopole d’Atalante et de la proxi-mité des centres de recherches travaillant en partenariatautour de projets communs en particulier dans le cadrede Performance 2010. Ce système productif local permetaux PME-PMI de fonctionner en réseau réalisant uneconcentration de compétences. Le pôle automobile deRennes associant unités de production et laboratoires derecherches tend donc à renforcer le poids de la métropolerennaise. La notion de métropolisation peut être introduite.

– Réponses aux questions1. L’usine Citroën de la Janais est située à 6 km au Sudde Rennes, dans le bocage, en position « exurbanisée ».Les grands bâtiments de construction récente abritent leschaînes de montage. Le parc industriel est en cours d’amé-nagement.

2. La réponse doit montrer la multiplicité des facteurs :la présence de grands terrains disponibles, peu coûteuxà proximité d’une grande métropole ; un bassin demain-d’œuvre peu qualifiée, d’un moindre coût salarial etadaptée aux besoins du taylorisme ; la politique d’amé-nagement du territoire par les pouvoirs publics : l’usinede Rennes est un exemple de « déconcentration indus-trielle » soutenue par les collectivités territoriales qui ontaménagé des axes de transport et facilité l’installationdes équipementiers. Le pôle automobile de Rennes béné-ficie aussi de la proximité de centres de recherche publics(grandes écoles, université) et privés.

3. La notion de filière de production prend en compte lesdifférentes étapes de l’élaboration d’un produit. L’usinede Rennes, devenue un lieu de montage d’éléments livréspar les sous-traitants et équipementiers, met en évidencela filière. L’usine de Rennes assure les phases finales defabrication des véhicules. C’est une usine d’assemblageterminal.

4. Dans un souci de meilleure productivité, la productionà flux tendus est introduite (modèle japonais). En 2002, la nécessité de rapprocher encore plus four-nisseurs et usine a entraîné la création d’un PIF (Parcindustriel de fournisseurs) par Rennes Métropole en facede l’usine pour assurer des flux synchrones entre l’usineet ses fournisseurs.

5. L’implantation de Citroën a tout d’abord créé denombreux emplois. Elle a aussi un effet d’entraînementsur l’ensemble du tissu industriel régional puisquel’usine de Rennes est devenue le lieu de montage d’élé-

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ments venus de la sous-traitance régionale. Plusieursétablissements de fournisseurs ont été créés depuis1987. Il convient aussi de ne pas oublier les emploisinduits (transports des ouvriers, commerce…).L’industrie automobile organisée autour d’un systèmeproductif local – Performance 2010 – travaille en parte-nariat avec la technopole Atalante. Le pôle automobile deRennes associant unités de production et laboratoires derecherches tend donc à renforcer le poids de la métropole.

– Présentation des documentsDoc. 7 : La photographie de « Smart-ville », inauguré en1997, montre le stade le plus récent de l’intégration dansla conception même du site industriel : les usinesd’équipements automobiles sont situées dans l’en-ceinte de l’usine de montage et reliées directement à lachaîne de montage.

Doc. 8 : La carte montre comment, à partir de trois pôleshistoriques, s’est diffusée l’industrie automobile : versl’Ouest où il s’agit de déconcentrations industrielles (valléede la Seine, Rennes) ; vers le Nord et Nord-Est où l’Étata encouragé les délocalisations dans le cadre de la recon-version industrielle.

Doc. 9 : Présentation du centre technique de PSA-Peugeot-Citroën. Les activités de recherche et de concep-tion sont localisées dans les grandes métropoles et, enparticulier, en Île-de-France où se trouvent 75 % des cher-cheurs qui travaillent pour l’industrie automobile. (Mettreen relation avec le doc. 5 page 195.)

Doc. 10 : Cette carte est à mettre en relation avec ledoc. 12. À l’heure de la mondialisation, les firmes auto-mobiles repensent leurs stratégies. L’exemple choisi –lancement de la Logan par Renault – introduit lesmenaces qui pèsent sur la localisation de la filière enFrance et, de manière plus générale, sur l’industrialisa-tion du territoire français.

Doc. 11 : Cette chronologie permet de suivre l’évolutiondes localisations des implantations industrielles depuisun siècle et les différentes stratégies adoptées par la firmepour relever les défis actuels et s’adapter à la mondiali-sation des activités et des échanges. Une attention parti-culière doit être portée sur l’internationalisation de la filière(implantations, alliances avec firmes étrangères telleNissan…).

– Réponses aux questions1. Les exigences de proximité ont été renforcées. Les four-nisseurs se sont rapprochés au maximum de l’usine termi-nale. Le site de « Smart-ville » a été conçu pour les installerdans la même enceinte et l’usine est reliée par convoyeursaériens aux locaux des différents fournisseurs. Le gainde temps est donc optimisé.

2. Une filière automobile en mutation,p. 196-197

2. Au cours des dernières décennies, en fonction ducontexte économique et social, la localisation des sitesa évolué. La proximité d’une main-d’œuvre importante,d’un grand marché et des axes de transport explique engrande partie les localisations anciennes (Paris, Lyon,Sochaux). Dans le cadre de l’aménagement du territoire,les industries ont été redéployées vers le Bassin parisienet vers l’Ouest. L’État a aussi encouragé les délocalisa-tions dans le cadre de la reconversion industrielle. Lamondialisation des échanges et la concurrence interna-tionale imposent d’être plus compétitif. Une profondemodernisation des modes de production (juste à temps,robotisation) s’est accompagnée d’une délocalisation desusines vers des pays où la contrainte sociale est moinsforte (durée et coût du travail) et à proximité des grandsmarchés (Chine).

3. Le pôle parisien a sans nul doute connu les transfor-mations les plus importantes. Les usines de montage ontabandonné le site d’origine. La reconversion réussie (parcCitroën ) ou en attente (île Seguin ) montrent que ce pôlehistorique a connu d’importantes transformations. MaisParis et l’Île-de-France demeure le centre d’innovation pourl’industrie automobile.

4. L’industrie automobile est confrontée à une très viveconcurrence. La filière automobile doit donc constammentaméliorer sa productivité. La profonde modernisation desmoyens de production entraîne une suppression desemplois. Plus menaçante, la délocalisation d’une partiedes activités vers l’étranger où les coûts de productionet perspective d’un marché prometteur sont attractifs.Ainsi, des usines de montage Renault sont implantées enAmérique latine. Le lancement de la Logan – modèled’entrée de gamme – en Roumanie et les débuts demontage en Russie sont aussi révélateurs de cette délo-calisation. Quel avenir pour la filière automobile enFrance ?

5. Dans une économie mondialisée, la filière automobiledoit résister à la concurrence internationale. Pour gardersa compétitivité, elle doit améliorer la productivité etmoderniser l’appareil productif (robotisation, juste àtemps…) ; se redéployer sur le territoire et valoriser lescompétences et savoir-faire dans des centres de recher-che-développement ; s’internationaliser : délocaliser versdes pays à faible coûts de production, conquérir lesmarchés des pays émergents, signer des accords decoopération et alliances avec des producteurs étrangers.Il s’agit de penser la production à l’échelle européenneet mondiale.

– Présentation des documentsDoc. 13 : Depuis le 31 janvier 2001, l’usine Toyotad’Onnaing, près de Valenciennes, produit la version euro-péenne du modèle Yaris. L’usine d’Onnaing est une unitéde production très moderne, « compacte », où les activi-

3. Perspectives et enjeux,p. 198-199

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tés d’assemblage de la Yaris sont regroupées au sein d’unseul bâtiment, à l’image de Toyota-City près de Nagoya auJapon. Une Yaris est produite toutes les 60 secondes. Lemarché français a longtemps été très protégé de la concur-rence japonaise. Le constructeur s’affirme comme un cons-tructeur français.

Doc. 14 : Déjà implanté en Grande-Bretagne, Toyota décidede construire sa deuxième usine en France plutôt qu’enPologne ou en Irlande. Après le choix de Mercedes deproduire la Smart en Lorraine, la décision de Toyotaapparaît comme un nouveau succès pour la France. Cettedécision est historique parce que c’est la première foisdepuis la guerre (si l’on excepte la Smart en Lorraine)qu’un constructeur automobile étranger s’implante enFrance. (Mettre en relation avec le commentaire et lecroquis accompagnant le doc. 13.)

Doc. 15 : Sur le site même où Toyota s’est implanté,plusieurs équipementiers étaient présents. De nouvellesimplantations ont suivi. Le tissu industriel régional – sinis-trée depuis l’effondrement de la sidérurgie – est doncdynamisé par l’installation de Toyota. Cela s’est traduitpar une progression de 20 % des emplois.

Doc. 16 : Les normes environnementales (lutte contre effetde serre, recyclage de matériaux..) se font de plus en pluspressantes pour les constructeurs qui poursuivent leursefforts en matière de recherche-développement.

Doc. 17 : Un véhicule propre assurant bien-être etsécurité dans un souci d’efficacité économique, tels sontles enjeux du « Véhicule du futur ». C’est le concept surlequel travaille le pôle automobile d’Alsace-Lorraine quia obtenu en 2005 le label « pôle de compétitivité ». Unavenir heureux, respectueux de la nature peut alors êtreenvisagé comme le montre, sur ce document, la gaîté dupersonnage, sautillant dans les prés. Sous les bulles, lestermes de « mobilité », « environnement », « énergies »rappellent les enjeux du développement durable. Une bulleplus importante est consacré à « l’innovation ». C’estdevenu une priorité pour les constructeurs.

Doc. 18 : Ces deux affiches évoquent la mise en placedepuis 1998 d’une journée sans voiture, le 22 septem-bre. Initiative gouvernementale qui traduit les inquiétudesengendrées par les nuisances de la voiture en ville. Leretour du tramway dans les grandes villes montre égale-ment la recherche d’alternative au tout automobile (voirle sujet d’étude La mobilité dans l’agglomérationclermontoise, p. 142-147).

– Réponses aux questions1. « Made in France » tel est le slogan choisi par Toyotapour promouvoir les voitures Yaris fabriquées en France.Le slogan apparaît comme un label de qualité et suscitela confiance. Toyota souhaite obtenir la confiance et lareconnaissance des consommateurs et voir ainsi sa partdu marché français augmenter.

2. Alors que les délocalisations se multiplient, l’implan-tation d’entreprises étrangères montre l’attractivité du terri-toire français qui dispose de nombreux atouts : une

situation favorable à proximité de la mégalopole ; unmarché prometteur au cœur de la zone euro qui lui procured’excellents moyens de distribution et de communication ;une main-d’oeuvre de qualité et la présence d’un impor-tant réseau d’équipementiers ; un réseau d’infrastructuresparticulièrement dense ; des aides conséquentes de lapart de l’État et des collectivités locales préoccupés dudevenir d’une région sinistrée.

3. Les constructeurs doivent respecter les normes euro-péennes environnementales, assurer sécurité et bien-être.Ils s’inscrivent donc dans une perspective de dévelop-pement durable. C’est aussi l’opportunité de conquérirde nouveaux marchés et d’assurer l’avenir de la filière envalorisant savoir-faire et compétences.

4. Concevoir le « véhicule du futur », poursuivre les effortsvers une « éco-conception » et donc devenir un acteur dudéveloppement durable : tels sont les défis que doit releverle pôle de compétitivité. La mise en place de réseaux decompétences permet de valoriser les ressources et savoir-faire autour de projets technologiques compétitifs. Le pôlede compétitivité est créateur d’emplois et attire de nouvel-les entreprises.

5. Valoriser les atouts des régions industrielles anciennes,encourager les dynamiques fondées sur l’innovation et larecherche-développement, en particulier par la création depôles de compétitivité, devenir un acteur du développementdurable. Tels sont les défis que la filière automobile doitrelever pour affronter la concurrence et gérer les enjeuxenvironnementaux. Ces choix permettront-ils de maintenirla filière automobile sur le territoire français ?

BIBLIOGRAPHIE

– Mérenne-Schoumaker, B., La localisation des industries,enjeux et dynamiques, coll. Didact Géographie, PUR,2002– Scheibling, J., « Une industrie française ? », LaDocumentation photographique, n° 8012, LaDocumentation française, 1999 – Dupuy, C. et Burmeister, A., (dir.), Entreprises et terri-toires. Les nouveaux enjeux de la proximité, La docu-mentation française, 2003

SITES INTERNET

– Sites des collectivités territoriales et des pouvoirspublics : http://www.industrie.gouv ;www.competitivite.gouv; http://www.rennes-metro-pole.fr/ ; http://www.bretagne.drire.gouv.fr/;http://www.valenciennes-metropole.fr/;http://www.nord-pas-de-calais.drire.gouv.fr/– Sites des constructeurs : http://www.psa-peugeot-citroen.com/fr/ ; http://www.renault.com/ ;http://www.toyota.fr/– Sur les questions environnementales et de dévelop-pement durable : http://www.vehiculedufutur.com/ ;www1.environnement.gouv.fr/

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– Démarche du sujet d’étude

• Voyagistes, chaînes d’hôtels sont devenus les acteursessentiels de l’aménagement touristique. L’un d’eux, Pierre& Vacances, s’est spécialisé dans l’aménagement desrésidences de tourisme. La stratégie de développementet d’implantation menée par ce groupe, devenu le leadereuropéen des résidences de vacances, est révélateur desévolutions des espaces touristiques en France. Le villagede Belle Dune est l’une des destinations récente offertespar Pierre & Vacances. Ce domaine, espace inventé,aménagé en fonction d’une demande spécifique permetde comprendre à quels enjeux et à quels défis estconfronté le groupe. La stratégie et les perspectives dedéveloppement du promoteur sont ensuite étudiées à uneéchelle plus petite, comme le programme y invite.

• Approfondissement ou étude de cas ? Quelques pistespour organiser l’articulation du sujet d’étude avec lesleçons.

L’explosion des résidences de tourisme et de loisirs, p. 200-205

Le sujet est proposé en approfondissement dans leprolongement des leçons 1 et 5 : De quelles mutationsde l’espace touristique la filière des résidences devacances est-elle révélatrice ? Quels sont les acteurs, lesévolutions de la filière ? comment la filière répond-elle àla concurrence des nouvelles destinations touristiques etaux objectifs du développement durable ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques : les résidences de vacanceset de loisirs se sont multipliées dans toutes les régions :Quelles sont les grandes mutations de l’espace économiquefrançais ? (leçon 1, p. 184-185) ; le développement desséjours de courte durée, du tourisme d’affaire; l’élargis-sement de la demande touristique ; les politiques d’amé-nagement des territoires ont diversifié les implantationsde la filière : Quels sont les principaux facteurs d’évolutiondes localisations des activités ? (leçon 2, p. 186-187 ;leçon 4, p. 190-191 ; leçon 5, p. 192-193) ; la mondia-lisation du tourisme, la sensibilisation au développementdurable imposent des adaptations : Quels sont les atoutsdu territoire ? Comment les préoccupations environne-mentales interviennent-elles dans la localisation des acti-vités ? (leçon 2, p. 186-187 ; leçon 3, p. 188-189 ; leçon4, p. 190-191 ; leçon 5, p. 192-193).

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Vers Rue

Vers Quend Plage

Mer

Route

Place centrale : accueil ; services appartements

Cottages

Belle Dune

Espace dunaire plus ou moins boisé

Station balnéaire

Plan d’eau aménagé

Principales activités du villagegérées par P & V ou le SMACOPI

Golf

Sentier vers la plage

1 Aquaclub2

Tennis3 Tir à l’arc4

Fort-Mahon-PlageManche

1. Belle Dune, un village entre dunes et forêts, p. 200-201

– Présentation des documentsDoc. 1 : La résidence de Belle Dune, située sur la côtepicarde, entre massifs dunaires et forêt de pins à 5 minde la plage, est un espace « créé » par Pierre & Vacancesen 1998. 95 cottages sont répartis autour de plans d’eauartificiels. L’architecture traditionnelle picarde a été enpartie respectée pour la construction des cottages.

Doc. 2 : La carte met en évidence la localisation privilé-giée de Belle Dune à proximité de Paris et de la méga-lopole européenne. L’ouverture récente des autoroutesA 16 et A 29 et du tunnel sous la Manche ont « rappro-ché » la côte picarde des grandes métropoles et de laGrande-Bretagne. Belle Dune est aussi située dans un envi-ronnement de qualité, protégé, à quelques kilomètres duparc ornithologique du Marquenterre et de la baie deSomme, hauts lieux de biodiversité.

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Doc. 3 : Le village est né de la collaboration entre collec-tivités territoriales préoccupées d’aménager la côtepicarde et d’un promoteur. Le SMACOPI (Syndicat mixted’aménagement de la côte picarde) a pour vocation d’aiderles communes du littoral par une politique concertée d’amé-nagement du territoire. Il lança un appel d’offres et acceptala candidature de Pierre & Vacances, spécialisé dans lacréation et l’aménagement de résidences de tourisme. Ilassure toujours la gestion des équipements réalisés avantl’implantation du village : aquaclub, golf, etc.

Doc. 4 : Le graphique souligne l’importance de la clien-tèle étrangère, attirée par le golf réputé de 18 trous et parun tourisme soucieux du respect de l’environnement. Laclientèle étrangère est surtout très présente en horssaison (printemps et automne). En haute saison touris-tique, la clientèle prioritaire est la famille plutôt françaiserésidant à une ou deux heures du site, venant duNord–Pas-de-Calais et de la région parisienne.

Doc. 5 : Le domaine de Belle Dune s’est implanté à proxi-mité d’un site naturel protégé, la dune du Royon,propriété du conservatoire du littoral et géré par leSMACOPI. Pierre & Vacances doit donc s’engager à respec-ter certaines normes environnementales. Depuis janvier2005, WWF est partenaire de Pierre & Vacances. « Un éco-village de loisirsConçu pour répondre à une demande touristique de plusen plus orientée vers l’écologie et la culture, Belle Dunese veut une référence en matière de protection active del’environnement sur le site et ses alentours par : – la mise en valeur des espaces dunaires, des forêts, desplans d’eau. À titre d’exemple, le parcours de golf, conçupar Jean Manuel Rossi, dispose d’un système de récu-pération des engrais par bâche et respecte le paysagenaturel, en particulier les « pannes » (trous humides dansles dunes) ;– la qualité du traitement paysager et architectural(maisons basses, plantation d’espèces locales, aména-gement de lacs) ;– la gestion des ressources en eau (arrosage du golf avecde l’eau non-potable) ;– le traitement des déchets avec tri sélectif ;– la gestion de la vie quotidienne : lampes longue durée,produits d’entretien bio-dégradables ;– l’utilisation réduite de l’automobile (village sans voiture,transport aux plages par le petit train routier). »Source : d’après le site de la baie de Somme.

Doc. 6 : Comment les collectivités territoriales peuvent-elles valoriser les ressources touristiques locales et ouvrirle littoral en toute saison ? Quel produit touristique faut-il concevoir ? Telles sont les questions abordées dans cetarticle mis en ligne par l’AFIT.

– Réponses aux questions1. Les aménageurs, en particulier le SMACOPI et Pierre& Vacances, ont été soucieux d’allier développementtouristique et respect des sites naturels, en particulier dumassif dunaire. L’architecture traditionnelle picarde a étéen partie respectée pour la construction des cottages. Le

domaine de Belle Dune, entièrement piétonnier, offre calmeet loisirs aux résidents, dans un cadre apparemmentpréservé.

2. Située sur la côte picarde, à proximité de l’autorouteA 16 et du tunnel sous la Manche, Belle Dune bénéficied’une localisation très privilégiée à deux heures de Pariset de Lille et proche de la mégalopole européenne. BelleDune est aussi située dans un environnement protégé àquelques kilomètres du parc ornithologique duMarquenterre et de la baie de Somme. Enfin, outre lesactivités sportives offertes dans le village, Belle Dunebénéficie aussi des ressources offertes par les stationsbalnéaires de Quend-Plage-les-Pins et Fort-Mahon-Plage.Belle Dune attire une clientèle parisienne mais aussi euro-péenne. Les prestations offertes par Belle Dune satisfontune clientèle urbaine intéressés par de « petitesvacances » familiales, en quête de calme, de « nature »,de loisirs sportifs.

3. Il a fallu cependant valoriser le site et l’aménager. Lespouvoirs publics (conseil régional, conseil général,FEDER) ont pris en charge les grands équipements (parcaquatique, golf) devenus le point d’ancrage d’une station,« produit touristique » créé par un promoteur, Pierre &Vacances. Depuis, ce dernier a attiré une clientèle d’af-faires en aménageant des salles de séminaire.

4. L’implantation entre la baie de Somme et la baied’Authie, à proximité d’un site protégé, la dune du Royon,impose le respect de normes environnementales (protec-tion des espaces naturels sur le site et aux alentours,aménagements paysagers en harmonie avec la nature envi-ronnante, site sans voiture, respect du massif dunaire...).Le village Belle Dune est devenu un site pilote « éco-village » en matière de développement durable.

5. Aux activités traditionnelles proposées par les stationsbalnéaires se sont ajoutés de nouveaux loisirs, parc aqua-tique couvert et golf, très réputé aujourd’hui. Cette diver-sification des activités a permis d’attirer une clientèleséduite par ces séjours de « remise en forme » venue enparticulier de Grande-Bretagne, du Benelux et des métro-poles voisines (Paris, Lille) et d’allonger la période d’ac-tivités.

– Présentation des documentsDoc. 7 : Chaleur et palmiers sont garantis sous la gigan-tesque bulle des Bois-Francs, implantée en 1998 parCenter Parcs, à une centaine de kilomètres de lacapitale. « 29° toute l’année... Profitez toute l’année duclimat tropical pour vous offrir des moments intenses dansles lagons, bains à remous, cascades et vagues. [...] Quantaux plus petits, plage et bassins dédiés leur assurent, joie,confort et tranquillité. » Source : d’après le site deCenter Parcs.

2. Pierre & Vacances, leadereuropéen, p. 202-203

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Doc. 8 : Ces graphiques publiés dans le rapport d’acti-vités de Pierre & Vacances mettent en évidence l’im-plantation européenne du groupe qui s’adresse à uneclientèle de pays à hauts revenus (Europe du Nord etOuest). Aujourd’hui, Pierre & Vacances réalise plus de90 % de son chiffre d’affaires dans le tourisme en France,aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique et tout récem-ment en Italie. Cette implantation européenne privilégieun tourisme de proximité permettant à la majorité desfamilles de se rendre sur leur lieu de vacances en voiture.

Doc. 9 : Pierre & Vacances s’impose aujourd’hui commeleader européen des résidences de tourisme après lerachat de Maeva (2001), Center Parcs (2003). Maeva estplutôt considéré comme un produit de moyenne gammeà côté de Pierre & Vacances qui s’adresse à une clien-tèle haut de gamme. L’acquisition de Center parcspermet de développer l’offre de courts séjours à proximitédes grandes métropoles.

Doc. 10 : Le doc. 8 souligne l’importance du parc touris-tique français. La carte 10 met en évidence la diversitédes destinations offertes par l’hexagone. Si les implan-tations à vocation balnéaire sont les plus nombreuses,le groupe est aujourd’hui soucieux de développer letourisme vert.

Doc. 11 : Le portail de location du groupe Pierre &Vacances est intéressant pour plusieurs raisons : il évoquela diversité des implantations, l’acquisition de Maeva,Center Parcs et MGM (résidences de prestige), la naturedu produit proposé (location de résidences dans descomplexes touristiques de qualité), la volonté de privilé-gier la vente directe du produit en utilisant Internet, carplus économique.

Doc. 12 : Cet article permet de comprendre la stratégie dugroupe qui souhaite répondre aux attentes d’une clientèleintéressée par de courts séjours de proximité. Destinationsvariées, services et loisirs à la carte sont proposés.

– Réponses aux questions1. Le complexe touristique de Belle Dune, produit d’unecollaboration entre collectivités territoriales et promoteur,valorise des ressources touristiques locales. La « bulletropicale » de Center Parcs est un espace inventé, un parcde loisir construit de toutes pièces, un monde clos etrassurant, une « bulle paradisiaque ». Le tourisme devientalors « créateur de lieux ».

2. Le groupe Pierre & Vacances s’est spécialisé vers lesrésidences de loisirs pour des séjours familiaux de longue,moyenne ou de courte durée. Sont proposés des appar-tements situés dans des résidences implantées dans degrandes stations touristiques ou des cottages localisésdans des villages créés sur des sites vierges.

3. Pierre & Vacances s’est donc spécialisé dans un typede produit et, après le rachat de Maeva et Center Parcs,s’est imposé sur le marché des résidences de tourismeet de loisirs. Il s’adresse à une clientèle bien ciblée :familles aisées de deux enfants françaises ou venant despays d’Europe du Nord et de l’Ouest (Benelux) c’est-à-dire

de pays à haut niveau de vie. Il tend à s’adapter auxattentes d’une clientèle en quête de courts séjours deproximité, de « petites vacances ». Le groupe satisfait doncles besoins d’une large gamme de clients urbains.

4. Des implantations touristiques d’une grande diversitésont proposées. Cependant, les espaces valorisant lesressources touristiques traditionnelles (mer, montagne…)sont privilégiés. Ainsi, en France, 77 destinations sont propo-sées : 46 à la mer, 20 à la montagne, 4 à la campagne et6 en ville. L’engouement pour le tourisme vert incite Pierre& Vacances à s’implanter dans les zones rurales.

5. La majorité des touristes apprécient toujours letourisme de villégiature dans les résidences implantéesà la mer ou à la montagne. Cependant Pierre & Vacancesdoit aujourd’hui tenir compte des nouvelles attentes d’uneclientèle séduite par le tourisme vert, avide de loisirs, àla recherche de dépaysement dans un environnementproche et protégé. Il lui faut aussi considérer la tendanceau fractionnement des vacances. Émergent ainsi denouveaux centres touristiques à la périphérie des grandesagglomérations et en particulier à proximité de Paris(domaine de Belle Dune, villages Center Parcs).

– Présentation des documentsDoc. 13 : En partenariat avec Eurodisney, à Marne-la-Vallée, un nouveau concept de village de loisirs à proxi-mité des parcs à thème est né. À des conditionsavantageuses, les résidents de Pierre & Vacances City Vald’Europe peuvent participer aux diverses activités propo-sées par le parc Disneyland.

Doc. 14 : En 2007, à moins de deux heures de Paris, dansl’Aisne sur le site du parc nautique de l’Ailette, un nouveauvillage Center Parcs ouvrira ses portes. Ce village doitaccueillir un grand centre de congrès et de séminaires.La proximité du Chemin des Dames et des champs debataille de la Grande Guerre a été déterminante dans lechoix de cette implantation orientée vers le tourismed’affaire. C’est en 2006 le plus grand des chantiers deconstruction d’équipement touristique en France (80 ha,840 cottages, 5 200 m2 d’espaces aquatiques, un millionde nuitées marchandes à l’année).

Doc. 15 : Cette publicité traduit la volonté du groupe dedévelopper le pôle immobilier. C’est un axe important dumodèle de développement adopté par le groupe : vente surplan des appartements auprès d’investisseurs particuliers.Ce pôle est porté par un marché de l’immobilier en expan-sion. Le document témoigne aussi de l’engouementcroissant pour le tourisme vert et pour les « bulles tropi-cales » symbolisées par le logo Center Parcs.

Doc. 16 : Comme toute filière de production industrielle(exemple filière automobile) ou agricole, la filière touris-tique est soumise à une vive concurrence. Les destina-tions plus lointaines – telle la Malaisie – offrantdépaysement, belles plages, loisirs sous les tropiques

3. Poursuivre le développement,p. 204-205

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apparaissent comme une menace pour Pierre & Vacances.« Voyage pas cher », comme bon nombre de tours-opéra-teurs, proposent des séjours à des coûts très abordables,dans les pays en développement en particulier, pour uneclientèle aisée à la recherche de nouveaux loisirs.

Doc. 17 : Cet article paru en 2005 évoque les engage-ments pris par Pierre & Vacances en matière de déve-loppement durable. Le village de Belle Dune est denouveau présenté comme site pilote. Les enjeux de déve-loppement durable sont pris en considération lors de laconstruction de nouveaux villages (choix de matériaux, utili-sation des énergies renouvelables…).

– Réponses aux questions1. Les séjours proposés dans les villages de vacancessitués dans les pays en développement sont d’un prix trèsabordable. Les tours-opérateurs bénéficient aussi de ladiminution des coûts de transport aérien. Pierre &Vacances doit aussi intégrer les nouvelles normes envi-ronnementales et s’engager sur la voie du tourismedurable.

2. Pour poursuivre son expansion, P&V suscite des colla-borations avec différents partenaires : collectivités terri-toriales (Ailette), entreprises privées (Disneyland) etorganisation de protection de la nature (WWF-France). Cettestratégie permet de renforcer une politique commercialeoffensive.

3. Le groupe poursuit son expansion en diversifiant lafilière et en prenant en compte les nouveaux centres d’in-térêts: parcs à thèmes , tourisme vert, tourisme culturel,tourisme d’affaire. Plusieurs projets ont été lancés, sontréalisés ou en cours de réalisation : « Résidences City »à Paris et à Marne-la-Vallée, domaine du lac de l’Ailette.La proximité du Chemin des Dames et des champs debataille de la Grande Guerre a été déterminante dans lechoix de cette implantation orientée vers le tourisme d’af-faire. Pierre & Vacances souhaite aussi multiplier sesimplantations hors de France en Europe du Sud (nouveauvillage sur l’île d’Elbe). Le développement du pôle immo-bilier permet de fidéliser la clientèle.

4. Pierre & Vacances s’efforce d’intégrer et de respectercertaines normes environnementales. Pour répondre à cettequestion, il est nécessaire de prendre en considération lesinformations données lors de l’étude de Belle Dune,premier éco-village. Les principaux axes de la politiquemenée par Pierre & Vacances sont les suivants : limiterla consommation d’eau et d’énergie (détecteur decommandes pour éclairage, économiseurs d’eau), utili-sation de produits naturels pour l’entretien des sites, plan-tations d’arbres, respect des espaces naturels (au parcde l’Ailette, le parcours des oiseaux sera respecté), trisélectif des déchets, partenariat avec des associations.Les enjeux de développement durable sont pris en consi-dération lors de la construction de nouveaux villages.

5. Une autre forme de trace écrite – exercice de chan-gement de langage – peut être envisagée, par exemplesous la forme d’un schéma mettant en relation les troisvolets du développement durable :

– Démarche du sujet d’étude• Le sujet d’étude approche plusieurs problématiques del’agriculture française. Dans un premier temps, il permetd’aborder l’activité agricole « en son terroir », comme uneactivité humaine étroitement dépendante du milieu où elle

Le maïs, une filière agro-industriellemajeure, p. 206-211

BIBLIOGRAPHIE

– Dewailly, J.-M. et Flament, E., Géographie du tourisme,coll. Campus, Sedes, 2000– Barron, p. et Yeles, N., Le tourisme en France : terri-toires et stratégies, coll. Prépa, A. Colin, 1999– Peyroutet, C., Le tourisme en France, coll. Repèrespratiques, Nathan, 1999– Lozato-Giotard, J.-P., Géographie du tourisme : del’espace consommé à l’espace maîtrisé, Pearson Éduca-tion France, 2003– « Le Tourisme autrement », Alternatives économiques,hors-série, mars 2005

SITES INTERNET

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Environnement

• Efforts menés pour intégrer les critères environnementaux• Partenariat WWF

Société

• Partenariat avec l’offre touristique environnante• Opérations de sensibilisation au développement durable

ÉconomiePoursuivre le développement du groupe en diversifiant les activités

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se déploie. Elle devient alors constitutive de l’économieet de la société locale et révélatrice d’un trait courant deséconomies régionales. Dans un second temps, la culturedu maïs est envisagée à plus petite échelle. Il s’agit demontrer une filière qui intègre des acteurs nombreux,publics ou privés, touchant à tous les secteurs et dépen-dante d’un marché mondialisé. Enfin la question du maïsest placée au cœur des problématiques actuelles de l’agri-culture, mais aussi d’autres secteurs, à savoir le débat defond entre rentabilité économique et enjeux à plus longterme de préservation des ressources et des écosystèmes.• Approfondissement ou étude de cas ? Quelques pistespour organiser l’articulation du sujet d’étude avec les leçons.Le sujet est proposé en approfondissement dans leprolongement des leçons 1 et 4 : Quels sont les facteursde localisation de la maïsiculture ? Quels sont les acteursde la filière ? Quelles menaces pèsent sur la filière et seslocalisations ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques : La maïsiculture s’est largementdiffusée hors de son « berceau » aquitain : Quelles sont lesgrandes mutations de l’espace économique français ? (leçon1, p. 184-185) ; la recherche scientifique, la PAC, le déve-loppement de la filière à toutes les échelles ont entraînéla diffusion de la maïsiculture : Quels sont les principauxfacteurs d’évolution des localisations des activités ? (leçon 2,p. 186-187 ; leçon 3, p. 188-189 ; leçon 5, p. 192-193) ;la recherche d’une agriculture durable, la sensibilisation auxrisques pèsent sur l’avenir de la maïsiculture : Commentles préoccupations environnementales interviennent-ellesdans la localisation des activités ? (leçon 2, p. 186-187 ;leçon 4, p. 190-191 ; leçon 5, p. 192-193).

– Présentation des documentsDoc. 1 : Ce paysage témoigne de l’importance de la maïsi-culture en Aquitaine, notamment dans les Landes où ellepeut-être pratiquée dans de grandes clairières. Elle rendcompte aussi du recours à l’irrigation, indispensable l’été,ici sous forme circulaire à partir d’un forage dans la nappephréatique. Dès l’étude de ce paysage le lien entre cultureet industrie est posé. D’après le recensement agricole 2000 la production demaïs grain dans les landes est passée de 720 000 t à1 320 000 t entre 1980 et 2000 (maximum 1 390 000en 1996) ; les surfaces de 122000 ha à 130 000 ha(maximum 154 000 en 1988).

Doc. 2 : Longtemps seul foyer maïsicole, l’Aquitaine estaujourd’hui une terre où le maïs tend vers la monoculture.Le poids de l’irrigation est croissant et pose la questiondes effets sur l’environnement (voir la 3e partie du sujetd’étude, Une filière en question). Le document ajouteaussi une pièce à la filière avec l’élevage des volailles.

Doc. 3 : Situé à l’embouchure de l’Adour, à égaledistance des ports de Bordeaux et de Bilbao (Espagne),le port de Bayonne est le 9e port français avec un trafic

1. Le maïs en Aquitaine, p. 206-207

annuel de 4 millions de tonnes. C’est le débouché de lapremière région maïsicole européenne. 420 000 tonnesont été exportées en 2005 mais ce chiffre est soumis àde forte variations annuelles (baisse de 24 % due à lamauvaise récolte de l’été 2003 liée à la canicule).

Doc. 4 : Agralia est une entreprise de négoce agricole.Elle brasse un chiffre d’affaires de 80 millions d’euros ettravaille avec 4 000 clients locaux : les exploitants agri-coles. Elle fournit des semences, des engrais et desproduits phytosanitaires. Enfin elle dispose de capacitésde stockage qui permettent de répondre aux mouvementsdu marché. 95 % de la collecte porte sur des surfaces enmaïs avec trois vocations principales : exportationscommunautaires 60 % ; amidonnerie 17 % ; alimentationanimale régionale 23 %.

Doc. 5 : La carte révèle la forte implantation de culturedu maïs dans les Landes en particulier dans la vallée del’Adour. C’est dans les plaines, que se trouvent en majoritédes systèmes intensifs basés sur une quasi mono-produc-tion du maïs. La tendance est à la diminution du nombredes exploitations alors même que leur surface augmente.

Doc. 6 : Maïsadour est un autre acteur de la filière enAquitaine. L’entreprise est issue d’une coopérativecéréalière créée en 1936 pour apporter aux agriculteursde la région débouchés et innovations techniques ; elledevient le groupe coopératif Maïsadour en 1973. Depuis1962, elle est spécialisée dans la production et surtoutla sélection de semences. Elle réalise également desproductions animales, des productions de nourriture pourl’élevage, gère des points de ventes de matériel agricole,etc. C’est un groupe à implantation européenne.

– Réponses aux questions1. La contrainte principale, sur des sols favorables est cellede l’eau et des besoins importants de la plante en parti-culier durant sa période de maturation l’été qui coïncideavec les faibles pluviométries.

2. Trois étapes sont à identifier : les débuts de la cultureau XVIIe siècle sous l’influence du port de Bordeaux et deson commerce avec le Nouveau Monde ; l’expansion à desfins autarcique sous le Premier Empire en réponse auBlocus anglais et enfin le développement rapide depuisles années cinquante avec les premières productions deshybrides. On pourrait également souligner le développe-ment récent du maïs irrigué encouragé par la PAC.

3. Le maïs est devenu la culture dominante à la fois enraison d’aptitudes naturelles et surtout parce qu’une filièreéconomique complète existe en Aquitaine, qui offre auxexploitants, sur place, l’ensemble des services néces-saires au développement de l’agriculture productiviste :fourniture de matériels, de semences et d’intrants,capacités de stockage et de transport, ouverture sur lesmarchés extérieurs.

4. Outre les exploitants agricoles eux-mêmes, la filière dumaïs en Aquitaine est un des grands pourvoyeurs d’em-plois par l’étendue de ses activités. En amont se trouventtoutes les activités de services aux exploitations en terme

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d’approvisionnement : semences, matériel, produits phyto-sanitaires ; en aval se développent toutes les activitésnécessaires à la valorisation du maïs (amidonnerie,industrie de transformation) au stockage ou à la commer-cialisation. Initialement regroupées en coopérative, lesentreprises qui gèrent ces différentes étapes sontdevenues des entreprises capitalistes classiques.

5. Si la culture du maïs en Aquitaine a des origines à la foishistoriques et naturelles liées à une situation climatiquefavorable, elle tire son importance d’une évolution écono-mique récente. Elle doit en effet son développement à l’im-plantation régionale de structures de services nécessairesà l’agriculture moderne dès les années trente. Elle le doitsurtout à la capacité qu’ont eu ces acteurs du dévelop-pement à intégrer les évolutions scientifiques et techno-logiques des années 1950 (les hybrides) et à rechercherune dimension internationale aujourd’hui incontournable.

– Présentation des documentsDoc. 7 : 45 % des 3 millions d’hectares de maïs sontdestinés à la production de fourrage consommé sur l’ex-ploitation par les troupeaux (vaches laitières, viandes). 55%ont d’autres utilisations industrielles (alimentaires ou nonalimentaires) dont le document donne quelques exemples.On peut utiliser un document plus ludique pour abordercette question : « Bonjour je m’appelle Régis, j’ai 31 anset je consomme du maïs depuis ma plus tendre enfance.Ça a commencé dès le biberon puisque j’avais développéune allergie au lait de vache et au lait de soja. » Source :http://www.maisadour-semences.com/environnement.htm

Doc. 8 : La carte (en milliers d’hectares cultivés par dépar-tement) montre la spécialisation de l’Ouest (Aquitaine,Pays-de-Loire, Bretagne : 40 % du maïs français), et la diffu-sion du maïs vers d’autres espaces autrefois destinés aublé ou à d’autres cultures industrielles. La production fran-çaise de maïs s’élève à 16 millions de tonnes environ,sauf aléas climatiques.

Doc. 9 : André Cauderon, membre de l’académie desSciences, est un spécialiste de la génétique appliquée àl’agriculture longtemps directeur de recherche à l’INRA.Le texte met ici en lumière le rôle des progrès scientifiquesdans la diffusion de la culture du maïs.

Doc. 10 : Conformément à l’orientation générale de l’éco-nomie française, l’économie du maïs est tournée vers l’ex-portation et essentiellement vers le marché européen. Laconcurrence des pays à grande SAU (surface agricole utile)reste forte hors du périmètre communautaire.

Doc. 11 : Appartenant au premier groupe céréaliereuropéen, Champagne Céréales, Champagne Maïs est uneentreprise de transformation industrielle du maïs quitravaille 109 000 t de maïs par an. 29 % des produits sontvendus en France, 48 % dans l’Union Européenne et 23 %vers les pays tiers. Les clients sont donc mondiaux : desbrasseurs, des fabricants d’ingrédients alimentaires, des

2. La seconde filière céréalièrenationale, p. 208-209

huiliers, des fabricants de snacks et de céréales pour petitdéjeuner. 61 % des expéditions sont destinées à l’ali-mentation humaine et 39 % à l’alimentation animale.

Doc. 12 : Le document permet de montrer la filièrecomplète en ajoutant à ce qui a été repéré à l’échelle del’Aquitaine les industries de transformation peu présen-tes dans la région mais fortement développées àl’échelle nationale.

– Réponse saux questions1. Deux sources principales sont à relever pour expliquerl’extension actuelle de la culture du maïs : le rôlemoteur des laboratoires de recherche dans la mise aupoint des hybrides depuis les années 1950, ce qui apermis d’étendre les cultures à des régions plus froides,ainsi que la multiplicité des débouchés du produit qui aincité à produire plus.

2. Outre l’alimentation animale par le maïs fourrage, lemaïs est un composant important de nombreux produitsalimentaires (huile, biscottes, confiture..), mais aussi, etde plus en plus, de produits industriels les plus divers(béton, peinture, pneumatique…).

3. La production est essentiellement tournée vers le maïsgrain dans le cadre d’une filière commandée par les indus-tries agroalimentaires. Elle est prioritairement tournée versl’exportation.

4. La mondialisation commande aujourd’hui l’activité maïsi-cole. La moitié de la production dépend des marchés étran-gers. Les exploitations sont intégrées à des systèmesindustriels de transformation dont les clients sont dissé-minés sur le globe. La mondialisation est égalementsensible par la forte concurrence que connaît la Francede la part des autres pays producteurs.

5. On repère différents échelons d’acteurs dans la filièredu maïs. Au cœur, restent les exploitants agricoles,producteurs de la céréale. Ils ne peuvent désormais réaliserune production rentable qu’avec le secours des industrieset des services en amont, notamment le recherche. Leurproduction est la matière première de groupes industrielsd’échelle internationale. L’État, indirectement, par le finan-cement de la recherche publique mais aussi par sa poli-tique commerciale conditionne le destin de ces productions.

– Présentation des documentsDoc. 13 : La photographie montre la confrontation entreforces de l’ordre et Faucheurs volontaires. Il s’agit d’unmouvement de personnes opposées à l’utilisation desorganismes génétiquement modifiés en agriculture. EnFrance, il compte 5 000 à 6 000 militants qui agissentpar destruction de parcelles d’OGM (organisme généti-quement modifié) au nom du principe de précaution, inscritdans la charte de l’environnement. Ils reçoivent ponc-tuellement le soutien d’élus locaux qui tentent pararrêté municipal d’interdire ce type de culture. Ils reven-

3. Une filière en question, p. 210-211

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diquent les principes de non-violence et de désobéissancecivile et se heurtent aux producteurs, aux laboratoires derecherche et aux multinationales qui réalisent des essaisde plein champ en France. (Pour en savoir plus :http://www.monde-solidaire.org/spip/IMG/jpg/mais.jpg)

Doc. 14 : Jean-Paul Charvet, professeur à l’Université deParis X-Nanterre, spécialiste des questions agricoles etalimentaires se fait ici défenseur de la culture des OGM.Ce texte a été repris par le site de Syngenta, une des multi-nationales les plus en pointe dans la recherche sur lesOGM. Il dresse par conséquent un inventaire des avan-tages offerts par cette technologie.

Doc. 15 : Ce dessin de Plantu, publié à la une du Mondeen août 2005, outre qu’il pose la question du partage dela ressource en eau en France témoigne de l’acuité dudébat durant la sécheresse de l’été 2005, aprèsplusieurs saisons de déficit pluviométrique. Une étude del’UFC-Que Choisir (2005) dénonce la faiblesse du coût del’eau qui incite à irriguer et non à économiser laressource dans les régions les plus concernées.

Doc. 16 : Cet extrait pose le problème de la pollution desnappes phréatiques, ce que viennent confirmer denombreuses études locales.

Doc. 17 : Le document met l’accent sur le rôle majeur dela politique agricole commune par le système des primes :1 ha de prairie reçoit au maximum 45 euros de subvention,un hectare de maïs 330 euros, 200 euros de plus s’il estirrigué. Les nouvelles orientations « vers une agriculturedurable » devrait remettre à plat ce système.

Doc. 18 : Ce graphique vient confirmer à échelle natio-nale ce qui a pu être observé à échelle de l’Aquitaine surla part majoritaire du maïs dans les prélèvements en eaude l’agriculture.

– Réponses aux questions1. Trois avantages sont présentés. D’abord un avantageéconomique en terme de rendement donc de rentabilitédes exploitations agricoles. En second lieu, un avantagetechnique par la capacité d’adaptation des variétés trans-géniques aux besoins des industries. Enfin, réponse auxcritiques actuelles, la science semble en passe de produiredes maïs moins gourmands en eau et en produitsphytosanitaires polluants.

2. La culture du maïs pose le problème du partage de laressource en eau des sociétés (disponibilité mais aussipartage des coûts de traitement). Le maïs est la premièreproduction en terme de surfaces irriguées : presque 60 %de la consommation agricole totale. Cette forte consom-mation est liée au rythme de croissance de la plante quinécessite beaucoup d’eau l’été, période de moindre pluvio-sité. Par ailleurs, la question de l’eau est aussi celle dela pollution des nappes par une culture qui est fortementconsommatrice d’engrais et de pesticides, sans assurerde protection des sols et donc des nappes l’hiver.

3. L’Union européenne est un acteur majeur de la filièremaïs par la Politique agricole commune. La forte crois-sance des surfaces en maïs est à rapprocher de la réforme

de 1992 qui avantage les surfaces irriguées ; le maïs étantgrand consommateur d’eau, il en est un des principauxbénéficiaires. Le changement amorcé en 2003 par ladernière réforme en date pourrait bien remettre encause cet avantage avec la prise en compte du critère envi-ronnemental.

4. Le débat est d’abord économique autour du choixagricole entre agriculture productiviste et agriculturedurable. La société civile s’est également emparée dusujet par le biais d’associations de défense de l’envi-ronnement qui font du maïs le symbole des OGM et despratiques nuisibles aux écosystèmes dans leur lutte pourun autre développement.

5. Sous l’effet de l’opinion publique et des associationsde défense de l’environnement, les débats de sociétéactuels portent de plus en plus sur la nécessité de préser-ver les écosystèmes. Cette tendance profonde rencontreégalement une réflexion économique qui vise à faire préva-loir un développement durable. Dans ce cadre, le maïs estun enjeu important. D’un côté les exploitants agricoles, maisaussi toute une filière industrialo-tertiaire, porteuse d’em-plois y voient une plante susceptible d’assurer la rentabi-lité économique au prix de choix productivistes ; d’un autrecôté, consommateurs et associations stigmatisent cetteculture, consommatrice d’eau et génératrice de pollutions.

BIBLIOGRAPHIE

– Cf. supra les ouvrages consacrés à l’agriculture– « Les OGM, richesses et servitudes », TDC, n° 829,CNDP, février 2002

SITES INTERNET

– Pour la filière en Aquitaine : http://www.aquitaina-gri.org/ ; http://www.landes.chambagri.fr/ ;http://www.maisadour.com/ ; http://www.ports-basques.com/ports/bayonne/– Le site de l’Association générale des producteurs demaïs : www.agpm.com/– Le site du Groupement national interprofessionnel dessemences, premier groupe céréalier européen : http://www.gnis.fr/ http://www.champagne-cereales.com/– Pour le débat sur les OGM et plus généralement surles questions environnementales : http://www.amis-delaterre.org ; le site des Faucheurs volontaires : http://www.monde-solidaire.org/spip/ ;http://www.ogm.org/ ; le site de planète bleu info :http://eau.apinc.org/.

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Les pages Méthode du thème

Identifier le document– La station de Mimizan est située sur la côte Aquitainedans le département des Landes. – La photographie est une vue aérienne oblique.– La photographie a été prise en été. La plage est fréquen-tée par les touristes.

Analyser et exploiter le document– Le 1er plan montre le cordon littoral. Le 2e plan présentela station balnéaire construite dans les années 1960 depart et d’autre du Courant de Mimizan. Enfin, la forêt deslandes, formée de pinèdes, occupe le 3e plan. – C’est un paysage d’aménagement littoral touristique. – Plages de sable fin sur plusieurs dizaines de kilomètres,air vivifiant, forêts de pins maritimes attirent les touris-tes en quête d’activités sportives. Petite station, Mimizana su préserver un cadre de vie paisible.– Pour accueillir les touristes a été construite unestation balnéaire dans les années 1960. La photographieaérienne ne permet pas de distinguer les aménagementsbalnéaires ou équipements de loisirs.– L’océan représente un premier danger : la baignade yest rendue dangereuse par de puissantes lames de fondet de violents courants. Il faut aussi préserver le littoralde la construction immobilière.

Identifier le document– La carte couvre un espace plus vaste (au moins 15 kmvers l’intérieur d’après l’échelle) et apporte davantage deprécisions (espaces naturels et aménagements).– D’après les indications de la carte, environ 6 kmséparent Mimizan-Plage de Mimizan-Bourg par la route. – La légende n’est pas présente ce qui gêne la lisibilitéde la carte.

Réponses aux questions, p. 213

Réponses aux questions, p. 212

Analyser et exploiter le document– La commune de Mimizan s’est développée entre mer etforêt. Les pointillés de couleur rouge représentent le massifdunaire, les pointillés bleus, la plage de sable qui peut êtrecouverte par la mer par rapport au niveau moyen (0).– Le tourisme et l’exploitation de la forêt sont les activi-tés principales. L’agriculture peut exister dans les clai-rières.– Mimizan-Plage dépend de la commune de Mimizan. Lebourg plus ancien se présente plutôt sous la forme devillage en tas, plus ramassé. La station, nouvellementconstruite, a adopté un plan géométrique et s’étire le longdu front de mer et de la route départementale 626,aménagée en voie rapide qui permet d’y accéder.– Mimizan est un village plus ancien doublé d’unestation plus récente.– Située sur le littoral atlantique, à proximité de la forêt, lastation de Mimizan propose un environnement séduisant.Mimizan invite à la baignade, à la pratique d’activitésnautiques (surf, planche à voile, voile...) sur l’océan maisaussi sur le lac d’Aureilhan. Balades à pied, en VTT, à chevalsont aussi proposées en forêt. Il a fallu aménager : basenautique, pistes cyclables, centres équestres.

Croiser les informations fournies par les deuxdocuments– La côte landaise offre des ressources touristiquesvariées.Les informations apportées par la photographie : Bellesplages, forêt landaise. Les informations apportées par lacarte : Lac d’Aureilhan, pistes cyclables, maison forestière.– Les causes et les conséquences du dédoublement deMimizan.Les informations apportées par la photographie :Aménagement récent d’une station en bord de mer. Stationtrès fréquentée l’été. Les informations apportées par lacarte : Mimizan est situé à 6 km de la côte. Le dédou-blement par l’aménagement d’une station en bord de mer,reliée par une voie rapide au village ancien, a permis dediversifier les activités touristiques en alliant les ressour-ces balnéaires à celles du tourisme vert.

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Cordon de dunes littorales

Forêtdes Landes

Littoral de type « landais » :structure très discontinue, avec dédoublement des sitesrésidentiels traditionnels.

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Ville ancienneet doublementrécent(ex. : Mimizan etMimizan-Plage)

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Les pages Horizon Bac du thème

• La première partie de l’épreuve écrite évalue lacapacité des candidats à cerner une question et sonintérêt historique ou géographique. Le candidat doit êtreen mesure, à partir du libellé, de formuler une problé-matique à la fois simple et pertinente. Dans cette optique,les quatre questions proposées, en exemples traités ouen exercices, abordent quelques unes des grandesproblématiques du thème 2 : la reconversion économique(question traitée 1) ; la politique d’équipement etd’aménagement du territoire (question traitée 2) ; la poli-tique d’aménagement touristique (question à traiter 1a) ;la déprise et la reconversion agricoles (question àtraiter 1b) ; les mutations récentes des localisationsindustrielles (question à traiter 2).• Cette épreuve a également comme finalité de mesurerle degré de connaissance d’une question, c’est-à-dire lacapacité à mettre en relation des données étudiées durantle déroulement complet de la séquence consacrée authème 2. Les sources données pour chaque questionvisent à inciter les élèves à se référer de façon raison-née, avec une problématique précise, à l’ensemble desleçons. Il s’agit enfin pour le candidat de produire un écritde qualité, c’est-à-dire une réponse courte mais organi-sée. Les deux exemples traités offrent une piste d’or-ganisation par thèmes : question traitée 1 : reconversiondes régions industrielles ; reconversion des régions agri-coles ; question traitée 2 : la Politique agricole commune ;la politique d’aménagement du territoire.

Localisez la ville de la Grande-Motte• Les pistes proposées pour « cerner la question »incitent l’élève à relier le sujet de la localisation de laGrande-Motte à celui plus large des régions touris-tiques. Il peut retrouver dans la leçon 5 la notion de« ressource » : la Grande-Motte combine la situation surle littoral et les avantages du climat méditerranéen. Danscette même leçon sont également traitées les politiquesd’aménagement qui ont permis la valorisation desressources du patrimoine naturel : infrastructures detransport et équipements nécessaires à l’économietouristique (hébergements, structures de loisirs).

• Une réponse possible : La Grande-Motte est une villede la région Languedoc-Roussillon, située dans la PetiteCamargue. Proche de Montpellier, elle est située sur lelittoral méditerranéen et bénéficie d’un climat chaud etsec en été. Créée au milieu des années 1960, elle estl’un des symboles des grandes opérations régionalesd’aménagement du territoire français. Le développement du tourisme de masse durant lesannées de la prospérité fait du patrimoine naturel du littoral

Questions à traiter, p. 215

Questions traitées, p. 214

Sud une ressource essentielle. L’État se lance dans unepolitique d’équipement et de construction. Les voies auto-routières permettent une desserte rapide en prove-nance de Paris ou des pays du Nord de l’Europe. La ville,novatrice dans sa conception en grands immeubles, estconstruite en intégrant les hébergements et les servicesnécessaires à l’activité touristique.

Localisez le Jura.Les pistes proposées pour « cerner la question » incitentl’élève à la réflexion qui met en jeu un espace qu’il fautdélimiter et définir avec précision. C’est l’opportunité deréfléchir sur la notion complexe de région qui peut êtreadministrative, naturelle mais qui n’a de sens géogra-phique qu’en tant qu’unité socio-spatiale différenciée. Plussimplement, le sujet permet d’aborder la notion de dépriseéconomique. La comparaison des différentes cartes-clés,p. 180-183 montre un Jura qui glisse d’une agriculturetraditionnelle d’élevage et d’une industrialisation diffuseà une orientation plus touristique.

• Une réponse possible : Le département du Jura, qui tireson nom du massif montagneux à la charnière entreFrance, Allemagne et Suisse, est l’un des départementsqui composent la région Franche-Comté. C’est donc unerégion de moyenne montagne qui culmine à 1 720 md’altitude en périphérie Est du territoire français ets’abaisse en plateaux vers l’Ouest.Le Jura dispose d’atouts indéniables : la proximité del’espace européen, de la métropole lyonnaise, du Rhônecomme du Rhin. Les autoroutes A 36 et A 39 permettentune facilité de liaison vers l’Allemagne et vers les grandesmétropoles françaises. Toutefois l’absence de métropolede taille nationale a longtemps cantonné cet espace dansune activité restreinte : agriculture tournée vers l’élevagebovin et industrie diffuse en milieu rural. Récemment le Jurabénéficie du développement des nouvelles formes detourisme, tourisme hivernal et tourisme vert estival.

Peut-on déterminer une période à partir de laquellela localisation des activités industrielles connaît defortes mutations ?Les pistes proposées pour « cerner la question » incitentl’élève à la réflexion sur les rythmes mais également surles causes des évolutions des localisations industrielles.Les trois leçons citées en référence, mais également lesujet d’étude sur l’industrie automobile, permettent derecenser les causes des évolutions des localisations indus-trielles : déclin de l’importance des ressources naturel-les et de la quantité de main-d’œuvre dans le choix desimplantations, poids croissant des technologies pourproduire et transporter, ouverture de l’économie nationalesur l’Europe et sur le monde, tertiarisation de l’économieet politique volontariste d’aménagement. Ces muta-tions donnent aux littoraux, aux grandes agglomérationset aux régions transfrontalières un attrait croissant pourl’industrie.

• Une réponse possible : Issue de la première révolutionindustrielle, la géographie de l’industrie en France s’estlongtemps confondue avec les régions du Nord et de l’Est,

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bien pourvues en charbon et en fer, ainsi qu’avecquelques grandes villes, qui apportaient une main-d’œuvre indispensable. Ces vieilles régions industriellesont subi de plein fouet, à partir des années 1960, laconcurrence étrangère ainsi que les progrès en matièrede transport et ont ainsi perdu leur compétitivité.À partir de cette date, plusieurs tendances se font jour.Les régions traditionnelles, avec l’aide de l’État, et avecune réussite variant selon leur proximité des marchés exté-rieurs, entament une reconversion vers des industries plusdiversifiées. Plus généralement, les régions littorales voientnaître des complexes industrialo-portuaires tournés versle monde, les grandes agglomérations appuyées sur leréseau des transports et la présence d’universités et decentres de recherche sont à la pointe des industries dehaute technologie en plein essor. Les régions proches desfrontières sont également le siège de nouvelles implan-tations liées aux synergies transfrontalières. Le glissementdes implantations de l’entreprise Renault, du foyer initialparisien vers Le Havre est une des illustrations de cephénomène.

L’exercice proposé invite à répondre de manière argu-mentée à une ou deux questions sur documents en lesconfrontant pour comprendre une question ou une notion.

Situer les documents– Document 1 : C’est une photographie aérienne oblique,prise en 2004, de l’île Seguin à Boulogne-Billancourt. En1929 y fut inaugurée une usine Renault. Pour étendre etmoderniser ses lieux de production en banlieue parisienne,Renault avait, en effet, racheté l’île. – Document 2 : Ce texte, rédigé par le Comité d’expan-sion économique de la région havraise, fut mis en ligneen 2005 sur le site « Le Havre-Développement ». Sur lazone industrielle portuaire du Havre, à Sandouville, s’estimplantée une usine Renault. Ce document présente lesatouts dont dispose la ZIP du Havre, espace attractif pourles entreprises.

Confronter les documents– Les points communs : La filière automobile (construc-teur et équipementiers) s’est installée sur ces sites à proxi-mité d’importantes voies de communication (vallée etestuaire de la Seine). L’accessibilité des marchés est unfacteur de localisation décisif.

– Les différences, oppositions, évolutions : L’île Seguin estsituée aux portes de Paris. Le manque d’espace ne pouvaitpermettre aux usines Renault d’envisager une extensionde la zone industrielle de Paris. L’usine de Boulogne-Billancourt fut fermée en 1992 et les bâtiments ont étédétruits Le devenir de l’île Seguin est encore incertain.Le port du Havre, en Normandie, se situe à l’embouchurede la Seine, sur le littoral de la Manche. L’usine deSandouville est aujourd’hui en expansion (production devéhicules de haut de gamme : Vel Satis, Laguna, Espace).

Sujet traité, p. 216-217

À proximité de la région parisienne, la ZIP du Havre cons-titue une excellente ouverture sur le monde. « L’offre logis-tique » (entrepôts, terre-pleins, dessertes maritime,fluviale et ferroviaire) est aussi performante.

RépondrePour développer l’argumentation, on pourra prendre enconsidération le sujet d’étude mené en histoire Les muta-tions de la filière automobile, p. 28-33.Les premières implantations sont urbaines à proximitéd’une importante main-d’œuvre, de grands marchés etd’axes de transport. Ainsi, les premières usines Renaultétaient-elles installées à Boulogne-Billancourt à proximitéde Paris et de la vallée de la Seine (île Seguin). Dans lesannées 1990, le site historique de Boulogne-Billancourt,en pleine agglomération n’était plus adapté aux conditionsde la production automobile.Depuis quarante ans, la révolution des transports mari-times, l’ouverture au marché mondial ont entraîné la litto-ralisation des activités. Par ailleurs, pour diminuer le poidséconomique de Paris, l’État a mené une politique de décon-centration industrielle. En 1964 Renault a implantée uneusine à Sandouvillle, dans la zone industrielle portuairedu Havre. La confrontation des deux documents est bienrévélatrice du renouvellement des facteurs de localisationdes activités industrielles.

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Thème 3

119Thème 3 Les territoires européens

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Les problématiques du thème

Extrait du programme et des documents Le traitement du manuel Magnardd’accompagnement

A. Caractères d’unité et de différenciation des territoires européensL’objectif poursuivi doit clairement être celui de la Leçon 1 : L’Europe un espace géohistorique,formation du citoyen à la fois français et européen ; p. 224-225ceci est d’autant plus important qu’il n’y a pas d’ECJS L’Europe a-t-elle une unité géographique ?dans cette section. Leçon 2 : L’Europe : du morcellement à l’unité[…] cerner la nature de l’objet géographique « Europe » politique, p. 226-227et pose la question de ses limites. Les frontières entre les États européens sont-elles[…] caractériser les territoires européens, sous en train de disparaître ?les différents angles d’un maillage dense, récent et Leçon 3 : États, Villes et Régions, p. 228-229mouvant, de la diversité linguistique, de la différenciation Quels sont les acteurs spatiaux de l’aménagementphysique. en Europe ?

Leçon 4 : L’Europe : centre et périphéries, p. 230-231Quelles sont les principales disparités et dynamiquesrégionales en Europe ?

La position et la singularité du territoire français au sein Leçon 5 : La France au sein du territoire européen,de cet ensemble sont analysés. p. 232-233

La France occupe-t-elle une position singulière enEurope ?

B. Des territoires gérés et aménagés, l’exemple d’une région européenneLa région choisie au titre de sa singularité […] est l’occasion d’analyser les enjeux de l’aménagement,de l’environnement et du développement durable.Le fil directeur consiste en une analyse du rôle des différents acteurs institutionnels, à toutes les échelles,sur le territoire. Sujets d’étude [Approfondissements]Une région française. La Bretagne, Région à la pointe de l’Europe, p. 234-239

1. La remise en question du « modèle Breton »2. La voie d’un autre développement3. Face à de nouveaux horizons européens

Une région d’un autre État de l’Union européenne. La Catalogne, Région moteur de l’Espagne Dans le cas d’une région européenne autre que française, et de l’Europe, p. 240-245on pourra davantage axer l’analyse sur les relations de 1. Une région puissante à la forte personnalitél’ensemble régional choisi avec le pouvoir centra […] 2. Les revers d’un développement accéléréUne région transfrontalière 3. Une Région dynamique pour l’Europe ?Dans le cas d’une région transfrontalière, on insistera Le Rhin Supérieur, « laboratoire » de l’Europe ?,sur le caractère souvent récent et original d’une telle p. 246-251construction. 1. de régions frontières à l’EuroRégion

2. Un euro-corridor3. De la communauté d’intérêt à un espace de vie

Les territoires européens

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Les notions du thèmeLes notions du programme : Territoire ; État ; Région ;aménagement ; environnement ; frontière ; intégration terri-toriale. Voir les Repères, p. 260-261.« Territoire » est la notion centrale du thème. Les leçonset le sujet d’étude permettent de préciser les contenusde ces notions déjà rencontrées dans les thèmes précé-dents. La définition donnée p. 261 pour territoire fournitune piste pour les mettre en réseau.

Les pages d’ouverture du thème– Le Danube à Budapest, Hongrie, p. 218-219

Le document est une photographie aérienne oblique dela ville de Budapest montrant le plus ancien pont (1848,reconstruit en 1949) permettant la traversée du Danubeentre Buda et Pest. La photographie attire l’attention surla nouvelle réalité européenne : l’ouverture à l’Est et

l’intégration de pays ayant des traditions culturelles diffé-rentes, qui se revendiquent généralement commeeuropéen, ce qui permet d’engager la double question del’identité européenne et des limites de l’Europe. La photo-graphie montre également la richesse du patrimoine urbaincaractéristique du territoire de l’Europe.

– Quelles dynamiques pour les territoireseuropéens ? p. 220-221

La une d’un périodique et un document publicitaire pourl’Arc atlantique ont pour objectif de montrer le rôle despériphéries dynamiques et donc l’émergence de nouveauxtypes de territoires européens. La croissance desnouveaux pays de l’Union européenne (UE) est rapide etles associations de régions littorales (organisation desArcs) se développent. Il faut pourtant nuancer la présen-tation triomphale de ces deux territoires : le cœur de l’UEreste la mégalopole européenne et les régions périphé-riques malgré leur dynamisme rencontrent des difficultésimportantes.

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Danube

Montagne Pont des Chaînes

Buda Pest Île boisée

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Les cartes-clés du thème

– 1. Les dynamiques de la construction européenne,p. 222

« Le programme porte sur l’étude de la France et del’Europe dans les contours de l’Union européenne. »

Dynamiques et organisation des territoires européens, p. 222-223

La carte se place à l’échelle des États qui sont leséléments-clés de la construction européenne. Elle a pourobjectif de présenter l’UE comme acteur essentiel de l’or-ganisation du territoire européen et de souligner son dyna-misme (leçon 2, p. 226-227). Depuis les années 1950,les États d’Europe occidentale s’associent dans unensemble qui s’approfondit, s’élargit et constitue la formed’intégration la plus poussée. L’UE est devenue un pôled’attraction puissant sur l’espace européen : le nombred’adhésions ou de candidatures traduit ce succès. Le

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contraste avec la CEI est fort. Cette attractivité conduitparfois à assimiler Europe et Union européenne, ce quicomplique le problème de la définition de l’espaceeuropéen (leçon 1, p. 224-225).Il faut aussi noter les tensions et les contradictions dela construction : candidatures problématiques, refus del’euro ou des accords de Schengen.

– 2. L’organisation de l’espace européen, p 223

La seconde carte étudie l’organisation du territoireeuropéen à une échelle infra étatique, ce qui permet de faireapparaître la multiplicité des acteurs d’aménagement quiseront étudiés à la leçon 3, p. 228-229. La carte met enévidence une organisation centre-périphérie qui montre lerôle prépondérant de la mégalopole européenne (leçon 4,p. 230-231 et sujet d’étude Le Rhin Supérieur, « laboratoire »de l’Europe, p. 246-251). On voit que les espaces sontinégalement intégrés : les périphéries les mieux intégréesse situant à l’Ouest ou au Sud tandis que les nouveaux paysentrés dans l’UE accusent un certain retard.La carte met également en valeur le rôle des axes de circu-lation qui sont une des clefs du développement : lorsquel’on abordera le sujet d’étude, on pourra se reporter à cettecarte pour étudier les connexions possibles entre la régionétudiée et les axes principaux. Enfin, la carte aborde la logique des arcs qui est une stra-tégie d’association régionale pour lutter contre les handi-caps d’une situation périphérique. Voir les sujets d’étudeLa Bretagne, Région à la pointe de l’Europe, p. 234-239et La Catalogne, Région moteur de l’Espagne et del’Europe, p. 240-245.

Les leçons du thème

– Démarche de la leçonL’Europe a-t-elle une unité géographique ?La leçon pose la question centrale de l’identité euro-péenne : qu’est-ce que l’Europe ? Quels sont les élémentssur lesquels s’appuyer pour définir « l’objet géogra-phique Europe » ainsi que la désigne le programme ?

– Présentation des documentsDoc. 1 : La carte montre un élargissement progressif dece que l’on désigne sous le nom Europe, ce qui traduità la fois la plasticité du modèle et son pouvoir de séduc-tion : c’est le sens de la volonté de Pierre le Grand de faire« géographiquement » de la Russie un État européen. Ceque l’on appelle Europe change au cours de l’histoire et« être européen » constitue un élément de prestigeimportant. Le besoin de borner l’Europe est d’ailleurs indis-sociable de ces définitions : ni Hérodote, ni les géogra-phes de Pierre le Grand ne donnent une définition clairede l’Europe. L’Europe selon eux est un espace d’aborddéfini par ses limites, qui s’appuierait sur des frontières

1. L’Europe : un espacegéohistorique, p. 224-225

naturelles identifiables. La carte montre également queces frontières en réalité ne sont pas des limites imper-méables : les constructions politiques les dépassent etdominent des périphéries, qui, si elles ne sont jamaisconsidérées comme européennes au sens strict, fontpartie des mêmes ensembles.

Doc. 2 : L’intérêt du document est de fixer un certainnombre de connaissances élémentaires sur la géographiephysique européenne et de montrer la très grande diver-sité des climats en identifiant le rôle de l’influence océa-nique. L’Europe ne peut s’identifier à un type de climat.On ne peut s’appuyer sur la géographie physique pourborner ou identifier l’espace européen (voir la carte Lerelief de l’Europe, rabat de couverture).

Doc. 3 : Le débat sur l’identité européenne de la Turquieest un fait sans doute connu des élèves. L’articlemontre que le Bosphore ou les Dardanelles sont deslimites conventionnelles de l’Europe. Ce sont aussi desespaces d’échanges importants : les termes de« marchandises », « flux », « ponts » et « navettes » permet-tent de caractériser ces échanges et leur intensité.

Doc. 4 : Aujourd’hui européenne parce qu’« italienne »,la Sicile s’est trouvée largement ouverte à des influen-ces nombreuses et extra -européennes. Il peut être inté-ressant de s’appuyer sur des notions vues en coursd’histoire 2e où la Sicile est abordée fréquemment, dansle cadre du chapitre sur la Méditerranée au XIIe siècle. Laphotographie montre les vestiges culturels d’une influenceancienne, facilement identifiable ce qui permet de souli-gner à la fois l’ancienneté de l’occupation humaine et l’im-portance de ces traces du passé qui sont des élémentsessentiels de la culture européenne. La présence à l’ar-rière-plan de la ville moderne montre l’importance du faiturbain mais pose aussi la question de la gestion del’espace européen où une concurrence peut s’établir entrela volonté de préserver un patrimoine et la nécessité dedévelopper de nouvelles formes d’activités.

– Réponses aux questions1. Il n’y pas de différenciation claire entre l’espaceeuropéen et l’espace asiatique. L’espace européen estun finisterre de l’Asie : le continent étant d’ailleurs appelé« Eurasie ». Si l’influence maritime et océanique est impor-tante, elle n’est pas un élément suffisant pour définirgéographiquement l’Europe. Au cours de l’histoire, onremarque deux tendances contradictoires. D’une part, leshommes cherchent à délimiter un espace européen, del’autre, ces limites sont fluctuantes et n’empêchent pasles influences réciproques.

2. Le Bosphore est une limite conventionnelle entrel’Europe et l’Asie car c’est une limite établie par l’hommemais qui, en réalité, est un espace d’échanges actifs.Aujourd’hui, ce détroit se situe à l’intérieur d’un État (laTurquie) et n’est donc pas une frontière au sens strict.De plus, l’intensité des flux (personnes, marchandises),les différents aménagements (ponts, navettes), laprésence d’une ville importante (Istanbul) en font unespace de passage et d’échange et non une limite.

121Thème 3 Les territoires européens

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3. L’espace européen ne peut se définir ni par le reliefni par le climat. C’est une construction historique, dontles traces peuvent se lire dans le paysage. Ce que l’onappelle Europe a évolué au cours des siècles, néanmoinson peut remarquer l’importance de l’héritage gréco-latin.L’Europe est le produit d’une histoire complexe. Êtreeuropéen c’est se reconnaître dépositaire d’un héritagehistorique partagé avec les autres Européens. Cesmarques anciennes de l’appropriation de l’espaceeuropéen par ses habitants en font un territoire.

4. Au plan géographique, on peut souligner la diversité desclimats. Ces climats se distinguent par les différences devolumes de précipitations, les amplitudes thermiques. Lerelief est lui aussi un élément de diversité : à une Europeau relief plus marqué au Sud succède une Europe desplaines et des plateaux au nord. La plaine germano-polo-naise largement ouverte vers l’Est rend difficile ladistinction entre les espaces asiatique et européen.

5. L’identité européenne repose sur un ensemble defacteurs complexes. Il faut évoquer l’importance et la diver-sité des héritages successifs. Le rôle de la culture gréco-romaine, l’influence judéo-chrétienne mais aussi l’héritagede la Renaissance, des Lumières, l’impact de la révolu-tion industrielle sont à prendre en compte. Cet héritages’inscrit dans un espace dont les contours sont en cons-tantes évolutions. Si des limites, souvent physiques, ontété données elles n’ont jamais constitué des barrièrespour les influences réciproques. La Turquie illustre la difficulté de fixer des limites. Riendans la géographie physique ne permet d’exclure l’espaceturc de l’ensemble européen (climat méditerranéen,relief caractéristique de l’Europe du Sud). La limite conven-tionnelle du Bosphore est aujourd’hui un espaced’échange actif. L’espace turc est d’ailleurs très lié à l’his-toire européenne : soit parce qu’il a fait partie de certai-nes de ses constructions politiques (Empire romain), soitparce qu’il a lui-même dominé des espaces considérésaujourd’hui comme européens. Poser la question de lanature européenne de la Turquie pour déterminer sonentrée dans l’UE c’est donc faire un choix politique carni l’histoire ni la géographie n’apportent une réponse claireà cette question.

– Démarche de la leçon

Les frontières entre les États européens sont-elles en trainde disparaître ?À l’intérieur du cadre d’étude de l’Union européenne, quedéfinit le programme, on assiste à une dynamique netted’intégration territoriale qui conduit à un effacement decertaines frontières, longtemps disputées. Cela suffit-ilà envisager la fin des frontières ?

2. L’Europe : du morcellement à l’unité politique, p. 226-227

– Présentation des documentsDoc. 1 : L’objectif est de montrer le passage d’une logiqued’affrontement frontalier à une logique d’intégration. Lalogique d’affrontement est mise en évidence par la dated’établissement des frontières : certaines sont relative-ment récentes (Europe centrale), d’autres plus anciennes(Europe occidentale). La tendance générale est à leur multi-plication avec l’exception notable de l’unification alle-mande. La dynamique d’intégration est présentée à traversla construction de l’UE et son inégal achèvement, dontl’adhésion à la zone euro et à l’espace Schengen, sontdes indices.

Doc. 2 : La carte humoristique offre l’avantage derésumer simplement les deux dynamiques opposées del’espace européen : la dynamique d’intégration à l’Ouest,et le risque de balkanisation à l’Est qui peut être abordéparallèlement avec le doc. 4.

Doc. 3 : Le document présente les conséquences sur lavie quotidienne de la création de l’espace de Schengen.Il précise ce qu’est cet espace. Il offre aussi une ouver-ture sur la formation civique des lycéens en montrant queles institutions de l’UE, loin d’être des réalités lointaines,influencent la vie de chaque citoyen. On peut égalements’interroger sur le problème des migrations (contrôle auxfrontières externes) et la complexité des relations entreÉtats, l’adhésion à l’espace Schengen ne recoupant pasl’adhésion à l’UE.

Doc. 4 : L’objectif de ce document est de montrer ladensité des liens existants entre États européens. L’UE,cadre d’étude du programme, n’est pas la seule cons-truction politique. On peut par exemple montrer quecertains pays dont le caractère « européen » est contesté(la Turquie par exemple) sont déjà liés à des pays euro-péens. Ce document peut être utilisé en appui de la leçonprécédente où le cas de la Turquie est abordé.

Doc. 5 : Le document présente le cas d’une frontièrecontestée. Au-delà de la description des éléments carac-téristiques d’une frontière fermée, on peut utiliser la cartepeinte sur le mur. Pour les Grecs, il s’agit d’opposer deuxChypres : celle du Sud « libre » (donc aux couleursgrecques) et celles du Nord « occupée » (donc peinte decouleur sang). Ce document peut être utilisé pour souli-gner l’un des aspects problématiques de l’intégrationturque dans l’UE (non-reconnaissance de l’un des Étatsmembres) et montrer que l’intégration frontalière (réalitéà l’intérieur de l’UE) se heurte à de nombreux obstaclesà l’extérieur de cet ensemble.

– Réponses aux questions1. L’Europe politique est caractérisée par la multiplicitéet la diversité des États. Actuellement, certains Étatsd’Europe de l’Ouest se sont regroupés au sein de l’UE :ces États se sont rapprochés de plus en plus endevenant interdépendants, par exemple la disparition descontrôles frontaliers (espace de Schengen) la créationd’une monnaie commune (euro) : il s’agit donc d’une inté-gration territoriale poussée mais inégale. À l’Ouest de

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l’Europe, les frontières sont plus anciennes et plus stables,leur tracé est plus récent à l’Est.

2. La multiplication des États s’explique par le démem-brement des Empires centraux multinationaux après laPremière Guerre mondiale, et l’implosion de certains Étatsaprès la chute du rideau de fer (Yougoslavie etTchécoslovaquie).

3. La fin du bloc soviétique (1989) en rendant leur pleinesouveraineté aux États d’Europe centrale et en supprimantles oppositions idéologiques a permis aux États de multi-plier leurs liens (doc. 4) voire de rejoindre l’UE (avec le casparticulier de l’unification allemande). L’UE est d’ailleursun acteur majeur de l’unité européenne car c’est elle quien est le pôle le plus attractif (les PECO, par exemple, sesont détournés de l’influence russe à son profit).

4. Plusieurs étapes peuvent être mises en valeurs dansl’évolution des frontières dans l’espace européen. Les fron-tières, lieu d’affrontement et de division se sont d’abordmultipliées en même temps que les États (après la fin dela Première Guerre mondiale). La création de la CEE(1957), puis de l’UE (à partir de 1992) a permis une inté-gration plus poussée. On est passé d’un espace de librecirculation des biens (marché commun) à un espace delibre circulation des biens et des personnes (espaceSchengen). La fin des tensions bipolaire en Europe (à partirde 1989) a quelquefois conduit certains États à la parti-tion mais a aussi permis l’élargissement de l’UE.Cependant il faut noter que certaines frontières demeu-rent sources de conflits et que les frontières extérieuresà l’UE restent particulièrement surveillées.

– Démarche de la leçonQuels sont les acteurs spatiaux de l’aménagement enEurope ?La leçon s’intéresse aux divers acteurs de l’aménagementdes territoires européens. Dans les deux premières leçons,en effet, seuls les États ont été évoqués. On souligneradonc l’importance croissante de deux autres acteurs, enmontrant les rapports et les tensions qui peuvent existerentre eux.

– Présentation des documentsDoc. 1 : L’attention des élèves doit être attirée sur le rôledes métropoles. On peut dans un premier temps remar-quer l’inégalité de puissance qui existe entre elles(lecture de la légende) puis constater que les métropo-les les plus puissantes sont aussi celles qui se trouventà l’intérieur de l’UE.

Doc. 2 : Le texte de l’audition de G. Collomb prolonge cetteanalyse : la compétition entre métropole, ici Lyon, estabordée sous l’angle des transports. Le texte offre unprécieux contrepoint à la carte : une métropole de ranginternational peut être un atout, mais les faiblesses desautres villes d’un réseau urbain macrocéphalique sont des

3. États, Villes et Régions, p. 228-229

éléments de fragilité. Le déséquilibre, ici dans le traficaérien, pose un problème que l’aménagement doitrésoudre.

Doc. 3. : Cette carte montre l’importance de la Régionen tant qu’acteur d’aménagement. Les partenariatsentre Régions peuvent être de formes diverses(EuroRégions, Arcs, jumelage) et se situer à plusieurséchelles. Ce document peut être réutilisé lors du travailsur les sujets d’étude. On attirera l’attention des élèvessur les différentes échelles de coopération, et sur lepassage d’une logique d’opposition le long de la frontièreà une logique de coopération. Enfin une nuance doit êtreapportée quant au degré effectif de coopération qui n’estpas le même dans l’Arc atlantique (encore largement àconstruire) et les eurorégions (où il est plus avancé).

Doc. 4 : L’annonce permet d’aborder le développementdu rôle des Régions (ici Provence–Alpes-Côte d’Azur) dansles institutions de l’UE. Le lobbying fait partie desmissions à remplir par ce salarié, en poste près des insti-tutions européennes à Bruxelles. Les élèves doivent doncvoir que des stratégies offensives sont organisées par lesRégions pour bénéficier des programmes européens.

Doc. 5 : Les différentes formes d’organisation d’États sontà aborder. Les États fédéraux comme la Belgique oul’Allemagne privilégient l’autonomie des Régions, tandisque d’autres États (comme la France) sont encore trèscentralisés. L’auteur de cet article défend l’idée que ladécentralisation est un facteur de développement écono-mique. Il remarque que l’autonomie s’est également faitesur le plan culturel, dans un pays où les tensions natio-nales sont vives. Le problème de la partition possible n’estpas évoqué mais on peut, dans le cas où le sujet d’étudeserait La Catalogne, moteur de l’Espagne et de l’Europe,p. 240-245, faire le parallèle avec la situation de cetterégion d’Espagne.

Doc. 6 : L’histogramme permet de souligner la puissanceconsidérable de certaines villes par rapport aux États euro-péens. On peut monter les inégalités entre villes égale-ment. L’analyse des types de réseaux peut être complétée(exemple espagnol). On verra que les capitales politiquesne sont pas forcément les villes les plus riches danscertains pays (exemple de Milan).

– Réponses aux questions 1. La carte montre clairement une opposition entrel’Europe de l’Ouest (anciens pays de l’UE) où les métro-poles sont nombreuses et puissantes et l’Est (nouveauxpays de l’UE inclus) où les métropoles sont encore endéveloppement. Certaines métropoles de l’Ouest dépas-sent en puissance les nouveaux pays de l’UE.

2. La ville de Lyon se situe dans un réseau macrocé-phalique. Il lui faut donc s’affirmer par rapport à unecapitale puissante. Le domaine évoqué est celui destransports. Par une politique de coopération active(« synergie ») avec deux autres métropoles, elle espèredévelopper un pôle actif de transport aérien au Sud del’Europe.

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3. Les régions dans le cadre d’une décentralisationgénérale à l’échelle européenne bénéficient d’un renfor-cement de leur autonomie. Elles mettent au point des stra-tégies offensives de développement à l’échelleeuropéenne soit en se rapprochant, en développant leurautonomie culturelle (et donc en s’affirmant face aux États)soit en pratiquant le lobbying à Bruxelles (et donc en s’af-firmant face aux institutions européennes).

4. Les États ne sont pas les seuls acteurs de l’aména-gement des territoires européens : les villes les plus puis-santes mais aussi les Régions s’affirment de plus en plus.Les villes représentent des puissances économiques etjouent un rôle dans l’organisation des flux de transport.Les Régions développent les partenariats, s’intègrent dansdes programmes européens et renforcent leur autonomieculturelle quelquefois au risque du séparatisme.

– Démarche de la leçonQuelles sont les principales disparités et dynamiques régio-nales en Europe ?La leçon 3, p. 228-229 a montré quels étaient les diffé-rents acteurs de l’aménagement du territoire en Europe.En affinant l’analyse, on peut mettre en évidence desinégalités fortes existant entre le centre et les périphé-ries européennes.

– Présentation des documentsDoc. 1 : La photographie de Dublin, complétée par le courtcommentaire insiste sur le dynamisme de certaines péri-phéries européennes. Sur la photo sont identifiables leplus haut édifice de Dublin, le Liberty Hall, le dôme de laCustoms House et au premier plan enjambant la Liffey lecélèbre Ha’Penny Bridge. L’ensemble donne une imaged’une métropole dynamique, disposant d’un patrimoineculturel important. Le texte souligne la rapidité de la crois-sance irlandaise soulignée par les investissementsétrangers. La position périphérique de Dublin et de l’Irlanden’est donc pas un handicap.

Doc. 2 : Erratum : les titres et les unités des deux cartesont été inversés. La carte de gauche montre l’évolutiondu PIB/hab. par rapport à la moyenne de l’UE entre 1999et 2002 en %. La carte de droite montre le PIB/hab. parrapport à la moyenne de l’UE, celle-ci correspondant à unindice 100.La carte de droite montre la plus grande richesse desespaces centraux de l’UE par rapport aux périphéries orien-tales (nouveaux pays) ou méridionales (Sud de l’Espagneet de l’Italie, Grèce). La carte de la croissance du PIB/hab.,à utiliser en parallèle avec le premier document montrele dynamisme de certaines périphéries : l’Irlande,l’Espagne. D’autres périphéries sont plus en difficulté :Sud de l’Italie par exemple. De même la croissance dela richesse des espaces centraux est inégale : forte par

4. L’Europe : centre et périphéries,p. 230-231

exemple pour le Bassin londonien alors que le Nord del’Italie enregistre des contre performances.

Doc. 3 : Le document produit d’une compilation desources, se place à une échelle plus grande pour étudierl’opposition centre-périphéries : celle de la ville, déjàabordée dans la leçon 3, p. 228-229. Dans la répartitiondes activités et de la richesse, à l’échelle d’une ville, lecas français ici étudié montre une opposition entre uncentre-ville favorisé et des périphéries moins bienéquipées. Les politiques volontaristes conduisent parfoisà redynamiser ces espaces.

Doc. 4 : La tertiarisation des centres (ici à Londres) estun élément fort de dynamisme. Toutefois un question-nement peut conduire à interroger les élèves sur le typede population qui peut bénéficier de ces aménage-ments. L’emploi industriel a disparu du centre desgrandes métropoles européennes et a été relégué en péri-phérie, entraînant l’exclusion des couches populaires descentres-ville. L’emploi créé dans les centres d’affaires dehaut niveau est un emploi très qualifié et n’offre pas depossibilité de reconversion aux ouvriers des docks.Cette opération d’aménagement, élément de dynamisa-tion du bassin londonien est donc aussi un élément deségrégation spatiale.

– Réponses aux questions 1. On remarque que les régions de l’Europe de l’Ouestet du Nord organisées autour de la mégalopole euro-péenne sont les plus riches. Pourtant l’étude de la crois-sance de la richesse montre qu’il existe une grandedisparité de dynamisme. Certaines périphéries (« Tigreceltique » par exemple) ont une forte croissance de mêmeque certains espaces de la mégalopole européenne(Bassin londonien). Au contraire d’autres périphériesaccusent un retard qui s’accentue (croissance faible) ainsique certains espaces centraux.

2. L’Irlande est un exemple de dynamisme périphérique.Ayant longtemps été une terre d’émigration, en proie auxdifficultés économiques et politiques, elle est aujourd’huiun pays en forte croissance, attractif pour les investisseursmême si son niveau de richesse est encore faiblecomparativement aux États européens les plus puissants.Le rôle de métropole active de Dublin peut donc êtresouligné ainsi que celui, décisif de l’intégration dans l’UE.En utilisant les cartes-clés, p. 222-223, on peut remar-quer que l’Irlande, est membre de la zone euro et régionde l’Arc atlantique (doc. 3 p. 228) même si elle n’a pasratifié les accords de Schengen.

3. Les inégalités peuvent être étudiées à une échelle plusgrande : l’échelle nationale. L’Espagne accuse desinégalités de richesses entre le Nord et le Sud mais afficheune croissance globale forte de l’ensemble des Régions.L’Italie voit au contraire un Sud plus pauvre obtenir destaux de croissances supérieurs à ceux du nord plus riche.

4. L’aménagement des docks traduit la tertiarisation etl’enrichissement des centres-ville. Le texte 3 montre poursa part les difficultés des périphéries urbaines.

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5. Les oppositions majeures du territoire européens sontdes oppositions centre-périphéries. Cette oppositionfonctionne à toutes les échelles : européenne car la méga-lopole européenne est plus riche que la périphérie, natio-nale (le Nord de l’Italie, mieux intégré à la mégalopoleeuropéenne est plus riche que le Sud) et locale (le centredes villes est plus riche que la périphérie). Cependantl’étude des dynamiques invite à nuancer ces analyses :le cas irlandais montre que la présence d’une métropoledynamique et l’intégration européenne peuvent dynami-ser un État en position périphérique, de même la crois-sance du Sud de l’Italie et le dynamisme de certaineszones franches urbaines montrent qu’à d’autres échellesle dynamisme des périphéries existe.

– Démarche de la leçonLa France occupe-t-elle une position singulière en Europe ? La leçon, centré sur l’étude du territoire français dont « laposition et la singularité » doivent être étudiées, privilé-gie l’approche par les cartes à différentes échelles.

– Présentation des documentsDoc. 1 : Le document s’intéresse à la place du territoirefrançais à l’échelle mondiale en montrant la diversité destypes de gestions du territoire et des conditions physiquesde l’espace français. L’éparpillement des « confettis del’Empire » mais aussi leur rôle économique et stratégique(rôle de la ZEE) peuvent être abordés.

Doc. 2 : Le document montre la position du territoirefrançais à l’échelle européenne. Au centre de la petiteEurope (carte-clé 1 p. 222) des années 1950, la Francese trouve de plus en plus en finisterre avec l’élargisse-ment de l’UE vers l’Est.

Doc. 3 : En contrepoint du doc. 2, les flux aériens montrentla position de carrefour toujours occupée par la Francemalgré l’élargissement de l’UE. Ce document peut êtreutilisé en complément du doc. 2 p. 228 (rôle potentiel deLyon en lien avec Milan et Barcelone).

Doc. 4 : La carte montre le rôle essentiel de Paris maisaussi la très forte implantation de filiales sur le sol françaisqui garde donc une importance centrale. Ce documentpeut-être utilisé en complément des sujets d’étude (le rôlede Barcelone est par exemple très visible).

Doc. 5 : La photographie permet d’aborder le rôle de Pariscomme capitale culturelle européenne.

– Réponses aux questions1. Le territoire se caractérise à la fois par son ouverturemaritime large, sa grande diversité de milieux (climatiquerelief) et sa position de carrefour européen. On peut enfinsouligner la présence de Paris qui est l’une des deux villeseuropéennes les plus importantes.

5. La France au sein du territoireeuropéen, p. 232-233

2. L’importance de l’outre-mer français est une des origi-nalités du territoire. Elle lui garantit une présence àl’échelle mondiale. Ces territoires sont divers dans leurgestion : les DOM par exemple sont des départementsdont le mode de gestion est similaire à celui des dépar-tements métropolitains, alors que les autres territoires(par exemple la Nouvelle-Calédonie qui est un Pays d’outre-mer) ont une autonomie renforcée.

3. L’UE s’étant élargie vers l’Est avec l’entrée de dixnouveaux pays en 2004 et avec celle de deux États prévueen 2007, le territoire français se trouve en position moinscentrale qu’auparavant. Cependant l’étude des fluxaériens (polarisés par la mégalopole européenne) et surtoutl’implantation des sièges sociaux des grandes entreprisesmontrent qu’en fait la dilatation de l’espace européen nes’est pas traduit par un réel déplacement de son centrede gravité. Le territoire français garde une place centraleen Europe grâce à son importance économique.

4. Paris est l’une des deux métropoles européennes derang mondial. Elle joue un rôle économique (implantationde sièges sociaux de grandes entreprises), culturel(Bibliothèque nationale de France), politique (elle estcapitale) importants. Elle est bien reliée à la mégalopoleeuropéenne. Cependant l’étude des flux aériens montrequ’elle occupe une position moins centrale que Londres.

5. Le territoire français se singularise dans l’espaceeuropéen par sa situation de carrefour que l’ouverture versl’Est n’a pas vraiment amoindrie ; par sa variété clima-tique et naturelle que la diversité de l’outre-mer vientencore enrichir (milieux tropicaux et polaires inconnus surle territoire européen) ; par son ouverture sur la mer (avecl’apport très important de la ZEE de l’outre-mer) et enfinpar la présence de Paris puissante métropole mondialedont le dynamisme économique et culturel est un atout.

BIBLIOGRAPHIE

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SITES INTERNET

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Les sujets d’étude[Approfondissements] du thème

– Démarche du sujet d’étude• Le programme invite à étudier une région française sousl’angle des « enjeux de l’aménagement, de l’environnementet du développement durable ». La première partie rappelleles réussites spectaculaires mais aussi les revers du« modèle breton ». La seconde partie montre les efforts pourun développement plus respectueux de l’environnement.La troisième partie souligne la « singularité » d’une périphériede l’Europe (« en pointe » au sens littéral) qui n’en est pasmoins engagée dans la construction européenne et dansla construction de solidarités régionales (en « pointe » poli-tiquement donc). C’est en tant que périphérie dynamiquede l’UE que la Bretagne affirme sa singularité.• Approfondissement ou étude de cas ? Quelquespistes pour organiser l’articulation du sujet d’étude avecles leçons.Le sujet est proposé en approfondissement des leçons3, 4 et 5 : En quoi la Bretagne est-elle un territoire ? Quelssont les acteurs du développement breton ? Quelle est laplace de la Bretagne au sein du territoire européen ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques. Une identité, un « modèle » défi-nissent la Bretagne : Comment définir l’Europe ? (leçon 1,p. 224-225 ; leçon 2, p. 226-227). La Région est trèsengagée dans la dynamique des nouveaux territoires : Quelssont les acteurs spatiaux de l’aménagement en Europe ?(leçon 3, p. 228-229). Le « modèle breton » a surtout béné-ficié au littoral et à la métropole rennaise : Quelles sont lesprincipales disparités et dynamiques régionale en Europe ?(leçon 4, p. 230-231). La Bretagne est une région en pointede l’Europe : Quelle est la place de la France au sein du terri-toire européen ? (leçon 5, p. 232-233).

– Présentation des documentsDoc. 1 : La légende identifie les activités : liées à la mer(proximité du littoral) mais aussi avec l’agroalimentairebreton, la microbiologie et la sécurité alimentaire. Le tech-

1. La remise en question du modèlebreton, p. 234-235

La Bretagne, Région à la pointe de l’Europe, p. 234-239

– Portail de l’UE avec un accès aux données statistiqueEurostats, programme Interreg : http://europa.eu.int/– Une carte intéressante sur les tensions nationales enEurope : http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/regions

nopôle associe un socle de recherche de 3 000 person-nes, des centres de renommée internationale commel’IFREMER, sept écoles d’ingénieurs comme l’ESMISAB,des entreprises industrielles de pointe (Thales, Alcatel...).Le doc. 3 montre le réseau des technopôles.

Doc. 2 : Ce texte montre la forte croissance économiquede la Bretagne (« modèle breton ») en mettant en avantla multiplicité des actions volontaristes permettant l’in-tégration de cette région longtemps perçue comme péri-phérique (voir Un pôle automobile : Rennes, p. 194-195).On peut attirer l’attention des élèves sur la pollution deseaux, directement causée par les engrais et les lisiersriches en nitrates. Deux compléments : les modificationspaysagères (destruction du bocage) dues au remembre-ment ont également un impact écologique important(problème d’érosion accélérée) et l’agriculture bretonnese heurte au problème de la surproduction d’autant quela réforme de la PAC encourage la réduction des excédentsagricoles.

Doc. 3 : La carte de synthèse permet de relever les diffé-rentes activités en les localisant. Le déséquilibre entreun centre (moins dynamique) et une périphérie (dyna-mique) peut aisément être soulevé en s’appuyant sur lesdéséquilibres du réseau de transports ou la distributiondes technopôles par exemple. La taille des ports doit êtrerelativisée : les grands ports français ou européens nesont pas bretons et le grand trafic passe au large des portsbretons (avec les conséquences écologiques dramatiquesdes marées noires).

Doc. 4 : La légende de cette photographie fait le lien entrela croissance des algues et l’eutrophisation du milieu parle rejet des nitrates. Le programme de seconde doit avoirfourni les premières bases d’analyse aux élèves. L’étudede la photographie montre l’impact probable sur letourisme : la baie de Saint-Brieuc est un littoral touristiqueimportant (doc. 3).

Doc. 5 : L’évolution démographique est contrastée : elletraduit la jeunesse et le dynamisme des zones urbainespériphériques, en particulier de Rennes, et montre les diffi-cultés du centre de la région.

– Réponses aux questions1. Le développement économique de ces quarantedernières années est spectaculaire au point que l’on apu parler de « modèle breton ». L’agriculture est devenueproductiviste : intensive, mécanisée, elle a fait de l’aug-mentation de sa production un objectif prioritaire.L’élevage industriel des porcs qui permet la productiondu lisier (réutilisé comme engrais dans l’agriculture), ouavicole, les cultures maraîchères (côte Nord de la régionoù l’on trouve un climat doux avec moins de quinze joursde gelée par an) se sont ainsi développés. L’industrie auto-mobile (Citroën) installée dans le contexte de desserre-ment industriel de la région parisienne, les industries depointe (technopôles) plus récentes donnent à la Bretagne,qui fut longtemps une région surtout rurale, un poids indus-triel important. Ces activités sont le fruit de décisions poli-tiques, engageant l’État, la Région, notamment dans le

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contexte de décentralisation, l’UE et ont été accompagnéd’un développement des infrastructure de transport (ledoc. 3 montre le raccordement du TGV à Rennes) quipermettent de relier la Bretagne aux centres décisionnelsfrançais (Paris notamment) et européens. Enfin laBretagne s’est largement tertiarisée.

2. Ces transformations ont eu des retombées inégalessur la région : elles ont surtout avantagé la périphérie régio-nale et notamment orientale. En effet, Rennes a bénéfi-cié de l’installation des activités industrielles, tertiaires.Les activités technopolitaines et universitaires sontréputées et la capitale régionale est fort bien reliée à Paris.L’installation de technopôles a surtout avantagé les villesà proximité du littoral et les atouts touristiques sont trèsinégaux. Les inégalités entre périphéries Est et Ouest sontperceptibles : la position excentrée de Brest malgré laprésence de voies rapides, est un handicap. L’inégaleattractivité des espaces se lit dans l’évolution démo-graphique régionale : si la région est à l’échelle nationalejeune et désormais attractive (600 000 habitants gagnésdepuis les années 1960), ce sont les pôles urbains et leurceinture périurbaine qui en bénéficient notamment l’ag-glomération rennaise. Le centre de la région étant aucontraire déficitaire. Enfin certains secteurs (pêchenotamment) rencontrent des difficultés persistantes.

3. La question de l’environnement constitue un graveproblème pour le « modèle breton ». L’agriculture produc-tiviste, ayant recours massivement aux engrais a entraînéla pollution des eaux souterraines, les rendant ponc-tuellement impropres à la consommation. De plus ledoc. 4 montre qu’en rejoignant la mer, les nitrates ontpermis la prolifération d’algues parasites détruisant lesautres formes de vie marine et ayant un effet négatifévident sur le tourisme.

4. Le développement breton est un développementaccéléré fondé sur l’implantation d’activités industrielles(automobile et technopôle) et le passage à une agricul-ture de type productiviste. Le tourisme, quoique moinsimportant que dans d’autres régions françaises, joueégalement un rôle important. Ces activités nécessitentdes infrastructures de transport de bonne qualité pourcontrer la position périphérique à l’échelle européenne etnationale de cette Région. Cependant, les problèmes d’environnement conduisentà questionner ce type de modèle de développement.Actuellement, dans le domaine agricole, on insiste sur lanécessité d’un développement durable (agriculture dequalité) qui permette de maintenir le niveau de vie desexploitants, ménage les ressources du territoire enpréservant l’environnement et n’empêche pas une réduc-tion des excédents agricoles.

Doc. 6 : La carte met en valeur le rôle de nouveaux acteursde la gestion des territoires à l’échelle locale : les Pays,la Communauté urbaine de Brest et les Communautésd’agglomérations. La Bretagne s’est particulièrementengagée dans le développement de ces nouvelles formesd’organisation, ce qui souligne la vivacité des acteurslocaux.

Doc. 7 et 8 : La carte 7 localise les principaux sites touris-tiques littoraux. L’opération « Grand site » de la pointe duRaz est caractéristique de l’application des principes dudéveloppement durable dans le tourisme : il faut aménagerl’espace touristique de façon à ce que l’excès defréquentation n’altère pas son attractivité. Le texte 8,ayant pour origine le site présentant l’opération (et quin’apporte donc aucune critique négative) permet demontrer la diversité des acteurs (avec le rôle notammentdu Conservatoire du littoral), et de détailler les opérationsde réhabilitation (destruction de certains établisse-ments) et l’aménagement d’infrastructures plus discrè-tes permettant une sensibilisation de l’usager au respectdu lieu.

Doc. 9 et 10 : Ces deux documents traitent du problèmede l’agriculture durable. Ils ne présentent de façonlisible que l’état de l’avancée de ce type de développe-ment agricole. Une lecture plus fine doit permettre auxélèves de voir en filigrane « ce qui reste à faire ».

Doc. 11 : Ces trois plaquettes publicitaires soulignent ladynamique d’engagement écologique des secteurs d’ac-tivité vus dans la double page précédente. L’aspect critiquen’est pas évoqué, le document montre l’image que cespôles veulent donner d’eux mêmes et le soutient que leurapportent Région et État. Il importe cependant, dans l’op-tique du programme de 1re STG qui entend sensibiliserles élèves aux problèmes environnementaux, de préciserqu’il n’existe pas d’opposition a priori incompatibles entrele développement économique et le respect de l’envi-ronnement.

– Réponses aux questions1. À l’échelle la plus grande on constate le développementde nouvelles formes d’organisation notamment en milieurural : les Pays, ou les Communautés d’agglomération ouurbaine. Il s’agit de regrouper des territoires qui seheurtent à des difficultés communes de façon à mettreen commun des moyens existants. On peut aussiévoquer le rôle des simples citoyens (visiteurs des sites)qui sont partie prenante de la protection du milieu. Enfinil faut montrer le rôle des acteurs économiques et desproducteurs (GAEC, entreprises des pôles de compétiti-vité), le rôle du mécénat (GDF) est lui aussi discrètementévoqué. À des échelles plus petites, on peut relever : lerôle des collectivités territoriales (département, Régions),de l’État (notamment avec le rôle des ministères del’Agriculture et de l’Environnement), du Conservatoire du

2. La voie d’un autre développement,p. 236-237

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Littoral (qui est un établissement public). Enfin, le doc. 8évoque « l’Europe » (l’UE).

2. On peut montrer qu’il s’agit en fait des principauxsecteurs économiques bretons : agriculture, activitésagroalimentaires (Valorial), hautes technologie (Images etréseaux), activités liées à la mer (Sea-nergie) et tourisme.

3. Ces aménagements permettent de développer les acti-vités économiques sans altérer l’environnement. Parexemple, l’élevage intensif s’efforce de limiter les rejetsde nitrates (épuration du lisier, limitation des écoulements).

4. On peut remarquer que le nombre d’exploitationsconcernées reste faible, et il est difficile de savoir si laprogression va continuer. La question du financement deces changements (et donc de leur viabilité) n’est pasévoquée : ces aménagements sont coûteux, qui doit doncsupporter ce surcoût, le producteur ? le consommateur ?l’État ? Enfin on peut remarquer que le principe de l’agri-culture intensive n’est pas remis en question (l’élevagedes porcs reste un élevage hors-sol). Il ne s’agit donc pasd’élevage labellisé « bio », ce qui montre un écart net parrapport aux principes de l’agriculture durable, surtout dansun contexte de réduction des productions.

5. Il y a une continuité dans du modèle breton car ce sonttoutes les activités qui sont concernées (agriculture, agroa-limentaire, hautes technologies, tourisme, activités liéesà la mer) et aucune ne voit son activité réduite. Les modi-fications engagées restent inégales. Cependant il y a unerupture quant au rapport à l’environnement : la logiquecommune est de développer des mesures de protectionafin de réduire les effets négatifs des activités écono-miques. On s’éloigne donc de la logique productiviste. Denouvelles formes d’organisation locales (les Pays) sontdéveloppées.

– Présentation des documentsDoc. 12 : Le sentiment d’appartenance à l’Europe est diffi-cile à évaluer. L’un des moyen est de s’intéresser auxrésultats de référendums : le traité de Maastricht (1992)et le traité constitutionnel de 2005. La réponse affirma-tive à ces deux traités peut aussi être lue comme unevolonté manifeste de voir la construction européenne s’ac-célérer. Que ce soit dans le cas du traité de Maastricht(adopté) ou du traité constitutionnel (rejeté), la Bretagnese situe toujours dans le groupe des trois ou quatrerégions ayant le plus fort taux d’approbation. Ce documentpourrait aussi être utilisé pour Le sujet d’étude Le RhinSupérieur, « laboratoire » de l’Europe, p. 246-251. Le tauxd’abstention est un autre critère possible : les Bretonsse sentent plus « concernés » que leurs concitoyens puis-qu’ils s’abstiennent moins.Résultats nationaux : référendum sur le traité deMaastricht : Oui 51 % ; Non 49 % ; abstentions 30 %

3. Face à de nouveaux horizonseuropéens ?, p. 238-239

(Bretagne : 28 %) ; référendum traité constitutionnel : Oui45,3 % ; Non 54,7 % ; abstentions 31 % (Bretagne : 26 %).

Doc. 13 : La une d’un périodique local, Le Télégrammede Brest du 24 mai 2005 montre clairement l’inquiétudelocale face au tarissement possible des subsides euro-péens qui ont favorisé le développement du modèlebreton. La réforme de la PAC accentue également l’in-quiétude des agriculteurs bretons. Le « drapeau breton »(le « Gwenn ha du »), de création récente, souligne l’im-portance de l’identité bretonne.

Doc. 14 : Une analyse scientifique montrant avec reculles atouts du territoire dans un contexte d’économiemondialisée. L’attention des élèves peut être attirée surla variété des documents utilisés pour évaluer l’attracti-vité du territoire. On pourra par exemple comparer cedocument avec les plaquettes publicitaires suivantes.

Doc. 15 et 16 : L’affiche publicitaire 15 montre le déve-loppement de l’Arc atlantique (doc. 3 p. 228) et permetd’intégrer la Bretagne dans les stratégies de dévelop-pement des régions périphériques. L’affiche 16 présentele festival interceltique de Lorient : la culture locale estainsi présentée comme un élément d’intégration dans unensemble plus vaste (ici un « espace celte »). On peutaussi souligner le rôle que peut jouer dans la promotiontouristique une forte identité régionale (le festival débor-dant très largement le cadre d’une « culture celte » : l’af-fiche rédigée en français vise un public très vaste).

Doc. 17 : L’article complète la une du Télégramme de Brestet insiste sur le risque pour la Bretagne de se retrouveren position ultrapériphérique (déplacement du centre degravité vers l’Est). Deux compléments critiques peuventêtre apportés : l’Arc atlantique, en 2006 n’a pas encorel’importance décisive que semblent lui accorder lesdoc. 15 et 17, dans le prolongement de la leçon 5, p. 232-233, les élèves devraient d’eux même relativiser le dépla-cement du centre de gravité vers l’Est.

– Réponses aux questions1. L’étude de l’intégration territoriale de la Bretagne peutêtre menée à plusieurs échelles : à l’échelle de l’UE, dontles Bretons semblent avoir une vision très positive, àl’échelle d’un ensemble régional (l’Arc atlantique) asso-ciation de régions littorales favorisée par l’UE et mêmedans un ensemble aux contours plus discutables, unespace culturel celte qui recouvre en partie les régionsconcernées par l’Arc atlantique.

2. L’UE a joué un rôle décisif dans le développementéconomique breton : l’attribution de fonds structurels(FEOGA notamment) a permis la modernisation agricole.Actuellement l’UE intervient au niveau régional en favo-risant la constitution d’un Arc atlantique (programmeInterreg). Ceci est un élément important pour expliquerle fort attachement des Bretons à l’accélération de la cons-truction européenne que la réduction des aides euro-péennes ne semble pour l’instant pas avoir émoussé(résultats du référendum de 2005).

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3. L’Arc atlantique est une association de régions littora-les potentiellement handicapées par leur position péri-phérique. Elle a pour but de favoriser la mise en commundes ressources et des activités (synergies) notammentdans le domaine de l’agriculture, de la recherche, de l’uti-lisation des ressources marines et de l’environnement, defaciliter la promotion régionale (texte en anglais dans ledoc. 15). Il s’agit de désenclaver les périphéries occi-dentales à l’heure où l’ouverture vers l’Est peut fairecraindre un déplacement du centre de gravité de l’UE. Enfait, cet Arc a encore peu de réalisations concrètes, maisreste une possibilité intéressante. La Bretagne en est unélément moteur car il s’agit d’une région riche et dyna-mique, relativement bien reliée aux autres centres déci-sions français et européen, d’autant que le programme dedéveloppement de l’« autoroute des estuaires la favorise »,elle se situe géographiquement entre le Nord et le Sud del’Arc et dispose de parentés culturelles revendiquées avecd’autres régions européennes ce qui peut favoriser son inté-gration et faciliter son influence. Enfin c’est à Rennes quese trouve le siège du secrétariat général de la Conférencedes Régions périphériques maritimes.

4. Les atouts de la Bretagne sont nombreux : une positiongéographique favorable entre Europe du Nord et du Sud,une bonne desserte TGV (au moins jusqu’à Rennes) etroutière, des activités industrielles (voir volets précédentsdu sujet d’étude), des facteurs sociaux favorables (faibletaux de délinquance, peu de conflits sociaux, jeunesse dela population) auxquels on peut ajouter un bon niveau deformation générale, de nombreuses aménités et un bonpotentiel touristique. L’Arc atlantique est un atout de mêmeque les incitations de l’État français.

5. Être en « pointe de l’Europe » c’est se trouver en positionde finisterre et donc potentiellement éloigné des centreseuropéens. Mais cette position dans le cadre de la cons-truction d’arcs est aussi un atout car elle permet le déve-loppement de projets d’intégration régionale poussée,favorisés par des proximités culturelles revendiquées. Ayantune vision positive de l’UE qui a longtemps appuyé leurdéveloppement, les Bretons se tournent d’autant plusvolontiers vers ce type de projet. Ils se situent donc aussipolitiquement « en pointe » de l’intégration à l’UE.

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SITES INTERNET

– http://arcatlantique.org– Site de la conférence des régions périphériques mari-times : http://www.crpm.org

– Démarche du sujet d’étude• Le programme propose l’étude d’une région d’un autreÉtat de l’UE. La Catalogne permet d’aborder un grandnombre de notions. Communauté autonome d’Espagne,c’est une région puissante et motrice au niveau national,qui joue un rôle important dans l’aménagement du terri-toire (1re partie). L’accélération de son développement estsource de nombreuses difficultés, notamment environ-nementales (2e partie). Enfin elle affirme une identité poli-tique et culturelle qui la conduit à se démarquer fortementdu reste du pays et à se projeter directement à l’échelleeuropéenne où elle se voit comme une « nation », ce quipermet d’interroger les notions de frontières et d’inté-gration territoriale (3e partie). Les notions, ici en gras,sont définies dans les Repères, p. 260-261.

• Approfondissement ou étude de cas ? Quelquespistes pour organiser l’articulation du sujet d’étude avecles leçons.Le sujet est proposé en approfondissement des leçons2, 3, 4 : Quelle est la singularité de la Catalogne enEspagne ? Quelles sont les problèmes d’aménagement duterritoire catalan ? Quelle est la place, l’ambition de laCatalogne en Europe ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques. La Catalogne présente uneforte aspiration autonomiste qui peut sembler menacerl’unité espagnole : Comment définir l’Europe ? Quelles sontles dynamiques politiques ? (leçon 1, p. 224-225 ; leçon 2,p. 226-227). La Communauté catalane tente de répondreaux problèmes du territoire : Quels sont les principalesdisparités régionales, les principaux acteurs spatiaux del’aménagement en Europe ? (leçon 3, p. 228-229 ; leçon4, p. 230-231). Périphérie Sud de l’Europe, la Catalogneveut néanmoins y apparaître comme l’un des moteurs :Quelle est la place de la France au sein du territoireeuropéen ? (leçon 5, p. 232-233).

– Présentation des documentsDoc. 1 : La carte localise la Catalogne et en présente lesgrandes caractéristiques : le contraste du relief entre« Pyrénées et Méditerranée » ; la présence d’une très largeouverture maritime qui constitue l’un des élémentsessentiels du développement catalan ; le réseau urbain

1. Une région puissante à la fortepersonnalité, p. 240-241

La Catalogne, région moteur del’Espagne et de l’Europe, p. 240-245

– http://www.region-bretagne.fr/CRB/– Site régional de l’INSEE :http://www.insee.fr/fr/insee_regions/Bretagne/home/home_page.asp

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catalan, nettement macro céphalique, doté d’une métro-pole littorale puissante Barcelone ; les autres villes dedimensions plus modestes se répartissent sur le littoralou le long d’un axe Manresa-Barcelone. La région esttraversée par un axe majeur qui relie le Sud de l’Espagneà la France et au reste de l’Europe, et un second reliantBarcelone au centre de la péninsule ibérique (Madridnotamment) en passant par Saragosse. Barcelone estdonc bien raccordée aux réseaux de communicationsmême si les trains à grandes vitesse espagnols (AVE) nepeuvent pas encore rouler à vitesse maximale jusqu’àBarcelone. On peut en appui utiliser le doc. 8 p. 248 pourmettre en valeur le rôle de carrefour de Barcelone.

Doc. 2 : La lecture des deux diagrammes circulairespermet de caractériser rapidement la puissance catalane :poids démographique et poids de son économie dans lePIB national.

Doc. 3 : Si l’Espagne est divisée en Régions, toutes n’ontpas les mêmes compétences, certaines (dont laCatalogne) ayant même une autonomie assez large (letexte donne l’exemple des forces de police). Dans leprolongement de la réflexion engagée dans la leçon 2,p. 226-227 sur l’unité politique on pourra montrerqu’entre le fédéralisme allemand et la centralisation fran-çaise, il existe d’autres types d’organisations politiquesqui s’efforcent de prendre en compte les spécificités deleurs territoires. Le second point à aborder est l’épineusedéfinition de la nation. Si l’Espagne se définit comme une« nation », les Catalans par la voix de leur parlementautonome, se revendiquent comme une « nation » diffé-rente dont on a déjà reconnu la langue (co-officielle avecle castillan). Les élèves doivent donc mesurer la difficultéde ce débat et l’importance des enjeux : la reconnaissancenationale peut déboucher sur des visées séparatistes. Unnouveau statut élargissant son autonomie a été adoptépar environ 75 % de Oui au référendum organisé le 18 juin2006 en Catalogne. La définition de l’identité de laCatalogne comme nation est inscrite notamment dans lepréambule du statut. L’usage du catalan devient un droitet un devoir. La communauté pourra récupérer 50 % desimpôts, etc. Dénoncé par le Parti populaire comme ledémenbrement de l’État, le statut est aussi rejeté par lesindépendantistes insatisfaits. Pour le Président du gouver-nement espagnol, c’est un compromis qui devrait servird’exemple.

Doc. 4 : Barcelone est le second port marchand aprèsAlgésiras. L’intégration de Barcelone dans les réseaux detransports terrestres espagnols et européens lui permetde jouer le rôle de plateforme logistique. Barcelone estaussi le premier port espagnol pour les croisières.

Doc. 5 : L’article montre les trois secteurs d’activitéscatalans, en appui du doc. 2. La région est particulière-ment attractive pour les entreprises étrangères.

Doc. 6 : La carte situe les performances catalane auniveau national et européen.

Doc. 7 : Les retombées des JO sont analysées dans ledoc. 5. Le document montre qu’ils furent aussi une façond’exprimer le sentiment national catalan : on voit, comme

s’il s’agissait de deux pays différents, les autocollants« catalans » et « castillans », et aucun autocollant« mixte ». Les couleurs catalanes aux origines médiéva-les furent interdites par le régime franquiste et nepurent être utilisées ouvertement à nouveau qu’à partirde 1979. On notera également la présence d’un autreélément de fierté nationale catalane : le club de footballde Barcelone (le FCB ou Barça).

– Réponses aux questions1. Les « communautés autonomes » sont le nom que lesEspagnols donnent aux Régions : il y en a 17 plus deuxvilles autonomes (Ceuta et Melilla). Certaines d’entre ellesont une autonomie plus large par rapport au pouvoircentral. Ainsi la Catalogne dispose de ses propresforces de polices et le catalan est langue co-officielle avecle castillan.

2. La Catalogne est la région la plus riche d’Espagne etla deuxième en nombre d’habitants. Sa richesse parhabitant la situe très nettement au-dessus de la moyenneeuropéenne. La Catalogne est un moteur dans ledomaine culturel, dans le domaine industriel (dans denombreux secteurs, la production catalane constitue unepart essentielle de la production nationale : par exemplel’électronique grand public), dans le tourisme (balnéairenotamment) et enfin grâce à l’intégration de la région dansles réseaux de transports terrestres et maritimes.

3. Les retombées économiques des JO ont pu conforterl’avance économique catalane mais surtout l’organisationd’un événement médiatique de cette ampleur a permisà la Communauté autonome de disposer d’une tribunepour s’affirmer comme nation.

4. La puissance catalane est un atout pour l’Espagne :elle joue un rôle important dans son dynamisme écono-mique (industriel et touristique surtout). Elle participe àla promotion du pays à l’échelle nationale (rayonnementculturel) et fonctionne comme une interface maritime etterrestre entre l’Espagne et l’UE ou le Bassin méditer-ranéen. Cependant, la Catalogne se revendique commenation au sein de l’ensemble espagnol et a obtenu unetrès large autonomie. Si le catalan est reconnu commelangue co-officielle, ce n’est pas le cas de toutes leslangues parlées en Espagne ce qui peut ouvrir la voix àdes tensions entre communautés voire à terme menacerl’unité espagnole. Or le départ de la Catalogne affaibli-rait considérablement le reste du pays.

– Présentation des documentsDoc. 8 : La photographie montre l’étendue de la capitalecatalane. On peut relier ce document au doc. 1 p. 240qui permet une description assez fine du réseau urbaincatalan. La puissance incontestable de Barcelone au plannational et régional doit être nuancée à l’échelle euro-

2. Les revers d’un développementaccéléré, p. 242-243

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péenne : la taille de la ville (carte-clé 2 p. 223 ou doc. 1p. 228) ou son poids face à Madrid (doc. 4 p. 233). Deuxactivités importantes sont visibles au premier plan le port(on peut voir nettement le terminal pour les croisières) etles activités balnéaires. On peut identifier facilement laville ancienne et son bâti plus dense (noter la trouée faitepar Las Ramblas séparant le Barrio Gotic du Barrio Xinèsou Barrio Chino), à sa droite le parc de la Ciutadella, hautlieux du tourisme. La Ciutat Vella est entourée de bâti-ments ordonnés selon un plan régulier de la fin du XIXe,époque de croissance importante et de développementpour la cité (la « Renaixença »).

Doc. 9 : Alfredo Ruiz, dans son ouvrage Guapos ypobres, Beaux et pauvres, fait le portrait des Espagnolsde sa génération (les 20-45 ans) qui sont éduqués, ontun emploi, sont jeunes mais se retrouvent déclassés socia-lement et donc s’éloignent considérablement des modèlesYuppies ou Dinkies des Anglo-saxons. L’un des facteursmontrant cette difficulté d’intégration est l’impossibilitéde trouver un appartement à louer dans les quartiersaisés. La hausse des prix de l’immobilier dans des centres-ville attractifs et sur-côtés les marginalisent. On peut doncici faire le parallèle avec Londres évoquée dans la leçon 3,p. 228-229 en précisant que l’exclusion des espacescentraux ne concerne pas les seules couches populaires.L’auteur montre également que la physionomie de la villepar son succès économique est en train de changerrendant perceptible le « global village » qui cohabite pourl’instant dans le centre-ville populaire du port, le BarrioChino notamment.

Doc. 10 : Ce texte émanant d’une source officielleévoque certaines des difficultés de la Catalogne :impacts environnementaux, congestion du trafic routier.L’Objectif 2 est un programme d’aide de l’UE quiconcerne les espaces en difficulté de régions qui parailleurs ne le sont pas. En agissant à une échelle infra-régionale, le programme s’efforce de redynamiser des terri-toires marqués par le chômage du fait de crise desactivités agricoles, industrielles. Pour mémoire, l’Objectif 1est un programme qui ne concerne que les régions quisont dans leur globalité en retard économiquement. Dansle cas de la Catalogne, il s’agit principalement des acti-vités agricoles qui ne fournissent que 1,4 % du PIB régionalselon le doc. 5 p. 241. Il y a donc une opposition entreun littoral urbain, industrialisé, densément peuplé et dyna-mique et un arrière-pays plus rural, davantage tourné versl’agriculture, qui est en nette difficulté. Les élèvesdoivent ainsi aborder l’idée d’une Catalogne à deuxvitesses.

Doc. 11 : Cette carte illustre l’idée principale du doc. 10.Il y a un fort contraste dans l’évolution de la populationqui privilégie le littoral et la frontière française (retombéedu tourisme). Les noms figurant en italique sont ceux desquatre provinces qui constituent la Catalogne et non ceuxdes villes. On notera l’exceptionnelle croissance de la villede Tarragone (4,6 %) (phénomène de métropolisation)même si la province de Tarragone perd dans sa partie occi-dentale des habitants. Inversement si la province de

Barcelone gagne des habitants, la ville elle-même voit sapopulation diminuer (entre 0 et 6 %) sur la période, baissecompensée par la forte croissance de la périphérie.

Doc. 12, 13 et 14 : Ces documents étudient le problèmede l’eau en Catalogne. À l’aide de la leçon 1, p. 224-225on peut faire les rappels climatiques qui s’imposent afinde présenter le milieu méditerranéen. L’aridité estivale quicoïncide avec un pic de fréquentation entraîne unesituation de stress hydrique pour la capitale catalane(article de L’Express) qui doit partager les ressources eneau réduites avec les autres stations balnéaires vivantune même situation de pénurie. Cette fréquentationestivale peut s’expliquer par l’attractivité du tourismebalnéaire que l’on pourra sommairement présenter à l’aidedu doc. 15. Les 13 millions de touristes étrangers sontà comparer au 6,7 millions d’habitants de la Communautéce qui donne la mesure de la fréquentation des sites.L’eau du principal cours d’eau alimentant Barcelone doitd’ailleurs être particulièrement traitée du fait de risquesspécifiques de pollution. Face à la situation de pénuriedes aménagement sont envisagés : transvasement del’eau venant de France mais un tel projet, à l’heureactuelle, est contesté et le doc. 14 envisage des solutionsalternatives. On remarquera que le doc. 11 corrobore l’es-timation d’une réduction de la croissance urbaine deBarcelone centre contrairement aux estimations de1992 post-JO.

– Réponses aux questions1. On remarque l’affirmation d’une Catalogne à deuxvitesses : une Catalogne, dynamisée par Barcelone,côtière, urbaine, industrielle et dynamique, traversée pardes flux importants, ouverte sur l’Europe, l’espace médi-terranéen et l’espace national et un arrière-pays catalan,moins peuplé, à l’agriculture peu rentable et à la fréquen-tation touristique plus modeste. Cette inégalité serenforce car l’attractivité des zones côtières polarise lesflux humains et économiques : cela se traduit par une fortecroissance démographique des espaces dynamiques.À grande échelle, on notera que les espaces les plusattractifs (centre-ville de Barcelone) deviennent progres-sivement des lieux de ségrégation sociale : les catégo-ries les moins aisées ayant des difficultés à se loger. Lecentre-ville perd ainsi des habitants au profit des espacespériphériques.

2. Le développement touristique est massif : il y a eu en2004 deux fois plus de touristes étrangers (situationgéographique favorable à l’échelle européenne) qued’habitants. Or ce tourisme se concentre principalementsoit dans les grandes villes (tourisme culturel, attractivitéde Barcelone) soit sur les côtes (tourisme balnéaire) auxpériodes d’aridité estivale. Il y a donc un double risquede saturation (des espaces, des axes de transports, cequi, à terme, a un effet répulsif sur le touriste lassé dela foule) et de pénurie d’eau (d’autant qu’il n’est pas envi-sageable, sous peine de voir la fréquentation diminuer,de réduire les quantités d’eau accessibles aux touristes).Enfin la présence de touristes au très haut niveau de vie

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à Barcelone peut avoir un effet inflationniste évident, préju-diciable à la population locale.

3. Les conséquences environnementales sont donc lapollution et la pénurie d’eau. Deux solutions peuvent êtreenvisagées pour ce dernier point : soit augmenter les quan-tités d’eau disponibles en apportant de l’eau extérieure(de France ou en la retirant moyennant dédommagementsubstantiel aux agricultures de l’arrière-pays, ce qui peutavoir des conséquences sociales négatives, consé-quences non envisagées dans le document), soit en utili-sant plus économiquement les ressources d’eau(meilleures techniques d’irrigation, recyclage), soit en rédui-sant la demande d’eau (rééquilibrage de la distributiontouristique pour éviter la saturation). Le doc. 14 nuanced’ailleurs la possibilité de stress hydrique en soulignantque la croissance urbaine (et donc la demande) est moinsforte que prévue et que les problèmes ne se posentvraiment que pendant la sécheresse estivale. Plus géné-ralement, les atteintes à l’environnement sont de mieuxen mieux prises en compte par la Communauté qui déve-loppe un arsenal législatif pour les réduire. Ainsi une loirécente a-t-elle été votée pour réduire la « pollution lumi-neuse » la nuit en Catalogne.

4. Le développement catalan accéléré a des consé-quences positives : il dynamise les espaces côtiers (touris-tiques) et la ville de Barcelone, métropole de rangrégional. Il favorise une croissance démographique fortede la partie orientale de la région. Cependant un tel déve-loppement creuse les inégalités à l’échelle régionale (entrel’Est et l’Ouest) et locale (problème des centres-ville). Ilpose un problème de stress hydrique (qui d’ailleurs peutêtre atténué par des aménagements appropriés), d’at-teintes à l’environnement et de saturation de certains sitesou axes. Il est donc essentiel de réfléchir à une meilleurerépartition de cette fréquentation (par exemple en déve-loppant d’autres espaces touristiques dans l’arrière-pays).

– Présentation des documentsDoc. 16 : Le dossier accorde une large part aux docu-ments publicitaires qui sont un moyen d’étudier l’imageque la Région souhaite donner d’elle-même à ses parte-naires : une image d’interface combinant les atoutssupposés de l’Europe du Nord et du Sud. On remarquerales couleurs de la Généralité, l’usage du catalan, l’absencedes couleurs espagnoles et l’appellation de « pays » quela catalogne se donne. Ce document émanant de la Régioninvite à se poser la question de l’autonomie : la Catalogneutilise l’UE pour se définir comme si elle était un État indé-pendant. On peut relier cela à la leçon 2, p. 226-227 surle morcellement et l’unité de l’UE. Si les différences entreÉtats semblent s’estomper à l’intérieur de l’UE, on voitse réaffirmer des particularismes régionaux forts béné-ficiant justement de cet affaiblissement relatif de l’Étatcentral.

3. Une région dynamique pourl’Europe ?, p. 244-245

Doc. 18 : Cet article du Courrier international, montre quela reconnaissance au niveau européen du catalan comme« langue d’usage officiel » est vu par les Catalanscomme une étape vers la reconnaissance de leur languecomme langue officielle. Actuellement l’UE ne reconnaîtqu’une seule langue officielle par État (il y en a 21 pour25 membres). En ce qui concerne l’Espagne, c’est leCastillan. Par contre, l’UE s’efforce de développer desprojets en langue régionale (charte européenne deslangues régionales et minoritaires) et à ce titre reconnaîtl’usage du catalan pour certains projets. Dans le cadreactuel obtenir la reconnaissance du catalan comme langueofficielle (en s’appuyant sur le fait qu’il est reconnu commetel par l’Espagne) cela reviendrait à être reconnu commenation par l’UE.

Doc. 17 et 19 : À niveau de l’UE, la Catalogne, pour confor-ter sa position, développe l’intégration à l’échelle régio-nale : constitution d’un Arc méditerranéen (dont l’articledu Monde laisse deviner les insuffisances : il s’agit davan-tage d’un projet d’auto-promotion politique plus que d’unprojet économique viable à court terme) ; à l’échelle pyré-néenne, une association entre Régions frontalièresconfrontée aux mêmes difficultés (communauté detravail des Pyrénées : voir le doc. 3 p. 228) permettantde développer le potentiel montagnard, de faciliter la traver-sée du massif (pour délester les itinéraires côtiers).

Doc. 20 et 21 : Ces documents s’intéressent à unnouveau type d’association les « Quatre moteurs ». Il s’agitde partenariat de régions qui disposent dans leur paysrespectif de situation économique « en pointe » compa-rables (d’où l’expression de « moteurs »). Cette associationa pour but de favoriser les échanges et la promotion réci-proque. On remarquera qu’il s’agit d’intégrer dans unensemble des Régions qui ne sont pas voisines, ce quiest une logique différente des autres partenariats régio-naux. Le doc. 20 montre l’effort de promotion communeet le doc. 21 souligne le rôle essentiel de la densifica-tion du maillage des transports pour faciliter la circula-tion des hommes et de marchandises. Il s’agit dedévelopper les relations transversales et de raccorder laCatalogne à la mégalopole européenne, à l’axe Europe duNord–Paris-Lyon qui est essentiel dans l’économie fran-çaise, de développer la liaison avec Toulouse (délestagede l’axe côtier même si la liaison avec Toulouse ne peutremplir les mêmes fonctions) et développement du trainà grande vitesse (AVE) depuis Madrid (en cours de réali-sation). Le principe est de rapprocher la Catalogne descentres vitaux européens et de renforcer sa position d’in-terface entre l’Espagne et l’Europe.

– Réponses aux questions1. Les arguments utilisés visent à faire de la Catalogne(définie comme un pays !) une synthèse entre deux typesd’États: les États de l’Europe du Nord (arbitrairementdéfinis comme les plus riches, ceux de l’activités «écono-miques) et de fait, la Catalogne fait jeu égal avec desrégions riches de l’UE, et les États de l’Europe du Sud,arbitrairement définis comme ceux de la qualité de vie

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(fortes aménités, culture et tourisme), potentiel dontdispose réellement la Catalogne. Il s’agit donc d’un jeuà partir de clichés très discutables. Ce type de commu-nication reprend en fait les stéréotypes des Européensdu Nord auxquels elle est destinée (la publicité est écriteen français).

2. La Catalogne se présente comme une synthèse entredeux types d’Europe. Elle multiplie les stratégies d’inté-gration régionales à trois niveaux. En tant que « Régiondu Sud », elle cherche à s’associer à des régions simi-laires (doc. 17). Mais on peut s’interroger sur la réalitédes ambitions économiques de ce projet : ne s’agit-il pasplutôt d’asseoir une suprématie sur un Arc méditerranéenqui permettrait de conforter sa puissance ? Elle développeles partenariats frontaliers (doc. 19) et s’associe à desRégions du Nord plus riches (doc. 21). À l’échelle euro-péenne, elle s’efforce d’attirer investisseurs et touristes(doc. 16).Elle ambitionne de jouer à l’échelle européenne le rôle d’unvéritable État dont elle réclame les prérogatives (doc. 18).

3. La Catalogne est en position périphérique en Europe,il lui faut donc se rapprocher des partenaires économiquesimportants et des foyers émetteurs de touristes qui cons-tituent un apport économique essentiel. De plus elle s’ef-force de valoriser sa position d’interface entre le reste del’Espagne (y compris interface maritime) et le reste del’Europe et du bassin méditerranéen. Les espaces euro-péens sont l’Europe du Nord, la région parisienne et lamégalopole européenne.

4. La Catalogne se tourne vers l’Europe qui est un moyende renforcer sa puissance. Elle espère voir la recon-naissance de ses spécificités de mieux en mieuxreconnue par l’Union européenne. Cette stratégie passepar un développement des infrastructures de transportset des stratégies d’intégrations régionales qui toutes n’ontpas les mêmes objectifs : s’affirmer comme périphériedynamique (Arc méditerranéen), favoriser la coopérationfrontalière locale ou s’associer pour former un « club » derégions européennes riches et puissantes. Dans tous lescas la Catalogne développe une politique de communi-cation efficace.

BIBLIOGRAPHIE

– « Barcelone, un printemps en Catalogne », Géo, n° 326,avril 2006

SITES INTERNET

– Le portail de l’Union européenne offre de nombreu-ses ressources dont la charte des langues régionalesou minoritaires : http://europa.eu.int/– Site officiel de la généralité de Catalogne :http://www.gencat.net/– Site de l’Institut cartographique de Catalogne :http://www.icc.es/homeang.html– Site de l’Institut catalan de statistiques :http://www.idescat.net/– Site de l’Institut national espagnol de statistiques :http://www.ine.es

– Démarche du sujet d’étude• La région transfrontalière choisie est la région du RhinSupérieur. L’importance de l’intégration territoriale en faitl’une des régions les plus en avance sur ce point : c’estune sorte de « laboratoire » expérimental des relationstransfrontalières. Il s’agit donc de voir comment s’est cons-truit une EuroRégion dans un espace aussi disputé aucours de l’histoire ; comment se met en place la gestiontransfrontalière d’un couloir majeur de circulation enEurope ; les difficultés de construire une nouvelle identitérégionale.

• Approfondissement ou étude de cas ? Quelques pistespour organiser l’articulation du sujet d’étude avec lesleçons.Le sujet est proposé en approfondissement des leçons1, 2, 3. Comment se construit une EuroRégion ? Quels sontles acteurs de l’aménagement transfrontalier ? Quelles sontles réussites et les limites de la construction transfronta-lière ?En étude de cas, le sujet peut permettre d’annoncer lesprincipales problématiques : Le Rhin Supérieur montre desefforts pour dépasser les frontières et construire unenouvelle identité : Comment définir l’Europe ? Les frontièreseuropéennes sont-elles en train de disparaître ? (leçon 1,p. 224-225 ; leçon 2, p. 226-227). La région pose lesproblèmes d’aménagement d’un couloir majeur de circu-lation en Europe : Quels sont les principales disparités régio-nales, les principaux acteurs spatiaux de l’aménagementen Europe ? (leçon 3, p. 228-229 ; leçon 4, p. 230-231).L’État, la Région Alsace sont engagés dans l’expériencetransfrontalière : Quelle est la place de la France au seindu territoire européen ? (leçon 5, p. 232-233).

– Présentation des documentsDoc. 1 et 2 : Ces cartes à différentes échelles permettantde localiser l’EuroRégion considérée (doc. 2) et d’enpréciser les grands ensembles : le Rhin et la plaine du Rhinjoue un rôle essentiel pour donner une unité physique forteà cette EuroRégion. Les axes de communication orientésNord-Sud (mégalopole européenne) et la densité des villesimportantes le long du Rhin sont à remarquer, ainsi quela position de carrefour de l’ensemble.

Doc. 3 : Ce texte précise la carte 1 (présence des flux…).Il apporte comme complément d’information quelquesdonnées statistiques notamment la très forte densitéhumaine qui lui confère une grande unité.

Doc. 4, 5 et 7 : Ces documents montrent la constructioneffective des partenariats : le processus, initié précoce-ment (à Bâle) s’étend sur une période de quarante années

1. De régions frontières à l’EuroRégion, p. 246-247

Le Rhin supérieur, « laboratoire » del’Europe ? p 246-251

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en s’étoffant progressivement. Le but est d’associer autourde projets communs les régions voisines, rappelons quel’EuroRégion n’est pas administrativement dotée d’ins-titutions propres. Le doc. 5 souligne la multiplicité despartenariats. Tout d’abord, deux programmes Interreg IIIAqui ont pour but de développer les dynamismes locaux(emplois…) : PAMINA dont le nom, inspiré de celui de l’hé-roïne de la Flûte enchantée de Mozart, renvoie aux troiscomposantes principales de l’espace géographiquefranco-allemand concerné : Palatinat du Sud, MittlererOberrhein, Nord de l’Alsace » (http://www.regio-pamina.org), et le programme « Rhin Supérieur Centre-Sudqui s’étend du Nord-Ouest de la Suisse à l’Alsace etjusqu’au Sud de Bade » (ttp://www.interreg.ch). S’ajouteune EuroRégion : « la RegioTriRhena est un espaceéconomique et culturel trinational réunissant la Suisse duNord-Ouest, le Sud Bade et le Sud de l’Alsace »(http://www.regiotrirhena.org). Ce rapprochement n’abolit d’ailleurs pas les spécificitésnationales (voir les couleurs du document publicitaire 4).Le doc. 6 montre l’histoire tourmentée de la région. LeRhin a longtemps été vu comme une frontière coupure (aumoins dans le discours politique). La fortification de cetespace (voir la ligne Maginot, doc. 5 p. 124) est d’ailleurscaractéristique. On peut relier ceci avec la leçon sur lamobilité des frontières européennes.

– Réponses aux questions 1. L’EuroRégion s’appuie sur des caractéristiquescommunes qui en font l’unité : un axe fluvial doublé devoie terrestre qui sert de voie de communication, une occu-pation humaine dense, des villes importantes, unehistoire et un patrimoine culturel (et linguistique qui n’estpas évoqué par les documents mais qu’il faut garder àl’esprit) commun. Enfin elle a une situation de carrefourentre la France, l’Allemagne, l’Europe du Nord et l’Europedu Sud.

2. La région est aux frontières du royaume de France, c’estde plus une région riche qui excite les convoitises : laFrance qui défend l’idée de « frontières naturelles » (enl’occurrence le Rhin) s’empare au XVIIe siècle de ces terri-toires alors qu’ils étaient terres d’empire. Au-delà de leurréel intérêt stratégique, le fait d’être ainsi disputés en faitdes symboles forts des patriotismes français et alle-mands. L’Alsace Moselle est largement utilisée par lapropagande de la République française et du Reich pourexciter les ardeurs nationalistes. De fait, elle change demains plusieurs fois au cours des XIXe et XXe siècles. À cetespace déchiré, on peut opposer le calme du Sud de larégion couvert par la neutralité suisse.

3. Les principaux acteurs sont les Régions qui souhaitentdes rapprochements transfrontaliers ; les États quisignent des accords intergouvernementaux qui les favo-risent notamment avec la réconciliation franco-alle-mande ; l’UE qui les appuie par le développement deprogrammes spécifiques (Interreg), les associations et lescitoyens dont les initiatives sont encouragées et mêmeles villes (agglomération trinationale de Bâle par exemple).

Cependant la multiplicité des partenariats rend souventce type d’intégration complexe, les prérogatives sechevauchent et le citoyen en reste souvent mal informémalgré les efforts faits en ce sens. De plus, les échangessont peu facilités par le fait que les EuroRégions sont desassociations de régions aux compétences très limitéeset non des « super régions » aux pouvoirs étendus.

4. L’espace étudié est d’abord marqué par une grandeunité culturelle et humaine. Son rôle de carrefourrenforce son unité et la perception de sa propre identité.L’histoire commune est extrêmement troublée, la régionayant été l’enjeu de sanglants conflits franco-allemands. Cependant on remarque la qualité la précocité et l’intensitéde l’intégration transfrontalière. Dans la perspective d’uneréconciliation franco-allemande et peut-être favorisée parles souffrances subies en commun, les régions se sontrapprochées, en lien avec les régions suisses dès lesannées 1960. Les partenariats se sont multipliésdepuis, servis par une politique de communicationefficace et favorisé par une multiplicité d’acteurs agissantà différentes échelles.

– Présentation des documentsDoc. 8 : La carte de l’Europe occidentale qui peut êtrecomplétée par la lecture de la carte-clé 2 p. 233 montrela situation de l’EuroRégion au cœur de la mégalopoleeuropéenne. On peut facilement voir la position decorridor entre le Nord et le Sud mais aussi de carrefour(plus modeste il est vrai) vers la France (par Bâle et Lyon)ou Zurich. Cette carte, liée avec le doc. 11 qui est uneanalyse géographique, montre le rôle central de la régionà petite échelle puisqu’elle est un corridor pour le traficfluvial stimulé par la conteneurisation (port de l’Europedu Nord) même si l’industrie lourde en difficulté a vu sapart décroître dans les échanges. L’importance du traficfluvial est d’ailleurs corroboré par le doc. 9 où l’on peutvoir l’importance d’un réseau de ports fluvial équilibré.

Doc. 10 : Ce texte montre que le partenariat pour l’utili-sation du Rhin a des racines fort ancienne (ce qui éclairela précocité du rapprochement autour de ce thème) et quia dépassé les antagonismes nationalistes dès la fin desguerres napoléoniennes (1815).

Doc. 12, 13 et 14 : Ces documents étudient les effortsd’aménagements et de protection d’environnementréalisé le long du fleuve. Pour limiter les risques de crueset augmenter le trafic, l’homme a endigué le fleuve dontil a rectifié le cours. Le milieu naturel (et notamment leszones humides particulièrement fragiles) a été profon-dément altéré. Des centrales hydroélectriques ont étéconstruites. Dans le cadre des échanges frontaliers, lesrégions riveraines essayent de limiter les destructionspaysagères : reboisement des terrains jadis stérilisés parles frontières et reconstitution des zones humides. Surla photographie 14, on peut ainsi identifier à la fois les

2. Un euro-corridor, p. 248-249

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installations pétrolières, les voies de communication terres-tres mais également la présence d’un couvert forestierentretenu aux fonctions écologique et paysagère en péri-phérie urbaine et même aux abords immédiats duterminal pétrolier.

– Réponses aux questions1. La région est au cœur de la mégalopole européenne.C’est un corridor Nord-Sud (transport fluvial, routier, ferro-viaire) et un carrefour (plus modeste, le projet de liaisonRhin-Rhône a été abandonné) vers la France et l’Espagne(transport routier) ou vers Zurich. Il s’intègre au grandcommerce international vers Rotterdam, grâce à laconteneurisation.

2. Les activités sont d’abord le transport fluvial, activitéla plus importante et la plus ancienne. Il s’agit d’un traficcroissant même si sa nature a évolué (conteneurisationet diminution du transport pétrolier et d’acier). Laprésence de cette voie de communication stimule les acti-vités commerciales et industrielles à l’exportation tandisque la présence d’un marché de consommateurs au hautniveau de vie stimule les importations. Le doc. 12 montreégalement l’importance de l’hydroélectricité.

3. La volonté d’augmenter le trafic et de réduire le risqueont conduit à un endiguement du fleuve et à une domes-tication de son tracé, ce qui a eu pour effet de détruireles écosystèmes et d’accélérer le débit (et donc l’érosion).Le partenariat entre régions riveraines permet de prendreen compte des difficultés communes et de mettre encommun les ressources : par exemple les terrains jadisgelés par la frontière (secteur du pont de l’Europe) sontreboisés.

4. Le Rhin est une artère vitale car elle ouvre la régionsur l’Europe entière et au-delà (via le commerce maritime)vers le monde. C’est donc un élément fort de dynamismequi stimule le territoire et oriente son organisation. Lavolonté commune d’exploiter le Rhin est très ancienne eta survécu aux antagonismes nationaux : on peut donc direque le Rhin est un élément d’unité politique.Cette région joue un rôle important dans l’économie euro-péenne car elle permet la communication entre le Nordet le Sud et relie la mégalopole européenne au reste dumonde.

– Présentation des documentsDoc. 15 et 16 : Les documents insistent sur la possibi-lité de créer une culture commune notamment en s’ap-puyant sur des références historiques ou sur l’utilisationde langues voisines. L’affiche du manuel du RhinSupérieur témoigne de cet effort puisqu’il s’efforce de fairele tour des parentés culturelles pour favoriser la prise deconscience chez les jeunes enfants d’une identitécommune. La difficulté est que ce document ne s’intègreque ponctuellement dans les pratiques scolaires (en

3. De la communauté d’intérêt à un espace de vie, p. 250-251

France le programme étant par exemple fixé au niveaunational ne prend guère en compte les particularismesrégionaux contrairement aux programmes allemands) etsuppose le bilinguisme, qui s’il est répandu localementreste limité (en France notamment où la pratique de l’al-lemand hors région frontalière est faible).Ces problèmes sont d’ailleurs évoqués par le texte 21qui nuance les réussites de l’intégration territoriale etmontre les inégalités apparues dans le nouvel ensemble.Le site DeuFraMat.de est un site pédagogique franco-allemand.

Doc. 17, 18 et 20 : Ces documents étudient la réalité desmigrations transfrontalières et de la mobilité. Celles-ci sontfavorisées par le développement d’infrastructures decommunication (RER transfrontalier) qui permettent unemobilité pendulaire. Les travailleurs transfrontaliersrestent en nombre limité et les flux sont polarisés par ladifférence de niveau de vie : de la France vers l’Allemagneou la Suisse (attractivité des salaires) ce qui peutdéséquilibrer le marché de l’emploi. Les migrationsdéfinitives se font dans le sens inverse (immobilier moinscher). L’intégration facilitée par le traité de Maastricht,d’après un journaliste local (doc. 18), se fait par lesréseaux de sociabilité communs de part et d’autres dela frontière (paroisse luthérienne).

Doc. 19 : Biovalley est un « biocluster » initié par lesgrandes firmes baloises : pôle de compétitivité tourné versle développement des biotechnologies – dans la légendeon peut voir les industries, les établissement de forma-tions et de recherche et les secteurs hospitaliers. Ce pôlebénéficie des programmes Interreg II et III. Il a pour objectifde favoriser les échanges dans la recherche et la miseen œuvre de ses applications. Il concerne aujourd’hui3 000 personnes réparties dans trois pays.

– Réponses aux questions1. Leur objectif est de favoriser la connaissance desracines culturelles communes (manuel linguistique,musées) afin de forger une identité culturelle. Si les jeunesenfants sont concernés au premier chef, les programmess’adressent à un public très large.

2. Bâle est une agglomération trinationale. Elle développedes équipements pour accélérer la mobilité entre les troisÉtats. De nombreuses entreprises ou administrations parti-cipant à Biovalley s’y trouvent, ce qui montre l’intensitéde la coopération. Et enfin, le haut niveau de salairespratiqué la rend particulièrement attractive pour destravailleurs frontaliers allemands ou français.

3. Les échanges concernent la recherche en biotechno-logie mais aussi les flux migratoires : frontaliers mais aussimigrants définitifs qui souvent viennent s’installer dansles zones où l’immobilier est meilleur marché.

4. On peut remarquer que les échanges culturels sontlimités : pratique de la langue allemande inégalementrépandue, migrations peu nombreuses et déséquilibréeet surtout blocage politique qui montrent que les rivali-tés n’ont pas disparu, parfois accentuées par les écartsde richesses entre régions.

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5. On peut voir dans la région s’accélérer un processusd’intégration régionale soutenue par un grand nombre d’ac-teurs. Il y a d’abord la volonté de créer de vrais échangesculturels fondés sur la reconnaissance d’une culturecommune, des partenariats dans la recherche et lamobilité transfrontalière (favorisée par le développementdes infrastructures de transport). Cependant l’obstaclelinguistique est réel, la mobilité est assez limitée et surtoutinégale et le rapprochement n’a pas fait disparaître lesantagonismes. On peut même craindre que l’écart derichesse entre les espaces allemand ou suisse d’une partet français de l’autre ne soit à l’origine d’une prise decontrôle des territoires les moins développés.

Les pages Méthode du thème

Ce type de document est d’un abord souvent malaisé pourles élèves : la difficulté consiste à « faire parler » le tableau(repérer et comparer les données importantes) aprèsl’avoir soigneusement identifié. Le sujet porte sur les diffé-rences économiques existant entre les États de l’UE. Onpeut aborder cet exercice en complément de la leçon 4,p. 230-231, qu’il prolonge.

Identifier le document– Il s’agit d’un tableau centré sur l’UE à 25 à laquelles’ajoutent les pays dont l’entrée est prévue en en 2007(Bulgarie et Roumanie).– Les sources sont les statistiques officielles de l’UE. Cesont donc des données fiables.– Le tableau met en parallèle un indicateur social (le tauxdu chômage de longue durée défini par l’INSEE comme

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BIBLIOGRAPHIE

Beaupré, N., « Le Rhin, une géohistoire », La Documentphotographique, n° 8044, La Documentation fran-çaise, 2005

SITES INTERNET

– Présentation du « cluster » de Biovalley :http://www.biovalley.com– Site de la Mission opérationnelle transfrontalière(créée par la DATAR en 1997), avec des ressources surles espaces transfrontaliers, notamment Bâle. :http://www.espaces-transfrontaliers.org– http://www.regiotrirhena.org/– http://www.regio-pamina.org– Site du CRDP de Strasbourg avec la possibilité deconsulter le manuel du Rhin Supérieur en ligne :http://www.crdp-strasbourg.fr– Site de ressources pédagogiques franco-allemandes :http://www.deuframat.de

supérieur à un an) et un indicateur économique la crois-sance du PIB. La question posée est évidemment le lienéventuel entre les deux.– Le chômage représente l’ensemble des personnes enâge de travailler (15-74 ans), privées d’emploi et en recher-chant un (définition INSEE). Le taux de chômage repré-sente donc la proportion de la population active se trouvantau chômage exprimée en %. Le PIB, défini par l’INSEE, estégal à la somme des valeurs ajoutées brutes des diffé-rents secteurs institutionnels ou des différentes branchesd’activité, augmentée des impôts moins les subventionssur les produits (lesquels ne sont pas affectés auxsecteurs et aux branches d’activité).

Analyser et exploiter le document– Il s’agit de taux, donc de valeurs relatives : on necompare pas effectivement le nombre de chômeurs (valeurabsolue) mais la proportion par rapport à une populationactive dont on ignore l’effectif (valeur relative).– Taux de chômage longue durée : maximum : 11,8 %(Slovaquie) ; minimum : 1 % (Royaume-Uni). Croissancedu PIB : maximum : 8,5 % (Lettonie) ; minimum : 0,1 %(Malte).– La moyenne de l’UE sert de référence.– On peut identifier les États au-dessus et au-dessous dela moyenne européenne pour les deux valeurs.– Les taux de chômage les plus élevés concernent le plussouvent les nouveaux pays ou ceux qui ne sont pas dansl’UE, plus l’Allemagne et la Grèce.– Le taux de croissance les plus élevés sont égalementdans les nouveaux pays ou ceux qui ne sont pas dans l’UE.– Les grandes puissances (Allemagne, France et Italie) onten général un taux de chômage moyen ou fort et une crois-sance inférieure à la moyenne de l’UE. Le Royaume-Uniest dans une situation différente : son taux de chômageest très faible et sa croissance forte.

Ce document aborde une question centrale puisqu’il s’in-téresse à la difficulté de donner des limites à l’espaceeuropéen. Yves Lacoste, s’appuyant sur le constat d’uneEurope d’abord définie par la culture de ses habitants,en propose une vision élargie. On peut utiliser ce texteen appui de la leçon 1, p. 224-225.

Identifier le document– Il s’agit d’un article d’analyse géographique et géopo-litique dont le titre « Dans l’avenir, une très grande Europede l’Atlantique au Pacifique ? », extrait du n° 118 de larevue Hérodote, paru en 2005. L’auteur est Yves Lacoste,fondateur de la revue. Le nom de cette revue de géopo-litique est celui du Grec Hérodote (v. 484-v. 425 av. notreère), surnommé le « père de l’histoire » et premier histo-rien au sens moderne du mot.

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– Le thème du texte est la limite orientale de l’Europe.Le titre en forme d’interrogation montre bien que cettelimite orientale mouvante est encore objet de débat.

Analyser et exploiter le document– L’auteur s’intéresse aux limites physiques de l’Europe.Il remarque que les géographes ont essayé de borner pardes frontières naturelles l’espace européen : par exemplel’Oural a été fixé par les Russes eux-mêmes comme fron-tière naturelle. Cependant l’auteur remarque aussi quece massif n’a jamais été une véritable frontière.– Les grandes chaînes de montagne qui pourraient servirde limite : le « Caucase, […] une très grande montagne[…] dépassant 5 000 mètres » et « aux grandes chaînesde montagnes […] du Kamtchatka sur le Pacifique ».L’Europe ne peut être délimitée comme les autres conti-nents : « […] à la différence de l’Afrique et de l’Amériquequi sont des continents complètement entourés demers ou d’océans, l’Europe […] se rattache sur l’un descôtés (5 000 km) à l’Asie (44 millions de km2) ».La définition de l’Europe est géopolitique : « […] le peuple-ment de la Sibérie […] est depuis longtemps européenpour l’essentiel et cela justifierait que sur les cartes dumonde l’on représente une très grande Europe, s’éten-dant de l’Atlantique au Pacifique ».– Selon lui, l’Europe se définissant par la culture de seshabitants, on pourrait considérer la Sibérie, peuplée d’ha-bitants européens, comme européenne et donc définirl’Europe comme allant de l’Atlantique jusqu’à l’extrémitéorientale de la Sibérie, c’est-à-dire le Pacifique.

Les pages Horizon Bac du thème

Les trois question posées reprennent des éléments impor-tants du programme : l’aménagement est une notion àtraiter dans la partie sur les territoires européens, la méga-lopole est une définition vue dans le programme deseconde et qui permet efficacement de présenter lescaractéristiques de l’espace européen. Enfin la troisièmequestion plus large permet de faire réfléchir l’élève surun sujet synthétisant les évolutions actuelles de l’orga-nisation des espaces européens.

Qu’appelle-t-on l’aménagement ?– Cerner la question : L’attention de l’élève doit être attiréepar la possible utilisation multiscalaire de la notion (parexemple sur les réseaux de transports). C’est un termelargement utilisé (économie….) et qui suppose une actionvolontaire d’une société pour organiser son territoire.– Mobiliser ses connaissances : La leçon 3, p. 228-229permet d’aborder à la fois la multiplicité des acteurs, l’ana-lyse multiscalaire et des exemples d’aménagements(actions d’urbanisme). Tous les sujets d’étude approchentégalement la notion.– Rédiger : Les sociétés humaines transforment leur terri-toire pour mieux l’organiser à plusieurs échelles : c’est

Questions à traiter, p. 255

ce que l’on appelle l’aménagement. Les acteurs d’amé-nagements sont nombreux et leurs intérêts sont parfoiscontradictoires. Par exemple, la création d’un aéroport peutdynamiser une ville en la reliant aux autres pôles impor-tants, mais cette décision peut avoir un impact négatif surl’environnement.

Qu’est une mégalopole ?– Cerner la question : Le mot est composé de deuxracines grecques « megas » qui signifie « grand » et« polis » qui signifie « ville ». Il n’existe pas de seuil numé-rique, mais la mégalopole est composée de plusieurs trèsgrandes villes. Elle désigne au départ la « Megalopolis »de la côte Est des États-Unis (terme forgé par le géogra-phe J. Gottman en 1961).– Mobiliser ses connaissances : L’utilisation de la notionest à relier à la mégalopole européenne et aux problèmesde connexion avec elle qui se posent dans l’organisationdes réseaux de transports.– Rédiger : Une mégalopole est un ensemble d’agglo-mérations fortement reliées par tous les réseaux etexerçant un fort pouvoir de commandement. Elle compteplusieurs dizaines de millions d’habitants. Elle se distin-gue de la mégapole qui est une agglomération (au moins8 millions d’hab.) isolée. Par exemple Paris est unemégapole, mais la mégalopole européenne est unemégalopole. On trouve des mégalopoles sur la côte Estdes États-Unis et au Japon.

L’Europe tend-elle à s’unifier ou à se fragmenter ?– Cerner la question : Rien n’étant précisé, il importe deprendre la notion dans son sens le plus large : il s’agitde l’espace géographique « Europe ». Si l’économie estimportante (la hausse générale du niveau de vie est unélément d’unité), il faut remarquer que l’unification poseégalement un problème politique. Il existe des tensionsfortes entre États (Chypre et la Turquie par exemple), maiségalement des oppositions de certains États à une inté-gration territoriale poussée (refus des accords deSchengen). Au sein des États, on peut évoquer lestensions séparatistes.– Mobiliser ses connaissances : La question de l’Europenon réduite à l’UE peut être abordée grâce à la leçon 1,p. 224-225. Les dynamiques d’intégration initiées par l’UEmontrent les éléments d’unité mais également lestensions entre États. Le sujet d’étude La Catalogne,moteur de l’Espagne et de l’Europe, p. 240-245 souligneles risques séparatistes pour les États européens.– Rédiger : Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,l’Europe de l’Ouest est dans une dynamique d’intégrationterritoriale. L’unité est politique à l’intérieur de l’UE notam-ment, mais les niveaux de vie des États membres onttendance à s’aligner aussi. La disparition du bloc de l’Est(rideau de fer) permet aux pays de l’ex-Europe de l’Estd’entrer dans l’UE. L’Europe stimulée par cette associa-tion est donc en voie d’unité. Cependant le risque de frag-mentation existe : certains États se sont divisés(Tchécoslovaquie, Yougoslavie). À l’intérieur des paysd’Europe occidentale les tensions séparatistes existentparfois (Belgique ; Espagne).

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L’organisation de l’espace bretonL’analyse des territoires européens doit privilégier lescartes. Dans l’exercice, à partir du sujet d’étude sur unerégion française au choix (ici la Bretagne ; voir le sujetd’étude La Bretagne, Région à la pointe de l’Europe,p.234-239), les élèves sont invités à croiser deux cartesde même échelle (régionale) afin d’étudier la mise en valeurde l’espace breton (notion d’aménagement et d’acteurs).

Situer les documents– Document 1 : Il s’agit d’une carte de répartition de lapopulation à l’échelle régionale. Elle montre à la fois lesécarts de densité, les pôles d’activité et les infrastructuresde communication. La légende est classée de façon àmettre en valeur les pôles importants, les densités puisles infrastructures de communication. Il n’y a pas d’in-formation sur l’évolution de la répartition de la population.La légende est cohérente avec le titre car elle reprend lesmêmes éléments. Les symboles utilisés sont des cerclesdont le diamètre est proportionnel avec la taille du pôle.Les infrastructures de communication sont représentéespar des figurés linéaires et les densités par des plagesde couleur.

– Document 2 : La carte montre les dynamiques d’évo-lution des densités. La carte est construite d’après lesdonnées de l’INSEE, en l’occurrence les variations desdensités. L’auteur a choisi d’opposer les couleurschaudes (croissance) aux couleurs froides (diminution),les espaces dont la densité n’a pas varié sont cartogra-phiés en gris. Il manque les valeurs absolues : on voit sila densité augmente (valeur relative), mais on ne connaîtpas l’importance réelle des effectifs de population.

Sujet à traiter, p. 256-257Confronter les documents– Points communs : Les deux cartes représentent lemême espace à la même échelle. On n’a pas les effec-tifs globaux de la population, on ne sait donc si l’on estdans un contexte de croissance globale de la population.On ne peut pas non plus évaluer les causes de la crois-sance de la population (solde naturel et solde migratoirene sont pas donnés). Les deux cartes ont pour thème l’oc-cupation humaine de l’espace breton.– Les différences et/ou complémentarités : Les deuxcartes se complètent car la carte 1 donne des élémentssur l’importance des pôles et la répartition de la popu-lation. La carte 2 donne des éléments sur les évolutionsde la répartition. C’est une carte qui fournit des valeursrelatives. Elle permet de mesurer la croissance des écartsentre zones peuplées et zone peu peuplées. Les deuxcartes montrent une grande inégalité dans la répartitiondes hommes. La carte 1 comporte des éléments inutilesau sujet (limite orientale de la langue bretonne, localisationdu Parc régional d’Armorique, etc.).

RépondreLa Bretagne montre une répartition très inégale deshommes et des activités. On constate que cette répartitionest surtout périphérique : l’intérieur étant moins peupléque la côte ou la bordure orientale. Cette inégalité seretrouve dans l’organisation des infrastructures decommunication qui relient surtout les pôles périphériques.On peut noter également une dissymétrie entre l’Ouestet l’Est (plus peuplé mieux relié aux autres pôles natio-naux et dynamisé par la présence de Rennes). Lacarte 2 montre que ces inégalités se renforcent : ladensité augmente encore dans les pôles les pluspeuplés ce qui traduit une augmentation de la populationalors que les espaces intérieurs et ceux de la côte Nord(Saint-Brieuc excepté) ont une population qui stagne oudécroît.

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Conception de la couverture : Éric Doxat

Conception de la maquette intérieure : Linéale Production

Réalisation : Linéale Production

Cartographie :Coordination : Marie-Christine Liennard

Réalisation : Christel Parolini et Valérie Goncalves

Édition et coordination : Guillaume Picon

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