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Chapitre 4) Quelle est l’influence de la culture politique sur les attitudes politiques ? Ce que dit le programme Sujets de bac CULTURE POLITIQUE Montrez que les attitudes politiques sont le reflet de la culture politique. (SSP, Autres centres étrangers, 2013) Montrez que la culture politique influence les comportements politiques. (SSP, Asie, 2013) Montrez que la socialisation politique influence la culture politique. (SSP, Liban, 2014) SOCIALISATION POLITIQUE Montrez comment la socialisation politique influence les comportements politiques. (SSP, Amérique du Nord, 2013) Comment la socialisation politique influence-t-elle la participation politique ? (SSP, France métropolitaine, 2013) Vous montrerez que les attitudes politiques sont liées à différentes étapes de la socialisation. (SSP, Amérique du Sud, 2013). En quoi les attitudes politiques sont-elles le reflet de la socialisation politique ? (SSP, Amérique du Sud, 2014) Quelle est l’influence de la socialisation politique sur les comportements politiques ? (SSP, Nouvelle Calédonie, 2014) Définitions : Attitudes politiques : dispositions à penser et à agir intériorisées par l’individu et qui fondent ses opinions et comportements politiques. Proche de la notion d’habitus de Pierre Bourdieu, mais concerne les dispositions politiques. Culture politique : Système de normes, de valeurs et de croyances orientant les attitudes et comportements politiques. Comportement politique : Ensemble des activités par lesquelles les gouvernés tentent directement ou indirectement d’influencer les gouvernants.

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Chapitre 4) Quelle est l’influence de la culture politique sur les attitudes politiques ?

Ce que dit le programme

Sujets de bac

CULTURE POLITIQUE→ Montrez que les attitudes politiques sont le reflet de la culture politique. (SSP, Autres centres étrangers, 2013)→ Montrez que la culture politique influence les comportements politiques. (SSP, Asie, 2013)→ Montrez que la socialisation politique influence la culture politique. (SSP, Liban, 2014)

SOCIALISATION POLITIQUE→ Montrez comment la socialisation politique influence les comportements politiques. (SSP, Amérique du Nord,

2013)→ Comment la socialisation politique influence-t-elle la participation politique ? (SSP, France métropolitaine, 2013)→ Vous montrerez que les attitudes politiques sont liées à différentes étapes de la socialisation. (SSP, Amérique du

Sud, 2013).→ En quoi les attitudes politiques sont-elles le reflet de la socialisation politique ? (SSP, Amérique du Sud, 2014)→ Quelle est l’influence de la socialisation politique sur les comportements politiques ? (SSP, Nouvelle Calédonie,

2014)Définitions :

Attitudes politiques : dispositions à penser et à agir intériorisées par l’individu et qui fondent ses opinions et comportements politiques. Proche de la notion d’habitus de Pierre Bourdieu, mais concerne les dispositions politiques.

Culture politique : Système de normes, de valeurs et de croyances orientant les attitudes et comportements politiques.

Comportement politique : Ensemble des activités par lesquelles les gouvernés tentent directement ou indirectement d’influencer les gouvernants.

Clivage gauche/droite : Division de l’espace politique en deux camps (gauche et droite) aux valeurs opposées aussi bien en termes de libéralisme économique que de libéralisme culturel.

Libéralisme économique : doctrine qui considère que les activités économiques doivent être orientées par la concurrence et régulées par le marché (l’Etat jouant un rôle minimal).

Libéralisme culturel : doctrine qui met en avant l’autonomie de l’individu et le droit de chacun de choisir librement son mode de vie.

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Socialisation politique : La socialisation politique recouvre l'ensemble des mécanismes et des processus de formation et de transformation des systèmes individuels de représentations, d'opinions et d'attitudes politiques.

Socialisation primaire : Processus de socialisation ayant lieu au cours de l’enfance au sein de la famille, au contact des groupes de pairs, à l’école, dans les associations.

Socialisation secondaire : Ensemble des processus de socialisation à l’âge adulte qui permettent à l’individu de s’intégrer à des sous-ensembles particuliers de la société : groupes professionnels, associations, partis politiques, couples, etc.

1. L’influence de la culture politique sur nos attitudes politiques

1.1. La culture politique influence nos attitudes politiques

Dans un premier temps, nous allons étudier les différences de cultures politiques nationales.

Document polycopié n°1

Question posée : Parmi les éléments suivants, quels sont les deux meilleurs moyens de s’assurer que sa voix soit entendue par les décideurs ? (mai 2012)

Voter aux élections

Signer une pétition

Participer à des débats au niveau local

(« assemblées publiques »)

Rejoindre un parti politique

Participer à une

manifestationFaire grève

Union Européenne

à 27 54% 14% 13% 12% 12% 12%

Danemark 81% 6% 26% 30% 3% 2%Allemagne 60% 14% 18% 15% 14% 10%

France 76% 14% 13% 9% 10% 13%Italie 30% 14% 8% 17% 14% 13%

Pologne 31% 17% 11% 7% 15% 17%Suède 73% 6% 23% 37% 5% 8%

Source : d’après La citoyenneté européenne, Eurobaromètre Standard 77, Printemps 2012.

1) Comparez le Danemark à la France et essayez de caractériser les différences de culture politique entre ces deux pays.

2) Comment caractériser la culture politique de l’Italie ?

Les individus, selon leur culture d’origine, n’ont pas le même rapport au politique. Ils ne vont pas concevoir de la même façon leur rapport à l’Etat, à la loi ou au groupe, à la participation politique.Ces rapports différents au politique illustrent des différences de culture politique entre les pays et les sociétés.

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Document polycopié n°2 La notion de culture politiqueLa culture politique est constituée d'un ensemble de connaissances et de croyances permettant aux individus de

donner sens à l'expérience routinière de leurs rapports au pouvoir qui les gouverne, et aux groupes qui leur servent de références identitaires. Elle permet donc à chacun de se situer dans l'espace complexe du politique en mobilisant un minimum de repères conscients ou non, pour le guider dans ses comportements : ceux de citoyens par exemple, ou ceux d'électeurs, de contribuable, etc.

Elle comporte toujours une double dimension : rapport au passé, puisqu'elle véhicule une histoire et une mémoire collective plus ou moins élaborée, plus ou moins intériorisée surtout ; projection dans le futur car la culture politique favorise des modèles d'achèvement, légitime des attentes et des espérances. La culture stimule la construction d'un lien social, sans doute plus imaginaire que réel, en suggérant l'importance d'un passé commun, en faisant partager des valeurs communes (ou réputées telles), en proposant le cas échéant des tâches collectives à accomplir ensemble. Trois aspects [de la culture politique] sont classiquement distingués. Tout d'abord, la dimension cognitive, c'est-à-dire l'ensemble des connaissances fondées ou non, dont le sujet est capable de faire état sur les acteurs et les règles de fonctionnement du système de gouvernement.

Ensuite, la dimension affective, c'est-à-dire des perceptions colorées émotionnellement : indifférence ou intérêt pour la politique, attraction ou rejet des individus, événements, symboles et normes qui traversent la scène politique.

Enfin, la dimension évaluative, c'est-à-dire la capacité de porter des jugements de valeurs, éclairés ou non, sur ce qui s'y déroule ; ils renvoient aux catégories du légal/illégal, de l'efficace/inefficace, du légitime/illégitime, etc.

Philippe Braud, Sociologie politique, LGDJ, 2008.

1. A quoi correspond la culture politique ?

Culture politique : Système de normes, de valeurs et de croyances orientant les attitudes et comportements politiques des membres d’une société ou d’un groupe.

Distinction entre attitudes et comportements : → Attitudes : dispositions à penser et à agir intériorisées par l’individu et qui fondent ses opinions et ses

comportements politiques.→ Comportements : pratiques, actes dans le domaine politique, traduction concrète des attitudes,

manières d’agir.

Distinction entre attitudes et opinion :→ Opinions : davantage liée à la conjoncture : je pense quelque chose et je m’exprime sur un sujet

particulier et dans une situation donnée.→ Attitudes : plus profondes, plus pérennes aussi. On ne la voit pas (au contraire d’un comportement),

on ne l’entend pas (au contraire d’une opinion).

2. Expliquez le passage souligné.

Elle permet aux individus de se situer et d’agir dans l’espace politique et s’inscrit dans l’histoire du pays et donc dans la culture, au sens large, d’une population. La culture politique donne des points de repères aux citoyens (à propos de l’offre politique, des institutions, etc.) et les aide à appréhender le contexte dans lequel ils évoluent.C’est le cas de la culture républicaine dans le cas de la France qu’on étudiera plus en détail dans un prochain document.

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3. Donnez des exemples illustrant chacun des trois aspects de la culture politique

On considère habituellement que la culture politique a une triple dimension :→ une dimension affective (j’aime/j’aime pas) :

• fait d’être plus ou moins intéressé par la politique• sentiment d’être plus ou moins proche d’un parti, d’un homme politique. • Valeurs : rapport à l’Etat, fait de valoriser davantage le conflit ou la négociation. Par

exemple les habitants ont-ils l’habitude de la négociation ou du conflit ? → une dimension cognitive : ce sont les connaissances que les individus ont du système politique, de

ses acteurs. • Par exemple, connaissance du mode d’élection, du nom des ministres, etc. • Connaissance de l’offre politique de tel ou tel parti.

→ une dimension évaluative : capacité des individus à juger le système politique et son fonctionnement

• Jugent-ils les hommes politiques honnêtes ou non.• Jugement sur certaines mesures, décisions, par exemple de politique économique.

1) La culture politique républicaine est composée de valeurs inspirées de la philosophie des lumières (la rationalité, la croyance au progrès, …), de références à la révolution française (déclaration des droits de l’homme et du citoyen, égalité devant la loi, …). Laïcité en référence à la loi de 1905.Elle comporte aussi des connaissances sur les institutions et insiste sur l’importance du rôle de l’Etat et de la méritocratie.

2) Elle est une synthèse entre un libéralisme politique et un interventionnisme social.

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Document polycopié n°3 Le contenu de la culture politiqueQuelques enquêtes ont proposé des tests de connaissances politiques dans lesquels les enquêtés doivent dire si

certaines propositions sont justes, si elles sont fausses ou s'ils ne savent pas. Par exemple, on découvre pour la France [...] que si la durée du mandat présidentiel est bien connue (88% de bonnes réponses), le mode de scrutin législatif l'est beaucoup moins : seulement 30 % des enquêtés savent que la proposition formulée « Les députés sont élus au scrutin proportionnel » est fausse [...].

On a montré à de multiples reprises qu'il y a bien des liens entre niveau de compétences et caractéristiques sociales : plus on appartient à des catégories sociales basses et moins on dispose de capital culturel (mesuré par les études et les diplômes), moins on a des compétences politiques. Mais la corrélation n'a rien d'une implication [...]. Les individus qui ont structuré un système d'attitudes politiques cohérentes font évidemment preuve d'une forte compétence politique. [...] Une étude comparative internationale montre que le niveau de connaissances politiques, de compétence civique et de conscience politique est assez différent selon les pays occidentaux. Les pays scandinaves sont ceux où la compétence civique est la plus développée, alors qu'au contraire, on observe aux États-Unis un assez haut niveau d'analphabétisme politique. Plus les connaissances politiques sont importantes dans un pays, plus la participation électorale, notamment aux élections locales, est élevée.

Ce niveau de compétence est lié à la fois au développement du système scolaire, mais aussi à son système médiatique. Le type de rapport qu'une société établit avec les journaux et la télévision aurait des effets sur le niveau de connaissances politiques. Lorsque les gens regardent beaucoup les chaînes de télévision commerciales et lisent peu les grands quotidiens d'information, cela favorise aussi un faible niveau de compétences politiques.

Pierre Bréchon, Comportements et attitudes politiques, PUG, 2006.

1. A quelle dimension de la culture politique (étudiée dans le document polycopié n°2) est-il fait référence dans ce texte ?

Dimension cognitive. Connaissances du système politique, compétences politiques des individus.

Les connaissances des individus, ou la façon dont ils vont juger le système politique, vont influencer leur participation à la démocratie (comportements politiques).

2. Faites un schéma d’implication avec les expressions suivantes : Compétences politiques – Culture politique – participation politique.

Culture politique (dimension cognitive) → Compétences politiques → participation politique.

3. Quels sont les facteurs influençant les compétences politiques des individus ?

Elles dépendent à la fois du milieu social (les catégories sociales les plus aisées et les plus diplômées vont avoir une plus grande compétence politique. Daniel Gaxie, un politiste bourdieusien, parlait ainsi de « cens caché ». Les membres des classes populaires ont tendance à ressentir un sentiment d’incompétence politique qui conduit à leur auto-exclusion de la participation politique.

… mais aussi du développement du système scolaire et des médias.

Le degré de compétence politique et la culture civique va donc être différente selon les pays, les pays d'Europe du Nord étant marqués par une plus grande compétence civique. Cette culture civique est nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie.

4. Illustrez cette phrase par un exemple.

Militants syndicaux ou dans des organisations politiques développent un degré de compétences politiques plus élevé qu’attendu au regard de leur capital culturel.

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Document polycopié n°4 Une critique de la notion de culture politiqueLa plus grande faiblesse de ce type d’approche est de postuler que tous les membres d’une société politique

partagent en définitive, au-delà de leurs divergences d’opinion, une même culture, une même représentation de la vie politique, des rapports entre groupes et des capacités des gouvernants ; et que tous adoptent, quoiqu’ils en aient, des attitudes fondamentalement analogues. Seuls, dans cette perspective, des groupes minoritaires et marginalisés échappent à l’identification à une culture politique présumée commune ; seuls, ils sont vus comme développant des « contre-cultures » étrangères aux croyances et aux attitudes dominantes [...]. Parler de culture politique, c’est ainsi se condamner à ignorer ou à minimiser les affrontements entre groupes sur le modèle désirable d’organisation sociale et politique ; c’est également méconnaître que les membres d’une société n’ont pas au même degré un rapport conscient à la politique, et que seule une minorité est en mesure, le plus souvent, d’utiliser correctement les catégories qui servent précisément à « définir » cette culture.

Jacques Lagroye, Bastien François, Frédéric Sawicki, Sociologie politique, Presses de Science Po – Dalloz, 2002

1. Donnez un exemple de « contre-culture » politique.

Révolutionnaires. Il y aurait donc la majorité des citoyens d’un côté qui partagent une même culture politique et les révolutionnaires qui seraient marginaux et développeraient une contre-culture.

2. Pourquoi est-ce que la notion de culture politique est-elle critiquable ? Quels sont les risques à utiliser cette notion ?

Mais la notion de culture politique est critiquable en elle-même. Elle suppose en effet qu’il existerait un accord sur des normes et des valeurs politiques dans la majorité de la population.Or même les groupes qui sont en accord majoritaire sur une dimension (par exemple les partisans d’une république) peuvent avoir de nombreux désaccords sur d’autres normes et valeurs politiques.

Le risque en utilisant la notion de culture politique c’est d’unifier les groupes et de minimiser les conflits et les désaccords qui peuvent exister dans la société.Par exemple, à l’intérieur d’un même parti, certains peuvent ne pas être d’accord sur la façon d’élire les représentants (doit faire une primaire ou non), sur l’importance de l’égalité homme/femme, sur les consignes de vote lorsque le FN est au second tour face un candidat de l’autre parti de gouvernement.

Il peut donc paraître difficile de définir cette culture politique commune à l’ensemble d’un peuple. En réalité, plus qu’une culture politique nationale, c’est plutôt des cultures politiques spécifiques, propres a chaque groupe social qui existent.

Nous allons en étudier un exemple.

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Document polycopié n°5 Les transformations de la culture politique des ouvriers Entretien réalisé auprès de Guy Michelat et Michel Simon, politistes.

Avant 1978/1980, la classe ouvrière présente tout un ensemble de caractéristiques induisant des comportements politiques de type « classiste »,

À cette époque, une culture politico-Idéologique ouvrière « classiste de gauche » s'affirme avec netteté. Elle s'organise autour d'un sentiment d'appartenance de classe [...]. L'antilibéralisme, voire l'anticapitalisme, qui la caractérise n'est pas propre à ces ouvriers, mais, chez eux, il s'enracine dans un ensemble de revendications et d'aspirations [...] en liaison avec la difficulté de leur vie. Il va de pair avec une implication politique forte et une grande confiance dans les syndicats.

Pour eux, se sentir ouvrier, se situer à gauche, ne pas s'abstenir et voter pour la gauche politique, notamment communiste, apparaît « normal ».

Que recouvrent ces ruptures qui se situent autour des années 1980 et qui sont au cœur de votre ouvrage? Le sentiment d'appartenir à la classe ouvrière recule [...]. À l'origine, un ensemble de transformations

économico- sociales importantes qui vont entraîner un véritable séisme social. Les grandes entreprises de sidérurgie, les mines, les chantiers navals [...] connaissent une crise sans précédent. Le chômage de masse fait irruption dans ces secteurs industriels [...]. Cette première vague d'effondrement du tissu industriel est suivie de crises sociales à répétitions, de délocalisations et de restructurations des entreprises. [...] La condition ouvrière est dévalorisée, l'ouvrier perd l'estime de soi et connaît un sentiment d'échec.

Propos recueillis par Élisabeth Kosellek, La Lettre du CEVIPOF, n° 8, mai-juin 2004.

Document polycopié n°6(en ) Législatives Présidentielle

s Présidentielle

s Présidentielle

s Présidentielle

s Présidentielle

s 1978 1988 1995 2002 2007 2012 Gauche 70 73 49 43 37 40Droite 30 20 31 31 23,7 22Modem - - - - 16,4 9Extrême droite 1 17 21 26 23,4 29

Nonna Mayer, « Que reste-t-il du vote de classe ? Le cas français ». Lien social et politiques, n°49, 2003. Enquête IPSOS pour les présidentielles 2007.

1) Pour qui votaient traditionnellement les ouvriers ?

La gauche. C’est d’ailleurs toujours le vote majoritaire, même s’il s’est effrité.

2) Quelles sont les valeurs et revendications qui transparaissent à travers ce vote ?

Opposition au libéralisme économique. Désir de justice sociale et de réduction des inégalités, de protection de la part de l’Etat, hostilité aux « bourgeois », aux « gros », aux possédants ; valorisation des comportements collectifs et de la solidarité de class

Donc croyances spécifiques et attitudes propres au groupe considéré.

3) Que se passe-t-il à partir des années 1980 ? Quelles sont les conséquences sur le vote ouvrier ?

Montée du chômage que la gauche au pouvoir n’arrivera pas à endiguer sous les deux septennats de François Mitterrand, pas plus que la droite. Eparpillement du vote ouvrier : à droite, au centre, à l’extrême-droite. Et surtout montée de l’abstention dont va pâtir le vote de gauche. Attention aux discours journalistiques sur le FN premier parti ouvrier de France, le premier parti ouvrier, c’est l’abstention (cf Annie Collovald).Conscience de classe qui a été fragilisée. Culture politique « classiste » qui favorisait le vote à gauche s’est fragilisée.

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A retenir de ce 1.1. sur la culture politique :→ Les trois dimensions de la culture politique :

affective (j’aime/j’aime pas) ; cognitive (je sais comment fonctionnent les institutions, les programmes des partis,

etc.) ; évaluative (j’ai une capacité de jugement sur les politiques menées, les programmes).

→ Culture politique peut être nationale. Mais analyse qui peut être critiquée :o Dimension cognitive et évaluative fortement liée au capital culturel, donc pas partagé par

tous.o Pas de culture politique uniforme. Il y a des groupes sociaux qui ont chacun des cultures

politiques particulières (exemple de la culture politique ouvrière).o Pas de culture politique uniforme. Clivages entre partis et même au sein d’un même parti

(exemple des frondeurs du PS).

1.2. La culture politique est le produit d’une socialisation politique

1) La soumission peut être recherchée par la force. Mais la socialisation permet, sans recours à la violence, de préparer l’individu à accepter les fondements apparents de l’ordre social et politique, et de participer activement à son fonctionnement.

2. Si tout le monde semble s’accorder sur les valeurs fondatrices de la démocratie, nombreux sont les conflits sur la signification à leur donner. Ex. : les notions de liberté et d’égalité sont très polysémiques, de même que la notion de laïcité (doit-elle s’appliquer seulement aux agents du service public ou aussi aux usagers ?)

3. Selon Bourdieu, par la socialisation, les dominés intériorisent leur infériorité et acceptent l’ordre social et politique, perçu comme « naturel », évident. La violence symbolique est une violence « euphémisée», dissimulant les fondements véritables de la domination. Elle permet à l’ordre établi de perdurer sans recourir à la force en le faisant accepter par ceux qui le subissent.

4. Marx : l’idéologie dominante (celle de la classe dominante) permet l’acceptation de l’ordre établi (aliénation). L’État, la démocratie représentative, le droit… servent les intérêts des possédants. Bourdieu : la domination est plus culturelle et orchestrée de manière moins consciente. La socialisation politique favorise la reproduction « en douceur » des formes de domination. Mais selon A. Percheron, elle peut aussi donner des outils pour résister à l’ordre établi, voire le modifier.

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Cette socialisation se déroule pendant l’enfance (c’est la socialisation primaire), en famille et à l’école mais elle se prolonge aussi à l’âge adulte (la socialisation secondaire) dans le milieu professionnel ou associatif.Document polycopié n°7 Le déroulement de la socialisation politique

C’est pendant l’enfance que sont acquises les catégories fondamentales d’évaluation et de jugement, que se constituent les attitudes – dispositions durables qui se manifestent dans des actes et des comportements -, et que se forment les croyances. […] L’enfant « construit » sa personnalité en s’identifiant progressivement, difficilement, aux groupes dans lesquels il vit, en s’efforçant d’en percevoir les normes et les croyances pour les assimiler et les reproduire. […]

Dans certains pays, les enfants expriment généralement leur confiance dans les institutions et les rôles politiques, les gouvernants et les partis (même s’ils ne les identifient que très confusément) ; c’est le cas de la Grande-Bretagne, de la Norvège ou des États-Unis […]. Dans d’autres pays, comme la France, les enfants – surtout les adolescents – expriment plutôt leur méfiance, voit leur hostilité, à l’égard des gouvernants et des partis politiques. Tout se passe donc comme si les enfants reprenaient à leur compte les sentiments dominants des adultes, présumés caractéristiques de « cultures » nationales.

[…] La perception de la politique implique également une connaissance des rôles, des institutions, et des organisations identifiées à ce domaine d’activités spécialité. Cette connaissance croît logiquement avec l’âge, ce qui ne veut pas dire qu’elle résulte directement ni principalement des enseignements dispensés à l’école, mais plutôt qu’elle se nourrit des informations fournies par des agences de socialisation plus diversifiées ; elle n’en reste pas moins essentiellement tributaire de l’éducation familiale. Il existe une opposition marquée, de ce point de vue, entre les enfants qui entendent rarement « parler de politique » […] et, d’autre part, les enfants qui, très tôt, découvrent l’existence de maires, de députés et de partis politiques dans les propos de leurs parents. Le niveau des connaissances sur la politique varie donc en fonction du niveau culturel et des conceptions politiques des parents. [….]

Cette règle générale ne saurait faire oublier quantité de phénomènes qui atténuent l’importance accordée à la socialisation politique familiale. C’est d’abord le rôle important que peuvent jouer des groupes de jeunes (groupes de « pairs ») qui, d’une manière générale, renforcent les préférences et les attitudes acquises en famille, mais peuvent aussi les perturber. Plus un enfant est exposé à des messages contradictoires, et moins la transmission familiale a de chances de s’effectuer aisément […]

Le rôle de l’école peut, dans cette perspective, faire l’objet d’évaluation assez différente. […] L’école paraît avoir un rôle assez important dans l’acquisition des connaissances sur la politique et la transmission d’attitudes fondamentales (intérêt pour cet ordre d’activités, acceptation des compétences requises pour y participer, confiance ou méfiance à l’égard des rôles d’autorité), assimilables à une « socialisation primaire ». Son rôle dans l’acquisition des préférences politiques et dans la formulation d’univers particuliers de signification paraît moins établi.

Jacques Lagroye, Bastien François, Frédéric Sawicki, Sociologie politique, Presses de Science Po – Dalloz, 2002

1. Quel est le rôle de la famille dans la socialisation politique et que transmet-elle ?

La famille va jouer un rôle fondamental dans la socialisation politique en transmettant :→ des valeurs, des croyances, des préférences politiques (dimension affective de la culture politique) → des connaissances (dimension cognitive de la culture politique), → une capacité de jugement (dimension évaluative).

Elle transmet donc les éléments d’une culture politique dans toutes ses dimensions.

2) La socialisation familiale est-elle la même dans les différents groupes sociaux notamment en ce qui concerne la dimension cognitive de la culture politique ?

Cette transmission des connaissances politiques va varier selon le capital culturel et le niveau d’intérêt pour la politique.De la même façon la transmission des valeurs et des préférences politiques est d’autant plus forte lorsque les choix des parents sont homogènes et visibles.

3. Quels sont les autres agents qui vont intervenir dans la socialisation politique ?

La socialisation familiale joue donc un rôle décisif dans la transmission de la culture politique, mais d’autres agents vont intervenir.

• C’est le cas des groupes de « pairs » qui peuvent renforcer mais aussi perturber les préférences et attitudes politiques acquises en famille.

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• Mais aussi de l’école qui va jouer un rôle important dans l’acquisition des connaissances sur le système politique (mais assez peu sur les préférences politiques des individus).

1) Loin d’être un simple divertissement, les « Guignols » influenceraient les représentations politiques des jeunes : source d’information, effets de cadrage et d’amorçage.Les « Guignols », comme les médias en général, sont une instance de socialisation qui vont influencer les représentations politiques et les apprentissages.

2) Ce passage met en avant la crise de la représentation politique. Elle se traduit par une défiance croissante envers la classe politique et les institutions (coupure gouvernants/gouvernés) et peut constituer le ferment d’attitudes populistes allant jusqu’à remettre en cause les principes de la démocratie.

3) Cette émission va avoir un rôle contrasté sur la socialisation politique. → Elle peut donner une vision désabusée de la politique, risquant de renforcer le « cynisme politique »

des jeunes, renforçant la crise de confiance envers les représentants, → mais aussi aiguiser le sens critique des individus.

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1) L’école socialise à la politique :

apprentissage d’autres relations de pouvoir, expérimentation de la contrainte sociale ; transmission de savoirs spécialisés sur la vie politique, les institutions, les conflits ; elle est une « institution de prises de rôles » (élection des délégués, représentation des élèves, débats en classe, etc.) ; initiation à la participation : rôle des pairs dans la cristallisation des opinions et des comportements (la première manifestation) ; influence du professeur qui peut infléchir les opinions et attitudes politiques.

Le type d’établissement va aussi compter : école laïque/confessionnelle ; école de centre-ville/établissement rural/ZEP, etc.

L’influence des médias est diffuse, mal connue. La télévision permet l’irruption du politique dans l’espace privé. Elle joue un rôle ambivalent : elle peut rendre les jeunes plus compétents car mieux informés, mais peut aussi contribuer à dévaluer la politique. Les conditions de réceptivité des messages diffèrent selon le niveau culturel des familles.

2)La socialisation secondaire (à l’âge adulte) peut amener à redéfinir les attitudes politiques. L’individu peut jouer un rôle actif dans ses apprentissages. La socialisation politique se prolongeant à l’âge adulte (socialisation secondaire), l’identité politique n’est jamais achevée et les attitudes politiques peuvent être redéfinies. Que cela soit dans le milieu associatif ou professionnel, l’individu peut rencontrer des milieux socialisateurs en opposition avec sa socialisation primaire.L’individu ne va donc pas uniquement subir passivement sa socialisation politique, il va la compléter plus activement à l’âge adulte en fonction de ses activités.

3)Pour une classe d’âge, tel événement « matriciel » peut avoir valeur d’emblème/de repoussoir et affecter durablement son rapport au politique. Chez les 25-35 ans, le 21 avril 2002 marque une inflexion majeure :

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l’éveil brutal d’une conscience politique débouchant sur une mobilisation citoyenne a permis une participation massive au second tour.

Le contexte politique, et la génération à laquelle on appartient, vont également être des facteurs qui influencent la socialisation politique.Les générations nés dans l’après guerre vont par exemple être marqués par une socialisation politique fortement influencée par mai 68 (ils avaient alors entre 15-25 ans).

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2. Le clivage gauche/droite dans la culture politique française

Nous allons nous concentrer ici sur un élément caractéristique de la culture politique française : le clivage entre Gauche et Droite qui structure encore fortement la vie politique en France.

2.1. Les lignes de fracture entre la Gauche et la Droite

Document polycopié n°8 L’origine du clivage Gauche/droite C’est donc de 1789 que date en France l’opposition droite-gauche, lorsque les partisans de la monarchie aux

États généraux, puis l’Assemblée constituante, prirent l’habitude de se grouper régulièrement à droite du président et que l’opposition pris l’habitude de se grouper à gauche. […] La distinction droite-gauche est donc à l’origine contingente et récente. C’est un produit de la révolution française qui devait être appelé à une fortune durable, non seulement en France, mais hors de France. […] Les notions de gauche et de droite (et de centre par la même occasion) ne se référant plus seulement à des positions parlementaires mais à des courants politiques.

Périodiquement, depuis un siècle et demi, il se trouve en France des gens pour déclarer que l’opposition droite-gauche est désormais dépassée et vide de sens, et périodiquement, depuis un siècle et demi, il se trouve des gens pour reprendre comme Alain vers 1930, la phrase fameuse et toujours citée : « Lorsque quelqu’un me dit que l’opposition droite-gauche est dépassée, je sais qu’il ne s’agit pas d’un homme de gauche. »

Jean Touchard, La gauche en France depuis 1900, Paris, Seuil, 1977

1. Quelle est l’origine de la distinction gauche-droite ?

La distinction droite/gauche date de la révolution française et renvoie au positionnement dans l’assemblée des partisans de la monarchie (la droite) et de leurs opposants (la gauche).

2. Que signifie la phrase soulignée ?

Cette opposition est parfois niée, plus souvent d’ailleurs par les personnes de droite (c’est le sens de la phrase soulignée). On peut penser que les partisans de l’ordre établi ont intérêt à nier l’existence des clivages.

Ce clivage existe-t-il encore ?

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Différences Gauche Droite

Culturelles et idéologiques (valeurs)

Insistance sur l’égalité et la solidarité, mais aussi libéralisme culturel

Valorisation de la liberté, insistance sur la réussite individuelle, le mérite mais aussi

l’autorité

Economiques (rôle de l’Etat et du marché)

Intervention de l’Etat nécessaire pour corriger les inégalités

Libéralisme économique, le marché comme mode de répartition des

richesses

Historiques (rapport au changement)

Associée à l’idéal révolutionnaire, volonté de changement social,

progressisme.Insistance sur l’ordre et les traditions

Sociologiques (milieux sociaux associés) Salariés, classes populaires et moyennes

Indépendants (artisans, commerçants), professions libérales, propriétaires et

cadres du privé

2) Le clivage gauche/droite peut être défini à partir du degré d’adhésion aux 2 dimensions du libéralisme : économique et culturel.

→ Le libéralisme économique renvoie à la doctrine qui considère que les activités économiques doivent être orientées par la concurrence et régulées par le marché (l’Etat jouant un rôle minimal).

→ Alors que le libéralisme culturel renvoie à la doctrine qui met en avant l’autonomie de l’individu et le droit de chacun de choisir librement son mode de vie.

3) Sécurité – abolition de la peine de mort – égalité hommes/femmes. Economie de marché.Mais clivages sociétaux peuvent resurgir : exemple de la manif pour tous.

Le document suivant va nous permettre de vérifier que le positionnement des individus par rapport aux deux formes de libéralisme (culturel et économique) est un bon « prédicteur » de leurs comportements politiques, en l’occurrence de leurs comportements électoraux.

Document polycopié n°9 Le vote selon les deux sortes de libéralisme en 2007Voir les définitions données en début de poly de « libéralisme culturel » et de « libéralisme économique »

Note : Les indicateurs d’adhésion au libéralisme économique ou culturel sont construits à partir d’un ensemble de propositions représentatives de ces deux systèmes de valeurs avec lesquelles les interviewés sont invités à exprimer leur adhésion ou leur opposition : peine de mort, condamnation de l’homosexualité, conceptions du rôle de la femme… pour le libéralisme culturel ; favorable ou opposé aux privatisations, aux nationalisations, à l’impôt sur les grandes fortunes, à l’intervention économique de l’État… pour le libéralisme économique. Les réponses à ces questions permettent de positionner les interviewés sur leur plus (+) ou moins (-) fort libéralisme culturel et économique et de comparer ce positionnement à leur vote.

Etienne Schweisguth, « Les valeurs & le vote », Panel Electoral Français 2007, Cevipof,

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1. Faites une phrase utilisant les données entourées pour exprimer leur signification.

En 2007, 51% des individus qui adhérent au libéralisme économique mais désapprouvent le libéralisme culturel ont voté pour Nicolas Sarkozy, alors que 47% de ceux qui adhèrent au libéralisme culturel mais désapprouvent le libéralisme économique ont voté pour Ségolène Royal.

2. Comparez la deuxième et la quatrième ligne du tableau. Qu’en déduisez-vous concernant l’influence de l’adhésion au libéralisme économique sur le fait de voter plutôt à gauche ou à droite. Justifiez par des données chiffrées.

Tendance au vote à droite quand forte adhésion au libéralisme économique.

3. Comparez la première et la deuxième ligne du tableau. Qu’en déduisez-vous concernant l’influence de l’adhésion au libéralisme culturel sur le fait de voter plutôt à gauche ou à droite. Justifiez par des données chiffrées.

Tendance au vote à gauche quand forte adhésion au libéralisme culturel.

4. Pour quel(s) vote(s) la dimension culturelle joue-t-elle un rôle très marqué ?

La dimension culturelle joue un rôle très marquée pour le vote Le Pen puisque seulement entre 3% et 4% des électeurs qui adhèrent au libéralisme culturel (opposition à la peine de mort, reconnaissance de l’homosexualité, …) ont voté pour J-M. Le Pen.

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Document polycopié n°10 Le vote aux élections présidentielles de 2012 selon les valeursLes électorats de François Hollande et Nicolas Sarkozy s’opposent désormais à la fois sur les valeurs

socioéconomiques (le « vieux » clivage gauche/ droite) mais également sur les questions culturelles. Les débats d’hier ne sont donc pas dépassés, mais ils ne sont plus les seuls à faire clivage. Ainsi bien que les bienfaits de la concurrence et les conséquences négatives de la mondialisation soient peu ou prou partagées, ces électorats s’opposent fortement sur la question de l’Etat et de son rôle ainsi que sur la redistribution des richesses. 39% des électeurs de Nicolas Sarkozy considèrent qu’il y a trop de fonctionnaires alors que 81% des électeurs de François Hollande pensent le contraire. 74% des seconds pensent que l’Etat devrait les contrôler plus étroitement contre 33% des premiers. 87% des électeurs du PS veulent « prendre aux riches pour donner aux pauvres », (en cela ils sont en accord avec la proposition de leur candidat sur la taxation des plus hauts revenus) contre 37% des électeurs du président sortant. Sur les valeurs culturelles, les électeurs de François Hollande et de Nicolas Sarkozy ne s’accordent que sur l’opposition au rétablissement de la peine de mort. Sinon ils prennent des positions diamétralement opposées sur l’adoption par les couples homosexuels (65% de soutien à gauche, 38% à droite), sur la suppression des allocation familiales aux familles de mineurs délinquants (74% d’opposition à gauche contre 41% à droite), sur le fait qu’il y ait trop d’immigrés (71% de « pas trop » à gauche contre 38% à droite), ainsi que le droit de vote pour les étrangers non-européens (84% de soutiens à gauche, 40% à droite).

(…) Clairement les électeurs de Marine Le Pen sont là où on pouvait les attendre sur les questions culturelles, à une exception notable près. 54% d’entre eux sont favorables à l’adoption par les couples homosexuels, soit 16 points de plus que les électeurs de Nicolas Sarkozy et 5 points de plus que les électeurs de François Bayrou. Pour les autres questions de valeurs culturelles les résultats sont clairs : les électeurs de Le Pen sont les seuls à soutenir le rétablissement de la peine de mort (72%), mais ils sont également les plus opposés au droit de vote des étrangers (65%) et les plus favorables à la suppression des allocations familiales (77%). Quant au nombre des immigrés, seulement 21%% d’entre eux trouvent qu’il y en a pas trop.

Cet électorat est culturellement conservateur, mais c’est moins le cas en matières socioéconomiques. À tel point qu’il s’avère souvent aussi (sinon plus) proche de la gauche que de la droite sur ces enjeux. Ici se fait vraisemblablement sentir la forte composante populaire de l‘électorat frontiste de 2012. Ainsi 70% d’entre eux considèrent qu’il n’y a pas trop de fonctionnaires (10 points de moins que l’électorat Hollande mais 17 points de plus que l’électorat Bayrou et 31 points de plus que l’électorat Sarkozy). 59% sont en faveur de plus de contrôle des entreprises par l’Etat (16 points de moins que l’électorat Hollande mais 16 points de plus que l’électorat Sarkozy). Enfin une majorité d’entre eux, 55%, sont favorables à prendre aux riches pour donner aux pauvres.

Vincent Tiberj, « Des votes et des valeurs : les enseignements du 1er tour », note TriElec, 25 avril 2012

1. Comment situez-vous l’électorat de François Hollande en 2012 en termes de libéralisme culturel et de libéralisme politique ? Justifiez votre réponse à l’aide de données du document.

L’électorat de François Hollande, et de gauche, se caractérise par un fort libéralisme culturel (65% soutiennent l’adoption par les couples homosexuels, 71% pensent qu’il n’y a pas trop d’immigrés en France) et par une opposition au libéralisme économique (74% pensent que l’Etat doit contrôler plus l’économie, …).

2. Y a-t-il toujours un clivage gauche/droite en termes de valeurs et d’opinions ?

Il existe donc toujours un clivage gauche-droite car l’électorat de Nicolas Sarkozy adopte majoritairement des positions opposées à celles des électeurs de François Hollande.Il soutien des positions plus libérales économiquement (39% pensent qu’il y a trop de fonctionnaires) et moins libérales culturellement (38% de soutien à l’adoption par les couples homosexuels, opposition au droit de vote des étrangers, …).

Vieille politique → clivage gauche/droite se jouait principalement sur l’axe du libéralisme économique.Nouvelle politique théorisée par certains auteurs → les oppositions en termes de libéralisme culturel deviennent prépondérants. Idée de post-matérialisme : les clivages économiques auraient perdu de leur pouvoir structurant avec la moyennisation.Pour Vincent Tiberj, on serait plutôt aujourd’hui sur une « politique des deux axes » : les clivages s’organiseraient autour des deux axes de libéralisme économique et libéralisme culturel.

3. Quelle est la spécificité de l’électorat d’extrême droite en 2012 ?

L’électorat d’extrême droite est spécifique en ce qu’il rejoint la droite sur les positions culturelles (forte opposition aux immigrés, rétablissement de la peine de mort, …) mais est plus proche de la gauche sur les positions économiques (intervention de l’Etat, favorables à la redistribution des richesses, …).

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2.2. Le rôle de la socialisation politique dans l’identification partisane

Document polycopié n°11 Le rôle de la socialisation primaire dans l’identification partisaneLa famille est un terrain de l’aventure démocratique. Instance de d’éducation, lieu d’échanges et de

discussions, réceptacle de la médiatisation politique, elle forge de façon très précoce les principaux repères politiques et les grandes orientations idéologiques. L’enfant sait reconnaître très tôt, non seulement sa famille, mais aussi une famille politique. Il en a très vite une connaissance sensible et affective, qui le rend capable de classer les bons et les méchants et ceux que l’on aime et ceux que l’on n’aime pas dans son environnement affectif immédiat. Il s’approprie des notions telles que « gauche » et « droite », et avec elles il intériorise la bipartition caractéristique de l’espace politique français. (…) Les travaux sur la socialisation politique ont montré l’importance de cette sensibilisation initiale sur la construction de l’identité politique. La famille fournit de facto une cartographie originelle des premières balises pour entrer progressivement dans le monde de la politique. Elle véhicule des systèmes de valeurs et, de manière plus ou moins intentionnelle et cohérente, façonne des cultures politiques.

Plus ces cultures sont explicites, visibles et exemplifiées, plus les chances de leur transmission sont effectives. Ainsi lorsque les parents sont politisés, informés, lorsque leurs discussions et leurs commentaires au sujet de la politique interviennent fréquemment dans la vie familiale, lorsqu’ils témoignent de fortes convictions et que leurs choix sont clairement affichés et revendiqués, l’héritage politique se trouve d’autant facilité et renforcé. (…) Mais lorsque les parents apparaissent peu politisés, peu diserts à ce sujet, et peu affirmés dans leurs propres choix partisans ou électoraux, les voies de la transmission sont moins assurées et plus sinueuses.

Reconnaître les effets de cette initialisation précoce ne suppose aucune automaticité de l’héritage politique. (…) L’héritier présumé peut aussi ne s’y rallier que partiellement, mettre en « éclipse » certains éléments, parce que la société a évolué, rendant caducs certaines valeurs ou certains comportements auxquels il est pourtant attaché.

L’école, au travers des échanges qui s’y jouent et des argumentaires politiques qui s’y développent, vient renforcer ou au contraire contredire la socialisation familiale. Mais elle n’a pas un impact sur la socialisation politique à elle seule. Ce qui est impulsé dans l’expérience familiale reste prépondérant, même si, dans la confrontation avec les autres, et notamment avec les pairs, les héritages parentaux sont mis à l’épreuve. (…) La politisation se construit dans un processus à la fois cumulatif et sans cesse renégocié. Dans la construction de l’identité politique durant la jeunesse, j’ai pu montrer que si la famille conditionne assez étroitement les attitudes et les orientations idéologiques (gauche/droite, valeurs), les pairs ont en revanche une influence plus directe sur les comportements et sur la participation politique (participation électorale et protestation).

Anne Muxel, Avoir 20 ans en politique, 2010.

1) De quel type de culture politique est-il fait état dans ce texte ?

Culture de gauche / culture de droite.

2) Pourquoi la socialisation politique réalisée dans la famille est particulièrement efficace ?

C’est la première instance de socialisation. Les interactions sont répétées, quotidiennes. Elles se déroulent dans un cadre affectif.

Fonds de carte. Toutes les autres expériences socialisatrices seront interprétées à l’aune de cette socialisation initiale et des valeurs transmises structurées notamment autour du clivage gauche/droite.

3) Qu’est-ce qui dans le contexte familial peut accroître l’efficacité de la transmission ?

Politisation des parents. Le fait qu’ils aient de fortes convictions et qu’elles soient clairement affichées (notamment discussions politiques entre parents et entre parents et enfants).Le fait que les deux parents aient le même positionnement renforce également cette efficacité.

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4) Relevez et explicitez deux arguments du texte pour montrer que l’influence de la famille sur l’identification partisane n’est pas automatique ?

La société évoluant, le contexte global de socialisation évolue avec (il n’est pas socialisé à la même époque ce celle de ses parents). Donc l’individu va sélectionner parmi les normes et les valeurs familiales celles qui sont cohérentes avec ce contexte qui a évolué et en abandonner d’autres. Par exemple, un individu socialisé dans une famille de droite qui défend une répression sévère vis-à-vis des usagers de drogue (faible libéralisme culturel) peut s’affranchir de ce positionnement car l’usage de drogue devient quelque chose de beaucoup plus accepté dans les jeunes générations. Une famille qui affirmerait des convictions très fortes sur ce point pourrait conduire le jeune à une modification de son identification partisane.

Les enfants et adolescents sont plongés dans une pluralité de contextes de socialisation dans lesquelles les normes et les valeurs peuvent être contradictoires. L’individu va donc réinterpréter les normes et les valeurs familiales en fonction de ces diverses influences, notamment celles du groupe de pairs.

Rôle important des pairs également sur la participation politique. Discussions politiques avec les pairs peuvent conduire à voter ou pas, à aller manifester ou pas…

1) L’identification partisane correspond à l’attachement affectif et durable, à l’identification à un parti (républicain/démocrate aux USA) ou à une orientation politique (gauche/droite en France).

2) Cette identification partisane se construit par la socialisation politique, avec un rôle déterminant de la famille. Celle-ci va transmettre à l’individu une culture politique, des valeurs associées à la gauche, à la droite ou au contraire aucune identification partisane.L’École de Michigan va montrer aux USA que plus l’identification partisane est forte, plus le vote pour un parti va être important (même chez ceux qui sont le moins politisé).

3) Pour autant ce modèle va être contesté par la montée d’un vote sur enjeu, c’est-à-dire l’augmentation des électeurs mobiles qui votent en fonction des enjeux du moment et de l’élection.

4) Cette augmentation du vote sur enjeu et de la mobilité électorale est liée au développement de nouvelles valeurs et de clivages qui bousculent les positionnements traditionnels.

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1) 2)

La filiation politique et l’identification partisane restent encore largement présentes.→ Ainsi 30% des jeunes de 18 à 30 ans se disent de gauche alors que leur parents l’étaient (par exemple:

Vote pour le Front de gauche avec des parents qui votent PS)→ De même 14% des jeunes de 18 à 30 ans se disent de droite alors que leurs parents l’étaient (par

exemple : vote UMP avec un père Gaulliste et une mère centriste).→ Seulement 5% des jeunes de 18 à 30 ans interrogés ont changé d’orientation politique alors que leurs

parents étaient de droite ou de gauche (par exemple vote UMP alors que parents votent PS).

3)

Ainsi 72% des français peuvent être considérés comme des « héritiers » politiques puisqu’il faut ajouter à ces 44%, les 28% des jeunes de 18-30 ans qui se disent apolitiques, comme leurs parents (se dire ni de droite, ni de gauche).L’identification partisane est donc l’un des comportements sociaux qui se transmet le plus fortement lors de la socialisation.

4)La « filiation apolitique » manifeste une forme de socialisation politique négative révélant un défaut de contenu (non un défaut de transmission). Elle est nettement plus fréquente dans les milieux populaires et parmi les individus peu diplômés, donc plus fréquemment associée à une origine sociale modeste.

5)Pour autant cela ne signifie pas que les individus votent exactement comme leurs parents. L’identification à la gauche ou a la droite peut ainsi recouper des votes pour des partis différents (NPA/FG/ PS a gauche, Modem/UMP/Front national à droite)

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Document polycopié n°12 Trajectoire sociale et transformation des attitudes politiques[Prenons] l’exemple de R., femme âgée de 50 ans, divorcée, mère d’une fille de 21 ans qui poursuit des

études de sciences économiques à l’université, avec laquelle elle vit dans un grand et bel appartement dont elle est propriétaire. Son père était « haut fonctionnaire » et directeur d’un office public départemental HLM, et sa mère responsable du service comptable d’une caisse d’assurance vieillesse Ses parents étaient catholiques pratiquants, politiquement orientés à droite, « gaullistes avec une coloration sociale très importante ». Elle fait état de ses conversations fréquentes sur des sujets politiques avec ses parents et elle donne des détails précis sur les opinions de son père. Elle a fait ses études dans des établissements privés religieux. Après le bac, elle obtient un Diplôme universitaire de technologie et de documentation, ce qui lui permettra de trouver un emploi dans une grande société privée. Elle se marie avec un ancien élève d’une école de commerce de province, « vraiment un homme de droite », avec des opinions « très catégoriques, très explicites », qui va créer sa propre société de courtage avant de devenir cadre salarié et « gagner beaucoup argent ».Pour suivre son mari elle trouve un poste dans une université parisienne comme documentaliste. Elle suit des cours du soir et devient ingénieur en documentation. Elle ne parle pas trop politique avec ses collègues de travail proches de l’extrême gauche dont les opinions sont à ses yeux « un peu forcées, exagérées », mais elle lit Le Monde tous les jours, écoute régulièrement la radio et regarde le journal télévisé le soir. [...]Elle vote pourtant régulièrement, longtemps pour la droite et plus récemment, pour les candidats socialistes. Elle fait état des « valeurs socialistes » qu’elle commence à partager, mais critique la timidité de l’action des socialistes, bien qu’elle porte un jugement favorable sur le Premier ministre issu de leurs rangs (Lionel Jospin), tout en faisant état d’une sympathie marquée à l’égard du président de la République (Jacques Chirac). [...] Nous avons vu comment divers éléments de sa biographie pouvaient expliquer à la fois son intérêt pour les questions politiques et son orientation à droite pendant une longue période de sa vie. Toutefois en suivant son mari nommé à Paris, elle trouve un emploi de documentaliste dans une université parisienne particulièrement marquée à gauche. Une contradiction s’introduit ainsi entre, d’une part, sa socialisation primaire, puis ses liens avec le secteur privé à travers son premier emploi et son mari qui la tirent vers la droite, et d’autre part, son nouvel emploi qui la rattache désormais au secteur public, au monde intellectuel et à un milieu social proche de l’extrême gauche. Elle ressent cette contradiction dans sa vie de tous les jours. Elle explique qu’elle à été longtemps dans « une phase de continuité avec son éducation, mais [qu’elle à] ouvert les yeux sur d’autres valeurs, [qu’elle a] commencé à parler avec les gens de [son] milieu professionnel ». Elle se trouve alors en porte-à-faux par rapport à ses collègues nettement orientés gauche. Elle commence à trouver la droite « ringarde » et à avoir « des valeurs plus socialistes ». Elle déclare que, quand elle votait encore à droite dans la deuxième moitié des années 1980, « j’allais un peu contre moi-même quelque part, contre le milieu dans lequel j’évoluais, ce n’était pas très logique ». Ce changement d’orientation coïncide aussi avec la dégradation de sa vie de couple, puisque R. et son mari se séparent en 1992 et divorcent en 1996. Lors des élections présidentielles de 1988, elle vote en faveur de François Mitterrand et c’est un peu contre son mari, avec qui elle n’était « déjà plus d’accord sur plein de choses », qu’elle rompt ainsi avec plusieurs décennies de fidélité la droite.

Daniel Gaxie, « Appréhensions du politique et mobilisation des expériences sociales », Revue française de science politique, vol. 52, n°2-3, 2002

1. Comment expliquer l’intérêt de R. pour la politique et son vote pour la droite ?

Père Gaulliste (conversions fréquentes), mari de droite (convictions politiques très fortes).

2. Quels événements viennent modifier les attitudes politiques de R. ?

Passage du secteur privé au secteur public. Socialisation auprès de ses collègues de travail marqués à gauche.Rupture avec son mari qui peut s’interpréter comme une cause et une conséquence de son évolution politique.

A retenir = importance de la socialisation secondaire.

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Fiche de révision du chapitre 4 Quelle est l’influence de la culture politique sur les attitudes politiques ?Partie

du cours

Définitions à connaître

Je sais distinguer Je sais Je sais expliquer

1.1.

Attitudes politiques

Culture politique

Comportement politique

Attitudes politique et culture politique

Attitudes politiques et comportements politiques

Donner des exemples de cultures politiques nationales différentes

D’où vient la culture politique d’un pays. Expliquez quelles sont les trois dimensions de la

notion de culture politique. Le lien entre culture politique dans sa dimension

cognitive et participation politique. Le lien entre capital culturel et culture politique

dans sa dimension cognitive. Pourquoi l’idée d’une culture politique nationale

doit être nuancée, notamment en utilisant l’exemple de la culture ouvrière.

1.2.

Socialisation politique

Socialisation primaire

Socialisation secondaire

Socialisation primaire et socialisation secondaire

Les effets de la socialisation sur l’ordre social. Le lien entre socialisation politique et culture

politique. Que la famille n’est pas la seule instance de

socialisation (influence des groupes de pairs, de l’école, des médias, etc.).

2.1.

Clivage gauche/droite

Libéralisme économique

Libéralisme culturel

Libéralisme économique et libéralisme culturel

Les caractéristiques qui opposent la culture politique de gauche et la culture politique de droite.

Le lien entre positionnement en termes de libéralisme culturel et positionnement à gauche ou à droite.

Le lien entre positionnement en termes de libéralisme économique et positionnement à gauche ou à droite.

2.2.

Socialisation politique

Pourquoi la socialisation politique familiale est particulièrement efficace.

Quels sont les facteurs qui accroissent l’efficacité de la transmission familiale.

Pourquoi la transmission familiale n’est pas automatique.

Le modèle de l’identification partisane et le rôle de la famille dans cette identification.

Le rôle de la socialisation secondaire dans l’évolution de l’identification partisane par rapport à la famille.

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La culture politique donne des points de repères aux citoyens (à propos de l’offre politique, des institutions, etc.) et les aide à appréhender le contexte dans lequel ils évoluent. Elle leur permet d’opter entre différents comportements et opinions politiques : voter pour tel ou tel parti, s’abstenir, « être pour » ou « être contre » telle ou telle mesure...

Document polycopié n°8 La socialisation militanteLa socialisation militante, processus de formation d'un « capital militant » est une composante de la

socialisation politique. Les instances de socialisation politique primaire [...] sont assurément des lieux de transmission de dispositions au militantisme. S'interroger sur la socialisation à l'engagement, dès lors qu'on le considère comme une carrière, implique de s'intéresser à l'hétérogénéité des cadres de socialisation que rencontrent les individus au cours de leur vie. [...] L'engagement [des militants] est une expression de valeurs et de normes communes, fruits de leur appartenance et de leur socialisation dans de mêmes groupes sociaux. Les militants de la Ligue des droits de l'homme partagent ainsi une trajectoire d'ascension sociale et une profession à fort capital culturel dans le secteur public, en particulier dans l'enseignement. Cependant, on ne peut y voir l'aboutissement mécanique d'une socialisation dont les effets convergeraient vers un même résultat : c'est davantage leur carrière militante préalable qui permet de comprendre l'engagement de ces militants « moraux ». [...]

Pour les militants d'Attac(1), la transmission des valeurs politiques de familles de droite ou apolitiques a été mise à l'épreuve par des expériences de ruptures biographiques(2) (un événement ou une crise politique, un éloignement géographique), ou par une socialisation professionnelle (au « travail social »), qui a mis ces militants en contact direct avec d'autres univers sociaux et politiques. L'expérience du handicap ou de la maladie peuvent également constituer des ruptures biographiques susceptibles de transformer le rapport à l'engagement militant, notamment pour les activistes d'associations de lutte contre le sida. De plus, les ruptures avec une institution centrale de la socialisation primaire des individus (l'École, l'Église, le parti communiste français) ont des conséquences sur le contenu même de leur engagement et sur le type d'organisation dans lequel ils vont militer.

Source ; « Socialisation politique », BARGEL Lucie, Extrait du dictionnaire des mouvements sociaux, sous la direction de FILLIEULE Olivier, 2009.

(1) Attac : Association altermondialiste pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne.(2) Ruptures biographiques : événements qui peuvent modifier les références culturelles d'un individu et ses valeurs.

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