[ n°113 - Septembre 2009 ] Molsheim a · 2010-07-10 · 1909 : Le choix de Molsheim Né à Milan...

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INFOS La lettre d’information de Messier-Bugatti COMMUNICATION INTERNE En 1909, Ettore Bugatti s’installait à Molsheim pour y fabriquer ses célèbres automobiles. L’occasion de rappeler dans ce numéro d’Agir Infos les fondamentaux de notre culture d’entreprise à travers 100 ans d’excellence et d’innovations. Molsheim a [ n°113 - Septembre 2009 ]

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INFOSLa lettre d’information de Messier-Bugatti

COMMUNICATION INTERNE

En 1909, Ettore Bugatti s’installait à Molsheim pour y fabriquer ses célèbres automobiles. L’occasion de rappeler dans ce numéro d’Agir Infos les fondamentaux de notre culture d’entreprise à travers 100 ans d’excellence et d’innovations.

Molsheim a

[ n°113 - Septembre 2009 ]

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1909 : Le choix de Molsheim

Né à Milan le 15 septembre 1881, Ettore Bugatti construisit à

20 ans sa 1ère voiture. Titulaire du plus grand nombre de brevets

d’invention (un millier, représentant 475 inventions différentes !),

cet « intuitif de la mécanique » est surtout connu pour ses célè-

bres automobiles « Pursang » qu’elles soient de sport, de luxe ou

de tourisme. Entre 1901 et 1922, il construisit 26 modèles diffé-

rents. Toutes furent construites à Molsheim dans des ateliers dans

lesquels il s’installa en 1909. Le choix était stratégique : à la croisée

de deux voies ferrées importantes : l’une placée sur un axe Nord-

Sud, l’autre sur un axe Est-Ouest. Il inaugura le site à l’occasion de

l’achèvement de son 1er châssis Bugatti, un type 13, le 21 août 1910

(cf. encadré : « le poids, c’est l’ennemi »).

L’épopée des automobiles Bugatti

Avec la compétition automobile comme fer de lance de la promo-

tion de ses produits dès 1911, les Bugatti s’imposent avec notam-

ment le type 35 qui régna en maître sur les circuits pendant près

de 10 ans. Ettore Bugatti applique à ses voitures de luxe et de

tourisme les mêmes principes d’excellence, de qualité et de fi abi-

lité qu’à ses voitures de course avec le confort en plus. La Bugatti

Royale marque le summum de sa carrière en 1926, année durant

laquelle les bolides de Molsheim sont victorieux partout en Europe

et même au-delà : la marque est championne du Monde à l’issue

de la saison 1926 !

Ettore Bugatti, l’homme aux mille brevets ! Passionné de chevaux, Ettore Bugatti le fut tout autant de la vitesse. Celle-ci fut

au cœur de ses inventions : sur terre, dans l’air ou sur l’eau. Entre 1911 et 1922,

Ettore Bugatti dépose 175 brevets soit plus d’un par mois pendant 12 ans.

Il en déposera au total un millier, un record mondial (avec peut-être Edison).

« Maître artiste de la mécanique », cet inventeur intuitif, « esprit curieux et ima-

ginatif », déposa des brevets dans de nombreux domaines dont celui des freins

et des roues : perfectionnement apporté aux freins à mâchoires, dispositif de

freinage sur roue avant par câble, un système de commande de freins

sur 4 roues concernant un mode de compensation freinage droite-

gauche, roues à disques à refroidissement, roues à enveloppe pneu-

matique avec ou sans chambre à air... Parmi ses projets : la voiturette

électrique en 1932 dont 10 exemplaires auront été produits et qui sera

présentée au Salon de l’Automobile de 1931, un « tous terrains » aussi

dont de nombreuses inventions furent reprises dans le char Panhard ;

il conçut en 1936 un avion de record et un avion de chasse dont le 1er

vol était prévu en août 1940 et dont le projet fut abandonné un mois

avant les 1ers essais. Dans le domaine de l’eau, il conçut un projet de

bateau transatlantique en 1927 dont la vitesse devait permettre une

traversée en 50 heures.

« Le poids, c’est l’ennemi »A 20 ans, Ettore Bugatti construisit sa 1ère voiture

et monta sa propre affaire, à Molsheim dont il

inaugura les ateliers le 21 août 1910 à l’occasion

de l’achèvement du 1er châssis Bugatti, le Type

13 qui constituera l’essentiel de la production de

1910 à 1919.

Déjà ce 1er « Pursang » est guidé par un principe

fondamental : « le poids, c’est l’ennemi », un slo-

gan énoncé dès décembre 1910. L’application de

ce principe implique :

l’utilisation de matériaux de la meilleure •

qualité

une exécution irréprochable•

un assemblage visant à la perfection•

un contrôle rigoureux•

Ce sont là les principes qui régissaient déjà l’aé-

ronautique, domaine qui fascinait Ettore Bugatti.

La légèreté avait un prix, l’utilisation d’acier à très

haute résistance augmentait le prix d’achat mais

à l’usage ce poids limité permettait de réduire la

consommation de carburant et de pneus : le plus

coûteux était déjà plus économique !

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Un engagement social permanentComme dans le domaine industriel, l’usine de Molsheim est,

dès sa création, à la pointe dans le domaine social.

Ettore Bugatti a été le précurseur en créant avant l’heure des

avantages sociaux tels que le prêt au lo-

gement, l’allocation famille nombreuse,

l’aide aux nouveaux mariés jusqu’à la res-

tauration d’entreprise (dès 1919 !). Jusque

dans les années 70, Molsheim avait son

propre centre d’apprentissage intégré.

Marcel Schott reprendra cette tradition

avec dès 1997 un taux de jeunes formés par l’alternance qui dé-

passait 3% des effectifs de l’usine, un taux salué comme exem-

plaire par toute la presse française. Il sera d’ailleurs désigné

par le Préfet de la Région pour représenter l’Alsace auprès du

Président de la République, Jacques Chirac, dans une réunion

de travail sur la formation des jeunes. Cet-

te tradition se poursuit aujourd’hui dans

le domaine notamment du travail handi-

capé avec un partenariat depuis 1991 avec

l’ADAPEI : en 2008, Molsheim inaugurait

« la blanchisserie Etorre Bugatti » soit la

création sur le site d’un atelier protégé.

Extrait ouvrage

« La culture industrielle forgée par Ettore Bugatti à

Molsheim a permis à l’usine, forte de ses hommes et

de ses compétences, de s’engager à partir de 1960

dans une nouvelle aventure, celle de l’aéronautique », explique Marcel Schott

dans l’ouvrage sur les 100 ans de l’usine dont il fut le Directeur et où il réalisa

l’ensemble de sa carrière professionnelle. « En effet, Ettore Bugatti, pour « être

devant » dans les courses comme auprès de ses prestigieux clients, se devait

d’améliorer sans cesse la qualité et la fi abilité de ses produits. Ceci correspond

à un souci permanent de l’industrie aéronautique. Les productions de voitu-

res de sport et de luxe étaient réalisées en petites ou moyennes série avec les

exigences correspondantes de fl exibilité et de réactivité de la part des hom-

mes et de l’outil industriel. Ces contraintes se retrouvent à l’identique dans

la production aéronautique. « Bugatti », c’était aussi un sens aigu du délai :

il fallait être prêt pour le jour de la course souvent au prix d’un effort collectif

intense. Les nombreux prototypes qui sont lancés dans l’aéronautique exigent

cette même abnégation au service de l’intégrateur de l’avion qui s’est engagé

dans la date d’un premier vol. On pourrait multiplier les parallèles entre les

exigences de la période automobile en termes d’organisation, de compétences

et d’état d’esprit... et les pré-requis pour entrer dans la grande famille aéro-

nautique. Le terrain était donc favorable pour accueillir cette nouvelle activité

avec ses impératifs de haute qualité et de haute technicité ».

Entré dans la grande famille de l’aéronautique en

1963, Molsheim en sera le fer de lance : elle sera

parmi les tous premiers (voire le 1er) site aéronau-

tique (et le 1er en Alsace) à obtenir le label MRP2

Classe A, et à recevoir la certifi cation ISO14001 en

2001 et OHSAS18001 en 2004. Son engagement

social depuis sa création est exemplaire : avec notamment jusque dans les années 70 un centre d’ap-

prentissage intégré et plus récemment l’installation dans ses locaux d’un atelier protégé, aboutis-

sement de près de 20 ans de partenariat avec l’ADAPEI.

1933 : Molsheim se reconvertit dans la production des automotrices Bugatti

1963 : Molsheim et l’ère aéronautique

Avant la grande crise, Ettore Bugatti reconvertit les activi-

tés de Molsheim dans la conception et la production d’auto-

rails, les célèbres automotrices Bugatti dont le succès sera ful-

gurant. Avec le record de vitesse sur rail (173 km/h) dès leur

sortie en 1933, les automotrices Bugatti voient leur consécra-

tion la même année avec le voyage du Président de la Républi-

que, Albert Lebrun, entre Paris et Cherbourg

à bord de l’une d’entre elles avec un gain de

temps de plus d’une heure sur l’horaire du

train le plus rapide. 88 automotrices seront

produites entre 1933 et 1939.

Après la guerre et le décès de son créateur en

1947, le site se maintient grâce à divers travaux

de sous-traitance « tout azimut ». Parmi ceux-

ci, la fabrication de pales de rotors d’hélicoptè-

res pour l’aviation légère de l’Armée de Terre,

et, en 1961, la réalisation de pièces pour Cara-

velle. Après avoir frôlé la faillite, la société et le

site sont rachetés par Hispano Suiza à la famille

Bugatti en 1963. Dès 1964, Hispano Suiza y trans-

fère l’ensemble de ses activités de produc-

tion de trains d’atterrissage. C’est le début de

l’ère aéronautique pour Molsheim dont l’ancrage

décisif se fait avec le Concorde et la réalisation

du train d’atterrissage principal. Les programmes

aéronautiques s’enchaînent alors de 1970 à 1990

à raison de quasiment un nouveau programme

par an (cf. encadré).

Un nouveau programme aéronautique par anAvec le rachat par Hispano-Suiza du site

de Molsheim et la fabrication du train

d’atterrissage principal du Concorde,

le site connaîtra quasiment un nouveau

programme par an :

1964 : Concorde

1970 : Falcon 10

1971 : Mercure

1973 : Alphajet

1974 : Super Etendard

1974 : A300

1976 : Falcon 50

1978 : Mirage 2000

1982 : A310

1984 : ATR42 et Falcon 900

1985 : A320

1987 : Rafale

1989 : A330/A340

Puis une deuxième «ère» s’ouvre en 1997

avec le 1er programme Boeing, le 767 et en

2002, la fabrication des 1ers freins de 777,

sans oublier ceux du C17 et du KC135 et plus

récemment le développement des prototy-

pes de freins électriques destinés au 787.

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Pour accompagner cette croissance, Molsheim se trans-

forme : sur le plan industriel, des bâtiments, des métho-

des, de l’organisation... Avec la création de Messier-

Hispano-Bugatti en 1976, le transfert des activités Mes-

sier de Montrouge à Molsheim en 1988, le transfert

de l’activité trains d’atterrissage à Bidos qui deviendra

Messier-Dowty en 1995 et le recentrage sur les activités

freinage, hydraulique, réparation et rechanges, la consti-

tution du Hub Europe regroupant les activités carbone de

Villeurbanne et de Molsheim. Aujourd’hui, Messier-Dowty

est devenu le n°1 mondial du train d’atterrissage et Messier-

Bugatti le n°1 mondial du freinage carbone.

Aujourd’hui, Messier-Bugatti livre ses clients dans le monde

entier et aussi bien Airbus que Boeing depuis 1997. L’usine

fabrique les équipements de l’A380 (120 pour l’ensemble

des fonctions atterrissage/freinage) et usine des alliages en

titane qui ont la particularité d’être aussi légers que l’alumi-

nium avec la résistance de l’acier ; elle y fabrique des pom-

pes et micro-pompes uniques au monde, des équipements

hydrauliques d’atterrissage (boîtiers d’accrochage, vérins,

commandes de direction, systèmes et composant hydrauli-

ques), des équipements hydrauliques de freinage (clapets,

fi ltres, distributeurs, platines et servovalves pour gérer la

pression dans les circuits de freinage), des équipements

hydrauliques de puissance (depuis 1989, des pompes auto-

régulatrices qui alimentent en pression hydraulique l’ensem-

ble des organes d’un avion), des systèmes de fi ltration et de

régulation (comme sur l’A380), sans oublier les roues et freins

et les activités de réparation de Messier Services. �

100 ans d’excellence et d’innovations« Il s’agit d’un ouvrage collectif à l’initiative de Messier-Bugatti réalisé

avec Messier Services et en collaboration avec l’association des Enthou-

siastes Bugatti et de Volkswagen qui a fait revivre à Molsheim la marque

Bugatti avec la production de la Veyron lancée en 2001 et dont les pre-

miers exemplaires sortent depuis peu. 5 auteurs, chacun dans sa spécia-

lité, a accepté de « raconter » une période de ces 100 ans d’excellence et

d’innovations. Parmi eux : Marcel Schott qui fut le Directeur de l’usine

de Molsheim de 1987 à 2002 avant de prendre la tête de Messier Services

France dont l’usine en France est celle de Molsheim ».

Jean-Marc Metzger, responsable de communication de Molsheim et directeur de la publication.

Né le 23 avril 1896, George

Messier est considéré en

France et dans le monde

entier comme le fondateur

de l’industrie du train d’at-

terrissage. Il a consacré sa

vie à l’étude des dispositifs

d’amortissement (dispositifs

pneumatiques et oléopneu-

matiques pour l’absorption

des chocs) des véhicules terrestres puis aériens.

Il crée Messier Automobiles en 1920 à Montrouge

où seront fabriqués des centaines d’exemplaires

de la « Messier sans ressorts » dont les suspen-

sions assurent à ses passagers confort et bonne

tenue de route aux grandes vitesses. Puis en

1927, il crée la SFMA : Société Française des Ma-

tériels d’Aviation pour équiper les avions français

en suspension oléopneumatique et en freinage.

Il invente le train d’atterrissage rentrant dont le

succès est immédiat. Le gain est aussitôt de

70 km/h sur un avion militaire. En 1929, la SFMA

est le 1er industriel dans le monde à produire

des trains d’atterrissage rentrants à commande

hydraulique. En 1932, plus de 4000 avions en

seront équipés. Les cadences de production sont

de 25 à 30 trains par mois. Après Montrouge en

1929 dont l’atelier servira de banc d’essais volant

à toutes ses inventions et à la construction des

trains d’atterrissage ; Bidos est créée en 1933.

George Messier décède à 37 ans dans un accident

de cheval mais sa société lui survit, reprise par

son épouse et René Lucien, ingénieur.

De 1937 à 1939, la société possède 85% de part

de marché en France. Après la guerre, la société

équipe principalement des programmes mili-

taires et, après la guerre d’Algérie, des avions

civils. Messier fusionne avec Hispano-Suiza en

1971 (Montrouge comptait alors 1400 personnes)

pour rentrer dans le groupe Snecma et la société

devient Messier-Hispano-Bugatti en 1976.

Les activités roues et freins de Messier sont repri-

ses par Bugatti. En 1988, les activités de l’usine de

Montrouge sont transférées à Molsheim.

« Pour ce qui est de l’avenir, il ne s’agit pas de le prévoir mais de le rendre possible », Saint-Exupéry

« Au cœur de l’histoire de Molsheim, il y a toujours eu ses valeurs que

Messier-Bugatti a fait siennes en 2000 :

la passion du travail bien fait•

la performance de chacun fait la performance collective•

la confi ance pour relever tous les défi s•

la volonté de ravir le client•

à l’écoute de son environnement pour avancer•

Cette dernière valeur est celle de l’innovation. L’innovation technologi-

que, dans les méthodes, l’organisation, la production, l’environnement

et la sécurité, le social... L’innovation de chacun au quotidien pour

optimiser les coûts, les implantations, les outils, les cycles, les process,

les conditions de travail... C’est sur cette innovation sous toutes ses

formes que je m’appuie pour affi rmer la pérennité de ce site au service

de ses clients. La crise est aussi source d’opportunités. Je fais confi ance

aux femmes et aux hommes de notre usine de Molsheim et à celles et

ceux de notre société et de notre Groupe pour « inventer l’avenir » de

Molsheim pour encore... 100 ans ! »

Jean-Christophe Corde