« Les deux Angleterre » Correction du · 2016. 10. 11. · Comment aborder le texte ? u Lorsque...

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« Les deux Angleterre » Correction du devoir maison

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  • « Les deux Angleterre »Correction du devoir maison

  • Comment aborder le texte ?

    u Lorsque vous vous retrouvez face au texte, une première lecture doit faire apparaître deux choses :

    1. Ce dont parle le texte, ce qui fait sa spécificité => ici, c’est un texte qui parle de l’Angleterre dans les années 1930.

    2. Les thèmes généraux qui sont abordés au travers du texte => ici, c’est la question des différents modèles d’industrialisation.

  • Comment aborder le texte ?

    u Le reste de votre travail va consister à faire dialoguer ces deux éléments

    Texte : sa spécificité ? -> Angleterre des années 1930

    Thèmes : quels grands thèmes ? -> industrie, industrialisation, croissance, mondialisation

  • Comment aborder le texte ?

    u Le reste de votre travail va consister à faire dialoguer ces deux éléments

    Texte : sa spécificité ? -> Angleterre des années 1930

    Thèmes : quels grands thèmes ? -> industrie, industrialisation, croissance, mondialisation

    Le commentaire doit montrer comment le texte permet de parler des thèmes, et les thèmes d’éclairer le texte.

  • L’introduction

    u Le contexte- Comme il y a des échelles en géographie, il y a des « échelles »

    de temps en histoire (temps long, temps court). - La contextualisation doit s’appuyer sur différentes échelles de

    temps

  • u Le contexte

    1850 1914 1929 1934Décollage WWI Crise English de l’Angleterre Journey

    Priestley

    Crise de 1929

    Première Guerre mondiale

    Économie-monde britannique

    Lorsque J. B. Priestley écrit en 1934, à l’âge de 40 ans, il a eu connaissance de la puissance économique de l’Angleterre, de la Première Guerre mondiale et de la crise de 1929. Ces événements influencent sa vision du monde.

  • L’introduction

    u L’auteur- Les informations données en en-tête vous permettent de poser

    des questions au texte : - Priestley est né en 1894, il avait 20 ans lorsque la Première Guerre

    mondiale a éclaté, il a connu à 35 ans la crise de 1929… - Or, en tant que journaliste, il a forcément du s’intéresser à ces

    événements mondiaux… - Et en même temps, son âge lui permet d’avoir du recul sur les

    événements.

  • L’introduction

    u La nature du document - Comment l’expérience de Priestley est-elle perceptible dans le

    texte ? - Tout d’abord, de quel type de texte s’agit-il ? Un carnet de

    voyage, résultat d’un long périple en Angleterre. Pourtant, dans cet extrait, Priestley brosse à très grands traits les contrastes de son pays. Il schématise, il synthétise afin de faire ressortir les clivages.

  • L’introductionu Une fois que l’on a tous ces éléments, qu’en faire ?

    Contexte

    Auteur

    Nature

    Déclin de l’Angleterre, montée en puissance des USA

    Une vision critique sur la prospérité passée de l’Angleterre

    Un récit qui schématise afin de mettre à jour des processus

    Prob

    lém

    atiq

    ue

  • L’introductionu La problématique

    Texte : sa spécificité ? -> Priestley observe avec recul une Angleterre marquée par de forts contrastes

    Thèmes : quels grands thèmes ? -> On passe de la première industrialisation, portée par l’économie-monde britannique, à la seconde industrialisation, portée par l’économie-monde américaine

    Question :Dans quelle mesure le cas anglais permet-il de comprendre la façon dont on passe d’une économie-monde à une autre ?

  • L’introductionu La problématiqueRetenez en fait que ce texte montre 2 processus importants : 1) Le fait que l’Angleterre, telle qu’elle est décrite par Priestley, se trouve

    entre deux modèles d’industrialisation (la première et la seconde)2) Le fait que le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace :

    ce n’est plus l’Angleterre, mais ce sont les Etats-Unis.

  • L’introductionu La problématiqueOu, pour le dire schématiquement :

    Première industrialisation

    Seconde industrialisation

    AngleterreEtats-Unis

    English Journey, J.B. Priestley

  • L’introduction

    À partir de là, je vous propose le plan suivant : I. Du lourd héritage de l’Angleterre industrielle…II. ... À l’amorce d’un régime économique nouveau...III. ... Dominé par les États-Unis.

  • I. Du lourd héritage de l’Angleterre industrielle…

    ⇒ Idée générale : L’auteur donne à voir les éléments qui, depuis 1850, ont fondé la puissance de l’économie britannique. Mais, par la mise à distance que lui confère le contexte d’écriture, il se permet d’en dépeindre les conséquences néfastes.

  • I. Du lourd héritage de l’Angleterre industrielle…1. La première industrialisation

    ⇒ L’idée est simple, il s’agit de commenter le fonctionnement de la première industrialisation à partir des éléments du texte.

    « (…) l’Angleterre industrielle, du charbon, du fer, de l’acier » => l’économie britannique a profité de la présence de houille dans son sous-sol, en particulier dans le Pays de Galles, dans le Yorkshire, dans les Midlands. Son extraction, dès les années 1830, lui a permis de développer un modèle économique basé sur la consommation en grande quantité de charbon, servant à alimenter les machines à vapeur, qui faisaient tourner les machines des usines métallurgiques, mais aussi les locomotives des trains qui expédiaient les marchandises à l’intérieur du pays, et au-delà.

    « … du coton, de la laine, des chemins de fer » => la puissance économique britannique a d’abord reposé sur l’irrigation des autres pays européens par une importante production textile, d’où le surnom d’ « atelier du monde ». Il faut cependant noter que si, dans un premier temps, la laine venait d’Écosse, elle sera ensuite très largement importée de Nouvelle-Zélande et d’Australie, soit des pays appartenant au Commonwealth britannique ; tandis que le coton était importé des Etats-Unis esclavagistes ou d’Inde. Il y a donc là la mention, certes discrète, de l’empire britannique, et donc de l’économie-monde britannique.

    « des usines textiles, des fonderies, des entrepôts » => on a là l’important appareil productif qu’a nécessité les infrastructures liées à la première industrialisation. On passe d’un travail artisanal, disséminé dans les campagnes, à une concentration de la main-d’œuvre dans des usines textiles ou métallurgiques. Or, cette main-d’œuvre s’est vue dépossédée de l’autonomie dont elle disposait sur sa production, et est devenue dépendante des machines fournies par les capitalistes.

    On peut alors faire la transition sur les stigmates, en particuliers sociaux et environnementaux, de la première industrialisation, en évoquant le prolétariat et la pollution.

  • I. Du lourd héritage de l’Angleterre industrielle…2. … et ses stigmates

    Il s’agira alors de se concentrer sur les effets de cette première industrialisation. Le procédé employé par l’auteur est remarquable : il parle des hommes par métonymie, en se focalisant sur le paysage et les lieux de vie.

    « un paysage dévasté avec cynisme, de misérables petites villes recouvertes de suie, et plus noires encore, des villes sinistres semblables à des forteresses » => il est important de remarquer que l’auteur parle de « petites villes ». La première industrialisation s’est opérée à proximité des ressources, en particulier des matières premières. Ce n’est que dans un second temps que les usines s’implantent en périphérie des grandes villes. La suie évoque l’impact environnemental du charbon, qui salit les façades mais aussi les corps.

    « Cette Angleterre-là forme la plus grande partie des Midlands et du Nord, elle existe partout » => Priestley confirme ici le fait que la première industrialisation ne s’est, en Angleterre, concentrée que dans une partie du pays, celle où se trouvaient les ressources, mais qui n’avait jamais connu une telle concentration de population auparavant. L’urbanisme industriel (les « forteresses ») correspond ainsi à l’irruption de cette organisation nouvelle de la production… et des hommes.

    Ici, vous pouvez enfin conclure cette partie en montrant que cette Angleterre-là est perçue par Priestley comme un fardeau, un héritage qui peine à s’adapter au « monde nouveau » de l’après-guerre.

  • II. … À l’amorce d’un régime économique nouveau...

    ⇒ Idée générale : Dans un second mouvement, Priestley va opposer point par point cette Angleterre héritée à une Angleterre en train de se former sous ses yeux, marquée par la diffusion du modèle de la seconde industrialisation.

  • II. … À l’amorce d’un régime économique nouveau...

    1. La seconde industrialisation…Très simplement, il s’agit ici de faire le lien entre le fonctionnement de la seconde industrialisation et les éléments présentsdans le texte. « C’est le domaine de la production de masse, de la fabrication à grande échelle et à prix réduits » => il y avait là plusieurs entrées possibles pour aborder la seconde industrialisation, mais on pouvait partir des mutations de l’organisation du travail. Priestley évoque, sans le nommer, l’organisation taylorienne/fordiste du travail : la segmentarisation des tâches (le « travail à la chaîne ») permet de gagner des points de productivité en améliorant le rendement horaire des travailleurs, et donc d’accroître la quantité produite. Or, pour éviter de tomber dans une crise de surproduction, les salaires sont légèrement augmentés, afin de permettre aux ouvriers de participer à la consommation d’une production massifiée. Le système s’entretient a priori tout seul… sauf qu’il entretient inévitablement une inflation continue (l’augmentation du salaire implique de hausser les prix afin de maintenir un équilibre entre offre et demande), et aboutit malgré tout à des crises, comme en 1929. « C’est l’Angleterre (…) des usines qui ressemblent à des halls d’exposition » => sous la pression des pouvoirs publics, les industriels ont pris en compte les risques que présentaient les anciennes usines, et les trop fréquents accidents qui s’y déroulaient. Désormais implantées dans la banlieue des villes, accessibles par des « boulevards de ceinture » ces usines visent à polariser des flux toujours aussi importants de travailleurs, mais dans un cadre rénové. À partir de là, vous pouvez facilement enchaîner sur les conséquences spatiales de la nouvelle organisation industrielle de l’Angleterre.

  • II. … À l’amorce d’un régime économique nouveau...

    2. … et ses conséquences sociales et spatialesIl s’agit donc de montrer ici en quoi la seconde industrialisation a redéfini l’environnement urbain et social des britanniques.

    « C’est l’Angleterre des routes nationales et des boulevards de ceinture » => l’automobile, produit-phare de mode fordiste d’organisation du travail, a supplanté le chemin de fer. Si tous les ménages britanniques n’ont pas nécessairement de voiture, l’aménagement des villes est pensé en fonction de ce nouveau moyen de transport.

    « des pavillons avec de petits garages, des autocars et de la TSF » => usant de nouveau de la métonymie, Priestley évoque ici l’émergence d’une classe moyenne, dont l’existence est définie tant par son salaire (Cf. le fordisme) que par ses habitudes de vie : habitat individuel en banlieue, voiture personnelle ou déplacement en autocar, Transmission Sans Fil, c’est-à-dire démocratisation de l’information et de la communication aux foyers… et qui suppose aussi leur électrification. Par le biais de la TSF ou des stations-service, vous pouviez ainsi aborder la question des choix énergétiques qu’impliquaient les différentes organisations du travail : tandis que la première industrialisation repose exclusivement sur le charbon, la seconde se fonde davantage sur l’utilisation du pétrole.

    À noter enfin que Priestley, contrairement au premier paragraphe, ne donne pas, ici, de conclusions hâtives sur les effets négatifs de cette phase d’industrialisation, qui sont pourtant bien réels.

    Pour la transition avec la troisième partie, vous pouviez partir du pétrole, en disant que c’est aux Etats-Unis qu’un mode de vie basé sur la consommation gargantuesque de pétrole avait été fondé, puis diffusé au reste de la planète (ou presque).

  • III. … Dominé par les Etats-Unis

    u Idée générale : Dans cette dernière partie, il s’agit de poursuivre la réflexion sur la croissance économique, mais également de questionner la façon dont, même si le centre de gravité de l’économie mondiale se déplace, il n’en permet pas moins les échanges entre les différentes parties du monde.

  • III. … Dominé par les Etats-Unis1. L’exportation de l’American Way of LifeQuelques connaissances très simples sur ce « mode de vie américain » étaient requises pour cette sous-partie. Cependant, elles me semblent tout à fait accessibles. « C’est l’Angleterre (…) des cinémas géants et des dancings, des magasins Woolworth » => on a là des éléments qui permettent de réfléchir à deux choses. Tout d’abord, le phénomène de la mondialisation : la mise en relation des différentes parties du monde se traduit très concrètement par la diffusion du capital et des produits, ici vendus chez Woolworth. D’autre part, Priestley décrit – non sans ironie – un phénomène d’uniformisation culturelle : ces cinémas géants et ces dancings relèvent d’une culture de masse, où les produits culturels sont devenus des marchandises. « L’Amérique a été son véritable lieu de naissance » => là aussi, on pouvait relever le caractère relativement ironique de la phrase, en pensant à l’histoire des relations entre Royaume-Uni et Etats-Unis : phase de colonisation au XVIIe siècle, puis indépendance en 1776… de fait, les Etats-Unis sont nés en Angleterre ! Ici, Priestley montre bien que le dynamisme de l’Angleterre est, après la Première Guerre mondiale et la crise de 1929, devenue dépendant d’un autre pays. « j’en conclus que c’est l’Angleterre d’après-guerre, qui appartient bien davantage à notre époque qu’à nos îles britanniques » => ce n’est plus du territoire britannique que vient l’impulsion de l’économie britannique. Cela montre deux choses : que la mondialisation met en relation les économies, mais aussi que l’Angleterre est devenue une périphérie des Etats-Unis…

  • III. … Dominé par les Etats-Unis2. Une redéfinition des échanges mondiauxIci, vous pouviez faire une synthèse des différents éléments, en essayant de montrer en quoi ce texte parlait aussi des deux grandes phases de la mondialisation.

    Dans la première partie, la mention des chemins de fer, des machines à vapeur et des entrepôts indique une organisation des échanges fondée sur des moyens de transport relativement lents (train, bateau à vapeur) et destinés à des produits pondéreux, difficiles à transporter ; tandis que dans la seconde partie, la mention des routes nationales indique que l’on est passé à la voiture et au camion, qui permettent de gagner en efficacité.

    Par ailleurs, la mention de la TSF invitait à réfléchir sur la façon dont les innovations technologiques permettaient de redéfinir les communications…

    Enfin, il était important de montrer que toutes les innovations mentionnées dans le second paragraphe provenaient en très grande partie des Etats-Unis et qu’à ce titre, l’Angleterre n’était plus le centre mondial d’impulsion des innovations ou de l’économie, mais bien un réceptacle, en cela bien peu différent des autres pays du monde.

  • Conclusion L’Angleterre de Priestley, du centre à la périphérie ?

    Loin des schémas élaborés à rebours par des historiens plus soucieux de ranger le réel dans des catégories que d’en montrer la complexité, le témoignage – certes, quelque peu romancé – de John Boynton Priestley donne à voir les contradictions qui ont marqué les étapes de la croissance et de la mondialisation.

    La superposition de deux modèles économiques, dans le même pays, au même moment, nous invite d’abord à repenser la façon dont nous « découpons » l’histoire, et plus particulièrement celle des économies-monde.

    Cependant, Priestley n’en montre pas moins le caractère douloureux de toute phase transitoire : de la période de prospérité de l’Empire britannique ne semble subsister, en débris épars, que le fardeau de lourdes conséquences environnementales et sociales, tandis que, à l’orée de la « seconde industrialisation », s’amorce l’image d’un monde plus riche, plus épanoui – mais aussi, plus discrètement, uniformisé et terni.

    Enfin, le grand intérêt de ce texte est de montrer que, même si la polarité économique s’est déplacée outre-Atlantique, l’Angleterre n’en reste pas moins une puissance économique de premier plan. Mais, alors qu’elle donnait auparavant le ton aux affaires du monde, celle-ci est devenue une « périphérie » de l’économie-monde américaine, recevant passivement le modèle que diffusent alors, tous azimuts, les Etats-Unis.