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www. biotech-finances.com SOMMAIRE « À l’horizon 2017 nous devrions être une société réalisant un chiffre d’affaires entre 50 M€ et 100 M€, et dégageant un résultat d’exploitation de 20 à 40 M€. » Le moral est au beau fixe chez les diri- geants de Vexim (1) medtech toulou- saine spécialisée dans le traitement mini-invasif des fractures vertébrales par compression (FVC) qui entend jouer rapidement le rôle de leader européen dans son domaine. L’entreprise vient en effet d’obtenir son visa de l’AMF pour son introduction sur le marché Nyse Alternext de Paris. Elle devrait s’y présenter pour une première cotation le 26 avril 2012 avec une offre qui pour- rait lui permettre de collecter in fine le 25 mai jusque 15,9 M€ (2). Il faudra pour cela que jouent à plein la clause d’extension (189 473 actions nouvelles) et l’option de surallocation (217 894 actions nouvelles) en plus de l’émission de 1 263 158 actions dans le cadre de l’offre initiale sur la base d’un prix égal au point médian, soit 9,50 € pour une fourchette indicative de prix de 8,55 à 10,45 €. D’ores et déjà, Vexim réalise un chiffre d’affaires de 1,5 M€ et elle s’ins- crit dans la perspective du déploiement rapide de ses équipes en Allemagne, son marché européen majeur hors de France. « Nous sommes quasiment opérationnels avec déjà six recrute- ments sur sept opérés, dont un direc- teur commercial », souligne Vincent Gardès, CEO de Vexim, arrivé dans l’entreprise au début de cette année et venant directement du manage- ment de Medtronic, le leader mondial sur le secteur du traitement des FVC. « D’ici à 2013, nous devrions pleine- ment ressentir les effets de ce choix stratégique qui vient en lieu et place de notre ancien système passant par un distributeur externe. » Un progrès sensible car ce dernier, en l’occur- rence Stryker, ne donnait pas toute la puissance au produit phare de Vexim, le SpineJack®. Au final, le prestataire commercial ne réalisait, en effet, qu’un chiffre d’affaires de 300 000 €, sur un marché pourtant mature, qui remboursait ce type de dispositif médical. Il est donc logique que soient espérées de belles progressions sur ce territoire. Dans la foulée, dès 2013, l’entreprise s’attaquera aux marchés italiens, en passant par ses tradition- nels intermédiaires les « agenti », et à la Grande-Bretagne sur un schéma identique à celui adopté en Allemagne. En attendant, bien sûr, d’aller croiser le fer avec Medtronic sur le grand marché US au périmètre prometteur de 303 M€ par an. Une fenêtre de tir plus étroite Pour autant que Vexim soit très séduisante, reste désormais une petite inconnue, celle de la pers- pective boursière favorable ou non dans une conjonc- ture qui redevient quelque peu erratique ces derniers jours. Difficile en effet de mesurer le succès de l’introduction de Vexim à l’aune de ce qu’ont pu réaliser les autres medtechs et biotechs qui se sont présentées sur le marché en début d’année, telles EOS imaging, DBV tech- nologies ou encore Adocia. Outre leurs qualités propres, ces entreprises ont bénéficié de l’effet de rattrapage sur toutes les valeurs science de la vie qui avaient été injustement chahutées en 2011. Désormais, la belle dynamique de début d’année, le climat positif sur les valeurs , l’apaisement de la crise euro- péenne semblent s’estomper lente- ment mais sûrement. L’appétit boursier n’est plus aussi intense et les alertes à la crise reviennent à grand pas. Il faut donc faire vite, très vite pour maxi- miser le succès ! Dernière heure Vexim passe de la vertèbre à la cote p.1 Billet bio de H. Ella Sciences du vivant en France : est-ce le moment ? p.2 Financements Un tour A de prestige pour ImaginAb «Une plate-forme attractive» François Valencony p.3 Baxter Ventures et Biowin scellent leur partnership p.4 Stratégies Les venins de VenomeTech séduisent l’Europe «Elle mise sur les fonds publics» André Labat p.5 Interview Medtechs : à quand la concentration ? p.6 - 7 On en a parlé cette semaine p.2 - 4 Veille stratégique Europe - Israël : les deals du 30 mars au 5 avril 2012 Annonces d’affaires p.8 9 avril 2012 - N° 546 Vexim passe de la vertèbre à la cote Dernière Heure WEBSOLUTION Parcipez aux programmes WEBINAIRES EXPERTS (BtoB, Promo, Grand Public...) Biotech finances 2012. Présentaon en ligne sur demande. Renseignements : Jacques-Bernard TASTE Tél. 09 80 08 51 45 La fourchette sera de 8,55 € à 10,45 € par action. Vincent Gardès (1) - Lire : « Vexim va à la confrontation sur le marché des FVC », dans Bf n° 534 du 16/01/2012 (2) - Produit brut de l’émission calculé sur 1 263 158 actions nouvelles à émettre additionnées à une clause d’extension de 189 473 actions nou- velles et à une option de surallocation de 217 894 nouvelles actions Jacques-Bernard Taste

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www. biotech-finances.com

SOMMAIRE

« À l’horizon 2017 nous devrions être une société réalisant un chiffre d’affaires entre 50 M€

et 100 M€, et dégageant un résultat d’exploitation de 20 à 40 M€. » Le moral est au beau fixe chez les diri-geants de Vexim (1) medtech toulou-saine spécialisée dans le traitement mini-invasif des fractures vertébrales par compression (FVC) qui entend jouer rapidement le rôle de leader européen dans son domaine. L’entreprise vient en effet d’obtenir son visa de l’AMF pour son introduction sur le marché Nyse Alternext de Paris. Elle devrait s’y présenter pour une première cotation le 26 avril 2012 avec une offre qui pour-rait lui permettre de collecter in fine le 25 mai jusque 15,9 M€ (2). Il faudra pour cela que jouent à plein la clause

d’extension (189 473 actions nouvelles) et l’option de surallocation (217 894 actions nouvelles) en plus de l’émission de 1 263 158 actions dans le cadre de l’offre initiale sur la base d’un prix égal au point médian, soit 9,50 € pour une fourchette indicative de prix de 8,55 à 10,45 €. D’ores et déjà, Vexim réalise un chiffre d’affaires de 1,5 M€ et elle s’ins-crit dans la perspective du déploiement rapide de ses équipes en Allemagne, son marché européen majeur hors de France. « Nous sommes quasiment opérationnels avec déjà six recrute-ments sur sept opérés, dont un direc-teur commercial », souligne Vincent Gardès, CEO de Vexim, arrivé dans l’entreprise au début de cette année et venant directement du manage-ment de Medtronic, le leader mondial sur le secteur du traitement des FVC. « D’ici à 2013, nous devrions pleine-ment ressentir les effets de ce choix stratégique qui vient en lieu et place de notre ancien système passant par un distributeur externe. » Un progrès sensible car ce dernier, en l’occur-rence Stryker, ne donnait pas toute la

puissance au produit phare de Vexim, le SpineJack®. Au final, le prestataire commercial ne réalisait, en effet, qu’un chiffre d’affaires de 300 000 €, sur un marché pourtant mature, qui remboursait ce type de dispositif médical. Il est donc logique que soient espérées de belles progressions sur ce territoire. Dans la foulée, dès 2013, l’entreprise s’attaquera aux marchés italiens, en passant par ses tradition-nels intermédiaires les « agenti », et à la Grande-Bretagne sur un schéma identique à celui adopté en Allemagne. En attendant, bien sûr, d’aller croiser le fer avec Medtronic sur le grand marché US au périmètre prometteur de 303 M€ par an.

Une fenêtre de tir plus étroitePour autant que Vexim soit très séduisante, reste désormais une petite inconnue, celle de la pers-pective boursière favorable ou non dans une conjonc-ture qui redevient quelque peu erratique ces derniers jours. Difficile en effet de

mesurer le succès de l’introduction de Vexim à l’aune de ce qu’ont pu réaliser les autres medtechs et biotechs qui se sont présentées sur le marché en début d’année, telles EOS imaging, DBV tech-nologies ou encore Adocia. Outre leurs qualités propres, ces entreprises ont bénéficié de l’effet de rattrapage sur toutes les valeurs science de la vie qui avaient été injustement chahutées en 2011. Désormais, la belle dynamique de début d’année, le climat positif sur les valeurs , l’apaisement de la crise euro-péenne semblent s’estomper lente-ment mais sûrement. L’appétit boursier n’est plus aussi intense et les alertes à la crise reviennent à grand pas. Il faut donc faire vite, très vite pour maxi-miser le succès !

Dernière heure Vexim passe de la vertèbre à la cote

p.1Billet bio de H. Ella Sciences du vivant en France : est-ce le moment ?

p.2Financements Un tour A de prestige pour ImaginAb

«Une plate-forme attractive» François Valencony

p.3 Baxter Ventures et Biowin scellent leur partnership

p.4Stratégies Les venins de VenomeTech séduisent l’Europe

«Elle mise sur les fonds publics» André Labat

p.5Interview Medtechs : à quand la concentration ?

p.6 - 7On en a parlé cette semaine p.2 - 4

Veille stratégique Europe - Israël : les deals du 30 mars au 5 avril 2012

Annonces d’affairesp.8

9 avril 2012 - N° 546

Vexim passe de la vertèbre à la cote

D e r n i è r e H e u r e

WEBSOLUTIONParticipez aux programmes

WEBINAIRES EXPERTS(BtoB, Promo, Grand Public...)

Biotech finances 2012.Présentation en ligne sur demande.

Renseignements :Jacques-Bernard TASTE

Tél. 09 80 08 51 45

La fourchette sera de 8,55 € à 10,45 € par action.

Vincent Gardès

(1) - Lire : « Vexim va à la confrontation sur le marché des FVC », dans Bf n° 534 du 16/01/2012(2) - Produit brut de l’émission calculé sur 1 263 158 actions nouvelles à émettre additionnées à une clause d’extension de 189 473 actions nou-velles et à une option de surallocation de 217 894 nouvelles actions

Jacques-Bernard Taste

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O n e n a p a r l é c e t t e s e m a i n e

B i l l e t b i o

RésultatsMauna Kea Technologies (NYSE Euronext : MKEA, FR0010609263), leader sur le marché de l’endomicroscopie, a annoncé ses résultats annuels pour l’exercice clos au 31 décembre 2011 et arrêtés par le conseil d’administration qui s’est tenu le 4 avril dernier. Le chiffre d’affaires de l’exercice 2011 affiche une progression de +24 % par rapport à 2010, pour s’élever à 5 016 K€ sous l’impulsion des ventes de l’activité clinique qui progressent de +71 % (utilisation du Cellvizio® dans les établissements de soin) pour atteindre 4 427 K€.

RecrutementMedian Technologies (ALMDT), éditeur de logiciels pour l’imagerie médicale et fournisseur de services pour l’interprétation et la gestion des images lors des essais cliniques en oncologie, annonce aujourd’hui la nomination de Ciaran Cooper au poste de directeur du business development « imagerie essais cliniques », pour l’Amérique du Nord. Ciaran Cooper sera responsable du déve-loppement commercial de MEDIAN Technologies sur le marché des essais cliniques en oncologie aux États-Unis ; il sera par ailleurs impliqué dans la gestion des relations entre MEDIAN et Quintiles.

LancementIntegraGen, spécialiste du développement et de la commercialisation de tests de diagnostic moléculaire dans l’autisme et l’oncologie, a annoncé le lancement de son test d’évaluation du risque d’autisme ARISkTM, outil qui analyse 65 marqueurs génétiques associés aux troubles du spectre autistique (TSA). Ce test vise à évaluer le risque d’autisme chez les enfants de familles multiplexes âgés de 6 à 30 mois, frères ou sœurs d’enfants déjà atteints de TSA.

PartenaireNicOx (NYSE Euronext Paris : COX) a annoncé avoir eu le 3 avril dernier une réunion avec la Food and Drug Administration américaine (FDA) concernant l’utilisation potentielle du naproxcinod 375 mg deux fois par jour (bid) pour le traitement des signes et symptômes de l’arthrose du genou, dans le cadre d’un éventuel nouveau dossier de New Drug Application (NDA) qui nécessiterait des données cliniques additionnelles préalables à sa soumission. La réunion a porté sur les données cliniques requises pour l’éventuel nouveau dossier de NDA pour le naproxcinod 375 mg deux fois par jour. NicOx entend rechercher un partenaire pour le financement et la conduite de tout développement additionnel et de la commercialisation éventuelle du naproxcinod.

H. Ella

Nous avons été suffisamment critiques dans ces colonnes à l’égard des biotechnologies

françaises pour reconnaître quand les tendances s’inversent et que de bonnes choses se produisent. En effet, depuis quelques semaines, l’industrie française des sciences du vivant semble être entrée dans une spirale vertueuse. Les introductions en Bourse se multiplient, touchant tous les secteurs : molécules et thérapies avec Adocia, appareillage médical avec EOS Imaging, drug delivery avec DVB Technology, et on annonce même plusieurs autres opérations. Par ailleurs, les valeurs déjà cotées surfent sur cet intérêt puisque Hybrigenics vient juste de réaliser deux PIPE « private place-ment in public equity » lui appor-tant de concert avec les 3,3 millions

d’euros non seulement une certaine tranquillité mais aussi une nouvelle respectabilité. Ainsi donc, c’est l’en-semble du secteur qui bénéficie de ce que nos amis américains appellent le momentum. Mais cet instant si parti-culier durant lequel tout se réalise tient-il à la maturité grandissante du secteur ? Ou parce que dans un univers secoué de toutes parts la santé et ses corollaires semblent encore le lieu d’une certaine sérénité ? Ou encore parce que les investisseurs et les gérants ont été frappés par la foudre de l’évidence de la pertinence du secteur ? En fait, c’est un peu tout cela : le secteur est en voie de matura-tion avec des sociétés qui signent des accords de partenariat et génèrent du chiffre d’affaires, d’autres qui vendent des produits. On observe aussi que le nombre d’essais cliniques

de phase II et de phase III réalisés est aussi en croissance, preuve que nous sommes sur la voie de l’innovation plutôt que de la « simple » invention ou découverte. Portée par le vieillis-sement de la population, le besoin de nouvelles thérapies, la Santé est très souvent apparue comme un secteur défensif peu touché par les soubresauts des marchés financiers. Peut-être aussi voit-on émerger une nouvelle génération de gérants plus enclins à considérer les valeurs des sciences du vivant dans un continuum avec les énergies nouvelles et le déve-loppement durable. Il ne manque qu’une chose à notre bonheur, une industrie du capital risque capable d’injecter plus de fonds pertinents dans les étapes précoces.

Sciences du vivant en France : est-ce le moment ?

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Valorisée par ses clients big pharmas auprès des VC, la biotech californienne ImaginAb

vient de lever sans difficulté un beau round A de 9,40 M€. L’entreprise développe des traceurs diagnostiques in vivo pour la TEP (1), un domaine en pleine expansion, et mixe une activité de services et de codéveloppement en partenariat avec des biopharmas aussi importantes que GSK ou GE Health Care. Les principaux nouveaux investisseurs sont Novartis Venture Fund et Mérieux Développement, accompagnés par Nextech Invest et Cycad Group. La société avait été précédemment soutenue par le fonds

d’amorçage Momentum Bioscience créé par des professeurs entrepre-neurs de l’université de Californie (UCLA) d’où est issue ImaginAb. « Nous n’avons jamais rencontré de problèmes pour trouver nos inves-tisseurs », nous a confié Chris Behrenbruch, CEO d’ImaginAb. « C’est Novartis qui nous a introduit auprès de Mérieux Développement, Nextech nous suit depuis déjà un moment, et Cycad Group a investi dans le seed aux côtés de Momentum Biosciences. » Un syndicat ouvert incluant VC et corporate venture. Novartis Fund et Mérieux Développement détacheront deux directeurs au board de la société, qui l’aideront à sculpter sa stratégie : le Dr. Campbell Murray de Novartis Fund, physicien de formation, appor-tera une perspective clinique, tandis que le Dr. Richard Ding de Mérieux, basé à San Diego, contribuera avec sa

vision d’entrepreneur et d’expert du diagnostic et de l’oncologie.

Un marché US de 3,3 Mrd€Avec la formation de ce nouveau board, ImaginAb booste ses ressources à l’aube d’études cliniques avec un endpoint clair, la validation clinique de ses traceurs. Les fonds fédérés, qui selon le dirigeant s’apparentent davantage à du capital développe-ment, sont destinés à financer les phases I de deux traceurs dans les cancers métastatiques de la pros-tate et du pancréas, prioritaires sur les trois autres de son pipeline. « Nous espérons que leur développe-

ment s’accélèrera dans les 12 à 18 prochains mois », prévoit Christian Behrenbruch. « Un ou deux nouveaux traceurs développés dans le cadre de nos collaborations avec les industriels iront aussi en clinique en 2012,

une année déterminante pour nous. » L’intérêt que suscite la biotech basée à Los Angeles n’est pas dû au hasard : elle dispose d’une technologie de rupture qui lui garantit un fort poten-tiel de développement. Sa plate-forme permet de fragmenter un anticorps thérapeutique en de petites protéines qui en conservent toute la biospécifi-cité. Légères et couplées à un isotope, ces molécules atteignent tous les tissus, ce qui est particulièrement adapté au traitement des cancers métastatiques, et sont rapidement évacuées par l’organisme. L’avantage concurren-tiel de cette plate-forme réside ainsi dans le contrôle de la pharmacociné-tique de chacun des traceurs générés. ImaginAb, lancée en 2007 avec 350 k€, cible le marché de la modalité TEP qui pourrait atteindre aux États-Unis 3,3 Mrd€ en 2018, contre 300 M€ en 2010 selon le dernier rapport d’étude

Bio-Tech Systems. À l’heure où les techniques et instruments d’imagerie progressent considérablement dans la localisation des tumeurs, les indus-triels de l’équipement et les pharmas saisissent bien la contribution des traceurs à la médecine personna-lisée et augmentent leurs investisse-ments dans ce domaine pour pallier le manque d’innovation. En effet, seuls deux nouveaux traceurs ont été enregistrés auprès de la FDA ces dix dernières années. « Si nous réussis-sons à fabriquer des produits cliniques efficaces et continuons d’aider les pharmas à rationnaliser la sélection de leurs patients pour leurs essais late stage (2) grâce à nos tests diagnos-tiques compagnons, nous aurons bâti une entreprise durable qui continuera d’attirer des investisseurs et de leur offrir de belles opportunités de sortie », résume Christian Behrenbruch.

F i n a n c e m e n t s

Un tour A de prestige pour ImaginAb

Regard croisé sur ImaginAbFrançois Valencony, directeur général de Mérieux Développement Nous sommes particulièrement attentifs à ce qu’il se passe du côté des États-Unis, un territoire d’investissement qui représente environ 30 % de notre deal flow. Si nous n’avons pas vocation à investir dans des sous-traitants type CRO, la forte croissance des tests diagnostiques en oncologie et l’intérêt croissant de l’imagerie moléculaire nous ont fait considérer cette biotech américaine. ImaginAb nous a séduits sur trois points : d’une part, elle développe une technologie propriétaire unique de fragmentation des anticorps pour la conception de traceurs diagnostiques en oncologie portant sur des cibles validées. D’autre part, elle collabore avec une dizaine de sociétés pharma-ceutiques dans le cadre d’un business model service et licensing. L’existence de ces partenaires industriels, qui démontrent l’attractivité de sa plate-forme, ont contribué à nous convaincre de

rejoindre le premier tour de table. Enfin, last but not least, la qualité de l’équipe, son engagement sur un plan ambitieux mais réaliste et l’affectio societatis avec notre équipe US et européenne. L’idée est bien d’amener à l’enregistrement au moins deux traceurs propriétaires sur les trois prochaines années, afin d’assurer une certaine indépendance vis-à-vis des partenaires pharmaceutiques. À plus long terme, nous appuierons ImaginAb, déjà présente à Singapour et au Japon, pour qu’elle devienne un leader mondial dans le domaine de l’imagerie moléculaire.

Anne-Laure Languille

Des traceurs adaptés aux cancers métastatiques.

Christian Behrenbruch

I M A G I N A BLos Angeles –Etats-Unis

Année de création

2007, issue du département de pharma-cologie de l’Université de californie, Los Angeles

Montant du seed

350k€

Activité

Développement de traceurs d’imagerie diagnostiques

Stratégie de développement

Business model « service & licensing » et pipeline propriétaire de traceurs diagnostiques

Nombre d’employés

15

(1) - Tomographie par émission de positons(2) - Phase IIB et phase III

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Nouveau venu dans le cercle de moins en moins fermé des corporate funds, Baxter

Ventures est désormais en recherche active et s’est assuré en Europe un nouveau partnering avec le pôle de compétitivité BioWin visant à faire émerger de nouvelles collaborations entre Baxter et les acteurs de l’innovation de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Discrètement lancé au milieu de l’été dernier par le groupe

américain octogénaire spécialisé dans les produits et services concernant les maladies chroniques et rares, le fonds de Baxter est doté de 165 millions d’euros. Il s’inscrit dans la tendance corporate venturing en vogue dans la santé, et est présenté chez Baxter comme une arme stratégique pour concrétiser son intérêt dans les biotechnologies et alimenter son pipe-line de technologies et de produits. La liste des priorités d’investissement du fonds est donc large au vu des acti-vités du groupe : anesthésie, biochi-rurgie, nutrition clinique, hématologie et hémopathies, immunologie et inflammation, oncologie, pathologies

pulmonaires, médecine régénérative, vaccins et aussi, un des points forts du groupe, tout ce qui tourne autour des dispositifs médicaux, soins inten-sifs, dialyse, perfusion intraveineuse, ou des services de soins à domicile. Souhaitant se renforcer sur des tech-nologies de rupture à fort potentiel de croissance pérenne, Baxter offre une mise de 1 à 10 M€ par projet mais n’a, semble-t-il, pas encore trouvé de partenaires à la hauteur de ses ambi-

tions. On murmure qu’un premier investissement signé Baxter Ventures pourrait se concrétiser… très prochainement.

Venturing, open Innovation, croissancePlus officiellement,

Jennifer Ikeda, VP en charge de la stra-tégie R&D chez Baxter, précise que le groupe, habitué des innovations first in class, compte sur les partenariats noués dans le cadre de Baxter Venture pour contribuer au développement de produits complémentaires à ceux des branches Baxter Medical Products ou Baxter BioScience et pour explorer des technologies novatrices non inves-tiguées en interne. Typiquement, il pourrait s’agir de partenariats de R&D early stage et de projets exploratoires dans des domaines aussi variés que l’anesthésie et la douleur, l’hémato-logie, les anti-infectieux, les maladies rares, la nutrition parentérale ou

les cathéters d’hémodialyse... Si le groupe mise depuis longtemps sur les pathologies chroniques et le matériel hospitalier, les marchés de niche et les thérapies de spécialité ne lui font pas peur et alimentent le spectre diversifié de pathologies du groupe américain qui figure dans le top 10 du matériel médical mondial. Devenu adepte de l’open innovation, Baxter s’implique aussi dans des projets collaboratifs, comme au sein du pôle de compé-titivité wallon BioWin, à travers le projet OVART, dont l’objectif est de développer un ovaire artificiel pour lutter contre l’infertilité, notamment des femmes subissant un traitement contre le cancer. En se dotant, en complément, d’un fonds d’investisse-ment dédié, Baxter espère disposer d’une souplesse et d’une réactivité lui permettant de se positionner très en amont, quand il est encore trop tôt pour envisager une acquisition ou un accord de due diligence, sur les tech-nologies de nouvelle génération qui pourraient, demain, changer la donne. Particulièrement en matière de prise en charge et de suivi à domicile des pathologies chroniques, avec à la clé une qualité de vie améliorée pour les patients et des économies pour les systèmes de santé : l’autre challenge du moment pour Baxter qui milite pour son fonds de commerce !

F i n a n c e m e n t s

Baxter Ventures et Biowin scellent leur partnership

Nous miserons 1 à 10 M€ par projet.

Jennifer Ikeda

Alexandra Foissac

O n e n a p a r l é c e t t e s e m a i n ecapitalGenfit (Alternext: ALGFT; ISIN: FR0004163111), société biopharmaceutique engagée dans la découverte et le dévelop-pement de médicaments, qui intervient sur le diagnostic précoce, la prévention et le traitement des maladies cardio-métaboliques et des désordres associés, a annoncé la réalisation d’une augmentation de capital de 600 000,50 €, prime d’émission incluse, réservée à un de ses actionnaires historiques – YA Global Master SPV Ltd - fonds géré par la société de gestion Yorkville Advisors LLC, au prix de 2,15 € par titre. Ce prix représente une décote de 15,7 % par rapport à la moyenne pondérée des volumes des cours cotés sur les cinq dernières séances de Bourse précédant la fixation du prix. L’opération a conduit à l’émission de 279 070 actions nouvelles immédiatement assimilables aux anciennes. Le nombre d’actions composant le capital est ainsi porté à 14 331 919 actions.

coopérationRoche, l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), le Baylor Research Institute (BRI, pôle recherche de Baylor Health care System basé à Dallas) et Inserm Transfert ont annoncé le lancement d’un projet de coopération de longue durée pour la mise au point de vaccins thérapeutiques afin de lutter contre les infections chroniques. Les équipes de chercheurs utiliseront une plate-forme technologique novatrice développée par les unités de recherche du Baylor Institute for Immunology Research (BIIR), division du BRI, de l’Inserm et par l’ANRS pour iden-tifier et produire des vaccins thérapeutiques qui ciblent les cellules dendritiques, composantes clés du système immu-nitaire des mammifères.PerformancesAdocia a réalisé un chiffre d’affaires de 1,6 million d’euros en 2011, à comparer avec 0,1 million d’euros en 2010. La réalisation de plusieurs études cliniques s’est traduit par une augmentation du burn rate, à 6,1 millions d’euros en 2011 contre 4,5 millions d’euros en 2010. La trésorerie, qui s’élevait à 5,9 millions d’euros au 31 décembre 2011, est actuel-lement de 36,5 millions d’euros grâce à l’upfront payment reçu en janvier 2012 dans le cadre de l’accord sur l’analogue d’insuline à action rapide et aux fonds levés dans le cadre de l’introduction en Bourse de la société en février 2012.

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5BIOTEcH FINANcES - 9 avril 2012 - N° 546

Faute de financements privés, VenomeTech, qui se trouve en phase de discovery de molécules thérapeu-

tiques à partir des peptides présents dans les venins animaux, fait appel aux fonds européens. Le consortium réunissant des partenaires publics et privés européens qu’elle a mis en place et coordonne a obtenu de la Commission européenne pour un financement par le 7e PCRD de 6 M€ répartis sur quatre ans. Sur cette somme, VenomeTech obtient plus de 1M€. « Cette reconnaissance au niveau européen de nos activités et les avan-cées réalisées dans le cadre de ce projet devraient nous permettre d’avoir accès in fine aux fonds du capital risque », explique Pierre Escoubas, P-dg de VenomeTech. « Nous nous trouvons en effet dans une phase critique de notre cycle de dévelop-pement car les deux candidats médica-ments (VT001 et VT002) de notre pipeline sont encore trop amont pour intéresser les VC. Les fonds d’amorçage, dont ce devrait être le rôle de miser entre 300 K€ et 500 k€

dans des start-ups comme la nôtre, reculent quant à eux de plus en plus leurs investissements. » Visant à fabriquer une banque de plus de 10 000 peptides d’ori-gine naturelle à partir de laquelle seront développés à moyen terme des candidats médicaments, le programme européen nommé « VENOMICS » permettra à l’en-treprise de réaliser à plus grande échelle ce qu’elle a entrepris et ainsi d’accélérer ses recherches. En tout, depuis sa création en 2009, VenomeTech a collecté 2,23 M€ de subventions, entre une aide d’Oséo de 400 k€ et sa participation à des projets ANR, FEDER, CNRS et européens. « Sachant que nous consommons à peu près 0,5 M€ par an, les fonds rassemblés nous donnent une visibilité sur quatre ans », poursuit Pierre Escoubas. « Nous nous retrouvons donc dans une situation plutôt confor-table et privilégiée pour une biotech. » L’entreprise est passée de deux à cinq

permanents auxquels s’adjoignent cinq autres personnes aujourd’hui pour assurer le suivi des programmes auxquels elle participe, et bénéficie du statut JEI mais pas du CIR, les subventions étant déduc-tibles de l’assiette de calcul. Ses candidats VT001 et VT002, qu’elle optimise dans le cadre d’un projet ANR qui s’achèvera en 2014, devraient entrer en phase précli-nique à cette échéance.

Une collection de plus de 500 veninsL’avenir financier assuré à moyen terme, le dirigeant et son équipe s’attèleront cette année à lancer une activité de services comme leur business plan initial le prévoyait. « Il est maintenant important pour nous de générer du chiffre d’affaires en tirant avantage de notre savoir-faire en R&D et de nos trois plates-formes techno-logiques qui couvrent toute la chaîne de valorisation du venin, de la séparation des peptides à la production synthétique d’une molécule », souligne Pierre Escoubas. « Nous estimons pouvoir générer plusieurs

centaines de milliers d’euros de revenus. Nos clients potentiels sont les indus-triels de l’industrie phar-maceutique et les grosses biotechs qui sont intéressées par ce segment de niche. » Car VenomeTech n’est pas la seule société à parier sur les vertus potentielles des

venins. Selon le dirigeant, dans le domaine des biologics, les peptides sont avec les anticorps des molécules que les big pharmas considèrent aujourd’hui promet-teuses pour renouveler leurs portefeuilles de médicaments. Les peptides de venin, en particulier, bénéficient de ce vent favo-rable. Outre les industriels et les labora-toires publics, la biotech dénombre dans le paysage mondial « deux ou trois sociétés indépendantes » œuvrant dans le venin, dont l’australienne Xenome, qui a atteint la phase II avec son unique candidat médi-cament, le Xen2174, prévu pour être un antidouleur. Pierre Escoubas ne considère cependant pas qu’il s’agisse de concur-rents directs, étant donné que «dans le petit milieu du venin, il y a de la place pour tout le monde ». Surtout, la biotech se sait bien positionnée grâce à un atout unique, sa collection de plus de 500 venins, l’une des plus importantes « venomethèques »

au monde qu’elle a étoffée l’an dernier, grâce à un accord avec l’Institut Pasteur et le transfert de sa collection historique à Venometech. Attirant également à son scientific board des spécialistes mondiaux de la toxinologie, à l’instar de Glenn F. King expert dans les toxines d’araignées, VenomeTech ne cache pas son ambition de devenir un leader mondial dans de domaine des peptides thérapeutiques issus des venins. Un objectif certainement réalisable une fois que son pipeline aura gagné en valeur et qu’elle aura su attirer des capitaux privés.

S t r a t é g i e s

Les venins de VenomeTech séduisent l’Europe

Anne-Laure Languille

Regard croisé sur VenomeTechAndré Labat, directeur de l’incubateur Paca-Est VenomeTech est sortie de notre incubateur voilà un ou deux ans. Dotée d’un grand potentiel avec sa plate-forme de génération de larges bibliothèques peptidiques issues des venins, mais sans preuve de concept, la biotech s’est retrouvée dans la difficulté de trouver des fonds d’amorçage. Du coup, le dirigeant, Pierre Escoubas, avec lequel nous avons gardé contact, a opté pour un modèle mixte : conti-nuer à créer de l’IP au niveau de son pipeline et lancer un volet de services afin de générer du chiffre d’affaires. La biotech a misé jusque-là sur les fonds publics, récoltant des subventions ANR, CNRS, Oséo, européennes et espère ainsi attirer ultérieurement des financements privés. La faillite de l’amor-çage touche en France tous les secteurs. Dans l’informatique notamment, les business angels prennent le relais, mais ils ne peuvent assumer ce rôle dans le secteur très spécialisé des biotechnologies car ils

n’investissent souvent que dans des domaines qu’ils connaissent bien. La situation devrait évoluer dans notre pays avec le démarrage cet été du Fonds national d’amorçage, mis en place dans le cadre des Investissements d’avenir.

Expert en chaîne de valorisation du venin.

Pierre Escoubas

V E N O M E T E c HSophia-Antipolis - 06

Valorisation estimée 3 M€ - (source VenomeTech)

Banque(s)

cIc Lyonnaise de Banque, N. Brun – Antibes

Conseil juridique, affaires courantes

cabinet Ventury Avocats, Me N. Ivaldi – Sophia-Antipolis

Conseil juridique, brevets, PI

cabinet Ventury Avocats, Me N. Ivaldi, Me c. Palazzetti, Me E. Elabd – Sophia-Antipolis

Conseil en brevets

cabinet Becker & Associés, P. Becker – Paris

Experts comptables

EXcO Sophia Antipolis, F. Olivari

Relations presse

Incubateur PAcA-Est, Sophia-Antipolis communication Société Azur communi-cation – Sophia-Antipolis

Partenaires académiques

cEA Saclay, cEA Grenoble, cNRS (IPMc Sophia-Antipolis, IGF Montpellier, IBS Gre-noble), Université de Nice Sophia-Antipolis, UMR EcoFoG Guyane Française, Institut Pasteur, University of Queensland, Bris-bane, University of Technology Sydney, Hunana Normal University - changsha PRc, Pôle Eurobiomed, ANR

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Medtechs : à quand la concentration ?

La vitalité des medtechs fran-çaises est très forte. Mais trop épars, le secteur ne trouve pas

la position ou les positions interna-tionales qu’il mérite. Il faut donc une concentration salutaire medtech/medtech et biotech/medtech. Béatrice de Keukeleire, responsable santé de Développement et conseils, dresse un panorama des mutations en cours et des choix stratégiques qui devront être faits.

Biotech finances : Quel état des lieux dressez-vous du secteur en 2012 ?

Béatrice de Keukeleire : Il faut déjà définir ce que regroupe l’appella-tion medical devices. Hors France, on définit quatre macroclasses que sont les dispositifs médicaux à usage individuel, d’équipement, de diagnos-tics in vitro et l’e-santé. En France, les diagnostics in vitro ne sont pas considérés comme des dispositifs médicaux. Derrière cette première catégorisation existe une multitude de sous-classes. C’est donc un secteur, tant au niveau mondial que national, très hétéroclite avec de surcroît une hétérogénéité des produits qui

vont du scanner au lit du patient, en passant par le stent. Le marché mondial medical devices était estimé à près de 200 Mrd€ en 2010. La branche la plus innovante du secteur est en bonne santé car portée par l’émer-gence des dispositifs médicaux intel-ligents. La cartographie des medtechs est la suivante : si l’on considère le top 100 mondial, 60 viennent des États-Unis et 13 du Japon ; l’Allemagne, de son côté, est dotée de sept leaders, et la France d’un seul, BioMérieux (1). C’est un marché dominé par les multinationales, qui génèrent plus de 70 % du chiffre d’affaires mondial. Le peloton de tête inclut GE Health Care, Medtronic, Philips et Siemens. En dehors de ces gros acteurs existe une myriade de PME et d’ETI, qui sont pour la plupart performantes, car elles choisissent de se spécialiser

dans des indications de niche dont elles deviennent de fait les leaders sur le plan mondial. Comparativement à l’industrie pharmaceutique, où le marché s’est consolidé et structuré, le tissu industriel des medtechs est atomisé. En France, il est de 19 Mds€ et comprend 1 100 acteurs et 400 sous-traitants : métallurgistes, plas-turgistes, etc., dont 50 % de l’acti-vité sont destinés à la conception de dispositifs médicaux. En effet, une autre des particularités de ce secteur tient dans les liens industriels forts entre sous-traitants et medtechs. Par exemple, GE Health Care ne pourrait pas mettre au point ses appareils d’imagerie si l’un de ses sous-trai-tants, la medtech française Prixel, ne lui fournissait pas des sondes.

Biotech finances : Quel est l’élan des medtechs pour recourir au financement des marchés publics ?

B. de K. : L’IPO est un mode de finan-cement couru par ces entreprises qui l’utilisent en priorité pour orga-niser l’exportation de leurs produits et réussir la conquête de territoires hors de leur marché domestique.

Depuis 2010, le secteur a connu une dizaine d’IPO et l’on assiste à une accé-lération de ce mouve-ment boursier depuis le début de l’année, avec quatre IPO, celles d’Intrasense (4,2 M€) et d’Eos Imaging (38 M€)

en février et mars, DBV Technologies en mars et Vexim ce mois-ci. Avant de s’introduire en Bourse, les medtechs réalisent de belles levées de fonds de l’ordre, en moyenne, de 20 M€ auprès de capitaux risqueurs attirés par l’offre d’une rentabilité à plus court terme. Les secteurs sur lesquels parient en priorité les investisseurs actuelle-ment sont l’imagerie, les implants et le diagnostic in vitro. Dans l’imagerie, l’innovation se situe du côté d’une radiation plus ciblée, et donc moins dangereuse pour l’homme, d’une combinaison des modalités (PET scan et IRM), d’une meilleure localisation des tumeurs et de l’apparition de traceurs de plus en plus sophistiqués. Le Tomotherapy et le Cyberknife de la société américaine Accuray en sont des exemples. Au niveau des

implants, les medtechs conçoivent des dispositifs mini-invasifs et le futur réside dans des combinés intelligents associant un implant et un produit actif, à l’instar du stent accompagné d’une molécule antithrombogène. Enfin, le marché du diagnostic in vitro dans lequel les pharmas investissent massivement est en pleine croissance.

Biotech finances : comment « se comporte » la réglementation sur les dispositifs médicaux ?

B. de K. : La réglementation évolue dans les medical devices et diffère, encore une fois, selon qu’il s’agisse, par exemple, d’un stent couplé à une molécule (ce qui induit des essais cliniques longs et coûteux) ou d’un lit d’hôpital. La réglementation se fait en deux temps : le dispositif doit d’abord obtenir le marquage CE et ensuite le code de remboursement, et pour chacune de ces étapes, des essais cliniques doivent être réalisés. Si l’on reprend l’exemple du stent intelli-gent, les études cliniques de ce type de medical device sont réalisées sur 5 à 6 000 patients selon la capacité de l’entreprise à recruter les individus, s’apparentant à une phase III de candidat médicament. Il est à noter que les medical devices peuvent être remboursables ou déremboursables au même titre que les médicaments.

Biotech finances : comment nos pépites françaises peuvent-elles grandir ?

B. de K. : En effet, nous n’avons pas en France de medtechs pures, leaders à l’échelle mondiale. Le secteur s’avère vraiment contrasté avec de très bonnes compétences académiques et cliniques ainsi que des savoir-faire industriels, d’une part, mais des entreprises de petite taille ou de taille intermédiaire peu visibles qui peinent à croître, d’autre part. Citons deux clés qui peuvent leur permettre d’assurer leur croissance. Premièrement, les medtechs doivent prendre conscience bien en amont (avant le marquage CE) de l’évolution rapide des exigences réglementaires, à savoir montrer l’efficacité du produit innovant et son apport par rapport aux dispositifs existants, afin de limiter l’impact d’un éventuel durcissement des règles sur les essais cliniques postmarquages

La France ne compte qu’un seul leader, BioMérieux.

Béatrice De Keukeleire

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CE. Secondement, le principal relais de croissance de ces entreprises réside dans l’internationalisation de leurs activités. Ceci est encore plus vrai pour celles concevant des dispositifs de niche, qui ne peuvent se contenter du territoire français et doivent aller chercher des marchés à l’international pour générer un chiffre d’affaires conséquent. Sans surprise, les medtechs qui ont le plus souffert de la crise sont celles qui ont loupé le virage de l’internationalisation et sont restées dépendantes du marché français. Un des dangers pour celles qui restent en France est de voir leur dispositif un jour déremboursé. À l’in-

verse, celles qui exportent réussissent plutôt bien, comme l’attestent les exemples de Mauna Kea ou Stentys cotées en Bourse. Bien sûr, certaines medtechs spécialisées dans les dispo-sitifs chirurgicaux et qui comptent pour clients les hôpitaux et centres de recherche, peuvent, elles, se satisfaire du seul marché français, déjà impor-tant dans ce cas.

Biotech finances : Il est important ensuite aussi de rester compétitif et donc innovant…

B. de K. : La sortie de nouveaux produits est en effet un autre élément de croissance. Dans ce secteur, à la différence de la pharma où un médi-cament donné reste longtemps sur le marché, les cycles des produits sont courts, entre deux et cinq ans, ce qui impose aux concepteurs et fabricants de devoir faire évoluer la gamme rapi-dement. Les investissements derrière sont donc en général de plus en plus lourds. Il faut aider les entreprises à alimenter leurs flots d’innovations et pour cela, les inciter à collaborer avec des partenaires publics et privés dans le triptyque vertueux acadé-mique/clinique/industriel. Les pôles de compétences français ont été identifiés : le Sud-Est concentre les acteurs du diagnostic in vitro, l’Ile-de-France les équipements d’imagerie et

la région rhônalpine les dispositifs à usage individuel. Enfin, l’aspect de la formation est crucial : c’est un secteur qui exige d’avoir des compétences multiples touchant entre autres à la biologie, à l’optique, à la plasturgie, et les formations sont trop peu nombreuses.

Biotech finances : comment la France peut-elle soutenir les PME medtechs à l’export ? B. de K. : Il existe en France deux biais par lesquels une medtech peut rece-voir de l’aide à l’exportation de ses produits. Le premier est bien connu,

c’est Ubifrance, l’Agence française pour le déve-loppement international des entreprises. Tout récemment, le gouverne-ment, faisant le constat d’un tissu de praticiens français insuffisamment développé, a mis en

place le fonds Innobio2 MedTech, sur le modèle de son prédécesseur Innobio, dans l’objectif d’accélérer la croissance des PME françaises. Le FSI pourra apporter jusqu’à 50 M€ à ce fonds d’investissement dans le secteur des dispositifs et des équipe-ments médicaux.

Biotech finances : Se dirige-t-on vers une concentration du secteur ?

B. de K. : On observe bien aujourd’hui une dynamique de consolidation au vu des récentes acquisitions dans le diagnostic in vitro de pépites fran-çaises par des acteurs mondiaux ou importants. En 2011, Mérieux a ainsi acheté la française AES Chemunex, spécialiste de l’analyse microbiolo-gique, le Néerlandais Qiagen a mis la main sur Ipsogen, puis cette année, Sanofi s’apprête à acquérir l’Améri-caine Pluromed Inc. En revanche, nous n’assistons pas à un rapproche-ment des medtechs entre elles ou à un fusionnement entre biotechs et medtechs, chacun restant dans son cœur de métier.

Biotech finances : Sur un plan pros-pectif, quelles sont les évolutions que le secteur pourrait connaître ces prochaines années ?

B de K. : Plusieurs tendances se

dégagent, à commencer par l’amplifi-cation du mouvement de rapproche-ment que l’on vient d’évoquer entre les industriels pharmaceutiques et les PME medtechs qui devrait concerner en priorité le secteur du diagnostic. Le domaine des tests compagnons en oncologie est effectivement en pleine expansion, les big pharmas investissant de plus en plus dans la médecine personnalisée. Du côté des dispositifs chirurgicaux, les praticiens recherchent des produits de plus en plus intelligents, complexes, mais aussi plus performants et surtout moins traumatisants pour les patients. Une autre révolution à venir d’ici 5 à 10 ans se situe du côté de l’e-santé, domaine encore balbutiant mais qui réserve de grandes promesses en particulier dans l’allègement du remboursement des soins. Dans un contexte de disette des finances publiques européennes, l’e-santé pourrait bénéficier d’une volonté politique forte. Cependant, rien n’avancera au niveau national tant que la réglementation européenne n’aura pas fini de se mettre en place. De plus, l’e-santé pose des questions éthiques, comme la prise de respon-sabilité dans le cas d’un diagnostic erroné, auxquelles des réponses sont toujours attendues. Enfin, sur le plan macroéconomique, les PME fran-çaises se doivent d’être présentes sur deux marchés en forte crois-sance, dont le Brésil, qui était estimé à 3,24 Mrd€, et le Moyen-Orient. Ce dernier se positionne comme l’un des marchés les plus dynamiques avec un taux de croissance de 41 % du marché des medical devices d’ici à 2014. Le secteur saoudien de la santé est l’un des plus importants de la région du Golfe et du Moyen-Orient (5e sur 17 pays). L’image de la France, reconnue pour ses produits de qualité, donnera un avantage aux entreprises tricolores sur le marché saoudien, cependant ils devront faire des efforts quant aux prix afin de pouvoir se différencier de leurs concurrents américains, alle-mands, chinois ou japonais.

Nos medtechs doivent aller cher-cher des marchés à l’international.

Béatrice De Keukeleire

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Propos recueillis par Anne-Laure Languille

(1) - Le reste du compte est réparti sur plusieurs pays à raison de moins de 5 leaders par pays : 1 en Chine, 1 en Italie, 2 au RU, 2 en Suède, 5 en Suisse, 2 aux Pays-Bas, 3 au Danemark, 1 en Belgique, 2 en Australie.

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V e i l l e S t r a t é g i q u e

EUROPE - ISRAËL : LES DEALS DU 30 MARS AU 5 AVRIL 2012

Acquiror name

Acquiror country code

Target name

Target country code

Deal type Deal status Deal value

th EUR

1. PRESTIGE BRANDS HOLDINGS INC. US GLAXOSMITHKLINE PLC'S 17 OVER-THE-COUNTER PHARMACEUTICAL BRANDS GB Acquisition 100% Completed 494,604.00*

2. LAURO 57 IT EUTICALS SPA IT Institutional buy-out 100% Completed 300,000.00*

3. GLAXOSMITHKLINE PLC GB THERAVANCE INC. US Minority stake increased from 18.357% to 26.905% Pending 255 459,45

5. DECHRA PHARMACEUTICALS PLC GB EUROVET ANIMAL HEALTH BV NL Acquisition 100% Pending - awaiting shareholder approval 135 000,006. DECHRA PHARMACEUTICALS PLC GB Minority stake 23.077% Announced 72 713,497. VALIRX PLC GB Minority stake 15.879% Announced 19,054.43*8. HALMA PLC GB ACCUTOME INC. US Acquisition 100% Completed 18,735.00*9. NOVO A/S DK ALLOCURE INC. US Minority stake unknown % Completed 18 735,0012. BIOINVENT INTERNATIONAL AB SE Minority stake 9.091% Completed 11 823,4613. EXISTING INVESTORS RENEURON GROUP PLC GB Minority stake 15.634% Pending - awaiting shareholder approval 11,246.68*14. MABION SA PL Minority stake 27.368% Announced 9,093.01*15. MIDSONA AB SE NORDSVEEN AS NO Acquisition 100% Completed 8,951.52*16. OPTOS PLC GB Minority stake 4.201% Completed 8,773.54*17. MR IGNACE GOETHALS GB ALLERGY THERAPEUTICS PLC GB Minority stake 16.52% Announced 7 161,3418. DIRECTORS SUMMIT CORPORATION PLC GB Minority stake 47.069% Announced 6 013,6319. ANPARIO PLC GB MERIDEN ANIMAL HEALTH LTD GB Acquisition 100% Completed 4,948.16*20. CFR INTERNATIONAL SPA CL ALLERGY THERAPEUTICS PLC GB Minority stake 11.824% Announced 4 846,2021. BALLAST POINT VENTURE PARTNERS LLC US MOLECULARMD CORPORATION US Minority stake unknown % Completed 4 496,4023. INSTITUTIONAL INVESTORS ALLERGY THERAPEUTICS PLC GB Minority stake 9.471% Announced 3 778,6024. TROQUEERA ENTERPRISES LTD CY BIOTON SA PL Minority stake 0.933% Completed 3 044,6025. FOUNDERS ES AB-THERAPEUTICS SL ES Minority stake unknown % Completed 500,00

27. BANKOM DOO RS BIOPROTEIN AD RS Acquisition increased from 89.845% to 95.413% Completed 22,24

28. IPSOS SA FR IPSOS SA AND QATAR HOLDING'S MARKET RESEARCH JOINT VENTURE QA Joint venture 100% Announced n.a.

29. BRUKER CORPORATION US SKYSCAN NV BE Acquisition 100% Completed n.a.32. PENTAX EUROPE GMBH DE DIGITAL ENDOSCOPY GMBH DE Acquisition 100% Completed n.a.33. VION FOOD GROUP LTD GB BAIC PROTEIN PTY LTD AU Acquisition 100% Completed n.a.

A n n o n c e s d ’ a f f a i r e s

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Biotech finances est une lettre hebdomadaire imprimée et en ligne publiée par les Editions Européennes de l’Innovation ▪ Directeur de la publication et Rédacteur en chef : Jacques-Bernard Taste – [email protected] ▪ Rédaction : Juliette Lemaignen – [email protected] ; H Ella – [email protected] ; Anne-Laure Languille – [email protected] ▪ Maquette : Anne-Laure Perret - www.annelaure-p.com ▪ Société Editrice : Editions Européennes de l’Innovation, au capital de 40 326€ ▪ Siège Social : 108 rue Bossuet, 69006 Lyon France ▪ Tél. + 33 (0) 980 08 51 45 ▪ Fax. +33 (0) 980 08 51 46 ▪ RcS Lyon : 480 764 398 ▪ commission paritaire : 0616 I 79205 ▪ ISSN : 1298-9428 ▪ Prix du numéro : 37 € ▪ Prix de l’abonnement annuel : 1 170 € (44 n° / an) ▪ Site web : www.biotech-finances.com ▪ Publicité : + 33 (0) 980 80 08 51 45 ▪ Imprimeur : Dupli-Print 2 rue Descartes, 95330 Domont.

HybrigenicsParis – 75

Partenariats Hybrigenics recherche un partena-riat de développement de l’inécal-citol en dermatologie pour le traite-ment du psoriasis par voie orale et/ou en oncologie pour celui du cancer de la prostate et de la leucémie lym-phoïde chronique.

VenomeTechSophia-Antipolis - 06

FinancementsVenomeTech, qui exploite le poten-tiel pharmacologique des molécules contenues dans les venins animaux pour le développement de nouvelles molécules thérapeutiques, recherche 2 M€ pour assurer le développement de ses activités. La société souhaite aussi entrer dans des consortiums de recherche européens et nationaux.

MATWINBordeaux – 33

Appel à candidaturesPlate-forme d’aide à la maturation des projets, Matwin lance son 4e appel à candidatures. Ce dernier permet à des équipes de chercheurs et de cliniciens de transférer plus rapidement les résultats de leurs travaux de recherche vers de grands noms de l’industrie pharmaceutique leaders en oncologie. Le programme Matwin est destiné à tous les chercheurs et cliniciens ayant identifié une innovation en oncologie pouvant avoir un bénéfice prédictif, diagnostic ou thérapeutique pour des patients. Cette innovation doit présenter un fort potentiel de transfert industriel. Elle doit également viser à consolider la preuve de concept et la maturation préclinique avant un transfert vers l’industrie. Pour candidater au programme, l’ensemble des documents est téléchargeable sur www.matwin.org ainsi que sur les sites des Cancéropôles et institutions partenaires du programme. La lettre d’intention devra être déposée au plus tard le 30 avril 2012. Contacter Cécile Faurie [email protected] et/ou le correspondant MATWIN de votre Cancéropôle de rattachement.