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TES-L Etude de documents HISTOIRE THEME 3 « Les Etats-Unis et le monde » - Corrigé Mme Le Cœur & M. Rignol

- DEUXIEME PARTIE –

ETUDE CRITIQUE DE DOCUMENTS EN HISTOIRE Sujet : La puissance des Etats-Unis de 1918 à 1945 Montrez l’évolution de la politique étrangère des Etats-Unis de 1918 à 1941 sans oublier de porter un regard critique sur les deux documents. Vous évoquerez aussi leur portée (après 1918 et 1941). Document 1 : Extrait du discours du président Woodrow Wilson devant le Congrès des Etats-Unis, le 8 janvier 1918. « […] Ce que nous exigeons dans cette guerre n’est donc rien de particulier pour nous-mêmes. Ce que nous voulons, c’est que le monde devienne un lieu sûr où tous puissent vivre […], spécialement pour toute nation éprise de la paix, comme la nôtre, pour toute nation qui désire vivre librement de sa vie propre, décider de ses propres institutions, et être sûre d’être traitée en toute justice et loyauté par les autres nations, au lieu d’être exposée à la violence et aux agressions égoïstes de jadis […]. C’est donc le programme de la paix du monde qui constitue notre programme. Et ce programme, le seul possible selon nous, est le suivant : 1 – Des conventions de paix, préparées au grand jour […]. 2 – Liberté absolue de navigation sur mer, en dehors des eaux territoriales […]. 3 – Suppression, autant que possible, de toutes les barrières économiques, et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations consentant à la paix et s’associant pour son maintien. 4 – Echanges de garanties suffisantes que les armements de chaque pays seront réduits au minimum compatible avec la sécurité intérieure […]. 9 – Une rectification des frontières italiennes devra être opérée conformément aux données clairement perceptibles du principe des nationalités […]. 14 – Il faut qu’une société des nations soit constituée en vertu de conventions formelles ayant pour objet d’offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux petits comme aux grands Etats. »

Source : Digithèque de matériaux juridiques et politiques de l’Université de Perpignan. Document 2 : Photographie d’une réunion publique organisée par l’ »America First Committee », aux Etats-Unis en 1941

Traduction du texte : « sauvez nos fils. Non aux convois [d’armements pour l’Europe]. Non à la guerre. Non à la mort de soldats américains. Rejoignez le comité America First. Aidez-nous dans notre combat. Note : L’ « America First Comittee » (« comité Amérique d’abord ») fut fondé en 1940 pour s’opposer à l’hypothèse de l’entrée en guerre des Etats-Unis. Ce groupe de pression organisa notamment de nombreux meetings et aurait compté jusqu’à 80 000 membres.

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TES-L Etude de documents HISTOIRE THEME 3 « Les Etats-Unis et le monde » - Corrigé Mme Le Cœur & M. Rignol

TES-L Etude de documents corrigée : EUA et le monde, en 1918 et en 1941. Les Américains sont persuadés être dotés d’une « manifest destiny », avec un modèle idéal et parfait, celui de la démocratie libérale. Ils sont donc historiquement partagés entre la diffusion de leur modèle (ou interventionnisme) ou au contraire, leur protection par-dessus tout (ou isolationnisme). Ces deux tendances se retrouvent dans la politique extérieure américaine en 1918 comme en 1941, comme nous le montrent ces deux documents. Le 1er est le discours officiel prononcé le 8 janvier 1918 par W. Wilson, président des EUA, devant le Congrès. Il y expose les « 14 points » justifiant la participation des EUA à la 1ère guerre mondiale. Ce texte est la base des négociations de paix à Versailles, en 1919, qui réorganisent l’Europe selon le principe des Etats-Nations. Le 2ième document traduit l’opinion d’une association de citoyens américains hostile à l’entrée en guerre que prépare alors leur président, Roosevelt, en 1941 : en effet, l’année 41 voit le renforcement du soutien apporté par les USA à la Grande Bretagne, seule démocratie en guerre contre les Nazis. Quels furent donc les débats, entre maintien d’une posture isolationniste ou, au contraire, un interventionnisme tout azimut dans les affaires mondiales, et ce, à deux dates clefs de l’histoire étasuniennes et mondiales, 1918 et 1941 ? Avec quelles répercussions pour chacun de ces deux documents ? Les « 14 points » de Wilson forment une doctrine nouvelle : un nouvel ordre mondial fondé sur le droit dans lequel les EUA joueraient un rôle majeur. Ce n’est qu’un projet car, en janvier 1918, l’Entente n’a pas encore gagné la guerre. Il s’agit d’une rupture avec la doctrine Monroe, énoncée en 1823 et selon laquelle les EUA ne doivent pas s’immiscer dans les affaires européennes ni permettre une intervention européenne sur le continent américain : c’est le principe de l’isolationnisme. Or, dès son préambule, Wilson exprime le principe de paix mondiale, fondée sur « des conventions de paix, préparées au grand jour » (article 1), contrairement aux alliances militaires plus ou moins secrètes entre Etats qui ont menées à la 1ère guerre mondiale. Il justifie aussi l’entrée en guerre des USA au nom de la défense du droit international et des intérêts US menacés (attaques allemandes contre les navires civils américains : atteinte à la liberté des mers), fondé sur la liberté de commerce (article 2) et la diffusion du libre-échange, au cœur de la doctrine libérale US (article 3). Ainsi, il prépare les relations internationales d’après-guerre, fondées aussi sur une réduction de l’armement (article 4) et surtout le respect « du principe des nationalités » (article 9) ou droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. L’application du principe de l’Etat-nation doit permettre de minimiser les conflits futurs. Enfin, dans l’article 14, il propose la création de la SDN pour « offrir des garanties mutuelles d’indépendance politique et d’intégrité territoriale aux petits comme aux grands Etats ». Cet interventionnisme est cependant refusé par le Congrès qui ne ratifie pas le texte fondateur de la SDN. L’opinion publique reste attachée au pacifisme et ne veut pas qu’un tel interventionnisme dans les affaires mondiales conduise les USA à s’engager dans des guerres ultérieures : ainsi Wilson subit un échec électoral lors des présidentielles de 1920. Le second document se place cependant dans un contexte de retournement progressif de l’opinion américaine, après le triomphe de l’isolationnisme pendant l’Entre-deux-guerres aux USA, même si le pays continue de jouer un rôle prépondérant dans les relations internationales, de part son statut de 1ère puissance mondiale. Ainsi, les présidents qui se succèdent jusqu’en 1939 (de Harding à Roosevelt) mènent tous une politique nationaliste de repli, symbolisée par le slogan « America first », politique renforcée par la crise des années 30. Mais cet isolationnisme de façade n’empêche pas les EUA de mener une diplomatie du dollar, en Europe notamment : ainsi les plan Dawes (1924) et Young (1929) permettent d’abaisser le montant des réparations allemandes, pour éviter un nouveau conflit européen, tout en préservant les intérêts économiques des EUA. Malgré le vote de lois renforçant l’isolationnisme comme les lois de neutralité (Neutrality Acts, 1935), elles sont atténuées dès le déclenchement de la guerre en 1939 avec le vote de la loi « Cash and cary », en faveur de livraisons d’armes aux démocraties en guerre (France et GB). Les EUA deviennent dès lors l’arsenal des démocraties. Cette tendance, dénoncée par le Comité, est d’ailleurs accentuée par la défaite de la France en juin 40: ainsi, « l’America First Comittee » ne rassemble que 80 000 adhérents en 1940, ce qui peut sembler peu, comparé à la population US. Ce comité proteste contre l’amplification de l’interventionnisme américain au cours de l’année 1941, avec le vote de la loi « prêt-bail » pour aider la GB, alors seule en guerre contre l’Axe, puis l’URSS, à partir de juin 1941. En août de la même année, Roosevelt et Churchill signent la Charte de l’Atlantique, qui réaffirme les principes défendus par Wilson en 1918. Il y a donc continuité entre la politique de Wilson et Roosevelt, malgré opposition d’une partie de la population. L’attaque de Pearl Harbour en décembre 1941, achève de réconcilier Roosevelt et son opinion publique : la déclaration de guerre au Japon, puis à l’Allemagne Nazie, marque une étape décisive dans la politique étrangère interventionniste des EUA, au nom de la défense de leurs valeurs mais aussi de leurs intérêts. Ces deux documents sont révélateurs des débats ayant divisés l’opinion publique américaine, entre interventionnistes et isolationnistes. L’échec du tournant interventionniste voulu par Wilson en 1918-1919 n’empêche cependant pas que les EUA assument avec ambiguïté leur rôle de grande puissance mondiale pendant l’Entre-deux-guerres. Cependant, l’entrée dans la Seconde guerre mondiale marque clairement la mort de l’isolationnisme, et le monde de l’après 1945 va durablement porter la marque décisive des EUA, et ce, dans tous les domaines, économique, culturelle, et surtout politico-militaire.