JEET KUNE DO : l'Autre héritage de BRUCE LEE1TJ

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\ au cœur des Arts Martiaux

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Iles Cherdilampion du Mondaraté

Yagyu : Visite de l'écoled'armes japonaise desShogun • Boxe Thaï : Morad Sari,1er Occidental à décrocher la ceinture duLumpinee • Taekwondo : Moctar Doumbiaet tous les Français se préparent pour les J.O.

Aïkido : StevenSeagal à Paris !

M1581-269-28,00 F

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Filho bat HoToutes les pHl

Karate-Bushido N 269, juin 1999. Editeur : Européenne75008 PARIS. Tél. 01 49 52 14 00. Fax : 01 49 52 14 44.

George V KCouverture Ceinture Noire{photo : Denis Boulanger)

4 Images choc du mois

8 Courrier

10 Ciné-Livres-Vidéos

12 Revue de presse.

26 Aïkido : Steven Seagalen France.

36Champion: MoctarDoumbia, champion de Francede Taekwondo.

42 La Chronique d'Henry Plée

50 Document : l'histoire derécote Yagyu Shinkage Ryu,par Sylvah Guintard.

54 Panorama des artsmartiaux.

70 Résultats de Taekwondo.

76 Cinéma : Les Maîtresde l'Ombre.

80 Savoir faire : améliorezvos positions.

90 L'Histoire du Budopar Kenji Tokitsu.

94 Club Bruce Lee.

95 Le supplément CONTACT

96 Zoom contact.

98 K-1 Revenge au Japon :la victoire de Fihlo face à Hoost

104 Kick Boxing à Lyon

106 Champion:Samir Berbachi.

114 Panorama : l'actualitédes sports de combat

116 Guide des bonnesadresses.

122 Avenir : le mois prochaindans Karaté-Bush ido.

DOSSIERQuel mythe etquelle réalité secachent derrière laceinture noire ? 14

EnquêteLe Jeet Kune Do de BruceLee est-il vraimentun art martial ? 22

GRAND MAITREHidetoshi Nakahashiun 7e dan entre

RENCONTREavec Roger Paschy :

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tradition et modernité.228 ^uand une légendedu Karaté françaisrevient sur scène. 46LES COUPS GAGNANTS

avec Bill Wallace(Fu II-contact) et GillesCherdieu (Karaté)

OUBPOSTERBruce Lee, fondateur duJeet Kune Do et ToshioFujiwara, le premierchampion japonais deKick Boxing.

CONTACT Grandepremière en Thaïlande : laceinture du Lumpineeéchappe aux Thaïs.

Karaté Bushido/juin 99

DocumentL'Ecole desDictateurs

Sylvain Guintard, notre correspondant au Japon,nous raconte les grands moments de l'école Yagyushinkage ryu, dont l'enseignement se perpétueencore de nos jours.

L école Yagyu Shinkage estl'un des pilliers de l'art dusabre moderne. Elle est née

à une époque où le Bujutsu (les artsguerriers du Japon ancien) n'avait rien desportif. Elle est régie par des règlesdifférentes des écoles qui émmergèrent àpartir du 18° siècle. De nos jours, il y aencore des transmissions secrètes

réservées aux maîtres, surtout concernantles applications de certains principestechniques pour acquérir le mai (notionde distance dynamique lors d'un combat)et les hyoshi (les cadences). Ces deuxnotions impotantes furent développées,entre autres, par Fukuno Shichirozaémon(disciple de Sékkishusai Munétoshi),créateur d'une méthode particulière deYawara-jujutsu : l'école Kito (de Ki: okiru,se réveiller; et de To: taosu,renverser) quidevait devenir le Judo Kodokan quelques

siècles plus tard; et plus proche de nous,par Ueshiba Morihei, créateur de l'Aikido.

L'évolution des artsmartiaux au JaponOn peut diviser l'évolution des artsmartiaux au Japon en 4 grandes périodes: la première va juqu'au 14e siècle. Les artsde combats étaient essentiellement dansla noblesse impériale et chez les religieux.La seconde période voit l'introduction destechniques martiales dans les grandesfamilles de la noblesse guerrièrenotamment chez les Minanamoto etparticulièrement du 14" au 16'' siècle; c'estla période des guerres féodales. A partirdu 17e jusqu'au 20e siècle, l'ère d'Edo, lesguerres sont terminées, mais les révolteset duels sont fréquents. On parle de paix;ce n'est qu'une illusion! Les techniquesévoluent pour s'adapter aux changementsde la société dans laquelle elles se trouvent.Le début de ce siècle voit la disparition dela caste des bushi (militaires), mais leclimat qui règne n'en est pas plus sûr pourautant. Ce siècle a connu trois grandsbouleversements : le début du siècle, avecla création des écoles modernes Judo,Karaté, Aikido... La période d'après guerreavec l'évolution des Budo vers les sports-spectacles (qui ne sont pas très éloignésdes jeux de la Grèce antique) et depuis1980, s'opère une réorientation destechniques martiales vers une sorte deguerre (celle de la survie en milieuxinhospitaliers avec les problèmes d'insé-curité dans les villes), une sorte de retouravant le 14e siècle au Japon, d'où peut-êtrece regain d'intérêt pour les techniquesancestrales ?Jusqu'au 161-' siècle, les techniques martialesconcernaient le combat en armure. SousIsémori no Kami, l'art du sabre consistaità être le plus fort pour vaincre. Lespostures étaient très marquées, très basses;en protection du corps. Avant que l'ennemine puisse comprendre, on l'attaquait pardes techniques puissantes et rapides. Onaccordait beaucoup d'importance à latechnique en elle-même. On pensait quela victoire résidait dans l'invincibilité decelle-ci.

La période Edo futcelle de la floraison desécolesDes deux cents écoles anciennes d'artsmartiaux répertoriées sous l'époque d'Edo,il n'en reste plus à l'heure actuelle qu'unevingtaine, dont une dizaine seulementremontent à plus de trois cents. YagyuShinkage fut l'école des Shoguns d'Edo etde la famille Tokugawa en générale. Lalignée des patriarches (soké) estininterrompue depuis la création. Cesderniers appartiennent soit à la familleYagyu ou bien à la famille Tokugawa, endescendance directe! C'est un fait uniquedans l'histoire des arts martiaux du Japon.

Fait rarissime dans les arts martiaux : l'école Yagyu Shinkage possède ui50 Karaté Bushido/juin 99

Le Soke actuel, maître de l'école, est le21e descendant direct : Yagyu NobuharuToshimichi. Il y a quinze ans, et plusrécemment en mai 98, dans le cadre del'année du Japon en France, il fit partie dela délégation d'experts japonais qui vinrentau Théâtre des Champs Elysées pour unesérie de démonstrations exceptionnelles!L'histoire de la création de l'école estquelque peu complexe, car cette dernièrefut élaborée à une époque charnière duJapon: celle de la fin des guerres féodales(sengokujîdai).Le père fondateur de l'école est FujiwaraNobutsuna Ko izumi Isemori no Kami(1508-1577). Né a Joshu, dans l'actuellepréfecture de Guma, au nord-ouest deTokkyo, il appartient à la classe nobilièredes Fujiwara (anoblie par des alliancesavec la famille impériale), seigneur duchâteau de Daikojo. Très jeune il débutel'étude dans de nombreuses écoles d'artsmartiaux, notamment avec Aizu YugamoriIkkosai (1441-1538, créateur de l'écoleKagé ryu, ou Ecole de l'Ombre).

L'école Yayyuest devenuel'école d'armesofficielle desShogun, les chefs

Comme toutes les écoles anciennes officiellementreconnues par le gefavernement japonais, la YagyuShinkage ryu participe tous les ans à la grandedémonstration du Budokan do Tokyo.

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Japon féodal.Nobutsuna étudie aussi le Nen-ryu. En1529, il reçoit les principes supérieurs(gokui) du Kage ryu et grâce à sa pratiqueintensive, il a une sorte de révélationdurant laquelle il perçoit de lui même lesprincipes cachés de cette école. Yugamorilui donne alors un autre prénom, à la placede Nobutsuna: Isemori, comme il est detradition au Japon lors d'événementsexceptionnels. En 1532, de l'écoleOgasawara, il reçoit des transmissionsimportantes du clan des Minamoto,concernant la stratégie militaire, l'art dediriger une armée et l'emploi desdifférentes armes. La renommée deIsemori comme expert de sabre et lancefût acquise très jeune. Vers la fin del'époque Muromachi, en 1565, il est chargé

de superviser la région de Isé. Il établit sademeure en Yamato près de la ville deNara. Devant se rendre à Kyoto, il décided'aller prier au temple d'Isé, et fait haltechez un ami : l'expert Arabukyo, discipledu Tsukuara Bokuden ichi no tachi, de quiil avait reçu les principes profonds. C'est làqu'il rencontre pour la première fois celuiqui allait devenir son plus proche disciple,et qui à l'époque était l'homme le plus fortde l'école Sbinto-ryu dans la province deYamato : l'expert Yagyu SékkishusaiMunéyoshi, chef du clan Yagyu.

Les origines de lafamille YagyuLa famille Yagyu est ancienne et remonteau clan des Taira. Ayant remporté denombreuses victoires, son fief s'étend àpartir de l'époque Nanbokucho (1336 apJC). Elle est puissante dans la région deNara. Ce qui n'était que le territoire d'unefamille est à présent un village qui portele nom de la famille fondatrice : Yagyu.Yagyu Sékkishusai naquit à Yagyu en 1528.Il débute très jeune la pratique des arts dela guerre et devient vite un maître dans lavoie du sabre et de l'arc. Le clan Yagyuétait auparavant très réputé pour sesexperts dans la pratique du tir a Tare. Acette époque, pour connaître une autreécole de sabre que la sienne, on n'allaitpas suivre les cours dans un dojo commecela se passe à présent; surtout lorsque Tonétait un expert : on combattait en duel(sans provocation, ni vindicte) , soit avecsabre réel, ou bien avec le sabre de bois.C'est ainsi que Yagyu Taira Sékkishusairencontra en combat Fujiwara Ko IzumiIsemori no Kami au temple Hôzô In deNara. Le combat dura trois jours, à l'issueduquel Isemori remporta la victoire endésarmant son adversaire. Sékkishusaipressa alors Isemori de bien vouloir lui

enseigner son art, et l'invita à Yagyu.Isemori y demeura six mois; enseignant àSékkishusai tous les jours de façonintensive, du matin au soir et parfois lanuit. Au bout de six mois, il prit congé enposant une question à son diciple :"Comment remporter la victoire dans uncombat si, sans arme, on doit faire face àun adversaire armé?" Ceci était uneinvitation à la recherche sur les principesde la défense à mains nues. L'annéesuivante Isemori revient dans le village deYagyu et Sékkishusai fait devant lui unedémonstration imprcssionante, à la suitede quoi Isemori no Kami transmet àSékkishusai tous les principes secrets del'école Shinkage, et en fait le second soké.

Les subtilités d'unesuccession originaleCe dernier enseigna à ses fils, et auxmembres de son clan exclusivement,l'école Shinkage. La Shinkage ryu devientle trésor sacré de la famille Yagyu.Munétoshi eut cinq fils : le premier seprénommait Shinjiro Toshikatsu. Blessé àla hanche, il dut abandonner sa fonctionde troisième soké mais il resta chef du clanjusqu'à la fin de sa vie. Le second fils,Kyusai, dont on dit qu'il tua plus de 18hommes lors de combats, mourut à laguerre. Le troisième fils, Tokusai devintprêtre. Le quatrième, Muneaki était defaible constitution. Son nom n'apparaît pastrès souvent dans les chroniques du clan.Le cinquième fils se prénommaitMataemom. Son père l'entraîna trèsdurement. Présentant des dispositions pourles arts martiaux, bien que les haïssant (cequi l'opposera plus d'une fois à l'autoritépaternelle), il aurait dû en principe devenirle troisième soké (à la place de son frèreaîné) de l'école mais le destin allait endécider autrement. En 1577, Sékkishusai a

lignée ininterrompue de maître, depuis le 16e siècle jusqu'à nos joursKaraté Bushido/juin 99 51

Documentla cinquantaine; il porte les cheveux longs,telle la crinière blanche d'un lion, unebarbiche et la moustache de même couleur.Il est devenu un maître redoutable. C'estcette même année que s'éteint Isémori noKami. Munétoshi appose le nom de sonvillage à celui de l'école; et cette dernièreprend sa dénomination actuelle : YagyuShinkage Ryu.En 1598, Yéasu Tokugawa (nouveauShogun du Japon), à qui la renommée dela famille Yagyu était parvenue, faitmander Munéloshi pour unedémonstration, à son quartier militaire deKyoto. Munétoshi a 56 ans et Yéasu 53ans. Yéasu est aussi un expert d'une écolede sabre de Okayama. Munétoshi se rendà l'invitation accompagné du JeuneMataémon. Lors de l'entrevue, Yeasu tendun sabre en bois à Munétoshi, mais cedernier rétorque que si l'on souhaite voirce qu'est véritablement le bujutsu del'école Yagyu, il est nécessaire d'utiliserun sabre réel. Munétoshi remet quant àlui ses sabres à Mataémon. Yéasu fait face,et attaque. En moins de temps qu'il n'enfaut pour le dire, Munétoshi le désarme.

obutsuna changea lespostures de combat au sabre,les élevant un peu; la façon detenir le sabre et la longueur dela lame de celui-ci. Il mit au

point une nouvelle méthoded'entraînement et d'étude. Auparavantl'apprentissage avait lieu avec le sabre

tout en le projettant au sol. A la suite dequoi, le seigneur Yéasu Tokugawa fait lademande officielle pour devenir discipledu maître Yagyu Munétoshi (le documentest toujours dans la famille Yagyu, et j'aimoi-même eu l'opportunité de le voir demes propres yeux). Mais prétextant qu'ilest désormais trop âgé pour instruire, ildélègue son lïls Mataémon. C'est ainsi quele jeune Malaémom, suivant YeasuTogukawa. deviendra le maître de sabre,non pas de Yéasu, mais de son fils cadet;Idétada et du fils de ce dernier: lyémiîsu.

La lignée de EdoMataémon se rendit à Edo (Tokyo) etchangea de nom pour : Munénori. A partirde cet instant l'école Yagyu Shinkagedevint officiellement l'école des Tokugawa.Durant la bataille de Sékigahara,Munénori fut aux côtés de Yéasu, et cedernier versa une rente de 2000 goku(monaie de l'époque qui consiste enl'attribution de terres) à Yagyu MunétoshiSékkishusai, plus 1000 goku pourMunénori; ce qui représentait une somme

Nobutsunan acier ou en bois. Les pratiquants se

devaient donc d'arrêter leurs frappes. Ilmit au point (300 ans avant l'inventiondu shinai, sabre de bambou) un bâtonconstitué de plusieurs lamelles debambou, le tout revêtu d'une gaine encuir avec un équilibrage semblable ausabre en acier. Cela permettait, tout engardant la sensation du sabre, de délivrerdes frappes avec rapidité et puissance,sans arrêter ses attaques, et sansoccasionner de blessures sérieuses.Présentant le changement d'époque,Nobutsuna a repensé le Bujutsu, soitavec des armures légères ou bien sansarmure du tout. Le visage de la guerrese transformant, il mit au point un styleplus libre, dépouillé et sobre, adapté auxrixes et duels, plus qu'aux champs debatailles. L'époque d'Edo lui donneraraison.Les différences entre les écoles dupassé, qu'il qualifiait de "satsujin ken"(le sabre de ceux qui tuent), caractériséespar leurs attitudes offensives, faites detechniques pour remporter la victoire etl'école Shinkage sont les suivantes: Lesabre de la Shinkage ryu tient comptede la technique adverse pour s'y coller;du terrain et de nombreux autresparamètres. Si le sabre n'arrête pas lemouvement de l'ennemi, mais s'adaptantà celui-ci, s'il rentre dans l'évolution de cedernier pour ensuite le "pourfendre",alors ce sabre s'appelle: "Katsujin ken",le sabre de celui qui préserve la vie.

d'argent considérable. Durant la bataille,Munénori eût une révélation et plus tardfonde la branche Yagyu Shinkage deTokyo (à ne pas confondre avec l'écoleYagyu Shingan qui fut crée par un élèvede Munénori, originaire de la ville Sendai.dont les techniques sont très différentes,mais qui simplement apposa le nom de sonmaître par respect.)Conseiller privé du Shogun Yeasu etmaître d'armes du second fils : IdétadaTokugawa, Munénori fût aussiprobablement un "jonin" c'est-à-dire undirigeant ninja, car il entretenait des liensprivilégiés avec la famille Hatlori, du clanninja de Iga, ainsi que de nombreusesautres écoles de l'ombre. Sa techniquemartiale était exceptionnelle. Il fut respectéet craint parmi tous les daimyo. ProtégeantIdétada lors de la première attaque contrele Château de Osaka, il sortit vainqueurd'une rixe contre huit adversaires. Lors dela seconde attaque de ce château, il sauvades flammes la fi l le de ïdetada, mariéeavec le fils Ideyoshi. Ce dernier meurt lorsdu conflit, mais son épouse qui était uneTokugawa pu revenir à Edo grâce à YagyuMunénori. En 1632, Munénori est promuContrôleur Principal; puis en 1636, îl estélevé au rang de Daimyo avec une renteannuelle de 10000 goku. II devient l'un desseigneurs les plus puissants, après leShogun, sous le nom de : Yagyu MunoriTajima no Kami.

Le mystérieuxYagyu JubeiMunénori, de son premier mariage eutdeux fils: l'aîné est si énigmatique qu'il afait couler beaucoup d'encre. Il s'agit dutrès célèbre Yagyu Jubei Mitsuyoshi. Lesecond se nommait Tomonori et letroisième (né de sa deuxième épouse)Munéfuyu. C'est ce dernier qui reprendrala branche Yagyu de Edo lorsque Jubeiquittera Edo pour Yagyu. La branche deMunénori fut un pillier important de lacréation des écoles d'arts martiaux sousles Tokugawa. Yagyu Jubei Mitsuyoshi estné en 1607, une année après la mort deson grand-père Sékkishusai. Dès qu'il sutmarcher, on dit qu'il montra desdispositions exceptionnelles pour les artsmartiaux en tous genres. A partir del'adolescence, on le décrit avec une tsuba(garde de sabre) sur l'œil droit, car il auraiteu l'œil abîmé en s'entraînant au bokken(sabre en bois). Mais le mystère demeuresur la raison véritable du port de cettetsuba sur l'œil. Jusqu'à la mort de sa mère,vers l'âge de 13 ans, il vécut à Edo. Soncompagnon d'armes fut le futur troisièmeshogun des Tokugawa : lyemitsu. Lors d'unséjour au village de Yagyu, il découvre lesécrits laissés par son grand-père. Il est leseul à pouvoir les déchiffrer. II les transcritdans un langage plus clair et les met enpratique. Vers l'âge de 20 ans Jubei rentreau village de Yagyu. Mais il est fortprobable que sur ordre de son père, il

Ecole d'armes officielle des dirigeants du Japon, l'école Yagyu Shinkage eut52 Karaté Busiiido/juin 99

t

travailla à l'élaboration d'un réseauimportant de contre-espionnage. Il ne serajamais le conseiller militaire de lyémitsu,comme certains le prétendent. 11 fit le"musha shugyo" (recherche dans la Voiedu sabre) dans tout le Japon et résidatoujours au village de Yagyu, et non pas àEdo (Tokkyo). Même sa mort est unmystère. Il décède à l'âge de 44 ans, ce quiest relativement jeune pour un expert siexceptionnel, lors d'une chasse au faucon.Nombreux sont les historiens à penser quecette mort n'était peut-être qu 'unstratagème pour changer d'identité. Plusque Isémori, Munétoshi et Munénori,Yagyu Jubei Mitsuyoshi lut un génie dusabre. Il a laissé une série de notes sur l'artdu sabre dans des carnets que le 21" soképossède toujours , intitulés Tsuki no shoou Séries de la lune. Lors de la lecture deses carnets, on s'aperçoit que l'art du sabrede Jubei était tout à fait original,particulier; en deux mots : sublime etultime. Jubei Mitsuyoshi était un véritablemaître dans tous les sens du terme.

La branche de NagoyaLe frère aine de Tajima no kami YagyuMunénori : Shinjiro Toshikatsu étaitfortement handicapé et c'est vers le fils deShinjiro. le jeune Yogosuké que se tournaSékkishusai pour transmettre l'école. Dèssa naissance, on dit que le petit-fils nequitta jamais son grand-père; et que leurscaractères se ressemblaient. Sékkishusaiavait énormément de passion pourenseigner à Yogosuké. Jusqu'à l'âge de 26ans, Yogosuké vécu auprès de SékkisusaiMunétoshi. En 1603. le seigneur du

LE MAITRE REPOND :" Pas de sabreen bois ! Si vous souhaitez voir ceqo'esl véritablement notre art, vousdevez utiliser un sabre réel !"château de Nagoya, Kiyomasa Katodemande à Yogosuké de bien vouloir venircomme maître d'armes. Yogosuké changede prénom et prend celui de : NagatoshiKiyomori. Munéloshi a une telle affectionpour son petit-fils qu'il fait promettre (faitrarisime) au seigneur Kiyomasa, depardonner par trois fois, si Yogosukémanquent aux convenances. A cetteépoque, on avait vite fait de couper lestêtes; ou de demander l'ouverture duventre (seppuku). Cela nous indique aussique, comme son grand-père et ses oncles,le jeune Yogosuké devait avoir uncaractère particulièrement difficile; ce quisemble être un trait de famille chez lesYagyu. Kiyomasa éprouve un très grandrespect pour la famille Yagyu. Durantl'année où Yogosuké demeura au château,Kyomasa lui verse une rente de 500 goku,mais en réalité, 3000 goku lui furent remis.En 1604, pour on ne sait quelle raison.Nagaloshi Yogosuké quitte le service deKiyomasa et débute le "musha shugyo"autour du Japon. Nagatoshi deviendra le3e soké de l'école Yagyu Shinkage Ryusous le nom de Yagyu Toshiloshi. En 1615

le chef du clan Owari présente Toshitoshià Yeasu Tokugawa et c'est ainsi que le 3esoké devient le maître d'armes deYoshinao Tokugawa du clan Bishu.Toshitoshi s'établit à Nagoya avec unerente annuelle de 500 goku. Il transmet latotalité de l'école à Yoshinao qui devientle 4e soké en 1620. Ce dernier fera du filsde Toshitoshi le 5e soké. Ensuite, de façonalternative, les soké seront soit desmembres de la famille Yagyu soit desmembres de la famille Tokugawa. Cettealliance, pour le maintient d'une traditionmartiale, entre la famille fondatrice et unefamille de haut rang (en l'occurence la pluspuissante de tout le Japon) est un casunique. Aujourd'hui, le 21e soké s'appelleNobuharu Toshimichi Yagyu; il dirige desdojos à Tokyo, Osaka et Nagoya. Il est l'undes principaux dirigeants de la FédérationJaponaise des Ecoles Traditionnellesd'Arts Martiaux Anciens.

Texte de Sylvain Guintard

Photos : D.R. et Sylvain Guintard.

également des contacts secrets avec les clans de ninjas de la province de IgaKaraté Bushido/juin 99 53