Post on 27-Jun-2020
Le nègre de Surinam
Texte extrait de Candide ou l'optimisme, 1759. Conte philosophique où Voltaire critique la vision optimiste.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite.
« Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ?
-- J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre.
-- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
-- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous
travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous
coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma
mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils
te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. "
Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois
moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants
d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains.
Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- O Pangloss! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme? disait Cacambo.
- Hélas! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal » ; et il versait des larmes en regardant son nègre; et
en pleurant, il entra dans Surinam.
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Le nègre de Surinam
Texte extrait de Candide ou l'optimisme, 1759. Conte philosophique où Voltaire critique la vision optimiste.
En approchant de la ville, ils rencontrèrent un nègre étendu par terre, n'ayant plus que la moitié de son habit, c'est-à-dire d'un caleçon de toile bleue ; il manquait à ce pauvre homme la jambe gauche et la main droite.
« Eh, mon Dieu ! lui dit Candide en hollandais, que fais- tu là, mon ami, dans l'état horrible où je te vois ?
-- J'attends mon maître, M. Vanderdendur, le fameux négociant, répondit le nègre.
-- Est-ce M. Vanderdendur, dit Candide, qui t'a traité ainsi ?
-- Oui, monsieur, dit le nègre, c'est l'usage. On nous donne un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois l'année. Quand nous
travaillons aux sucreries, et que la meule nous attrape le doigt, on nous coupe la main ; quand nous voulons nous enfuir, on nous
coupe la jambe : je me suis trouvé dans les deux cas. C'est à ce prix que vous mangez du sucre en Europe. Cependant, lorsque ma
mère me vendit dix écus patagons sur la côte de Guinée, elle me disait : " Mon cher enfant, bénis nos fétiches, adore-les toujours, ils
te feront vivre heureux, tu as l'honneur d'être esclave de nos seigneurs les blancs, et tu fais par là la fortune de ton père et de ta mère. "
Hélas ! je ne sais pas si j'ai fait leur fortune, mais ils n'ont pas fait la mienne. Les chiens, les singes et les perroquets sont mille fois
moins malheureux que nous. Les fétiches hollandais qui m'ont converti me disent tous les dimanches que nous sommes tous enfants
d'Adam, blancs et noirs. Je ne suis pas généalogiste ; mais si ces prêcheurs disent vrai, nous sommes tous cousins issus de germains.
Or vous m'avouerez qu'on ne peut pas en user avec ses parents d'une manière plus horrible.
- O Pangloss! s'écria Candide, tu n'avais pas deviné cette abomination; c'en est fait, il faudra qu'à la fin je renonce à ton optimisme.
- Qu'est-ce qu'optimisme? disait Cacambo.
- Hélas! dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand on est mal » ; et il versait des larmes en regardant son nègre; et
en pleurant, il entra dans Surinam.
Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :
Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à
défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir.
Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font des eunuques,
privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une façon plus marquée.
On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient
d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.
Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez des
nations policées, est d’une si grande conséquence.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on
commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans
la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de
la pitié ?
Montesquieu, De l’esprit des lois (1748), « De l’esclavage des nègres », 3e partie, livre XV, chap. 5
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Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :
Les peuples d’Europe ayant exterminé ceux de l’Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l’Afrique, pour s’en servir à
défricher tant de terres.
Le sucre serait trop cher, si l’on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
Ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre.
On ne peut se mettre dans l’esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout une âme bonne, dans un corps tout noir.
Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l’essence de l’humanité, que les peuples d’Asie, qui font des eunuques,
privent toujours les noirs du rapport qu’ils ont avec nous d’une façon plus marquée.
On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient
d’une si grande conséquence, qu’ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.
Une preuve que les nègres n’ont pas le sens commun, c’est qu’ils font plus de cas d’un collier de verre que de l’or, qui, chez des
nations policées, est d’une si grande conséquence.
Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on
commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
De petits esprits exagèrent trop l’injustice que l’on fait aux Africains. Car, si elle était telle qu’ils le disent, ne serait-il pas venu dans
la tête des princes d’Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d’en faire une générale en faveur de la miséricorde et de
la pitié ?
Montesquieu, De l’esprit des lois (1748), « De l’esclavage des nègres », 3e partie, livre XV, chap. 5
Texte : Voltaire, Dictionnaire philosophique (1764), « Guerre »
Un généalogiste prouve à un prince qu’il descend en droite ligne d’un comte dont les parents avaient fait un pacte de
famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des
prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d’apoplexie : le prince et son conseil concluent
sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui,
a beau protester qu’elle ne le connaît pas, qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux
gens, il faut au moins avoir leur consentement : ces discours ne parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le
droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d’hommes qui n’ont rien à perdre ; il les habille d’un gros
drap bleu à cent dix sous l’aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et
marche à la gloire.
Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une petite
étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n’en traînèrent à leur suite.
Des peuples assez éloignés entendent dire qu’on va se battre, et qu’il y a cinq à six sous par jour à gagner pour eux s’ils
veulent être de la partie : ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs services à
quiconque veut les employer.
Ces multitudes s’acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir
même de quoi il s’agit.
Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une
contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s’unissant et s’attaquant tour à tour ; toutes d’accord en seul
point, celui de faire tout le mal possible. Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des meurtriers
fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller exterminer son prochain.
Texte : Voltaire, Dictionnaire philosophique (1764), « Guerre »
Un généalogiste prouve à un prince qu’il descend en droite ligne d’un comte dont les parents avaient fait un pacte de
famille, il y a trois ou quatre cents ans avec une maison dont la mémoire même ne subsiste plus. Cette maison avait des
prétentions éloignées sur une province dont le dernier possesseur est mort d’apoplexie : le prince et son conseil concluent
sans difficulté que cette province lui appartient de droit divin. Cette province, qui est à quelques centaines de lieues de lui,
a beau protester qu’elle ne le connaît pas, qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par lui ; que, pour donner des lois aux
gens, il faut au moins avoir leur consentement : ces discours ne parviennent pas seulement aux oreilles du prince, dont le
droit est incontestable. Il trouve incontinent un grand nombre d’hommes qui n’ont rien à perdre ; il les habille d’un gros
drap bleu à cent dix sous l’aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite et à gauche et
marche à la gloire.
Les autres princes qui entendent parler de cette équipée y prennent part, chacun selon son pouvoir, et couvrent une petite
étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires que Gengis Khan, Tamerlan, Bajazet n’en traînèrent à leur suite.
Des peuples assez éloignés entendent dire qu’on va se battre, et qu’il y a cinq à six sous par jour à gagner pour eux s’ils
veulent être de la partie : ils se divisent aussitôt en deux bandes comme des moissonneurs, et vont vendre leurs services à
quiconque veut les employer.
Ces multitudes s’acharnent les unes contre les autres, non seulement sans avoir aucun intérêt au procès, mais sans savoir
même de quoi il s’agit.
Il se trouve à la fois cinq ou six puissances belligérantes, tantôt trois contre trois, tantôt deux contre quatre, tantôt une
contre cinq, se détestant toutes également les unes les autres, s’unissant et s’attaquant tour à tour ; toutes d’accord en seul
point, celui de faire tout le mal possible. Le merveilleux de cette entreprise infernale, c’est que chaque chef des meurtriers
fait bénir ses drapeaux et invoque Dieu solennellement avant d’aller exterminer son prochain.
L'IRONIE
L'ironie est une forme d'expression dans laquelle on se moque de quelqu'un, d'un adversaire ou d'une
idée. Elle consiste essentiellement en un écart, un décalage entre ce qui est dit et ce qui est pensé.
Plusieurs procédés rhétoriques sont couramment employés dans un but ironique:
l'antiphrase, qui consiste à dire le contraire de ce que l'on pense et que l'on veut faire comprendre.
Ex : « Quel courage ! », peut-on dire pour se moquer d'un lâche.
la litote, qui est une figure d'atténuation, peut également être utilisée ironiquement.
Ex : « On ne peut pas dire que la France soit une grande nation en ce qui concerne le golf. »
la prétérition, qui consiste à dire quelque chose en disant qu'on ne le dira pas.
Ex : « Je ne dis pas que tu es stupide. » (Ce qui est une manière de le dire quand même.)
l'hyperbole Ex : « Quel tableau magnifique ! Quel chef d'oeuvre ! On dirait du Rembrandt, du van Gogh ! », à
propos d'une croûte.
l'ajout d'un commentaire absurde Ex : « Pangloss fut pendu, bien que ce ne fût pas la coutume. » (Voltaire, Candide)
Dans une argumentation, l'ironie consiste à faire semblant de donner la parole à son adversaire, à le citer pour
mieux montrer que ses idées sont absurdes, odieuses ou ridicules.
Dans l'argumentation, l'ironie est une arme très efficace, car elle permet de mettre les rieurs de son côté. C'est
l'arme favorite des Philosophes du XVIIIe siècle, comme Voltaire ou Montesquieu.
L'IRONIE
L'ironie est une forme d'expression dans laquelle on se moque de quelqu'un, d'un adversaire ou d'une
idée. Elle consiste essentiellement en un écart, un décalage entre ce qui est dit et ce qui est pensé.
Plusieurs procédés rhétoriques sont couramment employés dans un but ironique:
l'antiphrase, qui consiste à dire le contraire de ce que l'on pense et que l'on veut faire comprendre.
Ex : « Quel courage ! », peut-on dire pour se moquer d'un lâche.
la litote, qui est une figure d'atténuation, peut également être utilisée ironiquement.
Ex : « On ne peut pas dire que la France soit une grande nation en ce qui concerne le golf. »
la prétérition, qui consiste à dire quelque chose en disant qu'on ne le dira pas.
Ex : « Je ne dis pas que tu es stupide. » (Ce qui est une manière de le dire quand même.)
l'hyperbole Ex : « Quel tableau magnifique ! Quel chef d'oeuvre ! On dirait du Rembrandt, du van Gogh ! », à
propos d'une croûte.
l'ajout d'un commentaire absurde Ex : « Pangloss fut pendu, bien que ce ne fût pas la coutume. » (Voltaire, Candide)
Dans une argumentation, l'ironie consiste à faire semblant de donner la parole à son adversaire, à le citer pour
mieux montrer que ses idées sont absurdes, odieuses ou ridicules.
Dans l'argumentation, l'ironie est une arme très efficace, car elle permet de mettre les rieurs de son côté. C'est
l'arme favorite des Philosophes du XVIIIe siècle, comme Voltaire ou Montesquieu.
Le subjonctif
1) Conjugaison
La conjugaison du subjonctif présent
- Tous les verbes sauf « être » et « avoir » ont les mêmes terminaisons : -e, -es, -e, -ions, -iez, -ent
o Verbes du premier groupe : radical + terminaisons (je joue, tu joues, il joue, nous jouions, vous jouiez, ils
jouent)
o Verbes du 2ème groupe : radical + iss + terminaisons (je finisse, tu finisses, il finisse, finissions, finissiez,
finissent)
o Verbes du troisième groupe : radical + terminaisons, mais ATTENTION : le radical peut changer (je sache,
tu saches, sache, sachions, sachiez, sachent)
- Verbes particuliers :
o Être : je sois, tu sois, il soit, nous soyons, vous soyez, ils soient
o Avoir : j’aie, tu aies, il ait, ayons, ayez, aient
- Difficultés et astuces
o Pour trouver la forme du subjonctif d’un verbe du 3ème groupe, on peut le faire précéder de « il faut que » (il
faut que tu viennes, il faut je parte, il faut qu’il comprenne, il faut que vous entendiez…)
o Pour différencier un verbe du premier groupe au subjonctif présent d’un indicatif (présent ou imparfait), on
peut le remplacer par un verbe du troisième groupe (par exemple le verbe « faire »)
Il faut que tu travailles / que vous travailliez > Il faut que tu fasses / que vous fassiez
Je sais que tu travailles / que vous travailliez > Je sais que tu fais / que vous faisiez
Idem pour un verbe du 2ème groupe aux personnes du pluriel.
Subjonctif présent de quelques verbes du troisième groupe
Aller Savoir Croire Vouloir Prendre
J’aille
Tu ailles
Il aille
Nous allions
Vous alliez
Ils aillent
Je sache
Tu saches
Il sache
Nous sachions
Vous sachiez
Ils sachent
Je croie
Tu croies
Il croie
Nous croyions
Vous croyiez
Ils croient
Je veuille
Tu veuilles
Il veuille
Nous voulions
Vous vouliez
Ils veuillent
Je prenne
Tu prennes
Il prenne
Nous prenions
Vous preniez
Ils prennent
Venir Faire Dire Vivre Mourir
Je vienne
Tu viennes
Il vienne
Nous venions
Vous veniez
Ils viennent
Je fasse
Tu fasses
Il fasse
Nous fassions
Vous fassiez
Ils fassent
Je dise
Tu dises
Il dise
Nous disions
Vous disiez
Ils disent
Je vive
Tu vives
Il vive
Nous vivions
Vous viviez
Ils vivent
Je meure
Tu meures
Il meure
Nous mourions
Vous mouriez
Ils meurent
2) Emplois
a) Dans les principales et les indépendantes
Dans les indépendantes et les principales, le subjonctif sert à exprimer
L’ordre et la défense : il peut remplacer l’impératif à la 1ere et 3ème personne du singulier et à 3ème personne
du pluriel (Ex : Qu’il entre ! / Qu’ils ne bougent pas !)
Le souhait et le regret (Ex : Pourvu qu’il vienne ! / Puisses-tu je jamais être venu !)
La surprise ou l’indignation (Ex : Lui ! Qu’il vienne !)
b) Dans les subordonnées
Conjonctives
o COD de verbes de volonté, de souhait, de crainte, de sentiment (ex : Je veux qu’il vienne !)
o Sujet (ex : Qu’il vienne est mon souhait le plus cher !)
Circonstancielles
o Après certains subordonnants : avant que, jusqu’à ce que, pour que, afin, que, de façon que, bien que,
à condition que…
Relatives
o Quand la principale exprime un souhait, un espoir, une recherche (Ex : Je voudrais une réponse qui
soit claire.)
o Après un superlatif (ex : C’est l’enfant le plus sage qui puisse exister !)
o Après une expression restrictive (Ex : C’est la seule réponse que je puisse te donner.)
1 2
3 4
Texte : Voltaire, Dictionnaire philosophique (1764), « Torture »
Quoiqu’il y ait peu d’articles de jurisprudence dans ces honnêtes réflexions alphabétiques, il faut pourtant dire
un mot de la torture, autrement nommée question. C’est une étrange manière de questionner les hommes. Ce ne
sont pourtant pas de simples curieux qui l’ont inventée; toutes les apparences sont que cette partie de notre
législation doit sa première origine à un voleur de grand chemin. La plupart de ces messieurs sont encore dans
l’usage de serrer les pouces, de brûler les pieds, et de questionner par d’autres tourments ceux qui refusent de
leur dire où ils ont mis leur argent.
Les conquérants, ayant succédé à ces voleurs, trouvèrent l’invention fort utile à leurs intérêts; ils la mirent en
usage quand ils soupçonnèrent qu’on avait contre eux quelques mauvais desseins, comme, par exemple, celui
d’être libre; c’était un crime de lèse-majesté divine et humaine. Il fallait connaître les complices; et pour y
parvenir on faisait souffrir mille morts à ceux qu’on soupçonnait, parce que, selon la jurisprudence de ces
premiers héros, quiconque était soupçonné d’avoir eu seulement contre eux quelque pensée peu respectueuse
était digne de mort. Dès qu’on a mérité ainsi la mort, il importe peu qu’on y ajoute des tourments épouvantables
de plusieurs jours, et même de plusieurs semaines; cela même tient je ne sais quoi de la Divinité. La Providence
nous met quelquefois à la torture en y employant la pierre, la gravelle, la goutte, le scorbut, la lèpre, la vérole
grande ou petite, le déchirement d’entrailles, les convulsions de nerfs, et autres exécuteurs des vengeances de la
Providence.
Or, comme les premiers despotes furent, de l’aveu de tous leurs courtisans, des images de la Divinité, ils
l’imitèrent tant qu’ils purent.