Post on 07-Feb-2018
Imagedecouverture:©NEOBLUES/GettyImagesCollectiondirigéeparArthurdeSaint-Vincent
OuvragedirigéparCamilleLéonard©2016,LilySun
Tousdroitsréservés©2016,LaCondamine34/36rueLaPérouse
75116ParisISBN:9782375650097
CedocumentnumériqueaétéréaliséparNordCompo.
«Leseulmoyendesedélivrerd’unetentation,c’estd’ycéder.Résistezetvotreâmeserendmaladeàforcedelanguircequ’elles’interdit.»
OscarWilde
Àmamaman,quinousaquittésle16avril,j’espèrequetuesfièredemoi,denous.
SOMMAIRE
Titre
Copyright
Dédicace
Chapitre1-Cole
Chapitre2-Evy
Chapitre3-Cole
Chapitre4-Evy
Chapitre5-Cole
Chapitre6-Evy
Chapitre7-Cole
Chapitre8-Evy
Chapitre9-Cole
Chapitre10-Evy
Chapitre11-Cole
Chapitre12-Evy
Chapitre13-Cole
Chapitre14-Evy
Chapitre15-Cole
Chapitre16-Evy
Chapitre17-Cole
Chapitre18-Evy
Chapitre19-Cole
Chapitre20-Evy
Chapitre21-Cole
Chapitre22-Evy
Chapitre23-Cole
Chapitre24-Evy
Chapitre25-Cole
Chapitre26-Evy
Chapitre27-Cole
Chapitre28-Evy
Chapitre29-Cole
Chapitre30-Evy
Chapitre31-Cole
Chapitre32-Evy
Chapitre33-Cole
Chapitre34-Evy
Chapitre35-Cole
Chapitre36-Evy
Chapitre37-Cole
Chapitre38-Evy
Chapitre39-Cole
Chapitre40-Evy
Chapitre41-Cole
Chapitre42-Evy
Chapitre43-Cole
Chapitre44-Evy
Chapitre45-Cole
Chapitre46-Evy
Chapitre47-Cole
Chapitre48-Evy
Chapitre49-Cole
Chapitre50-Evy
Chapitre51-Cole(3semainesplustard)
Chapitre52-Evy
Chapitre53-Cole
Épilogue–Evy(unanplustard)
Remerciements
CHAPITRE1
Cole
Unbruitlointainmesortdemonsommeil.Lasonnerieredondantedemonréveils’insinuedansmatête.Ellemedonneenviedelebalancercontrelemur.Jetendslebrasàl’aveugleetappuiebrutalementsurleboutonpourmettreuntermeàcesupplice.Jenesuispasdumatin,etencoremoinsunlendemaindesoirée.
J’ouvrelesyeuxavecdifficulté,laclartédemachambrem’éblouit.J’ail’impressionqu’unmarteaupiqueurs’est installédansma tête. Je regrettemapetiteviréenocturneavecLiam,mon colocataire, même si elle m’a permis de rentrer en charmante compagnie. Je suis unhomme très faible quand il s’agit de sorties, d’alcools et de femmes ; alors si les trois sontréunis,j’aidumalàrestermaîtredemoi-même.Autantprofiterpendantqu’onestjeune,non?Cen’estpasquandj’auraicinquanteansquejepourraim’amuser.Jetournelatêteversmaconquête d’un soir, dont je ne vois que les cheveux noirs étalés sur l’oreiller. Parfois, ilm’arrive d’oublier le visage des filles avec qui je passe la nuit, mais là, ce serait toutbonnementimpossible.C’estlapremièrefoisquejelavoyais,etàcausedemeshabitudes,ceseraaussiladernière,maisj’auraisvolontiersjouélesprolongations.
La porte dema chambre s’ouvre avec fracas et jeme retrouve face àmon coloc’ qui nesemblepasdetrèsbonnehumeur.
—Cole, bordel,mais qu’est-ce que tu fous ? Tu as vu l’heure qu’il est ?m’interroge-t-ilavecunevoixquimesemblebeaucoupplusinsupportablequed’habitude.
—Oui,marmonné-je.Jevaisme lever,mais s’il teplaît ferme-la, tuvas réveiller Ingrid.Tumefaispenseràlapoissonnièredumarchéquihurletoutletempsavecsavoixdecrécellepournousvendresonpoissondégueulasse.
En fait, je ne saismêmeplus comment elle s’appelle. Je ne retiens pas les prénoms desgensquisont justedepassage,oualors, j’étaistropfaitpourm’ensouvenir. Ils’approchedemonlitettirelacouetted’uncoupsec.Sivousavezbesoindequelqu’unpourvousréveillerd’unemanièreagréable,n’appelezsurtoutpasLiam,cetypeestcapabledevousmettresurlesnerfspourlajournée.
—Putain,maisarrête,j’aifroid.Ettuvaslaréveiller.— Je m’en fous, maintenant que tu te les cailles, file te laver, Cole, et par pitié, fais
quelquechosepourmasquercettegueuledebois.Tudevraisvoirtatête,monpote,s’esclaffe-t-il.Toutlemondepeutdevinerquetuaspassétanuitàfaireautrechosequedormir.
—Tun’esqu’uncrétin,lancé-jeenmelevantàcontrecœur.Lanuitaétéplusqu’intéressanteet s’il yabienquelquechosequimemeten joie, c’est
que ce soir et tous les jours suivants ce sera lamême chose. La démarche hésitante, jeme
dirigeverslacuisineenpoussantLiamaupassage.Ilmefautuncafé,j’aibesoindemadoseavantd’affrontercettejournée.J’insèreladosettedanslamachine,quejemetsenmarche.
—Tuasrendez-vousàquelleheure?s’informeLiamenarrivantàmahauteur.—Dixheures,cequimelaisselargementletempsdemepréparer.Aprèstroismoisderecherchesintensives,j’aienfinobtenuunentretienpourêtrebarman
dansuncasino.Cetemploiestfaitpourmoi,lemondedelanuitm’attiretellementqu’ilesthors de question que cette opportunité me file sous le nez, quitte à ce que j’use de mescharmes.
— Il est déjà neuf heures, Cole, tu feraismieux de te bouger, et cette fois, ne sois pasimpulsif,mesupplie-t-il.Netraitepasladirectricedemoruesiellenevapasdanstonsens.
—Ellel’avaitcherché,m’exclamé-jepourmedéfendre.Mondernierentretiens’étaittrèsmalpassé,j’avaisétéobligédedevenirvulgairequandla
patronned’unvieuxbarmiteuxm’avaitditquejenefaisaispasl’affaire.S’ilyabienquelquechosedontjesuissûr,c’estdemestalentspourexercercemétier,alorsquandonlesmetendoute,j’aitendanceàfulmineretàdevenirlégèrementgrossier.
— Il y a toujoursunebonne raison, avec toi, souffle-t-il en s’asseyant sur le tabouretdel’autrecôtéduplandetravail.Tuesirrécupérable.
Liam a l’habitude de mes débordements, nous nous supportons depuis quatre ans,maintenant.Nous formonsunebonne équipe, il est le gentil prêt à rendre service à tout lemonde, etmoi leméchant qui nemâche pas sesmots quand il a quelque chose à dire. Endépit de nos différences, je le considère comme mon frère. L’incessant sourire niais qu’ilafficheetsonairsympaenfontl’imagedugendreidéaldésirépartouteslesmèrespourleurfille.Alorsquemoi,jesuisl’interditdontlesfemmesnepeuventpass’empêcherd’approcher,pourmonplusgrandplaisir.
—Écoute,papa,plaisanté-je.Jesauraimetenir,tuasmaparole.Maintenant,parlonsunpeudetoi.Qu’estdevenuelafilled’hiersoiravecquituesparti?
Je récupère la tasse de café brûlante, la pose sur la surface carrelée devant moi etm’appuiesurlesavant-braspourfairefaceàLiam.Celalemettoujoursmalàl’aisedeparlerdecegenredechoses,etmoiçam’amusebeaucoup.
—Elle…ehbien…c’étaitsympa,finit-ilpardireenbaissantlesyeux,gêné.—Non,nemedispasquetoi,LiamCourtet,tuascouchéavecuneparfaiteinconnue,dis-
jel’airfaussementoffusqué.—Si tu continues, jemets lamusique à fond et lemal de tête qui te fait souffrir en ce
momenttesembleradupipidechatcomparéàcequit’attend,memenace-t-il.—Trèsbien,capitulé-jeenbuvantleliquideencorechaud.TupourrasraccompagnerIsaà
laportequandelleseréveillera?—Oui,Cole,jelamettraiàlaporteavecungrandsourirecommesitoutcelaétaitnormal
etcommesitun’étaispasunconnarddepremière.
Je lève les yeux au ciel et regardemamontre : si je ne veux pas arriver en retard, j’aiplutôtintérêtànepastraîner.Unefoismoncafébu,jeposelatassedansl’évieretjemarcheavecempressementverslasalledebainpourmepréparer.
—Etneprendspastoutel’eauchaude,hurleLiamavantquejenerefermelaporte.
CHAPITRE2
Evy
Ilfaitunechaleurinsupportable,aujourd’hui,qu’est-cequim’aprisdemettreunpantalon?Toutes les femmessonten jupeet jesuis laseuleàm’encombrerd’uneépaisseur inutile…Sansparlerde lapairedeStanSmithquimedonnechaudauxpieds.DugrandEvy,encoreune fois. Jemarchedans les ruesdeNice en scrutant les vitrines. Ethan,mon fiancé, diraitque je cherche encore à faire des dépenses inutiles. Mes placards sont à la limite del’explosion, mais il me faut toujours de nouvelles choses. J’aime les vêtements, et lesdifférentes matières ; je m’en inspire toujours pour mes propres créations. Je suis stylistedepuisdeuxans,unmétierquimepassionne.
Jememariedanstroismois,celamesemblesiprocheetenmêmetempssilointain.Nousavons encore tellement de choses àmettre en place que c’en est effrayant.Mon fiancém’aprisedecourt, ilasoudainementvouluavancerladate.Jenevaispasm’enplaindre, jesuistellementpresséed’yêtre.
Mon téléphone sonne et je farfouille dans mon sac pour le trouver – ce qui est unevéritable épreuve, vu le foutoirqui s’y trouve. Jem’appuie contre lemuretm’aidedemongenoupouravoirunmeilleurappui.Jeletrouveenfinentremonparfum,mespapiersetmatrousseàmaquillage.Laphotod’Ethanemplitl’écranetjesouriscommeuneidiote.
—Ouimonamour,dis-jeendécrochant.—Evy,monDieu,ilfautquetumerendesunservice.Peux-tumeramenerunpaquetde
cigarettes,jesuisentraindedevenirfou.—Jecroyaisquetuavaisarrêtédefumer,réponds-jeenrigolant.—Cruellaestd’unehumeurmassacrante,j’aibesoindequelquechosepourdéstresser.S’il
teplaît,monamour,ilenvademasantémentale.Ethansurnomme«Cruella»sapatronne,unevraiepeaudevachequinemanquejamais
uneoccasiondecriersursonpersonnel.Sij’étaislui,jeluiauraisdéjàclaquélaporteaunezdepuislongtemps.Melindaahéritédel’entreprisefamilialeàlamortdesonpère,etdepuis,ellesesentpousserdesailes…
—Trèsbien,concédé-je.Jeseraiaubureaudansvingtminutes.—Merci,monange,dit-ilavantderaccrocherrapidement.Je réajustemon sac surmonépauleetmemetsen chemin.Le téléphoneencoredans la
main,jefaisdéfilerlesdernierscontactsjusqu’auprénomdeLise,mameilleureamie.— Si tu n’as pas une bonne raison pour me réveiller aussi tôt, Ev’, tu vas m’entendre,
peste-t-elleendécrochant.—Moiaussi jesuiscontentede t’entendre,plaisanté-je.J’aiessayéde te joindre toute la
soirée,hier,oùétais-tu?
—Situsavais,souffle-t-elle.C’étaitsiintense…Oh,etsalangue…MonDieu…— Stop ! la coupé-je. Je n’ai pas très envie de savoir. On prend un café ensemble ?
proposé-je.JedoisapporterquelquechoseàEthanetensuitejesuislibre.—Çamarche,maisnetepressepas,laisse-moiletempsd’émerger.—Ilestonzeheures!Lève-toi,feignante,jesuischeztoidansunedemi-heure.Jeraccrochesans lui laisser le tempsdemerépondre, sinon, laconnaissant,nousserons
obligées de prendre notre petit déjeuner à l’heure du goûter. Lise etmoi nous connaissonsdepuis toujours, nos mères se sont liées d’amitié à la maternité, et depuis, nous ne noussommesplusquittées.Toujourslespremièrespourfairedesbêtises,nousavonsfaitlesquatrecentscoupsensemble.Maislestempsontchangé,jesuiscaséeetprêteàfonderunefamille,alors qu’elle continuedepapillonner sans avoirde comptes à rendreàpersonne.Parfois, letempsdel’insouciancememanque.
Vingtminutesplustard,lepaquetdecigarettesacheté,jepénètredansl’antredudragon.Ethan est dans le hall en train de discuter avec un collègue. Lorsqu’il m’aperçoit, ses deuxgrandsyeuxvertss’illuminentetilvientàmarencontre.Sesfossettessecreusentetsesdentsparfaitementalignéessedévoilentdansunsourireàtomber.J’aitoujoursaiméleshommesencostumemaisEthanleportemieuxquepersonne.Sonphysiqueathlétiqueetsonbeauvisageattirentlesconvoitises,mais jem’enfiche,c’estdansmonlitqu’ilseretrouvelesoiretc’estmoiqu’ilvaépouser.Sescheveuxblondsenbataillemerappellentnosébatsdecematindanslacuisine,iln’amêmepaseuletempsdeserecoifferavantdepartir.
—Tumesauveslavie,dit-ilendéposantunbaiserchastesurmeslèvres.—Tupourraisme faireunmassage,ce soir,pourm’exprimer tagratitude, suggéré-jeen
sortantlepaquetdemapocheetenleluitendant.—Pascesoir,Evy,tusaisbienquenoussommesinvitésàlasoiréeannuelledelaboîte.J’avais totalementoubliécettesoirée:meforceràsourireetà fairebonnefiguredevant
toutlemonden’estpasvraimentcequejepréfère.J’aiviteapprisqueplusonesthypocrite,plusonréussitdanslavie,etçavautpourtouslesdomaines.Malheureusement,jenesuispasdouéepourça.
—Onestvraimentobligésd’yaller?demandé-jeavecunemoueboudeuse.—Oui,c’estimportant,etjeveuxquetoutlemondevoiemamagnifiquefuturefemme.—Tudistoujourslamêmechose,àcroirequetoutcequit’intéressechezmoi,c’estque
lesgensmevoient,grogné-je.Jetelaisse,jevaischezLise,onseretrouvecesoiràlamaison.Jemehisse sur lapointedespieds etposemes lèvreshumides sur les siennes. Jepasse
mesbrasderrière soncoupour leprendredansmesbras,mais il romptnotreétreintebientropviteàmongoûtetreculeenposantsesmainssurmesépaules.
—File,sinonjerisquedetesauterdessus,aurisquedeprovoquerunecrisecardiaqueàCruella.
Jesaisqu’ilneferaitjamaisunechosepareille,maisilyadumondeautourdenous,alorsj’imaginequelegoûtduspectacleestleplusfort.Ilmemetunetapesurlesfesses,cequimefait glousser. Je souris en reculant et lui envoie un baiser avecmamain avant de sortir dubâtiment.Maintenantque je sais que la soirée va êtred’unennuimortel, j’ai juste enviedeprofiterdemajournéepournepaspenseràcequim’attenddansquelquesheures.
CHAPITRE3
Cole
—Vousêtesengagé!Cetentretienaétébientropfacileàréussir.Manouvellepatronneestunecougar,çase
voit comme lenezaumilieude la figure.Unchemisierblancquipeineà contenir ses seinssiliconés, une jupe qui crie détresse tellement elle est tirée, et des talons vertigineux ; laparfaitepanopliepourallerracoler.Jen’aijamaiscomprispourquoilesfemmess’évertuentàvouloirrentrerdansun38alorsqu’ellesfontunbon40.Plusvulgaire,tumeurs.
—Merci,dis-jeenrestantlepluscalmepossible.En réalité, je me retiens de sauter de joie, je me vois déjà aumilieu de plein de filles
toutesplusmignonneslesunesquelesautresquicrierontmonnompourquejeleurserveàboireetquimelaisserontleurnuméro;lapromessedefollesnuits.
—Vous commencez ce soir, une grosse réception se tient ici,m’informe-t-elle. Je verraicommentvousvousdébrouillezetvoussignerezvotrecontratàcemoment-là.
—C’estparfaitpourmoi,dis-jeenmelevant.Àquelleheuredois-jeêtreici?—Dix-huitheures,répond-elleenmetendantsamain.J’hésiteuninstantavantdelaluiserrer,jesuispersuadéquec’estlegenredefemmequi
détendsesemployésavecdepetitsextras…Jenesaispasoùelleamissamainavantdemerecevoir, et le fait de l’imaginerme donne envie deme désinfecter à l’eau de Javel. Je luiadressemonplusbeausourirehypocriteettournelestalons.
Jesorsducasinoetmarchejusquechezmoi.L’airestétouffantaujourd’huietc’estunvraiplaisir pour les yeux que de voir toutes ces jambes à l’air se promener devantmoi. Jemedemande encore pourquoi les gens s’emmerdent à être en couple alors qu’il est possible dechanger de femme tous les soirs. Je passe peut-être pour un homme sans scrupules, maisj’adoreça,jenesuispasfaitpourêtrefidèleetc’estquelquechosequinechangerajamais.
J’ouvrelaportedel’appartementettombesurLiam,quim’attendderrièreavecunepointed’appréhensionsurlevisage.
—Dis-moiquetouts’estbienpassé,s’enquiert-ilenmebarrantlepassage.—Non,j’aitoutfoiré,dis-jeenmeretenantderire.—Bordel,Cole,qu’est-cequetuasencorefait,cettefois?Je lepousseetposemesclés sur la tablederrière lui.Notreappartementestpetit,mais
c’est largement suffisant. Les prix sont tellement exorbitants dans cette ville qu’il devenaiturgentquejetrouveunemploi,sinonnousaurionsfinipardormirsouslesponts.
—Jepensequetupréfèresnepaslesavoir,réponds-jeenm’asseyantsurlecanapé.—Tumefaismarcher,jelevois,tupueslemensongeàdixkilomètres!—Effectivement,acquiescé-jeenriant.Jecommencecesoir.
—Alléluia, dit-il en levant les bras au ciel. Je dois filer, bon courage pour ta premièresoirée.Gardetesnomsd’animauxpourtoiettoutsepasserabien.
Je lui jetteun coussinà la figure. Il parvient à l’éviterde justesseavantde sortir enmefaisantundoigtd’honneur.Charmant.
Jepassel’après-midiàtraînerdevantlatélé,iln’yariend’intéressant,maisçamepermetde somnoler un peu avant de devoir partir travailler. En temps normal, je fais toujours lasiestel’après-midi.Jemeréveilleensursautàdix-septheurestrente.
—Ehmerde,grommelé-je.S’il y a bienun jouroù jenedois pas arriver en retard, c’est ce soir. Je bondis surmes
pieds,attrapemesclésàlavoléeetsorsdel’appartementenclaquantlaportederrièremoi.Je dévale lesmarches deux par deux et cours jusqu’au casino.Arriver tout transpirant n’estpas lameilleuremanièredefairebonneimpression,mais jem’enfous, leplus importantestd’être à l’heure. Je passe les portes automatiques et reprends mon souffle en m’appuyantcontrel’undesmursduhalld’entrée.
—Cole,qu’est-cequivousarrive?m’interrogeladirectrice,quejen’avaispasvue.—Uneenviesoudainedecourir,ironisé-je.—Bien…j’aimeleshommesendurants.Allez,venez,jevaisvousmontrerlesvestiaireset
onvavoushabiller.Jelasuisdansunlongcouloirdésertenmettantlesmainsdansmespoches.Lesmurssont
recouverts de moquette rouge et le sol de carrelage vert. En matière de goût on a connumieux, mais c’est assez luxueux, ici, des touristes viennent du monde entier et le fait depouvoirramasserdegrospourboiresm’exciteterriblement.
Ladirectrices’arrêtedevantuneporteetsetourneversmoi.—Voyonscequ’onpeutfairepourvous…
CHAPITRE4
Evy
Lisem’ouvre enbâillant, sonpyjama rose à licornes sur elle.Difficilede faireplus sexy.Ellemelaissepasseretrefermelaportederrièremoi.Sonappartementressembleplusàunchantierqu’àautrechose.Elleesthôtessedel’airetdortdoncrarementchezelle.J’aidumalà comprendre comment une personne vivant seule et passant autant de temps à l’extérieurpeutêtreaussidésordonnée.
— Tu es encore en pyjama, tu n’es pas possible, Lise, dis-je enm’asseyant dans le grosfauteuilenformedemainquej’aimetant.
—Je t’avaisditdenepas tepresser,grogne-t-elle.Jesuisencoredansmessouvenirsdecettenuitdefolie.
Lisenemanquejamaisuneoccasiondefairelafêteetquandelleramèneungarçonavecelle, on en entend ensuite parler pendant quinze jours. Elle aime se vanter. Elle estmagnifique.Sesjambessontlonguesetélancées,ellen’avraimentrienàenvierauxangesdeVictoria’sSecret.Blonde,lescheveuxlongs,desyeuxgrisenformed’amande,elleaunminoisd’ange. Ses pommettes sont toujours roses sans qu’elle ne fasse rien pour ça, elle a bonneminetoutel’année.Sicen’étaitpasmameilleureamie,jem’enméfieraiscommedelapeste.
—Allez,raconte,lancé-jeensachantpertinemmentqu’elleleferadetoutefaçon.Elletapedanssesmainsd’excitationetsautillepourvenirs’asseoirsur lecanapéenface
demoi.Jenesaispascommentellefaitpourêtretoujourssienthousiastepourtout,maisjel’enviebeaucoup.Liseaimeprofondémentlavieetsoncredoestdevivreaujourlejour.
—Hiersoir,jesuissortiedansuneboîtesurlapromenadedesAnglais,commence-t-elle.Lamusiqueétaitbonne,lesgarçonsàcroquer,ettumeconnais,jen’aipaspum’empêcherdechasser. J’ai directement repéré deux beaux gosses, ils étaient seuls, je ne pouvais pas leslaissers’ennuyer,quandmême.
—Mademoiselleesttropbonne,plaisanté-jeenluifaisantsignedecontinuer.—Trèsdrôle,Ev’,maissitulesavaisvus,Ethant’auraitsemblébienfadeàcôté.C’étaient
desdieux,etl’unétaittatoué!Toutcequej’aime,tulesais.—Etilt’amontrétoutel’étenduedesonsavoir-fairecettenuit,supposé-je.Ellesecouelatêteenfaisantdépassersa lèvre inférieurepourmontrersonincrédulitéet
croiselesbrassursapoitrine.Lisefaitsouventçaquandellen’apascequ’elleveut.Mêmeunenfantenpleincapriceestunpetitjoueuràcôtéd’elle.
—Il s’estbarré, tu te rendscompte !Lemecnem’amêmepascalculée, il estgay, c’estobligé.
—Oualors, tuasperdu lamain, sansmauvais jeudemots,dis-jepour l’énerver. Il fautdirequetuvieillis.
—Tun’esqu’une jalouse,réplique-t-elleens’allongeant. Iln’empêcheque j’aipassé l’unedesmeilleuresnuitsdemavieetça,jesuissûrequeçatelaisserêveuse.
— Sûrement pas,m’esclaffé-je. Je suis plus que comblée de ce côté-là, Ethan n’a rien àenvieràquiquecesoit.
Jeneveuxpas le luiavouer,maisdepuis ledébutdemarelationavecEthan, les foisoùnousavonseudesrelationssexuellessecomptentsurlesdoigtsd’uneseulemain.Jesaisquec’estsontravailquilepréoccupebeaucoup,ilabeaucoupderesponsabilitésetj’espèrequelemariagevaredonnerunnouveausouffleànotrecouple.Avantlui,j’aieuunelonguerelationqui s’est mal finie. Je suis restée cinq ans avec Greg avant de comprendre qu’il couraitplusieurs lièvres à la fois, etmême si nos ébats étaient passionnés, je préfère être avec unhommequim’est fidèle. J’ai la chanced’être tombée surEthan, c’estvraimentquelqu’undebienetjesouhaitelamêmechoseàLise,àvingt-neufans,ilesttempsqu’ellesepose.
—Bon,ettonmecàlalangueagile,tulerevoisquand?—Jamais,jesuppose,jen’aipasprissonnuméro.—Ahoui,pasplusd’unefois,dis-jeenlevantlesyeuxauciel.Je trouve cette règle tellementbête…Jenemegêne jamaispour le luidire.Selonelle,
coucherdeuxfoisaveclemêmegarçonseraitsourced’ennuis.—Nefaispascettetête,tusaisbienqu’avecmontravailetmesvoyagesincessants,jene
peuxpasmepermettred’avoirunerelationsuivie,etencoremoinsdetomberamoureuse.J’acquiesce etme lève pour allerme servir un café. Jeme sens ici comme chezmoi et,
inversement,Lisefaitsapetiteviequandellevientàlamaison.—Ilestcomment?merenseigné-je.—Ilressembleàunsurfeuraustralien:cheveuxblonds,peauhâlée.Ettuverraissesyeux,
s’extasie-t-elleensoupirant.Ilssontd’unbleusiprofond.Jeveuxfairedusurf,Evy,jedevraispeut-être prendre des cours. Oh attends, la machine est en panne, m’informe-t-elle en seredressant.Laisse-moiletempsdemeprépareretonvaenville.
— Je n’ai plus le temps, ce soir j’accompagne encore Ethan à une de ses soiréesennuyeuses.Ilfautquejemetrouveunerobeettusaisdecombiendetempsj’aibesoinpourça. Je t’appelle tout à l’heure ! Bisous, lancé-je en reprenant mon sac et en quittantl’appartementsousleregardinterloquédemonamie.
CHAPITRE5
Cole
La directriceme laisse entrer en premier et referme la porte derrière nous. Je sens sonregarddégoûtantsurmoietçamebrûlelalanguedeluidired’allertrouverunhommedesonâge.Jen’airiencontrelesfemmesd’âgemûr,maisilyadeslimites.
—Nousavonsencoredutempsdevantnous,etjepensequetuesunebonnedistraction,dit-elleavecunevoixrauque.
—Jesuisgay,lancé-jesansréfléchir.Liametmoiallonsnousmarierprochainement.Si mon coloc apprend ce que je viens de dire, je vais me faire tuer. Pourme sortir de
situations embarrassantes, j’ai toujours tendance à sortir cette excuse-là.Même si audépartles femmesontdumalày croire, elles finissentpar lâcher l’affaire.Çam’évitede leurdirequ’ellesnesontpasàmongoût,etdoncdemefairetraiterdegoujat.
—Tun’aurasqu’àt’imaginerquejesuisunhomme,réplique-t-elleens’approchantdemoi.—Impossible,lesfemmesmerendentimpuissant.Elle regardemonentrejambeenbasculant la tête sur lecôtépourmieuxm’observer.Un
grandsourires’étiresursonvisagepeinturluré,puisellesedirigeversunpetitplacarddanslefonddelapièceetouvrelaporte.
— En effet, aucune bosse ne déforme ton pantalon, affirme-t-elle en fouillant dans lesaffairespendues.
Jemeretiensderire.Detouteévidence,cettefemmenedoutepasdesescharmes,et leplus navrant, c’est qu’elle fait totalement fausse route. Son apparence peut couper l’envie àquiquecesoitd’unpeusensé.Ellefarfouilledanslemeubleenboisetrevientversmoiavecune chemise blanche, un pantalon noir et une cravate bordeaux. Je ne suis pas fan de cescouleurs,maislàencore,jevaisdevoirfairepreuvededocilité.Ellemetendlesaffairesetmedit:
—Jete laissetepréparer.Retrouve-moiaubarquandtuaurasterminéet,si tuchangesd’avis,n’hésitepas,chuchote-t-elleprèsdemonoreilleavantdesortir.
Unfrissondedégoûtmeparcourtlecorps.Sijedoistravaillerpendantunmomentici, ilva falloirqu’elleseretiennede faireça,ou lemot«morue»sortirasansque jem’enrendecompte.
Jemedéshabilleenvitesseetenfilemonuniforme.Mêmesilacouleurdelacravateestàchier,jedoisavouerqueletoutmevacommeungant.Jedéposemesaffairesdansuncasieretquittelesvestiaires.
En arrivant dans la salle où se trouve le bar, je regarde autour de moi ; il y a déjàbeaucoup demonde. Des gens rient aux éclats, d’autres font semblant d’être intéressés parleurconversationets’ennuientàmourir.JerepèremadameDubois,ladirectrice,etmefraie
uncheminaumilieude tout cebeaumonde. Je suisprêtàmettremamainà couperqu’ilssonttouspleinsauxas.
—Cole,jeteprésenteVictoria,dit-elleeninterpellantunepetitebrunequisemetaussitôtàrougir.Ellevaresteravectoicesoirettemontrercequej’attendsdetoi.Jevouslaisse,lesenfants,j’aibeaucoupdemondeàvoir.
J’acquiesceenregardantmanouvellecollègue,cen’estpasunebombe,maisellen’estpasrepoussantenonplus.Malheureusement,j’aiunerèglequejetiensàrespecter:jenecouchejamaisavecmescollègues.
—Enchanté,dis-jeenluisouriant.—Sa…Salut…,bégaye-t-elleengardantlesyeuxrivésausol.J’ail’airdel’intimider,jesuishabituéàcegenrederéaction,maissijedoistravailleravec
elletoutelasoirée,horsdequestionqu’ellerougisseàlongueurdetemps.Latimiditéàpetitedoseestquelquechosequime faitcraquerchezune fille,maisquandc’est trop,çaaplutôttendanceàm’énerver.
—Alors,parquoicommence-t-on?demandé-je.—Le…Lebar…Ouic’estça.Allons-y,souffle-t-elleenredressantlatête.Jelapensaisrouge,c’étaittrèsloindelavérité.Unetomatepeutsemblerpâleàcôtédela
couleurdesonvisage.LasoiréenefaitquecommenceretVictoriaestdéjàdanstoussesétats.Unsilences’installeentrenous.
Ellefinitparsemettreenmouvementetmedemandedelasuivre.Jeluiemboîtelepas,lorsqu’une femmebasculeenarrièresurmagauche.Je rattrape l’inconnuede justesseavantqu’ellenes’effondreparterre.
Deuxyeuxvertémeraudemescrutent,alorsque leurpropriétaire reposedansmesbras.Elleresteuninstantinterdite,avantdeseremettresursesjambesetdelissersarobe.
—Excusez-moi,jesuisaffreusementmaladroite,jenevousaipasfaitmal?—Si,affreusement,plaisanté-jeenladévisageant.Heureusementquej’étaislàsinonvous
auriezvotrejolipetitculassisparterre.Elleécarquillelesyeuxetregardetoutautourdenous.—Vous pourriez parlermoins fort ? Vous pensez qu’on nous a vus ? demande-t-elle en
reposantsesyeuxsurmoi.J’observe la salle, les gens ne semblent pas prêter attention à ce qui est en train de se
passericietilsonttort.Cettefilleestsublime,ellefaituneproieidéale.
CHAPITRE6
Evy
Jedétestecequejeressens,j’aifaillitomberparterreetjemesenshonteuse.Jen’aipaspour habitude de tomber dans les bras d’inconnus. Pour faire bonne impression, j’ai voulumettre une longue robe blanche, mais je n’arrête pas de me prendre les pieds dedans. Lasoirée ne fait que commencer et j’ai un mauvais pressentiment quant à la suite desévénements.
—Jen’aipasl’habitudedemettredestalons,dis-jepourmejustifier.—Vousn’avezpasbesoindemedonnerd’explication.Jesaisquejesuisirrésistible,mais
c’estlapremièrefoisqu’onsejettedansmesbrascommeçaetjedoisdirequecen’étaitpasdésagréable.
—Vousnedoutezderien,vous,commencé-jeàm’agacer.Iln’apas l’allurede tous les collèguesd’Ethanet comme la soiréeestprivée, je suppose
qu’il travaille ici. C’est tout à fait le genre de Lise, plutôt pas mal, arrogant, et de touteévidencetrèssûrdelui.Destatouagesdépassentdesachemise;soncouetsesmainsensontrecouverts. Je ne distingue pas ce qu’ils représentent, mais je me demande jusqu’où ilss’étendent.Sesyeuxcouleurchocolatmeregardentsiintensémentquej’ail’impressiond’êtrecomplètementnuedevantlui.Sanstropsavoirpourquoi,l’espaced’untoutpetitinstant,c’estcommesij’étaisseuleaveccethomme,enferméedansunebullesanstouscesgensautour.Ilpince ses lèvres pleines puis dévoile un sourire carnassier. Je me demande depuis quandmadame Dubois autorise ses employés à êtremal rasés. Je détourne les yeux, me rendantcompteque je suis en trainde lemangerdu regard.Nous attirons l’attention surnous.Destêtes sont maintenant tournées dans notre direction, tous ces snobinards cherchent à semettreune informationcroustillantesous ladent.La future femmed’Ethanpriseen flagrantdélitde flirt avecunemployédu casino,dequoi alimenter les conversationspourplusieurssemainesaumoins.
J’attrape l’inconnu par le coude et l’emmène un peu plus loin pour pouvoir lui parler àl’abridesregards.Jeconnaislecasinocommemapoche.Monpèreenétaitledirecteur,maisquandilestpartiàlaretraite,madameDuboisenaprisladirectionetjemedemandeparfoissi elle ne compte pas en faire un bordel. Les filles qui travaillent ici sont plus vulgaires lesunesquelesautres,àl’imagedeleurpatronne.
Jenousentraînedansunpetitcouloiraufonddelasalle.Lesilencequiyrègnemefaitunbienfou,l’agitationdecesréceptionsmedonnetoujoursmalàlatêtependantplusieursjours.
—Qu’est-cequevousfaites?dit-ilensedégageantdemonemprise.Sivousvoulezqu’ilse passe quelque chose entre nous, il va falloir me laisser votre numéro parce que je suiscensébosser.Maisjevouspréviens,lalisted’attenteestlongue.
—Jenetienspasàfairepartiedevotrelisted’attente,çanem’intéressepas.J’aicequ’ilfautàlamaison,rétorqué-je,fièredemoi.
Il regarde derrière moi, puis sur les côtés, et commence à soulever ma robe en sepenchant.
—Maisqu’est-cequevous faites?hurlé-jeen reculant jusqu’àmeheurter contre lemurderrièremoi.
—Jechercheceluiquivousfaitdirequevousavezcequ’ilfautchezvous.Cecrétinrigoleàsaproprebêtise.Sansréfléchir,jeluienfoncemontalondanslepied,ce
quiluiarracheungrognementdedouleur.Mettredeschaussuresàtalonshautsétaitunetrèsbonneidée,finalement.
—Maisvousêtesmalade!hurle-t-ilensetenantlajambe.—Vous l’avezcherché, jene saispasd’oùvousvenez,maisonévitede regarder sous la
robedesfemmesqu’onneconnaîtpas,dis-jeentournantlestalons.—Ohoh,passivite.Vousvenezdem’exploserlepiedetvouscomptezpartircommeside
rienn’était?—Toutàfait,réponds-jeenlelaissantplantélà,lesyeuxécarquillésetlaboucheouverte.Je retourne auprès d’Ethan et constate que je n’ai pas loupé grand-chose. Il parle de
chiffres, d’actions et de clients avec plusieurs de ses collègues. Dans ces cas-là, je me faisl’impressiond’êtreunepoticheavecqui ilaimeêtrevu, justeparcequec’estmieuxdeveniraccompagné.
Monaltercationaveccetemployésera,jepense,maseuledistractiondelasoirée.—Jereviens,jevaismeprendreunverre,chuchoté-jediscrètementàEthan.Ilacquiesce,reportesonattentionsursaconversation,etj’enprofitepourfiler.Jemarche
jusqu’aubar,l’hommequim’arattrapéetoutàl’heureestlà,entraindeservirdescocktails.Touteslesfemmessontagglutinéesautourdeluietrigolentàchacunedesesparoles.
Un sentiment d’envie me pique au vif. Ces femmes me font penser à Lise, capables des’amuser et de se détendre à chaque occasion qui se présente. J’avance en prenant soin deremonterunpeumarobe–horsdequestionquejetrébucheànouveau–etm’appuiesurlecomptoir.
—Jevousmanquedéjà? rit-il.Àmoinsquevousneveniez justepour finir le travailetm’achever.
—Aurisquedevousdécevoir,jeveuxjusteboireunverre.—Jevoussersquoi?Unalcooldefillette,jesuppose?—Unwhiskysansglaçons,réponds-jedutacautac.Jedéteste lesalcools forts,mais j’ai vraimentbesoind’un remontant, ce soir. Ilme tend
monverreetmeregardecommes’ilattendaitquelquechose.—Jeveuxvousvoirleboire,lance-t-ilens’accoudantdevantmoi.Ensuite,jeveuxsavoir
votreprénom,parcequedepuisquevousavezatterridansmesbras,jerêvedevousentendre
criermonnom.
CHAPITRE7
Cole
Jeregardemonassaillantefairedesyeuxrondsenobservantsonverrecommes’ilallaitluisauterauvisage.Ehoui,majolie,ilfautassumer,maintenant.
Lorsque je suis retourné à mon poste, Victoria m’attendait derrière le comptoir, oùl’affluenceétaitdéjààsoncomble.J’aitoutdesuiteprismesmarques,ceboulot,c’estcommelevélo,çanes’oubliepas.
Les femmes des hommes d’affaires qui sont là ce soir nemanquent pas une occasion dem’aguicheretenchaînentverresurverre;ellesvonttoutesfinirivresàlafindelasoirée.Lapropriétairedesyeuxquivontmehanterpendantunmomentnebougepluset continuedefixer son verre.C’est parfait, je vois là uneoccasiondem’amuserunpeu. Pas besoind’êtredevin pour savoir que ce n’est absolument pas le type d’alcool qu’elle consommehabituellement.
Depuisque jetravaillecommebarman, j’aiapprisàanalysercequelesgensboivent.Lestypesquiviennentavecunairdépriméveulentquelquechosedefortquileurbrûlelagorge.Les femmes qui sont juste là pour jacasser devant le barman parce qu’il est plutôt pasmalprennent toujours quelque chose de doux, histoire de se donner une contenance. Il y atellementdecasdifférentsquejepourraispasserlasoiréeàlesénumérer.
—Horsdequestion,proteste-t-elle.—Qu’est-cequivousenempêche?Misàpartlefaitquevousn’aimezpaslewhisky.Elle me regarde bouche bée, sûrement impressionnée que je réussisse à la cerner aussi
vite. Elle s’assied gracieusement sur le tabouret devantmoi, observe les autres femmes quisont autour d’elle et boit son verre cul sec. La grimace sur son visage me fait marrer, lewhiskyestvraimentquelquechosequimerépugneetj’aiàquelquesdétailsprèslamêmetêtequ’ellelorsquej’enbois.Ilfautquejerentreavecellecesoir,ellereprésenteundéfidetailleetj’aidéjàhâtedejouer.
L’effetqu’elleasurmonentrejambeestaffolant.Autantladirectricemecoupetoutenvie,autantcettefillemetmonsexedanstoussesétats,etcedepuisquejel’airattrapéedansmesbras.
Ellesembleavoirmonâge,peut-êtremêmeunpeumoins.Lecorpssveltequial’airdesecacher sous cette robe me donne envie de la lui arracher pour pouvoir poser mes mainsdessus. Son visage rond au teint rose me fait penser à celui d’une poupée, son petit nezretroussé lui donne un air espiègle et sa bouche charnue vient parfaire le tout. Ses deuxgrands yeux verts sont d’une couleur incroyable, exactement le genre que j’aime regarderpendantunepartiedejambesenl’air.Sescheveuxchâtainssontd’unelongueurparfaitepour
pouvoirêtre tiréspendantunorgasme, j’aimebeaucoupceque jevois. Ilme faut cette filledansmonlit,aucuneautresolutionn’estpossible.
—Vousm’écoutez?demande-t-elleenclaquantdesdoigtsdevantmesyeux.—J’étaisperdudansmespenséessalaces,avoué-jeensouriant.— Espèce de pervers, souffle-t-elle. J’aimerais un autre verre, la même chose s’il vous
plaît.— Je ne veux pas vous ramasser en train de vomir sur la moquette, plaisanté-je en
m’exécutant.Je n’aime pas coucher avec des filles qui ont trop bu,mais si le fait qu’elle soit un peu
saoulepeutm’aideràluisoutirerdesinformationssursonidentité,çamevaparfaitement.Jeposeleverrerempliduliquidebrundevantelleenmedemandantàquelmomentl’alcoolferasoneffet.
—Àlavôtre,lance-t-elleenlevantleverredevantelleetenlevidantd’unetraiteencoreunefois.
—Vousdevriezpeut-êtreyallermollo,lamets-jeengarde.—Parpitié,laissez-moim’amuser.Commentvousappelez-vous?—Cole,réponds-jeenluitendantlamain.Etvousêtes?—Evy.Elleposesapaumechaudecontre lamienneetceque je ressensestextraordinaire.Une
vagued’adrénalinemesubmerge,lamêmequejeressenslorsquejefaisquelquechosequiestcontrelamorale.Elledoitleressentiraussi,puisqu’elleretiresamainenlasecouantcommesiellevenaitdesebrûler.Ellemetoiseuninstantsansbouger.Lerougeluimonteauxjouesetj’aidumalàsavoircequienestlacause:l’alcooloumoi.
—Enchanté,Evy,dis-jepourdétendrel’atmosphèredevenuetroplourde.—Pareillement,Cole.Vous travaillez ici depuis longtemps ? Jene vous ai jamais vu, je
m’ensouviendrais,sinon.— Je suis là depuis ce soir, en fait, et vous avez fait de cette première soirée quelque
chosed’inoubliable.—Vousêtesvraimentunbeauparleur,vous,glousse-t-elle.—Vousn’imaginezpastoutcequejerêvedevousfaireàcetinstantprécis…Ellesetortillesur le taboureten jouantavecsonverrevide.Lesconversationsautourde
nouss’arrêtentettoutlemondeseretourneversl’hommequisetientderrièremacliente.—Maisqu’est-cequetufais,Evy?chuchote-t-ilenserrantlesdents.
CHAPITRE8
Evy
Je sens l’alcool faire effet. Je n’en suis qu’àmondeuxième verre, pourtant, j’ai envie derigolersansraisonparticulière,mesjouessontbrûlantesetmavisionsetrouble.CeColeestplutôtsympathique:arrogantetcharmeur,maisgentilquandilnefaitpasd’allusionsausexe.Pourêtrehonnête,jecroisquec’estlameilleuresoiréed’entreprisequejepassedepuisquejesuis avecEthan.Me fondredans lamasse et faire semblant d’apprécier les gens avec qui jeparle, ce n’est pas quelque chose que j’affectionne particulièrement, et les conversations nem’intéressentpasdutout.Seulementquandonaime,onfaittoutcequiestennotrepossiblepourrendrenotremoitiéheureuse,non?Mêmesiparfois j’ai l’impressionqueçanevaquedansunseulsens.Alorsjeprendsmonmalenpatienceàchaquesoirée.
Lorsque j’entends lavoixd’Ethan, jesursauteetredoutesaréaction. Ilnem’a jamaisvueboire un verre d’alcool et je connais bien son aversion pour cela. Évidemment j’ai déjà bu,maisseulementpendantmessoiréesfillesavecLise.
—Jeboisunverre,réponds-jeenmeretournantverslui.—Enfait,deux,répliqueColequiestsurlepointd’exploserderire.Sanscomprendrepourquoi, j’aienviederiremoiaussi, sûrementàcausede l’air furieux
d’Ethanquiest justehilarant. Il serre lamâchoire, toutsoncorpssecontracteet jesaisquedemainmatinjevaisprofondémentregrettercequiestentraindesepasser.
—C’étaitdestoutpetits,déclaré-jepourmedéfendre.—Deux verres, répète Ethan d’un ton neutre. Tu es ivre, Evy, nous allons rentrer à la
maison, je vais avertirMelinda, je reviens. Je ne veux pas que tu fasses de scandale, cettesoiréeestbeaucouptropimportante.
—Jepeux la ramener, suggèreCole. Jeveuxdire…vousn’allezpasquitter cette soiréeparcequevotrecopine…
—Fiancée,lecoupé-je.Etvoustravaillez,vousn’allezpaspartircommeça,quandmême.— Fiancée, reprend-il en ignorant ma remarque et en se raclant la gorge. Je peux
m’absenterquelquesinstantspourlaraccompagneretm’assurerqu’ellerentrebien.Je tourne la tête versEthanqui semble réfléchir. Lapossibilitéde rentrer avecColeme
fait peur. Pas parce que je le trouve dangereux, mais parce qu’il fait naître en moi dessentimentscontradictoires.L’enviedeluiprouverquejenesuispascommetoutescesfemmesqui ont l’habitudede se pavaner dans ce genrede soirée et l’anxiété deme retrouver seuleavecuninconnusontdeuxémotionsbientropfortespourqu’ilmelaisseseuleaveclui.
—Trèsbien,concèdeEthan.Maiss’illuiarrivequelquechose,jevousbriselesdoigts.— Et personne ne me demande mon avis, à moi ? m’offusqué-je. Je n’ai pas envie de
rentreravecuninconnu.S’ilétaituntueurensérie?
—Voyons,chérie,neracontepasdesottises,c’estmieuxcommeça.Appelle-moiquandtuserasarrivée,dit-ilendéposantunbaiseraucoindemabouche.
Jen’aipas le tempsde répliquerqu’il partdéjà retrouver ses collèguesenarrangeant saveste.Lafemmeassiseàcôtédemoimeregardeavecunairsuffisantquimedonneenviedelui jeter son verre à la figure. Cole chuchote quelque chose à sa collègue et fait le tour ducomptoirpourvenirmerejoindre.Elles’empourpre,regardesespiedsuninstant,puisreportesonattentionsursesclients.Elleestsouslecharme,çasevoitcommelenezaumilieudelafigure.
—Allez,Cendrillon,onyva,dit-ilenmetendantsonbras.Sans le savoir,Cole vientdem’offrirmaportede sortie et je lui en suis reconnaissante.
Partiravecunparfaitinconnuestrisqué,maisàcemomentprécisjemefichecomplètementdecequiestbienoumaletdanspeudetempsjeserairentréechezmoi.
—Merci,soufflé-jeenprenantappuisursonavant-braspourmelever.Jeprendssoinderetirermeschaussureset lestiensdemamainlibre, jenemesenspas
capable de marcher avec des talons hauts. Nous avançons à travers la foule et arrivonsrapidementdehors.L’airestfrais,jefrissonneetregrettedenepasavoirpenséàprendreuneveste.
—Vouscomptezmarcherpiedsnus?demande-t-ilenarquantunsourcil.—Oui,acquiescé-jesansm’étalersurlesujet.Cen’estpassiraredevoirunefillequiamalauxpiedsmarchersanschaussuresenfinde
soirée,après tout.Rienn’estplusdésagréablequedemarcherenayantpeurdesecasser lafigureàtoutmoment.
—Nousallonsdevoirrepasserchezmoipourprendremavoiture.Jenedisrienetlesuisdanslesruesdésertes,cen’estpasvraimentl’endroitoùlavilleest
vivantelesoir.Nousrestonssilencieuxpendantletrajetquinousmèneàsonappartement,jene sais pas quoi lui dire et de toute évidence, lui non plus. Il s’arrête devant un petitimmeuble, me lâche et se tourne vers moi. La chaleur de sa peau contre la mienne memanque aussitôt, la déception prend possession de moi sans que je sache pourquoi. Je neconnais ce type que depuis deux heures tout au plus et je réagis comme une ado avec leshormonesenébullition.
—Vousvoulezmonter?demande-t-ilencaressantmajoueavecledosdesamain.
CHAPITRE9
Cole
Luidemanderdemonterchezmoin’estpeut-êtrepasunebonneidée,maisjem’enfous.Jeviensdéjàd’enfreindreuninterditenquittantmontravail,alorspourquoim’arrêterensibonchemin?Jenepouvaispas laisserpasseruneoccasionpareilledeprofiterd’unpeuplusdetempsavec cette femmeet jenepeuxpasallerauboulot chaque jourenayantpeurdemefaire coincer dans les vestiaires par une véritablemante religieuse. Sa peau est aussi douceque du velours et je rêve de son corps nu sous lemien depuis que nous sommes partis ducasino. Sa respiration s’accélère lorsquemamain touche sa joue, etmême si elle secoue latête pour répondrepar la négative, je vois qu’elle a autant envie quemoi qu’onpartageunmoment charnel. Ses yeux brillantsme scrutent avec intensité, je suis certain qu’elle est enproieàundilemme.Elledoitbiensedouterquejeneveuxpaslafairemonterpourjouerauxcartes…
—Je…jevaismemarier,Cole,jenepeuxpas,dit-elleenreculantd’unpas.Monbrasretombelelongdemoncorps.Jenesuispashabituéàcequ’onmedisenonet
ledésirque je ressenspourellene faitque s’accentuer. Jene luidemandepasune relationsuivie,jenesuispascommeça,detoutefaçon.Jeveuxjustepouvoirpasserunenuittorrideavecelleetluimontrercombienelleaeutortdem’écraserlepied.
—Etalors?réponds-jeenattrapantmesclésdansmapoche.—Etalors?s’offusque-t-ellelesyeuxécarquillés.Jesuisfidèle,Cole,j’aipeut-êtreunpeu
bu,maisj’aimeEthan.Vousêtespeut-êtrecharmantet…vousêtestoutàfaitlegenredemameilleureamie,maispaslemien.
Jenesuispassongenre? Impossible.Sesgesteset sesmimiques la trahissent,ellepeutaffirmerlecontrairesiça luichante,mais jevoisque je luiplaisetc’enest jouissif.Jepeuxcomprendre que ce soit difficile de choisir entre l’envie et la raison,même si je n’ai pas ceproblème.L’amourdelachairl’emportetoujours,avecmoi.
Tunepourraspaslutterlongtemps,chérie.—Vousmentez,lancé-jepourlaprovoquer.Pourquoim’avoirsuivi,sinon?—Je…ehbien…Ellesecoue la têtededroiteàgaucheensoufflant,s’assiedsur lamarchederrièreelleet
poseseschaussuressursesgenoux.Moninstinctanimalmeditdemejetersurellependantqu’elleestvulnérableetdeprofiterdelasituation.Maisuneautrepartdemoimepousseànepasmecomportercommeunconnard,pourunefois.
—Jen’aimepascegenredesoirées,reprend-elle.Toutlemondeesthypocriteavectoutle monde, les hommes se jugent sur l’argent qu’ils ont sur leur compte en banque, et les
femmessurquialaplusbellerobe.Toutn’estqu’apparencesetparfoisj’étouffe.Enproposantdemeramener,vousm’avezsauvélamise.
Lesourireradieuxqu’ellem’offremeclouesurplace,ilestsisincèrequej’enrestebouchebée.Jem’assiedsàcôtéd’elleetelleposesa têtesurmonépaule.Cetteproximitéestaussiagréablequedouloureuse,sonbrasvientsecalersouslemienetjelasensfrissonnercontremoi.
—Vousavezfroid,constaté-jeenparlantàvoixbasse.Vousêtessûrequevousnevoulezpasmonter?
—Non, j’aimerais juste prolonger cemoment avant de devoir reprendre le cours demavie.
—Commevousvoulez,dis-jeenentourantsesépaulesdemonbras.Elle se fige un instant, puis je sens ses muscles se détendre. Elle se serre un peu plus
contre moi. Les effluves de son parfum à la fraise remontent jusqu’à mes narines et monexcitationseréveilleimmédiatement.
—Parlez-moiunpeudevous,Cole.—Quevoulez-voussavoir?demandé-jeenfrictionnantsonbrascouvertdechairdepoule.—Cequevousvoudrezbienmedire.Onneseconnaîtpas,alorsj’imaginequejenepeux
pastropendemander,maisvousm’intriguez.Jeneparlepas souventdemoi,Liamest le seulàconnaîtrecequ’ilyaà savoir surma
vie.Lesrelationsamoureusesfinissenttoujoursmaletjeneveuxplusjamaisêtrevulnérable.—Cole, vingt-neuf ans, ce soir étaitmon premier jour de boulot et je pense que c’était
aussiledernierétantdonnéquejesuispartienlaissantmacollègueenplan.Sijeperdsmonemploi,ceseravotrefaute,plaisanté-je.
— Oh, réplique-t-elle en redressant la tête. Je suis désolée, je peux parler à votrepatronne,sivousvoulez.
—Cettecougar?Nonmerci,jetrouveraiquelquechosedemieux,affirmé-jeensouriant.JerisquedemefaireengueulerparLiam,maistantpis.Evyetmoirigolonsenregardant
lesol,mêmesonrireestincroyablementsexy.MonDieu,donnez-moilaforcederésister.—Vous êtes tout à fait songenre : jeune, beau, arrogant, et vous avez cepetit quelque
chosed’intriguantdansleregardquiesttrèsattirant,souffle-t-elleenmettantlamaindevantsabouche.Ellemarqueunepauseavantdereprendre.
—Jen’aipasditça,quandmême,si?—Si,acquiescé-jeenrigolant.Donc,jesuisattirant?Elle ne répond pas, etmême si je ne la vois pas, je suis sûr qu’elle rougit. Elle pose sa
mainsurmajoueetfaittournermatêtepourquejepuisselaregarder.Nosyeuxsetrouventimmédiatement,seslongscilsbalayentsespommetteschaquefoisqu’elleclignedesyeux.Elleestvraiment superbe.Sonvisage s’approchedangereusementdumien,elle incline la têteetseslèvresseposentenfinsurlesmiennes.
CHAPITRE10
Evy
Jeme recule immédiatement etme cogne contre lemur derrièremoi.Qu’est-ce quimeprend?L’alcool,ouic’estforcémentl’alcool,jenesuispasvraimentmaîtressedemesgestes.Je ne peux pas faire ça à Ethan. Je suis en train de flirter avec un étranger dans une ruedéserte,félicitations,Evy!Coleportesesdoigtsàseslèvresetlescaresseenmeregardant.
—Jesuisdésolée,dis-jeenmelevant.Jevaisprendreuntaxi.—Non,Evy,jevaisvousramener.Jen’airiendemieuxàfairedetoutefaçon.Ilserelève,ramassemeschaussuresetmelestend.Jeprendssoindenepastoucherses
doigtsenlesprenant,unsimplecontactavecluietmoncœurs’emballe.C’estmarrantcommed’unepersonneà l’autre les sentimentspeuventêtredifférents.Certainespersonnespeuventmedégoûterparleursimpleprésenceetd’autres,commeCole,peuventmedonnerenviedeprofiterdechaqueinstantaveceux.
—OK.—Allez,venez,dit-ilenouvrantlamarche.Jelesuisdanslapetiteruellesurladroitedesonimmeuble.Sidanslarueprincipalela
lumière est déjà faible, ce n’est rien en comparaison d’ici. Je ne vois pas devantmoi et jemarcheàtâtonsparpeurdemefairemalauxpieds.
—Vousvousensortez?demande-t-ilenrigolant.—Jenevoisrien,réponds-jeenpestant.Ilsneconnaissentpasleslampadaires,chezvous
?Jesenssaprésenceprèsdemoi,lachaleurquiirradiedeluiestexceptionnelle.Ilpasseun
bras derrière mes jambes, l’autre dans mon dos et me soulève en m’arrachant un cri desurprise.
—Vousêtesdingue,hurlé-je.Reposez-moitoutdesuite.—Ilyades rats, ici,Cendrillon,alorsàmoinsdevouloirvous fairegrignoter lespieds,
vousferiezmieuxderesterdansmesbras.Jedétestelesrats,j’enaimêmeunepeurphénoménale.Jesoupireetposematêtecontre
sontorse,horsdequestionque jepose lespiedsaumilieudecesrongeursdégoûtants.Colerecommenceàmarcheretjem’apaise,bercéeparsespas.
—Vous pesez une tonne, reprend-il. Vous avez abusé des trucs immondes qu’ils serventpendantcegenredesoirées.
Jenepeuxm’empêcherderigoler,ilaraison:c’estvraimentinfect.Lecuisinierducasinoestadorable,maistrèsétourdi.Iln’estdoncpasétonnantdemangerdeschosesbrûlées,tropsaléesoumêmetropacides.C’estaussiunedeschosesquiontchangédepuisquemonpère
estpartiàlaretraite,soncuisinieradonnésadémissionparcequ’ilnes’entendaitpasaveclanouvelledirectrice.
—Pasdutout,protesté-jeenluidonnantuncoupdepoingdansl’épaule.Jenetienspasàêtremalade,Ethanapassédeuxjoursàfairedesallers-retoursauxtoilettes,ladernièrefois.
Coleéclated’unfourirecontagieux,jemejoinsàlui,etnosvoixrésonnentdanslaruelledéserte.Jenesaispasl’heurequ’ilestetçan’aaucuneimportance,jesuistropbienpourmepréoccuperdequoiquecesoit.
Unpeuplusloin,ilmereposesurmespiedsetm’ouvrelaportièrepassagèredelavoitureimposante qui est devant nous. Je m’assieds sur le siège, rentre ma robe à l’intérieur etobservel’habitacle.Toutestparfaitementrangé,iln’yamêmepasunpaquetdegâteauxquitraîne.Ma voiture est une poubelle, à côté, il y a toujours les vestiges demes tablettes dechocolatetdemesgâteauxmangésdans lesbouchons.Cole s’installeducôté conducteuretfaitdémarrerlemoteur.Lamusiquehurledanslesbafflesetjebaisselesonimmédiatement.
—Vousallezdevenirsourdàforced’écouterlamusiquesifort!Il secontentedehocher la têteet semetenroute.L’ambiancedevientpesanted’unseul
coup.Ilcrispesesdoigtssurlevolantetgardelesyeuxfixéssurlaroute.—Voushabitezoù?—AudébutduboulevardMagnan,réponds-jeenremettantmeschaussures.Le trajet dure dix minutes, ni lui ni moi n’avons ouvert la bouche depuis que je lui ai
donnémonadresse.Jenesaispascequiachangédepuisqu’ilm’aportéedanssesbras,maisiln’estpluslemême.
—Onestarrivés,lance-t-ilenarrêtantlavoiture.Ilmetendunboutdepapier,jeregardelasuitedenumérosnotéedessus.— Pour votre amie, reprend-il face à mon incompréhension. J’ai cru comprendre que
j’étaissongenre,alorsdonnez-luimonnuméro.—Je…oui,biensûr…,bafouillé-je,vexée.Mercidem’avoirramenée,bonnecontinuation,
Cole.J’écraselepapierdansmamainpourenfaireuneboule,ouvrelaportièrepuis laclaque
sans le regarder.Mes talonsmartèlent énergiquement le sol, je veux fuir et ne plus jamaispenseràcettesoirée.
Je tape le code de la porte d’entrée, me glisse à l’intérieur de la maison. J’allume lelampadaireetmelaisseglisserlelongdumur.Jedépliemesdoigtsetregardelenumérodetéléphone froissé en soupirant. Je n’ai pas envie de le donner à Lise. Pour la première foisdepuistrèslongtemps,quelquechoseestvenubousculerlaroutinequialimentemavieetcen’estpasdésagréable.
CHAPITRE11
Cole
Elle sort de la voiture sans me regarder et claque fortement la portière. Je la regardes’éloigner pour m’assurer qu’elle rentre saine et sauve, je ne veux pas avoir d’ennuis avecMonsieurpétédethunes.
Jeme suis conduit commeuncon.Nepas luiparlerpendant tout le trajet et luidonnermon numéro pour sa copine, très fin… vraiment ! Elle est fiancée et inaccessible, il fautabsolumentquej’arrêted’imaginerlescourbesdesoncorps,sinonjevaisdevenirfouetellevadevenirmonplusgrosdéfijusqu’àcequejepuisseenfinl’avoir.
Quandjel’aiprisedansmesbras,toutàl’heure,cen’estpasdanslavoiturequejevoulaisl’emmener,mais dansmon lit. En présence d’une jolie fille, je ne pense plus avecma tête,mais bien avecmon entrejambe.Mais cette fois-ci, je ne peux pas, elle n’est pas pourmoi,pointfinal.Mêmesij’aidumalàl’admettre,jenepeuxpasgagneràtouslescoups.J’aibienvulaculpabilitédanssonregardquandelles’estrenducomptequ’ellevenaitdem’embrasser.Ilresteencorequelquesfillesbien…
J’espèrequ’elledonneralepapieràsacopine,çamedonneral’occasiondepasserunenuitaniméeetd’oublierl’enviedelavoirnue.Jesecouelatête,tapemesmainscontrelevolantet me remets en route. Je dois encore passer récupérer mes affaires au casino, affrontermadameDubois,etensuite,ceseraautourdeLiam.Ilvamesauteràlagorgequandjevaisluidirecequ’ils’estpassécesoir.
Montéléphonevibredans lapochedemonpantalon, je l’attrapeavecmamaindroiteetenvoyantquim’appelle,jesuispresquedéçu.Mamèreatoujourslechicpourmepasseruncoup de fil quand il ne faut pas. Je pose l’appareil sur le siège passager et décide de larappelerdemain. Jene suispasd’humeuràparler ce soir, surtoutque je saispourquoi ellem’appelle. Son club de lecture organise une petite fête à la fin du mois et elle veutabsolumentquejevienne.Est-cequej’aiunetêteàpasserunejournéedansunclubdelecture?Jeneveuxpasmettrelespiedslà-bas.Ladernièrefois,j’ysuisalléavecLiam,histoiredenepasêtreleseulàpasserunejournéefrétillanteetcarrémentbandante,maistoutnes’estpaspassécommeprévu.Robert,quatre-vingt-cinqans,aperdusondentierenpleinmilieude lalecture d’un passage de la Bible, autant vous dire que c’est quelque chose qui vousmarquepourlerestantdevotrevie.
Dixminutesplustard,jemegaredanslaruelle,coupelemoteur,récupèrelescléssurlecontact,prendsmontéléphoneetsorsdelavoiture.Maportièregrincelorsquejelareferme,jem’attendsàcequelamèreViaudpestecontremoi,maisnon,riennevient,parchance,elledortsûrementdéjà.Iln’estpasexceptionnelqu’ellemebalancedesœufsenpleinmilieudelanuit,cettevieillebique.
—Qu’est-cequetufouslà?demandeunevoixquejereconnaisparfaitement.—Liam!Jesuiscontentdetevoir,moiaussi,soupiré-jeenmarchantverslui.Enarrivantàsahauteur,jeremarquequ’iln’estpastoutseul.Unegrandeblondesetientà
sescôtés,plutôtpasmal,maispasmongenredutout.Cequ’ilyadebienentre luietmoi,c’est que nous n’avons pas du tout lesmêmes goûts pour les femmes. Il les aime douces etdociles,alorsquemoi,jelespréfèrefélinesetpiquantes.
—Jeneplaisantepas, lance-t-il. Tudevrais encore être auboulot, tu as encore fait destiennes?
—Non,mais…—Bordel,Cole,mecoupe-t-ilenpoussantsaconquêted’unsoirsurlecôté.Jenesuispas
d’humeur à entendre quelque chose que je ne veuxpas, ce soir, alors on va faire comme sitoutétaitaussirosequedanslemondedesbisounoursetonenreparlerademain.
J’acquiesceet le regarde s’éloigneravec son trophéeaubras.Par chance, ilsnemontentpas à l’appart’, je vais pouvoir passer une nuit convenable sans entendre de gémissementsprovenirdelapièced’àcôté.JenesaispascommentLiamsedébrouilleaveclesfilles,maisilleschoisittoujoursbruyantes.
Jemarche jusqu’au casino etme dirige directement vers les vestiaires. Je n’ai pas envied’affronterlamangeused’hommes,pasaprèscettedrôledesoirée.Jemechangeenvitesseetlaisselesaffairesqu’ellem’avaitdonnéesunpeuplustôtenboulesurunechaise,àcôtédelaporte.
Je sorsde lapièceetatteinspresque la sortie, lorsqu’uncorpsmebloque lepassage. Jelèvelesyeuxetsoupire.
—Elleestbienrentrée?s’informelefiancéd’Evyenvidantsonverre.Ellenerépondpasàmesappels.
—Jel’aijustedéposéedevantchezvous,commeconvenu,réponds-je.Sivousvoulezbienm’excuser…
—Ellevousplaît,n’est-cepas?—Absolument pas,mens-je.Mais si vous voulezmon avis, vous êtes le roi des abrutis.
Laisserpartirsafiancéeavecunparfaitinconnu,c’estcomplètementinconscient.Jene lui laissepas le tempsderépondreetpasse lesportesautomatiques.Jeneconnais
pas ce type, mais je ne l’aime pas. Quelque chose me dérange chez lui sans que je puissesavoirquoi.Onnelaissepaslafemmedesaviesefaireraccompagnerparunhommequ’onn’ajamaisvuaupréalable.Àmoinsd’êtreundéséquilibré.
Jerentrechezmoiquelquesinstantsplustardetpousseunsoupirdesoulagement,quellesoirée!Jerécupèremontéléphone,ellen’apasessayédemejoindre.C’estmieuxcommeça,de toute façon.À quoi est-ce que jem’attendais d’autre ? La princesse est rentrée dans sonroyaume.
Jeprendsunedoucherapideetmeglissedansmesdraps.C’estsansconteste lemeilleurmoment de la journée, même si ce soir je suis seul comme un con. Je ne tarde pas àm’endormir,complètementépuiséparcettesoirée.Ladernièreimagequejevoisestcellededeuxprunellesvertesd’unecouleursiuniquequ’ilmeseraimpossibledelesoublier.
CHAPITRE12
Evy
Jeme relèveaprèsde longuesminutes, enlèvemes chaussures et les rangedans lepetitmeuble surmagauche.J’aimecettemaison : lanôtre.Ethanetmoihabitons icidepuisquenousavonsdécidédenousinstallerensemble.Quandnousnoussommesrencontrés,çaaétécomme une évidence. Il a eu besoin de mes services pour la confection d’un costume surmesureet jepeuxdireque toutestensuiteallé trèsvite.Nousn’avonspaspris le tempsdenous connaître suffisamment, comme le font d’autres couples avant de passer à l’étape au-dessus,mais c’est quelque chose quim’a fait fondre chez lui : son envie de vivre avecmoirapidement, son empressement à me présenter à tout le monde. Notre complicité s’estdétérioréeavecletemps,c’estlesaléasducouple,paraît-il,laroutine,letravailquiprimesurle reste, ce genre de choses qui font qu’on a besoin de décompresser et de se sortir duquotidienétouffant,unpeucommejel’aifaitcesoir.
Mon portable n’a pas arrêté de sonner depuis que je suis rentrée. Ethan doit être foud’inquiétude,maisjen’aipasenviedeluiparlerpourlemoment.Jeregardeànouveaulesdixchiffresnotés sur le boutdepapier blanc, je nepeuxpasmepermettred’avoir ce genredepensées,jevaismemarier,enfin!Jeledéchireenplusieursmorceauxetjetteletoutdanslapetite poubelle qu’Ethan a tant voulu laisser sur le meuble à chaussures. À propos dedécoration,monfiancén’estpaslemeilleur,etpourlerangementnonplus,d’ailleurs;maisilestattentionnéetjel’aimebeaucoup.C’esttoutcequicompte,non?
Jemonte les escaliers doucement en faisant glissermes doigts sur la rampe. Le bois estfroidetjemesensseuleetmorose;commesouventencemoment.Jelongelecouloiroùsetrouventdeuxautreschambresenplusdelanôtre,cellesdenosfutursenfants.Jerêved’unegrandefamille.Làencore,nosvisionsdel’avenirdiffèrent.Ethanveutenfonderune,maispasmaintenant.Ilpensequeçamettraitunfreinàsacarrière.Letravailc’est important, j’adorelemien,maislafamilleprimesurtoutlerestedansmoncas.Jenedésespèrepasdelefairechangerd’avis.
—Evy,tueslà?—Àl’étage!hurlé-jeenentrantdanslasalledebain.Jelaisselaporteouverte,marchejusqu’aulavaboetcommenceàmedémaquiller.Jen’ai
vraimentpasbonnemine,mesyeuxsontvitreuxetmesjouessontaussirougesquesij’avaiscouru unmarathon. Je devine facilement que cette couleur nem’a pas quittée depuismondérapageavecCole.
—Machérie,souffleEthanensemettantderrièremondosetenmeserrantparlataille.Ilm’embrassedanslecouetjebasculelatêteenarrièrepourluifaciliterl’accès.—Tuauraispumerépondre,chuchote-t-ilcontremonoreille.
—Tuasbu?demandé-jeenmeretournantfaceàlui.Il empeste l’alcool, ses yeux sont injectés de sang et le sourire naissant au coin de ses
lèvresm’indiquequ’iln’estpasloind’éclaterderire.—Un toutpetit verre,dit-il en reprenantmesmotsde tout à l’heure.Tuauraisdûvoir
Thierry,ilafaitunedecestêtesquandtuespartieaveclebarman.—Oui,j’imagine,réponds-jesèchementenmedégageantdesonemprise.J’aimebeaucoupThierry,c’estuntrèsboncollègued’Ethanquirépondtoujoursprésentau
moindreproblème,maisilatendanceàs’occuperdechosesquineleregardentpas.Sijesuispartieaveclebarman,çaneconcernequenotrecouple,aprèstout.
Jemedirigeverslachambre.Leparquetcraquesousmespas.Jedétestecebruit,enfaitjedétestemêmece typedesol. Il fautabsolumentque je fassemettreducarrelageaprès lemariage.
—Qu’est-cequit’arrive,Evy?crieEthandel’autreboutducouloir.—Laisse-moitranquille,lancé-jeenenlevantmarobe.Tumedemandesdenepasfairede
scandaledanstapetitesoirée,maistoi,tuasledroitdeboire?Jenetereconnaisplusencemoment,Ethan.Tupassestontempsautravail,tupassesencoupdeventàlamaisonetonnefaitl’amourquependantlasemainedesquatrejeudis.
—C’estpournousquejefaistoutça,mecoupe-t-il.C’estpourassurernotreavenir,riendeplus.
Jen’aipasenvied’avoircetteconversationmaintenant.J’enfilemanuisetteetmeglissesouslesdrapsfroids.Ethanmerejointquelquessecondes
plustard,vêtud’unsimpleboxer.Jemetournedemoncôtéensoupirantetfermelesyeux.Jeveuxjustequecettesoiréecauchemardesqueprennefinauplusvite.
Deuxbrasm’entourentetlachaleurducorpsdemonfiancém’aideàmedétendre.Jesuisincapabledem’endormirsanslui;c’estidiot,maisjesuishabituéeànepasdormirsanssoncorpsprèsdumien,mêmesinoussommesenfroid.
—Jesuisdésolé,soupire-t-ilenenfouissantsonnezdansmoncou.—Moiaussi…Lapièceplongedansun silence reposant, la respirationd’Ethandevient régulière et j’en
déduisqu’ils’estendormi.Jepeuxessayerdemeconvaincreducontraire,maisjesaisaufonddemoiqueplusrien
neseracommeavantàpartirdemaintenant.CebaiseravecColeestomniprésentdansmonesprit.Mêmesic’estmal, j’avaisl’impressiond’êtreuneautrepersonnependantunepoignéedesecondes.Jefinisparm’endormiraprèsdelonguesminutesenpensantauboutdepapierquejen’auraispeut-êtrepasdûdéchirer.
CHAPITRE13
Cole
—Deboutlà-dedans!Liamouvre lesvoletset le jours’infiltredans lapièce.Jegrogneetrabats lacouettesur
matête. Ils’assiedsurmonlitet lematelass’affaissesoussonpoids, ilest làpoursavoircequis’estpasséhiersoir,c’estuneévidence.
— Sors de là-dessous, sinon je vais chercher un seau d’eau froide, et tu sais que jen’hésiteraipasàlefaire,memenace-t-il.
Ilestassez foupourpasserà l’acte.Liamabeauêtreungentil, iln’est jamais ledernierpourfaireuneconnerie.L’étédernier,ilaosémedéposerunelimacesurlevisagealorsquejedormais. Je l’aimauditpendantdes semaines, j’avais toujours l’impressiond’avoir ce trucvisqueuxaumilieudelafigure.
—Qu’est-cequitefairerire?demande-t-ilentirantlacouette.J’ail’impressionderejouerlamêmescènequ’hier,ilestentraindeprendredemauvaises
habitudes.Ilfautabsolumentquejemelèveplustôtlaprochainefois,pourpouvoirluifaireunevacherie.
—Rien,grogné-jeenmerecroquevillantenfœtus.Maintenant,laisse-moidormir,bordel.—Ohnon,tunevaspast’entirersifacilement.Qu’est-cequis’estpasséhiersoir?—Deuxfoisrien.Ilmeregardeavecunairperplexe.Ilmeconnaîtetsaittrèsbienquejemens.—Trèsbien,concédé-je.Jeteparled’hiersoir,situmeparlesdesdeuxfillesdifférentes
quetuviensdetefaireenl’espacededeuxnuits.En lui posant cet ultimatum, j’ai espoir qu’il abandonne l’idée de me soutirer des
informations.Contretouteattente,ilsecouelatêteetm’envoiesonpoingdanslacuisse.—Bienessayé. Je te connais,Cole, tupensesque jevais te foutre lapaix.Laisse-moi te
direquetuteplantesroyalement.Puisquec’estcequetuveux,jetedonneraitouslesdétailspourquetupuissesassouvirtonbesoindefantasmes.
— Tu es écœurant, réponds-je enme redressant pour m’asseoir. Épargne-moi ça, s’il teplaît,jen’aimêmepasencoremangé,alorslaissemonpauvreestomactranquille.
—Trèsbien,alorsaccouche,vieux.Pourquoitun’asplusdeboulot?Jeluiracontetout:lamoruefriandedepetitsjeunes,marencontreavecEvy,lebaiser,et
monattirancepourcettefemmefiancée.Ilm’écouteavecattention,maisnesemblepasplussurprisqueça.Liamal’habitudedemevoirrentreravecledésirdemettreunefilledansmonlit,riendeplusnormalpourmoi.Seulementlà,c’estdifférent.
—Tuasperdutonboulotpourunefemme,répète-t-ilpourêtresûrdebiencomprendre.
— Je ne sais pas si je l’ai perdu, admets-je. Mais franchement, Liam, chaque fois quemadameDuboismeregarde,j’ail’impressiond’êtreprévuenplatderésistance.Alorsmêmesitun’aimespasquandjedisça,c’estunemorue!
Ilrigoleensetenantleventre.Cetenfoirésefoutdemoi.—C’esttrèsdrôlequandmême.Çayest,tuasdépasséuncap,là.Tuattireslescougars,
mec,tusaiscequ’ondit…C’estdanslesvieuxpots…—Ohçava!lecoupé-je.Tunem’épargnesvraimentrien,cematin.—Aufait,hiersoir,j’airevulafilledubard’ilyadeuxjours,tusais,cellequitemangeait
desyeux.—Cellequetut’esfaite,letaquiné-je.—Ouais,celle-là,répond-ilgêné.Ellenousinviteàprendreunverredanslasemaine.Cettefilleaétéunvraipotdecolletoutelasoirée.Elleapassésontempsàlouchersur
mestatouages,etenvoyantquejen’étaispasintéressé,elles’estrabattuesurLiam.Tellementpathétiqueetprévisible.
—Sansmoi,tranché-jeenmelevant.Ilme faut un café, non, ilme faut des cafés. J’ai l’impressiond’avoir dormi trois heures
tellement j’aidumalàgardermesyeuxouverts.Jevaisdans lacuisine,remplis leréservoirdelacafetière,glisseunetassedessusetappuiesurlebouton.
—Pourquoineveux-tupasvenir?Jenevaispasyaller seul,quandmême,ditLiamenmerejoignant.
—J’airendez-vousavecunefille,findeladiscussion.C’est une excuse bidon, mais je n’ai pas envie d’y aller. Je récupère la tasse de café
brûlante,laposesurleplandetravailetm’assiedssuruntabouret.Mesyeuxs’attardentsurl’horlogeenfacedemoi,jeclignedesyeuxplusieursfoispourêtresûrquejenerêvepas.
—Bordel,Liam!Ilestseptheures,m’exclamé-jeenmeredressantsurmesjambes.Tuescomplètementfou.Situtiensàlavie,nemeréveilleplusjamaisàcetteheure-là!
Je laisse mon café et retourne dans ma chambre en claquant la porte derrière moi. Jerefermemesvoletsetm’allongesurmonlitencroisantlesbrasderrièrelatête.LesriresdeLiamrésonnentdanstoutl’appartement,ilestfierdesoncoup.Jerécupèremacouetteetmerouleenboulededans;j’aibesoindedormirencoreaumoinsquarante-huitheures.
CHAPITRE14
Evy
—Evy,tum’écoutes?demandeLiseens’asseyantàcôtédemoisurlecanapé.—Oui,biensûr,réponds-jeendonnantlederniercoupdecrayonàmonmodèle.—Tuasl’airailleurs.Quand jeme suis réveillée, cematin, Ethan était déjà parti. Notre disputeme reste en
travers de la gorge, nous n’avons pas pu en discuter et je sais que je vais ruminer toute lajournée. Jemesens tellementcoupabledemonmomentd’égarement,quelgenrede femmeembrasseuninconnudanslarue?Sûrementpaslegenrequisemariedanstroispetitsmois.
—J’aifaituneconnerie,avoué-jeenposantmoncarnetsurlatablebasse.Lise se redresseetécarquille lesyeux.Elle sedébarrassedeseschaussuresavechâte, se
tourneversmoiets’assiedentailleur.Sonregards’illumined’excitation.Elleaimelesragots,et encore plus quand ils me concernent. Ma meilleure amie est complètement dingue depresse people, elle est capable de m’appeler en pleine nuit parce qu’un couple de stars sesépare;quelletragédie!
—Uneconnerie,répète-t-elle.Est-cequ’ilfautquejet’aideàcacheruncorps?— Mais arrête, l’interromps-je en souriant. Je n’ai pas commis de meurtre, j’ai juste
embrasséuninconnu.—Non,tudéconnes.Je secoue la têtededroiteàgaucheenmemordillant la lèvre inférieureet je sensmon
cœurs’emballerrienqu’enrepensantauxlèvresdeColesurlesmiennes.—Aveclalangue?demande-t-ellesérieusement.—Lise!m’offusqué-je.Jetedisquej’aiembrasséunhommequejeneconnaisnid’Èveni
d’Adamettoi,toutcequit’intéresse,c’estdesavoirça.— Pardon, mais tu me connais, je suis trop curieuse, dit-elle en haussant les épaules.
Bref…jeveuxtoutsavoir!Jeprendsunegrandeinspirationetfermelesyeux.Lesimagesdelasoiréemereviennent
etjesouriscommeuneidiote.Coleétaitlàaubonendroitaubonmoment,j’avaisbesoind’unexutoire,etc’estexactementcequ’ilaété.
— J’ai failli tomber, commencé-je. Je portaisma longue robe blanche, tu sais, celle surlaquellejemarcheparcequejesuistroppetite,mêmeavecmestalons.Cetypeétaitlà,ilm’arattrapéeavantquejenetombe.
—Et…?OhEvy,allez,jeveuxTOUTsavoir.—Jemesuissentietellementhonteusedeperdrel’équilibre,reprends-je.Jel’aiemmenéà
l’écartparcequetoutlemondenousregardaitettusaiscommentilssontlà-bas,jenevoulaispasqu’Ethanetsescollèguesassistentàça.Touts’estdérouléàunevitesse,soupiré-je.Jelui
ai écrasé lepiedavecmon talonet je l’ai laisséenplanavec sadouleurparcequ’il avouluregardersousmarobe, legoujat.Finalement, ils’estavéréqueColeétait lebarman.J’aibudeuxverres,ilm’aramenéechezmoietjel’aiembrasséparcequej’enavaisfollementenviesurlemoment.
—Attends,pourquoitun’espasrentréeavecEthan?— Il ne voulait pas que je dise des choses compromettantes, alors quand il a voulume
rameneràlamaison,Coleluiaproposédelefaire.Mameilleure amie ouvre et ferme la bouche plusieurs fois comme quand elle veut dire
quelquechose,maiselles’abstientetelleexplosederire.—Ethanétaittellementpressédeseretrouverseulqu’ilt’ajetéedanslagueuleduloup.Il
estmignonaumoins,ceCole?— Mignon n’est pas le premier mot qui me vient quand je pense à lui. Cole est
terriblement sexy, énigmatique et extrêmement dangereux pour le contrôle de moi-même.Assez,coupé-jeenmelevant,sujetclos,ilfautabsolumentquejetravaille,alorsdubalai.
—Tumefousdehors,s’offusque-t-elle.Onn’amêmepasfinideparler,Evy.Cebaiserestunsignedudestin,tunepeuxpasfairecommes’ilnes’étaitrienpassé.
Elleremetseschaussures,selèveetmefaitunbaisersurlajoueavantd’attrapersonsacàmain.Unnouveau,encoreunefois:nousnesommespasamiespourrien.Mesplacardssontpleinsàcraqueretlessiensnepeuventmêmeplusfermertellementilssontremplis.
— C’est exactement ce que je compte faire. J’avais trop bu, je n’aurais jamais fait unechosepareilleentempsnormal,tumeconnais.
— Tout ce que je sais, c’est que tu es en train de gâcher ta vie parce que tu aimes laroutineetlasécurité.J’aimebeaucoupEthan,tulesais,maisunpeudefolieneteferaitpasde mal. Lâche prise, Evy, ce n’est pas quand tu auras une canne que tu pourras le faire.Samedisoir,noussortons,etilesthorsdequestionqueturefusesdevenir.Dimanche,jeparspendantseptjoursàNewYork,alorstupeuxfaireçapourmoi,dit-elleenfeignantdepleurer.
Jen’aimepasquandellepart si longtemps, jem’inquiète toujourspourelle,etpersonnen’estlàpourmecasserlespieds.Ellesortdechezmoiavantquejenepuisseprotesteretmesyeuxseposentsurlapoubellequicontientlenumérodéchiré.
CHAPITRE15
Cole
Je sorsde ladouche,m’essuieetmedirigeversmachambre,une servietteautourde lataille.Noussommessamedietunefoisdeplusjemesuisfaitavoir.Jem’apprêteàmerendreàcettefichuesoiréeàlaquellejen’aiaucuneenvied’aller.Depuismercredi,Liamn’arrêtepasdemeharceleravecça,etpourqu’ilmelaissetranquille,j’aifiniparcéder.Jenecomprendspaspourquoiiltienttantàyaller,desfillesetdessoirées,cen’estpascequimanqueàNice.Ilneconnaîtmêmepassonprénomàcetteaguicheuse.
Jefouillerapidementdansmonarmoireetprendscequimetombesouslamain.J’enfileunboxernoir, un jeandélavé,un tee-shirt blanc, récupèremon téléphoneposé sur le lit etquitte ma chambre. Comme d’habitude, Liam est le premier de nous deux à être prêt. Ilm’attendderrièrelaporteavecuneminerenfrognée.
— Tu es plus long qu’une fille, Cole, et puis tu cocottes, vieux, tu es tombé dans labouteilleouquoi?
—Trèsdrôle,grogné-jeenallantdanslesalon.Jepassemon indémodablepairedeStanSmithnoire,puis jemeretourneversLiamqui
attrapesescléssurlatable.Jenesaispascequecettefilleluiafait,maiselleestforcémenttrèsdouéeaulitpourqu’ilaitcesourirequiluidonneunaircrétindepuistroisjours.
J’ai perdumon emploi au casino. La directricem’a appelémercredimatin pourmedireque ce n’était pas la peine de revenir,mais que je pouvais garder son numéro au cas où jevoudraism’amuserunpeu.Inutilededirequejesuisallédirectementvomir.Demonvivant,cettefemmenemepasserajamaissurlecorpsetellenes’empalerajamaissurmoi.
—Soissympa,cesoir,m’imploreLiamenmefaisantlesyeuxdoux.Évitedefairetonoursmalléchéavectoutlemonde.
—Ouais, lancé-jeenouvrant laporte.Bouge tes fesses,avantque jenechanged’avisetquejeneresteici.
Il soupire et nous sortons de l’appartement. Je sais qu’il en a marre de mon mauvaiscaractère,mais il est la seule personnequi a été capabledeme supporter aussi longtemps.Nousdévalonslesescalierset,unefoisdehors,nousmarchonspourrejoindrelebaroùnousavons rendez-vous, ou plutôt, où il a rendez-vous. Je me demande encore pourquoi j’aiacceptédelesuivredansceplanfoireux.
Cequiestpratique,quandonhabiteenville,c’estqu’onpeutpresquetoutfaireàpied.Jenesupportepasdedevoirtournerpendanttroisplombespourtrouveruneplace.
Liamenvoiedestextosetnemecalculepaspendanttoutletrajet,cequim’arrangebien.NousarrivonssurlecoursSaleyaetilmetireparlebraspourquej’accélèrelepas.
—Bordel,Cole, tues trop lent.Elleest là-bas, regarde,dit-ilenmedésignant lagrandeblondequejereconnaistoutdesuite.
Ellediscuteavecungroupedefilles.Cesoir,ilfautquejerentreaccompagné,jen’aipaslechoix, sinon jevaisdevenir fou.J’aibesoind’unedistractionpourarrêterdepenseretdecogiter…
Elles se retournent toutesversnous lorsqueLiam lanceun«Bonsoir »aumilieude leurconversation.J’aimecequejevois, jerepèreunejolieblondeetluisouris.Ellerougitetmefait signedevenirm’asseoirà côtéd’elle.Liam,quantà lui,prendunechaiseà la tabled’àcôtéets’installeprèsdesaconquête.
— Bonsoir, commence-t-elle en buvant une gorgée de son cocktail. Je suis contente devousrevoir.
—Nousaussi,répondLiamenmeregardantavecinsistance.Jeluiadresseunsourirehypocriteettournelatêtepourmeconcentrersurmaproie.Elle
posesamainsurmacuisse.Cettefilleestentreprenante,toutcequej’aime.—Salut,dit-elleensouriant.—Salut.Montonfroidladéstabiliseuninstant,ellecommenceàretirersamain,maisjelaretiens.
Je passe l’heure suivante à faire connaissance avec elle. J’apprends que la blonde avec quiparleLiams’appelleLise,etelle,Carla.Ellessonttouteslesdeuxhôtessesdel’air.
Elle est commemoi, elle cherche juste à prendre son pied. Une nuit sans conséquence.Nousconvenonsdenouséclipserunefoisnotreverrefinipourallerchezmoi.EllehabitesurleshauteursdeNiceetjen’aipasenvied’attendrepluslongtemps.
Mon coloc’ batifole avec Lise comme un adolescent. Ce soir il ne rentrera pas seul nonplus.JefinismonGet27,melève,puisCarlam’imite.
—Onyva,lancé-jeendirectiondeLiam.Onsevoitplustard.—Attends, dit Lise. Tu n’as pas encore rencontrémameilleure amie. Je lui ai parlé de
Liametdetoi,j’aimeraisbeaucoupquevouslarencontriez.Jem’enfousdesonamie,laseulechosedontj’aienvie,là,maintenant,c’estdebaiser.—J’aiautrechosedeprévu,réponds-jeendésignantmaconquêted’unsoirquicommence
às’impatienter.—Danscecas,amusez-vousbien.Tularencontrerasunautrejour.C’estça.Jelaremercieetlaisselamonnaiesurlatablepourpayermonverre.J’attrapela
main de Carla et nous saluons tout lemonde. C’est alors qu’une femme court vers nous ets’arrêtedevantnotretable.
EllesetourneversCarlaetmoi,maindanslamain.Jenepensaisjamaislarevoir.Evyhantemesrêveslesplusfousdepuistroisjoursetvoilà
qu’elleestlà,devantmoi,alorsquejem’apprêteàm’envoyerenl’airavecuneautre.
CHAPITRE16
Evy
Jesorsdechezmoienclaquant laporte.Lamèred’Ethanestarrivéecematinet jesuisdéjàénervée.Elleestentréedansmachambreencriant«surprise!».Inutilededirequ’entremabelle-mèreetmoicen’estpasl’amourfou.Jenesuispasraviedel’avoirchezmoipendantdeux semaines. Ethan est très peu à la maison, alors je vais devoir la supporter toute lajournée. Je la soupçonnede ne pas beaucoupm’aimer et c’est réciproque. Elle s’attendait àvoir son fils épouserune femmeavecuncompteenbanqueplus fournique lemien.Quandelleaapprislanouvelle,ellearefusédenousvoirpendantplusieurssemaines.
Jehèleuntaxiqui,parchance,s’arrêtedeuxmètresplusloin.Jesuistellementencolère,j’avais rendez-vousàvingtetuneheureset ilestdéjàvingt-deuxheures.Jenesupportepasd’êtreenretard.Lysianevoulaitabsolumentparlerdespréparatifsdumariagecesoir,çanepouvait pas attendre demain, évidemment. Je suis sûre qu’elle l’a fait exprès et, pourcouronner le tout,Ethanaprissadéfenseenmedisantque jepouvaisbien faireçapoursamèrequ’onnevoitjamais.
J’ouvre la portière,me glisse sur la banquette arrière et donne l’adresse au chauffeur. Ildémarreet jepeuxenfin souffler.Lesmaisonsdéfilent sousmesyeux.Pour lapremière foisdepuislongtemps,jesuiscontentedepartirdechezmoi.
J’envoieunmessageàLisepourlaprévenirdemonarrivéeetjel’imaginesauterdejoieaumilieude la clientèledubar.Plusieursdenosamies sontavecelle, je sensque cettepetiteescapadevamefaireleplusgrandbien.Ellemeréponddemedépêcherparcequequelqu’unqu’elleveutmeprésentervapartiravecunedesescollègues.
—Onestarrivés,map’titedame,lancelechauffeur.Jelèvelesyeuxdemontéléphoneetluisourisalorsqu’ilmeregardedanslerétroviseur.
Jeluipayemacourseetdescendsdelavoiture.—Bonnesoirée,dis-jeenclaquantlaportière.Lisemerenvoieunmessageenmedisantquesijenemedépêchepasellevaêtreobligée
desortirunephotocompromettantedemoi.Nesachantabsolumentpasdequoielleparleetparpeurqu’elleaitvraimentundossiersurmoi,jememetsàcourir.Siellebluffe,jevaislatuer. Je n’aime pas cavaler, et encore moins au milieu d’une place noire de monde. Lessemelles de mes ballerines résonnent en touchant le sol, on a vu mieux en matière dediscrétion.
Au loin, j’aperçois la table oùmes amies sont installées. La tête blonde de Lise dépassecelledesautres.Jenem’attendaispasàcequ’ilyaitautantdemondeavecnous.Jeralentisdifficilementetmanquedetrébucheravantdem’arrêterdevantlatable.
—Jesuisdésolée,Lise,jesuisenretard,dis-jeenreprenantmonsouffle.
Jetournelatêteversuncouplequisetientdebout.Lorsquemesyeuxrencontrentceuxdel’homme,jesuistétanisée.Coleestlàetiltientlamaind’uneblondedécolorée.Jefermelesyeux, secoue la tête, puis les rouvre, ils sont toujours là, je ne rêve pas. Devant maminedéconfite,Liseselèveetpassesonbrasendessousdumien.
—Evy, je teprésenteCole,et là,c’estLiam,dit-elleendésignantunhommeassissur lachaiseàcôtédelasienne.
Jeluiadresseunbrefcoupd’œil,maismonattentionsereporteimmédiatementsurCole,jenecomprendspascequ’ilfaitlà.
—Jet’aiparléd’eux,reprendLiseenmefaisantunclind’œil.Lesseulshommesdontellem’aparlérécemmentsontceuxqu’ellearencontrésdurantune
soirée.Non,cen’estpaspossible,çanepeutpasêtreeux.—Enchanté,meditColeenmeprésentantsamainlibre.Après un bref moment d’hésitation, je la lui serre. Les sensations de l’autre soir me
reviennent : sapeaucontre lamienne, lebaiser,et surtout laculpabilitéd’avoiraiméposermes lèvres contre les siennes. J’ai jeté les morceaux de papier formant son numéro, latentationdelesrecollerétaitbientropgrande,enpassanttouslesjoursdevant.Jen’aipasledroit d’éprouver ça, un point c’est tout, réveille-toi Evy, bon sang. Je dégagemamaind’ungestebrusque.Jenesaispassilesautresremarquentlemalaisequim’anime,maisilestbienprésentetjenesaispasquoifaire.
—Tuesdevenuemuette,intervientLiseenmepinçantl’avant-bras.—Aïe,grogné-jeenluidonnantuncoupdecoude.Jeleconnais,c’estl’hommedubar.Elle nous regarde tour à tour et écarquille les yeux. L’atmosphère devient pesante, la
blondemeregardedespiedsà la tête, je rêvede luiarracher lescheveux.Jenecomprendspascequim’arrive,àlafin,ilaledroitd’avoirquelqu’un.Cen’estpascommes’ilmedevaitquelquechose.
—JepensequetunedevraispaspartiravecCole,ditmameilleureamieàlablonde.C’estCarla, sacollèguequiestsans-gêne,ellem’enparlesouventenpestant.Ellemâche
sonchewing-gumbruyammentetserapprocheunpeuplusprèsdeCole.Unebouleseformedansmagorge,jen’aimepascequejesuisentrainderessentir.Jerêvedelesdécolleretdepartiraveclui.Masoiréeatellementmalcommencéquejeveuxressentirlamêmechosequelejourdelafêted’entreprise.
—Etpourquoi?répond-ellesèchement.—Coleadel’herpèsgénital,lancé-jesousleregardébahidetoutlemonde.
CHAPITRE17
Cole
Carlamelâchelamainimmédiatementets’écartedemoiavecunairdégoûté.J’aicommel’impression que je vais devoir reporter les projets que j’avais pour nous deux. Toutes lespairesd’yeuxsont tournéesversmoienattendantque je réponde.Evycroise lesbrassursapoitrine qui se soulève rapidement, elle n’a pas encore totalement repris son souffle. Unsourires’élargitsursonvisageetsonregardestpleindefierté.Laprobabilitépourquejemeretrouvedevantellecesoirétaitplusqueminimeetpourtant…
Ellem’a coupé le sifflet, jen’ai absolumentpas vu sonattaquevenir et jeme retiensderire.Jemeraclelagorge,passeunemaindansmescheveuxetbasculelatêteenarrière.Soninsolence m’excite beaucoup plus qu’elle ne le devrait. Si je rentre dans son jeu, elle vaforcémentperdre,maisj’aienviedem’amuseretc’estellequiacommencé,alors…
—Evy, chérie, commencé-je en relevant la tête et en la fixant. Est-ce que tu as parlé àRobert,tonfiancé…
—Ethan,mecoupe-t-elle.—Oui,EthanouRobert,c’estpareil,reprends-je.Donc,est-cequetuluiasparlédenotre
merveilleux baiser, celui qui t’a faitmouiller ta petite culotte comme jamais ? Ce sont tesparolesn’est-cepas?
Son sourire s’éteint et sa bouche s’ouvre sous l’effet de la surprise. Tout le monde laregardeàprésentetjejubileintérieurement.Sonregardenditlongsursesintentions.Siellepouvaitmefusiller,là,maintenant,elleleferait.
—Unbaiser,répèteCarlaquial’airaussiperduequelesautres.Maisc’estqui,pourtoi?C’est le bonmoment pour laisser Evy gérer ça toute seule. Je salue tout lemonde d’un
gestedelamainetcommenceàmarcherlesmainsdanslespoches.Jenesaispasoùalleretjen’aiaucuneenviederentrerpourlemoment.
Pourquoiest-cequecettefilles’estretrouvéedevantmoicesoiralorsquejem’apprêtaisàpartiravecCarla?Retomberunenouvellefoissurelle,siça,cen’estpasdelamalchance.Jemeretrouverapidementauboutdelaplaceet,sansunregardenarrière,jetourneàdroite.
—Putain,Cole,ralentis,lanceunevoixfémininederrièremoi.Jem’arrêteetmeretourne.Evyestappuyéecontrelemur,lesjambesfléchiesetlesmains
sursesgenoux,elleessayetantbienquemaldereprendresonsouffle.Ellen’apasuneonced’endurance et je nepeuxpasm’empêcherdemedemander si à la fin de ses ébats elle estdanslemêmeétat.
—Qu’est-cequetuveux,missherpèsgénital?Ellenerépondrienetsecontentederegardermesbras.Jereprendsmaroute,exaspéré.
Quiest-cequim’amisuneemmerdeuseaussisexysurmonchemin?
—ÇafaitlongtempsquetuconnaisCarla?JetournelatêteàdroiteetEvysematérialiseàcôtédemoi.Ellemarcheàmonrythme,
le regard fixé sur ses pieds. Elle porte des ballerines, aujourd’hui, très bon choix. Je n’aiaucune envie de la porter à nouveau ce soir. En fait, si, j’en crève d’envie, mais pour desraisonsévidentes,jen’enaipasledroit.
—Uneheure,toutauplus,réponds-jelaconiquement.—Attends,tuallaist’envoyerenl’airavecuneinconnue?s’offusque-t-elleenmetirantle
braspourquejem’arrête.—Çatedérange?Tuaslaissépassertachance,jeterappelle.J’enaimarredefairecinquantearrêtssurletrottoirdecetterue, jedégagemonbrasde
sonempriseet luiprends lamainpour l’emmenerdansunparcprèsd’ici.Ellemesuit sansriendireetresserresesdoigtsautourdesmiens.J’inspireprofondémentlorsquenousarrivonsàdestination.L’endroitestdésert,commed’habitude.
Jem’assiedssurunbancvertàlapeinturecraqueléeetellefaitdemême.Evyrécupèresamainbientroptôtàmongoût,nefaisantquem’agacerdavantage:j’aibesoind’appréciersoncontactbeaucoupplusquedeuxminutes,bordel.
Elleremontesesjambesdevantelle,posesespiedssurlebancetlesentouredesesbras.Sonmentonseposesurlepetitcreuxqueformentsesgenouxquisetouchentetellesouffle.
—Oui,j’allaism’envoyerenl’airavecuneinconnue,dis-jepourrépondreàsaquestiondetoutàl’heure.Jen’aipasderelationssuivies,çanem’intéressepas,alorsc’estcequejefais.
—J’aijetétonnuméro,m’informe-t-elleenignorantmaréponse.—J’ensuiscontent,de toute façon, tacopinenem’intéressepas,maintenantque je sais
quic’est.Elletournesatêteversmoienlaissantsajoueappuyéecontresesgenoux.Levertdeses
yeuxmetransperce,unsourirenaîtaucoindesaboucheetjenepeuxm’empêcherdefairelamêmechose.C’esttellementcrétin.
Lelampadaireau-dessusdenousgrésille.C’estcebruitquinousramèneàlaréalité.J’ai tellement envie d’elle, je ne sais pas si c’est parce qu’elle représente l’interdit,mais
c’est un sentiment très intense. Elle est tout ce que je ne peux pas avoir, c’est tellementpuissantqueçadépassetoutcequej’aiconnujusqu’àprésent.
—Jevaisavoirdesennuisàcausedetoi,lâche-t-elletristement.— Pourquoi as-tu raconté que j’avais de l’herpès, aussi ? J’aurais pu partir avec ma
conquêteetpersonnen’auraiteudeproblèmes.Elleréfléchituninstant leregarddans levide.Jesuiscertainqu’elleneconnaîtpaselle-
même la réponse. Parfois, des pulsions nous poussent à faire des choses de manièreirréfléchie.
CHAPITRE18
Evy
Saquestionestpertinente,etpourtant,jenesaispasquoirépondre.Jen’aipasl’habitudede rester muette, mais quelque chose me dit qu’avec Cole ça pourrait vite devenir unehabitudesinousdevionsnouscroiserencore,àl’avenir.
Ilimitemaposition,collesajambecontrelamienneettournelatêteversmoi.Nosyeuxs’accrochent, son visage est tellement proche que je peux sentir son souffle balayer monvisage. Je me sens coupable d’être dans ce parc désert avec lui, mais je voudrais pourtantn’êtrenullepartailleurs.Toutcelaesttellementcontradictoire.
Ce que j’ai ressenti en le voyant avec cette jolie blonde est vraiment inapproprié à lasituation : une enviede l’emmener loind’elle et de le garderpourmoi. Jen’ai pas ledroitd’avoirenviedepasserdutempsavec lui,etpourtant j’enaibesoin.Quelquechosechez luim’attire,jenesaispassicesontsescheveuxdésordonnés,sabarbedetroisjoursousesyeuxpénétrants,maisentoutcas,çaagitcommeunaimantsurmoi.
Quand il a reparlé du baiser devant tout le monde, ses paroles ont agi comme unélectrochoc.Depuistrois joursjefaisdemonmieuxpournepluspenseràseslèvresetàluitout simplement. J’essaiede refouler cette envie quime consumede l’intérieur, cedésir desavoirl’effetquesesmainspartoutsurmoncorpsmeprocurerait.
Ilamislechaosdansmonespritetjen’arriveplusàpenseràquoiquecesoitd’autrequeluidepuisnotrerencontre.Toutcelaestdélirant,Ethanm’aimeetjel’aimeaussi.Dansmoinsde troismois je lui dirai oui et je lui ferai le sermentde lui être fidèle toutemavie.Alorspourquoiai-jel’impressiondeletromperrienqu’enéprouvantdudésirpourquelqu’und’autre?
— Est-ce que j’ai le droit de te dire que tume fais plus d’effet que je ne le voudrais ?demande-t-ilavecunesincéritédéconcertante.
Jefermelesyeuxetilenprofitepourcollersonfrontaumien,tandisquenosjouessonttoujoursappuyéescontrenosgenouxrespectifs.Jesuistellementbien,loindemesproblèmesquotidiens et loin d’Ethan qui ne me fait l’amour que quand il trouve un moment àm’accorder.
—Oui,tuenasledroit,réponds-jeensouriant.Je rouvre les yeux, sonnez et sabouche sont si prochesdemonvisage… Ilme suffirait
d’avancerdequelquesmillimètrespourgoûterunenouvelle fois au fruitdéfendu.Aucundenousdeuxnebouge,maislatensionestpalpable.
— Je rêve de t’emmener dans mon lit, Evy, chuchote-t-il. Je veux toucher chaquemillimètre de ta peau, çame rend dingue de t’imaginer nue, tu n’imaginesmême pas. Ma
bouche rêvede tegoûteretmonsexedeglisseren toi.Depuis cette soiréeaucasino, jenepensequ’àtoietjenesaismêmepaspourquoi.
Jem’apprêteàluirépondre,maislevisaged’Ethans’immiscedansmatête.Jedécollemonfrontdusienàregret,jemesenssivide,d’uncoup.Sesparolesrésonnent
en moi, chaque petit mot qu’il a prononcé prend possession de mon être. Je me sensdésirable,Coleaenviedemoietmoidelui.C’estunsentimenttellementpuissant.Uneseulepetitenuitsuffiraitàréglerleproblème,jen’ypenseraisplusetluinonplus.Nouspourrionstouslesdeuxretournerànospetitesviestranquilles.
—Ethan,soufflé-jeenme levant.Jesuis fiancée,Cole, jemèneunevraiebataillecontremoi-même depuis que je t’ai rencontré, mais je ne peux pas céder. Tu ferais mieux deretournerchercherCarla,jevais…
Coleneme laissepas terminermaphrase. Il se lèveetplacesamainderrièremanuquepour ramenermon visage près du sien. Il plaque violemment sa bouche contre la mienne.J’entrouvreleslèvresdesurprise,salanguetitillelamienneetnosdentss’entrechoquentsousl’empressement. Ce baiser n’est que fougue et folie. Une gourmandise que j’avais envie desavourer,unchocolatpralinéaprèsunepériodederégimedraconien.Unechaleurnaîtdansmon bas-ventre, le désir que j’ai pour Cole ne fait que s’accentuer, j’ai envie de plus, debeaucoupplus.Jecrochètemesbrasautourdesoncouetilmesoulèveenpassantsesmainssousmescuisses.J’enroulesatailledemesjambesetpassemesmainsdanssescheveux.Meslèvres picotent à cause de l’assaut des siennes, il est sans ménagement, il m’embrassepassionnémentetsansretenue.
—Evy ? nous interrompt la voix aiguë demameilleure amie.Mais qu’est-ce que…Ohoups,excusez-moi.
Jetournelatêteversmonamiequinebougepas.Jedescendsdemoncoindeparadisendesserrantmonempriseetmeremetssurmesjambestremblanteslesoufflecourt,jeviensdecommettre une énorme bêtise. Ça ne devait plus jamais se produire et je n’ai même pasl’excusedel’alcool,cesoir.Jeportelamainàmaboucheenprenantconsciencedecequej’aifait.J’ailaisséColem’embrasseralorsquej’auraispupartir.Cequimefrappeleplus,c’estleplaisirquej’aiprisàsesbaisersetlefaitquej’aitrèsenviederecommencer.Jesuisfichue,etcedepuisquesesyeuxsesontposéssurmoilatoutepremièrefois.
CHAPITRE19
Cole
Ses yeux passent de Lise àmoi. Son regard est horrifié, lemême qu’a un enfant pris lamaindanslesacentraindefairedesbêtises.Jen’auraispasdûluisauterdessuscommeça,maisc’étaitplusfortquemoi.Qu’est-cequej’auraispufaired’autre?
Elleestfiancée,Cole,putain!—JevaisparleràLise,dit-elleens’approchantdesonamie.Jemesenscon, jenesaispasquoifaire.Jemepasseunemaindanslescheveuxetmets
l’autre dans ma poche. Les deux femmes chuchotent et je ne parviens pas à entendre cequ’ellessedisent.Direquejemesenscoupableneseraitpasjuste,parcequenon,cen’estpasvrai. Quand quelque chose me fait envie, je vais jusqu’au bout, je suis comme ça. J’aimeprendredubontemps,mais jenesuispasunbriseurdeménages.Cen’estpasparceque jen’aipasd’attachesqu’il en estdemêmepour tout lemonde.Elle va semarier,mais si elleétaitheureuseaveccepéquenaud,jamaisellenem’auraitautorisél’accèsàsabouche.
Ilfautquejerentrechezmoietquej’oublietoutescesconneries.IlyapleindefillessurcetteputaindeTerre,alorsàquoibonêtreobsédéàcepoint?JepassedevantEvyetLisesans les regarder,desbribesde leurconversationmeparviennentauxoreilles : « jen’auraispasdû»,ouencore,«jem’enveuxtellement».Lavoixd’Evyestsecouéepardessanglots.Maconsciencemeditderesterpouressayerd’arrangerleschoses,ellen’apasàs’envouloir,c’estmoiquin’aipaspumeretenirenl’ayantsiprèsdemoi.
Jenesuisqu’unadopleind’hormonesetdepulsions,bordel,c’esttellementpathétique.Jepasselepetitportailetmarcheàtoutevitesse, j’aibesoindeboireetdemeperdredanslesbrasd’unefille,n’importelaquelledumomentqu’ellenes’appellepasEvy.
—Cole,attends!hurle-t-elle.Savoixrésonnedanslanuitetjemeretourne.Ellemarcheversmoienessuyantsesjoues
aveclespaumesdesesmains.Liseresteenretrait,j’imaginequ’elleattendsonamieetqu’elledoitsûrementavoirenviedemetuer.
—Jesuisdésolée,dit-elleenreniflant,enarrivantàmahauteur.Jecaressesajoue,ellefermelesyeuxcommepourappréciercemoment:ledernier.Elle
esttellementmal,toutçaàcaused’uneputaindepulsionanimale.—C’estmoiquilesuis,marmonné-jeenmereculant.Si je continueà la toucher, je vaisdevoir lakidnapperpour lui faire l’amourunnombre
incalculabledefois.Est-cequejepourraisseulementêtrerassasié,sic’étaitlecas?—Ilne fautplusqu’onsecroise,Cole,mêmesiLisevoit tonami,onvadevoir s’éviter,
souffle-t-elle.Cebaiseretceluidel’autresoir…c’étaientdeserreursdeparcours,j’aimeEthanetjevaisl’épouser.
—Jesais,réponds-je,dépité.Nous nous regardons une dernière fois, elle me sourit timidement avant de tourner les
talonspourrejoindreLise.Lesdeuxamiesrepartentbrasdessusbrasdessous,etmoi,jeresteimmobileenlesregardants’éloigner.C’esttellementmoinscompliquéquandjeparsaupetitmatin de chez une fille ; elle dort encore et j’ai juste à m’éclipser. Pas d’attaches et pasd’emmerdes. Quelque choseme dit que j’aurais eu dumal àme contenter d’une seule nuitavecEvy,alorsc’estbeaucoupmieuxcommeça.
Jerentrechezmoiaprèsavoirtraînéplusd’uneheuredanslesrues.Liammesautedessusà peine la porte passée, son regard furieux se braque surmoi. Il ne peut pas comprendre.Cetteattirance-là,jenel’avaisjamaisressentieavant.
—Tuasmerdé,lance-t-ilenmepointantdudoigt.—Oui,maisçanesereproduirapas.Jenelareverraiplus.Liamrigoleetvas’asseoirsurlecanapé,jelesuisetm’affaleàcôtédelui.Cettesoiréeest
vraiment merdique, non, elle est pire que ça. Si seulement j’étais parti avec Carla deuxminutesavantqu’Evyn’arrive, jeneseraispas làentraindecherchern’importequelmoyenpournepluspenseràelle.
— Et c’est quoi ton plan,maintenant ? demande-t-il. Appeler une fille et passer la nuitavecelle?
— Exactement. Si j’ai autant envie d’Evy, c’est parce que je n’ai plus tiré de coupsatisfaisantdepuisunmoment,maisdèsqueceserafait,jen’ypenseraimêmeplus.
Jesors le téléphonedemapocheetenvoieunmessageàAlice.Jesaisquecette fillevaaccourirdèsqu’ellevalelire.
—Tupeuxtoujoursessayerdeteconvaincredeça,oui,soupire-t-ilenallantsecoucher.Àdemain,tombeurdecesdames,etnechopepasd’herpès.
—Trèsdrôle,grogné-jeenluilançantuncoussin.Ilréussitàl’éviteretfermelaportedesachambre.Unedemi-heureplustard,Alicesonne
àmaporteenretirantsaveste,quinecouvrepasgrand-chose.Elledévoileunepetitetenuequinemelaissepasindifférent.Monexcitationseréveilleimmédiatement,elleestvraimenttrèsbelle.Desformesgénéreusesetunvisageparfait;exactementcedontj’aibesoincesoir.
Jel’entraînedansmachambreetmeperdsdanssoncorpsunebonnepartiedelanuitenessayantdepenseràelleseuleetnonàEvy.Elleserhabilleetrentrechezellelorsquelejourse lève.Ceque j’aimechezcette femme,c’estqu’elleneveutpasparlernique je laprennedansmesbrasunefoisnotreaffairefinie.
Jemesensplussereinet,pourlapremièrefoisdepuisquatrejours,jenepensepasàEvy.J’avais raison, c’était juste un besoin charnel, et maintenant qu’il est assouvi, je vais enfinretrouverlecontrôledemespensées.
CHAPITRE20
Evy
—Sij’étaistoi,jenel’auraispaslaisséfiler,ditLisealorsquenoustournonsdansmarue.Quandnousavonsparlédansleparc,mameilleureamienem’apasfaitlamorale,bienau
contraire.Elletrouveçagénialquejemedécideenfinàlâcherpriseetàprofiter.Seulement,leproblème,c’estqu’onprofiteavantdes’engager,etnonpasaprès.Personneaumondenemérite d’être trompé, je ne supporte pas l’infidélité, au même titre que la trahison, etpourtant,cesoir,jemesuisrenduecoupabledesdeux.
Ma culpabilité est telle que jemedemandeencore comment je vais pouvoirdenouveaumeregarderdansunmiroir.
—Oui,maistun’espasmoi,réponds-jealorsquenousarrivonsdevantlamaison.J’aifaituneerreur,uneterribleerreur.Jamaisçanesereproduira.
Ellemescruteaveccetairquilacaractérisesibien,ellenemecroitabsolumentpas.J’aimêmedumal àme croiremoi-même, et pourtant, il le faut.Cole a beau être terriblementsexyetembrassercommeundieu,iln’enrestepasmoinsunséducteur-néetilnem’aurapasdanssesfilets.
—Tuesassezgrandepourprendretesdécisions,serésigneLiseenm’embrassantlajoue.Pense juste au fait que la vie est courte, beaucoup trop courte. Tout peut basculer en unefractionde seconde, alors si tu es heureuse, c’est parfait, je le suis aussi.Mais bordel, si tupensesfairefausseroute,iln’estpastroptardpourfairemachinearrière.Jet’envoieuntextoenrentrant.
Je la regarde s’éloigner. Elle a raison, je sais que la vie est courte, mais je pensesincèrementqu’Ethanetmoisommesfaits l’unpour l’autre.Unefoisqu’ilseramoinsstresséparsontravail,nouspourronspasserplusdetempsensembleetretrouver lacomplicitéquenousavionsaudébut.
J’ouvre le portail etmarche vers la porte d’entrée en traînant des pieds. La lumière dusalonbrille toujours. Jene suispas sûredepouvoir supporterunequelconquediscussioncesoir.Jecomptebienpasserdiscrètementdanslecouloiretmonterdirectementmecoucher.
La porte s’ouvre avant même que je ne tape le code. Ma belle-mère se tient dansl’embrasure,vêtued’unpeignoir,desbigoudissurlatête.
Jem’immobiliseetlaregarde,elleatoutdelavieillefille.Jesuiscertainequ’ellen’apasdû connaîtrebeaucoupdepartiesde jambes en l’airdepuis que sonmari est parti avecunefemmebeaucoupplusjeune.
—C’estàcetteheure-ciqueturentres?lance-t-elle.J’ai l’impressionderevenirquelquesannéesenarrière lorsquemamèrem’attendaitdans
lacuisine,toujoursprêteàmefaireuneleçondemoralepourlaforme.Aveclerecul,même
sisurlecoupjepestaiscontreelle,j’aimaisnosdiscussionsaumilieudelanuitparcequeçafinissait toujours par un câlin et un chocolat chaud. Comment lui en vouloir de s’inquiéterpourmoi?
Seulement là, je n’ai plus seize ans, et surtout, ce n’est pasmamère. Elle est tellementridiculeaveccepyjamaoùdespandasetdesloutressecôtoientquejemeretienspournepaséclaterderire.
—Jesuismajeureetvaccinée,dis-jesimplementenpassantàcôtéd’elle.Jesuischezmoietjerentreàl’heurequejeveux.
Ellepinceleslèvres,sesyeuxmelancentdeséclairsetellefermelaportederrièremoi.Jemeposteenbasdesescaliersetmeretournepourluidirebonnenuitlorsqu’elleparleavantquejen’ouvrelabouche.
—Ethanestpartienvoyaged’affairescesoir,ilm’aditqu’ilenauraitpourplusieursjours.—Envoyaged’affaires,répété-je,abasourdie.Ethan ne part jamais si tard dans la nuit, surtout pour plusieurs jours. La colère prend
possessiondemoncorpsetmesjouesdeviennenttoutesrouges,jelesens.—Onvapouvoirresterentrefilles,s’enthousiasme-t-elleentapantdanssesmains.Quelle bonne comédienne, elle joue parfaitement son rôle : celui de la belle-mère
hypocritequin’aenréalitépasuneseulesecondeenviedepasserplusieurs joursseuleavecmoi.
—Génial,marmonné-jeenluitournantledosetenmontantlesescaliers.Jemeprécipitedansmachambreenclaquant laporte. Je suis siencolèrecontreEthan
qu’ilvautmieuxqu’ilnesoitpasenfacedemoi.Jerécupèremonportabledansmonsac, jen’ai aucunmessage, il nem’amême pas prévenu lui-même. Quel coup bas ! J’essaie de lejoindre,envain!Jetombesursonsatanérépondeur.Ilneperdrienpourattendre,celui-là.
Jemedéshabilleetenfilemanuisette.J’aimeladouceurdusatinsurmapeau,Ethanaussiaime ça, enfin ces derniers temps, je pourraismettre un sac à patates à la place qu’il ne leremarqueraitmêmepas,étantdonnéqu’ilnesembleplusmevoir.
Jedoisabsolumentraviverledésirdemonfuturmari,jeveuxsentirquejel’exciteetqu’ilestprêtàsedamnerpourmoncorps.JeveuxtellementressentircequeColem’atransmisenme regardant de cette façon, l’impression d’être unique au monde et la femme la plusdésirabledetoutelaterre.
Cole…quelque choseme ramène toujours à lui. Je sais qu’avec le temps jen’y penseraiplus.Cen’estpasceque jeveux,mais il le faut.Aprèstout,nousn’avonséchangéquedeuxmalheureuxbaisers.
Lise m’envoie un message pour me dire qu’elle est bien rentrée et je lui souhaite bonvoyage.Jeseraisbienpartieavecelle,cettefois-ci,mêmesij’aihorreurdel’avion.
Mevoilàdonccoincéeaveclamèred’Ethanpendantquelquesjours,sansdistractionspourm’empêcherdecraquer.Jesuiscertainequetoutlemondem’envie.
Je posemon téléphone sur la table de nuit etm’enfonce dans les draps. La seule chosepositive, c’est que j’ai le lit pour moi toute seule. Je vais pouvoir m’étaler en travers sansentendrederonchonnementsdeprotestation.
Jem’endorsavecdesimagespleinlatête.LebaiserdeColem’aideàm’endormiraveclesourire aux lèvres. Jeme permets d’y penser une dernière fois, avant que tout cela ne soitqu’unvaguesouvenirreléguéaurangdemonumentaleerreur.
CHAPITRE21
Cole
J’ai survécuà cettepremière journée,Liama faitmarcher ses relationspour cenouveauboulot.J’aimêmeréussiàresterpoli,quelexploit.Jerécupèremontéléphoneposésurmonbureau etme précipite vers l’ascenseur. J’en sors peut-être vivant,mais j’ai hâte de rentrerchezmoipourboireunebonnebière.
Lesportess’ouvrentsurunesublimebrunedanslefonddelacabine.Sesgrandsyeuxvertsbrillenttellementquec’enestdéstabilisant.Ellealemêmeregardqu’Evy,lamêmecouleuretlamêmeformed’yeux.Putain,çayest,j’aitrouvéunremèdeàmeslamentations.
Je vais l’aimer ce nouveau boulot, c’est certain, juste pour avoir le plaisir de côtoyer cegenredefemmes.
Je rentre et appuie sur le boutondu rez-de-chaussée, lorsque jeme retourne, l’inconnuebaisse la tête. L’ascenseur commence sa descente et j’engage la conversation, bien décidé àconnaîtrel’identitédecettemagnifiquefemme.
—Bonjour,jesuisCole,luidis-jeensouriant.Ellerelèvelatêteetmetoise.Sesyeuxtrahissentuneappréhensionévidente.Ellesemble
souffrirautantquemoi.—Jevousfaispeur?demandé-jeenarquantunsourcil.Jenevaispasvoussauterdessus.— Je suis claustrophobe et j’ai unepeur bleuede l’ascenseur, répond-elle en relevant la
têteetenregardantlesnumérosdesétagesrégresser.Évidemment, quel naze, pourquoi serait-elle déstabilisée par moi ? Surtout dans cet
accoutrementdepingouin.Mevoiciserrédanscecostumehorsdeprix,etpourcouronner le tout, j’ai lepapierqui
colle aux bonbons. Je suis à présent commercial sédentaire pour une boîte qui essaie derefourguerdupapiertoiletteauxentreprisesenmentantlamentablement.
Lebipnousavertitquenoussommesarrivésàdestination.L’inconnuesortvivementdelacabine comme si sa vie en dépendait. Je la regarde s’éloigner et ne peux qu’apprécier lespectaclequisedéroulesousmesyeux.Sesfessessebalancentsousunejupequiluiarriveau-dessusdesgenouxetsestalonsaiguillesclaquentsurlesol,bordelcequ’elleestsexy.
—Aufait,jesuisEleanor,dit-ellesèchementenseretournantfurtivementpuisensortantdubâtiment.
Pourpouvoiradmirercettefilletoute la journée, jeseraisprêtàendurern’importequoi.L’essentielestqu’enfindecompteçasefinisseenuneexplosiondeplaisirs,dechairsnuesetmoites.
—Enchanté,Eleanor,chuchoté-jedesorteàêtreleseulàl’entendre.
Je rentre chez moi en très peu de temps. Par chance, j’habite à deux minutes del’immeuble gigantesque où je travaille désormais. J’ouvre la porte et tombe sur Liam quis’empiffredecéréales,avachisurlecanapé.
—Alors,cettepremièrejournée?demande-t-ilencoupantlesondelatélé.—Génial,vendredupapiercul,c’étaitmonrêve, tu l’asexaucémonvieux, ironisé-jeen
prenantunebièredanslefrigo.Jedécapsulelabouteilleenverreetm’assiedssuruntabouretdevantleplandetravailde
notre cuisine américaine. Je bois une gorgée du liquide frais etm’autorise enfin à souffler.Putain,cequ’onestbienchezsoi.
— Aucune reconnaissance, ces jeunes, de nos jours, lance-t-il en se levant. C’esttemporaire, Cole, le temps que tu trouves un boulot dans un bar avec plein de femmes enchaleur,toutesprêtesàtesauterdessus.
—Ouaisjesais,grogné-je.J’enlèvemeschaussuresetlesbalancedansuncoindusalon.J’aitellementmalauxpieds
quejepenseapporterunepairedebasketsdemainaubureau.Jepourrailesenfilersansquepersonneneleremarqueetêtreàl’aisetoutelajournée.
—Bon,vuquetuas l’airdesuperbonnehumeur, jesuissûrquetuvasadorercequejevaistedire,commenceLiam.LiseestrentréehiersoirdeNewYork,etellenousinvitechezelledemainsoir,ellefaitunepetitefête.
Il m’avait bien dit que Lise devait être absente pendant une semaine, elle est partie lelendemain de mon baiser avec Evy. Depuis son départ, ils s’appellent tous les jours. Moncoloc’commenceàêtresacrémentmordu,çamefaitde lapeinepour lui.Cettenanaa l’aircomplètementtimbrée.
Çafaithuitjoursquejen’aipasrecroisélechemindematentatrice.Sijedisaisqu’essayerdenepluspenseràelleestquelquechosede facile, je seraisunputaindementeur.Mais jefaiscequ’ilfautpourquecesoitmoinsdifficile.Unepairedeseins,c’estunepairedeseinsdetoutefaçon,etencemomentmesyeuxenvoientunedifférentechaquesoir.
—Jenesaispas.—Allez,enplusCarlaseralà,affirme-t-ilavecunsourirepleindesous-entendus.Ilsaittoujourscommentmeconvaincre,etleplusénervant,c’estqueçamarchetoujours.—AlorssiCarlaseralà,dis-jeensignederésignation,jeviens,évidemment.Liam sourit et pose son bol dans l’évier. Je ne sais pas comment il fait pour ingurgiter
autantdecochonneries,mangerdescéréalesàdix-huitheures trenten’estpasvraimentunebonnehabitude.
—Aufait,tontatoueuralaisséunmessage.Tuasrendez-voussamedipourlesfinitions.— Justement, j’allais l’appeler, j’ai hâte, admets-je excité comme un gamin impatient
d’ouvrirsescadeauxdeNoël.
Montatouageestimposant,ilrecouvreunebonnepartiedemondos,mesbras,montorseetmoncou.Jenepassepasinaperçu,c’estlemoinsqu’onpuissedire.Detoutefaçon,jen’aijamaisaimérentrerdanslemoule.J’aimeêtredifférent.
—Onsort,cesoir,lancé-je.Vateprépareretarrêtedemangerautantdesaloperies.Liamacquiesce,etvingtminutesplustard,noussommesprêtsàpartirpourunenouvelle
soiréededébauche.
CHAPITRE22
Evy
Ethanestrentrécematindesonvoyaged’affairesens’excusantpourlamillièmefoiscettesemainedenepasm’avoirprévenuelui-même.Ils’estglissésousnosdrapspourmefaireuncâlin et est reparti aussi vite qu’il était arrivé. Je ne sais pas quoi en penser. Si je ne leconnaissais pas mieux que ça, je penserais que quelque chose le préoccupe, mais il m’enparlerait.
Ilm’alaisséeseuleavecsamèrependanthuitlongsjours,jen’aimêmepasdemotspourdécrire le calvaire que j’ai vécu. Belle-maman s’estmise en tête deme faire commencer unrégime,jemangetropdechocolatàsongoûtpourpouvoirrentrerdansmarobedemariéelejourJ.Jenepeuxmêmeplusmettremesprovisionsdansmesplacardssinontoutdisparaît.Jemesuisrésignéeàmefaireuneplanqueendessousdemonlit,jedorsau-dessusdeMaltesers,deSundyetdechocolatpralinéCôted’Or.Latentationestconstante,maisaumoinslavipèreàlunettesnemelespiquepas.
Jenesuispasrancunière,maislecomportementd’Ethanm’aprofondémentblessée;ilsaità quel point j’ai dumal à supporter samère et voilà qu’ilme laisse avec elle pendant plusd’unesemaine.J’aicroiséundesescollègueslasemainedernièreetilm’acertifiéqu’ildevaitpartirpouruncontratimportant.
Mes parents pensent qu’il me prépare une surprise, quelque chose d’inoubliable, et jesouhaitevraimentqu’ilsaientraison,çaexpliqueraitbiendeschoses.
Pendantsonvoyage,j’airéussiàavoirdesnouvellestouslesjours,maisilafallubatailler.Je n’aime pas courir après les gens pour savoir comment ils vont, mais là, ce n’est pasn’importequi,c’estmonfiancé,jenedevraispasavoiràquémanderpourentendresavoix.
—Alors,tuchoisisquoi?La voix d’Ethanme tire demes pensées. Ilm’a proposé dem’emmener au restaurant ce
soirpoursefairepardonner.Ilm’atellementmanquéquejenepouvaispasrefuser,etpasserunesoiréeloindesamèreestunvraiplaisir.
—Jenesaispas,dis-jeenexaminantlesnomscompliquésdelacarte.Jepensequejevaisjusteprendredespâtesàlacarbonara.
—Despâtesàlacarbonara,répète-t-ild’unevoixneutreenécarquillantlesyeux.—C’estça,confirmé-jeenbuvantunegorgéed’eau.Il secoue la tête etpose sa carte sur le coinde la table. Le serveurne tardepasà venir
prendre notre commande et il est désagréable au possible. Je ne comprends pas pourquoiEthan tient tant à venir dans cet endroit, tout a l’air si précieux que j’ai même peur derespirer.
—Alors, raconte-moi ce voyage. Tu dois être fatigué,mon amour, supposé-je en posantmamainpar-dessuslasiennesurlatable.
—Oui,maisheureusementqueThierryétaitlà,sanssonaideetcelledeMichelle…—Michelle ? le coupé-jeen retirantmesdoigtsbrusquement.Tunem’aspasditqu’elle
étaitavectoilà-bas.Je n’aime pas fairema jalouse,mais il y a des limites. Je culpabilise du baiser que j’ai
rendu à Cole chaque jour depuis que ça s’est passé alors que mon fiancé, lui, n’a aucunproblème pour disparaître pendant une semaine avec une femme filiforme. Sa collèguemesembletoujourstropprochedeluiquandjelesvoisensemble.
— Je n’ai pas jugé utile de t’en parler,ma chérie, je connais ton tempérament quelquepeu…excessif.
Le serveur revient et dépose nos assiettes devant nous. Mes pâtes ont l’air succulentes,maisEthanm’acoupél’appétit.Jesuisdansunetellecolèrequejepréfèreneriendirequejepuisseregretter.
Ethancommenceàmangersalaituesanssepréoccuperdemoi.Jeleregardeseremplirleventre d’herbe. Je n’aime pas la salade, ça n’a aucun goût et c’est tellement léger qu’ilmefaudraitenmangeraumoinstroispourêtrerassasiée.
—Tunemangespas?finit-ilparmedemanderauboutdequelquesminutes.Je secoue la tête pour répondre par la négative. Jeme sens tellementmal à l’aise. J’ai
l’impressiondenepasêtreàmaplaceniaveclabonnepersonne.—Tusais,commence-t-ilenprenantunboutdepaindanslacorbeille,Michellenemange
quedelasalade,deslégumes,desfruits,etellealaligne.Je ferme lesyeuxpourencaisser ceque jeviensd’entendre.L’enviede faireun scandale
n’estpasloin,maisjedoismecontenir,siellealaligne,cetteMichelle,c’esttantmieuxpourelle.
—Etelle court tous les jours, reprend-il lesyeux rivés sur les resteséparpillésdans sonassiette.
Jemelèvesansréfléchir,c’enesttrop,jenepeuxplusl’écoutermeparlerdecettebonnefemmeouçavamalfinir.Jeposelesmainsàplatsurlatableetmepencheenavant.Ethansedécideenfinàleverlesyeuxetilmedévisagecomplètementahuri.
—Maisqu’est-cequetufais,Evy?Toutlemondenousregarde.—Écoute-moibien,Ethan, je t’aime,mais tudépasses lesbornes.D’abord, tume laisses
seuleavectamèrependantunesemaine,pesté-je.Ensuite,tuparsavectacollèguesansmeledire,etmaintenanttumevantessesqualités.Maisqu’est-cequiclochecheztoi?Etpuisc’estquoicettemanied’êtreobsédéparcequejemange,c’estvotrenouvellelubie,àtamèreetàtoi?
Ilmeregardeavecdesyeuxronds,médusé.Commeçafaitdubiendedirecequ’onasurlecœur.Jeprendsrapidementunedécision,j’aibesoind’air.
—JevaisrejoindreLise,passeunebonnefindesoiréeentêteàtêteavectasalade,monchéri.
—Evy!Jequittelasalledurestaurantsouslesregardsinterrogateursdetouslesclientsprésents.
Il ne faut pasme chauffer en cemoment et Ethan va devoir faire avec.Ma culpabilité parrapportàcequis’estpasséavecColefaitressortirmoncôtécolérique.Jemontedansuntaxiet envoie unmessage àmameilleure amie quim’indique qu’elle se trouve dans un pub duvieux Nice. La soirée ne devait pas se dérouler de cette façon, mais je suis heureuse deretrouvermafolledecopineetj’aibesoindedécompresser.
CHAPITRE23
Cole
NousarrivonsdansunpubduvieuxNice,Liamaabsolument tenuàvenir ici ce soir. Jen’aimepasparticulièrementcetendroit,maislesserveusessontjoliesetlamusiquen’estpastropmal.
Ilsedirigeverslebaretjeluiemboîtelepas.J’aibesoindeboireuncoupetdem’amuseraprèscettejournéeéreintante.Jesuisdansmonélémentaumilieudetoutescesbouteilles,decesverresqu’onentendtrinqueretdecesjupescourtes.Toutçaesttellementéloignédemonnouveau boulot. Plus j’y réfléchis, et plus j’ai envie de rigoler face à ma situation : je suiscommercialpourdupapiercul,bordel,commenttuveuxemballeravecça?
—Jevoussersquoi,lesjeunes?demandelebarman.—Quelquechosedefort,réponds-jeinstantanément.—Pourmoi,ceseraunevodkapomme,ditLiamenseretournantpourregarderlafoule.Il acquiesce et se retourne pour préparer nos consommations. Quelques secondes plus
tard,nousrécupéronschacunnotreverreetallonsnousinstalleràunetablequi,parchance,est libre. Même en semaine, cet endroit est toujours plein à craquer. Ce sont surtout deshabituésquiviennentici,alorslestêtesnemesontpasinconnuesdutout.
—Tiens,quivoilà.Je lève la tête, Lise s’installe à côté de Liam sur la banquette d’en face en gloussant. Je
comprendsmieuxpourquoiilvoulaitabsolumentvenirici,c’estàcetendroitquenousl’avonsvuepourlapremièrefois.
—Quellesurprise!ditLiamavecunairquidémenttotalementsesparoles.Jemesuisfaitavoir.L’enfoiréavaittoutplanifiépourretrouversacharmantehôtessede
l’air.C’estellequ’ilcherchaitenregardantpartoutquandnousétionsaubar.Jenepeuxpaslui en vouloir, il a tourné comme un lion en cage toute cette semaine en attendant qu’ellerentre. Ils ont l’air si différents, tous les deux, Lise semble exubérante alors que Liam estréservé.Maissicelaluiconvient,tantmieuxpourlui.
—Oui,unesurprisedetaille,reprendLiseenluiembrassantlajoue.Si jeneparspas trèsvited’ici, jevaisvomir. Ilsontenviedesesauterdessus,c’estplus
qu’évident.—C’estbon, j’ai compris,marmonné-jeenportantmonverreàmabouche,vousm’avez
eu.Parcontre,Liam,tuauraisdûvenirtoutseul,jen’aiaucuneenviedetenirlachandellecesoir.
J’avale le contenu de mon verre d’un coup sec. J’aime la sensation de l’alcool quim’anesthésielalangueetlagorge,jemesensvivant.
—Tun’auraspasbesoindetenirlachandelle,rétorqueLiseensouriant.Evynousrejointetelleavraimentbesoindesechangerlesidées,situvoiscequejeveuxdire.
Ellemefaitunclind’œilet jemanquedem’étouffer.Heureusementque jen’aiplusriendans la bouche, sinon, ils auraient reçu une douche gratuite de tequila. Je ne peux pas larevoir,c’étaitconvenucommeça.
—Ellesaitquejesuislà?demandé-je,intrigué.—Non.Lisecroisesesbrassurlatableetmeregardesansdireunmot.Ellenousasurprisentrain
denousembrasserlasemainedernièreetjenesaispascequ’ellepensedetoutça,maistoutepersonnedotéed’uneoncedebonsenssauraitqu’ilfautqu’Evyresteloindemoi.
—Écoute,Cole,commence-t-elle,sonfiancén’estpasfaitpourelle.J’attendspatiemmentqu’elleouvrelesyeuxparcequejel’aime,c’estmameilleureamie,maiscesoir,illuiaencoreprouvéàquelpointc’estunabruti.Elleméritetellementmieux,souffle-t-elle.
—Etenquoitoutçameregarde?Lisesoupireetsecouelatête.J’aitoutdesuitevuquelefiancéd’Evyétaitbizarre,alorsce
qu’elle vient demedire nem’étonne pas. Seulement, jemedemande ce qu’il a bien pu luifaireaujourd’hui.
— J’aimerais que tu lui serves de distraction ce soir,montre-lui comme la vie est bellesanslui.Elleabesoinquequelqu’unluiouvrelesyeux,etdetouteévidence,tueslapersonnerêvéepourça.
—Distraction,répété-jeenpensantdéjààtoutesleschosesquejepourraisluifaire.Le corps d’Evy m’obsède tellement que savoir qu’elle sera bientôt là me donne déjà la
trique.—Jen’aipasenviededécouvriràquoi tupensesencemoment,dit-elleen feignantun
haut-le-cœur, mais tu la touches et tu es un hommemort. Je veux juste qu’elle passe unebonnesoirée,alorslaissetaquéquettelàoùelleest.
Pourmoi,bonnesoiréerimetoujoursavecsexe,sinonj’ail’impressiond’êtrefrustré.Quelmeilleuramusementqu’unebonnepartiedejambesenl’air,franchement?
—Jenepensepasque…—Ah,enfinjetetrouve,Lise,m’interromptEvyens’asseyantàcôtédemoi.MonDieu,la
soiréequejeviensdepasserméritebiendesshotsdetequila.Ellesetourneversmoi,puisregardeLise,etenfinsonattentionsereportesurmoi.Elle
écarquille, puis plisse les yeux. Comme prévu, elle n’était pas du tout au courant de maprésence.
—Salut,fais-jeavecunsignedelamain.—Lise,tupeuxm’expliquerpourquoiilestlà,demande-t-ellesèchementàsonamiesans
mequitterdesyeux.
Jen’arrivepasàdéterminersielleestencolèreounon,j’aimêmel’impressionqu’elleseretientdesourire,maisjen’ensuispassûr.
—Je suis tombéesureux justeaprèsavoir reçu tonmessage, sedéfend-elleenhaussantles épaules.C’était une sacrée surprise. Liametmoi allons faireun tour, essayezdenepasvousentretueroudefairedesbébés.Quoique,j’adoreraisêtretata…
—Laferme,Lise,lance-t-elle.Nous éclatons de rire, bordel ce que ça fait du bien. Les deux traîtres choisissent ce
momentpours’éclipseretnouslaisserseuls.Jenesaispascommentvaseterminerlasoirée,maisunechoseestsûre,Evyal’aird’avoirautantbesoinquemoides’évader.
—Shotsdetequila,alors?dis-jeenreprenantsaproposition.Lasoiréeaétédure?—Pire que ça, souffle-t-elle en croisant ses doigts devant elle.On fait quoi,maintenant
qu’ilsnousontlâchementabandonnés?—Toutcequetuveux,chuchoté-jeenm’approchantd’elle.
CHAPITRE24
Evy
Je ne m’attendais pas à trouver Lise avec Liam et Cole. Pourtant, cela n’aurait dûm’étonnerqu’àmoitié.Pendant sonvoyageàNewYork, ellen’apasarrêtédemeparlerdeLiam.Pourquelqu’unquineveutpass’attacher,jetrouvequ’elleestplutôtmalpartie,maisjeneluidisrien,sinonelleseferaunmalinplaisirdemeprouverquejemetrompeetprendrasesdistancesaveclui.Ilssontmignonsetjecroiselesdoigtspourqu’illuidonneenviedeseposerunefoispourtoutes.
JemeretrouveavecCole,aumilieud’unpub,avecunefolleenviedem’amuser.L’enviedefaire des choses déraisonnables est là, des choses qui me feront passer un bon moment,qu’importentlesconséquenceslelendemain.Normalement,j’essaietoujoursderéfléchiravanttoutechose,mêmesidepuisquej’aicroisélechemindeColej’aibeaucoupdemalàtenircetengagement.
Son corps se penche versmoi et son visagepasse tout près dumien. Je peux sentir sonodeur, unmélangede lessive et demusc. Tousmes sens semettent en alerte, je ressens lebesoindeletoucheretdelegoûter.Ilattrapelapetitecoupellerempliedecacahuètesquisetrouvedevantmoi,etavantdereprendresaplaceinitiale,effleuremeslèvresdessiennesenseredressant.J’aiunmouvementderecul, ilestdoué,vraimenttrèsdoué,sibienque,si jerestelà,jecoursàmapropreperte.
Je le regarde se remettre à sa place comme si de rien n’était. Il prend une poignée decacahuètes et l’enfourne dans sa bouche. Il semble si calme alors quemoi, j’ai l’impressiond’avoirreçuunedéchargeélectriquedanstoutmoncorps.
—Quelquechosenevapas?demande-t-ilenregardantsontéléphoneposésurlatable.—Nonnon,toutvabien,mens-je.L’appareil n’arrête pas de vibrer et l’écran de s’allumer. Je suis sûre que c’est le genre
d’homme à avoir une fille chaque soir dans son lit. À cette idée, mon ventre se noue enlaissantplaceàunsentimentétrangequejen’aipasledroitd’éprouverenverslui.Ilaledroitdefairecequ’ilveutetavecquiilveut,celanemeregardepasdutout.
—C’estmamère, s’empresse-t-il de justifier en voyantmon regard. Tu veux qu’on aillechezmoi?C’estLiamquiatenuàmetraînerici,etmaintenantqu’ilestparti,plusriennemeretient.
—Je…jenesaispas,balbutié-jeensentantl’adrénalinemetordreleventre.—Allez, Cendrillon, insiste-t-il en pressant samain contre lamienne. Je veux justeme
détendrechezmoi,sansmusiquequicrieautour,pourpouvoirparlertranquillementavectoi.JeveuxsavoirpourquoiRobertt’adonnéenviedetebourrerlagueuledansunendroitremplidemâles,prêtsàtesauterdessusdèsquetuaurasbaissétagarde.
Jedéglutisdifficilementenvisualisantcequ’ilvientdedireseproduire.JeneconnaispasColedepuis très longtemps,mais jeseraimieuxchez lui.Àchoisirentrequelquesheuresaucalmeaveccethommeetunesoiréedansunpubbienbruyant,lechoixestvitefait,etjesuissûrequeLiselapremièreauraitfaitlemême.
—Trèsbien,finis-jeparcéder.Maispaslongtemps,jemelèvetôtdemain.— Tout ce que tu veux, Evy, je te l’ai déjà dit, lance-t-il avec un sourire plein de
promesses.Sonvisageesttellementattirant, jecomprendstouteslesfemmesseulesquicraquentsur
lui.Une foismaréponsedonnée, iln’attendpasplus longtempspourmepousserhorsde labanquette. Il récupère son téléphoneetpasse samainau creuxdemes reinspourque je lesuiveàl’extérieur.Cecontactmerappellequejenesuismêmepasendroitdelelaisserfaireça,cen’estpasunamiouuneconnaissance.C’estledangerenchairetenos.
Nous arrivons dans son appartement quelques minutes plus tard. Cole ouvre la porte,allumelalumièreetjerentreprudemmentdanssonespace.Toutestbienrangé,uneodeurdepropre et de parfum d’homme me chatouille les narines. Je ferme les yeux pour mieuxappréciercetinstant.Pourlapremièrefoisdepuisplusd’unesemaine,jepeuxenfinledire,jemesensbienetparfaitementdétendue.
—Vat’asseoir,Evy,m’intimemonhôtesiséduisant.Tuveuxboirequelquechose?—Un jusde fruits, réponds-je timidementenallantm’installer sur le canapé.Mais jene
vaispasresterlongtemps,Cole,jesuisattendue.Ilacquiesceetrevientavecdeuxverresdumêmeliquidedanslesmains.Illesposesurla
tablebasseets’assiedàcôtédemoi.Ilsetournedemoncôtéetmeregardedanslesilenceleplustotal.Seulesnosrespirationssaccadéesmepermettentdegarderlespiedssurterreetdemedirequecet instantexistevraiment,que jene suispasen trainde rêver. J’ai suiviColechezlui.
—As-tudéjàeuenviedefairedeschosesfolles?demande-t-ilencaressantmacuisseduboutdesdoigts.
Plutôtmourirquedeluidireque,oui,àcetinstantprécis,j’aienviedefairedeschosesquinerentrentpasdanscequejecautionne.Jesecouelatêteetmemordslalèvre,cettefaçonqu’il a de me regarder intensément m’intimide, alors qu’en temps normal, je suis plutôtassurée.
Maisqu’est-cequetumefais,Cole?Il se rapproche un peu plus demoi, ses yeux descendent jusqu’àma bouche avec un air
enfiévréetc’estàcetinstantquejesaisque,quoiqu’ilsepasse,jenepourraipasm’arrêter.Ilfaitglisserleboutdesonnezducreuxendessousdemonoreillejusqu’àlabasedemon
cou.Jerejettelatêteenarrièreenmordantmalèvreinférieure.—Tusenstellementbon,Evy,cetteodeurmerenddingue,dis-moiquetuenasenvietoi
aussi.
—Hum…C’est laseulechosequej’arriveàdire, jenesuispluscapablederéfléchir. Ilcaressemes
brasduboutdesesdoigts,cequimeprovoquedesfrissons,c’estdélicieux.Ilfautfuir,Evy,detouteurgence!
—Tuessiréceptive,majolie,tusaisdepuisquandjerêvedecemoment?C’en est trop, j’attrape son cou avecmesmains et plaquemes lèvres contre les siennes,
réduisantànéantlepeud’espacequinoussépare.Ungémissementdeplaisirm’échappe,j’ail’impressionderemangerduchocolataprèsdesmoisderégime,c’esttellementbon.Colemesoulève avec empressement etmemet à cheval sur lui,mes jambes de chaque côté de sescuisses. Sa langue force le barrage de mes lèvres pour venir à la rencontre de la mienne,j’onduledeshanchespourluimontrerleplaisirquejeressens.Monintimitéfrottecontresonexcitationàtraversnosvêtements.Desmilliersdepetitspicotementsparcourentmoncorps,jenedésirequ’unechose,c’estqu’ilmetouchepartout.
Sesmainss’aventurentsousmondébardeur,sesdoigtspassentlebarragedemonsoutien-gorge et il caresse des pouces mes tétons si sensibles. Il pousse un gémissement rauquelorsquej’agrippesescheveux.Jemesensplusfemmequejenel’aijamaisété.
Sabouchequittelamienneetdescendlelongdemoncoupourmordillerchaqueparcelledemapeausifineàcetendroit.N’ytenantplus,j’attrapelaboucledesaceintureetladéfaisavecempressement. Ilneresteplusqu’unobstacle, leboutondeson jean,mais ilgrogneetmebloquelesmainspourquejem’arrête.
CHAPITRE25
Cole
—Attends,dis-jeenenécartantsamain,jerevienstoutdesuite.Elleacquiesceavecunsouriretimide,elleal’airimpressionnéeetjetrouveça…mignon.
J’ai tellementenviedeprofiterdecettenuitquinousestdonnée.Cesera laseuleetuniquefois,elleestfiancée,etmoi,jenecouchejamaisdeuxfoisaveclamêmefemme,àmoinsqueje sois sûr qu’elles ne veulent que du sexe, et je ne pense pas qu’Evy rentre dans cettecatégoriepouruneraisonévidente.Uneseulenuitdeplaisirmutuelavantderetournerànosvies,etceputaindedésirquejeressenspourellevaenfinpouvoirmequitter.
DepuisquejemesuispenchésurEvydanscepub,monenvied’elleadécuplé.Defoutuescacahuètes,jen’aitrouvéqueçapourmerapprocherd’ellealorsquejedétesteça.Rienquelegoûtquipersistedansmabouchemedonneenviedevomir.Laramenerchezmoiaétéuneévidence,Evydansmonuniversetàmamerci,quedemanderdeplus?
Sonodeur, la douceur de sa peau et la façonqu’elle a de frissonner quand je la touche,tout me rend fou. Evy est une femme magnifique qui ne joue pas de ses charmes, et ça,j’adore.Elleesttellementà l’opposédeceque j’ai l’habitudedevoir.Jenesaispassielleaconscienceducharmequ’elledégageetquen’importequelhommepourraitpayercherpourpasseruneseulenuitavecelle.
Jemelèveàcontrecœurettrottineavecempressementjusquedansmachambre.J’ouvreletiroirdematabledenuit,prendslescinqpetitssachetsargentésquisontattachéslesunsauxautresetretourneauprèsd’Evy.
Je ladécouvreallongéeettotalementnuesurmoncanapé,sesaffairessontenbouleparterre,elledissimulesesseinsd’unbrasetsonsexedel’autre.
—Tun’aspas à te cacherdevantmoi, lancé-je, endéposant les préservatifs sur la tablebasse.
Je monte sur le canapé pour m’asseoir sur mes talons entre ses jambes, elle écarte lescuissesenmaintenantsamainappuyéecontresonintimité.Lespectaclequis’offreàmoiesttoutsimplementsublime.
—J’aienviedetegoûter,Evy,dis-jepourl’avertirdecequejem’apprêteàfaire.Jepenchelatêteenavantetmordillesapeauenremontantdel’intérieurdesesgenouxà
ses cuisses. Elle cambre son dos et jemetsmesmains de chaque côté de ses hanches en yenfonçantdoucementmesdoigtspourlamaintenirenplace.Samains’écartedoucementetlavision de son sexe m’emmène au point de non-retour. Ma langue plonge entre ses lèvresluisantesetlegoûtdesonexcitationdansmabouchemefaitbandercommeuntaureau.Ellepousseungémissementquandj’aspireettitillesonclitorisentremesdents.
Evyenfouitsesmainsdansmescheveuxaumomentoùsontéléphonesonne.Jepousseungrognement d’agacement, ce n’est pas lemoment, bordel. Elle se raidit, poussema tête etreferme les jambesenécarquillant lesyeux.Elle récupère l’objetdemalheurposéau-dessusdesesaffairesensepenchantparterre.
—Merde,c’estEthan.Ce con doit se douter de quelque chose,mais enmême temps, si Evy étaitma fiancée,
jamaisjenelalaisseraissortirtouteseuleàcetteheure-ci.Cetypeestuncrétin.Sonregardestaffolé,jejureraismêmequ’elleestàdeuxdoigtsdepleurer.Sesyeuxsont
sibrillantsqu’onpourraitlesvoirdanslanuitnoire.—Réponds,l’encouragé-jeenluitendantsesaffaires.Elleserhabilleenquatrièmevitesse,melaissanttroppeudetempspourregarderlecorps
quivientdemepassersouslenez.—Non,jevaisyaller.ÉcouteCole…—Pasbesoinde te fatiguer, l’interromps-je sèchement enme relevant.Va retrouver ton
futurmari,Evy.Ellemeregardeenpenchantsatêtesurlecôtéetposesamainsurmajoue.J’aienviede
la retenir et de l’emmener de force dansmon lit pour la faire jouir de toutes lesmanièrespossibles.Ses formes sontparfaites,Ethanestun salaud chanceuxet j’espèrequ’il s’en rendcompte.
Ellereculeenlaissanttombersonbraslelongdesoncorps.Jefourrelesmainsdansmespoches,soupireetmarchedoucementjusqu’àlaported’entrée.
— Je ne sais pas quoi te dire, souffle-t-elle en arrivant àma hauteur. C’est compliqué,Cole, tume fais faire des choses folles et enmême temps, je n’en ai pas le droit. C’est lefoutoirdansmatête.
Saconfessionmefaitsourire.Siellesavaitàquelpointc’estlebordeldanslamienne…—Va retrouverRobert, c’estmieux comme ça, déclaré-je en essayant deme convaincre
moi-mêmequec’esteffectivementcequ’elledoitfaire.—Aurevoir,Cole,chuchote-t-elleendéposantunbaiseraucoindemeslèvres.— Ne fais pas ça, malheureuse, sinon je vais t’emmener dans mon foutu lit et tu n’en
ressortiraspasavantd’avoircriémonnom,plaisanté-je.Ellesouritetclaquelaporteensortant.C’estfini,elleestpartie.Jenesaispassic’estune
bonneouunemauvaisechosequ’onnesoitpasallés jusqu’aubout,maiscequiestsûr,c’estquemaintenantquej’aigoûtéàEvy,ellevam’obséderencoreplusintensément.
CHAPITRE26
Evy
Jefermelaporteetmelaisseglissertoutlelongensoupirant.Sauvéeparlegong,commediraitmamère.Jenepeuxpascroirequej’étaissurlepointdem’offriràCole.Jedevraisêtrehorrifiée,mais je ne le suis pas. Jeme sens secouée par les sensations qu’ilm’a procurées,mais absolument pas fautive. Cole est dangereux pour mon couple et pour mon équilibre,pourtant,j’aienviedelerevoir.Toutestlafauted’Ethan,s’ilétaitplusattentifàmonégard,jenel’auraismêmepasregardé.JenesuispasattiréeparleshommesarrogantscommeCole,maisça,c’étaitavantdelerencontrer.
Montéléphonen’arrêtepasdesonner, laphotod’Ethanaffichéeengrosplanm’horripile.Maisqu’est-cequ’ilmeprend?Toutfichelecamp.Jerejettesonappeletmeredresse,ilesttempsdel’affronteretdediscuterdecequis’estpasséaurestaurant.Jemangecequejeveux,quandjeveux,etsimesfessesnerentrentplusdansmespantalons,c’estmonproblème,paslesien.
Jedescends lesescaliersen jetantunderniercoupd’œilvers laporte.Aufonddemoi jesuis déçue, j’aurais tellement aimé que Cole me rattrape et qu’il me fasse l’amoursauvagement. Il dégage quelque chose de tellement bestial et intense. Je devrais peut-êtreéteindre mon téléphone, remonter dans son appartement et m’abandonner à ses mainsexpertes : la vérité, c’est que j’en crève d’envie. La seule chose quim’en empêche, c’estmamorale.
Je secoue la tête, regarde devant moi et continue ma descente. Arrivée dans la rue,j’attendsqu’untaxiarrive,maisaucunetracedeviehumainen’estvisible.Colevitdansuneruepaumée.
—Evy!Jelèvelatêteversl’originedelavoixrauquequim’appelle.Colesetientsurlerebordde
lafenêtre,appuyésursesavant-bras.—Oui?—Pourquoi tun’étaispasbien,cesoir?demande-t-ilenparlantunpeutropfortàmon
goût.Il est très tardet jemettraismamainà couperque lesdoubles vitrages sont inexistants
danscetterue.Colevafinirparréveillertoutsonvoisinage,s’ilcontinue.—Ethanveutfairedemoiunherbivore,déclaré-jeenriantjaune,etparlemoinsfort,tu
asvul’heurequ’ilest?—Unherbivore?répète-t-ilsceptique.—Laissetomber,jeveuxjusterentrerchezmoiettoutoublier.Àbientôt,lancé-jeenme
dirigeantversl’avenueprincipale.
Coleestunhommequidonneenviedeseconfieretdeseblottirdanssesbraspourêtreréconfortée.Ilavraimentledond’êtreapaisant.Est-cequejel’apprécie?Oui,mêmeunpeutrop.
Jeretrouvel’agitationdesgensquisortentdesbarsetparmiraclejetrouveuntaxitoutdesuite.Jesuischezmoirapidementetmeretrouvedevantlaported’entréeàhésiter.
—Evy,maisoùétais-tupassée?J’essaiedet’appelerdepuisuneheure.Lavoixd’Ethanmefaitsursauter,jemetsmamainsurmoncœur,ilbattellementviteque
j’ail’impressiond’avoirétépriseenflagrantdélitdetrahison.Jetournelatête,ilestassissurlabalancelleetmefixeintensément.Est-ilpossiblequ’ildevinecequej’étaissurlepointdefairequelquesminutesplustôt?
—J’étaisdansunpubavecLise,réponds-jebrièvementencommençantàtaperlecodedelaporte.
Ethan se lève brusquement et se met devant moi pour me bloquer le passage. Ilm’emprisonnelespoignetsetresserresaprise.Ilmefaitmal.
—Jen’aimepasquetusortesavecLise,elleestsi…différentedenous.—Dequeldroitparles-tud’ellecommeça?hurlé-jeenmedébattant.Elleestdifférente
detoi,oui!Lesalons’allumesubitementennouséblouissant,jevoissurlevisagedemonfiancéqu’il
estfurieux.Samèreouvrelaporteensefrottantlesyeux,jen’aijamaisétéaussiheureusedelavoir.
—Maisqu’est-cequisepasseici?demande-t-elleennousanalysanttouslesdeux.Ethanmelâcheenfin,laissantunesensationdetiraillementssurmapeau.Cesoir,c’estla
premièrefoisqu’ilmefaitmal,jemesenshumiliée.—Votrefilsabesoindesedéfouler,jesuppose.Ethanchéri,demainmatin,penseàaller
couriravecMichelle.Elleenseraravie,j’ensuiscertaine,lancé-jeenlepoussant.Ma belle-mère me laisse passer et je monte dans ma chambre en courant. Des larmes
commencentàperleraucoindemesyeux,maisjenedonneraipasàEthanlasatisfactiondeme voir pleurer. C’est sa faute si on en est là, on devait passer une bonne soirée pour nosretrouvailles.Jen’avaispasprévuqu’ellesedérouleraitdecettefaçon.Toutçaàcaused’unefoutuesalade!
Jemedéshabille,metsunpyjamatoutsimpleencotonetm’installedansmonlit.JeviensdemedisputeravecEthanetlaseulepersonneàlaquellejesuiscapabledepenser,c’estCole.LesmainsdeCole,lalanguedeCole,lesdoigtsdeCole…jedevienssérieusementobsédéeetnepenseplusqu’àlatentationquem’évoquecethomme.
Jefixeleplafonduninstant.Ethann’avaitpasledroitdeparlerdemameilleureamiedecettefaçon.Sijelaprévenais,ellerappliqueraitimmédiatementpourlecastrer.
Jemetournedemoncôtéetm’endorsavantqu’Ethanneviennesecoucher.
CHAPITRE27
Cole
Jeboismoncaféd’unetraite,poselatassedansl’évieretattrapemescléssurleplandetravail.J’aisurvécuàcettesemainedetravail,monchefestmêmecontentdemonboulot,j’airéussiàfairelesmeilleurschiffresdansl’équipecettesemaine.Cequ’ilnesaitpas,c’estquej’ai promis à mes interlocutrices des nuits torrides en échange de papier cul. Ce n’est pashonnête, mais autant mélanger travail et plaisir, j’aurai moins l’impression de perdre montempsetdemefairechiercommeunratmortpourrien.
Cequim’asurtoutpermisdetenirpendantcetteaffreusesemaine,c’estlerendez-vousquej’aipourmontatouagecematin;noussommessamedietlatouchefinalevaenfinêtremiseaprèsdenombreusesséances.Jemeconnais, je sais trèsbienqueceneserapas ledernier,unefoisqu’oncommence,onnepeutpluss’arrêter.
—Cole,tuesbienmatinal.Lisesematérialisedevantmoi,jenel’avaispasentenduesortirdelachambredeLiam.On
peutdirequ’ilssontencoupledepuis lasoiréeaupub.Ellepasse leplusclairdesontempschez nous àmanger lesmêmes saloperies quemon coloc’. Ils se sont bien trouvés. Elle sebaladetoutletempsavecunechemisedeLiamsurledosquineluicouvrequelamoitiédesfesses;elleseraitàpoil,ceseraitlamêmechose.Lasoiréequiétaitprévuechezellemardiaétéannuléeetellem’entientresponsable.C’estbienunegonzesse,toujoursàrejeterlafautesurlesautres.
—Quellebonnesurprise,dis-jeenenfilantmesbaskets.— Il faut qu’on parle d’Evy. Tum’as ignorée toute la semaine,maismaintenant, tu vas
t’asseoiretécoutertataLise.Je lève les yeux au ciel, cette fille est exaspérante. Il est hors de question que jeme la
coltinetouslesmatinsaupetitdéj.Entreses«tata»,l’odeurdevernisquiempestedanstoutl’appart’etsavoixstridente,jesuisauborddelacrisedenerfs.
—Bouge-toi,Cole,reprend-elleenm’attrapantlebras.Elleenfoncesesdoigtsdansmonbicepsetm’obligeàm’asseoirsuruntabouret.C’estune
vraiepeste.— C’est bon, je suis assis, soufflé-je en regardant ma montre. Tu as exactement cinq
minutes,ensuite,jemebarre.Lisemetsesmainssurseshanches.Elleestencolère,jelevoisbien,depuiscettefameuse
soiréedans lepub,mais jenesaispaspourquoi.Elleveutcertainementdéfendresacopine,maisilnes’estabsolumentrienpassé,etceàmonplusgranddésarroi.
—Evyestmalheureuseet c’est à causede toi,m’accuse-t-elle enmemontrantdudoigt.Qu’est-cequis’estpassépendantcettefoutuesoirée?
—Mais…—Etne t’avisepasdemementir,Cole,parcequesinontuvas le regretter,mecoupe-t-
elle.Situtiensàcequetuasentrelesjambes,jeteconseilledetoutmedire,etvite.Bordel, cette fille est bornée, elleme ferait presquepeur si ellene faisait pas cinquante
kilos toute mouillée. Je ne comprends même pas pourquoi elle ne demande pas çadirectementàsacopine,non,ilfautqu’elleviennemefairechiermoi,unsamedimatin.
—On s’est chauffés, admets-je en regardant son pied battre de plus en plus vite sur lecarrelage. Elle était nue quand son abruti demec l’a appelée, elle s’est rhabillée et elle estpartie.Findel’histoire,SherlockHolmes.
Jemelèvepourquittercetendroitdemalheurauplusvite.Lisen’amêmepasletempsderépliquerquejeluiclaquelaporteaunez.J’essaietantbienquemaldenepluspenseràcettesoirée depuis lundi, mais c’est impossible. Evy est une femme magnifique, mais elle estfiancée,etàunputaindeguignol,enplus.
J’arrive au salon de tatouage après cinq minutes de marche, pousse la porte et entre.J’aimecetendroit,sijen’avaispasétébarman,jeseraissansaucundoutetatoueur.Aiderlesgenspourque leurprojetprenneviedoitêtrequelquechosed’extrêmementgratifiant.Johnmeconnaîtdepuisque jesuisgosseet j’aiuneconfianceaveugleen lui. Ilest trèsdemandé,c’estsansaucundoutelemeilleurtatoueurdeNice.
Une femme sort de la salle de tatouage. Je la reconnais tout de suite. C’est laclaustrophobequibossedanslemêmeimmeublequemoi,Eleanor.Jenel’aipasrecroiséedetoutelasemaine.Jenesaispasdansquelserviceelletravaille,maisjecomptebienremédieràcelamaintenantqu’ellesetrouvedevantmoi.
—Bonjour,lancé-jeenmepostantdevantlaporte.Elles’arrêteetlèvelesyeuxversmoi.Ilssontvraimentmagnifiques,difficiled’oublierun
tel regard,mais il y a une autre chose en plus de ce dernier sur laquelle je n’arrive pas àmettreledoigt.
—Salutcollègue,qu’est-cequetufaisici?—Jeviensfairedeladanseclassique,ironisé-jeenessayantdegardermonsérieux.—Deladanseclassique,répète-t-elleenécarquillantlesyeux.Bordel,jetienslescoopde
l’année,aubureauellessonttoutesenchaleurdevanttoi.Lenouveaupar-ci,lenouveaupar-là,dit-elleenmettantdeuxdoigtsdanssabouchepourmimeruneenviedevomir.
Moiquilatrouvaistimidedansl’ascenseur,ilsemblequelesapparencessonttrompeuses.Ellesortsontéléphonedesapocheetcommenceàtaperquelquechosesursonécran.
—Qu’est-cequetufais?m’informé-jeenmerapprochantd’elle.—J’envoieunmessagegroupé,lundijesensqu’onvabiensemarrer.Unpetitmontagede
toiavecuntuturoseetceseraparfait,dit-ellevisiblementtoutexcitée.—Houlà,onsecalme,petite,tunevasrienfaire.Jesuisicipourmontatouageetjene
faispasdedanse,est-ceque j’aiune troncheàmettredespointesou jene saisquelleautre
connerie,franchement?Ellem’observeun instantet range l’appareil. Jen’imaginemêmepas cequecegenrede
rumeurprovoqueraitcommedégâts.—Tusaisquoi,jeveuxbienlaissertomber,maispourça,j’aibesoinquetumerendesun
service.Devantmonhésitation, elleajouteque jen’aipas le choix.Quellepeste ! Jene suispas
contrerendreservice,bienaucontraire,mais j’aimecontrôlerquand,etsurtoutàqui.Cettefilleesttellementcanonquejesuisprêtàdireouiàn’importequoi.
—C’estvraimentparcequejen’airiend’autreàfaire,grogné-jeenlevantlesyeuxauciel.— C’est parfait, tume sauves lamise. Tout ce que je peux te promettre, c’est que l’on
mangerabien.Masœurestunecuisinièrehorspair.OnseretrouvedevantNiceétoileàdix-neufheures?
J’acquiesceenpinçant les lèvres.Jenesaispasdansquellegalère jeviensencoredememettre,maisjelescollectionne,encemoment.JohnsortdesasalledetravailetEleanorenprofitepours’éclipser,avantquejenechanged’avis,sûrement.
—Alors,tuesprêt,Cole?medemandemontatoueurenmeserrantlamain.—Etcomment,réponds-jeaveceuphorie.J’aipenséàçatoutelasemaine.Biensûrque j’yaipensé,maiscen’estpascequiaoccupétoutesmespenséesnonplus.
Mon tatoueurme fait signede le suivre, jem’assieds sur la tableetenlèvemonpoloque jemetssurlachaisedevantmoi.Ils’approchedemoietplacelecalquesurmontorse.
— C’est parti, dit-il avec enthousiasme. C’est la dernière séance, ensuite, j’ai hâted’entamerunnouveauprojet.
Ilme connaît très bien et sait quedès la semaineprochaine je vais l’appeler pour qu’onpuissediscuterensembled’unautretatouage.Jesuiscommedroguéetjenesaismêmepassiunjourjepourraim’arrêter.
Lorsque l’aiguille commence à mutiler ma peau, je ferme les yeux et me détends. Labrûluremefaitdubienetj’enprofitepourlaisservagabondermonesprit.
CHAPITRE28
Evy
Ethanvientdepartirpouremmenersamèreàl’aéroport,àmoilatranquillitéetlaliberté!Aprèsdeuxsemainesd’enfer,belle-mamanrentrechezelle.Ellepart justeàtemps,elleneserapaslàcesoiraudînerquej’aiprévuavectoutemafamillepourparlerdespréparatifsdumariage.MesparentsaimentbeaucoupEthan,etlasituationdanslaquellejemetrouveencemomentmefaitdelapeine.J’aieumamèreautéléphonehiersoir,elleétait trèsexcitéeàl’idéedevoircommentleschosesavancent.Monpèreetellesontmariésdepuisplusdevingtansetilsnejurentqueparlemariage.Monfuturmariabeaucoupchangé,ilesttoutletempssur les nerfs et déverse sa mauvaise humeur à tout-va. J’arrivais encore à lui trouver descirconstancesatténuantesauparavant,mais jemevoilais la face,désormais, jene lui trouveplusd’excuses.Jenesaispassicelafaitdemoiunemauvaisepersonne,maisjesuiscontentequand lematin il claque la porte pour partir travailler. Ilme donne l’impression d’être unétranger,mais jen’arrivepasà savoir si c’estma fauteou la sienne. Je saisque je suisplusirritabledepuisquelque tempsàcausedeCole :c’estplus fortquemoi, toutesmespenséesdériventverscethomme.Mameilleureamienem’enapasparlé,mais jesuiscertainequ’ilcoucheavecCarla, et rienqued’imaginer ça, je ressensuneenviedevomir coupléeàde lajalousie.Parfois j’aimeraisêtreaussi librequ’elleouLise,et fairedeschosessuruncoupdetête,commecoucheravecuninconnuquim’attireplusquederaison.
J’ai beaucoupdemal àme concentrer surmes croquis etma collectionprendun retardconsidérable. Depuis lundi, jeme suis retenue à plusieurs reprises d’aller toquer chez Colepourlesupplierdemettrefinàmatorture.J’évitetoutrapportsexuelavecEthandepuiscettefameusenuit,cequin’apas l’airde ledéranger.Çaatoujoursétécommeça,sicen’estpasmoiquiviens lechercher, ilnefaitpas lepremierpas.Aufonddemoi j’espère justequecen’estqu’unemauvaisepériodeetqu’avecuncoupdebaguettemagique toutva rentrerdansl’ordre.
Jepasse lamatinéeà ranger lamaison :pendant son séjour ici, lamèred’Ethanapasséson tempsàmettre les chosesauxendroitsqu’elle voulaitparceque lenouveaunumérodeDécomagazineleconseille.Elleestsans-gêne.S’ilyabienquelquechosequejen’aimepas,c’est qu’on mette le nez dans mes affaires. Je range l’aspirateur et j’entends des pas dansl’entrée.Çayest,Ethanestrentré.Jesorsducagibietmerendsdansnotrechambre,ilfautabsolumentquejefasseunesiesteavantquetoutlemonden’arrive,àdix-huitheures.Jedorstellement mal la nuit, en ce moment, que je suis épuisée la journée. Il faut que ma viereprenneunetournurenormale,sinonjenevaispastenirlongtempsàcerythme-là.
—Ah!tueslà,ditEthanenentrantdanslachambre.
— Qu’est-ce qu’il est arrivé à tes cheveux ? demandé-je immédiatement en voyant sacoiffure.
—Ilyavaitunpeude…vent,répond-ilensepassantlesmainsdanssescheveux.Etsiondormait,machérie,jesuisfatigué.
Quelquechosenemeplaîtpas,j’aiunmauvaispressentiment,celafaitdéjàquelquetempsque j’ai des doutes. Je suis persuadée qu’il me cache quelque chose, mais il esquive lesconversations,etquandjeposedesquestions,ilestmalàl’aise.
—Oùétais-tu,Ethan?L’aéroportestàdixminutes,ettuespartidepuistroisheures.Turentres avecune coiffure d’après-baise et tu évitesmes questions, alors non, onnedormirapastantquetunem’auraspasditcequisepasse,hurlé-jeensentantlerougememonterauxjoues.
Je déteste être prise pour une imbécile. Je peux entendre et supporter beaucoup dechoses,maissoncomportementmedébecteauplushautpoint.
— Evy, je pense qu’il faut que tu te calmes, tu devrais peut-être aller consulter. Je tetrouve trèsénervéeencemoment.Lemariagevavitearriver,alorsMichelleetThierryontproposéleuraidepourteseconder…
—Jen’enpeuxplusdetaMichelle,Ethan,tuneterendsmêmepascomptequetuesentraindemeperdre,avectoutestesconneries.Invite-laàdormirdansnotrelit,aussi,tantquetu y es. Faites uneplantationde salades et allez vous faire foutre, lancé-je en sortant de lachambre.
Jeprendsappuisurlemurenfacedemoietj’inspire.Mapetiteviequej’aimetantestentraindevolerenéclats.Jenemesensmêmepastriste,j’aijustebesoindeprendredurecul.Jedevraissansdoutepartirquelquesjoursetallerm’installerchezLise,letempsd’yvoirplusclair.
Jedescends toutpréparerpourcesoir, tantpispour la sieste. Ilva falloirque je joue lacomédie devant ma famille et je déteste ça. Ma sœur va à tous les coups remarquer quequelquechosecloche,jevaisdevoirprendresurmoipourdonnerlechange.
Je passe l’après-midi en cuisine, contente de ce que j’ai accompli. Lorsque je dépose lesderniersverresdanslesalon,lasonnetteretentitetunventdepaniquemesubmerge.Jen’aipas eu le temps de me maquiller et de me préparer, je n’ai pas revu Ethan depuis notredispute, et nous n’avons pas pu nousmettre d’accord sur le fait d’agir comme si tout allaitbien.Jeposecequej’aidanslesmains,lissemarobeetvaisouvrir.
Jesuissincèrementcontentedepasserunesoiréeaveclesgensquicomptentlepluspourmoi,etvul’étatactueldeschoses,c’estexactementcequ’ilmefaut.
Masœursetientderrièrelaporte,elleestplusbelleetsouriantequejamais.—Evy!crie-t-elleenmeprenantdanssesbras.—Jesuistellementcontentedetevoir,dis-jesincèrementenluiembrassantlajoue.—J’aiamenéquelqu’un,j’espèrequeçanetedérangepas.
— Évidemment non, répliqué-je tout excitée à l’idée de rencontrer la personne qui faitbattrelecœurdemapetitesœur.
—Cole,hurle-t-elleenseretournantversleportail.Jeregardederrièreelle.Non,c’est impossible,çanepeutpasêtrelui, jesuisentrainde
rêver et je vaisme réveiller. Cole arrive avec un bouquet de fleurs dans lesmains, je n’encrois pasmes yeux. La surprise se lit sur son visage. Il ne s’attendait pas àme voir lui nonplus. De toute évidence, Cole n’est pas de sexe féminin, je n’y comprends plus rien et uneseulechoses’imposeàmoi:lasoiréevaêtrelongueetmouvementée.
CHAPITRE29
Cole
Mais qu’est-ce qu’Evy fait là ? Quandma collèguem’a demandé de l’accompagner à unrepasdefamillepouréviter lesquestionsdesesparents, jen’étaisfranchementpasemballé.Cettepestearéussiàmefairechangerd’avisenmemenaçantderaconterlespiresragotssurmoisijerefusais.Jesaisbienquemonboulotn’estquetemporaire,maissijepeuxgarderdesouverturesavectouteslesfemmesdelaboîte,c’estmieux.Jedétestelesrepasdefamille, ilenressorttoujoursdestrucsnégatifs,alorsc’estquelquechosequinem’attirepasdutout.
—Maisqu’est-ce…,ditEvyenportantsamainàsabouche.—Net’inquiètepas,jen’aipaschangédebord,s’esclaffeEleanor.Jeveuxjusteéviterles
questionsetdonneràpapaetmamancequ’ilsattendentdepuis longtemps,unhommeavecungrospaquetprêtàmefairepleindemômes.
Ohbordel,c’estEvy,sasœur.Niceestunetrèsgrandevilleetilafalluquejetombesurelle,j’hallucine!
Jen’aurai jamais lachancedemettremacollèguedansmon lit,ellepréfère les femmes.Direquejesuisdéçuestuneuphémisme,c’estpirequeça, lavieesttellementmalfaite.Lebutdelasoiréeestdemefairepasserpoursonpetitamiauprèsdesesvieuxquicommencentàseposerdesquestions.Jesuistombébienbas.
J’avance dans la cour au ralenti, la soirée ne pouvait pas plus mal s’annoncer. Je vaisdevoirmecoltinerlefiancédelafemmequimefaitenvie,non,quim’obsèdeplusquejenel’aijamaisété.
Maintenantqu’ellessontl’uneàcôtédel’autre,jecomprendspourquoilesyeuxd’Eleanormedisaientquelquechose.Cesontexactementlesmêmesqueceuxdesasœur,ilssontaussivertsetbrillantsquelessiens.
—Evy,reprends-toi,ondiraitquetuasvuunmort-vivant,s’impatientemafaussepetiteamiefaceaumutismedesasœur.
—On se connaît, lâche-t-elle en venant àma rencontre. Eleanor, entre, s’il te plaît, j’aideuxmotsàdireàCole.Tupeuxsurveillerlerepas?J’aipeurqueçabrûle.
Eleanor acquiesce sans broncher et pénètre dans la maison. Face au ton sec d’Evy, jen’auraispasdemandémonrestenonplus.Jenesaispassielleestsurprisedemetrouverlàouencolère,maisdanstouslescas,elleestloindelafemmequigémissaitsousmescoupsdelanguequelquesjoursplustôt.
—Maisqu’est-cequetufais là?chuchote-t-elleenregardantderrièreelle.C’estpourlespréparatifsdemonmariagequejefaiscedîner.
—Jesais…—Machérie,s’exclamentunhommeetunefemmequiseprécipitentversEvy.
Elle les prend dans ses bras pour un câlin collectif. La petite femme aux cheveux grisglousse,alorsquel’hommenelaisseparaîtreaucuneémotion.
Macollègueme les adécrits comme rigides et exigeants. Ilsm’ignorent et secouent leurfille dans leurs bras dans tous les sens. S’ils savaient quemoi aussi j’aimerais la secouer…Maispasdanslesmêmescirconstances.
—Papa,maman,jevousprésenteCole,c’estun…amid’Eleanor.Ilsseretournentbrusquementversmoi,l’airextrêmementsurpris.Jen’aiplusaucundoute
surlefaitquemacollègueneleurajamaisprésentéaucunhomme.Sonpèremeserrelamainetsamèremefaitlabiseenprenantsoind’àpeinetouchermes
joues. Evy nous propose d’entrer pour nous asseoir. Samaison estmagnifique, tout commeelle. Les couleurs sont claires et tout est parfaitement rangé. Les meubles sont blancs, j’ail’impressiondefairetacheaumilieudetoutecettepureté.
Jem’assieds sur le canapéetmes fauxbeaux-parents s’installent en facedemoi. Je sensquejevaisavoirdroitàuninterrogatoireenbonneetduelaforme.Eleanoraplutôtintérêtàmerenvoyer l’ascenseurplustard.Sonpèrem’observeenplissant lesyeux, jenesaispascequ’ilchercheàfaire,maissic’estunetentatived’intimidation,c’estraté.
Robert apparaîtdans le salonavecun costume,mêmechez lui il est obligéde s’habillercommeungland.Jeserrelespoingsetlamâchoire,ilavraimentunetêtedecon.Sonsourirefaittellementfaux,bordel,maisqu’est-cequ’Evyfaitavecuntypepareil?
—Ethan,jesuisheureusedeterevoir,ditsabelle-mèresuruntonenjoué.C’estbeaucouptropdeniaiseriespourmoi, j’aienviedevomir. Ilsneremarquentmême
pasmaprésence,bientropoccupésàjouerlacomédie.Jemeraclelagorgepoursignalerquemoi aussi je suis là. Les parents et le fiancé d’Evy se tournent vers moi, une expressiond’agacementsurlevisage.
—Maisonseconnaît,non?demandeEthanenhaussantunsourcil.—Casino,réponds-jesimplement.Ilplisselesyeuxetgrimace.Iln’estpasraviluinonplusdeseretrouverfaceàmoietc’est
trèsbiencommeça.Lesdeux sœurs reviennentetnouspassonsà table. Jem’assiedsà côtéd’Eleanor, tandis qu’Evy seplace en facedemoi, son fiancé à côtéd’elle et sesparents auxextrémitésdelatable.
—Alors,Ethan,quandest-cequevousmettezlebébéenroute?lancelebeau-père.Jem’étranglesouslecoupdelasurprise.Eleanormetapedansledosettouslesregards
se tournentversmoi. J’étais loindemedouterque la fillequiétaitnuesurmoncanapéaudébutdelasemaines’apprêteàfaireunbébéavecsonfiancé,maisenmêmetemps,quoideplusnormal?
—Pourl’instant,iln’enestpasquestion,lanceEvysèchement.—Jenemesenspasencoreprêt,répliqueEthanenluiprenantlamain.Vouscomprenez,
lacarrièreavanttout.Unbébéneferaitquenousencombrer,noussommesencorejeunes.
—Oui,maisEvyenrêve,argumentesamère.—Cen’estpaslemien,affirmel’hommeenposantsonverreunpeutropbrutalementsur
latable.Evy ferme les yeux, inspire la boucheouverte et se lèvede sa chaise. Jen’avais pas fait
attentionenarrivant, bien trop surprisdeme retrouver chez elle,mais elle est encoreplusjolieaunaturel.
—Tucommencesàdépasserlesbornes,Ethan,souffle-t-elle,lasse.Jenesuisquespectateuretjenesaispascequisepassedansleurcouple,maisj’aidumal
àcroirequ’Evyvaépouserquelqu’unquin’apaslesmêmesrêvesqu’elle.—Et toi, tupensesque tune lesdépassespas,enramenant lebarmancheznous? Il te
plaît,c’estça?Jemelèveàmontour,prêtàbondiràlamoindreparoledetrop,maisEvynem’enlaisse
pasletemps:ellegiflesonfiancéavecuneforcesurréaliste.Lebruitsourdmefaitmalpourlui,mêmesi jenel’aimepas.NousregardonstousEvyavecdesyeuxexorbités:finalement,j’aibienfaitdevenir.
Quelafêtecommence!
CHAPITRE30
Evy
Lagifle est partie toute seule, je suisdansunétatde rage extrême. Jepensais vraimentpouvoir faire bonne figure et passer au-dessus de ces jours de disputes, de fatigue etd’énervement,maisnon,jen’yarrivepas.J’aienviederenversertoutcequisetrouvesurlatableetdepartirmeréfugierdansunendroitcalmeoù ilneserapasquestiondeconneriesquibousillentmonquotidien.
—Maistuesfolle!hurleEthanensetenantlajoue.—Non,jenesuispasfolle,commencé-jeenclaquantmalanguecontremonpalais.J’enai
justeraslebol!Colen’estpaslàpourmoi,maispourEleanor.—Mais…—Ahnon!tulafermes,l’interromps-jeavecunsignedelamain.Jen’aimepascequ’on
devient,tun’esjamaislà,tupassesleplusclairdetontempsaubureau,tunefaisqueparlerdetonboulot,detescollègues,etpourcouronnerletout,tumetrouvesgrosse.Jepensequ’ilesttempsdefaireunepause,jevaisallerm’installerailleurspendantquelquetemps.
Je regardeautourdemoi,nos invitésn’en reviennentpas.Mesparents sontbouchebée,mapetitesœurseretientderireetColeaunesortedefureurdansleregardquejenesauraisexpliquer.Montrèscherfiancén’estpasfrianddesscandales,illesdétestemêmeauplushautpoint.C’estd’ailleursà causede celaqueColem’a raccompagnéechezmoi le soirdenotrerencontre.Non,pardon,grâceàcela…
— On va en discuter calmement, lance Ethan en m’attrapant le bras et en le serrantfortement.
J’essaiedemelibérer,maisjen’yarrivepas,ilatropdeforce.Jenesaispaspourquoiilsemetàmebrutaliserdelasortedepuishier.Ethann’ajamaisétéviolent,bienaucontraire.Iln’estmêmepascapabledetuerunemouche.
—Lâche-la,connard.LavoixdeColerésonnedans lagrandepièce,Ethansecrispe,mais ilnedesserrepassa
prisepourautant.—Çaneteregardepas,lebarman,alorsresteàtaplace.— Je vais te casser la gueule si tu ne laisses pas Evy tranquille, répliquemon sauveur.
Alorsjelerépète,lâche-la!Lesdoigtsd’Ethanme lâchentenfinet jeme frotte lespoignetspouratténuer ladouleur
qu’il m’a laissée. J’ai besoin de sortir d’ici. Cette soirée devait avoir lieu pour évaluerl’avancée des préparatifs d’unmariage que je ne suismême plus sûre de vouloir, et elle setransformeenvéritablecauchemar.
—Machérie…
Je ne laisse pas àmamère le temps de finir sa phrase. Je sors de la salle àmanger etmontedansmachambre.Jeprendsunsacdansmonarmoireetenfournequelquesvêtementsdedans. Les larmes coulent sur mes joues sans que je puisse rien y faire, les vannes sontouvertes.J’aitroplongtempsrefoulémessentiments,etaujourd’huijen’yarriveplus.Jepassedanslasalledebainprendremesaffairesdetoiletteet,enmoinsdetempsqu’ilnefautpourledire,jesuisprêteàquitterleslieux.
Jedescendslesescaliersavecempressementcommesilamaisonétaitenfeuetqu’ilfallaitque j’en sorte avant d’y laisser ma peau. Tous mes invités sont dans l’entrée, je lis del’incompréhensionsur levisagedemesparents.Comment leurexpliquerque jene saisplusquoifaire?Commentleurdirequelarelationavecmonfuturmariestdevenuetoxique?
Ethanmarcheversmoid’unpasfermeeténergique.Il tentedesemaîtriser,mais jevoisqu’au fond, il est complètement paniqué. Jeme demande si c’est vraiment par peur demeperdre,outoutsimplementparappréhensiondecequivaseraconteràsontravail.Quoiqu’ilsepasse,jenereviendraipassurmadécision,dumoinspascesoir:j’aibesoindetemps.
Coleregardeparterre.J’aibeaucoupaimélafaçondontilaparléàEthan:pourunefoisqu’ilsefaitremettreàsaplace,c’estjubilatoire.
—Tucomptesalleroù?demandeEthanenessayantdem’arrachermonsac.—ChezLise,réponds-jeenessuyantmeslarmesd’unreversdelamain.—Liamestavecelle,alorstuvasvenirchezmoicesoir,trancheColeens’approchantde
moi,etdemaintuirascheztonamie.Ilmeprendmonsac,etpourladeuxièmefoisenquelquesjours,jem’apprêteàsuivrecet
homme.Ilestunefoisdepluslaportedesortiedontj’aibesoin.—Evy,jet’interdisdelesuivre.Iln’estrienpourtoi.Monfiancétapedupied,ilestentraindeperdrepatience.Jenesaispascequiluiprend
dese laisserpoussercette fichuebarbedepuisquelques jours,maisçane luivaabsolumentpas.Encoreunenouvelle lubiequi luiaprisdujouraulendemain.Ilyaforcémentquelquechoselà-dessous,maisjenesaispasquoi.Changementsphysiques,changementsdecaractèreetdecomportement,jenereconnaisplusl’hommequej’aienfacedemoi.
—Jesuispeut-êtresonamant,quisait?répliqueColeenlepoussantavecsonépauleenledépassant.Maintenant,fous-luilapaixoujeterefaisleportrait.
Ilme tend samain, que jem’empresse de prendre, etm’entraîne vers la porte d’entrée.Personnen’essaiedenous retenir,mesparentsetmapetite sœur restent interloquésdevantcettescènequise jouesous leursyeux.Jenesaispascequim’attendensuivantCole,maisj’aienviedeledécouvrir…
Jem’autoriseenfinàsoufflerensentantl’airchaudsurmapeau.Jemesuisaffirméeaprèstoutcetemps:j’aienfineulecouragederemballerEthan.
CHAPITRE31
Cole
Jeserresesdoigtspourqu’ellenem’échappepas.Jeveuxl’emmenerloindecettemaisonetpeut-êtremêmel’enfermerdansmachambre,pourneplusjamaisqu’elleensorte.Toutcequejeveux,c’estqu’ellesoitheureuse,est-cequec’esttropdemander?
—Onpeutmarcher,s’ilteplaît?demande-t-elleenreniflant.—J’allaisteleproposer,avoué-jeenl’entraînantavecmoiversleportail.Evy se retourne et regarde une dernière fois cet endroit avec tristesse. Elle souffle de
lassitudeetsecouelatêtelentement.Jelatirelégèrementpourluisignifierqu’ilesttempsdepartir,ellemeregardeavecunsourireaucoindelaboucheetnousmarchonsendirectiondemonappartement.
J’étaisloindemedouterqueçaallaitsimaldanssoncouple,maiscommentaurais-jepule savoir ? Nous n’avons jamais abordé le sujet tous les deux. La seule chose quim’obsèdedepuisquejel’airencontréec’estdepasserdutempsavecelle,pasdejoueraupsy.Jenesuispas un expert en lamatière,mais quand on semarie dans quelques semaines, n’est-on pascensérespirerlebonheuretcriersurtouslestoitsqu’onaimenotremoitié?
—Jesuisdésoléepourcesoir,finit-ellepardireàmi-chemindemonappartement.Jenevoulaispasm’emportercommeça,maisjesuisàcran,encemoment.
—Evy, tun’aspas à t’excuser.Si tu veuxmonavis, ce typeestun connard. Je l’ai vuàl’instantmêmeoùilapréféréquejeteraccompagneplutôtquedequitterlui-mêmesafête.
Ellesoupire lorsquenoustournonsdansunepetiteruesombre,elleserapprocheunpeuplusdemoietjelasensfrissonnercontremonbras.J’aiunviolentdésirdelabloquercontrelemuretdeluifaireoubliercetabruti,maisjemecontrôle.J’aienfincomprisqu’elleméritebeaucoupmieuxquecequejepeuxluioffrir.Uneseulenuitd’insouciance,cen’estpaspourelle,cettefilleméritetoutel’attentionqu’ilestpossibledeluidonner.
—Tuessûrqueçanetedérangepasdemelaisserdormircheztoi?Jepeuxtrouverunhôtel…
—Evy…laferme,dis-jeensouriant.Ungrondementsuivid’unéclair illumine leciel.Des trombesd’eauglacéenous tombent
dessussubitement.Jem’esclaffeetpenchelatêteenarrièreenfermantlesyeux.Evyrigoleetpousse de petits cris, son rire est le son le plusmerveilleux que j’aie jamais entendu et jeferaistoutmonpossiblepourl’entendreàdenombreusesreprises.
—Cours!hurlé-jeenlatirantparlamain.Go,Evy!Nos pas résonnent dans les rues désertes, nous courons le plus vite possible en laissant
échapper des gloussements. Des flaques d’eau se forment rapidement sur le sol et, lorsquenousarrivonsenfindansmonappartement,noussommestrempésdelatêteauxpieds.
Je pose le sac d’Evy par terre et enlèvemes chaussures en grimaçant.Mon jean etmonpolo me collent à la peau, je déteste ça ! La robe blanche de mon invitée est devenuetransparente et je dois faire un effort surhumain pour ne pas regarder la dentelle de sonsoutien-gorgeàtraversletissuquinecacheplusrien.
—Jepeux…heu…empruntertasalledebain?baragouine-t-elleenrougissant.J’acquiesced’unhochementdelatête.Ellerécupèredesvêtementsdanssonsacetmesuit
jusque dans la petite pièce. Je lui sors une serviette propre, la pose sur le lavabo, et enregardant ladouche, jepenseà toutes les chosesque jepourrais lui faire à l’intérieurde lacabine.
—Jetelaisse,lancé-jeensortantprécipitammentavantdenepluspouvoirmeretenir.Jerefermelaportederrièremoietmarchejusquedansmachambrepourmechanger.Je
medébarrassedemesaffairesmouillées,enfileunshort,untee-shirtpropreetretournedanslesalon.
Après quelquesminutes, Evy sort de la salle de bain. Elle a remonté ses cheveux en unchignondésordonnéetporteunerobechemiseamplequiluiarriveau-dessusdesgenoux.Jesuis censé rester sage avec un tel spectacle devantmoi ? Il faut que je prenne une douchefroide,ouc’estfichud’avance.
—Jepeuxm’asseoir?demande-t-elleendésignantlecanapédudoigt.—Biensûr,dis-jeenallumantunelumièreplusdouceetenéteignantl’autre.Elles’assiedenramenantsespiedssoussesfessesetjem’affaleàcôtéd’elleensoupirant.—Tuneveuxpasenparler,supposé-jeenpassantunbrasderrièresesépaules.Elleserapprochedemoi,posesatêtecontremontorseetjeresserremonétreinte.L’avoir
dansmesbrasesttellementbon,etenmêmetempstellementdouloureux.—Si,avoue-t-elleencaressantmonavant-brasduboutdesdoigts.Jepensequ’Ethanme
trompe avec une de ses collègues. J’ai du mal à y croire, mais c’est la seule explicationpossible. Jene saisplus si jedoismemarier,monamourest en trainde se transformerenhaineetc’estaffreux.Touts’écroule,Cole.
—S’il tetrompe,c’estquec’est ledernierdesconnardsettupeuxmefaireconfiance, jenelelouperaipaslaprochainefoisquejeleverrai.
Sonsoufflechaudbalayemapoitrineàtraversmontee-shirt.Elledessinelescontoursdemestatouagesavecattention.Sesdoigtsfroidspassentsurchaquedétailetjelasenssourirecontremontorse.Laviolencen’estpastoujourslameilleuresolution,maisencequiconcernesonfiancé,satêtedefilsàpapamedonneuneenviefurieusedeluicasserlenez.
—Jepeuxtedemanderunefaveur?—Oui,vas-y.—Dorsavecmoicesoir,souffle-t-elle.Je luiembrasse ledessusde la tête, iln’étaitpasquestionqu’elledormeailleursqu’avec
moi.Jeveuxpouvoirm’endormirdanssesbras,justeunefois.
CHAPITRE32
Evy
JemeblottiscontreCole,majouecontresontorse,matêtesesoulevantaurythmedesarespiration.Jepourraism’endormirenécoutant lesbattementsdesoncœurtellement jemesensbien.Lecalmeambiantm’aideàm’apaiseraprèscettesoiréedefolie.
J’aivolontairementéteintmontéléphoneenarrivantici,j’aijusteenvied’êtredéconnectéedumondeextérieuretdemonavenir incertainpendantquelquesheures.J’imaginesansmalquemesparents,Ethanoumasœurontdéjàessayédemejoindre.
Je suismême certaine quedemainmatin, en le rallumant, je serai inondéedemessagesd’inquiétude,maispourl’instant,jeveuxjusteprofiterdeCole.
—Viens,dit-ilenselevantetenmetendantlamain.Jelaprendsavecjoie,melèveducanapéetlesuisjusquedanssachambre.J’aimequand
mamain est dans la sienne, quand il semontre si prévenant avecmoi ou quand ilmenacemonfiancédeluicasserlafigure.
Si j’avais rencontré Cole avant Ethan, les choses seraient peut-être différentes à l’heurequ’ilest.Jeneseraispeut-êtrepassurlepointdefaireunebêtise,oumêmeperdueaupointdeneplussavoiroùj’ensuis,maiscenesontquedesspéculations.
Ilouvre laporteetme laissepasser, sachambresent terriblementbon :ellesent lui.Jeserais capablede lui emprunterunvêtementdéjàportépour sentir sonodeurà volonté. Jesais pertinemment ce qui est en train de se passer, je m’attache à Cole alors que je ne ledevraispas.Quelquechosemeditquejevaissouffrir,etpourtant,c’estcommesilamachineétaitenmarcheetquejenepouvaisrienfairepourl’arrêter.
Unecommodenoire se trouvedans le fondde lapièce,desphotosdeColeetLiamsontaffichées en un pêle-mêle juste au-dessus. Si j’en crois leurs sourires et leurs grimaces, leurrelation a l’air d’être dumême genre que celle quim’unit à Lise.Ma grand-mèreme disaitsouventquel’amitiéétaitbienau-dessusdel’amour:sesmotsn’ontjamaiseuautantdesensqu’aujourd’hui.
—C’est très joli,dis-jesincèrement.C’estmiraculeux:aucunboxerniaucunechaussettenetraîneparterre,tuessûrquetuesbienunhomme?letaquiné-je.
—Jesuisdugenremaniaque,admet-ilensouriantetenm’entraînantsurlelit.Parcontre,nemeforcepasàteprouverquejesuisbienunhommeouturisquesdeleregretter.
Jenesuispassûrederegretterquoiquecesoitcesoir.Ils’allongesurlesdrapsetjefaisdemême.Nosregardssontrivésauplafond,commesicelui-cipouvaitapporterdesréponsesàcequinoustracassetous lesdeux.Mamaincherchetimidement lasienneet lorsqu’elle latrouve enfin, j’entremêle mes doigts aux siens en priant pour ne plus jamais avoir à lesdétacher.
—Pourquoitiens-tutantàtemarier,Evy?chuchote-t-ilentournantlatêteversmoi.—Parcequej’aimeEthan,soufflé-jeenleregardantdanslesyeux.Mais…—Tudoutes.— Je doute, répété-je sur un ton neutre. Pour être honnête avec toi, tout a commencé
depuisque je t’ai rencontré. Il yad’abordeucebaiserquineme ressemblepas,mais c’estcomme s’il fallait que je le fasse pour ne pas regretter. Une pulsion. Depuis, tout va en sedégradant,lasituationm’échappe,c’esttrèsdésagréablecommesensation.
Jenesaispaspourquoijeluidisça,maisj’ailebesoindemeconfieràluietdesavoirs’ilressentlamêmechose.Coleasurmoil’effetd’unaimant,maisunaimantsexyetdangereux.
—Jevois,ricane-t-ilenregardantdenouveauleplafond.Quelle cruche, jen’aurais pasdû lui dire ça, il semoquedemoi ouvertement, lemufle.
J’essaiedereprendremamain,maisillaretientenjurant.—Net’avisemêmepasdefaireça,memenace-t-il.—Jevaisallerdormirsurlecanapé.Turigolesdemondésarroietc’estladernièrechose
dontj’aibesoin,marmonné-jeenserrantlesdents.Lacolèremontepeuàpeu.Ilssesontdonnélemot,cesoir?—Jenememoquepas,c’estdifficilepourmoidemecontenirentaprésence.Desavoir
que tu es attirée par moi n’arrange pas les choses, ça me donne une furieuse envie det’arrachercettefoutuechemise.
Ilsetournedemoncôtéenprenantappuisursoncoude.Sonbraslibreentourematailleet en me prenant par surprise, Cole m’attire vers lui sans effort. Son visage descenddoucementjusqu’àcequeseslèvresnesoientplusqu’àquelquesmillimètresdesmiennes.Jefermelesyeuxenespérantqu’ilm’embrasse,maisiln’enfaitrien.
—Jesaiscequetuveux,Evy,maisçan’arriverapascesoir.J’encrèved’envie,avoue-t-il,maisjeneveuxpasqueturegrettesquoiquecesoitdemainmatin.
Ilcaressemonvisagedeseslèvresdouces,ilpassesurmesjoues,monnez,monmentonetmon front, en prenant soin d’éviterma bouche. Ilme torture, ses caresses sont commedesplumessurmapeau.Unfrissonremonte le longdemacolonnevertébrale, les imagesdesatêteentremesjambesmereviennentdevantlesyeux.Lessensationsquej’airessentiescesoir-lànesontcomparablesàaucuneautre.JedésireColeplusquetout.
J’aichaudet froidenmêmetemps.Moncorps réagitviolemmentàson toucherens’arc-boutant,jerêvedesesmainssurmesseins,desesdoigtsentremescuisses.Jevoudraisqu’ilmalmènemonclitorisjusqu’àl’orgasme.
—Arrêteoujetesautedessus,dis-jeengémissant.—Essaie,pourvoir,medéfie-t-ildansunsoufflerauque.
CHAPITRE33
Cole
J’aime jouer et pousser la tentation jusqu’à la limite du supportable. Caresser le visaged’Evyduboutdes lèvresestquelquechosedevraimentexcitant, jevoudrais fairebienplus,mais jen’aipas ledroitdecraquer.Elleest toujours fiancée,etmoi, je suisunconnardquibaiseàtout-va.Àmoinsqu’ellemedonnelefeuvert…
—C’estvraimentcequetuveux,Cole?Tuasenviequejetefasseperdretoutcontrôle?demande-t-elleavecunairmutin.
OhmonDieu.J’acquiesceendéglutissantdifficilement.Latéméritéquejelisdanssonregardnefaitque
meconfirmercequejesavaisdéjà:jenepourraijamaisluirésister.C’estperdud’avance.Jeneregrettepasdel’avoirdéfiée.Monérectionnecessededurcirdansmonshortdevenubientroppetit.
Evymefaitbasculersur ledosenappuyantsurmonépauleetsemetàcalifourchonsurmoi.Lentement,elledéfaitlesboutonsdesachemise,lesunsaprèslesautres,elleprendtoutsontempsetnemequittepasduregard.Ellepassesalanguesurseslèvresetbasculelatêteenarrière.
Ellefinitsongesteenarrivantaudernierbouton,jeregardel’œuvred’artqu’estsoncorpsavecdesyeux rondsd’admiration.Evy se redresse.Sesyeuxvertsbrûlentd’impatience : j’ail’impressionqu’ellemesuppliede latoucherrienqu’enmeregardant.Elleprendsesseinsàpleinesmainsetlesmalaxeengémissant.Sespointessedressentsousl’effetdesescaresses.
—Alors,souffle-t-elleensepenchantsurmoi.Jenetefaispasenvie,Cole?Tupréféreraispeut-êtreretrouverCarla,chuchote-t-elledansmonoreille.
Jenetiensplusfaceàsesprovocations:j’empoignesescheveuxetl’embrasse.Ellesoupirede satisfaction et sa langue force la barrière demes lèvres. Nos langues se cherchent et setrouventdansunbalai plus lascif que jamais. Sabouchebougeavec intensité etneménagepaslamienne.Ellemordillemalèvreinférieureensourianttoutcontremoi.
Evysoupireenseredressantetcommenceàreboutonnersachemise.J’arrêtesongesteenattrapantsesmains.Nousnousdéfionsduregardenreprenantnotresouffle.
—Net’arrêtepas,soupiré-je.Tuasgagné,jecrèved’enviedetefairel’amour,Evy.Un large sourire de jubilation se dessine sur ses lèvres. Elle lève lesmains en l’air,me
laissantlechamplibrepourluifairetoutcedontj’aienvie.Mesdoigtsfinissentdedéfairelesboutonsde sa chemise à la fois trop sage et trop sexy. Jeneprendspasmon temps, jemeprécipitedefairetomberceboutdetissuquirecouvrebeaucouptropdepeauàmongoût.
Jecontemplesesseins,ilssontparfaits.Mesmainsposéessursescuissesremontentpourles prendre en coupe. Elle est tout simplement sublime de la tête aux pieds. Je pince
délicatementsestétonsentremesdoigtsetellegémitenondulantsurmonsexe.—J’aienviedetoi.Maintenant!m’ordonne-t-elle.—Etexigeante,enplus,pouffé-jeenlafaisantbasculersurlecôté.Jeme lève et lui tourne le dos. J’enlève avec hâtemon short,mon boxer et passemon
polopar-dessusmatête.Monsexesedressedevantmoi,iln’ajamaisétéaussitenduetprêtpourunefemme.
Jeprendsunpréservatifdansletiroiretleposesurlatabledenuit.Jetournelatête:Evyfait glisser son string le long de ses jambes et je me délecte de ce spectacle en restantimmobile. Je pourrais rester toute la nuit à l’observer passer ses mains sur son corps auxformessiappétissantes.
—Nemefaispasattendre,dit-elleenécartantlesjambes.Putaindebordeldemerde,cen’estpluslamêmefemme.Jeremontesur le litetmeplaceentresescuisses.Lavuedesonsexebrillantmedonne
enviedejouirsansmêmel’avoirpénétrée.Jefaisglisserdeuxdoigtslelongdesafenteetlesrentreentreseslèvresgonflées.Jepousseunjuron:elleesttrempée.
Sesgémissementsetseshalètementsdeviennentdeplusenplusnombreuxsousl’assautdemesdoigts.Jen’enpeuxplus,j’aibesoindemeretrouverenelle,ettoutdesuite.
Jemepenche,attrapelesachetargentéetl’ouvrerapidement.Jedéroulelepréservatifsurmonmembre sur le pointd’exploser etme replace entre les cuissesd’Evy.Mavergepointedevant son intimité : elleme regarde en agrippantmes avant-bras et jem’immisce en elledoucementenfermantlesyeux.
C’estencoremeilleurquedansmesrêveslesplusfous.—Tuestellementserrée,chuchoté-jeenm’allongeantsurelle.Elleplacesestalonsderrièremesfessesetappuiedessusavecforce.Jem’enfonceunpeu
plusloinenelleetm’immobilise.—Situmefaisça,jenevaispastenirtrèslongtemps,lamets-jeengarde.—Fais-moil’amour,mesupplie-t-ellepourladeuxièmefoisdelasoirée.Jel’embrassepourlafairetaire.Àchaquecoupdereins,jemesensunpeuplusbasculer
danslafolie.Sesgémissementsdécuplentmoneuphorie.J’aienviedeprendremontempsetde faire durer cemoment toute la nuit,mais je n’y arrive pas. Les ongles d’Evy s’enfoncentdanslapeaudemondosetmelacèrent.Jesenslepointdenon-retourarriver,mesmusclessecontractentetjemordslelobedesonoreille.Ellecrieunedernièrefoisetnousjouissonsensemble,emportésparlapassionquinousconsume.
—C’était...—Intense,l’interromps-jeàboutdesouffle.Désormais, plus rien ne sera jamais comme avant. Plus aucun retour en arrière n’est
possible.Jepeuxessayerdemeconvaincreducontraire,maiscettenuitn’arienàvoiravec
unepartiede jambesen l’airquelconque.Evyesten traindechangermonmondeet je saispertinemmentquecelavametransformer.
CHAPITRE34
Evy
Coleresteallongésurmoietenfouitsonvisagedansmoncou.Ildéposedescentainesdebaisersjusteendessousdemonoreilleetmefaitfrissonner.Nospeauxmoitesetbrillantesserassasientl’unedel’autre.Jeneréalisepasencoretrèsbiencequej’aifait,touts’estenchaînétellementvite.LesmainsdeColesurmoi,sesdentsmordillantlapeaudemoncou,salanguedécrivantdescerclesautourdemesmamelons.Lorsquenousavonsjouiensemble,l’intensitéde mon orgasme était sans précédent, je n’avais jamais ressenti une telle déferlante desensations. Ila réussiàm’emmenersur lechemind’unplaisirdont jen’imaginaismêmepasl’existence.
Je passe unemaindans ses cheveux pourm’assurer qu’il est bien réel et que je n’ai pasrêvécequivientdesepasser.Maisneserait-cepasmieux?J’aitrahimonfiancé!Alorsquemonexcitationredescendpeuàpeu, l’horreurdemonactemefrappedeplein fouet.JemeraidisensoupirantetrepousseColeenplaçantmesmainssursesépaules.
—Quelquechosenevapas?m’interroge-t-ilenprenantappuidechaquecôtédemesbraspourmesurplomber.
—Jel’aitrompé,soupiré-je,horrifiée.J’aitrahiEthan,jesuismonstrueuse,Cole.Ilgrogneets’allongeàcôtédemoi.Débarrasséedupoidsdesoncorps, jemesensvide.
Un sentiment soudain de pudeur me pousse à remonter le drap sur moi et je ne laissedépasserquematête.
—Jenet’aipasforcée…—Jen’aipasditça!m’emporté-jeensentantleslarmesaffluerdansmesyeux.Mavisionsebrouilleetjenepeuxplusmeretenir,jecraque.Moncorpsestsecouéparde
violents spasmes et jeme roule enboule sur le côté, dos àCole. J’ai besoindem’isoleruninstant.Ilnem’arienfait,j’aivoulujoueretj’aiperdu.C’estmoiquil’aipousséàbout,toutestmafaute,etçanerendlasituationqueplusdifficile.
Ethanm’est insupportabledepuisplusieurs jours,maisest-ceuneraisonpoursauterdansle lit du premier homme venu ? Certainement pas ! Si seulement cet homme était sansimportance,ceseraitplussimple,cependant,cequis’estproduitn’étaitque lasuite logiquedesévénementsdecettedernièresemaine.J’aimeEthan,maisjedésireColecommeunefolle.
—Chut,dit-ilenvenantcollersoncorpscontremoi.Evy,tun’aspasàtemettredansdesétatspareils.
—Tusaisquecequ’onafaitestaffreux,jemesensmal,avoué-jeenessuyantmeslarmesquisetarissentunpeu.
Malgrél’horreurdecequej’aifait, j’aimebientropcequej’airessentienfaisantl’amouravec lui pour me contenter d’une seule fois, et le plus triste, c’est que j’ai très envie de
recommencer.Toutcelaesttellementcontradictoire.Onditsouventquecesont lesfemmesquienvoûtentleshommes,maisdansmoncas,c’estlecontraire.Monbeaubarmanaprislatotalepossessiondemespenséesetdemoncorps.
— Evy, soupire-t-il contre ma nuque. Je ne sais pas de quoi demain sera fait, etfranchement, je n’y pense pas. J’ai envie de profiter de toi et de cette soirée que j’attendsdepuisdesjours.J’aiconsciencequecequ’onvientdefaireestmal,maisilesttroptardpourrevenirenarrière.Tunepensespas?
Ilaraison,ilesttroptardpourregretter,maisj’aipeurdecequecelapourraitengendrerdansmavie.Jesoupireetfrottemesyeux.Jemeretournefaceàluietregardedeplusprèslepansementblancquirecouvreunepartiedesontorse.Depuisqu’ilaenlevésontee-shirt, jeme retiens de lui faire la remarque. Je passe mes doigts sur les nombreux tatouages quirecouvrentsontorseetsesbras,c’eststupéfiantàquelpointc’estbeau.Unserpents’enrouledesespoignetsjusquesesbiceps.Sursonventreetsursapoitrine,unénormedragonchinoiss’étend jusqu’à labasede soncou.Les couleursvivesne fontqu’unpeuplusm’attirer.C’estsublime.
—Qu’est-cequec’est?merenseigné-je.— Jeme suis fait tatouer cet après-midi, c’est d’ailleurs là-bas que j’ai croisé ta sœur et
qu’ellem’aentraînédanscettefollesoirée.Siaudépartl’idéedemeretrouverdansunrepasdefamillenem’apasemballé,jedoisdirequejenepeuxquelaremercier.
Ilattrapemamaindroiteetnosdoigtssemêlentcommesinosmainsétaientfaitesl’unepour l’autre. Mon cœur augmente la cadence de ses battements, le traître. Même si je levoulais,jenepourraispascacherl’effetquecebeautatouéasurmoi.
—Tumemontreras?—Biensûr,toutcequetuveuxetquandtuleveux.—Charmeur.Mesjouesrougissentsoussonregardinsistant.Ilpassedemesyeuxàmaboucheplusieurs
fois.J’aimelafaçonqu’ilademecontemplercommesi j’étaisprécieuse,etc’estexactementcommeçaquejemesensquandjesuisaveclui.
— Je ne sais pas à quoi tu penses, Cendrillon,mais quand tu rougis comme ça, tumerendsfou…alorsaccroche-toi,jesuisprêtpourledeuxièmeround.
Je glousse et il roule sur moi en m’emprisonnant de ses bras. Je ne cherche pas à medébattre et le laissem’emmener sur la pente glissante qu’est celle duplaisir, en écartant lesentimentderemordsquireferatoutdemêmesonapparitiondemain…
CHAPITRE35
Cole
J’ouvre les yeux.Tout est encorenoir autourdemoi.Un corps chaudmoulé contremoisent terriblementbon.De la fraise,putain, jen’aipas rêvé, c’estbienEvyquiestavecmoi.J’enfouismonnezdanssescheveuxetinspirecommeundroguémonaddiction.
—Hum…Elleremueets’agrippeàmonbrasposésursonventre.Siseulementellesavaitquejene
pourrai plus jamais la laisser partir… En faisant l’amour avec moi, elle a déterré quelquechose chez moi qui était enfoui depuis des années et que jamais je ne pensais pouvoirretrouver. J’ai essayé de lutter, oh oui, j’ai essayé de toutes mes forces. Depuis que j’airencontréEvy, j’ai couché avecdes femmes, beaucoupde femmes,mais aucunen’a été à lahauteur.Cettenuitesttoutsimplementhorsdutemps,putaincequejemesensbien.
—Tuesdéjàréveillé?glisse-t-elleenportantmesdoigtsàseslèvres.—Jeviensdemeréveilleraussi,jevoulaism’assurerquetoutcelan’estpasqu’unsimple
rêve.—J’aitellementmalauxcuissesquejet’assurequec’estréel,s’esclaffe-t-elle.Elledéposedespetitsbaiserssurledosdemamainetjemepenchesursonépaulepour
fairedemême.—Commenttesens-tu?demandé-jeenfaisantréférenceàlaculpabilitéquil’habitaithier
soir.—Bizarrement,plutôtbien…Laportedemachambres’ouvreavecfracaspuisserefermeennousfaisantsursauter.— Putain, Cole, c’est quoi ce bordel ? Tu peux m’expliquer pourquoi Evy et toi êtes
injoignablesdepuishiersoir?aboieLiamsèchement.Sonfiancéestprêtàappelerlesflics…Lesvoletss’ouvrentetlaissentfiltrerlalumièredusoleil.Jegrogneetremontelacouette
surEvy,quimetlesmainsdevantsesyeux.Liamsetientdevantlelitencroisantlesbrassursontorse.Jevaispasserunsalequartd’heure,jelesais.
—Maisvousavez…?commence-t-il,surpris.—Heu…jeneveuxpasavoircettediscussion,ditEvyensepenchantpar-dessusmoipour
ramassersarobe.—Tuferaisbiend’appelerLise,lancemoncoloc’.Elleestdanstoussesétatsparcequetu
ne l’as pas prévenue du fiasco de ce dîner. Ton fiancé lui a dit que tu étais partie avec undégénérétatoué,alorsonsavaitquetuétaisavecCole.
Evyenfilesonvêtementetm’enjambepoursortirdulit.Putain,non,pasdéjà…—Maisilestquelleheure?m’énervé-je.Ondormait,jetesignale,alorslaisse-nous.
—Arrêtedebougonner,semoqueEvyenramassant lerestedesesaffairespar terre.JevaisrejoindreLiseetons’appelleplustard,d’accord?
—Mais…—J’aibesoindevoirmameilleureamie,Cole,etde touteévidence,Liamaenviede te
parler.Nemedispasquejevaistemanquer,quandmême.—Biensûrquenon,pouffé-jeenhaussantlesépaules.Tuparles,ellememanquedéjà,oui.Jesuismordu,éprisetcomplètementensorcelépar
soncorpsetparcequ’elledégage.Jemerelèvepourmecalercontremoncoussin.—Àplus.Elle fait un petit signe de la main, et je la regarde quitter la chambre avec une drôle
d’appréhension.Etsic’étaitladernièrefoisquejelavoyais?Silavienenousaccordaitquecettenuit?Jepréfèrenepasypenseroujepourraisavoirenviedetoutcasser.
— Bon, sors dema chambre, Liam, tu viens de nous interrompre, on allait remettre lecouvert.Jenesuispassûrdepouvoirtelepardonnerunjour.
—Premièrement,ilestplusdedixheures,Cole,ensuiteilesthorsdequestionquetut’ensortescommeça.Qu’est-cequis’estpassé?demande-t-ilalorsquejemerallongesurmonlit.
—Onacouchéensemble,réponds-je.Iln’yariendeplusàdire.—Quelgentleman,ironise-t-il.Jefermelesyeuxeninspirantetenexpirantparlabouche.Ilmegonfle.Quelqu’unpeut-il
meramenerlafemmedemesrêvesafinquejepuissepassermajournéeàluifairel’amour?—Ferme-la,lancé-jeenmemassantlestempes.—Jetelaissedormir,ilfautquej’aillebosser,detoutefaçon.Maistiens-toiprêt,Liseva
bientôttetomberdessusetçaneserapasbeauàvoir.Surcettebonneparole, il sortdemachambreenme laissant seul. Je rabatsmacouette
surmatêteetsombredansunprofondsommeilenessayantdemerappelerdeladouceurdelapeaud’Evy.
CHAPITRE36
Evy
—Qu’est-cequ’ilt’afait,ceconnard?Lise arpente le salon de long en large et vocifère des insultes à l’encontre d’Ethan.
J’aimeraismejoindreàelle,seulement,jen’yarrivepas.Jeneluienveuxpas,aucontraire,grâceàlui,jeviensd’ouvrirlesyeux.
—Ons’estdisputésetjesuispartie,dis-jepourtempérerlasituation.—Jeledéteste,tulesais,ça?Jevaisluifairebouffersacravate,undecesjours.—Assieds-tois’ilteplaît,tumedonnesletournisàfairelescentpas.Elle s’exécuteenpestant. Je l’aidéjàvueénervée,mais commeaujourd’hui, jamais.Cela
fait longtempsqu’ellenesupportepasEthan,àquielletrouvequelquechosedelouche.Surcepointnoussommestouteslesdeuxd’accord,ilpassebeaucoupdetempsavecMichelle,sacollègue, et j’ai des soupçons depuis un petit moment. Enfin, disons que ça expliqueraitbeaucoupdechoses, sesdéplacements imprévus, son téléphonequ’ilmecache,et surtout lefaitqu’ilnemetoucheplus.
—Jevaisallerluicasserlagueule,jure-t-elleenserrantlespoings.J’étaissûrequ’ilavaitquelquechosedebizarre,cetype,detoutefaçon.
—Tuletrouvaisbien,audébut,luirappelé-je,mesouvenantqu’elleaussiletrouvaitàsongoûtquandjeleluiaiprésenté.
Elleécarquillelesyeux,commesielleétaitétonnéequejemerappelledeça.Liseestmaboufféed’oxygèneetjesaisqu’elleseratoujourslàpourmoi,quelsquesoientmeschoix.
— Mais attends, dit-elle en changeant soudainement de sujet. Tu n’as pas couché avecCole,quandmême?Tuas l’airbienheureuse,pourquelqu’unquivientdesedisputeravecsonfiancé.Oh,monDieu.Evy!Jelesa…
—Maisarrête,l’interromps-jeenlevantlesyeuxauciel.Jen’aipasseulementcouchéavecCole, j’ai fait l’amouravec luietc’étaitextraordinaire.
Non,enfait,jen’aiaucunmotpourdéfinircemoment,c’étaitbienplusquedusexeetçam’acomplètementbouleversée.
—C’était comment ? s’enquiert-elle. Je veux tout savoir, bonDieu,depuis le tempsquej’attendsqueturencontresquelqu’und’autre.
Sonexcitationesttellementévidentequ’ellemefaitrire.Jeprendsunegrandeinspirationetluiracontepresquetout.Lagifle,lestroisheuresd’absenced’Ethan,l’histoiredubébéquimerestetoujoursentraversdelagorge,monintentionderéfléchiràmonavenir,etsurtoutcettenuitmagique.
—Jelesavais,s’écrie-t-elleenparlantavecsesmains.Ethantetrompe,Evy,etjesaisquetuteposesdesquestions,sinontun’auraispascherchéduréconfortailleurs,jeteconnais.
—Jenesaispastrop.Iln’estpluslemême,c’estsûr,mais…—Iln’yapasdemais,mecoupe-t-elle.Ouvrelesyeuxmaintenant!Je suis en train de le faire, mais je me demande si ce n’est pas trop tard. Le mariage
approcheàgrandspas,toutlemondearéponduauxinvitations.Jenesaispascommentgérercettesituation.
—Lise,onpeutenparlerplustard?Jerêved’unedoucheetilvafalloirquejemedécideàrallumercemaudittéléphone.
Elleacquiesced’un légerhochementde tête. J’aimesincèrement toutes les facettesdesapersonnalité;ellesaitêtrefofolle,excitée,outoutsimplements’effacerquandil lefaut.Mavie amoureuse est peut-être chaotique, mais grâce à Lise, du côté amical, tout va pour lemieuxetjesaisqueceseratoujourslecas.
—Àcesujet,jemesuispeut-êtreunpeuemballéedanslesmessagesquejet’ailaisséssurtonrépondeur,confesse-t-elle.J’étaisénervéealorsj’espèrequetucomprendras…
DugrandLise:jelaconnaisparcœur,etsiellenem’avaitpaslaissécegenredemessagesdanslesquelsellem’insulteavantdemedirequ’ellem’aime,j’auraisétédéçue.
—Merci,dis-jeenlaprenantdansmesbras.Jet’aime,tusais.—MoiaussiEvy.Jemereculepourl’observer,elleessuieseslarmesdesesdeuxpoucesetfaitdel’airavec
sesmainspourséchersesjouesmouillées.Noussommesaussisensiblesl’unequel’autre.— Tu sais que tu m’as fait rater une partie de jambes en l’air, rigole-t-elle entre deux
sanglots.—Oh,compatis-je.Jesuissûreque,dèsdemain,Liamseradevanttaporte.Ilestfoude
toi, il faudrait être aveugle pour ne pas s’en rendre compte. Alors tu l’auras, ta partie dejambesenl’air,pasd’inquiétude.
Elle sourit de toutes ses dents, sautille sur place et lève le poing en l’air en signe devictoire.Cettefilleavraimentungrain.
—Je le savais !Oh,Evy, je croisque je l’aimebien,moiaussi,avoue-t-elle timidement.Toutestdifférentaveclui,onseressembletellement.Iln’attendpasdechosesquejenepeuxpasluidonneretilestd’accordpourqu’onvivecetterelationaujourlejoursansseprendrelatête.
—Biensûrquetul’aimesbien,c’esttellementévident.Jesuissicontentepourtoi.—TusaisqueLiamditexactementlamêmechosedeCole?Qu’ilnel’ajamaisvucomme
ça,etqu’ilnefaitqueparlerdetoi.Jeprendsuninstantpourencaissercetteinformation.Jusqu’àprésent,jenemesuisjamais
demandésiColepouvaitluiaussiressentirquelquechosepourmoietjepréfèrepenserquecen’estpaslecas,depeurdem’emballer.
CHAPITRE37
Cole
Jeme réveille avecun sourireniais sur les lèvres. Jem’étire et regardemon téléphone,putain il est déjà quatorze heures. J’entends les voix de Liam et Lise de l’autre côté de laporte, ils ont l’air de se disputer et, bordel, ce n’est pas lemoment du tout. Je grogne ensortantdemonlit,enfilemonshortdelaveilleetouvrelaportedemachambre.
—Jevaisletuer,hurleLisedepuislesalon.Àcausedelui,Evy…—Tunepeuxpastetaire,râlé-jeenpassantdevanteux.Depuiscematinçafaitdeuxfois
qu’onmeréveille,etforcément,c’esttoujoursàcausedel’undevousdeux.Lise a une façon de brailler qui m’horripile franchement. Je me fais couler un café et
m’assieds sur le fauteuil dans le salon. Je placemonmollet droit surmon genou gauche etsecoue énergiquementmon pied dans le vide. Je relève les yeux et prends Lise en flagrantdélit:ellematemonérectionmatinalequemonshortadumalàcacher.
—Tuterincesl’œil,ricané-jeenportantlatasseàmeslèvres.Liam,tudevraissurveillertacopine.
—Oh, la ferme, Cole, je suis ici pour te proposer un arrangement, pas pourmater unmicro-pénis,cracheLiseens’asseyantsurlatabledevantmoi.
—Unarrangement,hein?répété-jeenarquantunsourcil.—Ilsetrouvequ’Evyn’ajamaisétéaussiheureusequecommejel’aivuecematin.Jesais
quevousavezcouchéensembleetjesuisheureusepourelle:tuluifaisdubien,jenesaispassi tuenasconscience.Ethanestunnaze infidèleet jepensequ’elleesten traindeprendreunedécisionradicale.
Je me penche en avant et pose ma tasse à côté de Lise ; elle a réussi à retenir monattention.De toute façon, tout ce qui concerneEvy la retient. Jepassemesdoigts surmonmentonmalraséenattendantlasuitequitardeàvenir.Liamestassissuruntabouretetboitsoncaféenlisantlejournal.Iln’estpaslemoinsdumondedérangéparcequisepasseautourdelui.
—Bon,tulafiniscettephrase?Jen’aipastoutelajournéenonplus.—TuestropimpatientCole,finitparintervenirmoncoloc’.Ont’emmèneavecnous,on
t’expliqueradanslavoiture.—C’estquoicedélire?m’exclamé-je.Jenevaisnullepartavecvousdeux.Lise se lève et se plantedevantmoi enmettant sesmains sur ses hanches. Ses yeuxme
lancent des éclairs, elle est prête à me lapider sur place. Dans quelle situation me suis-jeencoremis?
—Ohsi,tuvasveniravecnous.Jeteprometsqueçavat’intéresser.
—Vatelaveretramènetesfesses,grondeLiam.Jetelaissedixminutesavantdecouperl’eauchaude.
Jesouffled’exaspération.Liamétaitdéjàinsupportablelematin,maismaintenantqu’ilestavecLise,c’estencorepire.Mettezdeuxcasse-bonbonsensemble,etvousobtenezunmélangeprêtàvousfairepéterunplombenunriendetemps.
—Jeveuxsavoiroùonvaetc’estnonnégociable.—TuvasvoirEvy,elleaprisunedécisioncematin,etc’estforcémentàcausedetoi…—Quelledécision?l’interromps-je,curieux.—Jenetedirairien.Bougetesfessesetvatepréparer,souffle-t-elleentapantdupied.Jepourraisleurtenirtête,nepasyaller,retournermecoucherettraînertoutelajournée
aulit.Seulement,jeveuxrevoirlafemmequialaissésonsouvenirdansmesdrapsetleplustôtseralemieux,c’estplusfortquemoi.
—J’yvais,sifflé-jeenmarchantverslasalledebain.Jeprendsunedoucherapide,jen’aipasenviedemeretrouversousl’eauglacéeetjesais
trèsbienqueLiamn’hésiterapasàmettresesmenacesàexécution.Letraître!Ilneperdrienpourattendre,celui-là.
J’attrapelaserviettesurlereborddulavaboetm’essuiegrossièrement.J’enfileunboxer,un jean,untee-shirtnoiretdeschaussettes.Jemebrosse lesdentsenquatrièmevitesse.Jene sais pas quel genrededécision j’ai engendré,mais j’ai l’impression que çane va pasmeplaire.
JesorsdelapièceembuéeetretrouveLiametLisecolléscontreunmurdusalon.—Trouvez-vousunechambre,grondé-jeenenfilantmeschaussures.—Enfin,lâcheLiseensedécollantdeLiam.Elle attrape samainet ilsme rejoignentdans l’entrée.Nous sortonsde l’appartement et
nous mettons en route. Pour la première fois depuis longtemps, j’ai mal au ventred’appréhension.
CHAPITRE38
Evy
J’attachemescheveuxenunequeue-de-chevalhauteetobservemonrefletdanslemiroir.J’ailestraitstirésetlesyeuxtellementrougesquej’airenoncéàmemaquiller.Aucunartificene viendra à mon aide aujourd’hui. Seuls mes yeux verts sont illuminés, et l’éclat qui s’ytrouvehabituellementestdécuplé.Jeposemesmainssur lereborddulavabode lasalledebainetsoupireensecouantlatête,jedoismeconvaincrequecequejem’apprêteàfaireestlebonchoix,ensuiteçairamieux.Jerejoinslesalonetm’assiedssurlecanapé.
Lanuitaététrèscourteetj’aipassétoutelamatinéeàréfléchiràcequis’estpasséavecEthanetCole.Est-cequ’unenuitd’égarementméritevraimentqu’onannuleunmariage?Entout cas, cela justifie une pause. Je vais vivre quelque temps chez Lise et me laisser lapossibilitéderéfléchir.
J’entends des rires et des éclats de voix qui se rapprochent dans la cage d’escalier del’immeuble.Quelquessecondesplustard,laportedel’appartements’ouvre.Jetournelatêteetécarquille lesyeux:Liseentre,accompagnéedeLiametdeCole.Cedernieraencore lescheveuxmouillés, et l’envie de passermesmains dedans est immédiate. Qu’est-ce qu’il estsexy!
—Evy,heu…onacroisé…Colesur lechemin,mentmameilleureamieenbaissant lesyeux.
Sa voix est inhabituellement basse, comme d’habitude lorsqu’elle n’est pas honnête. Safaçon de fuir mon regard ne fait qu’appuyer ma théorie, et j’ai tout à coup envie de ladétester.
Colealesmainsfourréesdanslespochesdesonjeanetilmeregardeavecinsistance.Jesourisbêtementetmelèvepourlesrejoindre.
—Etdonc?— Il voulait absolument venir te dire bonjour. Pas vrai ? lance ma meilleure amie en
directiondeColequineluiprêteaucuneattention.Sesyeuxpassentdematêteàmespiedsetlorsquej’arriveàsahauteur,ilss’attardentsur
mabouche.Iln’essaiemêmepasdesecacher,jesuissouslecharme.—Oui,c’estvrai,affirme-t-il.Onaquelquechoseàteproposer.Lisetapedanssesmainscommechaquefoisqu’elleestdansunétatd’excitationintense,et
sile«on»l’inclutaussi,j’aidéjàpeurdecequivasuivre.Jeluifaisunsignedelatêtepourl’encourageràselancer.
—Bon,tuvashabiterquelquetempschezLise,c’estça?J’acquiesce en faisant les gros yeux à ma copine qui ne peut décidément pas tenir sa
langue.
—Evy, commence la traîtresseen secollant contre soncopain.Tusaisque je t’adoreetque je veux ton bonheur. C’est pour ça que j’ai eu l’idée que tu ailles habiter chez Colependantcebreak.Jenetechassepasdechezmoi,évidemment,maisLiamestsouventicietjepensequetuseraismieuxchezCole.
Jeprendsuninstantpouremmagasinerl’information,puislesregarde,perplexe.—Jenepensepasque…—Prendsletempsderéfléchir,m’intimeCole.S’ilteplaît.Comment refuser une demande pareille ? Je suis trop faible pour lui tenir tête et la
perspectivedelevoirchaquejourn’estfranchementpasdésagréable.—Ok,soufflé-jel’airfaussementagacée.Jevaisyréfléchir.Colemedévoileunsourirequiremontejusqu’àsesoreillesetl’airsecharged’électricité.
C’estterriblementexcitant.—Onvayaller,finitpardireLiamenpoussantsacopinedehors.La porte se referme sur eux et se rouvre immédiatement sur Lise qui passe sa tête dans
l’entrebâillement.Jenepeuxpasm’empêcherderire,elleestvraimentunique.—Lesbébéssontautorisés,plaisante-t-elleavantderefermerlaporte.—Lise!Jerécupèrelatassedecaféquej’avaispréparéecematinavantd’allerprendremadouche
etjelaporteàmabouche.Lesilences’installe,carniColenimoinefaisonslepremierpas.—Tusais,tun’espasobligédedireamenàtoutcequ’elletedit,pouffé-je.—Oui,maisfranchement,c’estlameilleureidéequej’aientenduedepuisbienlongtemps.—C’estquandmêmeunpeuprécipité.—Maisc’esttemporaire,Evy.J’aibiencomprisquetuétaisdansunephasededouteset
quelafinaliténeserapeut-êtrepascellequej’espère,maisceseraitunesortedecolocationsansengagements.
—Jenesaispas…—Écoute,passe le restede l’après-midiavecmoi,et tumedirascequ’ilenestà la fin.
Marchéconclu?Je lui tends lamainpourscellercepacteet ilenprofitepourm’attirerdanssesbras.Je
me fondscontrececorpsmuscléquim’estdésormais familier. Ilappuiesamaincontremesreinsetmedétailleaveccepetit sourireencoinqu’ilavait lesoiroù je l’ai rencontré. Ilnejouepasàlaloyale.
—Alors,Cendrillon,qu’est-cequetuendis?Savoixrauqueestirrésistible,sonregarddebraises’allumeetmacombustionestproche.
Chacun de ses gestes est lent et maîtrisé, il est doué, il sait ce qu’il fait, et je me déclaregrandeperdantedecetéchange.
—Commenttuveuxquejerefuse?grimacé-je.
Jelesenssourirecontremonoreille,sesmainschaudesremontentlelongdemonéchineen laissant une sensation de brûlure sur ma peau. Ma respiration se saccade, je déglutisdifficilement.
— J’adore la réaction que ton corps a quand je te touche, je pense qu’il m’aime bien,s’amuseColeendéposantunepluiedebaiserslelongdemamâchoire.
Sonérectionappuiecontremacuisse,leplaisirquejeressensenmedisantquec’estmoiquilemetsdanscetétat-làestàsonmaximum.Jemesenspuissante.
—Toncorpsaussiestréceptif,apparemment,gloussé-je.Samainempoignemescheveuxavecdouceur,iltirelégèrementdessusetjerejettelatête
enarrière.Sa languechaudeethumide remontede labasedemoncou jusqu’àmabouche.C’estdélicieux.Monbas-ventresecontracte,ledésirqu’ilfaitnaîtreenmoiestincomparableaveccequej’aiconnuauparavant.
— Tu imagines, commence-t-il en faisant glisser ses lèvres contre les miennes sansappuyer.Toutcequ’onpourraitfaire…
MonDieu,faites-letaire,ilestimpitoyable.J’aibesoind’espacesijeveuxréfléchir.—Etsionallait fairedesemplettes,proposé-jeenm’écartantdeColeetdeses tortures
exquises.
CHAPITRE39
Cole
Putaincequejesuissoulagé,Evyneretournepasavecsonfiancé.Pendanttoutletrajet,j’essayaisdemepersuaderqueçanepouvaitpasêtreça.Aprèscequej’avaisvuhiersoir, iln’étaitpasquestionqu’elle fasseunechosepareille! Imaginer laboucheet lesmainsdesonenfoirédefiancésursapeausidoucem’adonnéuneenviedevomirquines’estdissipéequelorsquejel’aievue.
—Desemplettes?Maisonallait…Ellesemordlesjoues,meregardefixementetfinitparsouffler.— Je sais ce qu’on allait faire, mais si tu veux que je réfléchisse, on ne peut pas. J’ai
beaucoupdemalàmeconcentrerquandtuposestesmainssurmoi.Tonparfumaussi,ilestentêtant,j’ail’impressiondetesentirpartout,c’est…
J’éclate de rire devant son visage déformé par la honte. Elle vient de se rendre comptequ’elle m’en avait trop dit. Evy m’aime bien, et si je pouvais encore en douter jusquemaintenant, cen’estplus le cas. Jem’approched’elledoucementetpasseunbrasautourdesesépaules.
—Onpeutpasserunejournéesanssetoucher,situenasenvie,suggéré-jeenmemordantlalangue.
Sonregards’illumineetellepresseses lèvrescontre lesmiennes.Jeviensdegagnerdespoints.
—Tuesétonnant,Cole,etj’adoreça.Jeme retiensde toutesmes forcespournepas lui sauterdessuset lui arracher tous ses
vêtements. Elle estmagnifique. S’il y a bien une fille qui pourraitme donner envie demeposer,c’estelle.Commentpourrais-jeànouveauavoirenvied’allervoird’autresfemmesalorsqu’ellesn’arriventmêmepasàlachevilledecelle-là?
—Prendstonsac,onyva.Jenesuisqu’unhomme,etsionresteenfermésici,jenevaispaspouvoirtenircetengagementlongtemps.
Evys’exécute,etquelquesminutesplus tard,nousnousretrouvonsà flânerdans lesruesdeNice.Mabelleaccompagnatriceregardechaquevitrineavecinsistance.Évidemment,c’estunefemmequiaimefairelesmagasins,commentnepasleremarqueraupremiercoupd’œil?
—Jeveuxessayercelui-là,lance-t-elleendésignantunchapeaudixfoistropgrandpoursapetitetête.
—OK,acquiescé-je.Jet’attendslà.—Quoi?s’exclame-t-elleenmetirantparlamain.Non,tuviensavecmoi!Jelasuisenlevantlesyeuxauciel.Lorsquenousrentronsdanslaboutique, lavendeuse
noussautedessusenluifaisantlabise,setourneversmoi,puisregardeEvyenluiposantune
questionsilencieuse.—Oh,entamecelle-ci.Louise, je teprésenteCole, c’estun…ami,dit-elle commesi ces
motsvenaientdeluibrûlerlalangue.—Enchantée,souritlagrandebrune.Je la salue d’un signe de la main et reporte mon attention sur Evy. Elle a l’air
décontenancée face à mon indifférence envers la vendeuse. Elle est jolie, bien sûr, dansd’autrescirconstancesjeluiauraisdonnémonnumérooujel’auraisemmenéedansunecabined’essayage. Le problème est qu’elle ne ressemble en rien à la femme qui m’accompagne.L’objetdetousmesdésirsestàcôtédemoi,porteunchapeauridicule,etmêmeavec,elleestdésirable.
—Alors,qu’est-cequetuenpenses?demande-t-ellesuruntonenjoué.—C’est…différent,avoué-je.—J’aimeladifférence,Cole,c’estmonmoteur.Jen’aimepassuivreunemodeouuneidée
justepourressembleràtoutlemonde.Jeleprends,lance-t-elleàlavendeuserestéeenretraitpournousregarder.
Nous sortons de la boutique et retrouvons la chaleur étouffante de l’été. Evy porte sonnouvelachatetmonregardnepeuts’empêcherdel’admirer.Noussommespareils:jedétesteêtrecommelesautres,moiaussi.
—Alors,onfaitquoi,maintenant?s’informe-t-elle.—Onvas’asseoirpourparler?proposé-je.Elleacquiesceen souriantetnousnousasseyons surunbanc faceà lamer.Lebruitdes
vagues,lescrisdesgensautourdenous,jefaisabstractiondetout.JesuisdansmabulleavecEvy.
—J’aimevenirici,avoue-t-elleenfermantlesyeuxetenrejetantlatêteenarrière.C’estreposant,lesgensontl’airheureux,çamerappellequelebonheurexiste.
—Tun’espasheureuse?l’interrogé-je.—Pasvraiment,admet-elletristementenrelevantlatêteetenouvrantlesyeuxpourme
regarder.Ettoi?—Oui,dis-jesincèrement.J’aimemavie,jen’aidecomptesàrendreàpersonneetj’adore
ça.Son téléphone sonne alors qu’elle ouvre la bouche pour me répondre. Elle extirpe
l’appareildesonsacetsoupireavantdelerangeràsaplace.—Tunerépondspas?—C’estEthan,chuchote-t-elle.Jen’aipasenviedeluiparler.—Tul’ascontactédepuishiersoir?Ellesecouelatêteetreportesonattentionsurlameragitée.—Pasencore.J’ail’impressionqu’ilmemanquequelquechosepourêtreépanouie,jeveux
pouvoir sourire toute la journée, rentrer chezmoiavec impatienceetnepasavoir enviede
quittermonfiancélematin,maiscen’estpaslecas.Je me lève à mon tour et nous marchons en silence. La journée est loin d’être finie et
pourtant,lefaitdedevoirlaquitterunpeuplustardn’estpasenvisageable.—Viensvivreavecmoiletempsd’yvoirplusclair.Jevoisbienquetunesaisplusoùtu
enes,Evy.—Jenesaispassic’estunebonneidée,murmure-t-elleenregardantsespieds.—Onvasortir,s’amuser,ceseragénial,luipromets-je.Aufonddemoijesaisquec’estexactementcedontelleabesoin.Ellemanquecruellement
dedistractionsetjeveuxluienapporter.Monmodedevieneserapeut-êtrepasàsongoût,maisjem’enfous,jem’adapterai.
—OK,accepte-t-elleensouriant.
CHAPITRE40
Evy
Devantl’airébahideCole, jedevinequ’ilnes’attendaitpasàcetteréponse.LavéritéestquedepuisqueLisem’aparléde son idée, toutà l’heure, cettedernière s’est faituneplacedansmatêteetj’aidumalàimaginerlesprochainsjourssansprofiterdecequelavieestentraindem’offrir.
CohabiteravecColeest tentant :m’amuser, sortiretdécouvrir l’insouciancedont je rêvedepuisdessemaines.Lefaitdemeretrouverloind’EthanetdeLiseest, jepense,unebonnechoseaussi.
—TuasbienditOK?demandeColeens’arrêtantenpleinmilieudutrottoirbondé.—Oui,soufflé-jeenmefaisantbousculerparlespassantspressés.Le temps semble s’arrêter. Le bruit des voitures, les gens qui râlent parce que nous
sommesplantés là,plusriennecompte ; justenous.LeregarddeColeaccrochéaumienetsonpetitsourireencoinparcequ’ilal’airsatisfaitdemaréponse,voilàcequiimporte.Mesmains sont moites, ma respiration devient irrégulière, une chaleur inhabituelle prendnaissance dans mon bas-ventre, ça devient une habitude qui n’est pas désagréable. Nousrestons un instant comme ça à nous dévisager, et Cole est celui qui revient à la réalité enpremier.
—Génial,j’espèrequetusaisfaireàmangeretlalessive,lance-t-ilenrigolant.—Turêves,jevaismelaisserentretenir.Cole attrape ma main et nous reprenons notre route. Depuis le début de notre petite
excursion, jenepeuxqueconstateràquelpoint lesfemmesle lorgnent.Jenepeuxpasleurenvouloir,ilestvraimenttrèsbeau.Leplaisirm’envahitainsiqu’unefolleenviedecriersurtouslestoitsquecethommeestavecmoi,dumoinspourlesprochainsjours.Toutcelan’estqu’àduréedéterminée.
—Tuneramèneraspasdefillesdanstonappartementpendantmonséjourici,n’est-cepas?
Colemeregardeducoindel’œilsansquitterl’horizondesyeux.Ilaccentuelapressiondesamainsurlamienneetmedemanded’unevoixneutre:
—Est-cequeçatedérangeraitquejelefasse,Cendrillon?Quelle question… Bien sûr que çame dérangerait, surtout après ce qui s’est passé hier
soir.ImaginerColeavecunefemmedugenredeCarlamedonneenviedevomir.—Évidemment,Cole.Jenesaispastropcequetupensesdecettenuit,mais jeneveux
pasêtrelàsijamais…—Je leurdemanderaidenepas être tropexpressives,ne t’inquiètepas,m’interrompt-il
avecunsourirediabolique.
—Cole!—Jeplaisante,Evy,onmeditsouventquejesuisunsalaud,maispasàcepoint-là.Jeledéteste:jenemarchepasdanssonjeu,jecourscarrément.Soudain,jemedemande
si jenedevraispasdormirsur lecanapé,quoiqueaveccequ’il s’estpasséhier…Ohetpuiszut,jeréfléchistrop.Lebutdecettecolocationestdeprofiter,etc’estbiencequejecomptefaire.
NouspassonschezLise,quin’estpasencorerentrée.Jeluilaisseunpetitmotsurlatablebassepourlateniraucourantdemadécisionetluipromettredel’appelercesoir.Ellem’aditqu’ellepassaitbeaucoupdetempsavecLiam,alorsiln’estpasexcluquejelacroisedansmonlogementtemporaire.
LorsquenousarrivonschezCole,lesimagesdelanuitdernièredéfilentdevantmesyeux.Lemomentmagiquequenousavonspasséestquelquechosequejenepourraijamaisoublier.
—Qu’est-cequ’ilya,Evy?s’enquiertColeenposantmonsacsurlecanapé.—Hiersoir…— Je ne tiens pas àmettre demots sur ce qui s’est passé hier soir,m’interrompt-il. Je
fonctionnecommeça, tusais.Jen’aipas l’habitudedevoirdeux fois lamêmefemme, tuesune exception. J’aime passer du temps avec toi, mais s’il te plaît ne nous posons pas dequestions.
—Jen’allaispastedemanderdemepasserlabagueaudoigt,merenfrogné-je.Colesouffleenpassantlesdeuxmainsdanssescheveux.Jerestedansl’entrée,nesachant
pasquoifairenioùaller.Jenesuispaschezmoietjenemesenspasàl’aise.Pourtantc’estmoi qui ai accepté de venir vivre ici, Cole nem’a pasmis le couteau sous la gorge, que jesache.
—Jesuisdésolé,c’estnouveaupourmoitoutça.—Qu’est-cequejedevraisdire,memoqué-je.Ilmetendsamain,quejesaisispourlaserrer.Laproximitédenosdeuxcorpsfaitrepartir
mon cœur à un rythme anormal. Je retire brutalement mes doigts, alors que de petitesdéchargesélectriquesparcourentmoncorps.
Bordeldemerde.—Alors,heu…,ditColeens’éclaircissantlavoix.Tuvasdormirdansmachambre.—Danstachambre,répété-je.Touteseule?—Alorslà,sûrementpas.Pourcequej’aiprogrammépournousdeuxilfautqu’ondorme
ensemble,réplique-t-ilaussitôt,visiblementfierdelui.JefermelesyeuxetimagineColedormantcontremoi,matêtesursontorseetsesdoigts
caressantmon dos demes fesses jusqu’àma nuque. Nous deux couchés sur le côté, sa têteenfouiedansmoncou,sonsoufflecontremapeau.
—Donc,nousdormonstouslesdeuxdanslamêmechambre?
—Tunevoulaisquandmêmepasquejedormesurlecanapéouuneconneriedugenre?C’estquoicettetêtequetufais?Jet’aidéjàvuenue,tusais…
Je sais exactement la tête que je fais : celle d’une personne dans un état d’excitationavancé.
La sonnerie de la porte résonne dans l’appartement et me fait sursauter. Cole s’excuseavantd’allerouvrir,etjepenchelatêtesurlecôtépourmieuxobserverlascènequisejouedevant mes yeux. Une petite brune perchée sur des talons vertigineux se tient contre lechambranledelaporte.Elleporteuntrench-coatqu’ellecommenceàdéfaireavantqueColenel’arrête.
Elle nem’a toujours pas remarquée, j’hésite àmemanifester lorsqu’elle place unemainderrièrelanuquedemonhôtepourl’attireràelle.J’aidesenviesdemeurtre.Leursbouchess’écrasentl’unecontrel’autre,lesgémissementsdelafillebrisentlesilencedelapièce.Jen’ytiens plus et bouillonne intérieurement. J’avance vers eux en plaçant une main devant mabouche : ce n’est pas le moment de vomir. Quoique, sur son trench, ça pourrait donnerquelquechosedepasmal.
— Cole, tu ne m’as pas encore montré ta chambre, dis-je avec une moue boudeuse enignorantlafemme,quimedévisageàprésent.
Ilreculed’unpasetjemesensmieux,beaucoupplusapteàréfléchir.Jesuispa-thé-tique!— Oh ! oui, bien sûr, Monica, je suis désolé, mais tu dois y aller, maintenant. J’étais
vraimentcontentdeterevoir,maisj’aidelavisite.Lapetitebrunemedévisageenplissantlesyeux,jemesensvictorieuse.Ehoui,mavieille,
iln’enarienàfairedetoietdetesattributs.Jem’enveuxterriblementderéfléchircommesij’étaisuneadolescente jalousequ’uneautre fillevole soncopain,mais jen’ypeux rien, c’estplusfortquemoi.
Monica s’envaenclaquant laporte. Jem’attendsà cequeColeme fassedes reproches,voireàcequ’ilmecriedessus,maisnon,aulieudeça,ilpartdansunfourirecommunicatif,et jeme joins à lui sans savoir pourquoi. Jeme tiens le ventre, j’aimal aux abdos,mais jen’arrivepasàm’arrêter.Lorsque jeme rendscompteque seulsmes rires se fontentendreàprésent,j’ouvrelesyeuxetjetombesurdeuxpupillesquimescrutent.
—Tuesjalouse.—Absolumentpas,fais-jeinnocemment.— Oh si, tu l’es, Evy, et tu veux savoir ? Çame fait un effet de dingue. J’étais prêt à
m’installerpouradmirerlecombat.Ilouvrelefrigoetensortunebière.Ildécapsulelabouteilleetladescendd’unetraite.Je
regardesapommed’Adammonteretdescendreaufuretàmesurequ’ilavaleleliquide.—Bon,jelesuispeut-êtreunpeu,soufflé-jeenbaissantlatête.Quandtuesdanslamême
piècequemoi,j’aidumalàcontrôlermesémotions.VoirMonicatelécherlesamygdalesnem’apasplu,jeneveuxpasêtrespectatricedecegenredescènes.
—Sielleétaitlà,c’estparcequejel’aiappeléehiermatin: j’avaisenviedet’oublier.Enfait,c’estcequej’aifaitchaquejourdepuisquelquetemps:j’aiessayédemeperdredanslesbras de femmesdifférentes pour arriver à passer outre l’attirance indéniable que tu exercessurmoi.
Jesuispiquéeauvifparcetaveu:jesaisqueColen’estpasunenfantdechœur,maisçafaitmal. Je sens la chaleur de son corps près demoi. Je ne l’ai pas entendu se déplacer nimêmeposersabouteillesurleplandetravail.Ilm’attireàluietmeserredanssesbras.Sonparfumenvahitmesnarines.Cetteodeurestdevenuemapréféréedepuispeudetemps,jeneconnaispaslenomdel’inventeurdecettemerveille,maisjeluiensuistrèsreconnaissante.
Jemelaisseallercontresoncorps,mesbrasserrentsataillealorsqueluiplacelessiensautourdemesépaules.Majouecontresontorse,jefermelesyeuxetmelaissesubmergerparleflotd’émotionsquis’agiteenmoi.
CHAPITRE41
Cole
Je sensEvy frissonner contremoi. Il faitunechaleurétouffanteetelle frissonne.Qu’ellepuisseavoircetteréactionàcausedemoimeravit.MadouceEvy…jel’aienfinpourmoitoutseul.
Lorsque Monica est apparue derrière la porte, je suis resté bête parce que je ne mesouvenaismêmeplus l’avoirappelée.Cette fillem’avait faitpasserunbonmomentdans lestoilettesd’unbarilyaplusieurssemaines.Ellem’avaitalluméetj’avaisfiniparcraquer.Marésistanceadeslimites,etàcemoment-là,jeneconnaissaispasencorelacharmantefemmequi est avecmoi. J’ai gardé contact avec elle parce qu’il est toujours intéressant d’avoir cegenrederelations.
—Evy,chuchoté-jecontresescheveux.—Oui?Sesbrasseresserrentunpeuplusautourdemataille, j’aidumalàrestermaîtredemes
mouvements,maisillefaut.Jesuislàpourl’aideràallerdel’avantetàfairelebonchoix.—Ilfaudraitpeut-êtreprévenirEthanquetuesici,non?—Non,souffle-t-elleenredressantlatêteetenmeregardantdanslesyeux.Jesaisqu’ilne
leprendrapasbienetjen’aipasenviedel’affrontertoutdesuite.Jeposemesmainssurlesépaulesd’Evyetmepenchepourdéposerunbaisersursajoue.
Sa peau sent la fraise, elle est délicieuse des pieds à la tête, comme j’ai pu m’en rendrecomptehiersoir.
—Tuveuxquejel’appelle?demandé-jesérieusement.—Toi?s’esclaffe-t-elle.Non,ilnevautmieuxpas,tuneferaisqu’envenimerlasituation.
Jepréfèreattendredemain.J’acquiesceenhochantlatête.Jecomprendsqu’Evysoitréticenteàexpliquerlasituation
à son fiancé.Sielleétaitma future femme, jamais jene la laisseraishabiteravecquelqu’uncommemoi.
—Commetuveux.—Jepeuxprendreunedouche?demande-t-elleavecunepetitevoix.—Tuesicicheztoi,Evy,tufaiscequetuveux,dis-jeenm’écartantd’elle.Elle souffleunmerci, sedirigevers le canapéetprendsonsac.Elle traverse le salonen
silence, et avant de refermer la porte de la salle de bain, me regarde avec tristesse. C’estinsupportabledelavoirdanscetétatalorsquecetaprès-midielleétaitheureuseetrigolait.JeveuxretrouvercetteEvyradieuse.
J’entends l’eau de la douche couler et j’en profite pour passer un coup de fil à Liam.J’attrapemontéléphonedanslapochedemonshortetlancel’appel.
—Cen’estpastroptôt,s’exclameLiamenrépondantaprèsunetonalité.Alors,commentças’estpassé?Lisenetientplusenplace.Elleaditoui?
—Disà ta copineque toutvabien.C’estbon,Evyvahabiteravecnousquelque temps,déclaré-jed’untonneutrepourcachermonenthousiasme.
Soudain, c’est le silence, j’entends juste des chuchotements et des bruits de respirationdans l’appareil. Je suis persuadéqueLiamest en trainde faireun topode la situation à sacopineetjedonneraischerpourvoirsatêteàcetinstantprécis.
—Oh,c’estgénial!hurlelavoixaiguëquej’aitantdemalàsupporter.—Lise,tuviensdemefaireperdreuneoreille,ironisé-je.La porte de la salle de bain s’ouvre et je stoppe net ma conversation. Lise continue de
brailler à l’autre bout du fil,mais jem’en tape. Le spectacle devantmoi dépasse n’importequelleconversationtéléphonique.Evyporteunerobeblanchebustierquiluiarriveau-dessusdesgenoux,sesjambessonttoutsimplementsublimes.Sescheveuxlongssontmouillésetdesgouttesd’eautombentsursonvisage.NomdeDieu,jerêvedel’emmenersousladouche.
—Jepeuxtelaisser,situveux,dit-elleendésignantmontéléphonedudoigt.—Ohnonnon,réponds-jeenraccrochantaunezdeLise.Cen’étaitrien.Ellemeregardeenarquantunsourcil,ellen’estpasconvaincueetellearaison,jesuisle
pire menteur du monde. Elle n’insiste pas et se contente de hausser les épaules, de toutefaçon,jesuissûrquesacommèredecopinenevapastarderàluipasseruncoupdefilpourconnaîtretouslesdétailsdenotrearrangement.
Nous passons le reste de la soirée à parler et à regarder la télé. Le temps passe à uneallure folle, jem’en rends compte lorsque je regardemamontre, qui indique qu’il est déjàvingt-troisheures.Lesminutespasséesencompagnied’Evynesontjamaissuffisantes.
—Tuasfaim?m’informé-je.—Pasvraiment,maismange,toi,dit-elleenreniflant.—Tupleures?m’exclamé-jeenmetournantverselle.Ses jouesmouillées brillent et des larmes coulent jusque dans son cou. Elle se mouche
bruyamment.—C’esttroptriste,geint-elle.Lefilmnedevaitpasseterminercommeça.Ellese lèveetpartsemettrederrière leplandetravail.Aprèsunmomentd’hésitationà
observersontéléphone,ellesoupireetporte l’appareilàsonoreille.Elleparlecalmementàson interlocuteur, Ethan, sa voix est douce, elle explique qu’elle a besoin de temps pourremettre de l’ordre dans son esprit. Je décide de lui laisser de l’intimité et pars dans machambre.Jefermelaportederrièremoietm’installesurlelit.
Celle-ci se rouvre quelques minutes plus tard pour laisser passer une Evy en nuisetterouge.Lacouleurdutissuluivaparfaitement.
Ellesouritets’allongesouslesdrapsensetournantversmoi.—Bonnenuit,chuchote-t-elleenfermantlesyeux.
—Bonnenuit,Evy.Je porte une main à son visage et caresse sa joue. Je viens de passer l’une des plus
agréables journées de toutema vie. J’aime la fraîcheur qu’Evy dégage et ce qu’elleme faitressentirquandelleestprèsdemoi.Pourlapremièrefoisdepuislongtemps,j’ailesentimentd’êtreàmaplace.
CHAPITRE42
Evy
Jemesuistournéedanstouslessenspourtrouverunepositionconfortableetj’aifiniparm’endormir totalement épuisée par les événements de ces derniers jours. Cole, lui, n’a pasbougéetadormicommeunloir.J’aienviedem’accrocheràcethommepourneplusjamaislequitter.C’estdingue,aprèssipeudetemps,maisilmefaitl’impressiond’êtrel’élémentquimanquaitàmonéquilibre.
J’ouvrelesyeux.Lapièceestplongéedanslenoir.Jeprendsmontéléphonesousl’oreilleretjeregardel’heure.Ilestmidi,c’estlapremièrefoisdepuislongtempsquejedorssitard,ilfautdirequelanuitd’avantaététoutsaufreposante.J’avaisbesoinderécupérer.
JetendslebrasducôtédulitoùColeadormi,maislaplaceestvideetfroide.Iln’yestplusetjesuisdéçuedenepasletrouverlà,maisildoitêtredanslesalon.Ilesttard,ildoitdéjàêtredebout.Jemelèveet,instinctivement,jemarchesurlapointedespieds.C’estunehabitudequej’aipriseàcauseduparquetquicraquechezmoi.
J’ouvrelaporteettombesurLiametLisequisontassissur lecanapé,blottis l’uncontrel’autre.JechercheColeduregard,maisiln’yestpas,iln’yaaucunetracedemonhôtedanscetappartement.
—Jesaisquitucherches,melancemameilleureamieenbaissantlesondelatélé.Ilestsortiilyauneheure.
—Oùest-ilallé?m’enquiers-jeencroisantlesbras.—Ehbien,commenceLiamenseraclantlagorge.Ilareçuuncoupdefiltoutàl’heureet
ilestpartidanslafoulée.Ilfaitsouventçaquand…—Oh!jevois,dis-jeenfeignantl’indifférence.Tun’aspasbesoind’endireplus,Liam.Je
retournemecoucher,jen’aipasassezdormi,finalement.Jeleurfaisunpetitsignedelamainetrefermelaportedelachambrederrièremoi.Mon
cœurbatàuneallurefolle,Coleestpartipourpouvoirtirersoncoupetçamemetdansunecolèrenoire.J’aienviedecrier,del’insulteretdepartird’ici,maispouralleroù?Jeneveuxpas rentrer chez moi, et même si j’ai mal en imaginant mon beau tatoué avec quelqu’und’autre, ce que je désire le plus en ce moment, c’est passer du temps avec lui. Désir nonpartagé,apparemment.
J’appuiesurl’interrupteuretlalumièrem’éblouit.Jemesensbien,ici,seulelapenséequeCole saute ses conquêtes dans ces draps me soulève le cœur, mais j’aurais peut-être dû ypenseravantdecoucheraveclui.Idiote!
Je monte sur le lit, m’assieds et ramène mes jambes contre ma poitrine. Mes bras lesentourentetjeposemonfrontcontremesgenoux.Lesbruitsdelatélévenantdelapièced’àcôtéontaugmentéetj’entendsLiseetLiamrigoler.
J’aimalaucœur, je suis tristeet j’ai l’impressionque rienn’iraplus jamaisbien.Le sorts’acharne,jesuislafillelaplusmalchanceusedumonde.
Unebouleseformedansmagorgeetjesuisprêteàpleurerunefoisdeplusquandlaportes’ouvreetserefermesurCole.Ilporteunsachetenplastiqueblancdansunemainetsedirigeversmoi.
—Ah,turéveillée.J’espèrequetuasfaim.—Mais, tu…Enfin, tu nedevais pas…Qu’est-ce que tu fais ici ? finis-je par demander,
choquée.— C’est ma chambre, au cas où tu l’aurais oublié, répond-il en rigolant. Qu’est-ce qui
t’arrive,ondiraitquetuessurprisedemevoir?Jemesenstellementnulled’avoircruqu’ilétaitsortipourallertrouverunefemmequeje
n’oseplusriendire.C’estlafautedeLiam,c’estluiquim’ainduiteenerreur!Jemejuredeleluifairepayer.
—Tuasperdutalangue,Evy?ditColeens’asseyantsurlereborddulit.—Non,jepensaisjustequetuétaisparti…t’amuser.—Evy,pasaprèslanuitqu’onapassée,jenepeuxpas.Jesaisbienquetuesfiancée,que
cequis’estproduitn’auraitpeut-êtrejamaisdûarriver,maisjeneparvienspasàmesortircemomentdelatête.Jepeuxencoresentirladouceurdetapeausousmesdoigtsetcequej’airessentipendantque jetefaisais l’amourn’avaitriendecomparableàd’habitude,souffle-t-ilavecunesincéritédésarmante.
J’enrestesansvoixet je l’observesortir lanourriturechinoiseet ladisposerdevantnouscommes’iln’avaitrienditquelquessecondesplustôt.
—MaisCole,tunepeuxpasmedire…—Chut,chuchote-t-ilenposantundoigtsurmeslèvres.Nedisrien.Il me regarde en penchant la tête sur le côté et caressema bouche avec son pouce. Je
ferme les yeux en gémissant. Si j’en doutais encore, j’en suis désormais sûre : une nuit nesuffirapas,maisalors combiende temps?Une semaine,dix jours,unmois? Jen’aipas laréponse,toutcedontjesuissûre,c’estquej’aimelaproximitéqueColem’offremaintenant.
Avantquejenerouvrelesyeux,seslèvresremplacentsondoigtpourunbaiserchaste.Jesouriscontresabouche,c’estexactementcedontj’avaisbesoin.
Nousmangeons sur son lit en parlant de nos goûts cinématographiques. Comme je m’yattendais, il aime les films d’horreur alors que je les déteste, et il n’aime pas les comédiesromantiquesalorsquejeneregardequeça.Niveauxpointscommuns,ilfaudrarepasser.
—Tuasvraimentdesgoûtsmerdiques,s’esclaffe-t-ilenjetantlesboîtesvides.—N’importequoi,TUasdesgoûtsmerdiques,lecorrigé-jeenbâillant.Il rigole, ouvre les volets et éteint la lumière.Quand il remonte sur le lit, ilm’entraîne
avecluipourquenousnousallongions.Sijepouvais,jeseraisdéjàentraindefaireladansede la joie debout sur le lit, mais Cole me prendrait assurément pour une cinglée.
Instinctivement, je vais à son contact, posema tête sur son torse, passe une jambe sur lessiennesetentouresonventreavecmonbras.Samainseposedanslecreuxdemesreinsetlasécuritédesesbrasm’emporte.Jefermelesyeuxetmerendorsdirectement.
CHAPITRE43
Cole
Voilàtroisjoursqu’EvyhabiteavecLiametmoi,enfin,surtoutavecmoi.Moncoloc’passesontempsdansl’appartementdeLise;cesdeux-làvontfinirparnousannoncerleurmariageavant la fin de l’année s’ils continuent sur cette lancée. Dans un sens, cela m’arrange bienqu’ilsnesoientjamaislà,jen’aipasàsupporterleursmièvreriesdèslematin.
Je sorsde la salledebain torsenuen sifflant,avecmaservietteautourdeshanches : jesuisdetrèsbonnehumeur.Jenesaispassic’estlaprésenced’Evyoul’absencedesacopinequimefaitceteffet,maisjeronchonnebeaucoupmoinsenmelevantlematin.
—Tuveuxbientemettrequelquechosesurledos?ditEvyens’appuyantcontrelemuretensemettantsurlapointedespiedspours’étirer.
—Unproblèmeavecmoncorpsd’Apollon?plaisanté-je.— Non, au contraire, lance-t-elle en attachant ses longs cheveux en un chignon
désordonné.J’aimebeaucoupteregarder,tuessublime,Cole.Mais…—Jesais,l’interromps-je.Tuveuxuncafé?Elle acquiesce en souriant. Nous avons déjà eu cette conversation hier matin au petit
déjeuner et nous nous sommes rendu compte que notre proximité est difficile quand noussommesdanslamêmepièce.Pouréviterdenefairequebatifoler,parcequ’ilfautaussiallertravailler, malheureusement, nous déambulons dans l’appart’ habillés. Tu parles d’uneconnerie,c’estpourluifaireplaisirquejefaisça,sinononseraitnusdèsquepossible.J’essaietoujoursdecomprendrepourquoiellem’obsèdeautant,maisrienn’expliquecettefascinationquej’éprouvepourelle.
Lesoir,aprèsletravail,jesuissimplementcontentderentrerchezmoietjenesorsplus.J’aimelessoiréesquejepasseavecEvy,jem’assoissurlecanapéetelles’allongeenposantsatêtesurmesgenoux.Nousregardonsdesfilmsàl’eauderoseouquifontpeur,j’adorequandelleprendmesmainspourlesmettredevantsesyeuxparcequ’elleestterrorisée.
Jenemereconnaisplus.Jefaisdeschosesmièvresquejetrouvegerbanteschezlesautres,mais jenepeuxpasm’enempêcheravecelle.J’ai l’impressionqu’unmatin jevaisme lever,qu’ellene seraplus làetque tout cequi sepasse sera reléguéau rangde souvenirs.Çamefoutunetrouillebleue.
Je passe le tee-shirt qui est sur le canapé et prépare nos cafés. Evy s’installe sur untabouretderrièrelebaretsoupireenprenantsatêteentresesmains.
—Unproblème,Cendrillon?demandé-jeenposantsatassedevantelle.—J’aieudesnouvellesd’Ethan,admet-elleensoufflantsurlaboissonnoireetbrûlante.L’évocationdeceprénomm’énerveauplushautpoint.Àsaplace, jeseraisdéjàretourné
chercherma fiancée, et ce depuis le premier jour,mais cette espèce de péquenaud préfère
communiqueravecellepartéléphone.Quelabruti.—Et?Ils’estrenducompteàquelpointilestcon?—Pasexactement,dit-elleenportantlatasseàseslèvresetengrimaçant.C’estquoicette
horreur,Cole?Toncaféestimmonde,ilest…salé!Berk.Ellemimeunhaut-le-cœur,cequimefaitrigoler.Jerécupèresatasseetlamienneetles
renversedansl’évier.Liamm’adéjàfaitlecoupunefois:ilavaitvidélasalièredansl’eaudelamachineetm’avaitlaisséboireensemoquantdemoi.
— Un coup de notre cher coloc’, m’esclaffé-je en resserrant la serviette autour de meshanchespourqu’ellenetombepas.
—Jevaisletuer,grogne-t-elleenbuvantunverred’eau.— Je t’aiderais avec plaisir : si tu savais tout ce que j’endure depuis toutes ces années.
C’estuntyran!dis-jeenlevantlesyeuxauciel.Evy se détend enm’offrant un sourire magnifique. Je n’arrive pas à déterminer si je la
préfèreboudeuse,sourianteouémue.Chaqueexpressionsursonvisageestparfaite.Elleestparfaite.
—Bon,etRobert,alors?reprends-jeenallantm’asseoirsurletabouretàcôtéd’elle.—C’estEthan!s’insurge-t-elle.D’ailleurs,d’oùvient tamaniede l’appelerainsi? Ilveut
quejerentre,jeluimanque.—Tunel’aspascru,quandmême!craché-jeenserrant lespoings. Il t’a laisséedansun
appartementavecunconnardquisautetoutcequibouge,Evy.Jesuisdésolé,tusaiscequej’en pense, mais il se moque de toi, ce n’est pas possible autrement. Je vais te poser unequestionetjeveuxquetumerépondes.
—Vas-y,m’encourage-t-elle.—Pourquoiest-cequetuascouchéavecmoietquetucontinuesàlefaire?Elle ouvre la bouche, choquée par mon interrogation. Je ne lui ai jamais demandé
pourquoi elle avait décidé de tromper son fiancé avec moi et le moment s’y prêteparfaitement.
— Je ne sais pas, répond-elle en secouant la tête. Je sais où tu veux en venir, Cole : sij’étaissatisfaitesexuellement,jen’auraisjamaissautélepas,c’estça?
J’acquiesceenhochantlatête.Denombreusesraisonspeuventexpliquercequ’elleafait,ce que nous avons fait. Je me tourne vers elle de sorte que nos genoux se touchent et jeplongemonregarddanslesien.Ellepoursuit:
—MasituationavecEthanyestpourbeaucoup,maisc’estaussiàcausedetoi.Jemesensbienquandonestensemble,unpeucommesijeteconnaissaisdepuistoujours.J’aiconfianceentoi,mêmesijesaisquetun’espasbonpourmoi.
Cesderniersmotsmefontl’effetd’unedouchefroide,jel’aicherché.Ilesttempsdebattreenretraite.
—Tuasraison,tranché-jesèchement.Jevaismeprépareretjeparsauboulot.
Jemelèveetmarchejusquedansmachambretransforméeendressingpourfemme.Evyaviteprissesaises:sessoutiens-gorgetraînentsurmacommode,despairesdechaussuressontalignéescontrelemuretdesfringuessontdisperséesunpeupartout.
Je passe mon boxer et mon pantalon de costume puis troque mon tee-shirt contre unechemise noire. J’attrapema veste au vol et traverse le salon au pas de course. J’enfilemeschaussuresquimefontmalauxpiedsetquittel’appartementsansdireunmot.
J’arriveaubureauquinzeminutesplustardetm’installesurmachaisequand,soudain,lasœur d’Evy déboule devant moi, complètement affolée. Lorsque je suis revenu au boulot,lundi,nousavonsfaitconnaissance,c’estunefillevraimentsympaet,commemoi,elledétestelefiancéd’Evy.
—Tunedevinerasjamaiscequis’estpassé,s’écrie-t-elleenposantsesdeuxmainsàplatdevantmoi,medonnantunevueinespéréesursondécolleté.
—Tuesdevenuehétéro?—Trèsdrôle, tupeux ranger cequi te sert de cerveauet te lamettrederrière l’oreille.
Jamais tu ne t’en serviras avec moi, affirme-t-elle en plissant les yeux. J’ai une infocroustillantesurmonbeau-frère.
— Ton ex-futur beau-frère, la corrigé-je. Il est hors de question que ta sœur épouse cenaze.
—Arrêtedem’interrompre,me coupe-t-elle.Hier soir, je suis sortie dansunbar où j’ail’habituded’alleravecungrouped’amieslesbiennes.Lasoiréesepassaitbien…
—Viens-enauxfaits,m’impatienté-je.—Tunevasjamaismecroire.
CHAPITRE44
Evy
Coleclaquelaporteetmelaisseseuledansl’appartement.S’ilyabienquelquechosequej’aiapprisdepuisquej’habiteici,c’estquesonhumeurestchangeante.D’uneminuteàl’autre,ilpeuttoutenvoyervalseret,danscecas,ilvautmieuxlelaissertoutseul.Endehorsdecesmoments-là, il est vraiment très gentil et jene suis absolumentpaspresséede rentrer chezmoi.
Ethan se fait deplus enplus insistant. Il n’apprécie absolumentpas que j’habite avecunautre homme. Je serais dans lemême état s’il devait aller vivre chez une femme le tempsd’une pause dans notre couple. Je lui manque, il me manque aussi beaucoup, mais laséparationn’apasencoredurésuffisammentde tempspourque jepuissemerendrecomptedecequejeveuxvraiment.Seulement,commeilledit,lemariagearriveàgrandspasetc’estterrifiant.
Cesoir,noussortonsavecLiseetlesgarçons.Liamnepeutplusseséparerd’elle,poursonplusgrandbonheur. Il est extrêmementdrôle. J’ai peurqu’ils aillentunpeu tropvite,maisest-cequejesuisbienenpositiondeleurdonnerdesleçons?Jedorsdanslemêmelitqu’unhomme irrésistible qui n’est pas mon fiancé et je couche avec lui. Mes parents s’enarracheraientlescheveuxs’ilsvenaientàl’apprendre.Poureux, jevisavecLise,etc’estbienmieuxqu’ilsneconnaissentpaslavérité.
Je traîne toute la journée dans le salon, devant une série que Cole déteste. J’adorel’entendrepestercontrelepersonnageprincipaltrop«gnangnan»:j’attendschaquesoiravecimpatiencesonretour.J’aimesentirsesdoigtscaressermescheveux,mesbras,moncou,monvisage.Chaquefois,jesuisprisedefrissons,c’esttellementagréable.Mêmesijejoueaveclefeu, j’en redemande. Je n’ai jamais connuun tel état de frustration, c’est comme si l’onmemettaituneboîtedeFerreroRochersous lenezalorsque jen’aipas ledroitde lasavourercomplètement.L’enfer!
Montéléphonem’annoncel’arrivéed’unnouveaumessage:jesourisenregardantl’écran.Cole,évidemment.
«Jesuisdésolépourcematin,savoirquejesuismauvaispourtoiestdifficileàentendredetabouche.Ilfautquejeteparle.»
Iln’estpasmauvaispourmoi,maispourmoncoupleetl’équilibredemavie.Sijen’avaispas déjà fait la promesse à Ethan de l’épouser, je me serais jetée à corps perdu dans unerelationavecluisanshésiteruneseuleseconde.Jerédigemaréponserapidement.
«Qu’est-cequ’ilya?Çapeutattendrecesoir?OnsortavecLiametLise,tutesouviens?Ontrouverabienunpetitmomentpourparler.»
J’envoiemonmessageetposeletéléphonesurmonventre.JenesaispascequeColeveutme dire, mais je n’aime pas attendre. Je regarde plusieurs fois l’appareil pendant la demi-heure suivante et le fais tourner entre mes doigts, mais toujours aucune réponse ne vientaprèsdelonguesminutesd’attente.
Lasonnerierésonneetjedécrochesansfaireattentionàl’identitédemoninterlocuteur.—Cole,tuenasmisdutemps!—C’esttasœur,patate.Coleestquelquepeuoccupé,là,glousse-t-elle.—Commentça,occupé?demandé-jesèchement.Jesaisqu’ilyaplusdefemmesqued’hommesdanscetteboîte,pourleplusgrandplaisir
d’Eleanor, mais pas pour le mien. Imaginer une blondasse siliconée, dans un tailleur troppetit,entraindedraguerColemeretournel’estomac.
— Il doit faire du chiffre, il n’arrête pas d’appeler à droite et à gauche pour qu’on luiachètesonpapiertoilette.Tuasl’airtendue,çanevapas?
—Sisi,çava,dis-je,soulagéeparcetteréponse.Quemevautl’honneurdetonappel?—Ce soir, Colem’a dit que vous deviez sortir et jeme suis dit que ce serait vraiment
sympaqu’onseretrouvetousquelquepart,pourpasserdutempsensemble…—Onnesortjamaisensemble,Eleanor,qu’est-cequ’ilya?m’informé-je,agacée.—Jedoistedirequelquechose,etpeut-êtrequ’avecunpeudechancetuleverrasdetes
propresyeux.Coleestaucourant,alorsàcesoir,sœurette,lance-t-ellerapidementavantderaccrocher.
Jerestebouchebée, jenecomprendsabsolumentpasdequoielleparle.J’entends laclétournerdans laserrure.LiseetLiamapparaissent, les jouesrougesetunaircoupablesur levisage.Qu’ilsviennentdefairedesfoliesdeleurscorpsnem’étonneraitpas.
Jeme lèveducanapéenmettantmontéléphonedansmapocheetvaisà leur rencontrepourleurfairelabise.
—Jesuistropcontentedetevoir,s’exclameLise.—Moiaussi,maisvousdevezprofiterdutempsqu’ilvousresteavantquetunepartesà
Paris.—Oui,soupire-t-elle.Jen’enaipasenvie,jenesaispascommentfaire.—Jeseraitoujourslàquandtureviendras,affirmeLiamenluiembrassantlajoue.Tune
tedébarrasseraspasdemoicommeça.Je les regarde avec envie. Avec Ethan, c’était comme ça au début entre nous,mais ça a
bienchangé.Lesdébutsderelationsonttoujoursmagiques,toutvabiendanslemeilleurdesmondes, et petit à petit ça s’effrite. J’aimerais tellement ressentir denouveau la passiondudébutetmesentirvivante.
—Tuesaucourant?demandeLiseenallants’asseoirsurlecanapé.— Au courant de quoi ? demandé-je, intriguée. Vous faites tous tellement de mystères
aujourd’hui.
—Tucomprendrascesoir,Evy.Noussortonsdansunendroitoùnousnesommesjamaisallésetjesuisexcitéecommeunepuce,avouemameilleureamieentapantdanssesmains.
Je lève les yeux au ciel et me place devant Liam les mains sur les hanches. Il feint dem’ignoreretmecontournepourallerdans lapetitecuisine.Je lui tire lebraspourqu’ilmeregarde.Sij’aiapprisquelquechoseàproposdelui,c’estquec’estuntrèsmauvaismenteur.Et lesquelques foisoù il avoulu faire croireàColeouàmoiqu’iln’étaitpasamoureuxdeLiseontétédeséchecs.
—Non, Evy, je ne te dirai rien. Tu sais que je t’apprécie,mais hors de question que jetrahisseCole,c’estcommemonfrère,c’estàluideteparler.Vatepréparer,onlesrécupèretasœuretluisurlechemin.
Jepesteenlançantunregardmauvaisàchacundesdeuxtraîtresetvaisdanslachambrepourm’habiller.
CHAPITRE45
Cole
LorsqueEleanorm’afaitsarévélation,jeluiaidemandécombiendeverreselleavaitbuspour arriver à avoir des hallucinations pareilles. J’en suis resté estomaqué, incapable decomprendre ce qu’ellem’annonçait. Si j’ai dumal àme remettrede cette nouvelle, je n’osemêmepasimaginercequ’ilenserapourmacharmantecolocataire.
AvecEleanor, nous avonsmis aupointunplan.Elle est persuadéeque sa sœurnenouscroira jamais si on lui raconte la vérité. Enmême temps, qui arriverait à accepter quelquechosed’aussigrosetimprobable?Leflagrantdélitestuneidéequis’estimposéed’elle-même.Ilfautqu’Ethansoitlàcesoiretqu’Evylevoiedesespropresyeux.
—Onyva?m’interpelleEleanorenmarchantversmoi.Jesuis tellementpresséequ’onfassemordrelapoussièreàceconnard,tun’imaginesmêmepas!
Si, j’imagine tout à fait. Elle fait partie de ces femmes qui ont soif de pouvoir et devengeance.JenesaispaspourquoielledétesteautantEthan,maisentoutcas,quelquechosemeditquequandelleenaurafiniaveclui,iln’auraplusquesesyeuxpourpleurer.
—J’arrive,soufflé-jeenéteignantmonordinateur.Tuessûrequec’estunebonneidée?S’ilestlàcesoir,tasœurnes’enremettrapeut-êtrejamais.
Eleanorbalayemesobjectionsd’ungestedelamainetseplantedevantmoienlevantlesyeuxauciel.
—Écoute,Cole,tuconnaismasœurdepuisquoi?Troissemaines?Tunesaispascequiest bon pour elle. Son fiancé est un fils à papa que je rêve d’écarter de sa vie depuis lepremierjouroùjel’aivu.Mamèreetmonpèreluimangentdanslamain,alorsoui,c’estunebonneidée.Ilesttempsderemettreleschosesàleurplace,cemariagen’aurapaslieu,pointfinal.
Aprèsavoirdébitétoutçasansreprendresonsouffle,elleseretournepoursedirigerversl’ascenseur.Ses talonsmartèlent le solet lorsqu’elleappuie sur lebouton jeme lèvedemachaise.
—Attends,grogné-je.J’arrive.Elletournelatêteetmesouritenserrantlesdents.Jemerendscompteque,malgrémoi,
j’aifaitunpacteaveclediable,etj’espèrequecelanemeporterapaspréjudice.Nous arrivons dans le hall du bâtiment, Evy se tient contre une colonne et regarde ses
pieds.Jenelaconnaispasencoreparfaitementbien,maisjesuisprêtàmettremavirilitéenjeuqu’elleeststresséeet,bordel,ellearaison.
Lorsquelestalonsdemacollègueclaquentunenouvellefoissurlesol,Evylèvelesyeux.Lorsqu’ils rencontrent lesmiens, jecroisdéfaillir.Sescheveuxsont lâchéset lui tombentencascadedansledos.Elleestrestéenaturelle,cesoir,ellen’apasunetracedemaquillagesur
levisageetc’estcommeçaquejelapréfère.Monentrejambeestapparemmentd’accordavecmoi.Cen’estpaslemoment!
JeplacemavestedevantmoipourcachercepetitdésagrémentetavancepourretrouverEvy.
— Alors, vous deux, qu’est-ce que vous me cachez ? nous accuse-t-elle en pinçant leslèvres.
—Tuverras,Evy,soufflesasœurenplaçantsonbrassous lesien.Allez,onyva, jesuisimpatiente.
Alors qu’elles avancent vers la sortie, Evy regarde derrière elle plusieurs fois pourm’observer. Elle cherche des réponses dans mon regard, mais je suis incapable de les luidonner,alorsjemecontentedebaisserlatêteenlasecouant.
La voiture de Liamnous attend dehors. Les vitres sont baissées et leurs rires, à lui et àLise,serépandentdansl’atmosphère.J’ouvrelaportièrearrièreetlaissepasserEleanor,puisjem’engouffreàsasuiteetEvys’installeàcôtédemoi.Ilesthorsdequestionquejenel’aiepaspourmoiseulpendantletrajet.
—Salut vous deux, lance Lise en passant samain dans les cheveuxde Liam. Prêts pourcettesoiréehorsducommun?
Macollègueglousseetsetourneverslafenêtre.Elleaattenducequis’apprêteàsepasseravecimpatiencetoutelajournée.
—Oui,réponds-jefinalementpourmettrefinausilenceinsoutenablequis’étaitinstallé.Liams’engagedanslacirculationetnousroulons,jel’espère,verslelieudeladélivrance
d’Evy.Cettedernièreposesesmainsàplatsursesgenouxetobservelepaysagedéfiler.Àcetinstantprécis,j’ail’impressiond’êtrelepiredesconnards.Est-cequej’aivraimentledroitdefairetoutça?
Jeposemamainsurcelled’Evyetpressedélicatementsesdoigts.Ellesetourneversmoiavec un sourire en coin et pose sa tête surmon épaule. De supplice, ce trajet devient unebénédiction.
Nousrestonsunpetitmomentdanscettepositionsansbouger.Jen’aiqu’uneenvie,c’estderamenerEvyàlamaisonetdeluifairel’amourjusqu’àdemainmatin.Jeveuxretrouverladouceurdesapeaunuecontremoi,dansmonlit,dansnotrelit.
— Oh, regardez, s’exclame Lise en pointant son doigt vers le pare-brise. Ce n’est pasEthan,là-bas?
Evysetortillesursonsiègeetavancesatêteverssameilleureamiepourmieuxvoir.—Si,c’estlui.IlestavecThierry,uncollèguequivientsouventàlamaison.Eleanorseretourneversmoietécarquille lesyeux.Jenepeuxpas faireça :mettreEvy
devantlefaitaccompliseraitlapirechosequejepuisseluifaire.— On ne peut pas y aller, dis-je assez fort pour que tout le monde entende malgré la
musique.
CHAPITRE46
Evy
LorsqueColeannoncecela,jenecomprendspasdequoiilparleetjecommenceàenavoirplus que marre de n’être au courant de rien. Je relève la tête. Trois paires d’yeux sontbraquéessurCole.Detouteévidence,personnen’encroitsesoreilles.NousdépassonsEthanet je tourne la têtepour l’observer ; il rigoleavec soncollègueet il est àmille lieuesde lapersonnedépriméequ’ilditêtreencemoment.
—Tun’es qu’un troudu cul, lancema sœur en fulminant. Putain,mais tes couilles sontpasséesoù?Voilàpourquoijen’aimepasleshommes,vousn’assumezrien!
—Commentest-cequetuluiparles?m’énervé-jeenessayantderetirermamaindecelledeCole,maissanssuccès.Ilm’agrippefort,etquelquepart,çamerassure.
—Laissetomber,Evy,onvarentreràlamaison,tasœurteparleraplustard.— Je rêve ou tu parles comme si je n’étais pas dans la voiture espèce de minable…,
répliqueEleanor,furieuse.—Tulafermes,souffleColelesdentsserrées.L’atmosphèredans l’habitacledevientpesante.Liamcontinuederoulercommesiderien
n’était : ilmesemblemêmeque lamusiqueestunbrinplus forte.Jemesensétoufferet jen’aimepasça.
—Arrête lavoiture !hurlé-jeà l’attentiondeLiam.Je… jedoisprendre l’air,et toutdesuite.
Ilpileets’arrêtele longdelapromenadedesAnglais.J’ouvrelaportière,meprécipiteàl’extérieur, le vent chaud caressemon visage et mes cheveux volent dans tous les sens. Jemarche jusqu’aubancsur lequelnousétionsassisquelques joursplus tôtavecCole.De tousceux qui se trouvent à cet endroit, il faut que notre chauffeur du jour s’arrête pile devantcelui-là…
Je me rappelle de cette journée et le rythme de mon cœur retrouve un semblant denormalité.Jem’assiedsenregardant lesvaguesetrespiredumieuxque jepeux.Jemesenstellementabattueparmaviequim’échappetotalement.
— Evy, je suis désolé, dit Cole à voix basse en me rejoignant. Je t’ai mise dans unesituationquetuneméritespas.
—Tupeuxm’expliquer,s’ilteplaît?Jemeposedesquestionsdepuistesmessagesdecetaprès-midi.
Il s’assieden soufflant, regardedroitdevant lui, frotte sesmains l’unecontre l’autrepuisjureentresesdents.
—IlnefautpasquetuépousesEthan,ilneteméritepas.Ilest…
—Sympa,maisunpeucoincé,l’interromptEleanorenseplantantdevantnouslesmainssurleshanches.N’est-cepas,Cole?
— Ouais, finit-il par admettre en serrant les poings. Je peux te parler deux petitessecondes?
Masœuracquiesce,Coleselèveetilss’éloignentsuffisammentloinpourquejen’entendepasleurconversation.Jedétestelescachotteries.
La discussion qui se tient à quelquesmètres demoi est plutôt animée. Cole et Eleanorparlenttouslesdeuxaveclesmainsetlevisagedemasœurdevientcramoisi.
Lorsquelebeautatouérevientversmoi,seul,ilmetsesmainsdanssespochesetavancelatêtebaissée.Ilressembleàunenfantquivientdefaireunegrossebêtiseetjenepeuxpasm’empêcherdetrouverçacraquant,excitant,etôcombiendéstabilisant.
—Onrentre,Evy,çateva?—Oui,réponds-je,soulagée.Maisoùdevait-onaller?Tupeuxmeledire,maintenant.Ilrelèvelatêteetmetendsamain.Jelaprendsavecsoulagement.—Tasœurvoulait justequetusortespour t’amuseravecnousdansunendroitoùellea
l’habituded’aller.C’étaitunesurprise,maisoniralaprochainefois.—Tumemens,Cole,tucroisquejenevoispastagêne?Tuesmalàl’aise.—Jesuistoujourstroubléentaprésence,Cendrillon,admet-ilenmarchantdoucement.—Tumeprometsquecen’estqueça?—Oui.J’ai unmauvais pressentiment,mais je dois essayer de faire confiance à Cole. Depuis le
débutilesttoujourslàpourmesecouriretm’aiderdanslesmomentsoùj’enaileplusbesoin.—OK,alorsn’enparlonsplus.Onrentre?demandé-je,presséederetrouverlachaleurdes
brasdeColeenregardantquelquechoseàlatélé.—Évidemment,cesoir,c’estfilmd’horreur,jetesignale.Jesuisimpatient.Jesourisetembrassesajouemalrasée.J’adorequandilselaissepousserlabarbe,iln’en
estqueplusbeau.Lorsque nous arrivons dans l’appartement, Cole se précipite sur le téléphone pour
commanderdespizzasetjem’étalesurlecanapécommeuneotariesursonrocher.Jeretiremesballerinesavecprécipitation,fermelesyeuxetsavourecemomentdebien-êtreabsolu.
Lorsque je les rouvre après quelques secondes, mon colocataire me fixe en serrant lamâchoire.Ilfaitletourducanapéetmechevauchesansmelaisserletempsdeprotester.Sabouche trace une ligne de baisers le long demon cou et un gémissement s’échappe demagorge. Je rêve de ça chaque nuit alors qu’il se trouve à côté de moi dans le lit. Sa mainremontelelongdemonbrasenlaissantunemerveilleusechaleursursonpassage.Jesaisissachemiseet,boutonaprèsbouton,l’enviedesalanguesurmoi,desesdoigtsetdesonsexeenmoinefaitqu’augmenter.
Ilposeseslèvressurlesmiennesquand,soudain,lasonnettenousavertitquenousavonsdelavisite.
—Merde,lapizza,grogne-t-ilenseredressant.
CHAPITRE47
Cole
Jeme lève à contrecœur et peste en regardantEvy lorsque jem’éloignedu canapé. Ellesouffle,s’assiedentailleuretrécupèresontéléphonedanssapoche.
—Jerevienstoutdesuite,tunebougessurtoutpasd’ici,dis-jeenpointantundoigtdanssadirection.Jen’enaipasfiniavectoi.
J’aibeaucoupdeprojetspournousdeuxce soir,etdansaucund’eux iln’estquestiondetéléphone ou de vêtements. Elle acquiesce en accrochant ses yeux aux miens l’espace d’uninstant,puisreportesonattentionsursonfoutuappareil.
J’ouvrelaporteenm’attendantàtombersurlelivreur,maissoitlefiancéd’Evyachangéde boulot dans la nuit, soit ce trou du cul est bien sur le seuil de mon appartement. Jel’observe enpenchant la tête sur le côté. Lemoins qu’onpuisse dire, c’est qu’il est dansunpiteux état. Il est complètement débraillé, et le pire, c’est qu’il empeste l’alcool à deskilomètres.
—Maisqu’est-cequevousfaiteslà?demandé-jesèchement.—JesuisvenuchercherEvy,bégaye-t-ilens’appuyantcontrelemur.Je serre les poings et les dents. Cet abruti n’arrive même plus à tenir debout. Evy se
matérialiseàmescôtés.Sonregardpasserapidementdesonfiancéàmoi.—Ethan,souffle-t-elle.Maistuasbu!—Perspicace,lancé-jeenlevantlesyeuxauciel.Tupeuxmedirepourquoituluiasdonné
monadresse?Cen’estpasunputainderefuge,ici,pesté-jeenregrettantaussitôtcesparoles.Elleécarquillelesyeuxenpinçantleslèvres.Jeviensdelablesser.Maisquelcon!Ethan
nous regarde et semble apprécier le spectacle. Il ne luimanqueplus qu’un siège et dupop-corn.Monsieurdoitjubilerdemonéternelproblèmeàpenseràvoixhaute.
—Cen’estpas…—Plustard!m’interromptEvyd’ungestedelamainsansmeregarder.Félicitations,Cole,tuasencoreperduuneoccasiondetetaire.Elle s’approche d’Ethan et pose une main sur son épaule. Il sursaute à ce contact et,
l’instantd’après,s’effondredanssesbras.— Ça va aller, chuchote-t-elle en raffermissant son étreinte autour de lui. Parle-moi,
Ethan,qu’est-cequ’ilya?Jeresteimpuissantfaceàcespectacle.J’aienviedetirerEvyàmoi,derefermerlaporteà
cléetdejetercettedernièrequelquepartpourquecettefemmesuperbenepuisseplusavoirdecontactavecsonfiancé.Cen’estqu’unputaindementeurquisefoutd’elle.
—Tumemanques,baragouine-t-il entredeux sanglots. Jene saisplusoù j’en suis,Evy,toutlemondeaubureaunemeparlequedetoietdenotremariage.Monimageenprendun
sacré coup,ma fiancéeestpartie vivre chezundégénéré tatoué, imagineunpeu les ragots,finit-ilenrigolant.
MadouceEvysefigeetrecule, laissantEthanpantelant.Si jepensaisavoirditn’importequoiquelquesminutesplustôt,cen’estrienàcôtédecequevientdelancersonfiancé.Sij’aibienapprisquelquechose,c’estqu’Evysefichecomplètementduqu’en-dira-t-on,etqu’ellenesupportepasqu’onréagisseenfonctiondesragots.
—Pardon?dit-elleavecunevoixdangereusementbasse.—Lesgensparlent,persiste-t-il.Tudoisrentrer,penseàmaréputation,bordel.—Va-t’en,Ethan,je…jenesuispasprêteàrentrer,etenvenanticitunefaisqueretarder
cemoment.J’aibesoindetemps.Cen’estpasmavie,toutça,qu’est-cequejem’entapequeCraigdisequej’aiunepetitemineparcequejen’avaispasenviedememaquillerpoursortir,ouque sa femmepenseque jene teméritepas.Cen’estpasunecompétitionàquiaura leplusgroscompteenbanque,quiaura laplus jolievoitureoumême laplusbelle robepourvospathétiquessoirées.Onestdanslavraievie,ici,pasdansunjeu,Ethan.Alors,mets-toiçadanslecrâneavantd’ouvrirlaboucheunefoisdeplus,crache-t-elleenagitantlesbras.
Ethanrestebouchebéefaceàtouteslesvéritésquiviennentdesortirdelabouchedesafiancée. De quoi vous faire décuver enmoins de deux. Jem’apprête à parler quand elle setourneversmoi.
—Quantàtoi,Cole,demainmatinjeseraipartie.Tuasraison,cetappartementn’estpasunrefuge.Quandtum’asproposédevenirhabitercheztoiquelquetemps,cedevaitêtreparpitié,et tupeuxte lagarder.Jeneveuxplusvousvoir,ni l’un,ni l’autre!Allezaudiable!hurle-t-elleentraversantlesalonaupasdecourse.
La porte de la chambre se ferme avec fracas et je fais la seule chose qui me semblecorrectesurlemoment:j’envoiemonpoingdanslafigured’Ethan.Lecraquementdel’osdesonnezestjubilatoire.Iltombeàlarenverseenmettantsesmainsdevantsonvisage.
—Tum’aspété lenez,putain, tum’asdéfiguré, s’écrie-t-il en se recroquevillant sur lui-même.Mesclients,commentjevaisfaire?
— Mais c’est tout ce qui t’intéresse ? Tes foutus clients ? m’indigné-je en tournant lestalons.Ne reviensplus jamais ici ou je te casse lesdeux jambes, grogné-je avantde le jeterdehors.
Jemeprécipiteàlaportedemachambreetenclenchelapoignée,maisEvys’estenferméeàl’intérieur.
—Ilfautqu’onparle,déclaré-jeensecouantmamainquimelancedeplusenplus.— Non, tout est fini, crie-t-elle en sanglotant. Je ne veux plus te voir, Cole. Tu m’as
blessée,jerentrechezmoidemainmatin.Jedonneuncoupdepieddanslaporteetrécupèremescléssurlebar.J’aienviedetout
casser,etlemieuxàfairedanscescas-là,c’estdesortir.Jequittemonappartementenjurantcommeuncharretier.
Lasoiréepizzaetfilmestremplacéeparunesoiréealcooletbaise.
CHAPITRE48
Evy
Je récupère lesaffairesque j’avaismisesdans la commodedeCole lorsque je suisvenuem’installeravecluietlesjettedansmonsac.Ilesthorsdequestionquejerestechezluioujevaispéterunplomb.Lemot«refuge»qu’ilaprononcéserépèteenboucledansmatêtesansque je puisse arrêter d’y penser, et je sens qu’il n’est pashonnête avecmoi. Ils étaient tousbizarre,cesoir,maisColeétaittellementgêné…Jesuisbientropstupide:detouteévidence,cen’estpasunhommeenquil’onpeutavoirconfiance.
Je n’irai pas jusqu’à dire qu’Ethan et lui sont pareils, parce qu’ils sont diamétralementopposés,maisondiraitqu’ils se sontdonné lemotpourme faire chier, ce soir.Mon fiancém’est insupportable, est-ce que c’est normal, ça ? Quelle pagaille ! Ma vie est sens dessusdessous.
Je sors de la chambre sur la pointe des pieds en regardant s’il y a quelqu’un dansl’appartement.La lumièreestrestéeallumée,maisColesembleêtresorti, toutestbientropcalme.Jeressensunedouleurdanslapoitrineenimaginantoùilpeutsetrouver,etsurtoutavec qui. C’est ce qui devait arriver, me dis-je pour essayer de me consoler. La sonnetterésonnedansl’appartement.Jeregardeparlejudas:lelivreursetientdel’autrecôté.Jeluirèglelespizzasetlesposesurleplandetravail.Jen’aipasfaimdutout.
Jepasselanuitsurlecanapéàzapperentreleschaînesdelatélédansl’espoirdetrouverquelquechosequimepermettedemechangerlesidées,maisiln’yaquedesémissionssansintérêt.Lesommeiln’arrivepasàm’emporter,j’attendsleretourdeCole,jen’aipasenviedeluiparler,maisjepréfèrelesavoirici.Plutôtquejenesaisoùdanslanature.Pourtant,ilnem’appartientpas,bonDieu!
Lorsquelejourselèveenfin,jememetsdeboutetattrapeunstylosurlatablebasse.Colen’est pas rentré, et même si la sensation que j’éprouve n’est pas agréable, c’est sûrementmieuxquenotrecohabitationsetermineainsi.Jegriffonnequelquesmotssurunefeuille.
Cole,Merci pour tout, tu as réussi à me redonner le sourire quand j’en avais le plus besoin. J’ai
adoré passer du temps avec toi et ta maniaquerie obsessionnelle. Nos chemins se séparentaujourd’hui.N’essaieplusdeme contacter, cen’estpasunedemande,maisplutôtunordre.Soisheureuxdanstavie,tulemérites.Faisjusteattentionànepastransformercetendroitenrefugepourfuturesmariées.
Evy.Jeposelepapierenévidencesurleplandetravail,enfilemeschaussuresetprendsmon
sac.Un dernier coup d’œil dans l’appartement et je referme la porte derrièremoi avant dedéposer la clé dans la boîte aux lettres. Je sors de l’immeuble. Le soleil brille déjà et
m’envelopped’une chaleur réconfortante. J’ai pris unedécision concernantmonavenir et jepriepournepascommettreunegrossebêtise.
Cettenuit, j’ai réfléchipendantdesheuresàceque j’étaisen trainde fairedemavieetj’en suis arrivée à la conclusionqueCole est commedu chocolat : on ena très envieparcequ’ilnousattireetqu’onsaitqu’onvalesavourersurlemoment,maissil’onenmangetrop,ehbienlelendemainonregrette.
C’esttoutàfaitça:aussibeauetgentilsoit-il,ilestnéfasteetildoitsortirdemavie.Jemarche jusque chezmoi en pensant au fait qu’Ethan doit avoir une sacrée gueule de
boiscematin.Jenel’aijamaisvudansunétatpareil.Iln’aimepasvraimentl’alcool,mêmesiboireunverredetempsentempsavecsescollèguesneledérangepas.Onenrevienttoujoursaumêmepoint.Ilréagitenfonctiondesautres.
Jepousseunsoupir lorsque j’arrivedevant lamaison.J’ai leventrenouéetunecertaineappréhensionm’envahit.Jecomposelecodedelaported’entréeetm’engouffreàl’intérieur.Jenesuispartiequ’unedizainedejours,maisleslieuxsententdéjàlerenferméetlesvapeursd’alcool.
—Ethan?Tueslà?demandé-jeenouvrantlesvoletsdel’entréeetenlaissantlafenêtreentrebâilléepouraérer.
Maquestion reste sans réponse. Je fais le tourde lamaison,maisEthann’estpas là. Jeretournedans le salonpour récupérermon sac, lorsque la porte s’ouvre surmon fiancéquiarrêtesongesteenmevoyant.
—Tuesrentrée,constate-t-il,surpris.—Oui,maisjerepars,dis-jesimplement.Nous nous dévisageons pendant ce quime semble être des heures. Ethan a les cheveux
mouillés et porte un polo blanc qui fait ressortir son bronzage. Son jean lui descendparfaitementsurleshanches.Jenesaispassic’estparcequejesuisrestéesilongtempssanscontactavecluimisàparthiersoir,maisjeletrouvebeau.
—Tumemanquestellement,Evy,avoue-t-ilens’approchantdemoi.Tusaisquej’aivéculesdixjourslespluslongsdetoutemavie?J’aiététellementcon,j’aifaitdeschosesquejeregrette…
Ilcaressemajoueaveclapaumedesamain,ilsentlegeldoucheetleparfumquejeluiaioffert pour son anniversaire, quand tout allait bien et que je n’avais pas encore rencontréCole.Est-ilpossibled’êtreamoureusededeuxpersonnesenmêmetemps?D’êtreattiréaussibienpar l’unequepar l’autre?Moncœurs’accélère lorsqu’Ethanmeprenddanssesbrasetmeserredetoutessesforces,commes’ilavaitpeurquemonretournesoitpasréeletquejem’évapored’unesecondeàl’autre.
—Ethan?hurleunevoixmasculineducouloir.—Quiest-ce?demandé-jeenobservantmonfiancé.—Thierry.
Jenesuispasétonnée,nous lesavonscroisésensemblehieret je suiscontentequ’Ethanaitquelqu’unsurquicompterdanslescoupsdurs.
—Oh,jevaisallerluidirebonjour…—Non,attends,soupiremonfiancéenmebarrantlepassage.J’aiquelquechoseàtedire
etj’aimeraisquetut’assoiespourl’entendre.
CHAPITRE49
Cole
Jemeréveilleavecunedouleurquimelancedansl’arrièreducrâne.J’ouvreunœil,puisl’autre.Lapièceestplongéedanslenoir,çanemeressemblepasdefermerlesvolets.Jeleslaissetoujoursouvertsenrèglegénéralepourquelalumièredujourmepermetted’émergeràunmomentouàunautre.J’envoiemonbrassurlaplaceàcôtédemoipourvoirsiEvyestlà.Jesuissoulagéquandjesenssoncorpsallongéprèsdumien.
—Tuasfinidemepeloter,grommelleunevoixrocailleusequejen’aijamaisentenduedemavie.
Je cherchema lampe de chevet de lamain pour pouvoir éclairer la pièce etmettre unvisagesurcettevoixdésastreuse.J’aiunmauvaispressentimentconcernantlasoiréed’hier.
—Putain,maiselleestoù?grogné-je.— Tu la cherches encore ? On aurait pu s’amuser, hier soir, chéri, mais on ne m’avait
jamaisfaituncouppareil.Jeme lèved’unbondetmecogne la tête contrequelquechosededur, certainementun
meuble.— Putain,mais c’est quoi, ça ?m’énervé-je, et qu’est-ce que tu fais chezmoi ? lancé-je
sèchementàl’inconnue.—MonDieu,mais tun’aspas toute ta tête, c’est ça? J’auraisdû teposerdesquestions
avantdetelaissermeconvaincredepasserlanuitavectoi.Jemeretrouvechezmoiavecunfou,maintenant.
—Maisdequoituparles?craché-je.Ettrouvecettefoutuelumièreavantquejem’énerveetquejecassetout.
Jeportelamainàmatête:unebosseestentraindeseformer.Ladouleurlancinantemedonneenviedemetaperlatêtecontrelemur.Jenesaisabsolumentpasoùjemetrouvenicommentjesuisarrivéici.
—OK,net’énervepas.J’entendsleboisdulitcraquer,signequemavoisineaenfindécidédesebouger.Sespas
résonnent sur le sol, puis elle s’arrête et la lumière du jour entre enfin dans la pièce,m’aveuglanttemporairement.Jefroncelessourcilsetjurecommeuncharretier,maisqu’est-cequej’aiencorefait?
—Voilà,monsieur est content ? dit l’inconnue avec une pointe d’ironie dans la voix. Jevaisfaireducafé,tuenveux?
—Oh,doucement,laisse-moiteregarderd’abord.—Tuneveuxpasnonplusquejetefasseundéfilédemode?s’énerve-t-elle.Situn’espas
fichudesavoiravecquiturentresaprèst’êtremisminable,cen’estpasmonproblème.
Ohbordel,maisfaites-lataire.Je regrette de ne pas être chezmoi pour demander à Liam de la foutre dehors. Jeme
frappe le front de la paume de ma main et inspire profondément. Mes yeux s’habituentdoucementàlaluminositéetjeposeenfinlesyeuxsurl’inconnue.Nemeditespasquejesuisrentréavecçahiersoir?C’est impossible.Onm’adroguéouforcé,c’est laseuleexplicationcohérente.Pourquoijenemesouviensderien,putain!
Maconquêted’hierestunefemmequidoitavoirunecinquantained’années.Sescheveuxformentunemasseemmêléecouleurjaunepisse.Sesracinesnoiresmesurentaumoinsdeuxbons centimètres et elle a le style panda. Sonmaquillagenoir a coulé sous ses yeux et sonrougeàlèvresluialaisséunegrossetraînéesurlajoue.
Jesuisenpleincauchemar, jevaismeréveiller,c’estévident.OùestEvy?Elledoitêtrefolled’inquiétudequejenesoispasrentrédelanuit.Etpourfairequoi,enplus?
— Hum, commencé-je en me raclant la gorge. Qu’est-ce qui s’est passé hier soir, entrenous,jeveuxdire?Rassure-moi,ilnes’estrienpassé,hein?
Elle éclate de rire en se rapprochant demoi. Oh non, c’est encore pire de près. Jemecache les yeux avecmesmains et laisse un petit écart entremes doigts pour jeter un coupd’œil.
L’inconnueposesesmainssurmesépaulesetrépondensoufflant.—Non, ilne s’est rienpassé, tun’aspas réussià faire lever tongrosasticot. Il est resté
aussimouqu’unmollusque.Pourtantj’airedoubléd’efforts…—Ohnon,parpitié,n’ajouterienoujecroisquejevaisvomirdanstachambre.Jereculed’unpaset sesbras retombent le longdesoncorps. Il fautque jesorted’ici le
plusvitepossible.J’inspectelelieu:mesaffairessontéparpilléesunpeupartoutsurlesol.Jeramassetoutavecempressementetm’habilleplusvitequejenel’aijamaisfait.
—Maisattends,tuasbiendit«grosasticot»?réalisé-jeenenfilantmeschaussures.—Oui,c’esttoiquiasinsistépourquejel’appellecommeça,avoue-t-elleenallumantune
cigarette.—Jecroisquej’enaiassezentendu,tranché-jesèchement.Adieu.Je traverse lapièce suivanteaupasdecourseet claque laported’entréeen soufflantde
soulagement.Maisqu’est-cequej’aifait?Pourquoijemesuisretrouvédansunétatpareil?Jesorsde l’immeubleet regarde lenomde la rueoù jeme trouve.Génial, j’habite juste
derrière.Quelmeilleurmoyenderecroisercettefemmealorsquejen’enaiaucuneenvie…Je rentre chez moi en traînant des pieds, les mains dans les poches. J’essaye de me
souvenirdecequej’aipufaire,maisriennemerevient,c’esttellementfrustrant.Dieumerci,jen’airienfaitaveclafemmeavecquijemesuisréveillécematin…
Jepénètredansmonappartementplongédansunsilencemorbide.Lesvoletssontouverts,commed’habitude,maisquelquechosecloche.Jesondelapièceavecaffolementetmesyeuxs’arrêtentsurunmotposésurleplandetravail.
Jeparcoursleslignesenécarquillantlesyeux:Evyestpartie?Non,c’estimpossible,ellen’apas ledroitdeme laisser. Jeglisse le longdubaretm’assiedspar terre, lemorceaudepapierentrelesdoigts.Lepincementaucœurquejeressensmedonneenviedetoutcasser,jetape le poing à plusieurs reprises sur le sol et des taches de sang apparaissent sur le blancimmaculé du carrelage. Ce connard d’Ethan a gagné. Elle est retournée auprès de cetteenflure.Qu’ilsaillentaudiable!
CHAPITRE50
Evy
L’intonationdelavoixd’Ethanestétrangementcalme.Ilsepasselamaindanslescheveuxàplusieursreprisesetévitemonregard.J’aiunmauvaispressentiment.Mêmesicesdernierstemps nous avons des problèmes conjugaux, je le connais suffisamment pour repérer quandquelquechosenevapas.
—Jevaisresterdebout,jet’écoute.— Est-ce que ta sœur est venue te voir pendant que tu étais chez ce… dégénéré ?
commence-t-ilenprenantuneexpressiondedégoût.D’ailleurs,Evy,jenecomprendstoujourspaspourquoituesalléehabiterlà-bas,noussommesdesadultes,tuauraistrèsbienpurestercheznous.Enfin,passons.Donc,tasœur?
Colen’estpasundégénéré, loinde là.Commentavoueràmon fiancéque j’aimêmecruavoirdessentimentspourcethommequim’acomplètementchamboulée?J’aipassédixjoursfantastiquesquim’ontfaitmesentirvivante.
—J’aivuEleanorhiersoir,oui,nousdevionsallerdansunbartousensemble…—Commentça,tousensemble?s’enquiert-ilens’installantsurlefauteuilenfacedemoi.
Tuessûrequetuneveuxpast’asseoir,Evy?—Non,jerestedebout,réponds-jeunpeutropsèchement.Jesuisunegrandefille,jesais
cequej’aiàfaireounon.Tunevaspascommencer,s’ilteplaît,jeneveuxpasmebattreavectoi.
—OK,souffle-t-ilenlevantlesmainsenl’air.Detoutefaçonjedoisretournerauboulot,jen’aipasbeaucoupdetemps.Tuparlaisdequi,endisant«tousensemble»?
—Lise,Liam,Coleetmasœur.Ilseraidit,fermelesyeuxetpressel’arêtedesonnezamoché.Jen’aiaucuneintentionde
luicachercequej’aifaitounonpendantquej’étaischezCole.Jemesuisretenuependantsilongtempsdeprofiterdemonexistencequejeneveuxpluspasseràcôtédemavie,queçaluiplaiseounon.
—Jenetecomprendspas,Evy,tun’asplusdix-huitans.Tuasunecertaineréputationàtenirpuisquetuesavecmoi.Siundemescollèguestevoitaveccesgens…cesénergumènes,qu’est-cequivaseraconter?Tune…
La sonnette de la maison retentit et je me promets d’être reconnaissante envers lapersonnequi se trouvederrière laporte, quelle qu’elle soit, dem’avoir tiréede cemauvaispas.Ethanm’adéjàdonnéenviedeprendremesjambesàmoncou.
—Excuse-moi,dis-jeenallantouvrirànotrevisiteur.JesorsdelapièceettombesurThierry,leregardaffolé.J’avaisbienentendusavoixtout
àl’heure,maisjenesavaispasqu’ilnousespionnait.Agacée,jelesaluebrièvementetouvre
laporte.Lisesetientdel’autrecôté.Elleappuiesesmainssurseshanchesettapedupiedenfronçant les sourcils. Je lui fais signe d’approcher, mais elle reste devant la porte en nebougeantpasd’unmillimètre.
—Tuneveuxpasentrer?luidemandé-jeàvoixbasse.—Non,Evy,lance-t-elleensoufflant.Jen’entrepasdanscettemaisonetjenecomprends
mêmepaspourquoituesici.Nonmaisfranchement,qu’est-cequiteprend?Ethann’estpaspourtoi…
—EtColenonplus,répliqué-jeavecunnœudàl’estomac.—Maisjenet’aipasparlédeCole,répondmameilleureamieenadoucissantsonregard.
Jenesaispascequis’estpasséentrevous,etd’ailleurssoissûrequetum’enparlerasparceque je veux tout savoir, mais s’il te plaît ne retourne pas avec ce… machin, dit-elle endésignant l’intérieur de la maison du doigt. Tumérites tellement mieux que ça… Tu peuxdemanderàLiam,depuiscematinjetourneenrondetjemeretiensdenepastetraînerdeforcechezmoi…
Jesensuneprésencederrièremoietmeretourne,n’écoutantpluscequeLiseestentraindemedire.
—Ondoityaller,jet’appelle.—Attends,l’interromps-je,surprise.Tutemoquesdemoi,Ethan!Etoùvas-tuhein?—Aubureau…—Oh,n’endispasplus,craché-je,horsdemoi.Ondoitparler,Ethan,c’est importantet
tuavaisaussideschosesàmedire,alorsvas-y.Il écarquille les yeux face à mon ton sec et en reste bouche bée. Aussi loin que je me
souvienne,jeneluiaijamaisparlécommeçamisàpartlesoiroùjel’aigiflé.Cen’estpasdutoutmongenre: lesnombreusessoiréesqu’ilapasséesaubureau,oulesdéplacementsqu’ilfait régulièrement, n’ont jamais été un problème. Mais maintenant, c’est différent, j’ai eul’occasiondegoûterauxjoiesdediscuterlesoir,derigoleretdem’amuseravecunepersonnequicomptepourmoietjeneveuxplusêtreseule,c’estfinitoutça.
—Tusaisbienquejesuisobligé,Evy,c’estmacarrière.—Bon, lenaze, intervientLiseen souriant.Va travaillerqu’onpuisseprendre toutes ses
affaires,jevaisappelerLiampourqu’ilviennenousaider,montéléphoneestdanslavoiture.Jereviens,dit-elledoucementàmonattention.
Elles’éloignedanslacourenlevantlesdeuxbrasverslecieletjesuissûred’avoirattendulemot«Yes»sortirdesabouche.Unefoisarrivéeauportail,elleseretourneversnous.
—Maisattends,Ethan,tuluiasparlé,n’est-cepas?—Parlédequoi?Qu’est-cequeturacontes,Lise?—Jeluiraconte,Ethan,outulefaistoi?Ohetpuistuasraisonc’estmieuxquecesoit
moi,s’enthousiasme-t-elle.—Non,c’estmoiquivaislefaire,intervientThierryenseplaçantàcôtédemonfiancé.
—Maisparlez!m’impatienté-je.Je sens le pire arriver quandThierrypasseunbras autourde la tailled’Ethan. Lesdeux
hommesseregardentcommepourparlersilencieusement.—J’aimeEthan,ditlecollèguedemonfiancé.Onnesavaitpas…—Dequoi?hurlé-jeenmettantmamaindevantlabouche.Tuplaisantes?Lesdeuxhommesenfacedemoisecouentlatêteetjesensmonmondes’écrouler.—Ton fiancé,enfin,ex-fiancé, rouledespellesàdeshommesdans lesbarspendantque
toi,tuteprendslatêteàcausedevotremariage,Evy.Bon,chacunàsamanière…—Stop!coupé-jemameilleureamie.JemeretourneversEthan:ilestcomplètementaffoléetdesperlesdesueurapparaissent
sursonfront.Ilbaisselesyeuxlorsquemonregardrencontrelesien.Jereconnaisceregard:ilestfautif.
—OhmonDieu,elleditvrai,soufflé-jehorrifiée.C’estçaquetuvoulaismedire,Ethan?Maisdepuisquand?
— Depuis toujours, avoue-t-il honteusement J’ai mal agi, mais si je voulais gravir leséchelonsdansmaboîte,ilfallaitunefemmeàmescôtésetpasunhomme,tucomprends?
J’encaisse l’informationdifficilement.Si toutà l’heure j’avais leventrenoué,cen’estrienencomparaisondemaintenant.J’aienviedevomir.Jem’assiedsdoucementsurlesmarches,sentantmesjambesflageoler.
—MoiquipensaisquetumetrompaisavecMichelle,ironisé-jeenravalantmeslarmes.—Michelleétaitunecouverture.Jen’aijamaisfaitlesdéplacementsavecelle.C’étaitavec
Thierry,avoue-t-ilenappuyantsondoscontrelaporte.Jesuistellementdésolé,Evy.—Maistuastrompétoutlemonde.BonDieu,Ethan,mafamille,mesamis.Tuauraisété
jusqu’àmepasserlabagueaudoigt?—Oui.Thierry lui attrape lamain et tous les deuxme regardent avec un demi-sourire. Depuis
toutcetemps,j’avaistouslesélémentsdevantmoi,maisjamaisjenemesuisdoutéedequoiquecesoit.Ethanregardesamontreetattrapesapochetteposéedanslehalld’entrée.Ilvautmieuxqu’ilparteparcequejesensquejenevaispasréussiràravalermeslarmesencoretrèslongtemps. Ildéposeunbaisersur lesommetdemoncrâneavantdedescendre lesmarcheset,unefoisarrivéenbas,ilseretourne.
— Je suis désolé pour tout, Evy, je voulais vraiment que çamarche. J’ai tout fait pourpasser par-dessus les sentiments qui m’animent, mais c’est plus fort que moi. Tout m’atoujoursramenéàThierry.
—Maisçaduredepuiscombiendetemps?m’étranglé-je.—Depuisledébut,répond-ilsimplementavecunairdésolé.Thierrylerejointdevantleportail,etaprèsunbrefmomentd’hésitation,ilsdisparaissent
dans la rue. C’est fini, tout est fini. Je ramène mes genoux contre ma poitrine et laisse
explosermatristesseenéclatantensanglots.Qu’est-ceque j’ai faitpourmériterça?Jen’airien vu, et même si j’en veux à Ethan, je suis surtout en colère contre moi-même. J’aicomplètement fermé les yeux,mais tout s’explique, maintenant. Ses absences répétées, sescachoteries,sonabstinence,sescoupsdefilendouceetlaprésencerégulièredeThierryàlamaison.
J’essuiemeslarmescommejepeuxetlèvelesyeuxversmameilleureamie,quiafficheunairpeiné.
—Tuserasmieuxsanslui,Evy,c’étaituncon.Jenevaispastelaissertemorfondre,alorspréparetesaffaires,tut’installeschezmoietl’opérationColecommence.
—Qu’est-cequeturacontes?dis-jeenreniflant.—Tul’aimes,Evy,etluiaussi,çacrèvelesyeux.Vousêteslesdeuxseulsànepasl’avoir
remarqué,qu’est-cequevousêtesbornés,souffle-t-elleenlevantlesyeuxauciel.Jesaisquetuasmal,maistun’aimesplusEthandepuislongtemps,c’estévident,alorshautlescœurs,tuastoutelaviedevanttoi.
Ellem’aide àme relever etme prend dans ses bras pourme consoler. Je l’étreins avecforce.Heureusementqu’elleestlà:jemedemandeparfoiscequejeferaissanselle.
—Alors, ilparaîtquec’est iciqu’ilyaundéménagement? lanceLiamdepuis leportail,lesbraspleinsdecartons.Allons-y!
CHAPITRE51
Cole(3semainesplustard)
Jerentred’une journéecrevante, jenesaispassi c’estmoi,maisencemoment lesgenssont imbuvables. Le boulot qui devait être provisoire commence à traîner en longueur.Eleanor s’estmisen têteque j’étais sonnouveaumeilleurennemiet lescoupsbas fusentaubureau. Entre les dossiers qui disparaissent, les clients qui me passent sous le nez et lescollèguesquimeregardentcommesij’avaisuntroisièmeœilaumilieudufront,cettepetitegarcememènelaviedureetjerêvedeluimontreràquielleaaffaire.Bref,toutm’énerve,etje rêve d’envoyer chier tous ceux qui osent me demander pourquoi je suis de si mauvaisehumeur.Cen’estpassidifficileàcomprendre,quandmême, jeveux justequ’onmefoute lapaix!
504 heures, 30 240 minutes et 1 814 400 secondes. Trois putains de semaines avecl’impressionqu’ilmemanquequelquechose,l’impressiond’êtreseulalorsquejenel’aijamaisvraimentété.Jesuis toujoursaccompagné,quecesoitensoiréeouquand jesuisà l’appart,LiseouLiamtraînentenpermanencedanslesparages.Alorspourquoijeressenscefoutuvidequimetueunpeupluschaquejour?Cetroubéantdansmapoitrinequinefaitques’agrandirunpeuplusàchaquesecondequipasse?
Montéléphonesemetàhurler lasonnerieque j’aiattribuéeàCarla, lacollèguedeLise.J’aibeauêtredansunepériodenoire,j’aidesbesoins,commetoutlemonde,etcettefilleestjuste incroyable.Ellenemedemanderien,pasdesoirées télé,pasdeconneriescommedesmassages,etsurtoutpasdeblablatagespourrien.
—Salut,dis-jeendécrochant.—Çava,chéri?J’aitrèsenviedetevoir,là,toutdesuite.Tumerejoins?—Jene saispas,Carla, je suisvanné. J’aipasséune journéedemerde, soufflé-jeenme
faufilantentrelestouristes.Demain?—Laisse-moim’occuperdetoi,j’aideschosesentêtetrèstrèscochonnes,gémit-elle.Jete
laissecinqminutes,sinonjevaisdevoirmefairedubientouteseule…—OK,j’arrive,lancé-jeenaccélérantlepas.Etnecommencepassansmoi.Jeraccrocheet remetsmontéléphonedans lapochedemonpantalon.L’appartementde
monamusementdumomentsetrouveàdeuxcentsmètresd’ici.Mêmesi l’idéedepasser lasoiréeavecellenem’enchantepasplusqueça,jedoisbienadmettrequ’onnerefusepasunepartiedejambesenl’air.Quelmeilleurmoyendedéstresser?
Je défais les trois premiers boutons de ma chemise et tourne au coin de sa rue. J’ail’habitudedevenir icidepuisdeux semaines :on s’est croisés sur laplaceMasséna,un soir,alorsque j’étaisavecLiam,onaéchangénosnumérosetdepuis, jemeperdsenellechaquefoisquej’aibesoind’oublier,del’oublier.Iln’estpasrarequeparfois,enfermantlesyeux,je
m’imaginelevisaged’EvyaulieudeceluideCarla.Cettebonnefemmeaprispossessiondechaquecelluledemoncorps,ilyatoujoursquelquechosequiramènemespenséesverselle:uneodeur,unbruit,unephrase…Jesuisenenferetleputaindediables’appelleEvy,aucundoutelà-dessus.
Jemontelesescaliersdel’immeubleensentantlabilemeremonterdanslagorge.Cen’estpasiciquej’aienvied’êtreencemoment,bordel.Mespasrésonnentsurlecarrelagesale,j’aichaud,j’ailesmainsmoitesetj’aicommel’impressionquemonsexeneserapasd’accordpourcoopérer aujourd’hui. La porte s’ouvre lorsque j’atteins le troisième étage. Carlam’accueilleavec des escarpins à talons hauts et une guêpière noire, elle est sublime. J’avance à pas deloup,sesyeuxbleusseposentsurmoiavecuneintensitéquicouperaitlesouffleàn’importequel mec. J’aime sentir qu’elle me désire et qu’elle ne demande qu’une chose, sentir monmembreetmescoupsdereinslapilonneràunrythmeeffréné.
Arrivé à sonniveau, jem’emparede sabouche et glissema langue entre ses lèvres sansforcer.Elleselaissefaireetgeintenpassantsesdoigtsdansmescheveux.Toutlemondepeutnousvoir,maisjem’entamponne,toutcequejeveux,c’estpasserunbonmomentetoublier,l’oublierelleetsonfoutusourire.
—Rentrons,chuchote-t-ellecontremeslèvres.J’aienviedetoi,beaubrun.Jegrogneet l’entraîneavecmoiàl’intérieurdel’appartementenrefermantlaporte.Nos
bouches se cherchent désormais avec plus d’avidité, nos dents s’entrechoquent sous laprécipitation.Mesmainsglissentlelongdesesbrasetcaressentcettepeauquin’estpascellequej’aienviedetoucher.J’airéussiàpasseroutrecesdernièressemaines,maiscesoir,j’aidumal.Mon cerveau etmon sexe ne sont pas prêts à coopérer. Carla passe samain surmonmembreàtraverslefoutupantalonquim’afaitchiertoutelajournéeetsoupireenreculantlégèrement.
—Tuestoutmou,lance-t-elleendéfaisantlepremierbouton.—J’avaispasremarqué,ironisé-jeensoufflant.C’estlestressdelajournée.Jesuiscrevé,
commejetel’aiditautéléphonetoutàl’heure.Ellehochelatêteenpassantsalanguesurseslèvresbrillantesets’agenouilledevantmoi.
La vue sur son décolleté plongeant ne me fait aucun effet non plus. Putain, qu’est-ce quim’arrive ? Je ne peux pas être impuissant à mon âge, ce n’est pas possible, j’ai besoin debaiser,bordel.
—Laisse-moifaire,chuchote-t-elled’unevoixsensuelle.Je bascule la tête en arrière et ferme les yeux. Elle défait ma fermeture Éclair et fait
glissermonpantalonetmonboxer jusqu’àmeschevilles.Salangues’enrouleautourdemonmembrequiressembleplusàungrosasticotsansviequ’àautrechoseetsaboucheglissedehautenbas.J’aimelespipes,oui, j’adoreçaentempsnormal,maisplus j’essaiederéfléchirau problème qui m’empêche de bander, plus je m’éloigne de la scène dans laquelle je suiscenséêtreacteur,etnonspectateur.
La sonnette retentit dans la pièce et malgré moi, je pousse un soupir de soulagement.Carlase relèveenpestantet remetde l’ordredanssescheveux.Jemerhabilleavechâteetpense à quitter l’appartement sans demandermon reste lorsque la belle blonde fait claquersestalonsparterreenmefusillantduregard.
—Tun’aspasl’intentiondepartir,quandmême?—Heu…Un autre coup de sonnette interrompt notre conversation et Carla hurle à ses visiteurs
qu’ellearrive.Jehausselesépaulesetmedirigeverslaported’entréeenlacontournant.
CHAPITRE52
Evy
Lises’exciteensoufflantsurcettepauvresonnettequin’ariendemandéàpersonne.Nousdevionsalleraucinémalorsqu’elles’estsubitementrappeléqu’elledevaitrécupérerunpapierimportantchezCarla.Jenesuispasravied’êtreici.Ladernièrefoisquej’aicroisél’hôtessedel’air,çanes’estpastrèsbienpasséetj’enaimêmeinventédel’herpèsgénitalàCole.
—Jesuissûrequ’elleestavecunmec,s’impatienteLise.Onvafinirparraternotreséanceàcaused’elle.
—Jenecomprendstoujourspaspourquoiçanepouvaitpasattendredemain,c’estquoiaujuste,cepapier?
—Unefichedepaiequ’ilmefautabsolumentpourdemainmatin.CommeCarlan’estpasvraimentunelève-tôt,jepréfèrepassermaintenant…
La porte s’ouvre enfin sur… Cole. Non, ce n’est pas vrai, dites-moi que je rêve. Il aforcémentunfrèrejumeau,quelqu’unquiluiressembledontj’ignorel’existence.Moncœurseserreetlemanquequejeressensdepuiscesdernièressemainesmedonneenviedelesgiflertouslesdeux,Carlaetlui.
—Evy,souffle-t-ilsurpris.Maisqu’est-cequetufaislà?— Je pourrais te poser lamême question,mais je ne le ferai pas, tu baises avec qui tu
veux…OhmonDieu,non,jen’aipasditça?Lestroispairesd’yeuxmeregardentavecintensité.
J’enfoncelesmainsdansmespochesetdécidedepartiravantdedireunebêtisedeplus.Ilesthors de question que je tienne la chandelle à ce charmant petit couple qui s’apprêtait às’envoyerenl’air,àmoinsquecelanesoitdéjàfait.
—Jet’attendsdanslavoiture,lancé-jesèchementàLise.Jen’attendspaslaréponsedemonamieetmeprécipitedanslesescaliers.Lesoufflecourt
etunebouledanslagorge,j’atteinslehallrapidement.Jesuissouslechoc.Jen’aipasessayéderecontacterColedepuismaruptureavecEthan,maisj’avaisuninfimeespoirqueluiaussiavaitdessentimentspourmoietqu’ilattendaitjustelebonmomentpourvenirmetrouver.
—Evy,attends!Lavoixdel’hommequifaitbattremoncœurm’arracheunsoupir.Jenel’aiplusentendue
depuis plusieurs semaines, et pourtant, elle me bouleverse toujours autant. Mon cœurs’emballeetmes jambesflageolent, jenecontrôleplusrien,moncorpsréagitsansconsultermonesprit.Jemeretournedoucementetnosregardss’accrochent.
—Jenepensaisjamaisterevoir,ditColeenfaisantunpasdansmadirection.—Resteoùtues!crié-je.RetournevoirCarla.Jesuisvraimentuneidiote.
Ilsouffleensecouantlatêteets’assiedsurlamarchederrièrelui.Ilprendsonvisageentresesmains:l’hommesisûrdeluisemblevulnérableàcetinstant.
—Jen’yarrivepas,Evy,j’aibeauessayer,monputaindecerveaurefusedet’oublier.—Menteur,hurlé-jedeplusbelleensentantleslarmesafflueraucoindemesyeux.—Non,écoute-moi,bordel,nefaispastatêtedemuleaujourd’hui,Evy.J’aibesoinquetu
melaissesparler,tupensesêtrecapabledefaireça?Sansm’interrompre?Jehochelatêteetcroiselesbrasdevantmapoitrine.Jedevraispartirencourantetprier
pourneplusjamaisrevoirCole,maismesjambesrestentvisséesdanslesol.Jesuisincapabledebouger.
— J’ai merdé, Evy, commence-t-il en passant une main dans ses cheveux en bataille.Quandj’aivucettefoutuelettreenrentrantchezmoilematinoùtuespartie,jet’enaivouluparce que tum’abandonnais pour retourner avec ton banquier snobinard. Ce connard ne teméritepas…
—Etquies-tupourjugerdequimemériteounon,Cole?Jenecomprendspaspourquoitumedisça,m’énervé-jeensentantlerougememonterauxjoues.
—Laferme,Evy!Laisse-moifiniroujet’assurequejetebloquedansuncoinpourtefairetaire.
Uneviolentepointededésiréclatedansmonbas-ventreetmeclouesurplace.Iln’yaqueCole quime fait ressentir ce genre de choses : jamais je n’ai éprouvé un tel besoin demefondrecontreunhomme.Jedétestecettesensation.
—Donc,reprend-ilenseraclantlagorge.C’estunputaind’abrutiquineteméritepasettupeuxessayerde teconvaincreducontraire,mais tusaispertinemmentque j’ai raison,onne fait pas manger de la salade à sa future femme ! Mon Dieu, tes formes sont tellementmagnifiques, Evy, ne change jamais, et surtout pas pour un homme qui ne mesure pas lachancequ’ilade t’avoirdans savie. J’aiessayéde t’appeler, je te jure, j’aivraimentessayé,mais jen’y suispasarrivé. J’ai cruqu’en ignorant lemanqueque je ressentaisce seraitplusfacileavecletemps,maisc’esttoutlecontraire.Jen’arrivemêmeplusàbander,s’esclaffe-t-ilen semettant debout. Je t’aime commeun foudepuis la seconde où tum’as écrasé le piedavec ton talon, tu es unique, précieuse et complètement barge, une sorte demoi,mais auféminin.Jet’aidanslapeau,Evy,jet’ensuppli,netemariepasavecRobert.Laisse-moiunechance,laisse-nousunechance.
—Ethan,lecorrigé-jeentredeuxsanglots.Lesvannessontouvertesdepuisqu’ilm’aditqu’ilm’aimait.Jerenifleetessuiemesjoues
aveclapaumedemesmains.Combiendefoisai-jerêvédecemoment-là?C’esttotalementimpossibleàquantifier.Coleapprocheavecprudenceet lorsquenoussommesassezprochesl’un de l’autre, il passe ses pouces sousmes yeux pour sécher les larmes qui ne cessent decouler.Jesuisbouleverséeparlasincéritéquej’ailuedanssonregardquandilmeparlait,iln’estpeut-êtrepasparfait,maisjesuisamoureusedelui.
—Vienslà,dit-ilenmeprenantdanssesbras.Jemelaissefaireetm’agrippeàsachemisecommeàunebouéedesauvetage.Jeposematêtecontresontorseet inspireprofondémentpourmecalmer.
CHAPITRE53
Cole
Jenemesuis jamaismisànucommeça,mais jedevaisavouermessentimentsàEvy, jenepouvaisplusgardertoutçapourmoi.Jeveuxqu’ellesoitmienneetsiçan’arrivepas,jenem’enremettraipas,mongrosasticotetmoidevronserrersansbutjusqu’àlafindenosjours.
Je la serre contremoi etmedélecte du parfumde son shampooing qui remonte jusqu’àmesnarines,putain,qu’est-cequ’ellem’amanqué.J’ai l’impressiond’avoir traversé ledésertsansune seulegoutted’eau, etmaintenantque j’aperçois l’oasisauboutduchemin, je veuxboire jusqu’àplussoif, jeveuxmerassasierd’Evy, lakidnapperet l’emmener loindetoutcemerdier.
—Jenememarieplus,Cole, toutaétéannulé ilyaquelquessemaines,glisse-t-elleens’agrippantunpeuplusàmoi.
Jeme raidis en entendant cesmots. Lesmuscles demamâchoire tressautent et l’enviefurieuse de la secouer pour lui demander pourquoi elle ne me l’a pas dit plus tôt mesubmerge.Putaindebordeldemerde.
— Mais… comment… pourquoi… ? bredouillé-je lamentablement. Je n’étais pas aucourant.
—Liamne t’a riendit ? s’étonne-t-elle en faisantunpasenarrièrepourme regarder. Ilm’amêmeaidéeàdéménageravecLise.
Je secoue la tête, dégoûté, le traître va m’entendre. Il m’a vu dépérir pendant tout cetempset iln’apasété foutudemedireque l’objetdemes fantasmesne semariaitplus. Jevaisletuer!
—Neluienveuxpas,sedépêchedemesupplierEvyenvoyantmaminedéconfite.JesuiscertainequeLisel’amenacédeluicouperlescouillesetdelesluifairemangersijamaisilterévélaitquoiquecesoit.
Jesaisqu’ellearaison,c’esttoutàfait legenredesafolledecopine.Jesouristantbienquemalenvoyantlesdeuxémeraudesdematentatricescintiller,putaincequ’elleestbelle.
— J’ai souffert, Evy, beaucoup souffert, grimacé-je en repensant àmes longues périodesd’étatvégétatif.Liamm’avuallongécommeuneloquesurmonputaindecanapéoùjet’aifaituncunnilepremiersoiroùtuesvenue,tuterappellesdecemoment-là?
—Évidemment, répond-elle, pleine demalice.Même si je le voulais, je ne pourrais pasoublierunseulmomentpasséavectoi,Cole,lebon,commelemauvais,jegardetout.Quecesoitdansmatêteoudansmoncœur,tuesabsolumentpartout.
—Si tucontinuesàmediredeschosescommeçaetàmeregarderdecettefaçon, jenerépondsplusderien,Cendrillon,lamets-jeengarde.
Un large sourire s’étend sur ses lèvres faitespour lepéchéet sesyeuxpétillent. J’aiuneenvie follede laprendre ici, toutdesuiteetmaintenant.Jeveuxquetout lemondesoitaucourantquejeladésireplusquetoutaumonde,queplusjamaisjenelalaisseraipartir,etcepeuimportecequecelamecoûte.Ellem’estdestinéeetjel’aitoujourssu,ellemetient.BonDieu,elleestparfaite.
—Toujours des promesses,medéfie-t-elle en entremêlant ses doigts auxmiens. Écoute,Cole, jenesaispascequetufaisaisavecCarlalà-hautetpourtouttedirejeneveuxpaslesavoir, mais si tu me fais une telle déclaration pour ensuite retourner dans les draps den’importequellepétasse,jetejurequetecastre.
Jerisauxéclatspourlapremièrefoisdepuiscequimesembleêtreuneéternité.Bordel,çafaitunbienfou.N’ytenantplus,j’attireEvyàmoienmettantunemainderrièresanuque.Seslèvrescharnuess’écrasentcontrelesmiennesetjesoupired’intensesatisfaction:unrêvequejenepensaispluspossibleestentraindeseréaliser.
Ellepassesesmainsdansmescheveuxettire légèrementdessus,mefaisantéchapperungrognement. Sa bouche avide de moi, de nous, s’active avec force et passion. Toute lafrustrationqu’elleapuressentirdepuisquenousnenoussommesplusrevusseressentdanscebaiser,pasbesoindegrandsmotsoudedéclarations,soncorpsparlepourelleet j’adoreça.Noslanguessecaressent,secherchentetsedévorentdansunbalaiexquis.Jepeuxmouriraujourd’hui:jeviensd’atterrirauparadis.
—Trouvez-vousunechambre!LavoixextrêmementstridentequirésonnederrièrenousestcelledeLise,pasbesoindese
retournerpourlesavoir.Jel’entendstellementsouventqu’ilestimpossiblequejemetrompesur l’identité de la propriétaire. Notre baiser prend fin, bien trop vite à mon goût. Evy serecule,gênée,leroseauxjoues,etseplaceàcôtédemoitandisquejepasseunbrasautourdesesépaules.
— On a du temps à rattraper, lâché-je, acide. Deux personnes que je compte étranglerm’ontdélibérémentcachéquelemariageétaitannulé.Bandedetraîtres…
—OK,bon,s’esquiveLiseenavançantverslaportedesortie.Onsevoitcesoiràl’appart’,Evy,évidemment,tuviensaussi.Jesensquelasoiréevaêtrefolle,onvas’amusercommedespetitsfous!
Ellelèvelesyeuxaucielpourmarquerl’ironiedesaremarqueetnouslaisselàsansqu’onpuisserépliquer.MoiquicomptaisenfermeretgarderEvypourmoitoutseulquelquetemps,çacommencemal.Sameilleureamieestvraimentunechieuse.
—Elle est pas croyable, s’esclaffemaCendrillon enposant sa tête surmon épaule. Ellet’aimebienaufond,tusais,maiselleestméfiante,elleveutjustemeprotéger.Ellesaitàquelpointtuesdangereuxpourmeshormonesetmaraison.
—Jem’enfous,toutcequejeveux,c’esttoi,etsipourçajedoissupportermisselle-me-les-brise,jesuisd’accord,j’acceptetout.
J’embrasselesommetdesatêteetlaguidejusqu’àlasortieennerompantpaslecontact.Ilesthorsdequestionquejelalâcheouquejelalaissepartir.Evym’appartient,cettefemmemerveilleuseestàmoietriennipersonnenepourrajamaischangerça.Lesâmessœurssontfaitespourêtreensemble,etquoiqu’ilsepasse,ellesfinissenttoujoursparseretrouver.
Épilogue
Evy(unanplustard)
—Tuveuxbientedépêcher,Evy,s’ilteplaît!Onvaêtreenretard.Lises’agiteenfaisantlescentpasdanssonappartement,ellenetientpasenplacedepuis
cematinetjenecomprendspasd’oùvientsonagacement.—Tut’esengueuléeavecLiam?merisqué-jeàdemanderencroquantdansmapomme.—Biensûrquenon,s’agace-t-elleenfaisantclaquersestalonscontrelecarrelage.Jesuis
juste un peu sur les nerfs, le boulot me fatigue et je ne sais pas, tout me donne envie dechialeroudem’énerver.J’aibesoindevacances,jecrois.
Ellesouffleens’asseyantenfinàcôtédemoisurlecanapé.Mameilleureamiegrimaceenregardantma pomme avant de porter samain à sa bouche. C’est une fille assez bizarre entempsnormal,maislà,onatteintquandmêmedessommets.
—C’estpossibled’enlevercettehorreurdepommedesousmonnez?Çamedonneenviedevomir.
—Oh, tu es chiante cematin, tu vasme faire regretter d’avoir quitté Cole aux auroresalorsqu’onétaitentrainde…
—Stop,hurle-t-elleenselevantànouveau.Jeneveuxrienentendreàcesujetoualorsjevaisvraimentylaissermestripes,là,enpleinmilieudusalon.
J’étouffe un rire etme lève pour aller jeter la pomme qui dérange tant Lise. Cematin,cettedernièrem’aappelée,àmoitiéaffolée,pourquejeviennelarejoindre,etdepuisquejesuisarrivée,elleréagitcommesij’étaisdetrop.
—Pourquoim’as-tufaitvenir,exactement?m’enquiers-jeenpensantàlamatinéequejemanquedanslesbrasdemonmerveilleuxamant.
Jesourisniaisementenpensantàcetteannéequivientdes’écouler.Coleestparfaitetjen’échangerais ma vie pour rien au monde. Depuis que nous nous sommes retrouvés, j’ail’impression que notre relation prend une nouvelle dimension chaque jour, que messentimentspourluin’atteindrontjamaisdepointculminantetquelerestedemavieneserapassuffisantpourquej’exploretouteslesfacettesdenotreamour.
—Bon,ilest l’heure,ditLiseenattrapantsonsacetsescléssurlebar,metirantdemarêverie.
—Maisl’heuredequoi?C’estquoitouscesmystères?Je déteste les cachotteries, d’autant plus quand elles viennent des gens que j’aime. La
dernièrefoisquequelqu’unm’adissimuléquelquechose,c’étaitEthan,et j’engardetoujoursun goût amer dans la bouche. Quand j’ai tout raconté à Cole, il voulait aller lui casser la
figure,«luifairebouffersescouilles»:j’aitrouvéçavraimentattendrissant,maistotalementinutile,lemalétantdéjàfait.
—Tuviens?lancel’impatientedeservice.Onnevapaspasserlajournéeiciàseregarderdansleblancdesyeux,quandmême.
—Rappelle-moicommentLiamarriveà tesupporterauquotidien,déjà?Nonparcequefranchement,tuesimbuvable,là.
Ellenetientpascomptedemaremarqueetaprèsavoirpassésonbrassouslemien,nousentraîne dehors. Je la suis sans protester parce que je sais que, de toute façon, râler seraittotalement inutile face à elle vu sonhumeur de chien. Je préfère ne plus ouvrir la bouche.Ellemarcheavecunefacilitédéconcertanteàtraverslesruesavecsestalonshautsalorsquej’aidumalàlasuivreavecmesballerines.Parfois,jemedisquelavieestmalfaiteoualorsquejesuisvraimentuneempotée.
Nous arrivons devant l’appartement que je partage avec Cole. Je jette à Lise un regardinterrogateur qu’elle évite soigneusement en montant les escaliers. Je la suis avecappréhension,àmoinsquecene soitde l’excitation, jene situepasbien. Je sais cependantque quelque chose m’attend là-haut. Lise s’arrête pour me laisser passer devant. J’entreprudemmentdans l’appartement en regardant autourdemoi.Rienn’a changédepuisque jesuispartie,cematin.Colesortde lachambreavec lescheveuxmouillés, son tee-shirtblancmoulesesbicepsetfaitressortirchacundesestatouagesquej’aimetant.
—Jevouslaisse,lanceLiseenrefermantlaporte.Cole avance vers moi avec cette démarche qui me fait fondre. Son jean tombe
parfaitementsurseshanchesetsonsourireencoinmedonneenviedemejeterdanssesbras.—Evy,monamour,commence-t-ilenprenantmamainetenembrassantmesphalanges
quiviennentdedeveniraussifroidesquelaglace.Il pose un genou à terre sansme quitter des yeux et je portemamain libre devantma
bouche.Ohbordel,non,pincez-moi,çanepeutpasêtreça,jesuisentrainderêveretjevaismeréveiller.
—Tueslafemmedemavie,jamaisjenepensaisqu’unefillemaladroitecommepasdeuxpuissemefaireperdrelaraisonàcepoint,etpourtant,c’estarrivé.Jepenseêtrel’hommeleplus chanceuxdumondeparceque tum’as choisimoi, et rienquepour ça, j’ai enviede techérirtoutemavie.
Ilmarqueunecourtepause,sesyeuxbrillantssontplusbeauxquejamais.L’émotionselitdans son regardetdes larmes coulent le longdemes joues, trahissant lamienne. Il sortunécrin enveloursde lapochearrièrede sonpantalonet en tireunemagnifiquebagueenorblancavecunsolitairesurledessus.Elleestsuperbe.
—Continue,bégayé-jeavecunevoixchevrotante.— Ce que j’aime quand tu es impatiente, s’esclaffe-t-il en se penchant pour déposer un
baiser sur mon front. Tu as changé mon monde, avant, tout tournait autour de moi, et
maintenantc’estautourdetoi,parcequetuescequej’aideplusprécieux,Evy,toutcedontj’ai toujours rêvé. Je t’aime d’une façon que je ne peuxmême pas décrire tellement çameprend aux tripes, je t’aime comme une amie, comme une amante, comme une confidente,commemafemme.Je teveuxpourtoujoursetmêmeau-delà, leparadisnousréuniraparcequetuesunangeetqu’ilnepeutpasenêtreautrement.Riennepourrajamaisnousséparer,EvyCollins,épouse-moietacceptede fairedemoi leplusheureuxdeshommespendant lescentprochainesannées,finit-ilenpassantlabagueàmonannulaire.
Jenevoismêmeplussonvisage tellementmesyeuxsont remplisde larmes,et je risenmême temps.Cole lâchemamain et essuiemes joues de ses pouces avec tendresse. Jememets à genoux pour être à sa hauteur et je ferme les yeux pour graver à jamais cet instantdansmamémoire.Jesuiscertainequecemomentnes’effacerajamais,ilestbientropparfait.
— Ne me laisse pas comme ça, me supplie-t-il en prenant mon visage dans ses mains.Réponds-moi,maisjetepréviens,sic’est…
—Oui,m’écrié-jeenluisautantaucou.Oui,oui,oui,oui,c’estcequejedésireplusquetoutaumonde.
Ilmeserrefortcontreluietjesensnoscœursbattreàl’unissondansnospoitrines.Jenesaispascequenousréservel’avenir,carrienn’estjamaiscertaindanslavie,maisquoiqu’ilsepasse,Coleseraavecmoi:c’étaitécritdepuisledébut.Unnouvelavenirs’offreànousetjesuisimpatientedeledécouvriràsescôtés.
Remerciements
Il y a beaucoup de gens que je voudrais remercier d’avoir cru en moi et en mespersonnages.Toutd’abordmonamour,jesaisquetuasencoredumalàcroirequetoutçaestbien réel, et lorsque tu vas lire ce livre je vais avoir peur de ton avis, mais j’espèresincèrementquecettehistoireteplaira.Peut-êtrequejevaisréussiràtedonnerlegoûtdelalecture(mêmesijepensequetuesuncasdésespérédececôté-là).Tuasessayéderuserpourlirequelques lignesdumanuscrit :envain !Profite,c’estbon, tuyesenfin.Tonamourmeporteetmedonnelaforced’avancer,jet’aimechaquejourunpeuplus.
Merciàmesloulouspourleurpatienceparcequejen’aipasforcémentétédisponible.J’aipasséénormémentdetempssurl’histoiredeColeetEvycesderniersmois.Jevousaimedetoutmoncœur.
Xav, je ne sais pas si tu te laisseras tenter, mais si c’est le cas, je serais très contented’avoirtonavis.
Nath,mercipourtonenthousiasme,jetefaisconfiancepourpromouvoirTentationunpeupartout,etj’espèrequetusuccomberasaucharmedeCole.Toiquiaimestantlestatouages.
Christian, je sais à quel point tu es fier de tout ce qui m’arrive en ce moment, mercid’avoirtoujourspenséquej’étaiscapabledetout.Commetumel’asditiln’yapaslongtemps,onneseleditpassouvent,maisjet’aime.
Mes lectrices sans qui cette histoire n’aurait été jusqu’à l’édition, je vous dois beaucoup.J’espère vraiment n’oublier personne, mais si c’est le cas je m’excuse. Doud45-2009,Haribobleu2000, Tengama, Laeti22, Vivibuell, Amandine81200, Dauphia, JulieHaquet,AlexandraBeauvais, Aepompom, Chrishugo42, Angelle93, JeromesophieFrancois, Tiff_59,Ninille22, Makalor, Susi2583, Fionafiction, IWantToReadMore27, KaidhyDolo, Saronwilk,Emilie28092000, Emma-fgb, Newli, Miss-svenou, Christ35, Toriswd, CelinePoit, Mk_Anna,Walkinthestreet,CHRISDREAM06,Kouameraissa,Aliciavanille,LalyLimodinRodriguez,B613-00, NadaFkihi, Chiffonnette, Chrislaeti, LauraTrigo7, Carolinemarty, AgnesTravers,ElodyMalyKvan, CeryBzl, MelanieJoseph9, Delphine George, Soizic35, Jessica-Salome,Isabelle Lamberet-Adell, Louanne0911, Clairette0911, Didou06, Scau67,NoémieRunserCharlot, Ludivine Loriette, MisssBooks, IsabelleCharette, Laetitia Robillard,JessicaMartinez,LaetitiaMilissen,JessyAF,AbbySoffer,SeverineDauchy,JessicaKolb.Mercidu fond du cœur à toutes pour vos commentaires et vos petitsmots d’encouragements, j’aiadorévouslirependanttoutecetteaventure.
Lydia(lyfak),jesaisquetuaseuunefaussejoieiln’yapaslongtemps,maisçayest,Coleestenfinentretesmains.Mercipourtonsoutien,tespartages,tesgentilsmots.J’espèrequel’attenteenvalaitlecoup.
JoëlleBlanc, tu sais àquelpoint tes commentairesdepassionnéememanquent. J’adorevoirlemarque-pageaccompagnertoutesteslectures,tuesunelectriceadorable.
Aurelben, merci de croire en moi. Je te souhaite plein de réussite pour ta maisond’édition,tulemérites.Bientôtlarévélationcapillaire.
AmbreLegentil,mercipourtout.Delphine (Edel Weiss), madame mojito, je suis très contente d’avoir pu faire ta
connaissance. J’aime lire tes commentaires parce que tu t’imprègnes de l’histoire à chaquefois.Nechangesurtoutjamais.
Maintenant, jevoudrais remerciermes«vraies »,Anne,Caro,Diboux,Mama.Onestungroupe soudé et jamais je n’aurais imaginé vivre autant de bons moments en commençanttoute cette aventure.Merci pour votre soutien et cemagnifiquebouquetdebonbons. Jenem’yattendaispasdutout,vousm’avezémue.
Caro, tu as beau approcher de la soixantaine, je t’aime quandmême. Je te prépare uneplaceenmaisonderetraite.LaCarofamilymeferatoujoursrire.
Diboux, tu es unique, et mon dieu, Mal t’es destiné, ça c’est sûr. J’espère qu’on aural’occasiondesevoirparcequejepensequ’onrigolerabien.
Mama, félicitations pour ton premier roman. Tu mérites ce qui t’arrive. Le prochainparlerapeut-êtredela«Tochelle»?
Anne,ilyatellementdechosesàdire.Jeneteremercieraijamaisassezd’êtrepasséesurmes histoires. En plus d’une passionnée de la lecture, j’ai fait la connaissance d’une amie,d’une confidente et d’une partenaire extraordinaire. Merci pour mes sublimes couvertures,pourtescorrectionsetpourtapatience.Ànousdeux,onaréinventétoutledictionnaire.Jen’imagineplusunjoursansteparlertellementnoussommeslesmêmes.J’ail’impressiondeteconnaîtredepuis toujours.Monâme sœuramicale. J’aimepartager toutesmes lectures avectoi et grâce à ton super blog (readinglovetime), ma PAL s’allonge un peu plus toutes lessemaines.Tuesune chroniqueuse talentueuseet je saisque tu iras loin.Mercid’être là,desupportermesdoutesetmesangoissesdejeuneauteure.Jet’aime.
Merci à Camille,mon éditrice, dem’avoir aidée à améliorer cette histoire quime tienttantàcœur.
Et enfin, merci à vous chers lecteurs qui venez de découvrir l’histoire de Cole et Evy.J’espère qu’elle vous a plu, et je serais ravie que vous veniezme donner votre avis surmapageFacebook(LilySun).