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Sommaire
Le Toucher d’orextrait du Livre des merveilles.
Contes pour les enfants tirés de la mythologie de Nathaniel Hawthorne, traduit par Léonce Rabillon
et illustré par Hengjing Zang.
p. 76LA PETITE FABRIQUE Réalise de magnifiques porcelaines dorées au pinceau.
p. 68TÉTRAS-DÉLIRETests et jeux or et doré.
p. 58L’AS-TU LU ? L’AS-TU BIEN LU ?
p. 62 DIS-M’EN PLUS
Ton dossier pour tout savoir sur l’or et la fascination des hommes pour cette matière précieuse de l’Antiquité à nos jours.
À pleines pages
p. 3À PLEINES PAGESLe Toucher d’or
Un conte de Nathaniel Hawthorne,illustré par Hengjing Zang.
Le roi Midas passe ses journées à contempler son trésor. Un jour, un mystérieux visiteur lui fait une étrange proposition...
p. 90 LIRE ET SORTIRDes pistes de lecture pour aller plus loin, des idées de sorties pour de nouvelles découvertes.
p. 82DU MONDE ENTIEREl choclo, l’or de Cuzco
Une légende péruvienne, illustrée par MÄ Harel.
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Le Toucher d’orLe Toucher d’or
Pendant les vacances de la Toussaint, une joyeuse bande de
cousins et d’amis est réunie à Tanglewood. Le cousin Eustache,
qui est étudiant, est chargé de surveiller les plus jeunes. Il est
toujours prêt à raconter une histoire.
Au milieu du jour, notre jeune et joyeuse bande
fit halte dans le creux d’un vallon, au fond
duquel coulait un petit ruisseau. Le vallon
était resserré, et ses flancs escarpés, à partir des bords
du ruisseau jusqu’au sommet de la colline, se cachaient
sous des touffes épaisses de verdure, dominées par des
massifs de noyers et de marronniers auxquels se mê-
laient quelques chênes et quelques érables. Le feuillage
de toutes ces branches entrecroisées, se mariant et se
confondant au-dessus de l’eau, donnait assez d’ombre
pour produire au cœur de l’été une sorte de crépuscule
en plein midi. Mais, depuis que l’automne avait pénétré
dans cette retraite mystérieuse, la sombre verdure que
nous venons de décrire avait pris un aspect doré, et, loin
d’obscurcir le vallon, semblait réellement l’éclairer de
ses brillantes nuances. On eût dit que ces feuilles, d’un
jaune éclatant, avaient retenu au milieu d’elles les rayons
du soleil, et qu’elles répandaient une teinte lumineuse
sur ce ruisseau dont elles jonchaient les bords. Ainsi,
bien que l’été eût fait place à l’air froid et aux journées
brumeuses, ce petit asile, ordinairement si ombreux,
paraissait tout inondé de lumière.
Le ruisseau serpentait dans son lit d’or, ici se reposant
pour former une petite mare où les ablettes s’ébattaient
joyeusement, là-bas poursuivant sa course, comme pressé
d’arriver au lac ; puis, se ralentissant tout à coup, il se
heurtait contre la racine d’un arbre avec un fracas et
des bouillonnements qui vous auraient fait rire, tant il
semblait se révolter contre cette digue inattendue ; cet
obstacle franchi, notre paisible ruisseau affectait des airs
de torrent, et se parlait à lui-même, comme émerveillé de
sa victoire. Mais bientôt, frappé de surprise en revoyant
sa sombre vallée maintenant si pleine de lumière, et en
1. Le ruisseau ombragé
Escarpé : abrupt, en pente raide.
Crépuscule : tombée de la nuit. Retraite : refuge.
Ablette : petit poisson d’eau douce aux écailles argentées.
Digue : barrage sur l’eau. Affecter des airs : se donner des airs.
Asile : refuge.
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Le Toucher d’or
entendant le babil d’un groupe si nombreux d’enfants,
il se hâtait de fuir pour aller se cacher au fond du lac.
Eustache Bright et ses amis avaient choisi le vallon
de Shadow-Brook pour faire leur dîner. Ils avaient ap-
porté de Tanglewood plein leurs paniers de friandises,
les avaient arrangées sur des troncs d’arbres ou des
branchages couverts de mousse, puis s’étaient livrés à
leur régal avec une joie bruyante. C’était vraiment une
délicieuse petite collation. La fête une fois terminée,
aucun d’eux ne se sentit disposé à s’éloigner.
« Nous allons nous reposer ici, dirent plusieurs enfants,
et, pendant ce temps-là, notre cousin Eustache nous
racontera quelqu’une de ses jolies histoires. »
Le cousin Eustache avait le droit d’être aussi fatigué
que ses jeunes camarades, car il avait exécuté nombre
de tours de force dans cette matinée mémorable. Dent-
de-Lion, Pâquerette, Primevère et Bouton-d’Or étaient
presque convaincus qu’il avait des sandales ailées sem-
blables à celles que les Nymphes donnèrent à Persée :
car l’écolier s’était bien souvent trouvé au faîte d’un
noyer, au moment où chacun le croyait encore à la place
Babil : bavardage enfantin.
Shadow-Brook : ce nom anglais signifie « ruisseau ombragé ».
Dans la mythologie grecque, les Nymphes étaient des divinités à l’apparence de jeunes filles représentant les forces de la nature. Elles fournirent à Persée un casque, des sandales ailées et une besace magique afin qu’il puisse trancher la tête de Méduse la Gorgone.Faîte : sommet.
Collation :repas léger, goûter.
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Le Toucher d’orLe Toucher d’or
qu’il venait d’occuper. Et quelle averse de noix il avait
fait pleuvoir sur leurs têtes ! si bien que leurs mains et
leurs paniers suffisaient à peine à la récolte. En un mot,
il avait déployé la vivacité d’un écureuil ou d’un vrai
singe ; et, s’étendant à présent sur les feuilles jaunes, il
semblait préparé à prendre un peu de repos.
Mais les enfants n’ont ni pitié ni merci pour la
fatigue des autres. Il ne vous resterait plus que le dernier
souffle, qu’ils vous demanderaient encore de le leur
sacrifier en leur contant une histoire.
« Cousin Eustache, s’écria Primevère, quel joli conte
que celui de la Tête de la Gorgone ! Croyez-vous que vous
pourriez nous en dire un autre qui fût aussi amusant ?
– Oui, mon enfant, répondit Eustache en rabattant le
bord de sa casquette sur ses yeux, comme s’il se disposait
à dormir ; je puis, si bon me semble, vous en conter une
douzaine de plus jolis encore.
– Oh ! Primerose, Pervenche, l’entendez-vous ? repartit
Primevère en sautant de plaisir. Cousin Eustache va
nous raconter une douzaine d’histoires plus amusantes
que celle de la Tête de la Gorgone !
– D’abord, je ne t’en ai même pas promis une
seule, petite follette ! dit-il d’un air à demi boudeur.
Pourtant je crois que je vais vous en chercher une.
Voilà l’inconvénient de s’être acquis une certaine
réputation ! J’aimerais mieux être moins spirituel, ne
pas avoir mis au grand jour la moitié des brillantes
qualités dont la nature m’a doué ; je pourrais au moins
me reposer tranquillement et faire mon petit somme
à mon aise. »
Mais le cousin Eustache, je crois vous l’avoir dit,
prenait grand plaisir à débiter ses histoires ; son esprit,
libre et heureux, se complaisait dans sa fécondité, et
n’avait besoin, pour se mettre à l’œuvre, d’aucune im-
pulsion étrangère.
Quelle différence entre cet entrain spontané de l’in-
telligence et l’activité forcée de l’âge mûr, alors que
le travail, peut-être rendu plus facile par l’habitude,
devient un soulagement nécessaire aux douleurs de la
vie ! Mais ce n’est pas pour les enfants que nous faisons
cette remarque.
Sans se faire prier davantage, Eustache Bright se
mit à raconter la magnifique histoire que nous allons
dire. Le sujet lui en était venu à l’esprit en plongeant
ses regards à travers le feuillage, et en observant
Gorgone : ce monstre décapité par Persée avait le pouvoir de changer en pierre toute personne qui le regardait (voir page précédente).
Merci : grâce, pitié.
Se complaire : trouver du plaisir à quelque chose.Fécondité : créativité, production abondante.
L’âge mûr : l’âge pleinement adulte.
Spirituel : intelligent et plein d’humour.
+
et
Dis-m’en plus
Mais Zeus décida de prendre le pou-
voir, il précipita Cronos du haut de
l’Olympe, la montagne sacrée, jusque
sous la terre, déréglant l’équilibre par-
fait du monde. L’âge d’argent com-
mença, et les hommes découvrirent
la douleur. Ensuite vint l’âge d’airain,
avec l’apparition de la guerre, puis
enfin l’âge de fer, le dernier, où le peu
de bien restant dans le monde est dé-
sormais mêlé de maux immenses.
Durant l’âge d’or, la terre vivait un éternel printemps, produisant des fruits abondants sans que les hommes aient besoin de la cultiver. Les hommes vivaient en parfaite santé, sans conflit, et mouraient sans souffrance, comme on s’endort.
La mythologie grecque évoque un
âge d’or, le premier âge de tous les
temps, pendant lequel les hommes
et les dieux vivaient en harmonie sous
l’autorité bienveillante de Cronos, le
père de Zeus.
L’ÂGE D’OR
Midas et le toucher d’orMidas a hébergé Silène, le maître de Dionysos (dieu de l’ivresse), qui s’était égaré. C’est pour le remercier de cette hospitalité que Dionysos lui accorde un souhait : le roi avare demande aussitôt le don du toucher d’or, qui ne tarde pas à l’empêcher de vivre. Ému par les supplications de Midas, Dionysos accepte de le délivrer de ce don terrible. Sur les ordres du dieu, le roi se lave les mains dans les eaux du fleuve Pactole, dont le sable se change aussitôt en or.
La mythologie grecque est pleine de héros, des hommes hors du commun nés d’un dieu ou d’une déesse, dont le destin est exceptionnel.
D’or et d’airain
les héros grecs
Le Pactole existe vraiment. Dans l’Antiquité, l’or extrait du lit du fleuve fit la fortune de la province grecque de Phrygie. Encore aujourd’hui, l’expression « toucher le pactole » signifie gagner des fortunes.
Une part de vrai
dans la légende
Jason et la Toison d’or, Érasme Quellin (1636. Madrid, musée du Prado)
Thésée et le Minotaure dans le Labyrinthe, Edward Burne-Jones (1861. Birmingham Museum and Art Gallery)
Jason et la Toison d’orJason est le fils du roi Eson, qui a été détrôné par son frère Pélias. Il a été confié au centaure Chiron qui s’est chargé de son éducation. Devenu adulte, Jason va réclamer son trône à son oncle Pélias. Mais pour prouver qu’il est digne de devenir roi, Jason doit d’abord rapporter la Toison d’or, une peau de bélier merveilleuse qui assure la prospérité à qui la possède. À bord de son bateau Argo (le Rapide) et accompagné de ses Argonautes, tous plus vaillants les uns que les autres, il se rend en Colchide. Aidé de la magicienne Médée qui deviendra sa femme, il triomphe de toutes les épreuves, s’approprie la Toison d’or et, à son retour, récupère son trône.
Thésée et le fil d’orThésée est le fils d’Égée, roi d’Athènes, qui décide de le faire élever loin de lui. Égée a caché sous un rocher une épée et des sandales d’or qui révèle-ront à Thésée son identité royale dès qu’il sera capable de soulever le rocher. Enfant prodigieux, Thésée soulève le rocher et décide de rentrer à Athènes. Quand il arrive, la ville est soumise à la volonté du terrible Minos, roi de Crète, qui exige chaque mois 7 jeunes hommes et 7 jeunes filles pour nourrir le monstrueux Minotaure, enfermé dans un labyrinthe dont personne n’est jamais parvenu à s’échapper. Thésée prend la place d’un des prisonniers, entre dans le labyrinthe en dévi-dant une bobine de fil d’or que sa fiancée Ariane lui a donnée. Après avoir tué le Minotaure, Thésée ressort sain et sauf en suivant le fil d’Ariane.
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LE TRÉSOR DU ROI MIDASLES MOTS CROISÉS DU TOUCHER D’OR
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CONSIGNE
Aide le roi Midas à retrouver son trésor en traversant le labyrinthe.
1. Rivière qui annule le toucher d’or.
2. Contraire de pauvreté.
3. Il accomplit des exploits.
4. Roi très avare.
5. Elles ont perdu leur parfum.
6. Grand cousin qui raconte l’histoire.
7. Défaut de Midas.
8. Dieu des dieux.
9. Midas en cache un dans son caveau.
HG
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El choclo, l’or de Cuzcoune légende péruvienne
Cuzco, l’ancienne capitale des Incas, se trouve au sud-est du Pérou, dans la cordillère des Andes. On y cultive une variété de maïs appelée choclo, portant de gros grains d’un beau jaune pâle. On le cuisine traditionnellement en pastel de choclo, une bouillie de maïs cuite sur un hachis de viande ou de légumes.
Au Pérou, les prénoms traditionnels de langue quechua ont tous une signification :
Mamaqhawa : Celle qui veilleYupanki : Celui qui suit l’exemple des Anciens
Kuntur : CondorAchikilla : Clair de Lune
Du monde entier
En ce temps-là, la vie était dure dans les montagnes péruviennes. Dans les villages
haut perchés, les enfants avaient souvent faim. Mais dans le village de la vieille Mamaqhawa –si vieille que plus personne ne se souvenait du temps où elle était née – les enfants avaient de bonnes joues rondes.
Chaque jour, Mamaqhawa préparait une délicieuse bouillie blonde pour les enfants
du village. Sa recette, personne ne la connaissait. Ses ingrédients, nul n’en savait la liste. Mais les enfants avaient de bonnes joues rondes et les parents étaient contents.